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artisan de l’avenir d’un enfant LES PARRAINAGES, DES CLÉS POUR L’AVENIR PUBLICATION TRIMESTRIELLE • N° 155 • DÉCEMBRE 2014

Journal de L'APPEL n°155

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Numéro spécial sur le parrainage

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artisan de l’avenir d’un enfant

LES PARRAINAGES, DES CLÉS POUR L’AVENIR

PUBLICATION TRIMESTRIELLE • N° 155 • DÉCEMBRE 2014

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2 Décembre 2014 www.lappel.org

Marie-Claire Elie nous a quittés

Nous avons appris avec tristesse la dispari-tion de notre amie Marie-Claire Elie, béné-vole au sein de notre antenne de Cherbourg depuis l’origine, en 1989. « Koutou* » pour nos amis tchadiens de Sarh, a participé à de nombreuses missions à l’hôpital de Sarh, y développant le sens et la pratique de l’hy-giène et la rigueur dans les soins, à la mater-nité comme en pédiatrie.

Toute l’équipe de L’APPEL se joint à celle de Cherbourg et adresse à sa famille et à ses proches ses plus sincères condoléances.

*Koutou, en sarah, c’est « la cadette des jumeaux » ; c’est dire combien Marie-Claire portait la fraternité au cœur de nos relations Sarh-Cherbourg ! Koutou tu vas beaucoup nous manquer, ici comme là-bas…

SommaireJ Éditorial.................................................... 3

J Dossier parrainage .......................... 4 à 13

J Tchad : Une campagne de renutrition qui prend forme ..................................... 14 Aider des jeunes filles de la brousse à accéder aux études longues .................. 15

J Pérou : Devenez volontaires avec L’APPEL ! ..... 16

L’APPEL a reçu la visite d’amis du Sud

Madame le Docteur DUONG LAN DUNG. Venue de l’Hôpital National de Gynéco-Obstétrique d’Hanoï, elle a exploré, entre les deux Hôpitaux de Nanterre et de Colombes, toutes les formes de suivi et d’accueil des jeunes mères en maternité jusqu’à leur retour à la maison et ensuite jusqu’à la crèche pour les tout-petits.

Ignace HATEGEKIMANA. Secrétaire exécutif de L’APPEL de l’Avenir des Enfants du Rwanda, il est l’homme-orchestre de tous les programmes de L’APPEL au Rwanda. Vous pouvez lire son interview en page 11.

Hubert BANGUISSA. Médecin chef du service de pédiatrie de l’hôpital de Tié Tié à Pointe Noire au Congo, il est venu assister aux Journées Parisiennes de Pédiatrie. Arlette Le Nôtre l’a rencontré pour préparer un nouveau programme de soins aux enfants diabétiques, en collaboration avec des médecins du Morbihan.

Régine GOMA et Delphine KAYA. Nos partenaires à Pointe-Noire pour les parrainages collectifs et individuels nous ont rendu visite cet été à Paris et à Lorient, l’occasion de faire le point sur les actions menées.

Jean-Baptiste NYAJANG, qui a travaillé avec L’APPEL à des actions de prévention du Sida au Cameroun, est venu à Paris pour compléter sa formation d’aide-soignant.

D’ici et d’ailleurs...

Grâce au soutien de Monsieur Etienne Pfender, un concert a été donné, le 23 novembre,

au bénéfice de L’APPEL.

Concert

En cette période de crise, nous devons, plus que jamais, étendre notre réseau de sympathisants. La rentrée 2014 a été l’occasion pour notre association de se doter de nouveaux outils et de participer à des opérations innovantes qui contribuent à faire connaître nos valeurs et nos actions auprès de nouveaux publics.

L’APPEL a ainsi fait son entrée dans l’ère des réseaux sociaux, en se dotant de sa pre-mière page Facebook (https://www.facebook.com/asso.lappel). Vous y retrouverez des informations relatives à la vie associative et l’actualité de nos projets. N’hésitez pas à faire découvrir L’APPEL en diffusant cette page auprès de vos proches.

Autre nouveauté de cette rentrée, L’APPEL a participé pour la première fois à l’opération Microdon, qui a eu lieu les 10 et 11 octobre 2014 à Paris. Organisée chaque année, avec le soutien de la Ville de Paris, elle nous a permis, le temps d’un week-end, de faire appel à la générosité des clients d’un magasin de proximité.

Cette opération nous a surtout donné l’opportunité de faire connaître notre activité auprès d’un tout nouveau public particulièrement sensible à la dimension humaine de nos projets.

L’APPEL à la recherche d’une meilleure visibilité

89, avenue de Flandre Boîte n° 9001 - 75019 Paris

Tél. : 01 42 02 77 78

Site : www.lappel.orgE-mail : [email protected]

Directeur de la publicationPatrick Larmoyer

avec la collaboration de Madeleine Le Moullec

Réalisation INTERCOM 1bis rue Charles de Gaulle,

ZI de la Marinière, 91070 BONDOUFLECommission paritaireN° 0912 H 84899ISSN 0398 6039

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Décembre 2014 3www.lappel.org

ÉDITORIAL

En cette fin d’année, propice aux bilans, difficile de ne pas faire le constat, même sans donner dans le catastrophisme ambiant, des mille difficultés dont le suivi de l’actualité nous fait les témoins. Ici et ailleurs. A tel point que la tentation de rejoindre la triste cohorte des « aquoibonistes » pointe parfois…

Et cependant, l’expérience renouvelée de L’APPEL, année après année, nous enseigne sans bruit, mais avec constance, qu’à condition d’être clairs dans nos choix et persévérants dans nos actions, il est possible de ne pas rester simples spectateurs de la misère et de relever avec succès certains défis.

Les parrainages, qui sont le thème principal développé dans le présent numéro de votre journal, en donnent la démonstration. L’accompagnement attentif sur le long terme se révèle payant. Permettre à des enfants très jeunes, et jusqu’à la fin de l’adolescence, d’avoir accès à l’éducation est la voie la plus efficace pour les sortir d’un destin qui, faute de cela, serait très compromis, voire tragique.

