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UNIVERSITÉ DE SHERBROOKE VOL. 7, NO 1 NOVEMBRE 20 12 DU SANG NEUF ET DE NOUVELLES EXPERTISES

Jonction, le magazine de la Faculté de génie

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Université de Sherbrooke Volume 7, numéro 1 - Novembre 2012

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DU SANG NEUF ET DE NOUVELLES EXPERTISES

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3 MOT DU DOYEN

Du sang neuf et de nouvelles expertises

4 DES BATTERIES D’AUTO POUR ALIMENTER LE RÉSEAU

6 THÉÂTRE ET INGÉNIERIE, LE MEILLEUR DES DEUX MONDES

9 LA SCIENCE DES MATÉRIAUX APPLIQUÉE AU GÉNIE CIVIL

11 LE CERVEAU MOYEN RÉVÈLE QUELQUES SECRETS

12 DES ROBOTS HUMANOÏDES POUR DES TÂCHES PÉRILLEUSES

14 AMÉLIORER LA QUALITÉ DES MÉDICAMENTS

16 CRÉER DE NOUVEAUX MATÉRIAUX BIOSOURCÉS

18 AMÉLIORER LES PROPRIÉTÉS DES POLYMÈRES

20 DES VÉHICULES ET DES ESPACES FERMÉS MOINS ÉNERGIVORES

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22 DES SITUATIONS PROFESSIONNELLES POUR DES INGÉNIEURS AVERTIS

Parcours atypiques25 RECHERCHER DE L’OR AVEC LES MOYENS DU

19E SIÈCLE

27 UN PORTABLE À 100 $ POUR LES ENFANTS !------

28 RAYONNEMENT

29 2012 EN ACTION : NOS ÉTUDIANTS OSENT ET GAGNENT

31 RÉUSSITES FACULTAIRES

34 TOUT EN CHIFFRES

Sommaire

De gauche à droite : Pierre Labossière, vice-doyen à la recherche et aux études supérieures, Gérard Lachiver, doyen, Patrik Doucet, vice-doyen à la formation, Hélène Goudreau, directrice des affaires étudiantes et secrétaire de la Faculté, Dominique Lefebvre, vice-doyen au développement et à la formation continue, Yvan Néron, directeur administratif de la Faculté.

Rédaction, coordination et révision Marty-Kanatakhatsus Meunier

Révision Rachel Hébert

Collaboration Hélène Goudreau, le personnel et les étudiants de la Faculté de génie

Graphisme Tatou communication visuelle

Photographies Jean-François Perreault, Michel Caron, Martin Cadotte, One Laptop per Child (Jacques Gagné) Exposition : C’est plein de bon SciENceS (Alan Renaudin)

RemerciementsLes nouveaux professeurs de la Faculté de génie pour leur participation

Que devenez-vous ? Pour mettre à jour vos coordonnées remplissez notre formulaire en ligne au https://www.usherbrooke.ca/lafondation-lereseau/formulaires/changeadresse/

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Le corps professoral de la Faculté de génie se transforme profondément. Plus de cent personnes occupent maintenant un poste de professeur à temps complet. De ce nombre, un tiers a été embauché au cours des huit dernières années.

Les développements futurs de notre faculté reposent sur notre capacité d’attirer et de recruter de nouveaux talents puis de les intégrer harmonieusement dans les équipes départementales. Ceci représente un défi de taille d’autant plus que les multiples facettes du travail professoral se sont complexifiées ces dernières années.

Un nouveau ou une nouvelle collègue doit s’adapter à des approches pédagogiques innovantes et composer avec des étudiantes et étudiants de la génération Y. En parallèle, il ou elle doit consacrer une partie importante de son temps à établir un programme de recherche, à trouver du financement pour finalement recruter puis encadrer des étudiants aux cycles supérieurs. Tout cela en maintenant un équilibre entre vie personnelle et autres engagements professionnels.

Ce numéro du magazine Jonction fait un portrait de ces nouvelles recrues qui ont récemment joint nos rangs et enrichi le corps professoral. La plupart ont choisi notre faculté pour entreprendre leur carrière après une longue formation doctorale. Mais plusieurs sont venus d’autres universités ou centres de recherche, reconnaissant ici un milieu plus favorable au développement de leurs aspirations professionnelles.

Souhaitons que la Faculté permette à ses nouveaux professeurs d’exprimer avec brio tout leur potentiel et qu’ils ou elles contribuent à l’excellence qui nous caractérise.

Bonne lecture

■ ■ Gérard Lachiver, ing., Ph. D. Professeur et doyen

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BORNES BIDIRECTIONNELLESIl sera bientôt possible d’utiliser l’énergie des batteries des voitures électriques ou hybrides pour ali menter le réseau dans certaines tâches spécifiques. Les bornes bidirec tion­nelles, appelées communément V2G (vehicle to grid), seront mises à contribution pour transférer l’énergie qui provient du réseau électrique afin de charger les batteries des auto­mobiles dans une direction. « L’énergie de ces mêmes batteries sera retournée vers le réseau dans une seconde direction pour pallier les besoins des consommateurs en période de forte demande », explique le professeur Maxime Dubois, du Département de génie électrique et de génie informatique.

Imaginez un campus universitaire où les voitures hybrides ou électriques rechargeraient leur batterie à un certain moment et avec une puissance de pointe supérieure à ce que le campus peut fournir en électricité. Un marché d’échange d’électricité pourrait alors s’installer, dans la même journée, entre les véhicules qui doivent recharger les batteries et ceux qui ont un surplus d’électricité par rapport à leurs besoins à venir. La question de l’offre et de la demande deviendrait alors un enjeu.

Chargeur bidirectionnel : voitures hybrides et électriques

« Les voitures électriques sur le marché ne sont pas munies d’un chargeur bidirectionnel capable d’envoyer l’énergie du réseau vers les batteries et vice­versa », soutient Maxime Dubois. Le concept du V2G implique tout autant Hydro­Québec que le véhicule, mais le réseau n’est pas encore prêt à supporter une telle technologie, notamment pour des problématiques d’entretien. « Si le distributeur d’énergie désire entretenir son réseau et que des véhicules sont en train de fournir de l’électricité sur le même réseau, des employés pourraient s’électrocuter », précise Maxime Dubois.

La quantité d’énergie disponible dans les batteries de la Leaf de Nissan ou de la MiEV de Mitsubishi est plutôt restreinte. Ces véhicules électriques bénéficient d’une auto nomie de 100 à 200 km tout au plus. Lorsque le V2G sera implanté, comment fera­t­on pour prendre cette quantité d’énergie et décider de la revendre sur le réseau ? Il faudra que ce soit en accord avec les besoins de l’usager. Si la batterie est pleine­ment chargée et qu’il ne reste que 2 km à parcourir, il sera possible de vendre le surplus sur le réseau. Pour ce faire, une tarifi ca tion sera instaurée et elle devra être acceptée par les utilisateurs.

« Il est certain qu’à 7,5 cents du kw/h, ça ne vaut pas la peine puisque chaque fois qu’une transaction d’énergie est effectuée avec les batteries, celles­ci s’usent davantage. Puisqu’elles sont onéreuses, il faudra que cette tarification s’accorde avec le coût et la rentabilité que je peux y trouver comme utilisa teur », affirme le professeur Dubois. Si on se base sur les spéci fica tions de la Toyota Prius, la durée de vie de ces batteries s’élève à 8 ans ou 160 000 km.

> MAXIME DUBOIS GÉNIE ÉLECTRIQUE ET INFORMATIQUE

DES

BATTERIES D’AUTO POUR ALIMENTER LE RÉSEAU ÉLECTRIQUE

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« L’énergie est une composante essentielle de notre développement en tant que société. Imaginons nos vies sans pétrole mais plutôt avec l’électricité comme vecteur de trans port de l’énergie. L’alimentation d’un réseau élec trique à partir de sources renouvelables et fluc tuantes d’énergie et la redistribution à la demande des consommateurs pour le chauffage et pour l’éclairage, mais aussi pour leur transport personnel, exige de grandes innovations technologiques et des change ments dans nos habitudes de consommer l’énergie. Voilà le genre de défi qui m’alimente et qui m’anime comme chercheur. »

Difficultés inhérentes à leur implantation

L’amélioration des dispositifs existant, dont des pales plus légères et transportables ainsi que des génératrices plus petites et moins coûteuses, sera d’une extrême importance. « En réduisant le coût des composants comme l’alternateur ou l’électronique de puissance, le mouve ment tournant pourra être converti de quelques révolutions par minute en une fréquence fixe de 60 Hz », allègue Maxime Dubois. Une telle démarche réduira le coût de production de 25 %, ce qui aura un effet direct sur le prix de vente et de l’électricité.

Développement du stockage

Si le stockage permettait d’accumuler l’énergie excédentaire lors de forts vents et de relâcher cette énergie lorsque le vent est faible, les lignes de transport seraient mieux utilisées et l’électricité demeurerait plus constante et garantie. Une telle accumulation d’énergie éolienne s’échelonnerait sur une période de 24 heures et on pourrait réguler la quantité d’énergie ou de puissance électrique envoyée sur le réseau. En ce sens, pour chaque éolienne installée, on doit prévoir une réserve pour les journées sans vent. En conséquence, des centrales hydrauliques doivent être utilisées en appui aux éoliennes.

Le professeur Maxime Dubois travaille sur des types de stockage par volant d’inertie, c’est­à­dire, au moyen d’une roue en rotation. Pour illustrer un tel concept, pensez à votre roue de vélo. Lorsque vous cessez de pédaler, la roue continue d’avancer en raison d’une certaine inertie qui s’installe. Les roues en rotation, alimentées par un moteur électrique, peuvent tourner à très haute vitesse, soit de 5000, 10 000, 15 000 et jusqu’à 20 000 révolutions par minute. Lorsque la roue est déchargée de son énergie ciné tique, le moteur élec­trique utilisé pour engendrer le mouvement tour nant est employé mais en tant que générateur pour retourner l’énergie vers le réseau. « Il existe en ce sens des composants d’élec­tronique de puissance pour ajuster la fréquence du réseau à la fréquence de la roue (vitesse) », précise le professeur Dubois.

Cette roue doit être maintenue en rotation durant 24 heures. Pour ce faire, on utilise une enceinte sous vide pour mettre la roue en rotation afin de réduire les frictions aérody na­miques. « Du génie électrique, on passe à la mécanique des fluides. En voulant éliminer les roulements à billes pour réduire les frictions, des paliers magnétiques sont utilisés pour garder la roue en suspension magnétique complète », dit l’expert du Département de génie électrique et de génie infor matique, qui ajoute : « L’augmentation du stockage per ­mettra également d’augmenter la présence ou le pour cen tage de sources d’énergie fluctuantes. Les batteries de véhicules électriques, par exemple, contribueront à col mater la brèche lorsque le vent et le soleil ne seront pas au rendez­vous puisqu’une partie de cette énergie pourra être utilisée. »

STOCKER LE VENTLe Québec dispose d’une puissance éolienne de 4000 GW et ce potentiel est surtout localisé dans le Nord du Québec. Mais que pourrait­on faire avec une telle quan tité d’énergie ? Si les éoliennes sont érigées au Nunavik, par exemple, la question des infrastructures, de l’entre tien et de la main­d’œuvre nécessaire deviendra un enjeu incontournable pour assurer le succès de leur construction. Une fois cette électricité générée, qu’en fera­t­on ? Sera­t­elle vendue aux États­Unis ? Devra­t­on cons truire des lignes de transport de milliers de kilo mètres à fort prix ? Et qui achètera cette électricité ? Voilà autant de questions pertinentes auxquelles il faudra répondre tôt ou tard.

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> MATHIEU NUTH GÉNIE CIVIL

THÉÂTRE ET INGÉNIERIE LE MEILLEUR DES DEUX MONDES

« Le métier de scientifique est tellement rigoureux et exigeant qu’on a parfois besoin de s’évader. Mes collègues le font généralement dans le sport, j’en fais aussi, mais le côté artistique de la peinture et du théâtre me convient mieux. Je suis toujours impliqué dans des projets de représentation théâtrale, et j’aimerais bien répéter l’expérience au Québec », dit l’expert de la mécanique et de l’écoulement des sols.

Après avoir terminé un postdoctorat à l’École polytechnique de Lausanne, Mathieu Nuth a traversé l’Atlantique pour s’installer avec sa jeune famille en Estrie. « J’étais à la recherche d’un poste en géotechnique autant que possible dans une université francophone. Je voulais changer de culture de travail, qui est très théorique en Europe, et je recherchais du pratico-pratique. J’ai finalement trouvé cette voie à Sherbrooke », souligne le professeur Nuth.

