‘Je’ Est Une Porte, Partie 3 - Atmananda (Krishna Menon)

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    Je est une porte Partie 3: Atmananda (Krishna Menon)

    par Philip Renard

    Dans les deux premires parties de Je est une porte 1, lattention taitporte sur le phnomne tonnant de lutilisation du mot je , qui peut serfrer aussi bien une entit limite et borne qu Cela en tant queLumire infinie, Libert vritable. Dans les deux articles prcdents,Ramana Maharshi et Sri Nisargadatta Maharaj sexprimaient ce sujet.Nous dcouvrirons dans cet article le troisime du grand trio form destrois grands enseignants authentiques de lAdvaita au vingtime sicle,cest--dire Sri Atmananda, ou Sri Krishna Menon.

    Krishna Menon est n en 1883 Peringara, prs de Tiruvalla dans ltat duTravancore (maintenant partie de ltat du Kerala). A la suite de ses tudesde droit, il devint Avocat Inspecteur du gouvernement, et Superintendant dela Police du District. Il rapporta une fois que, au dbut de sa vie, il prialonguement pour rencontrer un Sat-Guru, un Enseignant dans le sens le plusvrai du terme. Un jour de 1919, il fit la rencontre de Swami Yogananda, quivivait Calcutta.2 Leur rencontre ne dura quune seule nuit. Krishna Menonfut particulirement touch par limmense humilit de cet enseignant. Ceciparalysa mon ego , dclara-t-il plus tard.

    Suite cette rencontre, il commena une sadhana, incluant bhakti et raja-yoga, ainsi que du pur jnana-yoga. Plus tard, devenu lui-mme enseignant, ilne transmit que la forme de jnana-yoga, critiquant mme les formes debhakti et de raja yoga .3

    Il ralisa sa vraie nature en 1923, endossa le nom de Sri Atmananda etcommena enseigner. Paralllement, il poursuivit son activit au sein duDpartement de la Police jusquen 1939. Il dit une fois, plus tard, que lesprofessions de policier ou de militaire forment un cadre idal pour unesadhana spirituelle du fait que, en particulier, elles offrent le maximumdobstacles et de tentations. 4

    Atmananda mourut Trivandrum, la capitale du Kerala, en 1959.Lapproche propose par Atmananda devint connue en Occident par le

    livre de John Levy, La nature de lHommes selon le Vedanta. Lui-mmetait un disciple anglais de Atmananda, demeurant rgulirement avec lui.Levy reformula lapproche particulire de Atmananda dans un style plusoccidental, tout en conservant la manire originale et caractristiquequavait Atmananda de manier la logique.5

    Jai t amen connatre Atmananda par un disciple de Alexander Smit,

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    un hollandais lui-mme disciple de Wolter Keers, lequel le fut deAtmananda. Alexander me donna deux petits ouvrages de Atmananda,Atma-Darshan et Atma-Nirvriti.6 Ces livres donnent un bref rsum delenseignement de Atmananda. Il les crivit dans sa langue natale, leMalayalam, et les traduisit lui-mme en anglais. Alexander les tudiaminutieusement pendant deux ans, et jprouve de la reconnaissance pour ceprivilge davoir assist ces runions. Jai eu ainsi la possibilit de devenirfamilier avec lapproche spcifique de Atmananda.

    En quoi cette approche est-elle spcifique ?Par son usage linguistique, particulirement sur le plan de la logique (ou

    de la logique subjective , voir la note 5), sa faon de rduire toute chose sa nature ultime, et particulirement son insistance catgorique sur ce quilappelait le Principe-Je .