Alors, aussi sollicités que vous puissiez l’être par ailleurs en cette période, soyez certains que seule votre fidélité permet à nos équipes d’animer et de renouveler sans cesse des programmes porteurs d’avenir et riches de réussites.

Soyez en chaleureusement remerciés

Madeleine Le MoullecPrésidente de L’APPEL

L’APPEL est une association de solidarité internationale non confessionnelle qui mène depuis plus de 45 ans des actions en faveur des enfants et de leur communauté dans :

• 3 domaines : la santé, l’éducation et l’accès à l’eau

• 10 pays : Burkina Faso, Cameroun, Congo Brazzaville, Haiti, Madagascar, Pérou, Rwanda, Salvador, Tchad, Vietnam.

L’association réalise 30 projets de développement grâce à 100 professionnels bénévoles (médecins, personnels de santé, enseignants, ingénieurs, travailleurs sociaux…), permettant que l’essentiel des dons parvienne aux enfants.

Répondant aux problèmes précis soulevés par ses partenaires locaux, L’APPEL met l’accent sur la proximité, sur le terrain, grâce à des programmes évolutifs et adaptés, au plus près des enjeux et des réalités. Mais nous mettons aussi l’accent sur la relation avec nos donateurs, car donner, c’est accorder sa confiance, permettre un progrès, un développement.

L’APPEL est une association à l’écoute des enfants, des familles et des donateurs. Chaque enfant reçoit, les soins et l’attention qui lui sont nécessaires pour grandir parce que chaque enfant est unique.

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Nous consacrons le « dossier » de ce numéro aux parrainages qui se déroulent dans sept de nos dix pays d’intervention. Ces actions représentent 38% de l’activité de L’APPEL, soit environ 200.000 euros en 2013. Ces sommes proviennent de la générosité des donateurs.

Quelles définitions du parrainage à L’APPEL ?Le fonctionnement de nos parrainages diffère suivant les pays. On peut distinguer :

• les parrainages individuels : un enfant (ou une famille) est aidé(e) par un parrain*. De tels parrainages sont menés au Burkina Faso, au Congo, au Salvador et au Vietnam.

• les parrainages collectifs : un groupe d’enfants ou de jeunes est aidé collectivement par un groupe de parrains. C’est ce que la Cour des Comptes appelle le « parrainage de projet », par exemple :- l’aide à la prise en charge de familles affectées par le VIH/Sida

au Burkina Faso,- le soutien à des jardins d’enfants, au Vietnam,- l’aide au fonctionnement d’écoles, avec paiement d’écolages, en

Haïti,- la participation au fonctionnement de foyers pour enfants des

rues, au Pérou,- l’attribution de bourses d’études, au Vietnam, à l’île de la Tortue,- l’aide à la scolarité d’un groupe de jeunes, au Rwanda et au

Salvador…

Deux acteurs indispensables : le porteur de projet de L’APPEL et le correspondant localLe porteur de projet de L’APPEL est à l’initiative du parrainage, sur proposition du correspondant local. Il communique avec les parrains, suit le budget de l’action, recherche des financements complémentaires, veille au respect de la déontologie de L’APPEL. En contact régulier avec le correspondant local, il se rend sur place une ou deux fois par an pour suivre l’action et la faire évoluer.Le correspondant local est le plus souvent une association, parfois un individu. Il sélectionne les enfants ou les collectivités à parrainer, il distribue l’aide régulièrement et tient les comptes, assure un suivi psycho-social, rédige des rapports réguliers et traduit, éventuellement. Pour le choix du ou des filleul(s), le correspondant s’appuie sur des structures locales (directeurs et enseignants d’écoles, associations, services sociaux s’il en existe…). Les critères retenus sont discutés avec le porteur de projet.

Les parrainages individuelsIls ont pour objectifs la santé et le bien-être du filleul, la poursuite de sa scolarité et son accès à l’autonomie par l’obtention d’un diplôme ou d’une formation professionnelle.Le filleul reçoit une aide financière régulière et parfois des dons en nature (nourriture, vêtements). Le parrainage individuel est une action de très longue durée (souvent une dizaine d’années). Il se termine en général quand le filleul a obtenu un diplôme d’études supérieures ou a terminé une formation professionnelle, ou bien quand la situation financière de sa famille s’est améliorée. D’autres fins de parrainages peuvent être moins positives: interruption de scolarité, informations dissimulées…

QUE RECOUVRE EXACTEMENT LE TERME « PARRAINAGE » À L’APPEL ?

DOSSIER PARRAINAGE

Vous informer est une obligation : L’APPEL mène des actions de parrainages dans plusieurs pays. Beaucoup d’autres associations également. De quoi s’agit-il précisément ? La Cour des Comptes, dans un rapport de mars 2012 consacré aux actions de parrainages, insiste sur « la diversité des définitions et des pratiques en matière de parrainage international » et la nécessité de fournir aux donateurs et parrains une « définition claire et constante du concept de parrainage utilisé par l’association ».

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*On regroupe sous le nom de « parrains » l’ensemble parrains et marraines.

La Cour des Comptes mentionne que certaines associations sont réticentes aux parrainages individuels, soulignant « le risque de créer une disparité ou des jalousies entre enfants au sein d’une communauté ou d’un village, celui de favoriser l’assistanat du filleul ou de sa famille, celui de laisser s’établir des liens contestables sur le plan déontologique entre le parrain et le filleul. »

Les parrainages collectifs Ils ont pour mérite, note la Cour des Comptes, de « promouvoir une communauté de vie et non pas un seul enfant qui peut être déstabilisé par ce soutien personnel ». Ils apportent toujours une aide régulière, dont la durée est liée à celle du projet concerné. Cette aide peut revêtir diverses formes : aide financière, aide en nature, organisation de formations… Les bénéficiaires se renouvellent au fil du temps : ceux qui ont terminé leurs études ou leur apprentissage sont remplacés par d’autres jeunes qui présentent les mêmes caractéristiques sociales.

