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L’éduc’ pop’en île-de-France Journal d’information des réseaux d’éducation populaire en Île-de-France décembre 2010 NUMÉRO SPÉCIAL “Éducation populaire et métropole francilienne : les enjeux d’un débat citoyen.” N6 °

Journal n°6, décembre 2010

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“Education populaire et métropole francilienne : les enjeux d'un débat citoyen"

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L’éduc’ pop’en île-de-France

Journal d’information des réseaux d’éducation populaire en Île-de-Francedécembre 2010

NUMÉRO SPÉCIAL“Éducation populaire et métropole francilienne : les enjeux d’un débat citoyen.”

N°6°

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ÉDITO

Face à une société de plus en plus inégalitaire et excluante, qui voit son système de répartition sociale issu de la Résistance mis à mal, son système éducatif dépecé, les acteurs de l’éducation populaire sont animés depuis longtemps par l’indignation à laquelle nous invite aujourd’hui Stéphane Hessel. Celle-ci est le moteur de l’énergie critique qui nous pousse à décrypter les transformations à l’œuvre, à s’ériger en poil à gratter, à dénoncer les dysfonctionnements. Nous la mettons au service de l’action collective, qui seule peut permettre la transformation sociale.

L’indignation aujourd’hui doit nous conduire non seulement à exiger pour chacun des moyens économiques d’existence (travail, logement…) allant au-delà de la seule subsistance, mais elle s’accompagne à nos yeux d’exigences démocratiques. Quelles que soient les difficultés économiques et sociales de chacun, il n’est en effet pas secondaire de donner toute leur place à l’ensemble des habitants élevés au statut de citoyens dont la parole serait respectée, écoutée et entendue, de redonner une place à la jeunesse comme énergie du devenir et non question sociale, d’inventer un système éducatif basé sur la coopération et non la compétition…

Les évolutions politico-admistratives à l’œuvre aujourd’hui sur tous les fronts – qu’elles soient apparentes ou sous-jacentes - sont loin de laisser espérer une embellie pour la vie associative. Sous couvert de « modernisation » de l’État ou de « réforme » des collectivités territoriales, on assiste à une technocratisation des procédures, à une baisse des finances publiques et des soutiens à la vie associative, qui conduisent à une fragilisation croissante des associations et des projets qu’elles mettent en oeuvre. Au-delà de ce contexte de baisse des financements, le plus irréversible et structurel est sans doute la transformation dans la nature des relations des associations avec les pouvoirs publics. Co-gestion et co-élaboration de projets disparaissent au profit d’un recours généralisé aux logiques d’appels d’offres et de prestations. Notre expérience d’organisme intermédiaire dans le cadre d’un dispositif européen a renforcé cette analyse, qui nous a conduits à faire le choix de sortir de cette gestion.

En tant que réseau associatif régional francilien de jeunesse et d’éducation populaire, il nous est apparu important de prendre une place singulière au sein des débats en cours concernant l’avenir de la métropole francilienne. Non pour plébisciter tel ou tel projet, mais pour tenter de comprendre et de décrypter les enjeux des évolutions en cours, et rappeler qu’un projet de territoire ne saurait être réduit à une question d’infrastructures ou de transports, mais renvoie au modèle de société dans laquelle nous souhaitons vivre aujourd’hui et demain. Il concerne donc l’ensemble de la population francilienne qui doit à ce titre pouvoir être contributive et y trouver sa place.

Le bureau de la CRAJEP ÎdF

SOMMAIREP.3 NUMÉRO SPÉCIAL « Éducation populaire et métropole francilienne : les enjeux d’un débat citoyen.»P.3 Métropole francilienne : les enjeux d’un débat citoyen.P.6 Réforme des collectivités territoriales. Interview de Philippe Deplanque.P.7 De quoi parle-t-on ? Les projets, les cadres institutionnels, tableau comparatif des deux projets, les étapes.P.11 Une journée de débat, le 19 novembre 2010 à la Maison de l’Europe.P.12 Problématiques et dynamiques franciliennes. P.13 Grand Paris, une école de pédagogie urbaine. P.14 De la « métropolisation » subie à la fabrication d’un projet collectif : notre métropole du Grand Paris.P.15 Débat sur le devenir de la métropole francilienne : initiatives et expériences en Île-de-France.

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DOSSIER “Éducation populaire et métropole francilienne : les enjeux d’un débat citoyen.”

Constat : un déficit de débat démocratique

Sur fond de réforme des collectivités territoriales, les débats et les polémiques qui se succèdent sur le devenir de l’Île-de-France depuis trois ans restent réservés aux spécialistes et initiés, et se cristallisent autour de la question du réseau de transports. L’État est intervenu dans un débat initialement porté par les collectivités franciliennes en mettant en place ses propres outils (loi sur le Grand Paris, secrétariat d’État...) et en accélérant le calendrier parlementaire, sans concertation préalable des citoyens sur le projet métropolitain. La Région, dans le cadre de la consultation qu’elle a menée sur le SDRIF, n’a, semble-t-il, pas non plus réussi à sortir d’une concertation formelle et institutionnelle.

Deux projets de développement de la région-capitale se font face. Suite à la promulgation de la loi relative au Grand Paris (n° 2010-597 du 3 juin 2010), la Commission nationale du débat public a officiellement ouvert en octobre 2010 une consultation nationale autour des deux projets Double boucle et Arc express. Deux débats publics sont menés conjointement d’octobre 2010 à janvier 2011, dont les modalités mêmes posent question. En l’absence de véritables outils de concertation, de débats et de coproduction, l’injonction à débattre ne suffit pas. Les cadres fixés au débat public (format du Cahier d’acteurs, calendrier imposé, modalités de réunions) ne permettent pas le débat démocratique.

La question du temps en effet est centrale pour la mise en débat véritable. Temps de formation et de compréhension d’abord, temps d’appropriation des enjeux ensuite, temps de mise en débat enfin.

En privilégiant par ailleurs une vision très technique du projet métropolitain, avec la mise en avant d’une parole d’experts (architectes, urbanistes), le risque est d’aggraver la dichotomie entre ceux qui font la ville et ceux qui la vivent.

