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Kadath Chroniques Des Civilisations Disparues - 018

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    COMITE DE REDACTION : ivan verheyden, rdacteur en chef patrick ferryn, secrtaire de rdaction jean-claude berck, robert dehon, jacques gossart, jacques victoor ASSISTE DANS LA DOCUMENTATION PAR : jacques dieu, jacques keyaerts, christine piens, dith pirson, albert szafarz, albert van hoorenbeeck ECHANGES AVEC LES REVUES : bres (j.p. klautz et a. gabrielli, la haye) nouvelle cole (alain de benoist, paris) question de (louis pauwels, paris) MAQUETTE DE GERARD DEUQUET

    Au sommaire jean sendy ou lapologie du moyen ge, Ivan Verheyden . . . . . . notre cahier archoastronomie

    la microseconde chez les hbreux, Jean Sendy . . . . . . . la soi-disant constante de ninive, Patrick Ferryn . . . . . . .

    les fresques insolites du tassili, Jacques Gossart . . . . . . . . histoire et actualit des solsctices, Pierre Vial . . . . . . . . . comment dchiffrer lcriture maya (1), Antoon Vollemaere . . . . .

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    A la recherche

    De kadath

    Nos lecteurs ont eu le temps de constater quil y a eu un ppin lors du dernier numro : la couver-ture. Sans pravis, il nous fut annonc que le papier gaufr dusage ne se fabriquait plus dans notre coloris, ntant plus suffisamment demand. Il a fallu se rabattre in extremis sur une couleur voisine, et nous en avons profit pour choisir un papier de qualit meilleure. Mais nous navions pu nous en expliquer, et depuis, il savre que les avis sont partags. Or le drame, cest que nous restons la merci dun autre changement. Notre maquettiste a donc prconis, pour un avenir non encore dfini, une couverture blanche, avec impression des titres et du dessin en une couleur. Des preuves ont t faites, et il faut reconnatre que cela a de la classe. Mais cest vous qui ferez pencher la balance. Ecrivez-nous, donnez votre avis, et nhsitez pas, ventuellement, faire dautres suggestions. De toute faon, si changement il y a, ce ne sera pas avant la fin de cette srie : jusquau numro 20 inclus, fin 1976, nous garderons notre prsentation, ceci lintention surtout de ceux qui tiennent faire relier leur collection. Encore une bonne nouvelle pour terminer. Dornavant, des changes sont prvus avec des revues quanime le mme esprit que nous : QUESTION DE et NOUVELLE ECOLE Paris, BRES en Hol-lande. Pour situer cette nouvelle cole , qui na rien de dogmatique mais se retrouve dans une certaine manire dapprhender les choses, je citerai ple-mle, au gr des articles, quelques constatations et caractristiques communes. Certaines recherches ont t dlibrment freines. Les connaissances techniques vont plus vite que le savoir sur lhomme lui-mme. Certaines ralits ne peuvent encore, dans ltat actuel de la recherche, tre soumises la mthode exprimentale. Do un esprit de tolrance, mais aussi une lutte implacable contre la confusion; un esprit gnostique, mais sans esprit messianique ; une analyse mais aussi une synthse scientifiques, dans une vision non-rductrice de lhomme. A ce vaste programme, nous tentons, modestement, dapporter notre contribution.

    KADATH

  • Les hermtistes en question ne cherchent pas dans les vieux grimoires le moyen, trs improba-ble, de devancer la Science mais une preuve du tait que les dcouvertes contemporaines taient dj connues du temps o Hermes vivait sur Terre . Jean Sendy. Prsenter Jean Sendy, cest aborder de front la question des extraterrestres en archologie. Et pas nimporte quelle immixtion sporadique (ce qui serait plutt la possibilit quil nous arrive denvi-sager). Non, ici cest bien lorigine mme de nos civilisations qui leur est impute. Jai prconis, en terrain aussi brlant, de scinder la question, dans le seul but de situer dabord lhomme et ses conceptions, avant dexposer le scnario quil pro-pose. Si on naccepte pas celui-ci, on peut le rece-voir comme un roman. Mais au moins aura-t-on respect lhomme. Car au travers de ses essais se reflte une faon trs anticonformiste de voir les choses, et cette apologie de lesprit du Moyen Age ma sduit. Une fois que vous vous serez fait une opinion sur cette vision de lHistoire, vous saurez comment vous comptez accepter ou refu-ser la suite qui en dcoule logiquement. Car dans ce domaine, Jean Sendy offre, je crois, une dou-ble originalit. 1. Il place le postulat extraterrestre dans une pers-pective de civilisation. Lide extraterrestre nest pas neuve. Selon lui, elle a toujours exist, ce nest que depuis quelques sicles que lhumanis-me issu de la Renaissance la place sous le bois-seau. Cest la raison pour laquelle se pose la question : pourquoi, depuis la nuit des temps, a-t-on toujours cru la vie extraterrestre ? Et cest le retour au Mythe, avec un grand M, celui que tou-tes les civilisations ont en commun. 2. Tous les livres qui foisonnent sur les traces dextraterrestres dans le pass, ont limportance de la mouche dans lhistoire du coche. Ils ne sont pas prs de dmontrer quelque chose, en tout cas pas demporter ladhsion. Il faudrait commencer par dfinir les critres d extraterrestrabilit (ouf). Mais comment ? Lesprit humain est mieux connu que celui dun extraterrestre ventuel. II faudra donc procder par limination, et dtecter ce qui ne peut pas avoir germ spontanment dans lesprit de nos anctres. Cela, par manque dinter-mdiaires, vient forcment de lextrieur. Do et de qui, cest une autre affaire.

    Etre humaniste, cest considrer lhomme comme le sommet de la cration, ce quil y a de plus beau dans lunivers. Cette ide nous vient en droite ligne de la Renaissance : cest donc peine cinq sicles que nous la vhiculons, pas plus. Seulement, cest delle aussi que nous vient la description du Moyen Age comme une re dobscurantisme. Certes, les croyances et les superstitions fleurissaient, mais gure plus, en fin de compte, qu lpoque

    contemporaine. Par contre, cest en plein Moyen Age que se prpare la science moderne par ses inventions techniques : moulins eau et vent, boussole, lunettes, gouvernail, cluse, forge soufflet, brouette, horloge, imprimerie (1). Et les innombrables mcanismes conus par Lonard de Vinci vinrent couronner une poque inventi-ve intense, qui livra la fin du Moyen Age la plupart des mcanismes utiliss de nos jours (2). Qui a parl dobscurantisme ? Lhu-manisme de la Renaissance, parce que, au travers de ce conflit avec le Moyen Age, ce sont deux conceptions du monde qui saffrontent. Cest lenjeu mme des procs du XVIe sicle. II suffirait pourtant de situer correctement la chro-nologie des vnements pour se rendre compte de ce quune grande clart jaillit du Moyen Age. Les dates-limites choisies, pour tre arbitrai-res, nen correspondent pas moins une certaine ralit, celle de lEglise de Rome. En 395, cest Thodose qui impose le christianisme comme religion officielle de lEmpire; en 1453, cest la chute de Byzance sous les assauts de lIslam. Puisque la Renaissance dbute en 1453, tous les gants de la pense sont considrs comme des renaissants, hritiers de la pense antique. En ralit, sils taient dpositaires de lesprit grec, ce ntait pas par lapport arabe qui suivit la chute de Byzance, mais parce que tout au long des mille ans du Moyen Age, ils avaient tudi lenseignement du pass, la Tradition, au vu et au su de chacun dailleurs. Il ny eut jamais de probl-me jusquau XVIe sicle, jusqu la Renaissance. (Cest les charlatans quon brlait au Moyen Age). Mais, contrairement aux apparences, Copernic, Galile, Newton, ne sont pas des gens de la Re-naissance, ce sont des gens du Moyen Age. Quils se soient manifests aprs la chute de Byzance nest quun hasard : ce moment, leurs travaux taient prs daboutir. Et les lumires de la Re-naissance , cest eux qui les ont fait briller, contre vents et mares. Car la premire raction contre ces gants de la pense, fut la rpression. Voyons les faits et les dates. 1453. Chute de Byzance, et fin officielle du Moyen Age. Pic de la Mirandole est n en 1463, il fut per-

    scut pour sintresser la Cabale. Paracelse est n en 1493, il est linventeur de la

    mdecine psychosomatique et fut perscut pour avoir, dans ses cours, trait dnes les mdecins de lAntiquit.

    Copernic publia son Trait sur les rvolutions du monde cleste en 1543, alors quil tait achev depuis trente ans. II fut mis lindex en 1615.

    JEAN SENDY ou LAPOLOGIE DU MOYEN AGE

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    (1) Gustave Cohen La grande clart du Moyen Age . Gallimard, coll. Ides.

    (2) Maurice Ponte : Linformatique . Le Seuil d.

    Nous autres, gens du Moyen Age .

  • Giordano Bruno prit sur le bcher en 1600, cause de sa doctrine astronomique du nombre infini des mondes, soleils, plantes et constel-lations.

    Galile fut condamn en 1610 pour oser pr-tendre que la Terre tourne autour du Soleil.

    Cyrano de Bergerac se voit oblig, en 1650, de dcrire ses Etats et Empires de la Lune et du Soleil sous le thme de Histoire comi-que .

    O est lobscurantisme ? Et aprs un sicle ou deux de ce terrorisme, il fallut se rendre lvidence. Quavaient voulu imposer les humanistes de la Renaissance ? Le systme de Ptolme. Et qui avait raison ? Les gens du Moyen Age. Sans parti-pris, on aurait d remarquer quils faisaient une trs nette distinction entre, dune part les sciences profanes sujettes exprimentation, et dautre part, les sciences sa-cres quil fallait transmettre conformment la Tradition : cosmologie, alchimie entre autres. Ceux qui voulaient exprimenter cote que cote arrivaient aux rsultats de Ptolme. Alors que et cest quand mme troublant ceux qui se rf-raient la Tradition taient dans le vrai Pythagore, Aristarque, Copernic, Bruno. Mais ils taient victimes dun double handicap, et tout le drame vient de l : les moyens techniques man-quaient pour vrifier leurs connaissances et, de toute faon, ils ne comprenaient pas ne pou-vaient pas comprendre ce quils transmettaient, la Tradition remontant, par dfinition, la nuit des temps. Do lincomprhension et lintolrance. Car ces gens du Moyen Age croyaient la trans-mutation des mtaux, la possibilit de se faire entendre distance, de voler dans les airs, de devenir des dieux , selon le mot de Matre Eck-hart. Et do leur venait cette certitude ? De la Tradition. Utopie, diront les humanistes. Utopie qui se ralise sous nos yeux, rpondent les mdivistes.

    On sait quau moment de la chute de Byzance, les discussions des thologiens portaient sur le sexe des anges. Lexpression est passe dans la lgen-de, et on a voulu assimiler tout le Moyen Age ce genre de scholastique. Do, comme dans toute chasse aux sorcires qui se respecte, le rejet de lentire responsabilit sur les intellectuels de lpo-que. La ralit est tout autre. Les penseurs en taient l de leurs cogitations, parce que aller au-del leur tait impossible dans ltat des connais-sances de lpoque. Ils savaient trs bien, eux, que la Gense (lorigine du monde !) relate les activits des dieux, Elohim, et non dun Dieu unique, Eloah. Leur problme tait de savoir, si Elohim a faonn lhomme son image, quelle tait alors cette image ; si les anges, fils dElohim, taient sexus ou non, puisquil est dit quils allaient vers les filles des hommes , etc. Discussions byzanti-nes que tout a ? Si on tente de maintenir tout prix le Moyen Age dans lobscurit, oui. Mais si on veut tre honnte, reprendre le texte, le confronter ceux qui lui sont contemporains et aussi notre poque ... alors tout prend une autre allure. Car la Gense puise dans le mme substrat que lensem-ble des cosmogonies orientales qui forment la Tra-dition, avec un grand T.