Quelles sont les relations avec le parrain* ?Son choix porte à la fois sur un pays et un mode d’organisation du parrainage. S’il choisit le parrainage individuel, il doit être conscient de la durée de son engagement : un enfant va compter sur son soutien, il ne peut le décevoir. Si toutefois le parrain doit arrêter ses versements, L’APPEL s’efforcera de trouver une solution.

Le parrain reçoit de la part de L’APPEL des informations sur son futur filleul ou sur le projet qu’il va soutenir. Il reçoit également la Charte des Parrainages de L’APPEL, rappelant le fonctionnement de nos parrainages et les grands principes respectés par notre association. Ensuite, nous donnons des nouvelles une ou deux fois par an, après chaque mission consacrée à l’action. Le journal et le site de L’APPEL permettent également de suivre l’actualité des parrainages et les comptes de l’association.

Dans le cas d’un parrainage individuel, des courriers peuvent être échangés entre le filleul et son parrain. Les lettres des filleuls contiennent parfois des remerciements très conventionnels. Cependant, si le parrain envoie lui-même des nouvelles un peu personnelles, on note au fil du temps un enrichissement du contenu des courriers, et de véritables liens d’affection peuvent se tisser. Il est recommandé que le courrier passe par L’APPEL : les lettres sont lues par le responsable du programme avant d’être transmises afin d’éviter toute dérive.

Et les visites ? Comme le précise notre Charte, « il est très fermement déconseillé de faire venir un filleul en France dans le cadre du parrainage. » Par contre, les parrains peuvent aller voir leurs filleuls, à l’occasion d’un voyage dans leur pays. La rencontre doit se faire en présence du correspondant local. Ces visites sont également possibles pour les projets de parrainages collectifs.

En conclusion, le rapport de la Cour des Comptes met justement en relief un aspect fondamental du parrainage : il s’agit le plus souvent d’une forme d’aide au développement. Cette conclusion ne peut que nous encourager à poursuivre ce type d’action.

Jeanine MaederResponsable des parrainages au Vietnam

Ile-de-France

Au Rwanda, une distribution de repas

Une filleule au Salvador

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DOSSIER PARRAINAGE

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DOSSIER PARRAINAGE

Les jeunes diplômés ont-ils trouvé un travail ? Les 14 diplômés vietnamiens travaillent : 10 ont un emploi correspondant à leur diplôme (ingénieur, technicien, enseignant, comptable, employés dans le secteur du tourisme…)Pour les 4 autres : un militaire est cultivateur, un technicien en informatique est cuisinier dans un grand restaurant, une chimiste est vendeuse et un diplômé en industrie post-récolte est devenu religieux.

Les 49 diplômés montagnards ont beaucoup plus de difficultés à trouver un emploi. Ils sont nombreux, en attendant, à retourner cultiver le café dans leur village. Des jeunes filles se marient, élèvent leurs enfants… Cependant certains ont obtenu un emploi très satisfaisant : un diplômé en Economie travaille au Service des Finances de la province de Lam Dong, une diplômée en commerce international vit maintenant en Australie, trois diplômés en informatique (dont une ingénieure) travaillent bien dans ce secteur.

Ce programme de bourses d’études apporte énormément à tous ces jeunes issus de familles défavorisées. Seule l’acquisition de savoir et de diplômes peut en effet leur permettre d’échapper à la pauvreté.

Nous avons eu le plaisir, récemment et pour la première fois, de recevoir pour ce programme un don de l’une de nos anciennes boursières.

Jeanine MaederJeanne Xavier

Ile-de-France

VIETNAM. UN BILAN DE 10 ANS DE BOURSES À DE LAM DONG

Khoan et Phluit

Depuis plus de dix ans, L’APPEL a versé des bourses à 120 lycéens et étudiants « montagnards » (minorité ethnique), et à 54 étudiants vietnamiens. Certains d’entre eux continuent à bénéficier de cette aide. Nous présentons ici un bilan concernant ceux pour lesquels l’aide est arrêtée : 14 vietnamiens et 88 montagnards.

Etudiants montagnards de Lam Dong à Hô Chi Minh-Ville avec Madame Hoa

Vietnamiens Montagnards

Nombre d’anciens boursiers (aide terminée) 14 88

Nombre de diplômés de l’enseignement supérieur 14 (100 %) 49 (56 %)

Nombre de boursiers ayant obtenu le baccalauréat et ayant suivi quelques années post-bac - 18 (20 %)

Nombre de lycéens ayant abandonné avant l’obtention du baccalauréat - 19 (22 %)

Nombre de boursiers partis à l’étranger - 2 (2 %)

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DOSSIER PARRAINAGE

Pour plus de la moitié d’entre eux (41 filleuls, soit 54,6 %), le parrainage a permis la poursuite d’études et un accès satisfaisant au monde du travail (48 %), ou bien encore un traitement médical (6,6 %). Leur vie a sans aucun doute été nettement améliorée par ce parrainage.

• vingt-six filleuls ont terminé des études supérieures avec succès. Ils sont ingénieurs, cadre dans une compagnie d’assurances, guide touristique, hôtesse de l’air, enseignant, techniciens dans des entreprises, comptables d’entreprises, policier, aide-soignante, secrétaires dans des écoles… Cependant, certains rencontrent des difficultés pour trouver un travail correspondant à leur diplôme (infirmière ou aide-soignante, enseignant, diplômé en économie…) et sont, pendant un temps plus ou moins long, caissière dans un supermarché ou serveur dans un café…

• huit filleuls ont terminé une formation professionnelle. Ils sont masseur, coiffeuses, ouvrier soudeur, mécanicien dans une entreprise, couturière…

• deux filleuls ont trouvé du travail après obtention du baccalauréat.

• cinq filleuls ont bénéficié d’opérations médicales (opérations à cœur ouvert, opérations orthopédiques…) ou d’aide pour surmonter un handicap.

Pour les 34 autres familles (45,4 %), le parrainage n’a malheureu-sement pas conduit à une nette amélioration des conditions de vie.

• vingt-trois filleuls ont abandonné leur scolarité en cours de route, sans obtenir aucun diplôme.

