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Revue de presse Journées de l’innovation

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Revue de presse

Journées de l’innovation

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PRESSE ECRITE

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AMimizan,uncollègepriméparleministèredel'éducationpouravoirmisfinauxheuresdecolleLapremièreéditiondesJournéesdel'innovationsetientàl'

Unesco,àParis,les31maiet1erjuin

Mimizan (Landes)EnvoyéespécialeMimizan estunepetiteville

balnéaire desLandesde10200habitantsenhiver.

Outre seslonguesplagesocéanes,sonlac et saforêt depins, la commune comptel'unique collègedesenvirons. Un collègeclassiquedeprimeabordavecses530élèves.Jac-ques-Prévert a été primé par leministère.Il fait partie desvingt etun établissementsprésentéspar leministère del'éducation aux premières Journéesde l'innovation,qui sedéroulent mardi 31mai etmercredi1"juin à l'UnescoàParis.

Jacques-Prévertesten train dedevenir un collègesanspunition.Depuislarentrée2009,lesheuresderetenue qui, pour 10à15X desélèves,tombaientcommeàGrave-

lotte, ont disparu. «On comptaitjusqu'à 600 heures de retenueaccumuléesdansl'année,se souvient le principal, Antoine Oliva-

res,arrivé en2007dansl'établissement. Certains les collectionnaient. Çan'était plus possible.»De leur côté, les parents contestaient deplus enplus cesretenuesetcesexclusionstemporaires.«Çacréait une ambiance malsaine»,ajouteJean-FrançoisLaroumagne,conseiller principal d'éducation(CPE),le premier à avoir testé lasuppressiondesheuresdecolle.

Outrel'ambiance,lesapprentissagesaussiétaiententravés.«Cesmesurespouvaient mêmeaccentuer les difficultés desélèvescar

c'étaient souvent les mêmesquicumulaient punitions et sanctions», analyseStéphanieGalhar-ret, laprincipale adjointe danscetétablissementoù45X desenfantssont issusdemilieux défavorisés.

L'équipeavoulu changerd'approche.Développer«un état d'esprit bienveillant et empathiqueenverslesélèvesetleursparents,etlesresponsabiliser».

L'accusationdelaxismen'a pastardé.Pourchangerl'état d'esprit,il fallait d'abordsupprimerlesretenues.Ala placedespostesdesurveillantsaffectésauxheuresdecolle, le collègeanégociédespostesd'assistantsd'éducation.Troisfoisparsemaine,lesélèvesvolontairespeuventbénéficierdeplus desoutien scolaire.Les avertissementsécritsdoivent toujours êtremotivéset doivent enplus «soulignerdesaspectspositifsdel'élève».Etleprofesseurprincipal chercheàrencontrer plus souvent élèves etparents.Lecollègeaaussimis enplaceune commission devie scolaire,lieud'échangeaveclafamilleet l'élève. «Lebut estdefédérertout lemondeautour dela difficulté de l'enfant et de trouver desréponses»,insiste M.Olivares,quiaprésidélesdix commissionsquisesontréuniesen2010.

Lesparentsd'élèvesapprécient.«Tout le mondepeut donner sonavis,dialogueravecleCPE,considère AlinePuig,déléguéedeparentsd'élèvesFCPE.Ily aunecohésionetunecohérencedela communauté

éducative. L'enfant comme leparent leressententbien.»Resteàconvaincrelesparentslesplusréticents,pas toujours réceptifs à ladémarche.

« C'est chronophage»Si l'élève a des droits, il doit

assumersesdevoirs,danstous lessensdu terme. Dansle carnet deliaison,unepagesurle travail faitou non à la maison aété ajoutée,avecvisaduprofesseuretsignature des parents. Si le travail oul'exercice de substitution n'estpasfait, l'élève nepeut passortirlibrement du collège,même si sajournéeest terminée.

Avertissementsécrits et exclusions temporaires existent toujours mais sont plus rares.Si laplupart desprofesseursadhèrent,certainsrestent dubitatifs : «Grâceà cescommissionset cesentretiens, quelquesélèvessont remissur les rails mais tous n'ont pasconsciencede leur avenir ni durèglementet c'estchronophage»,souffle Nicole Dulac,professeuredelettres classiques.

«Nousnefaisonspasdemiracle,admet sanshésiter M.Laroumagne.Lesélèvesn'iront pas tousensecondegénérale,mais il n'y aurapas déjeunessansorientation à lafin del'année,ni d'élèvesdont onsesépareenmilieu descolaritéouquidisent que les adultes ne les ontjamais aidés.Avant la sanction,noustendonsla main.»U

ClaudiaCourtois

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Date : 01/06/2011Pays : FRANCEPage(s) : 12Rubrique : FranceDiffusion : (354316)

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PRESSE AUDIOVISUELLE

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Ref. Doc. : 2500-5358806-5

A : Service de presse / MINISTERE DE L'EDUCATION NATIONALE

Mot-Clé : EDUCATION

FRANCE INFO MODE DE VIE – Le 30/05/2011 – 16 :49 :04 ISABELLE CHAILLOU

Comme tous les lundis on parle de l’actualité de l’éducation, le ministère organise demain et après demain les journées de l’innovation pédagogique, on en parle avec votre invité, Emmanuel DAVIDENKOFF.

EMMANUEL DAVIDENKOFF Jean-Michel BLANQUER, bonjour.

JEAN-MICHEL BLANQUER Bonjour.

EMMANUEL DAVIDENKOFF Directeur général de l’enseignement scolaire, première journée de

l’innovation organisée par le ministère de l’Education nationale, elles interviennent dans un contexte de polémiques sur les suppressions de postes, notamment dans le primaire. Alors quel est le message que vous voulez passer en ce moment à l’opinion, c’est que si on travaille autrement on peut supprimer des postes ?

JEAN-MICHEL BLANQUER Le but n’est pas de passer un message, on est en fin d’année scolaire, il

est normal en fin d’année scolaire, un petit peu comme pour une fête de fin d’année, de montrer les innovations de l’année dans tout le pays, et de montrer qu’en fait en France, il y a beaucoup de créativités de la part du système scolaire et que cette créativité, il faut qu’elle se voit parce que parfois l’image de l’éducation nationale est celle d’un manque de réactivité, d’une certaine rigidité, alors qu’en réalité sur le terrain beaucoup de gens sont créatifs, innovent, inventent des solutions pour accomplir une mission qui elle est très éternelle, très traditionnelle, c'est-à-dire transmettre les savoirs et réussir cette transmission des savoirs. Mais cela passe par bien des manières et c’est intéressant d’échanger sur les bonnes pratiques et puis de tirer les choses vers le haut.

EMMANUEL DAVIDENKOFF Ce que vous dites également, c’est que la démarche d’innovation et

d’expérimentation, je vous cite, en tout cas je cite le document de présentation de ces journaux, n’est pas recherchée pour elle même mais pour l’efficacité qu’elle permet, à quoi vous la mesurez cette efficacité ? Uniquement aux résultats des élèves ou il y a d’autres critères ?

JEAN-MICHEL BLANQUER

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D’abord s’il y a une telle phrase, c’est d’abord pour dire que l’innovation, ce n’est pas un but en soi, c'est-à-dire qu’on n’est pas dans le « bougisme », ce n’est pas, on ne saute pas sur sa chaise en disant, innovation innovation comme si c’était la solution miracle pour l’éducation. Mais elle est un moyen, elle est un vecteur extraordinaire de fonctionnement du système et en réalité tous les systèmes éducatifs qui fonctionnent bien le font en reposant sur la capacité d’initiative de chacun des acteurs, il faut que chaque acteur, chaque professeur se sente en situation de pouvoir faire ce qui est bon pour ses élèves sans crainte des rigidités et ça s’évalue.

EMMANUEL DAVIDENKOFF Justement, voilà comment vous l’évaluez ? Vous dites ce qui est bon

pour les élèves, on évalue uniquement aux résultats des élèves parce que ça peut être un peu injuste, il y a des élèves plus difficiles à faire progresser que d’autres par exemple ?

JEAN-MICHEL BLANQUER Oui, mais d’où le fait que c’est un sujet complexe, un sujet subtil, mais

les résultats des élèves, c’est évidement la meilleure manière d’évaluer la façon dont les choses fonctionnent, mais chaque dispositif d’expérimentation est doté de son dispositif d’évaluation qui permet de tenir compte des éléments de contexte évidement.

