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DEAFDC 1 à 3
ASSISTANT FAMILIALDiplôme d’État d’
Préparation complète pour réussir sa formation
Le métier et la formation
L’accueil et l’intégration de l’enfant
L’accompagnement éducatif
La communication professionnelle
La VAE
Connaissances à mobiliser
Méthode et conseils
5 sujets corrigés
Olivia Mundweiler- Le Navéaux
ITINÉRAIRESÉRAAIIIRRREEAAIIRRRREPRO
DIPLÔMES DU SOCIAL
N°1
– 3 –
SommairePrésentation .................................................................................. 5
PARTIE 1Connaître la profession d’assistant familial
Introduction....................................................................... 11
1. Une profession définie : le référentiel professionnel ... 13
2. Des compétences certifiables : le référentiel
de certification .................................................................. 97
3. Une formation qualifiante : le référentiel
de formation ..................................................................... 109
PARTIE 2Le DC1 : Accueil et intégration de l’enfant dans sa famille d’accueil
1. Les compétences attendues ........................................... 125
2. Les besoins de l’enfant .................................................... 129
3. La réalisation du dossier ................................................. 140
4. La préparation à l’entretien ............................................. 143
PARTIE 3Le DC2 : Accompagnement éducatif de l’enfant
1. Les compétences attendues ........................................... 151
2. L’accompagnement éducatif ........................................... 155
3. 5 sujets d’entraînement à l’écrit ...................................... 166
Étude de cas ...................................................................... 168
– 4 –
Sommaire
PARTIE 4Le DC3 : Communication professionnelle
1. Les compétences attendues ........................................... 189
2. Communiquer dans son environnement
professionnel .................................................................... 191
3. La préparation à l’entretien avec le jury......................... 207
PARTIE 5L’examen du DEAF dans le cadre de la VAE
1. Informations générales sur la VAE ................................. 217
2. La procédure pour une demande de VAE ..................... 222
Conclusion ..................................................................................... 231
Bibliographie ................................................................................. 235
Sitographie .................................................................................... 237
Glossaire des sigles ...................................................................... 238
– 5 –
PrésentationFondée dans une activité vieille de plusieurs siècles consistant à accueillir des enfants à son domicile pour leur apporter nourriture, secours et assistance en lieu et place de parents disparus ou empêchés, la fonction d’assistant familial a évolué au fil du temps jusqu’à devenir une véritable profession. Tous les métiers du social, canoniques ou plus récents, se sont toujours inscrits dans un contexte de transformation de la société entraînant de nouveaux besoins et de nouvelles réglementations. Le champ de l’intervention sociale a ainsi nécessité davantage de clarté qu’a tenté d’apporter la formalisation de descriptifs des métiers ren-voyant à des compétences mieux identifiées. Celui d’assistant familial a donc, lui aussi, été concerné par ces modifications, formalisations et réglementations.
Autrefois appelée « gardienne d’enfants » puis « nourrice » et plus récemment « assistante maternelle » à titre permanent, la personne chargée d’accueillir les enfants1 est désormais, avec la loi du 27 juin 2005, nommée « assistant familial ». Employée au masculin, cette appellation devient générique, signifiant que les femmes à l’origine de cette activité, en ont peu à peu perdu l’exclusivité. Bien que grandement majoritaires, elles partagent, en effet, cette profession avec des hommes qui, pour la plupart, sont conjoints d’assistantes familiales2. Avec cette loi, ces intervenants sociaux sont officiellement désignés travailleurs sociaux. Qualifiés notamment par le suivi d’une formation obligatoire réformée par la loi de 20053, ou pour les plus anciens, par une expérience professionnelle d’au moins trois ans, ils peuvent faire reconnaître leurs compétences par l’obtention d’un diplôme d’État que cette loi a créé : le DEAF (Diplôme d’État d’Assistant Familial)4.
Tout particulièrement axé sur la préparation aux épreuves, cet ouvrage s’adresse en premier lieu aux assistants familiaux candidats à ce diplôme d’État ainsi qu’aux professionnels chargés de les accompagner dans cette préparation : formateurs, référents professionnels… Il peut constituer, pour eux, un outil. De même, il peut servir de guide tant pour les personnes qui se destinent à exercer ce métier que pour tous les autres travailleurs sociaux en emploi ou en formation, appelés à collaborer avec des assistants familiaux.
