48
LIVRES SACRÉS JUDAÏSME CHRISTIANISME ISLAM Après votre visite, vous nous rendez le guide du visiteur. Vous voulez réviser les textes une fois de plus ? Vous pouvez les télécharger sur www.heiligeplaatsenheiligeboeken.be/texts EHC_HBGids_FR.indd 1 29/08/2014 9:08:34

judaïsme christianisme isLam

Embed Size (px)

Citation preview

Page 1: judaïsme christianisme isLam

Livres sacrésjudaïsme christianisme isLam

Après votre visite, vous nous rendez le guide du visiteur. Vous voulez réviser les textes une fois de plus ? Vous pouvez les télécharger sur www.heiligeplaatsenheiligeboeken.be/texts

EHC_HBGids_FR.indd 1 29/08/2014 9:08:34

Page 2: judaïsme christianisme isLam

EHC_HBGids_FR.indd 2 29/08/2014 9:08:34

Page 3: judaïsme christianisme isLam

Lieux sacrés, Livres sacrés

Sous le Haut Patronage de Leurs Majestés le Roi et la Reine

EHC_HBGids_FR.indd 3 29/08/2014 9:08:34

Page 4: judaïsme christianisme isLam

4 Lieux sacrés, Livres sacrés

Lieux sacrés, Livres sacrés

EHC_HBGids_FR.indd 4 29/08/2014 9:08:34

Page 5: judaïsme christianisme isLam

5Livres sacrés

Le judaïsme, le christianisme et l’islam sont étroitement apparentés. Ils sont tous trois nés au Proche-Orient et considèrent Abraham comme un ancêtre important. Un Dieu unique, tout puissant et éternel a créé le monde et s’est révélé à l’homme par la parole. Cette révélation est conservée dans des écritures saintes, qui constituent une directive pour la vie : le Tanakh, la Bible et le Coran. Les croyants professent leur religion par le biais d’une multitude de pratiques. Ils visitent ainsi depuis très long-temps de nombreux lieux sacrés, parmi lesquels Jérusalem, Rome et La Mecque.

Lieux Sacrés, Livres Sacrés est une exposition double sur ces trois grandes religions monothéistes du monde. Au MAS, vous ferez connaissance avec la riche tradition du pèlerinage. Dans la salle Nottebohm de la Bibliothèque patrimoniale Hendrik Conscience, vous découvrirez quel-ques exemplaires rares de livres sacrés. Les deux expositions traitent de la signification qu’avaient jadis et qu’ont aujourd’hui les livres et les lieux saints.

La présente exposition est axée sur le sens profond des livres sacrés des juifs, des chrétiens et des musulmans. Pourquoi ces textes sont-ils tellement importants pour les croyants ? L’exposition pose un regard unique sur le contenu, la forme, l’utilisation et l’étude du Tanakh, de la Bible et du Coran. Découvrez la zone de tension entre une révélation divine immuable et les différentes interpré-tations que les hommes lui ont donné à travers les siècles.

EHC_HBGids_FR.indd 5 29/08/2014 9:08:34

Page 6: judaïsme christianisme isLam

6 Livres sacrés

GaLerie de portraits : Les Anversois et Leurs Livres sAcrésCela fait des siècles que les livres sacrés, comme le Tanakh, la Bible et le Coran, sont lus et étudiés de manière approfondie dans le monde entier. Les croyants les considèrent comme un guide moral dans leur vie ou comme un soutien dans les moments difficiles. C’est toujours ainsi de nos jours. L’étude, la recherche du sens des choses et des émotions vont ici main dans la main. Les portraits et les citations expliquent ce que des Anversois ressentent lorsqu’ils lisent et utilisent leur livre sacré.

Photographie : Rocio Forero B.

EHC_HBGids_FR.indd 6 29/08/2014 9:08:34

Page 7: judaïsme christianisme isLam

7GaLerie de portraits

Mais en fin de compte, l’objectif principal de l’étude de la Torah est de savoir ce qu’il convient de faire à l’égard de soi-même, de ses proches et de toute l’humanité pour apporter le bonheur et la paix sur Terre.

Le Coran est pour moi un guide qui me dirige dans la vie. Sans lui, je suis perdue.

joseph blajwas meryem aktas

EHC_HBGids_FR.indd 7 29/08/2014 9:08:34

Page 8: judaïsme christianisme isLam

8 Livres sacrés

Personnellement, je considère la Bible comme un compagnon de voyage. Comme qui dirait, un compagnon de route.

bruno aerts

Même si certaines obligations et interdictions de la Torah semblent étranges à première vue, le fait de les respecter sans se poser d’autres questions à leur sujet indique que l’on est engagé sur une voie spéciale.

david braun

EHC_HBGids_FR.indd 8 29/08/2014 9:08:35

Page 9: judaïsme christianisme isLam

9GaLerie de portraits

Dans ma vie de tous les jours, j’applique souvent les préceptes du Coran, aussi bien dans mes prières que dans mes agissements, parce que j’essaie de vivre selon les principes de l’islam.

J’ai surtout recours à la Bible en période de doute, lorsque je ne sais bien quoi faire dans une certaine situation. Même s’il s’agit d’un livre ancien, les situations sont très souvent très reconnais-sables et toujours actuelles.

erika droogendijk assad ben-meseoud

EHC_HBGids_FR.indd 9 29/08/2014 9:08:35

Page 10: judaïsme christianisme isLam

10 Livres sacrés

traces des pèLerins à anvers

Découvrez notre Tableau patrimonial numérique. Vous trouverez ici une sélection du patrimoine anversois en matière de lieux sacrés et de livres sacrés. La présentation approfondit surtout le thème du pèlerinage (« Pelgrimage »), qui est abordé dans notre exposition sœur au MAS. Nous utilisons à cette fin les traces visibles dans les collections patrimoniales d’Anvers des divers types de pèlerinages : vers Anvers, passant par Anvers et au départ d’Anvers. Suivez les traces patrimoniales du pèlerin à et hors d’Anvers. Découvrez ainsi le riche patrimoine que renferment les nombreux Trésors et les « maisons du livre » de la ville d’Anvers.

révéLationLe judaïsme, le christianisme et l’islam sont liés de façon essentielle à des moments où le divin s’est révélé à l’homme. Moïse reçut de Dieu les Tables de la Loi. Jésus de Nazareth, le Fils de Dieu, apporta le Salut. Le prophète Muhammad devint le messager d’Allah, porteur de la parole de Dieu.

Les témoignages les plus anciens de ces révélations sont fort attrayants. Sous forme de fragments, ils ont toujours fasciné aussi bien les croyants que les scientifiques et les collectionneurs.

Ces textes très anciens constituent les sources les plus précieuses pour comprendre comment les révélations se sont finalement transformées en livres. Les fragments des Rouleaux de la mer

1

EHC_HBGids_FR.indd 10 29/08/2014 9:08:35

Page 11: judaïsme christianisme isLam

11révéLation

Morte, ceux des lettres de Paul et une page d’un Coran datant du premier siècle de l’ère musulmane (fin du 7e - début du 8e siècle) : chacun d’eux rend la notion de « révélation » particulièrement tangible.

Le Tanakh, la Bible et le Coran sont séculaires et leur message divin conserve sa signification fondamentale pour les croyants.

Le tanakh : créationLe Tanakh est une collection de rouleaux de textes subdivisée en trois parties : la première est la Torah (Enseignement). Elle raconte la création du monde et de l’homme, ainsi que l’histoire du peuple d’Israël jusqu’à la sortie d’Égypte. Cette partie comprend égale-ment des lois et autres directives.

Les Nevi’im (Prophètes) en constituent la deuxième partie, avec des histoires liées à l’entrée en Israël et au développement du pays. Ces livres contiennent aussi les paroles des « grands prophètes », comme Jérémie et Ézéchiel, ainsi que celles des douze « petits prophètes ». La troisième partie est dénommée Ketouvim (Écrits). On y trouve différents types de texte tels que des chants poétiques (Psaumes), des pensées de sages (Proverbes), des considérations philosophiques (Ecclésiaste) et des histoires de vie (Job, Ruth).

La composition actuelle se réfère d’après la tradition religieuse aux rabbins de Yavné (Israël), vers la fin du Ier siècle de notre ère. Avant cette époque, il n’y avait pas de chronologie fixe et les juifs utilisaient également d’autres écrits. La plus ancienne collection de textes juifs découverts à Qumrân, sur les bords de la mer Morte, contenant (principalement des fragments) des rouleaux de parchemin en hébreu, araméen et grec, en témoigne. Il s’agit parfois de textes très différents.

EHC_HBGids_FR.indd 11 29/08/2014 9:08:35

Page 12: judaïsme christianisme isLam

12 Livres sacrés

| 1Fragment biblique du livre des Psaumes Manuscrit sur parcheminQumrân, Ier siècleMusée Bible et Terre Sainte, Paris, 4QPsq (4Q98) Le présent manuscrit sur peau de mouton conservé à Paris contient des fragments des Psaumes 33 et 35. Il date du milieu du Ier siècle. Ces textes anciens sont d’une valeur inestimable pour notre connaissance du Tanakh.

