l Esprit Saint Dans La Tradition Orthodoxe

Embed Size (px)

Citation preview

  • r

  • Avertissement de I'diteur

    Ce volume est une reproduetion a ridentique de I'di-(ion de 1969. Les normes typographiques et la pagination sont done eonfonnes a la publication originaJe de eet ouvrage de rfrenee a nouveau disponible.

    Imprimi~n Franc~

    T(JlQldruils~. Laloldu 11 mm 1 9S7 inknlillClleopiQGU~ de!ilinb:s ~ une ulitis.on coIleci"". Toulc lqII"bem.tion ou reproduction inl6-gIlIle QU panielle r.'1e pIIr quelque proc:>6de que ce IOI. AII5 le c:ontmlemenl

  • Premiere partie

    LA TH~OLOGJE TRINIT AIRE ET LA PROCESSION DE L'ESPRIT SAINT

  • r

  • Introduction

    CONTEXTE HISTORIQ!!E ET

  • 10 LA THSOLOGIE DE L'ESPRlT SAINT

    d'etre un tarit el. malheureusement, les diflrentes opinions thologiques onl durci Ies nreud dogmatiques. Il semble que la tAche aetuelle des thologiens consiste avant tout a oprer daos .la mesure du possible la ddogmatisation :1 ou trans-dogmatisation:o des points litigieux, en laissant une place large aux commeotaires tbologiques.

    Le caractere transcendant du Mystere de Dieu justifie les approcbes nuances suivant le gnie propre des commu-MUts ecclsiales. Djl le Nouveau Testament contient des opliques:l multiples chez les tmoins accrdits au sein d'uDe m!me foi el qui cooditionneot -las thologies el meme les spiritualits qu'on peut appeler. par exemple : johannique. ptrinienne ou paulinienne. Le pluralisme lhologique est lgitime.

    Par contre, les dogmes se situeat sur le plan des vrits rvles divinement. proclames par les concHes el vcues daos de culte. Leur intgratian liturgique interdit de sparer raspeet ou le contaur intelligible des dogmes de leur contenu liturgique vivant. qui les montre com.me des vnements dogmatiques enracins dans l'histoire el ainsi carte l'abstrac. tion des syst~mes dogma tiques autonomes. Dans le Credo de Nice. l'Esprit Saint est d6fini liturgiquement : il est e ador et glorifi avec le P~re et le Fils . ce qui renvore ~ la liturgie oleste dont parle I'Apocalypse et ~ la foo.ction mystagogique de J'Esprit, qui est ceDe de l'ord-re liturgique. Cest pourquoi tous les dogmes formuls par les conciles r~oivent ~a forme d'noncs liturgiques el entrent si 8isment oomme des pieces doxologiques dans la trame meme du euIte. Ainsi l'hylDJle F11s monogene ou e Trinit consubstantieUe et indio visible ou le e Credo . -ms qu'i1 s'integre ~ la iiturgie. tout dogme devjent e piphan.ique , tmoigne de la prseoce transcendante de la vrit qu'jI exprime. Ceci 8upprime toute distance entre le Christ e dogmatique et le Chdst c: sacramentel . interdit toute disjonction entre la ralit sacrammtelle du Chrst vcue daos la liturgie el sa rbv-laton dogmatique comme unique Vrit. Ce princlpe du

  • INTRODUCfION 11

    O:uist total est d6cisif pour -le probleme de 'intercommunion ; I'autorit doctrinale de l'piscopat el la validit sacramentelle sont insparablos.

    Le dialogue ceeumDique est leudu intrieuremeot vers le concite futur ou tous ensemble DaOS serODS invits A rviser le dpOt saer de la foi apostolique en distinguant la Vrit de ses multiples expressioos, semblables aux diver-ses composilions ieoDographiques du mame theme, celles-ei coDvergent loules vers .I'Unique Sujet el done vers "aecord plnier el vers la rinlgration des tradilions alttes dans I'unique regle de foi des ApOtres el des Peres.

    Ce caraelere dcisif des dogmes explique CUt Dombre minime dans l'Orthodoxie, qui se refuse A toute dogmati-salian excessive. E lle o'a pas besoin de formuler. elle a meme besoin de oe pas oemuler afin de Iaisser une grande marge el une grande libert aux opioions multiples des tholo-giens.

    Dans I'obscurit des sparations, la Vrit n'claicait plus de sa pleine Lumiere. Aux alentours de l'an Mil, la rupture de I'unit s'est produile sur le mystere tcinitaire. La procession de I'Esprit per Filium. qui avait t proclame par le pa-triarche cecumnique Taraise au vn- Concile

  • 12 LA. THSOLOGIE DE L'ESPRlT SAINT

    le terme recumnique , pour les Grecs, selon les acles du VI- Concile., avait un sens non pas juridique mais dogma tique. 11 signifiait l'union doctrioaJe entre rOdeat et rOcci dento la profession par le patriarche de Constantinople de la foi commune teile qu'elle avait t dfinie dans les conci1es el accept6e par les trois autees sieges patriarcaux,. par I'pis-copat universel el le corps de l'Eglise Une 1, ,

    On peut dice, en effet. que le patriarche de Rome et le patriarche de Comtantinople l'taient au meme titre cae ils professaient tous deux daos deurs patriarcats respectifs la foi eommune aux Eglises d'Orient et d'Occideot et mani festaiect ainsi un aecord dogmatique parfait Au XI- 6i~Je en Oecident, le titre perd son sens initia) et est menad d 'hgmonie ecclsiastique, cae universafis en latin avait un sens juridique et qualifiait un pouvoir juridictioo.nel. Le sens dogmatique oriental entre en cooftit avec le seos juri-dique occidental. Or e'est en fonction de son titre c~mnique . titre essentiellement dogmatique. que le patriarche d'Orient avait refus de modifier e Credo, jadis commuu l tous. En tudiant ceUe poque oil rgnait I'unit. 00 constate l'importance du dialogue qui s'est rtabli entre Rome el Coostantinople afi.n de rviser les raisOlls si dsastreuses de la spa.-ation.

    Sur le plan des roocontres recumniques, I'apport orien-tal se silue peut-elre dans UD sens tres prononc du Mystere. Moins sensible t l'aspect juridique et rationnel des prob~mes thologiques, structur profondment par la liturgie, rOrient n'prouve aucune difficult t vnrer le Myst~re, m~me au plus fort du oontexte technique de natre poque. Face t la e tbologie nouvelle , la raction ortbodoxe at positive en taot que cette tbologie est un appel la dpasser la tho-logie abstraite el archaique devant laquelle !'homme modeme se sent e dpbas . Par contre, 00 prouve une vive inqui-

    1. A. TUlLlBR, e Le tltre de patrlarebe c:rcumnlque " In Jl~ .. ager d~ l'~:z;archat du patr. ru .. ~, nO 60, 1967.

  • INTRODUCTJON lJ

    tude devaol J'eftritement du COD1QlU vanglique de la foi et du sens historique des 6v~oement bibliques. Certains thologiens De savent plus !~ bien en quoi ils ecoico! el toot penser A la parale de Kierkegaard : 00 ardve au point de oe plus savoir ce qu'est le cbristianisme.

    Si. dans sa pbase d'volution. 'esprit aspire a redominer ,la matiere, il Re faut pes oublier la pba'Se d'lnvolution de 'esprit dans la matiere lors de la' chute. Si 00 nglige cette double dimensiono transcendaote et immaoente a la fois. de "esprit humain. on perd I'anthropologie des peres. 00 glisse vers l'agnosticisme ou le 'Scularisme el enfin vers la ngation de !la Rsurrection historique du Christ. de la port6e onto-logique de la saintet el de la transfiguratktn eschatologique. En refusant toute objectivation du Mystere, rOrieot sauv~ garde farouehement 60n camctere objectif : il Q'existe pas saos vnement pleinemeol historique. La Rsurrection esl dans le krygme, mas ~ krygme est dan s I'eucharistie. qui est le mmorLaI \J vivaot de Ja Rsurrection et son exprienee la plus immdiate, faisant de I'assemble la sy naxe des immortels . Notre doctrine es! en accord avec I'eucharistie et l'eucharistie la confirme 2 di, saint Irne el il ajoule : la Iilurgie est e la Coupe de la .ynthese' .

    A )'opposition entre les diftrentes confessions, s'ajoute aujourd'bui la division intrieure centre sur le christianisme scularis~ sur le Cbrist dans un monde sans Dieu, sur le Christ sans Dieu, en dfinitive sur roplioo pour ou contre Dieu. Ce qui frappe chez les chefs de file de cette e Ibo logie Douvelle , c'cst l'absence de thoJogie trinitaire el de rfrence a la patristique; A la suite du monde. OD aboutit A la scularisation de la Bible et de la TraditioD.

    Or le scandale el la folie dont pal1e saint Paul doivent persister; c'est d'une part l'altrit absolue des Vrits

    2. AdD. hQere~ , IV, 18, 6. s. Ibid., 111, 16, 7.

  • 14 LA THtOLOGIE DE L'ESPRIT SA,INT

    divines par 'rapport a tOllt processus oaturel et d'autre part leur prsence trb; reJle daos l'histoirc. Le passagc des Philippiens 2, 6-11. - il s'est ananti lui-meme. iI s'est abaiss lui-meme - parle de e I'alination:t de Dieu lui

    ~me et iJ faul la oomprcndre dans l'ampleur trinitaire : toutes les Personnes divines sont eogages dans 1'6conomie historique du salut. S'H est vrai que e l'homme est seul indicatif de Oieu:t e'est que cel hornme est Jsus et e'est pourquoi avant de reconnaitre la prsence du Cbrist dans tOllt homme. il faut >teconnaitre la prsence du Dieo trini-taire en Christ. Ce qui CODstitue l'homme ce o'est pas la seule re1atian avec autrui, mais avant tOllt la relation avec le Cbrist Dieu-Homme. Si tout est scu1aris. comment re-connaitre qu'il est le Fils de Dieu?

    Sanl Srapbin de Sarov. au XIX' siecle djA. disait : Des passages de I'Ecriture Sainte DOUS paraissent tranges aujour-d'hui... peut-on admeltre que les hornmes puissent voir Dteu d'une maniere aussi concrete? Sous prtexte d'instruetion, de lumieres nous nous sommes engags dans une obscurit d'ignorance telle qu'aujourd'bui nous trouvons inconcevable tout ce dont les anciens avaient une notioo assez elaire. pour pouvoir parler entre eux des manifestatioos de Dieu aux hommes comme de ehoses conoues de tous et nullemeot tranges . Un fait symptomatique : en Russie sovitique. sous un rgime tota1ement scularis. la thologie nouvelle. est inimaginable. Si la jeuoesse est rfraclaire a loute forme sclrose. elle porte en elle une soif profonde de rinfini et de rab!olu. elle est naturellement ouverte a toute manifes-tation du Transcendant dans I'Histoire et daos la vie des hommes. Un jeune eroyant disait rcemment : Le cbristia-nisme est partout. il est au OCf:ur mtme de I'ex.istence. daos le saer de la matemit. dans l'expIoit de la vie quoti-dienne. daos la gratuit de 'amour et de }'amiti ...

    C'est en Russie marxiste que le poete MandeIstam a dit : De nos jours. tout bomme cultiv est chrtiCll. Les grands S81Vants russes pensent tout simplement que la vraie

  • INTRQDUCI'ION 15

    science conduit implacablement A l'inlerrogatioo reli-gieuse::t. Pour le moment, en attendant un nouveau sainl Paul A Atbtnes. il5 ont formul une priere tonnante au e Dieu inconnu ::t ... Une foi. peul-tre nalve en apparence., mais qui cesse d'tre nai've des que justement son intgrit intacte conunence a passionner les scienti.fiques et les poetes. CeUe aUitude esl a I'oppos de tout conservatisme strile. La spiritualit orthodoxe., par sa dimensioD essentielJement escha-tologique. s'oriente, seloo I'expression de saint Grgoire de Nazianze. ... en la mtastase ::t el le e sisme eschatologique de conclusion::t. Elle cultive une tres: grande libert el se proccupe actueJlement de purifier -l'ide de Dieu de tout contexle tbologique el sociologique prim. Le ralisme historique., le destin historique de 1'homme furent toujoues au centre des rflexions de tous les penseurs religieux russcs. Dans les pays marxistes, l'Eglise peend la figure d'une Eglise pauvre el servante et 'Vit sous le signe du martyre el du silence. Ailleurs, les lments patristiques el lilurgiques diri-gent la rflexion vers une synthese oo-patrislique. 11 est importanl de faire une distinction cotre t'objet de foi el sa prsentation en foncHon d'un milieu culturel donn. Mais celte distinction est lout aulre chose que l'assimiJation des vnements historiques du salul a des rnythes.