À cet égard, il a conçu ses cours non pas comme une formation scolaire, mais davantage comme une formation continue proposant des outils pratiques pour la profession d’ingénieur. Les cas réels rencontrés en bureau d’étude font partie du curriculum. Mathieu Nuth utilise souvent les deux phrases suivantes pour motiver les étudiantes et étudiants à agir en tant que futurs ingénieurs : « Quand vous serez ingénieurs, vous serez amenés à refaire cet exercice » ou « En tant qu’ingénieur, je suis confronté à cette problématique. »

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Préserver les régionscôtières de l’érosion

D’une année à l’autre, la population vivant au bord de la mer s’inquiète des avancées de l’eau sur ses terres. La revégétalisation représente une bonne solution à moyen ou à long terme pour stabiliser la pente, mais ce n’est pas suffisant puisque l’érosion est constante et progressive. « Cette érosion s’apparente aux glissements de terrain puisqu’il s’agit d’une masse de géomatériaux (sols, roches) qui se détache pour être engloutie par la mer, le fleuve ou la pluie », explique le spécialiste de la Faculté de génie.

Mais le véritable défi réside dans la préservation de l’aspect naturel des régions côtières dont le coût ne serait pas si astronomique s’il y avait une volonté politique d’enrayer cette menace. Des travaux d’ingénierie pourraient endiguer cette problématique planétaire grâce à l’érection de struc­tures de soutènement, d’imperméabilisation et de drainage qui favoriseraient le retrait de l’eau.

L’imprévisibilitédes changements climatiques

Le dernier rapport du Groupe intergouvernemental d’experts sur le climat est plutôt alarmant sur la question des changements climatiques qui affecteront le sol des régions côtières ainsi que l’agriculture. Sommes­nous bien outillés pour caractériser et prédire la manière dont nos sols réagiront face à cette problématique ? Le professeur Mathieu Nuth s’affaire à circonscrire cette problématique en tant que chercheur.

D’une part, les outils de prédiction météorologique, comme l’apport des précipitations au cours des prochaines années et les phases de sécheresse, permettent aux ingénieurs civils de mieux calibrer leurs modèles de prédiction. D’autre part, les modèles conventionnels en géotechnique datent des années 1930. Par exemple, si le sol est de type argile, la construction d’un bâtiment de trois étages peut se faire sans problème. Par contre, si on doit construire un bâtiment de dix étages, est­ce que la capacité portante du sol devra être améliorée ?

Ces modèles sont encore performants mais incomplets. Ils ne tiennent pas suffisamment compte de l’influence des changements climatiques, comme par exemple les cycles de sécheresse et d’humidité ou les cycles de chauffage et de refroidissement. « Ces modèles des années 30 ne suffisent plus. En tant que chercheur géotechnicien, je devrai intégrer les nouveaux phénomènes environnementaux à nos cadres de référence », affirme le spécialiste de la Faculté de génie.

En génie civil, les structures comme les gratte­ciels sont nettement visibles, mais qu’y a­t­il en­dessous ? Il existe une interaction sol­structure qui relève de l’inter disci pli­narité. « Une telle approche est très intéressante pour les géotechniciens puisqu’on puise à même ces informations afin d’optimiser nos outils », précise Mathieu Nuth.

THÉÂTRE ET INGÉNIERIE LE MEILLEUR DES DEUX MONDES

Spécialiste de l’effet de l’eau sur les différents

sols en termes de résistance, de rigidité et de

capa cité portante, le professeur Mathieu Nuth, du

Départe ment de génie civil, est également un

passionné de théâtre, particu lièrement de l’oeuvre

du dramaturge et écrivain roumain Ionesco.

Après avoir acquis une formation de comédien

en para l lèle à sa formation scienti fique, cet ingé­

nieur d’origine franco­cambodgienne a cofondé

le théâtre Un plus un en Suisse.

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Optimiser les parcsà résidus miniers

Dans un tout autre registre, le spécialiste de la Faculté de génie s’intéresse également à la question de l’optimisation des parcs à résidus miniers. En effet, ces lieux provoquent leurs lots de problèmes environnementaux dont le lessivage par les eaux de ruissellement qui transportent de grandes quantités de métaux et d’acidité dans les cours d’eaux avoisinants. De plus, cet espace public coûte très cher aux minières.

Par l’intermédiaire des firmes de génie­conseil, les minières visent à optimiser leur parc à résidus miniers pour occuper moins d’espace en réduisant la surface d’interaction avec l’extérieur. « La solution sur laquelle nous travaillons consiste à traiter les résidus à la source en les asséchant légèrement. En conséquence, les bassins de décantation ne seront plus nécessaires, mais les remblais créés seront plus visibles en raison de leur hauteur », soutient le spécialiste en génie civil. D’une part, l’impact visuel diffèrera, surtout si des végétaux sont plantés parmi ces remblais, et d’autre part, il y aura une économie sur la surface occupée par les résidus miniers si les eaux de lessivage sont réduites par l’action du séchage. L’agriculture et le développement urbain en seront les grands bénéficiaires.

L’environnement de travaildu géotechnicien

Mais comment le professeur Mathieu Nuth exerce­t­il son métier de chercheur ? Il bénéficie d’un laboratoire de géotechnique qui permet de tester des sols prélevés sur les chantiers de génie civil à l’échelle d’échantillons dont les dimensions n’excèdent pas quelques centimètres. Les conditions in situ sont reproduites par le biais de systèmes de mise en charge, comme des presses, et par le contrôle de pression des fluides (eau, air) à l’extérieur et à l’intérieur des spécimens. Les résultats obtenus permettent de constituer des bases de données du comportement du sol vis­à­vis de facteurs naturels et humains tels que la pluie, les séismes, la mise en place de fondations et la construction de remblais.

« Les résultats expérimentaux permettent de développer des lois de comportement qui sont implémentées dans des codes de calcul », constate Mathieu Nuth. Ces logiciels constituent des outils de pointe pour l’ingénieur civil et lui permettent de simuler divers scénarios possibles en fonction des changements climatiques, de la construction, de l’excavation, etc.

Lorsque le comédien Nuth prend le dessus sur l’ingénieur, il pourrait interpréter le rôle du professeur dans La leçon de Ionesco qui répond à une question de son élève sur la possibilité que les petits nombres puissent être plus grands que les grands nombres : « Laissons cela. Çà nous mènerait beaucoup trop loin : sachez seulement qu’il n’y a pas que des nombres. il y a aussi des grandeurs, des sommes, il y a des groupes, il y a des tas, des tas de choses telles que les prunes, les wagons, les oies, les pépins, etc. Supposons simplement, pour faciliter notre travail, que nous n’avons que des nombres égaux, les plus grands seront ceux qui auront le plus d’unités égales.» (Ionesco, 1951)

La sécurité alimentaire en péril ?Il est reconnu que la sécurité alimentaire de plusieurs pays est actuellement menacée en raison de sols qui deviendront non propices à l’agriculture. Comment se fait-il que ces nations n’ont pas été en mesure de développer des systèmes de drainage et de stockage d’eau très performants à l’instar de civilisations antiques comme le peuple ancien de l’Angkor au Cambodge qui a innové à ce chapitre.

« Lors de la saison humide dans l’Asie du Sud-Est, la population stockait l’eau et lors de la saison sèche, le système de canalisation restituait l’eau vers le sol afin d’alimenter les rizières », constate le professeur Nuth. Le principe est le même dans le monde actuellement, mais le problème est l’optimisation des ressources, qui ne s’effectue pas toujours adéquatement.

La sécurité alimentaire en péril ?

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Les matériaux composites formés de matrices polymères à des renforts textiles sont utilisés dans le domaine de la construction depuis une trentaine d’années. Leurs propriétés anticorrosives leur confèrent un pouvoir d’attraction dans le monde industriel, qui les emploie largement, bien que la

science des matériaux soit sous­représentée en génie civil. « Ces matériaux sont utilisés surtout comme armature interne du béton, mais on les emploie également en réhabilitation lorsque des structures endommagées, surtout par l’humidité, doivent être réparées », explique le professeur Mathieu Robert, du Département de génie civil. De plus en plus, les structures des ouvrages en génie civil sont formées de matériaux composites, et en conséquence, leur durée de vie pourrait tripler voire quadrupler.

« Au sens large, un matériau composite comporte deux constituants dont les qualités se complètent pour former un matériau aux performances globales améliorées », précise l’expert de la science des matériaux. A priori, les plus vieux matériaux composites connus comme le bois ou le béton sont constitués de différentes composantes, et les propriétés des résines polymères qui y sont ajoutées, comme la fibre de verre, la fibre d’aramine, la fibre de carbone et la fibre de basalte, travaillent en synergie pour obtenir des propriétés très particulières.

> MATHIEU ROBERT GÉNIE CIVIL

LA SCIENCE DES MATÉRIAUX

LES NANOPARTICULES AU SERVICE DE LA GRANDE STRUCTURE

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L’ère desnanocomposites

Le professeur Robert travaille essentiellement à l’élaboration de nouveaux matériaux durables pour le génie civil, en l’occurrence des revêtements polymères nanorenforcés ou des nanocomposites pour des revêtements de béton ou des pièces en bois. « Des pièces ou des membrures fabriquées avec des matériaux conventionnels peuvent occasionner des problèmes au niveau de l’absorption de l’humidité, par exemple, soutient Mathieu Robert. Nous cherchons à obtenir des propriétés barrières. L’utilisation de nanoparticules augmente de façon significative non seulement les pro priétés barrières des polymères utilisés mais aussi les propriétés mécaniques. » Les nanoparticules sont employées comme revêtement, et on entrevoit de plus en plus la possibilité de les utiliser également dans la masse afin de renforcer les matériaux composites conventionnels pour le génie civil.

L’utilisation des nanoparticules accessibles qui donnent un bon rendement tout en restant bon marché est primordiale compte tenu de certaines contraintes pécuniaires associées au génie civil. « Nous désirons absolument éviter d’utiliser des matériaux hypercomplexes qui sont difficiles à mettre en œuvre et qui doubleront voire tripleront le coût d’une structure », estime Mathieu Robert.

L’humidité,ennemie des bâtiments et des structures

L’ajout de nanoparticules à la composition des polymères renforcés de fibres augmente la durée de vie des bâtiments et structures de deux façons. D’une part, on a démontré une diminution du coefficient d’absorption d’humidité de l’ordre de trois à cinq fois, puisque l’eau met beaucoup plus de temps à migrer vers l’intérieur des structures et poten­tiellement à venir attaquer l’armature d’acier par corrosion. D’autre part, on a prouvé l’amélioration des propriétés méca­niques des résines utilisées qui bloquent les rayons ultraviolets.

Il existe des types de revêtements sous forme de peintures polymères, dans lesquelles des nanoparticules sont ajoutées sous forme de poudre au préalable puis mélangées, avant d’être appliquées sur une paroi de béton. On obtient ainsi des pro­priétés barrières, notamment pour venir bloquer l’humidité, par exemple. Pour comprendre les phénomènes de dégrada­tion, on préconise les vieillissements accélérés en laboratoire afin de bien corréler cette détérioration des matériaux. « Non seulement nous voulons savoir s’il y a des pertes de pro­priétés, mais nous désirons également com prendre pourquoi, afin d’être en mesure de réagir et de peaufiner les matériaux ainsi que les solutions les plus efficaces pour prévoir ce qui se passera dans 5, 10, 15 ou 20 ans », affirme le scientifique.

Le génie civil est une sphère de l’ingénierie multidisciplinaire qui fait usage d’une grande quantité de matériaux. « Dans notre domaine, il ne faut plus seulement penser structure ou béton, il faut aller encore plus loin. On doit développer de nouveaux matériaux par la synergie des expertises dont le génie des matériaux », dit le professeur Robert. L’ère des nanocomposites pave la voie à des innovations durables en génie civil. Des spécialistes comme Mathieu Robert font figure de pionniers dans ce secteur en pleine émergence.

Après avoir obtenu son baccalauréat en génie des matériaux de la métallurgie, Mathieu Robert a poursuivi ses études à la maîtrise et au doctorat sous la direction du professeur Brahim Benmokrane, notamment titulaire de la Chaire de recherche du Canada sur les matériaux composites d’avant­garde pour les structures de génie civil. « Mes activités de recherche étaient typiquement orientées vers l’étude des matériaux, vers leur élaboration », souligne le spécialiste du génie civil.

Par la suite, Mathieu Robert poursuit des études post doc to rales à l’Université Queen’s de Kingston. Il y tisse de nouveaux liens avec des chercheurs qui travaillent non seule ment aux appli cations des matériaux composites comme armature interne du béton mais également à l’élaboration de nouveaux systèmes pour la réhabilitation externe des structures et pour des nouvelles applications avec de nouveaux matériaux.

