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N°6 Edito Susciter la rencontre entre les gens d’ici et les musiques de là-bas, voilà une des plus belles missions de la Grande Boutique et du Plancher, sa saison culturelle itinérante. Depuis 2011, grâce au Kreizy Breizh, les collégiens et lycéens de plus d’une dizaine d’établissements ont pu rencontrer des hommes et des femmes venus d’Amérique latine, d’Afrique, d’Asie... Avec ce sixième numéro, les élèves du Lycée Sérusier Carhaix et du Collège d’Huelgoat ont interviewé des artistes des États-Unis, du Pakistan, de la Réunion... Ils ont pu découvrir leur art, leur tradition, échanger avec eux et finalement partager ces moments forts, avec vous, lecteurs. ILL Chemistry Krismenn Danyel Waro Zarsanga « J’ai toujours été sensible à la musique du breton », page 2 « Semer et planter les graines du maloya », page 3 Une chanteuse pakistanaise, page 4 « Toujours cher cher à aller plus haut », page 2 Le magazine culturel du Plancher

Kreizy Breizh n°6

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Kreizy Breizh n°6, le magazine culturel du Plancher, fait par les jeunes du Kreiz Breizh

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Page 1: Kreizy Breizh n°6

N°6

EditoSusciter la rencontre entre les gens d’ici et les musiques de là-bas, voilà une des plus belles missions de la Grande Boutique et du Plancher, sa saison culturelle itinérante. Depuis 2011, grâce au Kreizy Breizh, les collégiens et lycéens de plus d’une dizaine d’établissements ont pu rencontrer des hommes et des femmes venus d’Amérique latine, d’Afrique, d’Asie... Avec ce sixième numéro, les élèves du Lycée Sérusier Carhaix et du Collège d’Huelgoat ont interviewé des artistes des États-Unis, du Pakistan, de la Réunion... Ils ont pu découvrir leur art, leur tradition, échanger avec eux et � nalement partager ces moments forts, avec vous, lecteurs.

ILL ChemistryKrismenn

Danyel WaroZarsanga

« J’ai toujours été sensible à la musique du breton », page 2

« Semer et planter les graines du maloya », page 3

Une chanteuse pakistanaise, page 4

« Toujours chercher à aller plus haut », page 2

A quel âge avez-vous commencé à chanter ?J’ai d’abord été bergère, jusqu’à l’âge de 14 ans, j’ai commencé à chanter à 20 ans.

Quand avez-vous commencé à travailler avec vos deux musiciens ?Nous avons commencé à chanter ensemble, il y a longtemps ; plus précisément 20 ans, le percussion-niste qui m’accompagne à la tabla est mon � ls et le guitariste qui m’accompagne à la rubab est originaire d’Afghanistan.

Que signifi ent les poèmes que vous avez interprétés ? Avez-vous vécu ce que vous chantez ?Les paroles racontent mes souvenirs, ainsi que mes déplacements. A� n de rendre hommage aux combat-tants, je raconte la tristesse et l’amour. Mes poèmes peuvent être racontés aux enfants. J’ai traversé des

Corinne, Trébévan, 56 ansCorinne est venue découvrir de nouveaux horizons. « J'ai trouvé ce spectacle surprenant, d'une grande originalité par rapport aux instruments et au costume traditionnel coloré de la chanteuse », nous con� e-t-elle,heureuse de cette expérience.

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25 MARS • KERGRIST MOËLOU BALAFENT (spectacle musical jeune public français /breton)

26 MARS • HUELGOAT KREIZ BREIZH AKADEMI # 5 - répétition publique (création 2015)

29 MARS • LANGONNET GALANDUM GALUNDAINA (Portugal)

2 AVRIL • KERGRIST MOËLOU “CEOL MOR” de PATRICK MOLARD (création 2015 / 2016)

En ouverture : À LA RENCONTRE DES CHAMANES (Rep. de Yakoutie)

3 AVRIL • HUELGOAT QAWWAL BACHE DE KARACHI (Pakistan)

En ouverture : À LA RENCONTRE DES CHAMANES (Rep. de Yakoutie)

4 AVRIL • LANGONNETFEST NOZ5 AVRIL • KERGRIST MOËLOUFANFARE CIOCARLIA (Roumanie) En ouverture : JEAN LUC THOMAS & MICHEL GODARD

MASTERCLASSES, RENCONTRES PROFESSIONNELLES.

