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  • N° 99 ·avril, mai,

    juin 2014 ·1 €

    GG ÉÉNNOOCC II DD EE AAUURRWWAANNDDAA ::

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    Trimestriel d

    e la Coordinatio

    n des Groupes An

    archistes

  • ÉDITO

    Infos et Analyses Libertaires - N°992

    ÉDITO p. 2

    ANTICAPITALISMETour d'horizon des attaquescapitalistes menées par le

    gouvernement p. 3

    RWANDARwanda : 20 ans après l'horreur,

    rien n'est oublié, rien n'estpardonné p. 6

    PRISONChronique du Guide à l'usage desproches de personnes incarcérées

    p.  8

    CONTACTS p. 9

    ANTIFASCISMELa Campagne Libertaire

    Antifasciste p. 10

    SOCIALOn reprendrait bien un peu de loi

    Fioraso  ! p. 11

    ANARCHISMECréation d'une Université

    Populaire Anarchiste Toulousainep. 12

    Depuis quelques années,nous sommes entré·e·sdans une périodepolitique bien sombre. Lesoffensives antisociales de l’État,éternel serviteur de nosexploiteurs, se suivent et ne secomptent presque plus. Lesréflexes de solidarité de classe, etparmi eux le plus important detous, la grève, semblent se perdrepeu à peu. Les idéesréactionnaires, qu'elles soientracistes, sexistes, homophobes outransphobes, semblentrencontrer chaque jour plusd'échos dans la société.

    La résurgence des activismesd'extrême-droite à travers lamultiplication des agressionspolitiques et la libération de laparole raciste doit nous alerter.Récemment, de nouvelles limitesont été franchies avec uneagression fasciste à coup decouteau à Lyon et une à l'arme àfeu à Clermont-Ferrand. Lespropos racistes de Paul-MarieCouteaux, tête de liste FN dans leVIe arrondissement de Paris pourles municipales, qui suggère de«  concentrer  » les Roms (qu'ilqualifie de «  lèpre  ») «  dans descamps  », comme remède à«  l'abandon de la digniténationale  », montrent que noussommes engagé·e·s dans unesurenchère médiatique racistetrès dangereuse. Rappelons queSerge Godard, maire PS de la villede Clermont-Ferrand, n'avait pashésité à déclarer qu'il fallait «  enfinir avec l'hémorragie rom  »quelques mois auparavant.

    Tant que nous ne sortirons pas decette voie réactionnaire danslaquelle nous venons de nousengager, le capitalisme aura debeaux jours devant lui, carl'extrême-droite a toujours été etsera toujours un des meilleursappuis du capitalisme. Ainsi, legouvernement d'ultra-droite auxaffaires en Hongrie, tout enmultipliant les politiquesdiscriminatoires à l'égard desRoms, poursuit une politiqued'austérité contre les travailleurset les travailleuses. En Franceaussi, la montée des idéesréactionnaires ne freine en rien labrutalité capitaliste  : le «  Pacte deresponsabilité  », la réforme de

    l'Unédic ou encore la loi Fiorasosont là pour en attester. Troisdossiers sociaux que nousaborderons dans ce nouveaunuméro d'Infos et AnalysesLibertaires.

    Face à de telles menaces quipointent à l'horizon, plus quejamais nous tenons à crier haut etfort que l'anarchisme constitueaujourd'hui la seule perspectivede rupture réelle avec l’État et lecapitalisme. Dans ce cadre, lesélections municipales eteuropéennes qui se profilentjoueront encore une fois le rôled'extincteur de toute velléité decontestation sociale dans la rue etdans la grève. Nous devonsœuvrer à la popularisation del'anarchisme, car il n'y a plusd'autre alternative un tant soitpeu crédible. C'est ce ques'emploient à faire nos camaradestoulousain·e·s en initiant uneuniversité populaire anarchiste.Bref, contre vents et marées, lalutte continue.

  • Infos et Analyses Libertaires - N°99 3

    ANTICAPITALISME

    Depuis une trentaine d'années, lesgestionnaires politiques de droitecomme de gauche mènent uneoffensive capitaliste libérale en faveur desclasses possédantes et dirigeantes, audétriment de la grande majorité de lapopulation. Avec la crise, les attaquescapitalistes s'accélèrent et se durcissentdans le but de préserver les marges deprofits des entreprises, et ainsi desatisfaire le patronat et les actionnaires.Hollande et son gouvernement mènentsans surprise cette même politique, semasquant à peine derrière un «  dialoguesocial  » de façade. Depuis le début duquinquennat, le retour à la croissance parle renforcement de la compétitivité desentreprises et la rigueur budgétaire sur lesdépenses publiques sont en effet leursseuls mots d'ordre. Ainsi, les cadeaux aupatronat s'enchaînent, que cela soit parles allègements de charges fiscales ou parla destruction des droits destravailleur·se·s, via la loi dite de«  sécurisation de l'emploi  ». De l'autrecôté, c'est la population qui trinque avecla hausse de la TVA, la réduction desdépenses publiques, et le démantèlementdu système de protection sociale.

    Politiques économiques et fiscalesen faveur du patronat

    L'an dernier, le gouvernement a décidéd'une baisse de 20 milliards de chargesfiscales pour les entreprises, via lacréation du Crédit Impôt Compétitivité-Entreprise. Ce manque à gagner dans lebudget des dépenses publiques de l’État aété supporté par l'ensemble de lapopulation, puisque compensé par unepolitique de rigueur budgétaire sur lesdépenses publiques et par la hausse de laTVA. En effet, depuis janvier 2014, le tauxnormal est passé de 19,6  % à 20  %, et letaux intermédiaire a été relevé de 7  % à10  %. Quant au taux réduit qui s'appliqueaux produits considérés comme depremière nécessité, alors qu'il devait êtreabaissé selon les premières annonces, estfinalement resté fixé à 5,5  %.

    Le prétendu objectif de cette politiquefiscale est de permettre aux entreprises et

    à ceux qui détiennent la richessed'investir et ainsi de créer undéveloppement économique et del'emploi. Dans les faits, il n'y a pas decorrélation avérée entre ces baissesd’impôt pour les plus riches et lesinvestissements que ceux-ci réalisent. Aucontraire, une partie des liquiditésrendues disponibles est souventréinvestie dans la spéculation financièreplutôt que dans de nouveauxinvestissements. En effet, dans unepériode où la demande est au point mort,cette pratique apparaît à court terme bienplus rentable pour le patronat et lesactionnaires que de se lancer dans denouveaux investissements et de créer desembauches. Or si la demande est au pointmort, c'est bien parce que la majorité de lapopulation en France comme en Europesubit les conséquences de la crise et desmesures d'austérité qui lui sont imposées,pour qu'une minorité continue àengranger des profits. D'ailleurs, mêmedes boîtes qui ont touché le CICE cetteannée ont continué à supprimer desemplois, comme La Poste ou Auchan.