1. Dans la plupart des textes et publications relatifs à la profession d’assistant familial, c’est le terme « enfant » qui est employé, désignant indifféremment l’enfant, l’adolescent ou le jeune majeur. Il en est de même dans cet ouvrage. 2. Olivier A. et Weil C., L’arrivée d’hommes dans la profession d’assistants familiaux. Diversité ville-école-intégration, 165, pp. 48-52, 2011.3. Loi no 2005-706 du 27 juin 2005 relative aux assistants maternels et aux assistants familiaux.4. Décret d’application : décret no 2005-1772 du 30 décembre 2005 relatif à la formation des assistants familiaux et instituant le diplôme d’État d’assistant familial. Décret pris notamment au vu de l’avis de la commission professionnelle consultative du travail social et de l’intervention sociale en date du 14 janvier 2005.
– 6 –
Le diplôme d’État d’assistant familial (DEAF)
Contenant des informations essentielles sur cette profession et sur la forma-tion des personnes l’exerçant, cet ouvrage vise donc un double objectif. Le premier est de contribuer à une préparation efficace aux épreuves du diplôme d’État par l’apport de connaissances fondamentales et l’accompagnement à une réflexion sur les motivations à exercer la profession, à se former, à posséder le diplôme d’État. Le second objectif est de mieux faire connaître cette profession pour favoriser les dynamiques de collaboration entre les divers intervenants sociaux, médicaux et éducatifs, dans l’intérêt des enfants et de leur famille.
Formatrice en travail social et responsable de la formation préparant au DEAF dans l’établissement qui m’emploie, j’observe, depuis la mise en place de la réforme de la formation, une réelle détermination des assistants familiaux à s’inscrire dans un parcours de professionnalisation, revendiquant une véritable reconnaissance du travail qu’ils mènent en faveur des enfants qui leur sont confiés et de la place qu’ils occupent dans le domaine de la protection de l’en-fance. Malgré une crainte non dissimulée de passer des « épreuves » d’examen, tous ceux que j’ai accompagnés dans leur formation ont souhaité présenter leur candidature au diplôme d’État, bien décidés à l’obtenir pour favoriser cette reconnaissance. Soutenir et aider au mieux ces travailleurs sociaux dans cette démarche et les encourager, constitue pour moi un objectif professionnel por-teur de sens et de considération pour des personnes exerçant, de mon point de vue, un des métiers du social les plus difficiles. Engagées dans des relations humaines qui exigent une forte implication, ces personnes ont pour but d’ac-compagner, de soutenir, de soulager des parcours de vie souvent chaotiques, nécessitant que des enfants et leurs parents vivent séparés. À travers leurs mots, leurs gestes, leurs émotions du quotidien, elles contribuent à donner du sens à ces situations par la restauration progressive de liens fragiles et encore fragilisés du fait de la séparation et par la construction de nouveaux liens. Loin d’être facile à réaliser, ce projet force mon admiration et mon respect, en témoigne cette nouvelle publication.
La première partie de l’ouvrage intitulée « Connaître la profession d’assistant familial » est consacrée à la présentation des différents référentiels qui lui sont dédiés : le référentiel professionnel, le référentiel de certification1 et le référentiel de formation. Ces éléments visent à cerner, de manière globale et précise, la définition de la profession et l’organisation générale des épreuves de certification des compétences2 et de la formation contribuant à leur acquisition.
Les parties suivantes visent une préparation concrète des candidats aux épreuves du diplôme d’État organisé à l’issue de la formation ou dans le cadre
1. Certification de compétences. Cette expression est explicitée au chapitre 2 de la première partie de cet ouvrage.2. Il s’agit des épreuves d’examen à l’issue de la formation. Celles organisées par la Voie des Acquis de l’Expérience sont présentées dans la partie 5 de l’ouvrage.
– 7 –
Présentation
de la Validation des Acquis de l’Expérience (VAE)1. Y sont explicités les critères d’évaluation des compétences attendues, ainsi que les éléments essentiels de connaissance qui s’y rattachent, venant préciser le contenu de formation pré-senté en première partie. Des questions types d’examen sont posées auxquelles sont proposées des pistes de réponse.
