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Sylvie Chausse Je déteste Ernesto Librement enrichi par Souleiman, Mohamed-Amine, Antoine et Moussab, chacun dans le rôle du narrateur Marc-Antoine - Avril 2011 - - Roman – 1

Je déteste Ernesto - Avril 2011

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Roman réalisé par les jeunes du projet CapAdos

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Page 1: Je déteste Ernesto - Avril 2011

Sylvie Chausse

Je déteste

Ernesto

Librement enrichi par Souleiman, Mohamed-Amine, Antoine et

Moussab, chacun dans le rôle du narrateur Marc-Antoine

- Avril 2011 -

- Roman –

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Page 2: Je déteste Ernesto - Avril 2011

Petite, Sylvie Chausse aurait voulu devenir

un personnage de livre. Avec les années, elle

a fini par comprendre que les meilleures

places, celles de Cendrillon et de Blanche-

Neige étaient déjà prises. Pour se venger,

elle fait des livres elle-même et ses

personnages ne sont pas sages comme des

images !

Je déteste Ernesto, de Sylvie Chausse © Thierry Magnier, 2003

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Ernesto

Ernesto, je le déteste parce qu’il

parle mal le français et que son père

est réfugié.

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Mme Lartigue

Mme Lartigue est une bonne

maîtresse : avec elle, personne ne

parle dans les rangs.

Malheureusement, comme elle dit, elle

n’est pas récompensée de ses efforts.

Avec moi, ça va parce que je suis un

bon élève, mais ceux du fond, quels

idiots ! Elle les appelle « la queue du

peloton », « les petits cerveaux » ou

« les imbéciles » ! Mais nous, on n’a pas

le droit à cause de la camaraderie, et

Justin a été puni quand il les a traités

de mongols !

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Avec les autres maîtres il n’y a pas de

classement, mais chez Mme Lartigue il

y en a un. Et, si je suis dans les cinq

premiers en février, papa donnera la

permission à marraine de m’acheter

une Game Boy !

A la récréation, Mme Lartigue va

dans le bureau de la directrice et elles

boivent du café. Quand on remonte, il

y a l’odeur dans tout le couloir. En

même temps, elles surveillent la cour

depuis la fenêtre. Enfin, elles

surveillent les autres maîtresses. C’est

normal : elles connaissent mieux le

métier puisqu’elles sont les plus

vieilles.

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Ce matin, Mme Lartigue revient du

bureau de la directrice toute

chamboulée. Elle ne rouspète même pas

quand elle voit qu’on n’a pas préparé

nos cahiers rouges. Elle se laisse

tomber sur sa chaise.

- Demain, vous allez avoir un nouveau

camarade. Il arrive d’Amérique du Sud,

et son père est réfugié politique. Le

pauvre petit garçon vient de perdre sa

maman et je compte sur vous tous pour

bien l’accueillir. Surtout, évitez de le

regarder comme une bête curieuse.

Et elle ajoute, un peu moins fort :

- Il faut que ce soit sur moi que ça

tombe !

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Je lui demanderais bien ce qu’est un

réfugié politique, mais je ne sais pas si

je peux. Des fois, quand on pose une

question, la maitresse dit que ce n’est

pas le moment ou bien qu’elle nous l’a

expliqué cent fois et qu’on n’a qu’à

écouter. D’autres fois elle nous dispute

parce qu’on n’a aucune curiosité. Alors,

je préfère me taire.

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Comment être première de classe ?

- Madame ? Pourquoi ai-je des mauvais résultats ? dit Myrtille.- Car tu n’écoutes jamais en classe, tu n’es jamais attentive, tu bavardes et tu ne travaille jamais ! dit Mme Lartigue - Et si j’améliore mon travail, je serai attentive, j’écouterai ce que vous dites je serai première de classe ?- Si t’as de bons résultats pourquoi pas ? Étudie bien tous les soirs et tu n’auras aucun soucis !

Le soir, Myrtille 1 m’appela et me dit : « Marc Antoine ? Pourrais-tu me ramener tes cours de français et 1 En cet endroit, Moussab a pris le rôle du narrateur.

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mathématiques afin que je me mette en ordre ?

Je restai choqué car ce n’est pas une fille qui travaille bien en classe.

Je répondis : « Tu as enfin compris, je suis content pour toi et demain je te ramènerai mes cours afin que tu te mettes en ordre ! »

Soudain Myrtille améliora ses résultats, les élèves restèrent choqués.