EMMANUEL DAVIDENKOFF Alors ce qui est un progrès dans une certaine mesure mais, il y a deux

problèmes avec l’innovation bien connue de votre ministère, le premier effectivement c’est l’évaluation, le deuxième, c’est la généralisation. C'est-à-dire qu’une fois, certaine des innovations que vous présentez, alors certaines sont assez anciennes et d’autres s’inscrivent au fond dans des choses qui sont pas innovantes, dans des dispositifs qui ont été pensés, y compris au début du 20ème siècle. Et vous avez un plan maintenant pour généraliser ce qui marche ?

JEAN-MICHEL BLANQUER On peut dire qu’il y a un plan et ce plan, c’est de respecter la diversité.

C'est-à-dire, il n’y a pas un plan unique justement, c'est-à-dire qu’il n’y a pas un modèle unique. Par exemple il y a des innovations, des expérimentations qui n’ont pas vocation à être généralisées, c’est très bien ainsi.

EMMANUEL DAVIDENKOFF Par exemple ?

JEAN-MICHEL BLANQUER Eh bien il y a des choses ponctuelles qui se réalisent, par exemple une

des innovations qu’on montre, c’est un professeur qui est capable de valoriser le latin au travers du vocabulaire du marketing, c’est un exemple…

EMMANUEL DAVIDENKOFF On en avait parlé à ce micro, c’était vraiment des journées de

l’innovation pédagogique.

JEAN-MICHEL BLANQUER Très bien, c’est un exemple effectivement qui s’est trouvé là.

EMMANUEL DAVIDENKOFF Qui a été primé récemment.

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JEAN-MICHEL BLANQUER Qui est tout à fait intéressant, je ne sais pas si c’est généralisable, ni

même si c’est souhaitable. On a toute une série d’exemples, en revanche vous avez des choses qui sont généralisables et parfois qui ont été généralisées. Exemple la mallette des parents que l’on avait expérimenté d’abord surtout en Seine Saint Denis, qui consiste à accueillir les parents en début d’année dans des modules en classe de 6ème en particulier pour familiariser ces parents avec ce qui est attendu de l’école, avec les règles du jeu de l’école et qui a eu un effet très positif sur le comportement des élèves, leur présence. Eh bien on est passé de 50 établissements à 1 300 établissements parce que ça a fait ses preuves et je dirais que c’est toute la philosophie de l’expérimentation. C’est une philosophie presque scientifique, c'est-à-dire comme le mot expérimentation le suggère d’ailleurs.

EMMANUEL DAVIDENKOFF Vous préférez expérimentation à innovation finalement, non ?

JEAN-MICHEL BLANQUER Non, non, je ne préfère pas l’un à l’autre, je pense qu’il faut utiliser les

deux sans chercher à les opposer. Il faut favoriser la créativité, ça, ça passe par l’innovation. Favoriser l’esprit d’essai de tentative dans le système, nous le disons pour les élèves, mais c’est vrai aussi pour les adultes. En France on doit se reconnaitre davantage de droit à l’erreur, de droit à l’essai, de droit à tenter les choses et ça commence par l’école. Ca commence par nos élèves, et c’est vrai aussi bien entendu des enseignants qui doivent à la fois avoir un cadre très net sur lequel s’adosser. Et ça nous le donnons au travers des programmes, au travers du socle commun de connaissances et de compétences, et il faut aussi donner des marges de liberté de la capacité de création.

EMMANUEL DAVIDENKOFF Une dernière question Jean-Michel BLANQUER, je reviens à ma

première question, dans ces innovations, ces expérimentations qui seront présentées demain et après demain, il y en a une, elle marche formidablement, il faut mettre un peu plus de moyens, dans le contexte actuel, vous faites comment ?

JEAN-MICHEL BLANQUER On le fait, vous savez il y a bien des sujets sur lesquels contrairement à

parfois l’image répandue, l’Education nationale est capable de mettre plus de moyens quand il le faut. Nous essayons justement, c’est par exemple l’esprit de l’éducation prioritaire, c’est de donner plus à ceux qui ont besoin de plus. Donc les questions budgétaires ne sont pas des questions simplistes. Ce sont des questions justement de choix qui doivent être faits et où les questions qualitatives sont fondamentales. Quand vous réussissez par exemple à faire travailler davantage en équipe dans le système, ça ne coute pas un centime de plus.

EMMANUEL DAVIDENKOFF Et ça marche mieux à l’arrivée.

JEAN-MICHEL BLANQUER Ca marche mieux à l’arrivée.

EMMANUEL DAVIDENKOFF

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Allez des exemples comme celui-ci il y en aura plusieurs dizaines lors de cette première édition des journées de l’innovation. Jean-Michel BLANQUER, merci, vous êtes, je le rappelle, directeur général de l’enseignement scolaire au ministère de l’Education nationale et ce sont des journées, Isabelle, qui se tiennent les 31 mai et 1er juin à l’UNESCO. 16 :55 :05. FIN&

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A : Service de presse / MINISTERE DE L'EDUCATION NATIONALE

Mot-Clé : ENSEIGNANT

EUROPE 1 JOURNAL – Le 01/06/2011 – 07:07:11 GUILLAUME CAHOUR

Et ce regard nouveau sur l’enseignement. Une vingtaine de projets pédagogiques innovants sont actuellement présenté à l’UNESCO, à Paris.

ISABELLE MILLET Oui, c’est un salon un peu particulier organisé pour la première fois par

l’Education nationale. Objectif : mettre en valeur des idées originales, et surtout, si possible, utiles. Noémie SCHULZ a pu le visiter en exclusivité pour EUROPE 1.

NOEMIE SCHULZ C’est un peu comme si il faisait son marché. Jean-Michel BLANQUER,

le directeur des Affaires scolaires à l’Education nationale, découvre les projets les plus originaux. Ici, on lui présente du mobilier nouvelle génération, des chaises sur roulettes ultralégères et colorées, avec une tablette incorporée qu’on peut déplacer et regrouper très facilement.

JEAN-MICHEL BLANQUER, DIRECTEUR DES AFFAIRES SOCIALES – MINISTERE DE L’EDUCATION

NATIONALE L’enseignant pourra a tout moment proposer des activités différentes.

Donc, là, on peut se regrouper à quatre.

NOEMIE SCHULZ C’est quelque chose qui vous parle le fait que le mobilier qui est le

même depuis des années n’est plus forcément adapté ?

JEAN-MICHEL BLANQUER Souvent les professeurs savent bien faire travailler les élèves en petits

groupes. Il est important que le mobiliser soit adapté.

NOEMIE SCHULZ Un peu plus loin, une enseignante du Jura explique comment elle se sert

avec ses élèves du réseau social TWITTER pour traquer les fautes d’orthographe. Il y a aussi le projet du collège Jacques Prévert, à Mimizan, qui attire l’attention : les heures de colle y ont disparu. Stéphanie GALARET (phon) est la principale adjointe.

STEPHANIE GALARET, PRINCIPALE ADJOINTE COLLEGE JACQUES PREVERT (MIMIZAN) Il y a beaucoup de dialogue, c’est-à-dire que dès qu’il y a une difficulté

qui est décelée, l’élève est reçu, et ensuite si il y a une mesure qui prise, c’est une mesure plutôt de réparation. Ca peut être des travaux d’intérêt généraux, ça peut être aussi des demandes d’excuses orales ou écrites.

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NOEMIE SCHULZ Un exemple d’expérimentation qui a fait des émules. Un projet qui

associe les adultes à la vie du collège pour lutter contre l’absentéisme. D’abord testé dans cinquante établissements de Seine Saint Denis, il existe maintenant dans 1 300 collèges. 07:08:46 FIN^

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Ref. Doc. : 2500-5364758-9

A : Service de presse / MINISTERE DE L'EDUCATION NATIONALE

Mot-Clé : EDUCATION

FRANCE INFO L’HISTOIRE DU JOUR – Le 01/06/2011 – 07:24:38 OLIVIER EMOND

Vous nous emmenez ce matin dans un collège situé à Mimizan, dans les Landes. Un collège qui a décidé de bannir les heures de colle, et ça marche.