PLUS D’INFOS & BILLETTERIE EN LIGNE www.leplancher.com // 02 97 23 83 83 (À partir du 15 janvier 15)

Notre rendez-vous de Printemps ! 6ème édition de ce festival en collaboration avec France Musique.Une programmation partagée avec la journaliste Françoise Degeorges. Retransmission par la suite lors de son émission hebdomadaire Couleurs du monde.

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25 MARS > 05 AVRIL 2015TOUTES LES INFOS SUR WWW.LEPLANCHER.COM

REPUBLIQUE DE YAKOUTIE / PAKISTAN PORTUGAL / ROUMANIE / BRETAGNE

LE PLANCHER, SCÈNE DU KREIZ BREIZHKERGRIST-MOËLOU / HUELGOAT / LANGONNET

www.leplancher.com

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Jeudi 27 mars, au CAL de Huelgoat était Zarsanga... Une pakistanaise âgée d’environ 80 ans. Accompagnée de deux musiciens, elle chante l’exil, pour le festival « Cou-leurs du Monde »...

Une fois les spectateurs installés, les deux musiciens entrent en scène et accordent leurs instruments. La dou-ceur et la vie des costumes traditionnels re� ètent l’éner-gie joviale de la musique et de leur prestation.

Interview de Zarsanga chanteuse pakistanaise

Festival « Couleurs du Monde »

moments di� ciles, c’est pour cela que j’exprime ces sentiments en musique.

Vous avez parcouru le monde, où êtes-vous allez plus précisément ?Nous avons, le groupe et moi, beaucoup voyagé, sur tous les continents. Nous avons traversé l’Amérique : les États-unis et l’Amérique du sud. Nous sommes al-lés en Afrique : au Qatar, au Sénégal (Dakar)... Nous nous sommes rendus en Asie : au Japon, au Pakis-tan... Ainsi qu’en Europe : Italie, Espagne, Angleterre, Allemagne, France... Et bien d’autres destinations !

Avis personnel :A notre arrivée, nous étions intrigués et avions hâte de découvrir, l’inconnu, comme les autres specta-teurs... Grâce à ses poèmes et à leur musique nous avons voyagé à travers le Pakistan.

Micro trottoir

Michel, HuelgoatMichel, quant à lui, a été invité par des amis « Le programme m’inspirait énormément , je ne suis pas déçu, bien au contraire, j’ai trouvé ce spectacle très original et c’était pour moi une grande découverte », nous dit-il.

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Zarsanga sur scène le 27/03/14, à Huelgoat

(Le Plancher)

Textes et photographies:

Bts2 assistant PME/PMILycée Sérusier, Carhaix:

-Manarsana Abdouroihmane ; -Anfani Ali ; -Maxime Akono ; -Angélina Cauzit ; -Amaury Daniel ;-Justine Bomin.

Collège Jean Jaurès, Huelgoat:

-Emma Pouliquen ; -Emma primel ;-Nathalie Daré ;-Youna Forner ;-Johanna Girot ;-Bella Bates.

Le prochain numéro du Kreizy Breizh est attendu au mois de juin 2015.

InterviewInterview

Kreizy Breizh, numéro 6

Le magazine culturel du Plancher

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Page 2: Kreizy Breizh n°6

D’où vous est venue l’idée de chanter en breton ?Je viens initialement du trad. Jeune, j’écoutais le groupe Rage Against the Machine (groupe de fusion de metal-rap américain, créé en 1990 à Los Angeles. NDLR) et, en même temps, je jouais de la caisse claire dans un bagad. Au fur et à mesure, j’ai découvert le chant. Je me suis installé en centre-Bretagne, j’ai toujours été très sensible à la musique de la langue bretonne. Et je trouve que le rap la met en valeur.

De quand date votre duo ?De 2005. Nous nous sommes rencontrés à Minneapolis (Minnesota) lors de rendez-vous hip-hop qui étaient l’occasion de partager notre passion pour cette musique.

