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n°1 • avril 2008 > GRATUIT LE MAÎTRE DÉCOLLE Michel Desjoyeaux O Tara, le retour Hors-bord, la surenchère Spécial TranSaT aG2r

Journal du Nautisme n°1

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Journal du Nautisme n°1, avril 2008.

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n°1 • avril 2008 > gratuit

le maître décolle

Michel Desjoyeaux O Tara, le retour Hors-bord, la surenchère

Spécial TranSaT aG2r

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« P’tit Desj’ » a grandi. Le gamin qui courait partout dans Port-la-Forêt entre l’école, la maison familiale et ses premiers pontons, le môme qui passait ses soirées sur ses maquettes de bateau, a pris de la bouteille. Aujourd’hui, il reste une part de « P’tit Desj’». Une miette, dira-t-on plutôt : Michel Desjoyeaux, qui se plaît à se donner du « Mich’ Desj’ », est resté une nature franche et sans fard.

Souvent, encore, on  l’appelle  le « Professeur ». Pour sa science de  la mer. Pour sa volonté de transmettre ce qu’il sait. Pour, parfois aussi, fustiger sa bretonne habitude de dire ce qu’il pense, tout ce qu’il pense et rien que ce qu’il pense. Il le jure. 

Il n’est pas nécessaire de se forcer pour le croire. L’homme qui nous a accordé la passionnante interview qui ouvre ce premier Journal du Nautisme ne mâche pas ses mots. Non qu’il cherche à égratigner ses semblables mais, pour lui, dire la vérité est le plus court chemin vers le vrai. Comme en mer, en somme, où la juste route est celle qui amène le plus vite à l’arrivée. 

« Mich’ Desj’ », figure mondiale de la course au large, du défi en solitaire, chantre de l’efficacité et Géo Trouvetou de la voile, porte en lui une impressionnante détermination. La façon qu’il a de se mouvoir, ses attitudes, son aisance placide et son indécrottable sens de l’humour soulignent une force de caractère bien rare. « P’tit Desj’ » n’est plus un enfant de chœur mais, sous des mots parfois directs, perce un homme de cœur. 

Journal  du Nautisme  débarque  donc  sur  les  pontons,  dans  les  écoles  de  voile  et  les  centres nautiques, les capitaineries, les yacht-clubs et les shipchandlers. Mensuel gratuit créée au sein du groupe L’Equipe, il a pour ambition de vous proposer un regard frais et léger sur ce monde si riche fait de sport, de passions, de plaisance et d’horizons. 

Bonne lecture !

Franc et sans fard 18> TranSaT aG2r

32> MOtEurS

36> FOiLS En FOLiE

24> COuPE DE l’aMErica

A la une… Michel Desjoyeaux photographié par PAUCE pour Journal du Nautisme, à Port-la-Forêt.

Diffusion : Tirage : 100 000 exemplaires. Diffusion nationale dans les écoles de voile FFV, les centres nautiques, les yacht clubs, les capitaineries, plus de 150 magasins d’accastillage…

Édité par : JOURNAL DU GOLF SAS Président fondateur : Frédéric Schmitt 4, rue Rouget-de-Lisle, 92793 Issy-les-Moulineaux Tél. : 01 40 93 25 10 [email protected]

Directeur de la publication : Marie-Odile Amaury

Directeur de la publication délégué : Frédéric Schmitt Tél. : 01 40 93 25 11 [email protected]

Directeur des rédactions : Arnaud Tillous - Tél. : 01 40 93 25 19 [email protected]

Rédacteur en chef : Frédéric Pelatan. Tél. : 01 40 93 25 32 [email protected]

Rédaction : Camille El Bèze, Servane Dorléans, Perrine Vangilve, Julien Lebowsky, Marion Bauchère.

Secrétariat de rédaction : Nicolas Jeanneau

Responsable de la diffusion et de la communication : Catherine Tisseron Tél. : 01 40 93 25 31 [email protected]

Rédacteur graphiste Responsable fabrication : Jean-Louis Guimar - Tél. : 01 40 93 25 30 [email protected]

Impression : Roularta Printing SA, Roeselare, Belgique.

Routage : Sernam

a le plaisir de livrer votre club en 24h www.sernam.fr

Conception graphique : Franck Valadier

Remerciements : FFVoile, FF Ports de plaisance, Yacht Club de France, tous nos magasins d’accastillage, AG2R et Pen-Duick de nous accueillir, le restaurant Les Boucaniers (Forêt-Fouesnant), Aurélie et Jacques Ouvrard pour leur hospitalité et leur gentillesse pendant la séance photo de Michel Desjoyeaux, Jimmy Pahun et Hervé Gautier pour leurs encouragements et leurs précieux conseils.

Dépôt légal à parution. Ne pas jeter sur la voie publique. Journal du Golf est une marque déposée par Journal du Golf SAS. Toute reproduction ou représentation même partielle est interdite sans l’autorisation écrite préalable de l’éditeur Journal du Golf SAS.

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Sophie Joffo / 01 40 93 25 09 [email protected]

François Hoffet / 01 40 93 23 [email protected]

Robert Vacca / 01 40 93 23 [email protected]

Virginie Racineau / 01 40 93 25 [email protected]

Eva Lomnicka (assistante) / 01 40 93 25 10 [email protected]

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n°1 • avril 2008 > gratuit

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6 Journal du Nautisme avril 2008

HAppy Few

Textes de Camille El Bèze et Frédéric Pelatan Photos AFP

P

JJoyon à l’elyséeLe 4 mars dernier, Francis Joyon, nouveau détenteur du record du 

tour du monde en solitaire, a été, en compagnie de Nicolas Hulot, 

reçu par Nicolas Sarkozy. Selon le compte rendu de l’Elysée, les trois 

hommes ont évoqué « les  questions de lutte contre les pollutions 

maritimes, de protection de la biodiversité et de préservation 

d’espèces marines menacées ». La petite histoire retiendra que  

Francis Joyon, peu enclin à céder aux sirènes de la popularité, s’est 

fait tirer l’oreille avant d’accepter ce rendez-vous. 

GGilles chiorri, nouveau directeur d’oc eventsOfficier de marine marchande, coureur émérite, 

directeur de projet, circumnavigateur, organisateur 

de courses, Gilles Chiorri continue « d’assembler 

sa mosaïque ». Fin février, il a intégré OC Group, la 

société de marketing et d’événementiel dirigée par 

Mark Turner et Ellen MacArthur. En tant que directeur 

d’OC Events, Gilles Chiorri sera en charge de toute la 

partie sportive, dont l’organisation de l’iShares Cup, 

de l’Artemis Transat et de la Barcelona World Race.

PPda se démultiPlieA l’arrivée de l’été, PPDA ne tient plus en place ! Le présen-

tateur du journal de la première chaîne va non seulement 

mener une équipe TF1 sur le Rando Raid SFR, composée 

d’Anne-Sophie Lapix, Charlotte Legris-Delasalle et Karine 

Ferry, mais il a également confirmé son engagement 

auprès de Brest 2008, qu’il parraine. Grand amoureux de 

la mer, le parrain du bateau de Maud Fontenoy conserve 

la passion de l’aventure sur terre, sur mer… ou dans son 

bureau. Quelle santé ! 

mles Galons de mac arthurDepuis son odyssée lors du Vendée Globe 2001 et sa superbe deuxième 

place, Ellen MacArthur a conquis le cœur de tous les amoureux de la voile 

en France. Fin mars, au vénérable Old Royal Naval College de Greenwich, 

la jeune Britannique a été décorée de la Légion d’honneur par Nicolas 

Sarkozy, lors de la visite officielle de ce dernier en Grande-Bretagne.  

Déjà anoblie par la reine d’Angleterre en 2005 après son record du tour 

du monde en solitaire (record dont vient de s’emparer Francis Joyon),  

Ellen MacArthur est la troisième Anglaise à être honorée du ruban rouge, 

après Jane Birkin et Kristin Scott Thomas. 

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8 Journal du Nautisme avril 2008

Mercredi 5 marsImoca  -  A  huit  mois  du  coup  d’envoi  du  Vendée Globe, deux skippers suisses se partagent  les hon-neurs  sur  le  podium  du  championnat  du  monde IMOCA 2007. Comme en 2003, c’est Bernard Stamm (Cheminées-Poujoulat) qui prend place sur le trône, grâce à sa victoire dans la Velux 5 Oceans. Le « Suis-se-Bigouden » devance de 10 points son compatrio-te Dominique Wavre  (Temenos  II).  Jean-Pierre Dick (Paprec-Virbac),  récent  vainqueur  de  la  Barcelona World Race, finit troisième. 

Lundi 10 marsImoca - Prélude très consistant au Vendée Globe, la première édition de la Barcelona World Race (cour-se autour du monde en double sans escale, réservée aux 60 pieds IMOCA, dont la soirée de clôture a eu lieu le 10 mars) a été marquée par l’abandon de quatre des  neuf  concurrents  –  dont  trois  sur  démâtage  – mais aussi par l’enthousiasme des marins devant ce nouveau  format  de  course.  Rendez-vous  le  31  dé-cembre 2010 pour le départ de la deuxième édition. Résultats : 1er - Jean-Pierre Dick/Damian Foxall (Pa-prec-Virbac  2)  ;  2e  -  Alex  Thomson/Andrew  Cape (Hugo-Boss)  ;  3e  Dominique  Wavre/Michèle  Paret (Temenos II) ; 4e Javier Sanso/Pachi Ribero (Mutua-Madrilena)  ;  5e  Albert  Barguès/Servane  Escoffier (Educacion-sin-Fronteras). Abandons de PRB, Delta-Dore, Estrella-Damm et Veolia-Environnement.

Jeudi 20 mars Laser Radial - En Nouvelle-Zélande, Sarah Steyaert (21 ans) est sacrée championne du monde de Laser Radial,  au  terme  d’une  ultime  journée  de  course époustouflante.  Classée  troisième  à  24  heures  du dénouement  de  la  compétition,  la  Française  est parvenue à  surclasser  ses  deux  rivales,  la  Chinoise 

Xu Lijia et  la Belge Evi Van Acker. « Je savais que  je n’avais rien à perdre et j’avais la hargne. Côté vitesse et technique, ça allait bien, mais c’est surtout dans la tête que j’ai gagné ». 

31 marsFigaro academy  -  Ces  dernières  semaines,  les aspirants  figaristes  n’en  finissent  plus  d’enchaîner les qualifs. Le 3 avril,  le verdict est tombé quant au vainqueur  du  Challenge  Espoir-Région  Bretagne.  Il s’agit d’Adrien Hardy, 23 ans, qui s’impose devant les quatre autres  finalistes,  François Gabart,  Anthony Marchand,  Damien  Cloarec  et  Fabien  Delahaye. Adrien  prendra  donc  la  barre  d’un  Figaro  2  et  sera financé pendant 2 ans pour participer au champion-nat de France de course au large solitaire. La filière DCNS, initiée par Marc Thiercelin, a quant à elle rete-nu quatre des dix prétendants : Frédéric Rivet, Chris-topher  Pratt,  Nicolas  Lunven  et  Romain  Attanasio. Mi-juin,  il  n’en  restera que deux pour  disputer  une saison  complète  en  Figaro.  Le  vainqueur,  annoncé début novembre, participera à  la Transat  Jacques-Vabre 2009, puis à la Route du Rhum 2010.

6 avril match racing :  Les  Français  Matthieu  Richard et  Claire  Leroy  occupent  toujours  le  haut  du  clas-sement  mondial  de  match  racing.  ‘Mermaid’,  le team féminin de Claire Leroy, vient de remporter les championnats du monde (à Auckland, du 1 au 6 avril) pour  la deuxième année consécutive, suite  logique d’un début de saison sans faute. « C’est le résultat d’un  gros  travail  cet  hiver  avec  Marc  Bouët  –  leur entraîneur- et  les garçons de  l’équipe de France de match  race » explique  la navigatrice. De  leur côté, Mathieu  Richard  et  son  groupe  ont  surclassé  leurs concurrents  lors  du  Marseille  International  Match Race disputé mi-mars.

PLanÈtE nautiSMEMoisson de recordsPiqûre de rappel des plus beaux temps de référence réalisés ces derniers mois par nos mangeurs de chrono. Le plus glorieux : celui de Francis Joyon, autour du monde en soli-taire à bord du maxi-trimaran Idec, en 57 jours 13 heures 34 minutes et 6 secondes (14 jours de mieux que le chrono d’Ellen MacArthur, qui datait de 2004). Le plus épique : Lionel Le-monchois et son équipage à bord de Gitana 13, sur le parcours New York-San Francisco, en 43 jours et 3 minutes (dont 5 jours d’attente au Horn pour cause de tempête). Le plus alternatif : l’Atlantique en catamaran de sport (20 pieds) effectué fin décembre 2007 par Pierre-Yves Moreau et Benoît Lequin. Le plus fulgurant, enfin : les 49,09 nœuds sur 500 mètres réalisés le 5 mars par le planchiste français Antoine Albeau sur le canal des Saintes-Maries-de- la-Mer (un record en cours d’homologation).

le chiffre300, Comme le nombre de kilos dont Yann Eliès a délesté

son monocoque Generali dans l’optique de la Transat anglaise et, bien sûr, du Vendée Globe.

la phrase « C’est une bonne leçon pour Alinghi ! »

De Franck Cammas, à propos du chavirage du team suisse sur le trimaran Foncia, fin mars. Le skipper de Groupama

détaché auprès d’Oracle, en préparation pour la 33e Coupe de l’America, a vite compris que le duel entre le challenger et le

détenteur de la Cup était sans merci.

l’infoPolémique autour de l’éviction du Tornado aux Jeux

de 2012. Depuis la décision, le 9 novembre 2007, d’évincer le multicoque des JO de Londres, la polémique fait rage.

La représentativité des votants au sein de l’International Sailing Federation est en cause et a abouti à ce vote.

Depuis, les coureurs se fédèrent et militent pour pousser l’ISAF à revoir sa décision. C’est ainsi que, parallèlement

à une grande pétition destinée au CIO, est née l’International Multihull Council (IMC), sorte de lobby

pro-multicoque. « L’ISAF a reconnu qu’il y avait un problème, explique Philippe Neiras, entraîneur de l’équipe de France de

Tornado. Tout n’est pas encore perdu, mais je doute que la décision soit révisée avant novembre 2008.»

Textes de Camille El Bèze

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12 Journal du Nautisme avril 2008 avril 2008 Journal du Nautisme 13

photosRéalisées par PAUCE

pour Journal du Nautisme.

Michel Desjoyeaux en bref :

Né le 16 juillet 1965 à Concarneau.Marié, trois enfants.

Son palmarès : Solitaire du Figaro 1992,

1998, 2007.Vendée Globe 2001.

Route du Rhum 2002.Transat anglaise 2004.

Transat Jacques-Vabre 2007.

Sa saison 2007 : Vainqueur de la Solitaire du Figaro.

Vainqueur du Record SNSM.Vainqueur du Trophée

Clairefontaine.Vainqueur de la Transat

Jacques-Vabre.Troisième de la B to B.

Propos recueillis par Frédéric Pelatan> InteRvIew

En 2007, vous avez cumulé des victoires sur le Trophée SNSM, le Clairefontaine, la Soli-taire du Figaro et la Jacques-Vabre. Un bilan époustouflant. Vous faites à nouveau figure d’épouvantail cette année. C’est une position confortable, non ? J’ai fini par admettre que j’ai fait une année impressionnante parce que j’ai gagné en équipage, en double, en solitaire, dès ma première sortie avec Foncia... La seule course que je ne gagne pas, c’est la B to B, où j’avais juste pour seul objectif de ramener le bateau… Courir sur des supports différents n’est-il pas complexe ? En auto, on fait du kart, puis de la F3000, pour finir en F1. Nous, marins, c’est différent, ça ne nous fait ni chaud ni froid d’être skipper ou équipier, de naviguer en équipage ou en solitaire, d’être sur un gros ou un petit bateau… C’est une grande liberté et une chance. Et c’est ce qui m’amuse. L’année où je suis parti sur le Vendée Globe, en 2000, j’avais passé la saison à tourner les manivelles sur le bateau d’Alain Gautier, quand d’autres faisaient de la préparation mentale et physique et prenaient des cours de météo…

La préparation, c’est un mot tabou chez vous ? Les gens parfois me demandent : « Tu ne fais pas de prépara-tion physique ? » Ce à quoi je réponds : « Non, je n’en fais pas, je ne fais que tourner des manivelles et je suis en mer tout le temps. » Avant la dernière Solitaire du Figaro, on disait que je ne m’étais pas entraîné. Mais cela ne m’a pas empêché de la « claquer ». Ce que les gens oublient, c’est que j’ai passé le printemps 2007 à Port-la-Forêt, qu’il y avait trente nœuds de vent tous les jours, et que je naviguais quand d’autres étaient sur les chantiers ou devant leur télé. Je n’aime pas les salles de musculation, je préfère être sur l’eau, à faire ce que j’aime faire. Aujourd’hui, j’ai une légitimité qui me permet de pouvoir continuer à faire ce que je fais avec une méthode bien à moi.

