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Maison du Parc naturel rue d’Avignon, 1 - 5670 Nismes Tél : +32 ( 0 ) 60 39 17 90 - Fax : +32 ( 0 ) 60 39 17 93 www.pnvh.be - Contact : [email protected] Belgique-Belgïe P.P.-P.B. 5670 Viroinval BC9630 N° agrégation P401059 N°30 Automne 2011 - Trimestriel Sommaire Éditorial Automne, synonyme de festivités Jardin nature Les habitants de la mare Gestion écologique Le fauchage tardif dans le Parc naturel Nature au quotidien Le retour d’échassiers Artisans de chez nous La linotype de Viroinval Agenda des manifestations

Journal du Parc n°30

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Le journal du Parc naturel Viroin-Hermeton est une publication trimestrielle. Bonne lecture à toutes et tous !

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Page 1: Journal du Parc n°30

Maison du Parc naturelrue d’Avignon, 1 - 5670 NismesTél : +32(0)60 39 17 90 - Fax : +32(0)60 39 17 93www.pnvh.be - Contact : [email protected]

Belgique-BelgïeP.P.-P.B.

5670 ViroinvalBC9630

N° agrégation P401059

N°30

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SommaireÉditorial Automne, synonyme de festivités

Jardin nature Les habitants de la mare

Gestion écologique Le fauchage tardif dans le Parc naturel

Nature au quotidien Le retour d’échassiers

Artisans de chez nous La linotype de Viroinval

Agenda des manifestations

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JdP - Automne 2011

Édito

« Les bryophytes, ces plantes secrètes qui nous entourent »

Documentaire désormais disponible en DVD.

Réalisé à l’initiative de la Fonda-tion Bryologique Philippe De Zut-tere en collaboration avec le Parc naturel. Découvrez ces plantes fas-cinantes : les bryophytes (mousses, sphaignes et hépatiques).En 30 minutes, le réalisateur, Benoît HUC, vous plonge dans le monde de la biodiversité.Prix : 10 €, disponible à la Maison du Parc naturel, 1 rue d’Avignon

5670 Nismes (de 8h à 16 h). Possibilité d’envoi postal (+2 € de port) commande à [email protected]

À cette époque de l’année, l’automne pare nos forêts ardennaises de mille feux. Cette sai-son sonne également le début d’une longue

période de léthargie de nos paysages de Calestienne. Les troupeaux de moutons et de chèvres, qui ont passé toute la belle saison à entretenir au plus ras les tiennes, rentrent progressivement à la bergerie afin de passer l’hiver au chaud. Dans nos fermes, la der-nière fauche de foin est déjà bien loin et la récolte des maïs clôturera le ballet des tracteurs sur les plateaux. Les brumes matinales apparaissent et des fumées commencent à s’échapper çà et là des cheminées, signe des premiers feux de bois allumés dans l’âtre.

Mais sur le territoire du Parc naturel, l’automne est également synonyme de festivités. Depuis sept ans déjà, le troisième week-end d’octobre est dédié à la grande Fête du Parc naturel. Cette année, nous avons plus que jamais décidé de mettre en valeur les trésors de notre patrimoine. Calestienne et Ardenne seront ainsi mises à l’honneur, d’autant plus que 2011 est proclamée « Année internationale de la forêt » par les Nations-Unies.

Toujours dans ce cadre, le vaste projet de valorisation touristique de la Forêt des Eaux Blanche et Noire se taillera la part belle des 600 mètres carrés du cha-piteau chauffé, installé cette année dans le superbe cadre du parc communal de Nismes. Outre une pré-sentation du projet et de ses réalisations concrètes à venir, une multitude d’activités connexes vous seront proposées sous couvert d’une inscription préalable à la Maison du Parc : excursions à la découverte des

champignons, des araignées forestières, jeux d’inté-rieur, démonstration de vannerie, d’élagage dange-reux et de débardage avec chevaux de trait, légendes locales contées, etc. Ces activités sont en outre inscrites en bonne place dans le panel d’animations proposées dans le cadre du « week-end du bois ». Ce dernier se déroule partout en Wallonie et au Grand-Duché de Luxembourg les 14, 15 et 16 octobre.