  • Chapitre 1

    LES PREMISSES ORIENTALES DE LA THJjOLOGIE PATRISTIQ!lE

    Dans leur enseignement sur la connaissance de Dieu. les Peres orientaux soulignent avant tout que le peajet divin de la cration de l'homme porte d~ en germe 'InearoatioD fulure du Verbe. Cration el lncarnatioo sonl co-impliques. 1'une acbeve I'autre. e'est pourquoi poue rOrieo!. I'Incarnation aueail lieu mSme en debors de la chute. eorome expressioD de l'amour divin el terme ultime de la communion entre Dieu el 'bommc. L'icne de la Thotokos tenanl daos ses bras 1',Enranl J6sus est justement l'icOne de I'IncamatioD, 1' Elousa., tendr~se indicibile entre le divin el l'bumain. e'est aussi la conception eucharistique de 'ecclsiologie qui appro(ondit le rnme mystere lncarnation-Cornmunion el montce daos l'Eglise le lieu de l'union substantielle entre Oieu el 'homme.

    Pour pressentir ce mystere, 'bomme, dit saint Grgoire de

  • 18 LA THP.OWGIE DE L'ESPR/T SAINT

    cre a )'image de Oieu. que j'hornme est prdestin .. la connaissance de Dieu. Quel est I'organe de cette conoais sanee 1

    L'Orient distingue entre la raison el sa diflrcociatioo. dil cursive a l'infini. tour.ne vers le multiple el le cootraire el, d'autre parto l'k!.telJigence. le dpassement des opposs el )'intgration iotuitive jusqu'l )'unit et !'un. Evagre releve la diftreoce de niveau : c L'iDtelligeo.ce r&ide dans le cceur. la pens6e dans le cerveau 8 :t. Cest un principe bien scriptu-eaire cae les juifa du temps de )' Anden Testameot pcnsaient avec -le CO!ur, creur dans le scos biblique. centre m6tapby-sique de rlee humain, siege de )'intelligooce el du noJ'. Ce o'est polot lIa ngation de la peuse discursive. mais ]a scieoce de ses limites qui postule son intgration .. e l'intel-ligence renouvele en Christ:t dont parle saint Paul. L'Orient n'a jamais cultiv l'autonomie de -la raison naturelle - fumen IUltwaJe Talionis. Dieu dans sa R~v~1ation, en s'adressant A I'hornme. o~re une transfiguration de $OD esprit. La coonai&-sanee de Dieu, meme e natureue lt est lOUjours cbarismatique. Seloo Origeoe. la grice de la theoria 6~ve tout bomme RU-dessus de lui-meme 7. Les slavophiles l'appellent la e connaia-sanee vivanle lt. oonnaissance~vie, eonnaissance-amour el communion.

    lis suivent la patristique orientale, qui ignore la distinction entre une e voie de !'amour el une e voie de la coonais sance . Norrnative.rnmt. iJa vraie connaissance est toujours caril8tive et l'amour est toujours intellcctif, les deux culminent dans un seul aete indivisiblement caritatif el inteUectif. C'est pourquoi le grand principe de I'Msyohasme invite A. faire desceodre l'inteJligence dans Ie ca:ur afin que la totalit6 des lacults de l'esprit bumain. sur-6lev6e et ilIumin6e par la grice. cffectue un face .. .aAaoe avec les myst~res de 'Dieu. ce qui veut dire a J'exelusion de tout concept ou image meotale

    6. C,ntu,iu IIHo,Uquu. 7. Contra C,bum, PO 2, lUl C ; 14M C.

  • LES PRAMISSES ORlENT ALES 19

    susceptible de s'interposer entre le c

  • 20 LA TH80LOGIE DE L'ESPRlT SAINT

    trouvant djl en Lu. qu'eD, tant louch par SI proximit. aUciot par ses nergies difi~tes.

    Les luues dogmatiques poue la Vritt. au temps des conci les recumniques. De dfendaieot aueUDe coonaissance formeUe dtache de l'conomie du salUl, mais cberchaient a pciser la vaie salvatrice bautement pratMue, a rpondre aux ques-liaos de vie ou de mort Une pareille thoJogie, tout en comportant une propdeutiquc d'enseignemeot et une culture. apparait avant tout el dans son aspiraton meme : voie exp-rimen tale de 'union avec Dieu. 00 compread mieux a ceUe lumiece, Ia d~nitiOD orante que donne Evagre v de la th60-logie : Si tu pries vcaiment, tu es thologien, et si tu es thologien. tu prieras vcaimeol. e 'est une vaie conlem-'pIative, gnratrice d 'unit el qui s'appareote dans sa natuce au mystere eucharistique. coosommatioD eucharistique de la ParaIe.

    Ainsi daos I'esprit des oPeres. la tbologie s'rige en minist~Ie charismatique, car c personne ne peut connattre Dieo, si ce n'est Dieu lui-m!me qui l'enscigne:t - c il n'y a pas d'autre moyen de connaitre Dieu que de vivre en lui:t. e Parler de Dieu est une grande chose, man il est encare prefrable de se purifier peur Dieu:t, dit sanl Grgoire de Nazianze 10. Le tropaire de None le dit a sa IJUWliere : e Ent", les deux larroos. ta croix apparut comme une balnce de jl4stice, run s'eofon~ant dans l'enfer sous le peids du bIas-pbeme, l'autre s'aUgeant de ses phs pour connattre la vraie thologie. Le ban arron est thologien, il a 'l'exp-rieoce immdiate de Dieu, il ra reconnu et lui a adress sa

    pri~re. La vocation thologique invite a dpasser la lIuffisance d'une

    science purement encyclopdique, car elle Q'est pas l'affaire de la raison naturelle, mais eUe s'eo.racine dans la lumibre

    9. Le Traia de I'Orai. on, 60. 10. Oratio "2, 12, PG 16, 188.

  • LES PUMISSES ORlENT ALES 21

    du Verbe. Dans Jeur initiatioo, les Peres mootrcut l'a.sc6se comme le prliminaire de l'art tbologique et l'oraison comme un tat - kalaslasis - de l'intelligence, une rceptivit orante ouverte aux Rvlatioos fulgurantes du Transcendant.

  • Chapitre II

    LES DIMENSIONS CATAPHATIQ!lE ET APOPHATIQ!lE

    DE LA TmOLOGIE DES pERES

    Daos sa dimension apopbatique, la th60logie est la ngation de toute dfinition humaiDc. Dfinir e'est limitcr; oc Oieu est illimit el incomparable au sens absolu. il o'existe alleune khelle de comparaison. aucun Rom ne 'exprime adquate-meot. Adonai esl le signe de )'indicible. Yahv est le Nom qui ne peut etre dit. En disant Dieu ou Crateur ou Sauveur. ce n'est jamais Oieu en lui-mme que nQus dsignons. mas 58 face toume vers le monde. oe qui est aulour de Dieu .

    La tbologie cataphatique, positive. es! appel&: par les P~res symbolique. cae elle nc s'applique qu'aux attributs f'vl~ qu'aux manitestations de Dieu dans le monde. CcUe connaissance de Dieu dans ses aetes traduit ses e pbanies dans le modo iotelligible.. prsente une expression chiffrk, cymbolique cae la ralit de Dieu est absolument originale.. .rrductible A tout syst~me de pense. Ainsi Evagre conseille : Approche:z I'lmmatriel d'une maniere immatrielle. :. De mame. p.r exemp1e. pour saint lean Chrysostome. l'expression l la droite du pere:. n'a rien de spatial mais exprime J'.identit de la gloire du Christ avec celle du pere. La tbolo-gie positive ainsi n'est point dvalu6e, mais prciste quant l sa dimension propre el ses limites.

  • 24 LA TH~OWGIE DE L'ESPRIT SAINT

    Par contre 'la tbolog.ie -ngative habitue k l'.infranchissablc el salvatricc distance. e Les conceplS crent les doJes de Oieu. dit saint Grgoirc de Nysse.. l'toDocmeot seul saml quekue cbose 11, e Les myst~res simples se rvelcut au-dela de toute connaissance. au-delA m!me de l'inconnaissancc, dans les ttllebres plus que lumioeuses du silence 12, C'est une approche des tnebres. irange de l'inaccessible Iumiere divine. mais qui se situe l )'oppos de l'agnosticisme car grAoe a cene inconnaissance mme. par une intuition pri-mordiale el simple , 00 conoait pac-dela loute inteUigence. La thok>gie ngative o~re un dpassemcnt, mais qui oc se dtache jamais de sa base.. la tbologie positive de la Rvlatioo biblique. Plus haut est dresse la verticale dleste. plus elle esl cnracine dans l'horizontale terrestre de l'his-loire.

    II ne s'agit pas de la seule impuissance natureUe de l"homme. mais de la profoodeur iodicible. radicalement traos~ cendante de 1'essence divine. Dieu est mystrjeox, incognos~ cibIe de par sa oature. Toutefois la voie ngative, souligne profondment le P. de Lubac, o"est pas ngatrice. e ogativit n'est pas ngation 13 . Elle constitue le seul remMe 1 l'in~ suffisance en obligca.nt -.). se transcender. Cest pourquoi elle n'est pas un simple correctif ni un rappel de prudence mais une tbologie autonome. Ses termes e hyper-bon ou e hyper~ existant sont des ngatioDs-aflirmations et portent une cer-laine description de I'IncoDcevable situe dans )'exprience ffnratrice de /'unit. Plus Dieu est incognoscible dans la transcendance de sa Suressence el plus iI est cxprimentable dans sa proximit immanente en tant qu'Existanl.

    Quand I'bomme cherche Dieu, c"est tui qui est trouv par Dieu; quand iI poursuit la vrit divine, c'est elle qui ~e uisit el le transpose 1 son nivtau. e Trouver Djeo consiste

    11. D. "ita MO/l.II, PG .... 377 B ; In Cant., PG U. 1028 D. 12. DI'Hnl. Th~ol. mll.t., PG 3. 1000. 13. SlIr tu ehemin. de Diell, Aubler, 1956. p. 145.

  • CAT APHASE El' APOPHASE 25

    t le chercher sans cesse ... c'est vraiment voir Dieu que de o'etre jamais rassasi de le dsirer a. ~ n est e l'temeUe-ment cherch o T.toumenos. & lan! que mthode. I'apo-phase enseigoe l'aUitude correcte de tout thologien : J' homme 1Ie spl:cule paso mais se transforme. C'est daos cet tat de chaogement continu, de e dification ~ progressive que t'bomme contemple par les yeux de la Colombe la Monade une el. trine t la fois el qui e reste cache dansson pi-pbanie meme 11 ~.

    14. S.ln1 GIlWomB os NTlu. PG .6. 97 A ; .. , .0. D. 15. S.lnt MAllIKB. Amb., PG 111, 10.8 ,D 10.9 A..

  • Chapitre IIT

    LA TERMINOLOGIE TRINITAIRE

    Pour mieux rejeter l'unitarisme sabellien et le trith6isme paieo. les Peces ont e baptis. certains coocepts de la peuse hellnistique et, au moyen de ces termes tecbniques. ils Gnl traduit el cxprim~ leur contemplatioo du mystue trinitaire. Aueuo terme o'a jamais tt6 reyu sans une protonde modi-fication ea fonction du contexte doctrinal II lallae formuler le dogme de l'unit6 de la oature et de la difl6reociation des trois Personnes divines. Ce qui peut sembler elair et simple aujourd'bui. aUant de soi. tait infinime.ot pllM complexe au IV siOCle. La conscience dogmatique oc possdait pas cocore tout un appareil terminologique bien forg el prcis poue aposee la doctrine cocrecle el cfutee loute confusion htrodoxe.

    00 consid~re souvent que I'x)Je d'Alcxandrie platonisait que eclle d 'Antiocbe artistotlisait. mais il faul viter de pareilles simplifications. Si la pense de Tertullien est visible-meol inftuence par les stoiden$, si $Bint Grqoire de Nyssc ,platonise parfois. tandis que Loo de Byzance ou saint Jean DamadDe dans leut philosopbie et leur logique s'apparen. tent k Aristote, il faut affirmer calgoriquement que les P~res De sont jamais les disciples de Platon. d'Arutote ou de Plotin mais emprunteot l'appareil technique de la pbisosopbie Ik ob ils trouveot une CORSonance avec l'objet de eut rocher-

  • 28 LA THE.OLOGIE DE L'E$PRIT SAINT

    che tbologique. Par moments el poue les besoim: de la cause. Palamas est plus aristotlicien que ses ioter1ocuteurs latins. Toot en faisant appeJ seloD les besoios au Portique. .. I'Acadmie ou au Lyce. la thologie des peres. $Clon le mol fameux de saint Grgoire de Nazianze. proc6dait A la mani~re des pe.cbeurs-apOtres. et non A la maD~re d'Aris tote .

