Kazantsev Alexandre - Le Messager du Cosmos

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Kazantsev AlexandreLe messager du CosmosLe martienTraduit du russe par Louis Gaurin et Victor Joukov_____________Alexandre Kazantsev (1906 - 2002)Auteur de romans d'aventures et d'anticipation scientifique, dont :l'Ile en flammes, la Jetée Séverny, le Pont arctique.Les récits le Messager du Cosmos et le Martien faisant partie du présent recueil, occupent une place à part dans l’œuvre de Kazantsev.L'hypothèse avancée par Kazantsev dès 1940 comme quoi le météorite des Tongouses serait un vaisseau cosmique martien, avait suscité à l'époque de nombreuses discussions qui ne sont pas encore apaisées.Frappé par les images qu'il a vu des explosions d'Hiroshima et de Nagazaki, il en vient a penser que la chose qui est tombé en pleine toundra de l'extrême-orient sibérien pourrait bien en fait être une explosion atomique ayant eu lieu plus haut dans l'atmosphère. Et comme à l'époque il n'existait pas de bombe atomique sur terre, l'engin était nécessairement d'origine extraterrestre.Il écrira sur ce sujet deux nouvelles qui se font suite, qui seront publiées en français dans l'anthologie Le Messager du cosmos, due aux Editions en Langues étrangères de Moscou._____________LE MESSAGER DU COSMOSTraduit du russe par Louis Gaurin et Victor Joukov— Ce soir, on arrangera une entrevue avec les savants, me dit un jour Boris Efimovitch.Je savais que le géographe Vassiliev, chef de l’expédition se rendant à un archipel lointain, s’était embarqué avec le paléontologue Nizovski sur notre bateau.De plus, nous avions au bord... un astronome.Il avait fait son apparition sur le Sédov quand celui-ci mouillait à Oustie passant des chaloupes à un malencontreux capitaine qui avait perdu une partie de son matériel dans une tempête.J’étais alors sorti sur le pont pour regarder, au moins de loin, le continent. Il y avait plusieurs mois que je ne l’avais pas vu. A l’horizon, un mince trait perdu dans la brume...Mais c’était tout de même une petite bordure de la Grande Terre !Une vedette était apparue aussi orange que l’aurore naissante. Elle venait de la côte.— De nouveaux passagers, m’avait dit le second qui surveillait le déchargement des chaloupes, trois hommes : une expédition astronomique.— Une expédition astronomique ? Ici, dans le Nord ? Pourquoi ?Le second n’avait pu me donner aucune explication.La vedette avait abordé, et par l’échelle qu’on leur avait jetée, trois personnes étaient montées sur le bord.Le premier était un homme de petite taille, fortement charpenté, mais maigre, portant des lunettes à monture d’écaille. Son visage aux pommettes saillantes était fort hâlé, et des arcades sourcilières proéminentes lui donnaient une expression un peu étrange. J’avais remarqué la fente légèrement oblique de ses yeux extraordinairement allongés.S’étant incliné très poliment de loin, il s’était approché de moi et s’était présenté :— Krymov Evgueni. Astronome. Une expédition de hautes latitudes. Et voici Natacha... C’est-à-dire Natalia Glagoléva, botaniste.La jeune fille, vêtue d’une veste doublée d’ouate et de pantalon du même genre, m’avait serré mollement la main. Son visage aux yeux cernés de bleu semblait éreinté. Le second de quart, Nétaïev, l’avait immédiatement conduite dans la cabine qui lui avait été préparée.Le troisième passager était un jeune homme, presque un enfant. D’un air très important il faisait monter les bagages.

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  • Alexandre Kazantsev13i42

    Le messager du CosmosLe martien

    Rcit d'anticipation sovitiqueLe mtorite de Toungouska serait un vaisseau cosmique martien ?

    Illustration de William K. Hartmann

    T h e S avo i s i e n

  • Alexandre Kazantsev (1906 - 2002)

    Auteur de romans d'aventures et d'anticipation scientifique, dont :l'Ile en flammes, la Jete Sverny, le Pont arctique.Les rcits le Messager du Cosmos et le Martien faisant partie du pr-

    sent recueil, occupent une place part dans luvre de Kazantsev.

    L'hypothse avance par Kazantsev ds 1940 comme quoi le m-torite des Tongouses serait un vaisseau cosmique martien, avait suscit l'poque de nombreuses discussions qui ne sont pas encore apaises.

    Frapp par les images qu'il a vu des explosions d'Hiroshima et de Nagazaki, il en vient a penser que la chose qui est tomb en pleine toundra de l'extrme-orient sibrien pourrait bien en fait tre une ex-plosion atomique ayant eu lieu plus haut dans l'atmosphre. Et comme l'poque il n'existait pas de bombe atomique sur terre, l'engin tait n-cessairement d'origine extraterrestre.

    Il crira sur ce sujet deux nouvelles qui se font suite, qui seront publies en franais dans l'anthologie Le Messager du cosmos, due aux Editions en Langues trangres de Moscou.

  • Alexandre Kazantsev

    Le messager du Cosmos *Le martien

    * Les donnes scientifiques et les hypothses cites par lastronome furent lobjet de discussion la Socit astronomique le 20 fvrier 1948 Moscou. Dans la presse, la polmique se poursuit jusqu prsent.

  • 5LE MESSAGER DU COSMOSTraduit du russe par Louis Gaurin et Victor Joukov

    Ce soir, on arrangera une entrevue avec les savants, me dit un jour Boris Efimovitch.

    Je savais que le gographe Vassiliev, chef de lexpdition se rendant un archipel lointain, stait embarqu avec le palontologue Nizovski sur notre bateau.

    De plus, nous avions au bord... un astronome.Il avait fait son apparition sur le Sdov quand celui-ci mouillait

    Oustie passant des chaloupes un malencontreux capitaine qui avait perdu une partie de son matriel dans une tempte.

    Jtais alors sorti sur le pont pour regarder, au moins de loin, le conti-nent. Il y avait plusieurs mois que je ne lavais pas vu. A lhorizon, un mince trait perdu dans la brume...

    Mais ctait tout de mme une petite bordure de la Grande Terre !Une vedette tait apparue aussi orange que laurore naissante. Elle ve-

    nait de la cte. De nouveaux passagers, mavait dit le second qui surveillait le d-

    chargement des chaloupes, trois hommes : une expdition astronomique. Une expdition astronomique ? Ici, dans le Nord ? Pourquoi ?Le second navait pu me donner aucune explication.La vedette avait abord, et par lchelle quon leur avait jete, trois per-

    sonnes taient montes sur le bord.

  • 6Le premier tait un homme de petite taille, fortement charpent, mais maigre, portant des lunettes monture dcaille. Son visage aux pom-mettes saillantes tait fort hl, et des arcades sourcilires prominentes lui donnaient une expression un peu trange. Javais remarqu la fente lgrement oblique de ses yeux extraordinairement allongs.

    Stant inclin trs poliment de loin, il stait approch de moi et stait prsent :

    Krymov Evgueni. Astronome. Une expdition de hautes latitudes. Et voici Natacha... Cest--dire Natalia Glagolva, botaniste.

    La jeune fille, vtue dune veste double douate et de pantalon du mme genre, mavait serr mollement la main. Son visage aux yeux cerns de bleu semblait reint. Le second de quart, Ntaev, lavait immdiate-ment conduite dans la cabine qui lui avait t prpare.

    Le troisime passager tait un jeune homme, presque un enfant. Dun air trs important il faisait monter les bagages.

    La vie est-elle possible sur dautres plantes ?

    Oui, elle est possible. La premire fois, lide de la pluralit des mondes habits fut mise par Giordano Bruno. Elle lui cota la vie : il fut brl par les obscurantistes le 17 fvrier 1600 Rome sur la place des Fleurs.

    La conception matrialiste de lUnivers affirme la naissance et le dveloppement de la vie sur dautres plantes, partout o les conditions lont favoris.

    Les conditions dexistence des formes de la vie que nous connaissons sont en pre-mier lieu : la temprature qui ne doit pas tre suprieure + 100C ni infrieure 100C, la prsence du carbone, partie constitutive fondamentale des organismes vivants, celle de loxygne, participant essentiel aux ractions vitales des organes, celle de leau et, enfin labsence dans latmosphre de gaz toxiques.

    Toutes ces conditions ne peuvent tre runies que dans des cas exceptionnels, condition de les chercher dans lUnivers parmi les innombrables astres et systmes plantaires possibles. Mais cest prcisment cette infinit dastres et de leurs plantes qui augmente grandement la probabilit de lexistence de toutes ces conditions dans des milliers et, peut-tre, des millions de points de lUnivers.

    Ce qui nous intresse le plus, ce sont nos voisines : les plantes de notre systme

  • 7 Doucement, sil vous plat. Ce sont des appareils, des appareils scientifiques ! criait-il. Des appareils, vous dis-je. Vous saisissez ?

    Les instruments taient dj sur le pont. Je navais rien remarqu qui ressemblt un tlescope.

    Que faisait donc cette expdition astronomique en Arctique ? Dici pouvait-on mieux voir les toiles ?

    Profitant de lescale dans le port de lle Diki, Boris Efimovitch invita ses htes, les savants, au salon.

    La stewardesse Katia apporta des sprats gards en rserve pour les cas spciaux. Le cognac du capitaine fit son apparition sur la table.

    Les savants, y compris Natacha, la botaniste, aux joues roses, qui avait dormi son sol, firent honneur aux hors-duvre et la boisson.

    Je demandai Krymov : Quel est le but de votre expdition astronomique ?Tendant la main vers les sprats, celui-ci rpondit :

    solaire, car nous pouvons tablir avec une prcision suffisante les conditions existant leur surface.

    Parmi toutes les plantes du systme solaire, les plantes gantes : Saturne, Jupiter, Uranus et Neptune, peuvent tre immdiatement exclues du nombre des porteuses de vie. Elles sont couvertes de glaces ternelles et entoures dune atmos-phre toxique. Sur Pluton, le plus loign du Soleil, rgne une nuit ternelle et un froid insupportable ; sur Mercure, le plus proche du Soleil, il ny a pas dair. Un de ces cts, toujours tourn vers le Soleil, est brlant, lautre est plong dans les tnbres ternelles et un froid cosmique.

    Trois plantes sont les plus favorables la naissance de la vie : la Terre, Vnus et Mars. Les conditions de temprature, sur toutes les trois ne dpassent pas les limites dans lesquelles la vie est possible.

    Il est difficile de juger de latmosphre de Vnus, car elle est entirement voile de nuages. Cependant dans ses couches suprieures des gaz toxiques ont t dcels. Latmosphre de Vnus serait riche en acide carbonique pernicieux pour les animaux, mais constituant un milieu parfait pour le dveloppement des plantes infrieures.

    La possibilit dune vie naissante sur Vnus nest pas exclue, mais, pour le mo-ment, ne peut tre prouve.

  • 8 Cest pour tablir si la vie existe sur Mars. Sur Mars ? je faillis sursauter. Vous plaisantez ?Krymov me regarda avec tonnement travers ses lunettes rondes. Pourquoi voulez-vous que je plaisante ? Est-ce quon peut observer cette plante dici ? demandai-je. Non, cette poque de lanne, on la voit gnralement mal. Un astronome et une botaniste tudiant Mars dans lArctique,

    sans regarder le ciel ? Jen restai interloqu. Nous ltudions chez nous, lobservatoire dAlma-Ata, mais, ici... Eh bien que faites donc vous ici ? Nous cherchons les preuves de lexistence de la vie sur cette pla-

    nte. Cest trs intressant ! scria Nizovski. Depuis mon enfance je me

    passionne pour les canaux martiens ! Schiaparelli, Lowell ! Ce sont ces savants, me semble-t-il, qui se sont occups de Mars ?

    Il nen est pas de mme de lautre voisin de la Terre, Mars.