Côté Calestienne, si nos apiculteurs seront toujours bien présents comme chaque année pour vous présen-ter leurs produits, les vergers seront de nouveau mis à l’honneur par la présence de la Mobipresse. Celle-ci côtoiera une grande exposition d’anciennes variétés de pommes et de poires présentée par l’Albatros en collaboration avec le Plan communal de développe-ment de la nature de Viroinval (PCDN) et les Cro-queurs de pommes de Belgique. Des démonstrations par des professionnels de matériel apicole, vinicole et de pressurage viendront bien à point pour toutes les questions que vous vous posez concernant la trans-formation des fruits du verger. Le tout sans oublier les ateliers de lactofermentation, au cours desquels

vous apprendrez comment conser-ver vos choux sous forme d’une délicieuse « choucroute maison ». N’hésitez pas à consulter notre site (www.pnvh.be) ou notre page Facebook (Parc naturel Viroin-Hermeton) pour de plus amples informations.

Toute l’équipe du Parc se réjouit déjà de vous retrouver en toute convivialité lors de ce week-end de fête pour vous faire découvrir – ou redécouvrir - une région, un patrimoine, un Parc naturel !

n petit clin d’œil à notre nouveau graphiste, Cédric Kinif, engagé depuis mi-septembre et qui a reçu comme première tâche la mise en page de ce numéro du Journal du Parc. Déjà une

réussite qui n’augure que de belles réalisations futures, n’est-ce pas ?

U

Par Joël Dath,Directeur PNVH

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JdP - Automne 2011

Revenons à la mare de Vierves… regardons-la toute entière, puis penchons-nous pour découvrir les plus petits

de ses habitants… prenons même notre loupe pour en approcher certains de plus près.C’est tout un petit monde qui foisonne et grouille ici. Des premiers jours du printemps, et jusqu’à l’automne, découvrons ensemble quelques-unes de ses multiples facettes.

Dès la fin février, avant même que la végétation n’ait commencé à pointer ses premières feuilles, les batraciens annoncent déjà l’arrivée prochaine du printemps et entreprennent leur migration vers la mare. Pour l’équipe du Parc, le moment est venu d’installer les dispositifs « anti-écrasement » le long des fossés et de passer chaque soir et chaque matin aider ses petits protégés à traverser la route. Les tritons palmés

Le petit monde de la mare . . .

Par Anne Lambert,Chargée de sensibilisation PNVH

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sont les premiers à se mettre en route. Mâle et femelle se ressemblent, mais la femelle est souvent plus dodue. Quant au mâle, on le reconnaît au petit fila-ment noir qui prolonge sa queue. Très vite, les tritons alpestres, plus grands et plus colorés que leurs cousins palmés se mettent aussi en route (photo p.4). Les grenouilles rousses, les salamandres et les crapauds ne tarderons pas à les rejoindre. Arrivés à la mare, cha-cun y dépose ses œufs. Ceux des grenouilles forment de grosses grappes qui ne tardent pas à remonter à la surface; ceux des crapauds s’allongent en chapelets qui s’enlacent dans les branches mortes immergées. ►►►

Triton palmé mâle

Triton palmé

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Plus discrets, ceux des tritons sont collés à la face inférieure des feuilles des plantes aquatiques dès qu’elles commencent à pousser. Quant aux salamandres, elles ne pondent pas d’œufs mais déposent dans l’eau leurs petites larves brunes munies de branchies.

Les insectes carnivores (dytiques, notonectes et larves de libellules) vont mener la vie dure aux têtards et les poursuivre impitoyablement pour s’en nourrir. C’est la loi de la nature et les amphibiens ont tout prévu pour perpétuer malgré tout leurs espèces : ils pondent énor-mément d’œufs. Si une partie de la progéniture sert de pitance aux insectes carnassiers, le reste survi-vra et les jeunes quitteront la mare au terme de leur développement larvaire.

Les pieds dans l’eau, sur les berges ou sur les talus, des plantes aux exigences très différentes apparaissent peu à peu. Les unes sont banales, mais néanmoins luxuriantes, d’autres, par contre, constituent de petits joyaux rares qu’il s’agit de préserver absolument. À première vue pourtant, rien ne les distingue vraiment de leurs proches cousines. Regardez, ici voici la stellaire des marais.