Desdamona, comment vivez-vous le passage de la chanson à la beatbox ?Sans musique, c’est évidement di� érent. C’est

Dans quel contexte avez-vous découvert la Bretagne ?C’était en 1976. Le 31 Janvier. Dans un contingent militaire. J’ai été jugé par un tribunal militaire et j’ai fait deux ans de prison à Vannes (NDLR: antimilitariste, le jeune appelé avait refusé de porter l’uniforme).

Aimez-vous la musique bretonne ?Oui, j’en ai beaucoup écouté  ; Erik Marchand, Yann-Fañch Kemener, les frères Morvan…

Comment défi nir le Maloya ?C’est une musique chantée, accom- pagnée avec des percussions. Il n’y a pas d’instruments mélodiques. La reprise par le chœur y joue un rôle essentiel.Le maloya est joué dans des fêtes profanes et aussi lors de la fête des ancêtres ; il provient d’un rituel afro-malgache. C’est une musique issue de mélanges : on y trouve l’in� uence du Mozambique, un aspect indien, malgache, un côté romance française… Le maloya est l’expression noire des plus défavorisés. Comme l’africanité était mal vue, le maloya l’était aussi, surtout aux yeux des blancs catholiques. Cette musique a connu une forte répression politique et la censure dans les années 60.

Aujourd’hui comment le maloya est-il perçu ?Le PC autonomiste a repris progressivement un peu de force. C’est le militantisme qui a permis de ramener cette musique au-devant de la scène. Le maloya a fait son chemin. C’est un moteur culturel et identitaire qui n’est pas souvent programmé à la radio car d’autres genres musicaux ont bien plus de moyens… Mais c’est un genre essentiel, parce qu’il montre que l’on peut se battre pour être un peuple, avec une histoire. Aujourd’hui, le maloya touche diverses générations et connaît d’autres in� uences.

Micro trottoir

«  J’ai beaucoup aimé la coexistence du breton et de l’anglais  », con� e Yann Rivalain à l’issue de la soirée avec les rappeurs ILL Chemistry et Krismenn. Ce Quimpérois de 42 ans a trouvé les deux concerts très bien. « Je connaissais déjà Krismenn et j’aime beaucoup ce qu’il fait. » S’il devait décrire en un seul mot la prestation du rappeur breton, il dirait « dépaysant ». « Parce que je n’ai pas l’habitude d’écouter du breton avec de la beatbox ou encore chanté en rap. »

Alexandre Deniel, 47 ans, habite Paimpol et a trouvé le concert de la chanteuse sicilienne Maura Guerrera « super bien ». Il est venu au festival Couleurs du Monde en faisant con� ance au Plancher, sans connaître les artistes et groupes qui passaient. «  Je les conseillerais à des amis et j’irais certainement les revoir s’ils revenaient en Bretagne. »

3

Micro trottoir

David Soulam est tailleur de pierre et habite à Trémargat. « D’habitude, je ne fréquente pas beaucoup les concerts organisés par Le Plancher. Mais celui de Danyel Waro était merveilleux et superbe  », con� e l’artisan visiblement sous le charme. « Je ne connaissais pas cet artiste auparavant, mais j’irais bien sûr le revoir en concert avec grand plaisir. »

Tony Corneraisu vient aussi de Trémargat. « Au début du concert, con� e cet artisan de 36 ans, j’étais assis avant de me lever rapidement de mon siège, pris par les mélodies. » Tony fréquente souvent les concerts organisés par Le Plancher. Il ne connaissait pas Daniel Waro mais il a été, « impressionné par l’énergie scénique du chanteur ainsi que celle de ses musiciens. » 

ILL Chemistry :

Krismenn : « J’ai toujours été sensible à la musique du breton »

« Toujours chercher à aller plus haut »

Kreizy Breizh, numéro 6

intéressant de varier les propositions ; un jour, de jouer en groupe, une autre fois, non. C’est l’absence de monotonie qui me plaît. Je trouve beaucoup de plaisir à interpréter les mots di� éremment. C’est un jeu.