MARC FAUVELLE Oui, ça marche tellement bien que ça fait deux ans maintenant que les

530 élèves de ce collège Jacques Prévert expérimentent la vie sans punition ou presque, et qu’ils ne comptent pas s’arrêter là. Exit tout d’abord les fameuses heures de retenue. Jusqu’en 2009, 600 h de colle étaient distribuées chaque année dans ce collège. Le principal de l’établissement a vite fait ses calculs : il a d’abord supprimé les postes de surveillants qui étaient affectés aux heures de colle, et avec l’argent économisé il a ensuite négocié des postes d’assistants d’éducation. Trois fois par semaine, ils viennent donner des cours de soutien aux élèves en difficulté – des cours réservés aux volontaires plutôt que des colles. L’idée, on l’imagine, a fait bondir certains parents et certains profs, mais le principal a tenu bon. Dans le même esprit, il a ensuite demandé à son équipe de positiver davantage lorsqu’elle écrit aux parents dans le carnet de correspondance : les avertissements doivent être motivés et surtout ils doivent souligner les aspects positifs de l’élève. En clair, plutôt que d’écrire par exemple que l’élève Oliver EMOND est turbulent, qu’il n’écoute rien en classe…

OLIVIER EMOND …ça ne m’est jamais arrivé !

MARC FAUVELLE On dira plutôt qu’il s’intéresse à ce qui l’entoure, qu’il est très vif, peut-

être même un tout petit peu trop vif. L’idée c’est de ne pas braquer les parents, ni les enfants, et de leur montrer qu’ils ne sont pas comme vous, Olivier, condamnés à l’échec, surtout dans un établissement où un élève sur deux est issu d’une famille défavorisée. En échange de ces nouveaux droits, les collégiens ont également de nouveaux devoirs. Une page a été ajoutée dans le carnet de correspondance pour signaler si le travail demandé à la maison a bien été fait ou pas, avec signature obligatoire des profs et des parents. En cas de récidive, interdiction de quitter le collège à l’heure de la cloche, et jusqu’à ce que l’exercice soit terminé. Il n’y a pas eu de miracle en deux ans, pas de catastrophe non plus. Et cette recette landaise a tapé dans l’œil du ministre de l’Education nationale. Le collège Prévert vient de se voir récompensé lors des Journées de l’innovation qui se déroulent depuis hier au siège de l’UNESCO, à Paris.

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OLIVIER EMOND L’histoire du jour, signée de mon très bon camarade, Marc FAUVELLE.

07:26:35 FIN^

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AGENCE DE PRESSE

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Soazig Le Nevé Ligne directe: 01 53 10 09 71 Dépêche n°150986 Paris, Vendredi 3 juin 2011, 16:49:37

Journées de l'innovation : « L'enseignement débite des certitudes » au lieu d'apprendre « à affronter les incertitudes » (Edgar Morin) « Le fait même que la Dgesco organise ce colloque est en soi un événement. Cela montre que l'innovation est le moteur de la politique éducative que je mène (AEF n°148783). Il nous faut inventer ensemble l'avenir de l'école » avec des « expérimentations encadrées, terreau de l'innovation », déclare Luc Chatel, ministre de l'Éducation nationale, de la Jeunesse et de la Vie associative le 1er juin 2011, à l'occasion des premières Journées de l'innovation conçues par la Dgesco (1), au siège de l'Unesco à Paris. Luc Chatel indique que « 1 930 innovations et expérimentations sont actuellement lancées, soit quatre fois plus qu'en 2006-2007 ». « Le nombre d'expérimentations a augmenté de 200 % entre 2005 et 2010. » « Les expérimentations suscitent souvent des craintes. Gadgets pour les uns, elles entraînent une insécurité pratique, une inéquité sur le territoire [pour les autres] », poursuit Luc Chatel. Mais « depuis la loi du 23 avril 2005, avec l'article 34, l'expérimentation est prévue » dans les textes officiels. Le ministre évoque « une troisième révolution, celle de la personnalisation des enseignements », après « l'école laïque gratuite obligatoire » et « la massification du système éducatif ». « Pour permettre cette personnalisation, il faut être exemplaire en matière d'expérimentation », affirme-t-il, citant le programme "PARLER" qui concernera à la rentrée 150 classes dans quatre académies contre 44 classes aujourd'hui (AEF n°145275), l'EIST, étendu aux 400 collèges de l'éducation prioritaire (AEF n°146682), les ERS, dont le nombre passera de 11 à 20 en septembre 2011 (AEF n°148596), 'Cours le le matin, sport l'après-midi', avec 250 établissements à la rentrée (AEF n°150578), les internats d'excellence avec l'objectif d'offrir 20 000 places dans trois ans (AEF n°143491) et le programme Éclair, étendu aux écoles primaires (AEF n°149107). D'après Luc Chatel, « l'Éducation nationale s'est pleinement emparée de cette énergie créatrice ». ENSEIGNER LA COMPRÉHENSION D'AUTRUI Pour sa part, le sociologue Edgar Morin affirme que « toute situation de crise favorise l'innovation. Or c'est tout le système éducatif qui est en crise ». Il poursuit, citant « L'Émile ou De l'éducation », de Jean-Jacques Rousseau : « 'Je veux lui enseigner à vivre', dit le père. Je pense moi qu'il faut instituer un enseignement à affronter les incertitudes, car tout enfant va rencontrer des situations incertaines », expose le sociologue. « Or aujourd'hui, l'enseignement débite des certitudes. » Ensuite, « il faut enseigner la compréhension d'autrui, une chose si vitale mais nulle part enseignée. Il faut pratiquer l'auto-examen pour se connaître soi-même. » Edgar Morin note « un paradoxe par rapport à l'innovation » : « D'un côté, il est naturel qu'il y ait une résistance à l'innovation, à ce qui dérange. D'un autre côté, l'époque est marquée par 'la tradition du nouveau' car il faut faire du nouveau absolument, dans une frénésie d'innovations qui sont comme des bulles qui éclatent très rapidement. » Si « l'enseignement spécialisé des disciplines a fait la réussite de notre modèle éducatif français, les cloisons sont devenues des murailles et il n'y a plus de communication entre elles ». Aussi Edgar Morin s'interroge : « Ne faut-il pas rassembler les savoirs actuellement compartimentés ? » Le sociologue propose des « thèmes fondamentaux pour rassembler ces connaissances » : « réformer la formation sans détruire la compétence disciplinaire », « introduire la culture, aujourd'hui en miettes entre la culture scientifique qui ne produit pas de réflexivité sur sa connaissance et la culture humaniste qui réfléchit mais ne reçoit plus rien. » Cette « réforme profonde des structures mentales et professionnelles ne sera pas provoquée par un décret ministériel », précise Edgar Morin, car « ce n'est qu'à partir des expériences pilotes innovantes que progressera la nécessaire innovation créatrice dont a besoin notre enseignement ». « Pour enseigner, il faut de l'eros, de l'amour, disait Platon. Il faut donc penser des enseignements plus vivants, moins cloisonnés car cette séparation entraîne l'inhibition des élèves. Il faut obéir, réciter mais la question c'est aussi de faire découvrir », poursuit Edgar Morin. Pour Jean-Michel Blanquer, Dgesco, « la bonne méthode, c'est celle de l'innovation par le terrain, pour créer des avant-gardes qui elles-mêmes peuvent devenir contagieuses ». Et « le mot clé, c'est 'décloisonnement', pour que tous les milieux communiquent entre eux à l'échelle de la classe, du département, de l'académie, du pays mais