Avouons que de loin, elle ressemble étonnamment à la stellaire holostée, bien que ses fleurs soient plus petites. Elle se plaît dans les lieux maréca-geux et a élu domicile aux abords de la mare. A ses côtés, le petit myoso-tis gazonnant est aussi une espèce peu commune.

Un peu partout l’alliaire et la cardamine attirent les papillons printaniers. L’aurore viendra y pondre de minuscules œufs. Les pieds dans l’eau, le populage (Caltha palustris) et l’iris (Iris pseudacorus) fleurissent successivement illuminant de jaune le plan d’eau et ses abords, tandis que le lycope d’Europe (Lycopus europaeus) et le plantain d’eau (Alisma plantago-aquatica)

montrent leurs premières feuilles et que la renoncule aquatique (Ranunculus peltatus) ouvre ses délicates fleurs blanches au ras de l’eau.

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Triton alpestre mâle Triton alpestre femelle

Stellaire des marais

Caltha palustris Ranunculus peltatus

Lythrum salicaria

Plus tard dans la saison, apparaî-tront les beaux épis de la salicaire commune (Lythrum salicaria) et, au milieu de la mare, les étranges

fleurs du rubanier.

Nous marchons sur la berge, et voici que subitement, un minuscule

point en mouvement sur le sol attire notre attention : c’est un petit

insecte coléoptère parti-culièrement mimétique :

en latin on l’appelle Elaphrus riparius et jamais personne n’a eu la bonne idée de lui trouver un nom plus simple.

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S’il n’avait pas bougé, jamais nous ne l’aurions aperçu tant il se confond avec la couleur de la terre et des algues. Très vite il disparaîtra sous un plant de gnaphale, cette lointaine cousine de l’édelweiss dont le feuillage grisâtre orne la berge.

Juin… sous le soleil, les libellules et demoiselles (que les spécialistes nomment anisoptères et zygoptères) volent au ras de l’eau. La libellule déprimée apparaît d’abord. Le mâle est bleu, la femelle brune-jaunâtre. Ils se poursuivent sans relâche, prenant à peine le temps de poser pour la photo… Imposants, les Anax imperator se mêlent bien-tôt à la danse. Les demoiselles sont plus discrètes… mais bien présentes au milieu des touffes d’iris et de carex. Solidement arrimés l’un à l’autre, le mâle et la femelle virevoltent et déposent leurs œufs dans l’eau. Ils donneront bientôt naissance à de petites larves carnivores. Plusieurs espèces de zygoptères fréquentent la mare rivalisant de beauté et de reflets colorés.

Sur le sentier qui sépare les deux plans d’eau, une douce odeur de miel flatte nos narines : c’est la reine des prés (Filipendula ulmaria) qui est en pleine floraison. Nous ne sommes pas les seuls à être attirés par son parfum suave : des syrphes butinent ses fleurs sans relâche.

L’été touche à sa fin… les plantains d’eau nous ont joué un tour à leur façon : ils ont tout envahi ! Qu’à cela ne tienne ! L’an prochain nous veillerons à limiter leur expansion !

Elaphrus riparius

Demoiselles

Mais qu’elle est déjà riche en observations cette première année de vie de la mare agrandie ! Vivement le printemps prochain pour de nouvelles découvertes que nous ne manquerons pas de vous inviter à partager sur le terrain lors de balades organisées.

Anax imperator

Libellule déprimée mâle

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D’abord les inventaires

P our pouvoir adhérer à la convention relative à la gestion écolo-gique des bords de route, il a fallut réaliser des inventaires bota-niques de manière à confirmer l’intérêt de ce fauchage tardif.

En mai 1996, le Service des Travaux de la commune de Viroinval et le Centre Marie-Victorin conviennent d’adopter les modalités de fauchage selon quatre zones bien définies.En 1999, dix relevés botaniques réalisés sur les bords des voiries com-munales du Parc naturel ont permis d’identifier 128 espèces végétales. En 2003, dix autres relevés ont porté le nombre à 164 espèces dont trois faisant partie de la législation relative à la protection de la flore (Veronica prostrata, Bubium bulbocastanum et Rosa tomentosa).Il faut aussi citer Jasione montana et Hieracium maculatum qui figurent sur la liste rouge de la flore de Wallonie. Une fois de plus, le territoire du Parc naturel révèle sa grande richesse et incite à adopter des méthodes de ges-tion respectueuses de la nature.