Desdamona, que pensez-vous du public breton ?Je l’adore  ! Il est vraiment chaleureux par rapport à d’autres endroits. On aime quand les gens participent aux concerts, chantent et dansent !

Carnage, comment travaillez-vous la beatbox ?J’en fais depuis 20 ans. Maintenant, je sais avec l’expérience comment les sons vont venir. J’improvise aussi beaucoup  : par exemple, j’ai eu l’idée du second morceau du concert de ce soir… Juste avant d’entrer en scène, sous la douche !

Carnage, que pensez-vous du travail de Krismenn ?J’ai travaillé avec lui cet après-midi. Nous sommes di� érents et nous apprenons l’un de

Où avez-vous appris le breton ?Au lycée, une heure par semaine  ; puis j’ai fait une fac de breton. J’ai aussi appris la langue en allant voir des anciens.

Quelle est leur réaction quand ils vous entendent en concert ?La langue leur est proche  ; ils l’entendent.

Et comment avez-vous eu l’idée de la beatbox ?J’étais percussionniste ; j’aimais l’idée de mélanger chant et percussion. J’ai développé la technique et ma voix est devenue mon instrument principal.

Comment travaille-t-on en beatbox ?Comme on travaillerait plusieurs instruments… Chaque son est un instrument  ; on fait des gammes, on travaille chaque son de manière précise et approfondie.

l’autre. Tous les beat-boxers sont di� érents, chacun a son style, sa façon de faire.

Vos sources d’inspiration ?Mes sources sont très diverses  : la vie… (il désigne son interviewer) : Toi !…

Quel message voulez-vous faire passer dans le morceau « Save my people » ?

C’est une chanson pour le public noir américain  ; il ne faut pas se laisser abattre, mais toujours chercher à aller plus haut, à s’élever sans perdre espoir.

InterviewInterview

La rappeuse féministe

Desdamona et le beatboxer Carnage forment le duo de hip-hop ILL Chemistry, invité de la Grande

Boutique en février dernier.

Yann : « Le breton du rappeur Krismenn,

c’est dépaysant »

Quelles sont vos sources d’inspiration ?La musique électronique, le vieux blues, le rap anglais et américain, les musiques du monde  ; en fait, beaucoup de choses…

Avez-vous un message à transmettre au public ?Il passe sans que j’aie besoin de le dire explicitement : le breton est une langue qui ne doit pas mourir.

Un mot pour vous décrire ?Coat ou Koat ; cela veut dire bois en breton. Le mot renvoie à la notion de racine  ; et beaucoup d’instruments sont en bois. Ce mot synthétise deux aspects de ma personnalité  : un côté ancré et un désir constant d’être au courant des musique naissantes. C’est un mot important dans mon univers.

Kreizy Breizh, numéro 6

Danyel Waro : « Semer et planter les graines du maloya »

Le maloya pourrait-il devenir commercial ?Le maloya prend diverses formes ; il est plus facile de faire des raccords avec d’autres cultures. Il faudrait que le maloya béné� cie d’une importante promotion pour qu’il se di� use à grande échelle ! Or, ce n’est pas mon a� aire de faire de l’argent.Je suis issu d’une famille de planteurs ; pour moi, l’essentiel, c’est de respecter la nature, de semer et planter, comme on peut le faire pour construire un public.

Deux mots importants pour vous en créole ?Lantouraz pintad  : qu’on pourrait traduire par «  petites solidarités. Se donner la main ».

Danyel Waro a été l’artisan du renouveau du maloya, blues réunionnais nourri des in� uences malgaches, indiennes et africaines. Il s’est produit en avril dernier à Kergrist-Moëlou (Côtes-d’Armor), à l’invitation de la scène du Plancher.