Cheminement académique

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«

Certaines personnes peuvent être frappées par différents déficits de l’audition, notamment au niveau de la cochlée, premier relais du chemin qu’emprunte un son dans la partie interne de l’oreille avant d’atteindre le cortex auditif. « Afin de permettre à ces patients de mieux entendre, une électrode est alors implantée pour stimuler la cochlée. Pour certains individus, ce n’est pas possible, il faut donc aller stimuler plus loin dans les structures supérieures du cerveau », explique le professeur Éric Plourde, du Département de génie électrique et de génie informatique.

Le problème est toutefois plus complexe puisque les scien­ti fiques ne comprennent pas très bien comment ces structures encodent le son. À cet égard, les travaux de recherche du spécialiste de la Faculté de génie visent à déter miner quel type de stimulation il faudrait apporter à l’une de ces structures, le colliculus inférieur, une partie de la voix auditive entre l’oreille et le cortex auditif, pour qu’une personne entende le son.

Son attirance pour la pédagogie l’a poussé à suivre une formation dans ce domaine à l’Université de Montréal. Il a par la suite entrepris des études doctorales qui l’ont mené à un postdoctorat au Massachusetts Institute of Technology puis à l’obtention d’un poste de professeur à l’Université de Sherbrooke.

Éric Plourde reconnaît que l’approche constructiviste qu’il a apprise durant son microprogramme à l’Université de Montréal, où l’étudiant apprend par lui­même en cons truisant son savoir, est une approche avant­gardiste en termes de pédagogie et comporte de grandes similitudes avec le programme pédagogique de l’apprentissage par problèmes et par projets en ingénierie du Département de génie électrique et génie informatique de l’UdeS.

Mieux comprendreà partir d’un modèle statistique

À partir de modèles mathématiques, Éric Plourde cherche à comprendre comment le colliculus inférieur encode le son et de quelle manière cette région sera stimulée. À cette fin, il a obtenu plusieurs signaux d’un proche collaborateur, le professeur Hubert H. Lim, de l’Université du Minnesota, pour en faire l’analyse statistique et pour déterminer quels paramètres du son ont été encodés à l’endroit où le son a été enregistré.

Lorsque le son pénètre l’oreille, il entre par la cochlée, qui séparera le son en différentes fréquences. Cette décom­position fréquentielle se répercute jusqu’au cortex auditif. « Si le colliculus inférieur est vu comme une structure en trois dimensions telle un cube, chacune des couches pourrait encoder une certaine fréquence », précise l’expert. En effet, on a pris des mesures sur des cochons d’Inde. Des électrodes ont été placées dans divers endroits du colliculus inférieur et des signaux ont été enregistrés à des endroits précis après qu’un son ait été entendu par l’oreille.

Au terme des premières études sur cette question, il a été démontré que pour qu’un son se fasse entendre, un neurone placé dans le chemin que le son parcourra jusqu’au cortex répondra principalement à cette sonorité. « Il se déchargera en fonction du son qui sera entendu. Mais ce n’est pas tout. Le réseau auquel le neurone appartient joue un très grand rôle dans cette équation », mentionne le professeur Plourde, qui ajoute : « Le modèle mathématique développé permettra aux chercheurs d’observer qu’il y a également un aspect réseau tique à ne pas négliger entre les neurones d’une même couche. »

LE CERVEAU MOYEN RÉVÈLE QUELQUES SECRETS

> ÉRIC PLOURDE GÉNIE ÉLECTRIQUE ET GÉNIE INFORMATIQUE

Bien que le cerveau moyen − la partie moyenne du cerveau composée de tubercules quadrijumeaux et des pédoncules cérébraux − commence à peine à nous révéler ses secrets, beaucoup de questions demeurent sans réponse. Le professeur Plourde s’y attaquera. 11

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Passionné de mangas japonais depuis sa tendre enfance et de nouvelles de science-fiction d’Isaac

Azimov retrouvées dans I, robot (1950), le professeur Waël Suleiman, du Département de génie

électrique et de génie informatique, rêve d’une nouvelle génération de robots humanoïdes en

développement qui pourra utiliser nos espaces et nos outils de travail tout en interagissant avec les êtres

humains de manière sécuritaire. « L’objectif principal à l’origine des robots humanoïdes lancés dans

les années 1980 est de remplacer les humains dans des tâches dangereuses, comme l’activation

manuelle du système de refroidissement d’une centrale nucléaire quand tous les systèmes auto-

matiques de secours tombent en panne », explique Waël Suleiman.

Course contre la montrepour développer des robots

S’ils prennent parfois la forme d’un être humain masculin, l’androïde, et parfois celle d’une femme, la gynoïde, ces robots ont fait leur véritable apparition en 1993 lorsque l’entreprise japonaise Honda a présenté aux médias le premier robot humanoïde, Asimo. Ce projet avait été gardé secret pendant plus de 10 ans. Saisissant la balle au bond, le Japon a instauré un programme de recherche étalé sur une période de 10 ans pour demeurer le chef de file de ce secteur en émergence.

De son côté, Aldebaran Robotics, une firme française créée en 2005 et achetée récemment par Softbank, un géant japonais des télécommunications, a conçu et fabriqué deux robots humanoïdes, soit Nao et ROMÉO. D’une part, Nao, un robot humanoïde autonome de 58 cm de hauteur et valant 15 000 $, servira de plateforme de recherche dans les laboratoires et universités. D’autre part, ROMÉO, un huma­noïde de plus grande taille, sera destiné à l’aide aux personnes

Plusieurs universités européennes ont conçu iCub, un autre robot humanoïde, dans le cadre d’un projet de 8,5 millions d’euros. Ce robot aux dimensions comparables à un enfant de trois ans et demi est une plateforme de test pour les algorithmes d’intelligence artificielle et de cognition.

Ne voulant pas être en reste et à la suite de la catastrophe de Fukushima en 2011, la Defense Advanced Research Projects Agency offre de son côté une bourse de deux millions de dollars à la première équipe de scientifiques qui parviendra à créer de tels robots. À qui la chance ?

DES ROBOTS HUMANOÏDESPOUR DES TÂCHES PÉRILLEUSES

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Une question d’équilibre

La problématique la plus complexe en robotique humanoïde pour les ingénieurs informaticiens consiste à gérer l’équilibre du robot. « S’il frappe un obstacle ou un objet dans l’environnement, et s’il est poussé par quelqu’un ou par un autre robot, comment se comportera­t­il pour s’adapter à ces perturbations imprévues ? » se questionne le spécialiste de la Faculté de génie.

À cet égard, le National Institute of Advanced Science and Industrial Technology du Japon, où le professeur Suleiman a complété son postdoctorat, a innové en développant une série de robots humanoïdes : HRP­2, HRP­3, HRP­4C et HRP­4. Le HRP­4C est un robot humanoïde de forme gynoïde qui mesure 1,58 m et pèse 43 kg. Le premier prototype a coûté deux millions de dollars. On peut acheter ce robot pour 400 000 $. Le robot est doté de mini­moteurs sous le masque qui constitue le visage. Il plisse les yeux et peut ouvrir la bouche tout en marchant lentement sur une surface plane. À preuve, il a remplacé des mannequins lors d’un défilé de mode en 2011 !

Doter Johnny-O de jambes

Associé au Laboratoire de robotique mobile et systèmes intelli gents de l’Université de Sherbrooke qui a conçu et fabriqué le torse de Johnny­0, une plateforme mobile munie d’actionneurs élastiques interagissant avec l’homme, le professeur Suleiman compte bien en faire un robot complet puisqu’il lui manque encore des jambes. « Il est doté d’une intelligence artificielle qui lui permet de décider de quelle manière il se déplacera dans l’espace et quelle sera la séquence des mouvements », précise le professeur Suleiman, qui ajoute : « Ce sont les algorithmes de contrôle qui dicteront la séquence pour amener la main du robot à cueillir l’objet pour le déposer ailleurs. »

Mais comment les scientifiques ont­ils pu générer la marche des robots humanoïdes ? Tout simplement en se basant sur un principe de la biomécanique appelé le zero moment point (ZMP). Qu’en est­il au juste ? C’est tout simplement la manière dont l’être humain gère son équilibre lorsqu’il marche. En robotique, le ZMP est le point du sol où le résultat de la distribution des forces de réaction du sol sur le pied est appliqué. Ce point appartient à la surface de contact entre le pied et le sol. Est­ce inné depuis l’enfance ou y a­t­il un apprentissage derrière ? « Une belle question qui fait réfléchir nos collègues en neuroscience », mentionne Waël Suleiman.

S’il existe une infinité de solutions pour prendre un objet sur une table, par exemple, quelle doit être la séquence du mouvement choisie et comment doit­on la configurer ? Pour ce faire, un langage informatique utilise et intègre la mécatronique et les algorithmes de contrôle et de prise de décision afin de permettre au robot de mouvoir les 30 articulations de son corps en temps réel.

> WAËL SULEIMAN GÉNIE ÉLECTRIQUE ET GÉNIE INFORMATIQUE

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Cette entreprise désirait fabriquer des palettes industrielles composites, faites à partir d’un mélange de vieux plastiques recyclés, notamment des bouteilles, et de bran de scie à faible valeur, pour en faire des palettes de transport industrielles à la fois solides et résistantes aux insectes. Il faut dire que de nombreux insectes mangent le bois des palettes classiques et se retrouvent par le fait même disséminés partout sur la planète, mettant ainsi nos forêts à risque.

« À la suite de mes études de deuxième cycle, je désirais pour suivre au doctorat dans un domaine présentant un vaste éventail d’applications concrètes. J’ai donc orienté mon exper­tise sur le suivi de production de matériaux composites en choisissant une formation axée sur les modélisations mathé­matiques, les statistiques et le suivi de procédé. Ce che mi ne­ment m’a très rapidement permis de mettre la main à la pâte et d’effectuer l’analyse de productions industrielles en para l lèle à mon projet principal de doctorat », explique Ryan Gosselin.

> RYAN GOSSELIN GÉNIE CHIMIQUE ET GÉNIE BIOTECHNOLOGIQUE

AMÉLIORERLA QUALITÉ DES MÉDICAMENTS

Rien ne le prédestinait à la carrière de professeur. Pourtant, il n’avait pas encore

terminé le dépôt de sa thèse de doctorat qu’il obtenait déjà un poste au sein

du Département de génie chimique et de génie biotechnologique de l’Université

de Sherbrooke. Il faut dire que Ryan Gosselin n’avait pas en tête de devenir

professeur après ses études au baccalauréat. Il désirait plutôt s’impliquer

dans des projets industriels appliqués. « J’ai effectué ma maîtrise en colla­

boration avec PBI Industries inc., une entreprise du Saguenay fabri quant des

palettes industrielles en bois. C’est dans ce contexte atypique que j’ai amorcé

ma carrière de chercheur », commente le professeur Gosselin.

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Appliquer les mathématiquesaux procédés

« Je n’avais jamais donné de cours auparavant, et j’ai amorcé ma carrière d’enseignant durant ma maîtrise avec un cours de simulation de procédés qui faisait une bonne révision de la matière que je venais tout juste de voir durant mes quatre années de baccalauréat », explique le chercheur. La vision d’ensemble de son domaine d’études que lui permettait ce cours le charma au point où il décida de poursuivre ses études doctorales dans l’optique de devenir professeur.

À partir de l’analyse d’images de procédés basée sur des méthodes statistiques multivariées, le professeur Gosselin a développé des techniques permettant d’effectuer le suivi de la qualité de produits manufacturés et ce, en temps réel à même la ligne de production. « L’idée, c’est d’aller chercher de l’information au moyen de sondes d’imagerie spectrale, explique­t­il. La lumière infrarouge, par exemple, ressemble beaucoup à la lumière visible que nous voyons avec nos yeux, mais sa longueur d’onde est juste un peu trop longue pour être perceptible. À l’aide de nos capteurs, nous pouvons capter des centaines, voire des milliers de couleurs totale ment invi­sibles à nos yeux, mais qui peuvent fournir une grande quantité d’informations sur l’échantillon. Grâce à cette méthode, prédire les propriétés des produits devient prati quement un jeu d’enfant ! » blague l’expert de la Faculté de génie.

Par contre, l’analyse de données de production industrielle fournit une grande quantité de données qui sont fortement corrélées entre elles. La conséquence ? Il y en a beaucoup trop pour pouvoir facilement identifier les sources de variations à l’intérieur des données. En somme, les données contiennent des informations pertinentes, mais il y a trop de valeurs pour être en mesure de faire ressortir les données importantes. C’est alors que les méthodes d’analyse multi­variées tant prisées par le professeur Gosselin prennent leur importance.

Changement de cap : les produits pharmaceutiques !

« Lorsque je me suis joint aux chercheurs de la Chaire Pfizer sur les technologies d’analyse de procédés en génie pharma­ceutique dirigés par le professeur Nicolas Abatzoglou, les membres de l’équipe savaient que je travaillais sur le suivi de qualité industrielle de polymères, mais ils ont cru que je pourrais contribuer à leurs activités. Maintenant, j’œuvre dans un domaine totalement différent, le génie pharma­ceutique », soutient le spécialiste en génie chimique.