    Les humanistes se sont gausss de pareilles pr-tentions. Navaient-ils pas conclu que la matire na plus de secrets pour la science (Marcellin Berthelot), lhomme ne connatra jamais la com-position chimique des toiles (Auguste Comte). A cette superstition que lhomme a tout dcou-vert par lui-mme , les Anciens rpondaient par tout leur savoir, les hommes le doivent lensei-gnement dHermes . Qui a raison ? Les vne-ments se chargent, avec un malin plaisir, de rfu-ter chaque affirmation humaniste ds quelle est pose, et ceci au profit de la Tradition. Et heureu-sement, celle-ci sest transmise sans trop de dom-mage tout au long des mille ans du Moyen Age. Cette question est admirablement dfinie par Paul Valry dans sa prface au Nombre dOr de Matila Ghyka : Une sorte de mysticisme, un so-trisme (qui fut peut-tre ncessaire), se sont ja-dis rservs ces vrits trs dlicates et difficiles tablir. Ont-ils nui, par cette restriction, lavance-ment des recherches ; ou bien ont-ils heureuse-ment entretenu jusqu nous des rsultats dexp-riences devenus des principes traditionnels, qui eussent pu prir au cours des ges, sans cette transmission occulte des pouvoirs ? (3)

    Ces bribes de savoir, les Grecs les vhiculrent jusquau moment o simposa le monstrueux systme de Ptolme, selon lequel le soleil tourne autour de la Terre. Et il rgna pendant quinze cents ans, vritable affront fait lintelli-gence humaine (les citations sont dArthur Koestler) (4). Thals de Milet, pourtant, enseignait que les toiles sont faites de la mme matire que la Terre. Anaximandre affirmait que les mondes apparaissent puis se dsintgrent. Epicure ensei-gnait la pluralit des mondes habits, en tous points semblables la Terre. Et lorsquapparut

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    (3) Matila Ghyka : Le nombre dor . Gallimard d. (4) Arthur Koestler . Les somnambules . Cal-

    mann-Lvy d.

    Le Moyen Age et le sexe des anges.

    Le VIe sicle : un nouveau dpart ?

    Les sphres des plantes intrieures, selon Kepler : un modle dUnivers bas sur les solides parfaits, chers Pythagore.

  • enfin Copernic, cest tout simplement lenseigne-ment dAristarque de Samos quil transmettait. Or celui-ci, tout compte fait, ne disposait que dun matriel extrmement restreint. Les esprits forts diront quAristarque tait un isol, et que cest pur hasard si lide lui est venue dun systme hlio-centrique. Ce serait oublier deux lments essen-tiels. Dabord, son trait Des dimensions et des distances du Soleil et de la Lune tait un classi-que dans lAntiquit, au point que trois cents ans plus tard, faisant linventaire des gnies univer-sels, Vitruve commence en disant : Ils sont rares les hommes de ce type, tels quautrefois Aristar-que de Samos . De plus, il tait pythagoricien. Mais, n en 310 avant J.-C., cest presque trois sicles qui le sparent de son matre. Cest donc ds lveil de la pense grecque, ds les tout d-buts de ce VIe sicle que cette connaissance se rvle, et lhistoire de la pense grecque sach-vera sur elle. Voici que se pose donc nouveau cette option : ou bien parler dintuition gniale pour sauvegarder le dogme humaniste, ou bien accor-der foi aux Anciens lorsquils prtendent que len-seignement leur est venu des cieux. Faut-il le dire, en digne homme du Moyen Age, Jean Sendy opte pour la seconde solution. Et il est en bien bonne compagnie. Dans ses crits, Giordano Bruno est formel : Je men suis tenu la conception pytha-goricienne, conforme celle de Salomon . Pytha-gore ? Un de ces initis du VIe sicle, qui vit bril-ler, avec le mme enseignement Zoroastre, Confucius et le Bouddha. Ajoutons que Pythagore nignorait rien de la science des prtres gyptiens et babyloniens, ce qui nous plonge nouveau dans le substrat mditerranen commun toutes les Premires Civilisations. (5)

    Si toute cette affaire remonte la nuit des temps, on retombe alors sur le problme dsormais clas-sique, de nos anctres mergeant tout arms de la prhistoire, ce quon appelle lexplosion noli-thique . Grosso modo, le nolithique correspond lpoque postglaciaire, o les hommes venaient de dcouvrir lagriculture et llevage. Lorsquils inventrent les cits, ils quittrent la prhistoire pour aborder lpoque historique et commencer crire. En premire approximation donc, le noli-thique des prhistoriens recouvre la protohistoire des historiens et archologues. Les seuls vestiges importants que nous a laisss le nolithique sont les constructions mgalithiques. La protohistoire, elle, ne nous a lgu que des vestiges de tradi-tions, soit transmises ltat oral, soit retranscrites dans des textes sacrs partir du moment o les hommes inventrent lcriture. Cette ambigut des premires civilisations, on la retrouve aussi bien chez les prhistoriens que chez les historiens des sciences. Le fait est connu. Andr Leroi-Gourhan, professeur au Coll-ge de France, lexpose clairement dans Le geste et la parole : Entre -8000 et -5000, les socits prennent une forme totalement diffrente de celle quelles connaissaient depuis les origines (...) Le monde primitif et le monde des agriculteurs et des leveurs sont apparemment si diffrents, qu moins dimaginer une invention , on ne voit pas comment ils sarticuleraient (6). De son ct, Giorgio de Santillana, professeur dhistoire et phi-losophie des sciences au clbre Massachusetts Institute of Technology, dans son ouvrage Ha-

    mlets mill , dmontre que les socits histori-ques, au sortir de la protohistoire, vhiculent des connaissances, surtout astronomiques, qui leur proviennent de cette poque. Les priodes pla-ntaires sidrales et synodiques, dit-il, taient connues et longuement figures de faons diverses, au cours de rites liturgiques dj tradi-tionnels aux poques archaques . (7) Dj tradi-tionnels aux poques archaques ! Jouvre ici une parenthse pour montrer, laide dun exemple cit par Santillana, quel point les interprtations humanistes de la Renaissance nous ont livr une image parfaitement fausse des connaissances des Anciens. Dans maints domai-nes, ils en savaient plus que nous, mais surtout ils ntaient pas ces nafs ou ces tres irrationnels comme on les prsente. Un cas flagrant, celui de la Terre plate ; je cite Santillana : La Terre plate des Anciens navait aucun rapport avec les lucu-brations des fanatiques qui ont empoisonn lexis-tence de Christophe Colomb. Par Terre plate , les Anciens dsignaient la bande zodiacale dans laquelle se meuvent les vritables habitants de notre monde, cest--dire les plantes (...). Le mot terre dsignait, chez les Anciens, le plan idal de lcliptique passant par les quatre points de lanne, les quinoxes et les solstices (...). La Ter-re tait dfinie comme tant quatre angles , il ntait pas question de la croire carre . Fermons la parenthse. Cette impression dune dgradation des connais-sances, cest ce que ressent tout un chacun de-vant les vestiges les plus anciens du pass. Les ziggurats, les pyramides dEgypte, les temples mgalithiques sont l, ds le dbut, toutes les connaissances dj incluses. Par la suite, les constructeurs ny inclueront jamais plus de connaissances astronomiques quil nen existait ds le dbut. Toujours selon Santillana : II est probable que ces documents (rituels gyptiens et msopotamiens) reprsentent la dernire articula-tion dun langage initatique international, destin tre compris de travers la fois par les autorits souponneuses et par la foule ignare . Car il est tout aussi vident que ce savoir a t dlibr-ment occult, quon a brouill les pistes, tout en confiant le mode demploi aux bons soins de ceux-l qui seront chargs de le transmettre aux gn-rations futures ... jusqu ce que celles-ci com-prennent. Aux hommes de la prhistoire, on ne demandait pas de comprendre, mais de transmet-tre un enseignement. Ceci, ce nest pas seule-ment Santillana ou Jean Sendy qui laffirment, cest limpression trs nette quon a lorsquon pose aux vestiges des questions pertinentes, celles quils attendent de nous.

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    (5) Je naborde pas ici la lgende selon laquelle Pythagore aurait sjourn deux reprises en Gaule. On retrouve en effet des constantes py-thagoriciennes dans des monuments mgalithi-ques. Mais ce serait donner raison ceux qui qualifient ceci de draillement celtique , que de tout y ramener, en oubliant que, toujours se-lon la lgende, Pythagore rsida entre vingt et vingt-cinq ans en Egypte !

    (6) Andr Leroi-Gourhan : Le geste et la parole . Albin Michel d.

    (7) Giorgio de Santillana et Hertha von Dechend : Hamlet s mill . Gambit publ. Boston.

    Protohistoire nolithique.

  • Que pouvait-il bien se passer cette poque loin-taine de la protohistoire nolithique ? Entre la recherche des moyens de subsistance et le repos, il ne restait gure loisir de faire grand chose, si-non de rver, le nez dans les toiles. Au vu des messages astronomiques dans les mgalithes, il semble que les hommes de lpoque ne sen soient pas privs. Mais quips de silex mme taills et polis , de btons, de cordes et de pier-res leves, si on peut arriver quelque rsultat, il y a une marge que la limitation des moyens emp-chera toujours de franchir. Toute la question est de situer cette limite, et cest hors de notre porte. Le fond du problme, lhumanisme a russi lli-miner en contournant la difficult, et en invoquant une hypothtique et abstraite acclration de lHistoire, le mythe que lvolution sest brusque-ment emballe. On veut bien, mais encore fau-drait-il dmontrer comment, si on veut faire de ce mythe une ralit scientifique. Comment expliquer en effet, que seule une partie de lhumanit a t affecte par le phnomne ?

    Cest le point de dpart de Jean Sendy, qui sl-ve en faux contre lIde Reue dune volution qui aurait pris le mors aux dents. Je prfre lui laisser la parole : II est dusage dexpliquer lacclra-tion des progrs techniques par le fait que chaque gnration bnficie de lacquis des gnrations prcdentes, et part donc de plus haut . Cest l un fait, non contestable. L o les choses se gtent, cest quand on prtend gnraliser et po-ser que les techniques samplifient en progres-sion gomtrique . Quelle progression gomtri-que ? Les thoriciens de la progression gom-trique prennent des valeurs de progrs par-faitement arbitraires, tablissent des quivalences , et cest parti ! Si je vous disais que la presse de Gutenberg vaut 100, la machine vapeur 10.000 et lnergie nuclaire 100.000.000, je vous donnerais en effet une trs belle progression gomtrique, parfaitement sou-tenable ... dont le seul dfaut est dtre dpourvue de toute valeur probante (...). LIde Reue dune volution qui aurait tran pendant plus dun demi-million dannes, puis se serait emballe, repose sur des justifications innombrables ... dont le seul dfaut est dtre parfaitement primes (...). Nous sommes en plein dans un temps mort. Le temps mort, cest la priode ncessaire pour que chacun prenne conscience que les dmonstra-tions convaincantes hier ne le sont plus aujourd-hui, en raison du progrs des connaissances (...). La faiblesse de la thorie humaniste tient ce quelle gnralise partir dun cas particulier ... du cas particulier dune acclration hautement im-probable de lvolution : il est parfaitement lgiti-me de penser que tous les Terriens seraient par-venus, par leurs propres moyens, au stade astro-nautique, si on leur en avait laiss le temps... sils avaient dispos de quelques dizaines (ou centai-nes) de millnaires partir de la taille solutren-ne des silex (...) Lvolution naturelle peut, assu-rment, justifier lexplosion novatrice de 8000 au Moyen-Orient. Mais lvolution naturelle ne peut pas ( moins de faire intervenir une cascade de postulats parfaitement gratuits) justifier quune ligne soit passe de la taille solutrenne lastronautique dans la vingtaine de millnaires qui a juste suffi dautres lignes pour parvenir