    Qu'est-ce que reprsente Mars ?

    Mars est une plante presque deux fois moins grande quant sa masse que la Terre. Elle est une fois et demie plus loigne du Soleil que la Terre.

    Elle tourne autour de son axe en 24 heures 37 minutes.Son axe de rotation est inclin sur le plan de son orbite peu prs de la mme

    faon que celui de la Terre. Aussi sur Mars les saisons se succdent-elles de la mme faon que chez nous.

    Il est tabli que Mars est entoure dune atmosphre o lon na pas dcouvert de gaz nuisibles au dveloppement de la vie.

    Il y aurait sur cette plante peu prs la mme quantit dacide carbonique que sur la Terre. La part de loxygne sy lverait 1/100 de celle que contient latmos-phre terrestre.

    Le climat de Mars est rude et rigoureux, le rcit en donne une caractristique trs prcise. Cette plante est du mme fige que la Terre et elle a connu les mmes phases de dveloppement.

    Durant la priode de son refroidissement et de la formation (les premiers ocans,

  • 9 Cest Tikhov, dit gravement Krymov, Gavriil Tikhov ! Le fondateur de la nouvelle science, de lastrobotanique ! intervint

    la jeune fille avec vivacit. Lastrobotanique ? rptai-je. Astra, cest ltoile... Et voil quon y

    joint la botanique ! Quy a-t-il de commun ? Je ne comprends pas.Natacha partit dun rire sonore. Mais oui, la botanique astrale ! dit-elle. La science qui tudie les

    plantes des autres mondes Celle de Mars, ajouta Kryrnov. Chez nous, une section dastrobotanique, de cette nouvelle science

    sovitique, a t cre prs lAcadmie du Kazakhstan, expliqua firement Natacha.

    Mais que viennent faire des astronomes dans lArctique ? demanda le capitaine.

    Cest que, dit Krymov, nous sommes obligs de chercher des

    elle tait entirement couverte de nuages comme lest actuellement Vnus et comme le fut la Terre pendant la priode carbonifre.

    Au cours de cette priode dvolution en serre sa temprature na pas dpendu du Soleil, tout comme celle de la Terre une certaine poque. Les conditions y taient alors semblables en tout celles de la Terre qui ont contribu, on le sait, lapparition de la vie dans les premiers ocans.

    Un processus semblable a pu se produire sur Mars galement.Dans la priode dvolution en serre , sur la plante enveloppe dun voile de

    nuages, ont pu se dvelopper les premires plantes semblables aux presles de la p-riode carbonifre, ainsi que dautres formes primitives de la vie.

    Cest seulement pendant les priodes suivantes, lorsque le voile de nuages se fut dissip, que Mars, possdant une force dattraction moins grande que la Terre, perdit les parcelles de son atmosphre qui tendaient sen sparer. Ds lors des conditions distinctes de celles de la Terre se crrent sa surface.

    Cependant, au cours de lvolution, les formes de la vie ont pu sadapter ces nou-velles conditions.

    En perdant son atmosphre, Mars perdait aussi son eau qui, svaporant dans lat-mosphre, disparaissait dans lespace cosmique.

  • 10

    conditions semblables celles qui existent sur Mars. Il est situ une fois et demie plus loin du Soleil que la Terre. Son atmosphre est aussi rar-fie que celle que nous avons une hauteur de 15 kilomtres. Son climat est pre et rigoureux.

    Figurez-vous, intervint Natacha, qu lquateur il y fait + 20 dans la journe et 70 la nuit !

    Oui, cest assez rude, convint le capitaine. Dans la zone centrale, poursuivit Krymov, en hiver (les saisons

    sont semblables aux ntres)... en hiver le jour et la nuit, la temprature y est de 80.

    Cest comme dans la rgion de Touroukhansk, remarqua le go-graphe qui avait jusque-l gard le silence.

    Cest cela. Le climat de Mars est dur. Mais est-ce quici, en Arctique, nous navons pas de telles tempratures ? Krymov prenait plaisir la conversation. Il raffolait, sans doute, de sa botanique astrale.

    Peu peu, Mars se transforma en une plante aride, couverte de dserts.

    Actuellement, on observe sur sa surface des taches appeles jadis mers. Mais si Mars possdait autrefois des mers, il les a perdues il y a bien longtemps. Pas un as-tronome na observ des taches de lumire qui seraient visibles sur une surface deau.

    Les zones de Mars situes proximit des ples se couvrent alternativement dune substance rappelant, par son pouvoir rflchissant, la glace terrestre.

    Sous laction des rayons solaires, rchauffant telle ou telle rgion polaire, cette calotte blanche (les investigations plus prcises de G. Tikhov ont montr quelle est verte) diminue de volume comme une glace non couverte de neige. Elle est alors bor-de dune bande fonce (dun sol humide probablement).

    Au fur et mesure quil fait plus froid, la calotte de glace de la plante recom-mence augmenter, et alors, on nobserve plus la bordure fonce. Cela a permis de tirer la conclusion que les vapeurs deau contenues dans latmosphre de Mars (en petite quantit) tombent sous forme de neige dans les rgions polaires et y couvrent le sol dune couche de glace denviron 10 cm dpaisseur.

    A mesure que la temprature augmente, la glace fond et leau, qui se forme, est absorbe par le sol ou bien se rpand sur toute la plante.

  • 11

    Ah, maintenant je comprends pourquoi vous tes l, dit le capi-taine.

    La vie existe en Arctique, poursuivait lastronome. Or, sur Mars il y a des conditions plus favorables, Prs des cercles polaires, par exemple, o le soleil ne se couche pas durant plusieurs mois, la temprature se maintient le jour et la nuit + 15. Mais ce sont dexcellentes conditions pour la vgtation !

    Ny tenant plus, je dis Et alors ? Y aurait-il une vie vgtale sur Mars ? Pour le moment nous nen avons pas de preuves directes, rpondit

    vasivement Krymov.Le capitaine versa du cognac tout le monde. a doit tre une spcialit remarquable que celle dastronome.

    Chez nous, marins et hommes des stations arctiques, il est de coutume de raconter sa vie. Camarade gographe, et vous, camarade Nizovski, et

    Ce processus se fait alternativement aux deux ples de Mars. Lorsque la glace fond prs du ple Sud, elle se forme au ple Nord et vice versa.

    Qu'est-ce que cest que lastrobotanique ?

    Cest une nouvelle science sovitique cre par un de nos minents astronomes, membre correspondant de lAcadmie des Sciences de lU. R. S. S. Gavriil Tikhov.

    Cest lui qui le premier photographia Mars avec des filtres colors. Grce ce pro-cd, il parvint tablir exactement la couleur des parties de la plante en diffrentes saisons de lanne.

    Les taches autrefois appeles mers prsentent un intrt particulier. Ces taches changent de couleur : dune teinte vert bleutre au printemps, elles .prenaient des tons bruns en t et marron en hiver. Tikhov compara ces changements ceux des couleurs de la taga de la Sibrie. Verte au printemps, couverte dun lger voile bleutre, la taga brunit en t et devient marron en hiver.

    Cependant, la couleur de vastes espaces de Mars restait invariable : brun rou-getre, comme, celle des dserts terrestres.

    Lhypothse, selon laquelle les taches qui changeaient leurs couleurs taient des zones de vgtation, exigeait des preuves.

  • 12

    surtout vous, les astronomes, contez-nous donc comment vous tes de-venus savants, proposa Boris Efimovitch.

    Cest que je nai pas grand-chose raconter, rpliqua Nizovski. Dabord a tait lcole, puis luniversit, ensuite le troisime cycle... voil, cest tout.

    Cest la passion qui ma fait savant, dit Valentin Vassliev. La pas-sion pour tout ce qui est nouveau, un dsir ardent de dplacement. Jai parcouru en tous sens notre beau pays. Me voil maintenant en Arctique. Et lors quon pense quil y a encore tant dendroits inconnus, inexplors dans nos vastes tendues... on dborde de joie. Je bois notre immense, notre belle patrie ! dit le gographe et il vida son verre.

    Tout le monde suivit son exemple. Et vous ? demanda le capitaine Krymov. Quallez-vous nous ra-

    conter ?Krymov devint trs grave.

    Les tentatives de dcouvrir sur Mars, par lanalyse spectrale, la prsence de chlo-rophylle ne furent pas couronnes de succs.

    Les plantes terrestres, comme on le dit dans le rcit, ont encore cette particula-rit que, photographies dans les rayons infra-rouges, elles apparaissent sur le clich tout fait blanches, comme couvertes de neige. Si, sur Mars, les zones de prsume vgtation taient aussi blanches sur les photos prises dans les rayons infra-rouges, lexistence de la vie vgtale sur cette plante serait hors de doute.

    Cependant, de nouvelles photos de Mars ne confirmrent pas ces hypothses au-dacieuses.

    Mais Tikhov nen fut pas confondu pour autant. Il soumit une tude compara-tive le pouvoir rflchissant des plantes terrestres dans le Sud et dans le Nord.

    Les rsultats furent saisissants. Seules les plantes qui renvoyaient les rayons calo-rifiques infra-rouges sans les utiliser taient blanches sur les photos. Dans le Nord, les plantes (la mre jaune et les lichens, par exemple) ne renvoyaient pas, mais absor-baient les rayons calorifiques qui ne leur taient nullement superflus. Sur les meures clichs, les plantes nordiques tout comme les zones de prsume vgtation de Mars napparaissaient pas en blanc.

  • 13

    Cest assez compliqu... commena-t-il pensif, frottant ses arcades sourcilires prominentes, et cest trop long raconter.

    Nous fmes chorus pour le dcider. Natacha regardait son chef, lil allum de curiosit. Elle ignorait sans doute sa biographie.

    Soit, jessayerai, consentit enfin Krymov. Je suis n dans un campe-ment dEvenks. Jadis on les appelait Tongouses.

    Vous tes Evenk ? scria Natacha. Krymov acquiesa dun signe de tte.

    Je suis n donc dans une tente dEvenk, la mme anne, quand dans la taga... Vous avez sans doute tous entendu parler de la mtorite des Tongouses qui est tombe dans la taga ?

    Oui, vaguement. Parlez-en, cest trs intressant, demanda Nizovski.

    Ctait un phnomne extraordinaire, sanima soudain Krymov. Des milliers de tmoins virent surgir au-dessus de la taga une boule

    Ces tudes appuyes par les expditions polaires et de hautes montagnes des lves de Tikhov lui permirent de tirer cette conclusion hardie que les plantes, en sadaptant aux conditions dexistence, acquirent la capacit dabsorber les rayons qui leur sont ncessaires et de renvoyer ceux qui leur sont inutiles. Dans le Sud, o il y a beaucoup de soleil, elles nont pas besoin de rayons calorifiques du spectre et les renvoient ; dans le Nord, pauvre en chaleur, elles ne peuvent pas se permettre ce luxe et tendent absorber tous les rayons du spectre solaire. Sur Mars, o le climat est particulirement rigoureux et le soleil avare, les plantes cherchent naturellement absorber le plus de rayons possibles et, lon conoit linsuccs de la comparaison sous ce rapport des plantes martiennes avec celles du Sud de la Terre. Elles ressemblent plutt aux plantes de lArctique.

    Arriv cette conclusion. Tikhov trouva aussi lexplication des tentatives infruc-tueuses de dceler sur Mars la prsence de la chlorophylle.

    En poussant plus loin ltude de cette question, Tikhov acqurait de plus en plus la conviction quil y avait une complte analogie entre lvolution des plantes mar-tiennes et celles des plantes terrestres. Il dcouvrit dans les vastes dserts de Mars des zones de vgtation semblables, quant leur pouvoir rflchissant aux plantes qui croissent chez nous dans les dserts dAsie centrale.

