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GEOHISTOIRE DES PROBLEMES D'ENVIRONNEMENT PARTIE II SOCIETE ET ENVIRONNEMENT DANS LE MONDE CONTEMPORAIN J.-M. DECROLY

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GEOHISTOIRE DES PROBLEMES D'ENVIRONNEMENT

PARTIE II SOCIETE ET ENVIRONNEMENT DANS LE MONDE

CONTEMPORAIN

J.-M. DECROLY

1)  Les singularités du capitalisme 2)  Capitalisme, domination et inégalités 3)  Capitalisme et révolutions techniques 4)  Capitalisme et marchandisation des choses et des

êtres 5)  Capitalisme, production et consommation 6)  Capitalisme et transition démographique

Supports pédagogiques : Présentations PP sur ma page web personnelle http://homepages.ulb.ac.be/~jmdecrol/

CHAPITRE III : CAPITALISME, SOCIETE ET ENVIRONNEMENT

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REFERENCES

  Capitalisme ?   Voir :

  BAECHLER J. (1995), Le capitalisme, Paris, Folio, 2 tomes   BEAUD M. (1997), Le basculement du monde, Paris, La Découverte   BIASUTTI J.-P. et BRAQUET L. (2014), Comprendre le capitalisme, Paris,

Bréal, 2ème édition   WALLERSTEIN I. (1987), Le capitalisme historique, Paris, La Découverte,

coll. Repères

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CAPITALISME? (I)

  Un système social historiquement situé :   De l'Europe au XVIème siècle au Monde au début du XXIème siècle

  Une utilisation singulière du capital (K) …. en regard des systèmes historiques antérieurs   K = stock de biens et de richesses qui existent à un moment donné

  K d'un particulier : valeur de l'ensemble des biens qu'il possède (simple monnaie, actifs mobiliers (actions, obligations, …), patrimoine foncier ou immobilier)

  K d'une entreprise : valeur de l'ensemble des moyens qu'elle possède, notamment le K fixe (terrains, bâtiments, machines, véhicules, ….)

  Sous le capitalisme : K employé dans le but premier et délibéré de son auto-expansion

  Réutilisation du K en vue d'une accumulation supplémentaire de richesse >< fondamentale entre 2 logiques :

  le K dépensé pour une consommation immédiate   le K utilisé pour élargir le champs d'activité, renforcer ou élargir le

processus permettant de faire des gains 3

CAPITALISME? (II)

  En conséquence, le capitaliste individuel destine une part de sa richesse à un usage productif :

  Il transforme les moyens financiers dont il dispose en moyens de production (fixe et circulant) (= appropriation privée des moyens de production)

  Pour produire un bien ou un service … destiné à une demande solvable

  Pour en tirer en profit /// qu'il va ensuite capitaliser, cad transformer en nouvelles machines, nouvelles méthodes de production, …

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CAPITALISME? (III)

  A souligner :   Tous les acteurs économiques dépendent du marché :

  Les ouvriers, obligés de vendre leur force de travail contre un salaire

  Les entrepreneurs, pour avoir accès aux moyens de production et vendre les biens et services produits

Le capitalisme se caractérise par une tendance à la généralisation de l'échange marchand

  Si un bien ou service produit n'est pas acheté, le capitaliste est éliminé du marché … ce à quoi il n'aspire pas

  La capitalisation du profit, une dimension essentielle :   Une nécessité pour le capitaliste : rester concurrentiel en

produisant à moindre coûts   Avec pour conséquence la nécessité d'accroître la production afin

de rentabiliser l'achat de nouvelles machines "Accroître sa production ou disparaître" comme moteur du capitalisme

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LES CONDITIONS DU CAPITALISME (I)

  L'auto-expansion du K repose sur quelques conditions de base :   Accumulation préalable de richesse monétaire   Appropriation privée des moyens de production … en vue d'en tirer un

profit   Achat d'une force de travail : il doit exister des travailleurs "libres" (ni

esclaves, ni serfs) prêts à vendre leur force de travail   Ecoulement des biens : il doit exister

  Un réseau de distribution   Des acheteurs disposant du pouvoir d'achat nécessaire

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LES CONDITIONS DU CAPITALISME (II)