    lagriculture . Et cest bien l le problme. Il y a incontestablement une progression acclre, mais lvolution naturelle ny est pour rien. Et sur-tout, elle ne concerne quune seule ligne humai-ne, la judo-chrtienne, alors que les autres sui-vent leur petit bonhomme de chemin. Cest le postulat de Jean Sendy : Deux hommes sur trois ont faim dans le monde, celui qui mange bien est judo-chrtien . Si vous voyez l un fait du hasard, ou lenchanement inluctable de lHis-toire, vous tes un bon humaniste. Sendy se veut mdiviste et mme hermtiste ; aussi, pour lui, existe-t-il une tout autre explication : un fil conduc-teur rattache les performances de la civilisation judo-chrtienne et elle seule, pas les autres aux Premires Civilisations. Et ce fil conducteur de la Tradition tient en un vocable : la Loi de Mo-se. Evidemment, cest une question de socit, desprit, non de religion : en Occident, nous som-mes tous judo-chrtiens, mme si on nest pas juif ni chrtien. Historiquement, lEglise a repris le flambeau de la Rome antique ; idologiquement, elle sest plutt unie aux juifs convertis, pour deve-nir ainsi hritire, avec eux, des promesses faites Abraham. Elle a repris lAncien Testament, au-quel elle a greff un Nouveau usage personnel. Ce texte hbreu, la Tora, tait la Loi de Mose, prserve intacte au travers des sicles. Cest elle qui avait fait reculer le Pharaon, et qui confra au peuple lu cette increvabilit lgendaire. Mais Mose lui-mme avait puis dans lhritage dA-braham lequel, on le sait, stait largement appro-visionn Sumer. Donc, seule la Bible, dit Jean Sendy, a prserv intacte la Tradition des premiers ges. Son ensei-gnement remonte aux Premires Civilisations ; le peuple hbreu, on le sait, ne fait pas partie de celles-ci (il est entr dans lHistoire avec Mose), mais il est dpositaire du message et le transmet scrupuleusement. Les autres civilisations ont tou-tes disparu, les unes aprs les autres : Sumer, Babylone, lEgypte, la Grce, Rome. Et ce sont les judo-chrtiens qui ont fait, et continuent faire le monde (bien ou mal, cest une autre affaire). Alors que, au risque de se rpter, les hritiers des Grandes Civilisations ne russissent plus mer-ger. Pour Jean Sendy, cest leur religion qui les en empche (islam, bouddhisme, hindouisme) ; di-sons plutt que rien, dans leur religion, ne les inci-te merger. Tout ceci peut mener de longues discussions, selon les coles ; je ne puis que ren-voyer le lecteur aux ouvrages repris en bibliogra-phie, pour voir sur quelle argumentation, ma foi bien documente, se base lauteur. Toujours est-il que Jean Sendy propose une explication au pour-quoi de ce particularisme, et je la soumets votre mditation. Cette Tradition, bien sr, ne contient pas la rpon-se, mais son respect exige un certain esprit . On ne demande que de respecter la Loi, non de comprendre car, est-il dit, le Principe de la Loi est ce point abstrait quil est interdit de le figurer ou de limaginer : on le dnomme YHWH, le Nom Sacr Ineffable . Est-il surprenant, ds lors, que les judo-chrtiens, imprgns de cette Loi, of-frent la plus forte proportion de sujets se sentant laise sur les hautes cimes de la recherche et de labstraction ? Non pas, dit Jean Sendy, si lon songe quun cabaliste, qui passe son temps plucher la Tora, doit frtiller daise dans les

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    Des tapis volants lastronautique.

  • mandres de la physique avance. La pense moderne cherche appliquer aux sciences une gnralisation de plus en plus abstraite, en qute de cette fameuse Loi Unique , que les cabalis-tes nomment YHWH, et qui fut la qute primordia-le du juif le plus clbre : Albert Einstein. Mais cette tendance nest pas naturelle ! Elle exige de rprimer les pulsions primitives, au profit de pro-jets long terme. II est bien connu quil est impos-sible de psychanalyser un primitif ou quelquun qui ne soit pas fortement occidentalis, prcisment parce quon ne lui a pas insuffl cet esprit , qui nest pas naturel lespce, ce qui met bien la civilisation judo-chrtienne part des autres. Et jen reviens au Moyen Age, car cette pense mo-derne en est issue. Conformment la Loi de Mose, les Mdivaux rvaient de sgaler aux Elohim. Je cite Jean Sendy : Cest la ralisa-tion des ambitions mdivales que la civilisation judo-chrtienne consacre le meilleur de ses ef-forts ... se passionner pour la ralisation des prophties issues de la nuit des temps, que les humanistes qualifient dutopiques tant quelles nont pas t ralises (...) La Tradition sur laquel-le se fonde la pense mdivale est issue du My-the commun toutes les civilisations surgies laube des temps historiques. Le judo-christianisme est pass des lgendes de tapis volants la cosmonautique, des lgendes de pa-radis terrestres lagriculture efficace, parce que lEurope a t domine par la pense mdivale, qui prenait ces lgendes au pied de la lettre.

    Je suis conscient de trahir lauteur en isolant tout ceci de sa thse fondamentale, selon laquelle les sept jours de la Cration dcrivent une suite dv-nements chelonns sur sept journes zodiaca-les , soit des priodes de plus de deux mille ans chacune. Mais ce scnario fera lobjet dun article ultrieur. Sil est correct, tout ce que je viens de dire nexigeait pas une aussi longue dmonstration. Car ce moment, lensemble des vnements rpon-dent une orthodoxie zodiacale dans le chef mme des conducteurs de peuples, et tout sexpli-que (voir dj ce sujet larticle paru dans KADATH n 2 : Le Zodiaque, affaire srieuse ). Dans le cadre restreint de cet expos-ci, il ne reste plus qu tirer quelques conclusions provisoires. Nous ne disions rien dautre lorsque, nos dbuts, nous postulions quil sest pass quelque chose laube de lHistoire , mais Jean Sendy le dmontre. Cette explosion protohistorico-nolithique, il ny a vraiment que trois faons de lexpliquer : comme Santillana, postuler lexistence, parmi

    les nolithiques, de cerveaux dignes dEinstein. comme les thologiens et les cabalistes, recou-

    rir une rvlation surnaturelle. comme Jean Sendy, prendre les nolithiques

    au pied de la lettre, et postuler quils disent peut-tre tout simplement la vrit en attri-buant tout cela des bipdes venus du ciel, des dieux .

    Ce dernier tire des mythes communs aux Premi-res Civilisations, la triple certitude suivante : 1. Le Mythe dcrit des dieux qui mangent les

    fruits de la terre, respirent le mme air que nous ; si les lois de lvolution sont aussi univer-selles que les lois physiques, la description du

    Mythe ( Ils taient faits comme nous, en plus beau ) est plus plausible que les monstres de la fiction base de pseudo-science.

    2. Le Mythe dcrit aussi des machines, volantes notamment, et des installations divines avec une navet que lon retrouve dans les descrip-tions de nos ralisations par les primitifs dau-jourdhui.

    3. Le Mythe ne se contente pas de dire des dieux quils avaient des connaissances prodigieu-ses ; il rapporte ce que les hommes ont rete-nu de lenseignement de ces dieux : il trans-met des connaissances (en astronomie, notam-ment) dont les historiens des sciences nont jamais pu expliquer comment des nolithiques auraient pu faire pour les acqurir par leurs propres moyens.

    Des dieux, des machines, des connaissances : Jean Sendy les attribue des visiteurs clestes. Mais soucieux de ne pas trahir sa pense, je re-prends ici la rserve quil met, tel un leitmotiv, tout au long de ses essais (et qui pourrait tre la ntre) : Je ne sais pas si de tels Galaxiens se sont poss, aux temps protohistoriques, devant nos anctres primitifs berlus ; Mais ce que je sais, je le sais de science certaine : le Mythe commun toutes les Premires Civilisa-tions affirme que de tels Galaxiens ont vcu sur Terre, aux temps protohistoriques. Ce nest pas un raisonnement spcieux, cest de lhonntet intellectuelle. Jean Sendy mis part, un autre homme a voulu ds le dpart, placer le problme extraterrestre dans une perspective rationnelle : je pense Carl Sagan, professeur dastronomie et de sciences spatiales lUniversit de Cornell. (Jai dj eu loccasion de citer sa contribution la question dans larticle sur Oanns, le dieu-poisson des Sumriens - dans KADATH n 11). Spcialiste de lexobiologie, Carl Sagan sest immanquablement pos la question de visiteurs ventuels dans le pass. Pour sa thse, Jean Sendy peut reprendre les trois conditions poses par Sagan pour quun rcit de contact puisse tre pris en considration : 1. le contact doit avoir t consign par crit, peu aprs lvnement allgu ; 2. il doit avoir provo-qu une modification importante dans la socit contacte ; 3. aucun doute ne peut planer sur la ralit charnelle, non divine, du visiteur (ceci sous toute rserve, car lesprit humain est ainsi fait quil divinise tout ; disons plutt, avec Jean Sendy, que lenseignement transmis doit tre rationnel). Pour des cas plus particuliers, Carl Sagan pose dautres exigences bien spcifiques, et dont nous pouvions nous inspirer pour la confection de ce cahier. Ainsi, un type de lgende serait convain-cant, dit-il, si linformation vhicule ne pouvait en aucune faon avoir t produite par la civilisation qui a cr la lgende si, par exemple, un nom-bre sacr transmis depuis des millnaires savrait tre une constante fondamentale de la physique nuclaire (8). Cest ce que recherche Jean Sendy dans larticle qui suit; cest le thme aus-si de la Constante de Ninive . Autre sugges-tion de Carl Sagan : Un certain type darte-fact, aussi, pourrait faire pencher la balance.

    7

    (8) Carl Sagan : Cosmic connection . Le Seuil d.

    Des dieux, des machines, des connaissances.

  • Si un objet technologique transmis par une anti-que civilisation excdait compltement la crativit technologique du milieu porteur, nous aurions une trace de visitation extraterrestre. Par exemple, on pourrait dcouvrir, dans les enluminures dun par-chemin retrouv dans un monastre irlandais, le diagramme du circuit lectronique dun ordina-teur (8). Cest la hantise de Jacques Bergier galement. Jignore si cest ceci qui lui en fournit lide, mais titre de divertissement, je reproduis ici lextrait dun roman qui brode sur ce thme, Un cantique pour Leibowitz . En esprant quil vous fera rver ...

    IVAN VERHEYDEN

    Schmatiquement, Jean Sendy dveloppe son activit littraire sur deux fronts : des ouvrages dides surtout, et des ouvrages o il dfend sa thse. Les premiers paraissent, en moyenne, au rythme de un tous les cinq ans :

    Les dieux nous sont ns (sous-titre : Lge ingrat ), Grasset 1966.

    Lre du Verseau (sous-titre : Fin de lillu-sion humaniste ), Laffont 1970.

    Les temps messianiques (sous-titre : Ouverture sur le cosmos ), Laffont 1975.

    Un pamphlet, dordre plus spcifique, a paru en 1969 chez Julliard, intitul : Nous autres, gens du Moyen Age . Sil faut choisir un seul ouvrage, je suggrerais Lre du Verseau . Les livres qui dfendent la thse des Clestes, sont trois galement : Les cahiers de cours de Mose, Julliard

    1962 et Jai Lu n A 245. La lune, cl de la Bible, Julliard 1968 et Jai

    Lu n A208. Ces dieux qui firent le ciel et la terre, Laffont

    1969. Le petit premier est srement le prfr de lauteur, celui o il a mis le plus de cur, et de ce fait, le plus important.