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aussi à l'échelle internationale ». En matière de lutte contre le décrochage, le Dgesco estime avoir « parfois envie d'imiter des choses qui paraissent fonctionner à l'étranger ». Et « vice-versa, nos internats d'excellence semblent intéresser un certain nombre de pays européens », assure Jean-Michel Blanquer. INNOVER : UN ACTE PÉDAGOGIQUE Claudie Haigneré, présidente d'Universcience, voit dans la discipline « l'apprentissage d'un alphabet ». « Peut-être parfois ne montre-t-on pas assez aux élèves que cet alphabet sert aussi à construire des phrases. » D'après l'ancienne ministre déléguée à la Recherche et aux Nouvelles technologies de 2002 à 2004, « innover est un acte pédagogique en soi ». « L'élève comprend qu'il y a peut-être d'autres façons d'apprendre. » Au-delà des enseignants, « l'innovation peut venir des enfants eux-mêmes », ajoute Claudie Haigneré, citant le cas d'élèves ayant souhaité réduire la durée des cours de 55 à 45 minutes. « Ils ont décidé d'occuper les dix minutes de temps ainsi gagné pour des initiatives, de la lecture, des projets coopératifs. C'est une idée qui est venue d'eux, pas de l'encadrement ». Aussi faut-il voir dans les élèves « des acteurs, des partenaires, force d'initiative, d'autonomie et d'innovation ». « Dans une entreprise, l'innovation vient de l'expérimentation. Elle est le fait de petites équipes », témoigne Michel Pébereau, président de la BNP Paribas, pour qui « la priorité des priorités est de concentrer le travail d'innovation pédagogique pendant quelques années sur le décrochage scolaire ». « 20 % de chaque génération sortent du système éducatif sans maîtriser les fondamentaux de mathématiques et de français. Ils se retrouvent dans les entreprises qui ne savent pas traiter ce problème », regrette-t-il (AEF n°146984). DES EXPÉRIMENTATIONS EUROPÉENNES ? « Jamais l'éducation n'a été placée aussi haut dans l'agenda européen, alors que cela n'était pas évident », rapporte Pierre Mairesse, directeur de l'éducation et de la formation tout au long de la vie à la direction générale éducation et culture de la Commission européenne. « Il y a eu Erasmus, Bologne, aujourd'hui le socle commun et on parle aussi de la maternelle (AEF n°145660)… » Deux questions sont posées en priorité à la Commission européenne : « la mobilité » des élèves et « le décrochage scolaire » (AEF n°148789). Et « la grande question est de savoir si un jour nous lancerons des expérimentations à l'échelle européenne », relève Pierre Mairesse. Interrogé par Jean-Michel Blanquer sur les « leviers d'action à mobiliser pour favoriser l'innovation », Michel Pébereau propose de « donner une autonomie réelle aux établissements ». Claudie Haigneré, pour sa part, estime qu'il doit y avoir « un devoir d'innovation » et que « l'évaluation des enseignants doit reconnaître les capacités à innover ». Quant à Pierre Mairesse, il souhaite « passer d'une priorité de grande politique européenne à un ensemble de réalisations concrètes sur une décennie ».

(1) Un appel à candidatures, lancé dans les académies en mars dernier, a permis de sélectionner une vingtaine d'actions innovantes qui « témoignent du dynamisme des enseignants et de la diversité des pratiques », d'après le ministère de l'Éducation nationale. Présentées par leurs équipes pédagogiques à l'occasion des Journées de l'innovation, « ces expériences apportent un nouvel éclairage sur des approches inédites, toutes au service des apprentissages : lutte contre le décrochage scolaire, personnalisation des parcours, créativité des élèves et esprit d'entreprise, vivre ensemble, maîtrise des langues vivantes et anciennes, médiation culturelle et intergénérationnelle, éducation au développement durable, utilisation des nouvelles technologies (réseaux sociaux, logiciels de visioconférence…) ». Les Journées de l'innovation sont organisées par la Direction générale de l'enseignement scolaire en coopération avec la Commission nationale française pour l'Unesco et avec le concours de la direction de la jeunesse, de l'éducation populaire et de la vie associative - Fonds d'expérimentations pour la Jeunesse. La Fondation Total, Microsoft, Universcience, lesite.tv, la Fondation C.Génial soutiennent cette manifestation.

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Dimanche 22 Mai 2011

Quand les enseignants innovent Le quatrième Forum des enseignants innovants a rassemblé les vendredi 20 et samedi 21 mai 2011 une centaine de participants pour un peu plus de 90 projets présentés. Organisé par le site Internet Le Café pédagogique, soutenu par le ministère de l'éducation nationale et des dizaines d'organisations partenaires, ce Forum réunit des enseignants français du primaire et du secondaire, sélectionnés sur projet. Une cérémonie de remise des prix aux projets sélectionnés par le jury devait avoir lieu samedi en début de soirée. Certains de ces projets devraient aussi être invités aux premières Journées de l'innovation, organisées à la fin du mois de mai par la Direction générale de l'enseignement scolaire : une initiative témoignant du fait que la pédagogie bénéficierait en haut lieu d'un regain de considération. L'objectif du Forum reste avant tout de " mettre en réseau " les participants et de les " regonfler " moralement pour leur retour dans leur établissement, souligne François Jarraud, rédacteur en chef du Café pédagogique. Extrêmement divers, les projets font souvent appel aux nouvelles technologies mais sans que cela tourne à l'obligation et en s'efforçant, comme le montrent les quelques exemples suivants, de ne pas perdre de vue les objectifs de transmission des connaissances. "Un lycée en Avignon" Son projet s'appelle "Un lycée en Avignon". Mais Serge Court, professeur d'éducation physique et sportive depuis 30 ans, enseigne au lycée Eugène-Livet à Nantes. Depuis 2008, il se rend pendant deux semaines au festival d'Avignon avec un groupe de 15 à 20 élèves. Ce n'est pas seulement pour se plonger dans un bain culturel, même si cet aspect importe aussi : c'est, chaque fois sur une thématique donnée, pour accomplir la dernière phase d'une activité artistique étalée sur toute l'année scolaire. Le thème choisi pour l'été 2011 —"les crieurs de rue "— sera complété par un travail de reportages sonores ayant pour point de départ les affiches des spectacles. En 2010, c'était l'art de la " déambulation urbaine ", avec une fanfare, des marionnettes géantes animées de l'intérieur et des numéros de circassiens. "Travailler les déplacements, se rappelle-t-il, a été très compliqué. La rue, la foule, les réactions du public sont des paramètres difficiles à maîtriser." Mais le plus impressionnant a été une création présentée en 2008 en finale d'un travail consacré aux arts du cirque. Une pièce intitulée Piccolo Salto, adaptation en plein air d'une représentation jouée l'année précédente dans le lycée nantais : chorégraphies, jongleries, trapèze, acrobaties…

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On peut apprécier le niveau atteint par les élèves, à raison de quatre à cinq heures par semaine de préparation, bien au-delà du traditionnel "spectacle de fin d'année". Il faut dire que Serge Court a une qualification de formateur délivrée par le Centre national des arts du cirque. Ses élèves se hissent à un niveau d'exigence rarement présent dans un cadre scolaire. Et lui, le prof, en est tout rayonnant. "Apprendre à lire avec Twitter" "Apprendre à lire avec Twitter" : voilà un projet qui attire l'attention des médias mais a de quoi horrifier les tenants de la tradition. Pourtant, tel n'est nullement le but de Jean-Roch Masson, 34 ans, professeur des écoles depuis septembre 2000 à Dunkerque. Le déclic est venu de sa propre familiarité avec ce type d'outil et d'une petite expérience de micro-blog menée en 2007 dans sa classe de CP. Un an plus tard, il apprend que certains enseignants ont fait de même lors de voyages scolaires. Il écrit un projet, puis saute le pas en novembre 2010. "Ce qui m'a convaincu, ce sont les 140 caractères maximum des messages. Une longueur idéale. Mon objectif est que les enfants triturent le code pour en tirer du sens". Depuis, ses élèves de CP envoient et reçoivent des messages sur le compte Twitter de leur classe. Pas de menace sur l'apprentissage de la graphie : les tweets ne sont jamais écrits directement au clavier mais d'abord sur un cahier individuel. Pas d'alarme non plus sur l'orthographe : le professeur est très vigilant sur ce point. "En fait, parallèlement à cela, j'ai un travail très classique". Il se répète souvent le conseil de son inspecteur : " ne pas faire passer l'outil avant l'apprentissage ". Pragmatique, se jugeant étranger en dehors des querelles sur les méthodes de lecture, il assure que son recours à Twitter est comparable à ce que faisait le pédagogue Célestin Freinet avec sa célèbre imprimerie scolaire : faire écrire. "L'élève n'écrit plus pour l'enseignant mais pour être vraiment lu et avoir une réponse." Il pointe néanmoins deux immenses différences avec l'époque de Freinet : l'instantanéité de la réception des messages et leur extrême visibilité. Ce qui le conduit à faire énormément travailler les règles : droit, usage, politesse, orthographe… La première règle instaurée étant que toute présence d'un élève sur Twitter est accompagnée par un adulte. Par ailleurs, tous les enfants travaillent en binôme et dans une logique d'entraide. Tout cela ne va pas sans questions, auxquelles Jean-Roch Masson réfléchit ouvertement sur son blog. "Utiliser un monde virtuel dans un dispositif d'apprentissage" Féru de nouvelles technologies depuis que l'expression existe, Jean-Paul Moiraud, professeur de gestion, enseigne à Lyon, au lycée Lamartinière-Diderot. Son projet s'intitule "Utiliser un monde virtuel dans un dispositif d'apprentissage". Ses étudiantes – "j'ai un étudiant tous les dix ans", dit-il - suivent un cursus de quatre ans après le bac, pour obtenir un diplôme supérieur d'arts appliqués (DSAA) de créateur de mode. La mode, explique-t-il, est un métier extrêmement mondialisé où conception et production se font de plus en plus à distance. D'autre part, il lui est très difficile de faire venir physiquement des créateurs pour participer aux enseignements. C'est pourquoi il a recours à un univers virtuel où chaque personne apparaît sous les traits d'un "avatar",

