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Annales de Paléontologie 96 (2010) 171–178 Disponible en ligne sur www.sciencedirect.com Histoire des sciences J. Deprat, l’Eubée (Grèce) et les fossiles introuvables J. Deprat, Evia (Greece) and the undiscoverable fossils Claude Guernet Université Pierre-et-Marie-Curie, biomineralisations et paleoenvironnements, 4, place Jussieu, case 104, 75252 Paris cedex 05, France Disponible sur Internet le 30 juin 2011 Résumé En Eubée (Grèce), J. Deprat attribue les calcaires des monts Pyxaria et Kandili au Crétacé inférieur sous prétexte qu’ils contiennent des fossiles caractéristiques du Barrémien et de l’Albien et qu’ils passent progressivement à des calcaires cénomaniens. Or, ces calcaires ont été datés depuis du Trias et du Jurassique et le Cénomanien est partout transgressif. D’une fac ¸on générale, exception faite du Crétacé supérieur riche en Rudistes et connu depuis des travaux plus anciens, une partie importante des attributions stratigraphiques de J. Deprat en Eubée médiane est erronée. © 2011 Elsevier Masson SAS. Tous droits réservés. Mots clés : Grèce ; Eubée ; Paléozoïque ; Mésozoïque ; Néogène ; Rudistes ; Volcanisme Abstract In Evia (Greece), limestones attributed to the lower Cretaceous by J. Deprat are in fact of Triassic to Upper Jurassic age. These erroneous attributions are based on the allegedly presence of Barremian and Albian fossils and on the supposed progressive passage of these limestones to the Cenomanian ones. Generally, except for the upper Cretaceous rich in Rudists and known since older works, a big part of the stratigraphical attributions of J. Deprat in Median Evia are erroneous. © 2011 Elsevier Masson SAS. All rights reserved. Keywords: Greece; Evia; Palaeozoic; Mesozoic; Neogene; Rudists; Volcanism En sciences, les exemples de fraude défraient parfois l’actualité. En géologie, le cas le plus connu et le plus discuté en France est probablement celui de J. Deprat, radié de ses fonctions au service géologique d’Indochine en 1917 et exclu de la Société géologique de France en 1919. Il Auteur correspondant. 11, rue Castex, 75004 Paris, France. Adresse e-mail : [email protected] 0753-3969/$ see front matter © 2011 Elsevier Masson SAS. Tous droits réservés. doi:10.1016/j.annpal.2011.05.003

J. Deprat, l’Eubée (Grèce) et les fossiles introuvables

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Annales de Paléontologie 96 (2010) 171–178

Disponible en ligne sur www.sciencedirect.com

Histoire des sciences

J. Deprat, l’Eubée (Grèce) et les fossiles introuvables

J. Deprat, Evia (Greece) and the undiscoverable fossils

Claude Guernet ∗Université Pierre-et-Marie-Curie, biomineralisations et paleoenvironnements, 4, place Jussieu,

case 104, 75252 Paris cedex 05, France

Disponible sur Internet le 30 juin 2011

Résumé

En Eubée (Grèce), J. Deprat attribue les calcaires des monts Pyxaria et Kandili au Crétacé inférieursous prétexte qu’ils contiennent des fossiles caractéristiques du Barrémien et de l’Albien et qu’ils passentprogressivement à des calcaires cénomaniens. Or, ces calcaires ont été datés depuis du Trias et du Jurassiqueet le Cénomanien est partout transgressif. D’une facon générale, exception faite du Crétacé supérieur richeen Rudistes et connu depuis des travaux plus anciens, une partie importante des attributions stratigraphiquesde J. Deprat en Eubée médiane est erronée.© 2011 Elsevier Masson SAS. Tous droits réservés.

Mots clés : Grèce ; Eubée ; Paléozoïque ; Mésozoïque ; Néogène ; Rudistes ; Volcanisme

Abstract

In Evia (Greece), limestones attributed to the lower Cretaceous by J. Deprat are in fact of Triassic to UpperJurassic age. These erroneous attributions are based on the allegedly presence of Barremian and Albian fossilsand on the supposed progressive passage of these limestones to the Cenomanian ones. Generally, except forthe upper Cretaceous rich in Rudists and known since older works, a big part of the stratigraphical attributionsof J. Deprat in Median Evia are erroneous.© 2011 Elsevier Masson SAS. All rights reserved.

