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Le courrier de 149 Depuis 1971 • mars 2007 • 3,20 Banques françaises : Réchauffement, les affaires continuent Banques françaises : Réchauffement, les affaires continuent DOSSIER SPÉCIAL www.amisdelaterre.org ET AUSSI ... ET AUSSI ... Carnet de notes des candidats : un trimestre médiocre « 5 minutes de répit pour la planète » : trois millions de foyers éteints ! REACH : un Règlement à responsabilité limitée En Uruguay, le Crédit Agricole trahit ses rares principes

La Baleine 149

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Banques françaises et réchauffement

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Le courrierde 149

Depuis 1971 • mars 2007 • 3,20 €

Banques françaises : Réchauffement, les affaires continuent

Banques françaises : Réchauffement, les affaires continuent

DOSSIER SPÉCIAL

www.amisdelaterre.org

ET AUSSI . . .ET AUSSI . . .Carnet de notes des candidats : un trimestre médiocre« 5 minutes de répit pour la planète » : trois millions de foyers éteints !REACH : un Règlement à responsabilité limitéeEn Uruguay, le Crédit Agricole trahit ses rares principes

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Le Courrier de la • n° 149 • mars 2007 2

Climat : la responsabilitécruciale des banquesLa finance est un pouvoir majeur dumonde contemporain. Les banques fran-çaises sont aujourd’hui parmi les pluspuissantes et les plus riches du monde.Omniprésentes, elles financent tous lessecteurs, ignorant, ou peu s'en faut, lesimpacts environnementaux et sociaux.Elles financent ainsi dix fois plus lesénergies fossi les que les énergiesrenouvelables, et les émissions de gaz àeffet de serre engendrées par les projetsqu’elles financent représentent 3,2 foisles émissions totales de la France.

Les Amis de la Terre lancent ladeuxième phase de la campagne sur lesbanques et l’environnement, une premièreen France. Face à l’urgence climatiqueet énergétique, nous ne pouvons plusattendre. La pression que nous exerçons

banques prennent des engagementsréels pour l 'environnement. Deuxtémoignages, ceux d'une grandebanque internationale et d'une petitestructure alternative, nous font part deleur point de vue. Nous donnons enfinnotre avis sur Livret de DéveloppementDurable annoncé en grande pompe parle Premier Ministre, avant de jeter unregard sur la campagne des Amis de laTerre États-Unis sur les entreprisescôtées en bourse.

Chacun peut agir en utilisant lalettre-pétition du guide éco-citoyen,pour exiger des banques qu'elles assu-ment leurs responsabilités en finançantles activités soutenables. ■

Joo Zimmermann

déjà doit être renforcée, afin que lesbanques mettent concrètement enplace des politiques sectorielles à lahauteur des enjeux. BNP-Paribas, CréditAgricole et Société Générale financentrégulièrement des projets parmi les pluscontroversés au monde et continuerontd'être nos cibles prioritaires.

Après avoir rappelé le mode de fonc-tionnement des banques comme lepoids mondial des groupes français, leCourrier de la Baleine fait un premierbilan de la campagne démarrée en2005 : quels résultats ? Mais il présenteaussi la suite, annonce la publicationd’un nouveau rapport d'analyse et d’unguide éco-citoyen sur les banques, jointà ce numéro. Nous rappelons aussiqu'au niveau international, certaines

Édito

Assemblée fédérale 2007

Les Amis de la Terre Montreuilaccueillent cette année l’Assem-blée Fédérale des Amis de la TerreFrance, les 12 et 13 mai.

Trois temps forts sont prévus :d’abord l'adoption de notre plan stra-tégique 2007-2012, qui déterminerales grandes orientations de l'associa-tion. Il s'est construit collectivementavec les apports des groupes locaux. Ilrassemblera des enjeux externesauxquels notre société est confron-tée, les réponses des Amis de la Terrepour y faire face et les enjeuxinternes en terme de développementpour notre réseau. Ensuite, un débatsur la question des relations avec lesentreprises. Enfin, les groupes locauxseront invités à présenter un projetou une action sur lesquels ils se sontmobilisés cette année (avec photos,brochures...). L’Assemblée est le lieuprivilégié de notre démocratieinterne. Tous les adhérents sont vive-ment invités à y participer. ■

Anne Castelain

Nous remercions les nombreuxlecteurs qui ont répondu au ques-tionnaire joint au n°148.

