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Journée Commission Milieux Aquatiques – Gestion des zones humides – 22 Septembre 2016 – Echanges et Résumés des Interventions Rappel de l’Ordre du jour Matin 1. Introduction et Rappel sur ce que dit le SAGE Couesnon sur les zones humides et sur les MAEC à disposition sur le bassin versant du Couesnon – Joseph BOIVENT, président ; Sylvie LE ROY, coordinatrice, Syndicat Mixte du SAGE Couesnon - en salle 2. Les pratiques agricoles en zones humides sur le bassin versant du Couesnon et les premières recommandations – Marie DUBOIS, apprentie au syndicat Mixte du SAGE Couesnon – en salle 3. Fonctionnement et rôles joués par les zones humides et zoom sur le rôle de dénitrification – Benjamin ABBOTT, chercheur en écologie des écosystèmes, CNRS – Lieu : zone Ateliers de Pleine-Fougères 4. La valorisation des parcelles en zones humides par les agriculteurs : « comment optimiser la valorisation de fourrages par le troupeau ?» - François PINOT, conseiller d’Elevage Agrobio 35 – Lieu : Chez M. Thierry THEBAULT, les Mesliers, D83, commune de Trans la Forêt Après-midi 5. Relation entre pratiques agricoles et Biodiversité – Cendrine MONY, maître de conférence, université Rennes 1 UMR Ecobio – en salle 6. Relation entre itinéraires techniques, biodiversité et qualité des produits (lait, viande) – Bénédicte ROCHE, Ingénieur d’études, INRA SAD-PAYSAGE – en salle 7. Visite du marais de Pontavis, Tremblay - Illustration de la biodiversité floristique en zone humide et risques de fermeture du milieu - Cendrine MONY, maître de conférence, université Rennes 1 UMR Ecobio – Lieu : Marais de Pontavis, Temblay 8. Intérêts et limites du boisement en zone humide - Estelle MAVOKA-ISANA, Chargée de mission zones humides, CATER de Basse Normandie 9. Les actions en cours sur la gestion des zones humides à la Chambre Régionale d’Agriculture de Bretagne – Sylvie GUIET, Chargée d'étude Territ'Eau et biodiversité, CRAB

Journée Commission Milieux Aquatiques – Gestion des zones … · 2016. 10. 25. · Journée Commission Milieux Aquatiques – Gestion des zones humides – 22 Septembre 2016 –

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Journée Commission Milieux Aquatiques – Gestion des zones

humides – 22 Septembre 2016 –

Echanges et Résumés des Interventions

Rappel de l’Ordre du jour

Matin

1. Introduction et Rappel sur ce que dit le SAGE Couesnon sur les zones humides et sur les MAEC à disposition sur le bassin versant du Couesnon – Joseph BOIVENT, président ; Sylvie LE ROY, coordinatrice, Syndicat Mixte du SAGE Couesnon - en salle

2. Les pratiques agricoles en zones humides sur le bassin versant du Couesnon et les premières recommandations – Marie DUBOIS, apprentie au syndicat Mixte du SAGE Couesnon – en salle

3. Fonctionnement et rôles joués par les zones humides et zoom sur le rôle de dénitrification – Benjamin ABBOTT, chercheur en écologie des écosystèmes, CNRS – Lieu : zone Ateliers de Pleine-Fougères

4. La valorisation des parcelles en zones humides par les agriculteurs : « comment optimiser la valorisation de fourrages par le troupeau ?» - François PINOT, conseiller d’Elevage Agrobio 35 – Lieu : Chez M. Thierry THEBAULT, les Mesliers, D83, commune de Trans la Forêt

Après-midi

5. Relation entre pratiques agricoles et Biodiversité – Cendrine MONY, maître de conférence, université Rennes 1 UMR Ecobio – en salle

6. Relation entre itinéraires techniques, biodiversité et qualité des produits (lait, viande) – Bénédicte ROCHE, Ingénieur d’études, INRA SAD-PAYSAGE – en salle

7. Visite du marais de Pontavis, Tremblay - Illustration de la biodiversité floristique en zone humide et risques de fermeture du milieu - Cendrine MONY, maître de conférence, université Rennes 1 UMR Ecobio – Lieu : Marais de Pontavis, Temblay

8. Intérêts et limites du boisement en zone humide - Estelle MAVOKA-ISANA, Chargée de mission zones humides, CATER de Basse Normandie

9. Les actions en cours sur la gestion des zones humides à la Chambre Régionale d’Agriculture de Bretagne – Sylvie GUIET, Chargée d'étude Territ'Eau et biodiversité, CRAB

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Participaient à cette journée :

ORGANISME TITRE NOM PRENOM PRESENCE Précision Nb

Consei l Départemental d’I l l e-et-Vi l a ine Monsi eur BENOIT Thi erry excusé

Consei l Départemental d’I l l e-et-Vi l a ine Madame COURTIGNÉ Is abel l e excusée

Consei l Départemental de l a Manche Monsi eur DENOT André

Consei l Départemental de Ma yenne Monsi eur DUCHEMIN François e

Consei l Départemental d'I l l e et Vi l a i ne Madame DUGUÉPÉROUX-HONORÉ Béatrice

Consei l Régi onal des Pays de la Loi re Madame DESILLIERE Fl orence

Consei l Régi onal de Ba sse-Normandie Monsi eur VOGT Pi erre excusé

Consei l Régi onal de Bretagne Madame GAUTIER LE BAIL Evelyne excusée

Représ entants des Mai res de la Manche Monsi eur CUDELOU Ala in

Représ entants des Mai res de la Manche Monsi eur DE CONIAC Loïc

Représ entants des Mai res d'I l le et Vi l a i ne Monsi eur DE GOUVION SAINT CYR Ayma r

Représ entants des Mai res d'I l le-et-Vi l a i ne Monsi eur BOIVENT Jos eph prés ent 1

Représ entants des Mai res d'I l le-et-Vi l a i ne Monsi eur CHAPDELAINE Rémi prés ent 1

Représ entants des Mai res d'I l le-et-Vi l a i ne Monsi eur COIRRE Jea n-Pi erre prés ent 1

Représ entants des Mai res d'I l le-et-Vi l a i ne Monsi eur COUASNON Hubert excusé

Représ entants des Mai res d'I l le-et-Vi l a i ne Monsi eur

Représ entants des Mai res d'I l le-et-Vi l a i ne Monsi eur DELAUNAY Patri ck excusé

Représ entants des Mai res d'I l le-et-Vi l a i ne Monsi eur DELAUNAY Bernard

Représ entants des Mai res d'I l le-et-Vi l a i ne Monsi eur GARNIER Jea n-François

Représ entants des Mai res d'I l le-et-Vi l a i ne Monsi eur GAUTIER Pi erre prés ent 1

Représ entants des Mai res d'I l le-et-Vi l a i ne Monsi eur GUENARD Ala in excusé

Représ entants des Mai res d'I l le-et-Vi l a i ne Monsi eur GUERIN Phi l i ppe

Représ entants des Mai res d'I l le-et-Vi l a i ne Monsi eur HALAIS Louis excusé

Représ entants des Mai res d'I l le-et-Vi l a i ne Monsi eur LEONARD Gil bert

Représ entants des Mai res d'I l le-et-Vi l a i ne Monsi eur MAUPILE Joël

Représ entants des Mai res d'I l le-et-Vi l a i ne Monsi eur PEPIN André prés ent 1

Représ entants des Mai res d'I l le-et-Vi l a i ne Monsi eur ROUPIE Ala in

Représ entants des Mai res d'I l le-et-Vi l a i ne Madame SACHET El odi e

Représ entants des Mai res d'I l le-et-Vi l a i ne Madame SEMERIE Li l i ane excusée

Représ entants des Mai res d'I l le-et-Vi l a i ne Monsi eur VASLET Didier excusé

Syndi cat Mixte de la Ba ie du Mont Saint Michel Madame NOUVEL Val érie

Syndi cat Mixte du SCOT du pays de Fougères Monsi eur LE ROUX Yves

ORGANISME TITRE NOM PRENOM PRESENCE Précision Nb

Ass oci ati on Breta gne Vivante - SEPNB Monsi eur DESDOIGTS Jea n-Yves excusé 1

Ass oci ati on Eau & Ri vières - Dél éga ti on I l l e-et-Vi la ine Monsi eur GIOVANNI Richard

Ass oci ati on La Pass iflore Madame HARVEY Mathi l de prés ente 1

Cha mbre d’Agricul ture de l a Manche Monsi eur GUILLARD Bernard prés ent 1

Cha mbre d’Agricul ture d'Il l e-et-Vi la ine Monsi eur GUINES Loïc

Cha mbre de Commerce et d’Indus tri e Terri tori a l e de Sa int-Malo - Fougères Monsi eur LEPRIEUR Louis

Col l ectivi té Ea u du Bas s i n Rennai s Monsi eur ETIEMBLE Fernand

Comi té Départemental du canoë-ka yak d’I l l e-et-Vi l a i ne Madame TREGARO Gil ette excusée

Comi té régional de la conchyl i cul ture Bretagne-Nord Monsi eur HURTAUD Rémy

Fédéra ti on d’I l l e-et-Vi l a ine pour la Pêche et l a Protecti on du Mi l i eu Aquatique Monsi eur LEMEE Hervé prés ent

Syndi cat d’a l imentati on en ea u potabl e de l a Bai e et du Boca ge Monsi eur RABASTE Yann excusé

Syndi cat de l a propri été rura le Monsi eur DE PLUVIE Phi l i ppe

Syndi cat Mixte de Producti on d'ea u du Bas s i n du Coues non Monsi eur ERARD Jos eph