  Dans les systèmes pré-capitalistes :   Des maillons de la chaîne relevaient d'opérations considérées comme

irrationnels ou amoraux par les représentants de l'autorité politique ou religieuse   Exemple : prohibition du prêt à intérêt dans le code social

musulman   Des maillons de la chaîne faisaient simplement défaut (accumulation

préalable de richesse, force de travail, réseau de distribution ou consommateurs solvables)

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DESTRUCTION CREATRICE

  La "destruction créatrice"(J. Schumpeter) : la logique du capitalisme a pour effet, dans un même mouvement :

  De détruire d'anciennes activités, formes sociales, ressources, …   De créer de nouvelles activités, de nouveaux marchés, de

nouveaux besoins   Les effets ambivalents du capitalisme :

  Vecteur de la croissance économique contemporaine …. et donc d'amélioration des conditions matérielles d'existence d'une partie de la population mondiale

  Mais aussi :   Facteur de la persistance ou de l'accroissement des inégalités

économiques et des rapports de domination   Facteur d'une forte croissance de l'impact des sociétés humaines

sur l'environnement en raison e.a. de la croissance inéluctable de la production qu'il entraîne

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1)  Les singularités du capitalisme 2)  Capitalisme, domination et inégalités 3)  Capitalisme et révolutions techniques 4)  Capitalisme et marchandisation des choses et des

êtres 5)  Capitalisme, production et consommation 6)  Capitalisme et transition démographique

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CHAPITRE III : CAPITALISME, SOCIETE ET ENVIRONNEMENT

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PLUS-VALUE ET PROFIT : LES CONCEPTIONS DE MARX

  A l'échelle de l'ensemble de l'économie : profit = plus-value   Plus-value (pl) = travail non payé arraché aux travailleurs   Temps de travail =

  temps de travail nécessaire (temps de travail consacrés à produire les moyens de consommation achetés pour se reproduire) +

  temps de surtravail (accompli au-delà du temps de travail nécessaire, gratuitement pour le détenteur des moyens de production)

  Au total : formation de la plus-value résulte du fait que le salarié "produit plus de travail qu'il n'en consomme"

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PROFIT, INEGALITES, DOMINATION

  Le capitalisme est donc un système social où l'essentiel du travail est effectué par des travailleurs :   Obligés de vendre leur force de travail (car ils ne disposent pas de

leur propres moyens de production) contre un salaire pour avoir accès à leurs moyens de subsistance

  Dont une partie du temps de travail est "confisquée" par le détenteur des moyens de production, ce qui génère du profit

  Il en résulte donc :   Des rapports de domination (entre détenteurs des moyens de

production et salariés par exemple)   Des inégalités importantes :

  Différentiel de revenus entre salariés et capitalistes   Différentiel de revenu amplifié par la constitution et

l'agrandissement du patrimoine des seconds

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1)  Les singularités du capitalisme 2)  Capitalisme, domination et inégalités 3)  Capitalisme et révolutions techniques 4)  Capitalisme et marchandisation des choses et des

êtres 5)  Capitalisme, production et consommation 6)  Capitalisme et transition démographique

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CHAPITRE III : CAPITALISME, SOCIETE ET ENVIRONNEMENT

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UNE ACCELERATION DU PROGRES TECHNIQUE

  Depuis 1750, une sans précédent des innovations techniques

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LES LOGIQUES FONDAMENTALES DE L'ACCELERATION TECHNIQUE (I)

  Rappel : la loi d'airain du capitalisme = pour rester sur le marché un entrepreneur doit vendre sa production !

  2 solutions générales, qui définissent deux stratégies distinctes :   L'entente entre les producteurs pour offrir à des consommateurs

captifs des biens et des services définis une fois pour toute = Oligopole par entente pour supprimer la concurrence

  Condition nécessaire : contrôle de l'entrée de nouveaux producteurs sur le marché … en le soumettant à une loi imposée par le pouvoir politique

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LES LOGIQUES FONDAMENTALES DE L'ACCELERATION TECHNIQUE (II)

  L'innovation technologique pour parvenir à offrir un bien ou un service   sans substitut proche (bien nouveau)   à un prix nettement plus faible que les autres biens et services

similaires = monopole temporaire   Conséquence :

  Renouvellement permanent des produits (chaque année 1.000 boissons non alcoolisées nouvelles sont proposées au Japon … dont 10 à peine se maintiennent)