Bien que devant encore être analyséesplus finement, les réponses montrent unattachement fort pour la formuleactuelle. La vision engagée, globale etnon uniquement environnementale estappréciée, tout comme le caractèreassociatif et les pages locales. Le relaisvers l'action des Amis de la Terre estplébiscité. De nombreuses personnesdiffusent la Baleine autour d'elles etbeaucoup jugent la Baleine complé-mentaire d'autres publicationsspécialisées.

Le Courrier de la Baleine est jugé lisiblebien que sa maquette soit pour beau-coup de lecteurs confuse et rigide. Lesinformations sont jugées sérieuses etindépendantes. Les lecteurs apprécientd'y trouver l'opinion des Amis de laTerre. Les souhaits exprimés diffèrent

selon les lecteurs. Certains désireraientdes analyses plus poussées et plus poli-tiques ; d'autres souhaiteraient dessujets environnementaux concernant laFrance et l'Europe, des avancées et desinnovations positives, des aspects conc-rets et juridiques. Les demandes mettenten avant la consommation citoyenne,les énergies renouvelables, les pollu-tions, l'agriculture, la biodiversité et ladécroissance.

Nouvelle formule en préparation pour 2008

Nous sommes très heureux de cesréponses, qui permettront d'affiner lanouvelle formule qui devrait sortir en 2008.Les adhérents pourront lire dans NousAutres un article plus long sur les résultatsde l'enquête, et il est possible de les deman-der à la rédaction qui reste à l'écoutedes remarques et suggestions. ■

La rédaction

Enquête sur le Courrier de la Baleine Merci beaucoup pour vos réponses

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Le Courrier de la • n° 149 • mars 20073

DOSSIER SPÉCIAL B a n q u e s f r a n ç a i s e s e t r é c h a u f f e m e n t

Comptant d'anciens groupes nationalisés,les banques, en France, ne sont pas précisé-ment des PME. BNP Paribas est 14ème auniveau mondial. La Société Générale est20ème, et Daniel Bouton, son PDG deman-dait d'ailleurs au journal Le Monde daté du15 février 2007 : « Quel est le pays qui peutse vanter de posséder (…) un champion dela banque de détail (Le Crédit Agricole -Calyon), l'une des plus fortes capitalisa-tions boursières européennes (BNP Paribas)et l'une des entreprises les plus perfor-mantes (Société Générale) ? ». Cesétablissements contribuent largement à lapuissance financière de la France sur lesmarchés internationaux. Comme leurssœurs asiatiques - le pouvoir du géantchinois ICBC est grandissant - elles gagnentdu terrain sur les établissements américains.

Excellente santé des banques françaises

Les profits sont en hausse. BNP Paribasa dégagé 7,3 milliards d'euros de profitet la Société Générale 5,2 milliards, soit

un doublement sur sept ans pour lapremière et sur trois ans pour la seconde.Elles se sont mondialisées, réalisantenviron la moitié de leur Chiffre d'Af-faires à l'étranger, et leur envergure necesse de croître. Les trois groupes fran-çais investissent dans des achats àl'étranger. BNP a des positions solidesdans l'Ouest et le Centre américain ets'est récemment renforcé en Italie. LaSociété Générale a pris pied dans l'Eu-rope centrale et de l'Est, et le CréditAgricole, en Grèce et en Italie.

Une formule gagnant-gagnant, abritée sous le voilede la concurrence

L'État n'y voit que des avantages, notam-ment en termes fiscaux. Ces géants offrentdes financements pour les projets interna-tionaux des entreprises clientes des banquesfrançaises, parmi lesquelles les activitésindustrielles, extractives ou autres, desgrandes multinationales de notre pays -

Dans nos sociétés hautement financiarisées,les services bancaires occupent une placeincontournable. Pour de très nombreuxpaiements, il faut recourir aux virements,chèques ou cartes bancaires. Ainsi, enFrance, où les ménages sont parmi les plusbancarisés d'Europe, il n’est pas possiblede percevoir des prestations sociales ouun salaire sans compte bancaire.

Prêter, emprunter, gérer :le métier du banquier

D'une certaine façon, les banques vendentde l'argent. Les fonds déposés sur lescomptes chèques, comptes épargne, etc.,servent communément de contrepartie auxprêts commerciaux et industriels ; mais lesbanques utilisent aussi l’argent déposé pourinvestir dans des actions d’autres entre-prises ou dans des actifs immobilisés (biensréels tels que centres commerciaux, bureaux,etc.). Leurs marges proviennent de ladifférence entre les taux d’intérêts versésaux clients dépositaires et ceux payés parles clients emprunteurs sur les prêtsaccordés, les seconds étant bien évidem-ment supérieurs aux premiers.

