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On connaît l’intérêt que porte le Musée dauphinois à explorer l’histoire des communautés étrangères installées en Dauphiné. Avec cette nouvelle exposition, il semble qu’il regarde plus loin que le simple périmètre des Alpes. Comment doit-on comprendre votre démarche ? Jean-Claude Duclos* : « La vocation d’un musée d’ethnographie est de faire apparaître les différences entre les êtres ou les groupes, puis de comprendre comment ces groupes communiquent et trouvent ce qu’ils peuvent partager. L’approche de l’altérité est donc une question majeure pour nous. Les événements récents de la Villeneuve ont certainement à voir avec la perte d’un terreau commun, soit d’un même sentiment d’appartenance à la communauté grenobloise et iséroise, quelle que soit son origine. Le Musée dauphinois, lorsqu’il propose des expositions sur les diverses communautés d’origine étrangère, les Italiens, les Arméniens, les Maghrébins, etc., mène cette recherche de ce qui fait lien. S’agissant de l’Afrique, permettre à tous de comprendre ce qui fait la richesse des cultures africaines, s’inscrit pleinement dans notre démarche ». Mais le titre de l’exposition est « Ce que nous devons à l’Afrique » … J-C.D : « Le monde associatif isérois qui cultive le lien avec l’Afrique, milite pour créer un rapport autre que celui d’un monde occidental qui donne. Même si ces OCTOBRE 2010 Musée dauphinois Grenoble Numéro 17 LE JOURNAL DES EXPOSITIONS Actualité Ce que nous devons àl’Afrique Édito (*) Jean-Claude Duclos, directeur du Musée dauphinois, commissaire de l’exposition. L’Afrique et nous Que vaut le sentiment d’appartenir à une même communauté urbaine et départementale, quand la rage et l’envie de détruire l’emportent ? Au-delà des mesures qui s’imposent, économiques et sociales surtout, les événements de la Villeneuve doivent aussi nous rappeler qu’elles ne suffiront pas si n’émerge pas chez ceux que la violence submerge, ce même sentiment d’appartenance. Nous savons que nous n’y parviendrons pas sans la contribution de l’éducation et de la culture. C’est pourquoi le Conseil général y consacre des moyens considérables, bien au-delà de ce que ses compétences l’exigent. Le Musée dauphinois, dont nous attendons qu’il donne à chacun les moyens de situer dans le temps et l’espace du monde d’aujourd’hui, est dans ce domaine l’un de nos outils. Ses expositions et notamment celle que présente ce journal, Ce que nous devons à l’Afrique, ont ce même objectif. Nous confronter à l’Afrique, son histoire et son actualité est sans doute aujourd’hui l’un des meilleurs moyens de se sentir collectivement concernés, voire mobilisés dans la recherche des solutions qui conditionnent l’avenir. André Vallini Député de l’Isère, Président du Conseil général de l’Isère

Journal des expositions n°17 - Musée dauphinois

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Journal des expositions n°17 - Musée dauphinois Exposition " Ce que nous devons à l'Afrique

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On connaît l’intérêt que porte leMusée dauphinois à explorerl’histoire des communautésétrangères installées enDauphiné. Avec cette nouvelleexposition, il semble qu’ilregarde plus loin que le simplepérimètre des Alpes. Commentdoit-on comprendre votredémarche ?Jean-Claude Duclos* : « La vocation d’un muséed’ethnographie est de faireapparaître les différences entre lesêtres ou les groupes, puis decomprendre comment ces groupescommuniquent et trouvent ce qu’ilspeuvent partager. L’approche del’altérité est donc une questionmajeure pour nous. Les événements récents de laVilleneuve ont certainement

à voir avec la perte d’un terreaucommun, soit d’un mêmesentiment d’appartenance à lacommunauté grenobloise etiséroise, quelle que soit sonorigine. Le Musée dauphinois,lorsqu’il propose des expositionssur les diverses communautésd’origine étrangère, les Italiens, lesArméniens, les Maghrébins, etc.,mène cette recherche de ce qui faitlien. S’agissant de l’Afrique,permettre à tous de comprendre cequi fait la richesse des culturesafricaines, s’inscrit pleinementdans notre démarche ».

Mais le titre de l’exposition est « Ce que nous devons àl’Afrique » …J-C.D : « Le monde associatifisérois qui cultive le lien avecl’Afrique, milite pour créer unrapport autre que celui d’un mondeoccidental qui donne. Même si ces

O C T O B R E 2 0 1 0 M u s é e d a u p h i n o i s • G r e n o b l e N u m é r o 1 7LE JOURNAL DES EXPOSITIONS

Actualité

Ce que nous devons

à l’AfriqueÉdito

(*) Jean-Claude Duclos, directeur du Muséedauphinois, commissaire de l’exposition.

L’Afrique et nousQue vaut le sentiment d’appartenir à une même communauté urbaine et départementale, quand la rage et l’enviede détruire l’emportent ? Au-delà des mesures qui s’imposent, économiques et sociales surtout, les événements de la Villeneuve doivent aussi nous rappelerqu’elles ne suffiront pas si n’émerge pas chez ceux que la violence submerge, ce mêmesentiment d’appartenance. Nous savons que nous n’y parviendrons pas sans la contribution de l’éducation et de la culture.C’est pourquoi le Conseil général y consacredes moyens considérables, bien au-delà de ce que ses compétences l’exigent. Le Musée dauphinois, dont nous attendonsqu’il donne à chacun les moyens de situerdans le temps et l’espace du monded’aujourd’hui, est dans ce domaine l’un de nos outils. Ses expositions et notammentcelle que présente ce journal, Ce que nousdevons à l’Afrique, ont ce même objectif.Nous confronter à l’Afrique, son histoire et son actualité est sans doute aujourd’huil’un des meilleurs moyens de se sentircollectivement concernés, voire mobilisésdans la recherche des solutions quiconditionnent l’avenir.