Dans cet ouvrage, au cours du texte, sont systématiquement indiquées les dispositions légales ou réglementaires dans lesquelles se fonde l’information. Pour permettre au lecteur d’aller plus loin, sont proposées des références biblio-graphiques en notes de bas de page, notamment après chaque citation d’auteur. Des encadrés intitulés « À noter » complètent l’information principale pour mieux la préciser ou mieux la situer. Sont également apportés des témoignages recueillis auprès d’assistants familiaux ayant suivi la formation dans l’établisse-ment qui m’emploie ou rencontrés lors de l’examen au DEAF. Ils illustrent de manière vivante la pratique professionnelle que les référentiels tentent de décrire et sont véritablement porteurs d’enseignement.
Tous ces éléments participent de l’intérêt pédagogique de cet ouvrage.
À noterDu bon usage des référentiels
Les référentiels sont très utiles pour repérer un métier décliné dans ses
différentes activités et ainsi mieux cerner ce que les personnes ont à faire
dans l’exercice professionnel. Néanmoins, ils n’indiquent pas « comment le
faire » ou « comment cela est fait ». Cela relève de l’expérience qui ne peut
être décrite que par celui qui la vit2. Il importe de ne pas déconnecter le sujet
de l’action qu’il mène, car une action, en soi, n’est rien. Elle prend une tout
autre dimension en fonction de la personne qui agit, du moment où elle est
accomplie et du contexte dans lequel elle advient. Savoir qu’il faut mener une
action ne suffit pas. La personne qui agit doit, à l’usage, pouvoir repérer et
transmettre le sens de son action à travers la façon dont elle la mène dans la
réalité, à différents moments, dans différents contextes et de différentes
manières. Parler de son travail (notamment en groupe d’analyse de la pratique,
par l’écriture, ou lors de l’examen au DEAF) prend un tout autre sens que la
simple restitution des tâches à effectuer depuis la lecture d’un référentiel.
« La conception de l’action inséparable de la parole […] est l’activité qui donne
accès à la vie publique, à la communauté des citoyens. C’est dans cet espace
que les hommes peuvent se distinguer et manifester leur individualité3. »
q
1. Conformément à la loi no 2005-706 du 27 juin 2005 relative aux assistants maternels et aux assistants familiaux et à l’art. 134 de la loi no 2002-73 du 17 janvier 2002 de modernisation sociale.2. Cifali M. et André A., Écrire l’expérience, Vers la reconnaissance des pratiques professionnelles, PUF, 2007.3. Lhuilier D., Travail, in Barus-Michel J., Enriquez E. et Lévy A., Vocabulaire de psychosociologie, Érès, 2002.
Partie 1Connaître la profession d’assistant familial
Une profession définie : le référentiel professionnel
– 57 –
a. Le référentiel Fonctions/Activités
Référentiel professionnel
Annexe 1 de l’arrêté du 14 mars 2006 relatif au diplôme d’État d’assistant familial
1.2 Le référentiel Fonctions/Activités
Accueil de l’enfant et
prise en compte de ses besoins fondamentaux
Répondre aux besoins physiques de l’enfant :• Accueillir dans son espace familial, adapté en termes de confort et de sécurité
• Tenir compte de l’intimité et de la personnalité
• Proposer un rythme de vie équilibré à partager (repas, sommeil...)
Répondre aux besoins psychiques de l’enfant :• Assurer permanence relationnelle, sentiment de sécurité et liens affectifs
• Écouter l’enfant, accompagner et contenir ses émotions et ses réactions
• Donner du sens à ce que vit l’enfant au quotidien et à son histoire avec la famille
d’accueil et avec son environnement
Répondre aux besoins de soins :• Être quotidiennement attentif à la santé courante
• Transmettre les notions élémentaires en matière d’hygiène et de sécurité
Accompagnement éducatif
de l’enfant
• Transmettre les valeurs favorisant le développement de l’autonomie
et de la socialisation
• Accompagner le passage à l’adolescence
• Donner des repères, fixer et maintenir des limites
• Gérer l’urgence et les situations de crise
• Accompagner et favoriser les apprentissages dont le suivi scolaire ou le suivi
de l’insertion professionnelle
• Organiser avec l’enfant les activités périscolaires, culturelles et les loisirs
et stimuler ses capacités dans ces domaines
• Préparer les séparations et accompagner le départ de la famille d’accueil
Accompagnement de l’enfant dans
ses relations avec ses parents