Par Moussab

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Une bête curieuse

- Je vous présente Ernesto, nous dit

la maîtresse en tenant un garçon par

l’épaule.

Je n’ai jamais vu Mme Lartigue tenir

quelqu’un comme ça. On dirait que c’est

son chouchou, le « pauvre petit

garçon » !

Moi, je fais comme les copains, je le

regarde en douce, le nouveau.

Lui, il sourit à peu près, mais on dirait

qu’il a envie de pleurer !

Toute la matinée, ça continue les

petits soins. La maîtresse lui fait des

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jolies piles avec des livres et des

cahiers neufs.

Et tout ça où ? A côté de moi, au

premier rang, parmi les bons élèves.

Comment elle le sait qu’il est bon, le

nouveau ? Il ne dit pas un mot normal,

seulement de temps en temps des

trucs bizarres. Le sud-américain, c’est

pas facile à comprendre ! Yolande, ma

voisine de derrière, prétend qu’il parle

espagnol. Elle veut encore se rendre

intéressante !

Moi, j’aimais bien être à côté de

Justin. Quand Mme Lartigue était au

fond, il me laissait voir la grammaire,

et moi les maths. Maintenant, en plus,

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je dois m’occuper de l’autre, là, lui

ouvrir le bon livre à la bonne page, et

pareil pour le cahier.

Ça m’énerve mais, chaque fois, il me

fait des grands sourires. C’est dur de

détester quelqu’un qui vous sourit !

Enfin, la récréation ! Personne ne me

croira mais, Mme Lartigue, elle lui

attache son écharpe ! Avec nous, elle

crie qu’on cherche à s’enrhumer exprès

pour être absents, mais pas avec

Ernesto !

Dans la cour, avec un ballon, il se sent

plus ! Les règles du foot peut-être bien

qu’il les connaît en sud-américain, mais

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il joue rudement bien en français. C’est

un goal de première !

A un moment, je plonge sur un

penalty, et je tombe en déchirant la

manche de mon blouson. Mais je n’ai

pas lâché le ballon.

J’explose de rire. Ernesto aussi.

Du coup, on est copains, lui et moi. On

ne peut pas dire, le foot, c’est génial.

Le soir, quand il part, il me fait au

revoir avec la main en disant des trucs

à son père.

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Mes parents

Ma mère, elle a un nez de renard

pour repérer les mensonges.

- Marc-Antoine, ton blouson neuf ?

- Je l’ai laissé au portemanteau de

l’école parce que j’avais trop chaud. Je

le rapporterai demain.

- Tu es sûr ?

Et elle me fait un regard qui dévisse

le crâne pour voir ce qu’il y a dedans.

Je suis obligé d’avouer que j’ai fait un

gros trou au coude...

Alors maman crie qu’un blouson de ce

prix, ce n’est pas croyable de l’avoir

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massacré depuis Noël ! Désormais,

j’irai à l’école avec mon anorak de ski !

Moi, j’en voulais pas de son blouson de

malheur : le cuir, ça fait crâneur. C’est

elle qui a voulu me l’acheter !

Maman continue à crier, mais de

toute façon, elle est toujours fâchée

quand mon père est en retard pour

manger. Elle s’énerve et manque de

faire tomber une casserole.

Il est huit heures et demie et je

pense à Ernesto : ça fait quatre heures

qu’il est avec le sien, de père.

Après le coup du blouson, pour parler

d’autre chose, je raconte à ma mère le

nouveau, comme il est bon en foot sans

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parler français. Je lui dis aussi que ce

ne serait pas juste qu’il devienne le

chéri de Mme Lartigue rien que parce

qu’il a perdu sa mère.

Cette fois maman pique une vraie

colère, me traite de sans-cœur et

pleure presque en disant qu’une maman

c’est ce qu’il y a de plus précieux au

monde ! L’affection de la maîtresse, il

en a plus besoin que tous les autres

élèves réunis, et ce n’est pas un enfant

heureux comme moi qui peut le lui

reprocher !

Au moment où mon père arrive, on

nage toujours dans le drame !

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- Alors, mon vieux, ça va ? me

demande-t-il.

Je n’ai pas le temps de lui répondre,

que maman lui déballe l’histoire.

Du coup mon père s’énerve lui aussi

pour le blouson d’abord et pour

Ernesto ensuite. Il dit qu’on est trop

bons, nous les Français, d’accueillir

tous ces réfugiés politiques. On a aussi

des veuves et des orphelins et on n’a

pas à nourrir ceux des autres pays

avec nos allocations familiales qui

coûtent les yeux de la tête au

contribuable...