Son principal défi consiste à mieux comprendre les phéno­mènes physiques et chimiques ayant lieu dans les procédés de mise en œuvre de poudres pharmaceutiques. « Le suivi de produits liquides, comme un sirop pour la toux, est assez facile, dit Ryan Gosselin. Les liquides se mélangent relati vement bien et il existe de nombreux capteurs qui permettent de connaître leurs caractéristiques. Les poudres sont beaucoup plus complexes. Peu de capteurs font réellement l’affaire et on ne sait jamais si un mélange de poudres est réellement homo gène. » La connaissance de la composition exacte des poudres en cours de production est plutôt difficile à réaliser, surtout pour des multivitamines, mais l’application des mathé matiques au procédé industriel permet de solutionner le problème.

Habituellement, les poudres sont homogénéisées à partir d’un mélangeur qui fonctionne durant une longue période de temps afin de s’assurer de la bonne répartition du mélange. Mais ce n’est certes pas la meilleure façon de faire. « Nous avons réalisé un projet de maîtrise qui consistait à ajouter des sondes infra­rouges directement sur un mélangeur de taille industrielle, dit le chercheur. De cette façon­là, une mesure des spectres infrarouges peut être effectuée à tout moment durant le mélange. » En conséquence, on économise temps et énergie tout en minimisant les impacts sur la poudre elle­même.

> RYAN GOSSELIN GÉNIE CHIMIQUE ET GÉNIE BIOTECHNOLOGIQUE

Une pilule, une petite granule1

Dans le domaine alimentaire, prenons l’exemple des biscuits aux pépites de chocolat. Les industriels désirent connaître la composition exacte des biscuits en grammes. En génie pharmaceutique, il est question de pilules. Bien souvent, le médecin dira à son patient : « Prends une demi­pilule tous les matins au déjeuner. » Pour ce faire, le médecin tient pour acquis que chaque demi­pilule contient l’agent actif en quantité semblable. Mais comment valider la composition des millions de comprimés produits ?

Habituellement, les compagnies pharmaceutiques testent une toute petite fraction de leurs pilules en laboratoire une fois la production achevée. Les résultats de l’échan tillon­nage sont obtenus au bout de quelques minutes, voire quelques heures, en utilisant des méthodes nécessitant souvent la dissolution du comprimé. De cette manière, l’analyse, bien que précise et fiable, est destructive. Il n’est donc pas raisonnable de la déployer à grande échelle. Imaginez le temps, les coûts et le nombre incroyable de fioles requis pour tester des centaines de milliers de com pri­més tous les jours ! N’empêche que l’espoir demeure d’arriver à analyser chacun des millions de comprimés produits pour en assurer la qualité à partir de l’approche par méthode statis­tique multivariée préconisée par le professeur Ryan Gosselin, en vue d’améliorer l’efficacité des procédés industriels.

1. En référence à l’émission présentée à Télé-Québec.

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«

MALAXAGE DES BIOPLASTIQUESAprès avoir été chercheur durant 17 ans au Conseil national de recherches Canada, Michel Huneault avait envie de renouer avec le monde académique et de prendre contact avec les étudiants. « La formation est également quelque chose de plus concret que la recherche, dit­il. Dans un cours, il faut transmettre une matière : il y a un début, un milieu et une fin. À la toute fin, les étudiants passent un examen et c’est en quelque sorte également le test du professeur. Parfois, des notions que nous pensions bien assimilées par des étudiants ne semblent pas avoir été comprises, tandis que d’autres, pour lesquelles nous croyions ne pas avoir transmis suffisamment de données, ont été mieux comprises. La communication constitue en réalité le véritable défi du professeur », explique l’expert en génie chimique.

Diplômé de l’École polytechnique de Montréal, le professeur Huneault a été agent de recherche au Conseil national de recherches Canada de 1992 à 2009 et professeur associé au Département de génie chimique de l’École polytechnique de Montréal de 2003 à 2009. Il a obtenu en 2007 le pres­tigieux prix Morand Lambla décerné annuellement par la Polymer Processing Society pour souligner les accom plis­sements et l’originalité de la recherche.

Mélanger des plastiquespour créer une nouvelle famille

L’expertise développée par Michel Huneault dans le domaine des plastiques se situe principalement au niveau du malaxage des plastiques, ou comment mélanger des plastiques ensemble pour former des synergies qui auront des propriétés répondant aux attentes de certains produits. « Au Conseil national de recherches Canada, les demandes provenaient de secteurs très variés comme l’automobile, les piles à combustible, les matériaux d’emballage, ce qui m’a permis de travailler sur un grand nombre d’applications variées », souligne le chercheur.

En 2007, son équipe de travail a réussi la compatibilisation de l’amidon thermoplastique avec le poly(acide lactique) ou PLA, la clé à la base du développement de ces matériaux. À l’origine, l’amidon et le PLA sont des matériaux biosourcés qui étaient disponibles en grande quantité au moment où les recherches sur cette question ont débuté. « Nous avons trouvé une molécule faisant le lien entre les deux phases poly­mères qui sont mélangées. Il n’y a plus de séparation de phase comme dans le mélange huile et eau, par exemple », précise le professeur Huneault, qui ajoute : « La compa ti bili sation de l’amidon thermoplastique et du PLA a significativement amélioré tant les propriétés mécaniques et optiques que les propriétés de surface de ces nouveaux matériaux », dit le chercheur. Les articles scientifiques qu’il a publiés à ce sujet ont été très bien reçus par ses pairs, et ils ont été abondam­ment cités par d’autres chercheurs.

Malgré la croyance populaire, les premiers plastiques produits par l’homme étaient des bioplastiques, c’est-à-dire que leur origine était biosourcée, donc renouvelable. En fait, on utilisait les matériaux naturels comme la cellulose du bois pour en faire différents matériaux. L’acétate de cellulose, inventé en 1865, a servi à la base de films en photographie. La cellulose du bois a aussi été utilisée comme composant de certains adhésifs. « Henry Ford, ce grand industriel étatsunien, fabriquait des bioplastiques à partir de l’huile de soja en utilisant comme fibre de renfort du chanvre ou du lin, raconte le professeur Michel Huneault, du Département de génie chimique et de génie biotechnologique. Il fabriquait ainsi des panneaux de composite extrêmement résistants pour ses voitures. Les matériaux biosourcés ont été abandonnés pour des polymères issus du pétrole en raison des coûts inférieurs de production. »

CRÉER DE NOUVEAUX MATÉRIAUX

BIOSOURCÉS

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D’ici 2020, les politiques québécoises en matière d’enfouis­sement sanitaire visent à éliminer la mise sous terre contrôlée de matières organiques. Le développement de bioplastiques com pos tables répond aux besoins de la société afin de faciliter le compostage ou la méthanisation des emballages souillés qui ne sont pas actuellement recyclables éco no­miquement. L’industrie s’adapte à ces nouvelles réalités et offre de plus en plus de choix en termes de matériaux com­postables per formants. Les recherches actuelles se poursuivent en ce sens afin de fournir des voies différentes à la société. Les coûts et l’empreinte écologique qui y sont associés devront être définis afin que nous soyons bien informés pour faire le bon choix.

Une autre grande force motrice du développement des bioplastiques est le fait que la biomasse représente une source de matière première dont le prix, à long terme, demeure plus stable que celui du pétrole. De plus, comme la production se fait à partir de la biomasse, l’empreinte carbone des bioplastiques est souvent avantageuse par rapport à celle relative à la production des plastiques conventionnels. De plus en plus prisés, les bioplastiques deviendront donc prochainement un incontournable dans la chaîne de consommation. Les travaux du professeur Huneault y contribuent déjà grandement.

La recettedu bioplastique

Pour faire des bioplastiques, une première voie consiste à modifier chimiquement des polymères naturels tels l’amidon ou la cellulose. Une seconde voie est la production de mono­mères à partir de sources renouvelables telles l’acide lactique et la polymérisation de ce monomère afin de fabriquer le PLA. Une troisième voie possible est la production de polymères par synthèse naturelle obtenue au moyen de micro orga nismes contenus dans un milieu de fermentation. Une famille de polyesters appelée polyhydroxy alcanoate peut être produite de cette façon en utilisant des glucides ou des lipides comme matière première.

Le professeur Huneault travaille depuis quelques années sur la transformation de l’amidon pour en faire de l’amidon thermoplastique. « Pour ce faire, la structure cristalline de l’amidon doit être brisée par un processus thermomécanique et par l’ajout de plastifiants appropriés, explique­t­il. L’amidon ainsi rendu thermoplastique doit ensuite être encapsulé dans la matrice polymère de manière à le protéger de l’eau. L’ajout de tensioactif permet de finement disperser la phase amidon. Si l’opération réussit, le matériau devient très polyvalent. Selon la recette choisie, il peut servir tant dans des applications de matériaux plus caoutchoutés qu’à des matériaux extrêmement rigides », soutient le spécialiste.

> MICHEL HUNEAULT GÉNIE CHIMIQUE ET GÉNIE BIOTECHNOLOGIQUE

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DES EMBALLAGES EN PLASTIQUE PLUS ÉCOLOGIQUESLes découvertes et les innovations dans le domaine du génie des matériaux, un secteur en pleine émergence, favorisent une meilleure compréhension du comportement des maté­riaux et une optimisation de leur qualité à tous les niveaux. Le professeur Saïd Elkoun, du Département de génie mécanique, spécialiste de l’élaboration des matériaux polymères à haute valeur ajoutée, tente d’améliorer les propriétés des biopolymères comme le poly(acide lactique) ou PLA et les polyhydroxyalkanoates (PHA) pour pouvoir les utiliser dans la vie de tous les jours, et en particulier dans le secteur de l’emballage. « J’ai approfondi mes connais­sances sur les biopolymères lors de mon postdoctorat, en travaillant sur un projet industriel. Le plus grand défi consistait à améliorer leurs propriétés afin d’étendre leur utilisation et qu’ils soient une alternative intéressante aux plastiques issus du pétrole », estime Saïd Elkoun.

Les polymères ressemblent à des bouts de ficelle entremêlés de différentes longueurs. Ils se retrouvent partout et nous les utilisons tous les jours. Nos vêtements et nos muscles en sont composés. Quant à l’aspect de la valeur ajoutée, il consiste à leur conférer des propriétés plus spécifiques afin d’élargir leur voie d’application. L’expert du génie des matériaux travaille surtout avec des biopolymères issus de ressources renouvelables.

De Lille à Sherbrooke

« J’ai toujours été intéressé par la science puisqu’il fallait constamment que je sache comment appliquer concrè te­ment, dans la vie de tous les jours, ces notions fondamentales que je voyais dans mes cours. Mes différents stages dans le secteur privé m’ont par la suite permis de valider ma passion pour la recherche et le développement. Voilà pourquoi j’ai entrepris des études aux cycles supérieurs », explique le professeur Saïd Elkoun.

Titulaire d’un doctorat en science et génie des matériaux de l’Université des sciences et technologies de Lille en France, Saïd Elkoun a découvert sa voie pour l’enseignement lorsqu’à titre d’auxiliaire d’enseignement ou de chargé de cours, il devait répondre aux questions de ses étudiants. C’est à ce moment qu’il a su qu’il avait réussi à transmettre un message. En 1999, après son postdoctorat, Saïd Elkoun est devenu maître de conférences à l’École des mines de Nancy. « Nous ne faisions que de la recherche fondamentale, souligne le spécialiste des matériaux polymères. J’avais envie de projets plus appliqués pour le volet polymères et composites. » De 2001 à 2004, il œuvre au Conseil national de recherches Canada à l’Institut des matériaux avant d’être rappelé par son alma mater pour revenir y enseigner.

La façon de travailler nord­américaine lui manquait tellement qu’en 2008, il postule à l’UdeS, décidé à s’établir définiti­vement à Sherbrooke. « Je connaissais très peu cette ville. J’y étais venu en 2002 pour le Grand Tour à vélo de l’Estrie, organisé par Vélo Québec. Nous avions campé sur les terrains de l’UdeS et j’avais été saisi par la beauté des paysages et la qualité de vie », mentionne Saïd Elkoun.

AMÉLIORER LES PROPRIÉTÉS DES

BIOPOLYMÈRES

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Toujours à la recherched’exemples pratiques

Créatif, le professeur Elkoun est toujours à la recherche d’exemples pratiques pour expliquer les notions fonda men­tales à ses étudiantes et étudiants. « Tous mes enseignements passent par des exemples concrets et pratiques d’utilisation, dit­il. À la fin de mes cours, je conseille toujours à mes étu­diants de retenir une notion fondamentale et de l’associer à une application concrète. C’est ce que j’appelle l’appren tissage par l’exemple. Mais à force de me faire poser des questions, je n’arrive plus à leur fournir d’exemples. Je suis donc toujours à l’affût d’un bon exemple », précise­t­il avec humour.