    Prolongeant, et même accentuant cettepolitique économique, la principalemesure du «  Pacte de responsabilité  »présenté en ce début d'année par FrançoisHollande consiste à offrir 30 milliardsd'euros par an au patronat des entreprisesprivées, ce qui correspond au montant descotisations sociales patronales destinées àfinancer la «  branche famille  » de laSécurité Sociale. Combinant l'exonérationd'une partie de ces cotisations sociales etle crédit d’impôt, la forme définitive ducadeau n'est pas encore tranchée. Danstous les cas, il s'agit bien d'un vol de 30milliards d’euros par an à l’encontre de larémunération des travailleur·se·s, puisqueles cotisations patronales représententune part du salaire appelé «  différé  » ouencore «  socialisé  », car redistribué àl'ensemble de la population. Par exemple,la branche famille de la Sécurité Socialequi est aujourd'hui visée verse entreautres les prestations familiales, les aidesau logement, des aides à des services telsque les crèches ou centres sociaux, etorganise également le versement des

    minima sociaux. Le système de protectionsociale, issu des luttes et rapports de forcesociaux qui ont suivi la crise de 1929 et ladeuxième guerre mondiale, organise desbouts de redistribution de richesses dansla société. Cette réforme est une attaquede plus à son encontre et constitue un pasde pas de plus vers son démantèlement.

    Si la question du financement d'une tellebaisse des cotisations est encore ensuspens, dans un premier temps ce sontbien les salarié·e·s, les chômeur·se·s et lesretraité·e·s qui paieront ces 30 milliardscaptés par les banquiers et lesactionnaires, que cela soit par lasuppression de prestations sociales,l'augmentation des cotisations salariales,ou le gel des salaires, indemnités etpensions. A plus long terme, le «  trou  » dela Sécurité sociale ainsi créé sera leprétexte à de nouvelles réformes derigueur et à une diminution des aidessociales. Dans une logique delibéralisation, le but sur le long terme estd'instaurer un système d'assurances etépargnes privées grâce auquel lescapitalistes espèrent pouvoir faire denombreux profits. Pour la population, celaentraînerait une aggravationsupplémentaire des difficultés sociales etdes inégalités pour l'accès au logement,aux soins, à l'éducation.

    Concernant les contreparties du «  Pactede responsabilité  », le texte signé par lepatronat et trois syndicats (CFDT, CFE-CGC et CFTC) propose de simples « boitesà outils », de type «  concertations danscertaines branches professionnelles »,sans aucun engagement à fournir desrésultats pour évaluer la créationd'emplois ni même à conclure à un accordde branches, puisqu'un simple «  relevé deconclusion signé  » pourra suffire1. Deplus, le Medef ou ses branchesprofessionnelles ne disposent d'aucunpouvoir de coercition à l'égard de leursmembres, ce qui démontre bien qu'il n'y arien à attendre de ces prétenduescontreparties. Enfin, le texte prévoitégalement de «  simplifier les instancesreprésentatives du personnel  », telles queles Comités d’Entreprise, les Délégué·e·s

    TOUR D'HORIZON DES ATTAQUESCAPITALISTES MENÉES PAR LE

    GOUVERNEMENT

    1. http://www.lemonde.fr/economie/article/2014/03/05/pacte-de-responsabilite-un-accord-entre-patronat-et-syndicat-a-ete-signe_4378257_3234.html

  • ANTICAPITALISME

    4 Infos et Analyses Libertaires - N°99

    du Personnel, le Comité d’Hygiène, deSécurité et des Conditions de Travail, cequi signifiera probablement unaffaiblissement de ces instances. Déjà loinactuellement d'être des outils quipermettent un véritable contrôle destravailleurs·se·s sur les conditions detravail, leur restructuration laisseprésager une diminution supplémentairedes droits acquis par les luttes, pour leplus grand bonheur du patronat. Celui-cin'a en effet jamais accepté la moindrecontestation de son pouvoir dansl'entreprise. Il rêve de revenir à unesituation d'avant 1936 et l'institution desdélégués du personnel, ou du moins avant1968 et l'institution des sectionssyndicales, et se bat continuellement pourrestreindre les droits et les possibilités decontre-pouvoir des salarié·e·s.

    Organisant un véritable transfert derichesses des classes populaires en faveurdu patronat, le gouvernement a déjàannoncé la poursuite de sa politique derigueur budgétaire en diminuant de 50milliards les dépenses publiques entre2015 et 2017, qui toucheront nonseulement la sphère de l’État, mais aussila sphère sociale et les collectivitésterritoriales. Parallèlement, legouvernement socialiste applique avecses dernières réformes une véritablepolitique de destructions de toutes lesconquêtes sociales du 20ème siècle.

    Casse des droits du travail et desdroits sociaux

    La loi dit de « sécurisation de l’emploi  »,

    adoptée en mai 2013, constitue unerégression majeure du droit du travail. Leslicenciements, mobilités forcées, planssociaux, baisses de salaires sont en effetlargement facilités pour le patronat, et lesdélais de contestation juridique pour lestravailleur·se·s sont considérablementréduits. En outre, l’accord d’entreprise estmaintenant prédominant sur l’accord debranche et sur la loi, ce qui accentue lesinégalités des droits entre salarié·e·s. Pourexemple, les Sanofi ont dernièrement faitles frais de cette nouvelle loi. Avec la seulesignature de deux syndicats (CFDT etCFC), le «  Plan de sauvegarde de l'emploi  »a pu être validé dans un délai très court etsans possibilité de recours, confirmant lasuppression de plusieurs centainesd'emplois  ; et cela malgré l'opposition auplan de restructuration du Comité centrald'entreprise à l'unanimité, et les rapportsdémontant l'argumentation économiquedu groupe Sanofi.