La banque, au sens traditionnel duterme, n’existe plus. Depuis une vingtaine

d’années, les banques se sont très large-ment diversifiées et les nouveaux marchéssur lesquels elles opèrent sont très diffé-rents les uns des autres en termes derisques, de rentabilité, etc.

Un secteur qui s'est beaucoupdiversifié

La banque de détail collecte et prêtetoujours auprès des particuliers. Tradition-nellement, elle dégageait presque tous sesprofits de ce secteur. Deux nouveauxmétiers s'y sont ajoutés : les filiales definancement et d’investissement (ou « d'af-faires ») prêtent aux grandes entreprises etfinancent de grands projets. La gestiond’actif consiste, elle, à faire fructifier desportefeuilles confiés par des investisseursen tout genre (en utilisant pour celaactions, FCP, SICAV, et autres produitsfinanciers). Les revenus prove- nant desmétiers de gestion d’actifs et d’investisse-ment ont nettement augmenté, etreprésentent jusqu’à la moitié des revenusbancaires, car, en France, la plupart desbanques regroupent les trois métiers.

Cette activité paye, puisque les banquesfrançaises gèrent un actif total de 4 400milliards d’euros, soit 2,7 fois le Produit

Intérieur Brut (PIB) de la France. Le secteurbancaire français représente entre 3 et 4%du PIB, et est le deuxième employeurprivé, avec plus de 400 000 salariés. Trèsconcentré, le secteur est polarisé autourde sept grands groupes qui, ensemble,détiennent plus de 90 % des parts demarché. Mis à part quelques initiativesisolées, les banques ignorent toujours lesdroits de l'Homme et l'environnement. ■

Déborah Lambert-Perez

Les groupes mondiaux des banques françaisesIntriqués avec les plus grands pollueurs

Des entreprises pas comme les autres Un intermédiaire au cœur du système

mais aussi de clients moins connus. Un responsable du Crédit Agricole expli-

quait ainsi récemment aux Amis de laTerre qu'il était très difficile de refuser uncrédit à Total sur un projet catastrophiquepour l'environnement, car un tel client,qui sollicite des demandes de crédit entous genres auprès de son partenaire delongue date, ne se refuse pas. Quant auprojet Botnia, le Crédit Agricole a déclaréin petto qu’il était mauvais, mais que lerefuser serait revenu à faire une croix surle marché scandinave. On voit de quellefaçon les logiques se renforcent. L'intérêtest double pour les détenteurs de capi-taux en France, puisque les intérêts desdividendes versés par les banques s'ajou-tent aux dividendes versés auxactionnaires des firmes. ■

Laurent Hutinet

100 €

90 €

10 €

9 €81 €

Explications sur l'activité bancaire :Un dépôt de 100 € dans une banque dont le taux deréserve est de 10 % signifie que 90 € seront réinjectésdans l'économie (prêts, achats de biens et servies ...). Ilsfinissent généralement en dépôt dans une autre banque,qui peut à son tour prêter 81 € (10 % soit 9 € sont placésen réserve), et le cycle se poursuit.

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DOSSIER SPÉCIAL

Il reste cependant un travail énormepour que ces avancées se généralisent etse poursuivent, y compris dans l'ensembledes caisses régionales et locales. Desprogrammes massifs de formation et desensibilisation dignes de ce nom doiventencore être mis en place par les banques.

Secteurs sensibles : les plusgrandes font la sourde oreille

Une demande majeure de la campagnen’a pas encore abouti. Les banques impli-quées dans le financement des secteurs àhauts risques environnementaux etsociaux (énergies fossiles, grands barrages,mines, infrastructures, etc.) doiventmettre en place des politiques sectoriellespour réduire les impacts. Ces politiquessectorielles doivent reprendreles conventions et meilleurespratiques internationales.C e r t a i n e s b a n q u e s ytravaillent (HSBC, Royaume-Uni ; Dexia, franco-belge).D’autres, pourtant lourde-ment impliquées dans lefinancement de projetscontroversés, refusentencore d’y travailler :C réd i t Agr i co le , BNP-Paribas et Société Générale.Elles restent donc noscibles prioritaires !