• Participer à la mise en œuvre du projet individualisé pour l’enfant dans le respect
de l’autorité parentale
• Participer au maintien et/ou à la construction des liens de l’enfant avec sa famille
• Aider l’enfant à comprendre sa situation d’être élevé avec deux groupes ou deux
pôles familiaux
• Écouter les expressions, les sentiments de l’enfant sur sa vie familiale, et l’aider
à exprimer ses émotions à ce sujet
• Tenir compte de l’univers social et culturel de l’enfant accueilli
Intégration de l’enfant
dans sa famille d’accueil
• Préparer et gérer l’évolution des fonctions et des places de chacun des membres
de la famille d’accueil au cours des différents temps de l’accueil
• Permettre à l’enfant accueilli d’avoir sa place dans la famille d’accueil
et de trouver des repères ou des réponses « paternelles », « maternelles »
ou « fraternelles »
• Gérer les conflits d’autorité, de place entre les enfants ou les membres
de la famille d’accueil
q
Connaître la profession d’assistant familial
– 58 –
Travail en équipe
• Contribuer avec l’ensemble de l’équipe à l’élaboration du projet individualisé pour
l’enfant
• Verbaliser et échanger régulièrement, avec le travailleur social référent, sur
le quotidien de la vie de l’enfant, dans le respect de sa parole et de son intérêt,
et l’informer de l’évolution de l’enfant
• Dans le cadre de réunions pluriprofessionnelles, participer à l’évaluation
du placement et de l’évolution des besoins de l’enfant
• Participer à des actions de formation professionnelle et d’échange sur
les pratiques
• Accompagner l’enfant dans ses relations avec les autres membres de l’équipe
Remarque : Conformément à la définition de la profession, le terme « enfant » dans ce document désigne
indifféremment « l’enfant, l’adolescent ou le jeune majeur ».
b. Les domaines de compétences
Référentiel professionnel
Annexe 1 de l’arrêté du 14 mars 2006 relatif au diplôme d’État d’assistant familial
1.3 Les domaines de compétences
DOMAINE DE COMPÉTENCES 1
DC1 : Accueil et intégration de l’enfant dans sa famille d’accueil
1.1 – Répondre aux besoins physiques de l’enfant
1.2 – Contribuer à répondre aux besoins psychiques de l’enfant
1.3 – Répondre au besoin de soins
1.4 – Intégrer l’enfant dans sa famille d’accueil
DOMAINE DE COMPÉTENCES 2
DC2 : Accompagnement éducatif de l’enfant
2.1 Favoriser le développement global de l’enfant
2.2 Contribuer à l’insertion sociale, scolaire ou professionnelle de l’enfant
DOMAINE DE COMPÉTENCES 3
DC3 : Communication professionnelle
3.1 Communiquer avec les membres de l’équipe de placement familial
3.2 Communiquer avec les intervenants extérieurs
Domaine de compétences Compétences Indicateurs de compétences
DC1Accueil et intégration de l’enfant dans sa famille d’accueil
1.1 – Répondre
aux besoins
physiques
de l’enfant
• Savoir mobiliser les ressources matérielles et
humaines pour accueillir l’enfant en fonction de ses
besoins, de son développement et de son histoire
• Savoir adapter le cadre de vie, le rythme de vie
et l’hygiène de vie au développement de l’enfant,
en respectant sa personnalité et son intimité
q
Une profession définie : le référentiel professionnel
– 59 –
1.2 – Contribuer
à répondre
aux besoins
psychiques
de l’enfant
• Savoir favoriser l’établissement de liens répondant
aux besoins de l’enfant
• Savoir permettre à l’enfant d’exprimer ses émotions
et sa vision de la situation
• Savoir préserver l’image de la famille de l’enfant
et notamment dans sa manière d’en parler ou
de lui parler
1.3 – Répondre
au besoin
de soins
• Savoir prendre en compte les besoins de soins
primaires de l’enfant
1.4 – Intégrer
l’enfant dans sa
famille d’accueil
• Savoir identifier et veiller à la place de l’enfant dans
la famille d’accueil tout au long du placement, en
sachant avoir recours à l’équipe pluridisciplinaire
• Savoir s’exprimer dans l’équipe pluridisciplinaire
sur les interactions entre les membres de la famille
d’accueil et l’enfant, dans le respect de sa parole
et de son intérêt
Domaine de compétences Compétences Indicateurs de compétences
DC2Accompagnement éducatif de l’enfant
2.1 – Favoriser le
développement
global de
l’enfant
• Savoir proposer à l’enfant un modèle éducatif,
en lien avec le projet personnalisé le concernant,
et l’adapter à son histoire familiale, à sa culture,
à l’étape de son développement
• Savoir permettre à l’enfant d’exprimer ses attentes