Par Camille Cassimans,Chargé de communication PNVH

Le fauchage tardifdans le Parc naturel

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Territoire du parc : fauchage tardif(avec bande de sécurité)

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La gestion extensive en Wallonie

Les zones qui nous intéressent ici sont parallèles à la voirie. Leurs fonctions varient suivant l’ordre technique ou écologique et selon une importance due à la situation et à la dimension de la route. Il en existe trois types.

1. La zone de sécuritéC’est la première zone de gestion située contre la chaussée et d’une largeur allant de 1 m à 1,20 m tout au plus. Si une visibilité importante est requise, cette dimension peut être augmentée. Dans cette zone, la gestion est intensive et la fauche se fera ainsi à plusieurs reprises au cours de la période de végétation, sans date précisée. Cette fauche est réalisée pour des impératifs de sécurité routière, afin de fournir un espace « refuge » pour les piétons. Malgré cette ges-tion, une certaine faune caractéristique des herbes courtes peut s’y installer.2. La zone de fauche tardiveElle est présente là où l’utilisation de la voie de communication ne nécessite pas plusieurs fauchages annuels. La gestion y sera extensive avec un fau-chage annuel à partir du premier août au plus tôt, ceci afin de permettre le bon déroulement des cycles biologiques d’un grand nombre d’espèces sau-vages. C’est la zone dite du « pré fleuri » qui offre un refuge et une source de nourriture abondante à la faune présente.3. La zone en fricheOn peut compléter le fauchage tardif par une zone qui présente des es-paces de fauchages plus grands encore, parfois de l’ordre de plusieurs années. Elle servira d’abri, durant l’hiver, aux populations animales qui ne migrent pas. Tout dépendra de la largeur disponible à la création de cette zone. À certains endroits et s’il n’y a pas d’objection du voisinage, elle peut occuper toute la largeur comme c’est parfois le cas des chemins utilisés quasi exclusivement par les forestiers et les agriculteurs.

Concrètement à ViroinvalSur les plans au 1/10 000° déposés à la Région wallonne, les zones sont surlignées en couleurs différentes selon la technique de fauchage choi-sie. Les panneaux « fauchage tardif » sont placés au début et à la fin de chaque zone. Il est à noter qu’il existe aussi à Regniessart une portion de voirie dont les talus sont exposés plein sud et sur lesquels pousse la bruyère d’été (Calluna vulgaris). Dans ce cas, le fauchage sera effectué en dehors de la période allant du 01 mai au 15 septembre.

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Calluna vulgaris

Fauché le Flambé ?Cerise sur le gâteau, depuis 1998 la commune de Viroinval a décidé de suivre les recommandations d’un rapport entomologique réalisé par Kurt Hofmans en vue d’entretenir les bords de route en faveur du Flambé (Iphiclides podalirius) ce superbe papillon typique de nos pelouses calcicoles. Il ne se rencontre que dans les milieux secs et chauds et là où pousse le prunellier, sa plante-hôte, sur lequel la chenille peut se déve-lopper. Le prunellier ne doit pas dépasser un mètre de haut. Vingt-six talus ont été délimités à cet effet et offrent 3525 mètres de refuge à ce papillon vulnérable et menacé. Ces talus sont gérés selon une méthode précise.

Les talus envahis par des fourrés d’épineux hauts et denses seront recoupés à ras du sol suivis d’une recoupe durant les 4 années qui suivent. Les talus abritant des petits arbustes isolés seront recoupés à 20 cm du sol. Ensuite, un entretien tous les 4 ans est suffisant car les rejets de prunelliers produiront de nombreuses branches sub-horizontales très attractives pour les pontes du Flambé.