Keywords: Greece; Evia; Palaeozoic; Mesozoic; Neogene; Rudists; Volcanism

En sciences, les exemples de fraude défraient parfois l’actualité. En géologie, le cas le plusconnu et le plus discuté en France est probablement celui de J. Deprat, radié de ses fonctions auservice géologique d’Indochine en 1917 et exclu de la Société géologique de France en 1919. Il

∗ Auteur correspondant. 11, rue Castex, 75004 Paris, France.Adresse e-mail : [email protected]

0753-3969/$ – see front matter © 2011 Elsevier Masson SAS. Tous droits réservés.doi:10.1016/j.annpal.2011.05.003

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est réintégré dans cette dernière en juin 1991 à la suite d’un plaidoyer de M. Durand-Delga (1990).De ce fait, est quelque peu ternie la mémoire de ses accusateurs, H. Mansuy et H. Lantenois duservice géologique d’Indochine ainsi que celle des membres du jury qui l’avaient condamné dès1917 (et qui, pour la plupart, lui étaient antérieurement favorables).

Au cours du procès de J. Deprat, la valeur de la thèse même de l’accusé soutenue et publiéebien auparavant, en 1904, ne pouvait être prise en compte, personne n’étant alors retourné sur sonterrain. Cependant, en 1958, une quarantaine d’années après « l’affaire », deux géologues grecs,Spiliadis (1958) et J. Trikkalinos, démontrent l’absence du Crétacé inférieur en Eubée médianeet remettent ainsi en cause une découverte importante de Deprat (1904a). Cinq ans plus tard,Aubouin et Guernet (1963) décrivent à leur tour une coupe transversale de l’Eubée et prouventque le prétendu Crétacé inférieur des monts Pyxaria et Kandili est. . . du Jurassique (Fig. 1).

La note précitée fait suite à une mission effectuée en septembre 1962. En traversant la chaînedu Pyxaria du nord-est au sud-ouest, depuis la côte égéenne, J. Aubouin et moi-même recouponsalors des calcaires gris mal lités, puis des calcaires oolithiques et enfin, des calcaires de teinteplus ou moins foncée et fétides au choc du marteau. Selon J. Deprat (p. 75), ces calcaires passent« partout » graduellement à ceux du Cénomanien et contiennent Requiena ammonia, Toucasiacarinata et des Nérinées du Barrémien et Terebratula agorianitica de l’Albien, aussi bien dansla chaîne du Pyxaria que dans les Kandili (p. 68, 69 et 71). Selon lui, ils sont donc datés duCrétacé inférieur. Lors de notre propre périple, l’absence de fossiles nous laisse longtemps dansl’expectative, jusqu’à ce qu’en redescendant sur le versant sud-occidental de la chaîne, au sommetde la série calcaire et près de leur contact avec les radiolarites sous-jacentes aux péridotitesapparaissent les innombrables Spongiaires et Polypiers signalés par J. Deprat dans sa thèse. En cesorganismes, J. Aubouin reconnaît des Cladocoropsis mirabilis Felix 1906, connus notamment dansles calcaires du Jurassique supérieur du Parnasse (Celet, 1962). Ultérieurement, non seulement jeretrouve fréquemment ces Cladocoropsis, parfois accompagnés de section de coquilles de typeDiceras, mais je décris, avec J.P. Bassoullet, les foraminifères associés qui confirment et précisentl’attribution au Jurassique supérieur. Plus bas dans la série calcaire, des Lithiotis et une microfauneassociée me permettent de dater le Lias (Guernet, 1964b, 1965, 1966a,b).

D’une facon générale, en Eubée, le Cénomanien est toujours transgressif, soit sur la cuirasselatéritique des péridotites, soit directement sur le Jurassique supérieur creusé de poches karstiquesemplies de bauxite que J. Deprat ne semble pas avoir vues (Bignot et al., 1971 ; Guernet, 1973). Il ya donc, de la part de J. Deprat, double tromperie : il ne peut pas avoir observé le passage « graduel »des calcaires noirs qu’il date du Crétacé inférieur aux calcaires du Cénomanien (p. 75) et iln’avait pas le droit d’affirmer avoir reconnu des fossiles classiques du Barrémien et de l’Albien.Il faut rappeler, à la décharge de J. Deprat, qu’à l’époque de sa thèse, les géologues n’avaientguère les moyens de reconnaître le Jurassique des monts Pyxaria et Kandili : la signification desLithiotis n’est pas connue, les Cladocoropsis ne sont pas décrits non plus que les Foraminifèrescaractéristiques du Lias et du Jurassique supérieur. Et pour expliquer l’attitude de J. Deprat (aliasH. Wild), il suffit alors de reprendre A. Bordeaux mot à mot (1935 in Durand-Delga, 1990) quandil évoque ses tricheries alléguées en Indochine et au Yunnan : « . . . Je vois bien un peu la causede cette erreur d’H. Wild. Il a voulu soutenir par des faits une hypothèse qui lui tenait à cœur, sedisant que les preuves viendraient bien à leur tour. . . ».