André ValliniDéputé de l’Isère,Président du Conseil général de l’Isère

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associations tentent de luttercontre toutes les misères (Sida,endettement, guerres,déplacements de population, etc.)dont souffre l’Afrique, nousvoudrions avec elles regarder laréalité autrement. Bien sûr,l’urgence est d’apporter une aide àdes gens qui souffrent, mais peut-être faut-il aussi appréhender lesAfricains comme porteurs d’unehistoire et d’une culture qui sontdevenues nôtres à bien des égards,ne serait-ce qu’à travers lamusique ».

Vous parlez des associations en lien avec l’Afrique. Ont-ellesjoué un rôle dans l’écriture de cette exposition ?J-C.D : « C’est une constante dansnotre démarche. Le Muséedauphinois a toujours invité lesassociations concernées par lesfaits de société qu’il traite, àpartager sa réflexion. Pour cetteexposition le partenariat s’estdéveloppé au cours de quatreséminaires où l’on a travaillé surl’histoire, les cultures, l’art et sur laquestion du politique. S’ils ontpermis de confronter des points devue, ces séminaires ont aussinourri le propos de l’exposition etde la publication qui la prolonge ».Pouvez-vous nous parlermaintenant de l’exposition ?J-C.D : « Le souci a été de trouvercomment aborder le sujet. Nousavons retenu l’idée d’interpeller le

visiteur par une question.L’incarnation de l’Afrique, jouéepar Marie-Joséphine Koné,grandeur nature sur écran vidéo,fait état des richesses culturellesafricaines et demande : « Pensez-vous que le monde occidental puisseavoir un jour besoin des acquis de lacivilisation africaine ? Eh bien,regardez ce que l’on vous montre iciet reparlons-en à la fin duparcours ! ». Puis vient l’exposition,structurée en quatre parties, quidéveloppe cette réflexion. Lapremière, consacrée à l’histoire,rappelle que l’humanité vient de là,de l’Afrique. En témoigne dansl’exposition, Lucy, découverte en1974 par Yves Coppens et qui estl’une des plus anciennes tracesd’hominidé : trois millions deuxcent mille ans ! Mais surtout, c’estaussi en Afrique que des sociétésse constituent, bien avant lesnôtres pour quelquefois accéder àdes degrés de cultureextrêmement élevés. C’est le casde la civilisation égyptienne, biensûr, mais également des grandsempires africains qui se succèdentjusqu’au XIVe siècle, et dont lesvestiges témoignent d’uneimmense production intellectuelle,née de la rencontre avec l’Islampionnier. Pour ne citer quequelques exemples, les manuscritset ouvrages des bibliothèques deTombouctou, inscrits au patrimoinemondial, les sculptures (le muséeexpose la réplique en bronze d’une

tête royale provenant du BritishMuseum), mais aussi « La chartedu Mandé », déclamée dansl’exposition par un conteur. Elledéfinit au XIIIe siècle les droits etles devoirs de chacun, sorte depréfiguration de la Déclarationuniverselle des Droits de l’Hommequi montre bien que ces droits nesont pas une invention occidentale.

Lorsque l’Occident prendconscience des richesses de cecontinent, il va vouloir s’enaccaparer en pratiquant l’esclavagepuis la colonisation. En Dauphinécomme ailleurs, certaines famillesvont construire leur fortune sur cecommerce humain. Pour rendrecompte du long combat menéjusqu’à son abolition en 1848,partisans et opposants del’esclavage se font face une foisencore dans l’exposition. Ainsi,l’Abbé Grégoire, député de l’Isère,ardent défenseur de toutes lesminorités, s’oppose à Barnave quimilite pour l’esclavage. Pour autant, cette conscienced’avoir à faire à une population desous hommes nécessitant d’êtrecivilisés, reste ancrée dans l’espritde beaucoup.

L’ethnologie, telle que la pratiquaitJean Rouch, a largement contribuéà faire évoluer les mentalités. Il estl’un des premiers à reconnaître laqualité d’expert à ceux qu’ilinterroge. Il propose uneanthropologie partagée, libérée detoute idéologie colonialiste, quiconsiste à questionner ensemble laréalité. Ses travaux majeurs surl’imaginaire, la place du travaildans ces sociétés et la fonction del’amitié, la question de savoircomment ces cultures peuvent serencontrer servent de supportdans l’exposition pour explorer lesidentités africaines.L’art et la notion du beau sontabordés dans la troisième partie del’exposition. Les bijoux touaregs,par exemple, sont plus que desapparats, ils indiquent la fonctionque l’on occupe dans lacommunauté. Puis lesphotographies d’Hans Silvester

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nous emmènent auprès despopulations de la vallée de l’Omoen Éthiopie. Leurs coiffes végétaleset leurs ornements participent à la

