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art/actu K?-34 LE NUMÉRIQUE À LA TRIQUE Depuis son ouverture le 2 mars dernier, la Gaîté Lyrique ne connaît pas le sentiment de vide. En moins d'une semaine, plus de 18 000 personnes se sont ruées dans cette nouvelle “Institution du numérique”. Trois bonnes raisons d'y mettre les pieds : Un concept presque avant-gardiste Bon… Le numérique, ça ne date pas d'hier. Mais personne n'avait eu l'idée jusque-là (à Paris, du moins) de créer un espace dédié aux inno- vations technologiques. La Gaîté lyrique a choisi d'explorer ce nouveau domaine sous l'angle de la création : expositions, performances, vidéos, conférences… tout en mettant l'accent sur la musique électronique. C'est avant tout un projet humaniste avec pour objectif de faire vivre à ses visiteurs des expériences uniques” raconte Jérôme Delormas, le directeur général et artistique. Un lieu de vie Celle que l'on appelait La Triste muette (passé trouble lié à ces anciens propriétaires, dont le créateur d'Inspecteur Gadget) retrouve un second souffle. L'architecte qui a œuvré à sa restitution, Manuelle Gautrand, est parvenue à concilier l'extrêmement modernité - la boîte dans la boîte - à l'ancien. Dans les 13 000 m2 de surface, on trouve un auditorium, un espace vidéo, une bibliothèque consacrée aux arts numériques, un café dans un salon à l'italienne, une salle de concert recouverte d'une enve- loppe sonore et la fameuse boutique Amusement. Une programmation prometteuse Après le passage de Brian Eno et d'United Visual Artists, c'est au tour d'Universal Everything d'investir les lieux du 21 avril au 27 mai (Super Computer Romantics). Ce collectif à l'esprit très pop souhaite partager avec le public sa vision romantique de la technologie, mêlant figurines, vidéos et installation visuelle et sonore. Puis du 18 juin au 7 août, la Gaîté Lyrique se consacrera à la culture du skate. Ce parti pris un peu provoc' aura pour but de démontrer qu'il ne s'agit pas seulement d'une planche de bois avec des roulettes mais d'un phénomène social incluant d'autres domaines comme la musique et la mode. Emma Paoli ¨*La Gaîté lyrique, 3 bis, rue Papin, 75003. Renseignements : www.gaité-lyrique.net L’ARTISTE NE SUFFIT PAS Poursuivons notre route de la relecture des signes dans le Marais, jusqu’à la nouvelle exposition de l’artiste “plaque- titien” Joël Ducorroy. Et passé le jeu de mot malhabile, arrêtons-nous sur le principe consistant à produire des plaques d’immatriculation pour que tout puisse être convoqué sans que rien ne soit là. L’univers anti-passion de Joël Ducorroy cartographie les dernières données d’un monde où les satellites peuvent tout saisir. Gentiment titrée Amicalement vôtre à la fois pour convoquer ce qui reste en nous de sympathie ainsi que pour rappeler la pré- sence d’œuvres réalisées par ceux qui sont ou furent ses proches (Ben, Di Rosa, Le Gac, Villeglé, Warhol…), l’expo- sition est pensée comme une mission commando violem- ment aseptisée où confondre les cartels et les œuvres sert la mise en péril des régimes de représentabilité. Malhabile néanmoins pensez-vous, de valoriser des tra- vaux en les plaçant aux côtés de noms prestigieux ? Maybe so, à ceci près que Joël Ducorroy pousse ici le minable et le vaniteux à un point tel qu’une série de pla- ques s’autorise à baliser une sorte de parcours fermé du monde de l’art (voyez notamment ou plutôt ne voyez pas les Portraits pensés sur le modèle des plaques de rue), en réponse à cette mauvaise habitude qui pousse nombre de malvoyants au name-dropping dans l’espoir de s’assurer une esquisse à défaut d’un propos. J.T. *Amicalement vôtre, par Joël Ducorroy – jusqu’au 7 mai à la galerie Baudoin Lebon, 38 rue Ste Croix de la Bretonnerie, 75004. Et aussi… - Après Gainsbourg au cinéma, Joann Sfar investit la Cité de la Musique pour l'exposition Brassens ou la liberté - jusqu'au 21 mai. - Miss Van is back à la Galerie Magda Danysz via Twinkles, expo coquette et sensuelle - jusqu'au 30 avril. - La BNF sera Beat Generation - jusqu'au 26 juin - grâce à Richard Prince, seigneur du Pop Art et bibliophile convaincu mettant en scène des trésors hippies avec American Prayer. Vue de l'exposition Amicalement vôtre, par Joël Ducorroy. Photo Baoming Li.

KEITH MAGAZINE / GAITE LYRIQUE

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Un lieu de vie - Après Gainsbourg au cinéma, Joann Sfar investit la Cité de la Musique pour l'exposition Brassens ou la liberté- jusqu'au 21 mai. - Miss Vanis back à la Galerie Magda Danysz via Twinkles, expo coquette et sensuelle - jusqu'au 30 avril. - La BNF sera Beat Generation - jusqu'au 26 juin - grâce à Richard Prince, seigneur du Pop Art et bibliophile convaincu mettant en scène des trésors hippies avec American Prayer. art/actu K?-34 Emma Paoli J.T.