    Quant à la réforme des retraites adoptéeen automne 2013, elle s'inscrit dans leprolongement de la loi Fillon de 2003 quiprévoyait l’allongement de la durée decotisation jusqu'en 2020, et amène ladurée de cotisation à 43 ans en 2035 pouravoir une retraite à taux plein. Cettemesure aura pour conséquence soit detravailler plus longtemps, et donc dereporter l’âge effectif de départ à laretraite, soit de diminuer le niveau despensions. En effet, le système de décoteampute les pensions des carrières noncomplètes en fonction du nombre detrimestres manquants. Or de

    nombreux·ses salarié·e·s, avecl'importance du chômage et la hausse dela précarité, ont des carrières courtes etdiscontinues et n’arrivent déjà pas àréunir le nombre d’annuités demandé.Dans le réalité, la moitié des personnes setrouvent hors emploi au moment où ellesliquident leur retraite, puisque lesentreprises cherchent à se débarrasser dessalarié·e·s âgé·e·s. Enfin, l'entrée dans lavie active a lieu de plus en plus tard.L’augmentation de la durée de cotisationse traduira ainsi par une pension réduitepour le plus grand nombre. Cettedégradation sera subie encore plusdurement par les femmes, étant donnéqu'elles sont touchées plusparticulièrement par les carrières courtes,discontinues et les temps partiels.

    De plus, deux mesures ont abaissédirectement le montant des retraites. Lapremière reporte de six mois larevalorisation des pensions en fonctionde l'inflation. La seconde est lafiscalisation de la majoration de 10 % despensions des parents de trois enfants. Ilest estimé que ces deux mesures ferontperdre 2,7 milliards d’euros auxretraité·e·s chaque année. Enfin, depuis le1er janvier, les cotisations salariales ontaugmenté de 0,15 point puisaugmenteront de 0,05 point pendant troisans, soit une augmentation totale de 0,3point.

    Enfin, les négociations pour élaborer laconvention Unédic 2014-2017 ont débutéle 17 janvier dernier. Le patronat joue deson rapport de force et les propositions

  • 5

    ANTICAPITALISME

    Infos et Analyses Libertaires - N°99

    débattues se restreignent à limiter le droità l’assurance-chômage, quelles que soientles réformes envisagées  : dégressivité desaides, allongement de la durée decotisation nécessaire à l’ouverture dedroits, durcissement des critères de la«  recherche active d’emploi  »,harmonisation par le bas en supprimantles annexes concernant les intérimaires etles intermittent·e·s du spectacle...L'attaque contre les régimes spécifiquesdes salarié·e·s intérimaires etintermittent·e·s est l'un des gros enjeux dela réforme. Leur suppression conduiraiten effet à une baisse du tauxd’indemnisation chômage de 20 % pourles intérimaires, et aggraveraitconsidérablement la précarité desintermittent·e·s, particulièrementtouché·e·s par l'usage des CDD très courtset par la tension actuelle de la situationde l'emploi.

    Dans un même temps, les élites politiqueset économiques, relayées par les grandsmédias, s'emploient à démontrer quel'indemnisation actuelle des chômeuseset des chômeurs représenterait un coûttrop élevé pour la société. Pourtant les 4milliards de déficit de l'Unédic sont bienpeu au regard des 30 milliards de cadeauxau patronat. Par ailleurs, le chômage, tout

    comme comme la dégradation desconditions de travail, la diminution desdroits, et la flexibilisation sont lesconséquences même de la volonté descapitalistes à diminuer les coûts deproduction pour engranger toujours plusde profits.

    Face à la logique capitaliste,refusons les mesures d'austérité etluttons pour une société égalitaire

    Toutes les dernières réformes menées parHollande s'inscrivent dans la logiquecapitaliste libérale. Augmenter la«  compétitivité des entreprises  » signifieen réalité la mise en concurrence del'ensemble des travailleur·se·s à l'échelleinternationale. Cela permet d'organiser enFrance comme dans les autres pays d'uncôté la baisse de la rémunération dessalarié·e·s, la casse des droits du travail etla facilitation des licenciements, et del'autre l'enrichissement du patronat et desactionnaires. Alors que nous traversonsune période de crise qui trouve sesfondements dans les contradictionsmêmes du capitalisme, ceux qui ont lepouvoir économique défendentférocement leurs intérêts  ; le but desactionnaires et des patrons restent eneffet de continuer à engranger des

    bénéfices, en captant à court terme la partla plus importante possible des richesses.Ils réclament ainsi toujours plus demesures en leur faveur et en défaveur dela grande majorité de la population. Etc'est bien cette politique que suivent lesÉtats, de droite comme de gauche, enconséquence du rapport de force enfaveur des dirigeants de l'économie dansla société capitaliste et des convergencesd’intérêts de classe.

    Pour ne plus subir la dégradation de nosconditions de vie, la casse de droits dutravail, pour ne plus voir les difficultéssociales et économique s'aggraver, et laprécarité se généraliser, c'est bien avec lesystème actuel capitaliste et étatiqueavec lequel nous devons faire rupture.C'est dans cette perspective que nousdevons nous organiser, lutter contretoutes les mesures d'austérité, inverser lerapport de force social, et construire unesociété égalitaire, gérée directement partous et toutes, sans propriété privée niÉtat.

    Le groupe UAF de Montpellier

  • RWANDA

    6 Infos et Analyses Libertaires - N°99

    Le 6 avril 1994, l'avion présidentiel deJuvénal Habyarimana (président duRwanda) est abattu par un missiled'origine inconnue. Le Hutu Power utilisecet incident pour liquider les quelquesforces d'opposition et commencer legénocide de la minorité tutsi. En troismois, les Mille Collines verdoyantes secouvrent du sang du million de Tutsi·e·sassassiné·e·s.

    Le génocide tutsi  : la solutionfinale pour le régime raciste hutu

    de se maintenir au pouvoir

    Le régime au pouvoir à la veille dugénocide est l'héritier du Parmehutu,parti politique raciste hutu appuyé parl’État Belge lors de la décolonisation, carl'élite intellectuelle anticolonialiste étaitmajoritairement tutsie. Depuisl'indépendance, l’État rwandais estségrégationniste et favoriserégulièrement la tenue de pogroms contre«  la menace tutsi  ». Dans les années 60-70, de nombreux·ses Tutsi·e·s etopposant·e·s hutu·e·s s'exilerontnotamment en Ouganda.

    À la fin des années 80 se constitue leFront Patriotique Rwandais (FPR), ayant àsa tête Paul Kagamé (actuel dirigeant duRwanda). Cette armée se donne pourobjectif la conquête militaire du pays et lerenversement des institutions racistes del’État rwandais. Parallèlement, les forcesinternes d'opposition se renforcent et sevivifient face à un régime vieillissant,Habyarimana étant au pouvoir depuis1973. Face à ces menaces se développedans l'élite politique et militaire unetendance raciste extrémiste  : le HutuPower. Ce parti va, au début des années90, favoriser la constitution etl’entraînement de milices de «  défense desHutu·e·s  », les milices Interahamwe. Defaçon croissante sur la Radio des MillesCollines, outil de la propagandegouvernementale, sont diffusés desappels appelant à se protéger contre lamenace tutsie et menaçant le FPRd'exterminer «  les leurs  » (comprendre lesTutsi·e·s) s'il poursuivait la guerre.