Une autre affirmation de J. Deprat est troublante. Elle concerne les calcaires du massif del’Olympe d’Eubée que recouvre, à son extrémité Est, les schistes carbonifères ou permiens de lasérie de Séta. J. Deprat les attribue au Dévonien. En fait, Aronis (1952), à l’occasion d’une étudedes lignites d’Alivéri, note que les calcaires du massif de l’Olympe (Eubée) ont le même faciès queles calcaires triasiques du Parnasse et du Kithaeron. Effectivement, une vingtaine d’années plus

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Fig. 1. L’Eubée et les principaux axes orographiques.Main orographic axis of Evia.

tard, j’observe dans ces mêmes calcaires de l’Olympe, des Cladocoropsis (Guernet, 1964a) puis,plus bas dans la série, des Triasina, Foraminifère caractéristique du Rhétien ou de l’Hettangien(Guernet, 1971). C’est donc anormalement que les schistes de la série de Séta recouvrent lescalcaires de l’Olympe. L’erreur de J. Deprat serait compréhensible s’il ne prétendait pas, parailleurs, que les conglomérats à galets de quartz, de gneiss et de micaschistes du Trias inférieurde l’Eubée contiennent aussi des galets de calcaires de l’Olympe qui attestent « avec beaucoupde force l’antériorité » de ces mêmes calcaires aux couches triasiques (p. 54–55). Si des galetscalcaires existent (je n’en ai jamais trouvé dans ces conglomérats), J. Deprat ne devait pas affirmerreconnaître en eux les calcaires de l’Olympe.

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Fig. 2. Le volcanisme récent en Eubée, au sud de Kymi.Recent volcanism in Evia, south of Kymi.

D’après Guernet, 1971.

La description de la série néogène de Kymi par Deprat (1904b, p. 98 et Fig. 2) est égalementen partie erronée. Ainsi, entre le village d’Orion et la baie de Kymi, les marnes blanches néogènessupporteraient en discordance des « sables plaisanciens qui sont, en certains points, remplis defragments de roches andésitiques » (Deprat, p. 102 et Fig. 3).

En fait, les sables « remplis de roches andésitiques » sont des tufs volcaniques avec « gouttesde pluie » fossiles (Papastamatiou, 1939) ; ils remplissent un cratère d’explosion et coupent lescouches miocènes à l’emporte-pièce (Guernet, 1971 et photographie de la Fig. 4). J. Deprat prétend

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Fig. 3. Figure 71, p. 102 de Deprat (1904a) : coupe du pic de l’Oxylithos aux “sables tuffeux avec projections” (longueurde la coupe de l’ordre de 3,6 km selon l’échelle métrique de J. Deprat). Aquitanien : o marnes blanches à lignites, o’calcaires jaunes marneux à végétaux, o“ marnes blanches ; Sarmatien lacustre : m1 sables gréseux, m1’ marnes blanches ;p1� sables tuffeux avec projections.Geological section from the Oxylithos to the sands with volcanic tuffs (the length of the section is approximatively of3,6 km). Aquitanian: o white marls with lignits, o’ yellow marlaceous limestones with fossil plants, o” white marls; limnicSarmatian: m1 gritty sands, m1’ white marls; p1� sands with volcanic tuffs and projections.

avoir trouvé le Plaisancien un peu plus à l’Est, sur le versant du mont Octhonia et affirme quece Plaisancien contient « Lymnœa Adelinœ » Forbes. Or, ne semblent exister dans cette partiede l’Eubée, ni le Pliocène continental, ni Limnaeus adelinae, espèce abondante ailleurs, prèsd’Atalandi, à une vingtaine de kilomètres des côtes de l’Eubée septentrionale (Fig. 1) et d’âgequaternaire ancien et non plaisancien (Keraudren, 1970–1972).

Enfin, la description tectonique de l’Eubée par J. Deprat ne correspond pas à celle des autresgéologues ayant parcouru l’île : plissements intenses des énormes masses calcaires mésozoïques,déversements des plis vers le nord-est alors que, en Eubée comme dans les régions voisines, ils sontdécrits par les auteurs vers le sud-ouest (synthèse in Guernet, 1975). De même, comme la plupart

Fig. 4. Le volcan d’Orion avec à gauche (à l’ouest) le Miocène moyen ou supérieur continental, à droite les tufs d’Orionfortement inclinés vers le centre du cratère d’explosion. Le contact des tufs et du Miocène se fait à l’emporte-pièce.Orion volcano with, on the left (to west) the continental middle or upper Miocene, on the right the volcanic tufs of Orionvery much sloped towards the middle of the explosion crater. The contact of tufs and Miocene is clean.

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des auteurs après lui, donc sans qu’on puisse lui reprocher comme le souligne fort justementDurand-Delga (1990), J. Deprat considère que les séries de l’Eubée du Sud sont anciennes dansleur totalité, et même archéennes pour leur plus grande partie (p. 35–36), sous prétexte qu’elles sontmétamorphiques. Il ne peut donc suspecter l’existence de la fenêtre de Kalendsi, ni l’allochtoniedu Pélagonien (synthèses in Guernet, 1977 ; Jacobshagen, 1986 ; Katsikatsos et al., 1976).

