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LA VOLONTÉ CHEZ IBN BĀĞĞA (M. 1139). DE LA PHYSIQUE À LÉTHIQUE JAMAL RACHAK UNIVERSITÉ CADI AYYAD MARRAKECH RACHAKJAMAL@GMAIL.COM Mon article 1 consiste à débattre d’un sujet majeur chez un philosophe du Moyen Âge de l’Occident musulman, à savoir Ibn Bāğğa. Il s’agit de la Volonté qui, aux yeux d’Ibn Bāğğa, ne dépend pas du « Ciel » mais plutôt de « l’Homme », car c’est à lui seul que revient toute décision et toute réaction. Pour ce faire, je vais traiter ce sujet à partir du Traité de la physique (šarḥ al- samā‘ al-ṭabī‘ī) d’Ibn Bāğğa tout en remontant à son Traité de l’âme (kitāb al-nafs) et ces dernières épîtres. La volonté, chez Ibn Bāğğa 2 , ne fait pas partie seulement des questions de l’éthique, mais c’est aussi une problématique qui remonte jusqu’au premier livre du corpus physique 3 . La question qui se pose donc est comment la volonté figurera-t-elle dans un livre qui examine les premiers principes de la physique, le mouvement et ses concomitants? Ibn Bāğğa reste très fidèle à l’œuvre de son maître Aristote, mais parfois, il n’hésite pas à aller de l’avant dans l’analyse de telle ou telle question qui va enrichir et déterminer sa propre problématique, voire 1 . Cet article a été présenté dans la journée d’étude Politique et éthique chez Ibn Bāğğa organisée par Maroun Aouad au sein du Centre Jean Pépin (UPR76) au CNRS Villejuif, le 9 Février 2010, à l’occasion de la publication de l’ouvrage de Ch. Genequand : Genequand, (Ch), Ibn Bāğğa (Avempace) La conduite de l’isolé et deux autres épîtres, introduction édition critique du texte arabe traduction et commentaire, Vrin, Paris, 2010. Comme je mentionne que j’ai publié un compte rendu concernant cet ouvrage, publié dans Bulletin critique des Annales Islamologiques 27, 2011, 151-152. Je remercie Thérèse Anne Druart (The Catholic University of America, Washington, DC) d’avoir révisé et corrigé mon article. 2 . Je note qu’il y a une excellente thèse de doctorat de Said Bousklaoui qui a pour sujet : La volonté chez les philosophes musulmans, soutenue à la faculté des Lettres et Sciences Humaines Dhar-Lmahraz, Université Mohammed Ben Abdellah, Fès, 2002, publiée : Bousklaoui, S, mafhūm al-irāda fī al-falsafa l-islāmiyya l-maššā’iyya (The Notion of the Will in Islamic Peripatetic Philosophy), Dār al-Mašreq, Beyrut, 2010. 3 . Le terme volonté ou volontaire apparaît pour la première fois dans le livre II de la physique d’IB, voir : Ziyada, (M), šuruhāt al-samā᾿ al-tabī᾿ī li Ibn Bājja al- andalusī, dār al-kindī/ dār al-fikr, Beirut, 1978, p. 26.

L V I B 1139). · 2016-12-15 · sa philosophie. L’une de ces questions est la volonté. Il est vrai qu’Aristote l’évoque aussi dans la . ... principe l’âme et il …

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  • LA VOLONT CHEZ IBN BA (M. 1139).

    DE LA PHYSIQUE LTHIQUE

    JAMAL RACHAK

    UNIVERSIT CADI AYYAD MARRAKECH

    [email protected]

    Mon article1 consiste dbattre dun sujet majeur chez un philosophe du Moyen ge de

    lOccident musulman, savoir Ibn Ba. Il sagit de la Volont qui, aux yeux dIbn Ba, ne

    dpend pas du Ciel mais plutt de lHomme , car cest lui seul que revient toute dcision

    et toute raction. Pour ce faire, je vais traiter ce sujet partir du Trait de la physique (ar al-

    sam al-ab) dIbn Ba tout en remontant son Trait de lme (kitb al-nafs) et ces dernires

    ptres.

    La volont, chez Ibn Ba2, ne fait pas partie seulement des questions de lthique, mais

    cest aussi une problmatique qui remonte jusquau premier livre du corpus physique3. La

    question qui se pose donc est comment la volont figurera-t-elle dans un livre qui examine les

    premiers principes de la physique, le mouvement et ses concomitants? Ibn Ba reste trs

    fidle luvre de son matre Aristote, mais parfois, il nhsite pas aller de lavant dans

    lanalyse de telle ou telle question qui va enrichir et dterminer sa propre problmatique, voire

    1 . Cet article a t prsent dans la journe dtude Politique et thique chez Ibn Ba organise par Maroun

    Aouad au sein du Centre Jean Ppin (UPR76) au CNRS Villejuif, le 9 Fvrier 2010, loccasion de la publication de louvrage de Ch. Genequand : Genequand, (Ch), Ibn Ba (Avempace) La conduite de lisol et deux autres ptres, introduction

    dition critique du texte arabe traduction et commentaire, Vrin, Paris, 2010. Comme je mentionne que jai publi un compte rendu concernant cet ouvrage, publi dans Bulletin critique des Annales Islamologiques 27, 2011, 151-152. Je remercie Thrse Anne Druart (The Catholic University of America, Washington, DC) davoir

    rvis et corrig mon article. 2 . Je note quil y a une excellente thse de doctorat de Said Bousklaoui qui a pour sujet : La volont chez les

    philosophes musulmans, soutenue la facult des Lettres et Sciences Humaines Dhar-Lmahraz, Universit Mohammed Ben Abdellah, Fs, 2002, publie : Bousklaoui, S, mafhm al-irda f al-falsafa l-islmiyya l-maiyya (The Notion of the Will in Islamic Peripatetic Philosophy), Dr al-Mareq, Beyrut, 2010.

    3 . Le terme volont ou volontaire apparat pour la premire fois dans le livre II de la physique dIB, voir : Ziyada, (M), uruht al-sam al-tab li Ibn Bjja al- andalus, dr al-kind/ dr al-fikr, Beirut, 1978, p. 26.

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    sa philosophie. Lune de ces questions est la volont. Il est vrai quAristote lvoque aussi dans

    la physique mais sans lui accorder grand intrt danalyse dans cette uvre.

    Ibn Ba commence par distinguer deux types de corps: les corps naturels et les corps artisanaux.

    Les premiers ont comme principe le mouvement en soi, par contre, le mouvement des seconds

    relve du moteur extrieur4. Le corps naturel a un mouvement naturel avec des

    caractristiques bien prcises, quon peut rsumer de la faon suivante:

    1. Le mouvement naturel vers le lieu naturel.

    2. Le mouvement naturel vers une seule direction.

    3. Le corps naturel cherche raliser sa fin et atteindre son lieu naturel.

    4. Le corps naturel, dans son lieu naturel, est dans le repos total.

    Aprs avoir analys les caractristiques du mouvement naturel, Ibn Ba passe

    lexamen de ce mouvement de prs. Il dmontre que le corps naturel na pas le principe de

    mouvement en soi puisquil ne change de lieu que lorsquil se trouve hors de son lieu naturel.

    Ceci est d un mouvement de contrainte qui fait office dobstacle ou cartement dobstacle5.