    Malgré tout cela le FPR progresse et

    l'opposition démocratique se renforce. Lerégime aux abois va alors verser dansl'horreur dans l'espoir de se maintenir. Lecolonel Bogosora qui suppléera leprésident assassiné lance les ForcesArmées Rwandaises (FAR) dans lasupervision des massacres par les milices,dans le contrôle des barrages routiers etdans le regroupement de civil·e·s tutsi·e·s,facilitant les massacres.

    L’État français complice conscient

    Dès le début de la décolonisation, l’Étatfrançais développe des relationséconomiques et diplomatiquesprivilégiées avec le pouvoir en placemalgré sa nature raciste et ses exactions.Dans le cadre de ces relations, l’Étatfrançais forme l’élite militaire de l’Étatrwandais, le premier d'entre eux étant lecolonel Bogosora, homme fort du régimedurant le génocide.

    Au début des années 90, Habyarimanacontacte le fils Mitterrand, alors membrede la cellule africaine à l’Élysée, afin quel’État français l'aide face au FPR.Rapidement sont déployés 600parachutistes ainsi qu'une pléthore deformateurs militaires1  : l’État françaisoffre donc un appui important à un Étatnotoirement raciste et dont la radio depropagande évoque la possibilité demassacres de masses. L’État français,notamment les membres de la celluleafricaine de l’Élysée et du ministère desAffaires étrangères était largementinformé de ces faits  : en effet, de retourd'une mission internationale en janvier1993, Jean Carbonnare entame avec sesami·e·s de Survie2 un lobbying important.Il espère pouvoir faire infléchir le soutiende la France à cet État présentant desdérives génocidaires. Pour cela, ilrencontre la plupart des huiles de ladiplomatie du moment, sans aucunsuccès.

    En 1994, l’État français reste longtempshésitant face à l'attitude à tenir parrapport au génocide en cours. Pire, le 16mai, Philippe Jehanne, membre duministère de la Coopération, avoue quel’État français livre des armes aux FAR,

    c'est à dire à l'armée qui encadre legénocide. L’opération Turquoise censéeapporter une aide humanitaire aide aussile repli des FAR chez l'ami Mobutu de laRépublique Démocratique du Congo.

    Ces faits, et de nombreux autres,démontrent clairement que lesresponsables politiques de l'époque du PSet du RPR (nous vivions sous unecohabitation) sont des collaborateursconscients de l'horreur du génocide Tutsi.

    Le soutien au Rwanda au cœur dela stratégie impérialiste de l’État

    français

    Dans les années 60, l’État français aconstruit un système politique à l'échelledu continent africain visant à maintenirses intérêts économiques, notammentl'accès au pétrole. La colonne vertébralede cette politique impérialiste, dont le butest de voler les ressources économiquesdes pays africains au profit de l'élitepolitique et économique française, est lacoopération militaire. Cela permet d'avoirtoujours une capacité putschiste pourinstaurer un régime ami. Le Rwanda setrouve au carrefour de la zone sousdomination impérialiste française et cellesous domination anglo-saxonne.

    Si le régime d'Habyarimana et lesgénocidaires du Hutu Power favorisent lesintérêts français, ce n'est absolument pasle cas du FPR qui a des liensdiplomatiques avec les États-Unis et leRoyaume Uni. C'est la motivationprofonde du soutien important et durablede l’État français à un régime raciste puisgénocidaire.

    Le double génocide  : thèsenégationniste

    Si la Shoah est insultée par Faurisson etDieudonné, le génocide des Tutsi·e·s estsouvent minoré par la thèse du doublegénocide. Il y aurait selon cette thèseparallèlement au génocide des Tutsi parles FAR et les milices Interahamwe, legénocide des Hutu par le FPR. S'il y a eudes massacres et des exécutionssommaires de la part du FPR, il n'y a pas

    RWANDA  : 20 ANS APRÈSL'HORREUR, RIEN N'EST OUBLIÉ,

    RIEN N'EST PARDONNÉ

    1. La Françafrique, le plus longscandale de la Rébublique p. 17, François-Xavier Verschave2. Association de lutte contre la Françafrique

  • RWANDA

    7Infos et Analyses Libertaires - N°99

    eu de plan d'extermination massive nimême de volonté d'exterminer unepopulation sur des bases ethniques.

    Cette thèse est essentiellement soutenuepar un journaleux d’opérette, Pierre Péan,et est relayée par des Rwandais en exil enFrance qui déversent leur fiel sur internet3

    ou dans la presse spécialisée4. En parallèledu double génocide, le FPR est accusé dumeurtre d'Habyarimana5, ce qui permetpar un tour de passe-passe idéologique, àdire que le FPR, comprendre les Tutsi·e·s,est responsable du génocide des Tutsi·e·s.En revanche, Bogosora qui a planifiél'organisation du génocide et développé lerecensement des Tutsi n'aurait eu qu'unrôle mineur dans cette affaire  ! Il existed'autre variantes négationnistes, l'auto-génocide du peuple rwandais contre lui-même, le génocide spontané, issu derancœurs ancestrales entre Hutu·e·s etTutsi·e·s, la négation pure et simple : il yaurait eu quelques massacres mais pasplus qu'ailleurs... Les thèsesnégationnistes profitent du peu d'imageset de témoignages notammentinternationaux ainsi que de la

    complaisance de l’État français qui n'a pastrop envie que l'on mette à nu sesresponsabilités dans le génocide.

    Contre l'horreur, lutter encore ettoujours

    Contrairement à la Shoah qui s'estréalisée avec un outil industriel, legénocide des Tutsi·e·s s'est effectué avecdes armes rudimentaires, pour l’essentielmachettes et gourdins à clous. Malgré lepeu de moyens, la logistique génocidaire aété très efficace puisqu'il y a eu un tauxd'élimination quotidienne cinq fois plusélevé qu'à Auschwitz6.

    Aussi face à cette horreur, nous devonsd'abord lutter contre l'oubli du derniergénocide que l'humanité a enduré en enrappelant les événements et lachronologie. Lutter contre l'oubli signifieaussi lutter contre les saloperiesnégationnistes. Nous devons lutter contrel'impunité dont jouissent de nombreuxgénocidaires en France et dont l’Étatrefuse l'extradition au Rwanda ou devantle Tribunal International Pour le Rwanda7.Il nous faut lutter contre l'impunité des

    génocidaires en exil mais égalementcontre les responsables de l’État françaiscomme Hubert Védrine, secrétaire généralde l’Élysée au moment du génocide, et quinous donne (on en demande pas tant !)son point de vue sur l'internationalrégulièrement.