Syndi cat Mixte du Couesnon Ava l Monsi eur BICHON Vincent

UFC-Que chois ir Monsi eur GAULTIER Jea n-Michel

Véol i a Eau - Compa gni e Généra le des Ea ux Monsi eur CLEMENCEAU Richard

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ORGANISME TITRE NOM PRENOM PRESENCE Précision Nb

Agence de l ’Eau Loire Bretagne - Délégation Oues t Atlantique Mons ieur DUBOS Jean-Claude prés ent 1

Agence de l ’Eau Loire Bretagne - Délégation Oues t Atlantique Madame DUNET Severine prés ente 1

Agence Régional e de Santé Bretagne Madame PILARD Mari e-Agnès excusée

Direction Départementa le des Terri toires et de la Mer de la Manche MISEN Madame LE GALL Cél ia

Direction Départementa le des Terri toires et de la Mer d'I l le-et-Vi l ai ne DDTM35

Direction Départementa le des Terri toires et de la Mer d'I l le-et-Vi l ai ne MISEN Madame CADIC Sandrine

DREAL Bretagne Mons ieur COLL Thibault

DREAL de bass s in Loire Bretagne - Service Loire et bass in Loire Bretagne Mons ieur Le Préfet excusé

IFREMER Madame ROLLET Cla ire excusé

ONEMA Délégation Régi onal e Mons ieur NIHOUARN Al ix

Sous-préfecture d’Avranches Madame Le sous -préfet d'Avranches

Sous-préfecture de Fougères -Vitré Mons ieur Le sous -préfet de Fougères -Vitré

Sous-Préfecture de Mayenne Mons ieur Le Sous -Préfet de Mayenne excusé

Antra in communauté Mons ieur CANTO René

Cogla is communauté Mons ieur MALAPERT Jean

Communauté de communes Avranches - Mont Sa int Michel Mons ieur HUET Guénhaël

Communauté de communes Bretagne Romantique Mons ieur LEFEUVRE André

Communauté de communes de Sa int-James Mons ieur CARNET Jean-Pierre

Communauté de communes du Pays d'Aubigné Mons ieur FOUGLE Al a in

Communauté de communes du Pays de Sa int Aubin du Cormi er Mons ieur PRODHOMME Pierre

Fougères communauté Mons ieur MARBOEUF Bernard

Louvigné communauté Mons ieur PAUTREL Louis

Porte de Bretagne Ba ie du Mont-Sa i nt-Michel Mons ieur THEBAULT Louis

Vitré communauté Mons ieur MEHAIGNERIE Pierre

Consei l Régional de Bretagne Madame BABOULENE El is e prés ente 1

Consei l Départementa l d'I l le et Vi la ine Madame BAUDELOT Cla ire

Région Bas s e Normandie - Service envi ronnement du DADD Madame HENRI Jul iette

Consei l Départementa l de la Manche - s ervice patrimoine et ges tion des mi l ieux naturelsMons ieur MICARD Bl a ise

Syndicat Mixte de Production d'eau potable du Bas sin du Couesnon Mons ieur LEMEUNIER Kevin

Antra in communauté Mons ieur BOURREE Maxime

Cogla is Communauté Mons ieur ANOTA Jean- Phi l i ppe

Cogla is communauté Madame BAGUENARD Carol ine

Cogla is Communauté Mons ieur ROUAULT Henri Pi erre

Col lectivi té Eau du Bas s in Rennais Madame GRAND Magal i

Col lectivi té Eau du Bas s in Rennais Mons ieur LACOUR Jérémi e prés ent 1

Col lectivi té Eau du Bas s in Rennais Mons ieur LEMEE Mickaël

Communauté de communes de Pleine Fougères Mons ieur BELLANGER Aurél ien prés ent 1

Communauté de communes de Sa int-James Mons ieur CORDOUEN Pierric

Communauté de communes du Pays d'Aubigné Mons ieur JACQ Tanguy

Communauté de communes du Pays de Sa int Aubin du Cormi er Madame BARAY Flavie

Louvigné communauté Madame CADOUX Chris tel le excusée

Louvigné communauté Madame DELANGLE Lydia excusée 1

Porte de Bretagne Ba ie du Mont-Sa i nt-Michel Mons ieur NOLOT Timothée prés ent 1

Syndicat i ntercommunal du Haut Coues non Mons ieur DECENSE Romain prés ent 1

Syndicat i ntercommunal du Haut Coues non Madame DELLINGER Muri el prés ente 1

Syndicat Intercommunal Lois ance Minette Mons ieur SOURDIN Nicolas

Syndicat Mixte de Production d'eau potable du Bas sin du Couesnon Mons ieur COTTO Sylva in excusé

Syndicat Mixte de Production d'eau potable du Bas sin du Couesnon Mons ieur GARAULT Val entin prés ent 1

Syndicat Mixte de Production d'eau potable du Bas sin du Couesnon Madame MISERIAUX Jess ica

Syndicat Mixte de Production d'eau potable du Bas sin du Couesnon Mons ieur LEMEUNIER Kevin prés ent 1

Syndicat Mixte du Coues non Ava l Madame RONFORT Cél ine prés ente 1

InterSAGE Ba ie du Mont-Sa int-Michel Mons ieur FAMBON Chris tophe

InterSAGE Ba ie du Mont-Sa int-Michel Mons ieur TRAVERS Laurent

Syndicat des Bas sins Côtiers de la région de Dol de Bretagne Madame HAVARD Karine prés ente 1

Syndicat des Bas sins Côtiers de la région de Dol de Bretagne Madame NIVOT Elodie prés ente 1

Syndicat des Bas sins Côtiers de la région de Dol de Bretagne Mons ieur HYACINTHE Fabien prés ent 1

Syndicat Mixte des Bas s ins versants des Côtiers Granvi l la is Mons ieur DIEUDONNE Gérard

Syndicat Mixte des Bas s ins versants des Côtiers Granvi l la is Madame GENIN Nathal ie

Syndicat Mixte du Bas s in de la Sélune Mons ieur BELLOIR Jérôme

Syndicat Mixte du Bas s in de la Sélune Mons ieur BOUVET Jacky

Syndicat Mixte du Bas s in de la Sélune Mons ieur FOURNEL Ri chard prés ent 1

Syndicat Mixte du Bas s in de la Sélune Madame JOUE Aurél ie

Syndicat Mixte du Bas s in de la Sélune Madame LEGENTILHOMME Léa

Marie de Romazy Mons ieur COIRRE Eric prés ent 1

Marie de Romazy Mons ieur BATAIS Gérard prés ent 1

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Rédaction : LE ROY Sylvie

ORGANISME TITRE NOM PRENOM PRESENCE Précision Nb

Fédéra ti on d’I l l e-et-Vi l a ine pour la Pêche et l a Protecti on du Mi l i eu Aquatique Monsi eur PELLERIN Richard 0

SMSC Monsi eur DUPONCHEEL François -Xavier prés ent 1

SMSC Madame LE ROY Syl vie prés ente 1

SMSC Monsi eur DUBOIS Mari e prés ente 1

SMSC Madame DE RIDDER Jo prés enté 1

ERB et AAPPMA Antrai n Monsi eur BOUREL Gérard prés ent 1

ERB Madame col l ègue de Mr Bourel

SMBCG Monsi eur EYCHENNE Gui l l aume prés ent 1

Membre du SMCA Monsl eur LECHAT Marc prés ent 1

Cha mbre d’Agricul ture d'Il l e-et-Vi la ine Madame GUIET Syl vie prés ente 1

SMSC Monsi eur CARO Bertrand prés ent 1

Lycée St Aubin du Cormier Monsi eur HOLLECOU David prés ent 1

INRA Monsi eur ABBOTT Benjami n prés ent 1

AGROBIO35 Monsi eur PINOT François prés ent 1

Uni vers i té Rennes Madame MONY Cendri ne prés ent 1

INRA Madame ROCHE Bénédi cte prés ent 1

CATER BN Madame MAVOKA ISANA Estel le prés ent 1

ONEMA SD 35 Monsi eur MAUDET Samuel prés ent 1

FDSEA35 Madame TRESCA Ali ce prés ente matin

FDSEA36 Madame MERY Sandra

Monsi eur BERTHELOT Jea n prés ent 1

43Total présents

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Les documents de présentation produits par les intervenants sont fournis avec le compte rendu. Les

présentations orales font l’objet d’un résumé en fin de chaque intervention extérieure.

M. Héry, vice-président de la communauté de communes Baie du Mont Saint Michel-Portes de

Bretagne excuse le président et accueille les participants dans les locaux de la collectivité.

1. Introduction et Rappel sur ce que dit le SAGE Couesnon sur les zones humides et

sur les MAEC à disposition sur le bassin versant du Couesnon – Joseph BOIVENT,

président ; Sylvie LE ROY, coordinatrice, Syndicat Mixte du SAGE Couesnon - en salle

M. Boivent remercie les participants et rappelle que cette journée est réalisée dans le cadre de

l’élaboration du plan de gestion différenciée préconisé par le SAGE. Marie Dubois, apprentie en

licence agricole a été recrutée sur une année pour contribuer à ce travail.

Mme Le Roy rappelle que dans le cadre de l’élaboration du SAGE, la Commission Locale de l’Eau avait

décidé de la protection des zones humides inventoriées mais n’avait pas souhaité réglementer les

pratiques en ayant recours par exemple à des classements du type ZHIEP (Zones humides d’Intérêt

Environnemental Particulier). En revanche, la CLE avait souhaité donner des recommandations dans

le cadre d’un plan de gestion différenciée des zones humides.

De la même manière que le parti a été pris de ne pas faire de différence entre zones humides en

priorisant la protection sur certains secteurs, pour le plan de gestion, les recommandations sont

produites pour l’ensemble des zones humides du bassin versant.