  Techniques de production rendues constamment plus efficaces

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LES LOGIQUES FONDAMENTALES DE L'ACCELERATION TECHNIQUE (III)

  Techniques de production et produits incorporent des "connaissances" : depuis le 2ème quart du XIXème siècle le renouvellement perpétuel des premiers repose en même temps qu'il nourrit l'expansion des secondes   Les lois de la thermodynamique permettent d'améliorer le rendement

des machines à vapeur puis d'inventer le moteur à explosion   La naissance de la chimie organique au XIXème siècle permet la mise

au point des engrais artificiels et plus largement de ce qui est fabriqué avec des produits de synthèse

  …   Inversement, la quête de nouveaux produits et de procédés de

production meilleurs marchés stimulent la recherche scientifique … quand elle n'est pas directement intégrée dans les entreprises

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1)  Les singularités du capitalisme 2)  Capitalisme, domination et inégalités 3)  Capitalisme et révolutions techniques 4)  Capitalisme et marchandisation des choses et des

êtres 5)  Capitalisme, production et consommation 6)  Capitalisme et transition démographique

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CHAPITRE III : CAPITALISME, SOCIETE ET ENVIRONNEMENT

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MARCHANDISATION ?

  Marchandisation = processus consistant à rendre marchande une relation qui ne l’était pas auparavant   Relation marchande : qui fait l'objet d'une transaction sur un marché,

en fonction d'un prix   Dimension sectorielle : intégration de pans de plus en large de

l'activité économique dans les logiques marchandes (de la marchandisation de la production artisanale, de la production agricole, …, à celle de l'eau ou de l'air ou des relations amoureuses)

  Dimension spatiale : extension des logiques marchandes dans le cadre de la mondialisation

  Des effets sociaux et environnementaux sensibles : l'exemple de la dualisation du système alimentaire mondial

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  Vers un système alimentaire bi-modal : –  Persistance d'un modèle agricole d'autosubsistance alimentaire :

  Production : –  Très petites exploitations agricoles familiales –  Très faible productivité

  Transformation agroalimentaire resteinte (artisanat)   Circuits commerciaux fragmentés   Un modèle qui concerne +/- 3 10e9 personnes

–  Essentiellement dans le monde rural des Etats de la périphérie –  Aussi bien les familles paysannes que les salariés agricoles et

autres franges de la population rurale

UNE ERE DE DIFFERENCIATION DU SYSTEME ALIMENTAIRE MONDIAL (I)

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–  Affirmation du modèle agro-industriel tertiarisé (MAIT)   Résultat d'un processus d'industrialisation de l'ensemble des filières

du système agro-alimentaire   Principales caractéristiques

–  Un modèle piloté par la grande distribution et les majors de l'agro-alimentaire

–  Sur le plan de la production :   Concentration : du nombre d'entreprises agricoles   Intensification : haut niveau d'intrants naturels, chimiques et

énergétiques rendement et productivité élevés … mais aussi dépendance croissante aux firmes de l'agrofourniture (engrais, semences, ….) fortement concentrées (12 firmes leaders contrôlent 50% du marché mondial)

  Spécialisation territoriale par produit et filière   Financiarisation : contrôle progressif des fonds internationaux

d'investissement sur les entreprises agricoles …. en réponse aux énormes besoins financiers de ces dernières

–  Sur le plan de la distribution :   Construction progressive d'un grand marché mondial   Une place croissante dans le prix final d'une aliment : 45% (logistique

et communication), contre 35% pour l'énergie et la transformation industrielle et 20% pour l'agriculture

UNE ERE DE DIFFERENCIATION DU SYSTEME ALIMENTAIRE MONDIAL (II)

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–  Sur le plan de la consommation:   Vers une convergence mondiale des paniers et produits

achetés   Produits globaux adaptés (à la marge, au plan visuel et

gustatif) aux préférences locales (steak haché de boeuf, morceaux de poulet, pizza, sodas, eaux embouteillées, …)

  Produits régionaux industrialisés (riz en Asie, couscous dans les pays du sud et de l'est de la Méditerranée, …)

  Des produits standardisés …. qui peuvent être préparés rapidement (précuisinage, conditionnement sous emballage)