et ses projets personnels
2.2 – Contribuer
à l’insertion
sociale, scolaire
ou
professionnelle
de l’enfant
• Savoir repérer les besoins d’un enfant en termes
d’apprentissage et se donner les moyens de
connaître les outils ou les lieux ressources pour
les satisfaire
• Savoir permettre à l’enfant de s’inscrire dans un
environnement social, en fonction de son âge
• Savoir contribuer à l’accès à l’autonomie
Domaine de compétences Compétences Indicateurs de compétences
DC3 Communication professionnelle
3.1 – Communiquer
avec les membres
de l’équipe de
placement familial
• Savoir identifier les missions et le fonctionnement
de l’institution dans laquelle on travaille
• Repérer et respecter les places, fonctions
et responsabilités de chacun et être capable
de se situer par rapport aux divers intervenants
• Savoir participer à l’élaboration et à l’évaluation
du projet pour l’enfant
• Savoir appliquer les principes de confidentialité
3.2 – Communiquer
avec les
intervenants
extérieurs
• Savoir se repérer dans le système de protection
sociale et connaître ses différentes institutions
• Savoir adapter sa communication extérieure en
fonction des règles établies par le service dans
le respect de la discrétion professionnelle
Connaître la profession d’assistant familial
– 60 –
c. Des témoignages d’assistants familiaux sur leur activité professionnellePour se figurer plus concrètement la fonction de l’assistant familial, pour mieux repérer les compétences requises dans cette activité d’accueil, sont apportés dans ce qui suit des propos d’assistants familiaux. Ils témoignent d’une certaine réalité vécue de l’exercice professionnel.
À la lecture des compétences identifiées dans les tableaux présentés précé-demment, nous pouvons observer que l’exercice professionnel de l’assistant familial le conduit à s’adresser à cinq groupes de personnes distinctes :• l’enfant qui lui est confié, tout d’abord ;• les membres de la famille d’accueil participant, de fait, à l’activité ;• les membres de la famille de l’enfant, physiquement ou de manière symbo-
lique ;• les autres intervenants auprès de l’enfant, ceux internes au service d’accueil,
ceux externes au service mais appartenant à l’institution employeur et les intervenants de l’environnement extérieur ;
• les autres personnes de l’entourage de l’assistant familial (familial, amical, de voisinage…) et de l’enfant.C’est à travers les liens que tissent les assistants familiaux avec chacun de ces
interlocuteurs qu’il est permis de repérer plus concrètement l’activité de l’assis-tant familial et les compétences mises à l’œuvre.
L’enfant confié
Il est souligné à plusieurs reprises que les soins, l’accompagnement éducatif à l’autonomie et à la socialisation ne peuvent être assurés que dans le respect de ses besoins, de son histoire, de sa personnalité et dans la prise en compte de ses sentiments, de sa souffrance qu’il faut écouter et verbaliser.
« Savoir écouter d’où vient sa peine, c’est le prendre dans mes bras et le laisser
parler, parler… Parfois, il ne veut rien dire, alors nous écoutons le silence, tous les
deux dans le canapé, jusqu’à ce que quelque chose vienne nous sortir de notre
bulle… le chat, par exemple, et là, c’est incroyable ce que cette bête est capable de
lui faire dire… ».
« Au sein de notre famille, les animaux domestiques ont une grande place. Nous
avons une chienne et deux chattes. Je pense qu’elles apportent un équilibre aux
enfants, beaucoup de tendresse, et développent leur sens des responsabilités. ».
« Le jeu est très important pour le développement psychomoteur de l’enfant. Jouer
est un signe de bonne santé physique et mentale. J’accorde une grande importance
aux jeux. Je partage de nombreux moments de plaisir en jouant avec eux et grâce
aux marionnettes, je réussis à faire passer beaucoup de messages ! ».
« Au début, bébé N. ne mangeait pas ou si peu. Et le peu qu’il avalait, il le rejetait
aussitôt. Le pédiatre surveillait cela très régulièrement et tentait de me rassurer.
J’étais effectivement très inquiète. Alors, pour me donner confiance, je me disais :
q
Une profession définie : le référentiel professionnel
– 61 –
“Bébé N. a faim d’amour avant tout. Nous lui donnerons notre amour et il
remangera…”. C’est exactement ce qui s’est passé. N. a repris une courbe de poids
satisfaisante et semble manger avec plaisir… ».
