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Kadath Chroniques Des Civilisations Disparues - 081

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Au sommaire

 — tout (ou presque) sur le sphinx, Jacques Gossart …...……………………….. — l’âge du sphinx de gizeh : vers une révision déchirante ?, Robert M. Schoch 

 — le sphinx et la géologie du plateau de gizeh…………………………….... — un emplacement prémédité……………………....…………………………..

 — pourquoi l’attribution à chéphren ?...……………………...…………………..

 — un contexte archéologique pour le sphinx………………………………...  — les objections à mon hypothèse………………......…………………………..

 — un « débat » aux rencontres de l’aaas……………………………………..  — le sphinx et le mouvement new age……………...…………………………..

 — et maintenant, que faire ?.......................................…………………………..  post-scriptum : pyramide de chéphren, égypte...….……………………………..

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COMITÉ DE REDACTION :ivan verheyden, rédacteur en chef

 patrick ferryn, secrétaire de rédaction jacques bury, jacques gossart, jean-claude mahieuAVEC LA COLLABORATION DE :

 jean-claude berck, michel dethier, jean faucounau,

danielle fitzenz, josiane misson, jo ressos, jacques scornaux, nicole torchet, eugène zimmerÉCHANGES AVEC LES REVUES :archaeoastronomy (john b. carlson, états-unis)atlantis (jacques-marc savary, france)

 bres (simon vinkenoog, pays-bas)catastrophism & ancien history (marvin a. luckerman, é-u.)griffith observer (edwin c. krupp, états-unis)neara (roslyn strong, états-unis)

 pursuit (robert c. warth, états-unis)MAQUETTE DE GÉRARD DEUQUET 

D’abord, ils nieront la choseEnsuite, ils la minimiserontEnfin, ils diront que cela se savaitdepuis longtemps.

Alexandre von Humboldt

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Il y a maintenant trois ans paraissait, dans le n° 74 de KADATH, un article de John A. West,consacré au Sphinx de Gizeh. Le titre de l’article annonçait déjà la couleur, l’auteur y posant

d’emblée une question fondamentale : « Le Sphinx de Gizeh serait-il antédiluvien ? » Pour yrépondre, West s’était basé sur les travaux de l’égyptologue symboliste R.A. Schwaller deLubicz, de l’archéologue Mark Lehner et du géologue K. Lal Gauri, et en était arrivé à uneconclusion que nous pouvons résumer en deux points : 1) le Sphinx est plus ancien que les pyramides car, d’une part, le style en est radicalement différent et, d’autre part, le Sphinx a étérestauré à plusieurs reprises, et pour la première fois dans le style architectural de l’AncienEmpire ; 2) l’érosion de la surface du Sphinx est le résultat de l’action de l’eau et non, commeon le croit généralement, de celle du vent et du sable. Cette érosion se serait produite durantles 500 premières années d’existence du monument. Sans le dire tout en le disant, West sup- posait que l’Egypte avait connu un déluge à un moment très reculé de son histoire. L’auteurterminait son article en précisant « qu’il existait une science sacrée dans l’Antiquité, et une‘Atlantide’ a un jour existé. Le Grand Sphinx de Gizeh est un vestige de cette époque. » Detelles conclusions auraient été approuvées par Schwaller de Lubicz ; elles ne pouvaient satis-faire ni Gauri, ni Lehner, ni d’ailleurs la majorité des égyptologues, pour qui le Sphinx de

Gizeh est contemporain de la pyramide de Chéphren, ce pharaon de la IVème dynastie(2625-2510 avant J.-C.) dont le Sphinx serait tout bonnement le portrait. Quelque temps plustard, nous publiions d’ailleurs, dans le n° 76, un « échange de vues autour du Sphinx ». RobertAlen, défenseur de la théorie classique, démontrait, arguments égyptologiques à l’appui, pour-quoi le Sphinx était fort probablement une production caractéristique de l’Ancien Empire.John West évoquait, lui, les observations géologiques du docteur Schoch, qui confirmaient parfaitement l’origine préhistorique et antédiluvienne du Sphinx.

L’hypothèse d’un Sphinx préhistorique peut sembler bouleversante. Certains estiment qu’elleimpliquerait une refonte totale de notre vision du prédynastique, l’origine de la civilisationégyptienne étant alors à rechercher dans l’arrivée en Egypte de représentants d’une civilisationavancée, apportant avec eux des connaissances étrangères aux autochtones de la vallée du Nil.Bien sûr, je ne pourrais qu’être favorable à de telles idées : Osiris sait si j’ai toujours soutenu

A la recherche

De kadath

« Une répugnance, si forte qu’elle soit, envers une idée,

ne prouve rien contre cette idée. »

 Rémy Chauvin.

UNE EXCLUSIVITÉ KADATH EN LANGUE FRANÇAISE 

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l’idée d’une influence atlantique (ou atlante si l’on préfère) à l’origine des premièresdynasties. Mais lorsqu’on a passé plus de vingt ans dans le giron de K ADATH, on ne peut quese méfier des idées trop séduisantes. Ainsi, il n’est peut-être pas nécessaire d’opposer, commeon a un peu trop tendance à le faire, l’égyptologie et les découvertes géologiques de Schoch.Parce qu’enfin, les habitants néolithiques de la vallée du Nil ont très bien pu sculpter, voiresimplement retoucher un bloc rocheux dont la forme naturelle évoquait déjà un lion couché àfigure humaine. Chéphren n’aurait fait que récupérer le monument (ce qui fut, rappelons-le,une pratique courante durant toute l’histoire de l’Egypte pharaonique). Cette hypothèse ad’ailleurs été avancée voici quelques années par un groupe d’archéologues égyptiens. Celaétant dit, il ne faudrait pas non plus banaliser exagérément la question. En effet, la conceptiond’un tel monument ne correspond pas du tout à ce que l’on sait des populations néolithiquesde la région.

Dans ce contexte, l’article qui constitue la partie centrale de ce numéro est certainement le bienvenu. Les arguments de son auteur, le professeur Schoch — géologue, membre de la divi-sion Science and Mathematics du College of Basic Studies à l’université de Boston — ne vontcertes pas clore définitivement la question de l’âge du Sphinx. Mais au moins peut-on dire quenous avons là une étude d’une valeur scientifique incontestable, dont les conclusions ne pour-ront en aucun cas être négligées. Attention donc, mesdames et messieurs les sceptiques :ce que vous allez lire n’est ni du Barbarin, ni du Slosman. A l’inverse, que les enthousiastesrestent prudents : l’étude géologique de Robert Schoch n’est pas le seul élément du dossier.Comme je le rappelais plus haut, l’égyptologie a aussi son mot à dire dans cette affaire, et des points de vue différents ne sont pas nécessairement des points de vue opposés. Nous n’auronsen tout cas pas l’ambition de conclure ici, dans un problème aussi complexe. Le but de cenuméro spécial n’est d’ailleurs pas là. Comme dans les « spéciaux » précédents (voyez parexemple les nos 68 et 72), il s’agit de présenter au lecteur un maximum d’éléments du dossier.Ce n’est déjà pas si mal lorsqu’on sait que la version française de l’article du professeurSchoch constitue une première mondiale... et une exclusivité K ADATH.

JACQUES GOSSART

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LE PASSE PRESENT

TOUT (OU PRESQUE)SUR LE SPHINX

Mille fois plus photographié que la plus holly-woodienne des stars, le Sphinx de Gizeh est undes monuments les plus connus au monde. Onen parlait déjà dans l’Antiquité (et cela en dépitdu silence d’Hérodote). Aujourd’hui, il susciteun intérêt considérable auprès des touristes enautocar et bermuda, et aussi dans le mondeartistique : les producteurs de cinéma n’hésitent pas à l’engager au même titre que Ramsès ouCléopâtre (septième du nom), et les auteurs de bande dessinée lui font jouer un petit rôle aux

côtés de leurs héros (tout le monde sait mainte-nant que c’est Obélix qui cassa le nez de la sta-tue en escaladant son divin profil). Les égypto-logues par contre sont peu nombreux à s’êtrevraiment intéressés au Sphinx. Bien sûr, lesmanuels d’égyptologie ne peuvent faire autre-ment que de le mentionner, mais c’est la plu- part du temps pour en donner hâtivement lescaractéristiques principales, sans plus. AinsiVandier lui consacre-t-il en tout et pour toutdeux pages — y compris la photo — dans sonManuel d’archéologie égyptienne14. C’est peuen comparaison du temple funéraire de Ché- phren par exemple, qui occupe dix pages. C’est

encore beaucoup par rapport à d’autres auteurs,comme Breasted2 (12 lignes dans un ouvrage de630 pages), Moret9 (une allusion avec une noteen bas de page, à propos du songe de Thoutmo-sis IV dont nous reparlerons, au milieu d’unlivre de 570 pages), ou plus récemment Grimal5,avec 10 lignes d’explications, l’histoire dusonge et quelques allusions, pour un ouvrage de590 pages. On s’attendrait presque à lire, dansl’une ou l’autre « histoire d’Egypte », une petite phrase du genre : « Le Sphinx, connais pas ! ».Mais que le lecteur se rassure : il y a quandmême beaucoup à lire et à dire à propos de lastatue de Gizeh.

Histoire connue du Sphinx.Officiellement, l’histoire du Sphinx commenceà la IVème dynastie (Ancien Empire). Pour destas de bonnes raisons qui seront discutées plusloin dans ce numéro, on l’attribue à Chéphren.Le Sphinx de Gizeh serait ainsi, chronologique-ment, le deuxième sphinx coiffé du némès (1),le plus ancien étant jusqu’à preuve du contrairecelui de Didoufri. A vrai dire, il n’en reste quela tête que l’on peut admirer au musée du Lou-vre, mais il est probable qu’elle faisait partie

(1) Le némès est une des coiffures royales. Il est faitd’une étoffe blanche rayée de rouge. Ceignant lefront et passant par-dessus les oreilles, il retombe dechaque côté du visage. A l’arrière, il forme une po-che finissant en pointe au milieu du dos.

Tête du pharaon Didoufri (musée du Louvre).

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d’un sphinx. Il n’est pas inutile de préciser, tantque nous en sommes à parler de ce pharaon,que Didoufri est le premier souverain égyptien

à porter dans sa titulature le nom de « fils deRê ». Nous y reviendrons dans un instant. Mal-heureusement pour nous, aucun texte de l’An-cien Empire ne mentionne le Sphinx. Nousignorons dès lors quelle était, pour les Egyp-tiens de cette époque, la signification du monu-ment. Selon Ricke10, il pouvait s’agir d’uneimage du dieu solaire Harmakhis (Hor-em-Akhet ou « Horus de l’horizon »). Cette opinionest toutefois combattue par d’autres égyptolo-gues, tels Jean Yoyotte16  ou Christiane Zivie(citée par Lehner 6), pour qui cette conceptionremonte au Nouvel Empire. Le Sphinx seraitalors « le gardien des galeries occidentales par

où s’en vont le soleil et les morts »16. Maisn’oublions pas que le visage du Sphinx estcommunément considéré comme étant celui de

Chéphren. Nous dirions alors avec Gardiner(cité par Lehner 6) que le roi s’est fait représen-ter sous la forme léonine et, reprenant RobertAlen1, que « la forme composite du sphinx serapporterait ainsi au devenir nocturne du pha-raon défunt (sous forme de ba) et du soleil, re- posant l’un et l’autre dans les entrailles de leurmère céleste, la déesse féline, dans l’attente deleur résurrection à l’horizon oriental du ciel ».Cette interprétation paraît d’autant plus cohé-rente lorsqu’on se rappelle ce que nous disionsil y a un instant à propos de Didoufri, qui seraitle promoteur du sphinx et du nom de « fils deRê » dans la titulature royale.

Vues du Sphinx depuis le nord (photo de l’auteur) et le nord-ouest (photo Institut Ramsès). Devant ses pattes,on peut voir le temple du Sphinx et à sa droite, le temple de la Vallée (de Chéphren).

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 N’entrons pas déjà dans le détail de la construc-tion, qui sera développé largement dans notredossier. Disons simplement, pour fixer les idées,

que le Sphinx a été sculpté dans un affleurementrocheux du plateau, laisse de carrière probable-ment puisque les blocs de calcaire de Chéops (àl’exception du revêtement) furent extraits de cetendroit. Situé à la base du plateau de Gizeh, àl’extrémité de la chaussée de Chéphren, et faceaux temples dits « du Sphinx » et « de la Val-lée », le Sphinx regarde vers la vallée du Nil, etdonc vers l’orient. Ses dimensions principalessont (telles que mentionnées par M.-C. Tou-chard13) : longueur du corps : 57m ; longueurtotale (corps et pattes) : 73m50 ; hauteur : 20m ; plus grande largeur de la face : 4m15.

Je l’ai dit plus haut, nous ne savons pratique-ment rien de la destination exacte du Sphinxdurant l’Ancien Empire. Tout ce que nous pou-vons dire, c’est qu’il faisait partie du complexereligieux du plateau de Gizeh, lequel fut fort

 probablement utilisé jusqu’à la fin de la Vlèmedynastie et délaissé durant la Première PériodeIntermédiaire. Les choses sont beaucoup moinsclaires pour les deux périodes suivantes :Moyen Empire et Deuxième Période Intermé-diaire. On sait seulement que les cimetières fu-rent abandonnés et qu’il n’y eut pas de nouvel-les constructions. Au Nouvel Empire par contre,tout change. Pour la première fois, le Sphinx estmentionné dans des textes, tout au début de laXVIIIème dynastie, sous Aménophis Ier. C’està cette époque que commence l’histoire à épiso-des du désensablage du monument. Chaque fois,l’opération a été consignée sur une stèle.

La plus connue est évidemment celle qu’érigeaThoutmosis IV, vers 1400 avant J.-C. Elleraconte l’histoire d’un jeune prince, le futur

 pharaon Thoutmosis IV qui, alors qu’il chas-sait dans le désert, s’étendit à l’ombre duSphinx et s’y endormit. Durant son sommeil, ledieu Harmakhis lui demanda de le dégager dusable du désert qui l’enserrait. Devenu roi (onestime généralement qu’il légitima son coupd’Etat probable par ce songe dans lequel le dieul’appelait « son fils »), Thoutmosis obéit aussi-tôt, dégagea le dieu et plaça une stèle entre ses pattes avant. Il n’est pas impossible que la stèleque nous connaissons, et dont la partie infé-rieure est très abîmée, ne soit qu’une copie tar-dive. Retenons également pour la suite que letexte comporte de nombreuses erreurs d’écri-ture. Finalement, la restauration est la seulechose dont on soit sûr puisqu’on a retrouvé lenom de Thoutmosis (2) sur des briques du murentourant le site.

Parmi les comptes rendus de travaux de restau-ration ultérieurs, mentionnons deux stèles deRamsès II, ainsi que les noms de plusieurs pha-raons, tels Ay, Horemheb, Sethi Ier et Minep-tah. De toute évidence, le Sphinx fut, durant le Nouvel Empire, l’objet d’un culte royal. Il étaitvénéré comme une image du dieu solaire soustous ses aspects : Harmakhis, Khépri, Rê et

Atoum... Mais le sable revint à la charge : noussavons que Néron fit, lui aussi, dégager leSphinx et, à la mode des pharaons, fit érigerune stèle pour l’occasion.

Sautons par-dessus les siècles. Rien de particu-lier n’est à signaler jusqu’à l’aube du XIXèmesiècle, sinon ce qu’on raconte à propos des Ma-mlouks, qui s’amusèrent à tirer au canon sur leSphinx et le défigurèrent. Mais cette théorie estcontestée. En 1798, Bonaparte débarque enEgypte et les savants de son expédition étudientde près un Sphinx ensablé jusqu’au cou. En1817, Caviglia entreprend les premières fouilles

et met au jour, outre la stèle de Thoutmosis IV,des fragments de la barbe du Sphinx. Vyse passe ensuite par là et, comme pour Chéops,fouille un peu à la dynamite. Enfin, Mariette en1858 et Maspero en 1885 désensableront lemonument jusqu’au sol rocheux. Mais en fait,les premières recherches sérieuses datent desannées 1920 et 30, avec les fouilles d’EmileBaraize et de Selim Hassan. Parmi les travaux

(2) Ou Thoutmès, pour utiliser le nom égyptien cor-rect. Le nom de Thoutmosis, plus communémentutilisé, en est la transcription grécisée, tout commeAménophis l’est pour Amenhotep.

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Bien qu’il existe un certain nombre de stèlesde différentes époques consacrées au Sphinx,l’appellation « stèle du Sphinx » est générale-ment réservée à la grande stèle de granitrouge qui se trouve encore actuellement entreles pattes de la statue. Elle est haute de 3m60et large de 2m20. Le tiers supérieur est oc-cupé par une scène d’adoration : on y voitThoutmès IV faisant des offrandes au dieuHarmakhis, représenté sous la forme d’unsphinx. Les deux autres tiers étaient à l’ori-gine couverts d’un texte hiéroglyphique, dontla moitié inférieure est actuellement perdue.La stèle fut découverte en 1818 par Cavigliaet copiée pour la première fois par Salt en1820. Le texte lui-même comporte de nom- breuses irrégularités de forme. Plusieurs cher-cheurs, dont Erman, estiment qu’il s’agitd’une copie exécutée entre la XXlème dynas-tie et l’époque saïte, soit entre 1085 et 525avant J.-C., voire même à la Basse Epoque(525-323 avant J.-C.). Je ne donne ici que la partie du texte relative à la vision de Thout-mès. Elles est précédée d’une introductiondans le style de l’époque qui précise la date,la titulature royale, etc., donne quelques ren-

seignements sur la jeunesse de Thoutmès, et plante en quelque sorte le décor en décrivantsommairement la partie de chasse engagée.J’ai choisi la traduction de Breasted (J.H.Breasted : « Ancient records of Egypt -Volume 2 », § 815. Histories & Mysteries ofMan Ltd, London 1988). Je l’ai préférée à destraductions plus récentes (comme celle de C.Zivie), plus agréables à lire mais qui serrentle texte de moins près.

Un de ces jours, il advint que le fils du roivint, à l’heure méridienne, et il se reposa àl’ombre de ce grand dieu. La torpeur 1  du

 sommeil le saisit au moment où le soleil étaità son zénith et il trouva la majesté de ce dieuvénérable en train de lui parler de sa proprebouche, comme un père parle à son fils,disant : « Regarde-moi ! vois-moi ! mon filsThoutmès. Je suis ton père, Harmakhis- Khepri-Rê-Atoum, qui vais te donner monroyaume sur terre à la tête des vivants. Tu porteras la couronne blanche et la couronnerouge sur le trône de Geb, le prince héritier. Le pays sera tien dans sa longueur et dans salargeur, ainsi que tout ce qu’illumine l’œil dumaître de l’univers. La nourriture des deux

 pays sera tienne, le grand tribut de tous les pays, et cela durant de longues années. Je me

tourne vers toi, je t’affectionne. Tu es pourmoi un protecteur car ma condition est de souffrir dans toutes mes chairs défaites2. Le sable de ce désert sur lequel je me dresse,m’a envahi ; hâte-toi vers moi, pour permet-tre que soit réalisé ce que j’ai désiré, sachantque c’est toi mon fils, mon protecteur. Viens,quant à toi, vois : je suis avec toi, je suis ton guide. » Quand il eut fini ce discours, le filsdu roi s’éveilla, entendant ce [deux motsmanquants]. Il comprit les paroles de ce dieu,et il garda le silence en son cœur. Il dit :« Allons, hâtons-nous vers notre demeuredans la cité ; ils protégeront les oblations

destinées à ce dieu, que nous apportons pourlui : des bœufs et toutes sortes de jeunes vé- gétaux. Et nous louerons Oun-Nefer 3  [troismots manquants]  Khaf[re]4 , la statue faite pour Atoum-Harmakhis [la suite manque]. » 

LA STÈLE DU SPHINX OU LE RÊVE DE THOUTMÈS IV

1 Le sens de ce mot est incertain ; Breasted trad-uit par « vision », Zivie par « rêve ».2 Ce mot n’est pas traduit par Breasted.3 Osiris.4 La lecture de ce nom est d’autant plus douteusequ’on n’y voit pas de cartouche.

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les plus récents, il faut encore citer les recher-ches entreprises entre 1979 et 1983 par l’Ame-rican Research Center in Egypt. Cette étude

archéologique et géoarchéologique, baptisée« Sphinx Project », était dirigée par James P.Allen et Mark Lehner. Grâce à des techniquesde photogrammétrie, elle a permis de réaliserun modèle informatique de l’état actuel duSphinx et de son état hypothétique à l’époquede sa splendeur.

Le Sphinx, hier et aujourd’hui.Dans un article publié en 19926, Lehner cons-tate que la tête et le corps du Sphinx, pris sépa-rément, sont bien proportionnés. Il n’en est plusde même lorsqu’on les compare l’un à l’autre :leurs dimensions relatives sont très différentesde celles des sphinx classiques de la XVIIIèmedynastie, la tête du Sphinx de Gizeh étant pro- portionnellement plus petite. Quant à son corps,il est moins massif, plus long, et il en est demême pour les pattes. On a pensé qu’il pouvaits’agir d’un prototype mais, faute de connaîtreles proportions du sphinx de Didoufri, iln’est pas possible de s’avancer davantage.

Dans leurs essais de reconstitution du Sphinx,Allen et Lehner se sont bien sûr basés sur sonétat actuel, mais également sur le visage d’unecélèbre statue de Chéphren conservée au Muséedu Caire, étant entendu une bonne fois pourtoutes que le Sphinx représente ce pharaon.Robert Schoch nous dira plus loin ce qu’il faut penser de cette affirmation, mais nous pouvonsdéjà relever qu’il existe des différences entreles deux têtes : ainsi, le visage de la statue deChéphren est plus petit, proportionnellement aunémès, que le visage du Sphinx par rapport àson propre némès.

ensablement aux , environs de 1905.

 Le Sphinx vu par des artistes accompagnant Bonaparte dans son expédition d’Egypte en1798-99. Ci-dessous, une photo montrant son

ici celui du dieu-bélier Amon.

 Avatar plus récent du thème du sphinx à Karnak,au cours de la XVIIIème dynastie ; le visage est

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Venons-en rapidement aux autres éléments dela statue, tels qu’ils apparaissent sur la reconsti-tution assistée par ordinateur. (Page suivante.Comme toutes les reconstitutions, celle-ci estforcément basée sur un certain nombre d’hypo-thèses. Même si l’on a fait quelques progrèsdepuis Viollet-le-Duc, il faut admettre que cer-tains éléments que nous présentons ici sontdouteux.) Devant le poitrail du Sphinx, et sous

la barbe postiche qu’elle soutenait, s’élevait unestatue d’Aménophis II, coiffée sans doute elleaussi du némès. Le côté sud du Sphinx étaitflanqué d’une statue d’Osiris, installée sur un piédestal et peut-être protégée par un naos.Dans la reconstitution de Lehner et Allen, ledieu est coiffé de la double couronne dont lesfragments sont parfois attribués à la statued’Aménophis. Dernier élément de notre des-cription : la couleur. Il est tout à fait certain quele Sphinx était peint. On a retrouvé des tracesde bleu, de jaune et surtout de rouge et on sup- pose que la statue fut, à un certain moment desa longue histoire, peinte entièrement en rouge.