  Des produits qui font l'objet d'une promotion publicitaire intense

  Des produits surdosés en sel, sucre et corps gras : des aliments très énergétiques mais carencés en nutriments et oligoéléments

  Un modèle qui concerne dès à présent +/- 4 10e9 consommateurs –  Totalité des habitants des Etats du centre –  Classes moyennes et riches des Etats à revenus moyens –  Classes aisées des Etats à faibles revenus

UNE ERE DE DIFFERENCIATION DU SYSTEME ALIMENTAIRE MONDIAL (III)

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UN RAPPORT DE FORCE INEGAL ENTRE LES 2 MODELES (I)

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  Une forte pression économique du MAIT sur le modèle agricole d'autosubsistance alimentaire

  Le MAIT a permis :   Une du prix réel des produits alimentaires   Un acheminement rapide des produits – quelque soit leur provenance –

vers le consommateur = Construction progressive d'un marché global des productions

alimentaires Mise en concurrence effective des agriculteurs à l'échelle mondiale

  Par son caractère hégémonique, le MAIT capte une part en des ressources matérielles (terre et eau en particulier) et immatérielles (recherche – développement, formation) dédiées à l'agriculture

Creusement des inégalités socio-économiques entre agriculteurs   La libéralisation commerciale intenationale + le faible coût des transports de

marchandises délocalisations d'activité vers des sites avantagés par les coûts comparatifs

  Poulet congelé standard produit à moins d'un US$ la pièce aux Etats-Unis et au Brésil vs volaille indigène du Maroc ou de l'Afrique sub-saharienne

UN RAPPORT DE FORCE INEGAL ENTRE LES 2 MODELES (II)

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Les logiques de la crise structurelle de l'agriculture dans les Etats de la Périphérie

  Deuxième révolution agricole : –  Mécanisation puis motorisation du matériel :

  Superficie / travailleur x 2   Production / travailleur x2

–  Augmentation des rendements   Sélection des plantes / semences   Fertilisation minérale   Traitements spécialisés contre atteintes (e.g. insectes ravageurs)

–  Dans conditions optimales : Productivité nette = 5.000 quintaux / travailleur –  Conséquence majeure : réduction tendancielle des prix agricoles en Europe et

en Amérique du Nord

UN RAPPORT DE FORCE INEGAL ENTRE LES 2 MODELES (III)

  La révolution verte –  Après GM II –  Fondations privées USA –  Programmes de recherches agronomiques

  Variétés de céréales à haut rendement …. exigeantes en engrais   Méthodes de culture adaptées

–  Impact limité hors des Etats du centre   Régions plus fertiles (rentabilisation des intrants)   Agriculteurs aisés   Cultures vivrières ignorées (mil, sorgo, manioc)

  Culture manuelle prédominante dans la périphérie –  +/- 80% des cultivateurs en Afrique subsaharienne –  40-60% des cultivateurs en Asie et Amérique latine

  Augmentation des écarts de productivité

UN RAPPORT DE FORCE INEGAL ENTRE LES 2 MODELES (IV)

UN RAPPORT DE FORCE INEGAL ENTRE LES 2 MODELES (V)

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  Mise en concurrence : –  Facteurs

  Transformation des réseaux et moyens de transport –  ↓ du prix –  ↑ de la vitesses –  Extension des réseaux

  Libéralisation du commerce international : levée progressive des barrières douanières

  Stratégie d’extension des marchés : par les producteurs, les Etats ou les firmes agro-alimentaires

Elargissement des marchés : filière d’approvisionnement et de distribution à l’échelle planétaire

UN RAPPORT DE FORCE INEGAL ENTRE LES 2 MODELES (VI)

–  Conséquence   Arrivée de céréales à bas prix dans la périphérie

–  ↓ du prix de vente des denrées vivrières   ↓ de la production de cultures vivrières destinées à la vente

sur le marché local   ↑ dépendance alimentaire   Développement des cultures d’exportation (Thé, cacao,

café, …) –  ↓ du prix de vente des cultures d’exportation

  Concurrence de denrées identiques ou substituables   Canne à sucre – betterave   Arachide – Soja

  Concurrence de produits industriels de substitution   Attraction des productions encore rentables

UN RAPPORT DE FORCE INEGAL ENTRE LES 2 MODELES (VII)