« Les débuts ont été difficiles tant pour l’enfant que pour notre famille. Paul pleurait
toutes les nuits comme s’il avait pris conscience de la séparation avec sa maman.
Toutes les nuits, j’étais auprès de lui pour tenter de le rassurer et l’apaiser. Mais
Paul ne se calmait pas. J’ai donc pensé qu’il avait un problème de santé. J’en ai
parlé à l’éducatrice. Paul a été vu par un médecin qui a effectivement diagnostiqué
la maladie… ».
« Parfois, je leur laisse ma cuisine pour qu’elles fassent un gâteau toutes seules.
Elles se responsabilisent et cela leur apporte de la fierté. Elles doivent nettoyer et
ranger quand elles ont fini. Même si ce n’est pas parfait, le principal est
d’apprendre… ».
« Quand Thomas est arrivé chez nous, il avait deux ans. Il ne se déplaçait pas. Il
restait là où on l’avait posé. Jamais il ne voulait tenir sur ses jambes. Malgré les
séances de psychomotricité, son développement se faisait très lentement. Très,
très lentement… J’étais sûre qu’il parviendrait à rattraper son retard. J’étais
confiante et patiente. Chaque jour, je lui donnais à faire des tout petits parcours en
rampant par terre pour aller chercher un jouet ou prendre un biscuit que je
déposais dans une assiette, au sol. Petit à petit, les parcours étaient plus longs et
l’objet à saisir était placé plus haut, ce qui l’obligeait à se redresser. Aujourd’hui,
le handicap de Thomas n’a pas disparu mais ses progrès sont considérables. Je
dirais même que ses progrès sont des bouquets d’espoir qui fleurissent dans nos
cœurs. ».
« De jour en jour, elles (des sœurs jumelles) devenaient envahissantes. Elles
entraient dans les chambres de mes enfants ou dans la mienne sans frapper. Elles
ouvraient mes placards… Il fallait qu’elles soient les premières servies en tout et
que je m’occupe d’elles avant tout. Elles coupaient mes conversations avec mon
fils et mon mari… Je leur ai parlé. Je leur ai dit qu’elles devaient respecter notre
intimité comme nous respections la leur. Je leur ai expliqué l’importance de la
place de chacun dans la famille. Si chacun a sa place, la vie est plus agréable pour
tout le monde. Je comprenais qu’elles étaient désorientées par l’histoire qu’elles
avaient eue dans leur enfance et les difficultés qu’elles rencontraient encore
maintenant. Je les aidais à exprimer leur mal-être par la parole. Je devais à la fois
être tolérante et ferme. Un jour, mon fils m’a fait remarquer : “plus tu les punis,
plus elles viennent vers toi !”. J’ai réalisé qu’elles avaient retrouvé des repères par
les interdits et les règles de vie : c’est ce dont un enfant a besoin pour être
heureux. ».
« Après leur avoir expliqué les règles de sécurité pendant presque toute une année,
je leur ai permis d’aller seules à pied à l’école. Elles étaient tellement fières de la
confiance que je leur avais témoignée que toute l’école était informée de
l’événement ! ».
« Léa est une petite fille coquette mais elle est très tendue. Je l’ai inscrite à un cours
de danse pour qu’elle soit en harmonie avec elle-même. En une année, elle s’est
épanouie. Cette année, elle a choisi de faire de l’équitation. Je la laisse faire car il
faut qu’elle trouve ses plaisirs sans que je lui impose. ».
q
Partie 3Le DC2 : Accompagnement éducatif de l’enfant
– 151 –
1 Les compétences attendues
Dans ce domaine nommé « Accompagnement éducatif de l’enfant », les compé-tences attendues pour exercer la profession, mentionnées dans le référentiel professionnel1 sont, pour rappel, les suivantes :• Favoriser le développement global de l’enfant.• Contribuer à l’insertion sociale, scolaire ou professionnelle de l’enfant.