• cinq filleuls n’ont plus donné signe de vie, nous avons perdu leur trace.

• cinq familles ont vu leur parrainage supprimé car elles nous avaient dissimulé des informations importantes.

• un filleul handicapé a reçu de l’assistance pendant quelques années, sans changement notable dans sa situation.

Une réflexion doit être menée à partir de ces résultats : malgré tout le suivi psycho-social exercé avec grand sérieux par nos correspondants, le parrainage ne permet pas à certaines familles de sortir de la grande pauvreté. L’accumulation de problèmes économiques, sociaux, sanitaires peut empêcher les enfants de réussir toute scolarité ou toute formation.

En effet, même dans un contexte de grande pauvreté, l’intérêt porté par les parents aux études de leurs enfants joue un rôle déterminant.

Jeanine MaederJeanne Xavier

Ile-de-France

VIETNAM. QUE SONT DEVENUS LES ANCIENS FILLEULS VIETNAMIENS DE L’APPEL ?

Depuis la fin des années 1980, environ 130 familles vietnamiennes ont été parrainées par L’APPEL. Ce parrainage est terminé pour 75 d’entre elles. Quel en a été l’impact sur le devenir des enfants ?

Thanh Hang, une ancienne filleule avec sa mère et ses deux filles

Ngoc Ha et ses filles

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8 Décembre 2014 www.lappel.org

Un premier bilan nuancéAu terme de ces dix années, les chiffres font apparaître un bon bilan : de 30 en 2006, les bénéficiaires sont passés à 54 en 2014, en incluant les 19 allocations d’études primaires ou secondaires qui font suite au parrainage initial. Les parrains prenant en charge un enfant particulier se sont raréfiés, mais des parrainages collectifs et des dons pallient cette diminution. Le budget global a cru sensiblement passant de 13 772 € en 2005 à près de 35 000 € en 2014. Sur cette somme, 62% va directement aux enfants, le reste finançant des salaires, des indemnités et certains équipements de la structure partenaire.

Grâce à l’organisation d’un contrôle médical efficace financé par le Fonds Mondial de lutte contre le VIH, la tuberculose et le paludisme, l’objectif « thérapeutique » du parrainage s’est reporté, ces dernières années, sur la lutte contre les risques annexes : la malnutrition, le retard scolaire, le manque de formation professionnelle. Mais la pauvreté et la vulnérabilité des familles a rarement permis la création d’une AGR* rentable et durable. Nous avons alors été obligés de prolonger certains parrainages et, parfois, de rouvrir un parrainage arrêté. L’effet du parrainage s’est avéré nettement amplifié lorsque l’enfant avait un référent attentif à sa scolarité et bénéficiait d’un entourage stable et aimant.

Les écueils de l’adolescenceLes enfants, que nous parrainions au départ pour garantir leur survie, sont devenus des adolescents et font face à de nouveaux problèmes : ceux liés à la puberté et à la prise de conscience des contraintes liées à leur statut sérologique. Il est arrivé que certains, parmi les plus éveillés, refusant d’être freinés par les contraintes du virus et de l’école, échappent à tout contrôle et tentent de se lancer seuls dans l’aventure de la vie. Nous faisons tout notre possible, avec l’aide de notre partenaire, pour que ces fugues ne les meurtrissent pas davantage et de façon irréversible.

Un nouveau départLes enfants de notre parrainage ne représentent qu’un cinquième de ceux qui fréquentent le local d’AED. Cette limite à notre intervention avait été posée dès l’origine, notre partenaire parvenant peu ou prou à trouver d’autres bailleurs de fonds et à se rattacher aux programmes d’autres ONG. La crise économique mondiale et les incertitudes régionales en ont malheureusement réduit le nombre, affaiblissant dangereusement le potentiel de notre partenaire. Faut-il aller au-delà des parrainages et chercher de nouveaux financements pour couvrir, au moins temporairement, des dépenses de fonctionnement ? La toute récente mise en chantier par AED d’un centre d’accueil pour enfants malnutris pourrait être l’occasion de réorienter nos parrainages en les inscrivant dans le cadre d’une action intégrée et cohérente de prévention et de lutte contre le sida et les autres maladies endémiques.

Michel Collomb

Montpellier

BURKINA FASO. DIX ANS DE PARRAINAGE D’ENFANTS ATTEINTS PAR LE V.I.H.

Depuis mars 2004, l’antenne montpelliéraine de L’APPEL parraine, mois après mois, un groupe d’enfants en situation très précaire que lui a confiés son partenaire A.E.D., association de soutien aux enfants et aux familles atteints par le VIH, à Bobo-Dioulasso.

DOSSIER PARRAINAGE

*Activité Génératrice de Revenus

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Trois enfants qu’il faudrait parrainer…Un chef de famille, les traits tirés par une fatigue bien ancrée, installée dans la durée, prend son vélo chaque soir pour parcourir plus d’une dizaine de km. Il assure le gardiennage d’un domicile, d’une entreprise de 18h00 à 6h00 le matin, sept jours sur sept, sans être déclaré et sans congés. Il a 47 ans mais en parait 65. Selon les mois il gagne entre 15 et 45 €. Sa femme est malade. Elle a dû arrêter son activité illégale de ramasseuse de sable à tamiser pour les entrepreneurs qui produisent des briques. Avec son dur labeur elle pouvait gagner entre 1 € et 1,5 € par jour.Dès lors, comment faire face au premier versement de la scolarité de leurs trois enfants,d’un montant de 75 € ? Les écoles ne cessent d’appeler : si le papa ne paie pas dans les deux jours, ses enfants seront renvoyés. Déjà la vie n’était pas facile : un repas par jour. Et lorsque, vraiment, le fourneau restait éteint plusieurs jours, la famille s’appuyait sur la solidarité du voisinage… Mais qu’importe, ce gardien reprend son vélo, l’esprit empli de ces inquiétudes et fait route vers son travail… Une route périlleuse et tout au long de la nuit il se torturera l’esprit face à son impuissance. Résigné, et sans autre soutien, il sait que certains de ses enfants seront déscolarisés, mais lequel choisir ?... Yasmina Badolo

Le Burkina Faso, à présent frappé par une crise politique, est un des pays les plus pauvres du monde. Un SMIG de 50 €/mois ne permet pas de vivre décemment. Le coût des produits de base est élevé (1 € le kg de sucre, 1,30 € un litre d’huile ou un litre d’essence). La scolarisation des enfants reste difficilement abordable (50 €/an pour le primaire, 120 € pour le collège et le lycée). Pour subvenir aux besoins primordiaux de leur famille, les papas travaillent à l’extérieur de notre quartier. Partis tôt le matin, ils reviennent tard pour des revenus très bas.