Publications

Ce que nous devons à l’AfriqueOuvrage collectif sous la direction de Jean-Claude Duclos, directeur du Musée dauphinois etconservateur en chef et d’OlivierCogne, chargé de mission.192 p., illustré, N&B et couleur. 20 €Parcourir, des premiers temps del’homme aux questions d’aujourd’hui, latrès longue histoire du continentafricain, sans omettre l’immense apportde ses cultures et de ses productionsartistiques, tel est le défi que relèventcet ouvrage et l’exposition qu’ilprolonge.Tel est aussi l’ambitieux projetque se sont donnés, autour du Muséedauphinois, les associations etpartenaires culturels de l’Isère enréfléchissant ensemble à « ce que nousdevons à l’Afrique ».De Louise-Marie Diop-Maes àEmmanuel Terray, en passant parThéophile Obenga, Djibril TamsirNiame,Tayeb Chenntouf, Etienne Féau,Claude-Hélène Perrot ou Anne-CécileRobert, pour ne citer qu’eux, desspécialistes tentent ici, chacun dans leurdiscipline, de procéder à cetteévaluation. L’objectif, ainsi que nous yinvite Edgard Pisani, étant de« réinventer [avec l’Afrique] unerelation fondée sur le respect mutuel ».

Programme“Afriqu’Isère”Danse, théâtre, contes,conférences, concerts,expositions, ateliers de découverte pour enfantset adultes, ..., la richesse desmanifestations proposéesd’octobre 2010 à juillet 2011par de nombreux acteursassociatifs isérois et desinstitutions culturelles,est ici rassemblée.

Programme édité gratuitement par le Conseil général de l’Isère, disponibledans les offices de tourisme et lesmusées départementaux de l’Isère.À commander sur :www.musee-dauphinois.fr ou sursimple demande au 04 57 58 89 01

jouissance de la beauté dans unerelation à la nature intacte depuisla préhistoire. Hans Silvester a fixé,avant qu’elles ne disparaissent, cespeintures corporelles et ce qu’ellestraduisent de l’harmonie avec lemilieu.

Enfin, la dernière partie del’exposition aborde ce que l’on doità l’Afrique et propose de réfléchirsur les moyens de nous extraire dece rapport de dominants àdominés. Où nous mèneral’exploitation des richesses de cecontinent et de sa main d’œuvre ?Quand cesseront les dettesaccumulées et les guerres liées à lapossession de ses ressources ? Lestravaux récents d’Egard Pisaniouvrent une voie possible, baséesur le respect et la compréhensionde l’autre, sous la forme d’un pacteavec l’Afrique. Des témoignagesfilmés de personnalités du mondepolitique et associatif viennentétayer l’urgence de changer notreregard sur ce continent. Le visiteurest ensuite confronté a troisœuvres d’un jeune plasticiend’origine congolaise, MoridjaKitenge Banza. Les deuxpremières, « Hymne à nous » et« De 1848 à nos jours » viennentd’être primées à la dernièreBiennale d’Art contemporain deDakar. La troisième, « sans titre »,inspirée précisément de la dette, est réalisée spécialement pourl’exposition. À lui d’inspirer auvisiteur ce qu’il faut en penser, auregard de tout ce qu’il aura vuprécédemment.

Enfin, Marie-Joséphine Konés’adresse à nouveau au visiteur ense demandant : « Mais jusqu’àquand l’Afrique donnera ? Jusqu’àquand le monde pourra-t-il satisfaireaux besoins de l’humanité si rien ne change ? Et s’il fautchanger, l’Afrique a des solutions à proposer ». n

EXPOSITION PRÉSENTÉE DU 16OCTOBRE 2010 AU 9 JANVIER 2012

Marie-Joséphine Koné

D’ici et d’ailleurs

Parce que son père privilégiaitl’éducation de ses filles, Marie-Joséphine, alors âgée de 20 ans, a quittéAbidjan pour la France afin d’y suivredes études en communication et enlinguistique. Plus tard, ses démarchesprofessionnelles restant vaines, elles’investit dans le bénévolat et lemilitantisme, des jours meilleursviendront… Assez naturellement, en2003, elle crée La case de Yaba, uneassociation qu’elle anime de ses talentsde conteuse, qui est aussi uneopportunité pour diffuser les culturesafricaines, multiplier les échanges etcréer du lien social. Le travail l’absorbemais il lui permet d’emmener les gensdans son imaginaire. Elle n’en restepourtant pas là, l’association dont elleest présidente concrétise depuis 2010,en France et en Côte d’Ivoire, desprojets humanitaires. Si on lui demanded’où elle est, elle répond qu’elle ne saitplus, elle est une femme d’ici etd’ailleurs. Elle sait par contre avoir un rôle à jouer, ici, auprès des femmesissues de l’immigration.

Association La case de Yaba 21, boulevard Agutte Sembat 38000 GrenobleTél. 06 98 83 81 06http://casedeyaba.free.fr/

“OUESSO, AU CŒUR

DE LA FORÊT

ÉQUATORIALE”,

REPORTAGE

PHOTOGRAPHIQUE

DE PHILIPPE

FABRÈGUE

TIRAILLEURS

SÉNÉGALAIS

SAINT-AGNAN-

EN-VERCORS

(DRÔME),

14 JUILLET 1944,

COLL. MUSÉE

DÉPARTEMENTAL

DE LA RÉSISTANCE

DE VASSIEUX-

EN-VERCORS

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Hans Silvester a fixé sur pellicule les peintures corporelles des tribusde la vallée de l’Omo en Éthiopie,peut-être pour conjurer « le grand danger que ces pratiquesdisparaissent ». De ses séjoursrépétés, il a constitué une collectionqui rend compte de la variété et de la richesse de cette coutume.