Faire du Grand Paris un objet d’éducation populaire

Comment aboutir à une appropriation citoyenne du débat

sur l’avenir de la métropole francilienne ? Convaincus qu’il n’existe pas de question trop complexe pour être abordée à une grande échelle, il nous semble que pour entrer dans ce débat, il faut dépasser la technicité du dossier (le comprendre et aller au-delà) et faire du projet métropolitain un objet politique.

Comprendre les termes et les enjeux du débat

Cela commence par comprendre les mots, clarifier les termes du débat et construire un langage commun, conditions d’une compréhension partagée (cf. pp.7 à 9). Cela nécessite également de connaître les étapes du processus (passées et à venir) et les modalités d’entrée en jeu des acteurs (initiative du Maire de Paris d’ouvrir un dialogue avec les communes de banlieue, élaboration du SDRIF par le Conseil régional, volonté du président

Métropole francilienne : les enjeux d’un débat citoyen.

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de la République d’inscrire la question métropolitaine dans le calendrier parlementaire) (cf. p.10).

Si les deux projets, tels qu’ils sont présentés, se réduisent apparemment à des questions de développement économique et de réseau de transport, ils posent en réalité de nombreux enjeux pour notre société.

La compétitivité de la région à l’échelle internationale semble être une préoccupation majeure commune aux deux porteurs de projets. Elle constitue même l’axe central du projet Grand Paris selon lequel les inégalités sociales, culturelles et territoriales de l’Île-de-France seront corrigées grâce aux fruits de la croissance économique de l’ensemble de la Région. Or, la question des autres modes de développement possible mériterait d’être posée : développement économique local, économie à visage humain, projets de territoire co-élaborés...

Il est d’autant plus significatif que la question sociale ne soit pas traitée en tant que telle dans les projets. Or un projet d’aménagement du territoire ne peut faire l’impasse sur les questions de logement, de travail, de mobilité, d’accès aux services publics, de vie quotidienne qui sont les conditions du vivre-ensemble et devraient pour cela être mise au centre des débats. Ainsi, la question des transports et des infrastructures par exemple, loin d’être exclusivement technique, pose celles de l’éducation à la mobilité, de la recherche d’un équilibre entre vie professionnelle et vie familiale, du développement d’une mixité sociale et culturelle, de l’ouverture des territoires... L’identité métropolitaine et le sentiment d’appartenance à ce nouvel espace-temps (la métropole) ne pourront se développer sans construire un langage commun, ni sans s’ancrer dans l’expérience d’un vécu collectif.

Alors que nos besoins sont

multiples (logement, travail, loisirs, consommation...), les pôles de compétitivité présentés dans le projet Double boucle seront dédiés à un seul type d’activité (transport, recherche, consommation, travail...). C’est pourtant bien l’accès à toutes les ressources : santé, culture, éducation, structures d’accueil de la petite enfance... qui contribuera au mieux-vivre ensemble.

Comment aménager l’existant et prendre en compte les problématiques actuelles des territoires (quartiers ségrégués, mal desservis, flux migratoires...) ? Comment éviter de créer de nouvelles inégalités en développant des pôles au détriment du reste du territoire ? Cela pose la question d’une métropole sociale et solidaire à l’heure où les termes du débat sont : pôles économiques, «clusters», compétitivité. La délimitation de l’espace et du projet métropolitains risque d’induire une mise en concurrence des territoires : entre ceux qui seront intégrés au projet et ceux qui en sont exclus (c’est le cas d’une grande partie du Val-d’Oise), entre les pôles de développement identifiés et le reste du territoire. Par ailleurs l’identification de pôles d’excellence risque d’attirer des intérêts privés au détriment de l’intérêt public (investisseurs immobiliers au détriment du droit au logement, par exemple). En outre, le contexte actuel de crise des finances locales rend encore plus aigu l’enjeu

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d’une solidarité des territoires pour financer ce chantier.

Comment traduire ce projet métropolitain en système institutionnel efficace ? Comment construire une gouvernance à l’échelle de la nouvelle métropole ? À quel niveau peut-il y avoir un échelon décisionnel pertinent ? Comment garantir le développement de politiques éducatives, sociales dans une vraie dimension régionale ? Comment la société civile peut-elle se structurer pour être audible ? Dans un contexte de réforme des collectivités territoriales et d’évolution des relations État-collectivités, la mise en place d’une gouvernance territoriale claire à l’échelle de la métropole francilienne devra garantir une capacité d’interlocution entre la sphère décisionnaire et les citoyens, et lutter contre la mise en concurrence des territoires.

Guy Burgel (cf. p.13) souligne que les projets Double boucle et Arc express s’appuient en fait sur deux visions différentes de notre société. L’un (Double boucle) s’inscrit dans la vision d’une métropole compétitive et innovante à inventer et fait le pari qu’une compétitivité localisée (pôles d’excellence) aura des retombées positives sur le reste du territoire. L’autre part des problématiques sociales existantes : face à un accroissement de la population en petite couronne, Arc express fixe pour objectif d’étendre spatialement la centralité, donc de dégager du foncier disponible et bien desservi (maillage en réseau).

De son côté, Martine Liotard (cf. p.12) montre que tout choix d’aménagement et d’infrastructures aura un impact environnemental qu’il faudra réussir à évaluer. Selon qu’on favorise les transports lourds (avion, train) ou qu’on fait « l’éloge de la lenteur » (tramway, vélo, bus), nous ne faisons pas le même pari sur l’avenir. Comment s’engager en faveur d’une métropole durable ?

Contribuer et agir

Au-delà de donner des clés de compréhension des termes du débat, comment participer à la construction d’une prise de parole démocratique de la société civile sur cette question de métropole francilienne? Pour dépasser le face à face État-Région, l’entrée en jeu de l’acteur citoyen paraît en effet fondamentale. Alors que l’aménagement et les transports sont des questions prégnantes de la vie quotidienne, on constate un désintérêt apparent des usagers pour ces

thèmes. Or pour que les habitants deviennent acteurs du Grand Paris, il faudrait qu’ils soient conscients des modifications que cela implique sur l’existant. En quoi nos mouvements sont-ils en capacité de faciliter cette appropriation des termes et des enjeux ? Comment collectivement pouvons-nous contribuer au débat public en cours ? Quels outils pédagogiques peuvent être mis au service d’un développement démocratique de la question de la métropole francilienne (outils existants ou à construire) ?