Un travail de connaissances des pratiques en vigueur était nécessaire avant de formuler des

recommandations. C’est une partie du travail qui a été confié à Marie Dubois.

Son travail aura permis ainsi de mieux décrire la diversité des zones humides présentes sur le bassin

versant du Couesnon, même si une grande majorité est constitué de prairies, de prendre

connaissance des pratiques actuelles et de faire des premières recommandations, pour améliorer la

gestion de ces zones. Celles-ci, issues pour beaucoup d’une synthèse bibliographique, se veulent plus

des repères que des recettes à appliquer à la lettre. Chaque zone humide doit en effet être analysée

dans son historique d’interventions et dans l’influence de l’environnement immédiat, avant de faire

l’objet de recommandations adaptées.

Elle présente ensuite l’ordre du jour avant de passer la parole à Marie Dubois.

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2. Les pratiques agricoles en zones humides sur le bassin versant du Couesnon et les

premières recommandations – Marie DUBOIS, apprentie au syndicat Mixte du SAGE

Couesnon – en salle

Echanges avec la salle :

Mme Guiet demande s’il ne serait pas possible d’affiner les préconisations en matière de fertilisation. Les zones humides étant déjà riches en matière organique, elle pense qu’il faut plutôt préconiser des apports d’engrais minéraux qui pourraient être apportés au moment où le sol est portant et au plus près des besoins de la prairie. Les engrais organiques risquent en effet de se libérer à l’automne où les besoins sont faibles et les risques de transfert forts. M. Lechat demande si les chargements sont exprimés en instantané ou en moyenne annuelle, à la parcelle ou à l’échelle de l’exploitation. Mme Dubois répond qu’il s’agit d’un chargement moyen annuel. Quand l’exploitant utilisait la parcelle pour nourrir son troupeau, le chargement moyen annuel était le même que sur les autres parcelles. Quand il s’agissait d’une parcelle d’appoint, le chargement moyen annuel sur la parcelle était plus faible que celui de l’exploitation. Certaines exploitations pouvaient monter jusqu’à 2 UGB/ha/an sur certaines parcelles humides. M. Guillard en conclue que cela représente 10 tMS sorties par an d’une zone humide et s’en étonne. M. Boivent indique que dans les périmètres de protection de captage, le SMPBC interdit l’affouragement en vert car cela augmente considérablement le chargement réel. Mme Roche propose pour évaluer plus finement l’impact sur le milieu de raisonner en UGB jour. M. Boivent indique que normalement on ne devrait pas utiliser de fertilisants organiques sur une zone humide.

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M. Lacour indique que vraisemblablement les prairies mésophiles sont des prairies oligotrophes qui ont été drainées. M. Roche demande si les prairies améliorées sont des prairies semées, ce que confirme Mme Dubois. M. Guillard considère qu’il faut aborder l’impact environnemental dans son ensemble. Si on maintient une parcelle en prairie, on fait des efforts pour le climat car on stocke du carbone. Mme Le Roy répond que si les prairies sont retournées, on risque d’avoir des fortes pertes en carbone. Mme Harvey pose la question de l’intérêt de casser une prairie en zone humide au vu de la faible densité d’herbe les premières années après le semis suivant. Mme Roche répond que les premières années c’est toujours le cas, les prairies ne sont pas très denses. M. Guillard ajoute qu’au bout de deux ans, ça talle et devient plus dense. M. Chapdelaine constate que plusieurs agriculteurs ont été déçus par le resemis, ont fini par casser la prairie et remettre du maïs et réintroduire la parcelle dans un système néfaste avec des phytos et de la fertilisation minérale et des amendements. Ces parcelles bordent d’autres parcelles qui sont bien gérées. Aujourd’hui on est dépourvu pour répondre à ces agriculteurs. M. Boivent répond que la majeure partie des zones humides est couverte par des prairies et qu’un pourcentage risque d’être retourné et qu’on ne peut pas le reprocher aux agriculteurs. Mme Guiet redit qu’on peut conseiller que les apports se fassent quand il y a une bonne pousse de l’herbe. M. Pinot répond qu’il faut quand même vérifier l’intérêt économique d’apporter des fertilisants. Mme Roche indique que chaque agriculteur a aussi accès aux MAEC, ce qui permet de concilier environnement et maintien de l’ouverture. Après la présentation des recommandations concernant les zones humides en prairies, les participants sont invités à se rendre sur la zone atelier pour la présentation de Benjamin ABBOTT.

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3. Fonctionnement et rôles joués par les zones humides et zoom sur le rôle de

dénitrification – Benjamin ABBOTT, chercheur en écologie des écosystèmes, CNRS – Lieu :

zone Ateliers de Pleine-Fougères

Ben Abbott est écologue des écosystèmes, il s’intéresse au flux des nutriments (azote phosphore et

carbone) nécessaire à la biologie. Il travaille à l’interface des écosystèmes aquatiques (cours d’eau,

zones humides…) et des écosystèmes terrestres (champs, prairies forêts…).

« Je fais partie du CNRS et nous travaillons sur ce site depuis 15 ans et nous avons des piézomètres

qui nous permettent de regarder où se situe la nappe, caractériser la chimie de la nappe, on peut

regarder les échanges avec une zone humide qui se trouve par ici et un ruisseau présent de l’autre

côté des arbres. Il y a qqs décennies, on a canalisé le ruisseau et le ruisseau se retrouve plus haut

dans le relief que la zone humide. Le ruisseau alimente la ZH au lieu de l’inverse. Mais on peut quand

même regarder les échanges entre la ZH et la nappe et entre le cours d’eau et la zone humide ou la

nappe.

Je voudrais revenir auparavant sur des notions scientifiques notamment celle de dénitrification : qui

sait ce qu’est la dénitrification ? C’est le démantèlement d’une molécule (NO3 le nitrate). Il y a toute

une famille de microbes qui s’occupent de rendre ce service, parce qu’ils respirent.

Les microbes utilisent le carbone comme donneur d’électron et les nitrates comme accepteur

d’électron.

Les conditions nécessaires sont : l’absence d’oxygène, une source d’électron soit le carbone ou la

pyrite (dans la nappe) et la présence de nitrates comme accepteur d’électron.

Ce qui est intéressant avec ce processus c’est que ces différents éléments ne sont pas produits dans

les mêmes milieux. Les nitrates sont produits en milieu aérobie. La nitrification a lieu après la

minéralisation, dans les zones oxyques et ensuite ça peut être dégradé dans les zones anoxyques. Le

carbone aussi peut-être produit dans les zones oxyques puis être dégradé en zone oxyque ou

anaérobie.

Il faut qu’il y ait du transport. Les nitrates sont produits en surface puis ça descend vers la nappe ou

latéralement vers les zones humides. Les zones humides sont les endroits de convergence où nous

avons les apports de nitrates soit de la nappe soit des ruissellements d’eau et aussi on a du carbone

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soit produit dans les zones humides soit coincé par les sédiments dans les zones humides et on a le

dvp de zones anaérobiques.

Le rôle des zones humides dans le cycle du carbone et de l’azote à l’échelle du paysage, tout d’abord

à l’échelle d’une colline comme autour de ce tronçon ici. Nous avons 3 haies. S’il y a une goutte d’eau

on va suivre où va l’eau et ce qui se passe pour l’azote et le carbone. On a de la pluie qui peut rester

dans le sol quelques temps. De combien de temps ça peut va varier ?

Ça dépend de la saison, pourquoi ?

− Du fait de l’évaporation : selon si ça s’évapore ça peut ne rester que quelques minutes.

− La saturation du sol,

− le niveau de la nappe. Si la nappe est basse comme en cette saison (où la nappe est la plus

basse), ça peut rester plus longtemps dans ce que l’on appelle la zone non saturée. Il y a

d’abord une couche de sol où on a les sédiments et la matière organique ensuite on a une

couche altérée par les processus de minéralisation du temps de l’oxygène mais il n’y a pas

beaucoup d’activité microbienne dans la zone non saturée. Et l’eau peut rester dans cette

zone de quelques mois à une année.

Nous avons fait une étude ici, grâce aux agriculteurs qui nous ont permis d’utiliser leurs forages pour

étudier la qualité de l’eau. Nous avons en particulier suivi les CFC (Chlorofluocarbures) qui sont des

gaz anthropiques qu’on utilisait pour la réfrigération/climatisation. On peut savoir d’après la

concentration de ces gaz depuis combien de temps l’eau n’est plus en contact avec l’atmosphère ; Ça

nous donne un âge apparent.

Ici on a des petits bv d’un km2 à qqs dizaines km2. Ce qui nous a surpris c’était l’âge moyen des eaux.

Ici l’âge moyen était de 45 ans. Ça nous a surpris pour plusieurs raisons : car ce sont des très petits bv

mais aussi ce qui nous a surpris c’était la distance moyenne parcourue par l’eau qui n’était que de

quelques centaines de mètres. L’eau a bougé mais pas très loin. Souvent on pense quand on a un

problème de nitrates que ça peut venir de n’importe où : que ça vient du voisin ou même la

commune d’à côté qui a causé le problème. Ça peut être vrai dans certains cas de distances

parcourues longues mais la plupart du temps c’est très local bien que le temps de résidence soit très

long.

Ça a qqs implications pour la gestion des nitrates à l’échelle du bv. D’abord on ne peut pas toujours

blâmer ses voisins mais on peut quelquefois blâmer ses parents ou ses grands-parents. Ça peut être

décourageant si nous regardons les chroniques des concentrations en nitrates dans la nappe quand

on regarde des eaux anciennes des années 50, normalement l’eau est assez propre, il n’y a pas

beaucoup de nitrates dans l’eau. C’est d’abord parce qu’il y avait moins de fertilisation

M. Guillard : Comment vous datez l’eau ?

M. Abbott : C’est grâce à la concentration en CFC et en radon et Hélium dans l’atmosphère. On

connait les concentrations en CFC dans l’atmosphère. Ca s’accroit à partir des années 50 maintenant

c’est stable et ça commence à décroitre. Mais on peut savoir à partir de la concentration de la nappe

en CFC, à peu près en quelle année cette eau a perdu le contact avec l’atmosphère.