En 2002, Hans Silvester part enÉthiopie photographier l’équiped’archéologues découvreurs de lacélèbre Lucy. Sa rencontre avecdifférentes ethnies de la région del’Omo est un choc qui le pousse àdétourner son objectif vers elles. Ilveut saisir leur rapport à la naturemais surtout leur génie de lapeinture corporelle.

Difficile à traverser en raison desboues de la saison des pluies et dela poussière des saisons sèches, lavallée de l’Omo reste en retrait dela modernité. Ses habitants, semi-nomades, vivent des produits dutroupeau, du sang et du lait et pourle reste de ce qu’ils trouvent.« Quand les enfants vont à la rivière,c’est la fête, ils nagent, pêchent, sedécorent, se peignent et comme ilsn’ont pas de miroir, c’est la réactionde l’autre qui leur dit s’ils ont réussiou pas, c’est tout simple ! ». Lespeintures corporelles répondentaux événements du quotidien : destraits sur le front après une nuitd’orage ou des motifs particuliers

Hans Silvesterlors d’un enterrement. Ellessemblent cependant libres dansleurs compositions au quotidien etla simplicité et la rapidité aveclaquelle elles sont réaliséesprocèdent d’une réelle expressionartistique. « Quelqu’un qui estsensible à la peinture est obligé deréagir ».

Presque toutes les ethniespratiquent les peintures corporellesmais l’apparition des habits enrestreint l’usage. Le tourisme s’estinstallé aux abords des villagesproches de la piste et aujourd’huipour prendre une photo il fautpayer ! Les petites choses faisantparfois beaucoup de mal,l’introduction du miroir chez lesSuris a appauvri la qualité de leurspeintures. Sans lui, ils peignentintuitivement leur visage d’après lemouvement de leurs doigts.

L’avenir de cette culture estmalheureusement compromis.Hans Silvester a constaté lors deson dernier voyage que les jeunesquittent leur village pour travailleren ville, qu’un projet de barragemenace la vallée et que les villesalentours se surpeuplent. Et laprésence des multinationales quidécident du développement dupays, fait redouter la disparition àcourt terme des traditionsancestrales des populations del’Omo. n

À l’invitation de Culture etdéveloppement – organisation nongouvernementale de coopérationculturelle - Madame Adame BaKonaré viendra quelques jours à Grenoble à la fin du mois denovembre.Elle animera une série derencontres à la médiathèque du Centre Ville, à l’Institut d’étudespolitiques et au Musée dauphinois,dans le cadre de l’opérationAfriquisère et de l’exposition Ce que nous devons à l’Afrique.Première Dame du Mali de 1992 à2002, historienne, fondatrice duMusée de la femme de Bamako,militante du mouvementdémocratique malien et auteurd’une dizaine d’ouvrages, MadameAdame Ba Konaré a notammentdirigé la publication du Petit précis de remise à niveau sur l’histoireafricaine, à l’usage du PrésidentNicolas Sarkozy *qui rassemble lesécrits d’une vingtaine despécialistes, africains et français, en réponse au discours de Dakar.Elle a créé avec d’autresintellectuels africains et français,historiens pour la plupart,l’association Mémoire Afrique dont l’objectif est de combattre« les déformations potentielles, dequelque nature que ce soit, del’histoire africaine ». n* Editions de La Découverte, 2009

Adame Ba Konaré

Dans le droitfil de l’histoire

RENCONTREAVEC HANSSILVESTER :MERCREDI27 OCTOBRE2010 À 18 H 30

TONTINE

ORGANISÉE PAR

LE COLLECTIF

DES FEMMES

POUR LA LUTTE

CONTRE

L’IMMIGRATION

CLANDESTINE

À THIAROYE,

(BANLIEUE DE

DAKAR)

FÉVRIER 2008.

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Diplômé de l’Académie des Beaux-arts de Kinshasa, Moridja KitengeBanza a enseigné à l’École des Beaux-arts de Lubumbashi en Républiquedémocratique du Congo. Admis àl’École des Beaux-arts de Nantes,puis à l’Université de La Rochelle, iltermine un master 2 professionnel« Développement Culturel desVilles ».

« L’Afrique est présente dans montravail. Mais je préfère dire que lemonde dans lequel je vis orientemes réflexions. Ainsi, les œuvresque je présente au Muséedauphinois reflètent-elles toutesces influences, positives ounégatives, qui nourrissent mescréations.