Le droit fondamental à l’éducation n’est pas respecté La MJCA, dès son ouverture en 2007, en a fait un axe prioritaire d’intervention. En 2013, elle a permis la scolarisation de 187 jeunes avec un suivi sérieux et régulier à l’école comme en famille. Des témoignages encourageants. Des engagements qui portent leurs fruits.

De sombres perspectives depuis 2014En raison d’un manque croissant de moyens, la MJCA a dû diminuer de manière drastique le nombre d’enfants parrainés. A cette annonce, un sentiment de frustration et d’impuissance a envahi les parents. De nouveau, ils devaient faire face à la fatalité de la pauvreté et de la déscolarisation, balayant les efforts engagés les années précédentes. Le processus d’amélioration de leurs conditions de vie en était lui-même bouleversé.

BURKINA FASO. DEVENIR PARRAINS : LA MJCA* LANCE UNE CAMPAGNE À OUAGADOUGOU

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Nous avons besoin de nouveaux parrainsAvec 20 € par mois, un parrainage permet à 5 enfants de fréquenter le primaire ou à deux élèves, le secondaire, avec l’assurance que la MJCA, partenaire de L’APPEL, suivra le déroulement de leur scolarité, appuiera leurs efforts. En retour, les enfants ont mis en place un journal bimestriel de la MJCA transmis aux parrains. Ils y racontent leur vie, leur quartier, leur famille, un véritable espace de partage et découvertes.

En vue de ne pas faire de discrimination par des relations privilégiées entre un parrain et un enfant et d’offrir une même chance aux enfants scolarisés par la MJCA, celle-ci ne pratique pas de parrainages individuels mais collectifs. Ils profitent à plusieurs enfants qui fréquentent par ailleurs les activités proposées par la MJCA (bibliothèque, études libres, clubs de vacances etc.).

Rejoignez cette initiative pour donner à des enfants qui ont soif d’apprendre, l’espoir d’un lendemain meilleur : la chance et le droit à l’éducation.

Yasmina Badolo Directrice de la MJCA

« Raïssa, Fatoumata et Harouna, orphelins de père depuis 2009, ont perdu leur mère en février 2014. Malgré ses efforts, elle n’a pas pu terminer de régler les frais de scolarité avant son départ. La MJCA les a pris en charge. Sans ce parrainage quel avenir pour ces enfants ? »

« Maïmata, maman de cinq enfants, a pu développer son com-merce de transformation de manioc grâce à l’accompagnement de la MJCA. Elle a participé à une formation de valorisation des acquis et investi dans son commerce, la MJCA assurant la prise en charge de la scolarité de ses enfants. Aujourd’hui, grâce aux bénéfices de son commerce, elle est en capacité de payer leurs scolarités pour l’année à venir. »

*Maison des Jeunes, des Cultures et des Associations, soutenue par L’APPEL.

DOSSIER PARRAINAGE

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10 Décembre 2014 www.lappel.org

En 1995, s’est créée l’association partenaire de L’APPEL : « L’APPEL Pointe-Noire » avec Jean-Marie Claver NAKAHONDA, pédiatre. Les parrains de L’APPEL ont alors permis la scolarisation de très jeunes orphelins issus des familles les plus défavorisées. Depuis, une soixantaine de jeunes ont été parrainés. En 2008, ils étaient trente-huit ; en 2015, ils seront quinze. Vingt-sept parrains versent régulièrement, depuis le début de l’action, des dons qui sont mutualisés.Chaque fin de parrainage est une réussite pour le filleul qui est capable de se prendre en charge.

Depuis 2011, L’APPEL et L’APPEL-Pointe Noire ont fixé des règles de fonctionnement : L’orientation de chaque filleul est définie dès l’entrée en seconde. L’APPEL s’engage à le parrainer jusqu’au bac +2 ou dans une formation professionnelle. Parallèlement, des relais se mettent en place au sein du monde économique pour faciliter l’accès des filleuls aux entreprises.

CONGO. UN PASSAGE DE RELAIS A L’APPEL POINTE NOIRE

Rue défoncée par la saison des pluies Parc d’une propriété du bord de côte

Le passage de témoin est décidé en 2012Les membres de L’APPEL POINTE-NOIRE et les intervenants sociaux mis à disposition par la DAS ont acquis des savoir-faire et sont prêts à prendre progressivement en charge l’action parrainage. Localement, est fait le constat que des Congolais peuvent être solidaires de leurs concitoyens les plus pauvres.

L’APPEL-Pointe-Noire recherche des contributions parmi ses concitoyens congolais. Les filleuls autonomes sont conviés à se montrer solidaires pour des contributions plus modestes. Une grande entraide existe entre filleuls pour de l’aide aux devoirs, aux démarches…

L’APPEL-Pointe-Noire a d’ores et déjà démarré la prise en charge de filleuls parrainés par des concitoyens congolais : sept sont en apprentissage et quatre sont à l’école.

Le Groupe Etudes et Projets de L’APPEL a validé le transfert définitif de l’action : de 2015 à 2018, L’APPEL Pointe-Noire prendra chaque année en charge cinq filleuls parrainés actuellement par L’APPEL.

Les parrains français vont être réunis (par zone géographique) début 2015 par Madeleine Le Moullec et moi-même pour échanger, se connaître et envisager le futur.

L’APPEL ne quitte pas pour autant Pointe-NoireNous allons soutenir une Ecole Associative à Pointe-Noire dont l’objectif principal est celui de dispenser un enseignement de qualité avec de petits effectifs. Notre aide impliquera que des enfants défavorisés y soient scolarisés.