L’urgence climatique et énergétiquenécessite de la part des banques desréponses à la hauteur. En 2005, les Amisde la Terre, soutenus par 34 associa-tions, syndicats et organisations definances solidaires, lançaient lacampagne « Banques françaises : épar-gnez le climat ! », première campagne enFrance sur les banques et l'environne-ment. Un an et demi après, c'est unsuccès. La deuxième phase, plus ambi-tieuse, est lancée.

Premiers résultats concretsFin 2005, seule une caisse régionale des

Banques Populaires proposait un prêtattractif aux particuliers pour la rénova-tion écologique de l'habitat, deuxièmesecteur émetteur de gaz à effet de serreen France. Fin 2006, presque tous lesgrands réseaux bancaires ainsi que la NEFet le Crédit Coopératif, proposent oupréparent un prêt équivalent. Il y asouvent un cancre : en la matière, c'estBNP-Paribas qui continue à parler de «gadget » alors que le gouvernement rendle prêt obligatoire en 2007, avec la créa-tion du Livret de Développement Durable(voir p.6). Deux autres aspects se sontaméliorés : la transparence de l'impact desactivités des banques sur l'environnementet la comptabilisation de leurs impactsdirects (transports, consommationd’énergie, bâtiments et matériels).

« Environnement : commentchoisir ma banque ? » et « Banques françaises,banques fossiles ? »

La campagne passe à une deuxièmeétape en publiant simultanément deuxdocuments. Le nouveau rapport d'analyse« Banques françaises, banques fossiles ? »établit l’absence de politiques climatiqueset énergétiques crédibles. Les Amis de laTerre y détaillent l'état des lieux et propo-sent des solutions concrètes et immédiates.Le guide éco-citoyen « Environnement :comment choisir ma banque ? », accom-pagné de sa lettre-pétition, propose auxcitoyens clients des banques des actionsdirectes, en particulier en écrivant à leur

banquier. Il s'agit autantde soutenir davantage lessecteurs d’avenir : énergiesrenouvelables, isolationdes bâtiments, éco-produits,etc., que d'arrêter progres-sivement de financer lesénergies insoutenables,notamment fossiles. ■

Sébastien Godinot

Responsabilités climatiques des banques Faire monter la pression d'un cran

La réponse d'une grande banque «Les banques ne peuvent pas tout»

B a n q u e s f r a n ç a i s e s e t r é c h a u f f e m e n t

peuvent pas tout. Le développement dela finance verte repose essentiellementsur la demande du client. (...) Le secteurbancaire est un monde très réactif quipeut faire preuve d'innovations dansl'environnement si un signal fort vient deses clients. »

Un marché ne se crée pas seulementlorsque le client en fait la demande, mais,surtout, lorsque les banques proposentdes produits. En 1990, les Banques Popu-laires ont bien lancé les premiers prêtsécologiques, qui ont trouvé écho auprèsdes particuliers. Pourtant, ce n'est qu'à lasuite de pressions des ONG que lesbanques se sont alignées et ont répondu àla demande, et ce, en un an seulement.Cela montre bien où se situe le signal. Lesconsommateurs sont extrêmement mécon-

tents du manque de répondant debanques très conformistes. Ils cherchent àfinancer l'efficacité énergétique de leurhabitat, veulent que leur banquierpropose des conditions avantageuses pouracheter un véhicule propre, etc.

Nous savons que les banques ne peuventpas tout. C'est pourquoi les Amis de laTerre travaillent sur de très nombreuxaxes, à tous les niveaux, avec la sociétécivile, agissant sur les pouvoirs publics. Lesbanques doivent néanmoins reconnaîtreleur fort pouvoir d'entraînement et leurslourdes responsabilités. (…) Notre associa-tion continuera à proposer des solutionstout en dénonçant leurs actes lorsqu'ilssont inacceptables. ■

Les Amis de la Terre

M. Arnaud Berger, responsable Dévelop-pement Durable du Groupe BanquePopulaire, a été sollicité pour exprimerle point de vue d'une grande banquedans le Courrier de la Baleine. Les Amisde la Terre répondent à sa lettre. L'inté-gralité de l'échange figure sur le siteinternet : www.amisdelaterre.org

« La Banque Populaire a été la premièrebanque française à lancer des prêtsécologiques et un livret d'épargne écolo-gique (...). Si les Amis de la Terre sontbien dans leur rôle d'aiguillon et d'accé-lérateur de l'engagement des banquesdans la lutte contre l'effet de serre, lesrelations avec les ONG écologistes sonttrop souvent basées sur la contestationet la dénonciation, plutôt que sur l'ac-compagnement. Or les banques ne

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DOSSIER SPÉCIAL B a n q u e s f r a n ç a i s e s e t r é c h a u f f e m e n t

Des exemples de bonnes pratiques dans le monde

La Nef, pionnier d'une autre finance«L’argent peut devenir le nerf de la paix»

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que pour les grands groupes qui fontappel aux marchés financiers pour sefinancer. Les rémunérations proposées parnotre coopérative sont peu attractives.C'est la société civile et le militantisme dessociétaires qui nous permettent d'exister. .