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évoluant dans un environnement de synthèse. Le professeur ne reconstitue pas de toutes pièces une société parallèle, comme avec le logiciel Second Life, connu du grand public. Une fois par mois, avec une application en ligne dénommée Assemblive et destinée à des usages professionnels, il organise une conférence virtuelle : tous les participants, ou plutôt leurs avatars, s'installent sur des sièges virtuels dans un auditorium virtuel où intervient un professionnel invité. Tout est faux, puisque personne n'est physiquement réuni, et tout est vrai puisque tous sont, à distance, présents sous leur véritable identité, le vrai conférencier répondant à de vraies questions de vraies étudiantes. C'est un mode d'enseignement qui, sur le plan mondial, émerge à peine. En France, ce professeur a été le premier à utiliser, à partir de 2009, ce type d'application, qu'il a aussi contribué à propager. L'école supérieure de l'Education nationale (ESEN) l'utilise désormais pour des formations à distance, ainsi que l'université Jean-Moulin Lyon 3. Pour les étudiantes en mode, ces conférences sont un élément d'un dispositif plus large où, pendant deux ans, elles simulent la création d'un cabinet de design. Pour autant, Jean-Paul Moiraud ne pense pas que le numérique va remplacer les professeurs, ni même qu'il permettrait de faire des économies : ce type de dispositif réclame une maîtrise technique qui ne va pas de soi, beaucoup de préparation et, dans l'idéal, des fonctions annexes à celle de l'enseignant. "Artssoniques" Voilà un projet pédagogique qui sonne comme le nom d'un groupe de rock. Son objectif : intégrer dès le collège le son comme un matériau à part entière dans les programmes et l'enseignement des arts plastiques. L'idée a germé, fin 2009, dans l'esprit de Jean-Baptiste Prévot, professeur d'histoire-géographie, et de Frédéric Mathevet, docteur en arts plastiques, tous deux enseignants au collège Anceau de Garlande, à Roissy-en-Brie (77). Ils l'ont concrétisé moins d'un an plus tard : "Depuis septembre, nous questionnons chaque mois notre environnement en demandant à nos élèves de 4e d'y apporter une réponse sonore par la création artistique", explique Jean-Baptiste Prévot. Sept questions ont émergé au fil des mois, propulsant l'art dans les préoccupations quotidiennes des collégiens : "Le son est-il un matériau plastique comme les autres ?" ; "Le plasticien, un gymnaste ?" ; "Les sons et les images qui nous entourent sont-ils innocents ?" ; "Les petits riens de la vie quotidienne sont-ils compatibles avec l'art ?" ; "L'art, une brève histoire du temps ?" ; "L'art peut-il explorer l'intime ?" ; "Art et résistance, même combat ?". A ces interrogations, les adolescents ont apporté leurs réponses sous forme de photographies, dessins, gouaches, collages, installations vidéos, performances… "en intégrant assez naturellement la contrainte sonore", soutient jean-Baptiste Prévot. L'originalité de la démarche est de placer les élèves dans la posture du chercheur. "Progressivement, ils se sont mis à percevoir leur environnement sonore autrement, comme les bruits du RER à deux pas du collège, qu'ils n'entendaient pas – ou plus", souligne-t-il. "Ils ont entamé une réflexion sur cet environnement et adopté une posture critique ", raconte le jeune enseignant, qui est par ailleurs président de Radio Campus Paris. C'est sur les ondes de cette radio associative (93,9 FM) que les adolescents les plus motivés ont été invités à diffuser, chaque mois, leur création. "Ces émissions ont été le laboratoire artistique des élèves. Elles les ont amenés à se dépasser, à prendre la parole devant des professionnels. Mais elles ne visaient pas à satisfaire les oreilles des adultes : elles appartenaient aux jeunes, et ils en ont été les acteurs à part entière."

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Des acteurs fiers de partager leurs œuvres par-delà des murs de leur établissement. Elèves, parents et enseignants du collège ont été séduits par le projet (ils projettent l'an prochain d'animer une radio toutes disciplines confondues), qui s'est concrétisé sous diverses formes : une exposition, un DVD, un site Internet, un livre-catalogue. Ce dernier se clôt sur une huitième question : "A quoi sert l'enseignement artistique ?" Réponse des auteurs et animateurs d'Artssoniques : "Un cours d'indocilité." "Bubul et les accidents domestiques, Bubul et le tram…" Bubul : ce petit bonhomme en pâte à modeler est l'outil qui a permis à Monique Argoualc'h de redonner le goût d'apprendre à des adolescents au bord de la rupture scolaire. Des jeunes encore en âge d'être au collège mais qui le fuient ; des "décrocheurs", dit-on parfois. Pour les "raccrocher" à l'école, cette professeure en classes relais au collège rive droite de Brest (Finistère) expérimente depuis 2008 la création de films d'animation. "Ces jeunes ont une relation conflictuelle avec l'école, mais ce qui ressort surtout, au premier contact, c'est leur déficit d'estime de soi", explique-t-elle. "Un film, un DVD, c'est une trace matérielle, tangible, de leurs efforts. C'est valorisant." Il y a trois ans, Monique Argoualc'h a commencé à amené les quatre à cinq adolescents qu'elle encadre trois demi-journées par semaine à la rencontre d'élèves de maternelle. C'est avec ces petits, "pour leur être utiles", qu'ils ont inventé Bubul, un personnage coloré, un brun naïf, mais à la mission très sérieuse : prévenir les accidents domestiques. "Les maternelles l'ont dessiné, mes élèves lui ont donné corps", avec l'aide d'une plasticienne. Création des décors, écriture des dialogues, conception de la bande-son, tournage… : les jeunes ont franchi toutes les étapes pour faire de Bubul un film de 9 minutes. Et un succès : il a été applaudi par les parents, évoqué dans la presse locale, reconnu comme un outil de prévention. L'enseignante a renouvelé l'essai cette année. Bubul, désormais en pâte polymère —"c'est plus solide "—, doit prendre le tramway en cours d'aménagement à Brest. "Comme en 2008, mes élèves sont allés recueillir les impressions des plus petits sur ce nouveau mode de transport." – "Quelle distance parcourt-il ?" ; "Est-il bruyant ?" ; "Confortable ?" ; "Dangereux ?"… La nouveauté : les adolescents s'expriment sur Internet. Ce sont même eux, d'ailleurs, qui ont initié l'enseignante de maternelle à Twitter ! "A ma grande surprise, je me suis aperçue qu'ils twittaient de chez eux. Pour des jeunes qui n'ouvrent plus, depuis longtemps, leur cartable à la maison, c'est une vraie victoire !" L'autre victoire, qu'ils ignorent encore, est que leur film devrait être intégré à la campagne de communication officielle du tramway brestois. Une reconnaissance institutionnelle qu'ils n'ont que rarement éprouvée. Des ateliers de réflexion sur la condition humaine Philosopher dès le collège : c'est ce à quoi s'emploie Michèle Sillam, professeure de mathématiques à la retraite. Deux fois par semaine, elle refait le chemin qu'elle a emprunté durant quinze ans : direction l'établissement Balzac, porte de Clichy (Paris-17e), ses 1 600 élèves de la 6e à l'après-bac, 960 rien qu'au collège. Des jeunes "divisés en deux galaxies", explique-t-elle. "D'un côté, les effectifs des classes dites générales, de l'autre, ceux qu'on surnomme les 'internationaux', des adolescents à qui l'on enseigne dans leur langue maternelle, qui n'est pas le français, des enfants de diplomates par exemple." Pour faire le lien entre ces deux communautés, la