9 Cette vue du Sphinx depuis le sud (avecChéops dans le fond) montre que ses propor-tions (en pointillés sur le schéma) diffèrent decelles de sphinx plus récents comme celui de Karnak (en sombre). A comparer également,les proportions du visage et du némès par rap- port à celles de la statue de Chéphren ci-contre.

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des groupements qui se veulent héritiers descivilisations les plus anciennes. Mal-heureusement, rien n’est plus contesté que cette

filiation et, par conséquent, il est difficile deretenir ce genre d’assertion. Toutefois — rienn’est jamais entièrement vrai ni entièrementfaux —, nous retiendrons quand même un élé-ment intéressant pour la suite : la référence audéluge et donc, à l’action de l’eau.

L’égyptologue symboliste Enel avance lui aussique le Sphinx serait un témoignage de la pré-sence des Atlantes en Egypte12. Nous sommes làdans un domaine étranger à notre propos d’au- jourd’hui ; aussi me garderai-je de tout com-mentaire. Cependant, si je me réfère à ce que j’ai étudié de l’œuvre d’Enel (voir mon article, paru dans le numéro 80 de K ADATH, à proposde la grammaire « ésotérique » égyptienne decet auteur), je dois constater le sérieux de sadémarche. Enel est d’ailleurs rejoint par un au-tre égyptologue symboliste, plus connu sansdoute : Schwaller de Lubicz. Comme je l’ai si-gnalé en introduction à ce numéro, John Wests’est basé sur les travaux de Schwaller lorsqu’ila entrepris de réexaminer l’ensemble de la pro- blématique du Sphinx. En deux mots, Schwaller paraît bien être le premier à constater que l’éro-sion du Sphinx est due à l’action de l’eau. Cetteconstatation s’intègre dans sa théorie relative à

l’origine de la civilisation égyptienne : selonSchwaller comme selon Enel, celle-ci serait

l’héritière de la civilisation atlante. Pour plus dedétails, j’invite le lecteur à relire l’introductionde l’article de West, paru dans notre n° 7415.

Un petit tour de temple.La description du site ne serait pas complète sinous ne jetions un coup d’œil sur les temples duSphinx et de la Vallée. Ils sont tous deux bâtissur une terrasse située à environ 2m50 plus basque le Sphinx. Comme on peut le constater surle plan ci-dessous, les deux temples sont ali-gnés selon un axe nord-sud, le temple duSphinx étant en outre bâti face au Sphinx, alorsque le temple de la Vallée se trouve tout à faitlogiquement à l’extrémité de la chaussée deChéphren. Ce dernier temple est de plan carré.On y accédait par deux portes, gardées — nousenseigne-t-on dans les manuels — par dessphinx « dont on n’a retrouvé que l’emplace-ment sur le sol » (Vandier 14). Aux murs inté-rieurs étaient adossées des statues de Chéphren.C’est dans ces environs que Mariette découvritla statue en diorite de Chéphren dont nousavons parlé à propos de la reconstitutiond’Allen et Lehner. La plus grande partie dutemple est aujourd’hui à ciel ouvert. Les piècessont entièrement recouvertes de granit, certai-nes d’entre elles ayant toutefois un dallaged’albâtre. Le temple du Sphinx est quant à luitrès ruiné. Il est formé d’énormes blocs de cal-

caire qui étaient primitivement recouverts dedalles de granit.

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Pas si sûr.Comme nous le disions au début de cet article,il y avait finalement pas mal de choses à dire à propos du Sphinx. Encore nous sommes-nous bornés ici aux notions indispensables à une bonne compréhension du site et de ses problè-mes. A la lecture de ce qui précède, on pourraittoutefois conclure que le monument n’est en finde compte pas si mystérieux que cela, surtout sion le compare à ses voisines les pyramides : onsait qui l’a fait construire, on sait aussi com-ment et quand il a été sculpté, et ce qu’il repré-sente. On sait... Est-ce si sûr ? C’est peut-être lemoment de se rappeler ce qu’écrivait Maspero7 

voici plus d’un siècle : « ... un roi demeuré in-connu, mais qu’il faut peut-être reporter jus-qu’aux temps antérieurs à Ména (3), avait faittailler dans le roc un Sphinx énorme, symboled’Harmakhis, le soleil levant. » N’est-ce pas làce qu’affirme la « Tradition » ?

JACQUES GOSSART

Références bibliographiques.R. Alen : « Echange de vues autour du Sphinx. 1.Sphinx et déluge : quelques réflexions ».K ADATH n° 76, Bruxelles 1991.J.H. Breasted : « Histoire de l’Égypte ». Vromant& C°, imprimeurs et éditeurs, Bruxelles 1926.A. Burnet : « Eternelle, l’Égypte ? ». Le Soir, 13mai 1992, Bruxelles.J. Gossart : « Les hiéroglyphes, signes et symbo-les (2) ». K ADATH n° 80, Bruxelles 1993. N. Grimal : « Histoire de l’Egypte ancienne ».Fayard, Paris 1988.M. Lehner : « Reconstructing the Sphinx ». Cam- bridge Archaeological Journal, Vol. 2, n° 1,Cambridge 1992.G. Maspero : « Histoire ancienne des peuples del’Orient ». Librairie Hachette & Cie, Paris 1884.G. Messadié : « Une autre énigme du Sphinx ».Science et Vie, janvier 1992, Paris.A. Moret : « Le Nil et la civilisation égyptienne ».La Renaissance du Livre, Paris 1926.H. Ricke : « Der Harmachistempel des Chefren inGiseh ». Steiner, Wiesbaden 1970.C. Selwitz : « Deterioration of the Great Sphinx :an assessment of the literature ». Antiquity, Vol.64, n° 245, Oxford 1990.R.-J. Thibaud : « Enel, de l’Atlantide aux mystè-res des nombres par la Trilogie de la Rota ».L’histoire mystérieuse n° 2, Paris 1993.M.-C. Touchard : « Les pyramides et leurs mystè-res ». Planète-Histoire, CAL Paris 1966.J. Vandier : « Manuel d’archéologie égyptienne -Tome II. Les grandes époques. L’architecturefunéraire ». Editions A. et J. Picard & Cie, Paris1954.J.A. West : « Le Sphinx de Gizèh serait-il antédi-luvien ? ». K ADATH n° 74, Bruxelles 1990.J. Yoyotte : « Dictionnaire de la civilisation égyp-tienne. Rubrique ‘Sphinx’ ». Fernand Hazan,Paris.C. Zivie : « Giza au deuxième millénaire ». Insti-tut français d’archéologie orientale du Caire, LeCaire 1976.

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(3) Ména ou Ménès est généralement identifié à Nar-mer ou à Aha, respectivement premier et deuxième pharaons de la Ière dynastie ; à moins qu’il ne s’a-gisse dans les trois cas du même personnage...

 La salle à piliers du temple de la Vallée, au mur revêtu de granit jusqu’à mi-hauteur, et la chausséede Chéphren (ci-dessous). A droite, les ruines du temple du Sphinx à l’avant-plan.

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REACTIVATION

ARCHEOLOGIQUE

L’ÂGE DU SPHINX DE GIZEH :VERS UNE RÉVISION DÉCHIRANTE ? Robert M. Schoch,

College of Basic Studies, Université de Boston

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Le Sphinx, sculpté dans un calcaire de l’éocène(formation Mokattam), a une hauteur de 20 mè-tres pour une longueur de 73 mètres (1). Il setrouve sur le bord du plateau de Gizeh, à l’ouestdu Caire, à l’est des trois grandes pyramides.De nombreux spécialistes considèrent qu’il s’a-git de la plus grande sculpture au monde, et pasuniquement par sa taille. Aujourd’hui, malgrél’érosion, ses proportions et ses traits attestentun haut degré d’habileté artistique. La plupartdes égyptologues attribuent la sculpture duSphinx à Khafrê (Chéphren), pharaon de laIVème dynastie (Ancien Empire), vers 2500avant J.-C. selon les diverses chronologies. Letemple dit du Sphinx et le temple de la Vallée,respectivement en face et sur le côté droit duSphinx, sont aussi attribués à Chéphren. Pour-quoi Chéphren ? A cause d’une série de preu-

ves par présomption : une statue de Chéphrenretrouvée au XIXème siècle dans le temple dela Vallée, une inscription ambiguë, aujourd’huieffacée, sur une stèle du Nouvel Empire (-1400environ), une ressemblance alléguée entre lesvisages de Chéphren et du Sphinx, et la proxi-mité de celui-ci par rapport à la pyramide deChéphren. L’inscription du Nouvel Empire nemanque pas d’intérêt et plusieurs égyptologuesclassiques l’ont interprétée avant qu’elle ne soit perdue : elle signifiait soit que Chéphren cons-truisit le Sphinx, soit qu’il le restaura. Dans cedernier cas, le Sphinx serait sans conteste anté-rieur à Chéphren.

Cela fait plusieurs années que l’égyptologueindépendant John Anthony West a proposé unehypothèse intéressante, fondée sur les travauxde feu R.A. Schwaller de Lubicz, à savoir quele Sphinx pourrait bien être plus vieux qu’on nel’affirme généralement (voir K ADATH  nos  74 et76). Après avoir comparé le travail de l’érosionsur le Sphinx et sur les temples qui lui sontassociés d’une part, sur les constructions attri- buées à la IVème dynastie d’autre part, West aémis l’idée que le Sphinx pouvait être antérieurà cette IVème dynastie. Il m’a contacté en 1989et, malgré mon scepticisme, j’ai accepté de tes-ter son hypothèse sur le plan géologique. Aucours de l’été 1990, nous avons commencé àcreuser le problème avec beaucoup de rigueur. Nous avons ainsi effectué trois expéditions enEgypte, en juin 1990, puis avril et juin 1991,

dans le seul but d’analyser les indices permet-tant de dater le Sphinx.

Le plateau calcaire de Gizeh a la forme approxi-mative d’un carré de 1,6 à 1,9 km de côté. Ausud-est et au sud-ouest il est délimité par desfailles qui lui sont perpendiculaires, si bien qu’ils’étend entre les bords surélevés des deux cas-sures (Geological Survey of Egypt, Le Caire1983). L’assise du plateau s’abaisse doucementvers le sud-est (l’inclinaison des roches va demoins de 5° à plus de 10°). Par endroits, lesroches, les cassures et les failles s’entrecroisent,en particulier sur l’emplacement du Sphinx.

D’après Gauri et Dockstader, « la plupart descassures peuvent être rangées en deux groupes perpendiculaires, l’un étant orienté  NE-SO,l’autre  NO-SE » (Gauri, 1984). Le plateau de Gi-zeh, sur la rive ouest du Nil, se trouve à environ11 km à l’ouest du vieux Caire (situé, lui, sur larive est). Le côté est du plateau est à environ 8km à l’ouest de la rive ouest du Nil actuel ; dansle passé cependant, le fleuve était beaucoup plus proche du plateau. Il est même possible qu’àcette époque il y ait eu un port sur le côté est du plateau (Lehner, 1985a ; Hamblin, 1986), et queles dépôts récents du Nil recouvraient l’espacecompris entre le plateau et le Nil actuel.

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La plupart des égyptologues attribuent la réalisation du Sphinx à Chéphren, pharaon de l’Ancien Empire vers2500 avant J.-C. En me fondant sur un ensemble de caractères essentiellement géologiques, j’ai émis l’hypo-thèse que le monument que nous connaissons aujourd’hui comme étant le Grand Sphinx a été construit par

étapes (peut-être même n’était-ce pas un sphinx à l’origine). Il est possible que le corps de ce qui est devenu leSphinx ait été sculpté entre -7000 et -5000. Par la suite, il a été retravaillé, restauré, rénové, — plusieurs foisau cours des millénaires, y compris probablement pendant le règne de Chéphren. La croupe de l’animal notam-ment fut taillée beaucoup plus tard que l’ensemble du corps, et la tête a probablement été remodelée. Dans les pages qui suivent, j’explique comment je suis arrivé à envisager cette hypothèse. Je discuterai des diverses preuves qui la confirment, ainsi que des différentes critiques dont elle a fait l’objet.

LE SPHINX ET LA GÉOLOGIE DU PLATEAU DE GIZEH

(1) Afin d’alléger la lecture, nous ne donnons icique les mesures en unités françaises, bien que letexte original mentionne généralement (mais pastoujours) ces mesures dans les deux systèmes, fran-çais et anglais. Par ailleurs, et toujours dans lemême souci de facilité de lecture, le renvoi à la bi- bliographie ne reprend les dates que lorsqu’il y a plusieurs références sous le même nom d’auteur(NDLR).

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Le plateau de Gizeh s’étend à l’est du Sahara.D’après Hayes (p. 24), Le Caire ne reçoitqu’environ 25,4 mm d’eau par an. Si on se ré-fère aux cartes d’Ali, la moyenne annuelle des précipitations dans le secteur Le Caire/Gizeh sesitue aujourd’hui aux environs de 28,75 mm.Les édifices anciens les plus célèbres du plateaude Gizeh sont les trois pyramides attribuées àtrois pharaons de la IVème dynastie (2600-2400 avant J.-C.) : Khoufou (Chéops), Khafrê(Chéphren) et Menkaourê (Mykérinos). Nousles citons ici à la fois dans ce qu’on pense être

l’ordre chronologique, de la plus ancienne à la plus récente, et par rang de taille, de la plusgrande à la plus petite. Elles se trouvent sur uneligne  NE-SO le long du bord est du plateau, cellede Chéops étant au nord-est et celle de Mykéri-nos au sud-ouest. Autour des pyramides, ontrouve de nombreuses tombes, de petites pyra-mides, des puits contenant des barques, destemples et d’autres monuments archéologiques.Le Sphinx s’élève à environ 500 mètres à l’estde la pyramide de Chéphren, sur le bord est du plateau de Gizeh.

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la chaussée d’accès de Chéphren.

Vues aériennes du plateau de Gizeh et de ses pyramides. Le Sphinx et ses temples ne sont pas visibles sur la photo d’aplomb mais sont à situer près du bord droit (voir le plan), tandis que, sur la photo ci-dessous prise depuis le nord, on peut les deviner à gauche de la pyramide de Chéops, à l’extrémité de

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Tel qu’on peut le voir actuellement, le Sphinx présente une tête humaine sur un corps de lion. Iln’est pas situé au point culminant du plateau,

seuls sa tête et le dessus de son dos dépassantl’altitude moyenne des environs. Il s’élève plutôtau centre de ce qui semble bien être les vestigesd’une ancienne carrière. Il est taillé dans le sou- bassement rocheux et fait nettement face à l’est.Pour sculpter le corps du Sphinx, les anciensEgyptiens creusèrent un fossé tout autour, si bienqu’aujourd’hui il se dresse dans un creux, unedépression, auxquels on fait généralement réfé-rence sous des noms tels que « le fossé duSphinx », « l’enceinte du Sphinx » ou « la car-rière du Sphinx ». Les blocs de calcaire extraitsdu fossé pour tailler le corps furent utilisés pourconstruire le temple dit du Sphinx qui s’élève àl’est (juste en face des pattes) et le temple dit dela Vallée, au sud du premier. Le fond de la dé- pression est à environ 20 mètres au-dessus duniveau moyen actuel de la mer, ce qui correspond — à quelques mètres près en plus — au niveaudes crues du Nil à différentes époques dans le passé. Lehner (1985a) pense que, le long du bordest du plateau, à l’emplacement du Sphinx, toutesles terres dont l’altitude est supérieure à 18m50échappèrent aux crues annuelles du Nil pendantla IVème dynastie. En fait, il a trouvé quelquesindices lui permettant de supposer que, sous l’An-cien Empire, le niveau du sol ne dépassait celui

de la mer que de 17m50. En s’appuyant sur lestravaux de K. Butzer, Lehner pense que le lit ma- jeur du Nil actuel est à peu de chose près ce qu’ilétait vers le milieu du troisième millénaire, épo-que de l’Ancien Empire. Contrairement à ce qui aété dit, il n’y a pas eu depuis d’élévation régulièrede la plaine alluviale. D’après Hassan, à l’époquede l’Ancien Empire, quand le Nil était en crue, on pouvait faire flotter des barques à fond plat jus-qu’au bord du plateau de Gizeh. Il est même arri-vé qu’au cours du XXème siècle, le Nil en crueinonde la base du Sphinx (Ali Hassan, conversa-tion personnelle, juin 1991). En avril 1991, destechniques utilisées en sismographie nous ont

 permis de localiser la nappe aquifère à environ14-15 m au-dessus du niveau de la mer, dansl’espace sablonneux compris entre le restaurantmoderne et le Sphinx d’une part, et le temple dela Vallée d’autre part, à environ 100 mètres à l’estdu temple du Sphinx. A cet endroit, le roc sous- jacent est recouvert de 15 à 18 m de sable, ce quisignifie que le sous-sol rocheux dépasse de 2 à 5m le niveau de la mer. Quant au terrain sur lequels’élèvent les pyramides du plateau de Gizeh, il est plus haut que celui sur lequel repose le Sphinx :c’est ainsi que la base de la pyramide de Ché- phren est à environ 70 mètres au-dessus du ni-veau de la mer.

Le plateau de Gizeh est composé en majeure partie de calcaires, classiques de l’éocène, quicontiennent des fossiles tels que  Nummulites

 gizehensis, Echinolainpus africanus, Velates schmiedelii et Ostrea pharaoinus. On a mis cesstrates en corrélation avec la formation Mokat-tam (fin de l’éocène moyen, début de l’éocènesupérieur) de la zone du Djebel Mokattam, àl’est du Caire (Said, 1962). Aigner (1982,1983a, b, c), Sears (1990), Gauri (1984), Leh-ner (1985a) et Said (1990) ont résumé les tra-vaux récents sur la stratigraphie et la sédimen-tologie du plateau. L’étude d’Aigner porte es-sentiellement sur la sédimentologie des calcai-res de l’éocène ; il réinterprète les couches clas-siques de gizehensis du plateau de Gizeh et descollines de Mokattam en fonction des circons-tances de leur stratification. Il pense que des processus mécaniques tels que le « vannage » peuvent expliquer l’origine de la structurationet de l’accumulation des bancs de blocs de sédi-ments contenant des nummulites. Cela signifie« qu’il vaut mieux considérer certains bancs denummulites comme des bancs de sable diffé-renciés que comme des récifs vrais, c’est-à-diredes constructions biologiques » (Sellwood).Cette idée encore très controversée mérited’être approfondie. Pour Gauri, quelques-unsau moins des calcaires du plateau de Gizeh,comme ceux de la paroi nord du fossé du

Sphinx, étaient de « grands récifs calcaires (desconstructions biologiques) » (Gauri, 1984). Ai-gner (1983a), s’appuyant sur les travaux deSaid (1981-82), recherche aussi la situation del’ancêtre du Nil au pliocène, et se demande jus-qu’à quel point la vallée a pu être envahie parles eaux du fleuve au cours de l’éocène. De soncôté, Gauri (1984) poursuit les études stratigra- phiques des calcaires du plateau, mais en selimitant aux roches du Sphinx et à celles qui ensont à proximité immédiate. Il dresse une cartegéologique couvrant moins de cinq hectares etcependant il divise les roches en trois nouvellescatégories. Il semble que, sans renseignements

de première main, il ait accepté les corrélationsdéjà établies entre les roches du Sphinx et cel-les de la formation Mokattam, telle qu’elle ap- paraît dans la région type du Djebel Mokattam(Said, 1962). Gauri subdivise les roches de laformation Mokattam en trois strates soit, de basen haut : Roseteau, Setepet et Akhet (2). Il prend le fossé et le corps du Sphinx commeendroits de référence et c’est là qu’on trouve lesles sections types des parties qu’il vient

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(2) Pour les discussions sur la nomenclature strati-graphique, voir Hedberg, 1976 et Schoch, 1989.

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Les modifications des surfaces rocheuses duesaux conditions climatiques, à l’érosion et au

développement du paléosol, ont longtemps ser-vi de critères pour déterminer une date relativeà laquelle de nouvelles surfaces rocheuses ontété exposées aux éléments pour la première fois(cf. par exemple Brookes, Coates, Evans, Finkl,Vreeken). Cette méthode a été largement utili-sée, en particulier pour dater les terrains qua-ternaires de surface. On peut appliquer ce pro-cédé à d’autres problèmes de datation, commecelui qui nous occupe : à quel moment a-t-oncommencé à tailler le Sphinx, par rapport auxautres monuments présents sur le site ? Il sem- ble que le plateau de Gizeh présente quatre for-

mes ou modes distincts d’altérations dues auxconditions climatiques, et nous allons lesdétailler.

● L’érosion pluviale est visible sur le corps duSphinx et dans la dépression qui l’entoure : le

 profil vertical des roches semble onduler. C’està l’intérieur de l’enceinte que ce phénomène estle plus étendu et le plus marqué. Les roches quiont subi ce type d’altération présentent souventen même temps des fissures verticales saillan-tes, des traces de désagrégation et des fronts dediffusion coupés transversalement (El Aref etRefai). Un grand nombre de solutions de conti-nuité, verticales ou inclinées, suivent des cas-sures et des failles qui se retrouvent dans laroche de soubassement.

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1. LES DIVERS TYPES D’ÉROSIONS

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*de nommer. En fait, la seule surface de typeAkhet à laquelle il prête attention est la tête duSphinx. Il n’essaye pas d’appliquer ses nouvel-

les données aux roches qui ne sont pas à proxi-mité immédiate du Sphinx, et encore moins àl’ensemble du plateau de Gizeh ou à d’autresemplacements, tels que le vieux Caire, à l’estdu Nil, ou le Djebel Mokattam (cf. GeologicalSurvey of Egypt), où on peut imaginer que cestypes de roches sont apparentes.

On peut regrouper les principales preuves géo-

logiques attestant de l’âge du Sphinx en quatregrandes catégories :les formes d’érosion ; 2) la construction endeux temps du Sphinx et des temples de la Val-lée et du Sphinx ; 3) les campagnes de restaura-tion du corps du Sphinx effectuées dans le pas-sé ; 4) les études sismiques du site du Sphinx.

(à gauche).

 L’érosion pluviale s’observe parfaitement surles parois du fond (ouest) et de droite (nord)

de l’enclos derrière la croupe du Sphinx

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●  L’érosion éolienne est identifiable sur desédifices que l’on attribue sans ambiguïté àl’Ancien Empire. Là, le profil d’origine des

surfaces taillées des tombes et autres construc-tions est toujours nettement visible (on peutmême parfois lire aisément quelques inscrip-tions hiéroglyphiques). Cependant, les couchesde roches plus tendres, moins résistantes, ontété éliminées par l’abrasion due au vent et ausable, ce qui a entraîné la formation de« tunnels aérodynamiques » profondément éro-dés. Les altérations causées par le vent sont trèsdifférentes dans leur nature de celles provo-quées par l’eau. Au sud et à l’ouest du Sphinx,elles sont bien illustrées par de nombreux édifi-ces et tombes de l’Ancien Empire qui ont ététaillés dans les mêmes séquences de calcairesque le corps du Sphinx.

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 L’érosion pluviale est également très marquée sur le corps du Sphinx. L’érosion éolienne, elle, se retrouve principalement sur la paroi destombes avoisinantes de l’Ancien Empire, creu- sées dans la roche du plateau, dans les mêmes séquences de calcaires que le corps du Sphinx.

