1
D’ABORD LE CONCEPT Une fois son master en études audiovisuelles obtenu avec dis- tinction à l’Alba en 2012, Mir-Jean Bou Chayaa se met ensuite à l’écriture d’un court-métrage, Film kbeer. Le réalisateur Ghassan Salhab le prévient : ce film a tout l’air d’un long. Le défi est relevé : le court-métrage ovationné dans divers festivals. Le cinéaste enchaîne sur Film Ktir Kbeer. Exercice difficile, puisqu’il s’agit d’éviter la confusion entre les deux. Une société de production à la ligne éditoriale adéquate manque au tableau final. La fratrie Bou Chaaya se met à l’œuvre et fonde SuppAr (The Arab Art Support Group) et Kabreet Productions. Après To- ronto et Cannes (dans le marché du film), le film voyage et glane des récompenses, notamment cette étoile de Marrakech (Grand Prix du jury), remise par Francis Ford Coppola qui adoube le jeune disciple et le catapulte dans la cour des grands. Considérant le plateau comme un espace de création, où acteurs et techniciens doivent collaborer pour créer l’œuvre, et non pas l’exécuter (et gare à celui qui déroge à cette règle !), Mir-Jean Bou Chaaya base sa démarche sur un autre axiome, tout aussi intransigeant : c’est le concept qui génère l’histoire. S’il ne le trouve pas, il ne peut pas continuer l’écriture d’un film. Film Ktir kbeer poursuit sa route : il a été récemment sélec- tionné au Festival du film policier de Beaune, en France, ainsi qu’en Chine où il a reçu le prix de la première œuvre. Des ré- compenses qui ont, aux yeux du jeune cinéaste, autant de valeur que ces cinquante mille entrées dans les salles libanaises. Même si, dans son discours à Marrakech, le réalisateur a voulu croire en un Liban qui, lui, n’a pas foi en ses artistes, Mir-Jean Bou Chaaya planche déjà sur l’écriture d’un second projet. Bien que peu convaincu que le cinéma puisse changer le cours des choses, il n’empêche : le septième art reste, assure-t-il, un outil très fort pour initier ce changement. Moteur. Action. Ces deux mots résument le parcours du jeune cinéaste qui, à 26 ans, a su, dès son premier long métrage Film Ktir Kbeer, imposer sa vision d’un cinéma qu’il aime passionné- ment. À la conquête d’un Graal virtuel, mais ancré dans le réel et ayant hérité d’un prénom étrange, souvenir de cet oncle Jean surnommé prince, car décédé à la fleur de l’âge, Mir-Jean Bou Chaaya, qui a su en faire un nom, va empoigner sa caméra dans un travelling effréné. Né en 1989 d’une mère travaillant dans le milieu de la télé et d’un père écrivain, il s’immerge très vite dans le monde artis- tique. Sauf qu’il veut d’abord faire de la musique. Des cours de piano à la guitare basse, c’est pourtant vers le septième art qu’il lorgne des yeux, mais surtout du cœur. À seize ans, il tombe éperdument amoureux du cinéma d’auteur : Woody Allen, Kiarostami ou les frères Dardenne détermineront définitive- ment son choix. Il choisit donc d’être réalisateur pour mettre en scène la vie. À l’Alba où il poursuit sa formation, tout n’est pas un long fleuve tranquille. Le jeune étudiant défie l’ordre établi. Il lui arrive de sortir des rangs – mais uniquement des mauvais… Pour lui, comprendre le cinéma passe non seulement par les notions académiques, mais par la pratique. Tout en étudiant, il accepte les projets, sans hésitation. Présent sur un documentaire réalisé par sa mère au Koweït à l’âge de dix-huit ans, il le sera aussi auprès de son ami Omar Rahbani pour la conception d’un clip dédié aux martyrs de l’armée liba- naise. Aux côtés, également, de Marcel Ghanem, présentateur télé star, qui le charge, alors qu’il n’est encore qu’en troisième année, de réaliser pour ses émissions des reportages/courts métrages où s’imposent déjà la vision du jeune artiste et ses méthodes. Intrépide, Mir-Jean Bou Chaaya explique cette boulimie de travail par la peur du temps. Tout ce qu’il entreprend est dicté par une course contre la