Des initiatives ont vu le jour, qui défendent une appropriation élargie du débat sur la métropole francilienne (cf. p.15). Au-delà de favoriser l’expression des citoyens, l’enjeu est de rendre active cette parole pour qu’elle devienne un réel instrument de travail et de négociation politique. Comment faire en sorte que cette parole soit entendue et prise en compte ?

L’expression des citoyens peut faire oeuvre d’éducation populaire si elle parvient à transformer les modalités du débat public et à influer sur le contenu du projet métropolitain. Dans cette perspective, une réflexion partagée entre élus, décideurs, experts, militants associatifs... peut permettre de construire ensemble les conditions d’un débat citoyen et d’enclencher une dynamique régionale (formation et construction d’une culture commune du débat démocratique).

La CRAJEP Île-de-France a souhaité s’emparer de ce débat en organisant une première étape le 19 novembre 2010 lors de laquelle il s’est agi d’expliciter les dynamiques franciliennes actuelles (cf. Martine Liotard, p.12), d’identifier les enjeux sous-jacents aux deux projets métropolitains officiellement en lice (cf. Guy Burgel, David Alcaud, p.13-14), et de contribuer au débat en formulant des points de vigilance à avoir. Elle aspire aujourd’hui à enclencher une dynamique régionale d’appropriation et de capitalisation du débat, et s’appuiera pour cela sur l’expertise des associations d’éducation populaire qui souhaitent contribuer à la réflexion.

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Depuis un an, le CNAJEP assure une veille et mène une réflexion sur les enjeux et les impacts de la réforme des collectivités pour les réseaux d’éducation populaire. Quels enjeux y-a-t-il pour le CNAJEP à informer et à former les réseaux d’éducation populaire sur cette réforme ?

Le CNAJEP a décidé d’animer ce travail collectif afin de favoriser l’appropriation d’un projet qui s’est construit dans le cadre d’un dialogue confidentiel entre le gouvernement et les élus locaux. Il s’agissait par la même occasion de répondre aux nombreuses interrogations et inquiétudes que cette réforme a suscitées au sein des associations de jeunesse et d’éducation populaire.

Fortes de leur ancrage territorial et de leur participation active aux politiques publiques territoriales, ces associations ne pouvaient pas ne pas s’emparer de ce sujet, et ont donc décidé de s’inviter dans le débat.

Selon vous, quels impacts fondamentaux cette réforme risque-t-elle d’avoir en matière de politiques éducatives et de jeunesse ?

La suppression de la clause générale de compétence pour les départements et les régions, conjuguée à l’encadrement strict des financements croisés entre collectivités et à l’amputation de leur autonomie fiscale, risque d’aboutir à la détérioration ou à l’abandon de certaines compétences peu ou mal assurées par l’État.

Les actions en matière de jeunesse et d’éducation populaire, qui se situaient au carrefour de ces financements croisés et qui ne sont pas reconnues par la loi comme des compétences exclusives ou partagées, seront lourdement pénalisées par cette limitation de la capacité d’initiative des exécutifs locaux. Nous constatons d’ores et déjà les effets désastreux de la suppression de la taxe professionnelle sur le soutien apporté par les collectivités aux projets développés par nos associations.

Au terme d’un an de travaux, quelles propositions le CNAJEP formule-t-il ?

La discorde que cette réforme a semée au sein du parlement laisse à penser qu’un nouveau modèle d’organisation de l’action publique reste à construire et à inventer. C’est en tout cas le pari que nous faisons, et l’ambition que nous fixons à l’ensemble des acteurs qui concourent aux politiques locales de jeunesse et d’éducation populaire.

C’est dans cette perspective que le CNAJEP vient de publier un livre blanc « Pour une autre réforme territoriale ! » , dans lequel nous invitons l’ensemble des élus et des décideurs publics, au niveau national et comme à l’échelon local, à s’engager en faveur d’une vision renouvelée de l’action publique qui repose sur une triple ambition :

- Donner un nouvel élan à la décentralisation.- Placer la jeunesse au cœur des priorités.- Renforcer et dynamiser la démocratie locale.

L’ensemble de ces propositions ont été mises en débat lors de la rencontre « Agorajep » que le CNAJEP a organisée le 13 décembre dernier à Paris (cf. encadré p.7).

Réforme des collectivités territoriales.Interview de Philippe Deplanque, vice-président « Animation territoriale » du CNAJEP.

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De quoi parle-t-on ?

Les projets

Agorajep «Une autre réforme des collectivités est possible!»Le CNAJEP a organisé le 13 décembre 2010 à la Maison du sport Français, Paris 13è, une journée d’échanges et de débat sur les réformes territoriales en cours. Quel impact de la réforme de la fiscalité locale sur la capacité et l’autonomie financières des collectivités ? Quelle clarification des compétences ? Quelle articulation entre les différents niveaux de collectivités ? Quel rôle de l’État ? Autant de questions qui ont structuré la journée.

Cette rencontre était l’aboutissement d’un an de veille, de réflexions et d’analyses collectives sur les enjeux et les impacts de la réforme sur le devenir des politiques éducatives et de jeunesse. Elle a ainsi permis de restituer et de mettre en débat les propositions du CNAJEP « Pour une autre réforme des collectivités ! ».

Lire le Livre blanc du CNAJEP :http://www.cnajep.asso.fr/doc/publication/CNAJEP_LB2010_RCT.pdf

Contact : Benoît Mychak - Tél. 01 40 21 14 21

Arc express - Projet de métro automatique en proche couronne parisienne Inscrit au projet de schéma directeur de la Région Île-de-France, et porté par le Président Jean-Paul Huchon, Arc express a été lancé par la Région Île-de-France en 2007 avec l’accord de l’État. Arc express est un projet de métro automatique en proche couronne d’une soixantaine de kilomètres, maillant les lignes de transport collectifs existantes (lignes de métro, RER et trains de banlieue, tramways). Il a pour ambition de faciliter et accélérer les déplacements des Franciliens d’un territoire à l’autre de la région sans avoir à passer par le coeur de l’agglomération. Cette mobilité accrue se trouvera renforcée par les très nombreuses correspondances avec les lignes de métro, RER, train et tramway qu’offrira ce service.C’est le STIF (Syndicat des transports d’Île-de-France) qui assure la maîtrise d’ouvrage du projet Arc express. Il a piloté les études qui ont conduit à l’adoption du Dossier d’objectifs et des caractéristiques principales (DOCP) à l’unanimité de son conseil en juillet 2009. Le STIF organise, coordonne et finance les transports publics de voyageurs en Île-de-France.