    Ce Principe-Je tait pour lui synonyme de Ralit Ultime, dAbsolu rien ne le prcde, cest ce qui est rellement signifi avec le mot Je . Ildisait ainsi : La Pure conscience et la paix profonde sont votre vraienature. Ayant compris cela de faon juste, vous pouvez parfaitementabandonner les mots Conscience et Joie , pour utiliser Je quand ilsagit de vous en rapporter la Ralit. Ne vous contentez pas de rduire lesobjets la Conscience. Ne vous arrtez pas l. Rduisez-les jusquau Principe-Je . Rduisez aussi tous les sentiments la pure Joie, puisrduisez-les au Principe-Je . 7

    Atmananda apprciait les mots Conscience et Joie pour parler de lUltime,mais une citation comme celle-ci montre que, au bout du compte, il prfraitle terme Principe-Je (il dit ainsi une fois que, compar au Principe-Je, lemot Conscience est de la thorie ! 8). Il considrait en effet que le mot Je est celui qui a le plus de chance dtre compris correctement. Tout les objetsde perception peuvent tre incompris, tandis que ce qui peut tre appel vous-mme , ce qui ne peut tre peru, Je , ne peut tre la cause dunemauvaise comprhension. 9 Il considrait le Principe-Je comme le vrai butde chacun, car il est en fait contenu dans chaque effort.10

    Lutilisation du mot Principe par Atmananda ne doit pas tre vu commeune tentative intellectuelle ou philosophique pour comprendre ou cadrer le Je . Cest sa faon dutiliser un mot pour ce que Je est en lui-mme, Je en tant que tel. Ce que Je en tant que tel est vraiment,prcisment, prcde chaque mouvement ou structuration mentale.

    Avec des expressions comme en lui-mme ou en tant que tel , lelangage parat court. Il touche ses limites. Une chose se rfre elle-mme.Quelque chose en tant que tel ne se transforme pas en autre chose un instantplus tard. Cest le point invariable dans le changement permanent, cest savraie nature, qui ne repose sur rien dautre. Atmananda utilisait souvent leterme sanscrit svarupa, vraie nature, qui renvoie la permanence dunlment, avec dautres termes quil considrait comme des synonymes,comme arrire-plan , contenu , substrat , tat pur et tatnaturel . Il utilisait ces diffrents termes pour dsigner une seule et mmechose.

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    Chaque tentative de parler de la nature essentielle de quelque chose peut, la vitesse de lclair, se transformer en incomprhension. Cest le problmedu langage. Par exemple, un mot comme essence peut suggrer laprsence dun tre ou dun noyau minuscule, subtil, au sein duneforme plus grossire. Comme si vous deviez dcouvrir lessence de quelquechose en augmentant de plus en plus le grossissement dun microscope pouressayer dobserver ce quil y a dans le noyau. Quelque chose de cet ordre estprsent dans les commentaires populaires du passage connu des ChandogyaUpanishad, dans lesquelles Uddalaka enseigne son fils en coupant un fruiten morceaux de plus en plus petits.

    Atmananda, en tant que matre spirituel, insistait beaucoup sur la mpriseque peut entraner cette myopie. En effet, ce mode dinvestigation intrieureprendra toujours au pige de ce quil appelait objectivation . Atmanandaemployait les mots objectif et subjectif dune faon inhabituelle pourlOccident. LObjectif nindiquait pas pour lui une impartialit, mais serfrait ce qui peut tre observ, cest--dire un objet des sens et despenses. Il en est de mme avec le subjectif : il ne dsignait pas un point devue ou une opinion colore par la personnalit, mais seulement ce qui estSujet ce qui ne peut par dfinition tre observ, et qui en Soi-mme clairetout objet.11

    En consquence, une investigation consistant rechercher quelque chosedintrieur comme une essence ou un noyau na rien voir avec lavision directe de lUltime. Aussi ne peut-on allguer que la recherche enphysique de pointe et une vritable dmarche de connaissance de soi soitune et mme chose, comme il est parfois suggr dans certains cercles deladvata. La physique restera toujours le domaine de lobjectif .