    Le mouvement naturel est un mouvement vers le lieu naturel. Cela sous-entend quune fois il

    atteint sa fin et son lieu naturel, il plonge dans un repos total et ne peut plus avoir de

    mouvement. Les corps naturels, donc, ne bougent que sils sont hors de leurs lieux naturels. Ils

    sont forcs de quitter leurs places naturelles et une fois que cette contrainte sachve ou

    sattnue, le corps naturel regagne sa place initiale par un mouvement naturel. Donc, pour Ibn

    Ba, il ny a pas de mouvement naturel mais plutt juste un mouvement de contrainte qui se

    ralise : inna mabda al-araka f-h huw-a al-qsir 6.

    Ibn Ba continue creuser dans la mme voie jusqu faire du mouvement de contrainte le

    vrai mouvement naturel. Le vrai mouvement donc dans le corps naturel est un mouvement de

    contrainte. Ces caractristiques sont:

    1. Le corps naturel ne change de lieu que sil est hors de son lieu naturel.

    2. Le corps naturel nest hors de son lieu naturel que par intervention du corps exerant

    une contrainte (al-qsir).

    3. Le vrai mouvement dans le corps naturel est ainsi un mouvement de contrainte.

    Par consquent, le corps naturel na pas comme principe le mouvement en soi, mais son

    principe de mouvement est lexerant de la contrainte (al-qsir) ou lcartement de lobstacle.

    4 . al-sam al-ab, Far, pp. 22-38. 5 . wa minh-u m yatarrak aban, wa-l-muarrik li hi-h huwa al-mukawwin wa-l-fil aw al-muzl li-

    l-iq fa-inna muzl al-iq huw-a al ihat m muarrik , Far, p. 135. 6 . al-sam al-ab, Far, p. 134.

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    Ainsi, la question qui se pose est: est-ce donc ceci une volution dans lanalyse dIbn Ba ou

    juste une simple contradiction?

    Ibn Ba est conscient du fait que le mouvement naturel a pour principe le mouvement en soi.

    Mais alors pour quelle raison a-t-il pouss la recherche dans cette voie? Voici quelques

    lments de rponse:

    1. Ibn Ba ne pouvait pas nier le mouvement naturel pour les corps naturels qui ont un

    certain poids. Cest en tant que corps naturel que ce dernier a le mouvement naturel en soi

    et quil acquiert le statut dexistant naturel. Les corps naturels ont une puissance pour se

    mouvoir tout seul, mais le terme Puissance deux acceptions : un sens actif et un sens

    passif, ce stade, les corps naturels nont pas la puissance active pour donner du

    mouvement, mais plutt une puissance passive qui reoit le mouvement ou le repos7.

    2. Ibn Ba a adopt une mthode qui lui est propre dans lanalyse et quil faut respecter

    pour pouvoir comprendre sa pense. Ibn Ba a pouss la recherche dans le mouvement

    naturel jusquau bout afin darriver une nouvelle sorte de mouvement qui se diffrencie

    du mouvement naturel. Il y a dautres espces de corps naturels qui ont aussi le principe du

    mouvement en soi mais non pas en tant que puissance passive mais plutt en tant que

    puissance active. Cest le corps animal et cette nouvelle sorte de mouvement cest le

    mouvement spontan qui est suprieur au mouvement naturel.

    Ibn Ba na jamais dout de lexistence du mouvement naturel dans les corps naturels.

    La question traite ici ne remet pas en question le mouvement naturel ou le statut des corps

    naturels, mais cest plutt une question qui examine le moteur dans le corps pour savoir sil ne

    dpend que de soi-mme ou dun facteur extrieur qui le suscite se mouvoir et raliser sa

    fin/forme: atteindre son lieu naturel.

    Cette analyse nous emmne donc dpasser le mouvement naturel dans le corps naturel

    pour le remplacer par un mouvement de contrainte8. Il arrive maintenant distinguer deux

    sortes de mouvements: le mouvement naturel et le mouvement de contrainte. Dune part est

    ce vrai que cette division sapplique aux autres corps naturels? Et dautre part est ce que cette

    division, des sortes de mouvement, est insuffisante dans la mesure o il ne rpond pas vraiment

    son projet philosophique?

    7 . wa-laysa li-l-asm quwwa al an tafal araka, bal la-h quwwa al an takbal araka aw sukn ,

    Far, p. 161. 8 . wa h al-naw al-ar huw-a al-mabda min-a al-qasr, wa huw-a al-taarruk al-ab al-ma ,

    Far, p. 134.

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    Pour rpondre la premire question, en partant de la physique dIbn Ba, nous

    trouvons que les corps naturels sont de deux sortes:

    1. Les corps naturels qui ont un moteur extrieur et qui se dplacent en totalit: ce sont les

    corps inanims.

    2. Les corps naturels qui ont un moteur en soi et qui se dplacent en partie, ce sont les corps

    anims9.

    Quant la deuxime question, Ibn Ba juge que cette division en deux sortes est insuffisante

    et propose une nouvelle division, savoir:

    Par ncessit: mouvement naturel

    M10 Mouvement de contrainte

    Non par ncessit

    Volont (mouvement de volont) ou m. spontan

    Aprs avoir tabli une nouvelle division des mouvements, on remarque la naissance dun

    nouveau mouvement, cest le mouvement de volont ou le mouvement spontan, ceci dune

    part. Dautre part, on remarque aussi que dans la division des corps naturels il y a apparition

    dun nouveau corps naturel dou dme (anim). On conclut donc que la nouvelle sorte de

    mouvement correspond parfaitement la nouvelle sorte de corps naturel dot dme. Si cest

    le cas, cela doit tre lme qui est lorigine de ce nouveau mouvement quest la volont ou

    mouvement spontan.

    Ds le deuxime chapitre de la physique, Ibn Ba considre le terme Nature comme

    homonyme et ne vhicule pas le mme sens tant pour lme que pour la nature, car il diffre au

    niveau des principes de mouvement. Si le principe du premier est naturel, cest--

    dire physique, il a le mouvement en soi en tant que passif11; alors que le second comme

    principe lme et il a le mouvement en soi en tant quactif.

    9 . wa al-uwar infn aadu-hu-m istikml li ism ab l yaqtarin f-h al-muarrik bi al-mutaarrik

    bi al-t wa huwa m yatarrak dn-a la, bal yatarrak bi-umlati-h, wa min-h istikml li-ism ab yataarrak bi-lt, wa-l-awwal yuql-u alay-h al-aba bi-u, wa-l-n yuql lah nafs, Rachak, kitb al-nafs, p. 91-92.

    10 . fa-yuql bi-anna al-araka min-h m hiy-a bi al-arra ka-arakat al-ar il asfal wa-min-h m laysa bi-al-arra, fa-min-h bi-l-qasr wa-min-h bi-al-itiyr, wa-hiya arakat al-ayawn, Far, p. 133.

    11 . anna kul m laysa bi- nafs, fa-laysa muarrik-an, bal huw-a mutarrik munfail, wa-inna-m hu-a murrik bi iqtirn al-murrik bi-h, Far, p. 135.

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    Il est vrai quIbn Ba exige une division et une diffrence entre le mouvement

    ncessaire et le mouvement de volont, mais une telle division et une telle diffrence

    nentranent pas obligatoirement une disjonction ou rupture entre le corps et lme. La volont

    a deux principes: le premier est naturel (cest le corps) le second est lme (lesprit).

    Comment distinguer, alors, les corps mouvement spontan et les autres corps naturels?

    Selon Ibn Ba, tout corps naturel a pour forme la nature et il est considr comme un corps

    ayant un mouvement naturel passif dune part, et dautre part tout corps naturel ayant pour

    forme lme est un corps qui a le mouvement spontan. Mais alors, est ce que tout corps dou

    dme jouit forcment de mouvement spontan?

    Afin de rpondre cette question dlicate, nous allons faire appel la dfinition du mouvement

    spontan chez Ibn Ba, dfinition dveloppe en deux tapes.