Krismenn sur scène le 22/02/14, à Langonnet (Le Plancher)

Ill Chemistry sur scènele 22/02/14, à Langonnet(Le Plancher)

Maura Guerrera sur scène le 30/03/14, à Langonnet (Le Plancher)

Danyel Waro sur scène, le 11/04/14, à Kergrist-Moëlou (Le Plancher)

David : « Un Danyel Waro superbe et merveilleux »

Tony : « impressionné par l’énergie de Waro »

Annaïck : « Maura Guerrera dégage une telle présence ! »

Alexandre : « Maura Guerrera, c’est super bien »

Annaïck Morvan a adoré les concerts de Julen Achiary et de Maura Guerrera. «  Cette chanteuse sicilienne dégage une telle présence ! », s’exclame cette spectatrice rennaise de 52 ans. Annaïck ne connais-sait pas cette artiste auparavant mais elle retournerait la voir si elle repassait et la conseillerait à son entourage, « Car c’est un projet nouveau qui peut être développé. »

InterviewInterview

InterviewInterview

Micro trottoir Maura GuerreraMicro trottoir Maura Guerrera

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Page 3: Kreizy Breizh n°6

D’où vous est venue l’idée de chanter en breton ?Je viens initialement du trad. Jeune, j’écoutais le groupe Rage Against the Machine (groupe de fusion de metal-rap américain, créé en 1990 à Los Angeles. NDLR) et, en même temps, je jouais de la caisse claire dans un bagad. Au fur et à mesure, j’ai découvert le chant. Je me suis installé en centre-Bretagne, j’ai toujours été très sensible à la musique de la langue bretonne. Et je trouve que le rap la met en valeur.

De quand date votre duo ?De 2005. Nous nous sommes rencontrés à Minneapolis (Minnesota) lors de rendez-vous hip-hop qui étaient l’occasion de partager notre passion pour cette musique.

Desdamona, comment vivez-vous le passage de la chanson à la beatbox ?Sans musique, c’est évidement di� érent. C’est

Dans quel contexte avez-vous découvert la Bretagne ?C’était en 1976. Le 31 Janvier. Dans un contingent militaire. J’ai été jugé par un tribunal militaire et j’ai fait deux ans de prison à Vannes (NDLR: antimilitariste, le jeune appelé avait refusé de porter l’uniforme).

Aimez-vous la musique bretonne ?Oui, j’en ai beaucoup écouté  ; Erik Marchand, Yann-Fañch Kemener, les frères Morvan…

Comment défi nir le Maloya ?C’est une musique chantée, accom- pagnée avec des percussions. Il n’y a pas d’instruments mélodiques. La reprise par le chœur y joue un rôle essentiel.Le maloya est joué dans des fêtes profanes et aussi lors de la fête des ancêtres ; il provient d’un rituel afro-malgache. C’est une musique issue de mélanges : on y trouve l’in� uence du Mozambique, un aspect indien, malgache, un côté romance française… Le maloya est l’expression noire des plus défavorisés. Comme l’africanité était mal vue, le maloya l’était aussi, surtout aux yeux des blancs catholiques. Cette musique a connu une forte répression politique et la censure dans les années 60.

Aujourd’hui comment le maloya est-il perçu ?Le PC autonomiste a repris progressivement un peu de force. C’est le militantisme qui a permis de ramener cette musique au-devant de la scène. Le maloya a fait son chemin. C’est un moteur culturel et identitaire qui n’est pas souvent programmé à la radio car d’autres genres musicaux ont bien plus de moyens… Mais c’est un genre essentiel, parce qu’il montre que l’on peut se battre pour être un peuple, avec une histoire. Aujourd’hui, le maloya touche diverses générations et connaît d’autres in� uences.

Micro trottoir

«  J’ai beaucoup aimé la coexistence du breton et de l’anglais  », con� e Yann Rivalain à l’issue de la soirée avec les rappeurs ILL Chemistry et Krismenn. Ce Quimpérois de 42 ans a trouvé les deux concerts très bien. « Je connaissais déjà Krismenn et j’aime beaucoup ce qu’il fait. » S’il devait décrire en un seul mot la prestation du rappeur breton, il dirait « dépaysant ». « Parce que je n’ai pas l’habitude d’écouter du breton avec de la beatbox ou encore chanté en rap. »

Alexandre Deniel, 47 ans, habite Paimpol et a trouvé le concert de la chanteuse sicilienne Maura Guerrera « super bien ». Il est venu au festival Couleurs du Monde en faisant con� ance au Plancher, sans connaître les artistes et groupes qui passaient. «  Je les conseillerais à des amis et j’irais certainement les revoir s’ils revenaient en Bretagne. »