Nous étudions plusieurs pistes de projets :

• Un soutien médical à l’hôpital A. Cissé pour la prise en charge des enfants diabétiques, en partenariat avec la Fédération Internationale du Diabète,

• Une action nutrition dans les centres de santé intégrés avec la collaboration du Docteur Hubert BANGUISSA de l’hôpital Tié-Tié,

• Un réseau d’adduction d’eau dans l’un des quartiers les plus pauvres de la cité.

Arlette Le Nôtre

Ile-de-France

Armand Dutrick et Fridolin

Belja Freddy

Une soirée de solidarité

POINTE-NOIRE, poumon économique du Congo avec le pétrole. Une ville de contrastes : les plus pauvres restent pauvres – les plus aisés vivent richement de l’exploitation du pétrole.

DOSSIER PARRAINAGE

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Décembre 2014 11www.lappel.org

Bonjour Ignace. Peux-tu, s’il te plait, nous dire quel est ton rôle au sein de L’APPEL ?

« Je suis secrétaire exécutif de « L’Appel pour l’avenir des enfants du Rwanda ». Je m’occupe de la coordination de toutes les activités de L’APPEL : parrainage, construction des maisons, bibliothèque, construction et réhabilitation de réseaux d’eau, repas de midi offert aux enfants, relation avec l’hôpital du District de Gicumbi, tout cela en collaboration avec les responsables de trois sites , à savoir les pasteurs Etienne Bakweli pour Muhura, Claude Mutabazi pour Byumba et Emmanuel Muhozi pour Kyombé.»

Peux-tu nous expliquer quelle problématique vous rencontrez avec nos anciens filleuls ?

« L’association L’APPEL France a parrainé de nombreux enfants jusqu’à la fin de leurs études secondaires. Le souci est que la plupart d’entre eux ne trouvent pas de travail pour subvenir à leurs besoins.»

Quelles solutions avez-vous envisagées ?

« Après de nombreux échanges d’idées avec L’APPEL, nous avons décidé de mettre en place un système de formation professionnelle pour nos jeunes.»

Pour quel type de métier ?

« Puisque L’APPEL construit et réhabilite des réseaux d’eau qui ont besoin de maintenance, nous avons débuté par une formation à la plomberie.»

Qui s’occupe de cette formation et combien de jeunes sont concernés ?

« C’est l’ingénieur Eugène Rwiririza qui construit nos réseaux d’eau qui se charge de la formation. A ce jour douze garçons et six filles ont été formés.»

Et quels sont les résultats ? Ont-ils trouvé du travail ?

« Il est prévu qu’à l’issue de leur for-mation théorique et pratique, ils seront directement embauchés par Eugène pour travailler sur ses chantiers pour une période d’un à deux ans.»

C’est formidable, et que se passera-t-il ensuite ?

« D’après ce que constate Eugène, ils auront acquis suffisamment d’expérience pour trouver du travail ou créer leur propre entreprise.

RWANDA. A LA SORTIE DU PARRAINAGE, UNE AIDE À LA FORMATION PROFESSIONNELLE DES JEUNES.

C’est un très beau programme, mais où avez-vous trouvé les fonds nécessaires ?

« L’APPEL a avancé les frais de formation qui seront ensuite remboursés sous forme de prélèvement à la source sur la prime que touchent les jeunes durant leur période de travail.»

Ces jeunes sont-ils conscients de la chance qui leur est offerte ?

« Oui, ils sont très reconnaissants de ce que L’APPEL continue de se soucier de leur avenir. Ils affirment que leurs conditions de vie s’améliorent.»

Combien avez-vous encore d’anciens filleuls qui auraient besoin d’une formation, et qu’envisagez-vous de faire pour eux ?

« Sans compter ceux qui sortiront bientôt du programme de parrainage, nous avons actuellement une vingtaine de filleuls pour lesquels nous envisageons de proposer d’autres formations en partenariat avec des artisans dans les domaines suivants : coiffure, couture, mécanique automobile et moto, soudure, menuiserie, électricité, réparation de téléphones et d’ordinateurs.»

Quelles difficultés rencontrez-vous pour développer ce programme ambitieux ?

« Les deux principaux soucis sont de trouver des artisans qui acceptent le principe de les former et de les embaucher ensuite et, d’autre part, de continuer à disposer des fonds de roulement nécessaires. En principe les jeunes qui trouvent un emploi après leur temps de formation doivent rembourser les frais engagés sur un délai de un à deux ans. Cette réserve déposée sur un compte à part permettra d’aider à leur tour les plus jeunes arrivant au terme de leurs études.»

Es-tu optimiste sur ce point ?

« Vu le grand nombre d’artisans dans notre région, la connaissance amicale que nous avons de beaucoup d’entre eux et le besoin qu’ils ont de former de bons ouvriers, nous avons bon espoir que ce programme aille de l’avant.»

Je te remercie, Ignace, pour ces excellentes nouvelles.

Jean-Michel Maret

Isère

Interview de Ignace HATEGEKIMANA

DOSSIER PARRAINAGE

Page 12: Journal de L'APPEL n°155

12 Décembre 2014 www.lappel.org

La situation de l’enseignement à La TortueDepuis maintenant trois ans le Président Martelly fait valoir avec force que la gratuité de l’enseignement primaire est inscrite dans la constitution haïtienne du 29 mars 1987. Les parents de l’île de la Tortue ont bien reçu le message et attendent des actions concrètes, car ils n’ont que quatre écoles nationales gratuites sur quarante…

Nous avons constaté des progrès avec l’extension des dispositifs d’aide aux écoles privées. Les programmes de l’EPT (Education Pour Tous) de la Banque Mondiale et du PSUGO (Programme de Scolarisation Gratuit et Obligatoire) du Président Martelly assurent la gratuité de l’enseignement pour de nombreux enfants. Toutefois ces dispositifs font souvent l’objet de retards ou d’effets d’annonce, sans suite, entrainant de graves difficultés pour le budget des écoles.