De 1848 à nos jours (2006) traitede la question de l’esclavagemoderne. Je m’inspire de la Traitenégrière pour parler des autresformes d’esclavage que sont lessystèmes économique et politique.Cette installation se compose pourl’instant de 610 cuillères à café quej’achète en mettant en place descomptoirs d’achat comme àl’époque de la Traite. Je regarde, jesoupèse les cuillères et j’en donnele prix. Elle n’est pas une œuvre

l’Afrique doit aux autres. Cetteinstallation met en scène uncompteur-montre sur lequel défileune somme en euros. La sommequi s’affiche est la dette à payer àtous ceux qui ont subi l’esclavageet la colonisation. Chaque fois quele compteur atteint une sommemaximale, il retombe à zéro etredémarre pour un nouveau calcul.J’affirme que lorsqu’on doitbeaucoup, on ne doit rien, car cetteévaluation est illusoire. Seul lerespect est un dû et si l’Afriquedoit se réveiller, elle le fera par elle-même. Il appartient aux Africainsde prendre conscience du passépour appréhender le futur.Le message de ces installations estsimple. Voir avec objectivité lesfaits et trouver ensemble commentvivre le poids de notre histoirecommune. L’art est un canal parlequel l’homme peut changer. C’estune longue lutte mais nous devonsla mener tous. Pour autant je resteconfiant pour l’avenir du continentafricain. La finance mondialerévisera ses logiques, les Africainsauront accès au savoir et l’Afriqueaura l’intelligence de comprendreque son développement sera lefruit du travail et non des aidesvenues des pays occidentaux. » n

Moridja Kitenge Banza

mémorielle car le système n’a pasété aboli, il a juste été réformé.Pour moi c’est aussi une manièrede parler de cette part de notrehistoire commune que nousacceptons mal.Hymne à nous (2009) est unevidéo de 1.10’ sur laquelle je suisfilmé nu trente fois avec desexpressions différentes. Je formeune chorale qui chante, sur L’Ode àla joie de Beethoven, un mélangede plusieurs hymnes nationaux -congolais, belge, français - puis unextrait de poème de Schiller. Cethymne est dédié à toutes lespersonnes contraintes d’oublierd’où elles viennent.

Participer à l’exposition Ce quenous devons à l’Afrique me motive àplusieurs niveaux. Tout d’abordcollaborer comme jeune artiste àune exposition de grande ampleur.Ensuite, l’opportunité de travailleravec des personnes d’autresmilieux que le mien et d’exposerdans un cadre différent. Enfin, lethème de cette exposition rejointles questions que je me posesouvent, doit-on quelque chose àl’Afrique ? Ainsi j’ai voulu réaliserune nouvelle œuvre sans titre, quipose la question inverse - ce que

“HYMNE À NOUS”

VIDÉO, 2009

“DE 1848

À NOS JOURS”

INSTALLATION,

2006

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Déjà, à l’automne 1982, à Grenoble,une cinquantaine de partenaireslocaux, associatifs et culturels,s’étaient réunis autour du Musée depeintures et de sculptures(aujourd’hui Musée de Grenoble) et deson conservateur, Pierre Gaudibert,pour contribuer à transformer leregard sur le continent africain.

Soutenu alors par la municipalitéd’Hubert Dubedout, le FestivalAfrique noire – tel fut le nomdonné à cette manifestation –mêlait ainsi les arts plastiques, lecinéma, la photographie, lalittérature, la danse, la musique.Indéniablement, sa portée dépassale cadre strictement local. SelonÉtienne Féau, historien des arts del’Afrique, qui prit part àl’événement, « c’était la première

fois en France qu’une manifestationde cette ampleur était organisée pourfaire connaître au plus grandnombre l’horizon illimité desexpressions culturelles de l’Afrique ».Alors membre du comité decoordination du festival, Franciscod’Almeida exprimait déjà « uneméconnaissance douloureusementressentie de ce continent... de sonHistoire et de ses histoires, de sonparcours économique et politiquechaotique et de ses multiplesrichesses » qui, vingt-huit ans plustard, motiverait un nouveau projet,à l’initiative, cette fois, du Muséedauphinois. Cela pourrait-ilsignifier que les mentalitésn’auraient guère évolué depuis àl’égard de l’Afrique ? Les relationspolitiques et économiques que

nous entretenons avec ce continenttendraient à le confirmer. En a-t-on véritablement terminéavec les « formes néocolonialistes »

que dénonçaitHubertDubedout, en

1982 ? Certes, non, hélas. Maisl’exceptionnelle mobilisation autourde l’opération AFRIQUISEREdémontre que la volonté deréformer ces rapports est intacte.L’expérience de plusieursresponsables du Festival Afriquenoire – parmi lesquels ChristianZohoncon, Francisco d’Almeida etCécil Guitart – a sans aucun douteété déterminante pour réussir àcréer en 2010 une telle synergie.

Toujours plus nombreuses, lesassociations iséroises qui entretien-nent des relations avec l’Afrique etqui ont largement répondu à laproposition du Musée dauphinois,auront plus que jamais un rôledéterminant à jouer pour changerle regard sur ce continent. n

Changer le regard sur l’Afrique

MERCREDI 13 OCT. À 18H30

Conférence Jacques Vaucanson, du mécanicien de génie à l’ingénieur visionnairepar Bruno Jacomy, conservateur en chef et directeur exécutif du Musée des Confluences à Lyon

JEUDI 21 OCTOBRE À 18H30

Conférence 50 ans après les indépen-dances : que doit encore la France à l’Afrique ?de Samuel Foutoyet, auteur de Nicolas Sarkozy ou la Françafriquedécomplexée (Tribord, 2009).

MERCREDI 17 NOVEMBRE À 18H30

ConférenceLes pratiques éducatives en Afrique de l’ouestpar Faustin Akplogan, président del’Organisation intercommunale de l’Éducation au Bénin et d’IssaN’Diaye, ancien ministre del’Éducation du Mali.