  Ecarts de productivité = écarts de revenus –  Prix de vente d’un quintal de blé = 20 Euros –  Revenus ? :

  Céréaliculteur européen bien équipé : –  Production = 5.000 quintaux --> 100.000 Euros –  Fermage / remboursement emprunt / impôts : 50 à 80.000 Euros –  Revenu monétaire : 20 à 50.000 Euros

  Cultivateur manuel soudanais : –  Production = 10 quintaux –  Autoconsommation : 7 quintaux –  Revenu monétaire (sans fermage, …) : 3 quintaux --> 60 Euros –  33 ans pour acquérir 1 paire de bœufs + petit matériel de culture

attelée (2.000 Euros) –  300 années pour acheter 1 petit tracteur (20.000 Euros) –  3.000 années pour acheter équipement complet de motomécanisation

(200.000 Euros)

UN RAPPORT DE FORCE INEGAL ENTRE LES 2 MODELES (VIII)

  Facteurs nationaux : politiques défavorables à l'agriculture   Priorité à l’industrialisation :

–  Exonérations fiscales + Crédits + Investissements publics –  Protectionnisme : taxes à l ’importation   ↑ des prix intérieurs des produits manufacturés achetés par agriculteurs   Sous-investissement dans l ’agriculture

  Politiques des prix agricoles –  Objectif : approvisionner les villes en denrées alimentaires à bas-prix –  Moyens :

  Importations commerciales au plus bas prix   Subventions à la consommation de produits alimentaires importés   Obligation pour paysans de livrer des produits à bas prix

–  Facteurs :   ↑ population urbaine (poids politique !)   limitation ↑ salaires dans industrie et fonction publique

  Conclusion : transfert de revenus (Agriculture Etat / Industrie / Consommateurs urbains)

UN RAPPORT DE FORCE INEGAL ENTRE LES 2 MODELES (IX)

  Crise écologique et sanitaire –  Mauvais outillage, nourriture insuffisante, soins médiocres de la

capacité de travail. –  [] sur tâches productives travaux d’entretien agricole

  Mise en culture de friches de + en + jeunes déboisement + fertilité   Dégradation des aménagements hydrauliques   cheptel transferts de fertilité

Non-durabilité écologique de l’écosystème cultivé

–  Simplification du système de culture : % cultures pauvres + diversité carences alimentaires Crise sanitaire

UN RAPPORT DE FORCE INEGAL ENTRE LES 2 MODELES (X)

  Cultures illégales –  Stratégie de survie d’agriculteurs pauvres –  Régions

  Reculées   Mal contrôlées

–  Cultures rémunératrices : parmi les rares productions permettant de dégager un surplus

  Pour un cultivateur en Afrique, ½ ha de canabis rapporterait autant que 30h da cacao

  Interdiction de la culture dans la plupart des Etats ↓ concurrence entre producteurs

  Répression à l’égard de ces pratiques agricoles prime de risque   Interdiction de la consommation des les Etats importateurs prix +

élevés –  Echec des programmes d’arrachage et de substitution –  Un poids grandissant dans les échanges commerciaux

  Trafic des stupéfiants = +/- 8% de la valeur des échanges mondiaux (= valeur des échanges de pétrole)

UN RAPPORT DE FORCE INEGAL ENTRE LES 2 MODELES (XI)

  Endettement et exode rural –  Si R < seuil de renouvellement : ↑ du risque de mauvaise récolte –  Si 1 mauvaise récolte : endettement …. pour manger et acheter des

semences –  Si N mauvaises récoltes : cercle vicieux de l’endettement

  Remboursement dette + intérêts   ↓ ration alimentaire   ↓ achat de semences ↓ production ↑ endettement

–  In fine … plus de préteurs   Recherche de sources extérieures de revenus   Migration temporaire / définitive

–  De certains membres –  … ou de toute la famille

UN RAPPORT DE FORCE INEGAL ENTRE LES 2 MODELES (XII)

1)  Les singularités du capitalisme 2)  Capitalisme, domination et inégalités 3)  Capitalisme et révolutions techniques 4)  Capitalisme et marchandisation des choses et des

êtres 5)  Capitalisme, production et consommation 6)  Capitalisme et transition démographique