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David Soulam est tailleur de pierre et habite à Trémargat. « D’habitude, je ne fréquente pas beaucoup les concerts organisés par Le Plancher. Mais celui de Danyel Waro était merveilleux et superbe  », con� e l’artisan visiblement sous le charme. « Je ne connaissais pas cet artiste auparavant, mais j’irais bien sûr le revoir en concert avec grand plaisir. »

Tony Corneraisu vient aussi de Trémargat. « Au début du concert, con� e cet artisan de 36 ans, j’étais assis avant de me lever rapidement de mon siège, pris par les mélodies. » Tony fréquente souvent les concerts organisés par Le Plancher. Il ne connaissait pas Daniel Waro mais il a été, « impressionné par l’énergie scénique du chanteur ainsi que celle de ses musiciens. » 

ILL Chemistry :

Krismenn : « J’ai toujours été sensible à la musique du breton »

« Toujours chercher à aller plus haut »

Kreizy Breizh, numéro 6

intéressant de varier les propositions ; un jour, de jouer en groupe, une autre fois, non. C’est l’absence de monotonie qui me plaît. Je trouve beaucoup de plaisir à interpréter les mots di� éremment. C’est un jeu.

Desdamona, que pensez-vous du public breton ?Je l’adore  ! Il est vraiment chaleureux par rapport à d’autres endroits. On aime quand les gens participent aux concerts, chantent et dansent !

Carnage, comment travaillez-vous la beatbox ?J’en fais depuis 20 ans. Maintenant, je sais avec l’expérience comment les sons vont venir. J’improvise aussi beaucoup  : par exemple, j’ai eu l’idée du second morceau du concert de ce soir… Juste avant d’entrer en scène, sous la douche !

Carnage, que pensez-vous du travail de Krismenn ?J’ai travaillé avec lui cet après-midi. Nous sommes di� érents et nous apprenons l’un de

Où avez-vous appris le breton ?Au lycée, une heure par semaine  ; puis j’ai fait une fac de breton. J’ai aussi appris la langue en allant voir des anciens.

Quelle est leur réaction quand ils vous entendent en concert ?La langue leur est proche  ; ils l’entendent.

Et comment avez-vous eu l’idée de la beatbox ?J’étais percussionniste ; j’aimais l’idée de mélanger chant et percussion. J’ai développé la technique et ma voix est devenue mon instrument principal.

Comment travaille-t-on en beatbox ?Comme on travaillerait plusieurs instruments… Chaque son est un instrument  ; on fait des gammes, on travaille chaque son de manière précise et approfondie.

l’autre. Tous les beat-boxers sont di� érents, chacun a son style, sa façon de faire.

Vos sources d’inspiration ?Mes sources sont très diverses  : la vie… (il désigne son interviewer) : Toi !…

Quel message voulez-vous faire passer dans le morceau « Save my people » ?

C’est une chanson pour le public noir américain  ; il ne faut pas se laisser abattre, mais toujours chercher à aller plus haut, à s’élever sans perdre espoir.

InterviewInterview

La rappeuse féministe

Desdamona et le beatboxer Carnage forment le duo de hip-hop ILL Chemistry, invité de la Grande

Boutique en février dernier.

Yann : « Le breton du rappeur Krismenn,

c’est dépaysant »

Quelles sont vos sources d’inspiration ?La musique électronique, le vieux blues, le rap anglais et américain, les musiques du monde  ; en fait, beaucoup de choses…

Avez-vous un message à transmettre au public ?Il passe sans que j’aie besoin de le dire explicitement : le breton est une langue qui ne doit pas mourir.

Un mot pour vous décrire ?Coat ou Koat ; cela veut dire bois en breton. Le mot renvoie à la notion de racine  ; et beaucoup d’instruments sont en bois. Ce mot synthétise deux aspects de ma personnalité  : un côté ancré et un désir constant d’être au courant des musique naissantes. C’est un mot important dans mon univers.