Ce n’est pas le bon moment pour

rappeler à mes parents mon

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anniversaire dans deux semaines.

Pourtant, on doit décider ensemble de

la liste de mes invités.

Je me mets à bâiller comme un

crocodile, avant le dessert. Du coup,

mes parents m’envoient me coucher. Je

ne lui fais pas mes compliments à

Ernesto. D’abord, il devient le

chouchou de la maîtresse et, en plus, il

me gâche mes soirées !

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Le classement

- Vas-y, Marc-Antoine, crient les

copains quand on joue au foot. Du coup,

Ernesto veut faire comme eux, sauf

que, lui, il crie : « Malcane ! »

Maintenant, quand j’arrive en classe,

il m’accueille en criant : « Malcane !

Malcane ! » Je sais pas pourquoi, mais

ça me fait plaisir.

Aujourd’hui, c’est le classement. J’ai

un peu peur !

Première : Yolande. Avec Mme

Lartigue, elle est toujours première,

pour dire une fois encore que les filles

sont les meilleures. La maîtresse, elle

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doit s’imaginer qu’une fille peut devenir

président de la République !

Deuxième : Justin. Lui, c’est mon

copain, mais ça m’énerve qu’il soit

devant moi. Il va encore dire à tout le

monde que j’ai pas pu copier !

Troisième : Marc-Antoine. Ouf !

Et ça continue comme ça pour les dix

premiers. Ensuite, on rigole, parce que

Mme Lartigue dit toujours des choses

drôles sur les mauvais élèves.

« Myrtille, te voilà une fois de plus

dans la confiture. »

« Hector ne veut jamais avoir tort ! »

Et quand on arrive aux simplets du

fond, c’est l’éclate totale !

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Je me fais de la bile pour Ernesto. Le

malheureux, c’est pas sa faute s’il ne

pige rien à rien. En tant que dernier, il

va être le souffre-douleur de la

maîtresse jusqu’au mois prochain.

Mais Mme Lartigue vient près de lui

sans se moquer ni rien, et elle pose son

carnet de notes ouvert sur la table.

Des efforts remarquables pour

s’intégrer. Voilà ce qu’elle a écrit.

Moi, je suis troisième avec : travail

assez sérieux. Si j’avais « des efforts

remarquables », je suis sûr que j’aurais

un jeu de Game Boy en plus !

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Le soir, Ernesto repart avec son père,

ils se tiennent la main et se regardent

souvent en souriant.

C’est vraiment pas juste : d’abord,

c’est mon père qui paie pour les

réfugiés, et ensuite, ils ont de

meilleures remarques que moi.

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La première de classe

Yolande, elle est toujours première de classe avec madame Lartigue.

Je n’ai pas invité les filles de la classe à mon anniversaire parce que les filles ça fait trop de chichi et on s’amuse mieux entre garçons, les filles c’est trop fragile.

Mme Lartigue doit s’imaginer que Yolande peut devenir président de la république pour dire une fois encore que les filles sont les meilleures, elle a de la chance de toujours être la première de classe.

Par Mohamed-Amine

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Bon anniversaire

Enfin, le voilà, mon anniversaire !

C’est vraiment long, une année !

Je devrais dire « mes » anniversaires

parce que mes parents organisent deux

fêtes. La première, c’est le dimanche

avec mes quatre grands-parents et ma

marraine. Mon parrain n’est jamais là

parce qu’il fait du commerce

international.

Pour les cadeaux, c’est une bonne

journée, mais les grands-parents, ils se

croient obligés de me demander si je

travaille bien en classe et me répètent

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que je dois prendre exemple sur mon

père pour réussir dans la vie.

Comme ils me demandent ce que je

veux faire plus tard (un autre dada à

eux), j’ai bien envie de leur répondre

que, lorsque je serai adulte, j’irai

chercher mon fils à l’école. Mais on

sonne, c’est marraine.

En cadeau, j’ai une luge, des tas de

vêtements à je-ne-sais-pas-combien

(maman commence déjà à me dire de

ne pas les abîmer), un Meccano (parce

que quand mon père était môme, il

adorait jouer au Meccano, alors,

chaque année, j’y ai droit). Et puis il y a

le paquet de marraine, la Game Boy

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Color, le rêve de toute ma vie ! Ma

marraine, je l’adore ! Quand je

commence à jouer à table, mon père

rouspète, mais elle dit que c’est elle

qui m’a permis.