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●  Sur le Sphinx ainsi que sur d’autres monu-ments, on trouve des incrustations qui recou-vrent de nombreuses traces d’érosion macros-

copiques dues au vent et à l’eau. On pense qu’ils’agit de minéraux (comme le sel gemme), dis-sous et recristallisés à une époque relativementrécente — au cours des deux derniers siècles —et qui, par la suite, ont écaillé et détérioré laroche. I1 a été suggéré que ce phénomène pou-vait s’expliquer par la remontée, dans le Sphinxet les roches qui l’entourent, d’une humiditésouterraine (cf. Gauri et Holdren). En plus deces remontées d’humidité et peut-être en mêmetemps, une érosion comparable et très active sedéveloppe aujourd’hui sur la roche où vient secondenser l’humidité atmosphérique. Comme ledécrivent Gauri, Chowdhury, Kulshreshtha etPunuru, « à cause de la fraîcheur de la nuit,l’humidité se condense en gouttelettes d’eau et produit des solutions concentrées en sels ; ce processus est favorisé par le caractère hygros-copique du sel gemme. La solution salée pénè-tre dans les pores par capillarité. Au lever dusoleil, quand l’eau commence à s’évaporer, lescristaux de sel se forment en exerçant une pres-sion de cristallisation. Le matin, on entend sou-vent le bruit des roches qui éclatent, résultat des pressions produites sous la surface. » D’aprèsGauri, Holdren et Vaughan, la détérioration duSphinx résulterait en grande partie du déplace-

ment des sels sous l’action de l’eau contenuedans l’atmosphère. Ces auteurs affirment : « Ilsemble que l’ensevelissement du Sphinx pen-dant des siècles sous le sable du désert ait eu pour résultat le transport des sels depuis les profondeurs de la roche vers la surface. Nousavons déduit ce phénomène d’observations fai-tes en établissant un relevé géologique duSphinx (Gauri, 1984) après qu’on eût retiré lesable qui s’était entassé récemment contre lesroches délimitant le fossé qui l’entoure. Bienque le sable paraisse sec en surface, il étaitcomplètement détrempé à quelques pouces de profondeur. Aussi, la roche de soubassement

était-elle imbibée d’eau. Cette eau provient del’atmosphère et non de sous la surface, parceque la nappe aquifère se trouve à plusieurs mè-tres au-dessous de la surface en question. Pen-dant le long ensevelissement du Sphinx, la ro-che a dû s’humidifier jusqu’à une grande pro-fondeur et, comme elle a séché dès qu’elle a étéexposée au soleil, les sels ont dû se concentrerdans les couches de surface. » Comme nous leverrons plus loin, l’érosion la plus importantes’est produite sur le Sphinx avant -1400. Parendroits, les parois du fossé font apparaître uneérosion profonde de plus d’un mètre, et ailleurs peut-être de plus de deux mètres (cf. par exem-

 ple la coupe de Gauri, 1984, p. 32). Il est diffi-cile d’imaginer que le mécanisme de déplace-ment des sels décrit ci-avant, puisse être à lui

seul responsable de ces profondes traces d’éro-sion entre -2500, époque à laquelle Chéphrenest supposé avoir fait construire le Sphinx,et -1400. Il est extrêmement difficile de conci-lier le processus proposé par ces auteurs et l’ob-servation de la morphologie des roches de sur-face, compte tenu des points suivants : — Comme nous le verrons plus loin, il se peutque le fossé du Sphinx ait été enseveli sous lesable pendant au moins la moitié de la périodeallant de 2500 à 1400 avant J.-C. — Les formes d’érosion visibles sur le corps duSphinx et les parois de l’enceinte présentent descaractères nettement liés à l’action de la pluie(cf. El Aref et Refai). — Comme nous l’avons déjà remarqué, lestombes de l’Ancien Empire et les autres monu-ments du plateau de Gizeh qui furent taillésdans la même séquence de la formation Mokat-tam, ne présentent pas les mêmes traces d’alté-ration ni le même degré d’érosion que le corpsdu Sphinx et les parois de l’enceinte. Pourtant,si le processus de migration saline proposé parGauri et ses collaborateurs était depuis -2500 leseul agent responsable des traces d’érosion visi- bles, ce devrait être le cas.

 A l’intérieur de plusieurs tombes et chambrestaillées dans le soubassement du plateau de Gi-zeh, on trouve des altérations dues à la dis-solution et à la recristallisation de calcite etd’autres minéraux. Cela peut se produire selonune séquence journalière, car l’eau se condensesur la surface fraîche de ces cavités faites demain d’homme, pour s’évaporer de nouveauquand la température remonte ; c’est ainsi quela surface de la roche et éventuellement lessculptures qu’elle présente prennent presquel’apparence d’une cire légèrement fondue, par-fois couverte d’une très jolie couche de cris-taux. C’est la forme d’érosion la moins présente

sur le plateau de Gizeh. On ne la trouve quedans un petit nombre de tombes et de construc-tions ressemblant à des grottes artificielles,comme celles qui se trouvent au nord duSphinx, sur le bord est du plateau de Gizeh.

Une analyse plus fine.Certaines roches portent les traces d’un desquatre modes d’altération décrits ici mais sontrecouvertes par celles d’un autre, si bien qu’ilest quelquefois difficile de faire la part des cho-ses. Mais dans l’ensemble, les traces sont netteset distinctes les unes des autres. La plus an-cienne forme d’érosion identifiée sur le plateau

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de Gizeh parmi les plus importantes est celleque l’on croit due à l’eau (comme expliqué ci-avant). Pour en trouver les traces à un degré

significatif, il faut les chercher sur les vestigesles plus anciens, comme le Sphinx et les paroisde l’enceinte. Certes, il arrive encore qu’il pleuve sur le plateau et on voit des altérationsdues à l’eau sur tous les monuments, mais à undegré nettement moindre. Nous essayons ici de prendre du recul et de considérer la chose dansson ensemble. En de nombreux endroits, cestraces d’érosion pluviale sont recouvertes parles traces d’érosion éolienne. Vraisemblable-ment, la plus grande érosion pluviale s’est-elle produite avant que le plateau ne subisse le cli-mat aride qu’on lui connaît aujourd’hui (c’est-à-dire le régime climatique moderne du Saha-ra). Sur le plateau de Saqqarah, à environ 16km de Gizeh, les fragiles mastabas faits de bri-ques de boue datent indiscutablement des Ièreet IIème dynasties, vraisemblablement, anté-rieures de plusieurs centaines d’années à la da-tation généralement avancée pour le Sphinx. Onn’y trouve aucune des traces d’érosion pluvialevisibles dans l’enceinte du Sphinx. Commenous l’avons dit, sur le plateau de Gizeh, lestombes de l’Ancien Empire sur lesquelles on possède des documents sont taillées dans lesmêmes séquences de calcaire que le Sphinx ;

elles montrent des traces d’érosion éolienne trèsmarquées, mais peu ou pas de traces significati-ves d’érosion pluviale. Nous pouvons donc

conclure que les traces d’érosion pluviale, trèsmarquées sur le Sphinx et les monuments quilui sont associés, sont antérieures à l’AncienEmpire et peut-être même à l’époque dynasti-que... Les troisième et quatrième modes d’éro-sion décrits plus haut paraissent dans l’ensem- ble être des phénomènes récents, qui ont été plus actifs après les temps anciens que pendant.D’autres chercheurs ont attiré l’attention sur cesformes d’altération subies par le Sphinx, en particulier les dommages résultant générale-ment de la précipitation des sels (Gauri, Hol-dren, Chowdhury et Punuru). Ces études sontd’une importance extrême pour tenter d’enrayerle délabrement en cours du monument. Mais ilfaut souligner que l’étude des agents d’érosionqui détruisent le Sphinx à l’heure actuelle ne peut avoir aucun rapport avec la genèse de l’an-cienne érosion que nous tentons de déterminer.

Dans leur étude sur l’érosion du Sphinx, Gauriet ses collègues disent qu’en général, les cou-ches supérieures de la partie médiane de la ré-gion thoracique du Sphinx (partie II ou Setepet)sont plus résistantes que les couches inférieu-res. Ces auteurs ont calculé les indices de résis-20 

d’érosion pluviale telles qu’elles apparaissent sur le corps et les murailles de l’enclos du Sphinx. Mastabas de briques crues des Ière et IIème dynasties sur le plateau de Saqqarah. On n’y retrouve pas les traces

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tance pour les différentes couches de cette par-tie-là : ils vont de 100 (grande résistance) pourles plus hautes, juste en-dessous du cou, à 11

 pour les plus basses. D’après leurs calculs, latendance générale est à l’accroissement de cesindices à mesure que l’on monte. Ainsi leurcouche 4i, située à peu près à mi-hauteur ducorps du Sphinx, a un indice de résistance de 75(résumé de cette étude dans Gauri et coll.,1988). Selon ceux-ci, le facteur le plus détermi-nant dans l’étude de la résistance des différen-tes couches est la distribution de la taille rela-tive des pores présents : ils calculent donc leursindices de résistance en fonction du volumerelatif des pores dans les couches successives.En résumé, une roche sera d’autant plus résis-tante que le volume de grands pores en seraimportant. Gauri explique que « l’influence desinterconnexions entre grands et petits pores surla résistance peut aussi être visualisée qualitati-vement en évoquant la façon dont l’eau s’é-coule à travers la roche. De grands pores seremplissent aisément avec le mouvement demasse de l’eau. Mais quand, pour entrer dans laroche, l’eau doit emprunter des passages étroits,ces rétrécissements influent sur le remplissagedes grands pores. Les petits capillaires étroits permettront le remplissage complet des pores,grands et petits. Mais s’il y a beaucoup degrands pores et si les petits capillaires sont un

 peu plus grands, il peut rester des espaces videsd’eau dans la roche. Quand les cristaux com-mencent à grossir dans une solution, la pressionqui en résulte s’exercera sur les parois des po-res complètement remplis ; cette pression seramoindre dans l’espace vide des pores partielle-ment pleins. Donc, un grand volume de grands pores allié à un petit volume de capillairesétroits rendront la roche plus résistante. »

Qu’est-ce qui détermine la microporosité d’uneroche ? D’abord la façon dont la roche s’estconstituée au cours de la sédimentation, ensuitela diagenèse qui modifie les textures originel-

les, et enfin le lessivage de la roche mère.Comme le soulignent Gauri et ses collègues, lescalcaires qui composent le noyau du corps duSphinx ne sont pas uniformes. Ces chercheursclassent la moitié inférieure de la partie II(couches 1 à 3) dans les biomicrites clairse-mées, et la moitié supérieure (couches 4 à 7)dans les biomicrites tassées. Il semble évidentque les biomicrites tassées aient un volume glo- bal de grands pores plus élevé, et donc qu’ellessoient caractérisées par des indices de résis-tance plus élevés que les biomicrites clairse-mées. Prenant ceci en compte, les données deGauri et ses collègues montrent que plus on

approche du haut de la section dans les biomi-crites tassées, plus les facteurs de résistancesont élevés (couches 4 à 7). Pour expliquer

cette tendance, je suggérerais que les eaux de pluie ont infiltré la roche mère, et qu’en la les-sivant elles ont ouvert ses pores et accru sa ré-sistance. Quand il pleuvait sur le plateau engénéral et sur le Sphinx (ou les roches qui al-laient le devenir) en particulier, l’eau pénétraitdans les roches et s’infiltrait de haut en bas, cequi explique la distribution actuelle du volumedes pores de ces roches. Il est intéressant denoter que sur les parois du fossé, les couchesauxquelles Gauri et ses collègues attribuent lesindices de résistance les plus élevés ne sont pas,comme on aurait pu s’y attendre, celles qui pré-sentent les profils les moins érodés et les moinsenfoncés (en supposant que les parois aient été,à l’origine, verticales ou à peu près). Par exem- ple, en utilisant les propres données de Gauri(1984, p. 32, fig. 3c) dans une coupe est-ouestde l’arrière du Sphinx et de la paroi du fossé, onconstate que les couches li et 2i, qui ont un in-dice de résistance peu élevé (11), sont très enretrait et minent les éléments qui les recouvrent,lesquels sont, eux, d’une résistance supérieure(couches lii et 2ii). Cependant, dans la mêmesection, la couche 2ii (indice de résistance 76)est beaucoup plus en recul que la couche lii(indice de résistance 56). Il en va de même res-

 pectivement pour les couches 3ii (indice 76) parrapport à 3i(indice 42), ou 4i et 4ii (indices 75et 86) par rapport à 3ii. En général, l’impor-tance du recul d’une couche n’est pas tant fonc-tion de son indice de résistance actuel que de sa position géométrique en surface. Il serait logi-que que les précipitations, en tombant, érodentde préférence les couches supérieures et lesfassent s’enfoncer à une allure plus rapide queles couches inférieures. Encore une fois, cetteanalyse montre que le Sphinx et les parois deson fossé ont été exposés à l’érosion pluviale.

Il existe quelques études antérieures de l’éro-

sion du plateau de Gizeh. Emery en 1960, etSaid et Martin en 1964, ont brièvement parlé del’érosion des pyramides, mais leurs travaux nesont pas directement utilisables dans notre dis-cussion. Les travaux d’El Aref et Refai de 1987sont plus en rapport avec notre sujet : ces cher-cheurs ont fait une étude macroscopique com- plète des processus et des caractéristiques du paléokarst du plateau, centrée en particulier surle site du Sphinx. Ils ont mentionné plusieurscaractéristiques paléokarstiques vraisemblable-ment dues à des périodes de pluies saisonnières.Ils montrent et analysent les trous, les dépres-sions et les cassures causés par les désagréga-

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tions, les fronts de diffusion coupés en travers,concentriques et symétriques, et d’autres tracesde dissolution trouvées sur le corps du Sphinx

et les parois du fossé. El Aref et Refai notentque « les roches karstiques sont recouvertes dematériaux provenant du sol et/ou de croûtessuperficielles de calcaire en concrétion. Là où ily a eu dissolution ou désagrégation, les videssont remplis, complètement ou en partie, pardes précipités d’argile, des concrétions de fer,des oxydes de manganèse et des fragments de brèches éboulés. » Notons au passage que cesoxydes de fer et de manganèse prennent sou-vent une teinte rouge ou ocre. Lehner (1991)signale : « En sondant n’importe quelle couchede la maçonnerie qui recouvre la partie infé-rieure du corps du Sphinx, on verra apparaîtreune poudre rouge. » Peut-être ne s’agit-il qued’une sorte de terre glaise, sédiment karstiquetypique des terrains calcaires soumis à l’érosion pluviale. Lehner et Hassan suggèrent que latradition ait voulu que le Sphinx et ses environsaient été peints en rouge. Cette peinture rouge peut être le fait des produits naturels de l’éro-sion de la roche, même si, en plus, le Sphinx a pu être artificiellement peint en rouge. El Arefet Refai concluent que « le développement deces caractéristiques karstiques et les sédimentsqui leur sont associés indiquent que l’endroitétudié était exposé aux pluies saisonnières et à

l’évaporation intense d’un climat tempéré(méditerranéen). »

Un peu de climatologie.Puisque le Sphinx a été largement érodé par la pluie à une époque reculée, cela laisse à penserqu’il a été sculpté avant la dernière période degrandes précipitations dans cette partie de l’E-gypte. Le pays fut inondé à différentes repriseset a connu ce qu’on a parfois appelé les « pluiesnabatiennes », une période de précipitationsrelativement importantes, de -10.000 ou -8000à -3000. Au quatrième millénaire, de -4000 à -3000, il y eut des pluies sporadiques, mais rela-

tivement importantes. Le climat le long du Nildemeura moins aride jusqu’au milieu du troi-sième millénaire ; l’humidité fut relativement plus sensible et les crues du Nil, en de raresoccasions, furent inhabituellement hautes aucours des temps historiques (3). Hayes résumela plupart des travaux classiques menés sur lareconstitution du climat de cette période del’histoire de l’Egypte en écrivant (p. 23) :

« Vers la fin du sixième millénaire avant J.-C.,l’Egypte et les pays voisins semblent avoir jouid’un autre accroissement de la température et

des précipitations, léger mais sensible ; ils sontentrés dans une phase subpluviale ou relative-ment humide, du début du néolithique jusquetard dans l’Ancien Empire (-5000 à -2350)...Depuis la fin du troisième millénaire avantJ.-C., le climat de l’Egypte a été globalement cequ’il est de nos jours. Entre -2350 et +700, ilsemble que la température moyenne annuelleait été à peine supérieure et les précipitationsmoyennes légèrement inférieures à ce qu’ellessont aujourd’hui, mais avec au moins deux pé-riodes ‘tout à fait humides’, l’une vers la fin durègne des Ramsès (1200-1100 avant J.-C.),l’autre vers -850. » Butzer résume ainsi ses tra-vaux bien connus sur le sujet : « La vallée du Nil fournit des détails complémentaires etconfirme plusieurs périodes humides (...) Une période d’activité typique d’un oued commencevers -9200 et finit vers -6000. La proliférationde coquillages nous indique qu’il y a eu plus devégétation dans les ouadi. Un peu plus tard,vers -5000, un paléosol rouge suggère un tapisde végétation et des pluies plus fréquentes et plus douces. Après une seconde période de sé-cheresse, vers -4000/-3000, le Nil a l’activitéd’un oued et les alluvions se déposent large-ment, conséquence des pluies peu fréquentes,

mais longues et abondantes. Les documentshistoriques et archéologiques laissent à penserque la végétation propre au désert et à l’oued,dans le nord et l’est de l’Egypte, a été plusabondante jusqu’en -2350, moment où l’ariditédevint prédominante. »

En se référant à l’histoire climatique esquissée plus haut, on est tenté de croire que le Sphinx aété taillé tout au début des temps dynastiques oumême aux temps prédynastiques (fin du qua-trième, début du troisième millénaire avantJ.-C.). De plus, on doit tenir compte de l’érosionconsidérable qui apparaît sur les parois du fossé,

sur le Sphinx lui-même, et sur les murs des tem- ples de la Vallée et du Sphinx. En ce quiconcerne le Sphinx et les temples qui lui sontassociés, les effets de cette érosion furent peut-être recouverts ou réparés sous l’Ancien Empire(-2600 à -2400). On doit aussi prendre en consi-dération les données sismiques dont il seraquestion plus loin, en particulier le fait qu’ellesindiquent que la désagrégation souterraine ducalcaire, sous le sol du fossé, est très profonde etn’est pas du tout uniforme. Ceci nous amène àenvisager que la construction du Sphinx, à l’ori-gine, aurait pu commencer plusieurs millénairesavant la date habituellement proposée.

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(3) Pour un résumé récent des études portant surl’histoire climatique de l’holocène en Egypte du Nord, voir Said, 1990.

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Etant donné que, dans la mesure où il est possi- ble de le déterminer, l’intérieur du temple duSphinx (et peut-être celui du temple de la Val-lée) est fait de blocs de calcaire titanesques ex-traits directement du fossé du Sphinx (cf. tousles travaux d’Aigner et de Lehner), ce temple estforcément aussi ancien que le Sphinx lui-même.Par la suite, les anciens Egyptiens ont recouvertces blocs avec des dalles de granite d’Assouan.J’ai observé sur place les parements de granite etles blocs de calcaire et j’ai la conviction que les blocs de calcaire des deux temples ont été expo-sés aux éléments et ont subi une érosion consi-dérable avant la mise en place du granite. Parendroits, on a dû tailler l’arrière des parementsde granite d’une façon irrégulière pour les adap-ter à la forme ondulée que l’érosion a donnéeaux blocs de calcaire. En observant le temple dela Vallée, on voit que les murs de calcaire dé- pouillés de leur granite ne sont pas lisses. Leursurface est si peu uniforme qu’avant de recouvrirle temple avec du granite d’Assouan, les anciensEgyptiens ont dû retailler et unifier les surfacesérodées, sans pourtant les rendre parfaitementlisses.

L’ensemble des égyptologues sont d’accord pour

attribuer à Chéphren le granite de parement duSphinx et des temples de la Vallée (cf. par exem- ple, Hawass). Sur le site, j’ai trouvé une inscrip-tion gravée dans le granite du temple de la Val-lée : d’après West (communication personnelle ;cf. aussi Edwards, Grinsell, Hawass), elle estexécutée dans le style de l’Ancien Empire. On peut raisonnablement penser que les blocs inté-rieurs faits de calcaire étaient coupés de frais(c’est-à-dire non érodés) quand, à l’origine, onles utilisa pour construire les temples. Donc, si legranite de parement recouvre du calcaire profon-dément érodé, c’est que ce calcaire est nettementantérieur au granite de recouvrement. Il devient

évident que, si le noyau de blocs de calcaire destemples — extraits du fossé du Sphinx — estantérieur aux dalles de parement, et si celles-cisont attribuables au pharaon de la IVéme dynas-tie Chéphren, alors le grand Sphinx fut construitavant le règne de ce dernier.

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2. UNE CONSTRUCTION EN DEUX TEMPS

 Deux aspects du mur du temple de la Vallée :au-dessus, montrant le noyau calcaire profondé-ment érodé sous le revêtement de granite, et endessous, dépouillé de celui-ci et révélant ainsiles tentatives des Egyptiens de l’Ancien Empire pour retailler et unifier les surfaces érodées.

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Le corps du Sphinx a subi différentes campa-gnes de réparations, depuis l’Ancien Empire jusqu’à nos jours. Les plus anciennes ont étéfaites dans le style et avec les techniques demaçonnerie de l’Ancien Empire. Gauri et sescollègues (cf. par exemple Punuru) nous par-lent de « roches pharaoniques de placage » quiont subi « 5000 ans d’exposition aux conditionslocales », c’est-à-dire qu’elles ont été poséessous l’Ancien Empire. Si les plus anciennesréparations du corps érodé du Sphinx datenteffectivement de l’Ancien Empire, c’est un so-lide argument de plus en faveur de l’antérioritédu Sphinx. Lehner a étudié les campagnes deréparation du Sphinx (Lehner, 1980 ; Hamblin,1986) et il conclut, bien qu’il ait lui-même des preuves du contraire : « Si nous voulons fairecoïncider les observations avec les faits histori-ques connus [c’est-à-dire son affirmation, entreautres, que le Sphinx fut construit vers -2500 par Chéphren], nous devrions probablementnous attendre à ce que la restauration la plusancienne remonte au Nouvel Empire, aux envi-rons de 1500 à 1400 avant J.-C. »

Les études de Lehner sur les restaurations.