La BiBLe : créationTout comme le Tanakh, la Bible chrétienne est une collection de textes. Ou plus précisément : deux collections, le Nouveau et l’Ancien Testament.

L’Ancien Testament comprend la plupart des textes du Tanakh hébreux. L’influente traduction grecque de ces textes, la Septante, en constitue la base. L’Ancien Testament contient également des textes que la tradition juive a finalement rejetés. Ces derniers ne figurent pas dans les traductions protestantes de la Bible, étant donné qu’elles s’appuient sur la version hébraïque.

Selon le christianisme primitif, Jésus de Nazareth était le Christ ou le Messie, c’est-à-dire celui dont les écritures juives annonçaient la venue. Dans le Nouveau Testament, les quatre évangiles – du mot grec euangelion, « bonne nouvelle » – relatent l’histoire de sa vie, de sa mort et de sa résurrection. Ils sont attribués à Matthieu, Marc, Luc et Jean, et datent de la seconde moitié du Ier siècle. Matthieu et Jean étaient des disciples de Jésus.

Le Nouveau Testament contient également les Actes des Apôtres, l’histoire des premières communautés des disciples du Christ, ainsi que les Épitres que l’apôtre Paul et d’autres dirigeants chrétiens ont adressées à ces communautés. La Révélation ou l’Apocalypse est le

EHC_HBGids_FR.indd 12 29/08/2014 9:08:35

Page 13: judaïsme christianisme isLam

13révéLation

dernier livre du Nouveau Testament, avec la vision de Jean de la fin des temps.

Le contenu du Nouveau Testament a été déterminé vers la fin du IIIe siècle.

| 1Lettres de PaulManuscrit sur papyrus (fragments)Oxyrhynque (Égypte), début du IIIe siècleBibliothèque universitaire de Gand, Pap. Gand, Gand, Inv. 61

Ces fragments de papyrus contiennent des passages de lettres que l’apôtre Paul a envoyées aux chrétiens de Thessalonique. Les idées de Paul se sont avérées décisives pour le développement du christianisme primitif. Les fragments datent du début du IIIe siècle. Des archéologues britanniques les ont découverts vers la fin du XIXe siècle dans une vieille déchetterie à proximité de la ville égyptienne d’Oxyrhynque. Certaines lettres de Paul sont le noyau des plus anciens textes chrétiens.

Le coran : création

Le Coran est la parole de Dieu, comme elle a été progressivement révélée (entre 570 et 632) en arabe à Muhammad, un commerçant de la Mecque, par le biais de l’ange Gabriël.

La mise par écrit des révélations en vue de les compiler dans un ouvrage unique s’est opérée très rapidement. La tradition faisant le plus autorité situe ce processus dans la première décennie suivant l’année 632. Le regroupement des révélations sous forme de livre (kitab) fut mandaté par le troisième calife ‘Uthmân (644-656).Plusieurs exemplaires (mushaf, un ensemble de feuillets) en ont alors été réalisés. Ces derniers furent envoyés du quartier général d’Uthmân dans le Hedjaz (Ouest de l’Arabie) vers les différentes contrées du jeune empire : l’Égypte, l’Iraq, la Syrie, le Yémen, l’Iran et l’Azerbaïdjan.

EHC_HBGids_FR.indd 13 29/08/2014 9:08:35

Page 14: judaïsme christianisme isLam

14 Livres sacrés

Les plus anciens (fragments de) Corans sur parchemin datant de la fin du VIIe et du début du VIIIe siècle ont été rédigés en écriture hijâzî rudimentaire, légèrement penchée vers la droite. L’étude scientifique approfondie à laquelle ils ont été soumis, ainsi que d’autres pièces connexes, révèle qu’il est plus que probable que le codex d’Uthmân (Mushaf d’Uthmân) soit très rapidement devenu la norme.

| 1Fragment coranique de type hijâzî Manuscrit sur parcheminOrigine inconnue, vers 650-750Université de Leyde, Collections particulières, Leyde, Or. 14.545 b

Ce fragment sur parchemin conservé à Leyde présente une écriture hijâzî plus stylisée datant du début du VIIIe siècle, ce qui correspond au début du 1er siècle de l’ère islamique (Hégire). Il s’agit d’un feuillet provenant d’un exemplaire parisien faisant partie de la plus ancienne génération de Corans conservés. Leur remarquable analogie laisse supposer que le codex d’Uthmân a été très tôt considéré comme étant la norme.

Le texteDans un passé lointain, les révélations monothéistes ont acquis autorité parce qu’il en a été fait un texte et ensuite un livre.

Dans chaque tradition, on a très rapidement vu apparaître des livres contenant le message révélé. Dans le judaïsme, le Tanakh constitue le livre par excellence. Il comprend une collection de tex-tes, dont la partie principale et la plus connue est la Torah. La Bible du christianisme contient également le Tanakh, dénommé dans ce contexte « Ancien Testament ». Il s’y ajoute une nouvelle collection d’écrits axés sur la vie de Jésus de Nazareth : le « Nouveau Testament ». Les textes du Coran, le « Livre sacré » de l’islam, expriment la relation entre Allah le Tout-Puissant, Sa création et

EHC_HBGids_FR.indd 14 29/08/2014 9:08:35

Page 15: judaïsme christianisme isLam

15Le texte

l’homme. Le Coran contient également des références au judaïsme et au christianisme.

Bien que les textes du Tanakh, de la Bible et du Coran contiennent des messages divins très différents, ils ont également de nombreux thèmes, des personnages et des idées en commun.

témoiGnaGes anversois

Le tAnAkh, LA BiBLe et Le corAn en tAnt que support de LA pAroLe divineQue signifient le Tanakh, la Bible et le Coran pour les gens d’aujourd’hui ? Pourquoi sont-ce des livres sacrés ? Quand, comment et pourquoi sont-ils lus ? De quelle manière font-ils partie de la vie quotidienne ? Quelle(s) signification(s) et quelle inspiration offrent-ils ? Comment ces significations se révèlent-elles ? Des Anversois issus des traditions juive, chrétienne et musulmane décrivent la place que « leur » livre sacré occupe dans leur vie.

en savoir pLus ! FeuiLLetez vous-même

Les LivresSi l’approche des livres sacrés de l’exposition a éveillé votre curiosité, vous pouvez consulter et feuilleter ici un certain nombre

2

3

EHC_HBGids_FR.indd 15 29/08/2014 9:08:35

Page 16: judaïsme christianisme isLam

16 Livres sacrés

d’œuvres numériques. Sur le site web, vous trouverez par ailleurs d’autres liens vers des livres entièrement numérisés.

Le tanakh : Le texteCe n’est qu’au premier siècle de notre ère que le Tanakh a plus ou moins acquis sa composition actuelle. Les rabbins de Yavné (Israël) y ont inclus les textes attribués aux plus anciens auteurs et dont la datation remonte selon eux à certainement plus de cinq siècles.

Étant donné que les différents livres du Tanakh étaient alors écrits sur des rouleaux, leur ordre n’était pas encore déterminé. Cela a changé au Moyen Âge, lorsque les juifs ont également adopté le codex, c’est-à-dire la forme moderne du livre. Grâce aux découvertes faites à Qumrân, nous savons qu’à cette époque, les psaumes n’avaient pas encore d’ordre déterminé.

L’ancienne écriture hébraïque n’avait pas de voyelles. Les signes voyelles nécessaires pour pouvoir faire la lecture des textes sont attribués à des érudits médiévaux appelés « massorètes ». Le « texte massorétique » est donc traditionnellement considéré comme la réplique exacte de la Bible juive originelle.

| 2Pentateuque ashkénaze Manuscrit sur parcheminAllemagne, vers 1270-1320Braginsky Collection, Zurich, BCB 214

C’est un manuscrit médiéval ashkénaze (ou de l’Europe de l’Est) de la Torah (appelée Pentateuque en grec) où les voyelles sont encore manquantes sur une page. L’autre grande tradition séfarade en Espagne, au Portugal et dans les pays musulmans a développé des caractères d’écriture légèrement différents, ainsi qu’une autre façon de prononcer les mots.

EHC_HBGids_FR.indd 16 29/08/2014 9:08:35

Page 17: judaïsme christianisme isLam

17Le texte

| 3 Bible hispano-portugaiseManuscrit sur parcheminCopiiste Isaac ben Ishai SasonOcaña (Espagne), Évora (Portugal), 1491-1494Braginsky Collection, Zurich, BCB 243 C’est un manuscrit séfarade magnifiquement enluminé, qui porte le poids d’une histoire turbulente. Le copiste a commencé son travail en Espagne, mais il a été obligé de le poursuivre dans la ville portugaise d’Évora, lorsque Ferdinand et Isabelle ont banni les juifs d’Espagne.

La BiBLe : Le texteLa Bible chrétienne est composée de l’Ancien et du Nouveau Testament. Plus court, le Nouveau Testament était, et est encore souvent propagé séparément.