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cour de récréation… et les ateliers qu'elle anime au CDI sur l'heure méridienne – de midi à 13 heures. Un élève le lui a confirmé : "Ce n'est pas souvent qu'on échange nos idées, nous les internationaux, avec les élèves des classes générales, puisqu'on n'est pas dans les mêmes classes. Ca nous apprend à mieux nous connaître." Michèle Sillam initie des groupes de 15 élèves à la philosophie, ou plutôt à " une " philosophie : les ateliers de réflexion sur la condition humaine (ARCH) définis par le psychanalyste Jacques Lévine (1923-2008) – "un ami", précise-t-elle. L'approche, qu'elle détaille sur son blog, est très ritualisée. Aux jeunes disposés en cercle, elle commence par annoncer : "On va faire de la philosophie." Puis elle leur pose toujours la même question : "Qu'est-ce que ça veut dire, faire de la philosophie ?" Et eux avancent, toujours, la même réponse : "Réfléchir sur des questions que se posent les hommes depuis tout le temps." Après leur avoir proposé une notion - "croire", "la vie", "être riche", "grandir"… - elle se met en retrait, en dehors du cercle, et garde le silence : "Un façon de dire à l'élève qu'on lui reconnaît un statut d'équivalent, qu'il est capable de penser sans l'enseignant." Avant de parler, les participants doivent se saisir du "bâton de parole", qu'ils s'échangent, se transmettent – "Une manière d'attirer leur attention sur le groupe, de prendre conscience du collectif." Après dix minutes de discussion, entre jeunes exclusivement, Michèle Sillam reprend la parole pour clore l'atelier. La semaine dernière, elle a posé aux élèves une ultime question : "Qu'est ce qui vous plaît ?" Une réponse l'a particulièrement touchée : "C'est assez bizarre, c'est comme si avec un seau on allait prendre de l'eau, au fond d'un puits, mais là, on va chercher quelque chose au fond de soi." LE MONDE pour Le Monde.fr Mattea Battaglia et Luc Cédelle

Tous droits réservés : Le Monde.fr

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Mathieu Oui 30.05.11

Bénédicte Robert (Dgesco) : «L’innovation est une compétence désormais intégrée au métier d’enseignant »

Les premières Journées de l’innovation, organisées par le ministère de l’Education nationale et l’UNESCO se déroulent à Paris les 31 mai et 1er juin 2011 autour de tables-rondes, conférences et exposition de projets innovants. Bénédicte Robert, chef du département recherche-développement, innovation et expérimentation à la DGESCO en explique les enjeux.

A qui s’adressent ces Journées ? Elles s’adressent aux correspondants académiques à l’innovation, aux établissements scolaires et à l’ensemble des acteurs du système éducatif. L’innovation n’est pas le fait d’une personne en particulier mais c’est une compétence désormais intégrée au métier de l’enseignant. Dans le référentiel métier, il y ainsi la compétence «se former et innover » qui doit être largement partagée par l’ensemble des acteurs.

Entre les économies réalisées sur les postes et la réforme de la formation des maîtres d’un côté et cette promotion de l’innovation de l’autre, le ministère ne fait-il pas le grand écart ? Cela ne me paraît pas complètement contradictoire dans la mesure où quand on travaille sur l’expérimentation, il n’y a pas de moyens supplémentaires engagés. Il s’agit plutôt de travailler sur la modification des pratiques et les collaborations externes et internes. Certaines expérimentations font même faire des économies. Par exemple, un chef d’établissement a réduit chaque heure de cours de dix minutes pour dégager, sur la semaine, trois heures qui sont consacrées à un atelier projet.

Quelles sont les nouvelles tendances en matière d’innovations pédagogiques ?

L’accent sera mis sur la psychologie cognitive, et la façon dont on entre en apprentissage qu’on ait six ans ou cinquante ans. L’une des tables–rondes est consacrée à l’expérimentation systémique. Il s’agit d’aborder l’innovation dans une dynamique collective, à l’échelle d’un établissement tout entier et non d’un enseignant ou d’une classe en particulier. C’est le cas par exemple des "lycées Sciences-po" [conventions ZEP] où tous les enseignants de seconde se sont mobilisés pour réfléchir à un tutorat généralisé ou à la question de la notation. Pouvez-vous nous donner quelques exemples de projets innovants présentés pendant ces deux jours ? Ils sont très variés. Cela va de projets intergénérationnels entre des établissements parisiens et des maisons de retraite à des projets d’éducation au développement durable en passant par la sensibilisation des collégiens à la micro-entreprise de fabrication de vélo. Autre exemple : le collège Georges Rouault à Paris a mis en place une aide aux devoirs en ligne (ADEL) qui permet à un élève de se connecter de chez lui à une plate-forme virtuelle et d’échanger en tchat ou visio-conférence avec un enseignant.

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Des projets pour repenser l’école Par Europe1.fr avec Noémie Schulz

Publié le 1 juin 2011 à 00h39 Mis à jour le 1 juin 2011 à 07h06

20 projets pédagogiques jugés comme étant les plus innovants ont été présentés par des enseignants de toute la France, © MAXPPP

Des enseignants de toute la France proposent de donner un nouveau visage à l’école.

Le ministre de l’Education nationale, Luc Chatel, clôture mercredi la première édition des Journées de l'innovation organisées par le ministère à l'Unesco à Paris. L’occasion de présenter 20 projets pédagogiques les plus innovants lancés par des enseignants de toute la France. Europe 1 a pu visiter en exclusivité ce salon de l'innovation.

Du mobilier "nouvelle génération"

Les Journées de l’innovation réunissent les acteurs des expérimentations, de la recherche et de l'évaluation. L’occasion pour Jean-Michel Blanquer, directeur des affaires scolaires à l'Education nationale, "de faire son marché" et de découvrir les projets les plus originaux. Celui-ci a ainsi pu être sensibilisé à du mobilier "nouvelle génération", autrement dit des tables ultra-légères, colorées avec des chaises incorporées, qu'on peut déplacer et regrouper très facilement. "Souvent les professeurs savent bien faire travailler les élèves en petits groupes. Il est important que le mobilier soit adapté", a confié Jean-Michel Blanquer.

Twitter, au service de l’orthographe ?

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Une enseignante du Jura a fait sensation en expliquant comment elle se sert avec ses élèves du réseau social Twitter pour traquer les fautes d'orthographe. Un autre projet a attiré l’attention. Celui du collège Jacques Prévert, qui propose tout simplement d’en finir avec les heures de colle. "Il y a beaucoup de dialogue. Dès qu’il y a une difficulté décelée, l’élève est reçu. Une mesure de réparation est ensuite prise tels que des travaux d’intérêts généraux ou des demandes d’excuses orales ou écrites", a expliqué au micro d’Europe 1 Stéphanie Gallaret, la principale adjointe de l’établissement.

D’autres expérimentations ont fait sensation. C’est le cas de ce projet qui associe les adultes à la vie du collège pour lutter contre l'absentéisme. D'abord testé dans 50 établissements de Seine Saint-Denis, ce projet existe maintenant dans 1.300 collèges.

Des idées qui inspireront peut-être le ministre de l'Education nationale.

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LE FAIT DU JOUR

Journées de l'innovation : Le retour de l'innovation fêté par le ministère

Donnons raison à Luc Chatel : "le fait même que l'éducation nationale

organise ce colloque est un événement" a-t-il déclaré en clôturant les

Journées de l'innovation. Chassée du ministère depuis la démission du

Conseil national de l'innovation pour la réussite scolaire en 2002,

l'innovation était à la fête mercredi 1er juin. On retiendra de cette

journée les sourires des enseignants innovants invités, le fort

encouragement donné par l'institution à l'innovation et la maigreur des

annonces. Mais c'est normal : l'innovation rue de Grenelle, justement,

c'est tout nouveau.