En raison de l’importance du précieux travail deLehner sur les campagnes de réparation menéessur le corps du Sphinx, il est préférable de leciter ici in extenso (pp. 16-19, les passages entrecrochets étant de moi) : « On suppose en géné-ral que le Sphinx fut à l’origine taillé dans laroche mère ; qu’ensuite il s’éroda, puis qu’il futrénové avec des blocs de pierre de différentestailles. Cependant, la très mauvaise qualité de lacouche 2 [partie II ou Setepet de Gauri], c’est-à-dire la majeure partie du corps du Sphinx, nousa incité à nous demander sérieusement si onavait pu exécuter une telle sculpture au départd’une telle roche. Si l’on en juge par la façon

dont les couches de calcaire successives ont étémises à nu pour former les carrières de l’AncienEmpire, les anciens Egyptiens avaient une idéeassez précise de la résistance et de la qualité desdifférentes couches (...) Tandis qu’ils travail-laient la roche pour former le corps du Sphinx etle sanctuaire, ils ont certainement dû rencontrerla grande faille nord-sud qui coupe le dos duSphinx dans sa partie arrière où elle s’ouvre surun mètre ou plus (...) C’est Mariette qui décou-vrit cette faille au XIXème siècle et qui fut le premier à la dégager ; mais ensuite, elle fut fer-mée le long des côtés avec du ciment et des blocs de calcaire, et d’autres l’ont prise pour une

tombe importune. Cette faille traverse verticale-ment tout l’intérieur du corps (...) puis elle appa-raît sur la chaussée, sur le sol du sanctuaire côtésud, et de nouveau le long du côté nord où elles’ouvre jusqu’à une profondeur de 4 à 5 mètressous le sol nivelé. Comment les artisans de laIVème dynastie s’y sont-ils pris pour intégrercette faille béante dans le plan de la statue ? Ce problème ainsi que d’autres nous ont amené àconsidérer que le niveau de maçonnerie le plusancien s’appuyant contre le noyau du corps duSphinx, une rangée donc de quelques-uns des plus grands blocs rapportés, pouvait dater del’Ancien Empire. A cette époque, on aurait ter-miné le corps en ajoutant de grands blocs decalcaire maçonnés avec du mortier. C’est vrai-semblable au moins pour les parties tailléesdans la couche 2 [partie II]. La photo des archi-ves Lacau n° CI 35 [qui fait partie de la sérierecueillie par Pierre Lacau pendant les travauxde déblaiement du Sphinx entre 1925 et 1936] présente un gros plan de l’orteil de la patte pos-térieure nord. Une seule couche de petite ma-çonnerie (tardive ?) a été ôtée sur la moitié de lahauteur de l’orteil pour trouver la roche de sou- bassement d’origine (depuis, elle a été recou-

verte). L’ongle ou la griffe est nettement en re-lief sur la surface de la roche mère ; plus tard,on lui a fait correspondre la maçonnerie rappor-tée sur la partie inférieure. Ceci semble indiquerque la patte est taillée dans la roche plus dure dela couche 3 [partie I ou Roseteau] qui, ici, tra-verse la partie inférieure du corps. D’un autrecôté, la photo CI 31 des mêmes archives Lacaumontre la patte postérieure sud pendant qu’on lasort du sable et des déblais. Il semble qu’elle aitété entièrement constituée de grands blocs decalcaire retrouvés éboulés dans le sable et lesdécombres. Elle est située à peu près à l’endroitoù la roche dure de la couche 3 [partie I] dispa-

raît en s’abaissant vers le sud.

» L’image de l’origine du Sphinx qui se dégagemaintenant est celle d’une œuvre interrompue àdifférentes étapes. Au moment où les travauxfurent abandonnés, l’extraction avait donnéforme à la plus grande partie du sanctuaire et ducorps du Sphinx. Les blocs dégagés étaient em- portés directement à l’est, sur la terrasse infé-rieure, pour la construction du temple du Sphinx. A l’intérieur  [souligné par Lehner] du temple, lestravaux de finition furent menés à bien, le sol futrecouvert d’albâtre, et les parements de granitefurent posés. Dans le même temps, on continuait

3. DE MULTIPLES CAMPAGNES DE RESTAURATION

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à travailler sur les murs extérieurs et finalementon déplaça quelques blocs taillés pour le côténord, du coin nord-ouest au coin nord-est. Oncontinua à tailler pour former le côté nord dusanctuaire et l’arrière de l’extrémité ouest. Entre-temps, on acheva la tête du Sphinx dans la rochedure de la couche 1 [partie III ou Akhet]. Lenoyau plus tendre du corps fut recouvert de cal-caire et de mortier — de débris dans quelques cas — et le revêtement de la statue fut exécuté defaçon inégale, avec de grandes dalles de pierre[c’est-à-dire que les grands blocs de maçonnerieles plus anciens datent de l’Ancien Empire].Toutefois, cette façon de voir pose un problème

sérieux. A l’exception de la bosse qui fait sailliesur le poitrail, nous n’avons observé aucune tracede travail sur le corps, qu’il s’agisse de marqueslaissées par des outils ou de surfaces laissées brutes après l’extraction. Nous n’avons pas da-vantage trouvé un profil du noyau ayant l’appa-rence d’une taille achevée. Cela s’explique aisé-ment : la partie du noyau du corps actuellementvisible — presque entièrement de la pierre trèstendre de la couche 2 [partie II] — s’est érodée si profondément que toute trace a disparu. Pourtant,nous devrions en trouver dans les coupes effec-tuées à travers les couches de maçonnerie succes-sives ajoutées au noyau, sous le niveau de travail

le plus ancien, celui qui aurait été effectué rapi-dement après que le noyau ait été taillé, et quidonc aurait protégé le profil de la roche mère.Mais que ce soit sur la surface ou sur le profil des blocs du noyau [ici, Lehner fait référence à sesillustrations], il n’y a aucune indication observa- ble de parties d’un profil travaillé, ou de traces dece travail. Au contraire, le profil du noyau sem- ble être dans tous les cas celui que laisse uneérosion sévère, les bandes jaunes plus tendres etles strates intermédiaires plus dures formant descylindres successifs et des ondulations [c’est-à-dire ce qui est ici interprété comme un profil ty- pique de l’érosion pluviale]. Tout ceci semblerait

indiquer que le noyau du Sphinx était déjà grave-ment érodé quand on a ajouté les plus anciensniveaux de grands blocs de maçonnerie [de styleAncien Empire ?]. Cette idée est confirmée pardes indices trouvés vers l’arrière de la statue, surla partie supérieure du flanc postérieur nord[Lehner se réfère à ses illustrations] et sur lacroupe où des morceaux du noyau, gros commedes galets, ont été arrêtés dans leur chute par lesgros blocs du niveau le plus ancien. La plus re-marquable de ces traces se trouve sur le largerebord de maçonnerie dans la partie supérieurede la croupe. Alors qu’à première vue il sembleque la croupe ait été taillée dans de profondes

25  Le Sphinx à l’issue des travaux de déblaiement de 1925 à 1936.

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fissures formant des gradins, un examen plusattentif révèle que ces fissures ont été forméeslorsque de grands morceaux du noyau se sont

détachés de petites failles transversales. L’un deces morceaux, de la forme d’un gros galet, esttoujours dans un angle du talus d’éboulement,ayant laissé un creux de 25 cm en haut et de 2 cmen bas. Les grandes dalles des premières maçon-neries s’appuyant contre ce galet, il est évidentque cette maçonnerie fut posée après la chute decelui-ci. Nous devrons donc conclure que la par-tie centrale du corps du Sphinx était déjà dans unétat d’érosion avancé quand le premier niveau demaçonnerie fut ajouté, que ce soit pour terminerla sculpture laissée inachevée sous l’Ancien Em- pire, ou pour restaurer le contour original de lastatue exécutée uniquement dans la roche mère.

» Pour faire concorder les observations avec lesfaits historiques connus [c’est-à-dire le ‘fait’ quele Sphinx fut construit sous la IVème dynastie etnon avant], nous devrons admettre que la pre-mière restauration se situe sous le Nouvel Em- pire, plus précisément sous la XVIIIème dynas-tie. C’est l’époque où Aménophis II construit letemple de briques crues de Haroun-Horemakhet,face à la tête du Sphinx, dans le coin nord-est dusanctuaire. C’est aussi l’époque où son filsThoutmosis IV rappelle sur une grande stèle degranite [-1400 environ], érigée à la base du poi-trail entre les pattes antérieures du Sphinx, qu’il a

extrait cette ‘très grande statue de Khépri quirepose à cet endroit’ [‘Khépri’ fait référence auSphinx, dieu du soleil levant] des sables qui

avaient comblé le sanctuaire jusqu’au cou duSphinx... Si le Sphinx est resté enseveli à hauteurdu cou jusqu’au règne d’Aménophis II ou de sonfils Thoutmosis IV, cela devait remonter à fortlongtemps déjà. Nous ne possédons aucune in-formation sur le culte du Sphinx proprement ditavant le Nouvel Empire, mais nous pouvons ima-giner que le temple et le sanctuaire restèrent plusou moins ouverts jusqu’à la fin de l’Ancien Em- pire, qu’ils furent ensuite abandonnés et que lesable et les déblais s’amoncelèrent pendant laPremière Période Intermédiaire ou durant leMoyen Empire, au moment où la nécropole deGizeh fut presque entièrement désaffectée.

Ricke arrive à la conclusion que les dépradationsdans le temple et dans le sanctuaire se firent du-rant deux périodes, dont la première correspondau règne d’Amenemhet I. C’est là que le sold’albâtre et le revêtement de granite furent arra-chés (...) Si nous tenons compte du fait qu’unecouverture de sable fait fonction de protection plutôt que d’agent d’érosion, nous devonsconvenir que l’érosion que nous constatons au- jourd’hui sous les anciennes maçonneriesrapportées s’est développée en moins d’unmillénaire et peut-être même en un demi-millénaire seulement. »

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Les études sismiques et géophysiques dontnous allons parler indiquent que l’érosion, sousla surface de l’enclos du Sphinx, n’est pas uni-forme. Nous sommes donc enclins à penser quel’ensemble du fossé ne fut pas excavé en uneseule fois. De plus, si nous pouvons estimer àquel moment fut creusée la portion du fossé lamoins érodée, c’est-à-dire celle qui a été expo-sée à l’érosion pendant le temps le plus court,nous pourrons tenter de savoir quand le creuse-

ment initial du fossé peut avoir commencé.Pendant notre voyage en Egypte d’avril 1991,le docteur Thomas L. Dobecki, séismologuechez McBride-Ratchiff et associés, de Houstonau Texas, nous aida à effectuer des travaux demesures sismiques sur les niveaux bas à proxi-mité du Sphinx, avec l’autorisation de l’Organi-sation des antiquités égyptiennes. Nous pûmesrassembler une quantité de données sismiquesavec lesquelles nous avons établi la géométriesouterraine du soubassement rocheux et localisé plusieurs éléments jusqu’alors inconnus. Enavril 1991, dix-neuf tracés de réfraction, deuxtracés de réflexion et un ensemble de données

de tomographie de réfraction furent collectéssur le plateau de Gizeh. Le travail de mesuressismiques réalisé autour de la base du Sphinxconsistait à taper sur une plaque d’acier avecune masse. Les vagues d’énergie ainsi produitesentraient dans la roche, passaient sous la sur-face et se réfléchissaient ou se réfractaient surles structures du sous-sol. Les tracés de réfrac-tion nous ont donné des informations sur l’éro-sion du roc sous-jacent et nous avons aussi lo-calisé plusieurs vides et cavités ainsi que d’au-tres éléments. Par exemple, l’érosion apparem-ment plus réduite entre 45 à 49 mètres sur laligne sismique S2, relevée le long du flanc sud

du Sphinx, ne peut pas être un fait réel ; elle est probablement due à une résonance induite cau-sée par un vide souterrain (4).

27 

4. NOS ÉTUDES SISMIQUES

 Plateau de Gizeh.

 Localisation, de S1 à S19, des mesures sismi-ques effectuées en avril 1991 avec le Dr Dobecki aux abords du Sphinx et sur le

(4) Pour un résumé de l’étude sismique du plateaude Gizeh d’avril 1991, voir Dobecki, 1992

En résumé, pour continuer à attribuer le Sphinxà Chéphren, vers -2500, Lehner fait remonterles plus anciens niveaux de « grands blocs » (de

style Ancien Empire ?) seulement au NouvelEmpire, vers 1500-1400 avant J.-C. De plus,Lehner remarque que cela ne laisse qu’approxi-mativement 500 ans aux agents d’érosion pouropérer la majeure partie de leur travail sur leSphinx. Quant à moi, je m’appuie sur les tra-vaux de Lehner, sur l’évidence d’une construc-tion en deux étapes du Sphinx et des temples dela Vallée, sur les recherches menées quant auxdifférents modes d’érosion à l’œuvre sur le pla-teau de Gizeh, sur les études sismiques du sec-

teur du Sphinx (détaillées plus loin) qui ontdonné des indications sur la profondeur et ladistribution de l’érosion sous la surface du sol

autour du Sphinx, ainsi que sur le fait que l’at-tribution du Sphinx à Chéphren est fondée audépart sur des preuves par présomption. M’ap- puyant sur tout ceci, j’arrive à une conclusioninéluctable : la construction initiale du noyaudu Sphinx est antérieure à Chéphren. Même lestravaux de Lehner sont plus aisément concilia- bles avec une restauration du Sphinx par lesEgyptiens de la IVème dynastie, lesquels com- plétèrent le Sphinx et les monuments associésmais n’en furent pas les créateurs originaux.

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Les analyses préliminaires des données sismi-ques collectées en avril 1991 contribuent à nousfaire progresser dans notre recherche de l’âge

de construction du Sphinx. Les lignes sismiquesrelevées devant le Sphinx et le long de chacunde ses côtés (est : ligne S4, nord : ligne S1, etsud : ligne S2) indiquent que, sous la surface, lecalcaire est érodé jusqu’à 1m80 à 2m50 de pro-fondeur. Néanmoins, le long de l’échine (côtéouest : ligne S3), le même calcaire n’a été érodéque jusqu’à 1m20 de profondeur à peu près.

Ces résultats sont tout à fait inattendus. C’est lemême calcaire qui entoure le Sphinx (le sol del’enclos où toutes les lignes sismiques furentrelevées est en fait du Roseteau ou partie I deGauri), il devrait donc être érodé à la même profondeur, si le corps entier du Sphinx avaitété sculpté dans la roche au même moment.L’une des interprétations possibles des donnéesque nous avons rassemblées est que, initiale-ment, seuls les côtés et le devant (portion est)du Sphinx furent sculptés dans la roche qui dé- passait de l’affleurement, tandis que ce qui al-lait devenir l’arrière ou la croupe (extrémité

ouest) était au départ inclus dans la roche desoubassement naturelle. Pour être plus précis, ilest probable que la croupe ait été initialementtaillée seulement jusqu’au niveau de la terrassesupérieure qui, aujourd’hui, se trouve immédia-tement à l’ouest du Sphinx, à l’intérieur de l’en-semble de l’enclos ; en-dessous du niveau de laterrasse, l’arrière du Sphinx se fondait dans laroche de soubassement. Hassan suggère que leSphinx a été, à l’origine, conçu pour être vu deface (plutôt que de côté ou de l’arrière) de fa-çon à ce que, avec le temple devant, il semblereposer sur un piédestal. Ou bien alors, lacroupe (ou extrémité ouest) peut avoir été sépa-

rée de la roche de soubassement à l’origine,mais seulement par un passage très étroit quenous n’avons pas localisé au cours de nos tra-

vaux sismiques en avril 1991. Pour détermineravec précision le moment où la partie ouest futdétachée du soubassement, et pour établir unechronologie de l’élargissement possible du pas-sage entre l’extrémité ouest et le soubassement,un travail plus détaillé s’impose (y comprisl’adjonction de plusieurs profils sismiques pa-rallèles à la ligne S3). Mais il est d’ores et déjà

évident que le sol calcaire derrière la croupe(extrémité ouest) que nous avons testé sismi-quement, fut exposé plus tard que les sols cal-caires de l’est, du nord et du sud, c’est-à-dire probablement à l’époque de Chéphren. Quandles côtés du corps et l’extrémité est furent tail-lés, le sol calcaire ainsi dégagé commença às’altérer, alors que ce qui allait devenir le solcalcaire derrière l’extrémité ouest était encore protégé par une épaisse couche de roche ferme.

Une hypothèse raisonnable serait que Ché- phren, vers 2500 avant J.-C., en faisant restau-

rer le Sphinx, le temple du Sphinx et le templede la Vallée, ait fait tailler complètement l’ar-rière du Sphinx (extrémité ouest) en le séparantde l’escarpement. Il est difficile de soutenir quecette opération ait pu s’effectuer après l’époquede Chéphren. La base de la croupe, comme lereste du Sphinx, a été érodée puis réparée avecdes blocs de calcaire. De plus, on doit tenircompte du 1m20 d’érosion sous la surface dé-tectée derrière la croupe. Si, par exemple, onimagine que la croupe a été séparée de la roche pendant les travaux de restauration du Sphinxsous le Nouvel Empire, comment expliquercette érosion profonde de 1m20 sous la surface,

28   Les lignes sismiques autour du Sphinx montrent une propagation analogue du son à travers le calcaire(écart entre les courbes), sauf en S3 le long de l’échine (mesures indiquées en pieds).

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Un groupe de scientifiques de l’université deWaseda, à Tokyo, arrive aux mêmes conclusionsque nous en ce qui concerne l’âge du Sphinx,c’est-à-dire à l’antériorité du Sphinx par rapportà Chéphren. Ce qui est intéressant, c’est queleurs travaux sont tout à fait indépendants desnôtres et que leurs critères sont différents. Naka-gawa (dans Yoshimura, Tonouchi et Nakagawa)résume ainsi ses idées : « Le Sphinx, symboled’un dieu protecteur, a été considéré comme unestructure allant de pair avec la pyramide de Ché- phren. Pourtant, cette façon de voir n’explique ni pourquoi il n’y a qu’un seul Sphinx, ni pourquoila chaussée et l’axe central du Sphinx se croisent

d’une aussi curieuse façon. Pour l’expliquer,nous sommes arrivés à l’idée que le site a étéorganisé autour du Sphinx. Pour une raison oul’autre, on construisit le Sphinx avant la pyra-mide de Chéops [pharaon de l’Ancien Empirequi régna avant Chéphren]. L’implantation de la pyramide de Chéops fut déterminée en fonctiondu futur arrangement des séries de pyramidesautour du Sphinx. L’axe est-ouest qui symbolisela voie du dieu soleil, et l’axe qui relie le coinnord-ouest au coin sud-est de la pyramide deChéops, se coupent en un point supposé avoirune signification importante. Si on prolonge laligne qui va de l’angle nord-ouest à l’angle sud-

est de la pyramide de Chéops, elle va couper laligne frontale du Sphinx. Dans l’alignement dece point d’intersection, vers l’ouest, on retrouvele centre de la pyramide de Chéphren : dans cecas, la chaussée retrouve sa localisation appro- priée. » Peut-être Lehner (1985a) se rapprochait-il des idées de Nakagawa quand il a écrit : « Ilest évident que l’emplacement du Sphinx parrapport au reste du complexe de Chéphren a étélargement prémédité. » Plutôt que le Sphinxconstruit en fonction du complexe de Chéphren,ne serait-ce pas ce dernier qui fut élaboré relati-vement au Sphinx déjà présent ?

29 UN EMPLACEMENT PRÉMÉDITÉ

étant donné que depuis cette époque l’aridité prédomine sur le plateau de Gizeh et que l’en-clos du Sphinx s’est trouvé la plupart du temps

comblé par le sable du désert ? D’un autre côté,si Chéphren n’a pas dégagé la croupe, on peut penser qu’il l’a trouvée déjà libérée mais seule-ment séparée de la roche par un passage trèsétroit ; il aurait alors pu élargir ce passage endénudant le sol calcaire sur lequel nous avons pratiqué les tests sismiques (notre ligne sismi-que était positionnée très près de la paroi ouestdu fossé). Ainsi, à cette époque, le sol calcairede l’extrémité ouest du Sphinx commença-t-il às’éroder. En se fondant soit sur ce raisonne-ment, soit sur l’hypothèse précédente, et étantdonné que l’érosion atteint, sur le sol calcairedes côtés et du devant, une profondeur de 50 à100% supérieure à ce qu’elle est derrière, nous pouvons estimer que la sculpture initiale duSphinx (de la partie la plus importante du corpset de l’avant) a pu être effectuée de -7000 à -5000 environ (c’est-à-dire que la sculpture ini-tiale du Sphinx est de 50 à 100% antérieure à2500 avant J.-C.). Cette estimation est vraisem- blablement une date minimum ; comme l’éro-sion peut ne pas progresser d’une façon linéaire

(plus elle est profonde, plus elle progresse len-tement puisqu’elle est « protégée » par les ma-tériaux des couches supérieures), la possibilité

demeure que la sculpture initiale du Sphinxremonte à plus de 9000 ans !

En plus des différences inattendues dans l’éro-sion autour du corps du Sphinx, notre travailsismique a révélé plusieurs autres particularitésintéressantes sous la surface. Par exemple, il estclair qu’il existe une paire de cavités ou de vi-des sous celle-ci, une de chaque côté duSphinx, et peut-être aussi un vide ou une exca-vation antérieure devant le Sphinx, entre ses pattes (Dobecki). Les courbes sismiques indi-quent que le Sphinx et le temple du Sphinx setrouvent sur une falaise escarpée (aujourd’huiensablée, ligne sismique S10), au-delà de la-quelle la surface de la roche de soubassementdescend suivant des structures plus ou moinsdéfinies qui peuvent être naturelles ou de fac-ture humaine. En tout, nous avons établi dix-neuf courbes sismiques, dix-sept pour la réfrac-tion, deux pour la réfraction et la réflexion.

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« En ce qui concerne l’âge exact du Sphinx etde son constructeur, nous ne savons rien de précis, et nous ne possédons pas une seule ins-cription de l’époque pour nous éclai-rer. » (Hassan p. 75). L’attribution courante duSphinx à Chéphren semble remonter à la pre-mière moitié du XXème siècle, et paraît à pre-mière vue s’appuyer d’abord sur les travaux deSelim Hassan menés dans les années 30(malheureusement, je n’ai pas pu consulter lestravaux majeurs de Hassan, comme son« Excavations at Giza », vol. 8, ou « The GreatSphinx », Le Caire 1936-37 ; ma connaissancede ses études s’appuie sur la lecture de son livre« The Sphinx : Its History in the light of RecentExcavations », Le Caire 1949). Hassan préve-nait clairement que ses preuves et son raisonne-ment étaient « par présomption » (p. 91) ; ilétait dans l’incapacité de démontrer définitive-ment que le Sphinx avait été sculpté par lesouvriers de Chéphren. Avant les travaux deHassan, les égyptologues n’étaient pas d’accordsur l’époque de la construction du Sphinx. Pourne donner que deux exemples, Tompkins rap- porte que Sir Flinders Petrie (1853-1942) consi-dérait le Sphinx comme pouvant être préhistori-que, alors que Budge, en 1909, penchait nette-

ment pour un Sphinx construit avant le règne deChéphren. Hassan (p. 84) nous dit que, vers lafin de sa carrière, Petrie pensait que le Sphinx pouvait dater de la IVème dynastie. La preuvede Petrie résidait dans le fait qu’ « au milieu del’espace derrière le Sphinx, il y a une anciennetombe [dont il supposait qu’elle datait de laIVème dynastie] ; elle n’aurait certainement pasété construite à l’époque où on vénérait leSphinx, donc elle devait avoir été construiteavant que le Sphinx ne soit sculpté. » Cet argu-ment est réfuté par le fait que la tombe suppo-sée n’est autre qu’une faille naturelle derrière leSphinx (cf. Lehner, 1980).