    La jeune Eglise doit exercer ses armes devant la mar montante des doctrines Mrtiques ; B gnose avec son sehbna d'manations el sa tcodance doc1iste, l'adoptianisme du type de Paul de Samosate, le monarchianisme al:! les Personoes de la Trinit soot des forces ou des modalitts du seul Dieu le Pece, enfin un certain subordinatianisme tres Del cocote che:z Origenc el inbreot a la tbologie d'avanl Ni~ BientOt il faudea dtfendre I'Ortbodoxie contee les hr~ies atienne, mac6donienne. sabellteooc, nestorienne, apoJlinariste el mo-nopbysitc.

    Poue les Petes. Dieu o'est pas irratioonel mais traoceodaot. En termes actuels OD pcut dire qu'en Dieu existCDt troil organes divins de la cODscience mais un seul centre de conscience un-trine. Lorsqu'U esl vu et peoR. Dieu est Trois ; lorsqu'll voit el peose. TI es( Un.

    Le gnie d'Origme ouvre une juste perspective au sujel de la gnratioo du Fih : le P~re engendre el: le Fils nait ternellement el simultanmeol. sans commtncement.. l'ecte est au-delA de la chronologie, le prius est ontologique el. non tempore!. U supprime radiealemeot toute dia1ectique aricnne -seloo laqueUe il y avait un temps pendant Jequel le Flls o'tait pas n et Dieu o'tait pas le P~re. Mais il fallait dpasser les cadres bibliques smitiques el puiser daos le gnie grec el latin en accordant les termes nouveaux ave

  • LA TERMINOLOGIE TRINITAIRE 29

    t'univers nClttique des Peres intqre la pr~icatioo, la liturgie. la dogmatique, l'iconographie comme un tout parfaitetnent -homogene. A la synthlse pralable de la culture hellnique qui barmonisait conoept et symbole.. analyse ratioooelle et expression mysttrique, 'Evangile viot grefier J'tvl:nement de flncamation. L'heUtnisme ainsi baptis s'olfre a. la patrologie el devieot ais~meot I'lmeul organjque d'une tbologie de l'hlstoire du salul Revenir a. un cadre exclusivement bbrai-que serait rgresser au slade de la vision vtro-testamentaire et l son prophtisme aovant I'accomplissement.

    La ~ision des termes Irinitaires passe par une volution tr~ complexe et, au dbut. une certaine confusion tait in-ovitable. Chez Aristote 00 Irouve .Je schma classique : .10 idtnlique$ soot les objets chez lesquels la mbnonce est une: 20 $emblable$ sonl les objets chez lesquels la qualitl est une; 3 Igaux sont les objets ehez lesquels la qUDIIlil est une. En partant de ce schma, on pouvait dja dire que la Trinil est I'Unique Dieu selon l'identil de la substance el que les Hypostases parfaitement ~Ies sool les modes per-sonneLs de possder la meme et unique oature.

    Les malentendus arriveot rapidement. Per$()IUJ en latin correspond A prospon en gree et signifie la tace, l'aspeel extrieur, mais aussi le masque ou le rOle d'un acleur. Le danger de ce terme est de correspondre au modalisme sabel-

    I~ : trois faces ou trois masques de la meme el unique substance el done la ngation de la Trinit. Par contre, le mot grec hyposlase. poor les Occidentaux, prsentait la tra-ductioo exacte du mal latio substanc~ el le danger ici. en disant trois hypostases. semblait tre d'affirmer I'uistence de trois substances. de trois Dieux. L'quivalence de ces deux termes : hypostase et substante, apparait dans la formule du condle de Sardique (en 343) : e L'unique Hypostase des Trois , donl le sens vident esl l'unique Substanee des Trois.

    Saiot Basile, conscient de la contusiono cherehe a prciser Ja distinction ncessaire et enseigne que la sutntaoce -ousia _ est le eooccpt gDral de lOut etre; par contre.

  • 30 LA. THSOWGIE DE L'gsPRlT SA,lNT

    l'hypostase es! la Golion d'~ etre iodividueL d'une r6ali~ concr~te. e'est la relation entre le genre, le g&lral et le persooneL ainsi l'bomme est ousia, Paul est hypostase. Poor 6viter la oonfusion frquente des termes. &silo confesse les trois Hypostases oonsubstantielles el oooditionne liturgique-meot ceUe formule ; cendre gloire au P~re avec le Fils el avec le Saint-Esprit en suivant le Credo: l'Esprit Saint est ador el glorifi avec le Pere el le FUs:t. L'identit de louange est fonde sur ]'identit deja nature divine : l'homo--timos. gal en rang el en honneur, est quivalent de I'homoou-sios. consubstantieL L'identit de la oature divine s'acrom-pagne de la distinction par laquelle chacun est identique et par laquelle l'Wl ntest pas l'autre. Le terme hypostase est eo.fin clairement distingu des termes jadis synooymes : e Celui qui ne confesse pas la comm.unaut de l'essence daos la divj rut tombe dans le po)ytbisme; la oature du PUe, celle du Fils et eeUe de 'Esprit Saint est une et identique ; toutefois dans la divinit une l'identit de la nature est divers.ifie en trois Hypostases de telle maniere que l'iodividualit des Personnes se rencontre en une esseoce, el 'unique divinit se .feconnait en Trois bypostases parfaites 16. De meme saint Grgoire de Nazianze est dja tres c1air : e le dis trois (Lu mieres) comme Hypostases ou eomme Personues. Je dis une (Lumiere) iOUS le rapport de l'ousia, divinit 1,.

    Saint Jean Damascec.e donne la synth* de la Tradition : e L'ousia est ce qui existe ou subsiste par elIe-m!me. el qui n'a pas d 'existeoce dans un auUe ... Le mot bypostase a deux significations. TantOt il signifie simplement l'existence, et daos ce cas ousia et hypostase soot la mtme ralit6. Voill pourquoi ccrtains Peres disaient ; les natures ou les hypostases. Tanlt l'hypostase dsigne ce qui existe par soi-meme el dao& sa propre consistance. dans ce cas eUe d6signe l'individu dilf-

    16. Epilt. 2, lO, PO 92, 776, 77S. 17. In .ancta lrunina, oro :19, 2, PG 18, '45 C.

  • LA TERMINOLOGIE TR/NITA/RE 31

    rent de tout autre 18. 00 le voit bien. l'ousia s'applique a uoe substance commune ti plusieurs; l'bypostase ,'applique aux substaoces individuelles. C'est la dilfreoce entre le comffiUO et le particulier. Ainsi l'ousia est substanoe el I'hy-pastase est ce qui est particulier, nous diroos uoe personoe.

    La philosophie antique De conoaissait que des iodivwus humains. Or l'Hypostase divine chez les Peres se rapproche de la ootion moderne de personoe : un lre personnel, uoique, incomparable, absolumeot irrductible aux autres. Elle chappe ti toute dflOition formeJle. C'es! pourquoi la ootioo de la perlSonne humame oc peut se faire qu'! la lu-mrere de la Personoc divine, Arch6type absoJu. Saint J caD Da.ma.scene souligne ; Les persoooes ou les bypostases bu-maines De 500t pss les unes dans les autres... en la Salute Trinit les Hypostases sont les unes daos les autres. Et encore : Les Trois n'ayant qu'une seu1e oature, 0 '001 qu'une $euJe voloot, qu'uoe seule opration. TOUlefois, les Personnes divines e sont umes non pour se confondre. mais pour se contenir I'uoc I'aulre; il exisle entre elles une cirOlmincuslon ti .

    18. Saure. de la eOllllai .. ane., eb.pUr" " et 42 ; PO t., 606, 612.

    19. D. lid. ortll., 1, 8, PO ", 828-829.

  • Chapitre IV

    LA THEOLOGIE TRINITAIRE

    Au seuil du Myst~re trinitaire. Saint Jean Damasceoe rsume les trois grands principes de la Tradition. Toute coonais-sanee de Dieu dpend eotierement de raele libre de sa voloot. Ensurte. e'est le Verbe incam qui revele A I'Eglise don! iI est la Tte le Mystere des Trois Personnes divines. En effet. rEglise connait le Cheist historique crucm, res-suscit el glorifi : elle royoit la priere dominicale el CODDait le Fils distinct du Pece; elle coute la promesse de la desctnte imminente du second Paraclet el le r~it le jour de la Pen-tecOte. Au..delA de loute spculation Oll pbilosophie. l'Eglise annonce l'conomie Irinitaire du salul daos son krygme et elle la vil immdiatement daos sa formu~ baptismaJe. dans son Symbole de foi. dans sa liturgie el ses sacrernenlS. Cest plus tard que les Peces foegeront les argumonts tholo-giques poue rfuter les hrsies et prciser I'ortbodoxie doc-trina le de la Vri t6 divine. Entin, e'est le principe de la Mo-narchie de Dieu. Le P!re assume et assure )'unit6 des Trois Persoooes dan! un parfait amour, dailS la nature une. La g6nration du Fils et la procession de I'Esprit Saint signment aovan.t tout Jeur consubstantialit6 au P!re, manifestation 6vj-dente de Jeur divinitt el de l'~a1itt parfaite des Trojs.

  • 34 LA THSOWGIE DE L'ESPRlT SAINT

    1. L' Ancien Testament

    L" Anden Testament confesse un rigoureux monotbisroe,. proclam olairement par Moise : Ecoute. Israel. k: Seigneur notre Dieu est le Seul Seigneur.:t Les allusions au mystere de la Trinit paraissent obscures. Sa vrit dpasse tout entendemeot el e'est pourquoi eUe fut divinement rvle. e 'est elle qui distingue radicalement le christianisme du paganisme. du judasme el de I'lslam. poue qui le mystere du nieu Un el Trine parait totalement absurde.

    U est vweot poue les Peces qu'on nc peut le dchiffret qu'3, la lumiere des Evangiles. Ainsi le pluriel des texle'! Gen. 3, 22; 11.7. se rapporte selOD les Iuifs A la coDversation de Dieu avec Jes anges. De meme. 'Ange de Yabv poue Pbilon est le Logos dans le seos de sa thologie monotbiste. ti est oelui qui gouverne le monde. Oro poue les Peces il 8'agit de la conversation entre les divines Personnes et Tbodoret voit dans I'ange de Yabv la deuxieme Persoooc de la Tri-nit. En commentant le Sanctus, saint Atbanase prci.se que les Srapbins disant trois fois Samt, glorifient le P~re. le Fils el I'Esprit Saint:t. lis rtODUDent ainsi les trois by-postases parfaites, el. lors.qu'i1s disent Seigneur, ils montrent l'unique essence de Dieu. 2O:t Isidore Pelus explique l'obscu-rit des textes par la pdagogie divine : Dieu De jugea pas opportun d'introduire la distinction des personnes. pour que les Juifs ne versent pas dans l'idohUrie el De professent pas qu'il y a une nature diffrente daos les hypostases, mais afin qu'ayant appris des le dbut la l~o de la monarchie, lis comprennent peu a peu le dogme des hypostases qui jaillit a son tour daos l'unit de oature 21. :t Ainsi les propbEties relatives au Messie de mSme que ses Noms : EmmanueL Admirable, Cooseiller . Dieu fort. Prince de la Paix. Sagesse et Logos ne seront dchifIrs qu'en Celui qui les uDira daos

    20. De appar. Verbi Dei inc., lO, PG 28, 1000 ; 25,220. 21. Epid. 11, lU. PO 78, 6SV.

  • LA THgOLOGIE TRlNIT A.IRE 35

    sa Personne : le Christ, Fils de Dieu, Dieu-Homme el seconde Personne de la Trinit.

    IPour la peose rnystique juive, la Thora n'est pas un simple recueil de prescriptions et de lols mais une Personne vivante. Mais si. pour les Juirs. elle reste encore tragiquement ano-nyme. pour la foi chrtienne, c'est le Christ qui la personnalise en faisant de la loi, amene ~ sa plnitude. la grAce.

    2. Le Nouveau TesJament

    Les Evangiles apportent la pleine rvlation de la Trinit. Lors de l'Annonciation, I'ange propbtise la descente de rEs-prit Saint et prcise le Dom de l'enfanl : e 11 sera appel Fils de Dieu . Le bapteme du Seigneur fait clater I'plhanie fulgurante de la Trinit. Dans son discours d'adieu., le Fils parle du second Paraclet, l'Esprit Sainl qui procMe du Pere . Dans 1'00'dre de baptiser au Dom du Pere, du Fils el de I'Esprit Saint ., e au Dom au singulier confesse le dogme : le nom unique des trois monlre la nature unique de la Sainte Trinit , col1l1DeOte Zigabene 22. Saint PauJ formule la bb1diction : e Que la grAee du Seigneur J~usCbrist, l'amour de Dieu, el la communion du Saint-Esprit sajent avec tous . et saint ,Pierre : e Elus, selon la preseience de Oieu le Pece, dans la sanctification de l'Esprit, pour objr A Jsus-Christ.