http://www.arcexpress.fr

Projet de réseau de transport du Grand ParisLe Grand Paris (appelé également Double boucle, Grand Huit ou réseau Azur) est un projet urbain, social et économique d’intérêt national qui unit les grands territoires stratégiques de la région Île-de-France, au premier rang desquels Paris et le cœur de l’agglomération parisienne, et promeut le développement économique durable, solidaire et créateur d’emplois de la région capitale. Le projet de métro Grand Paris propose un réseau composé de deux rocades s’enroulant autour d’un axe central et desservant des pôles (clusters), et des gares éloignées les unes les autres. Ce projet s’appuie sur la création d’un réseau de transport public de voyageurs dont le financement des infrastructures est assuré par l’État.La maîtrise d’ouvrage est assurée par la Société du Grand Paris, établissement public à caractère industriel et commercial, dont la création est l’un des objets de la loi du 3 juin 2010 relative au Grand Paris, et qui est régi par le décret du 7 juillet 2010.

http://www.metrograndparis.com

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SDRIF (Schéma directeur de la région Île-de-France) :Le schéma directeur de la région Île-de-France (SDRIF) constitue le document stratégique de référence pour l’aménagement de l’espace et le développement du territoire régional à l’horizon 2030. Le Conseil régional a adopté, à une large majorité, le projet de SDRIF le 25 septembre 2008. Ce vote est l’aboutissement, depuis l’ouverture de la révision en 2004 de quatre années de travail menées par la Région. La délibération d’adoption du projet de SDRIF a été soumise au contrôle de légalité de l’autorité préfectorale. Le projet de SDRIF a ensuite été adressé au Premier Ministre qui l’a transmis au Conseil d’État en juin 2010 après un an et demi de blocage.

http://www.sdrif.com

Grand Paris (Projet de loi relatif au) :La loi relative au Grand Paris (n2010-597 du 3 juin 2010), parue au JO n° 128 du 5 juin 2010, acte la réalisation d’un « réseau de transport public de voyageurs » et crée la Société du Grand Paris,

établissement public piloté par l’État qui a pour mission principale de concevoir et d’élaborer le schéma d’ensemble et les projets d’infrastructures composant le réseau de transport public du Grand Paris et d’en assurer la réalisation.http://legifrance.gouv.fr/affichTexte.do?cidTexte=JORFTEXT0

00022308227&dateTexte=vig

Paris-Métropole : La Conférence métropolitaine, réunie pour la première fois en 2006 à l’initiative du Maire de Paris afin de réfléchir sur les défis de la métropole francilienne, a été progressivement rejointe par des maires de l’agglomération parisienne issus de toutes les tendances politiques, formant avant tout un espace de dialogue et de concertation entre les élus, et plus particulièrement entre les maires. Créé en juin 2009, le syndicat d’étude Paris-Métropole, issu de la Conférence métropolitaine, s’est ouvert à la participation d’autres collectivités et regroupe aujourd’hui 150 membres : villes, départements, communautés d’agglomération, Région Île-de-France.

http://www.parismetropole.fr

De quoi parle-t-on ?Les cadres institutionnels

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De quoi parle-t-on ?

155 km65km/h en moy. (jusque 100km/h)2 à 3 millions de voyages par jour station tous les 4km

métro automatique en double bouclepôles d’excellence, moteurs économique, clusters8 gares TGV3 aéroports40 nouvelles gares

relier rapidement Paris et les pôles stratégiques de la région consolider la Région-capitale comme « ville-monde »

3 lignes : Roissy-Orly via St-Denis Pleyel et Paris Roissy-Orly via La DéfenseLe Bourget-La Défense via est et sud de l’agglomération

Coût prévisionnel : 21,4 à 23,5 milliards d’euros

Financement : - État - emprunts

Maîtrise d’ouvrage : Société du Grand Paris 2011 : schéma d’ensemble2018 : premiers tronçons2023 : mise en oeuvre complète

60 km40km/h en moy.1 million de voyageurs par jourenviron 40 stations , station tous les 1 à 1,5km

métro en majeure partie souterrain centré sur le coeur de l’agglomération maillage avec radiales du réseau structurant pôles économiques existantsen zones peu ou pas desservies et densément peuplées

accompagner la densification des tissus urbains

4 arcs dont 2 prioritaires (Nord et Sud) :- arc Sud : de Issy-les-Mx/Meudon (92) à Noisy-le-Gd/Fontenay-ss-Bois (94) - arc Nord : de La Défense/Nanterre (92) à Bobigny/Pantin (93)- arc Ouest : de La Défense/Nanterre (92) à Issy-les-Mx/Meudon (92)- arc Est : de Bobigny/Pantin (93) à Fontenay-ss-Bois (94)/Noisy-le-Gd (93)

Coût prévisionnel : 4,8 à 5,4 milliards d’euros pour les axes Nord et Sud

Financement : - financement des études inscrit dans le contrat de plan État-Région 2007-2013 (18 millions Région ; 7,5 millions État)- Région (540 millions d’euros)- contrats particuliers Région-départements (360 millions d’euros)

Maîtrise d’ouvrage : STIF2011 : schéma d’ensemble2012 : premiers travaux2017 : première mise en service d’un arc prioritaire

ARC EXPRESS Projet de métro automatique en proche couronne parisienne porté par la Région Île-de-France

GRAND PARIS Projet de réseau de transport du Grand Paris porté par le gouvernement

Tableau comparatif synthétique élaboré à partir des dossiers des m

aîtres d'ouvrage Arc express et Grand Paris.

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17 septembre 2007 : Discours du président de la République, qui, lors de l’inauguration de la Cité de l’architecture et du patrimoine, exprime le souhait qu’un « nouveau projet d’aménagement global du Grand Paris » puisse faire l’objet d’une consultation internationale.

Mars 2008 : Création du secrétariat d’État en charge du développement de la Région Capitale.