M. Guillard : Et pourquoi 45 et pas 1045 ans ?

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M. Abbott : Ça veut dire qu’on n’a pas des eaux très anciennes. On peut avoir des eaux dans d’autres

régions qui ont une circulation plus profonde avec un âge de plusieurs millénaires mais ici on a

trouvé qu’on a surtout des circulations peu profondes entre 30 et quelques centaines de mètres de

la surface. Quand je dis qu’ici c’est 45 ans ça ne va pas dire qu’à quelques km d’ici ce ne soit pas plus

élevé. Mais la plupart des eaux par ici n’est pas si âgée que ça.

On va maintenant regarder à quelle profondeur se situe le toit de la nappe. Le plancher se situe

quant à lui à 50m. Profondeur à laquelle on trouve la roche mère. Il y a quand même une circulation

de l’eau dans la roche mère dans les fissures mais c’est surtout la circulation de l’eau à faible

profondeur qui est importante. Or c’est aussi cette eau qui est sensible aux pollutions agricoles et

urbaines.

M. Guillard : Sur la circulation de l’eau il faut qu’on vous croie sur parole.

M. Abbott : Non je ne veux pas que vous me croyez sur parole. Je vais vous laisser mon adresse mail

et vous envoyez les publications. On a aussi maintenant plein de résultats de disponibles ;

A 500 m. de ce forage on a un autre forage dans lequel l’eau avait un âge de 15 ans et à 500m encore

on a un 3e forage où l’âge moyen de l’eau est de 80 ans. Cela montre qu’il y a vraiment une

circulation locale.

Mme de Ridder : l’âge que vous indiquez est un âge moyen, non ? car l’âge est sûrement variable

selon la profondeur.

M. Abbott : Oui, exactement. Quand on fait un trou, il y a des zones crépinées et quand on prélève,

ça prend à la fois les eaux profondes et les eaux superficielles.

M. Bourrel : je pense aussi que ce qui peut faire varier c’est l’origine géologique des sols qui est peut-

être différent d’un bassin à l’autre ?

M. Abbott : Absolument, ça peut varier selon l’épaisseur du sol, l’humidité, les précipitations…il y a

beaucoup de choses qui peuvent faire varier.

Maintenant je veux savoir le devenir des nitrates qui sont mis sur les champs ou les autres

nutriments ; l’eau peut rester assez longtemps dans la nappe ou dans la zone non saturée mais à un

moment donné ça arrive dans la zone humide. La zone humide, c’est l’endroit où il peut y avoir de la

dénitrification ; Mais c’est seulement une partie des eaux ou des nitrates qui passe par la zone

humide. Si les nitrates sont plus bas, ils peuvent passer directement dans la nappe et ré émerger

dans le ruisseau ou dans la zone hyporéique (du latin hypo en dessous, et réique : le flux) ; c’est la

zone entre le ruisseau et la nappe, c’est la zone d’échange des sédiments où on a un mélange d’eau

de ruisseau et d’eau de nappe. Le temps de résidence est également très faible dans la zone

hyporéique, ça peut être de quelques minutes à quelques jours.

Souvent il n’y a pas suffisamment de temps pour dénitrifier. Ça fait un court-circuit, ça peut

transporter directement l’eau de la nappe vers le ruisseau puis ça passe du ruisseau dans la rivière.

Vous connaissez sans doute qqs conséquences de l’arrivée de ces nutriments dans les estuaires,

comme les algues vertes.

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Il y a 7 ans est sorti un papier qui parlait des enjeux environnementaux. Le premier à votre

avis c’est ? la biodiversité et le deuxième est la qualité de l’eau en particulier la pollution azotée. Le

changement climatique et la quantité d’eau sont également des enjeux majeurs.

Concernant la qualité de l’eau, nous avons plus que doublé en quelques années, le taux de fixation

naturel de l’eau d’azote au niveau mondial : on parle des fertilisants chimiques mais aussi de la

combustion d’énergie fossile. On a vraiment perturbé le système.

Dans le pétrole en effet, nous trouvons du carbone mais aussi de l’azote car dans le pétrole ou le

charbon on trouve à la base des végétaux qui vivaient autrefois.

On parle presque toujours de CO2 qui est relargué après combustion mais il y aussi de l’azote qui

peut être relargué à peu près n’importe où.

Le flux d’azote est très important au niveau local, ça peut être à l’origine de cyanobactéries ou de

phénomènes d’algues vertes. Ça peut vraiment perturber tous les systèmes naturels et aussi

humains.

Il y a des coûts écologiques pour les écosystèmes mais aussi économiques.

M. Bourrel : ça perturbe aussi les écosystèmes marins.

M. Abbott : Absolument. Quelque part les nitrates ont un effet plus perturbant sur les écosystèmes

marins que sur les autres écosystèmes car l’azote y est l’élément limitant.

Tout à l’heure on parlait du lien entre les successions végétales dans les prairies et la capacité de

dénitrifier. Nous avons mené une étude sur une chrono séquence en prairie pour savoir combien de

temps il faut pour que la dénitrification se mette en place, parce qu’on sait que la concentration en

carbone augmente dans le temps. Une jeune prairie va avoir moins de concentration en carbone

qu’une prairie ancienne qui a 50 ans

Nous avons trouvé qu’après 7 à 10 ans après la dernière culture (Blé…), la dénitrification est

beaucoup plus importante. Ça n’est pas un processus linéaire, c’est assez stable les premières années

ensuite ça augmente et ça augmente aussi au bout de 20 ans. Mais il y a toujours les pour et les

contre parce que l’azote qui démonté par la dénitrification ne disparait, il va vers l’atmosphère sous

la forme N2 et NH3, N2O. N2O est un gaz à effet de serre 3 fois plus puissant que le CO2. Si toute la

communauté microbienne impliquée dans la dénitrification est présente, les nitrates sont

transformés en N2, qui compose à 80% l’atmosphère. Dans ce cas, c’est parfait, ça ne gêne personne.

En revanche, si toutes les communautés microbiennes ne sont pas présentes, alors la dénitrification

ne va pas jusqu’au bout et l’azote peut sortir sous forme de N20 (protoxyde d’azote), ce qui n’est pas

bon pour le climat et c’est un gaz qui peut détruire la couche d’ozone.

Quand on les conditions assez stables, anaérobiques, la dénitrification peut se produire. Quelquefois,

on a juste des conditions anoxyques sur des microsites du sol. Dans ce cas, la dénitrification n’ira pas

jusqu’au bout, c’est du N2O qui va sortir.

Pour favoriser la dénitrification complète, Il faut essayer de perturber le moins possible le système,

par exemple en essayant d’éviter de travailler le sol, car certaines communautés de microbes

mettent beaucoup de jours à se développer (quelques jours à quelques semaines).

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Après la perturbation, on peut avoir des flux important de N2O. Les communautés microbiennes sont

importantes mais aussi les conditions abiotiques, comme le taux d’humidité du sol. Au période de

transition telle qu’à l’automne ou au printemps, quand les conditions d’humidité changent très vite,

c’est à ce moment-là qu’on a les sorties les plus importantes de N2O.

Mme Harvey : est ce que les modes d’utilisation des prairies (fauche ou pâturage) ont un impact sur

la capacité de dénitrification ?

M. Abbott : On a regardé l’impact des perturbations d’intervention sur une prairie sur les différentes

profondeurs du sol (0-15 cm, 15-30 cm, >30 Cm). Un travail du sol perturbe essentiellement le

premier horizon (0-15 cm), là où se trouve la communauté dénitrifiante. Le fauchage ne modifie pas

les conditions de dénitrification mais peut modifier la disponibilité de l’azote pour les microbes.

Globalement, les modes d’utilisation des prairies impactent peu la capacité de dénitrification.

Mme Ronfort : est-ce qu’un travail simplifié sans labour peut avoir un effet positif sur la capacité de

dénitrification ?

M. Abbott : Je ne suis pas un spécialiste des modes de conduite des prairies et l’étude réalisée est

assez simple mais oui, c’est le genre de résultat auquel on peut aboutir.

M. Boivent : le travail du sol va d’abord perturber les insectes ou organismes plus gros que les

microbes (vers de terre, …) qui interviennent d’abord pour dégrader la matière organique plus

grossière, bien avant que les microbes n’interviennent.

M. Abbott : Absolument.

M. Bourrel : le bocage est également important pour limiter les transferts

M. Abbott : C’est un point très important ! Le facteur « Bocage » dans ces régions est le plus

important pour prédire les flux d’azote dans les ruisseaux. Même l’usage du sol ou les apports de

fertilisants sont un point moins important que ce facteur densité du bocage pour deux raisons :

d’abord les arbres utilisent les nutriments en les prélevant par les racines. Deuxièmement les

sédiments qui s’accumulent et le temps de résidence près des racines, vont créer les conditions de la

dénitrification.

Je suis très à l’aise pour vous dire que plus on a de bocage, plus on va intercepter des nitrates avant

d’arriver au cours d’eau, grâce au double processus (absorption par les racines et dénitrifications

autour des racines). C’est une consigne que l’on peut donner à tout le monde : garder votre bocage !

Mme Guiet : est-ce que la dénitrification a lieu aussi au pied des arbres qui sont sur le versant ?

M. Abbott : Oui ça pompe l’eau et utilise les nitrates mais ça peut aussi déclencher une circulation

vers la surface dans une zone qui a les conditions de dénitrification (présence de carbone et anoxie),

et ça peut permettre ainsi la dénitrification.