    Nous devons également lutter contre lasource profonde du génocide,l'impérialisme de l’État français enAfrique, plus communément appelé laFrançafrique. Anéantir les mécanismesqui ont couvert et armé le génocide estsans doute le meilleur des hommages àfaire aux victimes du génocide. Enfin,nous devons lutter contre les ordures qui,comme le disait Mitterrand à l'été 1994,pensent que «  dans ces pays-là ungénocide, c'est pas trop important  ». Qu'ilsarrêtent de semer le malheur et ladésolation pour favoriser leurs intérêts ànotre détriment au Rwanda et ailleurs.

    Liaison Jura

    3. http://www.rwamucyo.com site d'un médecin rwandais en croisade contre le pouvoir de Kigali et notamment ses «  mensonges  » sur le génocide.4. Pierre Péan est souvent cité dans Jeune Afrique.5. Il n'existe aucune certitude sur les responsabilités de l'assassinat d'Habyarimana, mais la thèse la plus vraisemblable impliquerait le Hutu Power qui jugeait leprésident trop mou http://www.lemonde.fr/idees/article/2012/01/18/la-verite-contre-le-negationnisme-du-genocide-du-rwanda_1630890_3232.html6. Rwanda  : le génocide, p. 312-317, Gérard Prunier7. Il y a des procès qui s'ouvrent en France malgré tout, notamment avec la pugnacité de Survie http://survie.org/genocide/justice-637/article/simbikangwa-condamne-le-genocide-4640

  • PRISON

    8 Infos et Analyses Libertaires - N°99

    En France, 500 000 personnes sontconfrontées chaque année àl'incarcération d'un·e proche. Paruen novembre 2013, le Guide à l'usage desproches de personnes incarcérées est unoutil pratique élaboré par et pour desproches de prisonnier·e·s.

    En solidarité avec les proches

    L'arrivée en prison d'un·e proche est unesituation complexe et souventinattendue  ; source de problèmesjuridiques, sociaux et pratiques, ainsi quede multiples angoisses. Peu nombreusessont les ressources disponibles  : quelquessites Internet et forums de proches... Ilexiste également de la documentation etdes accueils (dans certaines prisons)destinés aux proches, qui présentent ledésagrément d'être une répétition,souvent infantilisante, des réglements etdes discours de l'institution carcérale.Dans tout cela, pas ou peu de place pourles luttes, l'échange d'astuces, lasolidarité.

    Le Guide à l'usage des proches de personnesincarcérées a été rédigé par un collectif deproches, précisément pour partager unpoint de vue né de l'expérience et briserl'isolement. Il a été fait pour latransmission d'informations, de conseilset d'astuces entre proches, tout cela pourvivre au mieux la situation. Le Guides'emploie à donner différentes pistes, enne se plaçant ni dans une perspectiveexcessivement juridique, ni dans unedémarche relevant de l'accompagnementpsychologique.

    Le Guide est organisé selon un principechronologique  : il commence par revenirsur les premiers jours d'incarcération, endétaillant ce qui se passe pour la personneproche à l'intérieur, et explique lespremières démarches d'urgence à réaliser(demande du numéro d'écrou, premierenvoi d'argent, demande de permis devisite...). L'une des orientations à ce stadepuis tout au long du guide est d'expliquerce qui se passe à l'intérieur, notammentdans la perspective de défaire certainescraintes et représentations dues àmanque d'information concrète, et qui sesurajoutent souvent à l'angoisse première

    suscitée par l'incarcération d'unepersonne proche.

    Différents sujets sont ainsi abordés au fildes 200 pages  : la communication(courrier, usage des portables, parloirssauvages, émissions de radio...), l'envoi delinge, de livres et de colis, les permis devisite et les parloirs, les droits civils etfamiliaux (PACS, mariage...), les questionsd'argent (envois de mandats, droitsconcernant le RSA, le chômage...), despistes de survie en vue de la confrontationà la justice et à l'administrationpénitentiaire...

    On trouvera aussi une série de questionspêle-mêle, un lexique, des conseils delectures (témoignages de proches et deprisonnier·e·s, autres lecturescomplémentaires), des films, des contactsde collectifs anticarcéraux et anti-répression, ainsi que beaucoup d'autrescontacts utiles.

    Le Guide relève d'une démarche desoutien et de solidarité avec les proches. Ilrappelle notamment de ne pas oublier devivre sa vie, en ne perdant pas de vue sespropres besoins. La prison peut prendrebeaucoup de temps, affecter la relationavec la personne à l'intérieur. Il s'agitaussi de ne pas trop organiser sa vie en

    fonction de la prison, pour conserver del'autonomie, du temps pour soi. Un enjeuest donc de réussir à «  garder la têtedehors  ».

    Perspectives politiques

    Les organisations de proches existent,mais elles sont rares et fragiles. Il s'agit leplus souvent de petits collectifs,majoritairement constitués d'épouses etde mères de prisonnier·e·s. Les collectifsde type «  justice et vérité  » mis à part, lesluttes menées par les proches sont peunombreuses. Il peut être difficile deformer une association de proches, pourdiverses raisons qui peuvent notammenttenir de la remise en cause de l'équilibrefamilial et amical suite à uneincarcération. De surcroît,l'individualisation des peinescaractéristique de la politiquepénitentiaire aggrave à l'intérieur commedehors les difficultés à s'organiser et àlutter, puisque cela aura par exemple uneinfluence sur la garantie des remises depeines. Un contre-exemple récent etcombatif est le re-lancement de l'ARPPI,l'Association pour le Respect des Prochesde Personnes Incarcérées([email protected]).

    Par ailleurs, le lien entre les collectifs deproches et une perspective politiqueabolitionniste n'est pas nécessairementévident  : avoir un·e proche détenu·en'empêche pas d'adhérer à une visionlégitimiste de la prison sans réellement dedifférence avec celle du reste de lapopulation. L'isolement construit par laprison peut être vécu comme injuste poursoi, mais légitime pour les autres. Êtreconfronté·e à la prison n'entraîne pasautomatiquement des positionsabolitionnistes.