MERCREDI 1ER DÉCEMBRE À 18H30

ConférenceRapport au pouvoir etgouvernance en Afrique à travers l’histoirepar Adame Ba Konaré, historienne,présidente du Musée de la femme de Bamako, Première Dame du Malide 1992 à 2002.

SAMEDI 11 DÉCEMBRE DE 14H À 18H

ConférenceLe droit des peuples à vivre leur cultureConférence de Marie-Florence Bennes,journaliste, anthropologue, de JustineLacroix, professeur de philosophie à l’Université libre de Bruxelles et de Thierry Ménissier, président de la Société alpine de philosophie.

MERCREDI 15 DÉCEMBRE À 18H30

ConférenceLa représentation de la femme dans l’art de l’Afrique de l’Ouest par Honoré Badjo, galeristecollectionneur à Bobo-Dioulasso au Burkina Faso.

DU 2 AU 28 FÉVRIER 2011

ExpositionReportage photographiquede Philippe Fabrègue et des habitantsd’Ouesso (Congo Brazzaville)

MERCREDI 23 MARS 2011 À 18H30

ConférenceLe posthumain : menace ou promesse ?par Jean-Michel Besnier, professeur de philosophie à l’Université Paris-Sorbonne

SAMEDI 26 MARS 2011 DE 9H À 17H

Journée d’étudeLes religieuses dans lasociété : histoire, actualité et représentationorganisée par le Centre théologique de Meylan.

Le coin des enfantsMERCREDI 22 & JEUDI 23 DÉCEMBRE2010, VENDREDI 4 MARS 2011 À 15H30

Atelier enfantsHumanoïdes en kitrecherchent mécanos !Tarif : 3,80 €Réservation : 04 57 58 89 26

SAMEDI 30 & DIMANCHE 31 OCTOBRE, SAMEDIS 13 & 27 NOVEMBRE 2010 À 15H30

Démonstrations Montreur de merveillesde Francis Lara (musée des automatesde Grenoble)

VENDREDI 29 OCTOBRE,LUNDI 20 DÉCEMBRE 2010 ET JEUDI 10 MARS 2011 À 15H

Histoires africainesà partir de 8 ansPar les conteurs de l’associationParoles en Dauphiné.

JEUDI 30 DÉCEMBRE 2010, MERCREDI2 ET 9 MARS 2011 À 14H30

Ateliers enfantsMaïs Artistiquement ModifiéTarif : 3,80 € - Réservation : 04 5758 89 26

JEUDI 3 MARS 2011 À 15H30

Spectacle “Automat’art robot et Techni’can’art”de Francis Lara

VENDREDI 11 MARS 2011 À 15H30

Spectacle musicalRêves mécaniques Orgue de barbarie et violoncelleFrancis Lara (musée des automates de Grenoble)

Musiques au cœur des muséesDIM. 21 NOV. À 15H ET À 16H30ProphètesJean-Paul Dessy, violoncelle.En partenariat avec le Festival des38e Rugissants

DIM. 19 DÉC. À 15H ET À 16H30Harmonies célestes, L’Atelier des Musiciens du Louvre •Grenoble.

DIMANCHE 16 JANVIER 2011 À 17HLe grand souffleromantiqueEtudiants du CNSMD de Lyon.

DIMANCHE 13 FÉVRIER 2011 À 17HAli Boulo Santo en concertKora et autres instruments.

DIMANCHE 13 MARS 2011 À 17HTrio Gellend Violon, violoncelle, piano.

AFFICHE

DU FESTIVAL

AFRIQUE NOIRE,

AUTOMNE 1982,

COLL. MUSÉE

DE GRENOBLE.

Programme complet de la saison sur www.musee-dauphinois.frSur vos agendas, d’octobre à mars

Page 7: Journal des expositions n°17 - Musée dauphinois

VAUCANSON ET L’HOMME ARTIFICIEL,DES AUTOMATES AUX ROBOTS• Belle expo sur les automates et lesrobots. Un petit regret pour lapremière partie où j’aurais appréciéd’avoir une présentation desquelques mécanismes élémentaires (en fonctionnement) individualisés :un engrenage simple, une poulie, unengrenage à changement d’axe …Cela permettrait d’encore mieuxapprécier le tour de force queconstitue l’assemblage d’un automatecomplet à partir des éléments debase. Deuxième suggestion : parlerun peu plus des sources d’énergieutilisées (humaine, eau..) ? n G. A.

Effectivement, mais le Musée dauphinoisn’est pas un musée des sciences et destechniques. Son équipe doit faire des choixqui soient conformes à la vocationanthropologique et historique du musée.Reste aussi qu’une exposition ne peut toutdire et que la priorité était ici de mieuxfaire connaître Jacques Vaucanson et demettre en évidence les prolongementsactuels de ses recherches sur l’hommeartificiel.

• Très belle exposition Vaucanson quidonne envie d’en savoir encore plus !Dommage que les explications nesoient pas aussi rédigées en anglais.Je pense aux nombreux touristesétrangers qui sont à Grenoble, depassage ou y résidant. n

Jusqu’à présent, seules les expositions delongue durée (plus de deux ans) sontbilingues (français, anglais) au Muséedauphinois, mais cette suggestion vautpeut-être d’être prise en compte si laproportion de visiteurs étrangers augmentesensiblement.