  • 14

    de feu qui par son clat clipsa le soleil. Puis, une colonne de feu sleva jusquau ciel qui tait sans nuage, et il se produisit un choc dont la puis-sance ne put tre compare rien... Ce choc se rpercuta sur toute la terre. Il fut entendu mille kilomtres du lieu de la catastrophe : un arrt de train prs de Kansk, 800 km de l, fut enregistr. Le mcanicien avait cru entendre exploser quelque chose dans son train. Un ouragan dune force incroyable balaya la terre. A 400 km de l, les toits des maisons furent arrachs, les cltures renverses... Plus loin, la vaisselle tinta dans les maisons, les pendules sarrtrent, comme pendant un tremblement de terre. La secousse fut enregistre par de nombreuses stations sismo-graphiques : celles de Tachkent, dIna et celle dIrkoutsk qui recueillit les dclarations de tous les tmoins oculaires.

    Qutait-ce donc ? demanda Nizovski. Une secousse occasionne par le heurt de la mtorite contre la terre ?

    On lavait pens, rpondit Krymov dun ton vasif. Le courant dair

    Tikhov fournit des renseignements intressants sur la floraison massive de cer-taines rgions dsertiques martiennes, les premiers jours du printemps. Daprs leur couleur et leur caractre, ces zones de floraison rappellent beaucoup les vastes ten-dues des dserts dAsie centrale qui, pour une courte priode, se couvrent entire-ment dun tapis de coquelicots.

    Ces derniers temps, Tikhov a mis des suppositions intressantes au sujet de la vie vgtale sur Vnus. Puisquil y a l de la chaleur plus quil nen faut, les plantes de cette plante, si elles existent, doivent renvoyer toute la partie calorifique du spectre solaire, cest--dire doivent tre de couleur rouge. La dcouverte faite par lastronome sovitique Barabachev lobservatoire de Poulkovo, qui avait dcel des rayons jaunes et orange travers les nuages de Vnus, permit Tikhov de supposer que ces rayons ntaient pas autre chose que les rayons rflchis par la vgtation rouge qui couvre Vnus.

    Pour le moment les savants ne sont pas unanimes partager le point de vue de G. Tikhov. La tche de la section dastrobotanique de lAcadmie des Sciences du Kazakhstan est de trouver des preuves nouvelles irrfutables de lexistence de la vie vgtale sur dautres plantes et avant tout sur Mars.

  • 15

    provoqu par la catastrophe fit deux fois le tour du globe. Il fut enregistr par les barographes de Londres et dailleurs.

    Pendant quatre jours aprs le dsastre de la taga, des phnomnes tranges furent observs dans le monde entier. On aperut, trs haut dans le ciel, des nuages lumineux qui rendaient la nuit dans toute lEu-rope, et mme, en Algrie, si claire qu minuit on pouvait lire les jour-naux comme par les nuits blanches de Lningrad...

    Ctait quelle poque ? demanda le capitaine. Lanne de ma naissance, rpondit Krymov, en 1908. U n ouragan

    de feu sabattit alors sur la taga. A 60 km de l, la factorerie de Vanovar, des hommes perdirent connaissance sentant leurs vtements senflammer. De nombreux rennes furent projets en lair par le courant dair. Quant aux arbres de la taga... Vous pouvez me croire, je suis du pays et jai par-ticip durant plusieurs annes aux recherches de la mtorite. Dans un rayon de 30 km, tous les arbres furent arrachs avec leurs racines, tous

    Y a-t-il des canaux sur Mars ?

    Pour la premire fois ces tranges formations furent dcouvertes par Schiaparelli au moment de la grande opposition de 1877. Elles soffrirent ses regards comme des droites rgulires couvrant dun rseau la plante. Il les appela canaux , mettant le premier lide prudente que ctaient des ouvrages raliss par les habitants raison-nables de la plante.

    Les investigations postrieures ont mis en doute lexistence des canaux, rests ina-perus par dautres observateurs. Lminent astronome Lowell consacra sa vie au pro-blme de lexistence de la vie sur Mars. Aprs avoir cr un observatoire spcial dans le dsert de lArizona o la limpidit de lair favorisait les observations, il confirma la dcouverte de Schiaparelli et dveloppa son ide.

    Lowell dcouvrit et tudia un grand nombre de canaux. Il les divisa en princi-pales artres (les plus visibles, jumeles comme il laffirmait), qui stendaient depuis les ples vers lautre hmisphre, en passant par lquateur, et en canaux auxiliaires partant des principaux et traversant les zones dans diffrentes directions suivant les arcs du grand cercle, cest--dire, par la voie la plus courte sur la surface de la plante. (Mars est une plante au relief gal. Elle na pas de montagnes et de changements visibles de relief.)

  • 16

    sans exception ! Dans un rayon de 60 km, ils furent abattus sur toutes les minences.

    Cet ouragan causa une dvastation incroyable. Les Evenks se prci-pitrent dans la taga ravage pour retrouver leurs rennes et leurs biens. Ils ne trouvrent que des carcasses calcines. Le malheur npargna par la tente de mon grand-pre, Lioutchetkan. Mon pre qui tait all dans la taga y avait vu une norme colonne deau jaillissant du sol. Il tait mort quelques jours aprs dans deffroyables souffrances, comme sil et t brl... Pourtant, il navait aucune brlure sur la peau. Les vieux furent effrays. Ils dfendirent aux Evenks daller dans la taga ravage. Ils lappe-lrent endroit maudit. Les sorciers disaient que ctait Ogdy, dieu du feu et du tonnerre, qui tait descendu sur la terre. A les en croire, il brlait par un feu invisible tous ceux qui sy risquaient.

    Au dbut des annes 20, poursuivit Krymov, on vit un savant russe, Koulik, arriver la factorerie Vanovar. Il avait lintention de retrouver la

    Lowell dcouvrit deux rseaux de canaux, lun li avec la rgion polaire australe des glaces fondantes et lautre avec la rgion polaire septentrionale. Ces rseaux taient visibles alternativement. Quand les glaces septentrionales fondaient, on pou-vait apercevoir les canaux partant de ces glaces : pendant la fonte des glaces australes, les canaux qui y prenaient leur source apparaissaient dans le champ de vision.

    Tout cela permit Lowell de dclarer que les canaux taient un rseau grandiose dirrigation construit par les Martiens pour utiliser leau se formant la fonte des ca-lottes polaires. Lowell calcula que la puissance de pompes sur Mars devait tre 4 000 fois suprieure celle de la cataracte du Niagara.

    Il voyait la confirmation de son ide dans le fait que les canaux apparaissaient progressivement ds le moment o les glaces avaient commenc fondre. Ils sallon-geaient, semble-t-il, mesure que leau sy dplaait. Il a t tabli que la distance de 4 250 kilomtres sur la surface de Mars est parcourue par le canal sallongeant (ou leau qui y coule) en 52 jours, soit 3,4 kilomtres lheure.

    Lowell tablit galement quaux points de croisement des canaux il existait des taches quil appela oasis. Il tait prt considrer ces oasis, comme dimportants centres des Martiens, comme leurs villes.

  • 17

    mtorite. Les Evenks refusrent de laccompagner. Il trouva deux chas-seurs de lAngara. Je me joignis eux. Jtais jeune, je connaissais bien la langue russe, jappris certaines choses la factorerie et je ne craignais rien au monde.

    Avec Koulik, nous atteignmes le lieu de la catastrophe. Nous dcou-vrmes que tous les arbres innombrables, des millions de troncs abattus, gisaient leurs racines tournes vers un seul endroit, le centre de la catas-trophe. Et quand nous emes vu ce centre nous fmes frapps. L o la mtorite en tombant aurait d causer le plus de dgts... les arbres restaient debout. Ctait inexplicable non seulement pour moi, mais aussi pour le savant russe. Je le voyais daprs lexpression de son visage.

    Le bois tait debout, mais ctaient des arbres morts ; sans branches, sans fates, ils ressemblaient des poteaux plants dans le sol...

    Au milieu de ce bois, on voyait de leau : un lac ou un marais.Koulik admit que ctait lentonnoir creus par la mtorite.

    Cependant les ides de Lowell ne furent pas adoptes universellement. Lexistence mme des canaux fut mise en doute. Lobservation de Mars avec des tlescopes plus puissants ne permit pas de dceler les canaux, en tant que des formations rectilignes continues. On napercevait que des agglomrations de points spars que lil cher-chait mentalement unir en lignes droites. On attribua les canaux une illusion optique laquelle ne se prtaient que certains observateurs.

    Mais voil que la mthode objective dinvestigation est venue la rescousse.G. Tikhov, travaillant lobservatoire de Poulkovo, photographia, le premier au

    monde, les canaux de Mars. La plaque photographique, ce nest pas lil, elle ne de-vrait pas tomber dans lerreur.

    Au cours de ces dernires annes, la photographie des canaux se fait sur une chelle toujours plus vaste.

    Ainsi, au moment de lopposition de 1924, plus de mille canaux martiens furent obtenus sur des photographies par Tremiler. Des prises de vues ultrieures confir-mrent leur existence.

    Ltude de la couleur de mystrieux canaux se trouva fort intressante. Leur cou-leur est semblable en tout la coloration changeante des zones de vgtation conti-nue de Mars.

  • 18

    Simple, communicatif, il nous expliquait, nous, les chasseurs, comme si nous tions ses assistants rudits, que quelque part en Amrique, dans le dsert de lArizona, il y a un norme cratre dun kilomtre et demi de diamtre et de 200 m de profondeur. Il fut form il y a des milliers dannes par la chute dun corps cleste, dune mtorite, comme celle qui tait tombe ici, et quon devait absolument retrouver. Cest cet ins-tant-l que jai commenc brler du dsir daider le professeur russe.

    Lanne suivante Koulik revint dans la taga avec une grande expdi-tion. Il embauchait des ouvriers. Naturellement, je fus le premier. Nous cherchmes les clats de la mtorite. Nous asschmes le marais centrale dans le bois mort, explormes toutes les cavits, mais... aucune trace non seulement de mtorite, mais encore de trou laiss par lui.

    Dix ans de suite Koulik revint dans la taga, et chaque fois je laccom-pagnai dans ses recherches striles. La mtorite avait disparu.

    Le calcul de la largeur des canaux (de cent six cents kilomtres) amena lide quils ntaient pas les canaux dans le sens des excavations ouvertes dans le sol et remplies deau , mais plutt des bandes de vgtation apparaissant mesure que leau des glaces fondantes coule par de formidables conduites deau ( la vitesse de 3,4 kilomtres lheure ; au bout dun certain temps, la vague des pousses commence se propager la mme vitesse). Ces bandes de vgtation (bois et champs) changent leur couleur mesure de la succession des saisons.Lhypothse concernant lexistence des conduites deau enfouies dans le sol avec des bouches sous forme de puits pourrait rconcilier les observateurs ayant vu les canaux, et ceux nayant pas distingu des lignes mais seulement des points spars disposs en lignes droites. Ces points rappellent les oasis de vgtation arrose artificiellement aux points de sortie des conduites deau la surface.Lhypothse relative lexistence des tuyaux enfouis est dautant plus plausible que dans les conditions de la faible pression atmosphrique de Mars, tout rservoir deau ouvert serait soumis une vaporation intense.Le dbat sur la nature des canaux se poursuit encore, mais elle ne met plus en doute leur existence.Scartant de lhypothse trop hardie relative aux ouvrages construits par les habi-

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    Koulik mit la supposition que le bolide tait tomb dans le marais qui avait recouvert lentonnoir. Mais aprs le forage, un jet deau jaillit du puits. Si la mtorite avait perc, fondu, cette couche de conglation ternelle, elle naurait pu se rtablir. Le sol ne gle pas maintenant plus de 2 m de profondeur.