    8

    ( Un cantique pour Leibowitz , par W.M. Miller. Pr-sence du Futur, n- 46/47. Traduction de Claude Saunier)

    Aprs la Grande Simplification, de petites commu-nauts vivent en barbares. Quelques moines, disciples de saint Leibowitz, conservent et reco-pient les Memorabilia. Parmi eux, Frre Francis de lUtah, qui se consacre raliser une copie enlu-mine dun bleu retrouv dans les ruines dun abri de secours pour retombes . Un tampon lencre rouge atteste de ce que le bleu est de la main de I.E. Leibowitz. Encore une autre abstraction, ce bleu de Leibo-witz, et qui ne sadressait gure limagination, encore moins la raison. Il ltudia jusqu ce quil pt en voir lextraordinaire complexit les yeux ferms, mais il nen sut pas plus quau dbut. Cela navait pas lair dtre autre chose quun rseau de lignes qui reliaient un ensemble disparate de trucs, de tortillons, de taches, de petits ressorts et de machins. Les lignes taient pour la plupart hori-zontales, ou verticales et se croisaient les unes les autres avec un petit intervalle ou un point. Elles faisaient des angles droits pour contourner les trucs, et ne sarrtaient jamais en lair mais se terminaient toujours un tortillon, une tache ou un machin. Tout cela navait aucun sens. Rester trop longtemps le regarder vous abrutissait. Nan-moins, Francis se mit recopier chaque dtail, y compris une tache bruntre, au centre, qui, pensa-t-il, tait peut-tre le sang du Bienheureux Martyr. Frre Jeris suggra que ce ntait quune tache laisse par un trognon de pomme pourrie. Ce Frre Jeris, qui avait rejoint la salle des copis-tes en mme temps que Frre Francis, paraissait prendre plaisir le taquiner sur son occupation favorite. Et que veut donc dire, je vous prie: Systme de Contrle Transitoriel pour lment Six-B ? Cest videmment le titre du document, rpon-dit Francis, un peu fch. Oui, mais quest-ce que a veut dire ? Cest le nom du schma. Oui, mais quest-ce que a reprsente ? Fran-cis rougit. Jimagine, dit-il aprs un moment pass se calmer, que le schma reprsente un concept abstrait plutt quune chose concrte. Les anciens avaient peut-tre une mthode systmati-que pour dpeindre la pense pure. Ce nest vi-demment pas la reproduction dun objet.

    Cest vrai quon ne reconnat rien du tout l-dessus, dit Frre Jeris avec un petit rire. Mais dautre part, cela dpeint peut-tre quand mme un objet, dune faon trs stylise il faudrait peut-tre un entranement spcial ou... Ou une vue spciale ? A mon avis, cest une autre abstraction de valeur transcendentale et qui exprime une pense du Bienheureux Leibowitz. Bravo ! Et quoi pensait-il donc ? Eh bien ! au Plan de Circuit , dit Francis, lisant ces trois mots en bas droite. Et quelle discipline appartient cet art, frre ? Quels en sont le genre, lespce, les proprits ? Jeris devenait prtentieux avec ses sarcasmes. Francis dcida de lui donner une bonne rponse. Regardez cette colonne de chiffres, et le titre : Numros des Pices Electroniques . Il y a eu autrefois un art, ou une science, appels Electroni-que. Ah, ah ! Et quest-ce que cela tudiait ? Cest crit, dit Francis, qui avait cherch par-tout dans les Memorabilia sans grand succs, pour trouver un indice quelconque qui pt rendre son bleu lgrement plus comprhensible. Llectronique soccupait de lElectron , expli-qua-t-il. Ah, cest crit. Cela mimpressionne. Je ne connais rien tout cela. Quest-ce quun lectron? Eh bien ! un manuscrit fragmentaire en parle comme dune Torsion du Nant ngativement charge. Ils niaient le Nant ! Cela donnait peut-tre quelque chose de positif ? Continuez donc vos recherches, mon frre, et grce vous nous au-rons peut-tre un jour un lectron. Mais quen ferons-nous? Le mettrons-nous sur lautel, dans la chapelle ? Bon, dit Francis avec un soupir. Je nen sais rien. Mais je suis sr que llectron a exist une certaine poque, si je ne sais pas comment on le construisait ni quoi il pouvait bien servir. Quelle touchante confiance ! dit liconoclaste avec un petit rire et il retourna son travail.

    Bibliographie de Jean Sendy.

    Les bleus de saint Leibowitz.

  • archeoastronomie

    Pi ! dit le Sauvage. Pi ? demandai-je. Trois, rpondit-il. Virgule Quatorze. Cent cin-quante-neuf. Vingt-six. Cinquante-quatre. Cest le nombre sacr de ma tribu, qui adore le dieu Pi--Neuf-Dcimales.

    Thophraste Hlas, Voyages chez les Sauvages. Improbables .

    Personne, ce jour, na rencontr de sauvage dont la tribu adore un dieu Pi dont le nombre sacr serait 3,141 592 654. Mais il y a un peuple qui possde une unit de temps plus trange encore, dans sa Tradition : le peuple hbreu, qui divisait sa journe en 24 heures, chaque heure en 1 080 rega, et chaque rega en 76 heleq. Un heleq vaut donc 0,043 739 893 3 seconde... oui, moins de quarante-quatre millisecondes. (Le pluriel de rega est regoth, celui de heleq est halachim, mais nous navons personne pater, nous garderons donc rega et heleq invariables). Sacr ou non, le heleq est bien trange, dans une Tradition de quelques millnaires plus ancienne que les chro-nomtres... et cest le heleq qui va nous faire d-boucher sur un nombre vritablement sacr . Mais procdons par ordre. Il y a deux cents ans encore, on tait trs loin de la technologie permettant dvaluer le temps en millisecondes : en 1766, Pierre Leroi se rendait clbre en fabriquant un chronomtre de marine permettant de calculer les longitudes 1/50e de degr prs : ctait une performance, mais on tait encore loin de la milliseconde... Or cest depuis des temps trs lointains que la Tradition hbraque transmet une unit de temps qui, pour tre va-lue, exige le maniement non de millisecondes, mais de fractions de milliseconde (il faut mille mi-crosecondes pour faire une milliseconde). Quest-ce qui peut bien se passer en un heleq ?

    Ou, prenant le problme lenvers, de quel ph-nomne le heleq serait-il lunit de temps ? Je nai rien trouv du ct des structures nuclaires suggres par Sagan, mais jai rencontr une concordance qui nest pas mal non plus : le heleq est lunit de temps ncessaire la lumire pour franchir une distance sacre , treize millions de mtres.

    Quy a-t-il de sacr dans le 13 ? Le fait mme que je vous surprends moins en vous demandant cela quen vous posant la mme question pour le 17 ou le 19 montre dj que le 13 a une place part, dans notre inconscient : mme si vous ne parta-gez pas cette superstition, vous en connaissez lexistence. Des gens rputs srieux peuvent-ils, srieusement, tenir le 13 pour un nombre part, pour un nombre nfaste ? Il semble bien que oui : dans aucun des buildings amricains les plus mo-dernes, il ny a de 13e tage ; les constructeurs et /ou les PDG des entreprises qui y louent des bureaux y croient-ils ? Croient-ils simplement que les autres y croient ? Le problme nest pas l, il est dans le fait quil ny a pas de 13e tage dans les buildings amricains. En France, par contre, ds quil y a un vendredi 13 au calendrier, la Lote-rie Nationale organise un tirage spcial : le nom-bre dacheteurs en puissance qui voient dans le 13 un nombre bnfique, est donc suffisant pour justifier lentreprise. Et puis il y a eu Apollo-13, le seul Apollo ne pas avoir russi se poser sur la Lune. Parce que le 13 porte vraiment malheur aux US ? Je suis un esprit pragmatique et si javais eu voix au chapitre, jaurais suggr la NASA de passer directement du 12 au 14 : dans un pays o les immeubles prestigieux escamotent le 13, il tait prvoir que beaucoup des ouvriers travaillant lassemblage

    LA MICROSECONDE CHEZ LES HEBREUX Jean Sendy

    9

    1.

    Le nombre sacr de la tribu.

  • du matriel astronautique auraient la main moins assure pour la construction du 13e Apollo. Et enfin il y a vous, rationaliste que toute supersti-tion exaspre. Que pensez-vous de ces supersti-tions ? Elles me font grincer des dents. Merci, je ne vous le fais pas dire. Et cest bien cela que je voulais en venir : ce 13, qui nous met mal laise sans que nous sachions pourquoi, comme un tabou oubli, a bien toutes les appa-rences dun nombre sacr . II y a plus encore : pour autant que je sache, le 13 nvoque rien de remarquable pour les traditions autres que la judo-chrtienne. Le 13 est donc bien, comme lexige Sagan, un nombre sacr par-ticulier notre ligne judo-chrtienne. Quel est la source de son sacre ? Commenons par les chrtiens. Le 13 est-il venu se plaquer, par quelque pur ha-sard, sur lensemble des croyances, ou a-t-il t transmis sotriquement comme il convient un nombre destin tre sacr ? Par le hasard, voyons ! Le 13 porte malheur, chacun sait a, depuis la Cne : ils taient 12 + 1 table, les 12 Aptres, plus Jsus qui a na pas russi. Cest l une de ces explications idiotes qui en-chantent les positivistes dogmatiques et les illet-trs. Vous, qui ntes ni lun ni lautre, vous avez lu (ou vous allez vous hter de lire) lEvangile de Jean, au chapitre XIII (ah ! ces concidences, dans un texte qui se veut expressment sotrique !). Au chapitre XIII de lEvangile de Jean, nous lisons dabord que Jsus savait parfaitement ce qui de-vait lui arriver la fin du repas : il le dit au verset 21, lun de vous me livrera . Au verset 26, il prcise quil sait tout, quil sera livr par celui qui je donnerai le morceau tremp ; la fin du mme verset 26, il tend le morceau tremp Ju-das. Chapitre XIII, verset 26 (2 X 13) ... dans un texte destin tre lu et scrut par des amateurs dsotrisme, dans un texte de lvangliste qui nous a laiss ce chef-duvre dsotrisme quest lApocalypse Non, ce nest pas plus leffet du hasard que le signe de croix chez le catholique entrant dans une glise, pas plus leffet du hasard que lindex tendu par le franc-maon. Cest un signe de reconnais-sance sotrique. (Ce nest pas vous, cest au ricaneur qui lit par-dessus votre paule que je le rappelle : il ne sagit pas ici de soutenir que le 13 a bien raison de se croire sacr ; il sagit simplement dtablir si les fondateurs du christianisme enten-daient que leurs ouailles le tiennent pour tel). Lobjet du christianisme tait-il de transmettre len-seignement de Mose sous une affabulation plus convaincante pour les foules, mieux apte deve-nir best-seller que laffabulation hbraque qui,