Kreizy Breizh, numéro 6

Danyel Waro : « Semer et planter les graines du maloya »

Le maloya pourrait-il devenir commercial ?Le maloya prend diverses formes ; il est plus facile de faire des raccords avec d’autres cultures. Il faudrait que le maloya béné� cie d’une importante promotion pour qu’il se di� use à grande échelle ! Or, ce n’est pas mon a� aire de faire de l’argent.Je suis issu d’une famille de planteurs ; pour moi, l’essentiel, c’est de respecter la nature, de semer et planter, comme on peut le faire pour construire un public.

Deux mots importants pour vous en créole ?Lantouraz pintad  : qu’on pourrait traduire par «  petites solidarités. Se donner la main ».

Danyel Waro a été l’artisan du renouveau du maloya, blues réunionnais nourri des in� uences malgaches, indiennes et africaines. Il s’est produit en avril dernier à Kergrist-Moëlou (Côtes-d’Armor), à l’invitation de la scène du Plancher.

Krismenn sur scène le 22/02/14, à Langonnet (Le Plancher)

Ill Chemistry sur scènele 22/02/14, à Langonnet(Le Plancher)

Maura Guerrera sur scène le 30/03/14, à Langonnet (Le Plancher)

Danyel Waro sur scène, le 11/04/14, à Kergrist-Moëlou (Le Plancher)

David : « Un Danyel Waro superbe et merveilleux »

Tony : « impressionné par l’énergie de Waro »

Annaïck : « Maura Guerrera dégage une telle présence ! »

Alexandre : « Maura Guerrera, c’est super bien »

Annaïck Morvan a adoré les concerts de Julen Achiary et de Maura Guerrera. «  Cette chanteuse sicilienne dégage une telle présence ! », s’exclame cette spectatrice rennaise de 52 ans. Annaïck ne connais-sait pas cette artiste auparavant mais elle retournerait la voir si elle repassait et la conseillerait à son entourage, « Car c’est un projet nouveau qui peut être développé. »

InterviewInterview

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Page 4: Kreizy Breizh n°6

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EditoSusciter la rencontre entre les gens d’ici et les musiques de là-bas, voilà une des plus belles missions de la Grande Boutique et du Plancher, sa saison culturelle itinérante. Depuis 2011, grâce au Kreizy Breizh, les collégiens et lycéens de plus d’une dizaine d’établissements ont pu rencontrer des hommes et des femmes venus d’Amérique latine, d’Afrique, d’Asie... Avec ce sixième numéro, les élèves du Lycée Sérusier Carhaix et du Collège d’Huelgoat ont interviewé des artistes des États-Unis, du Pakistan, de la Réunion... Ils ont pu découvrir leur art, leur tradition, échanger avec eux et � nalement partager ces moments forts, avec vous, lecteurs.

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Danyel WaroZarsanga

« J’ai toujours été sensible à la musique du breton », page 2

« Semer et planter les graines du maloya », page 3

Une chanteuse pakistanaise, page 4

« Toujours chercher à aller plus haut », page 2

A quel âge avez-vous commencé à chanter ?J’ai d’abord été bergère, jusqu’à l’âge de 14 ans, j’ai commencé à chanter à 20 ans.

Quand avez-vous commencé à travailler avec vos deux musiciens ?Nous avons commencé à chanter ensemble, il y a longtemps ; plus précisément 20 ans, le percussion-niste qui m’accompagne à la tabla est mon � ls et le guitariste qui m’accompagne à la rubab est originaire d’Afghanistan.

Que signifi ent les poèmes que vous avez interprétés ? Avez-vous vécu ce que vous chantez ?Les paroles racontent mes souvenirs, ainsi que mes déplacements. A� n de rendre hommage aux combat-tants, je raconte la tristesse et l’amour. Mes poèmes peuvent être racontés aux enfants. J’ai traversé des

Corinne, Trébévan, 56 ansCorinne est venue découvrir de nouveaux horizons. « J'ai trouvé ce spectacle surprenant, d'une grande originalité par rapport aux instruments et au costume traditionnel coloré de la chanteuse », nous con� e-t-elle,heureuse de cette expérience.