montre. D’ailleurs, il décidera, un jour, de ne plus en porter. Mir-Jean Bou Chaaya, CINÉASTE, 26 ANS Ce qu’IL Déteste UN (E) ACTEUR/ACTRICE DÉTESTÉ(E) : Donald Trump. Vivien Leigh. UN(E) CHANTEUR/CHANTEUSE DÉTESTÉ(E) : Justin Bieber et la plupart des chanteuses libanaises. Sauf Haïfa Wehbé, un personnage intéressant. UN ÉCRIVAIN DÉTESTÉ: ? UN PEINTRE DÉTESTÉ: La peinture abstraite. UNE COULEUR DÉTESTÉE: Le grège, car ce n’est pas une couleur. UN PLAT DÉTESTÉ: La moghrabieh. UN TRAIT DE CARACTÈRE DÉTESTÉ: L’hypocrisie. UNE VILLE DÉTESTÉE: Dogville (en référence à Lars von Trier). UN ANIMAL DÉTESTÉ : Le serpent. UN ÉMOTICON DÉTESTÉ : Tous. UN ALCOOL DÉTESTÉ: Les alcools sucrés. UNE TÂCHE MÉNAGÈRE DÉTESTÉE: Payer les factures. UN COMPLIMENT DÉTESTÉ: Comme tu as de bonnes idées ! UNE PARTIE DE VOTRE ANATOMIE DÉTESTÉE: Peut-être mes lobes d’oreilles, que j’apprends à aimer avec le temps. UN OUTIL TECHNOLOGIQUE DÉTESTÉ: Le hoverboard pour les enfants. Élie Bou Chaaya, LE PAPA Je me souviens. Il avait quatre ans et les jumeaux étaient plus âgés d’un an. Lorsque le médecin leur demande qui est « le plus grand », Mir-Jean répondra sans hésiter : « Moi. » Il a gardé depuis cette manière de jouer sur les mots. Très curieux de tout, il voulait faire du piano. Le pro- fesseur s’est étonné lorsqu’il a pu tenir le coup plus d’un quart d’heure alors que ses aînés ont très vite lâché. Plus tard, à l’adolescence, il me voyait écrire. Il voulait donner toujours son avis. Je réalise que je leur ai accordé beau- coup de liberté pour qu’ils choisissent leur voie. Mais Mir-Jean voulait toujours mieux. Cette phrase pour- rait s’appliquer à lui : « Si je t’aime aujourd’hui, je voudrai t’aimer encore mieux demain. » Dalia Dagher, LA MAMAN J’ai toujours travaillé dans les médias et particulièrement à la télévision. Il avait dix-huit ans quand j’ai été appelée au Koweït pour filmer un documentaire. Il s’est proposé alors d’être mon assistant sur le set alors qu’il était encore Dans le cadre de Génération Orient, et en partenariat avec la Société Générale de Banque au Liban (SGBL); L’Orient-Le Jour va braquer chaque mois tous les projecteurs (papier et web) sur un ar- tiste (âgé de maximum 35 ans) toutes disciplines con- fondues (cinéma, musique, peinture, sculpture, photo, illustration, street art, danse, mode, design, ar- chitecture, cuisine, etc.) et lui faire sa campagne sur les réseaux sociaux (Face- book, Instagram, Twitter, Youtube et Snapchat) pendant 30 jours, jusqu’à la date de publication du deuxième artiste, etc. Chaque mois de novembre, douze artistes (cette année juste 6 puisque nous com- mençons en mai) seront en lice pour le prix L’OLJ- SGBL (5 000 USD le 1er; 2 000 USD le 2e et 1 000 USD le 3e). Les lecteurs de L’OLJ voteront à 50 %, et le vote d’un jury (OLJ, SGBL et grands noms/experts du monde artistique) compt- era pour les 50 % restants. Ce qu’en dit le professeur - Georges Michel Nasr Mir-Jean Bou Chayaa est un lutteur. Il a beaucoup d’ambition pour sa carrière. En tant que réalisateur, scénariste et professeur à l’Alba, j’ai vu passer différentes générations. Avec Mir-Jean, nous avons eu des tas de discussions. Si je prône avant toute chose la théorie de l’histoire et du sujet dans un film, lui, en revanche, part du concept, avant d’écrire son histoire. Chacun a sa vision propre du septième art – c’est indiscutable. Mir-Jean est très convaincu de son travail et revendique ses idées avec acharnement. L’essentiel pour un cinéaste, c’est d’être authentique ; que le cinéma coule dans ses veines. Mir-Jean a ces deux grands atouts. J’estime pour ma part que si le public a apprécié Film Ktir Kbeer, c’est qu’il a perçu l’authenticité et la sincérité du travail de ce jeune cinéaste. Pourtant, son long- métrage pêche par certaines faiblesses, imperceptibles d’ailleurs aux non-professionnels. Un conseil à lui donner pour