Mme Harvey : l’énergie solaire fait pompe à eau pour faire remonter des nitrates du fond vers la

surface où il peut se passer des choses, c’est bien ça ?

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M. Abbott : C’est L’évapotranspiration des plantes : les plantes sont plus humides au niveau des

racines que des feuilles ; Ca créée un gradient d’humidité qui transporte l’eau des racines vers

l’atmosphère.

On a une conductivité plus forte ici en dessous des haies car il y a ces eaux chargées qui arrivent des

nappes vers la surface.

Mme De Ridder : Avez-vous pu estimer le volume d’eau provenant du bassin versant qui est

intercepté par la zone humide ?

M. Abbott : 20 à 30% du volume d’eau provenant du bassin versant passe par la zone humide, le

reste passe sous la zone humide et rejoint la zone hyporéique du cours d’eau.

Mme Le Roy : dans les têtes de bv, n’y a –t-il pas aussi une dénitrification d’autant plus que la

circulation de l’eau dans ces zones est ralentie ?

M. Abbott : Tout à fait ; on a des conditions anoxiques dans la zone hyporéique et la forte densité de

petits chevelus combinée au temps de séjour plus long dans les têtes de bassin versant offrent des

conditions intéressantes pour la dénitrification.

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Résumé de l’intervention de Benjamin ABBOTT

La qualité de l’eau est le deuxième enjeu mondial en matière d’Environnement derrière la Biodiversité et

devant celui du climat. Concernant la qualité de l’eau, nous avons plus que doublé depuis quelques

années, le taux de fixation naturel d’azote au niveau mondial. On parle des fertilisants chimiques mais

aussi de la combustion d’énergie fossile. Ceci entraine des coûts écologiques pour les écosystèmes mais

aussi économiques.

Dans le contexte breton et particulièrement du Couesnon,

• les circulations de l’eau sont peu profondes (30 m à quelques centaines de mètres) et peu

rapides (de l’ordre de quelques dizaines de mètres par an en moyenne car on parle du mélange

des eaux des nappes depuis le sol jusqu’à la roche mère).

• L’âge moyen des eaux de nappes est relativement jeune : selon les mesures réalisées sur Pleine-

Fougères, il variait entre 15 et 80 ans entre plusieurs piézomètres situés à quelques 100aines de

mètres de distance, ce qui illustre à la fois la « jeunesse » des nappes (dans d’autres régions on

peut avoir des nappes qui ont des milliers d’années) et la forte localisation de ces nappes.

• Le temps de renouvellement est relativement court mais les eaux ne venant pas de très loin, les

nappes sont d’autant plus vulnérables : la qualité de l’eau d’une nappe dépend essentiellement

de ce qui est apporté à proximité et sur les parcelles « couvrant » cette nappe.

Les zones humides jouent un rôle important dans le processus de dénitrification. La réussite de ce

processus dépend de l’humidité et du taux de saturation du sol (ces deux premiers facteurs varient selon

les saisons), de la présence de nitrates et de la présence de communautés microbiennes complètes. Ces

communautés qui permettent d’aller jusqu’au bout du processus de dénitrification ont besoin de temps

pour s’installer et sont très vite perturbées par les interventions du type « travail du sol » sur une

parcelle. Dans ce cas, le processus ne va pas jusqu’au bout et on a des rejets de protoxyde d’azote dans

l’atmosphère (puissant gaz à effet de serre et responsable du trou dans la couche d’ozone). Le fauchage

n’entraine pas de conséquence sur les communautés microbiennes dénitrifiantes.

Bien que les zones humides soient extrêmement efficaces quant à la dénitrification, elles ne peuvent

dénitrifier que l’eau qui reste suffisamment de temps. Pendant les périodes d’étiage (été et automne),

une grande partie des lignes de flux passent à travers les zones humides. Par contre, pendant les périodes

des hautes eaux et les crues (les moments où la plupart des nitrates et d’autres éléments sont transportés

par les rivières) la plupart des lignes de flux passent au-dessus ou en dessous les zones humides, ce qui

veut dire qu’elles ne peuvent pas réduire les flux de nutriment pendant ces périodes. Sur l’année, 20 à

30% de l’azote épandu sur les champs n’est pas utilisé par les plantes et risque de partir à la mer. Là-

dessus, 30% transitent par les zones humides. Le reste passe en dessous ou au-dessus de la zone

directement dans la zone hyporéique (zone au niveau des sédiments du cours d’eau, de contact entre la

nappe et le cours d’eau) ou dans le cours d’eau.

Le Bocage joue un rôle primordial dans le mécanisme d’élimination de l’azote. C’est le facteur majeur de

« contrôle » de la qualité de l’eau en nitrates du fait de son double rôle (consommation d’eau chargée en

nutriments et dénitrification au pied de l’arbre). Plus il y a de bocage, mieux c’est pour la qualité de l’eau.

Tout ce qui peut être intercepté par ce moyen n’ira pas au cours d’eau.

Les têtes de bassin versant jouent également un rôle très important. La densité des petits chevelus par

hectare est très importante. Or, dans ce petit chevelu où l’eau circule de manière, au départ, ralentie, le

temps de séjour de l’eau dans la zone hyporéique (anoxique) est important, ce qui multiplie les chances

d’une dénitrification à cet endroit.

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4. La valorisation des parcelles en zones humides par les agriculteurs : « comment

optimiser la valorisation de fourrages par le troupeau ?» - François PINOT, conseiller

d’Elevage Agrobio 35 – Lieu : Chez M. Thierry THEBAULT, les Mesliers, D83, commune de

Trans la Forêt

Au regard des données de l’observatoire présenté ce matin, la question posée est désormais «

comment gérée au mieux la zone humide pour qu’elle puisse remplir ses fonctions tout en étant utile

à l’alimentation du troupeau ? »

Est-ce qu’on peut faire du lait ?

Pour cela il faut que les surfaces soient accessibles mais globalement la qualité de l’herbe ne sera

généralement pas au rendez-vous comme par exemple dans cette parcelle. On enverra plutôt un lot

de vaches taries ou de génisses tout en prêtant attention au risque de douve et paramphistome. M.

Thébault souhaitait tout de même valoriser la zone. Il aurait pu ne pas chercher à la valoriser pour la

production et obtenir une compensation à travers des MAEC biodiversité. Cela n’a pas été

envisagé.

Pour aller plus loin dans la recherche d’une valorisation, on a fait un relevé floristique de la

parcelle. Ce qui m’intéresse pour la production, ce sont les graminées, les légumineuses et la part de

diverses. Ici, Il y a surtout de la fétuque élevée et du lotier ;

La végétation sur cette parcelle est très dense. Par conséquent on peut se poser la question de la

nécessité de réensemencer. Casser la prairie pour refaire de l’herbe ne nous apportera pas grand-

chose. Au bout de 2 à 3 années, on risque de retrouver les mêmes espèces. Pour ce qui est du

sursemis, il faut savoir que ça fonctionne pas de façon certaine (seulement une fois sur 5), par

conséquent c’est coûteux par rapport au résultat et pour qu’un sursemis fonctionne il faut qu’il y ait

de vrai trou dans le couvert.

Ce qu’on peut noter d’important, c’est la hauteur de coupe ou de pâturage par les bêtes. Il faut

laisser l’équivalent d’une hauteur de main posée sur la tranche (4 doigts) et ne pas vouloir couper

trop ras, sinon on épuise les réserves de la prairie qui peine à redémarrer. De la même façon, il ne

faut pas laisser les bêtes pâturer trop ras. Rentrer les bêtes dans la parcelle quand on atteint 18-

20cm feuilles tendues et les sortir à 5 cm.

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En terme de chargement, on va plutôt raisonner chargement instantané, plutôt que chargement

moyen annuel (même si c’est cet indicateur qui est vérifié dans les MAEC). Sur des périodes propices

portantes, courtes en zones humides, on peut monter sur un chargement instantané de 120 UGB/ha,

en restant vigilant à ne pas descendre en dessous de 5 cm de hauteur d’herbe pour permettre à la

prairie de se renouveler.

Concernant la fertilisation, en agriculture biologique on n’utilise pas de fertilisant chimique. La

zone étant déjà riche en matière organique, on n’en a pas forcément besoin. On utilisera plutôt, si

nécessaire, un compost mûr, du fait du débit de chantier à l’épandage et ça permet d’épandre plus

près des bords de parcelles.

Concernant les phytos, sur prairies ça ne sert à rien. Cela a tendance à affaiblir les légumineuses en

place et n’est pas toujours très efficace.

Concernant l’amendement calcique, je ne serai pas aussi catégorique sur le fait d’en utiliser ou non

Concernant le parasitisme, il y en a une forme qui n’est pas spécifique aux zones humides (strongles

par ex.) alors que les douves et le paramphistome se développent en eau stagnante. Plus on

exploite une parcelle ras, plus l’animal risque d’être en contact avec les parasites. Si on a une mare

sur la parcelle, on tâchera de la mettre en défend.

Concernant la durée d’implantation d’une prairie, il y a des agriculteurs qui considèrent qu’au bout

de 4-5 ans, il faut casser la prairie. Mais une vieille parcelle bien gérée va pouvoir durer et restée

productive notamment en cas de coup de chaud, là où une jeune prairie va avoir tendance à caler. De

plus, du point de vue financier, ça coûte cher de réimplanter une prairie.

Mme Roche : est-ce que cette prairie a été implantée et pour quel objectif souhaite-il la garder

productive ?

M. Pinot : Oui, ce sont ses parents qui l’ont implanté. Il s’en sert essentiellement pour les génisses et

les vaches taries. C’est vrai que c’est quand même du souci, soit, on s’en accommode et on fait juste

une fauche d’entretien pour à la conserver ouverte soit on essaye d’en tirer profit.