La plus géniale des fêtes, c’est

quand-même le mercredi suivant, avec

les copains ! J’ai invité tous les élèves

de ma classe, sauf les filles parce que

ça fait des chichis, et sauf Ernesto,

parce que j’avais peur que mon père lui

reproche les allocations familiales des

orphelins français.

A l’école, quand je parle de la fête

avec mes copains, Ernesto ne dit rien.

C’est normal : il fait des progrès, mais

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il ne comprend toujours pas la moitié

des choses. Seulement, le mardi soir, il

me dit en partant : « Bon

anniverchaire », ou à peu près. Je ne

sais pas pourquoi ça me donne envie de

pleurer.

Mais ensuite, avec tous ces ballons à

gonfler, je ne pense plus à Ernesto.

Pendant que ma mère boit le café

avec les mamans des autres, on en

profite... Ma luge, elle grince sur le

marbre mais, dans la moquette de la

chambre de mes parents, elle

s’enfonce comme dans la neige. Alors,

on organise une piste noire : on part du

lit, on traverse la chambre, et on se

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jette dans un fauteuil, celui que ma

mère appelle un fauteuil crapaud, mais

nous, on dit que c’est un bonhomme de

neige.

Quand c’est Justin, il hurle :

« Et pan, dans les grosses fesses de

la mère Lartigue ! »

Après, c’est le tour de chacun de

prendre son élan et de venir s’écraser

dans le crapaud, en criant sur les

fesses de Mme Lartigue. Quand c’est

mon tour, je rentre tellement fort

dans le fauteuil qu’un des pieds se

casse, juste au moment où maman et

les autres dames arrivent.

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Comme on n’est pas seuls, elle ne dit

rien, mais je comprends à son regard

qu’elle est furieuse !

Mes copains, eux, continuent à rire,

même en mangeant le gâteau, même en

buvant de l’orangeade avec les pailles.

Au bout d’un moment, je les imite.

C’est trop drôle de rire en mangeant

parce qu’on s’étouffe les uns après les

autres.

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La Game BoyQuand tout le monde est parti, c’est

plus mon anniversaire, c’est ma fête.

- Mon pauvre Marc-Antoine, je n’ai

jamais vu un enfant plus pénible que

toi ! Il y en a partout !

Et ces traces sur ma moquette !

Depuis quand on joue dans ma

chambre ?

Et mon salon tout sali ! Vous ne savez

pas manger proprement ?

Ah, je suis sûre que ce pauvre petit

Ernesto ne ferait pas tant de bêtises !

Au fait pourquoi ne l’as-tu pas invité ?

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Page 31: Je déteste Ernesto - Avril 2011

Pour une fois, papa rentre plus tôt

que d’habitude. Comme ça, ils sont

deux à me sermonner. Ils me répètent

combien je suis gâté, et même pourri.

Eux, à mon âge, ils n’avaient pas le

dixième, ils ne faisaient pas de cheval

ni de ski.

Moi, à la place de cheval, j’aurais

préféré foot...

Et maman recommence avec le pauvre

Ernesto qui mériterait sûrement mes

cadeaux plus que moi !

Et le pire, c’est que papa est de son

avis, malgré les allocations.

A la fin, ils jurent de ne plus jamais

fêter mon anniversaire avec mes

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Page 32: Je déteste Ernesto - Avril 2011

copains, surtout après les horreurs

qu’on a dites sur Mme Lartigue, une

maîtresse comme on n’en fait plus !

Dans mon lit, j’ai un peu honte, à

cause du fauteuil, à cause de la

maîtresse (pourtant, je n’y avais jamais

fait attention, mais c’est vrai qu’elle a

de grosses fesses), et surtout à cause

d’Ernesto. Lui, il me fait des sourires,

et moi, j’essaie même pas de l’inviter.

Et puis, il faut être franc, c’est tout

de même pas sa faute, pour les

allocations.

Peut-être que, si je lui filais mon

Meccano, ça lui ferait plaisir. Mais

c’est vache de donner les cadeaux

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qu’on n’aime pas soi-même. En plus,

c’est énorme, ce truc. Alors, je remets

la Game Boy dans sa boîte.

Le jeudi, en arrivant à l’école, je la

donne à Ernesto.

Au début, il n’y croit pas, et puis

après, il est comme un fou !

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La jalousie, un vilain défaut

Alors, une fois que j’ai offert la Game Boy à Ernesto, je voyais Hector tout triste, qui me dévisageait.