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CHAPITRE III : CAPITALISME, SOCIETE ET ENVIRONNEMENT

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PRODUCTION ET CONSOMMATION

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  Consommation et production : 2 facettes distinctes mais indisociables de l'impact des sociétés humaines sur l'environnement   Le lien organique entre production et consommation dans le mode

de production capitaliste   La consommation : une construction sociale

UN LIEN ORGANIQUE

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  Le capitalisme pris en tenaille entre :   L'objectif des détenteurs des moyens de production : faire croître le

profit …. en produisant toujours davantage   Les limites des marchés ou des besoins solvables :

  Les acheteurs des biens et services produits   Disposant du pouvoir d'achat nécessaire   Désireux d'acquérir ses biens et services, i.e. qui leur

attribuent une valeur d'usage (autrement qui considèrent que ces biens et services peuvent satisfaire des besoins déterminés)

sont en nombre fini !   Un contradiction qui conduit inévitablement à des crises de

surproduction … retardée ou enrayée par :   L'extension sectorielle des rapports marchands   L'extension spatiale des rapports marchands

  Une illustration : les cycles de longue durée dans les Etats du Centre du système monde

LES CYCLES DE LONGUE DUREE … (I)

  Des "années folles" à la Grande Dépression : 1920 – 1933   soutenue de la productivité :

  2ème Révolution industrielle – automobile, chimie   Taylorisme

France

LES CYCLES DE LONGUE DUREE … (II)

  Investissements massifs dans de nouvelles capacités de production … avec forte de ces capacités

  Très inégale répartition de la croissance économique : modeste des salaires … mais forte des profits des actionnaires   Salariés subviennent mieux à leurs besoins de base (logement,

habillement, nourriture), mais la demande solvable reste faible pour les biens de consommation "durable"

France

LES CYCLES DE LONGUE DUREE … (III)

  A terme : production > capacité de consommation   des prix   Stocks s'accumulent dans les entreprises

  Finalement, au printemps et à l'été 1929, aux Etats-Unis, net recul de la production industrielle : le nombre d'automobiles produites chute de 622.000 en mars à 416.000 en septembre

  En //, tout au long des années 1920, très forte de la valeur des actions et donc des cours boursiers

  Une plus forte que celle des profits des entreprises, qui eux-mêmes plus que la production, la productivité, et enfin plus que les salaires

  Formation d'une bulle financière   Les premiers signes du

ralentissement de l'économie "réelle" provoquent une vente massive d'actions … et un effondrement des cours

LES CYCLES DE LONGUE DUREE … (IV)

  De la crise boursière de 1929 à la "Grande Dépression"

LES CYCLES DE LONGUE DUREE … (V)

  Le compromis fordiste et la croissance du pouvoir d’achat : taylorisme et consommation de masse : 1950 – 1975   Une croissance en // de la productivité et des salaires

LES CYCLES DE LONGUE DUREE … (VI)

  Une explosion de la consommation des ménages …

France

LES CYCLES DE LONGUE DUREE … (VIII)

  …. et du taux d'équipement des ménages

France

LES CYCLES DE LONGUE DUREE … (IX)

  …. et une croissance soutenue des profits

Triade (UE, Japon, Etats-Unis)

Taux de profit : base 100 en 2000

LES CYCLES DE LONGUE DUREE … (X)

  Le cercle "vertueux" du fordisme

LES CYCLES DE LONGUE DUREE … (XI)

  De la crise du fordisme à la crise du néo-libéralisme : 1975-2011   Dès la fin des années 1960, un ralentissement des gains de

productivité …. et donc un infléchissement des taux de profit

LES CYCLES DE LONGUE DUREE … (XII)

  Un rétablissement des taux de profit par :   La dérégulation et la remise en question de l'Etat-

Providence   Par compression de la part salariale dans le partage de la

richesse

LES CYCLES DE LONGUE DUREE … (XIII)

  Malgré la du salaire réel, une consommation maintenue élevée par :   La du taux d'épargne des ménages   L' du taux d'endettement   L' de la consommation dans les catégories élevées de

revenus

Etats-Unis

Etats-Unis

LES CYCLES DE LONGUE DUREE … (XIV)

LES CYCLES DE LONGUE DUREE … (XV)