Les arguments de Hassan en faveurde Chéphren.Hassan conclut que l’on peut attribuer leSphinx à Chéphren : « A mon avis, le Sphinxfut érigé après le complexe de Chéphren. Cequi m’a conduit à cette conclusion, c’est unetranchée qui longe le côté nord de la chausséede la deuxième pyramide. Elle mesure environ2m de large et 1m50 de profondeur, est tailléedans la roche qui sépare la nécropole de Chéopsau nord de celle de Chéphren au sud. On peutvoir de telles limites marquées de la mêmefaçon dans les mastabas taillés dans la roche ;

dans ce cas, les tranchées se trouvent dans lescouches superficielles de la roche pour définirles limites des tombes. La tranchée dont nous parlons s’arrête tout d’un coup au bord ouest dela dépression du Sphinx. En cas de fortes pluies, elle faisait office de caniveau en vidanttoutes les eaux collectées dans l’enclos duSphinx. Il semble bien que ce soit la preuve quele Sphinx fut taillé après l’achèvement de lachaussée, parce que s’il avait existé auparavant,la tranchée n’aurait jamais atteint le bord dufossé, car il est impensable que l’enclos sacrédu dieu devienne, même occasionnellement, unréservoir d’eaux drainées. Cependant, lorsquele Sphinx fut taillé, cet état de fait devint inévi-table ; c’est pourquoi les architectes firent deleur mieux en obstruant l’extrémité de la tran-chée avec de gros blocs de granite, et nousavons là une preuve convaincante que le Sphinxfut ajouté plus tard au complexe de Chéphren,sans pour autant lui appartenir nécessaire-ment. » (Hassan, pp. 88-89). Si la tranchée serteffectivement de démarcation entre le complexefunéraire de Chéops au nord et celui de Ché- phren au sud (mais on pourrait argumenter qu’ilne s’agit pas d’une frontière du tout), alors leSphinx se trouve plus vers le nord de cette ligne

que vers le sud (la tranchée entre dans l’enclos par l’angle sud-ouest). Ce qui est plus impor-tant, c’est que l’argumentation de Hassan soitsérieusement compromise, sinon niée, par lesrécentes découvertes sismiques qui démontrentque l’arrière de l’enclos du Sphinx fut excavé beaucoup plus tard que l’avant et les côtés. Le« problème de la tranchée » n’en serait pas unsi, au moment où on creusa cette tranchée(vraisemblablement assez tôt sous Chéphren),la croupe du Sphinx n’eut pas encore été exca-vée (ou peut-être pas autant qu’elle allait l’ê-tre). Finalement, l’argumentation de Hassansert à confirmer l’hypothèse que nous expo-

sions plus haut, à savoir que, en faisant restau-rer la statue, Chéphren fit excaver la croupe duSphinx.

Hassan donne encore trois types de preuves quel’on pourrait avancer pour montrer que leSphinx fut construit par Chéphren : « Si nousconsidérons le Sphinx comme la représentationdu dieu-roi, nous devons en chercher l’originechez le roi dont la pyramide et les temples ensont les plus proches, et là encore il est évidentque c’est Chéphren (...) Le Sphinx ne peut êtreattribué à Menkaourê (Mykérinos), constructeurde la troisième pyramide, pour deux raisons :

30 

POURQUOI L’ATTRIBUER À CHÉPHREN ?

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 premièrement son complexe est loin du Sphinx,et deuxièmement il fut incapable de terminer sa propre pyramide et ses temples (...) Lorsqu’on

étudie les plans des temples du Sphinx et de laVallée, ce qui semble le plus probable est queChéphren soit le constructeur du Sphinx. Ilsemble tout à fait évident que les deux édificesfassent partie d’un plan gigantesque. » (p. 90).Cette idée de Hassan, telle qu’il l’expose, estcompatible avec l’idée que Chéphren rénovasimplement le Sphinx qui existait déjà et l’in-corpora, avec le temple du Sphinx et celui de laVallée, à son complexe funéraire.

Analyse des indices allégués.L’attribution habituelle à Chéphren, du Sphinx etdes temples qui lui sont associés semble reposeressentiellement sur quatre indices : 1) une statuede Chéphren retrouvée au XIXème siècle dans letemple de la Vallée ; 2) une inscription ambiguë,aujourd’hui effacée, sur une stèle du Nouvel Em- pire (environ 1400 avant J.-C.) ; 3) une ressem- blance alléguée entre le visage du Sphinx et celuide Chéphren ; et 4) la proximité du Sphinx de la pyramide de Chéphren. Il est intéressant de discu-ter brièvement chacun de ces points.

1. La statue de Chéphren. — En 1860, les ou-vriers de Mariette retirèrent une très belle statueen diorite, haute de 1m68, d’un puits creusé

dans le sol du temple de la Vallée (photo ci-contre). On s’est servi de cette statue pour affir-mer que Chéphren avait construit le Sphinx.Mais on peut aussi imaginer que Chéphren aiteu la possibilité de faire placer une statue à soneffigie dans un temple déjà construit ; on peutaussi envisager que cette statue ait été enterréedans le temple beaucoup plus tard, pour y être protégée. Un égyptologue qui trouverait desstatues remontant aux Ptolémée (disons vers-300) enterrées dans un temple du Nouvel Em- pire (disons vers -1450) ne s’estimerait pas tenude changer la date d’origine du temple pour lafixer à l’époque ptolémaïque. De la même fa-

çon, la découverte d’une statue de la IVèmedynastie dans le temple de la Vallée ne consti-tue pas une preuve que le temple de la Vallée,le Sphinx et le temple du Sphinx n’aient pas puêtre construits avant cette IVème dynastie.

2. La stèle du Nouvel Empire.— Comme nousle disons plus loin, Thoutmosis IV désensablale Sphinx vers 1400 avant J.-C. et érigea unestèle de granite entre les pattes. Lorsqu’on dé-couvrit cette stèle au XIXème siècle, il fut rap- porté que le hiéroglyphe représentant la pre-mière syllabe du nom de Chéphren était déchif-frable dans un registre inférieur (cf. West,

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1987). Cette portion de l’inscription est donnée par Hassan (p. 196) : « Et nous devons louerOunnefer... (portion manquante)... Chéphren, la

statue faite pour Atoum-Hor-em-Akhet... (ilmanque le reste). » D’après Hassan (p. 76),Hor-em-Akhet est le nom du Sphinx, et Atoumest le nom du dieu du soleil couchant. Quelques personnes ont considéré ceci comme indiquantque Chéphren, pharaon de la IVème-dynastie,était le constructeur du Sphinx ; d’autres ont pensé que cela signifiait qu’il en était le restau-rateur ; et d’autres encore ont pensé que la syl-labe khaf   (Khafrê = Chéphren) n’avait aucunrapport avec le pharaon Chéphren, parce quec’est une syllabe qui se trouve dans d’autresmots égyptiens. Malheureusement, on ne peut plus remonter à l’inscription originale pour ten-ter de la traduire et de l’interpréter : depuis ladécouverte de la stèle de Thoutmosis, le regis-tre où figure la syllabe khaf  s’est effacé et il estdéfinitivement perdu. Hassan (p. 91) résumeson opinion sur la valeur de cette inscription endisant : « Excepté la ligne mutilée sur la stèlede granite de Thoutmosis IV, qui ne prouverien, il n’existe aucune inscription ancienne permettant de relier le Sphinx à Chéphren. »

3. La prétendue ressemblance entre le visage duSphinx et celui de Chéphren.— Actuellement, ilsemble que les égyptologues soient d’accord sur

le fait que le visage du Sphinx ressemble à celuiqui est supposé l’avoir construit, à savoir Ché- phren. C’est une notion relativement récente, etloin d’être sûre. Le visage du Sphinx est sévère-ment endommagé et ce qu’il en reste ne ressem- ble pas indiscutablement au visage des statuesde Chéphren ; mais peut-être est-ce une ques-tion d’opinion ? Lehner a travaillé sur la restau-ration du visage érodé du Sphinx, mais son tra-

vail n’a pas pour autant fait la lumière sur laressemblance d’origine. Au lieu d’essayer dereconstruire le visage du Sphinx en fonction de

données sûres, comme les traits originaux duvisage demeurés intacts, Lehner insiste de façondogmatique sur le fait que le Sphinx a été cons-truit par Chéphren, pharaon de l’Ancien Empireet donc le visage du Sphinx doit représenterChéphren. Utilisant l’imagerie informatique, il adonc reconstitué le visage pour qu’il ressembleà Chéphren. Lehner (1991) remarque alors qu’« avec le visage de Chéphren, le Sphinxs’anime ». Ici, il semble clairement dire que sareconstitution aide à confirmer que c’est Ché- phren qui a construit le Sphinx ; si tel est le cas,nous sommes là tout simplement en présenced’un raisonnement circulaire !

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informatique (voir aussi p. 10).

 Les reconstitutions du Sphinx par Mark Leh-ner et James P. Allen à l’aide de l’imagerie

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Il y a peu, le détective Frank Domingo, officiersupérieur au Département de la police de NewYork, fit une comparaison détaillée des visages

du Sphinx et de Chéphren (cf. l’article de RonGrossman dans le Chicago Tribune du24/02/1992, section 5, pp. 1, 5). En octobre1991, Domingo s’était rendu en Egypte dans leseul but de mesurer et d’étudier les traits sub-sistants du visage du Sphinx, et les statues donton sait qu’elles représentent Chéphren. Aprèsavoir étudié le problème sous tous ses angles,Domingo conclut définitivement que le visagedu Sphinx n’est pas identique à celui des sta-tues de Chéphren. (On trouvera les éléments decette comparaison dans l’encadré de la pagesuivante.) Mon hypothèse selon laquelle laconstruction du Sphinx fut entreprise avant lerègne de Chéphren ne s’en trouve pas pour au-tant confirmée ni infirmée. Même si les visagesétaient réellement ressemblants, ça ne change-rait rien à ma théorie, puisque j’ai la convictionque Chéphren a effectivement travaillé à la re-mise en état du Sphinx. Il pourrait même avoirremodelé le visage à sa propre image.

4. La proximité du Sphinx, du complexe funé-raire et de la pyramide de Chéphren. — Ce n’est pas parce que le Sphinx, la pyramide et le com- plexe funéraire de Chéphren sont proches lesuns des autres qu’il est évident que Chéphren

les a tous construits. Il se peut très bien qu’il aitremis en état des édifices déjà existants, qu’il seles soit appropriés et qu’il les ait incorporés àson propre complexe funéraire (comme l’a sug-géré Nakagawa, que nous avons déjà cité ; cf.Yoshimura, Tonouchi et Nakagawa).

D’autres indices cependant.A ces preuves par présomption qui veulent quele Sphinx ait été construit par Chéphren, nous pouvons opposer d’autres preuves de mêmenature qui montrent que le Sphinx est antérieurà Chéphren. Ce que l’on a appelé la Stèle d’In-ventaire (analysée par Hassan, West (1987) et

Sitchin) date des dernières dynasties(XXVIème dynastie, environ VIIème ou VIèmesiècle avant J.-C.), et elle est considérée commeétant une copie d’un texte de l’Ancien Empire.Ce texte fait référence au Sphinx comme exis-tant déjà à l’époque du pharaon Chéops, prédé-cesseur de Chéphren. En fait, la Stèle d’Inven-taire crédite Chéops de la réparation du Sphinxaprès qu’il ait été frappé par la foudre. Sans pour autant vouloir prendre en compte le faitque le Sphinx serait plus ancien que Chéops,Hassan n’en affirme pas moins (p. 224) : « Ilest possible qu’il y ait un peu de vrai dans cettehistoire, parce qu’il est certain qu’il manque un

 pan de la coiffure du Sphinx et, de par sa formeet son emplacement, cette partie n’aurait pas puêtre aisément cassée, excepté par un coup direct

avec un objet lourd, porté avec une force terri-fiante. » Hassan conclut qu’il est possible quele Sphinx ait été effectivement frappé par lafoudre dans le passé. D’une façon générale, leségyptologues modernes ont rejeté cette stèle,car ayant été réalisée sous l’une des dernièresdynasties, au lieu de la considérer comme lacopie valable d’une inscription plus ancienne,même si elle a été « traduite » dans le style et lelangage des dernières dynasties.

La datation au carbone-14 des inclusions orga-niques trouvées dans le mortier de différentes pyramides a donné, à plusieurs reprises, desâges anormalement élevés par rapport à la chro-nologie habituellement utilisée par les égypto-logues (cf. les dates de Smith, 1986). Ces datessont de l’ordre de 200 ans de plus que celleshabituellement attribuées aux pyramides res- pectives sur lesquelles des échantillons ont été prélevés (5). Ces données ne semblent pas por-ter directement à conséquence quant à l’âge duSphinx. A ma connaissance, on n’a jamaiseffectué de mesures au carbone-14 sur les an-ciens mortiers utilisés pour réparer le Sphinx(cf. Cayce et coll.). De plus, n’importe laquellede ces dates serait celle d’une réparation et non

celle de la construction initiale du Sphinx(quoique, si l’on pouvait trouver au carbone-14des dates correspondant à la IVème dynastie ouavant, ce serait quand même intéressant...).

Après avoir passé en revue les opinions des an-ciens, du Nouvel Empire aux Romains, Hassan (p.79) conclut que « l’opinion générale des anciensétait que le Sphinx était antérieur aux pyrami-des ». Même pour les Egyptiens du Nouvel Em- pire, les origines et le début de l’histoire duSphinx demeuraient un mystère. Il n’est peut-être pas inapproprié de noter que, d’après les traditionsdes quelques villageois qui vivent dans le voisi-

nage du plateau de Gizeh, le Sphinx est nettementantérieur à Chéphren. D’après un certain Abra-ham Borie (cité dans USA Today du 10/10/1991, p. 6D), « l’histoire transmise dans nos famillesnous dit que le Sphinx pourrait avoir 5000 ans de plus » que l’époque de Chéphren (-2500). Je n’in-sisterai pas sur cette tradition orale, mais il étaitintéressant de la mentionner.

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(5) Retenons aussi ces analyses par carbone-14(recalibré) effectuées en 1988 sur des échantillonsde charbon de bois, qui vieillissent la pyramide deChéops de 374 ans (K ADATH n° 70, p. 20) (NDLR).

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 Le profil du Sphinx, comparé à celui de la statue de Chéphren découverte par Marietteaux abords des murs intérieurs du temple dela Vallée. Ci-dessous, les mêmes comparés par le détective Frank Domingo sur base desmesures prises sur place par son équipe enoctobre 1991, et qui l’ont amené à la conclu- sion qu’il s’agit de deux individus différents.

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En tant que géologue, mon impression globaleest que, même si dans l’ensemble on s’accorde à penser que le Sphinx de Gizeh date de -2500, ilest considérablement antérieur à cette date. D’a- près les données dont je dispose, j’estime pourma part qu’il remonte au moins à la périodecomprise entre 7000 et 5000 avant J.-C., et peut-être même plus loin. Bien évidemment, il ya 8000 ans, le Sphinx peut ne pas avoir ressem- blé à ce que nous voyons aujourd’hui. Les dé-tails originaux de la surface ont été érodés de- puis longtemps, et la tête peut être le résultatd’une sculpture ultérieure, ou au moins d’une« retouche ». Il est certain que le Sphinx a subide nombreuses réparations, rénovations etmême outrages, depuis les temps préhistoriques.Il semble que, périodiquement, on lui ait témoi-gné une grande attention, par exemple sous lesdynasties de l’Ancien Empire (environ -2500),du Nouvel Empire (environ -1400), sous laXXVIème dynastie (environ -650 à -400) et pendant la période gréco-romaine (-300 à+ 400). A ces époques, les dirigeants ont faitdégager le Sphinx du sable qui avait rempli ra- pidement (en quelques décennies) le fossé laisséà l’abandon. Après chaque nouvelle excavation,il est possible que l’on ait tenté de restaurer la

statue telle qu’elle était à l’origine, en scellantdes blocs sur son corps érodé (6). Je pense quela première personne dans l’histoire à avoir ex-humé et restauré le Sphinx peut très bien avoirété Chéphren, pharaon de la IVème dynastie,vers -2500. Il est possible aussi que Chéops, son prédécesseur, ait fait quelques travaux de restau-ration. Ces travaux furent probablement menésconjointement avec le programme de construc-tion des pyramides de l’Ancien Empire. Il est possible que la plupart des structures du plateaude Gizeh de la IVème dynastie aient été cons-truites en fonction de l’emplacement duSphinx ; dans cette optique, les plans du site

auraient été centrés sur le Sphinx qui était déjàlà. D’après E.A. Wallis Budge, égyptologue dela fin du XIXème et du début de notre siècle, lenémès coiffant le Sphinx a pu être sculpté auMoyen Empire (XXème et XIXème sièclesavant J.-C.), sous la XIIème dynastie. Il écritégalement qu’il est possible que l’on ait modifiéle visage du Sphinx pour le faire ressembler àun dirigeant de l’époque. Je ne sais pas sur quoiil s’est appuyé pour arriver à ces conclusions, etactuellement je ne suis pas en mesure de lescorroborer. Il a cependant eu le mérite d’envisa-ger que la tête ait été remodelée et ce, peut-être, plus d’une fois.

Le plus célèbre des anciens restaurateurs duSphinx fut sans doute Thoutmosis IV, vers la findu XVème siècle avant J.-C. (Nouvel Empire). Iln’était qu’un prince quand il fit une halte au coursd’une partie de chasse pour faire un somme sousla tête du Sphinx qui émergeait du sable. Dans unsonge, le Sphinx lui promit de faire de lui un pha-raon s’il le dégageait du sable. Le prince suivit lesordres du Sphinx et, effectivement, il succéda àson père, le pharaon Aménophis II. Il semble queThoutmosis ait eu des frères et n’ait pas été l’héri-tier présumé du trône. Par la suite, Thoutmosis IVinscrivit cette histoire sur une stèle de granite qui,aujourd’hui encore, se trouve entre les pattes duSphinx... Au XIIIème siècle, le puissant Ramsès II porta lui aussi beaucoup d’intérêt au Sphinx ; il a peut-être même continué à le désensabler et à lerestaurer. Lui aussi plaça une stèle (retirée depuis)entre les pattes du Sphinx. Durant le Nouvel Em- pire, il semble que le Sphinx ait été associé auculte du dieu soleil, et ait été identifié à Hor-em-akhet (Horus dans l’horizon) ou au dieu solaireRâ-Herakhti. Plus tard, le Sphinx se trouva tour àtour ensablé, puis dégagé et restauré. Par exemple,Hérodote (Vème siècle avant J.-C.) et certainsauteurs grecs ne le mentionnent pas, vraisembla- blement parce qu’il était enfoui dans les sables.

L’auteur latin Pline (Ier siècle après J.-C.) le men-tionne seulement en passant. D’après d’anciennesinscriptions actuellement conservées au BritishMuseum, les parois entourant le Sphinx, dont on présume qu’elles sont là pour le protéger de l’en-sablement, furent réparées pendant le règne del’empereur romain Marc-Aurèle (161-180 aprèsJ.-C.)... On dit qu’au Moyen Age, les habitants del’endroit pensaient que le Sphinx protégeait leurvillage contre l’extension du Sahara. Chez lesArabes modernes, le Sphinx est souvent nomméAbul-Hol ou Abul-al-Hol, qui peut se traduire par« le Père des Terreurs ». A l’époque moderne, latête du Sphinx a été sans aucun doute utilisée

comme cible, peut-être par les Mamlouks, diri-geants de l’Egypte du XIIIème au XVIème siècle,ou alors comme certains le prétendent, par lessoldats de Napoléon (ce qui est douteux). Du dé- but du XIXème siècle à nos jours, le Sphinx a étédésensablé plusieurs fois, et sa restauration se poursuit.

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(6) Pour l’histoire du Sphinx, voir Baines et Malèk,1980 ; Budge, 1909 ; Edwards, 1985 ; Goedicke,1965 ; Grinsell, 1947 ; Hassan, 1949 ; Hawass, 1990 ;Lehner, 1991 ; Malèk, 1986 ; Petrie, 1883 ; Putnam,1990 ; et les références citées dans ces ouvrages.

UN CONTEXTE ARCHÉOLOGIQUE POUR LE SPHINX

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Les millénaires obscurs.Depuis l’Ancien Empire, les grandes lignes del’histoire du Sphinx semblent claires (telles que

résumées ci-dessus), mais que savons-nous de cequi a précédé ? Le dogme des égyptologues veutqu’à l’origine le Sphinx ait été sculpté sous lerègne de Chéphren (aux environs de 2500 avantJ.-C.). En tant que géologue, je pense que lastructure originelle est antérieure à cette époqueau moins de plusieurs milliers d’années. Comme je suis un chercheur, je dois me demander si unetelle assertion a un sens, à la fois du point de vuearchéologique et du point de vue culturel. Daterle Sphinx du sixième ou du septième millénaireavant notre ère, et peut-être même plus tôt, est-ce vraiment compatible avec les vestiges archéo-logiques connus ? En d’autres termes, existe-t-ilun contexte ou un précédent pour un Sphinxvieux de huit ou neuf mille ans ? A quoi ressem- blaient à cette époque les autres cultures et lesautres peuples méditerranéens ? Quels types destructures construisaient-ils ? En jetant un coupd’oeil sur la littérature archéologique, je me suisrendu compte qu’en Egypte, entre -10.000 et-5000, nous ne disposons que de peu de rensei-gnements pouvant indiquer que des peuplesaient eu la technologie et l’organisation indis- pensables à la sculpture du Sphinx (cf. Hoffman, pour un panorama de l’Egypte prédynastique).Toutefois, les sites néolithiques relativement

rudimentaires que nous connaissons pour cette période peuvent n’être que des « installationsstagnantes » périphériques ou marginales, quin’étaient et qui ne sont pas représentatives dutout du niveau de culture et de technologie quel’on atteignait alors. Il est tout à fait possible qued’autres vestiges culturels soient enterrés sousles alluvions et le limon du Nil. De plus, le ni-veau des mers s’étant élevé depuis dix ou quinzemille ans, l’eau a pu submerger de vastes éten-dues le long de la côte où les anciennes culturesse développaient. M. Ters note que « en général,le niveau moyen des océans est monté de 60mètres pendant les derniers dix mille ans », donc

depuis 8000 avant J.-C.

Si nous quittons l’Egypte, nous voyons que versle huitième millénaire avant J.-C., il y avait déjàdes villes importantes à l’est de la Méditerranée.L’ancienne Jéricho en Palestine et Çatal Hüyüken Turquie en sont deux exemples particulière-ment bien connus (7). Çatal Hüyük, ville bâtie en bois et briques crues, remonte au moins au sep-tième millénaire. Ce n’était pas pour autant une

cité primitive ; au contraire, les vestiges connustémoignent d’une sophistication et d’une opu-lence que les archéologues n’imaginaient pas

auparavant pour une époque aussi reculée. Leshabitants construisaient des maisons et des sépul-tures élaborées, avec peintures murales et reliefs.Apparemment, ceux qui vivaient là avaient unetradition religieuse et symbolique riche et com- plexe (cf. Hamblin, 1973). Quant à Jéricho, elleremonte au neuvième millénaire avant J.-C. Laville comprenait un mur de pierre massif, unetour, et un fossé creusé dans le lit de la roche, letout datant de -8000 environ. Les vestiges dumur ont au moins 2 mètres d’épaisseur et parendroits il reste des pans de 6 mètres de haut (onignore sa hauteur à l’origine). A l’extérieur dumur de protection, on avait taillé dans la roche desoubassement un fossé de 8m20 de large et de2m70 de profondeur. A l’intérieur du mur setrouvait une tour de pierre de 9 mètres de diamè-tre, dont les ruines se dressent encore à 9 mètresde hauteur. Au centre de cette tour, on trouve unevolée de marches construite avec d’énormes dal-les de pierre. Elle soutient la comparaison avecles tours des grands châteaux forts européens duMoyen Age (cf. Hamblin, 1973).