l’avenir ? Qu’il construise mieux son scénario, car ce jeune cinéaste a un avenir prometteur et beaucoup de potentiel à faire fructifier. D’autant que sur un scénario solide, ne peut reposer qu’un film tout aussi solide et pérenne. GEORGES MICHEL NASR EST RÉALISATEUR ET ENSEIGNANT À L’ALBA. Ce qu’en dit le maître - Francis Ford Coppola D’abord je voudrais dire combien la pizzeria, choisie comme cadre de l’action, est une excellente idée. Very Big Shot (Film Ktir Kbeer) m’a vivement impressionné parce que dès le début, je me mets à haïr le personnage de Ziad, et cette aversion se poursuit tout au long du film. Tout son comportement invite à ne pas l’aimer, et par conséquent, un peu, à ne pas aimer le film, bien que la réalisation soit superefficace. Voire même excellente. Cependant, au fur et à mesure que le caractère évoluait, je commençais à comprendre le concept du film. Le personnage qu’on hait… à la passion (rires) – puisqu’il va jusqu’à tromper son frère – se dé- marque par son charisme, comme un vrai chef d’État, suivant un véritable processus politique. Ce n’est donc que vers la fin, après un suspense qui va crescendo, quand on réalise que Ziad est à l’apogée de son pouvoir malgré tout son passé, qu’on est pris par un sentiment d’exaltation. Comme un soufflet. C’est là, dans cette approche, que réside l’astuce de Very Big Shot. Le pouvoir du cinéma est de mettre en place un processus dont l’objectif est d’arriver à ce que toutes les pièces s’imbriquent peu à peu l’une dans l’autre. Un voyou qui se sert du pouvoir des médias et du cinéma pour aller encore plus haut et devenir un candidat à la présidentielle ? C’est une idée de génie et un film brillamment réalisé. FRANCIS FORD COPPOLA EST RÉALISATEUR, PRODUCTEUR ET SCÉNARISTE AMÉRICAIN. à la faculté. Il a toujours eu sa propre vision des choses, différente des autres. Mir- Jean veut changer le monde. Lorsqu’il a réalisé son court- métrage, je lui ai réservé une salle entière pour la projec- tion, afin de convaincre les investisseurs. Un autre trait de son caractère, c’est son humour. Un jour, on lui a dit de se mettre à table, il s’est mis carrément sur la table. Alain Saadé, L’ACTEUR ET LE COSCÉNARISTE J’ai fait sa connaissance alors qu’il présentait sa thèse, dont le sujet était les grandes écoles internationales pour acteurs. Il a su que j’avais étudié à la Stanislavski. Nous avons eu des entretiens très fructueux ensemble pour étayer cette thèse. Et depuis, j’ai joué dans son court-métrage Film Kbeer (The Filmakers) et nous nous sommes retrouvés à nou- veau sur le scénario et sur le plateau de Film Ktir Kbeer. Mir-Jean aime beaucoup les artistes qui collaborent avec lui ; pas ceux qui attendent passivement qu’il leur dicte ce qu’il ya à faire. Quant à moi, j’apprécie beaucoup nos échanges. Christian Bou Chaaya, LE FRÈRE ET PRODUCTEUR La fratrie est très soudée. Nous partageons beaucoup de choses. Je suis devenu le producteur exécutif de son film et fondé Kabreet produc- tions. On voulait faire en sorte que Film Ktir Kbeer arrive au sommet. Je pense qu’on y est presque. Mir-Jean a sa logique propre. Il est parfois entêté, mais quand nous nous concertons entre frères, souvent, il obéit. Léa Chemouni, LA PETITE AMIE J’ai travaillé sur le film de Mir-Jean. Sa vie profession- nelle est imbriquée dans sa vie personnelle. Passionné et perfectionniste, il a pourtant eu quelques déceptions, sur- tout par rapport à l’industrie du film au Liban. N’oublions pas qu’il a mis très vite la barre haute. Certains le traitent d’entêté, mais il aime écouter les autres. C’est lorsque l’idée ne lui plaît pas qu’il zappe. À mon avis, il n’a pas de défauts (en riant). 15 jeudi 19 mai 2016 « Le plateau de tournage est un espace de création où comédiens et techniciens collaborent à créer une œuvre. Pas à l’exécuter. » Ce qu’en dit lA famille Page réalisée par Colette KHALAF