  Malgré la du taux d'épargne, des I qui restent élevés, du moins aux Etats-Unis   Afflux de capitaux, d'abord japonais et européens … puis

chinois et arabes

LA CONSTRUCTION SOCIALE DE LA CONSOMMATION (I)

51

  Au-delà de la satisfaction de certains besoins élementaires (air, eau, ration alimentaire de base, abri, …) … … "L'homme se distingue de tous les autres animaux par le caractère extensible et illimité de ses besoins" (Marx, Le Capital)

  En effet, les besoins humains ont une origine sociale et varient d'une société à l'autre

  "La Classe de loisir" (T. Veblen, 1899)   L'économie des sociétés humaines est dominée par un

ressort : "la tendance à rivaliser, à se comparer à autrui pour le rabaisser"

  Le but essentiel des nantis (Classe de loisir) est d'assurer une "distinction provocante", d'exhiber les signes d'un statut supérieur consommation ostentatoire mue par le désir d'étaler sa richesse

  Construction du système de besoins en fonction de celui des nantis : une fois le confort matériel assuré, les choix en matière de consomation se réalisent en fonction de la norme conventionnelle … définie par la "classe de loisir"

LA CONSTRUCTION SOCIALE DE LA CONSOMMATION (II)

52

  Les logiques mêmes du capitalisme (production sans limite de marchandises, dynamiques d'innovation et de marchandisation) encouragent la prolifération des besoins   La multiplication des nouveaux objets ou services pour lesquels

sont "inventés" de nouveaux besoins   Du téléphone fixe au GSM   Du lecteur vidéo-cassette au Blue-Ray   …

  …. La réduction de la durée d'usage des produits (obsolesence programmée) :   Un consommateur satisfait … constitue un danger pour les

entreprises :   S'il se contente du même modèle de voiture, de machine à

laver, de PC pendant 10 ans … il restreint la croissance des secteurs concernés

  S'il est en bonne santé … il nuit à l'industrie pharmaceutique   Obsolesecnce programmée = ensemble des techniques visant à

la durée de vie ou d'utilisation d'un produit afin d'en le taux de remplacement Création d'une demande induite au bénéfice des producteurs

LA CONSTRUCTION SOCIALE DE LA CONSOMMATION (III)

  L'usure calculée des produits (obsolescence objective) : quelques exemples célèbres (voir Cosima Dannoritzer, Prêt à jeter, 2010 : http://www.arte.tv/fr/Comprendre-le-monde/Pret-a-jeter/3714422,CmC=3714270.html)   L'ampoule électrique à incandescence : sa durée de vie a été

"harmonisée" et maintenue par un cartel d'industriels à 1.000 heures, dans le monde entier, alors que des brevets existaient sur des ampoules d'une durée de vie allant jusqu'à 100.000 heures

  Le bas nylon :   Du modèle mis sur le marché par DuPont (années 1940) : tellement

résistant que les ventes s'effondrèrent, faute de besoin de renouvellement

  Aux modèles ultérieurs avec dosage réduits de certains additifs destinés à protéger le polymère des UV … qui filent rapidement

  Les imprimantes équipées d'une puce compteur, bloquant l'impression au-delà d'un nombre convenu de feuilles

  ….

LA CONSTRUCTION SOCIALE DE LA CONSOMMATION (IV)

  La réduction de la durée d'utilisation d'un même produit… en suscitant l'envie d'en acheter un nouveau avant que l'ancien soit hors d'usage (obsolescence subjective)   Le multiplication invraisemblable des modèles de GSM qui incite

à leur remplacement fréquent parce que "c'est plus pratique", "pour être à la mode", "pour se faire plaisir"

  Un processus de déclinaisons sans fin des produits originels : les marchandises semblent avoir la faculté quasi magique de faire naître d'autres marchandises

LA CONSTRUCTION SOCIALE DE LA CONSOMMATION (V)

55

  Le marketing et la publicité comme moyen de créer des désirs solvables   Un objectif simple : susciter l'envie de nouveaux produits et de leur

renouvellement rapide   Une méthode de "production industrielle" des clients /

consommateurs correspondant aux biens et services que les sociétés désirent vendre, quelles que soient :   L'utilité   Les conséquences sociales ou environnementales

de ce qui est vendu   Une fonction très stratégique dans les FTN, au même titre que la

fonction financière   Un exemple : le marketing sensoriel et expérientiel comme manière

de lutter contre la lassitude des consommateurs face à la profusion des marchandises offertes   Une nouvelle forme de séduction, fondée sur la mobilisation des

sens et de l'émotion   Le design sonore des nouvelles voitures (sons du

claquement des portières ou du ronronnement des moteurs)   La mise en scène des marques (Niketown, Applestore, …)