    S'il offre avant tout des ressourcespratiques, le Guide a, lui, bien été élaborédans une perspective politiqueanticarcérale. L'importance du partage del'expérience, de ce point de vue, tient dansle fait qu'il permet de rejeter la notion dehonte, en brisant l'isolement qu'impose laprison, en créant du lien malgré cetisolement et en donnant du sens à ce quel'on vit en en faisant une expériencecollective. La solidarité vient du fait de

    CHRONIQUE DU GUIDE À L'USAGEDES PROCHES DE PERSONNES

    INCARCÉRÉES

  • PRISON

    9Infos et Analyses Libertaires - N°99

    pouvoir se parler entre proches,d'échanger, mais aussi de s'organiser etd'avoir accès à des collectifs, des caissesde solidarité, des émissionsanticarcérales...

    Autre perspective proposée par le Guide,celle de mettre fin à l'invisibilisation desproches dans les luttes anticarcérales, enles plaçant au centre de ces luttes. Il s'agitde mettre en lumière le fait quel'enfermement n'est qu'une partie duproblème, et qu'il existe aussi une formede peine invisible effectuée par lesproches, surtout des femmes (qui sont parexemple de loin les plus nombreuses à serendre régulièrement au parloir), dont onne parle que rarement dans les luttesanticarcérales. Celles-ci ne fournissentpas forcément beaucoup d'efforts pourintégrer les proches, qui sont en majoritédes femmes (qui sont celles quisoutiennent aussi bien la grande majoritéd'hommes incarcérés que les autresfemmes).

    Ce refus de l'invisibilisation des prochesrecoupe donc une préoccupationféministe  : on retrouve la notion de luttecontre la division, la répartition et lavalorisation genrée des tâches. Cettedivision genrée existe, comme ailleurs,dans les mouvements anticarcéraux, oùécrire un tract (activité dite masculine)sera toujours plus valorisé que porter dulinge (rôle dévolu aux femmes)...

    Mettre les proches au centre des luttesanticarcérales, c'est donc s'employer àfaire en sorte que les sujets de ces luttesne soient pas seulement les hommesdétenus, mais aussi les femmes qui lessoutiennent. C'est dans ce sens que leGuide s'adresse surtout à des femmes.

    Où le trouver

    Le Guide à l'usage des proches de personnesincarcérées est disponible en ligne sur lebloghttp://permisdevisite.noblogs.org/,ainsi que des «  bonus  ». Le Guideimprimé, joliment illustré et au format

    compact, est distribué à prix libre dansplusieurs lieux militants et associatifs. Ilest possible d'obtenir des envois gratuitsen écrivant par mail à[email protected]. Ladiffusion est gratuite auprès de toutes lespersonnes proches de détenu·e·s, et lesdistributions devant les parloirs sontfortement encouragées.

    Cet article est basé sur une interviewd'une des personnes à l'origine de larédaction du Guide, réalisée par desmembres du groupe de Lille de la CGA.Elle peut être écoutée à cette adresse :http://c-g-a.org/article/emission-sur-la-sortie-du-guide-lusage-des-proches-de-personnes-incarcerees.

    Emma, groupe de Lille

    La CGA à AuchLiaison Auch

    écrire au secrétariat

    La CGA à Clermont-FerrandGroupe de Clermont-Ferrand

    Courriel :[email protected]

    La CGA en CommingesGroupe Nosotros

    Ancien collège, 31160 ASPETCourriel  :

    [email protected]

    La CGA en Haute-SavoieGroupe de la Haute-Savoie

    Courriel  :[email protected]

    La CGA à LilleGroupe de Lille

    c/o CCL4 rue de Colmar, 59000 LILLE

    Courriel  :[email protected]

    La CGA à Lons-le-SaunierLiaison Lons-le-Saunierécrire au secrétariat

    La CGA à LyonGroupe de Lyon,

    (Relations Internationales)Librairie la Plume Noire

    8, rue Diderot69001 LYON

    Librairie ouvertele mercredi de 17h à 19het le samedi de 15h à 19h.

    Tél. 04 78 72 61 30Courriel  :

    [email protected]

    La CGA à MâconGroupe de Mâcon

    Courriel :[email protected]

    La CGA à Montpellier(Secrétariat)

    Groupe Un Autre Futur20, rue Terral, 34000

    MONTPELLIERpermanences

    le samedi de 15h à 19hCourriel  :

    [email protected]

    La CGA à OrléansLiaison Orléans

    écrire au secrétariat

    La CGA à ParisGroupe de la région parisienne

    Courriels  :[email protected]

    [email protected]

    La CGA à PerpignanGroupe Puig Antich

    (Relations Extérieures)2 , rue Théodore GuiterEcrire à   : c/o CES,

    BP 40 23366002 PERPIGNAN CEDEX

    Courriel : [email protected] tous les samedis de

    15h à 19h

    La CGA à ToulouseGroupe Albert Camus36, rue de Cugnaux,31300 TOULOUSE

    Courriel  :[email protected]

    Permanencesle mardi de 18h30 à 19h30

    La CGA en VaucluseGroupe Lucy Parsons

    Courriel  :groupe-lucyparsons84@c-g-

    a.org

    Pour contacter la Coordination des Groupes AnarchistesSite internet  : www.c-g-a.org

    Secrétariat  : 20, rue Terral 34000 Montpellier - Courriel  : [email protected]

    Relations Extérieures  : 2, rue Théodore Guiter, 66000 Perpignan - Courriel  : [email protected]

    Relations Internationales  : 19, rue Pierre Blanc, 69001 Lyon - Courriel  : [email protected]

    Pour connaîtrel'activité desgroupes et des

    liaisons de la CGA,rendez-vous surl'agenda en ligneaccessible depuis lapage d'accueil du

    site:www.c-g-a.org

  • 10

    ANTIFASCISME

    Infos et Analyses Libertaires - N°99

    Pourquoi une campagne libertaireantifasciste  ? Et dans quel but  ?

    La recrudescence des actes àcaractère fasciste ou fascisant nousa conduits à nous interroger sur lanécessité d’y apporter une réponseappropriée. Des mobilisationsantifascistes ont fait suite auxdémonstrations du style  «  manifestationspour tous  » ou «  jour de colère  ». Cesmobilisations ont d’abord fait écho aumeurtre de Clément Méric le 5 juin 2013,et de manière plus large aux agressionssauvages perpétrées par des militant·e·sd’extrême droite à Clermont-Ferrand, àLyon, à Montpellier, à Toulouse etc. À côtéde l’apparition de divers comitésantifascistes élargis à Lyon, à Montpellier,à Paris, à Clermont-Ferrand, àPerpignan… il a manqué unecoordination à la mesure de la menace dece retour de la violence fasciste sur leterrain, dans la rue. La plupart desorganisations du Mouvement libertaire sesont réunies à plusieurs reprises afind’apporter une réponse collective à cesmenaces et à ces violences.