    Il en va de mme avec le concept du tout-embrassant , utilis afindexprimer des notions comme le Cosmos, LEspace ou lInfini. Atmanandaapporta une fois une indication, ou une vision des choses profitable : LEspace (Akasha), bien que non perceptible par les sens, est assurmentconcevable par lesprit. Il est donc rellement objectif par nature. Si noustons de lEspace cette dernire teinte dobjectivit, il cesse dtre mort etinerte, pour silluminer et briller alors comme son substrat, la Ralit .12

    Lenseignement de Atmananda est entirement centr sur le Sujet. Ilsattache exclusivement Cela qui connat. Cela qui connat nest pas unConnaisseur (pas un Lui ou une Elle), mais la Connaissance en tant que telle(Jnana). Cette Connaissance en tant que telle , il lappelait aussi Exprience (Anubhava), voulant dire par l Exprience en tant quetelle , et aussi Sensation en tant que telle (Rasa), tous trois tant synonymesde la Puissance qui, finalement, est le Je suis. Les textessuivant illustrent ce point : Le Principe-Je est la seule exprience quechacun puisse avoir. Malgr son ignorance, il ne peut que avoir lexpriencede Lui-mme [] Si lexprience intgre de nombreux objets, ce nest paslExprience. Vous superposez des objets votre Exprience. VotreExprience est une et unique, jamais ; et : je vous ai dj prouv quepersonne ne peut connatre ou exprimenter autre chose que son propre Soi,

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    le Principe-Je [] La seule exprience est Je , et Je est le seulmot qui dsigne lexprience ; et enfin : Le Principe-Je est la seulechose qui existe ; Je ne demande aucune preuve non plus. Ce qui estobjectif ne peut exister indpendamment de ce Je , et le Le Principe-Je est donc la seule Ralit ultime. 13

    Cette faon radicale de sexprimer, pour laquelle toute chose peut trerduite Cela qui connat, implique non pas que les objets doivent treignors ou limins, mais au contraire quils doivent tre considrs commepointant vers la Ralit. Dans le but de reconnatre le Soi, la plupart destextes de la Tradition de lAdvata recommandent comme tant le mieuxdapprendre ne pas accorder dattention aux objets des sens. MaisAtmananda, concrtement, mettait au clair que rien nest un obstacle.Personne nest jamais vraiment englouti dans un objet, ou entrav par unobstacle. Rien ne doit tre t. Rien ne voile la conscience. 14

    Lego non plus nest pas un ennemi. Au contraire, Atmananda le voitcomme une aide : Mme lego, tellement mpris, est dune grande aidepour la ralisation de la Vrit. La prsence de lego chez lhomme, mmesous une forme distordue, est infiniment prfrable son absence, comme ilen est par exemple pour un arbre ; et : Cest lego dans sa totalit quicherche la libration et lutte pour elle. Quand elle est oriente vers la Ralitultime, la part matrielle seffondre automatiquement et seule reste laConscience en tant que Principe-Je . Cest la libration. 15

    Linsistance de Atmananda pour une non-dualit radicale ne veut pas direquil analyse cela dans son contact quotidien avec les gens. Lego est djtotalement dissous, et ctait aussi le cas lors de ses contacts de matre tudiant. En dautres termes, il navait pas lillusion que le schma quildonnait savrait dj et dfinitivement vrai pour ses tudiants ou lecteursdans leurs activits. Il nestimait donc pas utile du tout de mettre sur unpidestal la non-sparation , ou non-dualit, dans ses activitsdenseignant ou dofficier dans la police. Clamer trop tt que tout estConscience , dans un cadre mondain ou relationnel, lui apparaissait commeun pige, et il continua mettre en vidence ltat de sparation tant quecelui-ci constituait la ralit de la vie de ltudiant. Il ne considrait doncpas ladvaita, la non-dualit, comme tant applicable dans la relation entrematre et disciple. Pensez votre Guru uniquement dans le cadre de ladualit , disait-il. Appliquez totalement votre cur cela, et perdez-vousdans le Guru. Alors lUltime dansera devant vous comme un enfant 16Ajoutons cela : lAdvaita ne fait que pointer vers le Guru. Vousnatteindrez pas lAdvaita avant davoir atteint ltat sans ego. Ne pensezmme jamais que vous ne faites quun avec le Guru. Ceci ne vous conduirajamais lUltime. Au contraire, cette pense ne fera que vous touffer.LAdvaita ne fait que pointer vers lUltime. 17