Le Flambé

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En période printanière, alors que les hêtres et les chênes se parent de leurs feuillages verdoyants,

un ruisseau murmure non loin d’ici, dans le vallon. Le soleil s’impose dans le ciel moutonné. Grives et merles chantent inlassablement pour marquer la proximité de leur nid. Quelques fauvettes et pouillots en migration sifflent dans le sous-bois. Soudain, une large silhouette glisse silencieusement au-dessus de la cime des vieux chênes. Les ailes sont largement déployées, presque deux mètres d’envergure ; le cou est tendu, un long bec pointe devant et de longues pattes prolongent la silhouette. La cigogne plie légè-rement les ailes pour perdre de la vitesse, elle passe habillement entre les cimes et disparaît.

L’oiseau se pose maintenant majestueusement sur son nid.

Son plumage noir est irisé de pourpre et de vert. Il contraste

avec une livrée blanche au ventre, un bec rouge carmin et des pattes

rouge-vif. Son nid est massif - plus d’un mètre cinquante de diamètre - et épais d’au moins cinquante centimètres. Le couple de

cigogne l’a construit en accumulant de la terre et des branches au fil des années. Il est solidement arrimé à une grosse branche de chêne. Ce sont des oiseaux exigeants qui ont besoin de quiétude contrairement à la cigogne blanche qui s’accommode volontiers à la proximité d’habitations et à l’activité humaine. Le nid est installé au cœur d’une vieille forêt de chênes et de hêtres, il est éloigné des lisières, des maisons et des routes.

Voici quelques jours qu’elles sont revenues de leur quartier d’hivernage, situé en Afrique de l’ouest.

Les œufs sont déposés plus tard, en mai, et incubés par la femelle durant plus d’un mois. Les semaines passent. Les chênes se couvrent généreusement de leur feuillage, rendant ainsi le nid plus discret et plus difficile à détecter. En juin, les œufs éclosent et les oisillons sont entièrement couverts d’un fin duvet banc. Les deux premières semaines, ils restent sous la protection d’un adulte car ils sont vulnérables aux prédateurs, telle la martre, mais surtout aux intem-péries : sous une pluie abondante et continue, leur duvet ne les protège plus du froid. Dans ce cas, leur seul refuge est sous les ailes d’un adulte.

Progressivement, Ils gran-dissent. Ils se couvrent petit

à petit de leur livrée noire et blanche. Trois têtes sont main-tenant visibles, elles sont encore recouvertes de duvet. Une jeune cigogne se relève, elle fait quelques pas hésitants avant de se blottir au fond du nid. De loin, celui-ci paraît alors inoccupé. Toutefois, de nombreuses traînées blanches, des déjections, sur le rebord du nid et sur le feuillage du sous-bois trahissent la pré-sence des oiseaux.

La cigogne noireUn hôte prestigieux des forêts du Parc naturel

Par Laurent Colmant, Chouette nature asbl

Le retourLa cigogne noire était jadis présente partout dans les grands massifs forestiers. Mais au XIXe siècle, ses effectifs ont largement déclinés par-tout en Europe sous la pression de persécutions et de l’intensification des exploitations forestières. L’espèce a disparu de notre pays ainsi qu’en France, au Luxembourg et dans d’autres contrées en Europe occi-dentale. Il a fallu plusieurs décennies d’effort, de restauration des forêts et de protection de l’espèce au niveau européen pour que la cigogne noire réapparaisse chez nous dans les années 80. Depuis, le nombre de couples nicheurs progresse pour atteindre actuellement près d’une cen-taine en Wallonie. Depuis moins de dix ans, la cigogne noire est obser-vée dans le sud de l’Entre-Sambre-et-Meuse dans les bois de Seloignes, Chimay, Forges, Couvin, Viroinval… Les observations se multiplient. Les premiers couples nicheurs se sont installés dans le Parc naturel Viroin-Hermeton il y a seulement quelques années.

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Les deux adultes quittent le nid pour chasser des petits poissons et des grenouilles dans les

ruisseaux, de quoi nourrir leur progéniture. Trois à six fois par jour, de la nourriture est apportée aux jeunes cigognes. Elle est régurgitée, d’abord trans-mise de bec à bec, puis picorée sur le nid quand les oisillons sont plus développés. Parfois, les adultes se reposent à proximité du nid, au sommet d’un haut peuplier dont il ne reste que le tronc et les branches maîtresses. L’endroit est idéal pour surveiller le nid et prévenir du danger. Ils passent aussi de longs moments à lisser leur plumage et à se toiletter. Après deux mois passés au nid, vers la mi-juillet, les jeunes cigognes prennent leur envol.