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(7) Pour une description détaillée de Çatal Hüyük etde Jéricho, voir K ADATH nos 35 et 43 (NDLR).

d’énormes dalles de pierre.

Tour de pierre colossale de 9 mètres de haut, acco-lée à l’intérieur du mur de protection de Jéricho. Dans le bas, on devine un personnage au niveau del’entrée conduisant à une volée de marches faites

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laquelle le Sphinx serait antérieur à sa tradition-nelle attribution à Chéphren. Nombre de leursremarques, spécialement dans la presse s’adres-

sant au grand public, n’ont été que des attaques personnelles et des insultes gratuites. Par exem- ple, Peter Lacovara, conservateur adjoint auDépartement égyptien du Museum of Fine Artsde Boston, affirme simplement (citation extraitedu Boston Globe du 23 octobre 1991, p. 8) :« C’est ridicule (...) Des milliers de savants ontétudié ce sujet pendant des centaines d’an-nées. » (Ce qui est un peu excessif pour ce quiest du nombre de personnes qui ont sérieuse-ment étudié le Sphinx !) « La chronologie est parfaitement bien élaborée. Elle ne nous réserveaucune surprise. » Carol Redmount, de l’uni-versité de Californie à Berkeley, fut citée dansle Los Angeles Times du 23 octobre 1991, p.A18 : « Il n’y a tout bonnement aucune chance pour que ceci soit vrai », et la conclusion (deSchoch) va à l’encontre de « tout ce que noussavons de l’Egypte ancienne. » Kathryn Bard(du Département d’archéologie à l’université deBoston) fit dans Boston University Today du11-17 novembre 1991, p. 6, des associationsimpliquant fermement que mon travail sur leSphinx tombe dans la catégorie « charlatanismeet exploitation du sensationnel ». Mark Lehner,de l’université de Chicago, m’a accusé de prati-quer « une pseudo-science » (New York Times,

9 février 1992, p. 16).Pour ajouter à la confusion, un article publiédans le journal arabe Al-Ahram (Le Caire, 24novembre 1991) prétendait que le Dr JamesWiseman, directeur du Département d’archéolo-gie à l’université de Boston, affirmait que je nesuis pas membre de la communauté universi-taire de Boston. (Je ne lis pas l’arabe, donc jen’ai lu qu’une traduction de l’article.) Bien sûr,c’est une erreur : je suis membre de cette uni-versité, permanent et à plein temps. Toutefois, je ne suis pas membre du Département d’ar-chéologie du College of Liberal Arts, mais

membre de la division Science and Mathematicsdu College of Basic Studies. L’université deBoston compte environ quinze écoles et collè-ges et plus de 2400 membres. Il est possible quela confusion concernant mon affiliation soit dueà la taille de l’université et au nombre d’unitésacadémiques différentes qu’elle comprend.

Pour rendre justice aux égyptologues et archéo-logues, je dois dire que certains signes indi-quent qu’en fin de compte ils voudront bienexaminer sans passion les observations étayantmon hypothèse. Par exemple, dans le San Die-go Union (du 23 octobre 1991, p. A8), on a

écrit que « Mark Lehner, de l’université de Chi-cago (cf. Lehner 1992), ne discute pas les dé-couvertes de Schoch, mais seulement ses inter-

 prétations ». D’après le Boston Globe (du 23octobre 1991, p. 8), Lanny Bell, elle aussi del’université de Chicago, concède que « Schoch propose une nouvelle approche de la ques-tion ». The Independent (Londres, 14 octobre1991, p. 17) note que « de nombreux égyptolo-gues, y compris le professeur John Baines del’Oriental Institute d’Oxford, sont sceptiques(quant aux) découvertes, bien que personne nesoit en mesure d’expliquer les formes d’érosionconstatées ». Kathryn Bard (citée dans BostonUniversity Today du 9 décembre 1991/12 jan-vier 1992, p. 6) admet que « les découvertesgéologiques de Schoch peuvent en fait être va-lables, mais que ses interprétations archéologi-ques sont du domaine de la pure spéculation ».Je dois maintenant commenter quelques-unesdes objections portées contre les preuves et lesdonnées empiriques.

Farouk El-Baz.Le professeur Farouk El-Baz (directeur du Cen-ter for Remote Sensing de l’université de Bos-ton) a déclaré (citation relevée dans Boston Uni-versity Today, 11-17 novembre 1991, p. 7) :« En ce qui concerne l’érosion, les données du professeur Schoch ne sont en aucun cas fondées

sur des observations scientifiques. On trouve lesindices d’une érosion naturelle (de la roche danslaquelle on sculpta le Sphinx) qui n’a rien à voiravec une présence humaine antérieure et quin’est pas façonnée de main d’homme. Nousvoyons cela dans tous les déserts du monde etles structures qui en résultent s’appellent desyardangs (...) Les tests sismiques confirmentindiscutablement ce que j’avance : la partie su- périeure de la roche dans laquelle le Sphinx estsculpté s’est trouvée exposée antérieurement. Ilest clair, d’après les caractéristiques de sa sur-face, que le segment supérieur a été exposéavant et que donc il présente plus d’érosion. »

El-Baz a depuis longtemps décrété que le Sphinxn’est rien d’autre qu’un yardang — une formed’érosion naturelle aérodynamiquement stable,essentiellement une colline formée par le vent—,qui fut à peine « habillée » par les Egyptiens del’Ancien Empire pour ressembler à un sphinx.Ainsi El-Baz croit-il que les architectes et lessculpteurs de l’Ancien Empire incorporèrentdans leur statue des structures caractéristiquesd’une érosion très ancienne, pré-Ancien Empire(« érosion naturelle qui n’a rien à voir avec une présence humaine antérieure et qui n’est pasfaçonnée de main d’homme »), comme cellesque l’on trouve sur cette colline naturelle.

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En ce qui concerne le Sphinx, l’hypothèse d’El-Baz ne tient pas. Il n’a pas été sculpté dans unecolline naturelle ou yardang. Pour sculpter le

corps du Sphinx, les anciens Egyptiens ont dûcreuser afin qu’il repose au centre d’une dé- pression au-dessous du niveau général du pla-teau de Gizeh. Le fossé est clairement artificielet fait de main d’homme. Il est bien établi aussique les blocs retirés du fossé ont été utilisés pour la construction des temples du Sphinx etde la Vallée. Le corps du Sphinx n’était certai-nement pas une colline naturelle fortement éro-dée avant d’être sculptée. La tête, elle, pourraitavoir été un yardang à l’origine, mais elle asubi trop de modifications au cours des sculptu-res et remodelages successifs pour que nous puissions avoir une certitude. D’après son com-mentaire, il est évident qu’El-Baz n’a pas com- pris où nous avons relevé nos courbes sismi-ques. Aucune d’entre elles n’a été relevée dans« la partie supérieure de la roche dans laquellele Sphinx est sculpté », comme il le suggère.Les courbes sismiques en question ont toutesété relevées sur le sol du fossé, dans la partie la plus basse, autour de la base du Sphinx. D’uncôté les courbes sismiques ne confirment abso-lument pas l’hypothèse d’El-Baz ; de l’autre,ses propres observations pertinentes sur lesanomalies des très anciens traits d’érosioncaractéristiques que présente le corps du Sphinx

corroborent mon hypothèse : le Sphinx est anté-rieur, et de loin, à l’Ancien Empire.

Mark Lehner.Mark Lehner, égyptologue de l’université deChicago, a déclaré (dans Newsday, New York,

25 octobre 1991, p. 19) qu’il existe « une évi-dence incontournable » que Chéphren a cons-truit le Sphinx, « étant donné que des échantil-lons de roches utilisées pour le Sphinx et pourles autres monuments de Chéphren proviennentde la même carrière (...) Nous avons des tracesd’outils sur les roches (...) Schoch ne tientcompte ni du nombre de couches qui compo-sent le Sphinx, ni de ce qui a causé leur érosionà chaque niveau. Cette équipe ne sait ni dequand datent les roches ni d’où elles provien-nent, ou alors elle n’y prête aucune attention. »Lehner demeure tellement vague qu’il est extrê-mement difficile de commenter ses critiques. Ilne précise pas quelle est cette « évidence in-contournable » qui désigne Chéphren comme leconstructeur du Sphinx, par opposition au Ché- phren restaurateur et reconstructeur de monhypothèse. Je n’ai trouvé nulle part cette évi-dence incontournable dans les publicationstechniques de Lehner.

« Des échantillons de roches utilisées pour leSphinx et pour les autres monuments de Chéphren proviennent de la même carrière » peut s’expli-quer par le fait que le Sphinx et les temples ont étéconstruits avec des blocs extraits du fossé, comme

nous l’avons dit. Je l’ai expliqué ailleurs dans cetarticle, ceci ne prouve en rien la fausseté de monhypothèse, et je dirais même que cela la corro- bore... « Nous avons des traces d’outils sur lesroches ». Il est difficile de savoir de quelles rochesil parle. Comme il l’a noté lui-même dans ses rap- ports techniques, il ne persiste aucune trace d’outilsur le Sphinx. La totalité du corps a été profondé-ment érodée avant que les plus anciennes campa-gnes de réparation ne soient menées. Même s’il enrestait, elles ne prouveraient pas obligatoirementet sans appel que la statue date du règne de Ché- phren. Son commentaire disant que « Schoch netient compte ni du nombre de couches qui compo-sent le Sphinx, ni de ce qui a causé leur érosion àchaque niveau » n’est rien d’autre qu’une insultegratuite. Lehner sait très bien que je suis géologuespécialisé en stratigraphie, et l’ensemble de monanalyse est fondé sur la stratigraphie et l’érosiondifférente des « couches », comme il les appelle,du Sphinx et des roches en corrélation avec celui-ci sur le plateau de Gizeh... « Cette équipe ne saitni de quand datent les roches, ni d’où elles pro-viennent. » Ici encore, Lehner est trop vague pourque le lecteur sache réellement de quoi il est ques-tion. Ceci ne peut concerner le Sphinx, qui estsculpté dans le roc ferme sous-jacent : la questionn’est donc pas « de quand datent les roches, nid’où elles proviennent ».

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 plateau de Gizeh.

 Le corps du Sphinx n’était pas une colline naturelle

 fortement érodée (yardang) : pour le sculpter, on a

d’abord creusé un fossé sous le niveau général du

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Frank Yurco.Frank J. Yurco, égyptologue et chercheur asso-cié au Field Museum of Natural History de Chi-

cago, a déclaré (dans le Chronicle of HigherEducation du 11 décembre 1991, pp. B4-5) :« Le premier problème que pose l’analyse dudocteur Schoch concerne l’érosion pluviale duSphinx. Ceux qui connaissent bien la région deGizeh peuvent attester que le Sphinx est faitd’un calcaire dont les caractéristiques ne sont pas uniformes : la tête est faite du bon calcairedur qui recouvrait autrefois le plateau (...) Lecorps, par contre, est fait d’un calcaire affreuse-ment pauvre, à peine meilleur que de la marne.Ceci explique les formes d’érosion différentesqui apparaissent sur la tête et sur le corps. Pourles dégâts causés par l’eau, il suffit de se rendrecompte que le Sphinx est situé dans une dépres-sion et non en haut du plateau. I1 a donc subiles plus hautes crues du Nil (avant la construc-tion du barrage d’Assouan). Ceci pourrait aisé-ment expliquer les dégâts causés par l’eau que

le Dr Schoch a constatés, sans avoir recours aux précipitations de la période néolithique humide.De plus, il ne faut pas comparer le Sphinx aux

temples voisins, qui furent construits dans uneroche de meilleure qualité, ni aux tombes si-tuées plus haut, qui ne subirent pas les inonda-tions annuelles. »

Yurco soulève un certain nombre de points qui peuvent sembler convaincants à première vue,mais qui ne supportent pas une analyse appro-fondie. II est exact que le corps du Sphinx estcomposé d’un calcaire de très mauvaise qualitéet que sa base a dû subir les crues du Nil les plus hautes ; on sait que ces crues ont inondé la base des temples du Sphinx et de la Vallée etqu’elles ont entouré le bas des pattes du Sphinxaux temps historiques. Ces observations ne ren-dent pas mon hypothèse inacceptable pour au-tant. Si l’érosion par l’eau, visible sur le Sphinxet sur les parois du fossé, était due principale-ment aux crues périodiques du Nil, c’est à la

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 plus dur de la tête fut probablement remodelé aux temps dynastiques. L’érosion la plus forte, d’origine pluviale, se situe au niveau du haut du dos et du cou du Sphinx. Le calcaire

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 base qu’elle serait la plus importante et là, lecalcaire serait miné. Au lieu de cela, on voit bien que l’érosion la plus importante s’est pro-

duite au niveau du haut du dos et du cou duSphinx, selon le mode d’action de l’érosion pluviale. La tête, composée d’un calcaire plusdur et probablement en partie dolomitique, futvraisemblablement remodelée aux temps dy-nastiques. A l’encontre de ce que dit Yurco, iln’y a pas de preuve solide que le calcaire de latête ait jamais couronné le reste du plateau et, pour autant que nous le sachions, l’intérieur des pyramides n’est pas fait de ce calcaire.

Selon Yurco, les traces d’érosion que nous ob-servons sur le Sphinx s’expliquent par les cruesdu Nil. Ce pourrait être le cas si la statue avaitété inondée, ou plus exactement immergée aumoins jusqu’au cou dans des eaux stagnantes, pendant la plus grande partie de la périodecomprise entre sa construction (située tradition-nellement vers -2500) et la première campagnede réparation (les premières campagnes ne fu-rent effectuées qu’à partir de -1400, date recon-nue par l’ensemble de la communauté égypto-logique). Les données historiques nous indi-quent qu’à cette époque le Sphinx était non pasimmergé, mais enseveli sous le sable du désert.D’autre part, si le Sphinx avait effectivementété immergé jusqu’au cou, pourquoi les courbes

sismiques de réfraction montreraient-elles unetelle disparité dans la profondeur de l’érosiondu calcaire autour de sa base ? Pour ma part, plutôt que d’envisager l’hypothèse de tellescrues, je suggère plutôt une érosion pluviale pendant la période humide de -7000 ou -5000 à-3000 environ. Ceci, bien sûr, implique que leSphinx remonte au moins à cette époque. Si le« dégât des eaux » de Yurco n’a pas été produit par les crues titanesques qui recouvraient le dosdu Sphinx et atteignaient son cou, on peut com- parer les modes d’érosion observés sur leSphinx à ceux relevés sur les tombes situées plus haut et qui sont taillées dans le même roc

sous-jacent. D’une façon générale, l’érosion pluviale prédomine sur le Sphinx et les paroisdu fossé, et l’érosion éolienne sur les tombes del’Ancien Empire. Ces observations sont compa-tibles avec mon hypothèse selon laquelle leSphinx est antérieur à l’Ancien Empire et aconnu un régime climatique plus ancien et plushumide. Il est pratiquement impossible d’expli-quer nos observations si le Sphinx n’est pasantérieur à l’Ancien Empire.

Contrairement ce qu’affirme Yurco, il est bel et bien utile de comparer les calcaires du Sphinxavec ceux des temples du Sphinx et de la Val-

lée, car il s’agit dans les trois cas d’un mêmecalcaire de mauvaise qualité. En effet, les blocsde calcaire utilisés pour la construction des tem-

 ples du Sphinx et de la Vallée furent extraits dufossé à mesure que son corps était sculpté. Cesdeux temples sont faits de calcaire recouvert degranite d’Assouan. L’ensemble des égyptolo-gues pense que Chéphren a fait poser le granitevers 2500 avant J.-C. Il est intéressant de noterque le granite de parement recouvre des tracesd’érosion plus anciennes sur le calcaire des tem- ples. Par endroits, on peut constater que l’arrièrede ces parements a été coupé irrégulièrement pour qu’il soit possible de l’ajuster à la formeondulée donnée par l’érosion aux blocs qu’onvoulait rénover. On devra donc conclure que legranite posé vers -2500 sur ces murs de calcairesévèrement érodés est nettement postérieur à laconstruction des temples. Comme les blocs decalcaire étaient extraits au moment même où leSphinx était sculpté, cette preuve corroborel’hypothèse que la sculpture initiale du Sphinxest antérieure au règne de Chéphren.

Kathryn Bard.Après avoir discuté avec le professeur GeorgeRapp Jr. (géoarchéologue du Département d’ar-chéologie à l’université de Boston), le profes-seur Kathryn Bard (Département d’archéologiedu College of Liberal Arts de la même universi-

té) parla de mes travaux en leurs deux noms.Selon une citation extraite du Boston UniversityToday (du 11-17 novembre 1991, p. 6),« Schoch n’a pas remarqué que la roche duSphinx est loin d’être un calcaire massif et‘normal’. La roche naturelle dans laquelle leSphinx est sculpté est formée de diverses stra-tes ; ses propriétés varient donc considérable-ment et entraînent une érosion différentielle (...)Il est très difficile de répertorier les types d’éro-sion que Schoch définit dans son arti-cle » (allusion à l’esquisse d’article que j’ai pré-senté à la Geological Society of America à SanDiego en octobre 1991). « Schoch prétend que

l’érosion pluviale est la plus ancienne formed’érosion sur le Sphinx, mais il ne se produit pas qu’un seul type d’érosion à la fois. De plus,l’érosion pluviale (due aux pluies acides) n’a pas cessé il y a des milliers d’années aux temps préhistoriques, comme l’affirme Schoch ; ellecontinue aujourd’hui (...) Autour de la Méditer-ranée, les pluies d’hiver sont fréquentes et ellestombent quelquefois dans le nord de l’Egypte.L’affirmation que l’érosion pluviale cessa il y ades milliers d’années en Egypte du nord est toutsimplement une erreur. Schoch prétend aussique les blocs de calcaire des temples de la Val-lée et du Sphinx sont profondément érodés et

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sont donc antérieurs aux parements de granitequi datent du règne de Chéphren. Ces deux tem- ples furent excavés et reconstruits au cours du

XXème siècle. Il n’est donc pas surprenant quequelques-uns de ces blocs aient été érodés puis-qu’ils sont restés exposés aux éléments pendantles millénaires qui ont précédé la reconstructionmoderne. Après l’effondrement de l’AncienEmpire, aux environs de 2181 avant J.-C., lesmonuments de Gizeh ont représenté la princi- pale source de blocs de roche équarris utilisésdans la construction d’un grand nombre de mo-numents en Egypte. Comme on prélevait des pierres sur les édifices de Gizeh, certains blocsde l’intérieur qui dataient de la IVème dynastieont pu ainsi être exposés à l’air libre. »

Je ne suis pas sûr de savoir ce que Bard entend par un calcaire massif « normal » ; elle dit que laroche du Sphinx (formation Mokattam) est « loind’être normale ». Elle ne démontre pas claire-ment comment, selon elle, ceci est de nature à prouver la fausseté de mon hypothèse. Onconnaît bien les lithologies de base qui compo-sent les strates et les parties de la formationMokattam affleurant sur le plateau de Gizeh etdans lesquelles le Sphinx est sculpté (elles sontdécrites, entre autres, par des chercheurs commeAigner, Gauri et Said). Ce n’est pas un calcairede construction d’une grande qualité. Il contient

quelques couches franchement tendres qui sesont érodées plus rapidement que les couches plus résistantes, mais j’en ai tenu compte en dé-veloppant mon hypothèse. En effet, il existe dansla formation Mokattam une séquence particulièreque nous retrouvons exactement dans la roche du plateau de Gizeh ; c’est ce qui nous permet d’ob-server les diverses formes, les modes et les de-grés d’érosion dans la même séquence. Il est ma-nifestement moins utile de comparer les effets del’érosion sur des couches relativement dures etrésistantes avec ceux de couches très tendres. Jesuis entièrement d’accord qu’il est difficile derépertorier les différentes formes d’érosion, mais

cela ne signifie pas que ce soit impossible. Je suistout à fait conscient qu’il ne se produit pas qu’unseul type d’érosion à la fois : je l’ai d’ailleursécrit dans le manuscrit que Bard a lu. Et je nesuis pas non plus sans savoir qu’il continue à pleuvoir de temps en temps sur le plateau de Gi-zeh ! Cependant, il semble que Bard ne m’ait pas bien compris. Quand vous considérez le plateauavec un recul de 10 ou 12.000 ans, vous notez unchangement général dans le climat qui va de pairavec un changement général dans les modes d’é-rosion prédominants auxquels sont soumises lesroches. La question n’est pas de savoir sil’érosion pluviale a complètement cessé de nos

 jours sur le plateau de Gizeh (ce qui n’est pas lecas), mais bien si elle était prédominante vers-5000 par exemple. A cette question, je réponds

oui ; je suis persuadé que l’érosion pluviale était plus importante il y a 7000 ans qu’elle ne l’estaujourd’hui. On peut d’ailleurs s’en rendrecompte en comparant les excavations de la for-mation Mokattam, que j’ai données dans monhypothèse comme ayant été effectuées avant-5000, avec celles ayant été effectuées sous l’An-cien Empire vers -2500, dans la même séquencede strates et à quelques centaines de mètres dedistance seulement. Comme je l’ai clairementétabli dans l’article que Bard a lu, « certainesroches portent les traces d’un type d’érosion,recouvertes par celles d’un autre, si bien qu’il est parfois difficile de faire le tri. » Toutefois, il est possible de reconstituer un plan d’ensemble qui permette de savoir où et quand chaque moded’érosion fut prédominant. J’ai été surpris queBard ne reconnaisse pas pour valables les formesd’érosion que nous avons observées sous la sur-face dans le voisinage du Sphinx, en appliquantdes techniques sismiques sur la partie basse.

A propos des temples du Sphinx et de la Vallée, je suis bien conscient du fait qu’ils furent déga-gés et partiellement reconstruits à une époquerelativement récente. Je sais aussi que les mo-numents du plateau de Gizeh ont servi de ré-

serve de pierres équarries pendant des millénai-res. C’est malheureusement évident même pourle plus ordinaire des touristes qui arpente le plateau : les monuments sont couverts des tra-ces laissées par les opérations d’équarrissageultérieures. Il est évident que j’ai pris encompte toutes ces considérations avant deconclure que les parements de granite des tem- ples étaient postérieurs au calcaire qu’ils recou-vrent. Par endroits, on voit que les parementsde granite sont taillés de façon irrégulière etondulante pour qu’ils puissent s’ajuster aux blocs de calcaire qu’ils servaient à restaurer :cela prouve bien que le calcaire fut érodé jus-

qu’à un certain point avant la pose du granite.De la même façon, les blocs de calcaire utilisés pour réparer le corps érodé du Sphinx comblentdes sillons provoqués antérieurement par l’éro-sion. Comme l’a fait remarquer Lehner, il nereste aucune trace d’outil sur le Sphinx. La tota-lité du corps était profondément érodée avantles toutes premières campagnes de réparation.Bien sûr, toutes les roches ont continué à êtresoumises à des agents d’érosion variés depuisl’Ancien Empire, mais cela ne nous autorise pas à nier le fait que les plus anciennes structu-res aient été déjà considérablement érodées àl’époque de l’Ancien Empire.