    Lattitude dvotionnelle tait considre par Atmananda comme une aideprcieuse. Mais il clarifie cela dans un de ses enseignements : une telleattitude na de valeur que relative son propre Guru. Cette Personneparticulire, par laquelle nous avons eu le grand privilge dtre veill,voil la SEULE FORME que chacun devrait adorer et envers qui faire Puja,

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    pour le contenu du cur de chacun, comme personnalisation du Guru dechacun. Il est vrai que tout est le Sat-Guru, mais seulement lorsque le nom etla forme ont disparu, et pas autrement. Laspirant authentique devrait donctre averti de ne pas se faire berner par une attitude dvotionnelle enverstoute autre forme, celle-ci ft-elle celle de Dieu ou de lhomme. 18 Dans unautre texte, il montre quel point il tait fermement dualiste quant larelation entre matre et disciple : un disciple ne devrait jamais faireallgeance deux gurus en mme temps , ce quoi il ajoute : admettreplus dun guru la fois est plus dangereux que de ne pas en avoir dutout. 19

    Lhistoire qui suit illustre la faon dont Atmananda montrait, dans la viequotidienne, comment chaque niveau (lAbsolu et le relatif) ncessite sapropre approche, afin que nul napplique lapproche non-duelle au niveaudtre relatif. Au commencement de sa carrire comme inspecteur audpartement de police, Atmananda interrogea un homme suspect dtre unvoleur. Celui-ci refusant davouer, il lui dit alors : Si vous avez rellementcommis ce vol , comme je le crois, il serait prfrable pour vous davouer cecrime et dadmettre votre erreur. Si, en revanche, vous voulez me cacher lavrit, vous pouvez le faire dans le moment actuel, mais ce Principe en vousqui voit toutes vos actions vous fera souffrir tout le restant de votre vie pouravoir menti une fois. Vous ne pourrez jamais cacher la Vrit ce Principequi est en vous. 20 Ceci met en lumire la sensibilit ncessaire pour vivrela vrit, qui ne consiste pas avancer de faon premptoire que lemensonge est aussi Conscience. Imaginons les consquences des diresdAtmananda : mentir une seule fois entranerait une vie entire desouffrance ! Cette dclaration vient dun enseignant radical de la non-dualit, et le raliser nous stimule prendre en considration le paradoxeapparent entre ce que Atmananda enseigne au plus niveau decomprhension, et la reconnaissance des consquences des actionsindividuelles dans la vie quotidienne. Notre identification avec la dualit dumonde nous amne prouver les consquences de nos actes.

    Malgr cette prcision dans la faon de manier le concept de sparativit , au niveau o les diffrences ne doivent pas tre dnies,Atmananda tait radicalement non-dualiste. Sa radicalit produisait un styledcriture par lequel il ne sexprimait pas au sujet dun Je ou dun principe-Je , mais bien plutt partir de cette perspective. Ainsi crivit-ildans son livre Atma-Darshan des passages o la Conscience elle-mmesexprime, o Je parle, et non pas le dnomm Atmananda. Il invite lelecteur voir les choses depuis ce point de vue, celui du Je , commeunique et seule Ralit.

    Je suis cette Conscience qui demeure aprs que tout ce qui est objectifse soit retir de Moi. Ralisant que tout objet, o quil se trouve, est uneaffirmation de Moi, je me rjouis de Moi-mme partout et en tout , et : cest en Moi quapparaissent et se fixent les penses et les sentiments. Jesuis leur Tmoin immuable. Je suis la Lumire de la Conscience dans toutesces penses et ces perceptions, et la Lumire de lAmour dans tous lessentiments. 21

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    Deux ans plus tard, il crivait Atma-Nirvriti dans le mme style : lemonde brille cause de Ma Lumire ; sans Moi, rien nest. Je suis la lumiredans la perception du monde , et : Quand il y a pense, je me vois Moi-mme ; en labsence de pense, je demeure dans Ma propre gloire. 22