    Aprs la deuxime anne des travaux de lexpdition, je partis avec Koulik pour Moscou et commenai mes tudes. Mais chaque t je reve-nais au pays la recherche de la mtorite. Les travaux de Koulik se pour-suivaient. Je laccompagnais toujours. Maintenant, je ntais plus un chas-seur presque illettr. Je faisais mes tudes lUniversit, lisais beaucoup et commenais mme critiquer certaines choses dans notre science. Mais je nen soufflais pas un mot Koulik. Je savais avec quelle ardeur, avec quelle volont de fer, quelle conviction passionne il cherchait sa m-torite ; il lui consacrait mme des vers. Comment pouvais-je lui dire que jtais arriv la conclusion que la mtorite navait jamais exist ?

    tants de Mars, certains savants sont plutt enclins considrer les canaux comme des crevasses dorigine volcanique qui, dailleurs, nont t dceles sur aucune autre plante du systme solaire. Cette hypothse pche encore par son incapacit dexpli-quer le mouvement de leau le long des canaux sans lexistence dun puissant systme de pompage faisant passer les eaux polaires au-del de lquateur vers lhmisphre oppos.

    Les astronomes qui sen tiennent un autre point de vue sont enclins considrer que les bandes gomtriquement rgulires qui changent de longueur et de couleur, sont des traces de lactivit dtres vivants ayant atteint un niveau lev de dveloppe-ment mental qui ne le cde en rien aux hommes de la Terre.

    Quelles sont les circonstances de la catastrophe de 1908 ?

    Compte tenu des dpositions fournies par plus de mille tmoins oculaires, cor-respondants de la station sismographique dIrkoutsk, et de lobservatoire dIrkoutsk, il a t tabli ce qui suit :

    Tt dans la matine du 30 juin 1908, un norme corps en flammes (genre bolide) passa dans le firmament, laissant derrire une trace, comme une mtorite tombante.

  • 20

    Comment navait pas exist ? scria Nizovski. Et les traces de la catastrophe, et les arbres abattus ?

    Oui, la catastrophe avait eu lieu, mais la mtorite navait pas exist, dit Krymov gravement. Jai beaucoup rflchi la question de sa-voir comment le bois avait pu rester debout au point central de la catas-trophe ? Quest-ce qui provoque lexplosion au moment de la chute dune mtorite ? La mtorite pntre dans latmosphre terrestre une vi-tesse de 30 60 km la seconde. Possdant une grande masse apprciable et anime dune vitesse considrable, elle possde une norme nergie de mouvement. Lorsquelle heurte le sol, toute cette nergie doit se transfor-mer en chaleur, ce qui provoque une explosion dune force monstrueuse. Or dans notre cas cela ne stait pas produit.... La collision mme entre la mtorite et la Terre navait pas eu lieu. Pour moi, ctait lvidence mme. Lexistence du bois mort me suggra lide que lexplosion stait produite en lair une hauteur denviron trois cents mtres, juste au-dessus de ce mme bois !

    Comment cela en lair ? interrogea Nizovski avec mfiance. Londe explosive stait abattue de tous cts, poursuivitKrymov avec assurance. A lendroit o les arbres taient perpendi-

    A sept heures du matin, heure locale, un globe blouissant, qui semblait plus clatant que le soleil, surgit, au-dessus de la taga dans le voisinage de la factorerie Varnovar. Il se transforma en une colonne de feu dans un ciel sans nuages.

    Rien de semblable navait pas t observ auparavant lors de la chute des mto-rites. Il nen avait rien t, non plus, au moment de la chute de la gigantesque mto-rite qui il y a plusieurs annes stait pulvrise dans lair en Extrme-Orient.

    Les phnomnes lumineux furent suivis dun choc qui se rpta maintes fois comme le fait un coup de tonnerre passant en roulements. Le son fut entendu une distance atteignant mille kilomtres du lieu de la catastrophe.

    Aprs le son, on vit passer un ouragan dune puissance effroyable arrachant les toits des maisons, renversant les cltures sur des centaines de kilomtres.

    Des phnomnes caractristiques des tremblements de terre furent observs dans les maisons. La vibration de lcorce terrestre fut enregistre par de nombreuses stations sismographiques : Irkoutsk, Tachkent, Ina. A Irkoutsk (plus prs du lieu

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    culaires son front, cest--dire, directement au-dessous de lexplosion, londe ne les a pas abattus, elle a seulement cass toutes leurs branches et leurs fates. Mais, l o son coup avait t port sous un angle, tous les arbres dans un rayon de trente soixante kilomtres avaient t abattus. Lexplosion navait donc pu se produire que dans lair.

    En effet... on dirait quil y a du vrai l-dedans, dit Nizovski en se frottant pensivement son menton.

    Mais quelle explosion avait pu avoir lieu dans lair ? raisonnait lastronome haute voix. Car en loccurrence lnergie du mouvement ne pouvait se transformer en chaleur. Cette question mobsdait.

    A lUniversit, nous avions un cercle des communications inter-plantaires. Je me passionnais pour Tsiolkovski, pour sa fuse interpla-ntaire aux rserves doxygne et dhydrogne liquides. Un jour jeus une ide trs audacieuse. Si Koulik avait t avec moi, je lui en aurais tout de suite fait part, mais la guerre avait commenc. Malgr son ge avanc Lonide Koulik tait parti pour le front comme volontaire et y avait trou-v une mort glorieuse...

    Krymov garda un instant le silence, puis continua : Jtais dans un autre secteur du front. Jobservais souvent des ex-

    de la catastrophe) deux secousses furent enregistres. La seconde tait plus faible et, selon laffirmation du directeur de la station, fut provoque par le courant dair arriv avec retard Irkoutsk.

    Le courant dair fut galement enregistr Londres et fit deux fois le tour du globe.

    Durant trois jours aprs lvnement, sur le territoire de lEurope et de lAfrique du Nord, on observa dans le ciel une hauteur de 86 kilomtres des nuages lumineux permettant de photographier et de lire la nuit.

    Lacadmicien A. Polkanov, un savant sachant observer et fixer avec exactitude les choses vues, se trouvait alors en Sibrie. Il porta dans son journal : Le ciel est couvert dune couche paisse de nuages, il pleut et en mme temps il fait extraordinairement clair. Aussi clair que dans un endroit ouvert, on peut lire assez facilement les petits caractres dun journal La lune devait tre absente, mais les nuages sont clairs dune lumire jaune verdtre passant parfois en rose. Si cette nigmatique lumire nocturne remarque

  • 22

    plosions de gros obus en lair. Et jtais de plus en plus convaincu que celle de la taga stait produite aussi en lair. Cette explosion ne pouvait tre que celle du carburant dans un vaisseau interplantaire qui essayait de descendre sur la Terre.

    Un vaisseau venu dune autre plante ? cria presque Nizovski se levant prcipitamment de sa place.

    Le gographe se renversa sur le dos de sa chaise. Le capitaine se racla la gorge et siffla un verre de cognac. Les yeux ouverts tout grands, Natacha regardait Krymov, comme si elle le voyait pour la premire fois.

    Oui, le messager du Cosmos, un vaisseau dune autre plante. Et ce qui est le plus probable, de Mars. Il ny a que Mars o lon peut supposer lexistence de la vie... En ce temps-l, je croyais que ctaient les rserves dhydrogne et doxygne liquides qui avaient explos en lair, la seule es-pce de carburant convenant pour les voyages cosmiques. Je le pensais avant...

    par Polkanov avait t la lumire solaire rflchie, elle aurait t blanche et non jaune verdtre et rose.

    Vingt ans aprs, lexpdition sovitique de Koulik se rendit sur le lieu de la ca-tastrophe. Les rsultats des recherches qui durrent plusieurs annes sont rapports avec exactitude par lastronome dans le rcit.

    Lhypothse de la chute dans la taga dune norme mtorite, bien que plus cou-rante, nexplique pas :

    a) Labsence de moindres clats de mtorite.b) Labsence de cratre et dentonnoir.c) Lexistence du bois rest sur pied dans le centre de la catastrophe.d) La prsence deaux souterraines sous pression aprs la chute de la mtorite.e) Le jet deau apparu les premiers jours du dsastre.f ) Lapparition dun globe blouissant comme le soleil au moment de la catas-

    trophe.g) Les accidents dont furent victimes Ies Evenks qui staient rendus les premiers

    jours sur le lieu de lvnement.

    Laspect extrieur de lexplosion concide entirement avec celui dune explosion atomique. Lhypothse dune telle explosion dans lair au-dessus de la taga explique

  • 23

    Comment ? scria Natacha. Et maintenant vous pensez autre-ment ? sa voix trahissait une dception manifeste. Lhypothse relative au messager du Cosmos semblait tre son got.

    Oui, maintenant, je pense autrement, rpta calmement Krymov. Les explosions atomiques au Japon mont rvl le carburant utilis par le vaisseau interplantaire.

    Aprs la guerre je me consacrai au problme de Mars. Javais be-soin de preuves de lexistence de la vie sur cette plante. Je devins lve de Tikhov ... Me voici maintenant avec lexpdition qui doit tudier labsorp-tion des rayons calorifiques par les plantes nordiques.

    Et quest-ce que cela prouverait ? intervint le capitaine. Dj au sicle pass, Timiriazev avait suggr dessayer de dcou-

    vrir la chlorophylle sur Mars. Cela permettrait de penser que les taches vertes que lon observe sur cette plante et qui changent de couleur selon

    toutes les circonstances de la catastrophe de la manire suivante.

    Le bois dans le centre est rest debout car le courant dair sabattit sur lui du haut cassant les branches et les fates.

    Les nuages lumineux reprsentent laction sur lair des restes de la substance ra-dio-active, qui staient envols vers le haut.

    Les accidents survenus dans la taga ont t provoqus par laction des parcelles radio-actives tombes sur le sol.

    La sublimation en vapeur de tout le corps qui avait pntr dans latmosphre terrestre est naturelle la temprature dune explosion atomique (20 millions de de-grs c), ce qui explique quaucun de ses restes ne put tre retrouv.

    Le jet deau qui est apparu immdiatement aprs la catastrophe fut provoqu par la formation dune crevasse dans la couche de la conglation conscutive au choc de londe explosive.

    L'explosion dune mtorite radio-active est-elle possible ?

    Non elle nest pas possible. Toutes les substances que renferment les mtorites, on les trouve sur la Terre. La teneur des mtorites en uranium, disons, est denviron

  • 24

    les saisons de mme que le font les vgtaux terrestres, que ces taches vertes sont des rgions couvertes de vgtation.

    Et alors, a-t-on russi dcouvrir la chlorophylle ? Non, on ny est pas parvenu. Les bandes dabsorption dans le

    spectre propres la chlorophylle nexistent pas sur Mars. De plus, si lon photographie les taches vertes de Mars dans les rayons infra-rouges, elles ne deviennent pas blanches, comme les plantes terrestres.

    Tout semblait nier lexistence de la vgtation sur Mars. Mais Gavriil Andronovitch Tikhov a fait une supposition remarquable. Pourquoi la vgtation terrestre apparat-elle blanche sur ces photos ? Mais parce quelle renvoie les rayons calorifiques, elle nen a pas besoin. Mais sur Mars, le soleil luit parcimonieusement. Il faut que l-bas les plantes uti-lisent toute la chaleur possible. Nest-ce pas pour cette raison que les taches vertes ne deviennent pas blanches dans les rayons infra-rouges ?

    A vrai dire, cest la raison pour laquelle nous sommes en Arctique. Nous vrifions si les plantes nordiques renvoient les rayons calorifiques.

    1/200 000 000 000 %. Pour rendre possible la raction en chane de la dsintgration atomique, il serait ncessaire davoir une mtorite duranium ltat pur et, par-des-sus le march, sous la forme la plus rare, introuvable nulle part ltat pur de lisotope dUranium-235. En outre, mme en supposant cas extraordinaire quil se soit trouv dans la nature un tel morceau dUranium-235 raffin , il ne pourrait pas exister, car lUranium-235 est enclin la dsintgration dite spontane , cest--dire lexplosion spontane de certains de ses atomes. La premire explosion spontane ferait aussitt clater la prsume mtorite.