• Nous étions venus pour lesautomates et nous avons découvertune exposition allant bien au-delà,suscitant réflexion des grands etpetits. Bravo. n

Une remarque qui va droit au cœur desconcepteurs de l’exposition qui ontprécisément tenu compte des jeunes publicssans toutefois en faire une présentationpour enfants.

• Monsieur de Vaucanson est unsacré inventeur. Mais dommage queson histoire personnelle ne soit pasplus divulguée. n ABC

On peut en effet regretter que letricentenaire de la naissance du génialVaucanson n’ait pas eu plus d’écho enFrance. L’équipe du Musée dauphinois estfière de présenter la première et la seuleexposition qui lui ait été consacrée dans lecadre de cet anniversaire.

MATRICE, INSTALLATIONS DE MARIE GOUSSÉ• Merveilleux, ce musée que jeconnais bien ! Pas d’accord du toutavec l’exposition Marie Goussé,particulièrement les découpages en papier dans la chapelle baroque,qui me paraissent un crime de lèse-majesté ! n

Les explications qui permettaient deconnaître la démarche de Marie Goussé, sivous en aviez pris connaissance, vous aurezcertainement permis de la juger autrement. Les œuvres qu’elle a spécialement conçuespour les espaces du Musée dauphinois nousont quant à nous permis de voir ces espacesautrement et même de les redécouvrir. Enrelation avec le 400e anniversaire de lafondation de l’Ordre de la Visitation et del’exposition « Habiter », ces œuvresproposaient en effet un nouveau dialogueavec les lieux.

• Merci au musée pour les expositionsde qualité dans ce lieu vraimentagréable. Et merci notamment pourMatrice, de Marie Goussé :installations qui s’intègrentparfaitement au site. œuvrespoétiques, sensibles et riches de sens. n

Merci à vous de confirmer par vos avis lapertinence des choix de l’équipe du muséemais surtout de saluer aussi bien l’œuvrede cette plasticienne à connaître.

TIBÉTAINS, PEUPLE DU MONDE• L’exposition « Tibet » est à réécrire,car le présenter comme une « aireculturelle » intemporelle équivaut àprésenter la France comme une« aire culturelle » sans histoire, sansroyaumes et sans principautés, sanslangues régionales, sans guerres,sans occupation et sans empire, etsurtout sans histoire contemporaine,sans écoles et sans églises. Rappelerque 3800 temples sur 4000 ont étédétruits depuis la (re)conquêtechinoise et que la langue tibétainen’est plus enseignée pour 4 millionsd’habitants autochtones depuis deuxgénérations, serait la premièremarque d’une écritureauthentiquement fidèle au contexteréel d’actualité. A refaire donc. n R

Dont acte. Ainsi que l’annonce le titre,« Tibétains, peuple du monde », c’est biende la culture de ce peuple qu’il s’agit et lapart qu’elle occupe dans le patrimoine del’humanité. Si la question est posée du droitdes peuples à vivre leur culture et si lesatteintes dont sont victimes les Tibétainsqui la pratiquent ne sont pas occultées, ilreste difficile de présenter dans un muséel’exposition militante que vous auriezsouhaitée.

GENS DE L’ALPE• Une fois de plus, j’ai apprécié cemusée qui est une référence sur leplan des sociétés rurales demontagne et la mise en valeur de leurpatrimoine culturel et matériel. nG.L.

Si le musée régional d’anthropologie qu’estle Musée dauphinois ne peut se consacrerentièrement à la présentation des sociétésde montagne, au moins leur doit-il uneplace. Merci, en le soulignant, de rappelerqu’il faudra y revenir, y compris dans desexpositions de plus courtes durées.

DIVERS• Merci à tous ceux qui ont préparéles expositions et travaillé à la miseen place du musée. Je sors de cemusée enrichi et reconnaissant auConseil général pour investir autantd’argent dans la culture. n

Pourvu que ça dure ! Confrontés à desdépenses sociales qui ne cessent de croître,de nombreux Conseils généraux doiventrevoir à la baisse les moyens qu’ilsconsacrent à la culture. Face aux mêmesdifficultés, le Conseil général de l’Isère dontrelève le Musée dauphinois, continuepourtant de lui accorder les moyens defonctionner. Merci de l’avoir observé.

• Belles expositions qui font voyagerdans le patrimoine alpin. Par contre,le fléchage pourrait être revu car ons’égare facilement entre les expos et pour trouver leurs débuts. n

Vous avez raison. Malgré nos effortsréitérés pour trouver facilement son chemindans cet ancien couvent transformé enmusée, des visiteurs continuent de seperdre. Bien que certains y trouvent ducharme, nous ne désespérons pas de trouverla bonne signalétique.