    Ce sont de beaux textes, dont loriginalit peut crer un choc dereconnaissance, peut-tre plus encore que les textes traditionnels sur le Soi. Le Soi, aprs tout, reste une indication pointant vers quelque chose quise conjugue la troisime personne. Parler au sujet du Soi, par suggestion,peut ralentir la comprhension quil existe autre chose que moi , cest--dire simplement Je, la premire personne. Non, je suis dj Cela. Je suisCela. Le Je nest pas cela. Cest donc la reconnaissance du fait que jesuis dj Cela, la Conscience elle-mme, qui me permet de mexprimer entant que Moi. Lauteur nous montre, nous lecteurs, lexemple de la faonde se reconnatre Soi-mme, et en consquence de parler partir de cetteperspective. Le lecteur est invit, dans le passage suivant, faire de mme, exprimenter cette reconnaissance : Je suis pure joie. Toutes les activitsdes organes des sens et de la pense ont pour but la joie. Leurs activits sontdonc puja (actes de dvotion), ralis par Moi. Je suis jamais en repos,percevant sans attachement ce puja. Encore et encore, elles matteignent mon insu et tombent dans la passivit. Sortant de cela, elles continuent nouveau leur puja. Une fois quelles comprennent que leurs activitsrevienne faire puja en Moi, et que dans la passivit elles demeurent Moncontact, toutes leurs souffrances cessent. Par la suite, laction sera une non-action, et la passivit sera une non-passivit, car lignorance aura tdracine. 23

    Atmananda transmet habilement dans ces textes la comprhension que, dansnotre faon de penser et de parler, un renversement peut aussi se produire.Nous regardons dj partir de ce que nous cherchons ; nous navons nulbesoin daller ailleurs. Nombre dauteurs attribuent la pense et auxsentiments le statut dennemi. En fait, ces facults expriment la clbrationde Nous-mme. Toute ma pense pointe dans Ma direction, afin datteindrela dissolution dans la paix que Je suis, et cet lan dans Ma direction nestpas une agression. Supposer, faussement, que les penses et les motionsdoivent tre limines provient en fait de lidentification avec quelquun ensouffrance drang par ces penses et ces sentiments. Atmananda, avecjustesse, appelle ceci un puja (et il traduit ce terme par actes de dvotion).En effet, Cela vers quoi cette dvotion est oriente est si totalement Sans-objet*, quen Cela elle ne qutre absorbe. Il est donc appropri de dire queJe, tant sans-objet, suis la seule direction juste pour toutes les penses et lesmotions lesquelles constituent une justification devant tre dissoute, afinde pouvoir ultimement demeurer en Moi.

    La vraie nature de la pense est Conscience, et la vraie nature dusentiment est Joie. A chaque apparition de la pense ou dun sentiment, voustes dans votre Vraie Nature en tant que Conscience et Joie. , et : Dans lesommeil profond, vous tes dans votre Vraie Nature. Dans une profondepeine, vous tes dans votre Vraie Nature. Dans le calme absolu, ou souslemprise de la terreur, vous tes dans votre Vraie Nature. Pendant une

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    discussion anime, vous tes dans votre Vraie Nature. Quand vous arrivez la fin de toute activit (ce quon appelle mort), vous tes dans votre VraieNature. Dans toutes ces expriences, vous tes toujours dnu de toute idede corps ou de mental, et dans la transcendance de lesprit, vous testoujours dans votre Vraie Nature. 24

    Ce passage englobe vraiment tous les tats pouvant tre expriments,rien dautre nest ajouter. Je ne suis jamais dpossd de ma Vraie Nature,je ne peux jamais men chapper. Ce Je utilis par tous toujours lemme mot, toujours Je , toujours dirig vers le Soi, vcu par tous en tantque Moi , ma Vraie Nature. Chaque tat ou sentiment de sparationsabsorbe en Moi. Je nest plus une porte, mais Cela qui absorbe en tantque tel.