Puisque l’année 2012 représentait le centième anniversaire du naufrage du Titanic, le professeur Elkoun a saisi la balle au bond en présentant à ses étudiants la démarche d’analyse des morceaux de l’épave et en faisant des liens avec la métal lurgie des matériaux. « J’ai pu ainsi leur démontrer les notions de défaillance des matériaux par le biais d’un sujet que tout le monde connaît », souligne­t­il.

En 2013, l’expert de la Faculté de génie s’attaquera au comportement mécanique d’une crème glacée, dont l’analyse entre la texture et la microstructure. C’est de cette manière qu’il entend présenter ses notions fondamentales, parfois difficiles à bien vulgariser.

« Au Département de génie mécanique, nous sommes quatre professeurs spécialisés dans les matériaux. Nous souhaiterions à court terme innover en développant sur Moodle une plateforme commune pour que nos étudiants du premier cycle puissent voir le cheminement de leurs connaissances en débutant par la base des matériaux jusqu’à leur appli­cation concrète. Ceci au moyen de vidéos, d’exemples, de projets, etc.», estime le professeur Saïd Elkoun.

Enseigner avecune logique d’écoconception

Saïd Elkoun a développé son enseignement dans une logique d’écoconception avec comme toile de fond le dévelop­pement durable. En d’autres termes, il aborde l’ingé nierie des matériaux par une approche innovante centrée sur le cycle de vie des matériaux. « Le déchet zéro, ça ne veut pas dire qu’au final nos étudiants devront récupérer ce qu’ils vont concevoir, et que rien ne sera jeté. Mais ils devront trouver une nouvelle application aux matériaux utilisés », explique Saïd Elkoun.

Dès l’amorce des projets, le professeur pose à ses étudiantes et étudiants des questions sur la finalité des diverses composantes du produit créé. Il leur donne des exemples de pays ou d’entreprises avant­gardistes dans ce domaine, comme les Suisses, qui transforment les bouteilles de plastique en une mousse isolante utilisée pour les bâtiments. Voilà un exemple concret : une bouteille d’eau, d’une durée de vie de quelques jours, qu’on transforme en un produit d’une utilisation de 30 ans. « La réutilisation de tous les morceaux est essentielle en génie mécanique, surtout au niveau des matériaux recyclés ou des matériaux recyclables », conclut Saïd Elkoun.

> SAÏD ELKOUN GÉNIE MÉCANIQUE

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OPTIMISER L’AÉRODYNAMIQUE ET L’EFFICACITÉ ÉNERGÉTIQUE POUR UN MEILLEUR CONFORTAprès avoir fait son baccalauréat en ingénierie en Algérie, il complète ses études doctorales à l’École polytechnique de l’Université de Nantes, influencé par son frère qui a choisi les sciences exactes. Le professeur Hachimi Fellouah, du Département de génie mécanique, traverse ensuite l’Atlan­tique pour relever le défi d’enseigner à Sherbrooke dans un environnement plus pratique que théorique. « Je me suis établi au Canada non seulement pour la qualité de vie retrouvée mais également pour le leadership de ce pays en matière de développement scientifique et technologique, de recherche et d’innovation », mentionne­t­il. Le spécialiste de l’aérodynamique et de l’interaction fluide­structure vise un équilibre constant entre l’enseignement et la recherche en apportant le fruit du résultat de ses études en classe par des exemples concrets.

Hachimi Fellouah fait partie d’un groupe de recherche de sept professeurs ayant obtenu une subvention de six millions de dollars pour le développement d’un nouveau tricycle hybride roadster qui sera incorporé dans la famille des Can­Am de Bombardier Recreational Products Inc. (BRP). Ce véhicule a la particularité de combiner les aspects d’une automobile par la dimension de sa surface frontale (véhicule à trois roues dont deux en avant) et d’une motocyclette par sa position de conduite et son exposition aux éléments extérieurs. « Ma contribution à ce projet concerne l’optimi­sation de l’aérodynamique externe du véhicule afin de réduire sa traînée aérodynamique et d’améliorer le confort du pilote », précise le professeur Fellouah.

> HACHIMI FELLOUAH GÉNIE MÉCANIQUE

DES VÉHICULES ETDES GRANDS ESPACES FERMÉS MOINS

ÉNERGIVORESAméliorer l’aérodynamiquedes véhicules

« L’objectif principal d’une meilleure aérodynamique des véhicules est de réduire la traînée aérodynamique agissant sur le véhicule dans le but de réduire sa consommation énergétique », explique le professeur Fellouah. Pour des vitesses importantes, supérieures à 70 km/h, la traînée aéro­dynamique devient prédominante. C’est pourquoi les études aérodynamiques sont importantes pour de telles vitesses.

La procédure expérimentale d’amélioration de l’aéro dy na­mique du tricycle de BRP se déroule dans la soufflerie de la Faculté de génie en suivant une simulation de la mécanique des fluides numériques. Elle consiste à étudier les mou­vements d’un fluide, afin d’y collecter des données fiables et complètes. Dans un premier temps, les zones du véhicule génératrices de traînées ont été identifiées afin de leur appliquer des optimisations adaptées. « Les premiers résultats de ce travail ont abouti à la réduction de plus de 22 % de la traînée aérodynamique totale du véhicule », estime le spé­cialiste en aérodynamique. Plusieurs étudiants au doctorat et à la maîtrise ainsi que des stagiaires ont contribué à ce projet, notamment par la construction des maquettes et de leur instrumentation ainsi que par la prise des mesures expérimentales.

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Le comportementdes structures sous l’effet du vent

Laissons de côté l’aérodynamique des bolides et faisons maintenant place aux autres projets de recherche d’Hachimi Fellouah dont l’étude du comportement d’un solide, telle une éolienne sous l’influence du vent. « Ce projet se rapporte au couplage fluide­structure qui concerne le comportement d’un solide sous l’effet d’un fluide en écoulement», explique le professeur Fellouah. De grands bénéfices peuvent être retirés de ce couplage, comme l’effet du vent sur les éoliennes qui produit de l’électricité, mais ce peut être également tragique, comme en témoigne l’effondrement du pont de Tacoma survenu le 7 novembre 1940 en raison du couplage aéroélastique tablier­vent. L’aéroélasticité se définit comme étant l’étude des vibrations des structures élastiques, par exemple un pont suspendu, sous l’effet du vent.

Dans le même ordre d’idées, le professeur Fellouah contribue actuellement à la recherche du professeur André Laneville et de la doctorante Karine Lavertu, qui étudient le phé no­mène de galop des conducteurs. Ce projet consiste à simuler les mouvements induits par le vent sur les lignes de trans­mission, entre autres, par le phénomène de galop, caractérisé par de grandes amplitudes et de faibles fréquences de vibration pour des systèmes possédant peu d’amortissement. Appliqué aux conducteurs, ce phénomène apparaît géné­ralement quand un profil de glace se forme autour des fils. « Pour cette fin, une série d’essais en soufflerie ont été menés pour mesurer les forces dues au vent sur un cylindre de forme D pour simuler la formation de la glace sur les fils conducteurs », explique Hachimi Fellouah.

De grands espaces fermésde meilleure qualité

Très éclectique dans sa recherche, le professeur Fellouah s’est également penché sur l’amélioration de la qualité de l’air et l’augmentation de l’efficacité énergétique dans un grand espace fermé (GEF), deux conditions cruciales pour l’obtention des conditions d’économie d’énergie et de santé souhaitées. À cet égard, le professeur Fellouah, en collaboration avec le professeur Nicolas Galanis, étudie comment les différent modes de transfert de chaleur (conduction, convection et rayonnement) et de masse (humidité) sont considérés dans un ensemble intégrant le bâtiment et les systèmes mécaniques CVC­R (climatisation, ventilation, chauffage et réfrigération).

Les concepteurs d’aujourd’hui cherchent le meilleur compromis possible entre deux exigences contradictoires, la minimisation de la consommation énergétique des systèmes et l’amélioration de la qualité de l’air intérieur et du confort thermique des occupants. Les GEF sont reconnus pour leur grande consommation d’énergie, une distribution de l’air intérieur inefficiente et de qualité insuffisante, des émissions de gaz à effet de serre et des besoins simultanés de chauffage et climatisation, de ventilation, et parfois de réfrigération.

« L’optimisation de cette situation nécessite la connaissance des mouvements d’air ainsi que son renouvellement dans l’ensemble du grand espace fermé, en fonction des activités qui y prennent place. Pour un meilleur résultat, la recherche de ce compromis doit commencer dès la conception et le dimensionnement du GEF », conclut le professeur Fellouah.

L’objectif de ce projet consiste à développer un modèle numérique précis pour les GEF, permettant d’évaluer et d’optimiser à la fois la qualité de l’air intérieur, le confort thermique des occupants et la consommation énergétique à partir de méthodes numériques qui seront validées par des mesures dans la nouvelle piscine de l’Université Bishop’s.

> HACHIMI FELLOUAH GÉNIE MÉCANIQUE

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Pour être en mesure d’élaborer un programme à visée profes­sionnelle et le mettre en œuvre par une approche par compétences et par parcours, celui­ci doit être conçu autour de quelques situations professionnelles que le jeune diplômé est susceptible de rencontrer dans l’exercice de ses fonctions. Les étudiantes et étudiants doivent être capables d’agir avec compétence dans ces situations. Plutôt que de construire le programme autour de thématiques par session ou d’éléments moins explicites en termes de situations professionnelles, « les professeurs devront poser la question suivante pour un étudiant qui en est au terme de sa deuxième session et qui s’apprête à faire un stage en entreprise : Qu’est­ce que cet étudiant serait probablement en mesure de faire ou qu’est­ce qu’on attendrait de lui dans ce stage en entreprise ? De là, les professeurs définiraient une situation professionnelle », explique le vice­doyen à la formation de la Faculté de génie, Patrik Doucet.

Par exemple, pour plusieurs des programmes de la Faculté, les étudiants sont appelés à faire de la conception. Cela signifie qu’au terme du deuxième trimestre d’études et juste avant d’aller en entreprise, ces futurs ingénieurs devraient être capables de concevoir un produit à partir d’un cahier de charges, soit à partir d’indications précises. Ils devraient ensuite être en mesure de concevoir une solution pour résoudre un problème de l’entreprise.

Pour assurer la réussite de ces parcours de profes sion­nalisation, les professeurs doivent faire équipe. Ils ne peuvent plus tout simplement donner leur cours puisqu’ils doivent travailler de concert afin de bien préparer les étudiants à la situation professionnelle prévue pour la fin d’un deuxième semestre ou pour la fin de chacun des semestres. Le corps professoral identifiera de quelles res­sources les étudiantes et étudiants ont besoin pour agir avec compétence dans cette situation. « Cet aspect de colla bo­ration avec les professeurs représente vraiment une condition clé pour le succès », précise le vice­doyen.

DES SITUATIONSPROFESSIONNELLES POUR

FUTURSINGÉNIEURS AVERTIS

> PATRIK DOUCET VICE-DOYEN À LA FORMATION

LA FACULTÉ DE GÉNIE INNOVE À NOUVEAU

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Opportunité institutionnelleet facultaire

En 2011, l’Université de Sherbrooke a adopté une nouvelle orientation institutionnelle en regard des parcours de profes­sionnalisation qui rejoint grandement les aspirations de la Faculté de génie. Guy Le Boterf, spécialiste de l’ingénierie des ressources humaines, de la formation et du management, et Jacques Tardif, professeur à la Faculté d’éducation et spécialiste mondialement reconnu de l’éva luation des compé­tences dans des programmes axés sur la professionnalisation des étudiants, ainsi que plusieurs conseillers, ont élaboré un cadre conceptuel sur les parcours de professionnalisation.

Cette réflexion s’était amorcée dès 1996, lorsque le Dépar­tement de génie mécanique a lancé un nouveau programme basé sur le développement de compétences. En 2001, c’était au tour du Département de génie électrique et de génie informatique d’entrer dans la danse en innovant au moyen d’un programme entièrement orienté vers l’apprentissage par problèmes et par projets qui visait également le dévelop­pement des compétences. Ne désirant pas demeurer en reste, le Département de génie civil et le Département de génie chimique et de génie biotechnologique ont innové à leur tour. Le premier a instauré la création d’un portfolio par les étudiants, le second a misé sur la réalisation de projets favorisant l’intégration des connaissances. « Tous nos programmes ont été construits dans cette idée d’un parcours de professionnalisation, selon une logique de progression cohérente des apprentissages des étudiants tout au long de leur formation. Il y a des ajustements à faire, mais la base est solide », commente le professeur Patrik Doucet.