    Dfinition du mouvement spontan chez Ibn Ba

    En examinant le mouvement spontan dans la physique, Ibn Ba a pris en considration

    deux lments importants:

    Aristote, et avec lui toute lcole pripatticienne, a voqu le mouvement spontan

    comme principe du mouvement en soi chez lanimal afin de dmontrer lexistence du

    moteur primaire.

    La conviction dIbn Ba que son projet philosophique a comme centre de gravit

    ltude de lhomme.

    La 1re dfinition

    Le corps dou de mouvement spontan est celui qui na gure besoin dans son

    mouvement dautre facteur que soi et ce sont les espces animales 12. Daprs cette premire

    dfinition, le mouvement spontan ne dpend daucun facteur extrieur et chappe tout

    facteur de la nature et mme sil se meut (yataarrak) grce un facteur extrieure, cela ne se

    produit que par accident. Ibn Ba prcise que cest lanimal qui dispose du mouvement

    spontan, mais on trouve dautres corps naturels inanims et anims qui ont le mouvement en

    soi.

    La question est donc: cette dfinition est-elle suffisante ? Si oui, est ce quelle tranche

    vraiment entre les corps qui ont le mouvement spontan et les autres qui ne lont pas?

    Remarquons que cette dfinition est un peu vague pour deux raisons:

    12 . al-mutaarrik min tilq-ih huw-a al-mutarrik al-la l yat f tark-ih il ar ayr-ih, ka-anw

    al-ayawn , Far, p. 131.

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    On dcouvre que les corps naturels ont, leur tour, un mouvement en soi. Conscient de

    lexistence dune telle vrit, il remarque la diffrence trace par cette dfinition entre

    mouvement naturel et mouvement spontan. Cette diffrence ne distingue que deux

    proprits de la mme espce, comme par exemple la diffrence entre un animal dot de

    quatre pattes et un autre qui ne lest pas tout en sachant que les deux appartiennent la

    mme espce13.

    Il y a dautres corps naturels dots dme et qui ont le mouvement en soi: le cas de lanimal

    cleste.

    Ibn Ba est trs prudent; il ne veut pas dlaisser le mouvement spontan pour les

    autres sortes de mouvements. Au contraire, il cherche spcifier ce genre de mouvement parce

    quil a un projet philosophique dont lHomme occupe une place centrale. Il ne veut considrer

    le mouvement spontan ni comme mouvement naturel simple ni comme mouvement des corps

    clestes; ces derniers ont dautres caractristiques. Pour Ibn Ba lanimal tient une place

    intermdiaire entre les corps naturels simples et les corps clestes, et donc le mouvement de

    lanimal doit tre spcifi.

    La 2me dfinition.

    Ibn Ba creuse plus profondment dans la physique afin de trouver quelque chose qui

    caractrise le Mouvement Spontan.

    En commenant, il a trouv que le mouvement spontan diffre du mouvement naturel par la

    direction du mouvement. Le mouvement naturel a une seule direction: quel soit vers le haut ou

    vers le bas, selon le poids du corps et sa nature. Par contre le mouvement spontan est un

    mouvement qui tend vers des directions diffrentes et parfois contradictoire14. Ainsi il se

    caractrise par le mouvement local, mais les corps inanims ont aussi le mouvement local15,

    mais ce mouvement pour eux est un mouvement ncessaire. Par contre le mouvement local

    pour lanimal est un mouvement de volont16. Et afin quun corps naturel produit un

    mouvement spontan, il doit tre dot dune me et dinstruments pour quil puisse leffectuer.

    13 . fa-m yataarrak an ri an-h, wa-m l yataarrak an ri, faln mutaqbiln wa qad ara-a

    fhi-m m ara-a f ful al-ayawn, ka-qawli-n al-arul wa-m l ril-a la-h, Far, p. 132. 14 . wa-l-ayawn at-an yataarrak al-arak al-mutakbila wa-yaskun bi-almabda al-la f-h,

    Far, p. 106. 15 . ML : mouvement local. 16 . arakat-uhu al-irdiyya, wa-hiy-a arakat al-naqla faqa , Far, p. 161.

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    Ibn Ba ne cherche pas distinguer entre le mouvement et la volont dans lanimal, et il va

    jusqu lutilisation de lune la place de lautre. Pour Ibn Ba le principe du mouvement local

    chez lanimal est la volont.

    Jusquici, Ibn Ba a pu trancher sur la question des corps inanims, puisquils ne sont pas

    dous dme et nont pas le mouvement local comme mouvement de volont. Mais que faire

    avec les corps clestes qui sont dous dmes et ils ont le mouvement en soi?

    Pour rpondre cette question, Ibn Ba fait appel la 2me dfinition, qui souligne la

    diffrence entre le mouvement naturel et le mouvement spontan : par mouvement spontan

    on entend tout corps qui a le mouvement et le repos en soi et ceci nest accord que pour

    lanimal17.

    Par cette dfinition Ibn Ba exclue toute confusion entre le mouvement spontan et les

    autres sortes de mouvement dune part. Dautre part, il distingue par cette mme dfinition

    entre lanimal, les corps simples et les corps clestes. Lexplication cela est que les corps

    simples nont pas le repos en soi et les corps clestes, mme sils sont dous dme, nont pas de

    repos et leur mouvement une seule et ternel direction.

    Ibn Ba est arriv un stade si important dans son projet philosophique et thique, cest que

    la volont (comme mouvement spontan) ne dpend plus du Ciel mais plutt dsormais, elle

    dpend du bas monde, et plus prcisment de lAnimal.

    Ibn Ba nutilise pas le terme volont dans la physique (al-sam al-ab), il nutilise que la

    notion du mouvement spontan. Il na employ lexpression Mouvement de volont que deux fois

    dans la physique, et il entend par mouvement de volont, le mouvement spontan chez

    lAnimal18.

    Je pense quIbn Ba vite dutiliser le terme volont dans la physique cause du sens

    thologique qui lui a t attribu lge mdival. Par contre, il tait en train de fonder un sens

    part pour dsigner la volont: une volont humaine et non pas cleste, une volont qui exige

    tant la libert, la vertu que la responsabilit.

    Dailleurs cest pour cette raison quIbn Ba dfend Aristote dans le statut du livre VII de la

    physique19. Selon Themistius et dautres commentateurs, Aristote reprend le mme sujet dtude

    17 . wa nan- bi-m yataarrak min tilqih m yumkin an yaskun f-h min tilqi-h fa inna fh-i mabda

    al-araka wa sukn wa h al-ayawn faqa , Far, p. 132. 18 . fa inna l-ayawn laysa fh lik ill f arakati-hi al-irdiya wa hiya arakat al-naqla faqa fa-tilk-a

    hiya f-h min muarrik l yataarrak ill bi-l-ara , Far, p. 132. 19 wa qad waqa f m qla-hu f hi-hi al-maqla li-al-nur tilf ara ba-an il an anna-h falan

    wa bad-an il an anna-ha mukarrara wa misys aafa min-h kull m f awwali-h li-anna-hu ra anna tilk al-man qad tabayyanat f al-maqla al-mina fi-l-barhn al-a bi-h att balaa

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    dans les livres VII et VIII, mais, selon Ibn Ba, ces commentateurs nont pas bien compris le

    but dAristote dans ces deux livres. Daprs Ibn Ba, Aristote examine, dans le livre VII, le

    premier moteur dans le mouvant en soi comme sujet part. Cest vrai quAristote considre

    ceci comme premire tape pour dmontrer lexistence du moteur suprme, mais dans le livre

    VII, il accorde toute limportance et lintrt ce genre de moteur qui est un moteur en acte

    dans les corps dots de mouvements spontans.