Les bourses scolaires de L’APPELPour tenir compte de ces progrès, nous avons cessé de soutenir six écoles qui reçoivent désormais les subventions de l’État. Nous avons reporté notre appui sur trois nouvelles écoles isolées ou sans subventions et resserré nos liens avec huit écoles partenaires de longue date. Ces bourses scolaires pour les plus démunis sont réparties par le comité de gestion de l’école composé du directeur, du trésorier et des représentants des professeurs et des parents d’élèves.

Il est tenu compte de la situation économique de la famille au début de l’année scolaire.

Grâce au soutien sans faille des parrains de L’APPEL, 811 bourses scolaires ont permis de scolariser autant d’enfants de la Tortue en 2013/2014. Toutefois, malgré ces nouveaux dispositifs et notre action, 10 à 15% des 9.500 jeunes de l’île restent déscolarisés. La tâche est de longue haleine…

Améliorer la qualité de l’éducationLes maîtres ont assez souvent un niveau insuffisant, d’autant plus que l’enseignement s’effectue très tôt en français qui, pour le Haïtien créole, est une langue étrangère. Depuis trois ans le programme de L’APPEL prévoit des bourses pour les maîtres qui retournent à l’école l’après-midi afin d’obtenir le niveau minimum du baccalauréat, requis désormais par le Ministère de l’Education. Nous avons pu constater de réels progrès en français de la plupart des maîtres qui ont fait cet effort.

Sous l’impulsion de L’APPEL, les directeurs d’école se sont constitués en association, l’ADETOM (Association des Directeurs d’Ecoles pour une Tortue Meilleure) qui a obtenu certains résultats : distribution de 10.000 manuels scolaires, gestion des bourses des maitres qui reprennent les études. Toutefois l’ADETOM n’a pas encore reçu de reconnaissance officielle.

Au nom des écoliers de l’île de La Tortue, nous remercions vivement les parrains de leur générosité renouvelée pour la présente année scolaire 2014/2015

Hubert ChegaraySophie Gruson Lemerle

Ile-de-France

HAÏTI. LA LUTTE, PAR LE BIAIS DU PARRAINAGE, CONTRE LA DESCOLARISATION DES ENFANTS

L’APPEL est, à l’île de La Tortue, la seule ONG à intervenir dans le domaine de l’éducation. Les frais de scolarisation sont de 30 € par an en primaire. Le don de 30 € par mois d’un parrain généreux permet ainsi de scolariser douze enfants. L’APPEL attribue ces bourses scolaires directement aux écoles pour le paiement du salaire des maîtres. C’est indispensable pour fidéliser les maîtres et leur permettre de poursuivre leur formation.

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Décembre 2014 13www.lappel.org

Notre partenaire : l’IDESLa coopérative IDES, Intercommunale de Développement Economique et Social, y possède déjà une petite bibliothèque. Elle a mis à disposition un local destiné au soutien scolaire et nutritionnel d’un groupe de cinquante-cinq enfants, avec l’aide d’une institutrice et d’une jeune bachelière. Les enfants n’allant en classe qu’une demi-journée se rendent à ce centre l’autre demi-journée, y reçoivent un goûter, un soutien scolaire personnalisé et bénéficient d’activités ludiques, culturelles ou sportives. Pour des familles qui n’ont jamais vu un livre et stimulent peu les enfants, c’est un gros changement. Les enfants se répartissent dans toutes les classes primaires, mais la plupart sont en première année, ce qui nous paraît l’occasion de prendre un bon départ.

Un encadrement dynamique et compétentLes deux responsables sont très motivées, malgré un salaire très faible (100 $ par mois*). La coopérative qui gère ce projet tente d’y intéresser les communautés d’où viennent les enfants et la municipalité de Zacatecoluca. Ils ont aussi recherché des ustensiles de cuisine, ont construit des chaises et des tables, font les courses pour le goûter. Cette très sympathique prise en main collective renforce la cohésion et l’intérêt pour les résultats scolaires et l’équilibre des enfants et nous espérons que cela fera tache d’huile. Cent cinquante-cinq enfants auraient besoin de ce dispositif mais, pour le moment, nous nous limitons à cinquante-cinq. Selon la participation de nos donateurs, nous pourrons peut-être faire davantage.

EL SALVADOR. LANCEMENT D’UN NOUVEAU PROGRAMME DE PARRAINAGE COLLECTIF

Au sud de la ville de Zacatecoluca s’étend une région agricole très pauvre car elle a été touchée par différentes catastrophes climatiques : inondations, ouragans, tempête tropicale en 2012, sans compter l’activité volcanique de la zone. Nous y avons déjà quelques parrainages individuels et nous avons constaté le mauvais niveau scolaire moyen.

* Depuis que le pays est « dollarisé » la vie est très difficile car les objets de consommation, voiture, frigo, etc. sont au même prix qu’ici alors que le salaire d’usine est de 7 dollars/jour.

DOSSIER PARRAINAGE

Comment les aider ?Un parrainage collectif demande de la régularité et un engagement sur la durée, c’est pourquoi nous proposons d’effectuer des versements par prélèvement automatique (voir le formulaire joint à ce journal). Chacun est bien sûr libre de verser la somme qu’il décide, mais il faut savoir que 30 euros par mois permettent de prendre en charge deux enfants, voire trois et de leur offrir un avenir.

Violaine Duflo

Ile-de-France

Page 14: Journal de L'APPEL n°155

14 Décembre 2014 www.lappel.org

E n octobre, nous sommes retournés pour la troisième fois travailler avec l’équipe de superviseurs chargés du suivi des activités de prise en charge de la malnutrition aigüe

modérée dans la région du Guera. Nous avons pu constater à travers la visite de cinq centres de santé que la mise en place de la démarche se poursuit. Dans chaque centre, des groupes de dix mamans dont un enfant est en traitement pour malnutrition, participent à quatre séances d’éducation nutritionnelle avec l’outil nutricartes©. Etant en pleine brousse, les produits manufacturés sont encore très peu utilisés et elles se fournissent principalement d’aliments locaux. Avec la pédagogie des nutricartes© elles apprennent ainsi à varier davantage l’alimentation de la famille à partir des denrées disponibles localement dont elles découvrent la valeur nutritionnelle.