Prenons l’analogie de la navigation pour parler des parcours de professionnalisation. Lorsque nous projetons un voyage en mer, nous avons une idée d’où nous partons et une idée de l’endroit où nous finirons notre parcours. Par la suite, un itinéraire est établi avant de se lancer sur les flots bleus. En cours de navigation, les différentes ressources et les connaissances seront mobilisées, des récifs et des imprévus se dresseront sur le chemin, et le capitaine de l’embarcation devra s’y adapter.

Nouvelles exigences du Bureau canadiend’agrément des programmes de génie

Les programmes de la Faculté de génie sont agrégés jusqu’en juin 2015, ce qui signifie qu’à l’automne 2014, le Bureau canadien d’agrément des programmes de génie (BCAPG) viendra faire l’audition des programmes de baccalauréat. Dans l’ancien modèle, la Faculté devait démontrer que ses étudiantes et étudiants avaient été exposés à un nombre d’heures suffisant en sciences mathématiques, en sciences du génie, en sciences fondamentales, en conception et en études complémentaires. Si les seuils minimums étaient atteints, le BCAPG reconnaissait les programmes comme étant de qualité.

Le BCAPG s’aligne dorénavant sur un mouvement inter­national en vue de favoriser la mobilité des ingénieurs, à l’instar des États­Unis. Plutôt que de s’intéresser au contenu du programme, on mettra l’accent sur le profil de sortie des futurs ingénieurs. « Nous devrons démontrer que nos ingé­nieurs maîtrisent les douze qualités attendues de tout ingénieur. En conséquence, le fardeau de la preuve est fort différent. C’est plus facile de faire une simple comptabilité du nombre d’heures que de démontrer que nos étudiants maîtrisent ces douze qualités », précise Patrik Doucet.

À l’échelle canadienne, la plupart des établissements dresse­ront la liste des activités pédagogiques et leur description, et ils détermineront en quoi elles favorisent l’atteinte de chacune des douze qualités. Une activité contribuerait, par exemple, pour une petite part à la qualité numéro deux et pour une grande part à la qualité numéro quatre. Une autre activité pourrait se répercuter sur d’autres aspects des qualités recher­chées. Comme le mentionne Patrik Doucet : « Nous aimerions dépasser un tel stade. Nous souhaiterions que les étudiants puissent documenter leurs réalisations dans un immense portfolio. Ce dernier témoignerait des différentes réa lisa tions que les étudiants ont faites et que ce soit de cette manière que nous puissions faire la preuve que nos étudiants maîtrisent les douze qualités à un niveau correspondant à un jeune ingénieur terminant un programme de génie. »

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Le profil de sortie des futurs ingénieurs

Dorénavant, les profils de sortie des futurs ingénieurs doivent être validés avec l’industrie pour s’assurer que les ingénieurs formés répondront à leurs attentes mais égale­ment à celles du Bureau canadien d’agrément des programmes de génie. Leur profil devra aussi répondre à celui d’un ordre plus scientifique parce qu’un ingénieur n’est pas qu’un hypertechnicien, c’est un professionnel qui a une mission envers le public. Avec toutes ces considérations, le profil de sortie des futurs ingénieurs est beaucoup plus précis.

Un portfolio électroniquepour développer ses compétences

Le portfolio électronique permettrait à l’étudiante ou à l’étudiant de documenter ses réalisations pour chacune des douze qualités requises par le BCAPG. Cet outil intégrerait également les stages. À cet égard, l’étudiant pourrait dire qu’en stage, il est responsable d’une équipe et qu’il est parti culièrement fier de la façon dont il a travaillé avec les personnes en place. « Ainsi, l’étudiant pourrait documenter sa réalisation par rapport à la qualité attendue du Bureau canadien d’agrément des programmes de génie concernant le travail en équipe. Les professeurs pourraient également documenter les différentes activités pédagogiques dans lesquelles il y a eu des évaluations », souligne le vice­doyen à la formation.

Cet outil de pilotage permettrait aux étudiantes et étudiants de faire un constat au terme de leur quatrième semestre afin de déterminer où ils en sont rendus dans le développement des douze qualités attendues au niveau du BCAPG. Ils seront en mesure de faire un autodiagnostic pour savoir où ils doivent redoubler d’ardeur. Par exemple, ils pourraient avoir du succès dans les sciences appliquées du génie mais devoir s’améliorer au niveau de la commu nication orale. « Ce sera à l’étudiant de se prendre en charge et de se donner des objectifs clairs », ajoute le professeur Doucet.

Pour les professeurs, un tel portfolio leur permettrait de constater le développement de chacun des étudiants et étudiantes. La plupart du temps, les étudiants suivent un enchaînement de cours, mais en voient­ils vraiment le fil conducteur ? Il y a une logique, un scénario derrière, mais ce n’est pas nécessairement explicite en ce moment. L’outil de suivi de développement des compétences permettrait de rendre explicite un tel scénario, et la Faculté de génie bénéficierait de grands avantages en implantant sous peu un tel outil… À suivre !

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Ils bénéficiaient de 500 livres de farine et de 200 livres de corned­beef, ils n’avaient ni papier hygiénique ni sous­vêtements. Ils portaient des bottes en cuir aux allures de souliers de quilles dont les semelles s’usaient en moins de deux jours sur les roches acérées des montagnes du Yukon. Ils disposaient de cartes géographiques datant de 1898 ! « Notre équipement et nos vêtements étaient d’une autre époque, le 19e siècle. Je devais refaire

la semelle de mes bottes tous les soirs en utilisant un petit rouleau de broche et des aiguilles de couture. Je perçais le pourtour du cuir des semelles que je brochais avec des sections de broche d’un centimètre », raconte Martin Clair, directeur de l’ingénierie chez Imprimeries Transcontinental à Saint­Hyacinthe et diplômé du programme de génie

mécanique en 1992 (34e promotion).

RECHERCHER DE L’ORAVEC LES MOYENS DU 19e SIÈCLE

DESTINATION DAWSON CITY POUR L’INGÉNIEUR MARTIN CLAIR

Toujours à la recherche de nouveaux défis, ce prospecteur en devenir a participé à La ruée vers l’or diffusée sur les ondes de TVA en 2012. Une série qui a fait revivre l’un des trajets d’aventuriers de la fin du 19e siècle partis à la recherche de l’or du Klondike. Six hommes et quatre femmes ont marché 1100 km dans des conditions extrêmes, transportant 36,3 kg de matériel chacun sur le dos. « Je désirais savoir si je faisais partie des vrais explorateurs et si j’avais la trempe des vrais aventuriers. Mais de toutes les difficultés et épreuves rencontrées au cours de notre expé dition, la plus difficile a été de franchir le pas de la porte de la résidence familiale avant de partir. Il y a eu des discussions intenses avec ma conjointe avant que je ne quitte pour ce grand périple », commente l’ingénieur Martin Clair.

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Au départ, les dix prospecteurs ont transporté 2268 kg de nourri ture et de matériel divers dont des scies et de petits poêles à bois afin de bénéficier d’une autonomie complète

pour une durée de trois mois. Après avoir effectué le trajet en train de Montréal à Vancouver, Martin Clair et les neuf autres participants sont montés à bord d’un paquebot pour se rendre à Skagway en Alaska, avant de mettre le cap sur Dawson City en vue de prospecter de l’or. « À une autre époque, les gens devaient arriver avec 907 kg à la douane canadienne qui se trouvait au sommet des montagnes avant de redescendre vers le fleuve Yukon », explique le prospecteur­ingénieur. Comme il y avait eu des famines et beaucoup de décès à Dawson City, les autorités canadiennes exigeaient alors que toute personne intéressée à faire de la prospection apporte tout ce qu’il faut pour être en autonomie complète durant un an.

La plus rude épreuve à laquelle le diplômé de la Faculté de génie a été exposé s’est déroulée le jour où, après avoir construit pour la première fois de leur vie deux radeaux, les participants ont embarqué les 1134 kg de matériel sur ces embarcations de fortune avant de parcourir les 800 km les séparant de Dawson City au gré du vent. « Trois semaines suffirent pour franchir cette distance, mais nous n’avions aucune idée de la manière dont les choses se passeraient », commente Martin Clair.

Pas de problèmes,que des solutions

L’ingénieur Martin Clair n’a que de bons souvenirs à relater au sujet de ses années passées à Sherbrooke. Ses professeurs lui ont appris à se débrouiller et à trouver des solutions aux problèmes qui se posent, de sages enseignements qu’il a utilisés durant son voyage au Yukon. Non seulement a­t­il obtenu son diplôme d’ingénieur à Sherbrooke, il y a égale­ment fondé une famille. Il a rencontré sa conjointe actuelle lors d’un FAK party organisé avec la Faculté d’éducation.

« Fort des retombées de mon dernier stage qui s’est déroulé chez Transcontinental dans le cadre du programme coopératif de l’UdeS, j’ai amorcé ma carrière en 1992 au sein de cette entreprise en tant qu’ingénieur junior, puis je suis devenu responsable de l’équipe de maintenance des grosses presses à imprimer de 100 pieds de long », rapporte­il fièrement. Après avoir géré les équipes de production durant dix ans, il a été nommé en 2005 directeur de l’ingénierie à Saint­Hyacinthe.

S’il a franchi avec brio les obstacles qui se sont dressés sur son chemin de chercheur d’or, c’est qu’il est doté d’une grande résistance physique et psychologique en raison de son expérience des longues randonnées de ski hors piste dans les montagnes des États­Unis et de ses nuits de camping dans les abris construits à leur sommet. Malgré toutes les émotions vécues au cours de l’expédition, le directeur de l’ingénierie chez Transcontinental repartirait à l’aventure n’importe quand, même si à son retour, il lui a fallu trois mois pour s’en remettre complètement. « Chaque journée au Yukon équivalait à une semaine en terme d’émotions, de tâches et d’activités accomplies. Il n’y avait pas de demi­mesure. Ces trois mois­là m’ont paru comme s’étant déroulés sur une année ! » s’exclame­t­il.

La grandeexpédition

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100 $ POUR UN PORTABLE POUR LES ENFANTS!

Concevoir des armes n’était pas ce qu’il prisait le plus. Il pré férait travailler au design de jouets et de produits

utilitaires, comme des portables à 100 $ pour les enfants pauvres de pays en développement ou encore des

lunettes d’ordon nance multi colores pour faciliter l’apprentissage de jeunes élèves mexicains. Jacques Gagné,

président de l’entreprise califor nienne Gecko Design, est un designer visionnaire et un philanthrope qui a laissé

sa marque dans la démocratisation de l’informatique, comme en témoigne le projet One Laptop per Child (OLPC).

Cet ordinateur portable devait permettre à tout enfant pauvre de bénéficier d’un ordinateur peu coûteux, robuste et con tenant des applications éducatives pour favoriser les apprentissages. « Premier portable pouvant résister à une chute de cinq pieds, il a été construit sur mesure pour les enfants afin que ceux­ci soient connectés entre eux et avec le monde, et surtout qu’ils aient accès à un meilleur avenir », explique avec enthousiasme le diplômé en génie mécanique de la Faculté (en 1983) Jacques Gagné, qui ajoute : « Le Notebook de Panasonic offre les mêmes propriétés de robustesse à une chute de quelques pieds mais à un coût unitaire de 2500 $. »

Invité à se joindre au projet initié par le designer Yves Behar, fondateur de Fuse Project en 1999, et mené par Nicolas Negro ponte, à l’origine du Magazine Wired et du MIT Media Laboratory, Jacques Gagné a proposé de nouvelles approches de design d’un portable présentant des propriétés anti col­lision. Aidé de son personnel et des ingénieurs de Quanta, une entreprise spécialisée dans la fabrication d’équipements en Chine et à Taiwan, il a développé des antennes moulées en plastique résistantes à une chute. Plutôt que de se briser, celles­ci ne font que plier. « Les coins arrondis du portable permettent à l’énergie dégagée par la chute d’être absorbée sans casser quoi que ce soit, tout comme l’écran, qui est fait de plastique et qui résiste aux impacts d’une chute », précise l’ingénieur, qui ajoute : « Il a fallu également faire quelques itérations de design pour que la charnière puisse pivoter et se plier sans qu’elle soit trop fragile et onéreuse. »

Outre ses talents indéniables de concepteur, le fondateur de Gecko Design s’est allié à des figures de proue du design et à deux humanistes qui ont à cœur de favoriser l’éducation chez les moins bien nantis de notre société. Comme le rapporte le professeur et chercheur Negroponte dans le site Internet de OLPC : « Everybody agrees that whatever the solutions are to the big problems, they… can never be without some element of education. »

Au plus fort de la course à l’achat de ce portable à 100 $, des compétiteurs ont joint la danse dont Intel et Microsoft, qui ont amorcé une campagne énergique auprès de pays qui

avaient l’intention d’en acheter de bonnes quantités. Après avoir fait un plan d’affaires et constaté qu’ils ne feraient aucun profit, Intel et Microsoft ont reculé. « Une telle tactique de leur part nous a fait perdre la vente de près de 8 millions de portables. Malgré tout, nous en avons vendus près de 2,5 millions », commente Jacques Gagné.