jeudi 19 mai 2016 Mir-Jean Bou Chaaya, CINÉASTE, … · que peu convaincu que le cinéma puisse changer le cours des choses, il n’empêche : le septième art reste, assure-t-il,

  • Upload
    vanthuy

  • View
    212

  • Download
    0

Embed Size (px)

Citation preview

D’ABORD LE CONCEPTUne fois son master en études audiovisuelles obtenu avec dis-tinction à l’Alba en 2012, Mir-Jean Bou Chayaa se met ensuite à l’écriture d’un court-métrage, Film kbeer. Le réalisateur Ghassan Salhab le prévient : ce film a tout l’air d’un long. Le défi est relevé : le court-métrage ovationné dans divers festivals. Le cinéaste enchaîne sur Film Ktir Kbeer. Exercice difficile, puisqu’il s’agit d’éviter la confusion entre les deux. Une société de production à la ligne éditoriale adéquate manque au tableau final. La fratrie Bou Chaaya se met à l’œuvre et fonde SuppAr (The Arab Art Support Group) et Kabreet Productions. Après To-ronto et Cannes (dans le marché du film), le film voyage et glane des récompenses, notamment cette étoile de Marrakech (Grand Prix du jury), remise par Francis Ford Coppola qui adoube le jeune disciple et le catapulte dans la cour des grands.

Considérant le plateau comme un espace de création, où acteurs et techniciens doivent collaborer pour créer l’œuvre, et non pas l’exécuter (et gare à celui qui déroge à cette règle !), Mir-Jean Bou Chaaya base sa

démarche sur un autre axiome, tout aussi intransigeant : c’est le concept qui génère l’histoire. S’il ne le trouve pas, il ne peut pas continuer l’écriture d’un film. Film Ktir kbeer poursuit sa route : il a été récemment sélec-tionné au Festival du film policier de Beaune, en France, ainsi qu’en Chine où il a reçu le prix de la première œuvre. Des ré-compenses qui ont, aux yeux du jeune cinéaste, autant de valeur que ces cinquante mille entrées dans les salles libanaises.Même si, dans son discours à Marrakech, le réalisateur a voulu croire en un Liban qui, lui, n’a pas foi en ses artistes, Mir-Jean Bou Chaaya planche déjà sur l’écriture d’un second projet. Bien que peu convaincu que le cinéma puisse changer le cours des choses, il n’empêche : le septième art reste, assure-t-il, un outil très fort pour initier ce changement.