    La Campagne Libertaire AntiFasciste(CLAF) est donc née à la suite de ceprocessus et regroupe AlternativeLibertaire, la CNT et la Coordination desGroupes Anarchistes. Ces organisationsont décidé en commun d’apporter desréponses à caractère antiétatique,anticapitaliste, anti-électoraliste et contretoutes les formes de discriminations etd’oppressions  : racisme, xénophobie,sexisme, lesbophobie, homophobie,transphobie etc. Elles ont décidé deconcert d’apporter leurs réflexions, leurspropositions et leurs actions sur le terrainsocial. AL, la CNT et la CGA ont produitun matériel de propagande adapté à cettecampagne. Ainsi un  «  4 pages  », uneaffiche et une série d’autocollantsviendront agrémenter les différentesinterventions, apparitions, réunions-débat, conférences de presse qui sedérouleront entre le 7 et le 13 avril 2014,dans la plupart des villes où lesorganisations de la CLAF sont présentes.Le soutien des organisations libertaireset/ou des collectifs locaux, non partieprenante de la campagne à son origine,sera évidemment le bienvenu quandelles/ils décideront de s’y associer.

    Notre alternative au fascisme etau capitalisme

    Le projet libertaire propose des valeurs etune société complètement opposées àcelles que proposent les fascistes.Égalitaire et libertaire, ce projet est fondésur le partage des richesses et l'égalitééconomique et sociale dans tous lesdomaines de la vie. Pour avancer vers saréalisation, il est nécessaire de renforcerles luttes actuelles contre les politiquesantisociales, les populariser, les souteniret en initier d’autres, dans uneperspective anticapitaliste etantiautoritaire, permettant ledéveloppement des capacités de gestiondirecte de l'ensemble de la populationdans tous les domaines. L’éradication dufascisme passe par la lutte contre lecapitalisme, l’État qui est le meilleur deses gestionnaires, le racisme, le patriarcatet toutes les formes d’oppression et dedomination. Contre la destructionprogrammée des retraites, la réductionannoncée des droits des chômeurs etprécaires, la fermeture continue desservices publics ou encore les plans delicenciements sans fin, il faut développerune confrontation sociale radicale dansles entreprises, dans les quartiers etauprès de la jeunesse. C'est encore unefois par la grève générale et le blocage del'économie que nous pourrons faire échecaux logiques que nous imposent lesclasses dominantes au nom de la crise etdonc éradiquer ce qui fait le terreau dufascisme.

    Face aux problèmes sociaux et politiques,les élections n’offrent que des illusions desolution et de choix. Ce n'est pas dans lesurnes que se résoudront la criseéconomique, les inégalités ou ledéveloppement du fascisme qui en estissu. Il faut donc refuserl’instrumentalisation des luttes à des finsélectorales, qui vise à asseoir l'hégémonie

    de partis institutionnels. Les nécessairesavancées sociales, seuls véritablesremparts face au développement dufascisme, se feront en développant lesluttes et l'organisation dans nosentreprises et nos quartiers. Notre objectifest de construire une alternative aucapitalisme et à l’État, fondée sur laréorganisation et la gestion directe del'économie et de la société par lestravailleurs et les travailleuses, qu’ils etelles aient un emploi ou pas.

    Face à la résurgence de la violencefasciste, il nous semble fondamental dedévelopper l'autodéfense antifascistepopulaire, collective et organisée, sanss'en remettre à l’État qui fait preuve d'unecomplaisance de fait envers les groupesfascistes, quelles que soient lesproclamations d'intention qu'il puissefaire de manière opportuniste.

    De même, il est nécessaire d'informer etde sensibiliser largement sur le projet etles pratiques racistes et dictatoriales del'extrême droite. Il est urgent de réagir, dese mobiliser et d'être solidaires lors desmenées et des violences fascistes, mais ilest aussi urgent d'empêcher ledéveloppement de leur expressionhaineuse sur internet et dans les zonesrurales ainsi que dans les petites villes oùla présence des organisationsantifascistes est moins importante. Faceaux fascistes, il faut s'organiser pour lesmettre hors d'état de nuire. Face auxcapitalistes, il faut s'unir pour détruireleur pouvoir et redistribuer les richessesproduites par les travailleur·se·s. Face àl’état, il faut prendre nos affaires en mainet construire une alternative socialeémancipatrice, égalitaire et libertaire.

    Perpignan le 15 mars 2014Groupe  Puig  Antich  de  la  CGA

    LA CAMPAGNE LIBERTAIREANTIFASCISTE

  • SOCIAL

    11Infos et Analyses Libertaires - N°99

    Après l'entrée bien écœurante «  loiFioraso et continuité de la cassesociale à la fac  » dans le précédentnuméro d'IAL, passons au plat suivant«  loi Fioraso et menace dans le travailsocial  ». Car cette loi produit aussi deseffets sur la formation des travailleur·se·ssociaux·ale·s.

    L'apprentissage des métiers du social(entre autres moniteur·triceéducateur·trice, éducateur·tricespécialisé·e, assistant·e de service social)s'effectue en alternance (cours + stages)pendant une durée de deux ou trois ans.Les stages sont plus ou moins longs selonla filière et le stade de la formation. Pourrassasier ces affamé·e·s d'étudiant·e·s,certains stages sont rémunérés. Mais là,tout le monde n'est pas logé à la mêmeenseigne ni servi à la même table. Eneffet, seul·e·s les employeur·se·s dusecteur privé (entreprises, associations) etdes organismes publics de l’État sontactuellement tenu·e·s légalement degratifier les stages d'une durée supérieureà deux mois1.

    A propos du secteur public, la fameuse loiFioraso2 soumet tous les terrains de stageà l'obligation de gratification. Mais laministre a mis de l'eau dans son vin face àla mobilisation entre autres desétudiant·e·s. Elle a annoncé en octobredernier une concertation visant à prendreen compte la situation budgétaire desorganismes publics. Ainsi les collectivitéslocales et les établissements publics sontlibres, pour cette année 2013-2014, derégaler les étudiant·e·s ou de les laisser àla diète.

    De quoi se plaint-on  ?

    La gratification c'est bien car ça donneune meilleure saveur à une formationsuivie par des étudiant·e·s qui ne sont pasles moins précaires. Le problème c'est queça coûte de l'argent - toujours l'argent...Or en ces temps de disette budgétaire (lacrise est une réalité mais aussi un bonprétexte) les établissements et services yregardent à deux fois avant d'accueillirun·e stagiaire. Certains préfèrent mêmeles étudiant·e·s indemnisé·e·s par Pôleemploi car dans ce cas pas besoin degratification. Ce qui pose la question del'égalité devant les stages.