Se frotter à Mich’ Desj’, quel que soit le support, c’est du sport…Lors de la Figaro, quelques concurrents avaient dit que, puisque j’étais là, il n’y aurait que deux places sur le podium. Je peux vous dire que ça met la pression ! Mais j’ai réussi à finir troisième de la première étape et je sors vainqueur de la deuxième. C’est sûr qu’après ça, les mecs réfléchissent. D’ailleurs ça n’a pas raté, lors de la dernière étape, pas mal se sont mis à me suivre ! Du coup, j’ai emmené du monde avec moi sur des options pas forcément rationnelles. Avoir l’avan-tage psychologique peut-être un bon moyen de protection…

La première occasion de vous « provoquer », cette année, ce sera lors de la Transat anglaise. Une course mythique…C’est par elle que tout est arrivé, par la faute d’un certain Eric Tabarly, qui a remporté deux fois cette épreuve légendaire. La Transat anglaise a lancé la grande histoire de la course au large et plus particulièrement en solitaire. Ce sera ma troi-sième participation cette année après 2000, où je naviguais en mono sur PRB et 2004, où j’ai gagné en multi. Là, je reviens en monocoque.

Dès qu’on parle Transat anglaise, on parle d’Eric Tabarly…C’est juste un rappel historique général. Mais l’histoire n’est pas notre moteur.

La période où vous naviguiez avec Eric Tabarly reste pourtant un moment à part. J’ai fait mon premier tour du monde avec Côte-d’Or en 1985, j’avais 20 ans. Avoir une ligne comme ça sur le CV, ça aide effectivement énormément. Ce fut une bonne période d’ap-prentissage : quand vous partez huit mois, dont quatre mois en mer, c’est intense. Je me souviens que nous avons eu pas

mal de soucis techniques avec le bateau, ce qui est d’autant plus formateur.

Est-ce qu’il y a encore deux clans : ceux qui ont navigué avec Tabarly et les autres ?Oui, une sorte de confrérie s’est créée. Jacqueline, la femme d’Eric, a beaucoup oeuvré pour cela.

Le point culminant de votre saison 2008, ce sera le Vendée Globe, en novembre… C’est la course mythique par excellence. Quand on voit le monde qu’il y a au départ et à l’arrivée pour rendre hommage aux participants, on se rend compte que cette course ne laisse pas le terrien indifférent. Et, nous marins, non plus : trois mois en solitaire pour une course dont le plateau sera incroyablement relevé, c’est génial. Mais je n’y vais pas parce qu’on m’a deman-dé d’y aller. J’ai vraiment envie d’en être. En février 2001, quand je suis revenu aux Sables-d’Olonne, j’étais très content de ce que je venais de vivre et je savais que j’allais repartir un jour.

C’est étonnant que vous précisiez d’entrée que vous y allez de votre propre chef…C’est une décision personnelle : s’il y a la moindre faille dans votre motivation, le Vendée Globe peut vite devenir un cauchemar.

Marin de l’année 2007, Michel Desjoyeaux aborde l’année 2008 plein d’envies, avec, en point de mire, le vendée Globe, où il revient cette année, huit ans après sa victoire. Rencontre avec une étonnante force de caractère quelques semaines avant le départ de la transat anglaise.

« Je ne suis Pas un aventurier »

michel desJoyeaux :

Foncia, la fiche techniqueArchitecte : Farr Yacht Design

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Surface voiles au près : 300 m2 Surface voiles au portant : 620m2

N° de voile : 10

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14 Journal du Nautisme avril 2008 avril 2008 Journal du Nautisme 15

On n’a pas le sentiment que vous êtes très porté sur les souvenirs, mais quels sont ceux qui vous restent de votre premier Vendée ? L’arrivée aux Sables fut le moment le plus impressionnant de ma vie de marin. J’ai le souvenir de ce quai noir de monde. Il devait être 22 heures… Au-delà des manœuvres ratées et des options réussies, ce souvenir reste vraiment gravé en moi. Et puis, naviguer pendant 90 jours, 24 heures sur 24, ne laisse pas indifférent l’homme, le marin, le compétiteur, le père de famille…

La course au large porte auprès du grand public…J’adore cette phrase de Platon que je répète souvent : « Il y a trois sortes d’hommes : les vivants, les morts et ceux qui vont sur les mers. » La voile, c’est une activité que, malheureusement, très peu de personnes touchent du bout du doigt. Pour la plupart des gens, partir tout seul et se retrouver au milieu de nulle part, c’est quelque chose d’étonnant. Nous, marins d’aujourd’hui, avons oublié l’aspect « mythologique » du bateau. Mais on bénéficie de cette curiosité, de cet intérêt du public.

L’aventure, ce n’est pas votre rayon ? Mais nous sommes tous des aventuriers ! On prend beaucoup de risques à vivre ! La preuve : on finit par en mourir ! Plus sérieusement, je ne me considère pas comme un aventurier : je ne pars pas sans savoir où je vais, contrairement à Christophe Colomb. Nous, nous sommes des compétiteurs dans un sport prototype mécanique, avec des commanditaires qui nous permettent de faire notre boulot. Ce qui ne veut pas dire que ce qu’on fait est facile. Mais c’est à la portée de ceux qui le veulent vraiment. Et je le veux. Maintenant, c’est évident que, partir autour du monde tout seul et en revenir, est déjà une sacrée performance. Qu’est-ce qui tient de l’aventure alors ? L’aventure, pour moi, elle commence quand on se décide à monter un projet, qu’on trouve un commanditaire, qu’on constitue son équipe, qu’on vit avec, qu’on bosse avec et elle s’achève quand plus personne ne se parle. L’aventure, c’est les rapports humains !

Comment fait-on pour avoir encore faim de victoires quand on a tout gagné ?Eh bien justement, ce n’est pas la victoire qui donne faim. Le moteur, c’est de mener des projets sympas avec des gens qui ont la même motivation que vous, et qui n’interviennent pas forcément sur le même terrain de jeu que vous. Le truc, c’est de fusionner tout ça et de trouver son compte au milieu. Dans un sport mécanique comme la voile, la compétition est un moyen de valider ce qu’on a construit et d’aller se confronter aux autres pour savoir si on avait raison ou pas.

Est-ce important pour vous d’être le meilleur solitaire ? Il ne faut pas s’en cacher : l’objectif est d’arriver avant les autres parce que cela signifie qu’on a fait ce qu’on devait faire moins mal qu’eux. Des

erreurs, on en fait tous, des petites comme des grosses. Celui qui gagne est celui qui en a fait le moins, c’est aussi simple que cela.

Avec quoi pensez-vous pouvoir obtenir un avantage sur les autres concurrents lors du prochain Vendée Globe ?En fait, la bataille démarre bien avant la course. Pour moi, elle a com-mencé dès février 2001. Je pense qu’au-delà des trois mois en mer, cette course se gagne sur terre. La technique y tient un rôle prépondérant.

Tout est question de stratégie finalement, notamment pendant les vacations en course…La course au large, c’est le seul sport où les journalistes, le grand public, mais aussi les concurrents, ont accès aux autres concurrents en temps réel pendant la compétition. Au foot, le mec court derrière un ballon mais il n’y a pas un journaliste sur la pelouse pour lui dire : « Qu’est-ce que tu fous, tu vas le marquer ce but ou quoi ? » Pour nous, lors d’une vacation radio, chaque mot a son importance, la façon de s’exprimer aussi, le ton de la voix. C’est assez facile de se faire embobiner et c’est aussi assez facile d’embobiner du monde.

D’où l’impératif d’être lucide tout le temps…C’est le principe en effet. Un solitaire, c’est un artisan, dans le sens où il a plein de métiers à faire en même temps et il doit les faire le moins mal possible. Continuez sur votre définition du solitaire !Il faut savoir faire un peu tout : barrer, régler, manœuvrer, entretenir le bateau, communiquer, tourner des images, les envoyer à terre, écrire, et, ça, 24 heures sur 24. Un solitaire, c’est une machine à gérer les priori-tés. C’est ce qui fait tourner en bourrique les gens autour de nous par-fois, parce qu’on passe notre temps à les changer ces priorités ! Mais c’est comme cela qu’on fonctionne en mer. Le cerveau d’un solitaire est comme un ordinateur ouvert sur différents programmes en même temps.

Vous avez une organisation bien à vous. Vous êtes vrai-ment devenu un chef d’entreprise. Aujourd’hui, je suis chef d’entreprise par défaut, parce que quand on est skipper d’un bateau, on est de fait chef de projet. Il n’y a pas beaucoup de différences entre un chef d’entreprise et un chef de projet, sauf que l’un des deux a plus d’emmerdes administratives que l’autre ! Moi, j’ai décidé d’être le chef chez moi mais quand je suis sur un autre bateau que le mien, j’accepte la hiérarchie et je reste à ma place.

Etes-vous un patron solitaire, autoritaire ?Je me considère comme un empêcheur de tourner en rond. Je ne suis pas là pour dire aux gens ce qu’ils ont à faire, parce que s’ils sont là, c’est que, normalement, ils sont compétents. Je suis surtout là pour aiguillonner les autres, afin qu’ils aillent dans la direction que je souhaite et qu’ils donnent le maximum. On est dans un univers de compétition et il faut

« Dans mon entreprise, je me considère comme un empêcheur de tourner en rond »

que les gens avec lesquels je bosse aient l’esprit de compétiteurs, pas forcément dans l’âme mais au moins dans la démarche. Qu’ils n’aient pas peur des feuilles blanches. Ce qui existe sur les étagères et qui peut être une solution de base représente rarement un idéal. Or, nous, nous devons tendre à l’idéal. Votre force vient donc du fait que vous savez vous entourer... J’ai une formation minimum : après le bac, j’ai commencé un IUT de mesures physi-ques mais j’ai laissé tomber au bout de six mois pour aller faire de la voile. Je dois être la personne la moins diplômée de mon équipe, mais ça ne me dérange pas de recruter des gens plus savants que moi, bien au contraire ! Eux, ça les tire vers le haut parce que je les aiguillonne en permanence et, moi, ça me sert dans ma recherche de performance.

Avez-vous en tête un format de course plus fantastique encore que le Vendée Globe ? Les situations les plus folles, les plus excitantes, vous en parlerez avec d’autres. Désolé, mais je ne me sens pas concerné par le côté sensationnel. En 2001, à l’arrivée du Vendée Globe, le patron de PRB m’a dit : « Si le Vendée devient une course de multicoques, on s’inscrit. » Ce à quoi je lui ai répondu : « Si vous voulez, mais ce sera sans moi »… On peut tout faire, traverser l’Atlantique avec une main dans le dos, revenir au sextant, mais ce n’est pas mon état d’esprit. Francis Joyon, quand il se lance dans sa quête de record de tour du monde en solitaire, cela correspond à son personnage. Il est formaté pour ça et je savais qu’il réussirait. Mais Joyon skipper sur la Coupe de l’America, je n’y croirais pas une seconde.

Donc l’exercice en solitaire vous correspond totalement…La question que je me pose en permanence est : « Est-ce que je suis bon parce que j’aime la solitaire ou est-ce que j’aime la solitaire parce que je suis bon ? » Je n’ai toujours pas trouvé la réponse mais ce n’est pas grave : je continue à faire ce que j’aime faire et je le partage avec d’autres.

Vous sentez-vous finalement un peu différent des autres ? Oh, pas tant que ça ! Un peu quand même ! Je me souviens de ce préparateur mental qui était venu à Port-la-Forêt pour réaliser des évaluations et faire subir des tests sportifs au team Finistère-Course au large. Il s’est retrouvé avec des profils cohérents, fidèles à ce qu’il attendait. Et puis il m’a consulté. Or, le Mich’ Desj’ n’a pas du tout le profil du compétiteur qu’il attendait ! J’ai été un sujet d’expérimentation pour lui. De mon côté, je me suis intéressé aux outils qu’il avait mis à ma disposition, avant de prendre du recul. L’année d’après, sur le circuit Figaro, j’ai gagné une course sur deux, en étant, à chaque manche, capable de dire si j’allais gagner ou pas. Lors de la Figaro ou de la Jacques-Vabre l’an dernier, je n’avais aucun doute. J’avais cette sorte de certitude en moi, annonciatrice des bons résultats. Aujourd’hui, je n’arrive pas forcément à reproduire cet état d’esprit mais je le détecte, même si je tais mes ressentis. Je crois que je suis quelqu’un de très instinctif.

Et que sentez-vous pour 2008 ? ...

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16 Journal du Nautisme avril 2008 avril 2008 Journal du Nautisme 17

Texte de Perrine Vangilve

les monocoques en vedettes IMoCA – tRAnSAt AnGLAISe

la Transat anglaise, désormais baptisée The artemis Transat s’élancera le 11 mai prochain de plymouth à destination de Boston. cette treizième édition sera exclusivement réservée aux monocoques de 60 et 40 pieds.

La classe IMOCA, qui a le vent en poupe, tiendra la vedette de cette transat mythique créée en 1960 par Blondie Hasler d’après une formule

restée célèbre : « Un homme, un bateau et l’Océan. » Mark Turner, le directeur d’Offshore Challenge Events, qui a repris en 2004 l’organisation de la plus ancienne des transats, a innové et surpris en excluant les multicoques de l’épreuve. Il renoue ainsi avec l’édition inaugurale de 1960, remportée par Sir Francis Chichester, où seuls des monocoques figuraient sur la ligne de départ.

Priorité à la classe IMOCA Ce retour aux sources s’explique par la faiblesse du nombre des candidats potentiels en multicoques et une volonté de donner la vedette aux monocoques 60 pieds (classe IMOCA) qui ont à l’heure actuelle le vent en poupe. Les responsables de cette classe font aussi pression sur les organisateurs pour éviter de partager l’affiche avec les multicoques, estimant que ces derniers accaparent le terrain médiatique. De plus, la classe ORMA connaît en ce moment une période de transition. « Cette décision n’a pas été facile à prendre. Mais cela permet de simplifier les choses, de raconter plus facilement une histoire. Priorité est donc donnée cette année à la classe IMOCA, qui est au sommet », s’est ainsi justifié Mark Turner. Ce choix n’est toutefois pas définitif. Les multicoques, qui ont beaucoup contribué à la légende de la Transat anglaise, devraient y être à nouveau conviés dans le futur.

Match France-Angleterre On devrait cette année assistera à un vrai match France-Angleterre sur l’Atlantique nord et, à quelques mois du Vendée Globe, cette confrontation sera riche d’enseignements. Sur les 27 bateaux qui seront en novembre au départ des Sables-d’Olonne pour le Globe, 16 sont annoncés dans l’Artemis Transat. Si quelques concurrents comme Armel Le Cleac’h viennent chercher leur qualification pour le Vendée Globe, la plupart ont déjà validé leur ticket d’entrée pour cette légendaire circumnavigation. Côté britannique, Mike Golding emmènera un « club des cinq » composé de Brian Thompson (Pindar), Dee Caffari (Aviva), Samantha Davies (Roxy) et Johnny Malbon qui étrennera son nouvel Artemis. La délégation tricolore s’annonce importante avec, notamment, Vincent Riou (PRB), Loïck Peyron (Gitana Eighty), Kito de Pavant (Groupe-Bel), Yann Eliès (Generali) et Marc Guillemot (Safran). Enfin, un certain Michel Desjoyeaux, vainqueur il y a quatre ans sur trois coques, sera une nouvelle fois de la fête et visera le doublé avec son nouveau Foncia. En revanche, si la classe 40 est invitée, son plateau devrait être maigre : une dizaine d’unités pour l’instant est annoncée à Plymouth.

Le palmarès de la transat anglaise1960 : Francis Chichester (Royaume-Uni) sur Gipsy-Moth III en 40j 12h 30’

1964 : Éric Tabarly (France) sur Pen-Duick II en 27j 3h 56’

1968 : Geoffrey Williams (Royaume-Uni) sur Sir-Thomas-Lipton en 25j 20h 33’

1972 : Alain Colas (France) sur Pen-Duick IV en 20j 13h 15’

1976 : Éric Tabarly (France) sur Pen-Duick VI en 23j 20h 12’

1980 : Phil Weld (États-Unis) sur Moxie en 17j 23h 12’

1984 : Yvon Fauconnier (France) sur Umupro-Jardin en 16j 6h 25’

1988 : Philippe Poupon (France) sur Fleury-Michon IX en 10j 09h 15’

1992 : Loïck Peyron (France) sur Fujicolor en 11j 1h 35’

1996 : Loïck Peyron (France) sur Fujicolor en 10j 10h 05’

2000 : Francis Joyon (France) sur Eure-et-Loir en 9j 23h 21’

2004 : Michel Desjoyeaux (France) sur Géant en 08j 8h 29’

Les engagés en classe IMoCA 60 Akena-Veranda • Arnaud Boissières (FRA)Artemis • Jonny Malbon (G-B)Aviva • Dee Caffari (G-B)Brit-Air • Armel Le Cleac’h (FRA)BT • Sébastien Josse (FRA)Ecover • Mike Golding (G-B)Foncia • Michel Desjoyeaux (FRA)Pakea-Bizkaia 2009 • Unai Basurko (ESP)

Pindar • Brian Thompson (G-B)PRB • Vincent Riou (FRA)Roxy • Samantha Davies (G-B)Generali • Yann Elies (FRA)Cervin-EnR • Yannick Bestaven (FRA)Gitana-Eighty • Loïck Peyron (FRA)Groupe-Bel • Kito de Pavant (FRA)Safran • Marc Guillemot (FRA)

Les engagés en classe IMoCA 40 :Appart’City • Yvan Noblet (FRA)Custo-Pol • Halvard Mabire (FRA)Fujifilm • Alex Bennett (G-B)Groupe-Partouche • Christophe Coatnoan (FRA)Leclerc-Ville la Grande • Jean-Philippe Saliou (FRA)Louis Duc (FRA) •Mistral Loisirs-Elior • Thierry Bouchard (FRA)Prevoir-VIE • Benoît Parnaudeau (FRA)Telecom-Italia • Giovani Soldini (ITA) Simon Clarke (G-B)

« le retour des multicoques dans le futur »

AFP

Page 10: Journal du Nautisme n°1

18 Journal du Nautisme avril 2008

le 20 avril prochain, 27 tandems et leurs Figaro Bénéteau 2 seront sur la ligne de départ de la neuvième Transat aG2r (concarneau-Saint-Barthélemy), seule transatlantique en double du calendrier. anatomie d’une course de 16 ans d’âge pas comme les autres et revue des forces en présence.

l’atlantiqueà quatre mains

Le Figaro BénéteauLes bateaux de la Transat AG2R sont stric-

tement identiques pour répondre à l’exigence

de compétition à armes égales. Seules donc

les qualités des marins doivent faire la

différence. Le Figaro Bénéteau 2 est un

monocoque de 10 mètres de long, conçu en

2002 par le cabinet Lombard. Solide,

marin, rapide et stable aux allures portantes,

ce bateau est aussi très polyvalent. Il est en

effet adapté à la pratique en solitaire comme

en équipage, que ce soit en transatlantique ou

sur des régates entre deux bouées.