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Et quelques autres.Dans des discussions ou des échanges de corres- pondance privée, différents géologues ont faitdes commentaires pertinents sur mes travaux.On m’a suggéré qu’étant donné le peu que nousconnaissons des vitesses d’érosion sur le plateaude Gizeh au cours des millénaires, des fluctua-tions de la nappe aquifère locale ainsi que de ladurée exacte de l’ensevelissement du Sphinxsous le sable, il soit peut-être impossible d’arri-ver à dater la statue (cf. Gauri, 1992). Je répon-drai que, en effet, cela rend difficile (et peut-être

impossible) une datation du Sphinx avec préci-sion en fonction des vitesses d’érosion. Mais les possibilités d’investigations précises sur le pla-teau de Gizeh sont telles (nous avons différentesstructures sculptées dans des calcaires très sem- blables ou identiques situées à de courtes distan-ces l’une de l’autre), qu’on peut arriver à uneconclusion sur la datation relative des structuresles unes par rapport aux autres. C’est ainsi que je suis arrivé à la conclusion que le Sphinx étaitantérieur à la construction des structures classi-ques de l’Ancien Empire... Un géologue a sug-géré que la légère inclinaison vers le sud-est dela couche de la formation Mokattam dans le

secteur du Sphinx pouvait expliquer que lacourbe de réfraction sismique fasse apparaître,dans l’enclos, un profil d’érosion (dissolutiondu calcaire sous la surface) plus profond devantle Sphinx que derrière. J’ai envisagé cette possi- bilité, mais je dois la rejeter. Le profil d’érosionque nous avons trouvé sous le sol de l’enclos duSphinx ne suit pas l’inclinaison des strates, maisreste à peu près parallèle à la surface du sol, entraversant la surface inclinée et les plans natu-rels des couches de roches. Les profils profon-dément érodés observés au nord, au sud et à

l’est du Sphinx sont très uniformes, et contras-tent fortement avec le profil à peine érodé trou-vé exactement à l’arrière dans l’enclos (secteurde la croupe).

On m’a suggéré qu’au Caire, les tracés de creu-sement de certaines routes « récentes » offrentdes profils qui ressemblent à ceux du Sphinx,ce qui montre bien que le calcaire peut s’érodertrès rapidement (cf. Gauri, 1992). Dans lemême ordre d’idées, quelques géologues ontaffirmé qu’il n’y a aucune raison de penser quele Sphinx ne peut pas s’être délabré à ce point àla suite de 5000 ans d’érosion, et ils font remar-

43  Au départ de la chaussée de Chéphren, les vestiges du temple de la Vallée, constitués de blocs du même calcairede qualité médiocre extraits du fossé du Sphinx à mesure que celui-ci était sculpté. On pense que c’est Chéphrenlui-même qui, vers -2500, les recouvrit d’un parement en granite d’Assouan. Par endroits, l’arrière de celui-ci

a été taillé irrégulièrement pour s’ajuster à la forme, ondulée par l’érosion, des blocs qu’on voulait ainsi rénover.

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quer qu’en fait l’érosion va très vite aujourd-’hui. Vous pouvez presque littéralement voir leSphinx se désagréger sous vos yeux. Malheu-

reusement, il n’est pas toujours facile de savoir jusqu’à quel point ces tracés de route sont ré-cents ; j’en ai vu de certainement très anciens.De plus, le calcaire trouvé autour du Caire (paropposition à celui du plateau) peut différer lé-gèrement dans les particularités qui déterminentla vitesse et le mode de son érosion. Pour ma part, je préfère nettement comparer les profilsd’érosion observés sur des séquences de cal-caire identiques du plateau de Gizeh. On doitaussi garder présent à l’esprit que le corps duSphinx était déjà sévèrement érodé avant les premières campagnes de réparation, que l’en-semble des égyptologues ne situent pas au-delàdu Nouvel Empire, vers 1400 avant J.-C. Laquestion n’est pas de savoir si le Sphinx a pu passer de son état neuf à un état de délabrementavancé en 4500 ou 5000 ans (en admettant qu’ilait été construit vers -2500) sans avoir été répa-ré ou restauré ou en demeurant protégé par unecouche de sable pendant des milliers d’années,

mais bien de savoir s’il aurait pu s’éroder au point que nous lui connaissons sous les plusanciennes restaurations, et ce en seulement

1100 ans. De plus, souvenons-nous qu’il estétabli qu’en -1400, il a fallu le dégager du sablequi avait rempli son fossé. Entre 2500 et 1400avant J.-C., nous ignorons combien de temps ilfut réellement exposé aux éléments plutôtqu’enseveli sous le sable. Il est possible que lefossé du Sphinx n’ait été dégagé que pendant lamoitié de cette période... Il est bien connu quela surpopulation, le tourisme, la pollution, lesfluctuations de la nappe aquifère, etc., mena-cent le Sphinx. Actuellement, il s’érode rapide-ment ; la situation est grave et de nombreuses personnes et associations fournissent un groseffort pour le sauver du délabrement. Quoi qu’ilen soit, on ne peut pas calculer l’âge du Sphinxen extrapolant à partir des vitesses d’érosionactuelles, qui sont accélérées. On pourrait direen plaisantant que, si le Sphinx s’était érodé àla vitesse actuelle pendant les derniers 4500ans, il ne serait plus là pour nous poser problème !

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UN « DÉBATS » AUX RENCONTRES DE L’AAAS

Lors de ses rencontres annuelles de 1992 à Chi-

cago, l’American Association for the Advance-ment of Science organisa un « débat » ayant pour thème : « Quel est l’âge duSphinx ? » (présidé par Rolf M. Sinclair de laPhysics Division à la National Science Founda-tion ; cf. les résumés de la rencontre 1992 pu- bliés par l’AAAS, p. 202). Quatre intervenantsétaient invités à ce « débat » : moi-même etThomas Dobecki (Mc Bride-Ratchiff et asso-ciés, Houston) en faveur d’un Sphinx antérieur à-2500, Mark Lehner (université de Chicago), etK. Lal Gauri (université de Louisville, Kentuc-ky) pour un Sphinx contemporain de Chéphren. Nous ne disposions que d’une heure pour débat-

tre. Il était convenu que chaque participant par-lerait dix minutes, ce qui devait laisser vingtminutes pour une discussion générale à la fin.L’ordre de parole déterminé par l’AAAS était :Lehner, Schoch, Dobecki et Gauri. Malheureu-sement, Lehner et Gauri dépassèrent nettementles dix minutes qui leur étaient allouées et nousn’eûmes pas le temps de réellement débattre.Une conférence de presse d’une heure, à la-quelle nous participions tous les quatre, suivitimmédiatement le « débat ».

Dans sa présentation, Lehner résuma l’attributiontraditionnelle du Sphinx à Chéphren, telle que

nous l’avons décrite. Il donna peu de nouvelles

informations. Il insista sur le fait que les premiè-res campagnes de réparation avec de « grands blocs » de maçonnerie calcaire datent du NouvelEmpire (-1400). D’après lui, ces réparations res-semblent par leur style au travail de l’AncienEmpire, parce qu’elles furent effectuées avec des blocs volés sur la chaussée et sur d’autres struc-tures de l’Ancien Empire. Toutefois, il n’a pasexpliqué comment on avait pu réutiliser ces blocs plus d’un millénaire plus tard sans avoir à lestailler pour les ajuster aux contours du corps duSphinx. Si les blocs avaient été retaillés sous le Nouvel Empire, ils auraient pu perdre les attri- buts caractéristiques du style de l’Ancien Em-

 pire. Toujours d’après Lehner, la stèle de granitede Thoutmosis IV (vers 1400 avant J.-C.), qui setrouve entre les pattes du Sphinx, fut sculptéedans une plaque de granite prise dans le templemortuaire de Chéphren. Lehner répéta sa convic-tion que le Sphinx fut exposé aux éléments(c’est-à-dire libre de tout ensablement) pendantau moins 500 ans entre -2500, date à laquelleChéphren est supposé l’avoir construit, et -1400,date qu’il attribue aux premières réparations.Lehner déclara que, d’après les analyses de Gau-ri, les ondulations et la profondeur de l’érosiondes profils sous les premières maçonneries onttrès bien pu se développer en 500 ans.

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Je veux bien faire l’effort d’accepter les dates proposées par Lehner pour les premières répara-tions (encore que ce sujet nécessite probable-

ment des investigations plus poussées). Mais,même ainsi, je ne crois pas que la nature et ledegré de l’érosion constatée sous ces premièresmaçonneries (-1400) soient compatibles avec ceque nous savons des agents d’érosion et du ré-gime climatique du plateau de Gizeh entre-2500 et -1400. Les structures dont on saitqu’elles ont été sculptées sous l’Ancien Empiredans des strates identiques à celles du Sphinx,ne présentent pas les mêmes traces d’érosion. Je persiste à croire que les traces d’érosion duSphinx remontent à un régime climatique anté-rieur plus humide. Aux rencontres de l’AAAS, j’ai résumé les indices qui montrent que leSphinx est antérieur à 2500 avant J.-C. (des co- pies d’une première version de cet article furentdistribuées à toute personne présente qui en ma-nifestait le désir). Dobecki résuma le travailsismique effectué autour du Sphinx (brièvementdécrit dans cet article ; cf. aussi Dobecki etSchoch, en préparation). Gauri s’éleva contrel’idée d’un Sphinx antérieur à -2500. Ses argu-ments en faveur de l’attribution du Sphinx àl’Ancien Empire valent la peine d’être résuméset commentés ici. C’est dans un manuscrit non publié, qu’il fit circuler pour accompagner sadiscussion au débat de l’AAAS, que Gauri ex-

 prime le mieux son point de vue. Afin de rendre justice à ses idées, je réponds donc aux opinionsémises dans ce manuscrit, et que je vais citer.

Les objections de Gauri.« Le Sphinx, nous dit Gauri, a subi une érosionconsidérable, y compris pendant les temps pha-raoniques. On peut le constater sur les profils préservés sous le placage de roche, certainementajouté à l’époque pharaonique pour empêcher lastatue de se dégrader davantage. » Ici, Gauriraisonne en rond : il affirme que le Sphinx a étéconstruit sous les pharaons et que le placage(réparation) a été mis en place à l’époque pha-

raonique. Donc l’érosion a dû être particulière-ment rapide à l’époque pharaonique ! Dans sonintervention, il a même suggéré que, puisque lestyle de maçonnerie était celui de l’Ancien Em- pire, le Sphinx avait pu s’éroder profondémenten une seule génération. Il est clair que Gauriest arrivé à ces conclusions en partant du prin-cipe que l’âge du Sphinx était connu (c’est-à-dire de l’époque pharaonique et plus précisé-ment celle de Chéphren, sous l’Ancien Empire).Or la question se doit d’être posée et donc leraisonnement de Gauri n’est pas valable, car ilreconnaît pour vrai un fait qui n’est pas établi.Poursuivant sur cette base, Gauri enchaîne :

« Le profil préservé est très semblable au profilstandard de l’affleurement rocheux, les stratessont nettement en creux et en saillies, selon leur

résistance, comme nous l’avons montré. Cepen-dant, il nous semble que le degré d’érosion cons-taté sur le profil préservé a pu être atteint trèsrapidement, peut-être en une seule génération. »Ici Gauri réitère simplement ses assertions circu-laires sans apporter de preuve. En fait, « le profil(d’érosion) préservé » devient, pour les besoinsde la cause, « le profil standard ».

Afin de soutenir son argumentation jusqu’au bout, Gauri poursuit : « Il n’est pas rare de voirdes profils d’érosion, semblables au profil stan-dard du soubassement du Sphinx, se développerdans un laps de temps relativement court, quelque soit le régime climatique, si des strates derésistances différentes alternent dans l’affleure-ment. Nous l’avons vu dans le creusement desroutes modernes au Caire aussi bien qu’à Louis-ville (Kentucky). Quand ce profil fait de partiesenfoncées et de parties saillantes est formé, ils’enfonce lentement et imperceptiblement dansla roche. C’est-à-dire que l’érosion est d’abordrapide, puis sa vitesse décroît d’une façon signi-ficative. Cette stabilisation du profil peut être lefait du développement d’une croûte sur la sur-face de la roche, comme c’est le cas en de nom- breux endroits sur le Sphinx ; il se peut aussi

que les parties enfoncées soient mieux protégées par les parties saillantes et donc moins vulnéra- bles. De nos jours, l’érosion du Sphinx est plu-tôt rapide à cause de son exposition en surface :entre 1890 et 1910, le sable qui le recouvrait aété retiré. Pendant qu’il était enseveli, ce qui a peut-être duré des siècles, ses roches ont dû êtremouillées jusqu’à une grande profondeur, àcause de l’eau provenant du sel gemme (NaC1),très répandu dans le sable du désert.

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cours des millénaires.

 Le Sphinx tel qu’en 1864... on imagine aisémentque le corps n’a jamais été exposé longtemps au

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Actuellement, on peut voir que le roc de soubas-sement est mouillé là où il est recouvert par lesamoncellements de sable. Une fois exposé, le roc

a séché et le sel en solution a formé des précipi-tés à la surface et dans les pores les plus proches.A l’heure actuelle, les sels accélèrent l’érosion ense dissolvant tôt le matin au contact de l’humidi-té condensée et en se recristallisant au lever dusoleil. Le problème est que, comme nous neconnaissons ni la vitesse de l’érosion dans le pas-sé, ni le temps que le Sphinx a passé sous le sa- ble, toute conclusion sur l’âge du Sphinx tiréedes conditions d’érosion est sujette à caution. »

Les extraits de la discussion de Gauri cités icisont trop vagues pour être pris au sérieux. On luiobjectera que le profil standard du Sphinx ne peut pas se développer « dans un laps de tempsrelativement court, quel que soit le régime clima-tique, si des strates de résistances différentes al-ternent dans l’affleurement. » Comme je l’ai déjàdit, le profil du Sphinx est différent de celui quel’on voit sur des roches identiques du plateau deGizeh. Pourtant, elles n’en sont séparées que parquelques centaines de mètres et ont été soumisesaux mêmes conditions climatiques depuis le mi-lieu du troisième millénaire. On n’a pas le droitd’écarter de telles données d’un simple revers demain, comme le fait Gauri dans ce passage. Aucours de son intervention aux rencontres de

l’AAAS, il prétendit que mon analyse des formesd’érosion sur le plateau de Gizeh avait été faiteen comparant non pas des strates « identiques »ou les « mêmes » strates, mais seulement desstrates « similaires ». Cette assertion est fausse.En utilisant la stratigraphie élaborée en partie parGauri lui-même, j’ai pris garde de ne comparerles formes d’érosion que sur des strates identi-ques. Contrairement aux suggestions ad hoc fai-tes par Gauri et Lehner aux rencontres, s’il peut yavoir dans quelques couches une hétérogénéitélatérale, il n’y a pas de variations lithologiqueslatérales systématiques susceptibles d’expliquerle mode et l’extension tous différents de l’érosion

qu’on ne voit que dans l’enclos du Sphinx. Pour prendre quelque peu en compte ces différences, ilsuffit de poser simplement l’hypothèse que leSphinx et les parois du fossé ont été taillés avantl’Ancien Empire et ont donc été soumis à desagents d’érosion différents. Allant à l’encontre deses propres restrictions quant à la nécessité de necomparer que des strates « identiques », dans sonintervention et dans son article d’accompagne-ment Gauri compare vaguement les calcaires duSphinx à ceux du secteur du Caire (qui peuventn’avoir aucun rapport), et à ceux de Louisvilledans le Kentucky (ce qui est tout à fait hors de propos).

Presque tout ce que dit Gauri dans la citation ci-dessus, centrée sur l’érosion moderne duSphinx, est sans rapport avec la question.

L’érosion qui se produit actuellement sur leSphinx n’a pratiquement aucune relation avecles anciens profils visibles sous les premièresréparations (-1400 d’après Lehner), et les tracesde l’érosion actuelle n’ont rien à voir avec ladate à laquelle on l’a sculpté. Pour terminer, onlui répondra que, même si nous ne connaissons pas avec certitude la vitesse de l’érosion dans le passé, nous pouvons tirer quelques conclusionsquant à l’âge du Sphinx en comparant à la foisla nature et l’étendue de son érosion à celles desstructures dont l’âge est connu. Ces structures,sculptées dans le même calcaire, se trouvent à proximité immédiate et ont subi les mêmesconditions climatiques et environnementales pendant les quatre derniers millénaires et demi(ce qui inclut alternativement l’ensevelissementdans le sable et l’exposition aux éléments).

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 fronts de diffusion coupés transversalement.

 L’auteur devant le mur d’enceinte de l’enclos duSphinx où les roches, soumises à l’érosion plu-viale, présentent à la fois des fissures verticales saillantes, des traces de désagrégation et des

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Pendant la conférence de presse qui suivit lesrencontres, Gauri reconnut même qu’une telledatation relative du Sphinx en fonction des

structures dûment datées de l’Ancien Empireétait possible en utilisant la vitesse de l’érosion,tout en émettant des réserves quant à la relativeimprécision d’un tel procédé. Mais pour ma part, je n’ai jamais revendiqué une précisionexagérée dans mes estimations de l’âge duSphinx...

Plus loin, Gauri déclare encore : « Dans lecontexte d’une érosion à l’air libre, le docteurSchoch prétend également que les profils verti-caux ondulés du Sphinx sont la conséquencedes précipitations, car ils se seraient formés pendant que le Sahara jouissait d’un climat hu-mide, il y a plus de 8000 ans. Il est surprenantque le climat aride des 8000 ans qui ont suivin’aient pas laissé d’empreintes sur ces profils. »En fait, on observe une petite érosion éolienneconsécutive au climat aride, et elle se superposeaux traces d’érosion pluviale plus anciennes.Plus précisément, et se référant à ce que ditGauri dans son propre article, d’anciens profils peuvent se stabiliser et se conserver dans desconditions naturelles (surtout avec le dévelop- pement des croûtes concrétionnées). Ceci, plusle fait que le Sphinx ait été enseveli et protégé par une couverture de sable, suffit à expliquer

la préservation du profil vertical ondulé présa-harien, dû à l’érosion, dans l’enclos et sur lecorps du Sphinx.

Pour terminer, Gauri critique nos travaux sismi-ques : « Le principe de base de la réfractionsismique veut que quand une vibration se pro- page dans la terre, elle change de vitesse selonla densité et la résistance du milieu qu’elle tra-verse. Nous notons, d’après la brève descriptiondont nous disposons (cf. Schoch, 1992b ; Do- becki), que le docteur Schoch a trouvé que lesstrates à cavités, c’est-à-dire les strates de bassedensité, sont plus épaisses sous le Sphinx. Les

strates du Sphinx s’inclinent vers le sud-estselon une pente de 5 % environ. Ainsi, une sur-face de réfraction proche du sol à l’arrière duSphinx sera près de 3m50 plus basse à l’avant.Comme le sol du fossé est à peu près horizon-tal, au-dessus de cette surface, pour une rochedonnée, le volume sera plus grand devant leSphinx que derrière. Même devant, la profon-deur de cet horizon sera plus importante au sudqu’au nord. Dans le calcaire, les cavités sous lasurface se forment sous la nappe aquifère. Ac-tuellement, cette nappe est à peu près horizon-tale à proximité du Sphinx, à moins de deuxmètres au-dessous de la surface du fossé. De la

sorte, les différences dans la dissolution du cal-caire sous la surface en divers points sont àmettre en rapport avec la différence de solubili-

té de la roche et les variations de niveau de lanappe aquifère au cours des âges, et non dutemps écoulé depuis que le Sphinx fut taillé. »

Cette citation montre que Gauri n’a pas comprisla nature de nos travaux sismiques, et qu’encoreune fois son raisonnement est circulaire. Lesstrates de faible densité ne sont pas nécessaire-ment les « strates à cavités » et elles ne sont pasnotablement plus épaisses sous le Sphinx. Lesstrates s’inclinent vers le sud-est, mais le profilde réfraction marquant l’interface entre le cal-caire érodé et le calcaire sain ne suit absolu-ment pas les couches de roche. Gauri prétendque nos courbes de réfraction suivent simple-ment les plans des couches de roche d’une fai- ble densité ; en réalité, la différence de hauteurde l’interface haute densité/basse densité entrel’arrière et l’avant du Sphinx est de moins detrois mètres (de lm à 2m50). De la même façon,la profondeur de cette ligne horizontale n’est pas sensiblement plus importante du côté sudque du côté nord, ce qui est encore une foiscontraire à l’hypothèse ad hoc invoquée parGauri pour écarter nos données. Les courbes deréfraction est-ouest relevées au nord et au suddu Sphinx montrent toutes deux une interface

haute densité/basse densité (roche érodée/rochesaine) à une profondeur uniforme d’environ 2mà 2m50, alors que les courbes de réfraction sud-nord relevées à l’arrière du Sphinx montrentque l’interface se trouve à une profondeur uni-forme de lm à 1m50, l’érosion légèrement plus profonde étant prédominante au nord. Notretravail sismique indique clairement qu’en dépitdes objections de Gauri et de Lehner,« l’érosion dans l’enclos n’est pas uniforme, cequi suggère différentes périodes d’expositionaérienne pour différentes portions de l’excava-tion » (Dobecki, résumé publié de l’AAAS).

Les quatre courbes de réfraction sur les quatrecôtés du Sphinx ont été relevées à la surface duRoseteau de la formation Mokattam. Dans ce sec-teur, le Roseteau est un banc de calcaire massifrelativement uniforme (cf. Gauri, 1984). Par en-droits, la roche à l’intérieur de l’enclos qui estmoins profondément érodée est légèrement plusfragile que le roc beaucoup plus profondémentérodé (comme le montrent les vitesses sismiqueslégèrement plus lentes) ; en fait, ce serait l’inversesi l’excavation avait été effectuée en une seulefois. Gauri ne peut affirmer que « les différencesdans la dissolution du calcaire sous la surface endivers points sont à mettre en rapport avec la dif-

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férence de solubilité de la roche et les variationsde niveau de la nappe aquifère au cours des âges,et non du temps écoulé depuis que le Sphinx fut

taillé » qu’en prétendant à la fois que la roche estextrêmement hétérogène sous le sol de l’enclos, etque tout le sol de l’enclos a été excavé en uneseule fois. D’après les observations faites directe-ment sur le terrain, et en tenant compte des vites-ses sismiques, nous pouvons dire que le premier postulat s’avère être tout simplement inexact ; àtout le moins, l’hétérogénéité inhérente à la rochen’est pas simplement liée aux différences dans les profondeurs d’érosion. Le deuxième postulat est précisément l’hypothèse à vérifier et une simpleaffirmation ne suffit pas à la confirmer. Ainsi lesassertions de Gauri contre l’idée que l’enclos duSphinx ait été soumis à différentes périodes d’ex- position aérienne (c’est-à-dire qu’il n’a pas étéexcavé en une seule fois) ne lui servent-elles qu’àraisonner en rond... En conclusion, il est facile deréfuter les arguments que Gauri a présentés auxrencontres de février 1992 de l’AAAS contre unSphinx antérieur à -2500. L’approche que mesadversaires avaient choisie consistait simplementà poser une série d’hypothèses arbitraires pourécarter aisément un ensemble d’indices qui, tous,aboutissaient à la même conclusion. Non seule-ment une telle tactique n’est pas convaincante,mais en plus elle est défectueuse du point de vuede la logique. Si bien que, dans l’état actuel de

mes connaissances, je reste convaincu que leSphinx est considérablement antérieur au règne deChéphren vers 2500 avant J.-C.