Moteur. Action. Ces deux mots résument le parcours du jeune cinéaste qui, à 26 ans, a su, dès son premier long métrage Film Ktir Kbeer, imposer sa vision d’un cinéma qu’il aime passionné-ment. À la conquête d’un Graal virtuel, mais ancré dans le réel et ayant hérité d’un prénom étrange, souvenir de cet oncle Jean surnommé prince, car décédé à la fleur de l’âge, Mir-Jean Bou Chaaya, qui a su en faire un nom, va empoigner sa caméra dans un travelling effréné. Né en 1989 d’une mère travaillant dans le milieu de la télé et d’un père écrivain, il s’immerge très vite dans le monde artis-tique. Sauf qu’il veut d’abord faire de la musique. Des cours de piano à la guitare basse, c’est pourtant vers le septième art qu’il lorgne des yeux, mais surtout du cœur. À seize ans, il tombe éperdument amoureux du cinéma d’auteur : Woody Allen, Kiarostami ou les frères Dardenne détermineront définitive-ment son choix. Il choisit donc d’être réalisateur pour mettre en scène la vie. À l’Alba où il poursuit sa formation, tout n’est pas un long fleuve tranquille. Le jeune étudiant défie l’ordre établi. Il lui arrive de sortir des rangs – mais uniquement des mauvais… Pour lui, comprendre le cinéma passe non seulement par les notions académiques, mais par la pratique. Tout en étudiant, il accepte les projets, sans hésitation. Présent sur un documentaire réalisé par sa mère au Koweït à l’âge de dix-huit ans, il le sera aussi auprès de son ami Omar Rahbani pour la conception d’un clip dédié aux martyrs de l’armée liba-naise. Aux côtés, également, de Marcel Ghanem, présentateur télé star, qui le charge, alors qu’il n’est encore qu’en troisième année, de réaliser pour ses émissions des reportages/courts métrages où s’imposent déjà la vision du jeune artiste et ses méthodes. Intrépide, Mir-Jean Bou Chaaya explique cette boulimie de travail par la peur du temps. Tout ce qu’il entreprend est dicté par une course contre la montre. D’ailleurs, il décidera, un jour, de ne plus en porter.

Mir-Jean Bou Chaaya,CINÉASTE, 26 ANS

Ce qu’ILDétesteUN (E) ACTEUR/ACTRICE DÉTESTÉ(E): Donald Trump. Vivien Leigh.

UN(E) CHANTEUR/CHANTEUSE DÉTESTÉ(E) : Justin Bieber et la plupart des chanteuses libanaises. Sauf Haïfa Wehbé, un personnage intéressant.

UN ÉCRIVAIN DÉTESTÉ: ?

UN PEINTRE DÉTESTÉ: La peinture abstraite.

UNE COULEUR DÉTESTÉE: Le grège, car ce n’est pas une couleur.

UN PLAT DÉTESTÉ: La moghrabieh.

UN TRAIT DE CARACTÈRE DÉTESTÉ: L’hypocrisie.

UNE VILLE DÉTESTÉE: Dogville (en référence à Lars von Trier).

UN ANIMAL DÉTESTÉ : Le serpent.

UN ÉMOTICON DÉTESTÉ : Tous.

UN ALCOOL DÉTESTÉ: Les alcools sucrés.

UNE TÂCHE MÉNAGÈRE DÉTESTÉE: Payer les factures.

UN COMPLIMENT DÉTESTÉ: Comme tu as de bonnes idées !

UNE PARTIE DE VOTRE ANATOMIE DÉTESTÉE:Peut-être mes lobes d’oreilles, que j’apprends à aimer avec le temps.