    la naissance de Jsus, navait pas convaincu grand monde, en dehors de la poigne de Ju-dens assidus la synagogue ? Les Pques chr-tiennes commmorent la Passion (le Christ sort de son corps terrestre ) ; est-ce pur hasard si elles tombent la mme poque que la Pque juive, qui commmore la Sortie dEgypte ? La Pentecte chrtienne commmore la descente du Saint-Esprit sur les Aptres ; est-ce pur hasard si elle concorde avec la Pentecte juive, qui comm-more la promulgation de la Loi sur le Sina(l esprit descend sur Mose) ? En va-t-il des nombres sacrs comme des ftes carillon-nes ? Si mes essais prcdents sont vos livres de che-vet, je vous en congratule ; mais nous sommes en rpublique, il faut penser aux personnes qui, usant de leur droit dmocratique, ne les ont jamais lus, ou les ayant lus nen ont gard quun souvenir embrum ; lusage de ces personnes, je vais rabcher un peu. Lhbreu, pour ceux qui y croient , est la langue dans laquelle Mose a reu son enseignement, venu en droite ligne du ciel ; pour ceux qui ny croient pas comme pour ceux qui y croient , cest une langue pos-sdant une structure interne trs trange, et une caractristique : chaque lettre de lalphabet est galement un chiffre (1 9 pour les neuf premi-res lettres ; 10 90 pour les neuf suivantes ; 100 900 pour les quatre dernires et pour les cinq qui ont une graphie spciale lorsquelles se trouvent la fin dun mot : n au milieu dun mot vaut 50 ; la fin dun mot, n scrit autrement et vaut 700). La double lecture nest pas un cas particu-lier, cest la rgle : ehad, qui veut dire un , s-crit aleph, heith, daleth, groupe de lettres qui, en valeur numrale, se lit... h oui, a se lit 13 . Aleph, cest 1 ; heith, cest 8 ; daleth, cest 4. Le Principe, que la Loi de Mose interdit de pro-noncer, scrit en quatre lettres, quon rend gn-ralement par YHWH. La principale prire des juifs dit : Ecoute, Isral : YHWH est had. Que le Principe ternel est Un, cela tout lecteur de Bible mme traduite le sait ; quand on a des no-tions dhbreu, on sait quYHWH est galement 13. Mais il ne se contente pas dtre la fois Un et Treize, YHWH ! La valeur numrale des lettres qui en hbreu correspondent YHWH est 26. YHWH est la fois Unit, Treize et Vingt-Six, comme chez cet sotriste de Jean lvangliste. (Et lE-ternel est Lumire, je ne vous apprends rien).

    Ce sacr 13, que Jean nous transmet en utili-sant les cls mmes de lhbreu, est-il lapana-ge de YHWH, ou constitue-t-il un lien-religio avec notre petite plante, cette Terre qui en hbreu sappelle Eretz, ce qui scrit aleph. reisch, tsadsophit ? La valeur numrale dretz

    Pratiquez-vous le binaire ?

    10

  • est 1 101. 1 101. Si vous pratiquez le binaire, vous avez lesprit fait une gymnastique assez semblable celle de lhbreu : quand vous voyez crit 1 101, vous lisez la fois onze-cent-un et... h oui, vous lisez aussi 13 . En binaire, 13 scrit + +0+, ou encore 1101, ou encore top, top, silence, top, ou encore II-l. Les Hbreux utilisaient-ils la numration binaire ? Non, bien sr. Rien nautorise mme imaginer quils naient jamais eu lide dune telle numra-tion. Mais la Tradition hbraque na pas dautre prtention que de transmettre lenseignement, venu du ciel, apport par ces Elohim qui, sils taient bien les cosmonautes-civilisateurs de mon hypothse, utilisaient sans doute le binaire comme nous lutilisons aujourdhui : inutile quand on ne possde pas dordinateurs, le binaire simpose ds quon en produit. Ce nest pas gratuitement, de ma propre autorit, que je propose le binaire comme langue interstellaire : cest en binaire que la fameuse plaque didentification de Pionnier-10 renseigne la civilisation qui pourrait la trouver, sur notre systme plantaire et sur nous-mmes. Si les Elohim taient bien ce que je propose, et sils entendaient transmettre le 13 comme nombre sacr aux hommes d aujourdhui , il est normal quils laient transmis la fois en numration usuelle, de base 10, et en binaire. Quest-ce qu aujourdhui a de tellement remar-quable, en dehors du fait que vous et moi y vi-vons ? Aujourdhui ce sont ces temps mes-sianiques o lhomme pourra renouveler les actes attribus aux Elohim : voguer dans les airs et utiliser le binaire, notamment. Ah, oui... jou-bliais de vous dire ce que le 13 a de tellement particulier : Treize caractrise notre plante, dans le systme solaire : le volume de la Terre est gal 1/13.105 du volume du Soleil (1/113,01.105 pour tre prcis). Dterminer et comparer le volume du Soleil et celui de la Terre, cela exige une technolo-gie hier encore inimaginable, laquelle nous nac-cdons quaujourdhui, aux temps messianiques.

    Pour dterminer, en secondes, la dure dun he-leq, les millimes de seconde ne suffisent pas. Pour vous viter de chercher au dbut de larticle, le heleq, 76e partie dune rega qui est la 1 080e partie dune heure, vaut 0,043 739 893 3 seconde. En un heleq, la lumire parcourt un peu plus de 13 000 000 mtres, nous verrons les prcisions plus loin. (1)

    Ne nous emballons pas. La Nature ignore la per-fection du cercle, elle ne sait faire que des ronds approximatifs. Si le rapport entre le volume de la Terre et celui du Soleil tait exactement 13 fois une puissance de 10, ce serait une concidence, une tranget au mme titre quune orbite exacte-ment circulaire, ou que le synchronisme rigoureux entre la rotation et la rvolution de la Lune (qui, du fait de ce synchronisme, nous prsente toujours la mme face). Si la distance parcourue par la lumi-re en une fraction exacte dune journe terrestre tait exactement de 13 000 000 dunits dfinies par rapport la circonfrence de la Terre, ce se-rait une tranget plus trange encore, ce serait la preuve que notre plante constitue uns tranget dans lunivers, alors que nous sommes une forme de vie probablement banale, sur une plante cer-tainement banale, dans un systme plantaire qui comme tous les autres ignore la perfection du cercle et se contente dapproximations. Le problme, ici, est de savoir si la confrontation que je propose, entre deux approximations, est mettre dans le mme panier que les ressemblances dont se contentent les procs de sorcellerie. Il y a ressemblance et ressemblan-ce. Une fillette a t agresse, des tmoins ont vu

    (1) La division de lheure en rega et heleq na rien dsotrique : cest une information quon trou-ve page 24 du Manuel dInstruction Religieuse Isralite du grand-rabbin Deutsch (Editions de la Fondation Sefer,1961).

    Des microsecondes, il y a trois mille ans.

    11

    Dessin extrait du Studium Biblicum Francisca-num de Jrusalem, o sont reprises les don-nes fournies par les divers textes de la Tora sur la cosmogonie des Hbreux. La Terre repose au milieu des eaux, soutenue par des colonnes. Le Soleil et la Lune mergent dune tente amnage dans les montagnes. Au-dessus, la Mer Cleste o demeure Yahv ... On voit mal pourquoi ce peuple devait compter

    en millisecondes

  • lagresseur. Sils dcrivent un homme de taille moyenne, habill comme vous et moi, trs brun mais sans signes particuliers, il faut un chasseur de sorcires pour taper sur le premier Algrien venu. Mais si les tmoins dcrivent un agresseur improbable, un nain barbu, tranant une jambe de bois et vtu de jaune, vous avez des raisons s-rieuses de penser que vous tenez lagresseur de la fillette si vous rencontrez un nain unijambiste et barbu ... mme si, quand vous le rencontrez, il est vtu de gris. Une unit de mesure comme le he-leq, plus de vingt sicles avant que nexistent des horloges capables de mesurer des fractions de seconde, cela voque davantage le cas du nain barbu que celui du brun sans signes particuliers. Et comme notre heleq improbable apparat asso-ci la relation de volume Terre-Soleil, son cas mrite examen, non ? Diviser lheure en 1 080, cela na rien danormal pour qui pratique les mesures anciennes : 1 080, cest 3 x 360, et 360 tait un nombre usuel chez les astronomes babyloniens. Mais chacune de ces rega de 1/1080e dheure, cest par 76 que nous les trouvons divises. Et 76, ce nest pas du tout un nombre usuel chez les astronomes de lAntiquit : quand on divise par 76, on sort des normes ; intro-duire un diviseur comme 76, cest donner la preu-ve quon entendait obtenir un heleq ayant une valeur aussi approche que possible de la valeur cherche. (Si la rega avait t divise en 72 heleq, les normes auraient t respectes, 72 tant le double dun nombre usuel , 36... mais le he-leq naurait pas prsent de corrlation avec la vitesse de la lumire). Ltranget du heleq ne tient donc pas uniquement la petitesse de lunit de temps quil reprsente : le diviseur utilis pour le dterminer est trange aussi Que pouvaient-ils donc prtendre faire des micro-secondes du heleq, les Hbreux ? Rien. Ils ne pouvaient mme pas les concevoir... et cest exac-tement cela quils en disent : le heleq, unit me-surer le temps de lpaisseur dun cheveu , tait expressment rserv lusage des Venus-du-ciel, des Elohim du texte hbreu. Le Bereshith Rabba est lun des deux recueils fondamentaux des talmudistes, commentateurs de la Loi Ecrite (Bible) la lumire de la Loi Orale (Kabale). En Bereshith Rabba X, 9 on lit : (Les) Elohim seuls entrent dans le temps ; lhomme ne connat ni les petites fractions du temps ni mme les heures ; (les) Elohim, eux, y entrent de lpaisseur dun cheveu. Si le heleq tait exactement le temps que la lumi-re met franchir exactement 13 000 000 (ou mieux 13 010 000) mtres, je tiendrais la preuve incontestable tayant mon hypothse. Mais je napporte quune prsomption (je tiens un nain, barbu et unijambiste, mais il nest pas vtu de

    jaune). Une prsomption de cet ordre, jointe la prsomption apporte par Blumrich (2), cela de-vient une prsomption forte.

    Le mtre est une unit de mesure convenant la morphologie de lhomme : il pourrait valoir 90 ou 110 centimtres, ce ne serait pas gnant. Une unit srieusement plus courte, telle lancien archi-ne russe de 71 cm, apparat trop courte pour lusa-ge quotidien ; la toise franaise de 195 centim-tres tait par contre trop longue pour les drapiers, qui lui prfraient laune de 1,188 cm. Le yard anglais vaut 0,914 m. Lorsquen 1790 lAssemble Constituante confia lAcadmie des Sciences le soin dtablir une unit de longueur qui serait la fois la mesure de lhomme et relie la plante o nous vivons, lAcadmie des Sciences chargea Mchain et Delambre de raliser cela. Mchain et Delambre mesurrent larc de mridien entre Dun-kerque et Barcelone, firent une extrapolation et conclurent que le quart de mridien devait mesu-rer 5 130 740 toises ; ce quart de mridien terres-tre, ils le divisrent en 10 000 000 de parties. Cet-te dix-millionime partie du quart de mridien, autrement dit ce quarante-millionime dun mri-dien terrestre (approximatif), cest le mtre. Lta-lon du mtre ainsi dfini se trouve au Pavillon de Breteuil, Svres. Le mtre est lunit de longueur naturelle de notre plante. La prcision ainsi obte-nue suffit largement aux drapiers. Lheure, cest par dfinition 3 600 secondes. Des heures, il y en a 24 par jour ... mais l, a com-mence accrocher. Il y a des jours plus longs et des jours plus courts, selon lendroit de son orbite elliptique o se trouve la Terre... cest la Loi de Kpler. La diffrence nest pas grande, bien sr, et lorsquun comit scientifique franais dcida de dfinir la seconde non plus par rapport lheure, mais par rapport un jour moyen , la dfinir comme 1/86 400 dun jour moyen , cette dfini-tion fut gnralement accepte. Mais cela se pas-sait en 1820, poque o une unit de temps plus petite que la seconde tait dj concevable, mais moins ncessaire dans la pratique que ne lest aujourdhui la nano-seconde (le milliardime de seconde, unit de mesure pour ordinateurs). Cest en 1956 quune nouvelle dfinition, interna-tionale, a t adopte : la seconde nest plus re-lie lheure, ni la journe ; elle est dsormais dfinie comme 1/31 556 925,974 7 de lanne tropique. Pas de nimporte quelle anne tropique (leur dure est insuffisamment stable) : de lanne

    Appendice pour amateurs de chiffres.