Texte de Camille El Bèze

Des monocoques de 10 mètres strictement identiques, deux équipiers et une régate océanique de trois semaines à

destination du soleil : pour les mangeurs d’écoute, la recette de la Transat AG2R reste toujours aussi alléchante. L’histoire de cette course pas comme les autres commence en 1992. « A cette époque, nous souhaitions communiquer par le biais d’un sport ayant des valeurs proches des nôtres, telles que le dynamisme, la solidarité, l’esprit d’initiative et dont le spectacle était gratuit pour le public, raconte Yvon Breton, directeur général délégué du groupe AG2R. J’ai rencontré François-Xavier Dehaye, qui mettait en place ce concept de transat à armes égales. Le projet nous a immédiatement séduit et nous avons plongé avec lui.»

« La monotypie, école de la rigueur »Depuis, la crème des figaristes et tous les talents de la course au large se pressent tous les deux ans au départ de l’AG2R. Le succès de la course vient de son format originel et original : la monotypie. Pour Roland Jourdain (cinq participations à l’AG2R et une victoire avec Jean Le Cam en 1994), « la monotypie reste une sacrée école de rigueur en termes de vitesse, de tactique et de météo. Sur l’AG2R, tu ne peux jamais te sentir serein. »Jamais serein et jamais sur des rails non plus d’un point de vue stratégique, même si les marins connaissent bien le déroulé de ce parcours de 3710 milles entre la Bretagne et les Antilles : une traversée du golfe de Gascogne dans un vent soutenu (souvent de face), puis la quête des alizés portugais jusqu’à Madère (marque à virer à Porto Santo) suivie d’une négociation de l’anticyclone des Açores et, pour finir, un dernier « run » au portant vers Saint-Barth’. Ce schéma théorique est toutefois souvent contrarié par une météo printanière qui a tendance à brouiller les pistes. Il faut donc s’adapter. « Sur ces bateaux, une fois que tu es placé dans un système météo, tu le subis obligatoirement, explique Armel le Cléac’h, vainqueur avec Nicolas Troussel de l’AG2R en 2004. C’est donc un vrai jeu d’échecs. Il faut toujours se placer en pensant aux coups suivants.»

Deux cerveaux, deux paires de bras, deux fois plus d’efficacité

Autrefois disputée en deux étapes, la Transat ne fait plus escale depuis 2004, ce qui sous-entend, pour les duos les plus doués, trois semaines de mer non-stop. « Le double, c’est déjà un début d’équipage. Cela fait quand même une grosse différence avec le solo : on peut dormir sur ses deux oreilles, il y a toujours quelqu’un qui veille sur le pont », confie Kito de Pavant, détenteur du titre avec l’Italien Pietro d’Ali. Vivre à

deux sur un bateau, cela s’apparente parfois à la routine d’un couple qui se croise entre deux « Passe-moi le sel ! » Mais c’est aussi la possibilité de mettre à contribution deux cerveaux pour la stratégie, deux paires de bras pour la manœuvre et, surtout, partager le temps de barre pour faire marcher le bateau à 100% de ses capacités. Un exercice à la fois usant et réjouissant. Toute la difficulté consiste donc à bien choisir son partenaire : celui en qui vous avez une totale confiance pour mener la barque en bon marin, celui qui saura rester positif dans les moments difficiles et remonter le niveau de motivation en cas de doute ou de mauvaise passe, celui, enfin, avec qui vous partagerez aussi parfois une bonne tranche de rigolade. De fait, à l’exception de quelques associations très professionnelles (Hervé Laurent, vainqueur en 2002, avoue être parti à deux reprises en compagnie d’un équipier qu’il ne connaissait pas), tous nos marins concèdent « qu’il y a certaines personnes avec lesquelles ils ne s’embarqueraient jamais. » Car le scénario imposé par la course est loin d’être calqué sur celui de La croisière s’amuse. Imaginez-vous cohabiter pendant trois semaines dans un espace vital de moins de 10 m2 généralement encombré de voiles et imprégné d’humidité, sous la pression conjointe des éléments et de la compétition : voilà un huis clos océanique qui peut très vite passer du paradis à l’enfer !

Un tiers de favorisFait étonnant d’ailleurs, aucun duo, aussi symbiotique soit-il, n’a jamais réussi un doublé dans l’épreuve. Ni aucun marin à titre individuel d’ailleurs. La cuvée 2008 de l’AG2R fera t-elle mentir les faits ? Quelques anciens vainqueurs, en tout cas, s’y alignent. C’est le cas de Jean le Cam, qui sera associé à Gildas Morvan. Sur le papier, ces deux vieux loups du circuit sont les grands favoris. Mais, comme souvent sur cette course, la liste des prétendants à la victoire regroupe un bon tiers des inscrits. Il faudra donc également compter sur Nicolas Troussel (vainqueur en 2004 avec Armel Le Cleac’h), qui sera accompagné cette année de Christopher Pratt, ainsi que sur les tandems Thierry Chabagny/Corentin Douguet, Liz Wardley/François Gabart, Jeanne Grégoire/Nicolas Lunven, Erwan Tabarly/Vincent Biarnes, Armel Tripon/Dominique Vittet et Bertrand de Broc/Joe Seeten. Une fois de plus, le jeu est très ouvert. Il y a deux ans, la chaleur tropicale de Saint-Barthélemy rivalisait à peine avec la montée en température des équipages à l’arrivée, où 23 des 28 bateaux avaient franchi la ligne d’arrivée en l’espace de 24 heures !

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20 Journal du Nautisme avril 2008 avril 2008 Journal du Nautisme 21

Propos recueillis par Camille El Bèze

Photos : Yvan Zedda, Marcel Mochet/AFP, François Mousis tRAnSAt AG2R

Jacques Caraës(deux participations, vainqueur en 1992 avec Michel Desjoyeaux) : « L’AG2R 1992, c’était la première transat en monotype. Cette course avait donc une saveur particulière et j’en garde un excellent souvenir. J’ai énormément appris au contact de Michel Desjoyeaux. Je me souviens aussi d’un accueil

exceptionnel à l’arrivée. En plein après-midi, le quai Gustavia à Saint-Barthélemy était noir de monde ! Côté course, je me rappelle qu’après être repartis de Madère, où nous faisions à l’époque une escale de 48 heures, nous avons eu un vent très fort au portant. La première nuit de cette deuxième étape avait été dantesque et décisive. Michel avait fait fabriquer un spi lourd, c’était la bonne option, mais il fallait oser le porter ! Vingt-quatre heures avant l’arrivée, nous avions une marque à virer au nord de la Guadeloupe et notre concurrent direct (le duo Leclere/Blanken, ndlr) pensait qu’il était en tête. Nous avions joué la gagne avec eux. »

Roland Jourdain(cinq participations, vainqueur en 1994 avec Jean le Cam) : « Je garde deux souvenirs marquants de l’AG2R 1994 : d’abord nos 63 secondes d’écart à Saint Barth’ avec de Broc et Guillemot et notre arrivée le jour où Nelson Mandela a été élu président d’Afrique du Sud. Au départ de la deuxième étape, nous avions fait un bon

coup et nous étions plutôt sereins. Mais, petit à petit, Bertrand de Broc et Marc Guillemot sont revenus sur nous. Deux jours avant l’arrivée, nous naviguions à vue ! Mais, à un moment, nos poursuivants n’ont plus reçu de fichiers météo et nous avons alors commencé à attaquer dans tous les sens pour les leurrer. La dernière nuit, de Broc et Guillemot n’étaient plus qu’à une dizaine de mètres de nous, c’était de la pure régate, une vraie guerre ! Nous avons pris un grain énorme, nous étions épuisés, en panne de GPS, nous étions aveuglés par les projecteurs des vedettes qui venaient à notre rencontre, c’était vraiment un final d’anthologie ! »

Alain Gautier(une participation, vainqueur en 1996 avec Jimmy Pahun) :« Ce qui nous a marqué avec Jimmy, c’est cette longue période de près après Madère : une semaine où nous avons eu de 15 à 35 nœuds de vent. Ce n’était pas confortable. Nous avons d’ailleurs cassé un des haubans. Nous aurions pu abandonner mais j’ai fini par trouver une

solution. Les frères Poupon avaient mis un « caramel » à tout le monde à Madère et nous pensions tous qu’il serait difficile de les rattraper. Mais ils ont pris une mauvaise option dans le sud. Or, ça s’est finalement joué dans le groupe de bateaux partis dans le nord. Il y a eu une belle bagarre avec nos poursuivants Le Cam/Arthaud, Nélias/Cammas et Desjoyeaux/Jourdain… des p’tits gars qui en voulaient ! Nous, nous avons tenté de raccourcir la route : nous avons coupé l’anticyclone en surveillant en permanence notre baromètre pour caler de petits empannages. On a vraiment joué avec le feu ! »

Bruno Joudren(six participations, vainqueur en 1998 avec Marc Guessard) :« 1998, c’était ma deuxième AG2R. La première, avec Jacques Caraës, avait été assez dure : nous avions tout fait « à l’arrache », avec un simple GPS portable, pas assez de nourriture, j’étais tombé à l’eau et, à l’arrivée, j’avais perdu huit kilos ! Je m’étais dit : « Plus jamais ça ! » Mais au fond de moi, je n’avais pas envie de rester sur

un échec. Il fallait que je reparte ! En 1998, nous possédions un bon bateau, un bon budget et nous avions eu du temps pour nous entraîner. Nous avons fait une bonne première étape jusqu’à Madère mais, au moment de repartir, les compteurs avaient été remis à zéro à cause du manque de vent. C’est en grignotant peu à peu notre retard dans le sud de l’Atlantique que nous avons réussi à passer en tête. Mais, la veille de l’arrivée, nous sommes restés encalminés. Nous avons terminé les derniers milles à vue avec nos poursuivants ! »

les huit lauréats de la Transat aG2r évoquent leurs meilleurs comme leurs pires souvenirs de cette course si particulière.

Karine Fauconnier(deux participations, vainqueur en 2000 avec Lionel Lemonchois) : « Cet te ann é e - là, l e p lateau était impressionnant, toutes les stars de la voile étaient présentes. Mais nous n’étions pas intimidés. Avec Lionel, on avait la niaque, on voulait gagner. C’était l’objectif de départ et, pour moi, il n’y avait pas 36 options. Je

naviguais depuis trois saisons en Figaro et j’avais enfin obtenu un bon budget (de Sergio Tacchini, ndlr). La première semaine de course, nous n’avons pas vu le jour. Jusqu’à Lisbonne, c’était tempête, nous avions entre 25 et 50 nœuds de vent, nous étions tout le temps au près. Nous avons cassé trois drisses et nous sommes montés trois fois dans le mât ! Ensuite, après Madère, ça a été l’inverse : nous avons eu deux ou trois jours sans le moindre souffle. Certains concurrents manquaient d’eau à l’arrivée et, de notre côté, nous avons aussi été obligés de nous rationner. Sous un grain, je me rappelle avoir récupéré de l’eau de pluie qui tombait de la grand-voile. La course a finalement été très longue. »

Hervé Laurent (deux participations, vainqueur en 2002 avec Rodolphe Jacq) : « Je crois que c’est la première fois qu’un vainqueur arrivait avec 10 heures d’avance. Lors de la première étape, nous avons fait un très beau coup météo : après le cap Finisterre, nous sommes allés chercher les brises thermiques

le long du Portugal pendant que les autres, en route directe vers Madère, ont été coincés dans une bulle sans vent. Quand j’ai vu que nous avions été les seuls à prendre cette option, je suis descendu plusieurs fois à la table à cartes pour vérifier notre option. Mais j’étais assez sûr de mon coup, je me souviens avoir dit à Rodolphe : « On va leur mettre un caramel ! » C’était trois jours à peine après le départ. Nous sommes arrivés à Madère avec dix heures d’avance sur les seconds. Ensuite, sur la deuxième étape, il nous a suffi d’assurer et de rester au contact des leaders. »

Armel Le Cléac’h(trois participations, vainqueur en 2004 avec Nicolas Troussel) : « C’était la première AG2R avec le nouveau Figaro 2 et, pour Nicolas et moi, notre première traversée de l’Atlantique. Il y a eu une tempête sur la Bretagne le week-end du départ, les organisateurs l’ont donc reporté et, en conséquence, l’étape de Madère a

été supprimée. Nous avons eu de très bonnes conditions au portant jusqu’à Madère. Sur la deuxième partie de la course, il y a eu une petite dépression à négocier et la flotte s’est scindée en trois groupes. Nous, nous avons tout de suite plongé sud… le genre d’option qu’il faut prendre à fond. Les premiers jours, nous avons dégringolé au classement mais nous étions sûrs de notre coup et, une semaine avant l’arrivée, nous avons pris la tête. Nous sommes arrivés un 11 mai, le jour de notre anniversaire à Nicolas et moi. »

Kito de Pavant(trois participations, vainqueur en 2006 avec Pietro d’Ali) : « Deux choses ont été marquantes cette année-là. La première, c’est que la course a été tout le temps très serrée, le niveau des équipages était très homogène et la victoire a donc mis du temps à se dessiner. Nous sommes finalement arrivés en tête avec seulement 18

minutes d’avance sur Dominic Vittet et Lionel Lemonchois. La dernière journée, nous naviguions à vue avec trois autres bateaux. Le final fut très chaud : les 23 premiers bateaux sont arrivés en l’espace de 24 heures ! Côté stratégie, nous avons fait un très gros et très intéressant boulot. Avec Pietro, on s’est remis en question tous les jours. Le deuxième fait marquant : on a presque fait toute la course au portant. Les génois sont sortis à tout casser une petite dizaine d’heures ! A l’arrivée à Saint-Barthélemy, les voiles d’avant étaient comme neuves. »

souvenirs, souvenirs

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22 Journal du Nautisme avril 2008 avril 2008 Journal du Nautisme 23

Erigée en plein cœur de l’ancienne base des sous-marins de lorient, la cité de la voile Eric-Tabarly, dessinée par Jacques Ferrier, a ouvert ses portes au grand public le 5 avril dernier. Tourné vers l’avenir et la mer et retraçant la carrière d’Eric Tabarly, ce lieu de découverte s’adresse à tous les passionnés de la mer et de la voile. Tour d’horizon.

l’homme et l’océan

La Cité de la voile en brefOuverte au public depuis le 5 avril dernier, la

Cité de la voile sera officiellement inaugurée le 17

mai prochain. Elle devrait accueillir 100 000

visiteurs par an. Avec une exposition permanente

de 1500 m2, une salle destinée aux expositions

temporaires de 400 m2, un auditorium de

145 places, un espace actualités, une boutique-

librairie, un restaurant et un snack, elle sera

également le port d’attache des Pen-Duick qui

viendront s’y amarrer lors de leurs escales.

La Cité de la voile proposera également des

initiations à la navigation dans

la rade de Lorient.

Construite dans un contexte de développement du bassin lorientais et dans une base de sous-marins en pleine

reconversion, la Cité de la voile sera officiellement inaugurée le 17 mai prochain. S’adressant aussi bien au grand public qu’aux spécialistes de l’architecture navale ou de la course au large, elle participe à la politique touristique et éducative de Cap l’Orient.« Nous avons voulu donner une véritable identité culturelle à cet équipement, afin qu’il devienne un lien symbolique entre les activités du nautisme », explique Hélène Dizien, directrice de la Cité de la voile Eric-Tabarly. Tournée vers la mer et l’avenir, la Cité de la voile est articulée autour de trois grands thèmes principaux : l’homme et l’Océan, la construction d’un voilier et l’embarquement. « Nous proposons une réelle valeur ajoutée. Une fois la visite terminée, nous offrons par exemple la possibilité d’embarquer sur deux Kaïdoz 31 et de naviguer dans la rade de Lorient. Notre objectif est de donner envie au grand public de découvrir la plaisance », ajoute Hélène Dizien.