UN OUTIL TECHNOLOGIQUE DÉTESTÉ: Le hoverboard pour les enfants.

Élie Bou Chaaya, LE PAPAJe me souviens. Il avait quatre ans et les jumeaux étaient plus âgés d’un an. Lorsque le médecin leur demande qui est « le plus grand », Mir-Jean répondra sans hésiter : « Moi. » Il a gardé depuis cette manière de jouer sur les mots. Très curieux de tout, il voulait faire du piano. Le pro-fesseur s’est étonné lorsqu’il a pu tenir le coup plus d’un quart d’heure alors que ses aînés ont très vite lâché. Plus tard, à l’adolescence, il me voyait écrire. Il voulait donner toujours son avis. Je réalise que je leur ai accordé beau-coup de liberté pour qu’ils choisissent leur voie. Mais Mir-Jean voulait toujours mieux. Cette phrase pour-rait s’appliquer à lui : « Si je t’aime aujourd’hui, je voudrai t’aimer encore mieux demain. »

Dalia Dagher, LA MAMAN J’ai toujours travaillé dans les médias et particulièrement à la télévision. Il avait dix-huit ans quand j’ai été appelée au Koweït pour filmer un documentaire. Il s’est proposé alors d’être mon assistant sur le set alors qu’il était encore

Dans le cadre de Génération Orient, et en partenariat avec la Société Générale de Banque au Liban (SGBL); L’Orient-Le

Jour va braquer chaque mois tous les projecteurs (papier et web) sur un ar-tiste (âgé de maximum 35 ans) toutes disciplines con-

fondues (cinéma, musique, peinture, sculpture, photo, illustration, street art, danse, mode, design, ar-chitecture, cuisine, etc.) et

lui faire sa campagne sur les réseaux sociaux (Face-book, Instagram, Twitter, Youtube et Snapchat) pendant 30 jours, jusqu’à

la date de publication du deuxième artiste, etc.Chaque mois de novembre, douze artistes (cette année juste 6 puisque nous com-

mençons en mai) seront en lice pour le prix L’OLJ-SGBL (5 000 USD le 1er; 2 000 USD le 2e et 1 000 USD le 3e). Les lecteurs de

L’OLJ voteront à 50 %, et le vote d’un jury (OLJ, SGBL et grands noms/experts du monde artistique) compt-era pour les 50 % restants.

Ce qu’en dit le professeur - Georges Michel NasrMir-Jean Bou Chayaa est un lutteur. Il a beaucoup d’ambition pour sa carrière. En tant que réalisateur, scénariste et professeur à l’Alba, j’ai vu passer différentes générations. Avec Mir-Jean, nous avons eu des tas de discussions. Si je prône avant toute chose la théorie de l’histoire et du sujet dans un film, lui, en revanche, part du concept, avant d’écrire son histoire. Chacun a sa vision propre du septième art – c’est indiscutable.

Mir-Jean est très convaincu de son travail et revendique ses idées avec acharnement. L’essentiel pour un cinéaste, c’est d’être authentique ; que le cinéma coule dans ses veines. Mir-Jean a ces deux grands atouts. J’estime pour ma part que si le public a apprécié Film Ktir Kbeer, c’est qu’il a perçu l’authenticité et la sincérité du travail de ce jeune cinéaste. Pourtant, son long- métrage pêche par certaines faiblesses, imperceptibles d’ailleurs aux non-professionnels. Un conseil à lui donner pour l’avenir ? Qu’il construise mieux son scénario, car ce jeune cinéaste a un avenir prometteur et beaucoup de potentiel à faire fructifier. D’autant que sur un scénario solide, ne peut reposer qu’un film tout aussi solide et pérenne.

GEORGES MICHEL NASR EST RÉALISATEUR ET ENSEIGNANT À L’ALBA.