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K?-34

LE NUMÉRIQUE À LATRIQUEDepuis son ouverture le 2 mars dernier, la Gaîté Lyriquene connaît pas le sentiment de vide. En moins d'unesemaine, plus de 18 000 personnes se sont ruées danscette nouvelle “Institution du numérique”. Trois bonnesraisons d'y mettre les pieds :

Un concept presque avant-gardisteBon… Le numérique, ça ne date pas d'hier. Mais personne n'avait eul'idée jusque-là (à Paris, du moins) de créer un espace dédié aux inno-vations technologiques. La Gaîté lyrique a choisi d'explorer ce nouveaudomaine sous l'angle de la création : expositions, performances, vidéos,conférences… tout en mettant l'accent sur la musique électronique.“C'est avant tout un projet humaniste avec pour objectif de faire vivre àses visiteurs des expériences uniques” raconte Jérôme Delormas, ledirecteur général et artistique.

Un lieu de vie Celle que l'on appelait La Triste muette (passé trouble lié à ces ancienspropriétaires, dont le créateur d'Inspecteur Gadget) retrouve un secondsouffle. L'architecte qui a œuvré à sa restitution, Manuelle Gautrand, estparvenue à concilier l'extrêmement modernité - la boîte dans la boîte - àl'ancien. Dans les 13 000 m2 de surface, on trouve un auditorium, unespace vidéo, une bibliothèque consacrée aux arts numériques, un cafédans un salon à l'italienne, une salle de concert recouverte d'une enve-loppe sonore et la fameuse boutique Amusement.

Une programmation prometteuseAprès le passage de Brian Eno et d'United Visual Artists, c'est au tourd'Universal Everything d'investir les lieux du 21 avril au 27 mai (SuperComputer Romantics). Ce collectif à l'esprit très pop souhaite partageravec le public sa vision romantique de la technologie, mêlant figurines,vidéos et installation visuelle et sonore. Puis du 18 juin au 7 août, la GaîtéLyrique se consacrera à la culture du skate. Ce parti pris un peu provoc'aura pour but de démontrer qu'il ne s'agit pas seulement d'une planchede bois avec des roulettes mais d'un phénomène social incluant d'autresdomaines comme la musique et la mode.

Emma Paoli

¨*La Gaîté lyrique, 3 bis, rue Papin, 75003.Renseignements : www.gaité-lyrique.net

L’ARTISTE NE SUFFIT PASPoursuivons notre route de la relecture des signes dans leMarais, jusqu’à la nouvelle exposition de l’artiste “plaque-titien” Joël Ducorroy. Et passé le jeu de mot malhabile,arrêtons-nous sur le principe consistant à produire desplaques d’immatriculation pour que tout puisse êtreconvoqué sans que rien ne soit là. L’univers anti-passionde Joël Ducorroy cartographie les dernières données d’unmonde où les satellites peuvent tout saisir. Gentimenttitrée Amicalement vôtre à la fois pour convoquer ce quireste en nous de sympathie ainsi que pour rappeler la pré-sence d’œuvres réalisées par ceux qui sont ou furent sesproches (Ben, Di Rosa, Le Gac, Villeglé, Warhol…), l’expo-sition est pensée comme une mission commando violem-ment aseptisée où confondre les cartels et les œuvres sertla mise en péril des régimes de représentabilité.Malhabile néanmoins pensez-vous, de valoriser des tra-vaux en les plaçant aux côtés de noms prestigieux ?Maybe so, à ceci près que Joël Ducorroy pousse ici leminable et le vaniteux à un point tel qu’une série de pla-ques s’autorise à baliser une sorte de parcours fermé dumonde de l’art (voyez notamment ou plutôt ne voyez pasles Portraits pensés sur le modèle des plaques de rue), enréponse à cette mauvaise habitude qui pousse nombre demalvoyants au name-dropping dans l’espoir de s’assurerune esquisse à défaut d’un propos.J.T.

*Amicalement vôtre, par Joël Ducorroy – jusqu’au 7 mai à la galerie Baudoin Lebon,38 rue Ste Croix de la Bretonnerie, 75004.

Et aussi…- Après Gainsbourg au cinéma, Joann Sfar investit la Cité de laMusique pour l'exposition Brassens ou la liberté - jusqu'au 21mai.- Miss Van is back à la Galerie Magda Danysz via Twinkles,expo coquette et sensuelle - jusqu'au 30 avril. - La BNF sera Beat Generation - jusqu'au 26 juin - grâce àRichard Prince, seigneur du Pop Art et bibliophile convaincumettant en scène des trésors hippies avec American Prayer.

Vue de l'exposition Amicalement vôtre, par Joël Ducorroy. Photo Baoming Li.