Les sourires des enseignants innovants. Quand le ministère organise des Journées de l'innovation , il les

conçoit à sa façon. Dans un lieu prestigieux, l'Unesco. Mais avec deux espaces nettement séparés par un no

man's land. D'un coté les officiels, le colloque , la tribune ministérielle. De l'autre, les enseignants innovants.

D'un coté l'Innovation. De l'autre l'innovation pédagogique. Mais ne boudons pas notre plaisir. Reconnaissons

que le ministre est venu saluer la vingtaine de projets pédagogiques innovants invités aux Journées. Une

bonne partie d'entre eux sont bien connus de nos lecteurs qui les ont découverts lors des Forums des

enseignants innovants que le Café organise chaque année. Robert Delord, Amandine Terrier et Bertrand

Formet, représentaient les deux grands prix du Forum de Lyon, décernés le 21 mai 2011. Face à eux l'équipe

de l'Adel, récompensée l'an dernier à Dax. A coté il y a celle de "la gastronomie moléculaire", un autre projet

présenté à Lyon, ou encore Damien Lebègue, pour Sokletis, que nous avions tant admiré à Roubaix. Le

ministère avait encore invité une équipe du micro-lycée de Sénart pour sa lutte contre le décrochage, le

collège Jean Zay de Bondy qui présentait sa "sixième viaduc", un dispositif qui facilite le passage de l'école au

collège, le projet intergénérationnel d'un réseau d'écoles de Paris, le collège Jacques Prévert de Mimizan qui

veut être "un collège sans punition" et encore d'autres projets parfois illustrant les dispositifs officiels.

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Journées de l'innovation : Le retour de l'innovation fêté par le ministère

Par François Jarraud

Donnons raison à Luc Chatel : "le fait même que l'éducation nationale organise ce colloque est un

événement" a-t-il déclaré en clôturant les Journées de l'innovation. Chassée du ministère depuis la

démission du Conseil national de l'innovation pour la réussite scolaire en 2002, l'innovation était à

la fête mercredi 1er juin. On retiendra de cette journée les sourires des enseignants innovants

invités, le fort encouragement donné par l'institution à l'innovation et la maigreur des annonces.

Mais c'est normal : l'innovation rue de Grenelle, justement, c'est tout nouveau.

Les sourires des enseignants innovants. Quand

le ministère organise des Journées de l'innovation , il

les conçoit à sa façon. Dans un lieu prestigieux,

l'Unesco. Mais avec deux espaces nettement séparés

par un no man's land. D'un coté les officiels, le

colloque , la tribune ministérielle. De l'autre, les

enseignants innovants. D'un coté l'Innovation. De

l'autre l'innovation pédagogique. Mais ne boudons

pas notre plaisir. Reconnaissons que le ministre est

venu saluer la vingtaine de projets pédagogiques

innovants invités aux Journées. Une bonne partie

d'entre eux sont bien connus de nos lecteurs qui les

ont découverts lors des Forums des enseignants

innovants que le Café organise chaque année. Robert Delord, Amandine Terrier et Bertrand Formet,

représentaient les deux grands prix du Forum de Lyon, décernés le 21 mai 2011. Face à eux l'équipe de l'Adel,

récompensée l'an dernier à Dax. A coté il y a celle de "la gastronomie moléculaire", un autre projet présenté à

Lyon, ou encore Damien Lebègue, pour Sokletis, que nous avions tant admiré à Roubaix. Le ministère avait

encore invité une équipe du micro-lycée de Sénart pour sa lutte contre le décrochage, le collège Jean Zay de

Bondy qui présentait sa "sixième viaduc", un dispositif qui facilite le passage de l'école au collège, le projet

intergénérationnel d'un réseau d'écoles de Paris, le collège Jacques Prévert de Mimizan qui veut être "un

collège sans punition" et encore d'autres projets parfois illustrant les dispositifs officiels.

Un fort soutien institutionnel. "L'innovation est le moteur de la politique

éducative que je mène à la tête de ce ministère". Luc Chatel a conclu les

Journées comme Jean-Michel Blanquer, directeur général de l'enseignement

scolaire, les avait ouvertes. "Le ministère s'engage pleinement dans l'innovation"

a-t-il lancé en inaugurant le colloque. "Grâce à l'innovation on doit dépasser les

querelles anciennes entre traditionnels et modernistes pour faire comprendre

l'enjeu : que tous les élèves bénéficient de la transmission du savoir dans une

exigence d'égalité". JM Blanquer s'est adressé de façon non équivoque aux

enseignants. "Le message de l'institution est clair : innovez, proposez, faites

preuve de créativité". Il a souligné les progrès des innovations estimant qu'il est

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"important que la politique publique soit mieux fondée sur les sciences" et relevant que le nombre

d'expérimentations avait été multiplié par quatre depuis 2006. Le ministère recenserait 1930 innovations.

Luc Chatel a appelé lui aussi "à faire passer le message aux enseignants qui eux-mêmes sont des

innovateurs", reconnaissant que "ce terreau est trop souvent frappé de suspicion". Il a souligné le fait que

l'innovation serait le thème du rapport annuel que le Haut Conseil de l'Education remettrait à la rentrée 2011.

Des annonces trop modestes. Luc Chatel a annoncé l'extension de plusieurs

dispositifs officiels. C'est le cas du programme PARLER de prévention de

l'illettrisme : il devrait passer de 44 à 150 classes. L'enseignement intégré des

sciences et de la technologie en 6ème et 5ème est étendu à 400 collèges. Les

ERS, présentés par le ministre comme des dispositifs de réinsertion scolaire,

devraient passer de 11 à 20, pour 400 élèves (il y a entre 100 000 et 150 000

décrocheurs chaque année !). Pour Luc Chatel le dispositif "cours le matin sport

l'après-midi" est aussi innovant et devrait toucher 250 établissements. Le

ministre a aussi mentionné le dispositif Eclair. Rien de tout cela n'est à l'échelle

des besoins du système éducatif.

Recherche et innovation. Il revenait à Jean-Louis Durpaire, inspecteur général,

d'animer une table ronde où siégeaient François Taddei, directeur de recherche

de l'Inserm, Stephan Vincent-Lancrin, CERI OCDE, François de Jouvenel de

Futuribles et Marie Richard, maire de La Ferté-sous-Jouarre. Il leur a demandé

quel changement leur semblait le plus important à réaliser dans l'éducation

nationale : changer le statut de l'erreur, a répondu F Taddei. Supprimer la

moyenne , a proposé S Vincent-Lancrin. Libérer els enseignnats de terrain a

proposé F de Jouvenel.

Quand l'établissement expérimente. La seconde table ronde, animée par

Bénédicte Robert, chef du département recherche-développement, innovation

et expérimentation (DGESCO) et organisatrice des Journées, a associé des

chefs d'établissement, des financeurs de projets (Total représenté par

Catherine Ferrant et le Fonds d'expérimentation pour la jeunesse avec Yann

Dyèvre) et un chercheur, Jean-Marie de Ketele. JM de Ketele a pu montrer les

conditions de l'expérimentation : avoir le soutien de sa hiérarchie, être

soutenu de l'extérieur de l'établissement, être associé à une recherche,

pratiquer la pédagogie d eprojet et croire en l'éducabilité des élèves. C'est une

valeur que n'aurait pas renié Laurent Luchini, principal du collège Belle-de-Mai

à Marseille qui a montré l'importance de la confiance à l'intérieur de

l'établissement. Dominique Schnitzler, proviseur du lycée Felix Mayer à Creutzwald, a remarquablement

montré comment la pédagogie de projet peut donner du sens à la réforme du lycée. Suivi par une équipe

universitaire, soutenu par Total, le projet de l'établissement s'est traduit au bout de 4 ans par une belle

moisson au bac. On savait que les écoles innovantes Freinet , évaluées dans le Nord par Y Reuter, étaient

efficaces. La démonstration est faite à Creutzwald également.

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Le numérique et l'innovation. Animée par Gilles Braun, expert Dgesco,

illustrée par le cours de Jackie Pouzin, la table ronde a donné la parole à Michel

Hagnerelle , inspection générale, et Pierre Moeglin (Paris 13).Celui-ci a surtout

souligné les obstacles que rencontre le numérique pour s'installer à l'école. Pour

lui, "à l'échelle de l'enseignant dans sa classe, les progrès du numérique sont

insensibles, alors qu'à l'échelle de l'établissement il y a une grande différence".