Je n’ai pas compris sur le moment même, en tout cas je disais dans ma tête ‘’pitié qu’il ne soit pas jaloux’’ c’est alors que je m’assoie à coté de lui, je lui demande « Qu’y a-t-il Hector » avec ma main sur son épaule et il me repoussa en disant « Je suis ton ami bien avant ce stupide américain du sud, c’est moi qui la méritais cette Game Boy‘ ».

Alors je souris, et je lui dis « Mon pauvre Hector tu es si jaloux que ça ? Cette Game Boy je lui ai offerte parce que je ne l’avais pas invité à mon anniversaire contrairement à toi qui

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est venu chez moi et qui s’est bien amusé en plus’’.

Alors Hector sèche ses larmes et dis en rigolant’ « Tu as raison, moi au moins je me suis bien amusé chez toi, je comprends que tu as offert la Game Boy à Ernesto’ ».

Par Souleiman

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Page 36: Je déteste Ernesto - Avril 2011

Donner, c’est donner

Dès que je rentre de l’école, maman

me dit qu’elle a rangé ma chambre et

qu’elle n’a pas trouvé ma Game Boy.

Moi, tout fier, je lui explique que je l’ai

donnée à Ernesto.

- Et qu’est-ce qui t’a pris ? Tu nous

l’as réclamée pendant des mois, cette

Game Boy !

C’est pourtant elle qui dit tout le

temps qu’il faut partager !

Mon père est furieux. Il me donne

jusqu’à demain pour récupérer mon jeu,

sinon, je pourrai aller habiter ailleurs.

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Je n’ose rien dire, mais quand même...

D’abord, la console, c’est à moi qu’elle

l’a offerte, marraine. Et puis, donner,

c’est donner, reprendre, c’est voler.

J’en fais donc ce que je veux. Si ça

leur plaît pas à mes parents, j’irai chez

papy et mamie, ils sont super cool.

Le lendemain, quand je pars à l’école,

mon père me dit :

- Tu te rappelles ce que je t’ai dit

hier ?

Je lui fais oui de la tête.

Devant le portail, il y a Ernesto avec

son père. Le père, il me rend ma

console et il m’explique en français qu’il

ne peut pas accepter ce cadeau. Il sait

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Page 38: Je déteste Ernesto - Avril 2011

que je l’ai donné gentiment, mais je

vais sûrement me faire gronder. Il

ajoute que la chose la plus précieuse

pour son fils, c’est un ami, et que, pour

ça, il me fait confiance.

En classe, je ne vois rien au tableau à

cause de ces foutues larmes. Ce qui

m’embêterait encore plus ce serait

qu’on les voie, surtout Ernesto.

Mais je ne peux plus les arrêter

parce que je sais bien que je suis le

garçon le plus nul du monde : j’aurais

jamais dû obéir à mon père et à celui

d’Ernesto. Il doit m’en vouloir à mort,

lui, maintenant !

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Page 39: Je déteste Ernesto - Avril 2011

La mère Lartigue, elle n’a pas oublié

ses lunettes, aujourd’hui, et elle

commence à se moquer de moi. Elle dit

que les hommes, ça ne pleure pas et

gnagnagna et gnagnagna...

C’est vrai qu’elle est moche, vieille,

grosse et bête, la mère Lartigue, et en

plus elle est moins rapide que moi,

surtout dans les escaliers !

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Page 40: Je déteste Ernesto - Avril 2011

SDF

Tout le monde le sait, pour la petite

porte qui reste toujours ouverte. La

maîtresse est encore en train de

souffler dans la cour que je suis déjà

dans la rue.

Désormais, je suis un enfant SDF. Je

ne peux aller ni chez mes parents, ni

chez mes grands-parents. Il est hors

de question que je remette les pieds

dans cette école de malheur. Je vais

me trouver une cabane abandonnée, je

l’aménagerai super bien et, quand il

faudra acheter à manger, j’irai braquer

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des pâtisseries. Je dirai tout le temps

des gros mots !

Et si j’essayais maintenant ? Pas

génial : la boulangerie Picard, au bout

de la rue, c’est là que mes parents se

servent ! Dommage, parce que leurs

croissants sont délicieux !

Je ne vais pas me faire prendre par

la police dès le premier jour.

Heureusement, j’ai mis la Game Boy

dans ma poche. Si je vais au square, je

pourrai jouer tranquillement.