    Ibn Ba ne sarrte pas ce niveau dans ces recherches entames dans la physique, ceci nest

    quune tape. Ainsi, se demande-t-il pourquoi lAnimal est dou du principe de repos en soi.

    LAnimal en tant que corps naturel a le mouvement naturel qui est un mouvement passif

    (munfail). Mais mme sil accepte le mouvement en tant que corps naturel, il jouit dun repos

    en soi en tant que corps naturel dou dme et de volont. LAnimal a le repos en soi parce quil

    a la discrimination; il arrive discriminer son intrt quil soit un plaisir demander ou un

    danger fouir. De l, il suspend le mouvement quil a eu ou quil effectuait. Ceci est chez

    lAnimal en gnral, mais le ple dintrt de la philosophie dIbn Ba est lHomme. Il

    commence alors par distinguer le mouvement de lanimal indpendant de la nature afin

    itilf al-r f-h il an allafa lns maqlata-hu al-mahra f qalbi aqwl Aris al-maqtba f-h wa-nahnu nanur-u f lik al m anan-hu f al-masala al-muntaqada al Aris f al-sdisa li-naqif hal lik li-sahw ittafaq al Ari fa aba munqi-h aw lik li-taqr al-am an budi awri-hi f al-naar ka-dati-him maa-h.

    Fa-naql amm anna al-muarrik amr mawd wa anna min-hu muharrik l yuharrik bi-anna-hu yataharrak bal yuarrik wa huw-a l yataarrak wa anna min-hu m yumkin an yataarrak wa huw-a i kna al-muarrik ism wa min-hu m l yataarrak ill bi-l-ara ka-al-ina fa-hiy-a umr bayyina bi-nafsi-h wa-amm hal li-kull mutaarrik muarrik fa-f-hi mawiu naar li-anna-hu in kna li-kull mutarrik muarrik lazim-a arrat-an imm an takn ayr mutanhi-ya aw lazima wud muarrik l yuarrik bi-anna-hu yataarrak bal yuarrik bi-nafsih wa-l-muarrik al-awwal yuql al an : aadu-h al-muarrik al-la yuarrik l bi-an yataarrak ka-al-al yubrid-u al-m l bi-anna-hu yatabarrad fa-inna al-al yubrid al-inwa-l-in yubrid al-m wa-l-in yubrid wa yatabarrad maa-n wa-al-al ybrid wa-l yatabarrad wa qad yumkin al-al an yataarrak bi-an min-a-ttaarruk wa qad yuql al m yuarrik wa-huwa l yataarrak wa-l yumkin f-h an yataarrak ill bi-l-ara wa qad yuql al m yuarrik wa-l ytaarrak l bi al-t wa-l bi-l-ara fa-hir anna l-qawl add li-anna-hu bayyin al-wud wa amm al-n fa-inna-hu ayan yatabayyan anna-hu man mawd fa-inna al-ina tuarrik wa-la tataarrak wa-l yumkin an tataarrak ill bi-l-ara wa-amm al-man al-li fa-laysa yatabayyan wud-uh ill bi-burhn fa-huw-a add bi-l-quwwa li-anna-hu qawl ri fa-bayyin anna l-fa an hi-h wa an lawiqi-h anw al yaummu-h lawiq wa-yau kull wid min-h ayan lawiq fa-amm al-fah an al-awwal fa-huw-a f hi-hi al-maqla wa amm al-fa an al-n fa-huw-a f al-mina wa amm al-fa an al-li wa-huw-a al-ya al-maqda min-a al-maqlt al-sab fa-huw-a f ir al-mina asba-m taqaddam-n fa-qulnh f aqwli-n f ara h al-kitb fa-qad bna anna al-man al-maktba f hi-hi al-maqla laysat takrr-an wa-l barhnu-h muda wa-l al-maktb hun huw-a al-maktb hunk fa inna al-malbt laysat wida , Ziada,al-sam al-ab, pp. 106-108.

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    darriver spcifier le mouvement Humain. Cest pour cette raison mme quIbn Ba dfend

    son matre Aristote dans le livre 7 de la physique. Lhomme en tant quanimal a donc cette

    discrimination, qui est une discrimination imaginative, mais lhomme diffre de lanimal par la

    raison. Il a, donc, ce genre de discrimination en plus dun autre genre bien suprieur quest la

    discrimination rationnelle20.

    Cest la volont qui domine la nature et non pas le contraire. Le corps dou de mouvement de

    volont21 a le mouvement naturel en tant que corps naturel et il a le repos en soi. Dailleurs le

    sens mme de volont est quil ne se laisse pas affecter par le mouvement naturel, et mme sil

    est affect, il a le principe de repos en soi et peut simmobiliser nimporte quel moment et

    tape du mouvement et il nest pas ncessaire quil atteigne sa fin.

    Pour cette raison quIbn Ba a tellement insist sur la rpartition des mouvements en deux

    sortes:

    1 Mouvement Ncessaire

    2 Mouvement Non Ncessaire

    MN: M. Ncessaire (M. de la terre vers le bas)

    M

    MC

    M. Non Ncessaire

    M de choix (animal)

    Maintenant, Ibn Ba ne parle plus de mouvement spontan ou de volont, mais plutt de

    choix. Par la distinction des mouvements en deux sortes, il a pu dpasser le mouvement ou

    volont vers un mouvement de choix, puisque il a pu remarquer que le mouvement spontan

    de lanimal irrationnel ressemble de prs au mouvement des corps naturels. Est ce malgr que

    lanimal irrationnel possde une puissance qui laide discriminer, il ragit passivement

    lorsquil se prsente un plaisir ou un danger extrieure.

    Ibn Ba tait conscient de la limite de son projet et des contraintes quil peut avoir sil admet

    que le terme volont se dit la mme valeur tant pour lanimal rationnel que pour lanimal

    20 . wa amm al-insn fa-lianna-hu uiya am anw al-tamyz li-lik uil-a qbila-n li-l-infilt al

    al-ilq li yataarak bi al-tamyz min tilqi-h , Far, p. 106. 21 . MV : mouvement de volont.

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    60

    irrationnel. Il a distingu dans le mouvement spontan entre le mouvement de volont qui

    passe pour un mouvement ncessaire et le mouvement de volont qui est une action de choix.

    Ibn Ba ne sarrte pas seulement ce niveau dans sa physique, il va plus loin dans lexamen

    du mouvement humain qui est le choix. Mais avant de continuer, jaimerai bien examiner un

    autre livre du corpus physique, ou plutt, lachvement du corpus physique qui est son trait

    dme kitb al-nafs.

    Ibn Ba commence cet ouvrage ainsi: les corps sont soit naturels soit artisanaux. Les artisanaux,

    comme la chaise et le lit, ne sont que par volont. Et les naturels comme la pierre, le palmier et le cheval

    qui sont engendrs et corruptibles 22.

    Pourquoi Ibn Ba voque-t-il le concept de volont ds le commencement de ce trait?

    Aristote a distingu lanim de linanim par la vie. Pourquoi, donc, Ibn Ba nemprunte pas

    les pas de son matre? Il ne le fait pas, tout simplement parce quil a dautres soucis que ceux de

    son matre, certes il suit la voie du stagirite, mais il place lHomme comme fin de ces recherches

    et de sa philosophie. Il est clair, donc, que lme pour Ibn Ba est un principe de volont et

    par volont, il entend la volont dlibre parce que dj dans la physique il avait prcis ce quil

    entend par art: il rsulte de la raison pratique. Parce quil y a dautres existants qui sont

    artisanaux mais que par leur homonymie comme le miel et la cire produite par labeille ou le

    verre produit par le feu23.