    3. La premiere formulallon de I't!IlSLignement de f'Eglise a traven la th&Jlogie des Pires

    Dans les Iettres cbrtiennes. depuis la DidacM, on voit partout la formule trinitaire. ainsi I'invocation baptismale a~ la triple immersion, les bn6dictions el les doxologjes Iiturgi-queso En Occident, c'est Tertullieo qui Monee la formule: e trois Personnes, une essenee - tres perSQl1Qe, una substan-

    22. Sur lIuh., 28, n, PG 129, 7M.

  • 36 LA THEOWGIE DE L'ESPRlT SAINT

    tia 23. En Orlent e'est Thophile d'Antiocbe qui emploie le premier le terme de Trinit : La Trinit. de Dieu, de son Verbe. el de sa Sagesse 24,

    Toutefois. avant le Concile de Nice. la doctrine n'est ni claire ni prcise. mais la caction pourtant est unanime con-tre les hrsies antitrioitaires.

    Alexandre d' Alexandrie. aid par son jeune diacre Atba Rase, aecuse Arius, qui est condamn au 1- COheile de Nice (325). Le Concite proclame : Le FiIs est consubstantidC au Pece. de l'essence ~me du Pece. Le u- Concile de Cons-tantinople (381), condamne Macdonius el proclame l'Esprit Saint Seigneur vivifiant. procdant du Pece, ador et glorifi avec le Pece el le Fils. La consubstantialit 3U Pece du Fils et de 'Esprit Saint est proc1ame avec la plus grande 6nergie par Athaoase. les Cappadociens. Cyri11e de Jrusalem, Chry-sostome., Epiphane. Cyrille d'Alexandrie.

    La dnorntnation de l'nergie, enseigne saint Grgoire de Nysse. n'est pas morceJe entre ceux qui agisse:ot, mais. puisque la puissance et l'nergie dans les trois hypostases sont uniques, le Pere oe fat rien de lui-mme sans le Fils ni le FHs saos 'Esprit. Toute activit jaillit du pere. progresse par le Fils et se paracMve dans 'Esprit Salot 2S. :. Saint Bulle rlScapitule : Le Pere existe et possMe l'etre parfait. racioe et SQuree du FHs et de I'Esprit Saint. Le BIs existe. en plnitude de divinit. Verbe vivant et Fils du Pere sans dfaut. Plnier aussi est 1"Esprit. parfait el complet eonsidr en lui-rneme 26. :.

    4. Dieu le P~re Dieu, le Pere du peuple Iu, se rvele dans le Nouveau Tes-

    tament Pere de toos les hommes. Les hommes sont appels

    23. PL 11. 180 ; 1080. 24. Ad Antol. 11. lS. 25. Jt n'y a pa. troi. dieu:.:, PG . 125. 26. Hom. 2+ contre In Sabdlien., 4. PG SI. 609.

  • LA THtOLOGIE TRINITAIRB 37

    fils de Dieu el, daos le caur des fideles, I'Esprit Saint crie e Abba, Pere . Ce rapport de 6lialion vienl de la patemit divine. Oieu le Pere est Pere par oature de son Fils MODogene. tamEs que les bommes soOl les fils daos le FHs, enfaots adoptils de Di:eu par la grice. En s'adressant la Madeleine apres sa Rsurrection, le Seigneur le souligne clairement . J e monte vers mon Pere el vOlre Pere .

    5. Dieu It! Fib

    Daos I'unique essence divine. le FHs se distingue du Pere en tant qu'Hypostase propre. el, en mame temps. il est un avec le Pere au poinl qu'ils De forment pas deux Dieux dis-lincts : e Je suis daos le Pere el le Pere est en moi - e Nul ne connait le Fils si ce n 'est le Pere, cornme nul De coooaH le Pere si ce n'est le Fils . CyriUe d'A1exaodrie cornmente : e Seule se conoait elJe-meme la saintc el eonsubslantielle Trinit, qui est au-dossus de loute inlelligence el de toute raison , e seuls ils (le Pere el le Fils) ont I'uo de I'autre une connaissanee plc, e'est done qu'i1s sont gaux 27 . Le 1" Coneile de Nice proclame que le Fils est consubslantiel au Pere el engendr avanl les siOcles.

    6. Ditu It! Sainr-Esprit

    Eneore imprcise dans l' Anden Testament, la doctrine se prcise daos le Nouveau a la IUnUere du dogme trinitaire. Le Seigneur aUeste clairement que l"Esprit Saint esl Oieu par oature, un aulre Paraclet, uoe Hypostase. Saint Jean Chrysos tome enseigne que le Seigneur rvele la consubstantialit. I'identit de oature. el la parfaile galit 28. L'Espril e seru-te les profondeurs de Dieu ., ce qui sous-eotend qu'il est consubstaotiel el gal au Pere.

    27. Sor Luc, X. 22, PG 72, 672-673. 28. Sur l ean, Hom. 78, 2.

  • 38 LA. THSOWGIE DE L'ESPRlT SAINT

    7. Les proprits distincJives del Hypostases

    Les Personnes de la Trinit oot une csseoce commuoc et possedent cbacune ses proprits persoonclles. Celles-ci sont les attributs bypostatiques. qui distinguent le P~re en tant qu'inoogendr. principe. soueee el eacine dans la divinit. le Fils en tant qu'engendr et I'Esprit en tant que spir.

    Les attribulS sont distincts el reprseo.tatifs des modes d 'existence des Hypostases. Le Pece est teme1lement Pece. Le Fils est engendr sans commeocement. co-existant au

    pe~. gal \ lui comme l'image vivante el l'emprcinte de sa substance. lA procession de l'Esprit De se confond point avec cet engendremeot el reste mystrieuse. Mais l'Esprit Saiat provient du Pece, tout comme le Fils est enge:o.dr par le Pece.

    Les termes gennesis, gnration el ekporeusis, processioo dsignent la provenance du principe gnrateur et spirateur, projection intime. insparable du Pece, qui comm.unique toute l'essence indivisible de la divinit. Aiosi le Fils el I'Esprit oot leur principe daos le Pere appel e racine et source :t et il cause de cela comme le dit saint Basile : e la divinit est adorable daos la monarchie :t 29. Grgoire de Naz.ianze explique : la monarchie signifie e gale dignil de nature, accord de la pense el idenlit ill'gard du pere. .. la com-er-gence est lelle que les personnes demeurent unies el indivi-sibk:s comme uo seul Dieu SO. Saint Jean Damasceoe syo-thlise : les proprits personneUes e ne sont pas dmoDstra-tives de l'essence, mais de la relatioo rciproque el du mode d'existence des personnes de la samte Trinit :t al. Elles ne dsignent aucune diffreoce d'essenoe ou de dignil. aucune iogalit des perscnnes. mais prcisent leurs proprits in-communicables et personnelles,

    29, Contre Sabelliu., Hum. 24, 4, PG 81, 809. SO. Di.com'. 29, 2. PG S8, 78, SI. PO 94, 816, 817.

  • LA THP.OLOGIE TRINITAIRE 39

    J 03.n Demascene insiste sur )e caraetere apophatique des appcllations, caraetere inengendr, gnrateur, spirateur. Une certame lumi~rc vicot d'en haut el claire la pcrsonne hu-maine, sa patcmit el sa filiation, mais sans aueune possibilil d'appliquer ces coneeptions bumaines l Dieu. Dieu explique l'homme mais lui-mame reste caeb el mystrieux. Oieu est la seule existence pleinement personneUe. P~re de qui toute patemit, au del el sur la terre tire son DOrn signifie que dans le domaine humain ce oe sont que ses rcRets et ses irnages. e'est seulement daos la divinit que le Pere est substanliellement et ternellemeot Pere el le Fils substanliel-lernent el temellement Fik Dieu esl simple.. ji esl sans division. le Pere impassible de soo FHs unique . dit sainl Athanase 32. La cotemit de la garation du Verbe el son insparabiJit d'avec te Pere sonl dfinies par I'expressioo : rayoonemeot de la luntiere temelle, saos eommencemont ni fin . lmage du Pece . empreinte de sa substance . signifieot que le Fils a en lui le Pere tout enlier . Com ment 1 Ce qui est cleste, chappe a la faiblesse humaine el reste cach par un nuage . conelul saml Grgoire de Nazianze 3S.

    3:l. Ad S~Tapion . l . l fl. PG 2f1. 5f19. SS. Di.c. 29. 8, PG afl. 84.

  • Chapitre V

    LES PARTICULARITl1S DE LA TH110LOGIE

    DES plRES ORIENT AUX

    La tbologie des Pbres au IV sitcle est une tbologie tri-niteire par excellence. Elle a labor les dfinitions dogmati-ques et prttis a la fois l'unit et la diversit des Personnes en Oieu. DjA le seul ,Ierme d'homoousiQS consusbstantiel, ro-esscntiel. identique en esseoce. a .permis d'exprimer le mystere de Dieu. a la fois Monade el Triade.

    Dans J'Evangile seIoo Saint lean. le Logos tait pros Ion Theon, plUIOt vers Dieu qu'c aupees de Dieu ou avec Dieu _, formule qui dsigne la gnration temeUe du Rls. -qui o'est pas le Pece. De mame un e autee Consolateur est autre que le Fils el autee que le Pece. Toutes les Personnes sont gales en dignit. identiques en substance el se diversi. ficnt par Jcurs rclalions intemes. Cest id qu'i1 faul rekver une difltrence de vision entre I'Orient el J'Occidenl. Pour fOrient. les relations entre les PUSPMW!S de la Trinitl J1II! sont pas d'QPposition ni de slparation, mais de divers;ll, de rlci-prccitl, de rlvllatiml 'l'kiproque el de communion dans le Pire.

    Les attribuls qui se rapporleol l la narure commune tels que sagesse. volont, amour. sainlet, lcrnil. son! inhrents aux Trois sans difIrentiatioD. La Personne en tant qu'Unique

  • 42 LA. TH80WGIE DE L'ESPRlT SAINT

    est voque daos son rappoct ~ la Source qui es! le Pete. L' ionascibilit du Pece. la gnratioo du Fils el la prOCessiOD de I'Esprit sonl les relations qui permettent le mieux de les distinguer. C'est par la faiblesse natureUe de nolre pen~e que DOUS les VoqUODS d'une maniere ngative : le Pere inco gendr p'est ni le Fils. ni 'Esprit ; le Fils engendr otest ni le

    Per~ ni l'Esprit ; l'Esprit spir D'est ni le Pece ni le Fils. Pour l'Orient. ces relatioos d'origine De sont pas le seul

    fondement des Hypostases, qui les coDstituerait el ~uiserait leur contenu. Saiol Jean Dama5Ctne le dit : c Chacune des Personnes contient l'unit par sa relation aux autres., non mo;ru que par $a relmion d soi-meme B.. lt Elles dsigncot sculement par excellence la diversi~ hypostatique. Elles De diffrencieot pas la oBture en Personnes mais expriment rielen-tit el la diversit du Dieu Un el Trine.

    Le plus importan! pour comprend1le la thlclogie trlnitaire de I'Orient, e'est le Ct1mctere tcujours temaire ou triple dD relations. Temaires. elles sonl en mame temps tri-un;ques el c'est pourquoi dans cbaque reJatioo d'UDe Persoone les autres sont prsentes. Le Fils el I'Esprit se rapportent au P~re simul-tanment, I'innascibilit, la gnratioo el la procession s'im pliquent r6ciproquement. rune otest jamais sans les autres. Ce caract~re temaire des relations supprime toute possibilit de les ramener A la dualit, A la formatioo de dyades a l'in trieur de la Trinit, ce qui mettrait l'ide rationneUe d'oppo-sition II la place de la vision mta-rationnelle d'une diversit - uRit trinitaire.

    En effet on De peut opposer que deux principcs ; or nous avons trois principes el c'est pourquoi l'Orient refuse le sys-~me d'oppositioo de relations ou de relations d'opposition qui sont des relations causales. La relation active du FUs el de J'Esprit au P~re est celle de communion, de rvElaton, de manifestation, de meme la relation active entre le Fils el

    S4. n, (id, ori., PG 94, 828 C.