M. Boivent : dans l’hypothèse où on cherche quand même à réaliser un sursemis, quelles espèces

vont mieux résister ?

M. Pinot : La fétuque élevée, le Ray Grass Hybride, le trèfle violet ou le trèfle Hybride. La houlque

laineuse revient naturellement pas la peine de la semer. Et puis elle ne tient qu’un seul cycle et a peu

de valeur alimentaire. Malheureusement aujourd’hui, les vieux types de RGA ne sont plus vendus.

Les nouveaux type de RGA sont sélectionnés pour pousser en conditions d’azote non limitant et sur

des sols qui ressuyent bien. Ils ne sont pas adaptés aux zones humides.

M. Guillard : on a une grosse différence de présence de joncs entre les deux parcelles. Que peut-on

faire pour contenir le jonc ?

M. Pinot : Le jonc se développe dans les endroits de tassements et où l’eau stagne. Il faut par

conséquent éviter le tassement (rentrer en période de portance dans la parcelle, éviter le

surpâturage…). Quand il est installé, il n’y a qu’une seule solution c’est de faucher et encore

faucher.

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Concernant les tiques, on note une augmentation du taux de présence des tiques. Pour éviter la

contamination des animaux, il faut éviter qu’ils s’approchent trop près des haies et talus. En matière

de traitement, il faut être strict et utiliser des traitements ad’hoc (demander à son vétérinaire).

Même en agriculture biologique, on n’a pas d’autre choix.

M. Bourrel : Quelles cultures peut-on implanter dans ce type de zone ?

M. Pinot : Il faut effectivement éviter de casser la prairie car cela donne lieu à beaucoup de

relargage d’azote qui empêchera une nouvelle prairie de bien s’installer. La mise en place d’un maïs

ou d’un blé ne suffira pas pour consommer cet azote. Essayer de faire durer la prairie le plus

longtemps possible en respectant les conseils d’exploitation est donc la règle. Il faut noter qu’avec le

temps, les taux de graminées plus importants vont augmenter la portance du sol.

Concernant les vaches allaitantes, je fais les mêmes préconisations que pour les vaches laitières à

savoir principalement être très rigoureux sur les hauteurs entrée-sortie et la vigilance sur le

piétinement.

Résume de l’intervention de François PINOT

C’est l’analyse floristique de la prairie humide qui va permette de déterminer l’intérêt pour la

production de lait ou de viande. Pour être intéressante, la composition devra présenter une part

importante de graminées et de légumineuses comme La fétuque élevée, le Ray Grass Hybride, le

trèfle violet ou le trèfle Hybride bien adaptées au milieu humide, et pas trop de « diverses ». Ensuite,

il faut être rigoureux sur la hauteur de coupe ou de pâturage par le troupeau, afin d’éviter un

épuisement de la prairie : Rentrer les bêtes dans la parcelle quand on atteint 18-20cm feuilles

tendues et les sortir à 5 cm. En termes de chargement, il faut plutôt raisonner en chargement

instantané : celui-ci, sur des périodes courtes en conditions de parcelles bien portantes, peut être

très élevé, toujours à condition de ne pas pâturer trop ras. La fertilisation, si le bilan le révèle

nécessaire, se fera plutôt avec un compost mûr. L’usage d’herbicides est inutile. Les problèmes de

parasitisme par les douves et le paramphistome qui se développent en eau stagnante doivent être

diagnostiqués tôt et faire l’objet d’un traitement ad’hoc (voir avec le vétérinaire). Ne pas faire

pâturer trop ras va réduire le risque de contamination. Le problème des tiques, en recrudescence,

doit faire l’objet d’un traitement systématique. Le jonc se développe dans les zones tassées par les

engins ou les animaux. S’il est installé, la seule solution pour en réduire la présence est la fauche à

répétition. Le taux de réussite du sursemis est faible (1/5) et casser une prairie pour refaire une

prairie n’est pas efficace et entraîne des pertes d’azote et de carbone importantes. Par conséquent,

pour faire durer une prairie, il faut être très rigoureux sur les hauteurs entrée-sortie et vigilant sur le

piétinement.

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5. Relation entre pratiques agricoles et Biodiversité – Cendrine MONY, maître de

conférence, université Rennes 1 UMR Ecobio – en salle

Pourquoi les zones humides sont-elles des réservoirs à biodiversité ?

Derrière les zones humides il a plusieurs types possibles : marais inondables ou drainés, prairies

humides de fond vallée…. Leurs rôles va dépendre de leurs surfaces (plus les parcelles sont larges et

plus il y a potentiellement de la biodiversité), des pratiques sur ces zones et de leur agencement dans

l’espace.

Les prairies humides ne sont pas des milieux homogènes, mais des zones d’interface entre les zones

jamais inondées et le cours d’eau. Elles se présentent donc souvent comme une mosaique de

microhabitats. La présence des espèces de plantes dépend surtout de leur capacité à tolérer une plus

ou moins longue durée d’inondation car cela occasionne différents effets tels que l’anoxie des sols,

une diminution de la lumière ou du CO2 disponibles et nécessaires à la photosynthèse. Les espèces

sélectionnées présentes donc différentes stratégies pour s’adapter à ces contraintes.

Les organismes animaux vont quant à eux plutôt s’adapter à l’inondation temporaire des parcelles en

se déplaçant au sein du paysage depuis les zones humides vers les parcelles périphériques selon les

besoins des insectes (aller-retour entre les deux catégories de parcelles). Certains insectes vont

également présenter plusieurs phases de développement, comme par exemple les libellules ayant

une phase juvénile aquatique et une phase adulte terrestre.

On note aussi une interaction entre la durée d’inondation et les modes de gestion. Par exemple,

l’exploitation des parcelles les plus sèches sera plus précoces que les parcelles les plus humides. Au

sein de larges secteurs ouverts tels que le marais de Sougeal, le troupeau va paturer plus

précocément les zones les plus sèches que les zones plus humides qui le seront ultérieurement dans

la saison.

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La présence de joncs en touffe dans les parcelles s’explique par une mise en paturage trop précoce

ou trop intensive lorsque le sol est encore humide. Le piétinement du troupeau créée en raison de

l’humidité du sol des trouées au sein du couvert favorable à la germination des graines présentes

dans le sol. Ces espèces sont par la suite peu appétentes pour le bétail et ne sont pas paturées. Le

paturage de la végétation autour des joncs élimine également la pression de compétition entre le

jonc et les autres espèces, renforçant ainsi le processus.

Le drainage trop important de ces zones diminue l’hétérogénéité des parcelles.

Les zones humides sont aussi des zones d’étapes et/ou fonction de cycles de vie des espèces

(alimentation, abris et zones de tranquillité, nidification). Les libellules par exemple ont besoin des

zones humides pour une partie de leur cycle de vie, selon un rythme saisonnier.

Mais on peut aussi avoir des flux d’animaux/d’insectes à la journée ou à la semaine. C’est pourquoi il

est important de maintenir en état les zones de bordure (linéaires de fossés, haies, …) qui sont des

zones de refuge pour certains insectes/animaux ;

Sur la zone étudiée par les chercheurs, on note aussi une originalité de pratiques agricoles au niveau

des marais par rapport au reste du territoire. Les zones humides présentes souvent des gestions un

peu moins intensives (fauche tardive, pâturage plus extensif,…) et des systèmes plus anciens (prairies

plus agées par exemple). Il y a peu d’épandage et d’utilisation d’herbicides. Ces paysages sont

également plus stables dans le temps car moins soumis aux rotations cultures-prairies observées sur

le haut de versant.

Ensuite la gestion des interfaces est très importante : les fossés aquatiques, les haies apportent une

juxtaposition de milieux très intéressante pour les insectes (hors libellules) qui ont besoin des

parcelles pour se nourrir mais aussi des bordures comme zones refuges. La mosaïque des milieux et

la bonne gestion des interfaces sont des éléments très importants pour conserver la biodiversité.

La biodiversité répond à plusieurs échelles : On a aussi une complémentarité des fonctions

biologiques à plusieurs échelles de territoire :

• Intraparcellaire (entre patchs de végétation (insectes, papillons…))

• Entre parcelles (gestion plus tardive dans les zones inondées, comportement alimentaire des

bêtes adapté au régime hydrique))

• Entre marais (mouvements journaliers ou hebdomadaires).

Dans le cadre d’un observatoire de suivi de la biodiversité végétale en marais, nous avons sélectionné

différents cas de figure de prairies pâturées ou fauchées sur les différents marais et on a regardé les

différences de biodiversité : Le marais de Pontavice est un des secteurs les plus riches. Sougeal est un

grand secteur moins riche en espèces mais présentant des espèces originales, non retrouvées sur les

autres sites.

Concernant les papillons, Sougeal est plus riche grâce à la présence simultanée de haies et de fossés

et canaux. La zone humide de Vieux-Viel présente quant à elle une plus grande diversité d’espèces du

fait de la faible pression agricole et la forte hétérogénéité du paysage.

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Concernant l’effet des pratiques, un des résultats connus dans la littérature est une plus forte

richesse en espèce dans les prairies fauchées que pâturées. Au niveau des marais du Couesnon, ce

résultat n’est pas vérifié. C’est surtout l’interaction entre le type de gestion et la durée d’inondation

qui influe sur la biodiversité.

Concernant le chargement, on a une biodiversité plus importante pour des chargements de niveau

intermédiaire.

Concernant les dates d’entrée au pâturage, le niveau de biodiversité plus important est au 1er juillet.

Concernant la fertilisation, la situation correspondant à zéro apport correspond aux zones très

contraignantes longtemps inondées qui ne peuvent être épandues et qui présentent, du fait des

contraintes du milieu, peu d’espèces.