CONCLUSIONS

56

  Au total : la croissance des consommations est largement portée par les sollicitations de la sphère de la production et de la distribution

  Multiplication des objets produits   Accélération de l'obsolence des produits   Envahissante présence de la publicité   Concentration des lieux de distribution

  Enjeu politique des logiques socio-économiques de la consommation   Agir sur la consommation vs agir sur la production et la

commercialisation   Enjeu éthique des logiques socio-économiques de la consommation

  Culpabilisation du consommateur vs responsabilisation du producteur ou du distributeur

1)  Les singularités du capitalisme 2)  Capitalisme, domination et inégalités 3)  Capitalisme et révolutions techniques 4)  Capitalisme et marchandisation des choses et des

êtres 5)  Capitalisme, production et consommation 6)  Capitalisme et transition démographique

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CHAPITRE III : CAPITALISME, SOCIETE ET ENVIRONNEMENT

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BAISSE DE LA MORTALITE ET DEPLOIEMENT DU CAPITALISME (I)

  Les conditions de la première révolution agricole   Aspect technique : rotations sans jachère connues en Europe

plusieurs siècles avant la première révolution agricole Obstacles juridiques et économiques plus que techniques   Conditions juridiques : instauration d'un véritable droit de propriété

privée des terres agricoles   Abolition du droit de vaine pâture (faire paître ses animaux sur

l'ensemble des jachères du voisinage)   Possibilité de mettre en culture les jachères sans risque de voir le

fruit de son travail piétiné et mangé par le bétail d'autrui   Les terres sont libérées de toute entrave à leur usage

"individuel" : l'exploitant peut donc tirer pleinement bénéfice de ces nouvelles possibilités

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BAISSE DE LA MORTALITE ET DEPLOIEMENT DU CAPITALISME (II)

  Les conditions de la première révolution agricole (suite)   Conditions économiques : l'existence d'une demande solvable (un

marché) pour le surplus de production végétale et animale   Relation dialectique entre révolution agricole et industrialisation +

urbanisation : formation d'une société comptant autant d'actifs agricoles que non agricoles est non seulement possible …. mais aussi nécessaire pour absorber le surplus de production agricole

  Conditions sociales : émergence de groupes sociaux (parmi les grands propriétaires fonciers ou les agriculteurs - éleveurs) ayant la volonté… et la capacité d'investir dans l'agriculture (édifier des clôtures, acheter du matériel, …) en vue d'une accumulation supplémentaire de richesse

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BAISSE DE LA MORTALITE ET DEPLOIEMENT DU CAPITALISME (II)

  Les conditions de la première révolution agricole (fin)   Le cas exemplaire de l'Angleterre :

  Enclosures :   Dès le XVIe siècle, Landlords cherchent à tirer parti de l' de la

demande de laine pour l'industrie drapière   Enclosent leurs terres de parcours … pour un usage exclusif   Remplacent leurs jachères par des cultures fourragères

Villageois privés des droits d'usages collectifs … et des meilleurs terres

  Mouvement qui reprend et s'accélère au XVIIIe siècle … avec l'appui du Parlement : 4.000 actes d'enclosures entre 1700 et 1845

Disparition de la majeure partie de la petite paysannerie anglaise   Corn Laws :

  A partir de 1660, les landlords firent modifier les lois sur les céréales à des fins protectionnistes : importations soumises à des droits de douane maintien du prix des céréales à un niveau élevé des revenus agricoles et des rentes foncières

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BAISSE DE LA MORTALITE ET DEPLOIEMENT DU CAPITALISME (IV)

  L'hygiène publique et les actions de santé publique … comme forme de soutien à la croissance économique   Au XIXe siècle, croissance démographique = condition de

l'industrialisation   Fournit la main-d'œuvre requise par une croissance économique

extensive … tout en produisant une pression à la baisse sur les salaires

  Elargit quantitativement un marché … où le potentiel d'achat individuel reste limité

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