    Quel que soit loutil naturel ou artisanal, cest le principe qui dcide que la chose produite soit

    naturelle ou artisanale. Si le principe est la volont, alors cest un corps artisanal et si cest la

    nature, alors il est un corps naturel24.

    La volont utilise des outils naturels et artisanaux (comme la hache pour le menuisier), par

    contre, la nature na pas cette possibilit car tout simplement elle na pas la volont. La volont

    domine la nature, elle ne la contrarie pas, plutt, elle lutilise pour des fins de volont.

    22 . al-asm min-h ab iyya, wa-min-h iniyya, fa al-iniyya ka-lkursiy wa al-sarr, wa-hi-h l

    tad ill an irda, wa al-ab iyya, ka-l-aar wa al-nala, wa-l-faras; wa hi-h kullu-h k ina fsida, Rachak, kitb al-nafs, p. 87.

    23 . m hiy-a mawdat bi-l-mihna, wa tilka mahra, wa minh m hiya mawdat an anf al-ayawn ayr al-niq, wa bayyin anna quw-h laysat mihanan, fa-in ql-a la-h mihan fa-bi al-istra, ka-l-sal wa al-am al-mawdayn an al-nal, Far, p. 104.

    24 . wa h huw-a li-l-insn al-aql al-amal, wa kaml-uh an yaqila-h wa yida-h (les existants artisanaux) wa bayyin anna wuda-h yad bi-irdat al-insn [] wa bayyin ayan anna a al-insn laysat tatarrak min ti-h li-amal lik al-man bal tatrrak bi-irdat al-insn, Alaoui, Rasil falasafiyya, p. 170.

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    Puisque lme est un principe de volont, on se demande comment figure-t-elle dans lme? Est

    ce quelle fait partie des puissances de lme? Est-elle du mme ordre que les facults dme?

    Ou tout simplement les deux sont de deux natures compltement diffrentes?

    Malheureusement, Ibn Ba a organis les chapitres de son ouvrage kitb al-nafs selon les

    diffrentes parties ou facults dme, et la volont ny figure pas. Il est vident donc quil ne fait

    pas partie des facults de lme, savoir que ces facults sont des entlchies des ralisations,

    et ce sont des facults de perception, commencer par la sensitive. Par contre, la volont nest

    pas une facult de perception mais plutt un principe de mouvement qui rsulte dune

    perception et dune discrimination. Alors, est-elle un composant de ces facults de la

    perception, savoir: la sensitive, limagination et lintellect ? Si cest le cas, le compos des

    facults de perception doit tre un autre genre de perception non pas une sorte de mouvement.

    Est-elle, donc, une facult dme responsable du mouvement dans lanimal? Certes, puisque Ibn

    Ba, dj dans la physique, avait attribu le mouvement local la volont. Mais outre les

    facults de perception dans lme, il y a une autre facult laquelle Ibn Ba na pas consacr

    un seul chapitre dans son trait kitb al-nafs. Il sagit de la facult motrice ou apptitive25 qui est

    responsable du mouvement dans lanimal. Ibn Ba a rdig deux ptres qui traitent de la

    facult apptitive et je me demande pourquoi il ne les a pas introduit dans son trait de lme?

    Est-ce pour dvelopper dabord la question de la volont et le choix humain? Il avait besoin de

    dvelopper ce sujet et examiner cette facult dans un contexte autre que le trait dme savoir

    le tadr et risla al-wad, surtout quIbn Ba dans ses deux ptres de la facult apptitive

    nexamine pas cette facult linstar dAristote. Dailleurs, dans la deuxime ptre, il nvoque

    clairementla facult apptitive que dans les dernires lignes. Pour cette raison, on doit quitter

    le livre de kitb al-nafs pour examiner notre sujet dans dautres horizons o il y a un amalgame

    de psychologie et dthique. Il sagira de ses derniers crits, ou comme J. Alaoui les nomme les

    uvres Baiennes26, les uvres de la troisime tape et la dernire dans la pense de ce

    philosophe.

    La facult apptitive chez Ibn Ba est un genre pour trois types dapptit27 :

    25 . al-quwwa al-nuziyya que jai class dans mon travail chronologie du corpus dIbn Ba aprs le

    Tadbr, risla al-wad, al-qawl f al-ya al-insniya et avant tout cela, risla al-ittil. Rachak, (J), Essai sur la chronologie du corpus d'Ibn Ba, en Revista del Instituto Egipcio de Estudios Islamicas en Madrid, v. xxxviii, 2010, 3-44 (en arabe). Comme je lai inclus dans un travail plus large, un ouvrage qui va bientt tre publi intitul Biobibliographie dAvempace (en arabe).

    26 . Cf. Alaoui (J), muallaft Ibn Ba, dr al-nar al-maribiyya, casablanca, 1938. 27 . wa al-nafs al-nuziyya imm an takn ins-an li al quw wa hiy : al-nuziyya bi al-ayl [] wa

    al-nafs al-nuziyya bi al-mutawaia [] wa min-h al-nuziyya al-lat taur bi al-nuq, Alaoui, Rasil falasafiyya, p. 108.

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    1. Lapptit sensitif

    2. Lapptit par imagination

    3. Lapptit dlibr

    Les deux premiers sont lapanage de lAnimal et le troisime type concerne lHomme qui se

    distingue par lintellect. Mais lHomme, en tant quanimal, dispose aussi des deux premiers

    types dapptit28, et il a la capacit de raliser des mouvements pouvant produire et reproduire

    ces apptits. Mais on se demande pourquoi Ibn Ba a fait de la volont le principe du

    mouvement local et non pas lapptit?

    Ibn Ba a fait de la volont un principe du mouvement local dans lanimal, parce que ce

    dernier peut avoir un autre mouvement local non volontaire mais ncessaire, comme le

    dplacement dun malade de son lit au balcon afin de prendre de lair frache29. Ceci dune part.

    De lautre, les corps naturels inanims eux aussi ont un mouvement local vers leurs lieux

    naturels, un mouvement ncessaire et non volontaire. Alors la volont est un principe

    seulement actif mais lapptit est un principe passif et actif. Elle saffecte dabord par limage

    puis elle ragit, il apparat donc que le moteur, qui est lopinion ou limagination, et lautre ce par quoi

    il meut, savoir lapptition. Ces deux ne sont pas des corps, mais la relation de lopinion lapptition est

    comme la relation du moteur linstrument par lequel il meut 30.

    Ibn Ba ne classe pas lapptitive comme premier moteur chez lAnimal; elle nest moteur

    que via la faon dont limagination (fantaisie) saffecte, ce qui fait que le moteur de lme est

    laffect (al-infil) de lapptitive par limage (forme) reprsente. Ceci dmontre que lapptit

    nest pas suffisant en soi pour accomplir un acte de volont. Quel est donc ce premier vrai

    moteur chez lhomme?

    Ibn Ba examine cette question en deux tapes:

    1. Premire tape

    Le philosophe de Saragosse et de Fs considre que le moteur premier dans lHomme est

    compos de deux choses : lune est le moteur, qui est lopinion ou limagination et lautre ce

    28 . wa hir anna kulla insn al al-mar al-ab fa lah-u htn-i al-quwwatn (lapptit sensitif et

    lapptit par imagination) mutaqaddima-tn al al-nuz iyya al-niqa, Alaoui, p. 109. 29 . wa hi-h al-ans an ans al-araka al-makniyya, qad takn bi-irdat al-ayawn, wa qad takn

    lah bi al-arra [] mil naql al-mar min al-bayt il al-urfa, Alaoui, Rasil falasafiyya, p. 120. 30 . fa-qad ahar anna al-murrik al-awwal muallaf min amrayn : aadu-hu-m huw-a al-muarrik, wa

    huw-a al-ray aw al-ayl, wa al-ar al-la bih yuarrik, wa huw-a al-nuz [] lkin nisbat al-ray il al-nuz nisbat al-muarrik il al-la al-lat bih- yuarrik, Genequand, 37, p. 101.