  • LES PARTICULARIT$ ORIENTALES 43

    'i'Esprit n'est point celle d'origine. La relation d'origine est une ngation : le Pere n'est pas le Fils, elC. el doit etre comprise daos un seos apophatique qui transcende toule logique de relalions el ne dfinit pas mais dcrit. Le mode de la gnration el le mode de la procession sont incompr-hensibles 36 ; ineffables el en m!me temps concrets. ils sont sufnsants pour diflrender les Personnes daos une simulta-nit lernelle car tout rapporl est triple: 'Esprit procede du Pere conjoiolement el en rapport avec le Fils daos Jequel iI repose; le Fils est engendr par le Pere conjoinlement et en rapport avec l'Esprit qui le manifeste.

    Daos la vie intradivine des Trois, la Monade fcrme esl exclue au meme titre que la Dyade car justement le nombre deux implique opposition el limitalioo rciproques. Le d-passement se Cait dans le Trois et au-deJA de toute CODnumra-tion logique. Simplement el d'emble s'ouvre I'infini du Dieu vivant : La divinit n'est pas partage daos les parta-geanlS ., dit saint Grgoire de Nazianze S6, e dans les Trois Soleils qui se compnelrent, unjque est la Lumiere 36(.1 . Ajnsi la Trinit n'es! pas le rsuUat d'un processus, d'une tbogooie, mais une donne primordiale de l'existcnce divine. Elle n'est pas une reuvre de voloat bypostatique ni de nces-sit de nature ; Djeu esl ternellement. saos commencement, le Pere, le Fils et l'Esprit Sajot, rciprocit interne de son Amour.

    Le dogme trinitaire est absolumeol tranger a toule sp-culation mlaphysique. 11 o'y a aucune thogonie daos l'acte de la cratioo du monde qui eS! un acte de volont, par contre la procession dos Hypostases divines est un acle de l'Etre divin. de l'Existaot absolu, au-delA de toute dialeclique de type hglien par exemple.

    La thologie apopbatique contemple le mystbre qu'aucune

    ss. St J"lf DAII., D~ /ide or/ll., PO 94. 820 A. 36. Oro SI. PG se, 148. ss . Sl J .. ,.. DAII., D~ /ide orlll., 18 ; PG e., 829.

  • 44 LA THP,OWGIE DE L'ESPRlT SAINT

    intelligeoce De peut atteindre. e'est uniquement paree qu'il s'adresse aux pbilosophes que saint Grgoire de Nazjanze emploie leur langage el dit : La monade est ame en mou vement en vertu de sa richesse ; la dyade ost franchie el la triade se renferme dans son absolue perfection ... 37. Ainsi Dieu n'est ni solitaire, judaique, ni multiple. polythiste. 11 est la Trinit au..

  • LES PARTICULARITSS ORIENTALES 45

    et c'es! l'brsie d'Arius. De mme chez Plotin. l'Un. 1'lolel-ligence et l'Ame du monde prsentent une birarchie d6::rois-sante des personnes par manation.

    Face \ toules ces dvialions de la raison natureJle. iI fallait une mtanoia. un reviremeot radical de I'intelligence place en Christ, pour s'lever au-dessus des coocepts pbilosophiques el pour recevoir la Rvlation de Dieu dans sa purel intacte. TI fallait supprimer en germe I'unitarisme monolhisle el le Irithisme polythiste.

    Ce revrrement comporte deux mthodcs diflrenles dans la saisie mme du Myst~re Irinitaire et marque amsi la diff-rence des positions Ihologiques de l'Or;en1 el de I'Decident. Le P. de Rgnon, dans ses Elfldes de thlofog;e pos;l;ve sur la Salnte Trinit. les prcise clairement : G: La philosophie la-tine envisage d'abord la nature en elle-meme el poursuit jusqu'au suppt (la Personne) ; la philosophie grecque envi-sage d'abord le suppt el y pnetfe ensuite pour trouver la natufe. Le LatiR consid~re la personnalit comme un mode de la nature, le Gree consid~re la nature comme le contenu de la personne. Ainsi l'Oecident part de la nature une pour considrer ensuite les Trois Personnes ; l'Orient part des Trois Personnes pour considrer ensuite la natuce une S8. Sanl BasiJe. par exemple, suivait cette mthode consciero-menl paree qu'elle partait du concret, conformment \ I'Ecri-tute el a la formule baptismale qui Romme le P~re. le Fils el le Saint-Esprit.

    L'Orient voit le danger quand ce n'est pas la Monarchie du P~re mals la natufe une qui s'rige en principe de l'unit dans la Trinit. Dans ce cas, les relations d 'origine s'identi-fienl avec les Hyposlases el les expriment totalement. Si on aUirme ave

  • 46 LA THP.OLOGIE DE L'ESPRlT SAINT

    rapports internes de I'essence qui la diversifient. Oc pour los Grecs. le principe d'unit o'esl paso la nature mais le Pece qui pose des relations d'origine par rapport k Luj~me. comme l'unique Source de toute relatioD. Saiot Athanase le dclarc : o: 11 y a un seul principe de la divinit el par cons-quent il y a la monarchie de la maniere la plus absolue : un seu! Dieu parce qu'un seul Pece. :t ectte affirmation lapidaire devient J'adage de tous les Peces oricntaux. POllr eux, confes-ser I'unit trinitaire e'est reconnaitre le Pece comme l'unique souece des Hypostases qui simultanment r~ivent de lui la mame el unique naturc. C'est paree que les relatioos se cap-portent au Pece qu'clles significot lI. la fois l'unit et la diversit. Les Persoones el la oature 5001 porees simultan-ment saos que rune prctde logiquement les autres.

    Le Gree considere la nature comme le contenu de la personne , ce qui veut dire que cbaque Hypostase est la maniere personnelle de s'approprier la mme nature et par coo.squent chaque Hypostase dans sa ralit unique dpasse les seules relations d'ongine. Samt Grgoire de Nazianze dit : La oature une dans les Trois - c'est Dieu ; quant a l'union - henosis - c'est le Pere, de qui les Autres procMent el ven Jequel ils se raroment sans se confondre oi se sparer, mais en coexistant avec lui 40. C'w le pe,e qu; distingue les Hyposlases, mais cette distinctioD dpasse le seul plan des origines car selon sain! Maxime le Pere les distingue daos un mouvement temel d'amour 41. Les Peces distinguent la subsistance hypostatique et l'acHon manifestatrice. Dans le mouvement ternel d'amour , le Fils et l'Esprit Saint sont insparables dans leur action manifestatrice du P~re el ils soo! ineflablement distincts comme deux Personnes pro venant du meme P~re. e Le Saint Esprit, dit saint Base, d'une part es! attach au Fils avec loquel iI est conyu inspa-rablement, el d'autre part son Etre est suspendu au P~e.

    40. Oro U, PO 38, 478 B. 41. Scholla In lib. de Dloln. nomfn .. 11, 3.

  • LES PARTICULARITt$ ORIENTALES 47

    doot il proc~e... 11 subsiste en proc6daot du Pere et il est manifest coojomtemeot avec le FUs

  • 48 LA. THP.OLOGIE DE L'E$PRlT SAINT

    'divin , la Gottheil de Maltee Eck.bart. antrieure a la Tri-oit.

    L'acceot trap forl mis sur la nature cooditionne la DOtiOD de la batitude du sitcle futur comme vision de ressence divine. Oc pour l'Orient la batitude dsigne l'infini de la dification. participatioD a la vie divine et vision de la gloire trinitaire a tca-vers I'humanit glorifie du Christ. e flambeau de cristal . l'essence de Dieu tant transcendante a jamais.

    En figure, on peut reprseoter la triadologie sous forme d'un angle donf. le sommet dsigne le Pre el les deux poiots 'ou. s'arrelent les oots. le Fils et I'Espril Ce schma exprime ''galit des deux. mais De dit rien sur leurs relations rcipco-ques sauf !eue reIalion a l'unique origine qui est le P~re. Seloo le P. Serge Boulgakov. le schma plus correct est UD triangle iDscrit dans un cerc1e : le mouvement est circuJaire, il part du Pece el revient vees lui. Le Pece est la souece de la Vrit. le Fils est le principe de rvlation de la Vrit du Pere, I'Esprit Saint est le principe de sa manestation dyna-mique el vivifiante. il est la Vie de la Vrit., son Esprit. La relation entre le Fils el I'Esprit n'est pas causale. mais c'est une relation d'interdpendaoce et de ccndition car toute rela-Hon intradivine est toujours triple daos la crrcumincessioD ternelle de l' Amour divino Nous verrODS loute l'importance du terme de condition. avanc par le thologieo russe Bolo-tov. et qui est tr~ clairant pour le probJeme du Filioque.

  • Chapitre VI

    LA PROCESSION DE L'ESPRIT SAINT

    En 1950. lars d'une rencontre entre des tbologicns catboll-ques et orlbodoxes consacre A la procession de l'Esprit Salot. les conclusioos affirmereot que I'Ecriture De contenait explicitemeot ni le Filioque ni le a Palre solo. ni la dislinc-tion nene enlre les plans terneJ el tempocel et que les aftir-matons dogmatiques des deux cts - catboliques el arlho-doxes - De remontaient qu'aux dfinitions des Concites. II la patristique. 1 la tbologie pour se posee finalement en articles de foi.

    e'est dice toute la difficult du probleme. Sans qu'oo puisse rien prouver dans un seos ou dans l'autre. et les multip1es teotatives qui toutes chouerent dans I'histoire le dmontrent. ji reste a prsenter la tradition patristique majeure. assez unanime. sans omettre quelques textes aOlbigus - tradition mmeure - el A essayer, lA o) e'esl possible. d'expliquer ces textes \ la lumi~re du contexte plus large. Toutefois, pro-fitant du changement des positions thologiques apres le Concile de Vatican JI, nous essayerons pour coDclure, sans aucune prtention de prsenter la solution, de prciser la direction dans laquelle l'Orient et l'Occident peuvent trouver WI accord.

  • 50 LA THSOWGIE DE L'ESPRlT SAINT

    1. La rupture

    Le Symbole de Nice en confessant la procession de rEs-prit Saint du Pece, saos citer le Fils. se rfere a I'Evangile seloo saiot lean 15. 26 et 14, 26. Telle est la foi des p~ du Condle., cornmente par saint Grgoire de Naziaoze dans son v Discours tholQgiqu.e el professe d~ le dbut par l'.Bglise taot en Orient qu'en Decident. Le me Concile.. en 431, frappe d'anatheme quiconque professerait une autfe loi _, non strictement conforme a cene de Nice. Le IV- et le v Conciles, en 451 et 681 reoouveUent cette sanctioo. Saint Cyrille d'Alexandrie dclare qu'omettre ou ajouter quoi que ce soit au Credo de I'Eglise universelle quivaudrait A contre-dice 'Esprit de Dieu.

    00 sait que la formule latine - I'Esprit Saint procMe 11 la fois du Pete et du Flls - apparait en Espagne au 111-Synode de TolMe runi en 589 ; son canon 3 condamne ce\1X qui De profes&ent pas le Filioque. Le Roi RcarMe, rcem meot converti de l'arianisme. ordonne d'iotroduire le Filio.. que daos le Symbole de Nice. Le IV Synode de TolMe en 633 l'approuve. La formule tait utile temporairemeot pour oombattre l'brsie des arieos qui cootestaient la divinit du Christ et done pour affimer la consubstantialit du Pece et du FiJ.s. Si J'Esprit procede des deux, il est viden! que le Fils est 6ga1 au Pere, il est de la m~me e.ssence divine.

    Malgr l'opposiHon d'Alcuin et de Paulin. archevque d'AquiJe. qui condamoa la formule au Concite provincial leDU en 791, le grand promoteur du Filioque fut Char1emagne. Le P. Congar cite l'historien J. de Pange : e La colJatioo du titre imprial ti. Charlemagne ma-rque. de la part du pape. l'in tentioo de rompre avec l'Empire d'Orient n. :t Cbarlemagne convoque en 807 un CODcile BVec le projet d'cxcommunier )'empire concurrent des Grees. Le pape L60n 111, en signe de

    44. '" Neur eeotl aos apds ~. In L'Egllae d le. EgU.u. t864. p. 28.

  • LA PROCESSION DE L'ESPRlT SAINI' 51

    protestation et dsirant fermement sauvegarder la tradition unanime, fait graver et placer solennellement sur le portail de bronze de la catbdrale de Rome deux cussons d'argent portant le texte du Credo de Nice en grec et en latin et sans aueune addition. Mais I'usage s'est g~nralis en France, en Espagne, en [tale el en Allemagne ; A la fin. Rome s'incline devant la force. En 1014. I'Empereur Ilenri 11 se fa.t couron-ner il Rome par le pape Benoit VIII et impose le rile germanj-que de la messe ; le Credo interpol du Fifioq/U! fut chant pour la premi~re Cois A Saint-'Pierre de Rome.