Favoriser le développement global de l’enfant suppose de savoir répondre à ses besoins physiques et psychiques, et de lui permettre d’accéder à tous les apprentissages nécessaires pour lui assurer au mieux, en fonction de son âge, une insertion sociale, scolaire ou professionnelle présentement et dans le futur. Cela requiert des aptitudes éducatives de la part de l’assistant familial et, plus largement, cela repose aussi sur celles des autres membres de la famille d’accueil. Lors de la procédure d’agrément, ces aptitudes sont recherchées chez le candidat assistant familial. Elles font partie des conditions pour accueillir un enfant. « L’agrément est accordé […] si les conditions d’accueil garantissent la sécurité, la santé et l’épanouissement des mineurs et majeurs de moins de vingt et un ans accueillis, en tenant compte des aptitudes éducatives de la personne2 ». Les apti-tudes éducatives qu’un assistant familial peut avoir développées en tant que parent, notamment, sont mobilisées dans la situation professionnelle d’accueil. Elles évoluent et s’adaptent au cours de l’exercice professionnel en fonction des enfants accueillis, de leur situation, de leurs besoins.
Pour repérer quelles compétences il est nécessaire de développer pour exercer ce métier, il apparaît important tout d’abord de s’arrêter sur le terme « éduca-tion » pour en dégager une définition à mettre en lien avec l’activité de l’assistant familial. Pour cela, il est intéressant de s’appuyer sur le dictionnaire encyclopé-dique de l’éducation et de la formation3.
L’éducation constitue un fait social naturel orienté vers la nécessité de vivre et de survivre. Toute société tend donc à se conserver en sauvegardant et en transmettant ses caractères physiques et intellectuels. Ce mouvement va, en
1. Annexe 1 de l’arrêté du 14 mars 2006 relatif au diplôme d’État d’assistant familial : 1.3 Les domaines de compétences.2. Art. L. 421-3 du CASF, tiré de l’art. 7 de la loi no 2005-706 du 27 juin 2005 relative aux assistants maternels et aux assistants familiaux.3. Dictionnaire encyclopédique de l’éducation et de la formation, 3e éd., Retz, coll. « Les usuels », 2005, p. 331 à 336 ; p. 64 à 67 ; p. 653 à 658 ; p. 896 à 898.
– 168 –
Étude de casDEAF, épreuve écrite du 30 novembre 2009, Île-de-FranceÉpreuve de certification du DC2 « Accompagnement éducatif de l’enfant »Durée de l’épreuve : 2 heures
Situation de Yann
Novembre 2009.
Yann, 14 ans, est accueilli dans votre famille depuis deux mois.
Voici les éléments de son histoire dont vous disposez :
Yann est un enfant unique. À l’âge de 9 ans, il a fortement réagi à l’incarcération de son père
qui est encore à ce jour emprisonné. Yann ressent toujours un profond sentiment d’injustice et de
révolte à la situation de son père. Les relations avec sa mère se sont progressivement dégradées.
Il est devenu violent à l’égard de ses camarades de classe puis, progressivement, il s’est mis à
commettre des actes de petite délinquance : vols, dégradations de biens publics…
Après une année durant laquelle sa mère tenta de le raisonner, les relations mère-enfant se
détériorèrent considérablement. Éprouvant de la peur face aux hurlements, injures et menaces
de Yann, et surtout face à ses fugues qui se répétaient, elle demanda de l’aide auprès du service
social.
Une action éducative en milieu ouvert fut mise en place, visant à aider Yann à accepter l’incar-
cération de son père et à évoluer par rapport à ses comportements à risque. Un travail mené sur
les relations familiales aboutit, à la demande de Yann, par un placement en foyer éducatif.
L’équipe éducative observa que Yann supportait assez mal la vie en collectivité. Il ne respectait
pas la plupart des règles de fonctionnement en groupe et multipliait à nouveau les comportements
violents vis-à-vis des autres enfants placés. Il faisait preuve, par ailleurs, de peu d’autonomie.
En concertation avec Yann, il est alors décidé de le confier à une famille d’accueil dès septembre
2009, pour qu’il bénéficie d’une prise en charge individuelle avec pour projet éducatif de lui pro-
poser un cadre éducatif axé sur la socialisation et le développement de son autonomie, tenant
compte de son histoire, ses besoins et son projet d’orientation professionnelle qui est de devenir
électricien.
Vos conditions d’accueil ont paru correspondre à la situation de Yann :
Dominique, votre conjoint(e), âgé(e) de 48 ans, est agent administratif. Philippe, votre fils, âgé
de 20 ans, prépare son brevet de Technicien Supérieur en mécanique générale. Aurélie, votre fille,
jumelle de Philippe, prépare une licence en droit. Benjamin, votre fils, âgé de 9 ans, est scolarisé
en classe primaire CM1.
Vous résidez en centre-ville, dans une maison avec jardin. Les équipements sportifs et culturels
sont facilement accessibles. Des moyens de transport existent pour circuler en ville et se rendre
à Paris.