Les quatre Évangiles de ce Nouveau Testament traitent de la vie, des prédications, de la mort et de la résurrection de Jésus. Chacun a un style et un ton qui lui sont propres et chaque évangile ne contient pas tous les épisodes. C’est pourquoi certains auteurs ont réuni tous les récits en un texte continu appelé « harmonie ».

Tant que la seule structure visible de la Bible était celle de la division en Ancien et Nouveau Testament et en « livres », il demeurait difficile de s’y retrouver. C’est au XVIe siècle, sous l’impulsion de l’humanisme, que le besoin d’une structuration plus détaillée, avec des chapitres et des versets numérotés, s’est fait sentir.

La numérotation largement acceptée et utilisée de nos jours est attribuée à l’imprimeur-éditeur parisien Robert Estienne. Il était désormais possible de se référer de manière univoque à des passages bibliques, et de comparer plus aisément les versions textuelles et les traductions.

EHC_HBGids_FR.indd 17 29/08/2014 9:08:35

Page 18: judaïsme christianisme isLam

18 Livres sacrés

| 2Bible des pauvresLivre xylographique, papier, coloriéSans lieu, vers 1464-1465 ?Bibliothèque royale de Belgique, Bruxelles, Inc. B1590

La dichotomie entre l’Ancien et le Nouveau Testament est clairement visible dans la Biblia pauperum ou la « Bible des pauvres », un livre xylographique datant du XVe siècle. Il contient en effet des tableaux de l’Ancien et du Nouveau Testament qui sont thématiquement liés.

| 3Quatre ÉvangilesManuscrit sur parcheminSans lieu (Monreale ?, Italie), XIIe siècleBibliothèque apostolique vaticane, Vatican, Vat. Lat. 42

Les quatre textes évangéliques étaient souvent réunis dans un recueil séparé. Cet exemplaire du XIIe siècle provenant de la Bibliothèque du Vatican témoigne de la splendeur qui pouvait être conférée à ces compilations des évangiles.

| 4Diatessaron LeodienseManuscrit sur parcheminBrabant ou Flandre, début du XIVe siècle Université de Liège, Bibliothèque Alpha, Liège, Hs. 437

Certains épisodes de la vie de Jésus sont racontés dans plusieurs évangiles, d’autres dans un seul. Cela a incité certains à combiner toutes les histoires pour en faire un texte unique : l’« harmonie » ou le « Diatessaron ». Le Diatessaron de Liège (conservé à l’Université de Liège) est une version textuelle combinée de ce type, rédigée en moyen néerlandais.

| 5Édition biblique de Robert Estienne Impression sur papierGenève (Suisse), 1557Musée Plantin-Moretus / Cabinet des estampes, Anvers, R31.4

Le Parisien Robert Estienne n’était pas seulement un imprimeur et un éditeur, mais aussi un érudit humaniste. Son système de numérotation des versets bibliques a été appliqué pour la première fois dans son édition de 1557, publiée à Genève. Cette numérotation a été adoptée par la suite comme standard.

EHC_HBGids_FR.indd 18 29/08/2014 9:08:35

Page 19: judaïsme christianisme isLam

19Le texte

Le coran : Le texteLe codex d’Uthmân reconstitue la révélation divine à l’homme sous forme de texte. Les versets et signes (ayat) révélés à Muhammad y sont groupés en chapitres appelés sourates. Les sourates les plus longues figurent en tête, les plus courtes en fin d’ouvrage. Le codex d’Uthmân compte 6236 versets et 114 sourates.

Seule la première sourate constitue une exception à la « classifi-cation selon la longueur ». Il s’agit du chapitre le plus important : les musulmans le récitent quotidiennement pendant la prière, ainsi qu’à d’autres moments particuliers. Cette sourate, appelée al-Fatiha, l’Ouverture, résume le message clé : la miséricorde toute puissante du seul et unique Dieu, qui récompensera ceux qui se soumettent à sa Volonté et qui suivent la voie qu’Il leur a tracée. Sa colère est dirigée contre ceux qui s’en écartent.

Les autres sourates expriment le message clé en trois types de textes : les versets prédicateurs ; les récits des prophètes (isrâ ‘iliyyât) qui sont apparentés au Tanakh et à la Bible et qui traitent entre autres de Noé, d’Abraham et de Moïse ; les passages contenant des directives sociales constituant la base du droit islamique.

| 2Coran d’AcehManuscrit sur papierAceh (Indonésie), milieu du XIXe siècleBibliothèque patrimoniale Hendrik Conscience, Anvers, F 272304

Lorsqu’on parcourt la copie numérique de ce manuscrit d’Aceh (Indonésie) datant du XIXe siècle, on remarque que les sourates les plus longues figurent en tête, et les plus courtes en fin du Coran. Les enluminures des pages exposées ici (les deux premières pages du livre, ce qui correspond aux deux dernières des livres rédigés dans des langues européennes) témoignent du fait que la première sourate courte de chaque mushaf bénéficie de la plus grande attention décorative. Cette sourate s’énonce comme suit :

EHC_HBGids_FR.indd 19 29/08/2014 9:08:35

Page 20: judaïsme christianisme isLam

20 Livres sacrés

(1) Au nom d’Allah, le Tout Miséricordieux, le Très Miséricordieux.(2) Louange à Allah, le Seigneur de l’univers,(3) le Très Clément, le Très Miséricordieux,(4) le Maître du Jour de la Rétribution.(5) C’est Toi (Seul) que nous adorons et c’est à Toi (Seul) que nous demandons secours.(6) Guide nous sur le droit chemin,(7) le chemin de ceux que Tu as comblés de tes bienfaits, non pas de ceux qui ont encouru Ta colère ni de ceux qui s’égarent.

| 3 Fragment coranique maghrébinManuscrit sur papierAfrique du Nord, vers 1490Bibliothèque royale de Belgique, Bruxelles, Hs. 11.243

Les signes et intitulés intermédiaires – ornés de dorures dans ce Coran marocain datant de la fin du XVe siècle – distinguent traditionnellement les versets et les sourates. Nous voyons ici la fin de la sourate 36 et le début de la sourate 37. La sourate 37, « Les Rangés » (As-Sâffât), est une sourate mecquoise de 182 versets qui parle de personnages bibliques, comme Noé, Abraham, Moïse, Élie et Jonas. Elle commence de la façon suivante :Au nom d’Allah, le Très Clément, le Très Miséricordieux.(1) Par ceux qui sont rangés en rangs,(2) Par ceux qui poussent (les nuages) avec force,(3) Par ceux qui récitent en rappel :(4) En vérité, votre Dieu est unique, (5) le Seigneur des cieux et de la terre et de ce qui existe entre eux et le Seigneur des Levants.

| 4 Coran du Sud-Est asiatiqueManuscrit sur papierJava (Indonésie), XVIIIe siècle ?Bibliothèque universitaire de Gand, Gand, BHSL.HS.0114

Ce manuscrit originaire de Java (Indonésie) est conservé depuis 1838 dans la bibliothèque universitaire de Gand. Les deux dernières sourates du Coran, la sourate 113 (Al-Falaq, « L’Aube naissante ») et la sourate 114 (An-Nâs, « Les Hommes ») sont magnifiquement enluminées. Ces chapitres très courts s’énoncent comme suit :Au nom d’Allah, le Très Clément, le Très Miséricordieux.(1) Dis : « Je cherche protection auprès du Seigneur de l’aube naissante,(2) contre le mal des êtres qu’Il a créés,(3) et contre le mal de l’obscurité quand elle s’approfondit(4) et contre le mal de celles qui soufflent (les sorcières) sur les nœuds,(5) et contre le mal de l’envieux quand il envie (quand l’envie se manifeste). »

EHC_HBGids_FR.indd 20 29/08/2014 9:08:35

Page 21: judaïsme christianisme isLam

21L’oBjet

Au nom d’Allah, le Très Clément, le Très Miséricordieux.(1) Dis : « Je cherche protection auprès du Seigneur des hommes,(2) le Souverain des hommes,(3) le Dieu des hommes,(4) contre le mal du mauvais conseiller furtif,(5) qui insuffle le mal dans leur intérieur profond,(6) qu’il (le conseiller) soit un djinn ou un être humain. »

L’oBjetLes livres d’origine divine n’en sont pas moins des objets tangibles. Leur caractère divin s’exprime par certains éléments formels. Ces éléments divergent selon les normes, les valeurs et les techniques d’une époque, et toujours avec l’intention d’incarner le message divin.

En tant qu’objet, le Tanakh, la Bible et le Coran ont toujours revêtu un caractère très spécial, car ils sont le maillon entre le Dieu unique éternel et la communauté des croyants. C’est pourquoi ces textes furent écrits avec le plus grand soin sur des matériaux coûteux. Cela explique également pourquoi les livres achevés furent manipulés et conservés avec le plus grand respect.

Au fil du temps, les mots, la langue utilisée, ainsi que l’écriture particulière, les enluminures et la mise en page ont souvent acquis une valeur symbolique spécifique, comme une preuve de reconnaissance et de respect à l’égard de leur valeur particulière. Chacune des trois traditions a développé son propre langage formel. Mais elles ont toutes en commun le fait que la valeur sacrée est exprimée par des moyens formels.