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25 MARS • KERGRIST MOËLOU BALAFENT (spectacle musical jeune public français /breton)

26 MARS • HUELGOAT KREIZ BREIZH AKADEMI # 5 - répétition publique (création 2015)

29 MARS • LANGONNET GALANDUM GALUNDAINA (Portugal)

2 AVRIL • KERGRIST MOËLOU “CEOL MOR” de PATRICK MOLARD (création 2015 / 2016)

En ouverture : À LA RENCONTRE DES CHAMANES (Rep. de Yakoutie)

3 AVRIL • HUELGOAT QAWWAL BACHE DE KARACHI (Pakistan)

En ouverture : À LA RENCONTRE DES CHAMANES (Rep. de Yakoutie)

4 AVRIL • LANGONNETFEST NOZ5 AVRIL • KERGRIST MOËLOUFANFARE CIOCARLIA (Roumanie) En ouverture : JEAN LUC THOMAS & MICHEL GODARD

MASTERCLASSES, RENCONTRES PROFESSIONNELLES.

PLUS D’INFOS & BILLETTERIE EN LIGNE www.leplancher.com // 02 97 23 83 83 (À partir du 15 janvier 15)

Notre rendez-vous de Printemps ! 6ème édition de ce festival en collaboration avec France Musique.Une programmation partagée avec la journaliste Françoise Degeorges. Retransmission par la suite lors de son émission hebdomadaire Couleurs du monde.

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25 MARS > 05 AVRIL 2015TOUTES LES INFOS SUR WWW.LEPLANCHER.COM

REPUBLIQUE DE YAKOUTIE / PAKISTAN PORTUGAL / ROUMANIE / BRETAGNE

LE PLANCHER, SCÈNE DU KREIZ BREIZHKERGRIST-MOËLOU / HUELGOAT / LANGONNET

www.leplancher.com

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Jeudi 27 mars, au CAL de Huelgoat était Zarsanga... Une pakistanaise âgée d’environ 80 ans. Accompagnée de deux musiciens, elle chante l’exil, pour le festival « Cou-leurs du Monde »...

Une fois les spectateurs installés, les deux musiciens entrent en scène et accordent leurs instruments. La dou-ceur et la vie des costumes traditionnels re� ètent l’éner-gie joviale de la musique et de leur prestation.

Interview de Zarsanga chanteuse pakistanaise

Festival « Couleurs du Monde »

moments di� ciles, c’est pour cela que j’exprime ces sentiments en musique.

Vous avez parcouru le monde, où êtes-vous allez plus précisément ?Nous avons, le groupe et moi, beaucoup voyagé, sur tous les continents. Nous avons traversé l’Amérique : les États-unis et l’Amérique du sud. Nous sommes al-lés en Afrique : au Qatar, au Sénégal (Dakar)... Nous nous sommes rendus en Asie : au Japon, au Pakis-tan... Ainsi qu’en Europe : Italie, Espagne, Angleterre, Allemagne, France... Et bien d’autres destinations !

Avis personnel :A notre arrivée, nous étions intrigués et avions hâte de découvrir, l’inconnu, comme les autres specta-teurs... Grâce à ses poèmes et à leur musique nous avons voyagé à travers le Pakistan.

Micro trottoir

Michel, HuelgoatMichel, quant à lui, a été invité par des amis « Le programme m’inspirait énormément , je ne suis pas déçu, bien au contraire, j’ai trouvé ce spectacle très original et c’était pour moi une grande découverte », nous dit-il.

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Zarsanga sur scène le 27/03/14, à Huelgoat

(Le Plancher)

Textes et photographies:

Bts2 assistant PME/PMILycée Sérusier, Carhaix:

-Manarsana Abdouroihmane ; -Anfani Ali ; -Maxime Akono ; -Angélina Cauzit ; -Amaury Daniel ;-Justine Bomin.

Collège Jean Jaurès, Huelgoat:

-Emma Pouliquen ; -Emma primel ;-Nathalie Daré ;-Youna Forner ;-Johanna Girot ;-Bella Bates.

Le prochain numéro du Kreizy Breizh est attendu au mois de juin 2015.

InterviewInterview

Kreizy Breizh, numéro 6

Le magazine culturel du Plancher

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