Un hommage à Eric TabarlyArchitecte et concepteur de génie, marin d’exception et précurseur en matière de construction de bateaux, Eric Tabarly a marqué de son empreinte l’histoire de la voile contemporaine. Dix ans après la disparition du légendaire navigateur en mer d’Irlande, l’histoire entre Eric Tabarly et Cap l’Orient continue de s’écrire. « L’association Eric-Tabarly, présidée par sa femme Jacqueline, voulait établir un lieu pour commémorer sa vie et son parcours exceptionnel. Eric a construit trois de ses Pen-Duick à Lorient, ville avec laquelle il a entretenu des liens forts. Cap l’Orient a donné son accord en élargissant

le cadre à la voile contemporaine », explique Hélène Dizien. Ainsi, une exposition temporaire de 400 m2 sera dédiée à l’œuvre de Tabarly et des bornes interactives retraceront sa vie. La Cité de la voile sera également le port d’attache des mythiques Pen-Duick. De quoi faire vivre la mémoire d’Eric Tabarly et permettre aux amoureux de la mer et au grand public de découvrir ou redécouvrir son œuvre…

La Cité de la voile vue par Alain GautierAlain Gautier, coursier émérite originaire du pays lorientais, a suivi de près l’évolution du projet : « J’ai quasiment accompagné la construction du bâtiment au jour le jour puisque la Cité de la voile est voisine du hangar dont je dispose pour la préparation des trimarans Foncia et Sensations. Cet endroit répond, je pense, à un véritable besoin. C’est en tout cas une belle vitrine de ce que représente la voile française aujourd’hui. Les visiteurs vont pouvoir expérimenter et naviguer, ce qui les aidera à comprendre le fonctionnement d’un bateau.» Alain Gautier, qui a eu l’occasion de visiter la Cité de la voile en avant-première, prédit une visite passionnante à tous les publics, passionnés comme néophytes : « A mes yeux, un manque est comblé grâce à ce projet. En tant que Lorientais, la Cité représente également un bel endroit, peut-être un peu ambitieux, mais qui va sans doute attirer le public dans un secteur longtemps annexé par l’Armée. Avec mon trimaran Brocéliande, j’ai été l’un des premiers civils à investir la BSM de Keroman il y a dix ans. On ne peut que se réjouir de ce développement axé sur le nautisme auquel je souhaite le même succès que l’Océanopolis de Brest.»

Texte de Servane Dorléans

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le rideau est tombé sur le 30e Spi Ouest-France-Bouygues Telecom, disputé sur Open 7,50 à la Trinité-sur Mer et remporté, à l’issue des cinq manches, par le Gitana Team de loïck peyron. coureur au large émérite au palmarès impressionnant, peyron n’en demeure pas moins un régatier hors pair, à l’aise sur tous les supports. portrait.

affichant à son compteur personnel une quarantaine de traversées de l’Atlantique, deux tours du monde et, à son palmarès cinq titres ORMA et de nombreuses

victoires sur quasiment tous les bateaux sur lesquels il a navigué, Loïck Peyron détient l’un des plus beaux palmarès de la voile française. Le directeur général de Gitana Team, écurie de course au large créée par le baron Benjamin de Rothschild, et skipper du monocoque 60 pieds Gitana Eighty, semble aussi à l’aise sur les régates inshore qu’au large. Amoureux de la mer, il a tiré ses premiers bords très jeune, sur le bateau familial : « Je naviguais enfant sur le bateau de mes parents, avec mes deux frères, Stéphane et Bruno, et nos deux petites sœurs, se souvient Loïck. Stéphane s’est rapidement tourné vers la planche, alors qu’avec Bruno, on a fait beaucoup de dériveur jusqu’à 18 ans, notamment du 445, série monotype de l’époque fabriquée à La Baule. Nous avons même fini par devenir essayeurs pour le chantier qui construisait ces bateaux ! »Loïck s’est très vite découvert une âme de régatier. « Lorsque l’on naviguait au large de La Baule ou autour de la Bretagne, nous n’avions qu’une seule chose en tête : aller plus vite que tout le monde ! » plaisante-t-il. S’il a vite abandonné le dériveur, Loïck n’a jamais perdu son esprit de régatier. Après un passage sur le circuit Figaro, subtil cocktail entre course au large et régate, le Baulois a eu la chance de naviguer rapidement sur de gros bateaux.

Sept fois vainqueur du Trophée Clairefontaine« Là où l’on voit que j’adore la régate, c’est lorsque je navigue sur des petits supports, comme au Trophée Clairefontaine, que j’ai gagné sept fois et auquel je participe depuis 18 ans. C’est génial de pouvoir se mesurer à armes égales avec des légendes de l’America’s Cup comme Chris Dickson ou Dennis Conner qui sont de purs régatiers et que l’on n’aurait pas l’occasion de croiser sur l’eau autrement. » Sa grande expérience du large et ses qualités de naviga-teur ont permis à Peyron de s’imposer à maintes reprises dans les nombreuses régates, au Trophée Clairefontaine donc, mais aussi en D35 sur le Léman ou plus récemment sur le Spi Ouest-France en Open 7,50, où il a devancé Franck Cammas et Fred Duthil. « Cette année, la brise était assez soutenue et les ba-teaux surtoilés, explique Loïck. Ce genre de météo est favorable aux coureurs au large et les années passées sur l’eau font la différence. Ceux qui étaient devant au Spi avaient beaucoup de milles au compteur mais pas forcément une grande expérience du bateau.»

« Les courses au large prennent parfois l’allure de régates »Ce Spi Ouest-France, Loïck Peyron l’a couru en compagnie de Jean-Baptiste Levaillant, maître voilier et ami de longue du Baulois, Antoine Mermod, in-génieur du Team Gitana, Didier Le Vourch, grand spécialiste de l’Open 7,50, Sébastien Thétiot, préparateur du Gitana Eighty et le jeune Alexandre Allegaert. « J’adore naviguer sur différents bateaux mais, en revanche, je préfère si possible courir avec les mêmes personnes. On essaie de ne pas trop scinder les postes au sein de Gitana Team. J’aime que chacun soit capable de faire beaucoup de choses, que les préparateurs, ceux qui s’occupent du ma-telotage ou de la peinture, viennent également naviguer », souligne Peyron. Si l’expérience et les milles engrangés au large peuvent faire la différence en régate, « les courses au large prennent parfois l’allure de régates et j’aime ça ! Si on ne commence pas par la régate et qu’on ne continue pas à en faire durant sa carrière, il n’y a quasiment aucune chance de bien figurer au large », explique Peyron. Ainsi, si son objectif majeur en 2008 reste le Vendée Globe, Loïck prendra le départ de la Transat anglaise le 11 mai prochain à la barre du dernier- né de la flotte des Gitana et ramènera en solo le bateau de Boston, puis par-ticipera au GPPN, au Record SNSM et, bien sûr au Trophée Clairefontaine en septembre.

Peyron, réGatier du Grand larGe

Le Spi Ouest-France séduit toujours

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24 Journal du Nautisme avril 2008 avril 2008 Journal du Nautisme 25

La Cup en questionAu fond, toute cette affaire ressemble fort à une

simple histoire d’hommes entre Ernesto

Bertarelli et Russell Coutts. Principal artisan

de la victoire d’Alinghi en 2003, le très doué

Néo-Zélandais Russell Coutts, quintuple

vainqueur de la Coupe, quitta le syndicat

suisse à l’aube de la dernière campagne, à la

suite de profonds désaccords avec Bertarelli.

Privé de la 32e America’s Cup après une

modification du règlement lui interdisant

de rejoindre tout autre syndicat, Coutts est

devenu l’été dernier le PDG et skipper du team

BMW-Oracle…

33e AMeRICA’S Cup

le 18 mars, la cour Suprême de new York a tranché. la 33e america’s cup se disputera en multicoque entre le Defender alinghi et son unique challenger BMW-Oracle. cette nouvelle donne est l’occasion d’une entrée en piste des marins et architectes français, sollicités par les deux teams pour leur parfaite connaissance des grands multis. ces dernières semaines, le centre névralgique de la cup s’est même déplacé à lorient, où les hommes d’alinghi et Oracle ont fait connaissance avec les trimarans 60 pieds.

Depuis la victoire d’Alinghi le 3 juillet 2007 à Valence, la saga America’s Cup n’a jamais été aussi mouvementée. Après leur

deuxième sacre l’été dernier dans les eaux espagnoles, le magnat suisse Ernesto Bertarelli et son team sont en effet attaqués en justice par le puissant syndicat américain BMW-Oracle Racing, mené par le milliardaire Larry Ellison. Le principal point de désaccord porte sur le caractère inique des règles édictées par le Defender pour l’organisation de la prochaine Coupe de l’America. Le 27 novembre 2007, puis le 18 mars 2008, la Cour Suprême de New York donne raison à Oracle. La 33e America’s Cup sera donc réduite à un duel en trois manches entre Alinghi et Oracle à bord de multicoques de 90 pieds. La date et le lieu de la rencontre restent à déterminer.

Devancer le verdictEn réalité, ni Alinghi et encore moins Oracle n’ont attendu le verdict du juge Cahn pour se préparer à pareille éventualité. Dès juillet 2007, Oracle a fait appel aux lumières du cabinet d’architectes français VPLP, spécialiste mondial des grands multicoques, avant que Franck Cammas (avec qui Russell Coutts avait navigué il y a quelques années sur Groupama), ne devienne consultant auprès du design team et coach sportif de l’équipe américaine. Au mois de décembre, Alinghi prend le train en marche et sollicite une autre grande référence en matière de grands multis : Nigel Irens. « Nous sommes là pour donner notre opinion, faire part de nos connaissances à tous les échelons. Mais nous ne sommes qu’intervenants, nous n’avons pas toutes les clés en main », précise Benoît Cabaret, un des collaborateurs d’Irens. La rumeur voudrait que la construction (aux Etats-Unis) du bateau du syndicat américain soit déjà bien avancée. Alinghi, lui, n’en serait encore qu’au stade de la conception.

Coutts-Cammas contre Baird-Gautier : la Coupe débarque à Lorient

Début mars 2008, les deux syndicats naviguent déjà à Valence à bord d’Extrême 40 (catamarans de 12 mètres). Dans le camp américain, Franck Cammas est présent pour animer des sessions à deux bateaux, dont l’un est barré par James Spithill. « Les gars d’Oracle ont tous fait un peu de multicoque mais ça représente à peu près 2% de leur expérience en voile, nous confie alors Franck Cammas. Cela dit, ça reste du bateau et ils apprennent plutôt vite. » Ce qui n’empêchera pas le jeune et talentueux Spithill de chavirer lors d’un entraînement…Fin mars, Américains et Suisses migrent à Lorient. Ironie de l’histoire, les deux équipes rivales cohabitent quelques jours dans le même hôtel avant d’entamer leurs entraînements à bord des gros trimarans océaniques de 60 pieds. Les hommes d’Alinghi, emmenés par leur entraîneur Pierre-Yves Jorand, jettent leur dévolu sur Foncia et recrutent son skipper Alain Gautier. Mais l’entraînement est brutalement stoppé au bout de trois jours. Le 29 mars, Foncia chavire, avec tout l’équipage helvète à son bord. « C’est arrivé dans une abattée, raconte Alain Gautier. Le bateau a enfourné dans une mer courte. Il y avait une bonne vingtaine de nœuds de vent. Nous étions sous grand-voile, un ris et trinquette. Ed Baird était à la barre mais c’est clairement une erreur de coordination de tout l’équipage, dont je faisais partie, qui est à l’origine de ce chavirage. A part Nicolas Texier, aucun des marins présents ce jour-là n’avait jamais navigué sur un grand trimaran. Nous avions pourtant fait une sortie trois jours auparavant dans 30 à 35 nœuds de vent. Mais il est clair que ce genre de bateau ne s’apprivoise pas en deux jours. » L’incident laisse quelques traces : un des équipiers du team suisse, Pieter van Niekerk, a la clavicule, le coude et une côte cassés ; un autre

les Français au chevet d’oracle et alinGhi

Texte de Camille El Bèze

s’est fracturé le nez. Le bateau, « pas trop abîmé », selon Gautier, va être réparé avec l’aide des techniciens d’Alinghi. Sa remise à l’eau est prévue d’ici quelques semaines. Alinghi devrait reprendre sa préparation à bord d’un autre 60 pieds skippé par Alain Gautier : l’ancien La Trinitaine.

Gros contingent français chez les Américains

Au moment du chavirage de Foncia, les ingénieurs et techniciens d’Oracle sont déjà présents à Lorient depuis une semaine pour préparer Groupama 2. Le lundi 31 mars, John Kostecki et James Spithill embarquent enfin sur les trampolines du trimaran vert, en compagnie de Franck Cammas et d’une poignée de navigants français. Mercredi 2 avril, ils sont rejoints par le patron d’Oracle, Russell Coutts. « Après une première sortie ‘‘découverte’’, le 31 mars par 30 à 35 nœuds, le reste de la semaine a été consacré aux manœuvres entre deux bouées, explique Franck Cammas. Nous y allons étape par étape, sans précipiter les choses. Thierry Fouchier, Bruno Laurent et Jean-Baptiste Levaillant (tous équipiers de Groupama, ndlr) sont à bord et pour l’instant, je ne lâche pas la barre. Ce que je peux affirmer, c’est que l’équipage d’Oracle est enthousiaste. Ils prennent du plaisir à naviguer sur le bateau, sont très bien préparés physiquement et réussissent de belles manœuvres. C’est très agréable.» L’entraînement de l’équipe américaine devait se poursuivre durant la deuxième semaine d’avril avec Banque-Populaire. L’équipage de Pascal Bidégorry a en effet rejoint celui de Cammas pour une série de duels au large de Lorient…

Le temps est comptéL’utilisation de l’expertise « hexagonale », que ce soit sur le plan sportif ou architectural, semble faire partie de la stratégie de BMW-Oracle, qui compte déjà dans son design-team un fort contingent tricolore. De son côté, Alinghi table peut-être davantage sur son expérience lacustre et ses succès dans le circuit des D35, qui doit reprendre mi-avril. Les deux rivaux n’auront peut-être

que peu de temps pour apprivoiser ces engins rapides et volages afin de concevoir et construire la machine idéale. Tout dépend de la date de la 33e America’s Cup (juillet 2008, octobre 2008 ou 2009 ?) qui devrait être fixée ces jours-ci par la justice américaine (le lieu de la rencontre restant à la discrétion du Defender). Le bras de fer entre les deux équipes est donc loin d’être terminé.

pendant ce temps, chez les autres challengers…Pendant que Suisses et Américains fourbissent leurs armes, quelques anciens syndicats s’étiolent ou s’énervent. Grant Dalton, le patron d’Emirates Team-New-Zealand a attaqué Alinghi en justice et demande des dommages et intérêts suite à ce fiasco juridique qui met son équipe sur le carreau. De son côté, Vincenzo Onorato, à la tête du challenge italien Mascalzone-Latino, a publié récemment une véritable diatribe contre le Defender et prône un retour pur et simple aux Class America. D’autres, en revanche, renaissent de leurs cendres et attendant patiemment des jours meilleurs : 2011 et la 34e America’s Cup. Leader des défis français en 1987, 1992 et 1995, Marc Pajot est de retour dans l’America et a présenté, le 20 mars dernier, le triumvirat de son défi French Spirit pour la 34e Cup, dont font partie Philippe Presti (skipper) et Bertrand Pacé (barreur). Le syndicat, que l’on devrait retrouver sur l’eau dès l’année prochaine en TP52 ou GP42, dispose pour l’heure de 4 millions d’euros. Une semaine après Pajot, Stephan Kandler rendait public son projet K-Challenge 2, auquel devraient participer Sébastien Col et Sébastien Josse. Pour ces deux syndicats, comme pour les autres, la route qui mène jusqu’à la 34e Coupe de l’America est encore bien longue.

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Les dates olympiques

Texte de Perrine Vangilve

Photos : FFVoile Guilain Grenier, Gilles Martin-Raguet, Lionel Cottin

le comPte est bon… ou Presquela Fédération Française de Voile et sa direction technique nationale ont déjà rempli l’un de leurs objectifs : qualifier l’ensemble des onze séries pour les Jeux Olympiques de pékin qui auront lieu en août prochain sur le plan d’eau de Qingdao. les dix-huit athlètes français qualifiés rentrent maintenant dans la phase de préparation finale avec l’objectif d’obtenir au moins trois médailles.

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Sarah Steyaert A 21 ans, Sarah Steyaert est la benjamine de l’équipe de France mais l’un de ses membres les plus talentueux. A la surprise des régatières plus expérimentées, la jeune femme s’est imposée au championnat d’Europe 2005 et est vice-championne d’Europe en titre. En mars, Sarah a remporté les mondiaux. Il ne faut donc pas se fier à ses allures de jeune fille sage, Sarah est une compétitrice redoutable. Etudiante en mathématiques, elle a le don pour que la somme de ses résultats soit toujours égale à 1.