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    par quoi il meut savoir lapptition 31. Le moteur donc est compos, mais le compos diffre

    des composants. Le compos nest autre que la volont (que nous cherchons). On avait dit que

    lapptit est insuffisante et ne peut pas agir toute seule, lopinion droite (al-ray al-awb) non

    plus, parce que lintellect en soi est spar.

    2. Deuxime tape

    Ibn Ba, dans une deuxime tape, considre que le vrai premier moteur dans lHomme est

    lopinion droite (al-ray al-awb), et cette dernire, nest pas compose de deux choses dont

    lune serait comme linstrument et lautre comme lartisan : Cest lopinion droite qui est le

    moteur premier proprement parler32.

    Puisque cette opinion ne saffecte, ni par lapptition ni par limagination, et quelle ne prend

    lapptition que comme instrument, alors cest elle quon doit attribuer le mouvement. Mais

    le mouvement donn par lopinion exacte nest pas seulement une volont, mais bien plus,

    puisque cest une volont dlibre, cest un mouvement de choix.

    Sensitive

    La volont = apptit + Imagination

    Raison Choix

    On avait dit que lintellect en soi ne peut pas agir tout seul parce quil est spar, mais la volont

    chez lhomme en tant que choix rsulte de la raison pratique (intellect pratique), qui est

    compose de lopinion droite (al-ray al-diq) reue de la raison (intellect) thortique et de

    lapptition comme instrument.

    Cest ce compos mme quIbn Ba appelle assentiment 33 (im). Le mouvement de

    volont exige dabord la prsence de tous les constituants afin daccomplir un acte quil soit

    mouvement local ou mouvement de choix.

    La volont : apptit (principe naturel) + imagination/raison (perception) = assentiment (im).

    La volont nest pas seulement un assentiment (im), il est le moment dcisif entre

    lassentiment (im) pour effectuer un mouvement de volont et laccomplissement de laction

    elle-mme. La volont est tout le processus de laction volontaire qui prend source dans la

    31 . fa-qad ahar-a anna al-muarrik al-awwal muallaf min amrayn : aadu-hum huw-a al-muarrik

    wa huw-a al-ray aw al-ayl wa-l-ar al-la bih-i yuarrik wa huw-a al-nuz, lkin nisbat al-ray il al-nuz nisbat al-muarrik il al-la ,Genequand, (Ch), 37, p. 101.

    32 . fa al-ray al-awb huw-a al-muarrik al-awwal bi al-taqq , Genequand, (Ch), 41, p. 103. 33 . En principe le terme assentiment dsigne en arabe al-tadq, mais l jempreinte la traduction de Genequand.

    Volont

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    raison ou limagination comme perception, puis dans lapptition comme puissance motrice,

    ensuite assentiment (im) et enfin la puissance motrice dans les muscles (le corps ou les

    parties de corps) qui est la chaleur inne. Le rsultat de ce processus est lacte qualifi comme

    volontaire. Mais pour arriver cet acte, la volont exige une condition aprs lassentiment

    (im) : cest la libert. videmment, sans libert, laction de volont et de choix ne peut pas

    tre accomplie. Nous avons dj vu que la volont en tant que choix exige la dlibration et

    maintenant on ajoute la libert. Une personne qui nest pas libre, mme si tous les constituants

    sont prsents, plus lassentiment, elle ne pourra pas accomplir son choix parce quelle est

    prive de libert. En arrivant ce stade, nous devons examiner la volont seulement dans

    lhomme en tant quanimal et pas dans lanimal en gnral.

    La volont comme choix chez lHomme.

    On peut accorder lHomme, en tant que corps naturel anim, tout ce quon avait dit sur la

    volont ; primo, en tant que corps naturel, secundo, en tant quanimal. Mais il se distingue par

    sa raison et son mouvement de choix, et ceci, exige dautres conditions dignes de lHomme. La

    volont humaine est conditionne chez Ibn Ba par la libert, la discrimination, la

    responsabilit et la vertu.

    On avait dj parl de la discrimination chez lHomme qui trouve sa source dans la raison

    puisque cest un animal rationnel. Mais on a pas bien prcis de quel raison sagit-il ?

    Ibn Ba tait clair ds la physique; il avait bien prcis quil sagit de la raison pratique34. En

    plus, nous avons un fragment dans le Ms doxford (Bodelian Library, Pockok 206 ), parmi les 13

    fragments que jai tudis dans un souci dauthentification avant de pouvoir en attribuer

    quelque uns Ibn Ba35, qui traite de la raison pratique et justement il utilise le terme volont

    grce laquelle on accde lart qui est une partie constitutive de la raison. Ibn Ba affirme

    que les membres du corps humain ne se mobilisent pas deux-mmes pour crer un objet

    quelconque. Au contraire, ils ont besoin de la volont qui est une puissance motrice36. Ibn Ba

    explique parfaitement ces tapes de cration ou plutt de conception.

    Tout dabord, la raison pratique expose limage de la cration voulue dans limagination, et

    cette dernire fait appel la facult motrice qui est lapptitive qui fait appel son tour la

    chaleur inne (al-arra al-arziyya) comme instrument direct dans le corps pour mouvoir les

    organes afin quils accomplissent la cration de lobjet artisanal conu dans la raison pratique.

    34 . al-sam al-ab (La physique), Far, p. 106. 35 . Rachak (J), De lauthenticit des fragments (al-aqwl) dIbn Ba, in Philosophia (E-Journal of Philosophy

    and Culture), March 7/2014. 36 . wa bayyin ayan anna a al-insn laysat tataarrak-u min ti-h li-amal lik al-man bal

    tataarrak bi-irdat al-insn , Alaoui, Rasil falasafiyya, p. 170.

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    Ibn Ba insiste sur le fait que le vrai moteur nest pas la facult motrice, mais plutt la raison

    pratique qui conduit et gre (yudabbir) toute lopration. Aprs lachvement de la cration, le

    processus de la perception est lanc, de nouveau, en commenant par la sensitive, afin que la

    raison pratique sassure que la cration fictive corresponde bien limage tal la premire fois

    dans limagination. Pour cette raison Ibn Ba attribue, dans son kitb al-nafs, les corps

    artisanaux la volont37. Ce sont une uvre de la volont qui trouve sa source dans la raison

    pratique et dans lptre f al-mutaarrik, que jai classe postrieure aux deux ptres de

    lapptitive. Il a bien prcis quil sagit dun mouvement de choix et pas juste de volont; un

    mouvement de choix qui est propre lhomme et qui trouve sa source dans la raison et la

    dlibration.

    LHomme se caractrise par le mouvement de choix qui rsulte de la raison et grce lui, la

    faute et lexacte sont attribus lHomme et grce aussi lui il acquiert les arts 38.

    La responsabilit

    Ibn Ba nutilise pas vraiment les termes libert, responsabilit et conscience mais plutt une

    terminologie de son poque et de son environnement culturel : choix pour libert,

    discrimination pour conscience, chtiment et rcompense pour responsabilit (al-iqb, al-

    awb, al-am, al-mad).