    AppendiceDans la deuxime partie de Je est une porte (3e millnaire n73),lattention tait focalise sur la faon dont Sri Nisargadatta Maharajdcrivait trois tats ou niveaux au lieu de deux (la Conscience et le mondemanifest), savoir : 1) lAbsolu ; 2) le Je suis - connaissance (souventappel conscience, du moins comme le fit son traducteur en anglais) ; et 3)le monde des objets. En correspondance avec ce prsent article, il estintressant de citer un passage o Sri Atmananda (qui insiste toujours surseulement deux tats ou niveaux) offre une classification analogue en troisniveaux, en rponse une question au sujet de sphurana. Ce terme taitsouvent utilis par Sri Ramana Maharshi, comme vu dans la premire partiede Je est une porte (3e millnaire no. 72), ddie Sri Ramana : Ltat naturel du Principe-Je dans lhomme nest pas manifest. Cecidevient clair, en ce qui concerne les activits humaines, pour trois tatsdistincts.

    1. Ltat non-manifest de clart.2. Devenir manifest en tant que Je sais que je suis , ou clart en soi-

    mme.3. Devenir manifest en tant quobjets.

    Le second de ces trois tats reste inconnu de lhomme ordinaire. Seul leJnani le reconnat et le peroit parfois clairement avant une perception. Lepassage du premier au second stade se fait par un changement subjectif vers Je suis sans perte didentit. Ceci est appel Sphurana. Cest sans objet,mais cest devenu clart en soi. Voil tout. Lorsque je Pincipe-Je arriveau troisime stade de perception, il devient manifeste en tant que jiva. []Le Principe-Je est pur et sans-attribut et sajoute toujours lattribut. Endautres termes, le Principe-Je non-manifest se prpare tout dabord se manifester en adoptant le changement subjectif menant Je sais que jesuis , puis il assume lattribut et devient clairement manifest. 26

    Revue 3e Millnaire, Hiver 2005, No. 78; p. 58-63. Traduction franaise, partir de la traduction anglaise: www.revue3emillenaire.com

    *sans-objet traduit le terme No-thing, littralement Non-quelque chose.