Quand on commence à amender, la biodiversité est plus importante pour de faibles apports. Au-delà

de 50 u, la richesse spécifique diminue.

Dans les zones d’interface qui sont inondées mais pas trop, on note une + grande diversité d’espèces,

avec notamment la présence de la stellaire et de la succise, fleur associée à un papillon, le damier de

la succise qui ne peut vivre qu’en présence de cette espèce.

Ces observations donnent un premier aperçu du lien entre pratiques agricoles et biodiversité. Par la

suite, on devra aussi regarder au-delà du nombre d’espèces et utiliser d’autres indicateurs pour

analyser les communautés végétales afin de prendre en compte l’intérêt écologique des espèces ou

leur degré de rareté. Il ne faut pas oublier non plus que les facteurs que l’on a observé un par un

pour voir leur lien avec la biodiversité sont également interdépendants. Pour observer les

combinaisons entre facteurs et leur lien avec la biodiversité, il faudrait utiliser des méthodes

statistiques plus sophistiquées.

Le changement climatique renforce la nécessité de s’intéresser à la complémentarité entre milieux

humides, zones de bordures et reste du paysage pour les questions agricoles comme pour les flux

d’individus au sein des paysages. Le décalage phénologique de la végétation observée dans les zones

humides peut être un atout pour retrouver de la biomasse dans ces zones en saison sèche.

M. Bourrel : votre analyse ne concerne que les marais. Cela serait intéressant de voir ce que ça

donne dans les zones humides banales.

M. Guillard : concernant le lien entre niveau de fertilisation et biodiversité, je note que finalement

jusqu’à 150 u/ha, on ne perturbe pas trop la biodiversité par conséquent il y a moyen de concilier les

objectifs agricoles et la préservation de la biodiversité.

Mme Mony répond que la biodiversité reste stable entre 50 et 150u mais présente tout de même

une chute notable entre 25 et 50 u.

Mme Roche rajoute que derrière les quantités apportées se cachent également une hétérogénéité

des autres pratiques entre parcelles.

M. Fournel rajoute que la part d’espèces remarquables est sans doute plus faible après 50u.

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Mme Guiet demande si en changeant les pratiques sur des prairies améliorées, en revenant par

exemple sur des apports autour de 25 unités, on pourrait retrouver de la biodiversité.

Mme Mony dit ne pas pouvoir répondre à cette question. Il faudrait des études ciblées sur ces

prairies et suivies sur le long terme pour analyser cela.

Résumé de l’intervention de Cendrine MONY

Les zones humides du bassin versant du Couesnon ayant fait l’objet d’une étude sur la biodiversité

sont une mosaïque de micro-habitats. La forte humidité des parcelles sélectionne des espèces

adaptées et en même temps le gradient d’humidité et la durée variable de la période d’inondation

entre plusieurs habitats contigües permet aux espèces de circuler d’un habitat à l’autre selon leurs

besoins du moment (alimentation, reproduction, refuge). Les interfaces (haies/talus, fossés

aquatiques) sont des éléments très importants à préserver pour la biodiversité au sein de ces zones

humides. La circulation des espèces se fait de manière très dynamique à plusieurs échelles d’espaces

(dans la parcelle, entre parcelles et entre marais) et de temps (à la journée, à la saison). Les pratiques

agricoles particulières dans ces marais, sont différentes de celles des autres parcelles du bassin

versant, ce qui les rend très originales à l’échelle du paysage. Il y a moins d’usage de pesticides et

d’épandage organique. Toutefois, il a été montré qu’au-delà de 50 u d’engrais azoté apporté, le

nombre d’espèces chutait pour rester dans un pallier assez stable jusqu’à 150 u. Un chargement

intermédiaire et une fauche tardive vont permettre d’avoir un plus grand nombre d’espèces. A

pratiques constantes, qu’elles soient pâturées ou fauchées, les parcelles connaissant une période

assez longue d’inondation mais pas trop, présentent la plus grande biodiversité avec des espèces

d’intérêt écologique. Le changement climatique renforce la nécessité de s’intéresser à la

complémentarité entre milieux humides, zones de bordures et reste du paysage pour les questions

agricoles comme pour les flux d’individus au sein des paysages. Le décalage phénologique du couvert

végétal dans les zones humides peut être un atout pour retrouver de la biomasse dans ces zones en

saison sèche.

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6. Relation entre itinéraires techniques, biodiversité et qualité des produits (lait,

viande) – Bénédicte ROCHE, Ingénieur d’études, INRA SAD-PAYSAGE – en salle

Mme Roche indique que son métier vise à établir le lien entre pratiques agricoles et différents

éléments concernant la biodiversité. L’intervention demandée est un peu différente puisqu’il s’agit

de regarder s’il existe un lien entre la diversité d’espèces végétales des prairies et la qualité des

produits animaux.

Pour cela, elle a réalisé une synthèse bibliographique des travaux en cours qu’elle nous présente :

Quand on parle de qualité des produits animaux, on évoque la qualité intrinsèque (sanitaire,

nutritionnelle, sensorielle) mais aussi extrinsèque (bien-être, image du produit, respect des

traditions). Ces derniers ne sont pas mesurables mais sont liés à des façons de faire que les gens

veulent défendre et sont aujourd’hui plus exploités par les signes de qualité ou les marques

commerciales.

2 grandes catégories de facteurs influent sur la qualité intrinsèque des produits : les facteurs de

production et les facteurs technologiques.

Parmi les facteurs de production, on a l’âge des animaux qui est déterminant pour la viande, le type

génétique, la race des animaux (par exemple les jersiaises vont produire un lait très riche en MG),

l’état sanitaire (certaines maladies sont préjudiciables à la qualité de produits) et l’alimentation du

troupeau. L’alimentation recouvre un grand nombre de facteurs comme le niveau d’apports, le type

de fourrage (maïs ou herbe, foin ou ensilage) et le type de prairies.

Par conséquent, la composition des prairies est un facteur influençant la qualité des produits

animaux mais parmi d’autres qui sont parfois surdéterminants.

Puis, les facteurs technologiques, liés à la transformation de ces produits sont également très

importants : le stress pré-abattage est très déterminant sur la qualité de la viande. Chaque étape de

la transformation du lait influe sur la qualité des produits finis. Les conditions de conservation

(maturation pour la viande, affinage pour les fromages) influencent également la qualité finale.

Lien entre la composition et les modes de conduite des prairies et la qualité des produits animaux.

Les travaux en la matière sont peu nombreux, récents, compliqués à mettre en œuvre car on l’a vu

beaucoup d’autres facteurs influencent la qualité des produits animaux et pour évaluer l’effet des

prairies, il faudrait que les autres facteurs ne varient pas. Les études existantes sont surtout

appliquées à des produits sous signes de qualité, dans des terroirs spécifiques (montagnes, zones

humides).

La composition des prairies est sous l’influence du taux d’humidité dans le sol, du niveau de fertilité

(apports d’engrais) et de l’intensité du prélèvement par fauche et/ou pâturage. Dans une gamme

intermédiaire de niveau de prélèvement en lien avec le niveau de fertilité des sols, le nombre

d’espèces herbacées diminuent avec le niveau de prélèvement*niveau d’apport d’engrais.

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La composition floristique des prairies peut être appréhendée par la richesse en espèces (nombre

d’espèces) ou par la présence d’espèces particulières : espèces rares ou espèces présentant des

composés particuliers pouvant influencer la qualité des produits (goût du lait…).

Qualité nutritionnelle

La qualité nutritionnelle des produits animaux est considérée globalement comme moins bonne que

celle des produits végétaux : la viande, au-delà des protéines, pose le problème d’apporter des

matières grasses favorisant la synthèse du « mauvais » cholestérol (les acides gras saturés). Le lait est

surtout reconnu pour ses apports en calcium et vitamine A. Par conséquent, les études vont surtout

avoir pour objet de réduire les effets négatifs des produits animaux sur la santé.

Concernant ces composantes de la qualité nutritionnelle des produits, il n’y a pas de lien mis en

évidence entre la composition de la prairie et la teneur en vitamine A, caroténoïdes et antioxydants.

Il n’y a pas pour l’instant pas de recherches d’effectuées sur le lien avec la composition des carcasses

(taux tissu adipeux/muscle). Les travaux portent principalement sur les acides gras insaturés,

particulièrement les oméga3 (dont le développement dans les produits animaux est mis en avant par

la filière Bleu Blanc Cœur). Les résultats montrent un effet positif d’une ration à base d’herbe, plus

que la ration à base de maïs complémentée par du lin. La composition des prairies influe sur ce taux

d’oméga 3 par le biais de la présence de dicotylédones (ce n’est pas la richesse en espèces qui a été

démontrée comme influente).

Au sein des prairies l’accroissement de la part de dicotylédones accentuent la part d’AG intéressants

pour la santé en favorisant les processus de transformation dans le rumen et la mamelle.

Qualité sensorielle

Différentes composantes de la qualité sensorielle du lait et du fromage peuvent être évaluées par un

jury d’experts. Les fromages de montagne issues des parcelles les plus diversifiées faisaient ressortir

des caractéristiques qu’on peut considérer comme positives (texture +ferme ou + fruitée ou –

rance…). Les caractéristiques liées à l’arôme ressenti comme moins fort peuvent être liées à des

conditions d’affinage réalisé en altitude.

Les liens entre la composition botanique et les caractéristiques sensorielle des fromages ne seraient

pas lié à la diversité floristique mais plutôt à la présence d’espèces particulières qui influent

directement sur le goût (crucifères, ail, oignon, navet) ou indirectement du fait de substance qui

influe sur l’affinage (comme la plasmine présente dans la renoncule présente en zone humide).

Toutefois, l’influence potentielle sur la qualité sensorielle du lait non transformé est plus difficile à

différencier par dégustation.