– 169 –
Étude de casQuestions
1. Quel accompagnement pouvez-vous proposer à l’équipe du placement familial, pour dévelop-
per l’autonomie de Yann ? (Notation sur 4 points)
2. Comment l’aidez-vous à se socialiser ? (Notation sur 4 points)
3. Quel soutien mettez-vous en place pour l’encourager dans sa scolarité ? (Notation sur 4 points)
4. Philippe vous signale, preuve à l’appui, que Yann lui a pris un billet de 20 € sur son bureau.
Quelle est votre attitude dans ce cas ? (Notation sur 4 points)
2 questions à choix multiple
5. Yann rentre de l’école très en retard par rapport à d’habitude. Vous commencez sérieusement
à vous inquiéter. (Notation sur 2 points)
A. Vous vous mettez en colère en lui conseillant de ne pas recommencer.
B. Vous cherchez à comprendre ce qu’il s’est passé en ne lui cachant pas votre inquiétude et
en reposant les règles de fonctionnement familial.
C. Vous lui indiquez que ce comportement est très grave et que cette affaire doit être réglée
avec son référent placement.
D. Vous lui rappelez ses fugues passées en lui signifiant que, chez vous, cela ne doit pas se
produire.
6. Yann pose beaucoup de questions sur son père, notamment sur son incarcération et son
avenir. Que faites-vous ? (Notation sur 2 points)
E. Vous estimez que ce sujet est trop douloureux et vous ne répondez pas.
F. Vous en parlez à votre fille, étudiant en droit, afin d’aborder d’une façon générale le sujet
avec Yann.
G. Vous encouragez Yann à écrire à son père pour exprimer ce qu’il ressent.
H. Vous considérez que les questions devront être posées directement par Yann auprès de sa
mère et que vous n’avez pas à intervenir.
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Étude de cas
Proposition de grille de correctionQuestion 1. Quel accompagnement pouvez-vous proposer à l’équipe du placement familial,
pour développer l’autonomie de Yann ?
Éléments de réponse
• Établir avec lui un itinéraire pour se rendre dans son établissement scolaire.
• Lui permettre de confectionner des repas, de réparer des objets…
• L’encourager à rechercher des informations sur Internet, à se rendre dans des centres de docu-
mentation…
• Lui verser un montant d’argent de poche adapté à ses besoins.
• L’inviter à se constituer un répertoire téléphonique pour joindre les personnes qu’il est autorisé
à contacter.
• Lui demander de temps en temps de faire des petites courses, une démarche…
• De manière générale, le stimuler dans ses capacités à faire pour susciter ses progrès et les
valoriser.
Question 2. Comment l’aidez-vous à se socialiser ?
Éléments de réponse
• Au quotidien, Yann doit pouvoir ressentir son intégration dans la famille tant sur la place qui
lui est réservée que sur les droits et devoirs de chacun dans l’organisation familiale (écouter/
être écouté, rendre service/être aidé, respecter/être respecté…).
• L’inscrire dans des activités extrascolaires, collectives (sport, musique…).
Question 3. Quel soutien mettez-vous en place pour l’encourager dans sa scolarité ?
Éléments de réponse
• S’intéresser à son travail. L’aider dans ses devoirs. Rencontrer avec lui, et si possible avec sa
mère, les enseignants.
• Impliquer les membres de sa famille d’accueil susceptibles de le stimuler dans le domaine de
l’électricité et évaluer ainsi son projet.
Question 4. Philippe vous signale, preuve à l’appui, que Yann lui a pris un billet de 20 € sur son
bureau. Quelle est votre attitude dans ce cas ?
Éléments de réponse
Parler à Yann, lui rappeler les règles, comprendre son attitude, négocier avec Yann un montant
d’argent de poche plus adapté à ses besoins…
Question 5. Yann rentre de l’école très en retard par rapport à d’habitude. Vous commencez
sérieusement à vous inquiéter.
La réponse attendue est B (vous cherchez à comprendre ce qu’il s’est passé en ne lui cachant pas
votre inquiétude…).
Question 6. Yann pose beaucoup de questions sur son père, notamment sur son incarcération
et son avenir. Que faites-vous ?
2 réponses acceptables : F ou G.
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Olivia Mundweiler-Le Navéaux est responsable de formations à l’Institut de formation sociale des Yvelines (IFSY).
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