Il est juste aussi de reconnaître que de nombreuses observations de J. Deprat sont exactes etce serait une erreur de rejeter toute son œuvre scientifique (voir plus loin la remarque à proposde son travail en Corse). Ainsi, au nord de l’Eubée, dans les monts Galatzades, J. Deprat (p. 48)découvre des calcaires à Fusulines (ses déterminations sont approximatives et son Carbonifère esten réalité du Permien, selon Renz, 1955 et M. Lys in Guernet, 1971). De même, le Paléozoïquesupérieur de la région de Séta, le Trias et le Lias du mont Dirphy et des monts Drakospilon et enfinle Crétacé supérieur de l’extrémité sud des monts Kandili (connu depuis les travaux de Teller,1880) sont bien identifiés. J. Deprat découvre aussi les hautes terrasses pliocènes de la bordureégéenne de l’Eubée médiane.

Les descriptions pétrographiques de J. Deprat, qu’il s’agisse des formations métamorphiques àglaucophane et à lawsonite (minéral ainsi reconnu pour la première fois en Grèce, dans le Pélion,au Nord de l’Eubée), des diabases de la fin du Paléozoïque ou du début du Trias, des roches ducortège ophiolithique ou, de la chaîne volcanique d’Oxylithos, sont d’une grande qualité et ellessont illustrées de photographies de lames minces contrairement à son étude micropaléontologique.

1. Conclusion

Si une grande partie du travail de J. Deprat, en particulier la pétrographie, peut toujours êtreprise en considération, certains fossiles cités par l’auteur tels que Requiena ammonia et Toucasiacarinata n’existent pas et l’observation d’un passage continu des calcaires du Pyxaria et des Kan-dili à ceux du Cénomanien est manifestement inventée. De même, Deprat ne peut avoir reconnudans des conglomérats d’âge triasique inférieur des galets de calcaire de l’Olympe prétendumentdévonien puisque ces calcaires sont d’âge triasique supérieur à jurassique. Enfin, la présence d’unPlaisancien à Limnaeus adelinae est pour le moins improbable et sa description tectonique del’Eubée médiane est imaginée.

J. Deprat est-il coupable de fraude au Tonkin comme en Eubée ? A-t-il été injustementcondamné comme l’écrit M. Durand-Delga (1990) ? Il est difficile de refaire un procès dontles protagonistes ont disparu depuis longtemps. Il ne doit pas, en tout cas, être refait en prenantappui principalement sur le plaidoyer de l’accusé (H. Wild, pseudonyme de J. Deprat, rééditionde 2009).

2. Remarques

Lors de ses procès, J. Deprat fut mis en cause dans deux autres affaires, sans rapport avec leTonkin ou le Yunnan (d’après Durand-Delga, 1990), puisque l’une concerne la Corse et l’autre laSardaigne (voir ci-dessous) :

• selon Lantenois, d’après Termier « Deprat avait démarqué l’esquisse de la carte géologique dela Corse de Nentien. . . et Nentien. . . a dit précisément que cette région était l’une de cellesqu’il n’avait fait que traverser et pour laquelle sa carte était forcément inexacte. En amplifiantles erreurs commises et en inventant, selon son habitude, de nouveaux tracés, Deprat était arrivéà un joli résultat ». Selon M. Durand-Delga, « Il est exact que Deprat à souvent reproduit tels

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quels les vieux levers de Nentien. . . et que les observations qu’en été 1908 il réalisa à l’Asinao,sur la feuille Bastelica au 80 000e, sont en partie inexactes. . . Mais, il s’agit d’erreurs banalesdans des levers géologiques trop rapides, et non de fraude ». Si de tels levers trop rapides decartes géologiques sont communs en France, ce que, par expérience, je ne crois pas, ce quiest reproché ici à J. Deprat est bien plus grave. . . En ce qui concerne la Corse, il n’en restepas moins vrai, comme me l’a fait remarquer M. Durand-Delga et comme le notaient Termieret Maury (1928), que J. Deprat (1905) a décrit le premier en Corse orientale le laminage etl’écrasement de la protogine au contact de la « région sédimentaire » et « probablement » souselle ;

• « En mars 1908, dans deux notes. . . Deprat donnait des analyses chimiques de roches volca-niques de Sardaigne. Lacroix. . . lui aurait demandé communication de ces roches : « Malgréson insistance, M. Lacroix n’a jamais pu obtenir cette communication » (lettre de Lantenoisà Jacob). . . Deprat avait été gêné du fait qu’il aurait démarqué les travaux de l’AméricainWashington. . . » Je crois que de tels faits se passent de commentaires. . .

Références

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