Concernant la viande, le lien est plus difficile à mettre en évidence entre diversité floristique et

qualité sensorielle car la viande est produite par « accrétion » tout au long de la vie. Le sexe, l’âge et

la race sont encore une fois surdéterminants. Toutefois, l’influence du régime de finition est assez

nette chez les ovins. L’objectif est de déposer du gras sur l’extérieur. Les viandes d’agneaux finis à

l’herbe sont plus sombres, moins tendres et ont une flaveur plus forte. Ces critères-là étaient

recherchés dans les années 40, mais les critères de goût ont évolué et on ne mange plus de mouton

par exemple mais de l’agneau. Les régimes (prairies) riches en légumineuses ont tendance à

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développer un goût fort et un gras jaune chez l’agneau du fait de la présence du scatol dans le trèfle

blanc ou la luzerne. La présence de lotier (espèce qu’on trouve en zone humide), toutefois, permet

d’atténuer le goût particulier. On ne note par contre pas d’effet de la composition des prairies sur les

viandes de bovins.

D’autres facteurs influencent aussi la qualité sensorielle des laits et viandes en particulier la nature

des fourrages comme l’ont montré quelques travaux :

• L’herbe comparée à du maïs donne des fromages plus jaunes et moins fermes, plus appréciés

• La pâture comparée à du foin/ensilage donne des fromages + jaunes et – fermes aux odeurs

plus herbacées

• L’herbe ensilée comparée au foin et au maïs donnent des beurres plus jaunes et plus

tartinables

• Sur la viande, les concentrés comparés à l’herbe donnent des viandes moins fortes avec du

gras plus blanc.

Conclusion et Résumé de l’intervention de Béatrice ROCHE

Il n’y a pas d’effet évident de la diversité des espèces dans les prairies sur la qualité des produits

animaux (mais il y a encore très peu d’études sur le sujet).

Les travaux conduits le sont plutôt en zone de montagne, très peu en zones humides.

On note toutefois un effet positif de la présence de dicotylédones sur les qualités sensorielles,

nutritionnelles et accessoirement sur la santé des animaux.

D’autres facteurs influent plus fortement que la diversité des espèces comme le « régime », en

particulier la place de l’herbe dans la ration (avec des effets différents suivant les formes de

conservation).

L’herbe indépendamment du fait qu’elle soit produite en zone humide ou non a un effet positif sur

les taux de bons acides gras dans le lait ou la viande, plus que le maïs ou autant que le maïs

complémenté avec du lin.

Au-delà de ces aspects, l’herbe est aussi un élément d’image souvent valorisé pour la promotion des

produits animaux (lait et viande d’herbivores) de qualité.

L’intérêt des zones humides réside dans la capacité à fournir de l’herbe verte en été et d’éviter ainsi

les ruptures de régime.

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7. Intérêts et limites du boisement en zone humide - Estelle MAVOKA-ISANA, Chargée

de mission zones humides, CATER de Basse Normandie

Mme Le Roy : Est-ce que les uns et les autres en particulier les élus vous notez une tendance des

agriculteurs à ne plus vouloir gérer ces parcelles ou non ?

M. Fournel : Oui, j’ai le cas sur le bassin versant de la Sélune de plusieurs exploitations de taille

importante où les agriculteurs ont de moins en moins de temps et se désintéressent de l’entretien ou

l’utilisation de ces zones humides.

M. Nolot : J’ai de mon côté plusieurs demandes d’agriculteurs pour boiser les zones humides.

Mme Le Roy : On parle de mosaïque de milieu et de l’intérêt d’avoir des zones humides boisées à

certains endroits mais du coup est ce que l’accompagnement que l’on doit avoir est d’accompagner

le boisement ou plutôt de promouvoir un usage agricole des zones humides ?

M. Lacour : concernant le boisement, l’ONF a clairement établi un lien entre la sylviculture et la

qualité de l’eau. Toutefois, la manière de cultiver des bois/forêts a évolué. Ils préconisent d’éviter la

monoculture et favoriser la diversité des espèces dans la verticalité pour lorsque les arbres sont mûrs

ne pas couper tout en même temps au risque de se retrouver avec des espaces nus et devoir

recommencer à zéro : Il faut varier sur un même espace, les âges et les espèces.

Résumé de l’Intervention d’Estelle MAVOKA-ISANA

Le boisement en zones humides présente plusieurs intérêts et limites.

Parmi les intérêts, le boisement permet d’atteindre plus rapidement les objectifs de la DCE grâce au

ralentissement des phénomènes d’érosion, l’épuration des eaux et le stockage de l’eau qu’il permet.

Les boisements sont particulièrement intéressants pour retrouver une eau de qualité quand il s’agit

de ressources souterraines. Il présente également un intérêt pour la biodiversité : certains sont

habitats d’intérêts communautaires, ils sont intéressants en particulier pour les oiseaux et

constituent des corridors ou réservoirs biologiques intéressants. La plantation en zones humides peut

être aussi un compromis entre un pâturage difficile à mener par l’exploitant et une mise en culture

non souhaitable. Un plan de gestion précis devra être mis en place dans le cas où le maître d’ouvrage

souhaiterait absolument planter du peuplier. La libre évolution des milieux peut être une alternative

peu coûteuse.

Les limites sont celles de l’homogénéisation du milieu (si on laisse l’ensemble des zones humides se

boiser), celles lié à l’implantation de certaines espèces comme le résineux qui acidifie le sol, celles

liées aux risques de maladie qui touche certaines espèces plus que d’autres (la chalarose du frêne par

ex.) et certaines limites réglementaires.

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8. Les actions en cours sur la gestion des zones humides à la Chambre Régionale

d’Agriculture de Bretagne – Sylvie GUIET, Chargée d'étude Territ'Eau et biodiversité,

CRAB

Résumé de l’intervention de Sylvie GUIET

Mme Guiet indique que le projet développé par la chambre régionale d’agriculture de Bretagne

s’inscrit sur quatre ans et que l’objectif est créer un référentiel des pratiques de gestion agricole en

zone humide. Les différents volets de l’étude sont les suivants :

− Référentiel de connaissances et Production de supports pédagogiques en 2013/2014

− Suivi technico-économique d’un réseau de fermes Méthode de diagnostic et d’analyse en 2014/2017

− Suivi parcellaire de la valorisation en termes de production agricole et des impacts en termes de qualité de l’eau et de biodiversité en 2014/2017

− Evaluation économique des coûts et services environnementaux rendus en 2014

− Appropriation et diffusion des résultats en 2014/2016

Les résultats sont en cours de traitement. Toutefois, la partie économique a déjà fait l’objet d’une

valorisation écrite. Elle en reprend donc les grandes lignes.

Le CER a étudié 115 exploitations laitières finistériennes ainsi que leur assolement, soit 12 000

hectares de surfaces dont 10% en zones humides ce qui correspond à la moyenne du Finistère.

Les exploitations les plus impactées (>18% ZH, groupe 3) voient leurs marges brutes significativement

inférieures de 297€/ha par rapport aux exploitations dans la moyenne (entre 8 et 18% ZH, groupe 2).

Cette différence est principalement liée aux volumes produits plus faibles (en moyenne 71 323 litres

vendus de différence). Les élevages laitiers s’adaptent à la contrainte zones humides en limitant leur

production avec un système fourrager plus extensif. Néanmoins la plupart du temps, le manque à

gagner est compensé par moins d’emprunt et de charge financière. Ainsi le revenu n’est pas

significativement différent. La marge brute des élevages du groupe ayant peu de zones humides (0 à

8% ZH, groupe 1) est sensiblement inférieure (100€/ha) à celle du groupe 2, mais cet écart n’est pas

significatif. On observe toutefois que les élevages du groupe 1 ont moins de surface fourragère pour

une production laitière similaire, et font plus de cultures de vente.

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Conclusion de la journée

Nous avons une diversité de zones humides sur le bassin versant du Couesnon même si la majorité

est représentée par des prairies de bords de cours d’eau. Le travail de Marie Dubois a permis de

prendre connaissance des pratiques agricoles sur les prairies humides et les cultures. Il a permis

aussi de formuler quelques repères de pratiques par grandes catégories de zones humides.

Les différentes interventions ont permis de souligner le rôle important des zones humides du point

de vue environnemental (qualité de l’eau, régulation du régime hydraulique, biodiversité) mais

aussi l’intérêt pour les exploitants de conserver les prairies en zones humides comme production

fourragère, a minima en appoint en période estivale, mais des conditions d’exploitation rigoureuse

doivent être respectées. Nous avons aussi vu qu’il était possible dans ce cas de concilier la

production agricole et les enjeux de qualité de l’eau et de biodiversité. Plusieurs interventions ont

souligné l’intérêt croissant des zones humides dans un contexte de changement climatique.

Les discussions nous ont permis aussi de mettre en évidence le risque de fermeture de zones

humides dans un contexte d’agrandissement des exploitations où le temps de travail devient

limitant et où ces parcelles sont considérées comme moins intéressantes. Dans ce cas, le

boisement des zones humides peut être vu comme une possibilité mais doit être bien accompagné

lorsque l’exploitant a pris sa décision.

Les discussions n’ont pas permis de traiter des objectifs que l’on se donne pour les prairies

améliorées classées en zones humides qui ont souvent été drainées.

Enfin, la méthode de travail sur le plan de gestion différenciée a volontairement porté sur

l’ensemble des zones humides. Dans le cadre du SDAGE Loire Bretagne, il est demandé aux CLE de

réaliser des plans de gestion et/ou de restauration des zones humides en priorisant les zones

d’intervention. Ce travail de priorisation pourra venir dans un second temps dans le cadre d’un

travail conjoint avec les structures opérationnelles sur le bassin versant.