« Maintenant, avec la percée des tablettes informatiques, nous avons créé le OLPC 3 qui présente de nouvelles fonc tion na­lités, notamment une caméra intégrée et des multitouches permettant à plusieurs mains de jouer ou d’apprendre en semble sur le même écran», dit l’inventeur québéco­californien.

Parcours atypique d’un inventeur hors du commun

Après avoir terminé ses études de baccalauréat en génie méca nique en 1983 à l’Université de Sherbrooke, Jacques Gagné s’enracine à San Diego en Californie en 1988. Il occupe un poste d’ingénieur mécanique au sein d’une entreprise de télécommunications, Matra Datavision, dans le dépar te ment Computer­aided design and computer­aided manufacturing où il développe l’appli cation Euclid, un logiciel similaire à CATIA. Il y fait de la conception par ordinateur, et il utilise des systèmes informatiques pour créer, modifier, analyser et optimiser le design d’objets technologiques.

Jacques Gagné est par la suite invité à se joindre à General Dynamics de San Diego pour y implanter ce logiciel mais pour la conception d’armes. Il décline cette offre et fonde en 1992 une entreprise qu’il nomme à ses débuts Jacques Design, pour ensuite l’appeler Gecko Design, après avoir aperçu un gecko au­dessus de sa tête à Hawaï, alors qu’il était allongé pour la sieste !

GECKO DESIGN : www.geckodesigninc.com

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Serge Miller nommé ambassadeur de la Faculté de génie

Le président et chef de la direction d’ArcelorMittal Mines Canada, Serge Miller, a reçu le titre d’ambassadeur de la Faculté de génie au 17e Gala du rayonnement des diplômées et diplômés de l’Université de Sherbrooke, le 3 mai 2012. Serge Miller a débuté sa carrière en 1977 au sein de cette entreprise comme stagiaire, puis comme ingénieur. Il y est toujours 35 ans plus tard.

Avant d’accéder aux commandes de cette minière qui exploite le fer, Serge Miller a gravi plusieurs échelons. Il a été à la direction générale du secteur Port et de l’Usine de bouletage en 2003, puis à la vice­présidence aux opérations de l’ensemble de la compagnie, de l’extraction minière à l’expédition, en passant par le transport ferroviaire et le bouletage, en 2008. Après avoir assumé le leadership de l’équipe de direction comme vice­président et chef de l’exploi tation d’ArcelorMittal Mines Canada en 2009, et fort de toutes ces expériences, Serge Miller en devient le grand chef le 8 mars 2010.

Serge Miller

Yvon Chouinard Jacques Bazinet

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RAYONNEMENTLe fondateur de Patagonia,Yvon Chouinard, reçoit un doctorat honorifique

Reconnu mondialement pour avoir participé à l’âge d’or de l’escalade au parc national de Yosemite en Californie dans les années 60, promoteur du clean climbing et du dévelop pement de l’escalade glaciaire moderne dans les années 70, le fondateur de l’entreprise de vêtements et d’équipements de plein air Patagonia, Yvon Chouinard, a reçu en novembre 2011 un doctorat honorifique de l’Université de Sherbrooke. Ce titre lui a été décerné lors de la collation des grades de septembre 2010, à laquelle il n’avait pas pu être présent.

Mais comment un homme né de parents québécois ayant vécu toute son enfance dans le Maine et demeurant main­tenant dans l’Ouest américain, qui n’est pas diplômé de l’UdeS et encore moins ingénieur de formation, peut­il avoir été pressenti par la Faculté de génie pour recevoir un tel honneur ?

La réponse vient de celui qui a proposé sa candidature, le professeur Bertrand Côté, du Département de génie civil, grand amateur d’escalade : « Si ce n’est pas un ingénieur, c’est un ingénieux ! Il a toujours embrassé les valeurs de notre profession telles la conception, l’innovation, le respect de l’environnement, l’entrepreneuriat, l’action directe, l’expé ­rimentation et le développement de produits en ayant recours à l’analyse fonctionnelle et technique, dit­il. Toute sa vie, il a développé et testé des produits et des matériaux en appliquant les principes du développement durable et de l’analyse du cycle de vie, et ce, bien avant que ces termes deviennent populaires. Il allait de soi de reconnaître son innovation, sa contribution et sa réussite internationale. »

Jacques Bazinetconsacré professeur émérite

L’Université de Sherbrooke a décerné le titre de professeur émérite à Jacques Bazinet en reconnaissance de sa carrière en enseignement et en recherche.

Bachelier puis maître en sciences de l’Université de Montréal en 1957, Jacques Bazinet obtient un baccalauréat en péda gogie de l’Université de Sherbrooke en 1961 puis un doctorat de l’Université de Waterloo en 1966. La carrière du professeur Bazinet à l’Université de Sherbrooke s’étend sur plus de 39 ans, soit de 1957 à 1995. Entré en fonction à l’ouverture de la Faculté des sciences en 1957, il est l’un des premiers professeurs de cette faculté. Il s’est d’ailleurs vu décerner le titre de bâtisseur de l’Université de Sherbrooke en 1999. Il y enseigne les mathématiques jusqu’à sa retraite en 1995.

Sa profonde connaissance des mathématiques contribue à la qualité de son enseignement et lui permet également d’enseigner de 1968 à 1995 à la Faculté des sciences appliquées (devenue la Faculté de génie). Apprécié de ses étudiants, Jacques Bazinet enseigne à de nombreuses générations d’étudiants de la Faculté de génie.

Son dévouement et sa disponibilité exemplaires ont fait de lui un professeur qui a su mériter l’admiration et l’estime de ses étudiants, qui ont d’ailleurs créé en son honneur le prix Bazinet remis au meilleur enseignant de chaque programme de baccalauréat de la Faculté de génie.

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1re place à la compétition internationale 2012 de Formule SAE Hybride

Des étudiants des programmes de génie électrique, de génie informatique et de génie mécanique qui ont terminé leur baccalauréat en décembre 2011 ont décroché la 1re place à la Compétition internationale 2012 de Formule SAE Hybride, ex aequo avec l’équipe de l’Université Brigham Young. La compétition s’est déroulée au New Hampshire, du 30 avril au 3 mai. Les étudiants sherbrookois ont obtenu deux bourses d’excellence, soit un 1er prix de la compagnie Ford pour la gestion de l’énergie et un 2e prix de la compagnie GM pour le design. L’Universitat Politecnica de Catalunya en Espagne s’est hissée sur la 3e marche du podium parmi les 39 équipes participantes.

Dans un contexte de conception de voiture de course performante hybride, l’équipe a minimisé le volume de la boîte de piles au lithium. Ce choix a dicté le développement complet d’un système de gestion de batteries qui surveille les piles afin d’assurer la sécurité du pilote. Au niveau méca­nique, la stratégie établie consistait à centraliser la masse et à veiller à ce que le poids du prototype soit inférieur à 250 kg tout en ne négligeant pas la dynamique du véhicule et la gestion de l’énergie.

Compétition internationale de véhicules aériens miniatures : VAMUdeS, 1er au monde !

Le club étudiant Véhicule aérien miniature de l’Université de Sherbrooke (VAMUdeS) est devenu la 1re équipe cana­dienne à remporter la prestigieuse compétition internationale de l’Association for Unmanned Vehicle Systems International en décrochant la 1re position au classement général. Cet événement, qui se déroulait au Maryland du 15 au 17 juin, rassemblait 29 des meilleures équipes universitaires des quatre coins du monde.

Le nouveau système d’imagerie développé depuis le début de l’année par les étudiants de la Faculté de génie permet d’identifier des cibles au sol avec une très grande précision, comme en témoigne la qualité d’image exceptionnelle et la géolocalisation précise des cibles durant le vol. Les futurs ingénieurs sherbrookois ont remis un rapport technique qu’ils ont défendu en présentation orale, avant de passer à la séance de vol, le test ultime pour lequel ils ont obtenu la mention du Best Flight.

2012 EN ACTION :NOS ÉTUDIANTSOSENT ET GAGNENT !

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Compétition nationale canadienne de canoë de béton 2012 : L’UdeS 3e au pays !

L’équipe de canoë de béton de l’Université de Sherbrooke, Green Pearl, a décroché la 3e place parmi les 10 équipes participantes à la 18e Compétition nationale canadienne de canoë de béton, qui s’est déroulée à l’Université de Moncton du 11 au 13 mai. Deuxième en 2011, l’équipe 2012 souhaitait améliorer son classement en réduisant la masse de l’embarcation de 20 % et en apportant des modifications notables à sa forme… mais en vain. Souhaitons­leur la meilleure des chances en 2013.

Compétition canadienne d’ingénierie 2012 :L’UdeS deux fois première au Canada !

L’Université de Sherbrooke, représentée par 14 étudiantes et étudiants en ingénierie, a récolté deux premières positions sur une possibilité de six, poursuivant ainsi la tradition gagnante, lors de la Compétition canadienne d’ingénierie qui se tenait du 8 au 11 mars à l’Université de la Colombie­Britannique.

L’équipe de conception junior, composée de Louis­Simon Malo, Matthew Dyer, Simon Campeau et Jean­Michel Lambert, a décroché la médaille d’or malgré qu’elle ait changé de concept une heure seulement avant la fin de la compétition.

« Il fallait détenir de bonnes connaissances des théorèmes fondamentaux en ingénierie, comme la thermodynamique, pour prendre des décisions éclairées et concevoir le prototype le plus performant possible », explique le futur ingénieur mécanique Louis­Simon Malo. À cet égard, les étudiants sherbrookois devaient construire un prototype capable de faire fondre un glaçon le plus rapidement possible, tout en conservant un second petit bloc de glace intact à moins de 5 cm de distance de l’autre.

3e Défi Cecobois :Six étudiants de l’UdeS se démarquent

Six étudiants du Département de génie civil de l’Université de Sherbrooke se sont démarqués au 3e Défi Cecobois, un concours étudiant organisé à l’occasion du Salon de la forêt 2012 qui se déroulait du 13 au 15 janvier. Les étudiants ont relevé cette année tout un défi, soit celui de construire un abri à vélo pour un campus universitaire, à l’échelle 1:2, en utilisant les matériaux et les outils fournis.

En participant à ce concours lancé par le Centre d’expertise sur la construction commerciale en bois (Cecobois), les étudiants expérimentent concrètement les possibilités, la polyvalence et les avantages du matériau bois en cons truc­tion. Ils seront ainsi susceptibles de contribuer au retour du bois dans les constructions commerciales, industrielles et institutionnelles au Québec.

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INAUGURATION DU NOUVEAU PAVILLON DU 3IT

L’Université de Sherbrooke mise sur l’innovation technologique pour la qualité de la vie

Des robots interactifs qui dispensent des soins à distance et soutiennent les gens au travail et à domicile. Un manipulateur robotisé pour améliorer la précision du diagnostic ou du traitement du cancer de la prostate. Des diodes électro lu­minescentes pour l’éclairage de demain. Des cellules solaires de nouvelle génération utilisées en conversion d’énergie. Voilà autant de réalités sur lesquelles travaillent déjà les scientifiques, les étudiants et les industriels regroupés au sein de l’Institut interdisciplinaire d’innovation technologique (3IT) de l’Université de Sherbrooke.

Par des projets de conception, de prototypage et d’évaluation technologique, le 3IT appuie le développement de produits novateurs, notamment dans les secteurs de la santé, de l’information et des communications, du transport, de la sécurité et de l’énergie.

D’une superficie d’environ 7100 m2, cette infrastructure unique en Amérique du Nord favorise le transfert de nouvelles technologies vers des applications industrielles, allant de la conception à l’intégration jusqu’à la valorisation.

L’UdeS, IBM ET TELEDYNE DALSA INAUGURENT LE PLUS IMPORTANT CENTRE DE MICROÉLECTRONIQUE AU CANADA : LE C2MISitué à Bromont au Québec, le Centre de collaboration MiQro Innovation (C2MI) permet le dévelop pement et l’élaboration de prototypes applicables aux domaines de la santé, de l’automobile, de l’aérospatiale, de l’environnement, des technologies de l’information et des télécom muni ca­tions. Cette nouvelle entité est entièrement dédiée à la recherche et au développement de produits électroniques des futures générations.