    Ibn Ba, dans ces derniers crits, creuse plus profondment dans la recherche du moteur

    premier dans lHomme et parfois, il traite ce sujet indirectement (au moins pour ceux qui nont

    pas lhabitude de lire Ibn Ba). Il distingue entre les diffrents moteurs intermdiaires et

    reprend les mmes exemples pour distinguer entre le moteur premier qui est le moteur en vrai

    et les autres qui sont intermdiaires, et que cest au premier que tourne toute la responsabilit,

    et cest lui qui mrite soit le chtiment soit lloge39.

    La question du moteur premier dans lanimal en gnral et spcialement dans lhomme tait le

    sujet primordial pour Ibn Ba dans ces derniers crits. Ce qui nous permet de dire quIbn

    Ba avait pour finalit de son projet philosophique : lHomme. Lhomme en tant quanimal

    anim et distingu par son intellect, son acte est luvre de son choix, libre et responsable, et

    37 . al-ajsm minh abiyya wa minh iniyya. Fa al-iniyya ka-l-kursiya w-al-sarr, wa hih l

    tad ill an irda , Kitb al-nafs, Rachak, p. 87. Les corps sont soit naturels soit artisanaux comme le lit et la chaise et ces derniers ne sont que par volont .

    38 . wa yata al-insn bi al-araka al-itiyriyya wa hiy-a al-lat takn an al-nuq wa bih- yunsab il al-insn al-aa wa al-awb wa bih- yaz al-ani , Risla f al-mutarrik, Alaoui, Rasil falasafiyya, p. 137.

    39 . w-al-muarrik al-awwal huw-a al-insn wa ilayh yunsab al-fil f al-aqqa w-huw-a al-mustaiq li al-amm wa-l-mad , Far, p. 135.

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    cest lui seul dassumer cette responsabilit et par consquent celle dtre heureux ou

    malheureux.

    La vertu

    Dj dans la physique, Ibn Ba prcise que les vertus thiques sont lobjet dun usage modr

    dans les puissances naturelles40. Quant aux vices, ils sont luvre de lexagration dans

    lutilisation de ces puissances dont lHomme jouit en tant que corps naturel. Le vice se dfinit

    comme lacte de se laisser affecter par un plaisir au moment non convenable ou bien vice-versa.

    Les vertus et les vices sont le rsultat de lusage de ces puissances en excs ou en modration.

    Les puissances naturelles ne sont pas lorigine du vice dans lHomme, parce que la nature est

    neutre dans le corps : elle nest ni vice ni vertu que lorsquelle devient sujet daffect psychique.

    La vertu est lquilibre tabli entre les plaisirs naturels et les affects psychiques, mais cet

    quilibre ncessite un troisime lment qui est lintellect.

    La vertu cest soumettre les plaisirs naturels larbitrage de la raison au point que lHomme ne

    saffecte plus par ces plaisirs que par volont. De ce fait, la vertu permet lHomme dchapper

    la causalit naturelle, et elle lui donne une certaine libert. Une libert non pas juste pour

    choisir de rpondre tel ou tel plaisir, mais aussi la libert de le refuser41.

    Ceci est possible pour lHomme par la dlibration et la pense (al-rawiyya), il examine priori

    les fins et les consquences de son action et parfois mme, sil se laisse affecter par le plaisir, il

    lui revient de sarrter nimporte quel moment parce quil a le principe de mouvement et de

    repos en soi42. Par contre, le vil perd toute libert de choix et nacquiert que le mouvement

    spontan ou le mouvement ncessaire.

    Mais est-ce que cest donner facilement lHomme de poursuivre le chemin de la vertu, tout en

    sachant que lhomme est tout dabord un animal, une me bestiale pleines de dsirs. Et le dsir

    nous le savons bien quil y a deux sortes de dsirs : le dsir produit par limagination et le dsir

    produit par la pense, et Ibn Ba nous informe que le dsir cogitative est le dsir du juste

    et nappartient qu lhomme en particulier 43, alors il y a deux sortes de dsirs et certainement

    ils ne cooprent pas facilement. Tandis que lune veut simplement satisfaire son dsir qui est

    bestial, lautre, par contre, grce la dlibration, reprsente le dsir du juste et le rsultat de

    ce consentement est la vertu.

    40 . al-sam al-ab (la physique), Far, p. 107. 41 . wa att ia qabil-a al-infil lam yatarrak anh-u arratan , Far, p. 105. 42 . w-al-muarrik al-awwal huw-a l-insn wa ilayh yunsab al-fil f al-aqqa w-huwa al-mustaiq li al-

    amm wa-l-mad , Far, p. 135. 43 . wa amm al-taawwuq al-fikr wa huw-a taawwuq al-awb fa-inna-m huw-a li-l-insn at-

    an , Genequand, (Ch), 36, p. 101.

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    LHomme en tant que sujet dthique

    Nous avons pu dmontrer jusqu maintenant que lHomme peut avoir des affects et

    mouvements naturels en tant que corps naturel, comme il peut avoir un mouvement local et

    de volont et peut discriminer laide de limagination en tant quanimal, mais il peut se

    distinguer par son intellect et son mouvement de choix en tant quhomme libre et responsable

    de ses actes.

    Ibn Ba ne nie pas cette situation de lHomme en tant que corps naturel et animal, mais

    lHomme nest Homme en acte que par cette distinction quil a et par les actes qui rsultent de

    cette facult qui caractrise lHomme. Ainsi, lHomme doit surmonter et surpasser son tat

    naturel et animal et raliser sa fin universelle et ultime qui est le bonheur.

    Lacte Humain

    Quest-ce quun acte humain ? Comment la volont et la raison se runissent-elles afin de

    produire cet acte moral et noble quest lacte Humain ? Quel est lapport irrationnel dans

    lthique dIbn Ba? Et enfin est-ce que lacte Humain chez Ibn Ba est un acte moral ?

    Pour commencer, nous confirmons que tout acte Humain est un acte de volont libre quelle

    soit morale ou rationnelle.

    Pour Ibn Ba dans le tadbr, lhomme est dot de trois sortes dactes :

    1. Lacte inanim

    2. Lacte bestial

    3. Lacte humain

    Cest vident quil se caractrise par le troisime, mais il a lacte de linanim en tant que corps

    naturel compos dlments, et cest un acte par ncessit qui na aucune relation avec le

    choix44.

    Comme il a aussi lacte bestial en tant quanimal qui a pour facults : la nutritive la gnrative

    et laugmentative45. Quant aux autres puissances spirituelles savoir : le sens commun,

    limagination et la mmoration46, elles sont animales et humaines selon leurs ractions. Si ces

    dernires sont passives, il sagit, alors, dun mouvement bestial et si elles sont actives, alors cest

    44 . fa-afl al-quwwa al-usuqsiyya hiy-a bi al-iirr irf-an, l arikat-a bayna-h wa bayn afl al-

    itiyr , Zida, Tadbr, p. 67. 45 . wa ayan f-quw al-iss wa al-taayyul wa al-ikr, wa al-afl al-lat tad lah an hi-h wa hiy-a

    li al-nafs al-bahmiyya , Zida, Tadbr, p. 49. 46 . fa lah (les trois facults spirituels le sens commun, limagination et la mmoration) afl wa infilt,

    fa amm al-infilt al-il-a an-h fa-mar-h ka-mar al-iss, wa amm al-afl al-k in-a anh- fa hiy-a itiyriyya, i knat insniyya, wa amm i knat bahmiyya fa hiy-a bi iirr , Zida, Tadbr, p. 68.