Je m’assieds sur un banc, mais il est

glacé. Au bout d’un moment, je ne sens

plus mes doigts. Et puis voilà le

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Page 42: Je déteste Ernesto - Avril 2011

gardien ! Il va me poser des questions.

Je disparais avant qu’il ne me voie !

Je ferais mieux d’aller plus loin, mais

si je me perds ? Je passe dans une rue

que je ne connais pas, j’essaie de bien

me repérer. Il y a des gens qui me

regardent. Si ça se trouve, toutes les

polices du monde sont déjà à mes

trousses !

Et pas de cabane en vue !

Je ne sais plus quoi faire, j’ai faim et

j’ai froid. Je trouve enfin une cachette

(un trou dans la haie de la résidence de

personnes âgées), d’où j’entends les

bruits de l’école. On dirait qu’il se

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Page 43: Je déteste Ernesto - Avril 2011

passe des siècles entre deux

sonneries !

Il fait de plus en plus froid. La nuit

ne va pas tarder ! Où je vais dormir ?

Les vrais SDF, ils me font peur. Ils

sont capables de me piquer ma Game

Boy !

La fin des cours ne devrait pas

tarder. Je me rapproche de l’école. Le

père d’Ernesto est en avance : il ne

veut pas louper son fils adoré. Je le

déteste. Je déteste tout le monde.

Quand le gros portail en fer s’ouvre,

je vois mon père dans la cour, l’air

malheureux, avec mon anorak à la main.

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Page 44: Je déteste Ernesto - Avril 2011

Pour une fois qu’il est venu me

chercher, je ne peux pas manquer ça.

Je cours vers lui à toute vitesse en

criant : « Papa ! »

Il me prend dans ses bras et il me

serre à m’écraser.

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Page 45: Je déteste Ernesto - Avril 2011

Avec Justin c’est comment ?

J’ai failli oublier de vous parler de Justin c’est mon meilleur ami, avec lui, en classe je peux tricher sur lui en grammaire et lui en maths.

Hier, il m’a téléphoné pour me dire que mon anniversaire était génial et que c’est dommage que c’est qu’une fois sur l’année un anniversaire.

Et Justin c’est le deuxième de classe et à chaque fois que je suis en dessous de lui dans le classement il dit à tout le monde que j’ai pas pu copier.

Justin et moi, on déteste les filles parce qu’avec elles , on s’ennuie toujours. Elles jouent aux princesses et nous à la guerre, c’est mieux la guerre, non ?

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Page 46: Je déteste Ernesto - Avril 2011

Une fois Justin a traité Hector de mongol et madame Lartigue l’a puni, il a dû copier plein de mots avec leur définition dans le dictionnaire. Avec Justin on s’amuse bien.

Par Antoine

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Page 47: Je déteste Ernesto - Avril 2011

Ernesto

Il fallait s’y attendre : j’ai eu

tellement froid que je suis tombé

malade, mais, ce qui est incroyable,

c’est que mes parents n’ont même pas

râlé. Pourtant, ça les énerve quand je

ne suis pas capable de m’habiller pour

aller dehors.

Trois jours au lit à roupiller et à

jouer à la Game Boy, ça, c’est cool,

sauf que Justin m’a téléphoné mes

devoirs ! Mais le plus cool des plus cool,

c’est que mes parents m’ont demandé

si j’avais envie de quelque chose.

- J’ai droit à combien de choses ?

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Page 48: Je déteste Ernesto - Avril 2011

Ils m’ont répondu en riant que, pour

un gros gâté comme moi, une chose

suffirait largement.

Mais, exceptionnellement, ils réali-

seraient deux de mes souhaits.

- D’abord, je voudrais que papa vienne

me chercher à l’école.

Il a promis de le faire, une fois par

semaine.

- Et puis je voudrais qu’Ernesto

vienne jouer avec moi mercredi.

Là, c’est les deux qui ont promis.

Quand je dis la bonne nouvelle au

téléphone à Ernesto, il crie :

« Ouais ! »

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Page 49: Je déteste Ernesto - Avril 2011

Finalement, il fait des sacrés progrès

en français.

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Page 50: Je déteste Ernesto - Avril 2011

EDITIONS

THIERRY

MAGNIER

Marc-Antoine n’aime pas Ernesto. D’abord

Ernesto parle mal le français, ensuite, la

maîtresse, une vraie dure à cuire d’habitude,

lui passe tout. Bref, que de bonnes raisons

pour le détester ! Masi Ernesto a aussi des

atouts, il joue au foot comme un dieu...

PETITE POCHE

des romans comme les grands

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