Le numérique poserait des questions difficiles à l'école. "Comment demander aux

enseignants de prolonger la pédagogie hors de la classe sans redéfinir leur

rémunération ? Comment attendre des apprenants de nouvelles manières

d'apprendre si les référentiels et les examens demeurent inchangés ?" C'est un

changement de paradigme qu'a illustré Michel Hagnerelle, chargé de mission sur

l'expérimentation du manuel numérique. Pour lui le manuel numérique pose la

question de ce qu'est un manuel (numérisé ? interactif ? enrichi ?), de son usage (pour qui est-il fait : pour

l'élève ou le professeur ?) , de son modèle économique, de sa diffusion (le manuel est lié à son accès par

l'ENT).

Le banquier et le philosophe. Drôle d'atmosphère lors de la dernière table

ronde qui accueillait les hôtes les plus prestigieux. A coté de Pierre Mairesse,

directeur de l'éducation à la Commission européenne, de Claudie Haigneré,

présidente d'Universcience, Jean-Michel Blanquer devait arbitrer entre Edgar

Morin et Michel Pébereau, pas seulement président de la BNP et membre du HCE

mais aussi très proche du pouvoir. Pour ce dernier , l'innovation "clé du

développement " de l'Europe doit affronter la

question des sorties sans qualification (environ

15% des jeunes). Un souci partagé par P Mairesse

qui souligne que la lutte contre le décrochage est

traitée par la Commission au même niveau que les

économies d'énergie. La différence est dans les

leviers pour l'innovation. Pour M Pébereau, le levier c'est l'autonomie des

établissements. Edgar Morin a souligné le cloisonnement des connaissances

dans l'enseignement scolaires et appelé à une vision systémique. Ses leviers

sont différents : "apprendre à affronter l'incertitude" , parce que l'école, comme

la dit Rousseau veut "enseigner à vivre". Egalement "enseigner la compréhension

d'autrui".

En quittant les Journées, je pensais à cette réflexion et aux inspecteurs qui avaient interdit à quelques

enseignants innovants de venir au Forum de Lyon, au proviseur qui a interdit à une enseignante innovante de

mentionner le nom de son établissement. On aurait du les inviter...

L'ÉDITORIAL DE FRANÇOIS JARRAUD

L'innovation est-elle un luxe ?

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Avec deux événements importants en une dizaine de jours, l'innovation pédagogique semble

devenue une caractéristique du système éducatif français. Ce qui est sans doute très exagéré. Pour

autant le discours sur l'innovation marque une rupture qu'il faut souligner.

Les médias ont souvent l'habitude d'opposer l'enseignant innovant à celui qui peine péniblement dans un

collège de banlieue à transmettre de connaissances. Celui-ci serait totalement pris par les apprentissages,

voire définitivement découragé. Celui-là pourrait innover car il aurait des élèves faciles et du temps. Cette

vision est fausse. Une des conditions nécessaires à l'innovation c'est bien d'en ressentir le besoin. Or c'est

justement dans les établissements difficiles que les enseignants cherchent en permanence des solutions pour

enseigner plus efficacement. Toute l'histoire de l'Ecole montre que l'innovation pédagogique se construit sur

les besoins et les difficultés que rencontrent les enseignants.

Sans l'aiguillon de la souffrance scolaire, pas d'innovation. Cette loi ancienne (qu'on pense à Decroly, Deligny,

Itard, Pestalozzi etc.) reste valable. C'est des établissements difficiles ou isolés que viennent les projets les

plus innovants, que les enseignants inventent au quotidien de nouvelles façons d'enseigner qu'ilsn'auront pas

toujours envie de baptiser du mot innovation.

C'est pour eux que la manifestation ministérielle des Journées est importante. Elle les encourage à continuer

et à persévérer même en dehors du cadre étouffant de l'article 34. Elle officialise aussi le fait que c'est aux

enseignants de continuer à prendre en charge le destin de l'école. Mais elle invite aussi les cadres à soutenir

les innovations. Un vrai défi pour l'Ecole. Alors si l'innovation ne peut à elle seule annuler les dégâts causés

par la situation budgétaire, elle profite nettement plus aux établissements défavorisés qu'aux autres.

L'innovation est par essence citoyenne.

Creutzwald : Comment la pédagogie de projet peut donner du sens à la réforme du lycée

Par François Jarraud

Rencontré aux Journées de l'innovation, Dominique Schnitzler est un proviseur heureux. Son lycée

voit ses effectifs repartir à la hausse et les résultats du bac s'améliorer. C'est le résultat d'une

expérimentation pédagogique menée depuis 2007et basée sur la

pédagogie de projet. Alors que la réforme du lycée piétine dans de

nombreux établissements, le lycée F Mayer de Creutzwald a réussi à

donner un sens aux nouveaux dispositifs en les utilisant pour conduire

des projets pédagogiques.

Situé dans l'ancienne zone charbonnière lorraine, le lycée Felix Mayer de

Creutzwald était en perte de vitesse. D. Schnitzler, proviseur du lycée, fait le

constat de la situation en 2007. "Un constat de départ a été fait depuis quelques

années sur les « nouveaux publics » en lycée, c’est à dire des élèves avec une

autonomie faible, qui sont mal préparés à l’intégration de l’espace de liberté et de

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travail personnel que représente le lycée par rapport au collège. Les difficultés majeures portent sur trois axes

identifiés : le problème du passage à l’écrit et à la pratique de l’argumentation ; des élèves dont les

compétences en matière de TIC sont de plus en plus diverses; le manque d’ouverture culturelle évident est un

des handicaps forts de nos élèves".

Avec Sciences Po. En 2007, le lycée donne un nouveau cap à un partenariat plus ancien avec Sciences Po.

L'expérimentation vise à "redonner de la motivation aux élèves, développer les capacités de travail autonome

ou en groupe des jeunes lycéens, élargir leurs horizons à travers une démarche de projet; favoriser les

initiatives citoyennes". D Schnitzler rappelle que la plupart des élèves ignorent le monde environnant. Très tôt

le lycée organise des voyages qui entraînent tous les élèves. Par exemple ils partent en Afrique du sud dans

une région où des mines de charbons fonctionnent encore... Le lycée va aussi s'engager dans des opérations

citoyennes.

Pédagogie de projet. Dès le départ, les enseignants font le choix d'impliquer toutes les classes de secondes,

puis les années suivantes toutes les premières et terminales. Chaque vendredi après-midi une tranche de 4

heures est mise à l'emploi du temps de toutes les secondes. Les élèves sont répartis par groupe de projet.

Pendant toute l'année 2 à 3 professeurs de matières différentes travaillent avec les élèves sur un projet. Par

exemple en 2009-2010, le thème du projet est "comment les sociétés réagissent-elles face aux situations de

crise". Avec la réforme du lycée, les projets sont intégrés dans les enseignements d'exploration, l'ECJS et

l'accompagnement personnalisé. Les professeurs interviennent pour former les élèves à la recherche et au

traitement de l'information. Ils apprennent à faire un diaporama, à rechercher l'information sur Internet, à

s'exprimer oralement devant des groupes de taille différente. L'autonomie et la créativité des élèves sont

privilégiées. Les projets développent aussi la citoyenneté. Par exemple un Forum des solidarités a lieu dans el

lycée. Il fat connaître les différents acteurs locaux.

Un bilan positif. Au terme de 4 années, D Schnitzler estime que "malgré un positionnement en fin de semaine

l'absentéisme des élèves est faible. Les élèves participent volontairement aux actions engagées." Les résultats

des élèves sont "impressionnants". Le nombre de mentions au bac a explosé. En STG elles ont doublé de 2009

à 2010 par exemple. Et le projet est bien installé dans l'établissement. Le recrutement du lycée est à nouveau à

la hausse.

Les recettes du succès. Pour D Schnitzler, le succès tient à plusieurs piliers. D'abord "la concertation dans la

conduite du projet". Il a fallu accompagner quelques professeurs qui avaient peur de se lancer. Trois ou quatre

enseignants, devenus coordinateurs de projets, ont joué un rôle moteur avec la direction. Le soutien financier

de Sciences Po et de Total a permis de faire face aux dépenses des voyages.