    12

    (2) Josef F. Blumrich est cet ingnieur de la NASA qui sest permis de reconstituer un char dEzchiel capable de voler. (NDLR)

  • tropique qui avait commenc le 1er janvier 1900. Soyons prcis jusquau bout : de lanne tropique qui a commenc le 1er janvier 1900 midi. (Lanne tropique est le temps que met le Soleil aller dun quinoxe de printemps au suivant.) Pourquoi lanne 1900 plutt quune autre ? La seule rponse cette question est : Pourquoi une autre anne, plutt que 1900 ? On avait besoin dun talon. Lanne 1900 nest ni plus ni moins arbitraire que larc de mridien entre Dun-kerque et Barcelone. On a pris ce quon avait de plus commode sous la main. Cette seconde, il lui fallait videmment un talon, comme le mtre a son mtre-talon en iridium, au Pavillon de Breteuil. En 1956, on avait justement a sous la main : lhorloge atomique. Le principe de lhorloge atomique est simple, cest celui dune fable de La Fontaine, Laveugle et le paralyti-que . Un cristal de quartz fournit le courant (cest laveugle assurant le mouvement) ; la molcule de gaz ammoniac tient le rle du paralytique qui gui-de, grce sa structure particulire : son atome dazote se met en mouvement quand on lexcite la frquence de 23 870 MHz, et ne bouge pas aux autres frquences, mme voisines. II suffit dasso-cier un cristal de quartz vibrant 23 870 MHz quelques molcules dammoniac... et on obtient une seconde prcise un cent-millionime. Un cent-millionime de seconde ? Ce ntait pas mal (encore quinsuffisant pour dterminer un heleq). Ce ntait pas suffisant, et ds quon a eu mieux sous la main, on a abandonn lammoniac. Actuel-lement, les horloges atomiques sont rgules par des molcules de csium, ce qui assure une prci-sion au dix-milliardime. Incidemment, avec une prcision de cet ordre, on pourrait commencer utiliser le heleq comme unit de mesure. Les civilisations confdres de la Galaxie ont, bien probablement, une unit de temps et une unit de longueur dfinies par rapport la vitesse de la lumire (constante de lUnivers), et choisies telles quen une unit de temps la lumire fran-chisse un nombre rond dunits de longueur. A ct dun tel systme dunits, les systmes que nous pouvons imaginer partir de la dure du jour terrestre et de la circonfrence de notre plante apparatront videmment trs folkloriques. Mais cest justement de dterminer la source de notre folklore quil sagit ici : un nombre sacr du folklore hbreu concorde

    avec le rapport de volume entre la Terre et le Soleil ;

    ce nombre sacr concorde aussi avec le nom-bre dunits de longueur naturelles que la lu-mire franchit, en une unit de temps (hautement improbable) que nous transmet le mme folklore hbreu.

    Sont-ce des concidences fortuites, accumules ? Ne serait-ce pas plutt la manifestation dun nom-

    bre sacr, tel que le dfinit Sagan ? Et dailleurs la concordance, approximative pre-mire vue, se prcise ds que lon dfinit avec quelque rigueur les units employes. Maintenant que la seconde est dfinie non plus par rapport au jour moyen mais lanne tropique 1900, la notion de jour moyen apparat pataude. Les astronomes utilisent donc le jour sidral , inva-riable, dont en 1950 la dure tait value 86 164,099 5 secondes, et dont la Connaissance des temps (publie tous les ans par le Bureau des Longitudes) fixe pour 1974 la dure 86 164,090 6 secondes seulement. (Non, le jour sidral na pas raccourci de 8,9 millisecondes ; il a simplement t dtermin avec une prcision meilleure quen 1950.) Voil pour le temps, venons-en lunit de lon-gueur. En 1790, compte tenu des moyens disponi-bles, ctait une entreprise tmraire de diviser la circonfrence de la Terre en un nombre de parties tel que lunit obtenue soit la fois commode pour le drapier et satisfaisante pour lesprit de ces hom-mes qui, lintrieur des loges maonniques o slaborait la Rvolution, saffirmaient Initis et hritiers dun grand architecte humain dpositaire de lenseignement du Grand Architecte de lUni-vers. De lintention la ralisation, il peut y avoir loin : en 1790, pour mesurer les distances, on utilisait la roue de carrosse (la roue a fait tant de tours, son diamtre tant connu on obtient une approximation de la distance parcourue). Lex-traordinaire, cest que la somme algbrique des erreurs en plus et en moins, tant pour les mesures directes la roue de carrosse que pour les extra-polations, a t infime. Nous, qui dterminons quelques mtres prs la distance Terre-Lune et disposons de satellites pour mesurer et photographier la Terre, nous sa-vons que les mridiens ne sont pas gaux entre eux, que lunit de longueur doit tre raccroche la circonfrence lquateur. Le rayon quatorial moyen a t dtermin : il vaut 6 378 135 mtres, avec une incertitude de 5 mtres en plus ou en moins. En prenant ce rayon moyen, on arrive au chiffre de 40 075 004,12 mtres pour la circonf-rence quatoriale de la Terre. Cest une approxi-mation, mais on peut sen contenter.

    Reprenons les donnes de ce chapitre, calculatri-ce dix chiffres la main (encore une approxima-tion), et le cachet daspirine bonne porte. Le jour sidral est estim 86 164,090 6 secondes. Lheure, que la Tradition hbraque dfinit comme 1/24e du jour, vaut donc 3 590,170 442 secondes, la rega 3,324 231 891 secondes, et le heleq

    13

    Le cachet daspirine peut devenir utile.

  • 0,043 739 893 3 seconde. La circonfrence qua-toriale tant de 40 075 004,12 mtres, lunit de longueur spcifique de notre plante, 1/40 000 000e de ce chiffre, est donc un peu plus longue que le mtre, 1,001 685 103 mtre plus prcis-ment. (Pour viter toute confusion, ce mtre-rectifi, appelons-le terrine.) La vitesse de la lu-mire, 299 792 456 mtres par seconde, est donc de 299 231 236,1 terrines/seconde. En un heleq, la lumire franchit 13 088 345,73 terrines. Etait-il possible de faire transmettre par la Tradi-tion une approximation meilleure ? Jai pris le pro-blme lenvers, me mettant dans la peau de civilisateurs sassignant pour tche de laisser, avant de partir, un nombre sacr suffisamment simple pour sauter aux yeux dune civilisation par-venue maturit, suffisamment improbable pour ne pas tre attribu au hasard. On part de don-nes obliges, d impratifs catgoriques : 1) la vitesse de la lumire, constante universelle ; 2) la ncessit dune caractrisation de la Ter-re par rapport au Soleil, constante locale. Le pro-blme consiste jouer sur les paramtres desti-ns tablir, entre ces deux constantes, une rela-tion vidente : 1) une unit de longueur la fois

    lchelle humaine et relie la Terre ; 2) une unit de temps. La caractrisation de la Terre doit tre, avec une approximation raisonnable, un nombre entier, si on veut le faire transmettre comme sacr ; le rapport de masse Terre/Soleil (1/332,8.108) ne satisfait pas cette condition ; le rapport de volu-me (1/13,01.105) y satisfait pleinement. Lunit de longueur, nous venons de voir que le mtre (et mieux encore la terrine ), reli la fois la Terre et au gabarit humain, nous limpose. Nous ne pouvons donc jouer que sur lunit de temps. Jai perdu le compte des combinaisons que jai essayes, pour subdiviser l heure , dfinie soit comme 1/20e soit comme 1/24e du jour. Je nai rien trouv qui donne, entre la constante univer-selle et notre constante locale, une approximation meilleure que le heleq. Le heleq, unit de temps insaisissable qui ne sait pas manier les microsecondes, un peuple nomade nous la transmis en prcisant que ctait une unit rserve lusage des Elohim... que cest un nombre sacr .

    14

    Jean Sendy et R. Laffont d., Les temps messianiques .

    LA SOI-DISANT CONSTANTE DE NINIVE

    2.

    195.955.200.000.000 Soit cent quatre-vingt-quinze trillions neuf-cent cinquante-cinq milliards deux-cents millions ... De quoi ? De mtres, de litres, de grammes de pte jujube, de mille sabords ? Pas du tout, nous dit Maurice Chatelain dans son livre Nos anctres venus du Cosmos (1), ce nombre figure sur une tablette dargile provenant de la bibliothque dAs-surbanipal Ninive, et ne peut tre quune trs longue priode de temps exprime en secondes... Lauteur arrive ensuite la conclusion que ce nombre norme reprsente la Grande Constante du systme solaire et doit donc tre un multiple exact de nimporte quelle priode de rvolution ou de conjonction de nimporte quelle plante, comte ou satellite du systme solaire. Loin de sarrter en si bon chemin nous ne sommes cet instant quau dbut du livre il tente de

    dmontrer que ce nombre fut calcul il y a envi-ron 65.000 ans et que, vu que lhomme de cette poque taillait peine convenablement le silex, seuls des initiateurs venus dAilleurs ont t ca-pables denseigner un tel nombre ceux dont les sourcils pais et le front fuyant ne cachaient pas quun regard bovin. Je ne peux pas vous cacher que ce nombre ma intrigu. Je nai cependant pas ma disposition les instruments de calcul de lauteur, spcialiste des communications spatia-les la NASA, ni le matriel astronomique dont il a pu disposer. Je connais les dangers de la nu-mrologie qui retrouve tout dans nimporte quoi, et je pense qu partir du moment o lon fait

    Qui possde la moyenne ? Quil paraisse et quil le prouve

    Pascal

    (1) Maurice Chatelain : Nos anctres venus du Cosmos , Robert Laffont d., 1975.

  • intervenir des donnes telles que les priodes de rvolution et de conjonction des plantes, les priodes de cycles lunaires, solaires et autres, sous forme dimpressionnantes sries de chiffres, seul un astronome averti pourrait mettre un avis valable. Quoique assez dubitatif propos de la thse de lauteur, je ne prouverai rien dans cet article, qui nest quune sorte denqute, une ten-tative de remonter une filire qui nous conduira Ninive. Et, selon une dmarche chre Jean Sendy, javertirai le lecteur quil ny trouvera aucu-ne rvlation, que je me garderai bien de prendre position, et quil sera assez question de chiffres ; si cela ne le tente pas, il suffira alors de sauter quelques pages

    Lenqute dbute la page 43 de louvrage de Maurice Chatelain. On y apprend que 195.955.200.000.000 (sil sagit de secondes) reprsentent 3.265.920.000.000 minutes, soit 54.432.000.000 heures, ou encore 2.268.000.000 jours de 86.400 secondes donc. Lauteur prcise que les Sumriens connaissaient le phnomne de prcession des quinoxes, qui fait tourner laxe de rotation de la Terre autour du ple de lcliptique en environ 26.000 ans. En 9.450.000 jours exactement, ajoute-t-il. Et une ligne plus bas de dire : Cest alors que jeus le choc de ma vie. Je dcouvris que 2.268.000.000 jours reprsen-taient trs exactement 240 cycles de prcession des quinoxes de 9.450.000 jours chacun ... mais exprims en secondes de temps... . Il y a en effet de quoi tre tonn. Mais cela ne fonctionne qu une seule condition, qui est ce choix de 9.450.000 jours pour la dure de cette priode de rotation. Ce qui reprsente 25.873 ans en annes tropi-ques de 365,242 199 jours, chiffre considr par les astronomes, comme le dit dailleurs lauteur un peu plus loin. On admet bien sr conventionnelle-ment le nombre de 26.000 ans, car finalement, il est impossible prciser dfinitivement. On ad-met aussi 25.920, soit 27 x 360, la prcession se dplaant dun degr tous les 72 ans. En recom-menant le calcul sur cette base de 25.920 ans, jarrive une diffrence de quatre millions de jours. Bien, mais cela ne me dit toujours pas pourquoi la notion de 240 cycles de prcession lui a donn le choc de sa vie ... Faisant intervenir plus loin la prcision des horloges csium pour confirmer sa thse, je me demande alors si en parlant de jours de 86.400 secondes, il ne fau-drait pas plutt lauteur envisager le jour sid-ral de 86.164 secondes dtermin par les m-m e s h o r l o g e s ; v i d e m m e n t , 195.955.200.000.000 secondes signifieraient alors 2.274.211.970 jours et non plus 2.268.000.000 jours, ce qui ne fait plus non plus 240 cycles de prcession des quinoxes.