Le retour de la cigogne noire dans le parc natu-rel est un événement exceptionnel qui signe des

décennies d’effort de protection de l’espèce au niveau européen. Sa présence dans le massif forestier du parc naturel témoigne du travail considérable des gestionnaires forestiers du Département Nature et Forêts. Que ce soit pour préserver ou restaurer la qualité des ruisseaux et des zones humides en forêt, pour augmenter la biodiversité en laissant vieillir la forêt ou pour protéger les arbres porteurs de nid.

Bien que de retour chez nous, nous devons tous garder à l’esprit que la cigogne noire est une espèce extrêmement sensible aux dérangements et que dès lors, il faut lui réserver la plus grande quiétude. L’avenir de cet oiseau emblématique dépendra de la poursuite des efforts pour lui offrir un habitat de qualité, exempt de dérangements.

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Cigogne noire et petits ruisseauxLa cigogne noire s’alimente principalement de pois-sons de petite taille mais également de grenouilles, de tritons, d’insectes voire de micromammifères. Son domaine de chasse comprend des ruisseaux, des étangs marécageux et des prairies. Ces lieux de chasse sont parfois partagés par des oiseaux de différents couples. La plupart des ruisseaux fréquen-tés par la cigogne noire sont étroits, maximum un mètre de large, et peu profonds ; les eaux y sont de très bonne qualité et riches en chabot et truite fario. On comprend dès lors pourquoi l’espèce s’installe à proximité de vallons, dans des secteurs fournis en ruisseaux.

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Par Camille Cassimans,Chargé de communication PNVH

Toujours plus de caractère

Dans l’après guerre 40-45, José Bourtembourg, imprimeur bien connu dans le Parc naturel, décide d’acheter une machine linotype d’occasion et révisée. Il fallait absolument alléger le travail de composition du « Passe-Partout » qui se développait de plus en plus et aussi l’imprimerie générale.

C’est accompagné de son frère Ulysse Bourgtembourg, lors d’une visite à l’imprimerie du journal « Le Soir », qu’il décida d’investir dans ce type de machine, car fortement utilisée à cet endroit.

Douze polices différentes rangées dans leur magasin et un corps de texte pouvant aller de 5 à 34 feront de cette machine un fer de lance dans l’imprimerie régionale en plein essor.

Le linotypiste

C’est Ulysse Bourtembourg qui sera chargé de dompter cette machine d’une robustesse à toute épreuve, d’une précision chirurgicale et d’une productivité phénoménale pour l’époque.

Des heures passées derrière le clavier composé de trois parties (minus-cules, majuscules, caractères spéciaux), Ulysse compose au kilomètre des lignes de plomb qui, mises côte à côte sur le marbre de montage, donne-ront les textes lisibles dans le Passe-Partout.

Ulysse devait aussi rencontrer les clients comme, par exemple, les galeries Jacquemin de Couvin, afin de définir une mise en page. Cela se passait généralement le soir de manière à être tranquille et aussi dégagé des vapeurs de plomb fondu. Ce travail se réalisait avec minutie car une erreur d’impression est toujours regrettable puisqu’on ne vend pas la blanquette de veau au même prix qu’un rumsteak.

La de Viroinval

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Faire bonne impression

Toute cette famille d’imprimeurs ne se limitait pas au Passe-Partout. De nombreux livres anciens sur Viroinval ont été imprimés après avoir été écrits par des auteurs tels que P. Blondeau, R. Fichet et autres. Les avis nécrologiques font partie aussi de ce travail, tout comme les publicités, tracts divers, périodiques, affiches…Mais le modernisme des années 1970 mit un terme au fonctionne-ment de la linotype fabriquée à Altrincham, en Angleterre.