Faustine MerretAprès une médaille d’or aux Jeux Olympiques d’Athènes en 2004, Faustine Merret a, durant trois ans, combiné avec succès études et retour au plus haut niveau en RS:X, le nouveau support olympique, pourtant moins adapté que la Mistral à son petit gabarit (1,63m, 53 kilos). En 2006, Faustine a décroché une médaille de bronze au mondial, une performance prometteuse compte-tenu de son manque d’entraînement. L’été dernier, la Brestoise a terminé quatrième de la Semaine pré-olympique de Qingdao, véritable répétition générale des JO, mais également quatrième du championnat du monde disputé en Nouvelle-Zélande, en janvier dernier. « Je serai cette fois la fille à battre, une ancienne, celle que l’on ne veut pas voir devant. Mon objectif ? Le podium, mais s’il y a du petit temps, je sais que l’or est à ma portée... »

Xavier rohart et pascal rambeauPour Xavier Rohart et Pascal Rambeau, deux fois champions du monde de la série en 2003 et 2005, l’objectif est clair : confirmer la médaille de bronze des Jeux d’Athènes en 2004. Le point fort de ce tandem : l’expérience. Xavier, qui disputera ses quatrièmes Jeux, sait relativiser les évènements. Il navigue comme il est dans la vie, calculant toujours le coup suivant, « la marque des grands champions », dit son entraîneur Daniel Dahon. Sa maîtrise impressionne autant ses adversaires que son entourage. Plus cartésien et organisé, Pascal est, lui, beaucoup plus concentré sur les fondamentaux. L’or est sans conteste à la portée des deux hommes. Mais dans cette série, pas moins d’une dizaine d’équipages est capable de gagner.

Emmanuel Dyen et Yann rocherieuxA la suite du championnat d’Europe de 49er qui s’est achevé le 29 mars à Palma, le comité de sélection de la FFV a choisi l’équipage composé d’Emmanuel Dyen et Yann Rocherieux pour défendre les couleurs de la France en Chine l’été prochain. « Sur les trois dernières épreuves d’observation, Manu et Yann ont toujours été dans le coup dans les conditions de petit temps. Ils ont par ailleurs fait preuve d’une belle maturité en période de sélection. Ils ont su maintenir leur niveau alors que les sélections sont souvent synonymes de stress. Il y a eu de gros progrès dans cette série et les résultats des Français oscillent souvent autour

de la 10e place. Il y a un delta entre une place de 10 et une médaille mais cet objectif est accessible « a commenté Philippe Gouard, directeur technique national.

Julien BontempsPour Julien Bontemps, qui a décroché la troisième place de la Pré-olympique de Qingdao en août dernier, les prochains Jeux auront sans

doute un petit goût de revanche. A Athènes, il y a quatre ans, le sociétaire de l’ASPTT Nantes était passé à côté de l’évènement, terminant à une décevante neuvième place : « En 2004, j’arrivais avec un titre de champion du monde, j’étais un peu euphorique. J’ai depuis mûri. Avoir décroché mon diplôme de professorat me tranquillise aussi et cela compte. J’ai deux objectifs : aider à construire une équipe et travailler mes points perfectibles. Je pense notamment aux départs, au ‘’pomping’’ au vent arrière. »

l’expérience ou la jeunesse ?Rien n’est joué non plus en Finn. Deux coureurs sont toujours en lice pour représenter la France : le Dunkerquois Guillaume Florent, déjà présent à Atlanta en 1996 et à Athènes en 2004, et le Nantais Jonathan Lobert, jeune espoir de la série. Les deux hommes ont terminé respectivement 15e et 27e de la Semaine olympique de Palma le mois dernier. Le comité de sélection français pourrait annoncer le nom du sélectionné à l’issue de la Semaine olympique française qui aura lieu à Hyères, du 17 au 25 avril.

ingrid petitjean et nadège Douroux Associées depuis 1998, Ingrid Petitjean et Nadège Douroux possèdent, à 26 ans, un palmarès éloquent : trois titres de vice-championnes du monde (2002, 2003 et 2007), deux places de troisièmes aux championnats du monde (2002 et 2005),

et un titre de championnes d’Europe (en 2005). C’est donc légitimement que les Marseillaises visent un podium en Chine : « On va à Pékin pour être médaillées. Le plan d’eau chinois est très différent de celui d’Athènes, nous espérons donc être capables de mieux nous adapter. On puisera dans l’expérience d’Athènes (elles avaient terminé à la 10e place, ndlr) pour essayer de ne pas répéter les mêmes erreurs. »

Bernaz confirmé« Le championnat du monde de Laser était un championnat plutôt typé brise et, compte tenu de ces conditions particulières et des résultats obtenus par les Français (Jean-Baptiste Bernaz et Thomas Le Breton, les deux pré-sélectionnés pour les Jeux de Pékin, ont terminé

respectivement 18 et 20e, ndlr), nous avons souhaité prolonger la sélection jusqu’à la Semaine olympique de Palma. A l’issue de cette dernière épreuve, c’est finalement Bernaz que nous avons choisi », a expliqué Claire Fountaine, directrice de l’équipe de France. Un soulagement pour le jeune Hyérois qui reste lucide malgré tout : « Ce n’est qu’une étape qui me donne juste le droit d’aller en Chine. L’objectif reste d’aller chercher une médaille à Pékin. Je vais maintenant mettre au point un planning avec les coaches François Le Castrec et Lionel Pellegrino. On va surtout privilégier les conditions de petit temps. »

Xavier revil et christophe EspagnonXavier Revil et Christophe Espagnon ont réalisé une saison 2007 parfaite en terminant premiers Français de toutes les épreuves d’observation. Les deux hommes ont également terminé sixièmes du championnat du monde ISAF et troisièmes à la Semaine pré-olympique de Qingdao. Cette dernière performance, réalisée un an après avoir terminé deuxièmes de cette même régate, les place comme des spécialistes de ce plan d’eau si particulier. Le mois dernier, ils ont confirmé leur grande forme en remportant la Semaine olympique de Palma après avoir dominé l’épreuve de bout en bout : « Il y avait peu de bateaux, ce qui est intéressant pour travailler la medal race et dans l’optique des Jeux, qui se disputent avec de petites flottes. »

nicolas charbonnier et Olivier Bausset Quatrième en janvier du championnat du monde de Melbourne, le duo Nicolas Charbonnier (qui fut membre de la cellule arrière du défi Areva de 2004 à 2007, ndlr) et Olivier Bausset (interne en pharmacie à Marseille) s’est également illustré ces derniers mois en remportant le titre de vice-champion d’Europe et en décrochant une deuxième place lors de la Semaine olympique de Hyères. « Notre objectif, ce n’est pas d’aller aux Jeux mais d’en ramener une médaille, si possible d’or. Pour nous, c’est un objectif majeur après un investissement personnel de dix ans. »

Deux équipages en ballottageA la suite des championnats du monde ISAF 2007, disputés au Portugal, la France avait obtenu son ticket pour Pékin dans dix séries. Ne manquait que la seule Yngling. En décrochant la sixième place aux championnats du monde en février dernier, à Miami, l’équipage d’Anne-Claire Le Berre, Alice Ponsar et Marion Deplanque a largement assuré sa qualification pour les Jeux. Reste que le comité de sélection de la Fédération Française de Voile a décidé de prolonger la période d’observation. Les filles ont donc été également évaluées au championnat d’Europe, qui s’est achevé le 8 avril dernier à Blanes, en Espagne. Début avril, deux équipages restaient en lice : celui d’Anne-Claire ainsi que celui composé de Anne Le Helley, Julie Gerecht et Catherine Lepesant.

Les épreuves olympiques de voile à Pékin auront lieu du 9 au 21 août (les finales de chacune d’entre elles se disputeront entre le 16 et le 21 août). Onze épreuves sont au programme. Chez les hommes : planche à voile, Laser, 470, Star. Chez les femmes : planche à voile, Laser Radial, 470, Yngling. Les épreuves mixtes : 49er, Finn et Tornado.

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Propos recueillis par Servane Dorléans

Te voilà à quelques jours de ta première transat. Qu’est-ce qui a motivé ton choix de te lancer dans la course au large ?C’est une idée qui remonte à l’America’s Cup. Dans le défi Areva, je n’occupais pas un poste de voileux mais d’athlète. J’ai donc eu envie d’apprendre le métier de skipper. On m’a alors conseillé de me faire les dents sur l’AG2R. C’est une course médiatique, connue et reconnue, qui attire beaucoup de concurrents.

Comment as-tu rencontré Gilles Favennec, qui va courir avec toi ?Nous avons fait connaissance lors de l’America’s Cup. Nous avons effectué deux ans de préparation ensemble sur Areva Challenge. Gilles est Quimpérois, a déjà fait du Figaro et fait partie du Pôle France. Je m’entends très bien avec lui. Faire la course ensemble s’est imposé comme une évidence.

Comment s’est organisée la préparation ? On a commencé très tôt ! Nous avons eu le bateau en juillet dernier et avons, à partir de là, commencé à naviguer. Dans un premier temps de manière gentillette, pour faire connaissance avec le bateau, puis plus sérieusement à partir de septembre, où nous avons effectué deux à quatre sorties par semaine. J’ai personnel-lement beaucoup travaillé car il y avait plein d’automatismes que je n’avais pas. Je faisais beau-coup de conneries dans l’ur-gence, Gilles a été très patient ! On a réussi à bien se parler et nous avons bien avancé dans le planning qu’on s’était fixé. On a également pris part à des stages météo et de navigation une semaine sur deux avec les autres figaristes. C’est une chance absolument incroyable d’avoir pu intégrer le Pôle France et accéder ainsi à une formation de haut niveau. C’est grâce à Gilles et je l’en remercie. On est une quinzaine d’équipages à se tirer la bourre toute la journée, ça permet de progresser.

Comment envisages-tu les trois semaines de navi-gation ?La course au large, ce n’est pas simplement savoir faire marcher son bateau, c’est aussi la gestion de vie en commun et du sommeil. Dès que l’on fatigue, on est moins pertinent sur les réglages et sur ses prises de décision. Mais je n’appréhende pas trop parce que je sais qu’on a une vraie force de caractère, Gilles et moi. Nous sommes capables de gérer les émotions ou les angoisses, et on sait aussi pourquoi on est là : on l’a voulu !

Tu parais très confiant. N’as-tu pas certaines crain-tes avant le départ ?J’ai quelques appréhensions car c’est un challenge nouveau pour moi. Mais c’est ce qui donne un peu plus de piment et d’intérêt à la course.

Quel est votre objectif à Gilles et à toi ?Nous avions d’abord évoqué l’idée de finir dans les dix premiers, mais c’était essentiellement pour éviter d’être mollassons dans notre préparation ! Les premiers entraînements nous ont vite montré que c’était un peu prétentieux. Nous espérons simplement accrocher le milieu de tableau. Nous n’avons pas trop de pression quant au résultat sportif mais on a tout de même envie d’être à la bagarre ! Devant, il y a vraiment de très bons skippers qui ont une très grosse expérience. Pour une première participation, évoquer la victoire est impossible. On ne travaille que depuis six mois, d’autres depuis dix ans : toute la différence est là…

De la perche à la voile, il y a un monde. D’où te vient cette passion pour le nautisme ?Quand j’étais petit, je n’arrivais pas à lire les livres que l’on nous pro-posait à l’école. Les seuls bouquins pour lesquels je me passionnais, c’était ceux de Moitessier ou de Gerbault : ça passait tout seul ! Plus tard, je suis passé ensuite aux récits de courses comme ceux de Kersauson, Peyron, Bourgnon. Et puis en m’installant en Bretagne, j’ai commencé à côtoyer des gens comme Michel Desjoyeaux, Vincent Riou, Sébastien Josse, « Bilou » Jourdain. Ces marins, qui sont déjà des légendes, sont des gens vraiment très cools qui s’éclatent en naviguant tout en menant des projets très professionnels.

Tu es ce qu’on appelle un ath-lète engagé…Je suis engagé dans des actions de so-lidarité avec Athlètes du Monde, asso-ciation dont je suis un des fondateurs et que je préside. Je crois que les sportifs de haut niveau peuvent apporter beau-coup. Il y a un lien direct entre le sport, qui reste un jeu, et les enfants. Athlè-

tes du Monde veut redonner à certains enfants l’envie de jouer et de partager. Le sport permet à tous, que ce soit un enfant des rues de Casablanca, un ex-enfant soldat du Liberia ou un jeune Français qui évolue dans un club à un bon niveau, de partager des valeurs, des envies. Nous sommes là pour redonner ce goût du sport aux enfants, les aider à construire leur avenir ou tout simplement à se reconstruire. Les sportifs, qui sont nos ambassadeurs, vont à la rencontre de ces personnes touchées. On essaie de raconter une histoire autour de ces rencontres, de monter des projets. Quand j’ai parlé de l’AG2R avec Nivéa, j’ai voulu associer Athlètes du Monde à mon projet.

Comment envisages-tu l’avenir après l’AG2R ?J’ai plein d’idées mais aucun projet bien défini. Je me refuse d’en faire dans l’immédiat. Mon principal objectif, c’est d’abord de prendre part à cette Transat, de m’y consacrer pleinement et je verrai si la course au large est ma voie et si je veux poursuivre dans ce domaine. Lors de l’America’s Cup, certaines choses m’ont plu, d’autres moins. On verra donc après l’AG2R. Tout est ouvert. Dans ma vie, j’ai la possibilité de faire ce qui me passionne ! C’est la plus grande des chances.

InteRvIewpeopLe

Après avoir enflammé les stades d’athlétisme pendant une décennie et accroché de nombreux titres à son palmarès, l’ex-perchiste embarque dans une nouvelle aventure à bord de nivéa-Athlètes du Monde. un nouveau défi que se lance l’homme qui, malgré le succès, a su rester simple et profondément humain. Rencontre.

Jean GalFione : « J’ai envie d’être à la baGarre »

Jean Galfione en brefNé le 9 juin 1971 à Paris, Jean Galfione vit désormais en Bretagne, dans le pays bigouden qui a bercé les vacances de son enfance. Issu d’une famille de sportifs, le champion olympique de saut à la perche en 1996 a fait ses adieux aux stades d’athlétisme en 2005. Une rencontre avec Thierry Peponnet a donné un nouveau tournant à sa carrière, lui ouvrant les portes de l’America’s Cup, sur laquelle il a œuvré en tant que grinder de 2004 à 2007. Aujourd’hui, il ouvre une nouvelle page en embarquant pour la 9e Transat AG2R. )

« Enfant, les seuls livres que j’arrivais à lire, c’étaient

les bouquins de Moitessier et d’alain Gerbault »

Vinc

ent

Ohl

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30 Journal du Nautisme avril 2008 avril 2008 Journal du Nautisme 31

le retour de la croisière blanche

expÉDItIon

Texte de Perrine Vangilve

Dans le cadre du programme Damoclès, qui fédère quarante-huit laboratoires européens, Etienne Bourgois, directeur de Tara Expédition et patron de

la société agnès b., et son équipe - vingt personnes au total représentant pas moins de treize nationalités - s’étaient fixés pour mission d’installer un système d’enregistrement de longue durée sur la banquise pour mesurer les effets du réchauffement de la planète. « Le bilan définitif des données scientifiques acquises se fera en novembre prochain lors de l’assemblée générale de Damoclès. Nous avons encore beaucoup à analyser. »

Le constat sur place a été clair : « La banquise fond et ceci beaucoup plus vite que prévu. Dans dix ou vingt ans, il n’y aura plus de banquise en Arctique l’été. Nous pouvons néanmoins encore réagir », explique Etienne Bourgois. Les scientifiques donnent dix ans pour réduire drastiquement les gaz à effet de serre afin de limiter la hausse des températures au niveau mondial à 2°C d’ici la fin de ce siècle, d’où l’importance pour Tara de continuer ses missions de sensibilisation auprès du grand public en participant notamment à Brest 2008 puis, toujours dans le cadre de l’année polaire internationale, à une tournée estivale des ports européens. « Je suis heureux aujourd’hui parce que j’ai la conviction que Tara, avec les projets qu’il porte, revient grandi de cette expédition. Plus qu’une plate-forme scientifique, il est devenu un symbole de la préservation de l’environnement », s’enthousiasme le directeur. Pour agir de manière écologique, et ne plus seulement parler d’environnement, il faut sortir d’un monde individualiste. Pour Etienne Bourgois, c’est la clé : « C’est ce que nous avons réussi à faire sur Tara : un travail d’équipe au service de la planète. Je veux donc que ce bateau exceptionnel soit un ambassadeur des citoyens de ce monde, un catalyseur

d’énergies permettant de soulever une question essentielle que nous devons tous nous poser : quid de l’humanité et de ses enjeux ? »

D’Antartica à Tara, 18 ans d’aventureTara n’a pas encore vingt ans mais ce voilier est déjà entré dans la légende de la navigation moderne. Lors de sa conception, en 1986 à la demande du médecin-aventurier Jean-Louis Etienne, il n’existait aucun bateau taillé pour la dérive transpolaire. S’inspirant du glorieux Fram de l’explorateur norvégien Nansen, qui avait mené à son bord une expédition polaire de 1893 à 1896, les architectes ont réalisé une goélette en aluminium « qui ne s’écrase pas comme une noix entre deux glaçons » mais qui « glisse entre les doigts comme une anguille ». En plus de sa ligne très arrondie, les concepteurs ont planché sur son isolation intérieure, pour affronter des températures extrêmes ainsi que sur son autonomie (chauffage, éclairage), pour aller au bout d’une croisière blanche de deux années. Baptisé Antartica, du nom de la mission de Jean-Louis Etienne, le bateau est mis à l’eau en 1989. Il met alors le cap vers l’Antarctique dès 1991 pour une navigation d’un an. Après plusieurs expéditions polaires, le deux-mâts en aluminium est cédé en 1999 au célèbre navigateur Peter Blake et est rebaptisé Seamaster. C’est à son bord qu’en 2001, le navigateur néo-zélandais sera tué par un pirate brésilien au cours d’une remontée de l’Amazone. Racheté par Etienne Bourgois en avril 2003, le bateau a de nouveau tracé sa route vers les pôles sous le nom de Tara : « Ce nom est celui de la maison de « Autant en emporte le vent ». C’est la maison où l’on revient toujours. Et c’est aussi un nom très facile à retenir dans toutes les langues. »

après un long périple au pôle nord, Tara est revenu à lorient, son port d’attache, le 23 février dernier. la goélette polaire, qui avait appareillé le 11 juillet 2006, a pris huit mois d’avance sur son calendrier initial, preuve de l’inquiétante et inexorable fonte de la banquise.