    Mais poursuivons. Page 45 : ... si on divise 2.268.000.000 par 365,2422 on obtient le nombre de 6.209.578 annes tropiques, ce qui vrifie la validit de la constante ... . Javoue ne pas bien comprendre cette dernire phrase. Et de conti-nuer : si on divise maintenant 2.268.000.000 par ce nombre de 6.209.578, on obtient 365,242211 jours, alors que les astronomes pro-fessionnels emploient gnralement le chiffre de 365,242199 pour la dure de lanne tropique. Cela ne fait donc quune diffrence de 0,000012 jours par an, soit 1,0368 secondes par an. Des observations rcentes ayant dmontr que lan-ne tropique diminuait en moyenne de 0,000016 secondes par an, les horloges astronomiques au csium doivent donc tre remises lheure de temps en temps . Maurice Chatelain, puisquil estime que la constante fut calcule il y a des milliers dannes, avance quil est possible den dterminer la date exacte, en divisant la diffren-ce actuelle de 1,0368 secondes, par le taux de diminution de 0,000016 secondes par an ; cest ainsi que la constante fut calcule il y a prcis-ment 64.800 ans .. C.Q.V.D.C. ! (Ce que voulait dmontrer Chatelain). Cette date larrange parti-culirement bien pour la suite du livre. Page 48 : En examinant la table des priodes de rvolution et de conjonctions, (voir fin du livre) on saperoit que les nombres de conjonctions entre plantes, qui se produisent en 2.268.000.000 jours sont tous des multiples pres-que exacts du nombre 671 ... Ce presque exacts mennuie un peu ; mais do sort ce chiffre ? R-ponse : Je lai dcouvert par hasard et tout ce que je sais cest que si on le multiplie par 3.380.000 on obtient la constante de Ninive ... Erreur, cela fait 2.267.980.000 et non pas 2.268.000.000 ! Mais nous ne sommes sans dou-te pas 20.000 jours prs... Toutes ces priodes tant presque exactes, on pourrait rpter lexp-rience avec dautres nombres ; ainsi je choisis par exemple 176 et cela fonctionne aussi. Presque. Et si vous me demandez do sort ce nombre, je vous rpondrai que je nen sais rien, mais que si on le multiplie par 12.886.363 on obtient la cons-tante, et seulement 112 jours prs, sil vous plait ! Ce qui est dj mieux qu 20.000 jours prs. Plus loin, on apprend aussi que la constante de Ninive reprsenterait 25.000 rvolutions sid-rales de Pluton, que la comte de Halley fait exactement 81.000 rvolutions en 2.268.000.000 jours, et que lors de la premire phase de cons-truction de la pyramide tronque de Saqqarah, les sept-huitimes du volume final reprsentaient dans notre systme mtrique, trs exactement 2.268.000.000 mtres cubes ! ... Et ce nest pas tout : la longueur du coffre de granit de la cham-bre du roi est exactement de 2 268 millimtres... et encore, ajoute lauteur, le volume de la pyrami-de en coudes-cubes multipli par 126, reprsen-te 2.268.000.000 de coudes-cubes... Une fois de

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    Lart de la numrologie.

  • plus, do sort ce nombre 126 ? Lauteur prcise quil a sans doute un sens sacr ! Une quanti-t dautres rapports sont encore tablis tout au cours de louvrage, dont je laisserai au lecteur le soin de juger de leurs fondements. Ce qui me proccupe ici est lorigine de ce nombre, oserais-je dire, astronomique.

    Un nombre de quinze chiffres nest pas une cho-se courante laube de lHistoire, aussi aurais-je souhait plus de dtails son sujet. Hlas, ce niveau les rfrences font cruellement dfaut. Maurice Chatelain nous dit seulement, la page 42 : Parmi les tablettes dchiffres par Smith, il y en avait des quantits qui ne portaient que des chiffres, qui avaient lair de reprsenter des cal-culs compliqus, mais en 1875, comme mainte-nant dailleurs, les archologues ntaient pas ports sur les chiffres. Les tablettes furent donc soigneusement classes et oublies. Ce nest que trs rcemment, et je nai pas encore russi savoir comment ni quand, que ces tablettes furent tudies nouveau, et que leur traduction fut publie (voir rfrence 6). II y avait en particulier un nombre norme de quinze chiffres de notre systme dcimal actuel, 195.955.200.000.000 soit prs de 200 millions de millions, plus que la distance de la Terre au Soleil si lon avait lide bizarre de lexprimer en millimtres. De nombreux spcialistes de diffrents pays avaient essay en vain de dcouvrir ce quun nombre aussi fantasti-que pouvait avoir signifi pour les Assyriens qui vivaient Ninive il y a prs de 3000 ans La rfrence 6 nous renvoie en fin du livre, louvra-ge de Constance Irwin Fair Gods and Stone Face . Jignore ce qui est dit dans ce livre, car il est malheureusement puis et introuvable mal-gr plusieurs tentatives. Mais je suppose quil napprend rien de prcis, sans quoi Maurice Cha-telain et t plus explicite. On a un peu limpres-sion que le nombre de quinze chiffres fut dchiffr par Smith ; il nen est rien, nous en reparlerons plus loin. Quant aux nombreux spcialistes de diffrents pays, je regrette le flou nbuleux. En dbut de la page 43 : Javais dcouvert lexis-tence de ce nombre en 1955, peu aprs mon arri-ve en Californie, dans un livre qui venait dtre publi (voir rfrence 7) ... Cette rfrence nous cite Des dieux, des tombeaux, des savants de C.W. Ceram. Voil qui va nous clairer...

    Ceram, ouvre-toi ! Mais il ne se passa rien, car cet auteur se contente de mentionner le nombre mystrieux sans en donner la moindre rfrence. Je commenai la trouver mauvaise car si un tel nombre existe bel et bien dans des textes cuni-formes, il ne me parat pas vain den donner la source. Jai donc pass des heures compulser des ouvrages dassyriologie dont je tournais les pages une une, ne sachant pas du tout o pou-vait se terrer ce nombre. Puis, jen vins maudire Chatelain et sa Grande Constante, me disant quil aurait bien pu indiquer le numro de la tablette dargile portant lobjet du litige, surtout si lon sait quun total denviron 80.000 tablettes furent exhu-mes Nippur et Kuyundjik ! Soudain, mon regard fut accroch par une longue suite de chif-fres : 195.955.200.000.000. Eureka ! Jtais cet instant la page 27, dans le chapi-tre des notes et des rfrences, dun livre dOtto Neugebauer (un des papes de lassyriologie) The Exact Sciences in Antiquity . Il y est question des difficults et des dangers de mau-vaises interprtations des textes cuniformes, plus particulirement dans le domaine des ma-thmatiques et de lastronomie, o de surplus vous guettent les piges subtils du systme de calcul sexagsimal.

    Quelques mots ce propos sont indispensables avant de poursuivre notre enqute. Du systme sexagsimal, dont linvention est attribue aux Sumriens fondateurs de lantique civilisation de Nippur et de Ur (voir KADATH n 11 page 14), il ne nous reste que la division du cercle en 360, la mesure des angles en degrs, minutes, se-condes et du temps en heures, minutes, se-condes, que nous ont transmis les Grecs. A lori-gine la numrotation fut dabord la fois dcimale et sexagsimale. A Sumer, on commena compter sur les dix doigts : dabord de 1 5, puis de 5 10 en faisant 5 et 1, 5 et 2, 5 et 3, etc... Au-del de 10, on indiquait 10 et 1, 10 et 2 ... jusqu 10 deux fois, 10 trois fois, et ainsi de suite jusqu 60 qui tait lUnit Suprieure. A partir de 60 (crit avec le mme symbole que 1) les nom-bres taient nouveau exprims 60 et 10, 60 et 20 ... Ce furent les Akkadiens (smites qui domi-nrent les Sumriens), qui introduisirent dans la numrotation les nombres 100 et 1000, en faisant suivre lunit de me (signifiant cent) pour crire 100, et de lim (signifiant mille) pour crire 1000. II sagit donc dun systme sexagsimal mixte puis-quil comporte la dizaine, et qui semble issu du croisement du nombre 10 et du nombre 6 (divisible par 2 et par 3). Avec seulement deux lments, un clou vertical (pouvant exprimer une puissance positive ou ngative de 60) et avec un chevron (driv de larc de cercle dform) expri-mant 10 (une collection de 10 fois une unit), on crira donc tous les nombres.

    16

    2) Les Grecs, par exemple, estimaient encore que le nombre 10.000 tait une vaste agglomration impossible compter . Et ce nest gure avant le XIXe sicle que le concept du million sest rpandu en Occident ! . C.W. Ceram Des dieux, des tom-beaux, des savants .

    Sur les traces de la Science Sacre des Chaldens.

    Lisez-vous le sexagsimal ?

  • Lassyriologue Thureau-Dangin qui mit en vi-dence ce caracre hybride du systme sexagsi-mal crivait : Lordre de grandeur des chiffres est exprim par leur position : par exemple 123 dans le systme dcimal est 123 : une centaine, deux dizaines et trois units. La mme suite de chiffres dans le systme sexagsimal indique une fois 602, plus deux fois 60, plus 3 units, donc : 3663. Les Babyloniens rservrent aux textes mathmatiques le systme sexagsimal quils avaient invent et qui tait donc un syst-me mixte, utilisant des symboles dix et un (le chevron et le clou vertical) pour indiquer chaque sexagsimale allant de 0 59. En procdant ain-si, les Sumriens ont vit lintroduction de 59 symboles diffrents de zro pour lequel on na-vait pas de signe spcial . Ce calcul dit savant, apparu une poque difficile dterminer, tait enseign dans des coles spcialises. La base de ce systme est donc une numration position-nelle, cest--dire que seule la position relative du chiffre fixe la grandeur relative des units dordres diffrents ; la grandeur absolue nest pas indique et le zro nest employ quen position mdiale. Voici deux exemples de ce calcul savant : 1) soit le nombre qui se lirait 3 (dans le

    systme comptable ordinaire) et qui devient

    dans le systme sexagsimal : 3661 ; soit 3600 + 60 + 1 ; le chiffre de gauche valant 60 fois le chiffre suivant et celui-ci 60 fois le chiffre de droite.

    2) soit le nombre qui pourrait avoir non pas une seule solution, mais trois extr-m e m e n t d i f f r e n t e s : soit (1 x 603) + (20 x 602) + 60 + 1 = 288.061 soit (1 x 602) + (21 x 60) + 1 = 4961 soit (1 x 60) + 22 = 82

    Dans le cas du second exemple, de telles ambi-guts donnant naissance plusieurs solutions possibles, ne pourraient tre rsolues que par le contexte (par exemple, les propres donnes du problme) ou par le commentaire oral du matre qui fournirait les prcisions. Il est ds lors ais de comprendre le degr derreur possible dans le cas o les directives de lecture viendraient manquer. Une telle abstraction dans ce systme de position sexagsimale fit dailleurs songer Thureau-Dangin un hermtisme volontaire ga-rantissant aux scribes et aux prtres linviolabilit de certains textes.