LCB : Où en êtes vous aujourd'hui,quels sont vos objectifs ?

Aujourd'hui, le capital de la Nef dépasse10 millions d'euros pour un bilan de 130millions. Plus de 250 nouveaux sociétairesarrivent chaque mois. Nous sommesadministrateurs de la Fédération Euro-péenne de finances et Banques Éthiqueset Alternatives. Ensemble, nous avonscréé des outils qui permettent d'accorderdes prêts ayant des difficultés à trouverdes garanties et d'aider des structuresalternatives à se développer.

Aujourd'hui nous n'avons pas la pleinecapacité pour gérer toutes les opérationsfinancières : nos sociétaires passent par leCrédit Coopératif pour ouvrir un compte.Cela augmente notre capacité à prêtermais n'est pas entièrement satisfaisant.L'objectif premier est de devenir unebanque à part entière afin d'assumer larelation complète avec les sociétaires.

La Nef est une goutte d'eau dans lemonde bancaire. Changer de statut esttrès difficile, et évoluer en France en restantindépendant, quasiment impossible. Nous

étudions avec les sociétaires la possibilitéde constituer une banque européenneavec Banca Etica (Italie) et Fiar (Espagne).Nous travaillons à la constitution d'unecharte commune définissant des objectifset des valeurs. Nous ne le faisons pas parnécessité. C'est une chance. Les idéesn'ont pas de frontières, elles rencontrentcelles des autres. Nous sommes confiantset souhaitons être à la mesure desattentes des sociétaires et de ceux quinous rejoindront.

LCB : Pourquoi la France est-elle en retard ?

Il existe des acteurs alternatifs en Europedepuis longtemps. Certains se sont déve-loppés très rapidement. Aux Pays-Bas,Triodos affiche un bilan de plus d'un milliardd'euros. La Nef est au niveau des scandi-naves. Nous sommes en retard en finance,mais aussi en écologie en général. Certainsfreins sont techniques, d'autres culturels. EnFrance, celui qui est différent est douteux.On préfère les choses institutionnelles. Onnous a même pris pour une secte ! La culturedu don, qui panse les plaies sociales, estbeaucoup plus développée. Nous la respec-tons, mais la Nef propose de transformer lesactes, d'orienter l'argent, de prêter différem-ment, pas de réparer les dégâts collatéraux.L'argent peut devenir le nerf de la paix. ■

Propos recueillis par Déborah Lambert-Perez

Le Courrier de la Baleine : Jacky Blanc,vous présidez le directoire de laNouvelle Economie Fraternelle (Nef)depuis 6 ans. Qui en est à l'origine etquels ont été les principaux obstacles ?

Bien que non destinéà être banquier, jet rava i l l e à la Nefdepuis 15 ans. J'en suisl'un des premiers socié-taires. La Nef s'estconstituée en 1988 surune base de militantsautour des fondateursHenri Nouyrit et Jean-

Pierre Bideau. Nous avons réussi à rassem-bler les 7,5 millions de francs demandésalors pour fonder une société financière.

C'est en quelque sorte un projet poli-tique. Agents économiques, les citoyensveulent exercer leur pouvoir pour trans-former la société. La Nef propose uneautre manière de penser l'économie en yintégrant des valeurs fraternelles. Ellerend la finance solidaire en l'éclairant. Lessociétaires orientent leur épargne sur desprojets d'agriculture biologique, d'éner-gies renouvelables, et à fortes compo-santes sociale et culturelle, car il fautd'abord donner à chacun la possibilité des'enrichir sur le plan intellectuel.