Valoriser les talentsNous avons également travaillé pendant deux jours avec l’ensemble des superviseurs. A chaque mission nous abordons un des grands facteurs de malnutrition. Cette fois il s’agissait de la prévention des maladies qui sont souvent à l’origine de la malnutrition infantile aigüe. Pour cela nous avons construit avec les superviseurs des messages d’hygiène adaptés au contexte. Ils portent sur l’hygiène de l’eau à boire, des mains et de l’environnement familial et prennent en compte la réalité des conditions de vie de ces familles. Ils seront introduits par les superviseurs dans les prochaines séances de nutricartes© qu’ils animeront.

Anne VINCENT

Durance

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Une campagne de renutrition qui prend forme

En collaboration avec l’association locale ASRADD, l’équipe de la Durance poursuit le nouveau projet d’introduction des nutricartes© dans des centres de santé au Tchad.

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Décembre 2014 15www.lappel.org

E ncouragées par les succès scolaires des jeunes filles de leur foyer, les sœurs comboniennes de Sarh ont donc doublé leur capacité d’accueil (20 places) au sein de leur concession. Plus que jamais leur objectif est de favoriser les études longues

des jeunes filles issues de milieu rural.

Mais depuis l’intensification des menaces de groupes tels que Boko Haram* dans la région sahélienne, les comboniennes souhaitent aussi participer à l’éveil des consciences de ces jeunes filles en les aidant à développer leur capacité au dialogue, leurs connaissances des mouvements pacifiques et des pratiques démocratiques.

Dans ce but, elles souhaitent que L’APPEL continue de les aider par le soutien pédagogique, que j’assure quelques mois par an, mais aussi dans l’établissement d’une bibliothèque de qualité couvrant ces besoins urgents : un dictionnaire par jeune fille, des anthologies de philosophie, de littérature africaine et divers DVD.

Geneviève Saux

Ile-de-France

TCHAD

Aider des jeunes filles de la brousse à accéder aux études longues.

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Premières impressions

J’ai découvert L’APPEL Durance et son projet pour la prévention de la malnutrition des enfants par la méthode des nutricartes© et cela m’a beaucoup intéressée. Une mission se préparant, ayant pour objectif le suivi de la méthode sur le terrain et l’introduction de la place de l’hygiène dans la prévention de la malnutrition, L’APPEL Durance avait besoin d’une professionnelle de santé prête à partir. Comme je suis infirmière, nous nous sommes rencontrées avec Anne Vincent et avons commencé à préparer cette mission. Plusieurs membres de L’APPEL Durance qui avaient déjà été sur place m’ont fait partager leur expérience pour que je puisse mieux appréhender le contexte dans lequel j’allais évoluer. Je n’avais jamais voyagé hors d’Europe avant d’aller au Tchad…

Nous sommes partis du 14 au 29 octobre 2014, la fin de la saison des pluies dans le Guera. Ce fut une expérience riche tant du point de vue professionnel que personnel. Le Tchad est un pays très beau, plein de contrastes et de diversités culturelles. De la grande ville au tout petit village de brousse, nous avons pu voir différentes parties de la région du Guera en nous rendant dans les centres de santé, pour constater que les nutricartes©

font leur chemin doucement mais sûrement. Les partenaires locaux sont impliqués et d’autres acteurs nationaux sont intéressés par cet outil d’éducation qui a de l’avenir pour aider au développement des populations locales en termes de prévention de la malnutrition. Et puis, nous avons fait de très belles rencontres avec des personnes chaleureuses et accueillantes…

Charlotte GAUCHERInfirmière

*Le nom « Boko Haram » signifie « L’éducation occidentale est un péché ». L’action de ce groupe frappe la zone du Nord Nigéria/ Nord Cameroun, à la frontière centre-ouest de Tchad. Sarh est situé au sud du Tchad. La zone est actuellement troublée par l’afflux de réfugiés issus de la Centrafrique.

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16 Décembre 2014 www.lappel.org

Votre soutien à L’APPEL permet, entre autres, d’envoyer des jeunes se former dans le cadre d’une action humanitaire. Si certains autour de vous sont intéressés, consultez les sites :

http://volontariat.la-guilde.org/ ou http://www.service-civique.gouv.fr/

Des jeunes de Qosqo Maki partent camper avec Clémence (à droite sous le sac à dos !)

Ê tre SCI, c’est vouloir travailler dans un cadre humanitaire ou tout du moins associatif, s’ouvrir à l’international et

apprendre beaucoup sur le terrain. Le SCI travaille sous la responsabilité d’un tuteur local et d’un tuteur en France avec lesquels il peut discuter régulièrement et dès qu’il en a besoin.

Le VSI part plutôt comme un responsable de projet ou partie de projet dans l’équipe qu’il rejoint.

C’est ainsi que cette année quatre jeunes volontaires – trois SCI et une VSI - sont parties au Pérou pour un an auprès de deux associations que nous soutenons : Mano a Mano à Lima et Qosqo Maki à Cusco. Vous avez déjà rencontré Marion, alors SCI, dans notre Journal de mars 2014. Elle revient à Lima comme VSI pour organiser les activités du centre aéré et lancer la construction d’un skate parc.

Anne FELTZ

Ile-de-France

PÉROU

Devenez volontaires avec L’APPEL !

Alicia anime un atelier à Cusco

L’aide de L’APPEL, c’est aussi l’envoi de jeunes volontaires qui partent appuyer l’action de nos partenaires pour toute une année. Ce départ, qui se fait avec l’appui de la Guilde du Raid, peut s’effectuer, pour les moins de 26 ans, dans le cadre du service civique international (SCI) ou, pour les autres, en tant que volontaire de solidarité internationale (VSI).

Oui, Gaëlle ! Il s’agit de construire un mur pour protéger des éboulements les maisons du bidonville de Lima.

Marion : un cours de maths appliquées