    Si lon admet lhypothse dune explosion atomique, on arrive infailliblement la supposition quil sagissait dune substance radio-active obtenue dune manire arti-ficielle.

    D'o pouvait venir un vaisseau utilisant un carburant radio-actif ?

    Lastre le plus proche de nous et son systme plantaire prsum se trouvent dans la constellation du Cygne. Il a t dcouvert par Deitch, astronome sovitique de Poulkovo. Pour couvrir la distance qui nous en spare, il faut voler durant neuf ans la vitesse de la lumire, en dantres termes, pendant neuf annes-lumire.

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    Et alors ? demandmes-nous tous ensemble. Elles ne les renvoient pas ! Elles ne les renvoient pas ! Elles les

    absorbent comme le font les plantes martiennes, scria Natacha. Ses yeux luisaient. Nous pouvons prouver que la vie existe sur Mars, que les taches vertes sont dinterminables forts de cornifres ! Que les fameux canaux martiens sont des zones de vgtation larges de cent six cents kilomtres !

    Attendez, Natacha, dit lastronome son assistante. Les canaux ? rpta Nizovski. Ils existent donc quand mme ? On

    prtendait rcemment que ctait une illusion doptique. Les canaux de Mars ont t photographis. La plaque photogra-

    phique ne ment pas. On en a pris plus de mille clichs. Ils ont t tudis. Il est prouv quils apparaissent, quils sallongent progressivement des ples vers lquateur au fur et mesure de la fonte des glaces polaires de Mars.

    Les zones de vgtation sallongent la vitesse de trois kilomtres

    Faire acqurir une telle vitesse un vaisseau interplantaire est certainement im-possible. Il ne peut tre question que du degr auquel on pourrait sen rapprocher. Nous savons que les particules lmentaires de la matire, les lectrons, font jusqu 300 mille kilomtres la seconde. A supposer qu la suite dun long lan le vaisseau et atteint cette vitesse, il en rsulte que le voyage aller-retour en partant dune pla-nte de lastre le plus proche de nous aurait dur plusieurs dizaines dannes.

    Mais l, le paradoxe dEinstein vient la rescousse. Pour les hommes volant une vitesse voisine de celle de la lumire le temps scoulerait plus lentement ; beaucoup plus lentement que pour ceux qui observeraient leur vol ; ayant pass des dizaines dannes en voyage ils auraient dcouvert que des millnaires avaient pass sur la Terre...

    Il est difficile de se livrer des suppositions au sujet de la dure de la vie dtres inconnus, mais pour un tel voyage partir de la Terre, les voyageurs en devraient lui consacrer toute leur vie jusqu une vieillesse trs avance. Sans parler dastres plus lointains et de leurs plantes

    Donc, il serait plus raliste de supposer une tentative de traverse dune plante plus rapproche et avant tout de Mars.

  • 26

    et demi lheure, intervint Natacha, qui brlait de placer un mot. A la vitesse du courant dans les conduites deau ? stonna le go-

    graphe. Oui. A cette vitesse, confirma lastronome. Il semble surprenant

    que tout ce rseau de zones de vgtation soit compos de lignes parfai-tement droites dont les principaux, telles des artres, se dirigent depuis les glaces polaires fondant vers lquateur.

    Cest srement un gigantesque rseau dirrigation cr par les Martiens pour arroser leurs champs que nous avons pris pour les canaux. Mais, les canaux nexistent pas sans doute. Il y a des tuyaux placs dans la terre, supposa Nizovski, laissant courir son imagination.

    Krymov le corrigea en souriant. Non pas dans la terre, mais dans le mars. Et bien, cette vie, elle existe donc sur Mars ! Vous avez donc rai-

    son ! conjectura Nizovski. Pour le moment, on peut dire avec certitude quelle ny est pas ex-

    clue. Il se peut alors que les Martiens soient venus sur la Terre en mil

    neuf cent huit, dit le capitaine.

    Que dit lastronavigation ?

    Mars se dplace autour du Soleil sur une ellipse quil boucle en 687 jours ter-restres (1,8808 anne terrestre).

    Les orbites de la Terre et de Mars se rapprochent lendroit oit la Terre passe en t. Tous les deux ans, la Terre sy rencontre avec Mars, mais cest une fois tous les 15 ou 17 ans quils sont particulirement prs lun de lautre. Alors la distance entre eux passe de 400 millions 55 millions de kilomtres (grande opposition).

    Cependant, un vaisseau interplantaire na pas que cette distance parcourir.

    Les deux plantes se dplacent sur leurs orbites : la Terre la vitesse de 30 kilo-mtres la seconde, Mars 24 kilomtres la seconde.

    Un vaisseau raction, quittant une plante, hrite de sa vitesse le long de lorbite, dirige perpendiculairement au trajet le plus court entre les plantes. Pour que lengin puisse voler tout droit, il faudrait supprimer cette vitesse latrale le long de lorbite

  • 27

    Cest bien possible, rpondit Krymov imperturbable. Il ne manquait plus que a aux Terriens, bougonna Boris

    Efimovitch, en allumant sa pipe. Mars est une plante o la vie dcline. De dimensions moins

    grandes et dune force dattraction moindre que la Terre, Mars na pas pu retenir autour de lui son atmosphre primitive. Elle sest peu peu dta-che de la plante et sest envole dans lespace cosmique. Lair sur Mars se rarfiait, les mers svaporaient, et les vapeurs deau disparaissaient dans les profondeurs du Cosmos... De leau, il en est rest si peu sur Mars que toute elle pourrait tenir dans notre Bakal.

    Ils venaient donc pour semparer de notre Terre ! dcida Nizovski. Ils ont besoin de notre florissante plante.

    Comme si nous navions pas assez de Hitler, de Truman, de MacArthur, grommela le capitaine, il faut quon ait encore affaire aux Martiens.

    Je pense que vous vous trompez. Wells et dautres crivains oc-cidentaux, mditant sur les relations entre les mondes, ny voient rien dautre que les conqutes et les guerres. A mon avis, sachant o en est Mars pour ce qui est de leau et voyant les formidables ouvrages dirri-

    en y perdant inutilement une nergie norme. Il est donc plus avantageux de voler en suivant une courbe, en utilisant la vitesse le long de lorbite et en nimprimant au vaisseau que la vitesse supplmentaire lui permettant de sarracher la plante.

    Pour Mars cela exigerait 5,1 kilomtres la seconde, pour la Terre 11,3 kilomtres la seconde.

    Lminent astronavigateur sovitique Sternfeld a fait les calculs exacts des itin-raires et des dlais de vol dun vaisseau interplantaire lors des oppositions de 1907 et 1909. Le rsultat de ces calculs est le suivant : compte tenu de la plus grande co-nomie de carburant, et en supposant quil ait quitt Mars au temps le plus propice, le vaisseau martien aurait pu atteindre la Terre soit en 1907, soit en 1909, mais pas en 1908 ! Toutefois, venant de Vnus au moment de lopposition de la Terre et de Vnus en 1908, les astronautes auraient d arriver sur la Terre le 30 juin 1908 (!).

    Cette concidence absolument exacte autorise faire des suppositions qui vont trs loin.

  • 28

    gation des Martiens, nous pouvons nous faire une ide de lorganisation sociale qui leur permet davoir une conomie planifie lchelle de toute la plante.

    Vous voulez dire quil y a l-bas quelque rgime social parfait ? scria Nizovski.

    Lvolution de la vie sociale des tres raisonnables ne peut amener rien dautre, dit le gologue avec conviction.

    Sans aucun doute, appuya Kryrnov. Mais leau disparat sur Mars, elle continue disparatre. Les habitants de la plante doivent veiller ce que la vie soit possible pour les futures gnrations, comme le font nos contemporains. Il faut donc que les Martiens trouvent de leau pour leur plante... Or, de leau, il y en a ! Il y en a sur les plantes les plus proches de Mars et en premier lieu sur la Terre, et en abondance. Prenez le Groenland. Il est couvert dune couche de trois kilomtres de glace. Si lon pouvait lenlever, le climat de lEurope deviendrait sensiblement meil-

    Conformment ces donnes, avant la grande opposition de 1909, les Martiens, ayant atteint la Terre en 1908, se seraient trouvs dans les conditions les plus favo-rables pour le retour sur Mars.

    Y a-t-il eu des signaux envoys de Mars ?

    Le problme des signaux lumineux de Mars aperus en 1909 est trait dans un article intitul Mars et ses canaux paru dans le recueil Ides nouvelles dans lastrono-mie aussitt aprs la grande opposition de 1909.

    Plus rcemment ce fut la sensation au sujet des signaux reus de Mars au dbut des annes 20 pendant lopposition de la Terre et de Mars.

    Ctait lpoque du premier panouissement de la radiotechnique cre par le g-nial Popov, lapparition des premiers rcepteurs radio accessibles tous.

    Dans lappendice son livre Les voyages interplantaires, I. Prelman dit quen 1920 et 1922, pendant le rapprochement de Mars et de la Terre, les rcepteurs terriens cap-trent des signaux qui daprs leur caractre navaient pas pu tre envoys par des postes de T. S. F. terriens (apparemment, il sagissait avant tout de la longueur donde, fort limite pour les postes metteurs terriens dalors). On attribuait ces signaux Mars.

  • 29

    leur Les oranges pousseraient aux environs de Moscou. En mme temps, la glace, transporte sur Mars, ayant fondu, couvrirait toute la plante dune couche de cinquante mtres, cest--dire, remplirait pratiquement toutes les cavits des anciens ocans et la plante serait ramene la vie pour plusieurs millions dannes !

    Les Martiens auraient donc besoin de leau terrestre, et non de la Terre elle-mme ? demanda Nizovski.

    Certainement. Sur la Terre, les conditions de vie diffrent telle-ment de celles de Mars que les Martiens ne pourraient ni respirer ni se dplacer librement, car ici, ils pseraient deux fois plus. Imaginez-vous pesant le double. Les Martiens n'ont aucune raison de conqurir la Terre. En outre, ayant atteint un niveau lev de civilisation et un rgime parfait, ils ne connaissent peut-tre les guerres que daprs leurs tudes histo-riques. Ils viendront chez nous, sur la Terre, comme des amis, chercher de laide, de la glace.

    Amateur de sensations, Marconi, ainsi que ses ingnieurs entreprirent des exp-ditions dans les Andes et locan Atlantique pour enregistrer les signaux martiens. Marconi tentait de les capter sur 300 000 mtres de longueur donde.

    L'explosion sur Mars

    Aprs la grande opposition de la Terre et de Mars en 1956, le directeur de lob-servatoire de Poulkovo, membre correspondant de lAcadmie des Sciences de lU. R. S. S., A. Mikhailov, dclara au cours dun entretien qui eut lieu Lesno avec les savants de Lningrad que les chercheurs de Poulkovo avaient enregistr une formidable explosion sur Mars... Etant donn que les consquences de cette explo-sion avaient pu tre observes au tlescope, et sachant quil ny a l aucun volcan, il convient de classer le phnomne observ parmi les explosions nuclaires. Or, il est difficile dimaginer sur Mars une telle explosion non provoque par la voie artificielle. Il est donc fort probable quelle avait t produite des fins cratrices. Ainsi, lobser-vation faite Poulkovo peut constituer une preuve en faveur de lexistence sur Mars dtres raisonnables.

  • 30

    Amiti des plantes ! scria Nizovski. Mais comment peut-on transporter sur Mars la glace du Groenland ?