    NOTES

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    NdT: Il nexiste pas de traduction en fran des ouvrages crits par Atmananda. 1. Publies dans la Revue 3e millnaire, numros 72 et 73.2. Ni le yogi Yogananda ni le Swami Yogananda, un des disciples directs de SriRamakrishna, ne devinrent clbres en Occident3. Voir par exemple les pages 139-140 des Notes on Spiritual Discourses of SreeAtmananda (of Trivandrum) 1950-1959. Taken by Nitya Tripta. Trivandrum: ReddiarPress, 1963. A la page 140 de ce livre, Atmananda utilise le mot obstacle pour unevoie de yoga. Ce livre a ensuite t dit par Ananda Wood, le fils de Mr Kamal Woodmentionn en page vi, et publi dans sa totalit en version numrique sur internet. Voirhttp://www.advaita.org.uk/discourses/downloads/notes_pdf.zip Dans les notes de ceprsent article, ce livre sera mentionn comme Discourses; la mention de la versiondigitale de Ananda Wood est AW, avec le numro de lentretien (les entretiens ont tnumrots par ordre de date by Ananda Wood); lextrait mentionn ici vient de AW nr.369. 4. Discourses, p. 544; AW page 467.5. Atmananda sexprima une fois sur sa logique particulire de la faon suivante : Ils[les philosophes grecs] avance par la logique et je fais de mme. Mais il y a une grandediffrence entre la logique quils utilisaient et la mienne. La logique dont je fais usageest quelque chose de subjectif. Leur logique est quelque chose dobjectif. Voil ladiffrence. Atmananda Tattwa Samhita. Austin, TX: Advaita Publishers, 1991; p.119. Au sujet de John Levy, voir larticle de Hans Heimer dans The Mountain Path,Deepam 2004; p. 29-42. John Levy, The Nature of Man According to the Vedanta.London: Routledge & Kegan Paul, 1956.6. Atma-Darshan, At the Ultimate, par Sri Krishna Menon Atmananda.Tiruvannamalai: Sri Vidya Samiti, 1946 (reprint: Austin, TX: Advaita Publishers,1989); Atma-Nirvriti (Freedom and Felicity in the Self), par Sri Krishna Menon(Atmananda). Trivandrum: Vedanta Publishers, 1952 (reprint: Austin, TX: AdvaitaPublishers, 1989).7. Discourses, p. 9; AW nr. 21.8. Discourses, p. 442; AW nr. 1323.9. Discourses, p. 7 ; AW nr. 17.10. Discourses, p. 9 et 8; AW nr. 22 et 21.11. Voir note 5,dans laquelle Atmananda reliait la notion de subjectif sa faon demanier la logique.12. Discourses, p. 18; AW nr. 42.13. Atmananda Tattwa Samhita (see note 5), p. 154 et 157; Discourses, p. 218 et 184;AW nr. 600 et 496.14. Atma-Nirvriti, Chapitre 20; p. 25. 15. Discourses, p. 191 et 272-273; AW nr. 512 et 802. Ce que Atmananda appelait ici la part matrielle est identique ce que Ramana Maharshi dsignait par le terme ceci (idam), comme distinct de Je (aham). Voir Je est la porte , partie 1.Parfois, Atmananda employait aussi ces termes : Sans le Je (aham) tant l, il nepeut jamais y avoir le ceci (idam) Discourses, p. 443; AW nr. 1324.16. Discourses, p. 270; AW nr. 790. Voir aussi p. 251; AW nr. 713. Ramana Maharshiinsistait aussi sur ce point de faon rpte. Voir Ulladu Narpadu Anubandham, nr. 39,et Talks with Sri Ramana Maharshi. Tiruvannamalai: Sri Ramanasramam, 1955; Talk458.17. Discourses, p. 176; AW nr. 466.18. Discourses, p. 16 (not in AW). Lexpression le nom et la forme (nama-rupa) estclassique dans lAdvaita Vedanta pour dsigner lensemble de la manifestation, maisaussi pour le germe du monde non encore manifest. 19. Discourses, p. 545 et 544, and xii ; AW pages 468 et 467.20. M.P.B. Nair, Rays of the Ultimate. Santa Cruz, CA: SAT, 1990; p. 53-54; et

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    Atmananda Tattwa Samhita (voir note 5), p. 45-50.21. Atma-Darshan, Chapitre 16 (p. 23) et 17 (p. 24).22. Atma-Nirvriti, Chapitre 1 (p. 1) et 11 (p. 12).23. Atma-Nirvriti, Chapitre 19 (p. 22-23). Voir aussi Discourses, p. 179; AW nr. 476.24. Rays of the Ultimate (voir note 20), p. 125 et 126.25. Voir Brihad-aranyaka Upanishad ( the oldest Upanishad) I.4.1: Au dbut, ce[monde] tait seulement le Soi (atma), dans la forme dune personne (purusha).Regardant autour de lui, il ne voyait rien dautre que le soi. Il dit tout dabord : Jesuis . Alors apparut le nom de Je (aham). In the beginning this (world) was only theself (atma), in the shape of a person (purusha). Ainsi, mme aujourdhui, lorsque lonsadresse quelquun, il rpond dabord : cest moi , puis parle quel que soit le nomquil puisse avoir The Principal Upanisads. Translated by S. Radhakrishnan.London: George Allen & Unwin, 1953; p. 163.26. Discourses, p. 153; AW nr. 410. Cette parenthse met en vidence la relation entreles trois grands enseignants de lAdvaita. Voir aussi Discourses, p. 169; AW nr. 448.

    Philip Renard enseigne la Fondation Advaya, en Hollande. N en 1944, ildcouvrit la spiritualit au travers dune mthode denseignement dorigineJavanaise, appele Subud, dans laquelle un exercice appel Latihan luidonna la base dune vision pntrante (insight), libre de tout concept et detoute mthode. La non-dualit est au centre de lenseignement de PhilipRenard, et le but de la Fondation Advaya est de mettre la non-dualit aucentre de lattention.