Juin 2008 : Lancement de la « consultation internationale pour l’avenir de la métropole parisienne ». Dix équipes pluridisciplinaires réfléchissent à la définition de scenarii pour la ville de demain autour de deux objectifs majeurs : rendre l’agglomération parisienne plus durable d’un point de vue écologique et plus compétitive face aux autres grandes métropoles mondiales, telles que Londres, New-York ou Tokyo.

Septembre 2008 : Adoption par le Conseil régional du projet de schéma directeur de la Région Île-de-France, ayant fait l’objet d’une large concertation avec les collectivités franciliennes. Pour entrer en vigueur, le SDRIF doit être approuvé par décret.

Mars 2009 : Le rapport de la Commission sur la réforme des collectivités territoriales, dite Balladur, préconise la création d’une collectivité du Grand Paris de plus de 6 millions d’habitants fusionnant 4 départements de la petite couronne (Paris, Val-de-Marne, Seine-Saint-Denis, Hauts-de-Seine) et supprimant les intercommunalités au profit d’une collectivité du Grand Paris.

29 avril 2009 : Inauguration par Nicolas Sarkozy de l’exposition des 10 projets d’équipes d’architectes ayant reçu pour commande de l’Élysée de concevoir la métropole parisienne de l’après Kyoto (Cité de l’architecture à Paris), dans le cadre d’une consultation internationale d’urbanistes et d’architectes. Le président de la République annonce un projet de création du « Grand Paris », dont l’avant-projet de loi est préparé par Christian Blanc, alors secrétaire d’État à la Région capitale.

Avril 2010 : Sommet de la tension État-Région et blocage institutionnel.

14 avril 2010 : À la veille de l’ouverture de la 1ère séance du nouveau Conseil régional, Jean-Paul Huchon présente à la presse un projet de délibération relative au « respect des principes de décentralisation » et au « déni de démocratie » que constitue le projet de loi sur le Grand Paris. Il demande le retrait du projet Grand Paris et l’approbation par décret du projet de SDRIF.Blocage : le projet du Grand Paris nécessiterait une révision du SDRIF, mais pour que la procédure de révision puisse être engagée, il faut au préalable que le décret ait fait l’objet d’un décret d’approbation par l’État.

27 mai 2010 : Adoption du projet de loi relative au Grand Paris.

3 juin 2010 : Promulgation de la loi relative au Grand Paris (n° 2010-597 du 3 juin 2010).

Juin 2010 : Le gouvernement transmet le schéma directeur de la région Île-de-France au Conseil d’État qui doit rendre un avis et l’approuver par décret pour que le nouveau SDRIF entre en vigueur.

30 septembre 2010 – 31 janvier 2011 : Ouverture d’un débat public sur les deux projets Arc express et Grand Paris, organisé conjointement par la Commission nationale du débat public (CNDP) conformément à l’article 3 de la loi n°2010-597 du 3 juin 2010 relative au Grand Paris. Ce débat porte sur l’opportunité, les objectifs et les principales caractéristiques du projet de réseau de transport public du Grand Paris.http://www.debatpublic-arcexpress.org/ http://www.debatpublic-grandparis.org/

De quoi parle-t-on ?Les étapes

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Afin de contribuer à une appropriation du débat sur le devenir de la métropole francilienne par les acteurs de l’éducation populaire en Île-de-France, la CRAJEP, en partenariat avec le CNAJEP, a décidé d’organiser une journée de formation collective sur les projets en cours.Le 19 novembre 2010, 67 personnes sont venues à la Maison de l’Europe (Paris 4e) s’informer sur les projets Double boucle et Arc express et en analyser les enjeux politiques, économiques, sociaux et sociétaux.Une première intervention de Martine Liotard (Institut d’aménagement et d’urbanisme Île-de-France) avait pour objet de présenter les dynamiques à l’oeuvre sur la région francilienne. Elle a également permis de clarifier l’évolution des relations État-Région sur la question de la Région-capitale (cf. p.12).Une table ronde sur les « Enjeux du développement d’un «Grand Paris» » a ensuite rassemblé Guy Burgel (géographe, professeur à l’Université Paris X Nanterre), David Alcaud (enseignant-chercheur en sciences politiques) et Pierre Mansat (adjoint au Maire de Paris, chargé de Paris-Métropole). Les intervenants ont présenté, quels sont, de leurs points de vue respectifs, les principaux enjeux des deux projets Double boucle et Arc express et quels modèles sous-jacents de société ces projets induisent. Par ailleurs, cette table-ronde a permis de débattre des modalités du débat public ouvert par la CNDP, et plus globalement de la question démocratique et de la gouvernance.L’après-midi s’est déroulée en deux temps. Des ateliers visaient d’abord à questionner les apports de la matinée, à repérer des initiatives existantes, à produire des

propositions et à explorer des pistes collectives de travail autour des problématiques suivantes :

⁃ Une métropole à aménager.⁃ Un lieu de vie à repenser et un espace citoyen à consolider. ⁃ Raisons d’agir, modalités d’action.

Puis Colombe Brossel (adjointe au Maire de Paris, chargée de la vie scolaire et de la réussite éducative) a été interpellée sur la difficulté à articuler des objectifs aussi contradictoires que compétitivité et solidarité dans les projets de «Grand Paris», ainsi que sur les modalités et les moyens à mettre en oeuvre pour, au-delà des déclarations d’intention, permettre l’expression et la prise en compte d’une véritable parole citoyenne et active. Quelles suites donner à cette première étape d’appropriation ? Cette journée a permis de repérer des initiatives existantes, locales notamment, et cela pose la question d’articuler la réflexion de nos mouvements à celles-ci. Par ailleurs, la CRAJEP a été plusieurs fois interpellée par les participants de cette journée pour qu’elle réfléchisse à des modalités d’agir et fasse entendre la parole de nos associations. Dans les cadres existants du débat public, cette démarche est rendue difficile par un format (le cahier d’acteurs) et un calendrier extrêmement contraignants (fin du débat public en février 2011). Reste à envisager d’autres cadres que nous devrons choisir et définir collectivement. Au niveau régional, une dynamique inter-associative se met progressivement en place (au sein de la CPCARIF - Conférence permanente des coordinations associatives Région Île-de-France) régionale des ) qui permettra à la CRAJEP de poursuivre les travaux entamés le 19 novembre dernier.

Éducation populaire et métropole francilienne : Pour un débat citoyen.Une journée de débat, le 19 novembre 2010 à la Maison de l’Europe.