EHC_HBGids_FR.indd 21 29/08/2014 9:08:35

Page 22: judaïsme christianisme isLam

22 Livres sacrés

témoiGnaGes anversois

Le tAnAkh, LA BiBLe et Le corAn en tAnt qu’oBjets sAcrésQue signifient le Tanakh, la Bible et le Coran pour les gens d’aujourd’hui ? Pourquoi sont-ce des livres sacrés ? Quand, comment et pourquoi sont-ils lus ? De quelle manière font-ils partie de la vie quotidienne ? Quelle(s) signification(s) et quelle inspiration offrent-ils ? Comment ces significations se révèlent-elles ? Des Anversois issus des traditions juive, chrétienne et musulmane décrivent la place que « leur » livre sacré occupe dans leur vie.

Les enfants et Les Livres sacrés

Les enfants juifs, chrétiens et musulmans sont familiarisés dès leur plus jeune âge avec la Torah, la Bible ou le Coran. Cela a lieu à la maison, au sein du cercle familial ou dans la synagogue, l’église ou la mosquée. Sur les bancs de l’école, pendant les cours de morale non confessionnelle, des versets, des histoires, des psaumes… sont également lus et commentés. En dehors de l’école, les enfants ont aussi l’occasion de suivre des cours supplémentaires dans leur communauté. Trois enfants racontent ce que cela signifie pour eux.

Ce reportage est une production de Ketnet, qui a été réalisé en collaboration avec la ville d’Anvers (MAS | Museum aan de Stroom et la Bibliothèque patrimoniale Hendrik Conscience).

4

5

EHC_HBGids_FR.indd 22 29/08/2014 9:08:35

Page 23: judaïsme christianisme isLam

23L’oBjet

Le tanakh en tant qu’oBjetPour la réalisation des codex Tanakh, les juifs ont rapidement fait usage de l’invention de l’imprimerie : l’Anversois Daniel van Bomberghen a imprimé à Venise la première Bible rabbinique intégrale.

De nos jours, les juifs ont toujours des règles très strictes concernant le copiage des rouleaux dont ils font lecture dans la synagogue, ainsi que la subdivision en parachas, les fragments de texte qui sont abordés hebdomadairement.

Au Moyen Âge, le Tanakh a également été diffusé sous forme de codex parfois très richement ornés. C’est aussi et encore plus le cas pour le souvent superbe rouleau (mégilla) contenant le texte du livre d’Esther et qui est important lors de la célébration de Pourim (fête occasionnellement surnommée « carnaval juif »). Esther est le seul livre du Tanakh où le nom de Dieu n’apparaît pas. Comme on le sait, les juifs religieux ne sont pas autorisés à le prononcer.

| 4Bible rabbiniqueImpression sur papierImprimeur Daniel van Bomberghen, Venise (Italie), 1524Musée Plantin-Moretus / Cabinet des estampes, Anvers, B70

La première « Bible rabbinique ». Les différents livres ont été soumis au contrôle de la censure catholique, comme en atteste le présent exemplaire.

| POINÇONS TYPOGRAPHIQUESPoinçons typographiques de Van BomberghenMétalItalie, XVIe siècleMusée Plantin-Moretus / Cabinet des estampes, Anvers, ST 50

Ces poinçons à lettres de Van Bomberghen proviennent du Musée Plantin Moretus. Christophe Plantin les lui avait achetés pour réaliser ses propres projets.

EHC_HBGids_FR.indd 23 29/08/2014 9:08:35

Page 24: judaïsme christianisme isLam

24 Livres sacrés

| 5Rouleau d’EstherManuscrit sur parcheminIraq, XIXe siècle Braginsky Collection, Zurich, BCS 82

En Italie, le texte du livre d’Esther est richement orné à partir du XVIe siècle. Les enluminures étaient souvent réalisées par des artistes italiens.

| 6Bible de SoncinoImpression sur papierImprimée à Berlin (Allemagne) chez Soncino, 1929-1933 Université d’Amsterdam, Collections particulières, Bibliotheca Rosenthaliana, Amsterdam, Ros. 3823 A 20

L’édition Soncino constitue l’une des plus belles publications modernes imprimées du Tanakh. La série a été imprimée à Berlin, entre 1929 et 1933.

La BiBLe en tant qu’oBjetDans sa forme codex, la Bible manuscrite était déjà un objet facile à manipuler. On pouvait en effet la feuilleter, la consulter et la lire d’une manière relativement confortable. Une nouvelle dimension lui est donnée à partir de la moitié du XVe siècle : en imprimant la Bible, on pouvait reproduire plus rapidement le texte en gros tirages. Ce n’est pas un hasard si le premier livre imprimé complet en Occident est une Bible : la Bible à 42 lignes de Gutenberg.

Désormais, tous les exemplaires d’un tirage étaient en principe identiques, grâce au système de reproduction mécanique. Les miniatures et les initiales ornementales conféraient toutefois un caractère unique à chaque exemplaire, comme c’était le cas pour les livres manuscrits.

Il existe de nombreux manuscrits bibliques, ainsi que des éditions imprimées, auxquels aucun soin formel explicite n’a été apporté. Mais il y en a également beaucoup, surtout des exemplaires écrits

EHC_HBGids_FR.indd 24 29/08/2014 9:08:35

Page 25: judaïsme christianisme isLam

25L’oBjet

à la main, où toutes les ornementations traduisent que leur propriétaire, commanditaire ou copiste considérait ce texte comme le livre des livres.

| 6PsaltérionManuscrit sur parcheminItalie, XVe siècleBibliothèque apostolique vaticane, Vatican, Vat. Lat. 3467

Les 150 psaumes de l’Ancien Testament ont aussi été publiés comme un livre de prières autonome pour laïques. Les commanditaires fortunés s’offraient souvent le privilège d’une exécution luxueuse. Ce précieux manuscrit du XVe siècle provenant de la Bibliothèque du Vatican présente des initiales ornementales et des miniatures qui couvrent une page entière.

| 7Bible de Johannes Gutenberg Impression sur papierSans lieu (Mayence, Allemagne), sans année (1454-1455)Université de Mons-Hainaut, Bibliothèque, Fonds Edmond Puissant, Mons

Le premier livre imprimé complet en Occident était une Bible latine traduite par Saint Jérôme : ladite Vulgate. C’est l’Allemand Johannes Gutenberg qui l’a imprimé en 1454-1455. Si l’exemplaire porte les traces du temps, il témoigne aussi de la parfaite maîtrise de Gutenberg de cette technologie qu’il avait lui-même inventée. Cet exemplaire est le seul présent dans une collection belge.

| 8Bible AngevineManuscrit sur parchemin Naples (Italie), première moitié de XIVe siècleMaurits Sabbebibliotheek, FTRW, KU Leuven, Collection Grootseminarie Mechelen, Louvain, cod. 1

Ce superbe manuscrit datant de la première moitié du XIVe siècle (vers 1340) contient le texte intégral de la Bible. Il a été réalisé à la demande de Robert Ier d’Anjou, roi de Naples, qui l’a offert à sa petite-fille Jeanne et à son jeune fiancé André de Hongrie. Son envergure et le soin extrême apporté aux nombreuses miniatures et enluminures qui ornent l’ouvrage sont ébahissants. Il est conservé dans la Bibliothèque Maurits Sabbe de Louvain, qui l’a fait restaurer. La Bible Angevine, hissée au rang de Pièce maîtresse de la Communauté flamande, ne quitte que très exceptionnellement l’obscurité du coffre-fort de la bibliothèque.

EHC_HBGids_FR.indd 25 29/08/2014 9:08:35

Page 26: judaïsme christianisme isLam

26 Livres sacrés

Le coran en tant qu’oBjetAprès la diffusion du codex d’Uthmân, on voit rapidement apparaître un langage formel coranique. Les copies du texte (mushafs) se distinguent des autres livres. Le soutien généreux des élites politiques et la signification du Coran en tant qu’incarnation de la Parole de Dieu déterminent ce processus. L’écriture arabe devenant toujours plus complexe ancre la prononciation des voyelles, des consonnes et d’autres éléments sonores.

Vers la fin du Xe siècle, la calligraphie coranique se fait plus variée, complexe et raffinée, parallèlement aux développements liés au format de composition et à l’art de l’enluminure. Le papier remplace progressivement le parchemin. On voit apparaître de plus en plus de mushafs remarquablement luxueux. La fin de la période médiévale (XIVe siècle) au Levant et en Égypte est largement considérée comme un âge d’or.

Ces éblouissantes traditions se perpétuent en adoptant d’innom-brables formes, couleurs et matériaux, souvent déterminés par le contexte régional. Il se produit également des variations : à partir du XVIIe siècle, on assiste à l’arrivée de mushafs en plusieurs parties et en grand format – le résultat d’un patronage opulent – et d’une masse de Corans en format de poche.