    Si un vaisseau mtallique est capable de faire un voyage interpla-ntaire, un vaisseau construit avec de la glace ou rempli de glace peut faire de mme. Des millions de tels engins envoys de la Terre Mars, transporteraient, non dun seul coup, bien sr, peut-tre en lespace de plusieurs centaines dannes, toute la glace du Groenland sur Mars qui, pendant ce temps, sadapterait de nouvelles conditions meilleures que les prcdentes.

    Lnergie atomique fournirait la force ncessaire aux vaisseaux inter-plantaires.

    Lnergie atomique, dit le gographe. Vous tes donc certain que cest le combustible atomique qui fut lorigine de lexplosion dans la taga ?

    Absolument certain. On en possde des preuves abondantes. Outre ce qui a t dit, je peux ajouter : les nues lumineuses. Vous en

    L'historique de lhypothse

    Lhypothse de lexplosion atomique dun vaisseau interplantaire dans la taga en 1908 fut publie pour la premire fois dans le rcit Lexplosion dAlexandre Kazantsev (Autour du Monde, n 1, 1946).

    Le 20 fvrier 1948, lauteur exposa cette hypothse la runion de la Socit as-tronomique de lU. R. S. S.. tenue au plantarium de Moscou.

    Le plantarium de Moscou la popularisa dans la mise en scne Lnigme de la m-torite des Tongouses.

    A lpoque, dans une lettre insre en 1948 dans le n 9 de la revue La Technique aux jeunes, des astronomes minents appuyrent le droit davancer lhypothse rela-tive lexplosion dune fuse interplantaire au-dessus de la taga. Parmi les signa-taires on notait : le professeur A. Mikhalov, directeur de lobservatoire de Poulkovo, membre correspondant de lAcadmie des Sciences de lU. R. S. S., le professeur P. Parnago, prsident de la section de Moscou de la Socit astronomique, le pro-fesseur B. Vorontsov-Vliaminov, membre correspondant de lAcadmie des Sciences pdagogiques, le professeur K. Baev, le professeur M. Nabokov.

  • 31

    souvenez-vous ? Elles ne refltaient pas simplement la lumire du soleil. Ces nuits-l on observa une lumire verdtre et rostre perant mme les nuages. Il ny a pas de doute quelle tait due la luminescence de lair. Au moment de lexplosion du vaisseau, toute sa substance stait transforme en vapeur et stait envole vers le haut o les restes de la substance ra-dio-active poursuivaient leur dsintgration, faisant luire lair. Souvenez-vous de la mort du fils de Lioutchetkan, de labsence de brlures sur son corps. Ce ntait autre chose que la radio-activit qui subsiste durant un bref laps de temps aprs lexplosion atomique.

    Tout cela ressemble extraordinairement ce qui a eu lieu Nagasaki et Hiroshima, dit le gographe.

    Mais ceux qui volaient vers nous, pourquoi ont-ils pri ? demanda Natacha.

    Krymov resta rveur. Jai demand des astronautes minents de calculer quel mo-

    Par la suite, le professeur A. Mikhalov offrit sa version de la catastrophe, esti-mant que la mtorite avait t une comte, mais cette hypothse neut pas beaucoup dchos.

    V. Sytine, un des assistants de Koulik, estimait que la catastrophe avait t pro-voque non par la chute dune mtorite, mais par un formidable coup de vent. Cependant cette conjecture nexplique pas laspect de la catastrophe et nombre de ses dtails.

    Lacadmicien Fessenkov, le secrtaire du Comit dtude des mtorites de lAca-dmie des Sciences de lU. R. S. S. Krinov, le professeur Stanioukovitch, Astapovitch et dautres spcialistes en matire de mtorites, sen tiennent au point de vue selon lequel ctait une mtorite pesant environ un million de tonnes, et repoussrent r-solument tout autre avis.

    Les recherches dun ingnieur de constructions aronautiques

    Le problme de la mtorite des Tongouses intressa bien des gens. A. Monotskov, ingnieur et constructeur davions connu du groupe Antonov, auteur de trs bons planeurs, laborda dune manire strictement scientifique. Aprs avoir tudi fond

  • 32

    ment il avait t avantageux pour les Martiens de faire le voyage de Mars la Terre. En effet, cette plante sapproche le plus de la Terre une fois tous les quinze ans.

    Eh bien, quand donc cela sest produit ? En mil neuf cent neuf ! lana Natacha. Donc, a ne colle pas, remarqua le capitaine du. Cest vrai, a ne colle pas. Le moment le plus propice pour les

    Martiens se situait en mil neuf cent sept, en mil neuf cent neuf et non le 30 juin mil neuf cent huit.

    Quel dommage ! scria Nizovski. Krymov sourit. Attendez. Je nai pas tout dit. Le calcul des astronautes a mis en

    vidence une concidence surprenante. Laquelle ? Laquelle ? Si le vaisseau interplantaire tait venu de Vnus, le jour le plus

    propice pour son arrive aurait t le 30 juin mil neuf cent huit.

    les dpositions dun grand nombre de tmoins oculaires (les correspondants de lobservatoire dIrkoutsk), il essaya de dterminer la vitesse laquelle la prtendue mtorite avait pass au-dessus de diffrentes rgions. Il dressa une carte sur laquelle il porta la trajectoire du vol et le moment auquel la mtorite avait t aperue par les tmoins diffrents. Cette carte amena des conclusions inattendues : la mtorite avait pass au-dessus de la terre en freinant... Monotskov avait calcul la vitesse laquelle elle tait arrive au-dessus du lieu de lexplosion et avait obtenu 0,7 kilomtre la seconde (et non 30-60 kilomtres la seconde, comme on lestimait auparavant). Cette vitesse se rapproche de celle dun avion raction moderne et constitue un argument assez important en faveur de la thse selon laquelle la m-torite des Tongouses , comme lestime Monotskov, tait un appareil volant , un vaisseau interplantaire. Si la mtorite tait tombe cette vitesse insignifiante, dans ce cas, compte tenu des lois de larodynamique, pour pouvoir causer dans la taga des destructions correspondant leffet dun million de tonnes de matire explosive, elle aurait d possder une masse non dun million de tonnes, comme lavaient calcul les astronomes, mais dun milliard de tonnes, en dautres termes, elle aurait d avoir un kilomtre de diamtre. Or cela ne correspond pas aux observations : la mtorite ne cachait pas la vote cleste. Visiblement les destructions causes dans la taga ne lont pas t par lnergie thermique se transformant en nergie cintique au moment du

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    Et quand la catastrophe a-t-elle eu lieu dans la taga ? Le 30 juin mil neuf cent huit. Diable ! scria Nizovski. Est-ce possible que aient t des habi-

    tants de Vnus ? Je ne crois pas... A propos, chose curieuse, les astronautes affir-

    ment que les conditions du voyage de Vnus la Terre taient trs avan-tageuses ces jours-l. La fuse aurait d partir le 20 mai 1908 et, volant dans le mme sens que Vnus et la Terre, se trouver tout le temps entre elles, puis atteindre la Terre quelques jours avant lopposition de Vnus et de la Terre.

    Mais, alors, ctaient srement des habitants de Vnus ! Cest in-contestable ! schauffait Nizovski.

    Je ne crois pas, rpliqua lastronome avec obstination. Il y a trop dacide carbonique sur Vnus, on y a dcel des gaz toxiques. Il est diffi-cile dy supposer lexistence danimaux suprieurs.

    heurt de la mtorite contre la terre, mais ce qui est plus probable, par lnergie nu-claire qui sest libre au moment de lexplosion atomique du carburant du vaisseau interplantaire, sans que celui-ci heurtt la terre.

    Querelle scientifique ou non scientifique ?

    Les partisans de lhypothse de la chute dune mtorite se sont levs plusieurs reprises contre lhypothse de lexplosion dun vaisseau venu dune autre plante. Ils ont prsent les arguments suivants :

    1. Il est impossible de nier la chute de la mtorite, car cela est contraire la m-thode scientifique (pourquoi ?).

    2. La mtorite est bien tombe, mais elle a t engloutie par le marcage.3. Le cratre sest form, puis il sest effac cause du sol marcageux.Ce sont prcisment les arguments fournis par lacadmicien Fessenkov et Krinov

    dans leur article Mtorite ou vaisseau martien ? publi par la Litratournaa ga-zta, en aot 1951.

    Leffet de cet article fut diamtralement oppos celui que recherchaient ses au-teurs. Lhypothse du vaisseau martien fut aussitt porte la connaissance de mil-

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    Mais puisquils sont arrivs ? Ils existent donc, insista Nizovski. Vous nallez pourtant pas affirmer que ctaient des Martiens qui venaient de Vnus.

    Vous avez devin. Cest justement ce que je suppose. Ah, a alors ! fit Nizovski avec un mouvement de recul. Vous avez

    donc des preuves ! Oui, il y en a ! Il est tout fait raisonnable de supposer quen cher-

    chant leau quils pourraient utiliser, les Martiens aient dcid dexplorer les deux plantes voisines, Vnus aussi bien que la Terre. Dabord, au mo-ment le plus propice, ils taient arrivs sur Vnus, et ensuite... le 20 mai 1908 lavaient quitte pour la Terre... Les voyageurs auraient pri en cours de route sous laction des rayons cosmiques, la suite dune collision avec une mtorite ou pour une autre raison quelconque. Ctait donc un en-gin non guid, pareil en tous points une mtorite qui sapprochait de la Terre. Cest pourquoi il a pntr dans latmosphre sans rduire sa vi-tesse par le freinage. A la suite du frottement contre lair, le vaisseau tait chauff, comme lest une mtorite. Son enveloppe a fondu et le carbu-rant atomique sest trouv dans des conditions propres au dclenchement de la raction en chane. Une explosion atomique avait eu lieu dans lair.

    lions de lecteurs. Les lettres afflurent au journal. Certaines faisaient remarquer avec raison :

    a) Si la mtorite est tombe et a t engloutie, o est-elle donc ? Pourquoi na-t-elle pas t dcele par les appareils magntiques ? Pourquoi des clats nen ont-ils pas t projets en tous sens comme cela arrive toujours au moment de la chute ?

    b) Si un cratre sest form, il devait tre au moins aussi grand que celui de lAri-zona : 1,5 kilomtre de diamtre et 180 mtres de profondeur, et sil sest effac cause du sol marcageux, comme le prtendent les savants mtoritistes , pourquoi au centre de la catastrophe ny a-t-il aucune trace de formation dun cratre ? Pourquoi sont restes intactes la couche de tourbe et celle de la cong-lation ternelle, car cette dernire aurait d fondre ? Pour quelle raison le sol ma-rcageux qui a combl le cratre a-t-il pu geler nouveau, comme si la priode glaciaire tait revenue sur la Terre ?

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    Ainsi, les visiteurs venus du Cosmos auraient pri justement le jour o leur fuse devait atterrir, comme le prouvent les calculs... Il est possible que sur Mars, ce jour-l tait attendu avec inquitude.

    Quest-ce qui vous le fait croire ? Cest quen 1909, au moment de la grande opposition, de nom-

    breux astronomes de la Terre furent troubls par des clats de lumire observs sur Mars.

    auraient t des signaux ? Oui, certains parlrent des signaux, mais ces voix se perdirent au

    milieu des objections sceptiques. Ils faisaient des signaux leurs voyageurs, dit Natacha. Cest possible, rpondit lastronome. Quinze ans passrent ! Vers

    cette poque, en 1924, la radio dcouverte par le savant russe, Popov, exis-tait dj sur la Terre. Et au moment de lopposition, de nombreux postes captrent des signaux bizarres ! Alors on parla de signaux-radio mis de Mars. On parla dun tour jou par Marconi. Mais il dmentit.

    Grand amateur de sensations, il chercha lui-mme capter les si-gnaux martiens, organisa des expditions spciales, mais... fit chou blanc.