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Le Grand Paris, mot-clé pour le grand public francilien. Derrière l’agitation des trois dernières années (en 2008, l’État a bloqué le schéma d’aménagement – le SDRIF - voté par la Région - et lancé le Grand Paris, avec aujourd’hui deux projets de transport en concurrence), il y a le débat ancien (dans l’entre-deux-guerres, déjà) sur l’organisation de l’agglomération parisienne, qui rebondit depuis 2001 sur la question métropolitaine (début de la coopération de Paris avec ses voisins, conférence métropolitaine en 2006, Syndicat Paris-Métropole en 2009). Une scène compliquée, où chacun a sa part de légitimité : la Région, chargée au nom de la décentralisation de réviser un schéma régional de 2004 – le SDRIF - que l’État concevait auparavant ; l’État dans son intérêt pour la région-capitale ; les collectivités territoriales pour leur rôle dans l’aménagement. Un blocage régional inédit des outils communs (les plans d’urbanisme dépendent du schéma régional) mais peut-être un dialogue indispensable ?

Comment penser le développement de l’ensemble complexe qu’est devenue l’Île-de-France ? La métropole, un système à plusieurs échelles, cœur hyperactif

et mondialement connu autour de Paris, périmètre institutionnel régional, large site naturel et rural où s’inscrit une agglomération proliférante, bassin parisien (dont viennent chaque jour beaucoup d’actifs), région-capitale qui tire le développement national, métropole mondiale qui, avec Londres, a placé l’Europe dans l’ordre planétaire des 30 dernières années. Un monde interdépendant où des crises structurelles dessinent notre nouvel horizon.

Le SDRIF, étudié de 2004 à 2008, a négocié le virage de la crise environnementale, énergétique et climatique avec une métropole plus compacte, la priorité aux transports en commun, etc. Il a posé des stratégies contre la pénurie de logements et les inégalités socio-spatiales, pour un développement économique entre compétitivité et solidarité. Compétitivité ! Le point d’achoppement avec l’État, qui prône la sélection de quelques pôles-locomotives reliés par un transport rapide, là où le SDRIF raisonne maillage du territoire. Deux visions, une vraie question métropolitaine : quelles seront les bases de la vitalité francilienne, face aux enjeux économiques, énergétiques et environnementaux, avec peu d’argent

public et une crise qui dure, dans un monde qui mute ?

Penser des transports rapides mais aussi plus lents et partagés, soutenir l’économie compétitive à l’international mais aussi les entreprises qui font fonctionner la métropole et innovent (dans la technique, le design, le social…), généraliser l’économie de la connaissance et la formation ad hoc.

De vrais débats citoyens, des questions politiques (de portée nationale, avec les lois récentes), comment adapter la décentralisation à la complexité, maintenir la maîtrise publique et concertée de l’aménagement et donc du futur de la métropole francilienne ?

Martine Liotard, Institut d’aménagement et d’urbanisme Île-de-France.

Problématiques et dynamiques franciliennes.Contribution de Martine Liotard.

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Depuis plus de trois ans, le Grand Paris tient en haleine l’opinion : déclarations fracassantes du président de la République, prises de positions vigoureuses des leaders politiques régionaux, exposition de Chaillot présentant à plusieurs centaines de milliers de visiteurs les projets d’urbanistes de renommée mondiale. L’intérêt n’est pas surfait, si l’on songe que la capitale française offre sur un espace exceptionnellement aggloméré, la quintessence des enjeux de toutes les métropoles mondiales : la compétitivité économique, la solidarité sociale (le logement), la vie quotidienne des habitants (les transports) et le respect de l’environnement. Si l’on ajoute que ces objectifs vertueux doivent être gérés dans un empilement d’institutions politiques (État, Région, départements, municipalités, intercommunalités), Paris est un cas d’école, qui fait déplorer que, de débat tronqué au Parlement, en renvoi du secrétaire d’État chargé de la Région capitale et en consultation publique mystérieuse, les solutions paraissent se brouiller autant que les espoirs que l’on avait fait naître. Que peut avoir retenu le citoyen ? D’abord, des images des « starchitectes » : Central Park en Seine-Saint-Denis, l’Opéra de Sidney dans les darses du port de Gennevilliers ou un aérotrain futuriste sur le périphérique. Ou bien des combats de chefs, ouverts (Nicolas Sarkozy contre le président de la Région Île-de-France), ou feutrés (le maire de Paris contre Jean-Paul Huchon). Ou enfin, des arguties d’experts : quelle raison a-t-on de préférer sur des cartes de toute façon illisibles, le « Grand Huit » de Christian Blanc, qui court en souterrain de Saclay à Marne-la-Vallée, plutôt qu’« Arc express » défendu par la Région dans la banlieue dense ? Tout cela apparaît compliqué, technique, politicien.

Pourtant la question est plus simple et moins manichéenne qu’il n’y paraît. Quelle ville voulons-nous et dans quelle métropole voulons-nous vivre ? Et on voit bien deux modèles, deux stratégies, admissibles l’une et l’autre, s’affronter, avec leurs mérites et leurs risques. D’un côté, la ligne automatique rapide, soutenue par l’État, fait le choix d’une ville distendue en périphérie, aux contraintes spatiales moins lourdes en fonction des faibles densités existantes, d’un développement économique de haute technologie autour des stations, renforçant la compétitivité parisienne, mais au prix de

divisions sociales accrues entre les espaces desservis et les territoires plus nombreux laissés à l’écart. De l’autre, l’option plus ambitieuse de la Région de retravailler la ville sur la ville, d’élargir la centralité parisienne par la constitution dans l’agglomération, du périphérique à l’A86, d’une trame de transports collectifs maillés, pour en faire un territoire potentiellement porteur d’activités économiques diversifiées, de logements nombreux et de qualité, et d’un véritable développement durable.

Voilà les options claires que les citoyens de la capitale devraient se voir proposer, aussi bien à travers une vraie concertation démocratique à inventer qu’une institution à imaginer de gouvernement représentatif du Grand Paris. Choisir entre des stratégies métropolitaines, plutôt qu’entre des hommes, des niveaux administratifs ou des idéologies réductrices : telle serait la leçon du Grand Paris.