Cliquetis et fusion

Il faut s’imaginer le travail d’une journée derrière le clavier de cette mécanique issue de l’ingéniosité humaine, chaleur du plomb en fusion, vapeurs de plomb, fumées, cliquetis multiples, moteur en action, grin-cements des engrenages et des arbres à cames... Le linotypiste tape au clavier, la linotype sélectionne chaque matrice en laiton à grande vitesse et la fait coulisser pour s’aligner derrière sa précédente.

Une ligne finie d’une douzaine de centimètres - ce qui vaut environ 144 cicéro dans la mesure linotypiste - va être positionnée devant le four à plomb en pleine fusion. Une impulsion et le plomb en fusion coule de manière à mouler cette ligne de texte. Gare aux éclaboussures et aux jets de plomb fréquents à cause d’une ligne mal justifiée ! Un retard de pro-duction énerve Ulysse, malgré son calme de grand pêcheur qu’il était. Les heures supplémentaires s’accumulaient souvent car le Passe-Partout devait sortir chaque semaine.

Enfin, dans un mouvement d’envolée, le grand bras ramasse les matrices et les remonte dans les tiroirs respectifs où elles attendent un nouvel appel.

La ligne en plomb refroidit et va s’accumuler sur une tablette recevant le texte qui sera emporté sur sa gallée, une espèce de plateau. Ce sera alors à Benoît d’assembler le mécano en plomb sur le marbre de montage.

Michel, le fondeur

Parmi ses souvenirs d’enfance, Michel se rappelle les moments ou il avait son propre cubilo (four à plomb) dans lequel il faisait fondre toutes les lignes de plomb récupérées un peu partout. Une passoire lui permettait d’écumer le dessus du bain de fusion et au moment voulu il pouvait commencer à faire couler le plomb dans les moules à lingots. Ceux-ci repartaient alors dans le cycle, accrochés un à un au-dessus du four de la linotype, subissant leur lente fusion au fur et à mesure de la composition. N’oublions pas la scie à plomb qui servait à couper correctement les lignes et à les ébarber soigneusement.

11JdP - Automne 2011

En continu :• Pressurage - Mobipresse*

• Jeu de piste dans l’arboretum

• Expo : aquarelles d’Yves Fagnard

• Jeux en bois

• Élagage en hauteur

• Stands, expos...

• Buvette, restauration (sanglier à la broche, pain-saucisse...)

SamEdi 15 :• 11h - Inauguration

• 14h - Visite de vergers à Nismes (détails en p.12)

• 14h - Atelier « Choucroute », venez transformez vos choux*

• 14h - 18h - Légendes contées

• 15h - Marche nordique, initiation gratuite**

dimanchE 16 :• 10h - Excursion « araignées »* ou « champignons »*

• 10h - Marche nordique, initiation gratuite**

• 10h - 12h, 13h - 18h - Débardage

• 14h - Visite de vergers à Olloy (détails en p.12)

• 14h - Atelier « Choucroute », venez transformez vos choux*

• 14h , 14h45, 15h30 et 16h15 Parcours de légendes contées

Planning de la Fête du Parc 2011 Les 15 et 16 octobre de 10h à 18h à Nismes

Réservations : * Parc naturel, +32 (0)60 39 17 90, [email protected], ** +32 (0)497 54 90 24

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Agenda des manifestations

Le journal du Parc naturel est une publication de la Commission de gestion du Parc naturel Viroin-Hermeton. Comité de rédaction : Parc naturel Viroin-Hermeton. Conception graphique et mise en page : Cédric Kinif.Dépôt légal D./2011/11.731/30 - ISSN : 1782-1460.Crédits photographiques : Kinif C. [PNVH - cover, p.2 (n°2), p.11 (n°2)], Tracy [p.2 (n°1) - LCC], Cassimans C. [PNVH - p.3 (n°1), p.6 (fond, n°1), p.7 (n°2), p.10 (n°1), p.11 (n°1)], Lambert A. [PNVH - p.3 (n°2,3), p.4 (n°1,2,4,5,6,7), p.5 (n°1,2,3,4)], Dambrain M. [p.4 (n°3)], Google map [p.6 (carte)], «Karagal» [p.8 (n°1) - Licence GNU], Comant L. [p.9 (n°1)], Youenn [p.7 (n°1) - Licence GNU]. Le journal du Parc naturel est distribué dans toutes les boîtes aux lettres de la commune de Viroinval. Il est également disponible sur simple demande à la Maison du Parc et est téléchargeable sur www.pnvh.beÉditeurs responsables : J.-P. Colin, président et É. Baudoux, secrétaire, rue d’Avignon, 1 - 5670 Nismes.

