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Page 1: Je veux voir Dieu - beatimites.free.frbeatimites.free.fr/ktdivers/Je veux voir Dieu.pdf · « JE VEUX VOIR DIEU ! » Sainte Thérèse d’Avila, qui me fournit le titre, était curieuse,

« JE VEUX VOIR DIEU ! »

Sainte Thérèse d’Avila, qui me fournit le titre, était curieuse, comme les femmes le sont, paraît-il. Une vieille expé-rience m’a appris qu’elles n’ont pas le monopole.

Ses vœux se sont enfin réalisés, mais au terme d’une longue et difficile existence. Mais je dis des bêtises : sainte Thérèse a passé sa vie à voir Dieu, à se nourrir de lui, pour mieux dire. Or il y a voir

et voir, et les aliments les plus solides ne sont pas forcément les plus savoureux. La sainte était parfois emportée par l’extase. Ce n’est pas, je crois, ce qu’elle voyait qui la mettait dans tous ses états. C’est ce qu’elle aurait voulu voir, qu’elle ne pouvait voir sans mourir. Bref, c’est ce qu’elle ne voyait pas.

Mais si toi, tu es curieux, j’aimerais savoir de quoi. Ou de qui, si c’est de Dieu. Parce que si c’est de lui, nous sommes copains. Si toi, tu te décides enfin à prier (tu le dois. Relis lentement ces trois mots : « tu le dois »), dis-toi bien que tu ne

t’embarques pas pour une partie de rigolade. Le Dieu que tu désire voir n’a pas pour dessein de te dorloter. Sur ce sujet particulier, voici ce que disait saint François de Sales : « Pour moi, j’ai toujours plus estimé les confitu-

res sèches que les liquides ». C’était son droit ; mais je connais quelqu’un qui préfère la gelée de groseilles qui est liquide avant de ne plus l’être.

Quelqu’un qui ne crache d’ailleurs pas sur la confiture de fraises : le chemin de son cœur en est pavé. Mais qu’est-ce que je vais te raconter là ! Il me semble que je te parlais de la prière. Citons le Saint-Esprit ; je serai moins porté à m’égarer : « Dans cette terre déserte où je me trouve, où il n’y ni che-

min ni eau, je me suis présenté devant vous, mon Dieu, comme dans votre sanctuaire, pour contempler votre puissance et votre gloire » (Ps 62 3 Vg).

Ce qui compte, c’est :

1. le désir de bien faire le peu qui est possible (moment, lieu, façon de se tenir). Ne va pas te gratter le trognon de l’âme pour en faire jaillir les grands sentiments.

2. la persévérance : l’ennemi n’en manque pas ; il connaît l’enjeu.

Reprenons le psaume ; c’est lui qui nous fournit le programme :

– « Dans cette terre déserte où je me trouve ». Il s’agit du monde de Dieu (et non pas de ce monde où on s’en paie une tranche et qui est appelé à disparaître avec la dernière tranche). Au désert, on ne s’assied pas (il faut vivre !) ; on avance, mais posément (il faut vivre à tous prix).

– « Il n’y a ni chemin ni eau ». Tout est sec. L’eau qui m’est proposée est d’une autre nature (surnaturelle !). Jé-sus la promettait à la Samaritaine : « une eau jaillissant en Vie éternelle » (Jn 4 14). Le chemin va se perdre là-haut ; et je me demande si je n’ai pas intérêt à fermer les yeux.

– « Je me suis présenté devant vous comme dans votre sanctuaire ». Je suis donc un de ces « adorateurs en esprit et en vérité » (Jn 4 23) qui ont perdu le chemin de Jérusalem.

– « Pour contempler votre puissance et votre gloire ». La puissance de Dieu me deviendra sensible dans ses fruits. Je me surprends à m’interroger : « Mais que se passe-t-il ? J’étais un adorateur de la Dive Bouteille et c’est maintenant la bouteille qui m’obéit ! » Quant à sa gloire, Dieu me la fait entrevoir de temps en temps en attendant de me la faire contempler tout à fait d’Éternité en Éternité.

« Heureux celui qui souffre avec patience cette épreuve (c’en est une), parce que, étant éprouvé et épuré de la sorte, il recevra la couronne que Dieu a promise à ceux qu’il aime et qui l’aiment » (Jc 1 12).

On a parfois intérêt à retourner les paroles de Jésus : « Malheur à celui qui ne souffre pas, etc., parce qu’il ne rece-vra rien ».

Abbé Guy MONTARIEN L’avant-dernier paragraphe était faussement référencé Mt 27/46.