Guy Burgel,géographe, professeur à l’Université Paris Ouest-Nanterre La Défense.

Grand Paris, une école de pédagogie urbaine.Contribution de Guy Burgel.

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La métropolisation bouleverse les conceptions mêmes du territoire et apparaît comme un défi à la fois cognitif, managérial et politique. Si la métropolisation est un phénomène économique majeur, la métropole est, d’abord, un enjeu culturel et politique. Elle oblige à une mise en question fondamentale de nos représentations coutumières de la ville, de « notre civilisation urbaine », de nos capacités à nous intégrer dans un espace où la territorialité et le vivre-ensemble ne sont plus articulés. L’intervention a pointé quelques questions clés, qui nous semblent être des chantiers prioritaires : 1) Comment pallier le déficit d’imaginaire, de désir et d’urbanité des espaces métropolitains ? En d’autres termes, le déficit de culture urbaine partagée 2) Comment redonner toute leur place aux individus et aux innovations sociales ? 3) Comment créer les conditions favorables à l’émergence d’un système métropolitain apaisé, fruit d’une véritable coopération ? 4) Comment faire évoluer le management des acteurs intervenant sur les territoires et conduire le changement pour coproduire une action publique plus pertinente, efficace et légitime ? Agir sur le fait métropolitain exige de décaler le regard, d’élargir le champ des expertises et des principes d’action : l’enjeu majeur est bien d’être à même de promouvoir un modèle capable de préparer un avenir désirable dans la société métropolitaine.

Un enjeu pédagogique majeur reposant sur la revalorisation de l’innovation sociale.Cela souligne le besoin de constituer un lieu favorisant la tenue d’un véritable débat collectif, qui ne s’est pas encore réellement engagé (malgré la consultation internationale sur le Grand Paris ou les « débats publics »).

Cela invite également à savoir garantir et promouvoir les conditions d’un débat clair, compréhensible par le plus grand nombre, habitants et citoyens tout comme décideurs publics et privés, afin que les conditions d’une pédagogie de la vie en commun en métropole soient garanties. L’urgence est donc aussi politique, au sens

le plus classique et le plus noble du terme, désignant la nécessité de dialogue entre les membres d’une société : « Metropolis » et non plus seulement « Polis », afin d’inventer ensemble des finalités, des projets, des méthodes et des règles pour les réaliser.

À cet égard, la revalorisation de l’innovation sociale semble indispensable : elle valorise l’individu et place les populations au centre de leur démarche, favorisant notamment l’inclusion des populations exclues dans des pratiques participatives. Elle met en avant l’appropriation du pouvoir par les populations, « empowerment ». Elle vise à la fois les usagers, qui doivent se saisir des problèmes sociaux à résoudre, et les institutions, qui doivent apprendre à ne plus confisquer le débat et la décision, pour réussir la coopération entre une diversité d’acteurs. Elle permet la redécouverte des enjeux de la qualité de vie dans les espaces métropolitains, les enjeux de cultures et d’identités, le développement des services sur le territoire, y compris donc des services publics. Elle interroge les rythmes et les temps de l’espace métropolitain. Elle repose aussi les questions de pédagogie (en termes de fond comme en termes de formes et de moyens/outils) et de capacité d’appropriation, face à la diversité des compétences et des ressentis.

Il reste alors à faire partager des représentations communes qui transfèrent la cohérence et l’imaginaire de l’Urbs (Mot latin signifiant la ville, Ndlr.) à la métropole. Les acteurs de l’éducation populaire ont incontestablement un rôle à jouer en la matière. À condition peut-être de pouvoir utiliser des méthodes et des outils innovants pour permettre au plus grand nombre de s’approprier les enjeux métropolitains et d’influencer les idées, les récits et, partant, le devenir des projets territoriaux.

David Alcaud, enseignant-chercheur en sciences politiques. http://davidalcaud.net

De la « métropolisation » subie à la fabrication d’un projet collectif : notre métropole du Grand Paris.Contribution de David Alcaud.

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Directrice de publication : Irène Pequerul.Comité de rédaction : Marie Hatet, Sylvie Rab.

Coordinatrice de la rédaction : Marie Hatet.Rédacteurs : David Alcaud, Guy Burgel, Marie Hatet, Martine

Liotard, Sylvie Rab. Mise en page : Marie Hatet.

Illustrations : Antonelli (p.13), Faujour (pp.3-4), Samson (couverture) - Iconovox / Carte : IAU-ÎdF (p.8).

Photos : CRAJEP Île-de-France.

N°ISSN : 2106-4865.Dépôt légal janvier 2011.

Éducation populaire et métropole francilienne : Ressources pour un débat citoyen

Suite à la journée d’information et d’échanges sur le devenir de la métropole francilienne qu’elle a organisée le 19 novembre 2010, la CRAJEP Île-de-France a décidé de consacrer un espace sur son site internet qui rassemble des ressources utiles pour continuer d’alimenter un débat citoyen.Sur cette page vous trouverez des articles, des adresses de blogs et de sites internet. Une rubrique agenda vous informe des événements à venir. Aller sur l’espace ressources : http://www.crajep-idf.org/metropolefrancilienne

Débat sur le devenir de la métropole francilienne :initiatives et expériences en Île-de-France

Consultation des jeunes du Val-d’Oise sur l’avenir et la place du Val-d’Oise dans les projets de développement de la région Île-de-France.

Le week-end des 12 et 13 juin 2010, 37 jeunes valdoisien-ne-s de tout horizon, âgé-e-s entre 18 et 25 ans, se sont réuni-e-s à St-Pair-sur-Mer, en Normandie afin de débattre ensemble de l’avenir et de la place du Val-d’Oise dans les projets de développement de la région Île-de-France, comme le Grand Paris et sa Double boucle, le groupe de réflexion Paris-Métropole réunissant des élu-e-s de différentes collectivités franciliennes ou encore les projets de transports de la Région comme Arc express. Sollicitée par le Conseil général, la Ligue de l’enseignement a porté cette consultation qui s’inscrivait selon elle dans sa démarche de promotion de débats citoyens, de valorisation du dialogue entre les habitant-e-s du Val-d’Oise et leurs élu-e-s et d’accompagnement des initiatives de prise de parole citoyenne, dans un souci et une exigence de démocratie participative.