Membre de l’Uniondes Éditeursde la PressePériodique

Festival de la pomme, du miel et des vins de Fruits

Samedi 15 et Dimanche 16 octobre - Nismes - 1 week-end

Le Parc naturel organise sa septième fête. Lors de cette manifestation (10 h à 18 h), des artisans de

bouche ainsi que de nombreuses associations œuvrant pour la protection de la nature seront présents.

L’Albatros de Petite-Chapelle réalise une exposition des principales variétés de pommes et de poires

anciennes régionales. Il sera possible de déposer des fruits à déterminer (3 fruits par sachet, numéroté

selon les arbres, avec nom et adresse) via le CRA-W (Centre de recherche de Gembloux). À voir aussi : vente de pommes et des produits dérivés, confé-rences, expositions, démonstration d’élagage, etc.

Visites de vergers : Samedi à 14 h, au verger de hautes-tiges à Sous-

St-Roch (Nismes), au panneau d’accueil. Fléchage depuis Nismes en venant de Mariembourg. Direc-

tion Dourbes, stationner sur votre gauche, au terrain de foot (guide : Thierry Dewitte). Dimanche à 10 h,

au verger de basses-tiges à Notre-Dame jouxtant l’église (panneau d’accueil) d’Olloy-sur-Viroin pour les petites formes et les formes palissées

(guide : David Lambert).

Infos : Parc naturel, +32 (0)60 39 17 90, [email protected]

initiation au monde des lichens Samedi 26 novembre - Mazée - 1 après-midi

Recherche et observation des espèces arboricoles et saxicoles dans la forêt ardennaise tout au long

de la frontière franco-belge. (guide : Olivier Roberfroid)

R.V. à 13 h 30, église de Mazée. Fin vers 17 h.

Emporter enveloppes pour récolte et loupe, vêtements chauds et bonnes chaussures.

Organisation : Cercles des Naturalistes de Belgique section Viroinvol.

Infos : Olivier Roberfroid +32 (0)60 31 34 38

conseils à la plantation des petits Fruits et autres

Samedi 26 novembre - Olloy-sur-Viroin - 1 après-midi

À la Sainte-Catherine, tout bois prend racines. C’est bien connu, aussi démonstration de plantation

et de taille à la plantation pour des arbustes de petits fruits et autres. Activité réalisée dans le

cadre de la Semaine de l’arbre en RW., animée par David Lambert et Thierry Dewitte de la cellule

« vergers » du PCDN de Viroinval.

R.V. à 14 h, verger « Notre-Dame », à l’église d’Olloy-sur-Viroin.

Infos : Inscription souhaitée au Parc naturel, +32 (0)60 39 17 90, [email protected]

restauration d’anciens poiriers en espalier de Façade

Samedi 3 décembre - Treignes/Matigolles - 1 après-midi

Les anciens poiriers en espalier ornant nos façades sont en voie de disparition, une enquête le montre, entre 2000 et 2010, plus de la moitié d’entre eux ont

disparu. Ces véritables monuments végétaux de notre patrimoine rural sont sacrifiés lors d’une rénovation de façade ou laissés à l’abandon, ils

finissent par perdre leur forme et dépérir, casser...

Mais comment les restaurer après tant d’années ? Démonstration de taille et d’intervention par

Christophe Poirson du CRA-W de Gembloux, projet Biodimestica, rue du Gay à Treignes

(prendre la route Treignes/Matagne-la-Petite).

R.V. à 13 h 30 à Treignes, hameau de Matignolles, rue du Gay. Fin vers 16h30.

Prévoir vêtements de pluie si nécessaire.

Organisation : PCDN de Viroinval.

Infos : Parc naturel +32 (0)60 39 17 90 Camille Cassimans, [email protected]

12 JdP - Automne 2011