Ils demeurent tous écrits à la main. La parution tardive d’un mushaf imprimé, généralement accepté, constitue une histoire à part. Elle a eu lieu au Caire en 1924. Cette édition s’avère toujours dominante à l’échelle mondiale.

| 5Fragment coranique abbasidiqueManuscrit sur papierIraq-Syrie ?, XIe – XIIe siècle Katoen Natie, Anvers, inv. 752

Lesdits Corans des Abbassides, en écriture coufique anguleuse où les voyelles sont notées sous forme de points rouges, sont un produit remarquable de l’évolution vers une graphie

EHC_HBGids_FR.indd 26 29/08/2014 9:08:35

Page 27: judaïsme christianisme isLam

27L’oBjet

arabe plus complexe qui détermine la prononciation. Ce fragment datant du XIIe siècle en est un exemple.

| 6Le Coran dit de la Nourrice (fragment)Manuscrit sur parcheminKairouan (Tunisie), 1019-1020Archives de l’Université catholique de Louvain, Louvain-la-Neuve, MO 11

Il s’agit du plus ancien fragment de Coran présent dans une collection belge. La double page du célèbre Coran tunisien dit « de la Nourrice » datant du XIe siècle illustre l’envolée qu’a prise à cette époque l’art de l’enluminure.

| 7Coran de Barquq (15e partie)Manuscrit sur papierLe Caire (Égypte), 1387Bibliothèque royale de Belgique, Bruxelles, Hs. 19.991

Cet exemplaire, la partie 15 d’un Coran en 30 parties ayant appartenu au sultan égyptien Barquq (1382-1399), illustre l’essor des mushafs luxueux vers la fin de l’ère médiévale en Égypte. Il provient d’une collection belge.

| 8Coran dit du Roi Fou’ad IerImpression sur papierLe Caire (Égypte), 1923-1924Université de Leyde, Collections particulières, Leyde, BP100 1923

Malgré de nombreuses expérimentations, ce n’est qu’en 1924 que paraît au Caire la première impression officielle du Coran, approuvée par les spécialistes coraniques et sous la surveillance du roi égyptien Fou’ad Ier. La page d’ouverture de cette première impression qui est exposée ici illustre le fidèle suivi de la tradition manuscrite quant au format de composition, l’écriture et l’enluminure. C’est du reste encore souvent le cas pour les Corans imprimés actuels.

| SUPPORT DE CORANSupport de CoranBoisCollection privée

Le respect du caractère sacré du Coran en tant que transcription de la Parole de Dieu a motivé l’utilisation de moyens spécifiques pour le conserver et le lire. Les Corans en plusieurs parties étaient conservés dans des caisses spécialement conçues à cet effet, les mushafs simples dans des enveloppes en tissu. Un porte-Coran portable en bois comme

EHC_HBGids_FR.indd 27 29/08/2014 9:08:35

Page 28: judaïsme christianisme isLam

28 Livres sacrés

celui-ci permet de consulter et de lire le texte, assis par terre en tailleur, sans devoir toucher trop souvent l’ouvrage.

| 9Coran d’Afrique de l’OuestManuscrit sur papierNigeria ?, XIXe siècleUniversité de Leyde, Collections particulières, Leyde, Or. 14605

Les mushafs à feuillets mobiles sont généralement liés à l’Afrique occidentale. C’est aussi le cas du présent exemplaire. Avec son écriture Soudani et son ornementation typiquement africaine, avec des motifs géométriques et des couleurs originales, cette page d’ouverture illustre le caractère propre de la tradition des mushafs d’Afrique de l’Ouest.

La pratiqueLe texte et le livre en tant qu’objet occupent une place centrale dans une multitude de rites et d’autres pratiques confirmant leur valeur divine. Le culte, la liturgie et d’autres contextes symboliques traduisent de façon tangible la direction que le Tanakh, la Bible et le Coran donnent aux croyants.

La récitation et la lecture – silencieuse ou à voix haute – constituent une partie essentielle de la pratique religieuse. Les trois grandes traditions accordent également beaucoup d’importance à la diffusion de la parole divine à partir des textes révélés. Leur signification est ainsi propagée et transmise aux membres, jeunes et moins jeunes, de la communauté.

Les livres acquirent aussi une fonction symbolique plus large. Pour prêter serment, par exemple, les croyants posent une main sur la Bible. Certains passages du Tanakh, de la Bible et du Coran sont également censés contribuer à conjurer le mal, à prédire l’avenir ou à réaliser un souhait. Ils sont à la fois fil conducteur, directive et un repère permettant au croyant d’affirmer sans cesse sa relation personnelle avec Dieu.

EHC_HBGids_FR.indd 28 29/08/2014 9:08:35

Page 29: judaïsme christianisme isLam

29La pratique

témoiGnaGes anversois

Le tAnAkh, LA BiBLe et Le corAn dAns LA vie quotidienne des croyAntsQue signifient le Tanakh, la Bible et le Coran pour les gens d’aujourd’hui ? Pourquoi sont-ce des livres sacrés ? Quand, comment et pourquoi sont-ils lus ? De quelle manière font-ils partie de la vie quotidienne ? Quelle(s) signification(s) et quelle inspiration offrent-ils ? Comment ces significations se révèlent-elles ? Des Anversois issus des traditions juive, chrétienne et musulmane décrivent la place que « leur » livre sacré occupe dans leur vie.

en savoir pLus ! Lire à hAute voix et

réciterLa récitation, la lecture à haute voix et la lecture silencieuse constituent une partie essentielle de la pratique religieuse. Cela vaut notamment pour les juifs et les musulmans. En préparation de leur Bar Mitzvah, les jeunes garçons juifs mémorisent ainsi un passage de la Torah, qu’ils réciteront le jour venu en psalmodiant. Il s’agit d’un rite de passage très important dans la vie d’un garçon. Dans l’islam, la récitation du Coran n’est pas exclusivement réservée aux adultes. De prestigieux concours de récitation sont organisés pour les jeunes un peu partout dans le monde.

6

7

EHC_HBGids_FR.indd 29 29/08/2014 9:08:35

Page 30: judaïsme christianisme isLam

30 Livres sacrés

Le tanakh dans La pratiqueLe judaïsme attache beaucoup d’importance à certains versets du Tanakh tels que la prière Shema Yisraël, qui constitue le texte principal de la liturgie juive. Les juifs religieux fixent deux réceptacles en cuir (phylactères) contenant des fragments de texte de la Torah sur le front et le bras à l’aide de lanières enroulées autour de la tête, du bras et de la main. Une partie déterminée (paracha de la semaine) de la Torah est lue publiquement par les juifs dans la synagogue à l’occasion du Sabbath. À chaque paracha correspond une haftara, un passage des Prophètes abordant un thème commun à la section lue. Leur lecture publique est considérée comme un honneur.

Il est interdit de prononcer le nom de Dieu. Un texte où figure le Nom ne peut pas être détruit. De tels rouleaux, lettres ou fragments de textes doivent être enterrés ou conservés dans une pièce de la synagogue servant de dépôt, appelée guénizah.

Dès les premiers siècles de notre ère, le judaïsme rabbinique a certes toujours été la plus grande tradition, mais pas l’unique. Lorsqu’en dehors du Tanakh, les rabbins mettent aussi la version orale de la Torah ou du Talmud par écrit, les Karaïtes (un courant du judaïsme scripturaliste), par exemple, refusent de les accepter. Leur nom signifie « Lecteurs des Écritures hébraïques ». Leur interprétation de certains passages importants du Tanakh s’avère déviante.

EHC_HBGids_FR.indd 30 29/08/2014 9:08:35

Page 31: judaïsme christianisme isLam

31La pratique

| 7Mezouzah. Prière Shema YisraelManuscrit sur parcheminPays-Bas, XIXe siècle Université d’Amsterdam, Collections particulières, Bibliotheca Rosenthaliana, Amsterdam, Hs. Ros. 687 (1-3)

La prière Shema Yisraël était parfois écrite sur du parchemin, ensuite enroulé et placé dans une mezouzah, le petit étui apposé sur le linteau droit de la porte d’entrée. Le mot Shaddaï (un des noms de Dieu) est inscrit à l’arrière du rouleau.

| 8Palimpseste de la guénizah de la synagogue Manuscrit sur parcheminLe Caire (Égypte), IXe – Xe siècleTaylor-Schechter, Cambridge, AD. 4320(b)

Dans la guénizah (pièce spéciale servant de dépôt) de la synagogue du Caire, des chercheurs ont trouvé un véritable trésor composé de très anciens textes juifs, dont ce petit fragment de parchemin datant du IXe ou du Xe siècle.

| 9Pentateuque samaritainManuscrit sur parcheminMoyen-Orient, XIVe siècleUniversité de Leyde, Collections particulières, Leyde, Or. 6 (Heb 100)

Les Samaritains étaient les représentants de la principale et plus ancienne tradition alternative, parallèle au judaïsme rabbinique. Il a été établi avec certitude qu’à partir du IVe siècle avant notre ère, ils avaient une version légèrement différente de la Torah, ainsi qu’un propre temple non situé à Jérusalem.

| 10Commentaire karaïte sur la TorahManuscrit sur parcheminEmpire ottoman, fin du XVe siècleBraginsky Collection, Zurich, BCB 189

Les commentaires bibliques des Karaïtes révèlent également que leur interprétation différait de celle des rabbins.