    On sait que les mtoritistes nont pas donn de rponses ces questions, et pour cause.

    claircissement sensationnel du mystre de la mtorite des Tongouses

    Les annes passaient, personne ne revenait sur le lieu de chute de la prsume mtorite, mais lintrt pour ce phnomne ne faiblissait pas sans doute cause des hypothses cosmiques qui y avaient trait. Et en 1957, les spcialistes en matire de m-torites furent obligs daborder de nouveau cette question dans la presse. Krinov et le professeur Stanioukovitch dclarrent, lun dans la Komsomolskaa Pravda, lautre dans la revue Horizons que lnigme de la mtorite des Tongouses tait enfin clair-cie ! La mtorite avait exist, mais... elle stait pulvrise dans lair ! Ils renonaient donc enfin affirmer que le corps cleste avait heurt la terre et que le cratre stait gar ! Mais l encore leur logique est bien trange. Ils ne sintressent qu la disper-

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    Personne ne put dchiffrer les tranges signaux reus sur une longueur donde que les postes radio terrestres nutilisaient pas.

    Et pendant les oppositions suivantes ? demanda Nizovski trs ex-cit.

    En 1939, rien ne fut remarqu ni par les astronomes ni par les ra-diotechniciens. Si au cours des oppositions prcdentes, les Martiens avaient cherch tablir la liaison avec leurs voyageurs, il est possible que plus tard, ils les aient considrs comme perdus.

    Que tout cela est logique et passionnant, dit Nizovski. La prochaine opposition de Mars aura lieu en 1954, dit Krymov

    aprs un instant de silence. Je ne sais si dici l les Martiens auront rsolu le problme de la protection contre laction des rayons cosmiques dans lespace interplantaire, je lignore. Personnellement je rve autre chose. Nous avons dj conquis lnergie atomique. Cest nous qui serons de-main de taille songer aux voyages interplantaires.

    sion dune partie de la mtorite. Pour prouver quelle stait pulvrise en lair, il a t annonc que dans les sous-sols de lAcadmie des Sciences on avait trouv (!) de vieux pots contenant de la terre amene dans le temps du lieu de la catastrophe.

    Lanalyse de ces pots oublis avait permis de dcouvrir dans le sol des parcelles de poussire mtalliques trs fine. Lanalyse chimique y avait tabli la prsence de fer, de 70% de nickel et de prs de 0,7% de cobalt, ainsi que des boulettes de magntite, de quelques centimes de millimtre de dimension, produit de la fusion du mtal dans lair.

    Mais lannonce de lclaircissement du mystre tait quelque peu prmature.

    En effet, si les mtoritistes reconnaissent que la mtorite nest jamais tombe sur la terre et a t rduite en poussire pour une raison quelconque alors il faut poser cette question : pourquoi sest-elle rduite en poussire ? Par quoi lexplosion a-t-elle t provoque dans la taga, sil ny a pas eu heurt du corps cleste contre la terre et si lner-gie de mouvement de la mtorite ne sest pas transforme en nergie thermique ?

    Et do provient cette nergie colossale qui a abattu les arbres de la taga sur des centaines de kilomtres ? Les mtoritistes nont pas fourni et ne peuvent pas fournir de rponse toutes ces questions naturelles.

  • 37

    Vous partiriez pour Mars ? demanda Natacha presque avec frayeur. Oui, je suis sr que je volerai sur Mars. Lvolution des tres raison-

    nables, le dveloppement de la science sur la Terre se produisent dans des conditions incomparablement meilleures que sur Mars. Nous irons chez eux plus tt et le ferons mieux queux.

    Krymov se tut, puis se mit rire. Voil, vous voyez maintenant, pourquoi je me suis fait astronome.

    Je crois vous avoir racont plus que je nen avais lintention. Mais la faute en est au cognac.

    Je vous demande pardon, dit Nizovski, je suis palontologue... Daprs les fragments dun os, nous pouvons reconstituer laspect dun animal ayant vcu une certaine poque sur la Terre. Ne peut-on pas imaginer quoi ressemble le portrait physique dun Martien. Vous qui connaissez toutes les conditions de son existence, dcrivez-nous le visi-teur qui serait venu du Cosmos.

    A propos, la prsence de poussire mtallique dans les chantillons du sol ne prouve point que ce sont infailliblement des restes de la mtorite. Car la structure du fer caractristique pour ces corps na pas t dcouverte. Ce qui est plus probable, cest que nous avons affaire aux restes de la fuse interplantaire anantie par lexplo-sion. La composition chimique de ces restes correspond tout fait cette hypothse.

    On voit donc quil est trs difficile dluder lexplication de la catastrophe par lexplosion atomique. Les rfrences aux hauts grades scientifiques et le dni dun fait universellement connu (la force monstrueuse de lexplosion dans la taga) ne suf-fisent pas pour ceux qui veulent les connatre. Et ces derniers veulent que les savants trouvent une explication vraiment valable.

    Comment percer lnigme de la mtorite des Tongouses ?

    Lenvoi dune expdition scientifique dans la taga prsente un intrt incontes-table.

    Il est possible de rpondre la question ou savoir si une explosion atomique a eu lieu dans la taga ? Pour cela, il faudra explorer le lieu o sest produite la catastrophe, y tudier la radio-activit.

  • 38

    Krymov sourit. Jy ai dj pens. Soit... A propos jai lu les opinions mises par un

    de vos collgues, le professeur Efrmov, palontologue et crivain. Je suis daccord avec lui sur de nombreux points... Lunique centre crbral, les organes de la vue stroscopique et de loue disposs dans son voisinage... Tout cela est indispensable. Certes, la position verticale de ltre lest aussi pour avoir le plus grand champ possible de visibilit. Maintenant, las-pect extrieur. Sur Mars, le climat est rigoureux, les changements de tem-prature sont brusques. Il est possible que les Martiens ne soient pas trs beaux. Ils doivent possder un tgument de protection, une paisse couche de graisse, des poils abondants ou une peau dune teinte violette absorbant, comme les plantes martiennes, les rayons calorifiques. Ils sont dune petite taille... car l-bas, la pesanteur nest pas grande... leurs mus-cles sont moins dvelopps que les ntres. Quoi dautre encore ? ... Ah, oui ! ... Les organes respiratoires ! ... Chez eux, ils sont dvelopps au plus haut degr. Cest quils doivent utiliser la quantit infime doxygne existant clans latmosphre martienne... Du reste, je ne vous garantie pas la prcision...

    Et les tres raisonnables vivants sur Vnus, de qui peuvent-ils avoir lair ? demanda pensivement Nizovski. Lastronome clata de rire.

    L, je ne puis rien vous dire ce sujet. Nous savons encore si peu de choses...

    Et pourtant... ils venaient de Vnus, dit doucement Nizovski.

    Pour les endroits ordinaires de la Terre, il existe un niveau dtermin de radio-ac-tivit. A laide dappareils spciaux, les compteurs Geiger, on peut dceler dans nim-porte quel endroit une quantit tout fait dtermine de dsintgration des atomes.

    Si dans la rgion de la catastrophe, il sest effectivement produit au moment de lexplosion un puissant rayonnement radio-actif (explosion atomique), le flux des neutrons (particules lmentaires des atomes rejets la dsintgration) traversant le bois des arbres abattus et le sol, aura infailliblement provoqu certains change-ments. Il se serait form ce quon appelle des atomes marqus aux noyaux plus lourds o seraient rests certains des neutrons. Ces atomes marqus sont des iso-

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    Krymov hocha la tte.Nous nous sparmes longtemps aprs minuit. Boris Efimovitch tait

    ravi de cette soire. a cest un homme ! Quel effort constant vers le but quil sest fix

    dans sa vie ! En voil un qui ne serait pas de trop chez nous dans lArc-tique.

    Je me souviens le moment o lastronome nous faisait ses adieux. Il devait dbarquer avec Natacha la Terre Froide pour tudier l-bas aussi la capacit dabsorption de la vgtation locale.

    Leurs instruments furent descendus dans la vedette. Natacha et Krymov agitaient les mains en signe dadieu. Le capitaine fit donner un coup de sirne, il le faisait toujours, cet aimable Boris Efimovitch.

    Nizovski se pencha par-dessus bord et cria : De Vnus ! De Mars ! cria en rponse Krymov. Il ne souriait pas, il tait grave.

    La vedette sloignait en sautant sur les vagues. Elle cinglait vers la ligne lointaine de la cte.

    Une heure aprs, elle fut de retour.

    Le Guorgui Sdov allait reprendre sa route.

    topes (varits) plus lourds des lments ordinairement rpandus sur la Terre. Ainsi, lazote ordinaire a pu se transformer en carbone lourd, qui se dsintgre de lui-mme. Dautres isotopes lourds se dsintgrent de la mme faon. Cette destruction spon-tane peut tre dcele laide des mmes compteurs de dsintgration des atomes

    Si lon parvient tablir que dans cette rgion la quantit de dsintgration des atomes la seconde dpasse la normale, le caractre de la catastrophe sera vident. De plus, on pourra tablir aussi le centre de la catastrophe et, dans le cas o il con-ciderait avec le bois mort rest debout, reconstituer dfinitivement le tableau de la perte du vaisseau martien.

  • Leonid Kulik

    Il y eut trois autres expditions sur le site de lexplosion de la Tunguska, toutes tant diriges par Kulik. En 1941, Hitler attaqua la Russie. Leonid Kulik, g de 58 ans, sengagea pour dfendre Moscou, mais fut bless par les Nazis. Il fut captur par les troupes allemandes et envoy dans un camp de prisonniers o il mourut de ses blessures.

    Tunguska en 1938

    Quelques prives de vues ef-fectus en 1938 par Lonid Kulid, lors de son enqute.Les arbres tombs parallles indiquent avec exactitude la direction de l'onde de choc.

    Voir ci-contre

    Timbre commmoratif mis en 1958 sur le cinquantime anniversaire de l'explosion de Tunguska.

  • Illustration de William K. Hartmann montrant les diffrentes phases de l'explosion

  • 43

    L E M A RT I E NTraduit du russe par Louis Gaurin et Victor Joukov

    Lesprit de la catastrophe martienne sinstalla dans le carr du Guorgui Sdov. Personne navait plus envie de raconter les aventures arctiques ; les marins et les hommes des stations polaires se souvenaient des dtails de lexplosion dans la taga, sagitaient, discutaient... Notre Dcamron septentrional , comme disait le capitaine, avait chou sur un banc de sable...

    Cest vous, Alexandre Ptrovitch, de le remettre flot, sadressa-t-il moi en riant. Que lcrivain nous raconte maintenant quelque chose de fantastique puisque le messager du Cosmos nous a tous mis dans cette disposition.

    Oui, Oui ! sanima lassistance. Racontez-nous quelque chose dont on ne puisse croire un mot !

    Et le vaisseau interplantaire, y avez-vous cru ? demandai-je en plaisantant.

    Les Amricains disent : Nous croyons en Dieu, le reste, on le paye comptant. A mon avis, il y avait pas mal de choses qui pouvaient tre prises pour mon argent comptant.

    Il y en avait tant quon ne saurait les rfuter, remarqua le pilote, homme dune taille norme, toujours silencieux, chauss de bottes souples en peau de chien et vtu dune combinaison. Il devait choisir lemplace-ment pour un arodrome sur une des les, ce qui expliquait sa prsence au bord du Sdov.

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    Impossible dy croire... Mais impossible aussi de le rfuter, dit pen-sivement Ntaev, le navigateur.

    Alors vous voulez que je conte une chose laquelle il ne saurait pas possible de croire ? demandai-je, ayant dj rsolu de placer parmi les rcits peu compliqus sur la vie arctique que javais entendus ici lhistoire dune vie tout autre, incroyable, impossible, mais...

    Au dbut, on mcouta avec une lgre mfiance, avec un sourire condescendant ou encourageant, le mme peut-tre qua le lecteur en tournant cette page dans lattente dune fiction...