La suite... dans la presse.Après le « débat » de l’AAAS, il y eut uneconférence de presse générale, puis une discus-sion privée entre des participants au débat et desreprésentants de la presse. Apparemment, MarkLehner affirma en privé que j’établissais unenouvelle datation du Sphinx sur un seul indice.Le New York Times (9 février 1992, p. 16) lecite : « Il n’est pas possible de rejeter l’histoirede l’Egypte sur un seul critère comme le profil

d’érosion. Cette façon de faire relève d’une pseudo-science, non de la science. » Comme jel’ai expliqué dans mes 46 pages (qui ont large-ment circulé lors des rencontres de l’AAAS oùLehner fit ces commentaires), il existe un en-semble d’indices complémentaires allant tousdans le même sens. Mon travail porte sur l’ana-lyse de la profondeur et de la nature des agentsd’érosion, sur les travaux sismiques, sur les ana-lyses d’architecture, sur les études des anciennesréparations et restaurations, etc. Lorsqu’il pré-tend que mon travail ne reflète rien d’autre quede la pseudo-science, c’est une insulte gratuite.C’est exactement le type d’attitude que l’AAAS

réprouve dans les principes qu’elle édicte sur ceque doit être la conduite des participants à sesrencontres (cf. O’Connell ed., 1992, p. ii). Je

remarque qu’il ne me l’a pas dit en face, maisqu’il a attendu mon départ pour le confier à des journalistes. Le docteur Lehner n’est pas en si-tuation de juger ce qui relève de la science ou dela pseudo-science. Son domaine est l’égyptolo-gie, c’est-à-dire l’histoire, pas la science. J’ai présenté mes données et mes interprétations àdes centaines de géologues lors de la rencontreannuelle de 1991 de la Geological Society ofAmerica. Personne ne m’y a accusé de pratiquerune pseudo-science.

Dans le même article du New York Times, Leh-ner est cité une nouvelle fois : « Si le Sphinx aété construit par une culture plus ancienne, oùsont les traces de cette civilisation ? Où sont lestessons de poterie ? A cette époque, on vivait dechasse et de cueillette, on n’édifiait pas de vil-les. » En fait, cette affirmation que les hommesdes septième et sixième millénaires avant J.-C.,temps où la construction du Sphinx pourraitavoir commencé, n’édifiaient pas de villes, estfausse. Comme je l’ai écrit dans mon article del’AAAS, l’ancienne Jéricho, qui date d’avant-8000, comprenait des murs de pierre massifs etd’autres structures. Pour ce qui est des tessonsde poterie que Lehner croit devoir trouver au-

tour d’un ancien Sphinx, les plus anciens ni-veaux de Jéricho appartiennent à une culture précéramique et donc manquent de tessons.

Pour terminer, on doit noter qu’apparemment,c’est par pure frustration que Gauri et Lehnertentent de rejeter mes informations comme non justifiées. Dans Science (14 février 1992, p.793), Gauri affirme : « Ni les indices de sous lasurface, ni les traces d’érosion n’apportent au-cune indication quant à l’âge du Sphinx. Celan’a tout simplement aucun rapport. » Si c’estsans rapport, c’est parce qu’eux « connaissent »déjà l’époque de la construction du Sphinx et

que leur postulat est infaillible. J’ai proposé decompléter les tests en mesurant la concentrationd’isotopes produits in situ sur la surface de laroche par le bombardement des rayons cosmi-ques ; nous aurions ainsi tenté de savoir depuiscombien de temps cette surface est exposée auxéléments, ce qui aurait peut-être permis de daterla sculpture initiale du Sphinx. Ce faisant, je prenais le risque de voir infirmée mon hypo-thèse d’un Sphinx antérieur à -2500. Lehner etGauri, eux, ne voulurent rien entendre. On amême rapporté, dans le même article deScience, que le Sphinx « ne peut pas être datéavec des techniques isotopiques capables de

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et qui a pour sujet les lectures d’Edgar Caycedécrivant une ancienne civilisation qui auraitexisté en Egypte et qui ne serait autre que celle

des survivants de l’Atlantide. D’après EdgarCayce dans la relation de Lehner, le Sphinx etles pyramides auraient été construits vers10.500 avant J.-C., et sous le Sphinx ou auprèsde lui serait enterrée la Salle des Archives del’Atlantide. Il est intéressant de savoir que Leh-ner n’est pas seul à avoir des liens avec l’A R  E.Les travaux du docteur Zahi Hawass, directeurgénéral des pyramides de Gizeh et Saqqarah ontaussi été en partie financés et patronnés par desmembres de l’A R  E (Smith, 1988, pp. 249-50).Pour ma part, je ne suis pas un passionné delectures psychiques ou d’histoire de l’Atlantide,mais l’association passée de Lehner avec

l’A R  E, comme celle d’Hawass, ne me gêne pasaussi longtemps qu’elle n’empiète pas malen-contreusement sur leur enseignement. En fait,

l’A  R   E  finance et publie de très sérieuses re-cherches sur l’Egypte ancienne (cf. liste desrecherches financées par l’A  R  E sur le plateaude Gizeh dans Cayce),malgré le fait qu’ellesvont généralement à l’encontre des lecturesd’Edgar Cayce. La fondation Cayce m’a inter-viewé, ainsi que Lehner, pour publication clansson magazine, à propos de nos travaux respec-tifs sur le plateau de Gizeh (Lehner, 1985 ;Schoch, 1992a). A mon avis, une partie du tra-vail de Lehner est tout à fait digne d’éloges,tandis que le reste laisse beaucoup à désirer(comme, par exemple, sa reconstitution duvisage du Sphinx à l’aide d’un ordinateur).

50 

ET MAINTENANT, QUE FAIRE ?

Le projet avance, le sujet se dévoile peu à peu.Cela nécessite des recherches supplémentairessur le terrain et davantage de travail en biblio-thèque. C’est aussi un sujet interdisciplinaireimpliquant la géologie et la géophysique,l’archéologie et l’égyptologie, ainsi que desétudes historiques, culturelles et autres. Unetelle collaboration peut être intéressante et pro-

ductive, mais elle peut aussi être frustrante.C’est ce qui arrive quand des chercheurs del’une des disciplines (ici, l’égyptologie) trou-vent que des chercheurs d’une autre discipline(ici, la géologie et la géophysique) empiètentsur leur territoire. La nature humaine est ainsifaite que, souvent, un expert dans un domainen’apprécie pas qu’un outsider , un chercheurexpert dans un autre domaine, vienne lui direqu’il faut peut-être revoir ses postulats de base.

Malheureusement, pour l’instant je ne puis tra-vailler sur la datation du Sphinx que de façonintermittente : j’ai, à l’université de Boston, un

 poste d’enseignant à plein temps durant l’annéeacadémique et différents engagements quim’occupent le reste du temps. Mais regardonsl’avenir. Ce qu’il faut faire rapidement, à monavis, ce sont d’autres études sismiques dansl’enclos du Sphinx en particulier et sur le pla-teau de Gizeh en général. J’aimerais aussi obte-nir l’autorisation d’échantillonner les calcairesdu plateau. Cela me permettrait peut-être dedéterminer avec plus de précision la natureexacte ainsi que le type d’érosion observée surle Sphinx et sur les autres structures du plateau.Il serait même possible d’évaluer le temps d’ex- position de la surface de la roche, ce qui per-

mettrait de dater la sculpture initiale du Sphinx,en mesurant la concentration d’isotopes pro-duits in situ à la surface de la roche par le bom- bardement des rayons cosmiques (cf. Biermanet Gillespie, Graf et coll., Kurz, et les référen-ces fournies dans ces ouvrages). De même, ilserait extrêmement utile d’obtenir l’autorisationde prélever quelques morceaux du noyau des

roches, spécialement sur le plateau adjacent aufossé, pour examiner les différents produits del’érosion et les changements minéralogiquesintervenus en profondeur. Je suis aussi intéressé par l’obtention de quelques dates isotopiques pour les premiers mortiers utilisés au cours des premières campagnes de réparation du Sphinx.

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En disant que le Sphinx pourrait être antérieur àla date que la tradition lui attribue, il sembleque j’aie déclenché une controverse dans la

communauté égypto-archéologique. Tel n’était pas mon désir. Je voulais seulement défendrel’hypothèse qui, à mon avis, prend en comptetous les indices trouvés. Je ne veux pas êtredogmatique — je ne prétends pas détenir laVérité —, je veux simplement présenter unehypothèse de travail applicable à l’âge duSphinx. Je souhaite voir la fausseté de mon hy- pothèse prouvée par un ensemble d’indices plusimportant que celui qui la corrobore. Cela nes’est, à mon avis, pas encore produit. Je ne vais pas abandonner mon hypothèse uniquement parce que quelques égyptologues ou archéolo-gues la trouvent dérangeante. Je reste convain-cu que l’histoire habituelle racontée par denombreux égyptologues sur l’âge du Sphinx —c’est-à-dire sa construction par les Egyptiens del’Ancien Empire, sous le règne de Chéphren —ne tient pas devant un examen approfondi. Je pense qu’il faut peut-être que la communautéégyptologique remette toute cette histoire enquestion.

ROBERT M. SCHOCH(©College of Basic Studies,

Boston University).(Traduit de l’américain par Danielle Fitzenz).

51 

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Source des illustrations : © K ADATH-J. Gossart, p. 3-43 — Archives d’Art et d’Histoire à Paris, p. 4 —© K ADATH-J. Gossart et © Institut Ramsès - Description photographique de l’Egypte, p. 5 — © Anne etHenri Stierlin, p. 6-12 (G) — © Michel Audrain, p. 7 — Institut d’Orient (G) et Hulton Picture (D), p. 8 —© K ADATH-J. Gossart (photos) et © Mark Lehner (dessins), p. 9-10 — d’après H. Ricke, p. 11 — K ADATH-P. Ferryn, p. 12 (bas) — © Robert M. Schoch, p. 12 (D)-17-18 (bas)-20-23-46-50 — © Kodanska Ltd àTokyo, p. 13 — © Aerial Survey of Egypt et © K ADATH-J. Gossart, p. 15 — © Albert Raccah, p. 18 (haut) —Fuzani, p. 25 — Marburg, p. 26 — © Thomas L. Dobecki, p. 27-28 — © K ADATH-I. Verheyden, p. 29 —Cosmos, p. 31 — Photoglob (G) et © Mark Lehner (D), p. 32 — © Marco Carpi Ceci (G), Jean-FrançoisGout (D) et Frank Domingo (bas), p. 34 — David Rubinger, p. 36 — Roger-Viollet, p. 37 — © Eliot Eliso-fon, p. 39 — © Edwin C. Krupp, p. 40.

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Cela faisait un moment que je songeais à faire paraître lecompte rendu de cet ouvrage sur la pyramide de Chéphren — il date quand même du début de 1992 — mais, ayant en préparation le présent numéro consacré au Sphinx, il m’a semblé que le secret de la deuxième pyramide de Gizeh etl’énigme du Grand Sphinx devaient être traités dans lemême numéro. Le livre n’est pas très gros : 142 pages,bibliographie comprise et, ce qui n’est pas si courant, il estécrit dans un style clair, dynamique et pour tout direagréable. Un cahier central de 32 pages regroupe les diffé-rents plans et schémas. L’auteur est présenté comme

« journaliste, spécialisé dans le grand reportage », versédans la « construction d’enquêtes exhaustives sur des points obscurs de l’Histoire ». Dans son introduction, Jean-François Sers précise sa méthode de travail : l’en-quête menée selon les principes archéologiques et poli-ciers. Une enquête rondement menée puisqu’elle permet àl’auteur de démontrer que, dans leur souci de rendre la sépulture de leur roi inviolable, les architectes de Chéopsont commis des erreurs qui ont été autant de « signes de piste » pour les pilleurs. Ces erreurs, les architectes deChéphren vont en tenir compte, préférant aux solides mais peu efficaces bouchons de granit, une méthode plus sophis-tiquée pour assurer le repos éternel de leur pharaon. A vrai dire, le livre ne traite pas que de la pyramide deChéphren (c’est peut-être la raison pour laquelle la photode couverture représente Chéops face au soleil levant). Dans une première partie en effet, l’auteur passe en revueles grandes pyramides qui ont précédé celles du plateau deGizeh : Meïdoum, la rhomboïdale et Dahchour-Nord. Auterme de son analyse, l’auteur conclut d’abord que l’amé-nagement intérieur des monuments répond aux croyancesreligieuses de l’époque, et ensuite que les architectes ap- prennent au fur et à mesure des constructions, et profitentdes expériences (heureuses ou malheureuses) de leurs prédécesseurs. Vient ensuite le cas de Chéops. Nous n’in- sisterons par sur certaines simplifications excessives del’auteur, notamment à propos du transport et de la mise en place des pierres : « ... la question que posait la mise en place des blocs (...) a fait l’objet d’une réponse définitive. Jean-Philippe Lauer a établi que la seule technique possi-ble (...) est celle de la rampe d’accès s’élevant en même

temps que la pyramide », écrit-il. Nous dirons par contreun mot de la façon dont Jean-François Sers traite le pro-blème des chambres de décharge de la chambre du Roi.

Selon sa conception, la fonction de ces chambres est dou-ble : 1) en surélevant la voûte en chevrons, elles diminuentle poids qui pèse sur cette voûte puisque la hauteur deblocs au-dessus est diminuée d’autant ; 2) les linteauxhorizontaux servent de contreforts aux murs, les empê-chant de « prendre du ventre » sous l’action des pousséeslatérales. D’après les propres calculs de l’auteur, cetteastuce architecturale (qui a dû coûter pas mal d’efforts auxbâtisseurs, soit dit en passant) a ramené le poids supporté par la voûte, de 11.360 tonnes à 9.300 tonnes. C’est bien peu comme bénéfice, et cela rend l’hypothèse assez fragile,me semble-t-il. Le schéma de construction proposé par l’auteur estingénieux : il suppose que la partie basse du couloirascendant et la partie haute du puits d’échappement

ont été creusées après la construction du monument, par une équipe de prêtres-ouvriers sélectionnés.(Pour une description de la pyramide de Chéops,voir K  ADATH  n ° 70, p. 4.) Ainsi, une fois l’accès aucouloir ascendant fermé et soigneusement dissimulé,il devenait impossible de retrouver le chemin de lachambre du Roi si l’on ne connaissait pas l’endroitexact du début du couloir ascendant. Malheureuse-ment, les bouchons de granit qui obstruent le couloirascendant ont constitué une charge trop lourde pourla pierre de parement qui ferme l’entrée de ce cou-loir. Résultat : elle sera partiellement descellée et il faudra procéder à une réparation de fortune. C’estce défaut qui permettra à Al Mamoun de trouver lechemin de la chambre du Roi. Pour ingénieuse

qu’elle soit, l’hypothèse de Jean-François Sers pré- sente elle aussi des faiblesses. Ainsi peut-on s’éton-ner de ce que les architectes de Chéops aient pristant de précautions pour interdire l’accès au couloirascendant, alors qu’ils laissaient subsister un pas- sage direct qui contournait les bouchons de granit, soit le puits d’échappement. Il y a là, me semble-t-il,une incohérence inadmissible dans le schéma deconstruction proposé. Bref, et pour en revenir au propos de l’auteur, lesarchitectes de Chéops ont commis une erreur. Ceuxde Chéphren en tireront la leçon. A première vue, la pyramide de Chéphren présente une série d’anoma-lies techniques : deux entrées et deux couloirs qui serejoignent, un système de défense dérisoire, des pen-tes inhabituelles pour plusieurs couloirs, l’inadapta-tion de la voûte de la chambre sépulcrale par rap- port au poids qu’elle supporte normalement. A par-tir de ces observations, J.-F. Sers va reconstituer le schéma de construction de Chéphren. En voici lescaractéristiques principales : 1) intégration, dans la pyramide, d’une tombe préexistante (l’actuellechambre basse et son couloir d’accès) ; 2) mise en place de tout l’appareillage interne connu, dont lachambre sépulcrale qui n’est qu’un leurre ; cons-truction d’un couloir secret menant à la véritablechambre de Chéphren ; 3) mise en place du systèmede fermeture du couloir secret, soit une dalle dans le plafond du couloir horizontal supérieur qui seramanoeuvrée par un piston à sable au moment de la fermeture du tombeau.

54 

POST-

SCRIPTUM

LE SECRET DE LA PYRAMIDE DEKHÉPHREN(Editions du Rocher, Monaco 1992).Jean-François SERSK ADATH n° 70 : « Le grand retour de Chéops ». Dorothée KOECHLIN DE BIZEMONT,

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 Il existerait donc, dans la pyramide de Chéphren,une chambre secrète, et Chéphren y dormirait tou- jours de son sommeil éternel, entouré de richesses

que l’on peut imaginer fabuleuses. L’hypothèse de Jean-François Sers est ingénieuse et rejoint les tra-vaux de ceux qui cherchent une telle chambre ca-chée dans la pyramide voisine, celle de Chéops. Serset quelques autres partent de l’idée que l’on ne peutexpliquer de manière satisfaisante les grandes pyra-mides de Gizeh qu’en supposant l’existence d’unechambre secrète, refuge de la momie du pharaon...et de ses trésors.

Jacques GossartCote : 2K

(= bon, à condition d’en lire d’autres)

HISTORIA n° 17(B.P. 65, 45390 Puiseaux).

Ce numéro spécial d’Historia (mai juin 1992),consacré à « l’Egypte - Les oasis et le Haut Nil », etrédigé par d’éminents égyptologues français et ita-liens, se démarque très nettement des numéros spé-ciaux que consacra au sujet Sciences et Avenir etdont j’ai rendu compte dans le n ° 73 de K  ADATH . L’aire géographique est plus restreinte, comme le précise d’ailleurs le titre ; cela n’empêche pas audemeurant la diversité des domaines traités, avec des

incursions dans quelques-uns assez inattendus : Aïdaou le message d’amour de Mariette à l’Egypte, lemusée égyptien de Turin, les temples égyptiens de Nubie, plus particulièrement ceux offerts parl’Egypte à quelques pays dont l’aide fut précieuselors de la fameuse campagne de sauvetage organisée par l’Unesco en 1960, etc. Les articles sont très ac-cessibles, sans gargarismes culturels inutiles ou pon-tifiants : sobriété avant tout. Souvent, ils sont accom- pagnés d’encarts explicatifs, qui précisent des no-tions non familières pour des lecteurs au premiercontact avec l’égyptologie. J’ai toutefois noté àmaintes reprises une discordance entre l’orthogra- phe de certains noms de lieux sur la carte d’ensem-ble, page 22, et celui de ces mêmes noms écrits dansle texte : Dakla sur la carte devient Dakleh dansl’article (p. 24) ; Haroun sur la carte, Qaroun dansl’article (p. 32) ; El Kurru sur la carte, el-Kourroudans l’article (p. 42) ; Tangasi sur la carte, Tanqasidans l’article (p. 43) ; Toskka sur la carte, Toskehdans l’article (p. 123). Mais ce ne sont là quebroutilles... Par contre, il me semble qu’il existe une dissonancecertaine dans la localisation du Pays de Pount, ce qui s’avère quelque peu fâcheux. Jugez-en. Page 27, il estécrit : « Le Pays de Pount couvre une vaste contréeau nord du massif montagneux éthiopien, des rives dela mer Rouge à la vallée de l’Atbara. » (Vous locali- serez facilement cette rivière à l’aide d’un excellentatlas.) Page 69 par contre, dans la légende de l’illus-tration inférieure, on écrit : « ... mystérieux et légen-

daire Pays de Pount qui s’étendait au-delà de la mer Rouge. » Et page 80, enfin : « On a localisé ce pays sur une vaste étendue comprise entre la mer Rouge et

la vallée du Nil. » Cette imprécision souligne à l’évi-dence la difficulté, voire l’impuissance actuelle, àcerner avec exactitude ce Pays de Pount (cf. monarticle « Une autre version du Pays de Pount », K  ADATH  n ° 55). Je demeure persuadé que cette aire géographique, très floue convenons-en, attribuée à Pount n’est point la bonne. Plusieurs indices essai-més dans les divers articles me confortent dans cetteidée (pp. 72, 88, 123, 128,...). Déjà du temps de Ché- phren, les Egyptiens étaient installés à hauteur de ladeuxième cataracte, presque à un jet de pierre de Pount, selon la localisation communément admise.Ce n’est donc pas quelques générations de pharaons plus tard que Pount est découvert, comme le laissent sous-entendre ces articles.

Quelques points intéressants, étonnants aussi pourcertains d’entre eux, sont évoqués. Ainsi « l’Egypte fait l’expérience du néolithique un millénaire et demiavant le Proche-Orient » (p. 26) ; à la page 33, à larubrique ‘obélisque’, on peut lire que « l’extractiondes obélisques, leur transport et leur érection posentdes problèmes techniques énormes » ; à cette même page, rubrique ‘pyramides’ : « toutes sans exceptionétaient des tombeaux de rois. » Ces seuls points mé-ritent des articles discutés ! Tout aussi étonnantsdans ce numéro, des éléments de bibliographieépars. Je cite, p. 35 : « La Grande Pyramide etl’Atlantide », de D. Koechlin de Bizemont et William Fix, Editions du Rocher (voir à ce propos le post- scriptum dans K  ADATH  n ° 77) ; page 103, le célèbre« Roman de la momie » de Théophile Gautier ! Parcontre, silence pieux sur « La Bible de Pierre » de F.-X. Héry et T. Enel (voir K  ADATH  n° 76). Un cer-tain éclectisme donc ? Sûrement, mais sans douteeût-il fallu l’étoffer. Après Pount, je suis sensibilisé à la question desGaramantes, cités page 124 (cf. mon article dans K  ADATH  n ° 73). L’auteur les situe dans la zone com- prise entre l’ouest de la région circumvoisine de Bouhen et l’oasis de Sélima. A condition de ne pas yvoir la seule répartition géographique, on étend ainside superbe manière la sphère d’influence garamanti-que, d’autant que la récente découverte de la cité de Bérénice Pancrisia, la « Toute d’Or », confirme l’in-térêt porté par les Garamantes aux émeraudes. Notre position kadathienne est ainsi confortée. Un articleest consacré à cette cité exhumée des sables après un sommeil de plusieurs siècles prouvant, si besoinétait, que les récits ou les écrits que d’aucuns s’éver-tuent toujours à considérer sans aucun fondement, pour ne point dire comme des balivernes, contiennentune vérité. Le tout est de la chercher.Ce numéro est peu scientifique certes, mais il n’est pas dénué d’intérêt(s). Il a en outre le grand méritede créer une espèce de synthèse sur l’archéologie du Haut Nil, dont les pharaons noirs ne sont pas ou-bliés. Une iconographie riche, curieuse, avec desrelevés de sites plutôt attendus dans des ouvrages spécialisés. Un numéro rafraîchissant.

Jacques Bury

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