EHC_HBGids_FR.indd 31 29/08/2014 9:08:35

Page 32: judaïsme christianisme isLam

32 Livres sacrés

un rouLeau de La torah avec une histoireL’origine de cette Torah sur parchemin qui est conservée dans la Bibliothèque patrimoniale Hendrik Conscience a longtemps été incertaine. Un homme juif inconnu aurait apporté le rouleau à la bibliothèque pendant la Seconde Guerre mondiale afin de le sauver des griffes des nazis. Le fait que le rouleau soit gravement endommagé renforce la thèse de cette histoire : le sauvetage ne s’est probablement pas déroulé sans encombre. Après la guerre, personne n’a jamais réclamé le rouleau. Cela aussi est – bien malheureusement – facile à expliquer.

L’histoire semblait crédible, jusqu’à ce qu’une enquête approfondie des archives révèle la vérité. Le rouleau a été apporté à la bibliothèque après la guerre, dans les années 1950, par un maître d’écluse anversois. Mais nous ne savons toujours pas comment, où et quand cet homme a acquis le rouleau de la Torah, pourquoi il l’a remis au bibliothécaire et pourquoi il ne l’a jamais redemandé.

| 11Rouleau de la TorahManuscrit sur parchemin Sans lieu, sans année Bibliothèque patrimoniale Hendrik Conscience, Anvers, non numéroté

Le rouleau de la Torah dans la niche est un bel exemple des exemplaires qui sont actuellement toujours utilisés dans les synagogues pour en lire des passages en public. Il s’agit d’un parchemin dont le texte a été copié à la main selon des règles très strictes. Le texte est divisé en 54 parachiot, dont il est fait lecture à l’assistance à raison d’une paracha par semaine. Cela permet de lire l’ensemble du texte sur un cycle annuel. Le rouleau fixé à deux axes de bois est conservé dans la synagogue, dans une arche appelée Aron ha Kadesh .

EHC_HBGids_FR.indd 32 29/08/2014 9:08:35

Page 33: judaïsme christianisme isLam

33La pratique

La BiBLe dans La pratiqueDans la tradition chrétienne, l’illustration ou l’enluminure des manuscrits était déjà pratique courante au moyen-âge. Lorsqu’il est devenu possible, grâce aux nouvelles techniques graphiques, de reproduire les illustrations et le texte en gros tirages, les enluminures bibliques ont gagné en importance. Les illustrations prenaient même parfois le dessus, comme ce fut le cas pour la Biblia pauperum.

Dans les livres dérivés de la Bible, l’image pouvait également jouer un rôle de premier plan, comme on le voit dans les textes de méditation accompagnant les évangiles produits au XVIe siècle par le père jésuite espagnol Hieronymus Natalis. Ses Adnotationes et meditationes in evangelia sont ornées d’une centaine d’estampes hors texte couvrant une page entière. Différents moments d’une même histoire y sont combinés en une image unique accompagnée d’une légende.

Les illustrations étaient aussi fréquemment imprimées et reliées telles quelles, sans texte. Ce type d’ouvrage s’avérait utile pour enseigner les histoires évangéliques aux populations autochtones des colonies espagnoles sur le continent américain.

| 9Textes méditatifs illustrés accompagnant les ÉvangilesImpression sur papierAnvers (Belgique), 1595Musée Plantin-Moretus / Cabinet des estampes, Anvers, A 2682

Le jésuite espagnol Hieronymus Natalis a écrit des textes de méditation accompagnant les évangiles. Ces textes parus à Anvers à partir de 1594 ont été abondamment illustrés. Les superbes estampes ont également été reliées séparément en vue de soutenir visuellement l’enseignement apostolique des missionnaires jésuites dans les pays lointains.

EHC_HBGids_FR.indd 33 29/08/2014 9:08:35

Page 34: judaïsme christianisme isLam

34 Livres sacrés

| 10Livre des serments du chapitre de Notre-Dame d’AnversManuscrit sur parcheminAnvers (Belgique), XVe siècleCathédrale Notre-Dame, Anvers, Capsa 2 Dominorum, no 26 (5)

Au XVe siècle, le chapitre de Notre-Dame d’Anvers a produit un livre de serments. Chaque chanoine nouvellement élu était désormais tenu de prêter serment sur les paroles d’ouverture de l’Évangile selon Saint Jean, qui figuraient, avec une très jolie miniature, en tête du livre. Cet usage illustre la fonction symbolique de la Bible.

Le coran dans La pratiqueLe mot Coran, Qur’an, signifie « récitation » ou « proclamation » : le texte coranique existe avant tout en tant que récitation de la Parole divine révélée. C’est pourquoi la récitation joue un rôle clé dans beaucoup d’évènements liturgiques. La brève sourate d’ouverture, Al-Fatiha, est ainsi récitée plusieurs fois par jour, par chaque croyant, lors de la prière rituelle. La récitation publique du Coran par un spécialiste, dans une mosquée ou ailleurs, est depuis toujours une pratique largement répandue.

Pour psalmodier le Coran, le récitateur utilise généralement un mushaf luxueux, spécialement réalisé à cet effet, la forme écrite de la révélation divine. Des variations en matière de vocalisation et de tonalité ont rapidement donné naissance à différents styles de récitation ou de proclamation (qira’at). Le savoir-faire et la science de la « récitation » demeurent jusqu’à ce jour le cœur même de la perception du Coran. Une attention particulière leur est également accordée dans l’enseignement. Des compétitions organisées pour jeunes et anciens constituent toujours une activité à la fois popu-laire, prestigieuse et pieuse.

La dynamique incessante entre mushaf et qira’at, le texte coranique matériel et immatériel, se révèle également à travers une pratique

EHC_HBGids_FR.indd 34 29/08/2014 9:08:36

Page 35: judaïsme christianisme isLam

35La pratique

de nature plus symbolique. La récitation de certains versets ou passages et le port d’amulettes en forme de mushafs miniatures sont souvent considérés comme un moyen de protection efficace.

| 10Coran ottomanManuscrit sur papierIstanbul (Turquie), 1561Bibliothèque royale de Belgique, Bruxelles, Hs. II. 1256

Une consigne à la fin de ce mushaf superbement orné datant du XVIe siècle et provenant d’Istanbul, qui fait partie de la collection de la Bibliothèque royale depuis 1890, indique que cette pièce maîtresse a été réalisée aux fins de récitation. Le grand vizir ottoman Mehmet Soqollu l’a offert à la mosquée qu’il fit construire en 1577, afin que lecture puisse en être faite de façon continue.

| 11Planchette en bois orné de fragments coraniquesCôte d’Ivoire, XXe siècleBibliothèque royale de Belgique, Bruxelles, Hs. IV.390

Ces planchettes de bois sur lesquelles on écrivait des versets pour les effacer aussitôt servaient d’aide-mémoire lors de la mémorisation du texte.

| 12Coran miniatureLithographie sur papierÉcosse (David Bryce & sons), ca. 1900Université de Leyde, Collections particulières, Leyde, 820 F 28

Ce Coran miniature doté d’un support en laiton et d’une loupe pendait à une chaînette portée autour du cou. Un mushaf de ce type était à peine lisible, mais on lui attribuait le pouvoir de protéger la personne qui le portait contre le Mal.

| AUDIORécitation coranique (fragment)Enregistrement sur cylindre phonographiqueDjeddah (Arabie Saoudite), 1909Université de Leyde, Collections particulières, Leyde, non numéroté

Un des plus anciens enregistrements de récitation coranique a été réalisé sur un cylindre de cire aux alentours de l’année 1909 dans la ville côtière arabe de Djeddah. Il est conservé à Leyde. Vous pouvez écouter ici un fragment de récitation des deux dernières sourates et du chapitre d’ouverture, Al-Fatiha.

EHC_HBGids_FR.indd 35 29/08/2014 9:08:36

Page 36: judaïsme christianisme isLam

36 Livres sacrés

L’étudeLe Tanakh, la Bible et le Coran incitent à la réflexion. Les croyants utilisent les textes pour donner une direction à leur vie. Mais ces textes sont rarement univoques. C’est pourquoi ils ont toujours fait l’objet d’études, tant au sein de la communauté religieuse qu’en dehors de celle-ci.

Le besoin se fit rapidement sentir de clarifier les textes. L’étude de ceux-ci exigeait souvent la connaissance d’une autre langue, puisque les livres étaient écrits dans une langue ou une forme de langage qui n’était pas (ou plus) celle des lecteurs. C’est pourquoi le Tanakh et la Bible furent traduits, afin de les rendre accessibles à un public plus vaste. La traduction alla de pair avec l’interprétation.

Des convictions tant religieuses que scientifiques ont influencé ces traditions de commentaires. Ceux-ci revêtaient d’ailleurs différentes formes. Ils étaient parfois inscrits en marge du texte, mais il arrivait aussi qu’ils mènent une vie propre, et même qu’ils soient utilisés comme directive morale. C’est surtout au sein du judaïsme et de l’islam qu’ils jouent un rôle clé.