    Dans mon rcit, il sagira du prsent, dune seule entrevue dans une pice triste au plafond marqu de plaques dhumidit et aux tables cou-vertes de taches dencre de laroclub central Tchkalov Touchino, aux environs de Moscou.

    Ce jour-l, jtais de service laroclub. Non, je ne suis pas aviateur, ne vous tonnez pas. Passionns de lastronautique, nous avions cr il y a quelques annes une section dastronautique, une organisation se pro-posant de favoriser les futurs voyages interplantaires. Encore tout r-cemment, on se moquait de nous, nous appelant Lunatiques cause de notre rve de voler un jour vers la Lune. Nous supportions tout stoque-ment, faisions la propagande de notre chre astronautique, cherchant rassembler autour de nous tous ceux qui nous pouvions communiquer la foi dans les voyages cosmiques ; nous avions cr toute sorte de co-mits : astronavigation, technique raction, astronomie et biologie du vol cosmique, tlcommande... Maintenant, on ne se moque plus de la section dastronautique, elle compte parmi ses membres de nombreux sa-vants, de clbres aviateurs, des tudiants, des ingnieurs, des crivains... des jeunes gens, des jeunes filles, des hommes dge mr, des vieillards, des chercheurs, des pdants et des rveurs...

    Bref, en tant quun des organisateurs de la section dastronautique, jeus loccasion, au cours de lanne de lancement des premiers satellites artificiels de la Terre, dtre de service laro-club. Aprs avoir bavard amicalement avec deux jeunes filles et un jeune homme qui rvaient de

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    voler ni plus ni moins que sur Mars..., rest seul, je me mis parcourir les lettres reues.

    Il y en avait de trs intressantes. Un jeune homme crivait : Jai 18 ans, je viens de terminer mes tudes secondaires, je nai encore rien fait dans la vie, or, je voudrais tant faire pour la science. Jai entendu dire quon avait lintention de mettre un chien dans le satellite artificiel de la Terre pour lenvoyer dans lespace cosmique. Il est, certainement, plus im-portant pour la science que ce soit un homme qui y prenne place. Je vous demande de bien vouloir maider offrir mes services pour le vol expri-mental dans le Cosmos. Je suis sr que jaurai le temps de transmettre la radio toutes mes sensations... Et je verrai le globe terrestre du ct des toiles...

    Une autre lettre tait crite par une femme : Je suis une mnagre, jai 46 ans et je nai rien fait dans la vie. Permettez-moi de servir la science et de moffrir ltude de ltat de lorganisme humain au cours du vol cos-mique. Je comprends que toutes les fuses ne reviennent pas...

    Un mcanicien de locomotive du chemin de fer de Transbakalie cri-vait : Jaime beaucoup la technique, je my connais dans les mcanismes, je suis prt tudier. Je pourrai tre utile comme membre de lquipage dun vaisseau cosmique...

    Soit dit en passant, il y a dj chez nous et ltranger des dizaines de milliers dhommes qui brlent de prendre part aux prochains voyages cosmiques...

    Je me mis mditer sur cette particularit tonnante du caractre hu-main. Quelle est la force qui pousse lhomme vers les toiles, larrache la Terre ? Cest la soif des connaissances, une soif ardente, insatiable, inex-tinguible ! La mme qui conduisait les explorateurs polaires, hommes passionns, possds dans le noble sens du mot, tombant, mais se rele-vant, prissant, mais tendant toujours travers les glaces infranchissables, les tourmentes de neige et le froid vers un point mystrieux nomm ple et figur sur les cartes par une tache blanche... Cest la mme force qui en-tranait au gr du vent les audacieux navigateurs travers les vastes ten-dues et les temptes vers les terres lointaines, belles parce quelles taient

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    inconnues... Et cest toujours elle qui guide les intrpides escaladant les pentes glaces dune cime inviole, inaccessible, leve jusquau ciel et sur laquelle il ny a rien sauf un vent imptueux, une vue blouissante et une sensation purifiante, enivrante et fortifiante de hauteur...

    Les buts et les hauteurs vers lesquelles tend aujourdhui lhomme ne sont plus comparables rien de ce quil a dj atteint auparavant...

    Telle est la nature humaine et cest pour cela quelle est admirable !

    Je laperus au moment o il traversait la cour de laroclub. Jallais dj rentrer, mais je restai, comme si javais su quil venait me voir. Javais dcel quelque chose dtrange soit en lui, soit dans sa dmarche, je ne le saurai dire, quand il se dirigeait vers la porte dentre.

    Cette sensation saccentua, lorsque je le vis de prs. (Il se trouvait quil venait effectivement me voir !) Ce ntait pas sa petite taille, ni ses mou-vements gns, ni unie certaine disproportion du corps, des bras et des jambes, ni mme sa forte tte bossele et compltement prive de che-veux... Ce qui me frappa, ce fut le regard de ses grands yeux intelligents, altr par les verres curieux, incroyablement convexes de ses lunettes. Celles-ci rapprochaient de moi ses normes yeux, un peu tristes, pn-trant linterlocuteur et infiniment comprhensifs.

    Jattribuai ces lunettes extraordinaires limpression produite sur moi par le visiteur et je lui offris un sige.

    Aprs avoir mis sur la table un gros manuscrit, il me regarda avec un sourire doux et il saisit, sans doute, une lgre frayeur dans mes yeux, peut-tre mme comprit-il que javais lire trop de manuscrits et que jen avais une certaine apprhension...

    Non, ce nest pas pour une consultation littraire ni pour limpres-sion, dit-il.

    Je lui jetai un regard interrogateur. Je sais quil est encore prmatur de parler dun voyage interplan-

    taire rel, de la composition ventuelle lquipage... Bien que, peut-tre, vous obsde-t-on de sollicitations. Et, pourtant, je voudrais, ds mainte-nant, obtenir lappui de votre section.

  • 47

    Ce ntait pas un jeune homme que javais devant moi, on ne pouvait pas plaisanter avec lui, lengager tudier les domaines des sciences dont un astronaute aura un jour besoin.

    Il comprit ma pense, je ne sais comment, et me dit quil ntait ni astronaute, ni gologue, ni mdecin, in ingnieur, bien que... il retint un instant son souffle bien quil pt tre chacun deux. Mais quoi quil en soit, il comptait sur un appui, voulant tre sr dtre au nombre des membres de lquipage du premier vaisseau en partant pour Mars, car chacun avait le droit au... retour.

    Je me sentis mal laise. Je me rappelai avoir lu en 1940 la lettre du directeur dun grand magasin de Sverdlovsk qui demandait quon laide revenir sur Mars aussi ! On disait que sous tous les autres rapports ce travailleur du commerce tait un homme tout fait normal.

    Le visiteur sourit. Je lus dans ses yeux que cette fois encore il avait tout compris.

    Diable ! Peut-tre chez eux, sur Mars, latmosphre tait en effet si rarifie quon y avait depuis bien longtemps renonc communiquer ses ides laide des ondes sonores, cest--dire en faisant vibrer lair. Je maperus que non seulement lui, mais moi aussi, je devinais ses penses... Le plus facile tait de le prendre pour un malade...

    Oui, dit le visiteur. Les premiers temps, on ma plusieurs fois en-ferm dans des maisons dalins, tant que je nai pas compris quil tait inutile de convaincre les hommes.

    Je me demandai si ce ntait pas sa lettre qui javais lue un jour, encore avant la guerre.

    Le visiteur indiqua le manuscrit.Jaurais pu lcrire en russe ou en anglais, en franais ou en hollandais,

    en allemand, en chinois ou en japonais, en employant une des critures en usage sur la Terre...

    Tchant dtre poli, je dployai le manuscrit et fronai les sourcils voyant la page couverte de signes bizarres. Quest-ce donc ? Une mystifi-cation ! Ou un symptme de maladie ?

  • 48

    Il est impossible un tre raisonnable, poursuivit le visiteur, quel quil soit, dinventer dans la solitude une langue inconnue transmettant avec toute son expressivit et sa souplesse les ides et les sentiments mme pas tout fait comprhensibles aux hommes, il est impossible un tre raisonnable, sil est seul, dinventer une criture pour transcrire toutes les richesses dune telle langue. Vous comprendrez que ce manuscrit na pu tre crit que par le reprsentant dune tribu lointaine, ancienne, sage, qui existe effectivement dans un monde svre en voie de dprissement...

    Mais comment le lire ! mcriai-je ne pouvant me retenir, et je saisis tout de suite derrire les merveilleuses lunettes lexpression dune affec-tueuse mansutude.

    Au cours du dernier sicle, la civilisation sur la Terre a fait un v-ritable bond. Vous tes passs de la comprhension de la loi de conserva-tion de lnergie lutilisation de lnergie de la matire, de lidoltrie la cration de machines qui multiplient la force du cerveau et le remplacent pour set certaines fonctions. Je suis heureux dtre un contemporain de lpanouissement de cette civilisation sur une plante jeune et abondante qui, possdant une masse suffisante, ne perd ni son atmosphre ni son eau et qui ne sera jamais guette par le dprissement.

    Et vous croyez, javais dj compris mon interlocuteur, que les ma-chines calculer lectroniques pourront dchiffrer ce manuscrit ?

    Vos machines le liront et vous comprendrez qui la crit.Je lavais dj presque compris, jtais prt comprendre par qui il avait

    t crit. Je me rendais compte du ridicule et du caractre insolite de la situation, mes mains tremblaient. Qui sintressera cette entrevue, le monde entier ou seulement quelques alinistes ?

    Les yeux pouvant transmettre et lire les penses me regardaient tra-vers les verres convexes des lunettes. Face ces yeux, le mensonge ou la duplicit, la fausset ou lhypocrisie taient-ils possibles ? ...

    Nous nous quittmes, mon visiteur et moi, aprs avoir convenu de nous rencontrer de nouveau dans cette mme pice dans six mois exac-tement...

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    Et puis... puis je partis en voyage bord du Guorgui Sdoa, et depuis de longs mois, vous me voyez dans ce carr.

    Mais attendez ! dit presque avec indignation le navigateur Ntaev, levant ses yeux clairs et dilats en ce moment. Et le manuscrit donc ? Quest-il devenu ?

    Les histoires de fous ont toujours quelque chose de divertissant, fit remarquer quelquun. Ntaev, irrit, se tourna vers lui.

    Je crois que le rcit nest pas termin, dit le capitaine et il me regar-da guettant ma rponse.

    Sans doute... que non, acquiesai-je. Cest que je le reverrai... Et le manuscrit, vous lavez sur vous ? Peut-on y jeter un coup

    dil ? demanda vivement Ntaev. Non. Je ne lai pas. Le rcit a, en effet, une suite. Bientt aprs len-

    tretien dont je vous ai parl, un savant remarquable vint notre Union des crivains. Son nom est prononc avec respect par les mathmaticiens du monde entier. Cest un homme trs intressant. Un savant de type nouveau. Grand, bien fait, dallure sportive, excellent joueur de tennis, jouant aux checs, connaissant merveilleusement la littrature... Lui et moi, nous discutmes beaucoup des questions littraires... Cest aprs 1a Rvolution, lge de seize ans, quil avait commenc ses tudes univer-sitaires ; vingt ans il tait dj agrg et lorsquil allait sur sa vingt-hui-time anne il fut lu acadmicien.

    Oh, je sais de qui il sagit ! scria Ntaev. Le savant nous parla de la technique lectronique du calcul. Vous

    avez certainement entendu parler des machines cyberntiques capables non seulement de faire les calculs les plus compliqus qui auraient exi-g les efforts de plusieurs gnrations de mathmaticiens, mais aussi de rsoudre des problmes logiques, possdant une mmoire dite lectro-nique, cest--dire, capables laide dun dictionnaire automatique de tra-duire dune langue en une autre et mme de revoir le texte traduit.

    Lorsque je le ramenais chez lui dans ma voiture, lacadmicien