Nombre de jours de dérive : 507Position de la mise en glace : 79°53N 143°17 EPosition de la sortie des glaces : 74°08N 10°04 OPosition la plus Nord atteinte : 88°32N le 28 mai 2007 (à 160 km du pôle Nord géo)Date de la mise en glace : 3 septembre 2006Date de sortie des glaces : 21 janvier 2008Nombre de kilomètres parcourus en dérive : 5 200Nombre de kilomètres parcourus en ligne droite : 2 600Plus grande distance de dérive en 24 heures : 49 kilomètresPoids du bateau au début de la dérive : 180 tonnesNombre de membres d’équipage sur Tara : 20 personnesMoyenne d’âge de l’équipage : 33 ansEpaisseur moyenne de la glace autour de Tara durant la dérive : 1,50 mètre

Température la plus froide : - 41 °CTempérature la plus chaude : + 9°CNombre de jours au-dessus de 0°C : 50 jours entre le 9 juin et le 18 sept 2007Nombre de jours dans la nuit complète : 230Nombre de jours dans le jour permanent : 230Nombre d’ours vus : 18Quantité de nourriture embarquée à Lorient : 8 tonnesQuantité de nourriture apportée lors des rotations : 1 tonneNombre de litres d’eau nécessaire pour 24 heures : 200Consommation électrique : 8 kW/hConsommation journalière de carburant : 43 litresNombre de logs : 215

L’expositionPlus que jamais, la quatrième édition du Festival international de la photo de mer s’ancrera cette année dans le patrimoine architectural

de la ville de Vannes. Vous pourrez découvrir en exclusivité la nouvelle exposition retraçant toute l’expédition Tara Arctic sur les remparts

de la ville. De la route vers le pôle à la prise en glace de Tara, de l’angoissante nuit polaire à l’importante campagne scientifique d’avril

2007, l’exposition est un journal de bord de l’expédition présentée en 36 photographies réalisées par Francis Latreille. En toile de fond,

l’océan Arctique, l’un des endroits les plus isolés et les plus fragiles de notre planète.

« Tara, un oeil sur le climat arctique » au Festival international de la photo de mer à Vannes (du 18 avril au 18 mai 2008).

Renseignements : www.photodemer.com

préSEnTaTiOn DE l’EXpéDiTiOn Tara arcTic En cHiFFrES AF

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32 Journal du Nautisme avril 2008 avril 2008 Journal du Nautisme 33

300 chevaux sinon rien ! MoteuRS HoRS-BoRD

après une course technologique pour se conformer aux normes écologiques, réduire les émissions de cO2 et redorer leur image, les motoristes effectuent un retour aux sources et se lancent à nouveau dans une course à la puissance. alors, 300, 350, 400 chevaux : qui dit mieux ?

En ce moment, l’envolée du prix du pétrole fait flamber le coût du carburant à la pompe. Jusqu’ici épargnés, les

Américains sont maintenant touchés par cette hausse des prix et ont subi une augmentation du prix de l’essence de près de 50 % entre 2007 et 2008. Dans ce contexte peu propice aux grosses mécaniques, qu’est-ce qui pousse alors les motoristes à développer des blocs de 300 chevaux et plus ?

Une catégorie émergente de plaisanciers veut aller vite et loin

Prouesses technologiques et quête de notoriété comptent sans aucun doute parmi leurs motivations. Mais l’essor des bateaux de 30 à 40 pieds (9 à 12 mètres), en particulier des opens typés pêche sportive et des grands semi-rigides, justifie sur un plan commercial l’élaboration de telles puissances. Une catégorie émergente de plaisanciers veut aller vite et loin, à 50 ou 100 milles des côtes, pêcher et profiter de son bateau sans subir l’entretien qu’impose une vedette de 50-60 pieds (15 à 18 mètres). Au jeu de qui a la plus grosse… mécanique (rappelons qu’en France, la puissance moyenne pour un moteur hors-bord de plaisance se situe autour de 50 chevaux…), les constructeurs japonais et américains se livrent une féroce bataille. Ils sont quatre à être engagés dans la course : Yamaha, Suzuki, Mercury et Evinrude. Avantage aux nippons qui font figure de pionniers. Yamaha a en effet été le premier à passer la barre des 300 chevaux avec le 300 HPDI, un moteur deux-temps à injection directe lancé en 2003. Trois ans plus tard, Suzuki a atteint la même puissance en technologie quatre-temps, grâce à son DF 300. Mercury propose bien à l’époque un 300 chevaux deux-temps, le 300 XS, mais il est exclusivement dédié à la compétition. Le constructeur américain ne va pas tarder à réagir sur le segment plaisance en sortant un 300 chevaux utilisant la technologie quatre-temps Verado, la plus évoluée et la plus performante à l’heure actuelle.

A Yamaha le plus gros hors-bord du mondePourtant, le constructeur américain se fait vite voler la vedette par Yamaha qui propose une nouvelle fois le plus gros hors-bord du monde : un V8 quatre-temps de 350 chevaux, affichant une cylindrée monstre de 5 330 cm3. La riposte Mercury ne s’est pas faite attendre avec un 350 chevaux Verado « hautes performances », dévoilé cette année au Salon nautique de Miami. Evinrude, irréductible du deux-temps, s’est quant à lui aligné tardivement. Il n’a dévoilé que fin 2007 un 300 chevaux doté de la technologie E-Tec, la plus aboutie en deux-temps.

Pour une clientèle aisée Certains de ces supers hors-bord pouvant dépasser les 350 kilos, les constructeurs de bateaux concernés ont dû renforcer le tableau arrière de leurs unités pour supporter une telle charge. De leur côté, les motoristes ont dû faire évoluer les accessoires afin de ne pas handicaper le confort de pilotage. Directions hydrauliques, voire électro-hydrauliques, commandes électroniques souples et précises ont été standardisées sur ces modèles, permettant de manœuvrer un open de 10 mètres du bout des doigts. De gros efforts ont été également réalisés sur l’insonorisation des blocs et sur la richesse des informations distillées par l’instrumentation moteur : vitesse, consommations, autonomie, diagnostic mécanique, etc.Le problème de l’embonpoint semble donc avoir été résolu par les acteurs de l’industrie nautique. Le prix élevé de ces moteurs (autour de 30 000 euros) peut effrayer, mais ceux-ci visent à équiper des unités déjà chères (parfois plus de 100 000 euros) et s’adressent à une clientèle aisée. Reste la facture de carburant, soumise aux fluctuations du baril de pétrole et à la gourmandise de ces mécaniques qui consomment jusqu’à 40 litres par heure à 30 nœuds et dépasse parfois 60 litres par heure à une vitesse de 40 nœuds.

Chronologie : 2003 :Yamaha 300 HPDI lance 1er hors-bord à atteindre les 300 chevaux.

2006 : Suzuki DF 300 conçoit le premier hors-bord quatre-temps de 300 chevaux.

2007 : Mercury propose le 300 Verado, Yamaha F350 : le premier hors-bord

de 350 chevaux.

2008 : Mercury met sur le marché son 350 Verado, Evinrude son 300 E-Tec,

seul hors-bord de plaisance deux-temps de 300 chevaux aujourd’hui.

Texte de Julien Lebowsky

La plus grande puissance : Yamaha F350 et Mercury 350 Verado (350 chevaux)

La plus grosse cylindrée : Yamaha F350 (5 330 cm3)

Le plus lourd : Yamaha F350 (373 kg en arbre extra-long)

Le plus léger : Evinrude 300 E-Tec (239 kg)

Le plus cher : Yamaha F350 (31 990 euros en arbre extra-long)

Le moins cher : Suzuki DF 300 (à partir de 23 961 euros)

palmarès des plus de 300 chevaux :

DR

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34 Journal du Nautisme avril 2008 avril 2008 Journal du Nautisme 35

Texte de Servane Dorléans

naissance d’un GéantBanque-populaire V sera le plus grand trimaran de course au monde. Fruit de trois ans et demi de travail, le géant des mers est encore actuellement en assemblage à lorient. retour sur la genèse du projet avec pascal Bidégorry, le skipper des deux trimarans Banque-populaire.

DeSIGn

2006 à bord d’Orange II, ont finalement opté pour un trimaran géant de 131 pieds après plusieurs mois de réflexion. « Avec les multicoques, le poids est un élément prépondérant et un trimaran est plus léger qu’un catamaran, souligne le skipper basque. Nous avons donc essayé d’être le plus objectif possible et nous avons choisi le projet le plus performant et le plus fiable. Nous allons faire le tour du monde à bord du bateau, il faut donc être raisonnable et prendre le moins de risques possibles. Nous avons donc décidé de collaborer avec le cabinet Van Peteghem-Lauriot-Prévost . » Si la performance est importante quand on veut se lancer à l’assaut des grands records océaniques comme le mythique Trophée Jules-Verne, la sécurité et la fiabilité sont essentielles. VPLP, fort de son expérience acquise dans la conception de maxi-trimarans au cours de la dernière décennie (le cabinet a notamment conçu le Geronimo d’Olivier de Kersauson), a su parfaitement répondre à la demande du team Banque Populaire, qui était de concevoir un multicoque polyvalent pour être performant dans un programme mixte, fiable, évolutif et sécuritaire. Une fois le choix des architectes effectué, il a fallu démarrer la construction du bateau. Cette mission a été confiée aux chantiers CDK d’Hubert Desjoyeaux.

Une aventure humaine à terreLes chantiers JMV, basés à Cherbourg ont eux réalisé les moules et les formes de la coque centrale, qui a été cuite dans un four de 45 mètres de long, dix de large et huit de haut ! La coque a ensuite été convoyée à Lorient par la route. Les bras de liaison ont quant à eux été réalisés par CDK, qui se charge actuellement de l’assemblage du bateau dans un immense hangar de 1750m2. Le mât, pour sa part, a été construit chez Lorima, à Lorient, et les voiles sont en cours de fabrication chez Incidences à La Rochelle, où réside Pascal Bidégorry. « Il a fallu choisir les architectes, les chantiers, les

intervenants extérieurs, il y avait à peu près tout à mettre en place. Nous avons fait des

choix réfléchis en essayant d’être le plus objectif possible. Même

si je connais bien Nigel (Irens, ndlr) et que j’aurais adoré travailler avec lui, la culture

développée par le cabinet VPLP sur les maxi-trimarans a primé », précise Pascal Bidégorry. Si la technique joue un rôle

prépondérant dans la réussite de la construction d’un tel bateau, la dimension humaine n’en est pas moins importante. Pascal Bidégorry et Ronan Lucas ont su s’entourer d’une équipe solide n’ayant qu’une seule idée en tête : faire du maxi-trimaran une machine à engranger les records.

Bidégorry et Lucas jouent une partition à quatre mainsPascal Bidégorry : « Notre équipe compte aujourd’hui 21 membres. Ronan a su nous entourer de personnes de qualité tant sur le plan technique qu’humain. Nous avançons tous dans la même direction. C’est un vrai plaisir de travailler tous ensemble sur ce projet-là. Ronan s’occupe de la partie administrative et de la gestion des hommes alors que moi, j’interviens beaucoup plus sur la partie technique, en relation avec le bureau d’études dirigé par Kévin Escoffier et tout ce qui est en rapport avec le fonctionnement du bateau. Mais nous nous consultons toujours avant de prendre une décision. » Importante à terre, la symbiose entre les différents intervenants est primordiale en mer. Pour l’heure, l’équipage n’a pas encore été constitué. « Nous avons établi une liste d’une petite vingtaine de marins et nous en ferons naviguer douze. Nous prendrons en compte les capacités techniques mais également humaines des uns et des autres. Mais il nous reste encore du temps avant de faire un choix », conclut le skipper basque. Avant de partir à la chasse aux records, l’aventure continue donc à terre, à Lorient, jusqu’à la mise à l’eau de Banque-Populaire V, le 15 juillet prochain…

impressionnant ! Une coque centrale de 40 mètres de long, des flotteurs de 37 mètres pour une largeur totale de 23 mètres, un mât de 47 mètres de haut :

telles sont les mensurations de rêve du futur maxi-trimaran Banque-Populaire. De quoi laisser rêveur. Quand on pénètre dans le hangar lorientais abritant Banque-Populaire V, on se sent petit, tout petit. Difficile d’imaginer qu’un bateau d’une telle envergure puisse exister. Un exemple : la hauteur de son mât dépasse celle de l’Arc de Triomphe ! De quoi donner le vertige. Ce géant des mers devrait s’élancer dès l’hiver 2009 à l’assaut des grands records océaniques.

Du rêve à la réalitéArrivé dans le bateau un peu par hasard mais ayant réussi dans ce milieu avec la ténacité et la combativité qu’on lui connaît, Pascal Bidégorry est devenu skipper du trimaran Banque-Populaire IV en septembre 2004. Après un titre de champion du monde des multicoques ORMA en 2005, suivi d’une deuxième place sur la Route du Rhum en 2006, le marin basque se lance aujourd’hui dans une nouvelle aventure. « Nous avons évoqué très vite l’idée d’un maxi-multicoque après l’acquisition de Banque-Populaire IV, explique-t-il. Avec Ronan Lucas, directeur technique du team Banque Populaire, nous avons évalué tous les projets ayant un intérêt sportif, technologique et médiatique, y compris le Vendée Globe. Mais nous

avons opté pour une aventure en multicoque et en équipage, qui correspondait mieux à l’esprit de la Banque Populaire.» Pascal Bidégorry et Ronan Lucas ont présenté un projet complet de maxi au groupe bancaire, approuvé à l’unanimité au lendemain de la victoire du trimaran bleu de 60 pieds sur la Jacques-Vabre 2005. « Cette victoire a donné une nouvelle impulsion au projet. Nous avons gagné le championnat ORMA dès la première année avec le nouveau bateau. On ne pouvait pas rêver mieux ! Cela nous a apporté une bouffée d’oxygène et nous a permis d’envisager l’avenir de manière positive », s’enthousiasme Pascal Bidégorry. Fier de la confiance que lui témoigne la Banque Populaire, le skipper basque déclarait, au moment de l’annonce du lancement du projet, en septembre 2006 : « Aujourd’hui, peut-on rêver plus beau challenge et plus beau bateau ? On va faire le tour du monde ! Viser le record du Jules-Verne à la voile ! Nous sommes au début de quelque chose de fantastique et il y a tout à faire ! »

Un travail de longue haleineDu travail, tous les acteurs impliqués directement ou indirectement dans le projet n’en ont effectivement pas manqué. Après une phase d’étude de trois projets, dont un catamaran et deux trimarans, Ronan Lucas et Pascal Bidégorry, un grand habitué des trimarans qui a également battu le record de l’Atlantique Nord en

Banque-populaire v :Longueur : 40 mètres - Largeur : 23 mètres

Déplacement : 23 tonnes - Tirant d’eau : 5,80 mètres

Tirant d’air : 47 mètres

pascal Bigérorry en brefNé le 15 janvier 1968 au Pays basque, région à laquelle il reste profondément

attaché, Pascal Bidégorry a tiré ses premiers bords à l’âge de 15 ans. Marin

talentueux au tempérament de feu, personnage attachant, Bidégorry a accroché

de nombreuses courses à son palmarès, dont la Solitaire du Figaro 2000, l’IB

Group Challenge et la Transat Jacques-Vabre en 2005. Il a battu le Record de

l’Atlantique nord en juillet 2006 à bord d’Orange II de Bruno Peyron. Skipper

des Banque-Populaire IV et V, Pascal Bidégorry partira à l’assaut des grands

records océaniques dès l’hiver prochain.

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36 Journal du Nautisme avril 2008

pASSIon

Les expérimentations d’hydrofoils par des Géo Trouvetou passionnés (dès la fin du XIXe siècle) et celles, plus sérieuses,

de l’US Navy pour ses bâtiments de guerre, ne datent pas d’hier. Contrecarrer les lois de la pesanteur, se libérer des attaches terrestres, tel a toujours été le rêve des hommes. Voler sur l’eau nous renvoie même aux calendes grecques, au rêve d’Icare et à la science d’Archimède. Battant en brèche le mythe, d’anciens historiens prétendent d’ailleurs qu’Icare et son père Dédale n’auraient pas fui la Crête par les airs, mais bien par la mer, inventant au passage la première voile. Ce n’est donc pas un hasard si les verbes voguer et voler sont, du point de vue sémantique et technologique, liés.

La nique à Archimède« L’hydrofoil fonctionne comme un profil d’aile d’avion asymétrique. Ce profil génère une portance, une force vers le haut, qui soulage le bateau et le fait littéralement décoller, explique Vincent Lauriot-Prévost, architecte naval, dont le cabinet VPLP planche depuis longtemps sur le concept. Le but est de s’affranchir des forces archimédiennes, de réduire complètement la traînée des coques et d’aller plus vite. Plus tu vas vite, plus tu décolles. C’est un système vertueux, qui marche avec le carré de la vitesse. Quand tu doubles ta vitesse, le foil porte quatre fois plus.»Les conditions de décollage dépendent donc de la surface portante des foils mais aussi de la capacité à accélérer. On comprend pourquoi les premiers succès eurent lieu sur

des engins motorisés. A la voile, ce sont des plates-formes légères et puissantes, les multicoques, qui sont les plus aptes à recevoir des foils.