http://grandparis-debat.valdoise.fr/www.ligue95.com

Forum social pour une métropole solidaire

Le Forum social pour une métropole solidaire s’est construit autour de personnes issues de forums sociaux locaux (Ivry, Saint-Denis, Paris centre, Paris XIIIe...), d’associations (ATTAC, ADELS, 4D, ALU3, régie de quartier Paris centre, Récit, CEDIF...) et d’organisations syndicales (Solidaires, CGT, FSU...) et s’inscrit dans un processus international des forums sociaux (charte de Porto Allegre). En décembre 2009, est lancé l’Appel pour construire le Forum social pour une métropole solidaire.http://openfsm.net

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Les membres de la CRAJEP Île-de-France

AJBF : Association des juristes berbères de France / ALIF : Association des ludothèques en Île-de-France / Au fil de l’eau / CEMÉA ARIF : Centres d’entraînement aux méthodes d’éducation active – Région ÎdF / CPCV ÎdF : Organisme protestant de formation / CFCS ÎdF : Coordination régionale des fédérations de Centres sociaux / Culture et Liberté ÎdF / EEDF : Éclaireuses et éclaireurs de France - Région Île-de-France / EPE ÎdF : École des parents et des éducateurs d’Île-de-France / FFMJC : Fédération française des Maisons des jeunes et de la culture / FIA-ISM : Femmes inter associations - Inter service migrants / UR Francas : Union régionale des Francas / FUAJ : Fédération unie des auberges de jeunesse / GRAINE : Groupement régional d’animation et d’information sur la nature et l’environnement / JPA : Jeunesse au plein air / La Ligue de l’enseignement – Région Île-de-France / LL : Léo Lagrange Île-de-France / MJC : Maisons des jeunes et de la culture en Île-de-France - Fédération régionale / APDIDF : Les Petits débrouillards Île-de-France / Peuple et Culture Île-de-France / Union REMPART ÎdF / SGDF : Scouts et guides de France — Région Île-de-France / SJT : Solidarité et jalons pour le Travail / STAJ : Service technique pour les activités de jeunesse en Île-de-France / UFCV : Union française des centres de vacances d’Île-de-France / UFJT : Union des Foyers pour les jeunes travailleurs d’Île-de-France / Vacances et Familles

Nouvelles coordonnées : CRAJEP Île-de-France - 39, rue des Cascades 75020 Paris - Tél. 01 45 65 23 33 - www.crajep-idf.org

www.creaepiphyte

.com

La CRAJEP met fin à sa gestion du dispositif d’aide aux micro-projets associatifs en Île-de-France. La CRAJEP Île-de-France, tête de réseau associative qui regroupe les réseaux régionaux de jeunesse et d’éducation populaire, est particulièrement sensible au sens des projets menés sur les territoires mais aussi aux difficultés rencontrées par les associations dans la mise en œuvre de ces projets. Elle défend en permanence, à l’occasion de ses relations avec les pouvoirs publics, des modes de contractualisation plus respectueux des projets et des associations qui les mettent en œuvre.

Notre gestion administrative et financière rigoureuse des fonds européens de 2002 à 2008 (mesure 10B) a toujours été au service d’un projet d’une toute autre ambition. Si nous nous sommes engagés collectivement dans cette aventure, c’est parce qu’en tant que tête de réseau régionale, nous savions avoir un plus à apporter dans l’impulsion d’une dynamique régionale et inter-associative. Nous avons progressivement construit des modalités spécifiques d’accompagnement des porteurs de projets en mettant l’expertise diversifiée de nos coordinations associatives au service de la vie associative dans la région, qu’elle soit ou non organisée. Les accompagnateurs de projets issus de nos membres offraient aux porteurs de projets accompagnés une complémentarité de démarches, d’implantations sur les territoires, de partenariats, mais surtout l’opportunité d’un accompagnement entre pairs (les accompagnateurs ne sont pas des experts hors sol mais bien des acteurs associatifs, eux-mêmes impliqués dans des projets) et une mise en réseau d’acteurs souvent isolés sur leurs territoires à travers les échanges d’expériences.

Or, les conditions nouvelles faites aux porteurs de projets associatifs comme aux organismes intermédiaires par la mesure FSE dite « 423 » depuis sa mise en œuvre ne sont pas compatibles avec les objectifs que le conseil d’administration s’était donnés et les motivations qui avaient poussé notre tête de réseau associative à s’investir dans la gestion de ce dispositif public. En effet, le passage de la programmation 2000-2006 (mesure 10B) à la programmation 2007-2013 (mesure 423) du FSE s’est traduit par un changement profond dans la nature même du dispositif et le rôle de l’organisme intermédiaire : abandon de la règle du financement FSE à 100 % pour les porteurs de projets et les organismes intermédiaires ; obligations nouvelles qui figent les procédures ; transfert de charges de l’État sur les organismes intermédiaires ; accroissement de la partie gestionnaire et administrative quotidienne au détriment du travail d’accompagnement des porteurs de projets ; modalités de paiement plus lentes et plus complexes que jamais, d’où une mise en danger des associations conventionnées…

C’est pourquoi le conseil d’administration de la CRAJEP Île-de-France, après avoir fait ces constats, après en avoir longuement débattu, a pris la décision de ne pas faire acte de candidature pour la poursuite de la gestion du dispositif FSE d’aide aux micro-projets associatifs pour la période 2011-2013. Il l’a fait en conscience de la conjoncture de raréfaction des finances publiques et de l’importance de l’impact de ce financement sur les associations franciliennes, mais avec la volonté de faire prendre conscience aux décideurs publics des dysfonctionnements structurels rencontrés et de l’impossibilité de gérer dans ces conditions un dispositif qui se définit au service des associations investies dans des projets en faveur de l’insertion sociale et professionnelle et du développement de l’économie sociale et solidaire. Nous restons bien entendu attachés aux motivations qui nous animent et sommes à la disposition de nos partenaires pour faire part de notre expertise et contribuer à donner du sens aux dispositifs publics d’aide aux projets associatifs.

Le conseil d’administration,le 20 octobre 2010.

La CRAJEP tient une note d’information complémentaire à disposition et se propose d’échanger sur la décision du conseil d’administration et ses implications avec toute personne qui souhaiterait avoir des précisions.

Ce journal bénéficie du soutien financier du Conseil régional d’Île-de-France