Destiné à devenir un chef de file mondial dans le dévelop­pement de l’assemblage de puces électroniques et de microsystèmes électromécaniques, le C2MI sert d’interface entre la recherche universitaire et industrielle pour l’accé­lération de la commercialisation des produits électroniques de prochaine génération. Outre IBM et Teledyne DALSA, ce sont plus de 70 partenaires industriels qui ont contribué à l’implantation de ce centre à la fine pointe de la technologie. Cette association de partenaires poursuivra sa collaboration avec le Centre ainsi qu’avec les universitaires afin de maintenir l’infrastructure et les équipements en vue de répondre aux besoins du marché.

RÉUSSITES FACULTAIRES

Jacques Beauvais, vice-recteur à la recherche de l’UdeSNormand Bourbonnais, président-directeur général du C2MI

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GESTION INTÉGRÉE DES MATIÈRES RÉSIDUELLES AUX ÎLES-DE-LA-MADELEINE

Deux chercheurs en génie civilobtiennent le prix Coup de cœur de l’ADRIQ

Deux professeurs de la Faculté de génie de l’Université de Sherbrooke, Hubert Cabana et Arezki Tagnit­Hamou, ont remporté le prix Coup de cœur de l’Association pour le développement de la recherche et de l’innovation du Québec (ADRIQ), lors de la soirée Célébrons le partenariat tenue le 17 mai au Marché Bonsecours de Montréal.

Ces chercheurs se sont penchés sur le potentiel de développement et d’implantation aux Îles­de­la­Madeleine d’un système de biométhanisation couplé au système de gazéification et vitrification au plasma. Cette approche vise à valoriser la quasi­totalité des matières résiduelles sous forme d’énergie (chaleur et électricité), de compost et de matériaux de construction (vitrifiat). Il est possible de valoriser le vitrifiat comme substitut cimentaire dans la production de béton ou de matériel granulaire dans la construction de routes.

PyroGenesisCanada, l’un des partenaires associés au projet, expérimente sa technologie de valorisation des déchets par plasma éprouvée dans le domaine militaire aux États­Unis, ce qui permettra aux Madelinots de gérer localement les matières résiduelles. De plus, le Groupe de recherche sur le ciment et le béton de l’UdeS développe une nouvelle voie de valorisation des vitrifiats plasmagènes, tandis que le Groupe de génie de l’environnement sur la biométha­nisation planche sur des solutions peu connues qui ont un grand potentiel de développement.

DÉVELOPPEMENT DE NOUVEAUX PRODUITS À VALEUR AJOUTÉE

Une chaire formera des ingénieursen conception de produits en aluminium

Le Canada est le troisième producteur d’aluminium de première fusion au monde, derrière la Chine et la Russie. La création et la croissance des entreprises de transformation, qui développent des produits à haute valeur ajoutée et génèrent des emplois technologiques, représentent donc un enjeu économique important. Alors comment favoriser l’émergence de telles entreprises et intégrer davantage l’aluminium dans la fabrication des produits ?

C’est là qu’intervient la Chaire CRSNG en conception pour l’aluminium, sous la direction du professeur Alain Desrochers, de l’Université de Sherbrooke. Cette chaire du Conseil de recherches en sciences naturelles et en génie du Canada vise à former des ingénieurs compétents en matière de conception de produits en aluminium, grâce à une approche d’apprentissage par projets. Pour ce faire, les activités de la chaire couvriront tous les cycles universitaires.

Deux objectifs principaux sont poursuivis par le biais de cours et de projets de conception faisant usage d’aluminium, précise le titulaire Alain Desrochers. « D’une part, nous voulons évaluer et intégrer l’utilisation stratégique d’alu­minium dans les produits, dans une perspective intégrant le coût, le bénéfice et la performance, dit­il. D’autre part, il faut développer et disséminer les connaissances et l’expertise en conception de produits de manière à rencontrer les exigences de fiabilité et les contraintes de fabrication et d’assemblage imposées par les technologies et le marché. »

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PERCÉE MAJEURE EN NANOPHOTONIQUE

Détecter la bactérie E. coli en moins de deux heures

Une équipe de chercheurs menée par le professeur Jan J. Dubowski, de l’Université de Sherbrooke, a développé une nouvelle approche afin de détecter les virus et les bactéries plus rapidement que les méthodes traditionnelles. En effet, à partir de biocapteurs à semi­conducteurs quan­tiques, elle a été en mesure de détecter in situ la présence de la bactérie E. coli en moins de deux heures. L’importance d’une telle innovation réside dans la possibilité de créer une instrumentation portative qui permettra de faire des tests sur place et à faible coût en raison de la petite taille des détecteurs photoniques. Ce travail de collaboration inter­facultaire met en lumière la participation du microbiologiste Éric Frost, professeur à la Faculté de médecine et des sciences de la santé, ainsi que de Valérie Duplan, étudiante en biologie.

« L’idée de la détection se base sur la mesure de l’émission optique des nanocristaux semi­conducteurs qui se modifie si une biomolécule, comme un virus, s’immobilise sur la surface de tels matériaux », explique le professeur Dubowski, du Département de génie électrique et de génie informatique. Celui­ci ajoute qu’il pourrait encore améliorer le temps de réponse avec d’autres tests à venir à partir de virus ou bactéries qui portent une certaine quantité de charge électrique négative.

L’approche classique pour détecter les bactéries pathogènes peut parfois prendre jusqu’à 10 jours avant de livrer des résultats. D’autre part, elle nécessite la présence de tech­niciens hautement qualifiés pour manipuler des appareils parfois très sophistiqués, d’où l’importance de la poursuite des travaux de recherche qui permettront de détecter et d’identifier en peu de temps ces bactéries responsables des maladies d’acquisition communautaire.

DE FUTURS INGÉNIEURS AU SERVICE DE LA COMMUNAUTÉ

L’UdeS, 1re université canadienneà s’engager dans EPICS

Le baccalauréat en génie mécanique de l’Université de Sherbrooke a été reconnu comme étant le premier pro gramme canadien à joindre le volet international d’Engineering Projects in Community Service (EPICS) par Maeve Drummond, coordonnatrice d’EPICS à la Purdue University de Lafayette, en Indiana. Initié en 1995, ce programme offre aux étudiantes et étudiants l’occasion d’établir des partenariats avec des organisations à but non lucratif afin de les aider à améliorer leurs services à la communauté au moyen de solutions technologiques.

À ce jour, plus de 2500 étudiantes et étudiants se sont engagés dans ce programme, qui a été mis sur pied dans une quinzaine d’universités aux États­Unis mais également en Nouvelle­Zélande et à Porto Rico.

« Plus que jamais, les organismes à but non lucratif sont appelés à miser sur la technologie pour assurer, coordonner et améliorer leurs services. Or, bien souvent, ces organi sa­tions n’ont ni l’expertise ni les budgets nécessaires pour mettre au point des solutions technologiques répondant à leurs besoins », explique la professeure Ève Langelier, du Département de génie mécanique.

Ce programme permet à des étudiantes et étudiants en ingé­nierie de réaliser des projets au service de la communauté dans le cadre d’activités d’apprentissage planifiées. Leur enga gement est ainsi reconnu grâce à l’attribution de crédits, tout comme l’est la réussite d’une activité pédagogique prévue au baccalauréat. Comme les ingénieures et ingénieurs sont reconnus pour mettre à profit leurs connaissances et compétences en vue de faire avancer les sociétés et améliorer la qualité de vie des gens, ils représentent alors d’excellents candidats pour venir en aide à ces organisations.

RECHERCHE EN MICRO-NANOTECHNOLOGIES

L’UdeS, port d’entrée du point de contact Amérique-Europe

Plus de 160 chercheuses et chercheurs canadiens et français du domaine des micro­nanotechnologies se sont réunis du 15 au 18 juillet à Orford afin d’officialiser la création du premier laboratoire bilatéral du Centre national de recherche scientifique (CNRS) en Amérique du Nord, l’Unité mixte internationale CNRS (UMI­3462), appelée Laboratoire Nanotechnologies et Nanosystèmes, avec des sites miroirs en France. «De 2008 à 2011, de nombreuses thèses en cotutelle sur différents projets ont été réalisées dans le cadre d’un Laboratoire international associé, ce qui a permis la création de cette entité», soutient le professeur Vincent Aimez, du Département de génie électrique et de génie informatique de l’Université de Sherbrooke.

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automne 2011

1555 ÉTUDIANTS TEMPS PLEIN – 1er CYCLE

254 FILLES VS GARÇONS – 1er CYCLE

79 FILLES AUX 2e ET 3e CYCLES

452 ÉTUDIANTS AUX CYCLES SUPÉRIEURS

235 2e CYCLE

217 3e CYCLE

PROGRAMMES OFFERTS

6 1er CYCLE

9 2e CYCLE (NE COMPREND PAS LES MICROPROGRAMMES)

4 3e CYCLE (NE COMPREND PAS LES MICROPROGRAMMES)

37 024 STAGES COOPÉRATIFS RÉALISÉS/ÉTUDIANTS EN GÉNIE

(DE 1967 À ÉTÉ 2012)

22 CHAIRES DE RECHERCHE

8 CHAIRES CRSNG INDUSTRIELLES

8 CHAIRES CRC

6 CHAIRES PRIVÉES

12 590 DIPLÔMES DÉCERNÉS (1959-2011)

9 828 1er CYCLE

2 276 2e CYCLE

486 3e CYCLE

95 PROFESSEURS

315 EMPLOYÉS

autres

26,9 M $/an FINANCEMENT DE LA RECHERCHE (AU 31 MARS 2011)

(MOYENNE)

9,5 M $ REDEVANCES (2011)

126 BREVETS DÉPOSÉS (AU CUMULATIF EN 2011)

12 INVENTIONS PROTÉGÉES (AU CUMULATIF EN 2011)

7 ENTREPRISES DÉRIVÉES (CUMULATIF – EN OPÉRATION – 2011)

TOUT EN

CHIFFRES !

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CHIFFRES !

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FACULTÉ DE GÉNIE

Université de Sherbrooke 2500, boul. de l’Université, Sherbrooke (Québec) J1K 2R1 CANADA

1 800 267-8337 www.USherbrooke.ca/genie

CABINET DU DOYEN

819 821-7111 [email protected]

L’Association générale des étudiants en génie

Toujours à l’écoute de ses membres, l’Asso ciation générale des étudiants en génie (AGEG) travaille de pair avec les instances facultaires afin d’amé liorer l’environnement des étudiantes et étudiants. Depuis l’automne, les futurs ingé­nieurs peuvent profiter d’une toute nouvelle cafétéria et d’un parc extérieur. Le projet de réaménagement a permis d’optimiser l’aire de travail et de détente.

Pour atteindre les objectifs évoqués dans le plan de dévelop­pement stratégique de la rectrice Luce Samoisette, l’AGEG cherche à valoriser ses groupes et ses organisations pour augmenter leur visi bilité dans l’enceinte même de l’Université de Sherbrooke, au Québec et à l’échelle inter­na tionale. Dans cette même optique, le groupe VAMUdeS s’est particulièrement démarqué l’an dernier en remportant plusieurs titres, dont la prestigieuse compétition inter na­tionale AUVSI 2012. Cette réussite fait briller l’Association et la Faculté de génie à travers le monde.

En lien avec sa mission initiale, l’AGEG offre tou jours une grande variété de services et d’activités à tous les étudiants et étudiantes de 1er cycle. L’organisation d’événements univer si taires et interuniversitaires reste au cœur du travail de l’Association. Plusieurs événements sont à l’agenda : l’Oktoberfest, la fête d’avant­partie Vert & Or (tailgate), les Jeux de génie, la Rencontre des braves, la Confédération pour le rayonnement étudiant en ingénierie au Québec ainsi que le congrès annuel de la Fédération canadienne des étudiantes et étudiants en génie 2014 qui aura lieu en sol sherbrookois.

Le Groupement des gradués en génie

Le Groupement des gradués en génie (G3), est l’association des étudiantes et des étudiants de maîtrise, de doctorat et de postdoctorat de la Faculté. Très active depuis plusieurs années, elle est l’une des associations les plus importantes des cycles supérieurs de l’Université de sherbrooke. La mission du G3 est de représenter les étudiants de cycles supérieurs de génie auprès des différentes instances de la Faculté et de l’Université.

En plus de proposer de nombreuses activités sociales, comme des barbecues, du golf, des tournois de soccer, une initiation au curling ou encore des soirées quilles ou billard, le G3 s’occupe de l’accueil des nouveaux étudiants de 2e et 3e cycles, de l’organisation de conférences ainsi que du salon de l’emploi annuel auquel participe plus de 25 entreprises.

De plus, le G3 organise des 5@8 pour étu diants diplômés en collaboration avec d’autres associations de cycles supérieurs, permettant ainsi la rencontre entre les membres du G3 et ceux d’autres facultés. ■

Quoi de neuf chez nos associations étudiantes ?