Ce qu’en dit le maître

- Francis Ford Coppola D’abord je voudrais dire combien la pizzeria, choisie comme cadre de l’action, est une excellente idée. Very Big Shot (Film Ktir Kbeer) m’a vivement impressionné parce que dès le début, je me mets à haïr le personnage de Ziad, et cette aversion se poursuit tout au long du film. Tout son comportement invite à ne pas l’aimer, et par conséquent, un peu, à ne pas aimer le film, bien que la réalisation soit superefficace. Voire même excellente. Cependant, au fur et à mesure que le caractère évoluait, je commençais à comprendre le concept du film. Le personnage qu’on hait… à la passion (rires) – puisqu’il va jusqu’à tromper son frère – se dé-marque par son charisme, comme un vrai chef d’État, suivant un véritable processus politique. Ce n’est donc que vers la fin, après un suspense qui va crescendo, quand on réalise que Ziad est à l’apogée de son pouvoir malgré tout son passé, qu’on est pris par un sentiment d’exaltation. Comme un soufflet. C’est là, dans cette approche, que réside l’astuce de Very Big Shot. Le pouvoir du cinéma est de mettre en place un processus dont l’objectif est d’arriver à ce que toutes les pièces s’imbriquent peu à peu l’une dans l’autre. Un voyou qui se sert du pouvoir des médias et du cinéma pour aller encore plus haut et devenir un candidat à la présidentielle ? C’est une idée de génie et un film brillamment réalisé.

FRANCIS FORD COPPOLA EST RÉALISATEUR, PRODUCTEUR ET SCÉNARISTE AMÉRICAIN.

à la faculté. Il a toujours eu sa propre vision des choses, différente des autres. Mir-Jean veut changer le monde. Lorsqu’il a réalisé son court-métrage, je lui ai réservé une salle entière pour la projec-tion, afin de convaincre les investisseurs. Un autre trait de son caractère, c’est son humour. Un jour, on lui a dit de se mettre à table, il s’est mis carrément sur la table.

Alain Saadé, L’ACTEUR ET LE COSCÉNARISTE J’ai fait sa connaissance alors qu’il présentait sa thèse, dont le sujet était les grandes écoles internationales pour acteurs. Il a su que j’avais étudié à la Stanislavski. Nous avons eu des entretiens très fructueux ensemble pour étayer cette thèse. Et depuis, j’ai joué dans son court-métrage Film Kbeer (The Filmakers) et nous nous sommes retrouvés à nou-veau sur le scénario et sur le plateau de Film Ktir Kbeer. Mir-Jean aime beaucoup les artistes qui collaborent avec lui ; pas ceux qui attendent passivement qu’il leur dicte ce qu’il ya à faire. Quant à moi, j’apprécie beaucoup nos échanges.

Christian Bou Chaaya, LE FRÈRE ET PRODUCTEUR La fratrie est très soudée. Nous partageons beaucoup de choses. Je suis devenu le producteur exécutif de son film et fondé Kabreet produc-tions. On voulait faire en sorte que Film Ktir Kbeer arrive au sommet. Je pense qu’on y est presque. Mir-Jean a sa logique propre. Il est parfois entêté, mais quand nous nous concertons entre frères, souvent, il obéit.

Léa Chemouni, LA PETITE AMIE J’ai travaillé sur le film de Mir-Jean. Sa vie profession-nelle est imbriquée dans sa vie personnelle. Passionné et perfectionniste, il a pourtant eu quelques déceptions, sur-tout par rapport à l’industrie du film au Liban. N’oublions pas qu’il a mis très vite la barre haute. Certains le traitent d’entêté, mais il aime écouter les autres. C’est lorsque l’idée ne lui plaît pas qu’il zappe. À mon avis, il n’a pas de défauts (en riant).

15jeudi 19 mai 2016

« Le plateau de tournage est un espace de création

où comédiens et techniciens collaborent à créer une

œuvre. Pas à l’exécuter. »

Ce qu’en dit lA famille

Page réalisée par Colette KHALAF