Systèmes hybridesDeux développements ont eu lieu à partir de la fin des années 70 : d’un côté, des engins hybrides conçus pour la course océanique, qui utilisaient des foils d’appoint pour soulager les coques, de l’autre, des machines plus radicales, exclusivement dédiées à la vitesse. En 1979, Paul-Ricard, le trimaran de course d’Eric Tabarly, est déjà doté de plans porteurs. Quelques années plus tard, c’est l’architecte Marc Lombard qui va lancer le mouvement des foils courbes, capables de soulager jusqu’à 80% du déplacement du bateau. Ce système sera peu à peu adopté par la plupart des grands multis, dont les trimarans ORMA. « Sur Groupama 3, le maxi de Franck Cammas (conçu par VPLP, ndlr), pour une vitesse de 28 à 30 nœuds, on gagne trois à quatre nœuds supplémentaires grâce aux foils, indique Vincent Lauriot-Prévost, gain très intéressant à l’échelle d’un tour du monde ou même d’une transat. C’est aussi et surtout un vrai gage de sécurité : les étraves ne plantent jamais dans l’eau.» Aujourd’hui, peu de multicoques océaniques remettent en question l’acquis des foils, même si la technique est encore en pleine évolution et que les questions de gestion de la puissance, d’angle des foils ou de structure, se posent toujours.

« l’hydroptère est un des rares gros bateaux qui vole »

Le Bladerider3,35 mètres de long, 30 kilos, une grand-voile de

8m2, deux foils en T et un régulateur à l’avant,

appelé « palpeur », telles sont les caractéristiques du

Bladerider, le Moth à foil monotype tout carbone qui

suscite actuellement intérêt et engouement. Ce petit

dériveur spectaculaire est capable d’avancer deux fois

plus vite que le vent et d’effectuer de pointes de vitesse

à plus de 25 nœuds… sur plan d’eau protégé de

préférence. Serait-ce l’avenir de la voile légère ?

Texte Camille El Beze

la Folie des Foils Bêtes à recordParallèlement aux embarcations hybrides, des engins plus typés, pensés pour défier l’espace- temps, vont pousser plus loin l’utilisation d’hydrofoils. Dans les années 70, la Semaine de vitesse de Weymouth, puis celle de Brest, accueillent ces bateaux expérimentaux, dont le bien nommé Icarus, un Tornado à foils qui réussit, en 1977, à voler sur 500 mètres à la vitesse moyenne de 22,20 nœuds. Vingt ans plus tard, Techniques-Avancées (un foiler à deux coques de 10,50 mètres) atteint les 42,12 nœuds sur la même distance (record mondial en classe D). C’est dans ce contexte que naît le très ambitieux projet de l’Hydroptère. Le « bébé » d’Alain Thébault, un trimaran de 18 mètres, s’envole pour la première fois en 1994 et bat en 2007 le record mondial de vitesse sur un mille. « L’Hydroptère est l’un des rares gros bateaux qui vole », note Vincent Lauriot-Prévost.Désormais, la barre à franchir est celle des 50 nœuds (1). Un défi que l’Hydroptère s’apprête à relever dès le mois de mai prochain à Port-Saint-Louis-du-Rhône. En attendant, d’autres petits et grands foilers sont en gestation : l’Hydroptère maxi (tri de 30 mètres destiné au Trophée Jules-Verne) et son « bateau-laboratoire », l’Hydroptère.ch, conçu en partenariat avec un design team suisse. Nos voisins helvètes sont en effet friands d’engins surpuissants et aériens leur permettant de naviguer sur les eaux souvent trop lisses du Léman. A suivre d’ailleurs, le lancement prochain de Syz&Co, un trimaran à foils de 32 pieds (lui aussi dessiné par VPLP).

La glisse entre ciel et merCes projets alternatifs, qui donnent parfois naissance à de véritables ovnis, (le Wotrocket, l’Absolute-Wind-Record et bien d’autres) ont récemment inspiré quelques amoureux de glisse, avides de nouvelles sensations. C’est ainsi que les foils ont poussé sous les carènes des planches à voile (Shark Board), surfs, kitesurfs et même kayaks des mers ! Laird Hamilton, le spécialiste des très grosses vagues, fut le premier à s’intéresser au concept. « Au début des années 2000, Laird a bricolé un foil sur sa planche de surf, qui ressemblait d’ailleurs plutôt à une planche de wakeboard, raconte Gibus de Soultrait, journaliste et auteur d’ouvrages sur le surf. Pendant deux ou trois ans, ils furent un petit groupe sur l’île de Maui, à Hawaï, à pratiquer régulièrement avec des foils. Ils avançaient avec l’onde, en sustentation sur une planche, à la même vitesse que la houle. C’était magique. » Le hic est qu’il fallait alors porter des chaussures de snowboard et que le maintien de l’équilibre sur la planche se révélait très difficile. C’est aussi ce qu’explique Bruno Sroka, champion de monde de speed cross, à propos des kites à foils : « C’est

extrêmement plaisant, tu planes dès qu’il y a 6 ou 7 nœuds de vent, il n’y a plus de frottement, plus de bruit. Mais ça reste physique, onéreux et compliqué s’agissant de la mise à l’eau.»

L’exemplarité du BladeriderD’autres pratiques semblent cependant promises à un bel avenir. Si le Trifoiler de Hobie Cat a eu du mal à percer, le Bladerider (Moth International), un skiff monotype équipé de deux foils en T, est lui en plein boom. Développé il y a une paire d’années par l’Australien Rohan Veal et l’architecte Andrew McDouglas, le Bladerider déferle sur le petit monde du dériveur. Aujourd’hui, 200 bateaux ont déjà été vendus, 80 coureurs se pressent au championnat du monde, et même les Français commencent à lorgner sur ce support très anglo-saxon et très spectaculaire. C’est le cas du navigateur Sébastien Josse, aficionado de la première heure : « Contrairement aux apparences, c’est assez facile. Au bout de 20 minutes de navigation, tu arrives à monter sur le foil et à voler en ligne droite. » Eric Proust, l’importateur français, acquiesce : « J’ai été très surpris par l’accessibilité de ce dériveur. On décolle à partir de 6 nœuds de vent et dans le petit temps, tu vas deux fois plus vite que le vent. Rohan Veal a fait des pointes à plus de 27 nœuds ! C’est véritablement du vol à voile. » Manœuvrer en vol demande en revanche beaucoup de dextérité et de technique. Autres écueils : la gestion de la puissance par vent et mer forts, la mise à l’eau (compliquée par un appendice vertical d’un mètre) et le prix de l’engin (14 000 euros).

Quel avenir pour les foils ?Ce plaisir reste donc, à certains égards, élitiste. « Avant que les engins à foils n’atteignent le grand public, il se passera du temps. C’est cher, technologique, pointu. Ce sont des bateaux légers, donc sophistiqués dans leur mode de fabrication, concède Vincent Lauriot-Prévost. En revanche, je crois qu’en matière de compétition, on ira de plus en plus vers cela. Pour moi, la notion de compétition est associée à la performance et la vitesse. Avec les hydrofoils, un nouveau pas est franchi. Le processus est enclenché et pour ceux qui veulent aller vite sur l’eau, on ne fera pas machine arrière. »

(1) Yellow-Page-Endeavour (également équipé de petits foils) détiendra, de 1993 à 2004 le record de vitesse sur 500 mètres avec 46,52 nœuds, avant que le planchiste Finian Maynard ne déboule à 48,70 nœuds dans le canal des Saintes-Maries-de-la-Mer en 2005. Au mois de mars dernier, un autre planchiste, le Français Antoine Albeau, a atteint sur ce même canal les 49,09 nœuds (record en cours d’homologation).

« attachez vos harnais et remontez vos tablettes… à cartes. attention au décollage ! » Tel pourrait être, d’ici quelques années, le mot d’ordre du skipper-commandant de bord. Depuis plus d’un siècle en effet, marins et architectes navals cherchent à s’élever hors des flots. ils ont inventé l’hydrofoil, ou l’aile d’avion sous-marine. aujourd’hui, ces appendices magiques suscitent un intérêt accru et disposent d’applications concrètes. alors, pratique alternative ou véritable tendance pour l’avenir ?

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38 Journal du Nautisme avril 2008

allez zoo, à Gosier ! touRISMe

pour la quatrième année consécutive, la Zoo regatta va donner à Grande-Terre, fin mai, des airs de place forte de la régate en Guadeloupe, archipel aux charmes si colorés.

a bien y réfléchir, la Zoo Regatta pourrait aussi bien s’intituler « Festival des bons vivants ». Gildas Morvan, surnommé « Géant Vert » parce qu’on

pourrait aisément l’armer d’un génois pour faire avancer le bateau en cas de démâtage, mais aussi parce qu’il est l’habituel skipper de Cercle-Vert, figure sur la liste des engagés. Le Finistérien, deuxième de la Route du Rhum 2006, pourrait revenir à Gosier, pas tellement loin de Pointe-à-Pitre, pour défendre son titre à la Zoo Regatta.

Stars en stock Skipper du trimaran Brossard et Suisse de son état (mais pas si neutre lorsqu’il s’agit de profiter des charmes d’une contrée nouvelle !), Yvan Bourgnon est également annoncé en Guadeloupe. Tout comme Jimmy Pahun, « grand riposteur du tac au tac, philosophe, physicien, rimeur, bretteur, musicien, voyageur aérien » et accessoirement prince des régates puisqu’il compte dix victoires sur le Spi Ouest-France à son palmarès, mais aussi une Transat Jacques-Vabre, gagnée en compagnie de son copain Alain Gautier.

Personnage haut en couleurs et attachant, ce Gascon de Bretagne devrait une fois de plus se sentir à l’aise dans ces îles qu’il connaît bien et qui verront leurs chances notamment défendues par Claude Tellier et Philippe Fiston, deux des meilleurs skippers guadeloupéens.

Un esprit, douze équipagesAu total, c’est au moins une douzaine d’équipages (le même nombre que l’an passé) qui est attendue à Gosier, station balnéaire animée de la côte est de la Guadeloupe. Des équipages prêts à se battre sur Sun Fast37, monocoque de la famille Jeanneau de 11 mètres. Mais la Zoo Regatta by Mini ne se résume pas à sa vingtaine de duels. L’épreuve, organisée par Atmosphère-Antilles, rend aussi hommage à son île et à ses marins en développant des initiatives en faveur des jeunes Guadeloupéens. Un bateau 100% jeunes a d’ailleurs été armé et, sur chaque bateau, un « sixième homme » issu du public viendra compléter l’équipage.

Les charmes de la GuadeloupePrésenté comme un événement de « voile-spectacle », cette réunion de voileux agite, à Gosier, l’esprit de la fête, trois jours parés de tous les atours de la Guadeloupe, de son sens de l’hospitalité, de la vie, des cadeaux d’une nature richement dotée, de musique… L’archipel situé entre Atlantique et Caraïbes reste un endroit magique. Si magique qu’il a résisté sans gros dommages au cyclone Dean l’été dernier. Ses richesses méritent qu’on s’y attarde longuement. A l’intérieur des terres, quelques bijoux dont, bien entendu, le volcan de la Soufrière, âme en colère au nord de Basse-Terre. Toujours en activité, il laisse échapper d’incessantes fumerolles. A ses pieds, les chutes du Carbet achèveront la longue randonnée qui vous aura conduit au sommet du volcan (1467 mètres). On notera également, en vrac, la cascade aux écrevisses, le fait que le parc National de la Guadeloupe abrite 300 espèces d’arbres, une centaine d’orchidées différentes, dix-sept espèces de mammifères et onze espèces de chauves-souris… Mangroves, herbiers sous-marins et forêts marécageuses stigmatisent la nature littorale de la Guadeloupe.

Karukera, les îles aux belles eauxEt puis… la mer. La Guadeloupe ne porte-t-elle pas, également, le nom de « Karukera », « île aux belles eaux » ? Partenaire houleux ou ramenée à la raison par les barrières de coraux, elle multiplie ses bleus, ses ambiances et s’offre, belle et déraisonnable. La Guadeloupe est une zone de croisière privilégiée, alliant sécurité et diversité. On y apprécie le catamaran, dont le faible tirant d’eau permet de se rapprocher des plages. Les mouillages sont nombreux (quelques exemples ci-contre), et les alizés, constants et réguliers, ajoutent du piment à la navigation. Un terrain de jeu idéal pour la voile, le surf, le kite et la planche… Un conseil : plongez. Ne pas manquer les îlets Pigeon où Jacques-Yves Cousteau avait tourné Le Monde du Silence ! Se dévoilent aussi aux curieux les épaves de la Côte-sous-le-vent, les grottes de Port-Louis, les canyons sous-marins de la Désirade ou, pour les plus expérimentés, le Sec Pâté, aux Saintes, plongée d’une beauté inouïe. Enfin, de mars à mai, les baleines à bosses passent par le canal des Saintes…

Zoo RegattaOù ? Plage du Salako-Gosier.

QUAND ? Du 30 mai au 1er juin.

QUOI ? Une régate sur deux jours à bord de Sun Fast 37.

QUI ? Les meilleurs skippers des Caraïbes ainsi que Gildas Morvan, Yvan Bourgnon et Jimmy Pahun.

NOUVEAUTéS : le challenge inter-entreprises, le sixième homme, la formation à l’arbitrage, la Kid Zoo regatta, un bateau 100% jeunes.

PLUS D’INFOS : www.zoo-regatta.com

CONTACT : [email protected]

Texte de Frédéric Pelatan

Les mouillages à ne pas manquer :Grande-Terre : Îlet Gosier, en face de la plage de Salako, à quelques centaines de mètres de Gosier, côté Atlantique. Attention à la barrière de corail.Basse-Terre : côté mer des Caraïbes, l’anse Deshaies propose un magnifique petit mouillage.Malendure : au sud de l’anse Deshaies, bienvenue au cœur de la réserve Cousteau, où la pêche et le mouillage sont interdits dans les îlots. Préférez donc la baie de Malendure, endroit tout à fait délicieux.Les Saintes : à quelques milles au sud de Basse-Terre, un must : le mouillage du Pain de Sucre, inoubliable, dans l’Anse à Cointe, au sud-ouest de Terre-de-haut.Marie-Galante : à l’ouest, face à Grande-Terre, l’anse de Saint-Louis offre un mouillage confortable, quoique parfois un peu rouleur. Iles de la Petite-Terre : au nord-ouest de l’archipel, Petite-Terre et sa réserve aux 8000 iguanes. Mouillage naturel.

Office du tourisme des îles de la Guadeloupe :www.lesilesdeguadeloupe.com [email protected]

Voile : www.sailpilot.com - www.nouvellesantilles.com - www.reves-antilles.com

Ville du Gosier : www.villedugosier.fr

Y aller : Atterrir à Pointe-à-Pitre. De multiples compagnies aériennes desservent la Guadeloupe depuis le continent. Elles sont trois depuis Paris-Orly.

Décalage horaire entre la France et la Guadeloupe : Heure d’hiver : + 5 heures (+ 6 heures en été)

Le climat : Les îles de Guadeloupe ont deux saisons : le carême et l’hivernage. Le carême est la saison la plus sèche qui court de la mi-février à la mi-août. L’hivernage s’étale donc de la mi-août à la mi-février.

Infos pratiques :

Page 21: Journal du Nautisme n°1

CLUB-HOUSEFF Voile : le bilanLa FF Voile, c’est : 1063 Clubs affiliés, 279 764 licenciés (licences temporaires comprises), 7992 épreuves recensées dans les clubs, 423 athlètes de haut niveau ou espoirs, 934 arbitres régionaux, nationaux et internationaux , 1 119 293 per-sonnes dans les clubs labellisés FF Voile, 52 242 embarcations, 8 154 bénévoles et 102 653 397 euros de budget cumulé.Ces chiffres, au-delà des grandes tendances du nombre de licenciés commentées lors de l’assemblée générale de la FFVoile, offrent une photographie qualitative de la pratique et de l’enseignement de la voile en France.Suite à ce bilan, Jean Kerhoas, vice-président de la FF Voile a annoncé « un plan de relance des écoles pour faire en sorte que les jeunes qui viennent à la voile par le biais de la voile scolaire ou des EFV poursuivent la pratique dans les clubs. » Le président Jean-Pierre Champion et les membres du bureau exécutif ont, après l’assemblée générale du 15 mars, essayé de dresser le bilan d’une année 2007 globalement satisfaisante. La fédération présente en effet une bonne santé financière et se félicite de ses bons rapports avec son autorité de tutelle qu’est l’Etat, mais aussi avec ses partenaires privés dont le nombre s’est accru. Enfin, à la veille d’une année 2008 qui verra se dérouler deux rendez-vous sportifs majeurs avec les Jeux Olympiques et le Vendée Globe, les résultats sportifs ont été au rendez-vous et ce, quel que soit le type de voile (légère, match-racing, course au large, funboard…).Des informations supplémentaires sont disponibles sur www.ffvoile.net.