EHC_HBGids_FR.indd 36 29/08/2014 9:08:36

Page 37: judaïsme christianisme isLam

37L’étude

témoiGnaGes anversois

Le tAnAkh, LA BiBLe et Le corAn en tAnt que source de réFLexionQue signifient le Tanakh, la Bible et le Coran pour les gens d’aujourd’hui ? Pourquoi sont-ce des livres sacrés ? Quand, comment et pourquoi sont-ils lus ? De quelle manière font-ils partie de la vie quotidienne ? Quelle(s) signification(s) et quelle inspiration offrent-ils ? Comment ces significations se révèlent-elles ? Des Anversois issus des traditions juive, chrétienne et musulmane décrivent la place que « leur » livre sacré occupe dans leur vie.

Le tanakh en tant qu’oBjet d’étudeLes textes du Tanakh ont toujours été minutieusement étudiés et pourvus de commentaires. Ce processus avait déjà commencé lors-que les textes ultérieurs étaient encore en cours d’écriture. Comme les juifs s’étaient mis à parler araméen, les anciennes versions hébraïques devaient être traduites. Le Targum, version araméenne de la Bible, est parfois plus perçu comme une interprétation que comme une traduction.

Certains commentaires annotés en marge étaient par la suite considérés comme faisant partie du texte. C’est par exemple le cas

8

EHC_HBGids_FR.indd 37 29/08/2014 9:08:36

Page 38: judaïsme christianisme isLam

38 Livres sacrés

de l’oeuvre du grand commentateur biblique du moyen-âge Rachi. Ses notes de bas de page seront plus tard également citées dans les Bibles chrétiennes.

Dans le judaïsme rabbinique, l’étude du Talmud, la « Torah orale », a gagné en importance au fil du temps. Les juifs orthodoxes con-sacrent souvent de nombreuses heures par jour à l’étude appro-fondie de ces anciens textes. Mais le Tanakh demeure primordial pour tout juif : les garçons deviennent membres à part entière de la synagogue après leur Bar Mitzvah (13 ans) : ils montrent alors à la communauté qu’ils sont capables de réciter et d’interpréter correcte-ment leur partie du texte de la Torah.

| 12Commentaire de Rachi sur le PentateuqueManuscrit sur parcheminLa Matrice ? (Italie), 1457Braginsky Collection, Zurich, BCB 225

Il arrive parfois qu’un commentaire sur certains livres (ici la Torah) soit publié séparément, comme c’est le cas de ce manuscrit sur parchemin partiellement censuré par des chrétiens.

| 13Bible de LeusdenImpression sur papierÉditeur Johannes Leusden, imprimé à Amsterdam (Pays-Bas) par Immanuel ben Joseph Athias, 1667 Université d’Amsterdam, Collections particulières, Bibliotheca Rosenthaliana, Amsterdam, RON A-5384

Le Tanakh publié en 1667 par le professeur protestant Johannes Leusden et l’imprimeur juif Joseph Athias était une initiative révolutionnaire. Ce livre pouvait être utilisé aussi bien par les juifs que par les chrétiens. La page de titre est une variante bien pensée de la Bible des États (Bible officielle de l’Église réformée).

| 14Commentaires micrographiquesManuscrit sur parcheminAllemagne méridionale, 1260-1280 Archives de la ville et Bibliothèque de l’Athénée, Deventer, 74 A 4 KL

EHC_HBGids_FR.indd 38 29/08/2014 9:08:36

Page 39: judaïsme christianisme isLam

39L’étude

Très occasionnellement, comme dans ce magnifique manuscrit provenant du sud de l’Allemagne, les commentaires étaient écrits en toutes petites lettres, en forme d’animaux ou d’autres figures.

| 15Commentaire sur la Torah par Samuel Oven (15 ans)Manuscrit sur papierLa Haye (Pays-Bas), 1766 Collection Ets Haim-Livraria Montezinos, Amsterdam, EH 47 E 35

Ceci est un exemple d’un commentaire sur la Torah provenant de la bibliothèque de la synagogue portugaise d’Amsterdam. Il a été écrit par un très jeune homme vers le milieu du XVIIIe siècle.

La BiBLe en tant qu’oBjet d’étudeLes innombrables copies et impressions de la Vulgate, la traduction latine standard de la Bible, ont fait apparaître des variantes de texte. Au XVIe siècle surtout, on s’est penché sur la question de savoir quelle version rejoignait le plus l’originale. Pendant le Concile de Trente (1545-1563), l’Église prescrit une version unique. Une édition approuvée en est parue à Louvain.

Toute traduction est une interprétation qui « teinte » le texte. Ceci est fortement ressenti au XVIe siècle dans la tradition chrétienne, lorsque Martin Luther traduisit la Bible en allemand à partir d’une autre version que la Vulgate. Cela lui a valu d’être excommunié par le Pâpe. On a toutefois assisté rapidement à la publication d’autres traductions, directement basées sur l’œuvre de Luther. Anvers est notamment devenue une plaque tournante pour les traductions bibliques en français, en néerlandais et en anglais.

Dès le début, le besoin s’est fait sentir de clarifier le texte biblique, pas toujours précis et facile à comprendre, à l’aide de notes. L’humanisme a donné de l’ampleur à l’usage d’ajouter au texte un

EHC_HBGids_FR.indd 39 29/08/2014 9:08:36

Page 40: judaïsme christianisme isLam

40 Livres sacrés

appareil de critique textuelle, qui est le résultat d’une étude linguistique et historique approfondie. Au XVIe siècle, les Pays-Bas méridionaux ont joué un rôle de premier plan dans cette discipline.

| 11Bible de Jacob van LiesveltImpression sur papierAnvers, (Belgique), 1542Bibliothèque patrimoniale Hendrik Conscience, Anvers, F 20766

Dans la première partie du XVIe siècle, Anvers est devenue un important centre de production d’éditions bibliques en langue vernaculaire. L’imprimeur anversois Jacques van Liesvelt a basé sa traduction néerlandaise sur la version allemande de Martin Luther, qui avait été excommunié. Van Liesvelt enfreint donc les ordonnances impériales et est décapité.

| 12Index des livres prohibésImpression sur papierLouvain (Belgique), 1546Bibliothèque universitaire de Gand, Gand, 1M14

Le premier index officiel des livres interdits est paru en 1546. L’empereur habsbourgeois Charles V en avait confié la tâche à la faculté théologique de Louvain. La liste contient, entre autres, beaucoup d’éditions bibliques anversoises en langue vernaculaire.

| 13Bible polyglotte de PlantinImpression sur papierAnvers (Belgique), [1568–1573]Bibliothèque patrimoniale Hendrik Conscience, Anvers, F 3873

La monumentale Bible polyglotte de Christophe Plantin publiée en 1572 constituait l’apogée de l’étude biblique scientifique, ainsi qu’une véritable performance typo-graphique. La mise en page permettait en effet de comparer aisément les différentes versions du texte biblique.

| 14Bible avec glossa ordinariaManuscrit sur parcheminParis (France), 1re moitié du XIIIe siècleArchives du Grand Séminaire, Bruges, hs. 7/43

EHC_HBGids_FR.indd 40 29/08/2014 9:08:36

Page 41: judaïsme christianisme isLam

41L’étude

C’est au Moyen Âge que ladite « glossa ordinaria » a été ajoutée au texte biblique : il s’agit de commentaires textuels généralement acceptés qui ont souvent été écrits en marge ou dans une colonne parallèle.

| 15Édition d’Érasme du Nouveau TestamentImpression sur papierBâle (Suisse), 1516Bibliothèque du Grand Séminaire, Bruges, A2147

Érasme a été le principal humaniste à avoir abordé la Bible de manière scientifique. Avec son Novum Instrumentum, il présente en 1516 une nouvelle traduction latine du Nouveau Testament. Cet ouvrage a été imprimé chez Jean Froben à Bâle.

Le coran en tant qu’oBjet d’étudePour les musulmans, le Coran est la Parole de Dieu, et cela est d’une complexité inimitable, car supra-humaine. Mais le Coran est également un outil qui dirige les hommes sur le seul et unique droit chemin. Cette tension entre l’inimitabilité et la norme a toujours incité les musulmans à réfléchir, étudier et traduire. La foi en son origine divine a fait que le texte arabe n’a jamais cessé d’être la norme. Seule une reproduction de la signification dans une autre langue – pas une traduction – peut esquisser un début de compréhension de cette signification chez des allophones. De nos jours, on cherche encore les nuances appropriées dans de nombreuses langues. En néerlandais, il existe actuellement deux versions standard : celle de Leemhuis et celle de Kramers.