    Ce que rOrient reproche. avant toute analyse dogmatique de la Douvelle formule, c'est l'acte schismatique de modifier le tate saer du Credo malgr les interdictions formelles des Canciles

  • 52 LA THSOWG1E DE L'ESPRlT SAINT

    Au Moyen Age. les traits polmiques foisoonent. lis n'oot jamais convamcu personne car, sauf que)ques rares excep-tions. ils on1 laiss s'chapper la. seve meme de la pense des P~res. 11s oot perdu le style patristique, expressioo de leur spiritualit. Un ressourcement vigoureux daos la Tradition des Peres s'impose done a taus actuenemeot afin de comproo-dre leur dialectique de l'intrieur. seloo leur exprience di-recte et leur contemplation des Mysteres de Dieu.

    Le Nouveau Testament applique au Pece le plus souveot le nom de Oieu tout court. Cette maniere est reprise fidelemeot par les Peces antnicens. Saint Atbanase encore le dit clai-rement : TI n'y a qu'ua principe el non pas deux. de ]a Oivinit : il existe done en Dieu ti. proprement parIer une Monarchie. De ce principe "jent le Verbe ... Le Principe. e'est Oieu 46. Par conlre, les Peces vitent de s'exprimer avec nettet el preisioD SUT l'Esprit Saint et surtout sur le mod.e de sa procession. qui reste radicalement ineffable. n faut done vjter de dogmatiser Ia ou il n'y a que des approxima-tions. des aUusioDS et des suggestioos.

    L'cole d'Alexandrie suit la mthode antnieenne. essen-tie11ement biblique el sotriologique. Elle affirme la divinit du Verbe paree que Dotre salut en dpend. Ainsi saint Atba-nase affirme l'unit d'action du FHs et de l'Esprit k la klmi~n de l'conomie du salut et n'entre guere dans les re1ations temelJes entre les Personnes divines. C'est le Christ qui est le Sauveur et l'&prit nous fait participer dans le Pil& k l'adop-tion du P~re. Si Atbanase insiste sur l'unit de narure entre les deux. e'est pour alifirmer la divinit de I'Esprit : e L'Es prit est dans le Fils. COffime le Fils est dans le P~re 47. :t

    du Sant-Esprit chu tel Pt r n orf~nfalU ; S. VBftltUOV";OY e La proc~nion do Salnt-Esprlt d'ap~!I la trladologie orthodoxe ). In Ra ie d Chri~nt~, 1950, 0 3-4 ; P.-N. TIIBMI:I8l..\8, DOl1matique, Paris, 1966.

    46. Contra ar., !Y. 1, PG 26, Be. 47. Ad Suop., 111, 4, PG 26, 632 A.

  • LA PROCESSJON DE L'ESPRlT SAINT 53

    Saint Cyrille d'Alexandrie combat l'hrsie nestorienne el toujours en fonction de I'reuvre du salut insiste sur la dpen-dance de l'Esprit a l'gard du FUs : e Loe Fils, dit-U, possede l'Esprit aussi bien que le Pere. Le Fs nous communique l'Esprit de sa propre plnitude divine 48. L'E.sprit est une force sanctificatrioe e qui provient des Deux . A rot des allusions sur la double procession se place une affirmation contraire : L'Esprit procede de Oieu le Pere, comme d'une Source. mais il est envoy la la cralure par le Fils 49.

    Le vocabulaire de Cyrille. peu prcis, provoque des trou-bies. Une de ses expres.sions I'Esprit propre au FUs , SU&-cite une critique immdiate et violente de la part de Tbfr.

  • 54 LA THEOLOG/E DE L'ESPRlT SAINT

    sent et qui expliquent }es expressions telles que e l'Esprit vient :. ou c procede du Fils lt ou e par le Fils lt, saos qu'il y ait lA aueune mtaphysique des relations intradivines.

    La thologie proprement trinitaire scra l'(tune des Ca~ padociens : les deux Grgoire el Basile le Orando Pour expri-mee la ralit du Dieu vivanl en Trois Personnes. les Cappa-dociens distinguent en Dieu l'lment CQIDmUD aux Trois Hypostases. la oature. et d'autre parto l'lment propre A. chaque Persoone. Ainsi. selcn saint Grgoire de Nysse. I'Es-prit o'est rien de ce qui appartient en propre au P~re el au FUs 5:1 lt. De m!me samt Basile recberche l'lment unique qui caractrise chaque Hypostase : e On recoonait le caeac-tece bypostatique de I'Esprit a ce qu' se rvele apres le Fils el avec le Bis et r~oit sa subsistance du Pece. Quant au FUs ... il o'a cien de commUD, quant a la particularit de ses caractristiques avec le P~re ou l'Espcit Samt. mais se fait connaitre seul par ses caract~res bypostatiques. Et le

    P~re possede cec de particulier, caractcistique de son Hypos-tase, qu'il est P~re el qu'il ne dpend d'aucune cause 5S . Si avec BasHe el Grgoire de Nysse on voit apparaitre la Dotion de causalit, celle-ci ne s'applique qu'au P~re, jamais au Fils, lorsq u'il est question de la procession de I'Esprit Saiol. 00 voit djA uoe nette diffrence avec la coDcepton latine de la rneme proprl de sprer I'Esprit, qui appartient en cornmun au P~re el au Fils uns daos la meme nature.

    En eflet. selon l'essentiel de l'affirmation des P!res ocien-taux, c'est la Personne du P~re et non la oature qui est considre comme I'origine el la source des deux autres Hyposlases. POllr Grgoire de Nysse. .la Personne du Pre possMe seule la facult d'Stre cause en Oieu - aitia et par la-mSme principe de I'unit divine - hndsis 54. L'ide de cause ne s'applique jamais au Fils, Grgoire de Nazianze le

    5:1. PG 45, 3336 C. 5S. Ep. lB, 4 ; PG 32, 529 C D. 54. PG 45, 180 C.

  • LA PROCESS/ON DE L'ESPRlT SA/NT 55

    dit clairement : e Le Flls possMe tout ce que possMe le Pere. sau! la fa'cutl d'i!tre cause el: tout ce que possbJe le Fi!s. l'Esprit le pOssMe aussi. sauf la facult d'Stre Fils S5.

    Au dbut de la formation de la thologie trinitaire, mame chez les Cappadocieos. les rclations entre le Fils et l'Esprit Saint. porteot encare l'acceot sotriologique. Avec les Alexan-drins, saint BasUe dit : e L'Esprit Saint eslli au Pere unique par le Fils unique 58 . ce qui sipifie qu'il D'y a qu'une seule voie vers le Pere : par le Fils dans 'Esprit Saint. Le rle du Fi. est toujours central daos l'conomie du salul. Si le salut vicot par le FUs. la grAce du Saint-Esprit vient aussi par le Fila. L'ana phore de la liturgie de salol Basile fait entendre : e Le Fils ... por lequelle Salol-Esprit est apparu ... Ce e par

    ~ l'argument classique de la consubslantialit el donc de la divinil de i"Esprit Saint.

    Tout acle divin trouve sa source dans le Pere pour etre ralis6 daos le Fils el achev, accompli el manifest par I'Esprit car, dit Grgoire de Nysse : e Le Pere est source de la Force; la Force du POre. c'est le FiJs : l'Esprit de la Force. c'est J'Espril Saint 57. En partant de ce fail. et e'est djA I'volution de la cooscience dogmatique, les Peres trans-posenl cet ordre des Hypostases dans la vie divine elle-mame: l'Esprit vit par le Fils et pour le Fils. tant I'Espril de la Force. Cest daos celte perspective que 'se situe la for-mule dia Hyio. per Fi/ium, C'esl le tmoignage de Saint Maxime le Confesseur au VII- siecle. Dans sa lellre A Marin. i1 dfend J'ortbodox.ie de la doctrine occidentale : e Les Occidentaux. crit-i1. citent CyriUe d'Alexandrje. lls prouvent par lA qu's ne se reprsentent pas le Fils comme cause de l'Espril. cae i1s savent que le Pere seul est cause du Fils el de l'Esprit Saint. mais en disant que J'Esprit procede par le

    65. Oro .,., 10 ; PO S6, 262 A. 66. De Spir. Sancto, 18, PO 32. 162 A. 67, PO 66, 1917 A.

  • 56 LA. THEOWGIE DE L'ESPRlT SAINT

    Fils" ils expriment la patent et l'unit de leur nature 58, Poor Maxime. CyriJle d'Alexandrie ne pouvait aucunem.ent enseigner que le FUs est cause de l'Esprit.

    Au VIII- siecle, saint lean Damasctne syothtise la. Tradi tion des Peces et insiste sur la Mooarchie du Pece qui est la cause uDique : e L'Sspcit est Esprit du Pece ... mais il est aussi I'Esprit du Fils. non pas paree qu' iI procede du Fils. mais paree qu'il procede par lui du Pece cae il o'y a qu'une cause unique. le Pece. monos aitios, ho patu 1i9, Cest la Personne du Pete qui est l'origine unique des Hypostases : Nous De diSOM pes que le Fils est cause, nous De disODS pas non plus qu'il est Pere .. . Naus De discns pas que l'Esprit proc6de du Fils. mais DOUS disons qu'iI est Esprit du Fils 80,

    Le Fils el I'Esprit proviennent ensemble, conjointemeot. du Pece, comme la Parole el le Souflle so:rtant de la bouche du Pece 81 , L'Esprit est la e Foroe du Verbe qui repose sur le Fils de loute ternit et le manifeste et c'es( poucquoi i1 est appel e Image du Fils :t.

    On peut dja Doter la diffcence des points de dpart daos la formaton de la thologie trnitare en Occident et en Oriento En suivant la tradition occidentaIe de Tertullien ti sant Ambrose., saint Augustin daos De Trinilale part de l'unit de la nature divine. POUl distinguer les Personnes, il formule le principe de e l'oppositioo de relat.ions :t auquel pratiquement se rduisent les PerSOllnes. Toutefois. Augustin souligne que c'est du Pere principaliler que procMe l'Esprit Sajnt. ti titre de prncipe premier et absolu. Mais comme le Pere et le Fils sont un. et que tout ce qu'a le pere. le Ftls l'a aussi. ils constituent un seul prncipe de la processioo du Saint-Esprit. Le principe de la Mooarchie o'est pas supprim6, il D'y a pas deux prncipes. deux sourees de I'Esprit Saint.

    68. PG 91, 1S6 A B. 69. De fide orth. I. 12, PG H, 849 B. 60. PG 940, 832-89S. 61. P '2. B.

  • LA. PROCESSION DE L'F,SPRlT SA.INT 57

    La monarcbie, peUI-on rure, esl partag6e entre le P~re el le Fils uns dans la ml!me nature pour ne former qu'uo seuI Prineipe de procession 62. Fausle de Ricz le dit clairemeot : e A cause de l'unit~ de substance, on dit que l'Esprit est 'Esprit du P~re et du Fils el qu' procbde ex u/roque. De mame. seloo saot Tbomas. le P~re el le Fils ensemble produisent une spiraon, done il o')' a qu'Unul' Spirator.

    Tout C\O tant altentit au fait qu' o'), a aueuo db:lou-blement du priDcipe de procession en Occident, iI (aut recon-oaitre que la tradition orientale restait totalement 6trang&e au ra80nnement auguslinien. 00 ne trouve pool en Orient ni la doctrine sur l'opposition de f'elations ni ceDe de la pro-'OCSSioo tanquam ab "no principio qui en dcoule. ,oaos sa thologie trinitaire, !'Orient pmId comme point de dpart la r6v6lation d'uo Dieu vivant en Trois Hypostases, done }es Personnes divines tenes qu'eUes soot donnes daos les Ecri-tures el penscs dans les s)'mboles de foi et de bapt!me.

    Le connit cJate au IX- si~le. au temps du patriarche Photius. Celui-ci distingue tr~ neUement les caract~res by-poslatiques qui appartiennent en propre ti. chaque Persoone divine el los caraetbres apparteoanl ti. la nalme, done com-muos am Ti'ois. La facult~ d'!tre cause est bypostatique el n'appartient qu'au P~re. Par eontTe, si 00 consid~re que l'Esprit procMe du P~re et du Fils ensemble, on est en prsenee du caraclhe e essentiel , e nalure) et daos ce cas, en fooction de la nalure commune aux Trois, )'Espril serait '8.ussi participaot ti. sa propre processioo., e jo serait pro-moteur el promu. en partie cause el en partie proveoant d'une cause 63 . La palernit~ du P~re ne serait plus sa pro-prit exc1usive el les Hypostases du P~re et du Fils seraient confondues en une seule Personne, ce qui friserait J'h~rsie de Sabellius. Or le Pe fait proc6der I'Esprit en taot que

    62. Volr le 1_ Canon du ConclJe de LyOD. 63. IIgllag. 8, PG 102, 288 B.

  • 58 LA l'HEOWGIE DE L'ESPRll' SAIH1'

    Pece et non pas en taot que Dieu. qua Paler et non qua Deus. On voit clairement id toute la dilficult poue rOneat d 'ac-

    cepter la formutatioo latine. En effet. la spieatioD commune BU Pere et au FUs poserait en Dieu quelque chose qui o'cst ni essentiel. natureL ousianique. puisque I'Esprit en es' exclu. ni bypostatique. puisque e'est quelque chose de commUD au Pece et BU Fils.