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    un mouvement de choix. Enfin, lHomme se caractrise par son choix dlibr et son acte libre

    qui chappe, la fois, la ncessit de la nature et la spontanit de lanimal. Le choix est la

    volont, mais une volont libre qui relve de la raison et de la discrimination rationnelle.

    Malgr les conditions quexige un acte Humain et qui nest autre que la libert, la discrimination

    rationnelle et la dlibration, une certaine confusion persiste, nanmoins, entre lacte Humain

    et lacte bestial, entre la volont en tant que choix et la volont en tant que mouvement

    spontan. La question qui se pose donc est la suivante : comment Ibn Ba arrive t-il

    distinguer lune de lautre ?

    Pour rpondre cette question et surmonter cette confusion, Ibn Ba propose deux critres :

    Celui du principe ou moteur et celui du but ou la fin.

    1. Critre du principe ou moteur

    Le principe dans les actes humains est soit spontan ou bien une opinion droite/une pense.

    Alors si lacte, ou mouvement, relve du premier principe, il sagit alors dun acte bestial et

    lHomme ce niveau ne diffre pas de lanimal47. Par contre, si son acte relve de lopinion

    droite/pense, il sagit bien dun acte purement humain48.

    Mais il faut noter quIbn Ba, lorsquil parle dacte bestial, nentend pas simplement les actes

    humains venant de lme bestiale, mais aussi un acte humain dpourvu de fin.

    2. Critre de la fin

    Si la prsence de la pense est primordiale dans le premier critre afin de distinguer un acte

    bestial dun acte humain, alors cest la fin et le but de cet acte qui fait maintenant la diffrence

    entre les deux actes. La prsence ou labsence du but et de la fin de lacte qui fait toute la

    diffrence. Si lacte na pas un but bien prcis alors ce nest pas humain, ce nest pour Ibn Ba

    quun acte bestial (bahm), parce quun acte humain pour lui est un acte conscient intentionn

    qui vise une fin prcise49.

    Il y a donc une condition qui vient sajouter la libert et la dlibration pour dsigner un acte

    ou mouvement humain. Parce que ce nest pas suffisant dans lacte ou mouvement humain quil

    47 . fa inna al-ayawn ayr al-niq inna-m yataqaddam fil a-h m yadu f al-nafs al-bahmiyya min

    infl. Wa al-insn qad yanfil min hi-h al-iha, ka-m yahrub al-insn min mufz, fa inna h al-fil huw-a li al-insn min ihat al-nafs al-bahmiyya , Zida, Tadbr, p. 50-51.

    48 . wa al-afl al-insniyya al-a bi-h hiy-a m takn bi itiyr, fa kul fil insn fa huw-a fl bi itiyr, wa an bi al-itiyr al-irdat al-kin an rawiyya, Ziyda, Tadbr, p. 50.

    49. mil man yaksir aar araba-h aw d ada-ah li-anna-hu adaa-h faqa [] amm man yukassiruh li-all yadu ayra-h, aw an rawiyya tib kasra-h fa-lik fl insn, Ziyda, Tadbr, p. 51.

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    ait le repos en soi, mais il exige le choix ds le dbut et avant deffectuer le mouvement ou acte,

    avant dagir de telle ou telle sorte selon la fin voulu50.

    Javais annonc dans dautres travaux51 et occasions que nous pouvons lire et analyser le corpus

    dIbn Ba juste par deux principes savoir :

    On ne passe dune espce une autre qu travers lintermdiaire.

    La nature ne fait rien inutilement.

    Certes ce sont des principes aristotliciens, mais Ibn Ba a fond toute sa philosophie daprs

    ces deux principes.

    Pour distinguer donc les actes humains des actes bestiaux, il insiste sur le principe de la fin. Il

    analyse de prs les actes humains, sils sont vraiment humains ou non. Surtout que lhomme a

    des affectes psychiques en tant quanimal.

    Ibn Ba donne des exemples de ces actes : comme celui qui brise une pierre qui la frapp

    ou une branche qui la gratign : tous ces actes sont bestiaux. Mais si quelquun la brise afin

    quelle ngratigne pas quelquun dautre ou par suite dune rflexion qui lui impose de la briser,

    cest un acte humain 52. Donc lacte humain est un acte intentionn. Juste lacte humain parmi

    les autres actes qui se caractrise par lintention et agit consciemment pour une fin prcise qui

    relve de la dlibration et responsabilit. Chaque acte bestial est prcd par un affect

    psychique, aussi lHomme en tant quanimal a cet affect psychique avant lacte ou aprs mais il

    nagit que daprs la pense qui vise une fin. Mais lme bestiale ne cde pas lme humaine,

    lHomme ne pourra pas produire un acte humain que sil arrive vraiment dominer lme

    bestiale, lme bestiale nest domine par lme humaine que par le truchement des vertus

    morales, lme bestiale est attentive et obit naturellement lme rationnelle 53, donc un

    Homme vicieux na que des actes bestiaux moins quil arrte, sabstient et se corrige par les

    vertus morales et de l parvenir aider son me rationnelle dompter lme bestiale en lui.

    Lacte humain est toujours en vue de quelque chose et vient de nous, et cest pourquoi il nous revient de

    50 . fa-hir anna-hu, ian, inna-m yaib an tuddad al-yt f al-afl al-insniyya faqa , Zida,

    Tadbr,p. 54. 51 . Rachak, (J), La notique d'Ibn Bjja: premire partie le statut de la facult cogitative, anales del seminario

    de Historia de la Filosofia, vol. 26, (2009), 81-95. 52 . mil man yaksir aar-an araba-h wa-d adaa-h li-anna-hu adaa-h fa-qa wa-hi-h kullu-

    h afl bahmiyya fa-amm man yaksiru-hu li-all yadia ayra-h aw an rawiyya waab-a kasru-h fa-lik fl insn , Genequand, 45, p. 129.

    53. li-anna al-nafs al-bahmiyya smi-a mu-a li al-nafs al-niqa bi al-ab , Genequand, 50, p. 131.

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    nous arrter quand nous voulons. Il est donc manifeste que les fins ne sont dfinies que dans le cas des

    actes humains 54.

    Lhomme qui chappe compltement lme bestiale et ces affectes et nagit que daprs la

    pense correcte est un homme digne dtre divin, et cest un homme pourvu des vertus morales

    afin que lorsque lme rationnelle dcide quelque chose, lme bestiale ne soppose pas mais dcide cette

    chose du fait que la raison la dcide 55.

    Mais enfin quest-ce que cest que cette fin vise par lHomme, aprs ce processus de volont et

    de choix dlibr, conscient de ces actes et ces consquences ? La fin de lHomme pour Ibn

    Ba ce nest que son propre bonheur o lHomme est vraiment bienheureux et jouit de

    lultime bonheur.

    Tout le projet Baien vise cette fin humaine en partant de la physique et en passant par la

    psychologie ou prcisment de la notique et enfin lthique. Tout lobjet de la morale sera de

    dterminer le concours dactions quil faut suivre, tout en vivant sous les rgimes corporels,

    spirituels et intellectuels, afin datteindre le bonheur ou de dterminer comment se dbarrasser

    des obstacles qui nous empchent datteindre le bonheur.

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    54 . wa al-fil al-insn huw-a abad-an min al ay wa-min tilqi-n wa-li-lik ilay-n an naqif mat i-

    n fa-hir anna-hu i-an inna-m yaib an tuaddad al-yt f al-afl al-insniyya fa-qa , Genequand, 53, p. 131.

    55 . at yakn mat qaat al-nafs al-niqa bi-ay lam tulif al-nafs al-bahmiyya bal qaat bi-lik al-amr min ihat anna al-ray qa bih, Genequand, 49, p. 130.

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