    Otto Neugebauer, qui est un grand spcialiste des mathmatiques et de lastronomie babylo-niennes, attire lattention sur les erreurs trs fr-quentes qui se produisent justement lorsquil y a ce manque de contexte, qui est primordial pour le juste dchiffrement. Voici quelques exemples : 1) le nombre 1,12 qui apparait dans un ancien

    texte babylonien est retranscrit comme suit : 4 mille 3 cent et 20, ce qui est en fait lquiva-lent de 1,12,0. Nous pouvons interprter 1,12 comme 1,12,0 = 4320 ou comme 1,12 = 72 ou encore comme 1,12 = 1 1/5 etc

    2) des critures avec des combinaisons mixtes

    sont galement courantes telle celle-ci prove-nant dun texte astronomique : 1 me 1,30 me signifiant 190 jours. Ici, 1 me signifie 1 cent (me tant labrviation du mot baby-lonien pour 100), tandis que 1,30 est la trans-cription sexagsimale pour 90, et le dernier me signifie maintenant jour et non plus 100, comme juste avant. Cela, cest uniquement le contexte qui nous lapprend.

    3) la notation elle-mme des caractres babylo-

    niens peut souvent induire en erreur ; par exemple dans le cas dun chevron suivi de deux clous verticaux qui se liraient soit 10,2 soit 12, en fonction de lespace qui spare le premier signe des autres. II peut aussi arriver que la combinaison des dizaines et des units soit douteuse car compltement scinde ; par exemple pour le nombre 56, ce qui exprime 50 se trouve la fin dune ligne et la valeur de 6 se trouve en-dessous, au dbut de la ligne suivante.

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    Lion et tablette de fondation, en provenance de Subartu dans le nord de la Msopotamie. Elle date de la priode akkadienne de Sargon, roi de Ninive vers 2400 (figur en couverture). Bronze et pierre, 12 x 8 cm., Muse du Louvre.

  • Etant prsent nantis de quelques notions fonda-mentales nous pouvons retourner nos moutons et au nombre de quinze chiffres miraculeusement retrouv dans le texte dOtto Neugebauer, o il dit : Labsence de notations dterminant la va-leur absolue dun nombre rend possible la mau-vaise interprtation de simples tables de multipli-cation. Lorsquen 1906 Hilprecht publia un volu-me intitul Tablettes mathmatiques, mtrologi-ques et chronologiques de la Bibliothque du Temple de Nippur , il tait convaincu que ces crits taient en relation avec la doctrine des nombres mystiques de Platon. Dans le Livre VIII de La Rpublique , Platon donne quelques r-gles cabalistiques que les gardiens de sa commu-naut dictatoriale manipulaient pour dcider des mariages et des unions opportuns. Au moyen de certains artifices, les principes de Platon furent as-socis avec les nombres dcouverts sur les tablet-tes. Ainsi 1,10 (cest--dire 70, ou 1 1/6 etc...) fut interprt comme ayant la valeur de 195.955.200.000.000 et toute une srie de tablettes furent transcrites et expliques de la sorte . Voil un dtail que jeus aim trouver dans le livre de Maurice Chatelain. Ce nest donc pas Smith qui fut lorigine de ce nombre, mais bien H.V. Hilprecht, lassyriologue allemand, un bien curieux personnage sur lequel je me suis pench. Il est vrai que le pauvre Smith naurait jamais eu assez de sa vie tout entire pour d-chiffrer toutes les tablettes exhumes. On esti-me aujourdhui, quenviron un quart des docu-ments ont t traduits. II ne reste donc plus que quelque 50.000 tablettes ! Les premires dcouvertes de Paul-Emile Botta inaugurent les fouilles en Msopotamie, en 1852.

    On creuse Kuyundjik et Khorsabad. Puis, Austen Henry Layard, Kalakh, Nimrud et Ku-jundjik, dcouvre pour la premire fois lexistence de tablettes dargiles inscrites. Les nouvelles sal-les dassyriologie se remplissent de trsors, au Louvre et au British Museum. Plus tard, Henry C. Rawlinson et John Smith dcryptent ; Hormuzd Rassam fouille ; Willem Loftus et Fraser explo-rent. La mmorable Expdition Scientifique Fran-aise de Msopotamie, sous la direction de Ful-gence Fresnel, met fin en 1857 la premire grande priode. La seconde dbutera vingt ans plus tard et souvre par les travaux dErnest de Sarzec Tello. Plus de 30.000 tablettes sont dailleurs voles par des pillards qui les coulent sur le march de Bagdad. En 1889 enfin, la Baby-lonian Exploration Fund et lUniversit de Penn-sylvanie dlguent la premire mission amricai-ne qui fouilla Nippur. Quatre campagnes furent menes jusquen 1900, sous la direction de John Peters puis sous celle de H.V. Hilprecht. Cest Hilprecht que lon doit, entre autres, les travaux et la publication de ceux-ci sur la ziggurat et le tem-ple de E-Kur dEnlil. Une grande rivalit opposant Peters et Hilprecht, et de mauvaises conditions de travail laissent un souvenir amer de ces cam-pagnes. Le pauvre Hilprecht dut un jour assister, impuissant, lincendie de son camp Nippur par des pillards bdouins. Joseph Blumroch, pardon, Jacques Bergier, raconte quHilprecht voyait en rve les endroits o fouiller, et le lendemain, il dcouvrait. Boutade, vrit ? Ce ntait cepen-dant pas nimporte qui, mais il semble tre com-pltement dlaiss par les assyriologues moder-nes. II nest que trs rarement cit et lune des seules rfrences se rapportant lui, provient dOtto Neugebauer ; je vous lai traduite plus haut. Est-ce dire quHilprecht est aujourdhui considr comme un joyeux plaisantin qui est

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    Le fragment K 2069.

  • tomb pieds joints dans les piges tendus par les complexits du systme sexagsimal ? Quoi quil en soit, il est bien le dcouvreur du nombre 195.955.200.000.000, dont il parle en dtail la page 26 de son livre qui traite des tablettes de la Bibliothque du Temple de Nippur. II nous donne mme le numro de la tablette qui le porte : elle se trouve recense sous la dnomination K 2069 dans le catalogue gnral de la collection des tablettes de Kuyundjik au British Museum, dress par C. Bezold en 1889. Un nombre de quinze chiffres se trouve-t-il rellement inscrit sur le frag-ment K 2069 ou sort-il tout droit de limagination dHilprecht ? Signifie-t-il simplement 1,10 ou 70 comme le prtend Neugebauer ? Ecoutons Hilprecht. Il est dabord question de quatre tablettes math-matiques dnommes n 20 verso, n 21 verso, n 22 recto et n 24 verso, provenant de Nippur. Elles sont fragmentaires, mais une tude compa-rative des quatre permet de restaurer entirement leur texte qui est dailleurs quasiment identique. Ce texte serait une table de division, contenant les diviseurs de 12.960.000 jusqu 72, dans une srie croissante (les nombres de gauche) avec leur quotient correspondant dans une srie d-croissante (les nombres de droite) : 1 .. 8.640.000 A-AN

    (lidogramme A-AN caractrise le quotient) 2 .. 6.480.000 3 .. 4.320.000 etc... 6 .. 2.160.000 etc... 10 1.296.000 etc... 18 720.000 etc... 36 360.000 etc... 60 216.000 etc... 72 180.000 En fait, la premire ligne doit se lire : les 2/3 de 12.960.000 = 8.640.000 ; la seconde : 1/2 de 12.960.000 = 6.480.000 etc... Hilprecht ajoute quil est certain de sa traduction car il a dcouvert des preuves de bonne interprtation sur les au-tres tablettes o figurent notamment les ido-grammes quivalents notre signe : (soit diviser par) et, correctement placs, ils ne per-mettent pas le doute. Par exemple, sur la tablette n 22 recto : ligne 3 : IGI 3 GAL BI = 4.320.000 le nombre plac entre IGI et GAL exprime le

    dnominateur, et lidogramme BI signifie en ralit un article du genre le ou un adverbe

    comme et qui exprime donc le nombre diviser, soit ici 12.960.000. On doit donc tra-duire la ligne ainsi : (12.960.000) divi-ser par 3 = 4.320.000.

    Outre ces tables de division de la Bibliothque du Temple de Nippur qui sont donc toutes bases sur 12.960.000, il en est une autre, semblable, mais qui appartient, elle, la bibliothque dAs-surbanipal Ninive, et dont il ne subsiste que le fragment K 2069. A son sujet, Bezold nous ap-prend la page 400 de son catalogue que la ta-blette entire devait mesurer environ 5 cm sur 3 cm ; il manque le dbut du recto et la fin du verso. De chaque ct se trouve une double colonne avec 13 et 15 lignes trs lisibles et bien conserves. Ce que Bezold en montre sont les lignes de 2 5 du recto. Il ajoute quelles contien-nent probablement des oprations mathmati-ques. Ici, cela devient assez compliqu, et je ne peux, au risque de vous dcourager complte-ment, entrer dans les dtails ; Hilprecht entame donc la traduction du fragment K 2069 et dit, fort de ses rsultats obtenus sur les quatre tablettes prcdentes, que selon les propres donnes de Bezold le dividende semble tre 15.120.000 (soit 12.960.000 exprim par un clou vertical + 2.160.000 exprim par un chevron). Finale-ment, on en arrive alors la troisime ligne du fragment K 2069 qui doit donc se lire comme suit (respirez profondment) :

    Ouf ! Donc, conclut Hilprecht, K 2069 est une table de division contenant un nombre de divi-seurs de 195.955.200.000.000 dans une srie croissante (colonne de gauche) avec leur quotient correspondant dans une srie dcroissante (colonne de droite). En toute probabilit, la pre-mire ligne de la tablette restaure devrait tre : la 216.000me partie de 195.955.200.000.000 = 907.200.000 . Voil pourquoi votre fille est muette, et voici do sort la Constante de Ninive. Hilprecht restaure ensuite les lignes manquantes de la suite math-matique (dont je vous ferai grce !) et se pose, quatre pages plus loin, la question de savoir do provient le nombre de 12.960.000 soit 604 ou 36002, qui est commun aux textes tudis par lui, prsent dans les tablettes de Nippur et dans le fragment K 2069. La rponse, dit Hilprecht, se trouve peut-tre dans le livre VIII de La Rpubli-que de Platon ...

    19 IGI 3 x 216.000 ( = 648.000) 23 x 12.960.000 (= 298.080.000) + 2 x 2.160.000 (= 4.320.000)

    x En dautres termes : = 302.400.000

    648.000 soit x = 302.400.000 x 648.000 = 195.955.200.000.000 c--d 12.960.0002 (= 167.961.600.000 que reprsente un clou vertical) + (2.160.0002 = x 6).

  • Platon explique Glaucon que tout changement de constitution vient de la partie qui gouverne, lorsque la division sinstalle entre ses propres membres. Par contre, tant quelle est daccord avec elle-mme, si petite soit-elle, elle demeurera inbranlable. Cependant, poursuit Platon, il est une chose qui pourra branler lEtat et par o se glissera la discorde entre les gardiens et les ma-gistrats : comme tout ce qui nat est sujet cor-ruption, la constitution elle non plus ne durera pas toujours. II y a non seulement pour les plantes enracines dans la terre, mais encore pour lme et le corps des animaux qui vivent sur sa surface, des alternatives de fcondit et de strilit. Ces alternatives se produisent quand la rvolution priodique ferme le cercle o chaque espce se meut, cercle court pour les espces qui ont la vie courte, long pour c