    ,Pbotius se cfere ~ Grgoire de Nysse et t Maximc Ie Coofesseur poue qui seule l'Hypostase du Pece est productive des autces Personnes en Dieu. La traditioo. orieotale met raccent le plus fort sur la notiOD personoaliste CII. v.ifant toule unit abstraite de la nature $Cuk oU ron cisque de faife disparaitre le caeactere persoonel des Hypostases.

    Le Concite unioniste de Lyon en 1274 ranime .la discussioo au xme sib;te. Les Orientaux affirment : L'Esprit Saint De dpend du Fils que dans ses missions temporelles ; daos sa vie ternelle. il ne dpend que du Pece. Toutefois. Gr~oire de Chypre. de par sa connaissance de la tbologie augustj nienne, apporte une critique plus nuance. S'il insiste, avec la tradition classtque, sur )es proprits bypostatiques immua-bies. il insiste pareilJement sur la manestation terneUe du Fils par I'Esprit, qui constitue la vie m!me de l'Esprit Salol. C'est une rfrence a l'expression de salol lean Damasdue : I'Esprit est la Force manifestante du Fils.

    L'Esprit, dit Grgoire. r~it sa subsistance du Pere mais subsiste par le Fils el meme du RIs. Dislinction subtile maia fondamentale ; avec le P. J. Meyendorff on peut dire que c'est une distinction entre l'ide de cause el celle de raisoo d'etre . La cause de l'Esprit serait I'Hypostase du Pete. alors qu' trouverait sa e raison d'etre dans le Fs. dans sa manifestation temelle. C'est pourquoi selan la traditioo, I'Esprit est l'lmage ternelle du Fils el persoone De peut appeler Jsus Seigneur sinon par l'Esprit Saint . Ainsi Gr-goire distingue la processioo bypostatique ob l'Esprit pro-eMe du P~re seul et le plan de la manifestation (ekphansis), ou I'Esprit manifeste terneUement la vie divine : du P~re,

  • LA PROCESSION DE L'ESPRlT SAINT 59

    par le Fils, dans I'Esprit Saiot. Le Tomos du ConcHe de 1285, rdig par Grgoire de Chypre affirme : e n est r~ connu que le Paraclet lui-mSme resplendit et se manifeste ternellement par l'intermdiaire du Fils comme la lumiere resplendit du soleil par l'intermdiaire du rayoD ... mais cela ne signifie pas qu'i1 possb:le son existence (bypostatique) par le Fils ou du Fils 64, :t La dfinition implique la distinction entre la procession bypostatique de )'Esprit et la procession manifestatrice de la natuce et des nergies divines daos l'Espr,it

    Le filioquisme trouve sa ptace sur le plan de la manifes--latien, Mais cetle manifestatiOQ du Fils par I'Espril Saint est-elle limite par le temps ou est--eUe terneHe ? Aceite queslion rpond saint Grgoire Palamas : e L'Esprit du Verbe est un indicible amour du Ptre pour le mSme Verbe. que d'une manitre indicible . jJ engendre ; el le Verbe, Fils bien-aim, use de cel amour envers le pere. mais dans la me-sure ou ils procedenl ensemble du Pere et daos la mesure ola cet amour repose sur lui consubstantiellement... Ainsi l'Esprit est la joie ternelle du Pere et du Fils, ola (tous les Trois) se complaisent ensemble, CeUe joie esl envoye pa-r les Deux a ceux qui en sont dignes .. , mais procede du seul Pere a .'existence 65, :t L'Espril procede du Pere seul ; image du Fils, il le rvtle temellement au Pere, comme il le rveIe dans I'conomie du salut au peuple de Dieu, Cest daos cette manifestation el rvlation qu'U est dans le Fils el par le Fils.

    Selon sainl Paul, e I'Esprit saiot sonde meme les profan-deurs de Dieu . 11 provient du pere. repose sur le Fils el revient au Pere dans une circuminccssion iocessanle de 'Amour des Trois. C'est dans ce sros que l'Orient emploie

    64. PG 142, 2'0 C. 65. Cap. phg,., 37, PG 150, 11U-1145.

  • 60 LA TH110WGIE DE L'E$PRIT SA,INT

    la formule per Filium, le lien n'est point causal mais d'jnter dpeodance el de r6ciprocit.

    3. Bilan thdoliOgique Apres une rapide tude des textes patrisHques il faut

    passer maintenanl a un bilan thologiq.ue afin de pouvoir relever el prciser la dominante doctrinale de I'Eglise ortbo doxe.

    Au IV siecJe. )'Eglise formule la vrit axiale de la tbo logic lrinitaire. Pendant les huit premiers siecles 00 assiste au cyde christologique qui laisse place au IX siecle au cycle pneumatologique. Ce demier, par la voie de l'hsycbasme. arrive a son pomt culminant au XIV siecle et trauve soo armalUre dogma tique daos \a d'OClrme de saint Grgoire PaIamas el les dfioitions des Synodes de Constantinople. L'adage patrist-ique : c: Dieu s'es! tait bomme pour que I'homme puisse devenir dieu pose la e diticatioD de '!le humain. bul de l'cOll'Omie du salut. n r~it son ap-profondissement dcisif a la lumi~re de la lhologie de 1'Esprit Saint et de la doctrine des nergies divines. Cest dans oette perspective qu'au XIV siec1e se situe la rftexion ortenta}!: sur le Fi/joqut! de la tbologie occiden.ta.le.

    'Saint Grgoire Pammas est porte~parole des Syoodes de Constantinop1e entre 1340 et 1360. II est canonis en 1368 : le seoond dimanche du graod CarSme clebre chaque anne sa mmoire et sa doctrine.

    Les Syoodes du XIV si~ o~rent une synth~ de la tra-dition dans la ligne de la grande patristique. Le point de dpart c1assique est la mtanoia. le reviremect de l'intelli-gence reoouvele en Christ. La thologie des P~res n'est ja-mais un systeme de concepts. mais de transmissiOll de I'ex-prience liturgique de Ditu et pollr cela forcment antino-mique. Dieu, dit Pala mas. tant transcendant. incompr-hensible et indicib1e, consent l devenir participable ... el invi-

  • LA PROCESSION DE L'ESPRlT SAINT 61

    stblemenl visible .. , 66, Tout entiee, il se manifeste el oc se manifeste pas .. , tout entiee il est particip et imparticipa-ble 67,

    Palamas commenoe par relever daos l'Eue mSme de Oieu une distinction-identit de l'essenee el des HypoSlases, qui justement .oc louche point A la simplicit el A J'unit de Dieu. La meme CODStatatiOO se fait en fonetion du monde: Dieu transoende en lui-m!me l'altrit sans I'abolir, ainsi iI se rcod participable el e'est .La distinetion-ideotit de l'essence el de l'nergie, qui de meme ne touehe point A la simplicit de I'Absolu divino L'essenee el les oergies sonl les deux modes de l'existence el de la prsenoe divDes : en lui-meme ot en dehors de son essence. Cette dislinetion se trouve djA daos la pense juive qui distingue. saos les ~parer ni les ooofondre. la transcendance el l'immanenee de Dieu. L'argu-meot fondamental de Palamas o'esl 1'3S essentialiste mais exislcntiel : e Dieu Q'est pas une chose unique (c'esl-A-dire I'csscnce. la nalure), mals le Vivant, J'Existant unique. L'existence prime sur l'essence. Ce o'est pes e Celui qui es( qui provient de l'essence. c'est l'essence qui provient de e Celui qui es! .

    Les Pcrsonoes divines, eoseigne Palamas, e se eompne-trent routueUement de Cayan A oe possder qu'une seule ner-gie , une mais multiforme dans ses manifestations. Il fauI done distinguer en Oieu la nature., les Hyposlases el les ner-ges des manifeslatioos divines. Or pour les adversaires de Palamas. oc qui n'est pas J'essence o'est pas Dieu et o'es( qu'un eHe! cr. ainsi la grAce. la gloire el la lumiere ; i1 y aurait .. une coofusion entre la source el la cause, la manifes-taton et la productioo.

    La queslion est loin ,d'etre abstraite, elle est question de "ie ou de mort quand il s'agit de la dification de relre humain el done de la f'alil de sa cornrnunion avec Dieu. La commu-

    66. D~fenle des l(Iint. lt~'lIelta"es, Lounlo, 195'. p. 128. 67. De la ptV'fidpotion d Di,u, r. 2:1.

  • 62 LA. THP.OLOGIE DE L'ESPRlT SAINT

    cre. meme si on la oomme suroatureUe (la grice cr~). o'est point la communion avec Dieu lui-mame. Le palamisme. en partant du prindpe que l'Existant prime sur I'essence. aUhme la cornmunion avec les nergies divines, communioo pleine et relle car dans ses nergies. Dieu est totalemeot prsent. saos quitter son essence inaccessible. La participatioo est rotale : e Dieu toot entrer vient habiter l'tre tout entier de ceux qui en sont dignes &8. :t Le but de la vie chrtienne es( d'unir daos notre persoone la gdce ou l'lergie incr6c a natre nalute erUe.

    La distinctiooidentit de ressence imperticipable et de .J'nergie participable De mel nullement en cause l'unit de Oieu. paree qu'eJIe es! l'unit d'un Vivant. d'uo Existant simple et Don d'une substance simple lt. L'essmcc et )'ner-gie sont les deux modes de l'Existen.ce divioe qui se dOllDe saos se morceler el se distance saos se refuser. L'mergie est la voie de l'expansion de la T ... ioit ad extra qui clate (au seos d'un clat de lumiere) du Pere, par le Fili. dans J'Esprit Saint. Dans leur prichorese. les Personnes divines se comp6-netrent mutueJlement de fa~n A oe possder qu'uoe seute nergie. Une mais multiforme comme les Noms divins. ene s'coule teroellement de l'~eoce de la Trinit et la mani leste. Au moyen des nergies. Dieu vit et r!gne daos 88. gloire temelle et rayonne eo Amour. Sagesse el Vie. De meme. c'est aux nergies qUe s'identifient les ides cr6&triccs, lea aetes de Providence et de grAce qui manifesteot la prsence de Dieu dans l'histoire du monde.

    Le palamisme ach~e la grande laboration pneumatoJogi que du Moyen Age byzaotin caro selon Palamas. e t'6nergie inere est inspa,rable de l'Esprit Sant 89 . Pa.mas 500 ligne le mame terme de procession : I'Esprit procide du Pere et I'nergie procMe de l'esseoce dont le P~re est la source. C'est dans 'Esprit que s'o~e la manifestatioo ~ter

    68. D!enlle . p. 808. 69. D!en.lle .. p. 67:1.

  • LA PROCESSION DE L'ESPRIT SAINT

    nelle de la gklire, C'esl dans l'Esprit que Dieu, par amour. sort de 90D essenee paree que l'Esprit Sant est l'Esprit de communion, )'Esprit d'amour trrutare.

    ,Dans la p1blitude absolue des Troi$, I'Esprit dpasse I'opposition P~re-Fils. il provient du P~re conjointement avoc le Fils sur lequel i1 repose term:llement. L'quilibre trinita~re parfait supprime toote tentation c dyadique :t. Dans sa pro-cession bypostatique, )'Esprit ralise ad intra le myst!:re d'uoc altrit sans opposition, el, ad extra, i1 manifeste la proces-sien naturelle de l'6nergie, J"ternel mouvement de l'amOllr trinitaire.

    La distmetan de I'cssence el de I'nergie conslitue la premi~re des solutions possibles du Filioque ~ la lumi~re de la Traditioo orientale. Elle pose la distinction-identit de I'Es-prit (lo PneQmo avoc rarticle) en tanl qu'Hypostase et de 1'Esprit (PneOma, saos article) en tant qu'oergie. Au nveau de I'essence cornmune, l'Esprit en tant qu"Hypostase pro-de du P!:re seul. bien que coojom-loement avec le Fils sur Jeque) iI repose. En taol qu'6nergie divine. enseigne Palarnas. e L 'Esprit s'panche 1 partir du Pe par le FUs et, si ron veut, du Fils 70 .... La solution consiste done dans la distinc-lion de l'Hypostase de l'Espr,it Saint et d'C )'nergie qu'eDe manKeste ex Patre Filloque.