    Les étudiant·e·s ont les crocs

    Pour en revenir aux organismes publics,nous avons vu que la gratification n'estpas obligatoire cette année. Mais qu'ensera-t-il l'année prochaine  ? Si elledevient obligatoire, les étudiant·e·s serontcontent·e·s car ils et elles pourrontremplir un peu plus leur gamelle. Mais siles organismes publics ne reçoivent pasles moyens qui leur permettraient demettre en œuvre cette gratification, il y afort à parier que certains feront les finesbouches et refuseront, eux aussi,d'accueillir des stagiaires. Par conséquentles terrains de stage vont être encoremoins nombreux, ce qui vaimmanquablement impacter la formationdes étudiant·e·s  : recherche de terrains destage situés de plus en plus loin del'établissement de formation,allongement de la durée de formation encas de stage non réalisé dans les temps...

    Gratification or not gratification  ?

    Puisque la gratification pose problème,pourquoi ne pas la supprimer purementet simplement  ? Parce que tou·te·s lesétudiant·e·s n'ont pas les moyens de payeret suivre leur formation tout en gérant lereste (bouffe, logement...)  ; donc touteaide est la bienvenue. D'autant plus qu'enl'occurrence la gratification n'est ni unsalaire ni une somme s'ajoutant à une

    rémunération régulière. En effet, commeil n'y a pas de rémunération, lagratification est une simple et maigresomme d'argent.

    Parce que les stagiaires travaillent, ce quiouvre droit à une contrepartie financière.Déjà que le salariat est une exploitation àcombattre et que les salaires sontfaméliques, si en plus le travail fournin'est pas rémunéré l'exploitationcapitaliste atteint alors un stade extrême.

    Rester ferme quant auxrevendications et sceptique face

    aux annonces

    Fin février, l’État affirme qu'un «  fonds detransition  » sera créé pour «  aider lesorganismes nouvellement soumis àgratification  ». De plus des terrains destage supplémentaires seront proposésdans les services de l’État. Mais attendonsde voir ce que cela va donner. Ce fondssera-t-il pérenne  ? Les terrains de stagevont-ils vraiment augmenter comme ça  ?Par contre, en tant qu'anarchistes,soutenons les étudiant·e·s dans leursrevendications, notamment financières  !

    Groupe de la Haute-Savoie

    ON REPRENDRAIT BIEN UN PEU DELOI FIORASO  !

    1. Pour un historique, voir une loi du 31/03/06, un décret du 31/01/08, un autre du 21/07/09, une loi du 24/11/09, une autre du 28/07/11.2. Loi «  Fioraso  » du 22/07/2013 relative à l'enseignement supérieur et à la recherche.

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    Infos et Analyses Libertaires

    Journal de la

    Coordination des Groupes Anarchistes

    Directeur de la publication  :

    Edward Sarboni

    Rédaction et administration  :

    C.E.S. BP 40 233

    66002 Perpignan cedex

    ISSN 07514530

    Dépot légal 1er trimestre 2014

    N° 99

    Impression  : MAB, Lyon

    ANARCHISME

    En décembre 2013, le groupe AlbertCamus prenait l'initiative de créerun espace d'échanges et de débatautour de l'anarchisme, et lançait cetappel  :

    Les anarchistes défendent la libertéindividuelle dans le cadre d'uneorganisation collective de la société. Ils/ellesprônent l'émancipation sociale, la fin del'exploitation capitaliste de l'humain, de sonmilieu naturel, et la suppression de toutesles dominations qui hiérarchisent etoppriment les individu·e·s. Les valeurssociales défendues par les libertaires ne sontpas de simples idées abstraites : elles sontissues de la réalité sociale, et orientent notrepratique politique dans la lutte concrètecontre les inégalités sociales. Ils/ellesveulent donner du sens à l'activité humaineet ne pas être subordonné·e·s à dequelconques hiérarchies ou classes sociales.A ce titre, on retrouve les anarchistes dansles combats antimilitaristes, féministes,antifascistes, pour la justice sociale,l’écologie, contre l'ordre moral et lareligion. . .

    Mais tous ces thèmes nous concernenttou·te·s, et vous intéressent certainement.Nous souhaitons mettre en place un

    programme d'éducation populaire

    anarchiste, sans dogmatisme, à la portée detout·e·s, auto-construit, répondant auxsouhaits des participant·e·s. Chez nous, pasde science infuse, et nous savons que laconnaissance a ceci de particulier que pluson la partage, plus on en détient. Et de laconnaissance, il en faut pour mener à bienune analyse critique du monde dans lequelon se débat, monde irrationnel, stupide,brutal et injuste. On veut peser sur lesévènements. C'est de la révolution socialedont on rêve. Mais ici et maintenant, quefait-on ?

    Vous souhaitez acquérir une bonneconnaissance de l'histoire de la penséeanarchiste ?

    Vous aimeriez vous forger unereprésentation rationnelle du monde tel qu'ilest ?

    Vous n'aimez pas les maîtres à penser, lesestrades, les hiérarchies du savoir ?

    Alors, venez nous rencontrer, et parlons dece projet de partage de connaissances, carc'est en portant un regard sans concessionsur aujourd'hui, à la lumière de l'histoiresociale, que nous construirons ensemble deslendemains meilleurs.

    C'est ainsi qu'une quarantaine depersonnes se réunissaient fin décembre2013 à l'Athénée Albert Camus pour une

    première prise de contacts, et pourexprimer des souhaits de thématiques àtraiter. C'était pour nous l'occasion deressentir une réelle demande deformation sur l'anarchisme. Dans lafoulée, avait lieu fin janvier une soiréeintitulée «  Repères historiques del'anarchisme  » à laquelle participaientencore plus de quarante personnes.Fort·e·s de ces encouragements, nousorganisions fin février une soirée surl'anti-électoralisme anarchiste, soiréeplus propice au débat tant ce thèmedivise, même au sein du mouvementlibertaire. En avril, nous allons tenter deproposer une soirée sur le thème del'anarcha-féminisme. Enfin, avant la finjuin, nous aimerions proposer une soiréeau sujet de la révolution sociale espagnolede 1936. Nos activités sont annoncées surle site http://toulouse.demosphere.eu/

    JMT pour le groupe Albert Camus

    CRÉATION D'UNE UNIVERSITÉPOPULAIRE ANARCHISTE

    TOULOUSAINE