Les collections des musées déjà à l’ère du numérique Que vous soyez chercheur, étudiant, éditeur, professionnel dupatrimoine, membre d’une association, professeur, élève ou encoreamateur du patrimoine, accéder en trois clics à la connaissance,“fouiller” dans les collections des musées départementaux etdécouvrir des présentations thématiques sera bientôt possible.Tel est l’ambitieux projet que le Conseil général de l’lsère a initiédepuis 2009. Plus de 260 000 images numériques seront produitesdans les prochains mois pour constituer une banque d’imagesrichement documentée concernant des collections aussi variées queles archives, peintures, affiches, cartes postales, photographies, plaquesde verres, objets, partitions, archives sonores. Si la production de cesimages est indispensable pour la gestion des collections des muséeset pour la recherche scientifique, l’objectif est bien de partager avecle plus grand nombre des collections publiques.Une belle illustration des richesses des musées départementaux et des archives, est déjà accessible sur www.musee-dauphinois.fret sur www.isere-culture.fr

En brefÊtres fantastiques Patrimoine narratif de la Haute-Savoie

Charles Joisten,Alice Joisten.Éditions Patrimoine en Isère / Musée dauphinois, juillet 2010, 510 p. , 45€

Pendant plus de vingt-cinq ans, depuis 1951,Charles Joisten a mené dans les Alpesfrançaises des recherches intensives sur les traditions orales. Cet ouvrage recensel’intégralité des récits recueillis dans la Haute-Savoie sur les êtres fantastiques et constitue le dernier volume consacré à la collecte alpine de Charles Joisten,dauphinoise et savoyarde.

Fête de la Science au Musée dauphinoisLa 19e édition se déroulera du jeudi 21 au dimanche 24 octobre2010 : visite guidée, tournoi de robotique, démonstration.Programme complet sur ccsti-grenoble.org

Le courrier (des visiteurs

Page 8: Journal des expositions n°17 - Musée dauphinois

Musée dauphinoisOuvert tous les jours sauf le mardi, de 10h à 18h du 1er septembre au 31 mai et de 10h à 19h du 1er juin au 31 août.Fermetures exceptionnelles les 1er janvier, 1er mai et 25 décembre.

30 rue Maurice Gignoux 38031 Grenoble cedex 1Téléphone 04 57 58 89 01

www.musee-dauphinois . fr

Directeur de la publication Jean-Claude DuclosConception, coordination Agnès JonquèresRédaction Jean-Claude Duclos, Agnès Jonquères,Olivier Cogne et Stéphanie RouanetConception graphique Hervé FrumyRéalisation graphique Francis RichardCrédits photographiques : Marie-Claude Carrel,Philippe Fabrègue, Hans Silvester, Denis Vinçon,Musée de Grenoble Imprimerie Cusin à Bourgoin-Jallieu / Tirage 4000 ex.Dépôt légal : 4e trimestre 2010 • ISSN en cours

Numéro 17 • octobre 2010LE JOURNAL DES EXPOSITIONS

LL’’eennttrrééee eesstt ggrraattuuiittee ddaannss lleess mmuussééeess ddééppaarrtteemmeennttaauuxx..

TTiibbééttaaiinnss,, ppeeuuppllee dduu mmoonnddeejusqu’au 10 janvier 2011

VVaauuccaannssoonn eettll’’hhoommmmee aarrttiiffiicciieell..DDeess aauuttoommaatteess aauuxx rroobboottssjusqu’au 30 juin 2011

À la fois déconstruction d’un mythe et analyse de l’image du héros,l’exposition Hannibal et les Alpesretracera le portrait du chef militairecarthaginois Hannibal Barca (247-183 av. J.C.).

À la tête d’une armée demercenaires et d’éléphants,Hannibal parcourt le bassinméditerranéen de la Tunisieactuelle jusqu’en Italie, traversantl’Espagne, les Pyrénées et lesAlpes afin d’atteindre Rome et de la détruire.

Le contexte politique tourmentéest celui des guerres puniques qui ont opposé Carthage à Rome de 264 à 146 avant J.-C. Plus d’unsiècle de conflits militaires motivéspar la suprématie économique et politique en Méditerranée, met en face-à-face deux peuples et deux cultures opposés. Guerrede famille aussi, portée sur deuxgénérations, les générauxcarthaginois de la famille Barcaentretiennent une rivalité forteavec les généraux romains Scipion.

Héros militaire, mi-dieu mi-homme, Hannibal fut considérédans l’Antiquité comme undescendant d’Héraclès, et plus tardcomme un modèle dont s’inspirentles grands chefs militaires

européens : François Ier, Henri II,Charles XII de Suède et surtoutNapoléon Bonaparte. De l’Antiquité à nos jours, son périple – et notamment lepassage du col – donne lieu à de nombreuses polémiques.

L’absence totale d’un portraitcontemporain d’Hannibal n’a pasempêché la production artistique.Des miniaturistes anonymes du Moyen Âge aux grands artistes comme Giulio Romano,Giambattista Tiepolo,J.M.W. Turner, Bénédict Massonou encore le sculpteur AntoineBourdelle, tous ont glorifié cepersonnage à leur façon.

L’exposition ne prétend pasélucider l’énigme du passage des Alpes, mais esquisser leportrait d’un personnage historiquecontroversé et son aventure alpine,à la lumière des multiples sourcesarchéologiques, historiques,littéraires et artistiques. Une riche collection constituéed’armements punique, gaulois et romain provenant des muséesde France, d’Italie et d’Allemagne, des reconstitutions animées des stratégies militaires illustrerontcette épopée militaire. n

À PARTIR DU 23 AVRIL 2011

GGeennss ddee ll’’aallppee

LLaa GGrraannddee hhiissttooiirree dduu sskkii

Hannibal et les Alpes

Prochaine exposition

HANNIBAL

PASSANT

LE RHÔNE,

REPRODUCTION

D’UNE GRAVURE

DU XIXe SIÈCLE,

COLLECTION

MUSÉE

DAUPHINOIS