    4. Les prncipes critiques de la thOOlogle orientale tace d I'OccidenJ

    En tant que mlhode de la rflexion thologique. saint Grgoi1e de Nazianze 6vilait le prncipe d'anaklgie el cartail les images, qui pour lui n'tareDt jamas ad6quates aux Myst~res de Dieu el embrouillaient plus qu'elles oclairaieot. Or

    70. Clt~ pu J . MualllDOflPP. lntroduc:tion d rUada da Gr~goire Patrtmrt., p. '11.

  • 64 LA. THf!.OWGIE DE L'F,SPRlT SAINT

    samt Augustin se sert de J'analogie; J'Esprit ta.ot l'amout rciproqlH: du Pere el do Fils : il est" quel qu'il soit. quelque chose de commun au P~re et au Flls 71 . Saint Tbomas dveloppa ceUe vision : le Verbe procede par mode d'activit intellectueUe. 1'amoue vieot de la coonaissance. 00 o'aime que ce qu'on oonnait. et e' est pourquoi l'Esprit procede A la fois du Pece et de sa connaissance qui est le Verbe. Cette mthode de comprendre la gnration per modum intellectus el la pro-cession per modum ve/untmis ou amoris, son antbropomor. pbisme mme sont ti'angers A rOrlent cae ils risquatt d'io t-roduire la philosophi.e el la psychologie a J'intrieur de la ,yie divine.

    Le. doctrine de la procession bypostatique du SaintEsprit a Patre Filioque, tanquam ah uno principio el d'auue jJ8tt ek monoa loa Pairos avec la formule intermdiaire dia Hyio !ou per Filwm nous mettenl en prsence de deux solutioos diffrenles au probleme de la dvers~ bypostatique dans "" Trinit el, par cODSqueot. de deux triadologies rgies par des principes diHrents.

    :Pour 'Orient, le Filioque .rompt avant tout '6quilibre trj nitaire. amoindrit l'galit parfaite des Trois Persoones de la Trioit. II touche ti. la monarchie absolue du Pete en dpla-

    ~t le priocipe de l'.unit lrinitaire de l'Hypostase du Pete .vers la oature. En eHet, le Pece et le Fils s'unisseot dans une commune oature pour former uo seul priocipe spirateur, ce qui transforme les deux Personnes en une impersonne11e dit -substancc. matnce et. source de spiration.

    La Monade trme daos ce cas clate en deux Dyades : d'uo cOt le Pete et le Fils el de I'autre le Pere el le Fils confondus et le Saint'Esprit. La rduction des Persoones ti. la f'ciation d 'opposi1.ion fait voir daos }e FUs la Dit ' diminue de la cult d' engendrer (seul le Pere la possMe), et daos l'Esprit ola Dit diminue de la facuk d'eogendrer et de la va1u

    71. De Trin., VI, 6, PL 42, 928.

  • LA PROCESSION DE L'ESPRlT SAINT 65

    6piralive (seuk le P~re et le Fils la possdeot en commun). Ams; I'Esprit Saint se Irouve seul t n'avoir rien eo. commuo comme hypostase avec une autre PerSOllDe de la Trinit. On comprco.d aJors Duos Seot se demandent commeot l' Esprit de v,ie pouvait 6tre une per90nne stri1c 1 L'Orient 'fpood : e'est le rsultat de la substitution a 1& notian posi-ttve de la communion dans la diversit. celle, ngative, d'op-opositioo de relatJons d'origine.

    La procession ah utroque prsuppose que les relalioos sool en meme temps les fondemcnts des Hypostases qui se dfi-nisseDt Mti~roment pa'" oppositioo rciproque : d'abord la

    Premi~re a la Secoode el eosuite les deux ensemble a la Troi-si~me. Ccei est logique car une relation d'oppositioo De poUI etre tablie qu'entre ~ux termes. Pour I'Oeot, une pereille opposition signifie la prminence de l'uoit naturelle, de l'es-senee, sur los Hypostases. Thologien catholique, le P. de Rgoon, dans son ouvrage djia cit. le montee c1aireme:nt : la doctl"ine du Filioque. dit-il suppose que. dans l'ordro des conceptS, la nature soit ant!rieure A la personne, et que la personne se montee comme une sorte de ft oraison de la nature. .. Le LatiD coosidm"e la. porsoone comme un mede de 4a nature, le Grce. la nature comroe le contenu de la per-sonne :t.

    En eflet. pour rOrent. les relations d'origine :t cxpd-meot la divorsit des Personnes. Les relations De fondent pas '~ Personnes car c'est leue divorsit qui dtermine lcurs rela-tions eL non )e conlraice. Les Peres grecs 001 distingu entre 'gnorismata (proprits des Persooocs divmes) et skesis (rela-tions). Les gnorismata ne se laissent point r6duire aux seules relations pos6es par l'opration originante. Les relations d'ori-gine permettent de dsigner les Persoones div.ines dans leor diversit, elles n'expliquent point ce que sont }es Hypostases (I'aspect foncikement apophatique) mais soulignent I'unicit absolue de chacune : la Tri-unit des Uniques. La Mooarchie du Pere fait voir en lui la Source et meme la Cause. mais ceUe-ci o'est pas une notion philosopbique, mais plulOt une

  • 66 LA. THf!:OLOGIE DE L'ESPRlT SAINT

    image descriptive, car la cause ci o'cs(: pas aD~rieure aux effets el les eftets sonl ~ux en dignit i\ la cause. Les Pues grecs o'emploie.nt jamais le terme e cause :t en l'appliquant au Fils. comme ils D'emploieot jamais le verbe e proo6der et le substantif e processjon a propos du Fils en tant que principe dont procb;lerait l'Espcit. L'identit-cOIlsubstantialit otest ontologiquemeot ni antrieure ro post6rieure a la diver-sit : DiOl.l est ideotiquement Moo.ade el Teiade . dit Saiot Maxime )e Confesseur.

    Naus avOIls djl vu que la premiere soIutioo possible du Filioqu~ rentontait \ la distinction entre l'existmce byposta-tique de I'Esprit Saint proc6dant du Pbrc seul et SOIl rayoo-nement par le Fils el m!me du FIls. Cest .. distioctioo cotee l'essenoe el les tnergies. la diffrence aussi entre )es deux modes. celui de la subsistance de I'Hypostase el: celui de la manifest8tion. Sainol Basile le soulisnc : La notion caraotristique de la propri6t personneUe de )'Esprit est d'etre manifest apr~ le Fils el avte tui. mais de subsister en proc6dant du P~re . Tout soo eflort est de passer de la doxologie nergtique e Gloire au Pe., par le Fils, dans le &ami-Esprit _ k la doxologje de la transccodance : e Gloire au Pue, au FUs et au Saiot-Esprit .

    Le durcissement poImique de la tbologie apta J'6chec des Coociles de Lyon ct de FJorenoe fenue 1'000Kleot k la nooon des nergies par la cramte d'akrer la simplicit divine ; en debors de l'esseoce divine. il D'y a que des eflcts Cls. 00 peUI souhaiter que "Oocident fasse eflort pour otsger de considrer la thologie byza.ntine el le palamisme comme une innovation quivoque el pour doouwir l'ancieo-oe tradition patristique, qui De manque point de ltmoioJ auto-.. m. Heureusement cd elfort se dessine oeucmcot aujotar-d'hui. ApUs le 11 Concile du Vaticano l'Orient ct I'Occident doiveot t!IISemble chercbcr UDe nouvelle formulatioo tbolo-gique, capab1e de synthtiser les intuitioos vraies des deux

  • LA PROCESSION DE L'ESPRlT SAINT 67

    cissc:nt leurs positioos pec une polmique ttop pouss6e. Aiosi 'pour W. LossJcy le Filloque est le point le plus important de -la divergence doctrmale onUe I'Orient et I'Occidalt. il s'rige en jmpt!!dintl!ntum dirimms sur 10 voie de la coociliatioo dog-matique. D'auke parto les manuels c1assiques de Dogmatique simplifieo.t le probl~me en aMrmant que la &cule raison d'6tre (lu FiUQque oocidental est la confusioo de la ptocession ter-nene de l'Esprtt avec sa mission terrestre. La formule orien-tale dia Hyioa, pe Filium. s'explique en fonction de I'ordre dans 1cquel sont nomrn6es }es Troi! Persoones : le Fils occupe la seoonde place el appatait comme un principe intenn6diaire entre le Pere et I'Esprit.

    Sur un plan plus objoctif. mme si la dominante dogmati-que cxclut le Filioqu~ dans son ioterpdtation latine. il fa\lt 1'ccOlll1aitre l'existeooc de quekues texles patcistiques. ttu 'pell nombr.c:ux, iI est vrai. roais qui "prtsenf:eot une ccrtaine

    ~ifficult et exigmt oo.e explicatiOD. Ainsi. chez satot Ort--goire de Nysse : e Le Fils cst engendr imm6d~tement de la Premibre Personne du P~re, car la Troisieme Personoe, son tour, proc6de par cene qui est imm6diatemenl de la Premim. c'est-A-dire le Fils . Il utilise aussi l'image des f1ambeaux : e Comme si quelqu'un voyanl la fiamme dlvi~ entre les trois ftambeaux, supposait que la cause du Iroisi~me fen est "le premier, quj aHuma le plus 61oign6 par traosmission de 'l'inlerm6diaire 72 . TI est ~vident qu'il s'agil dans ces textes de la vie intradi."joe el non pas de la missioo terrestre. Mais des texCes isol6s pe sonl jamais d6cisifs quand 00 a i\ faire "un myst~e el quand on est aux tous premiers dQ)uts d'une ,.flexion tbologique. La vision 6quibre est au tenne de la rflexion tota1e et iI faul citer cet auCre Cexle de saint Gr-goire : e Adam inengendr est I'image du Pere ; SOD fi1s en-'8eodr~ est rimagc du Pils ; Eve. qui a proc6d. signifie t'Hypo&tase de l'Esprit Saint 78 . Comme Eve a proc&l~

    72. PG u, 135 ; st9 : U08. 75. De c. qll' 1 rima,., PO 44, 1129.

  • 68 LA THSOWGIE DE L'ESPRlT SAINT

    d'Adam sans mdiation de son tils. ainsi ':Esprit pr~e du P~re sans la mdiation du Fila. De ~me DOllS lisoos chez Bpiphaoe. d'une part que l'Esprit est e I'Esprit des Deux :t c',cst-i\-dire du 'P~re el du Fils ; dans un autre tate. qui se I"apporte i\ la missioo terrestre : e VEsprit proc:Me du P~rc et rcvoit du FHs 74 :t, el enfin cette autre paraJe parfaitemont claire : Fils eogClldr du P~re et Esprit provenant du iPbre 75.

    La diffMCC cotre l'Orient el 1'00000ent o'e.st pas dans le priocipe formel de la Mooarcme. mau dans la nature de ,'unit du P~re -el: du Fils. Saint lean Damascene. ta la suite de Grgoire de Nysse el de Muime le Confesseur. a bico. claire--meot formul la Traditioo orimtalc ; la g6nration est UD acte bypostatique 76 el I'Hypostase du Pete est seuIe produc-uve el gflratcice. La formule pe Filium, commc le mOQtre "emploi de la prpositioo. dia, en relalioo avcc la Tcinit (ofansoeodante, De peut se oomprendre substaotieUemeot cae les P~res appellent Dieo le Pete e Cause uoique :to e Sourcc unique :t, Principe unique et qui n'~st jamois composl. &amt Gr~oire de NaziaD2lC ie pr6cise bien : e Le P~re est l'union d'oil proviennCllt el oil vant les autres 11. C'est la vision vanglique vkue dans la liturgie el confoss6e danl les formules baptisma1es et les Symboles de foL Les tates nres et isols favorables au Filicque vieooeot d'une spcula-tion m6lapbysique sur la catgorie causa.le sans contact avcc les doon6es bibliques el liturgiques.

    74. Ancoratu. , 70, PO 4S, 148 ; Panarlon, 74, PO 42, 480, 496. 75. Panarion, 74, PO 42, 497. 76. La formule ocddenble u: utroque relhe de I'ldie d. la

    proven'Dce comme aelu ub.tantlae u: .ub.tantla. La .1lbst.uce Hant la nature totale de la Trlnlt~, cheque H,po.tase dan. ce c parUclperall lB propre origine. Cut pourquol 1. n.I .... nce el la proccSlioD, pour l'Orlent, De pellveut exhter qu'au. nlve8U 117-postatique.

    77. O,. ", 16 ; PO 36. 476.

  • LA PROCESSION DE L'ESPRlT SAINT 69

    5. Recherche de la perspective oommune

    Durant le dernier miUnake. la pneumatologie s'est rduite tout tntiere a la polmique au sujet de la procession du Saint-Esprit. La manibre unilat