La transposition correcte de la directive divine dans les modes de penser et d’agir humains continue à faire l’objet d’études et de recherches. Cela a engendré une riche tradition de commentaires

EHC_HBGids_FR.indd 41 29/08/2014 9:08:36

Page 42: judaïsme christianisme isLam

42 Livres sacrés

coraniques (tafsir). À l’aide de notes marginales, les spécialistes pourvoient le texte de commentaires : historiques, linguistiques, théologiques, juridiques…

La fascination qu’exerce le texte coranique ne s’arrête pas à la communauté islamique. Depuis toujours, les commentaires juifs et chrétiens ont incité les érudits musulmans à la réflexion, l’étude et la polémique. Vers la fin de la période médiévale, l’Europe a commencé à s’intéresser à l’étude du Coran : d’abord dans un contexte de confrontation, mais ensuite aussi de plus en plus dans le cadre de la recherche humaniste-scientifique.

| 13Coran arabo-turcManuscrit sur papierGallipoli (Turquie), 1520Université de Leyde, Collections particulières, Leyde, Or. 504

Dans les éditions coraniques plurilingues, on faisait souvent usage par le passé d’une technique linéaire, comme ce mushaf en témoigne. Cette copie provenant de Leyde a été terminée en 1520 à Gallipoli. Elle contient une traduction mot à mot en ancien turc et est pourvue ici et là de quelques commentaires.

| 14Coran de la fin safavide avec commentaireManuscrit sur papierHérat ? (Afghanistan), 1714Bayerische Staatsbibliothek München, Munich, Cod.arab. 1118

Ce mushaf exceptionnel provenant de Munich et pourvu de commentaires en nouveau persan (farsi) constitue un bel exemple d’une édition commentée en marge. Ces commentaires permettent de situer ce Coran datant du début du XVIIIe siècle dans la tradition chiite. L’ouvrage est originaire de la région du Hérat (Afghanistan). Le texte arabe du Coran est entouré d’informations historiques sur la vie du Prophète et de commentaires rédigés par le sixième imam chiite.

| 15Coran nord-africain (fragment) de MasiusManuscrit sur papierTunis ? (Tunisie), XVe siècle ? Université de Leyde, Collections particulières, Leyde, Or. 241

EHC_HBGids_FR.indd 42 29/08/2014 9:08:36

Page 43: judaïsme christianisme isLam

43une tradition vivante

Ce fragment de mushaf témoigne de l’intérêt croissant de l’Europe pour le Coran. D’origine maghrébine, il a fait partie dès 1530 des bibliothèques d’éminents érudits du XVIe siècle aux Pays-Bas. Ces derniers ont également contribué au projet « Polyglotte » de Christophe Plantin.

une tradition vivanteL’étude du Tanakh, de la Bible et du Coran n’est jamais terminée. De nos jours, le message divin continue d’être diffusé et expliqué. La volonté permanente de comprendre, de suivre, de ressentir ou de consulter ces textes séculaires fait qu’ils gardent toute leur valeur.

Cette exposition montre comment, à différentes époques et dans dif-férents endroits, juifs, chrétiens et musulmans ont toujours attribué une signification profonde à leurs « Livres Sacrés », et continuent de le faire.

en savoir pLus ! Livres sAcrés dAns Le cAdre

d’une trAdition vivAnteLa réalisation et la restauration de manuscrits religieux requièrent une incroyable précision. Découvrez ici quel soin et quelle connais-sance des matériaux sont nécessaires pour créer un manuscrit.

9

EHC_HBGids_FR.indd 43 29/08/2014 9:08:36

Page 44: judaïsme christianisme isLam

44 Livres sacrés

Le tanakh en tant que tradition vivanteLe judaïsme possède de nombreuses traditions, avec chacune leur histoire et leur propre interprétation de textes qui sont pour la plupart les mêmes. Les textes du Tanakh et la collection de Qumrân ont révélé que la diversité existe déjà depuis au moins 25 siècles.

La sélection et l’ordre des textes du Tanakh datent probablement des premiers siècles de notre ère, lorsqu’une distinction s’est opérée au sein de l’Empire romain entre les juifs et les chrétiens. On sait aussi que la relation avec les chrétiens et plus tard avec les musulmans n’était pas toujours très cordiale. Les tentatives de censure chrétienne perpétrée sur les livres juifs qui sont exposés ici en témoignent.

La Réforme, qui a atteint son point culminant au XVIe siècle, a fait croître le respect pour la tradition juive. Les protestants se sont, par exemple, basés sur le texte original juif et non sur les traductions latines ou grecques. Au XIXe siècle, l’étude textuelle et les trouvailles faites au Moyen-Orient ont engendré une étude scienti-fique où le rôle des dogmes s’est avéré de plus en plus restreint. Les manuscrits exceptionnels découverts à Qumrân sont aujourd’hui étudiés par des scientifiques qui tentent de les resituer dans leur contexte original. La signification qu’ils revêtaient à l’époque n’est pas nécessairement distincte de celle que certains attribuent encore actuellement aux textes du Tanakh.

EHC_HBGids_FR.indd 44 29/08/2014 9:08:36

Page 45: judaïsme christianisme isLam

45une tradition vivante

La BiBLe en tant que tradition vivanteLa Bible continue d’inspirer et de fasciner les chrétiens, quelles que soient les divergences historiques entre catholiques, protestants, anglicans et orthodoxes. Le Livre sacré est toujours une source d’espoir, de foi et de méditation et les textes sont étudiés ultérieurement à la lumière de nouvelles perspectives historiques. Les techniques numériques permettent aujourd’hui de rendre le vaste corps textuel disponible sous une nouvelle forme afin de pouvoir l’analyser de façon plus approfondie. Les Bibles pour enfants rendent les histoires accessibles à un jeune public.

Les thèmes bibliques continuent aussi à inspirer les musiciens et les artistes en général. Des écrivains d’origines très différentes donnent aux histoires bibliques une nouvelle interprétation personnelle. Cela fait déjà longtemps que la Bible n’appartient plus exclusive-ment à la communauté religieuse : c’est en effet devenu un cadre de référence commun pour un public beaucoup plus large.

| LA CRÉATIONBart Moeyaert, De Schepping Impression sur papierAmsterdam-Anvers, 2004 (4e impression)Bibliothèque patrimoniale Hendrik Conscience, Anvers, 725864

En 2003, l’auteur flamand Bart Moeyaert a publié De Schepping (La Création), une version ludique et personnelle de l’histoire de la création qui figure dans le livre de la Genèse, avec des illustrations de Wolf Erlbruch. Le livre fait partie d’un projet de coopération avec le Nederlands Blazers Ensemble et a remporté de nombreux prix en 2004.

EHC_HBGids_FR.indd 45 29/08/2014 9:08:36

Page 46: judaïsme christianisme isLam

46 Livres sacrés

Le coran en tant que tradition vivanteDe nombreux siècles séparent les musulmans du moment de la Révélation et de la naissance de leur communauté religieuse. Pourtant, la Révélation divine, le Coran, a été, et est encore, continuellement revécue, dans une dynamique ininterrompue entre l’inimitabilité et la norme pratique.

Comme le montre l’exposition, cette dynamique a immédiatement engendré une riche diversité de formes, de pratiques et de convictions. En même temps, le besoin est resté de chercher une uniformité unificatrice, une univocité capable d’aborder, de saisir et d’ancrer la Parole divine telle qu’Elle a été révélée à Muhammad.

Pour le mushaf matériel, la version d’Uthmân qui date du VIIe siècle de notre ère constituait un grand pas en avant dans le processus d’ancrage. Pour le qira’at immatériel, on se réfère parfois à la version imprimée de 1924, la qualifiant d’une avancée tout aussi importante en direction de l’uniformité. Cette version est basée sur une des nombreuses traditions de récitation ou qira’at : en l’imprimant, elle a été hissée au rang de norme.

Le projet du calife ‘Uthmân visant à obtenir un texte généralement accepté a ainsi finalement abouti au XXe siècle. De nos jours, le lien étroit et intemporel entre le Coran imprimé, le codex d’Uthmân et la Révélation n’est pour ainsi dire plus remis en question.

EHC_HBGids_FR.indd 46 29/08/2014 9:08:36

Page 47: judaïsme christianisme isLam

47une tradition vivante

| MUSHAF D’UTHMÂNMushaf d‘UthmânImpression sur papierIstanbul (Turquie), 2007Bibliothèque patrimoniale Hendrik Conscience, Anvers

Al-Mushaf al-Sharif: attributed to ‘Uthman bin ‘Affan, Istanbul 1428 / 2007.

La récente édition fac-similé d’un mushaf manuscrit illustre à merveille l’intérêt permanent du projet coranique à long terme, ainsi que la tradition vivante qu’est le Coran. Le mushaf en question est directement imputé à l’oeuvre rédactionnelle d’Uthmân. S’il ne fait aujourd’hui aucun doute qu’il s’agit d’un mushaf exceptionnel de la première génération, mais que ce n’est pas le codex d’Uthmân original, le soin et l’attention qui ont été accordés au fac-similé relient tout de même clairement le passé et le présent, la Révélation et le vécu.

EHC_HBGids_FR.indd 47 29/08/2014 9:08:36

Page 48: judaïsme christianisme isLam

Livres sacrésBiBLiothèquepatrimoniaLehendrikconscience

www.consciencebibliotheek.be +32 (0)3 338 87 10

Braginsky Collection

Le colophon se trouve dans la salle d’exposition et sur notre site internet www.heiligeplaatsenheiligeboeken.be/texts

EHC_HBGids_FR.indd 48 29/08/2014 9:08:36