40 Journal du Nautisme avril 2008

Textes de Marion Bauchère

la météo tout le temps L’interface Gribabord (service multilingue en français, anglais, espa-gnol et italien) vous permet d’obtenir en quelques clics les fichiers GRIB du vent et de la pression grâce à un accès par téléphone et Internet. Ces abonnements disponibles pour des périodes de connexion allant de 24 heures à un an permettent de consulter aussi souvent que nécessai-re les prévisions marines côtières et larges réactualisées toutes les trois heures, pour toutes les échéances jusqu’à J +9. Par ailleurs, la possibi-lité d’acheter une prévision « à l’acte » existe toujours pour le large.Infos et renseignements : www.meteoconsult.fr ou 01 39 28 00 28.

Odyssea un projet d’avenir Un an après avoir présenté le projet Odys-sea au Salon nautique de Paris 2006, la Fédération Française des Ports de Plaisance (FFPP) et Euromarina (Fédération Européen-ne des Ports de Plaisance) ont présenté au cours du Salon nautique international de Paris 2007 l'actualité et les perspectives de ce programme d'envergure européenne. Au cours des douze derniers mois, la FFPP et Euromarina ont multiplié contacts et concertations avec l'ensemble des parte-naires privés et institutionnels européens afin de mieux faire connaître le projet et en présenter les enjeux. Odyssea permet de mettre en œuvre un nouveau concept de développement territorial durable en valorisant de manière innovante l'iden-tité, l'histoire, la culture et le savoir- faire commun aux peuples d'un même bassin maritime de manière à faire apparaître les liens qui les unissent.

nature et nautisme à HendayeAprès les tisons de Pâques, le soleil est annon-cé pour la quatorzième édition de Festimar, le salon des loisirs nautiques d’Hendaye, qui se tiendra du 8 au 11 mai prochains. Beaucoup d’animations vous attendent sur l’esplanade du deuxième port d’Aquitaine : initiation à la voile, exposition de bateaux, sports de glisse etc. Pour compléter le programme, Festimar lance cette année un festival des films de mer et du développement durable. Infos : www.salonnautique.hendaye.com

la croisière en douceur avec SwitchEn près de 5 ans, Switch est devenu le n°1 européen de la croisière voile. Les croisières « Douceurs créoles » et « Douceurs des îles » vous mèneront de l'îlet du Gosier à l’île aux Fleurs en passant par Marie-Galante, les Saintes, la Dominique et d’autres douceurs exotiques à bord de luxueux catamarans ou d’agréables monocoques.À partir de 790 euros (vols, transferts, croisière 9 jours/7nuits en cabine double en pension complète).Infos et réservations au 01 53 14 54 94.

Du tricot au phare de la Baleine Installé dans le Doubs depuis plus d’un siècle, TCO, le fournisseur en sous-vêtements de la Marine Nationale a faire de la mer son créneau et a lancé en 1994 la marque Le Phare de la Baleine. Le succès rapide de la marque a conduit la société à créer son propre réseau de magasins qui compte désormais une quarantaine de bouti-ques et 1300 points de vente en France et à l’étrange.A compter de cet été, la Baleine nous mène en bateau et se lance dans le domaine de la plaisance à moteur avec un bateau en teck style « utility boats » des années 30, un classique alliant l’élégance du dessin et des techniques modernes. Équipé d’un moteur inboard avec une disposition intérieure permettant à six personnes de naviguer confortablement, il affiche forcément les logos emblématiques de la Baleine souriante… Il ne nous reste plus qu’à l’apprivoiser sur les eaux turquoises de la Méditerranée !Infos : www.lepharedelabaleine.com

Photos : Fédération Française de Voile www.ffvoile.org, JM Rieupeyrout, Gilles Martin-RagetPhotos : Fédération Française de Voile www.ffvoile.org, JM Rieupeyrout, Gilles Martin-RagetPhotos : Fédération Française de Voile www.ffvoile.org, JM Rieupeyrout, Gilles Martin-Raget

-- Fournisseur Offi ciel --des Championnats de France

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Photos : Fédération Française de Voile www.ffvoile.org, JM Rieupeyrout, Gilles Martin-RagetPhotos : Fédération Française de Voile www.ffvoile.org, JM Rieupeyrout, Gilles Martin-RagetPhotos : Fédération Française de Voile www.ffvoile.org, JM Rieupeyrout, Gilles Martin-Raget

-- Fournisseur Offi ciel --des Championnats de France

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42 Journal du Nautisme avril 2008

CLUB-HOUSE

42 Journal du Nautisme avril 2008

Textes de Marion Bauchère

neuvième rencontre des propriétaires JeanneauDepuis neuf ans, le port de Saint-Tropez accueille les grandes unités de la marque Jeanneau, les Sun Odyssey 49 et 54 DS. Venus des quatre coins du monde, les propriétaires de ces grands voiliers se retrou-vent pour partager leur passion. Au programme de cette rencontre : navigation, bien sûr dans le Golfe de Saint Tropez, mais aussi escales gastronomiques et soirée de gala. Cette année, en guest-star, deux nouveautés : le Bordeaux 60 ainsi que le dernier-né de la gamme DS, le Sun Odyssey 50DS.Le programme : Jeudi 24 avril : arrivée des premiers bateaux au Port de Saint Tropez.Vendredi 25 avril : navigation et cocktail d’ouverture dans le Village Jeanneau. Samedi 26 avril : rallye dans le Golfe de Saint-Tropez et soirée de gala. Dimanche 27 avril : brunch et départ des bateaux. Informations et renseignements : [email protected]

Fête du nautisme Cette année, le samedi 17 et le dimanche 18 mai 2008, la Fête du nautisme s’étend partout en France sur plus de 500 sites. Cet événement permettra de découvrir le nau-tisme sous toutes ses formes, de pratiquer gratuitement des activités nautiques et de profiter de nombreuses animations terrestres. Les principaux événements auront lieu à Ouistreham, dans le pays de Rochefort, au club nautique castiais, à Perros-Guirec. Au menu : baptêmes de jet ski, plongée sous-marine, wakeboard, ski nautique, char à voile, balades en voiliers habitables, en vieux gréements et bien d’autres surprises !Infos : www.fetedunautisme.com

le Salon Virtuel du nautismeNautic Expo est le salon virtuel permanent qui met en relation fabricants et acheteurs du monde entier. Avec un trafic mensuel d’un million de visi-teurs, qui peuvent chercher jusqu’à 15 000 produits nautiques (accastillage, voiliers, bateaux à moteur, moteurs, canoës-kayaks, équipements de pêche, etc.), ce salon nautique virtuel, disponible en cinq langues, est le plus important sur Internet. Seuls les fabricants sont présents sur le site Nauticexpo qui, en simplifiant l’offre, n'expose pas les distribu-teurs et les revendeurs. En donnant la priorité aux produits, nauticexpo.com clarifie l’affichage en pré-sentant les résultats par produit et non par société. La sélection des produits est elle aussi plus simple via l’utilisation de photos et de logos.Infos : www.nauticexpo.com

Sun Fast 3200, le bolide des mersPour fêter ses 50 ans dignement, Jeanneau a lancé son dernier coursier : le Sun Fast 3200, dessiné par Daniel Andrieu, autant destiné à la navigation familiale qu’à la compétition. Quinze de ces bêtes de course prendront d’ailleurs le départ en juillet à Saint-Nazaire de la Trans-quadra, course transatlantique en solitaire ou en double réservée aux amateurs de plus de quarante ans. Infos : www.sunfast3200.com et www.transquadra.com

« Enseigner la voile »Dans le cadre de la modernisation de ses écoles de voile, la Fédération Française de Voile vient d'éditer un nouveau manuel : « Enseigner la Voile ». Cet ouvrage, destiné aux moniteurs, présente une démarche d'en-seignement rénovée. De l'accueil des pratiquants aux conseils liés à la sécurité en passant par l'animation des bilans, chaque point est détaillé et illustré. Exhaustif et facile d'accès, ce manuel a pour vocation d'accompagner le moniteur lors de sa formation mais aussi de le suivre durant sa carrière.Renseignements : www.ffvoile.org

les rendez-vous 2008Venez essayer les derniers Jeanneau : Du 8 mars au 23 avril au port de Nice (Prestige 50s, 42s et 38s et Sun Odyssey 50DS). Du 24 avril au 27 avril au port de Saint-Tropez (Prestige 50s, Prestige 42s et Sun Odyssey 50DS) Du 05 mai au 31 mai à Palma de Majorque (Prestige 38s et Sun Odyssey 50DS). Du 28 avril au 31 mai au port de Nice (Prestige 50s et Prestige 42s).

avril 2008 Journal du Nautisme 43

roland Jourdain parrain du Grand pavois 2008Roland Jourdain sera en effet en le par-rain de cette édition 2008 et présentera en exclusivité aux plus de 100 000 pas-sionnés du Grand Pavois son monocoque de 60 pieds (18,28 mètres) Veolia-Envi-ronnement. « Je suis très heureux d'avoir été désigné parrain du Grand Pavois cette année, confie Roland Jourdain et je suis très fier de pouvoir profiter de cette occasion pour présenter aux Rochelais le bateau avec lequel je prendrai le départ du Vendée Globe deux mois plus tard… » Infos : www.canyousea.com

louer beau louer bien ! Liberty Sea, c’est une flotte de plus de 60 bateaux, neufs et récents, en gestion exclusive sur trois bases permanentes : Port Pin Rolland (Var), Propriano (Corse) et Le Marin (Martinique). Liberty Sea, c’est aussi la vente : Dufour Yachts, concessionnaire exclusif sur toute la Corse, propose des programmes établis « sur mesure » avec les propriétaires. Profitez des offres Last Minute ! N’hésitez pas à faire établir un devis (offre valable sur toutes les bases pour les mois d’avril, mai et juin).Renseignements : www.libertysea.com

les stations nautiques font bouger le printempsManifestations grand public, salons du neuf et de l’occasion, compétitions sportives de haut niveau, les collectivités titulaires du label « France Station Nautique » s’enga-gent toutes à faire de leur station un lieu d’animation permanent autour des activités nautiques. La preuve avec quelques événements emblématiques de ce printemps : Les grands rendez-vous sportifs- Du 9 au 13 avril : championnats de France de match-racing, à La Baule. - Du 19 au 25 avril : Semaine olympique française de Hyères, l’un des derniers grand rendez-vous des sélectionnés olympiques pour les Jeux de Pékin.- Du 1er au 10 mai : championnat d’Europe de planche à voile, RSX en rade de Brest.- Du 24 et 25 mai : championnat de France offshore à Bormes-les-Mimosas. Une discipline spectaculaire où les bolides s’affrontent à plus de 150 km/h !- Du 3 au 5 juin : championnat de France UNSS à Gravelines. L’élite de la voile française chez les 15-18 ans s’affronte dans une compétition amicale mais acharnée.Les événements festifs et sportifs :- Du 12 au 20 avril : Mondial du vent à Leucate. Chaque année, des centaines de planchistes se retrouvent pour une des épreuves de glisse les plus courues.- Du 16 au 20 avril : Houlgate plein vent dans l’estuaire de la Dives. Concours de cerfs-volants, de kite, de char et de voile…- Les 19 et 20 avril : Trophée de la photo sous-marine à Saint-Raphaël. Un concours de photos sous-marines réunissant les meilleurs spécialistes de la discipline.- Du 24 au 26 avril : Spi Dauphine (Grau-du-Roi-Port-Camargue). La Spi Dauphine est la plus grande régate étudiante de Méditerranée. Ambiance festive assurée !- Du 6 au 8 juin : 24 heures de Lochrist dans le pays de Lorient. Le plan d’eau d’Inzinzac-Lochrist accueille le temps d’un week-end des centaines de kayakistes. Patrimoine maritime :- Du 30 avril au 4 mai : Voiles d'estuaires. Tout au long de l’estuaire de la Gironde, les gabares et autres voiliers traditionnels du fleuve vous permettront de découvrir les pratiques maritimes ancestrales.- Du 20 au 22 juin : Estivoiles de Fécamp. Le grand port morutier renoue chaque année avec son passé et ses traditions au cours d’un rassemblement festif qui sait aussi faire la part belle aux expressions artistiques d’aujourd’hui.Infos : www.station-nautique.com

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44 Journal du Nautisme avril 2008 avril 2008 Journal du Nautisme 45

LeS eSSentIeLS De KAte SHoppInG

Textes de Marion Bauchère

Du nOuVEau cHEZ JEannEauPlaisir de navigation et sensations garanties avec le Sun fast 3200 de chez Jeanneau.prix : à partir de 95 082 e Renseignements : www.sunfast3200.com

un HOMME à la MEr !LifeTag Raymarine est un système conçu pour déclencher une alarme dans le cas où un équipier passe par-dessus bord.prix : à partir de 639,90 eRenseignements : www.raymarine.com

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l’EnGin inDiSpEnSaBlE DE l’éTé !Ce Sea Scooter vous permettra une plongée jusqu'à 50 mètres de profondeur. Vitesse maximum : 5,3 km/h.prix : de 279 e à 899 e selon le modèleRenseignements : www.everset.com ou 04 76 84 29 45

MODèlE « aléE »Bottes en tissu anti-corrosion imperméable, équipées de bottines intérieures Gore-Tex avec semelles caoutchouc extérieures antidérapantes. Disponibles début mai.prix : 350 eRenseignements : www.puma.fr

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GuiDaGE DESiGn ! Nouvelle génération de GPS Outdoor Magellan dotée d’une interface intuitive associée à un grand écran couleur tactile. prix : 479 e Renseignements : www.navicom.fr

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Page 24: Journal du Nautisme n°1

46 Journal du Nautisme avril 2008

en MeR AveC…

nOM : Fred Le Peutrec

pOurQuOi T’ES là ?

Deuxième barreur sur

Groupama 3.

DanS lE ViSEur : le 24

janvier 2008, départ en mer

(après deux mois à patienter

en surveillant la météo), pour

le Trophée Jules-Verne, point

culminant de notre campagne

de records, jusqu’alors cou-

ronnée de succès.

arME FaTalE : Dix bons

mecs qui ont conscience de

vivre une formidable aventure

humaine. De la cohésion de ce

groupe dépendra le succès de

la tentative.

1« Dans l’intimité d’une fin de journée hivernale, nous libérons en-fin la puissance de notre trimaran et franchissons la ligne de départ au large d’Ouessant. C’est parti pour 25 000 miles de glisse pure entre 25 et 35 nœuds… avec des pointes à 44 nœuds ! A une vitesse époustou-flante pour un engin propulsé par le vent, nous descendons l’Atlanti-que. Nous avalons littéralement les degrés de latitude et nous passons du ciré au tee-shirt, puis des poissons volants aux albatros en quelques jours. Le bateau vole ! »

2« Je prends un immense plaisir à barrer ce trimaran extraordi-naire du bout des doigts. Certains quarts de barre sont magiques, notamment la nuit sous les étoiles ; on a vraiment la sensation d’être satellisé autour de la planète ! Dans l’océan Indien, la mer est dure. Le matériel est très sollicité et la vie à bord devient parfois pénible. A haute vitesse dans les vagues, les déplacements à l’intérieur sont des défis à la gravité et le simple fait de préparer à manger – ou de trouver le sommeil – est un véritable challenge. Souvent, l’effet comique de la scène l’emporte. De nombreux fous rires nous aident à évacuer l’excès de stress dû à la vitesse, à la fatigue et aux risques d’avaries qui pourraient nous ralentir. Albatros et pétrels nous narguent. »

3« Nous sommes partis depuis à peine plus de trois semaines quand, à l’entrée du Paci-fique Sud, une dépression stationnaire nous barre la route et nous oblige à quitter les 50e en faisant un détour par le nord, près de la Nouvelle-Zélande. L’option n’est pas classique, mais va se révéler salvatrice : à 80 milles de la côte, le flotteur bâbord se rompt brutale-ment entre les bras de liaison et provoque en quelques secondes notre chavirage. Notre bel oiseau de carbone abandonne le combat et rend les armes. Au moment de la rupture du flotteur, je suis sur le pont avec Jan Dekker et Franck Proffit et, quand je parviens enfin à rentrer dans la coque centrale, le bateau se stabilise définitivement à l’envers. Tout le monde est à bord et personne n’est blessé : c’est ce que j’ai immédiatement à l’esprit, une fois réfugié à l’intérieur de la coque centrale. Seul Seb Audigane se plaint d’une bosse. Anecdotique. Il a pris notre cocotte-minute sur la tête. Une cocotte-minute Seb, évidem-ment… »

1 Le départ de Lorient - 24 janvier 2008

2 Un quart de nuit

3 Chavirage le 18 février

4 Les dix hommes sont indemnes

4« En ouvrant les containers protégeant le matériel de sécurité, me reviennent en mémoire les journées que j’ai consacrées à le vérifier et à le conditionner en tentant de me projeter dans différentes situa-tions de détresse. Conscient d’être passé tout près de la correction-nelle, nous nous laissons gagner par une légère euphorie. Concentré, mais dans la bonne humeur, chacun s’active pour replacer les objets en déséquilibre, colmater une fuite de gasoil ou évacuer l’eau qui a pénétré. La mer a disloqué notre bateau mais a aussi achevé de souder le groupe. Quatre heures après le chavirage, nous sommes hé-litreuillés. Plus tard, le bateau sera récupéré. Déjà, à cet instant, nous n’avons qu’une seule idée en tête : repartir dès novembre prochain à l’assaut du Jules-Verne. Il y a du boulot ! »

Page 25: Journal du Nautisme n°1

[21 mars 2008, 09H48] JOURNAUTISM_001.VGDDUS.pdf

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