Exister à cette échelle est un défiénorme. La réglementation est la même

Politique

Politique globale etobjectifs de réduction

Transparence totaledes activités

Gestion des impactsdirects

Politique de réductiondes risques

Prêts aux particuliers

Banque

Bank of America(États-Unis)

La Nef (France)

Triodos (Pays-Bas)

JP Morgan Chase(États-Unis)

Fannie Mae(États-Unis)

Mesures

■ Reconnaît que le changement climatique représente des risques

■ S'engage à répondre aux problématiques du changement climatique et à mettre en place des objectifsen ce qui concerne leurs activités aussi bien que leurs opportunités d'investissement

■ Objectifs de réduction publics chiffrés des émissions de gaz à effet de serre directes et indirectes

■ Engagement de réduire les émissions résultantes du financement des projets dans les secteurs del'énergie de 7 % d'ici à 2008

■ Publication du détail de tous les prêts effectués dans l'année

■ Secteurs non risqués : écologie, culture, social, agriculture

■ Utilisation de 100% d'électricité verte, technologies d'économie d'énergie

■ N'utilise que des voitures efficaces énergétiquement (en accord avec les Amis de la Terre - Pays-Bas)

■ Compensation des émissions : activités neutres au niveau carbone

■ S'engage à ne pas financer les projets d'industries extractives sur les sites classés Patrimoine Mondialde l’UNESCO

■ A créé l'Hypothèque Efficacité Energétique : les acheteurs de maisons efficaces énergétiquement sontavantagés, des conditions plus favorables sont proposées pour encourager les mesures d'efficacité énergétique.

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Marchés boursiers des États-UnisL'environnement, un peu plus qu'une donnée secondaire

Le Courrier de la • n° 149 • mars 2007 6

DOSSIER SPÉCIAL B a n q u e s f r a n ç a i s e s e t r é c h a u f f e m e n t

substantielles, qu'elles n'ont pas d'impactfinancier et que les investisseurs ne s'y inté-ressent pas. Cependant, un nombrecroissant d'entreprises ont réalisé qu'abuserde leurs employés, polluer l'environnementet ignorer les préoccupations des commu-nautés peut se révéler négatif pour leurréputation et donc pour leurs affaires. Desinvestisseurs ont également pris consciencede l'importance de ces questions et certainscommencent à réaliser qu'il est imprudentde faire des profits à court terme au détri-ment des populations, de la planète et del'économie dans son ensemble.

Les rapports de développementdurable, une démarche quireste volontaire aux États-Unis

Aujourd'hui, des centaines d'entreprisespublient chaque année des « rapports deresponsabilité sociale et environnemen-tale » ; mais la nature volontaire de cesrapports ne suffit pas. Ces questionsdevraient être intégrées aux rapports finan-ciers, audités par une tierce partie et validéspar les agences gouvernementales. Dans cecas, une entreprise publiant un rapport

Les réglementations financières peuventse révéler utiles, et aux États-Unis,certains actionnaires agissent. Encorefaut-il que les données soient disponibles.Après le célèbre krach boursier de 1929, leCongrès créa la Securities and ExchangeCommission (SEC), agence dédiée à laprotection des investisseurs, qui s'assureque les entreprises publient des informa-tions fiables et significatives. Chaquesociété américaine cotée en bourse doitrégulièrement réaliser son rapport finan-cier et le faire auditer. Depuis plusieursannées, les Amis de la Terre – États-Unistravaillent pour que la SEC exige depublier des informations environnemen-tales et sociales. Les entreprises forcées àintégrer de telles données « noir surblanc » se sentent en effet plus responsa-bles de leurs impacts.

Environnement et questionssociales, préoccupations en hausse des investisseurs

Certaines sociétés rejettent une telletransparence, estimant que les questions dedéveloppement durable ne sont pas

Couche de vert sur le CODEVILe gouvernement manque le Livret ClimatDepuis le 1er janvier 2007, le CODEVI esttransformé en « Livret de DéveloppementDurable », dont le plafond passe de 4 500à 6 000 euros.

Les montants supplémentaires de ceproduit d’épargne seront en partieaffectés à des prêts en faveur des travauxd’économie d’énergie ou d’équipementsd’énergies renouvelables dans les bâti-ments anciens, pour les particuliers et lestravailleurs indépendants. 2 % de l’en-cours total doivent être consacrés à cessecteurs début 2008, et 10 % début 2010.Ce qui veut dire qu’au moins 90 % conti-nueront à financer les PME industrielles(objectif du CODEVI d’origine, inchangé).

Refus d’un projet attenduFait rare, les Amis de la Terre s’accor-

daient avec la Fédération BancaireFrançaise pour demander la création d’un

incorrect ou inexact, pourrait se retrouverau tribunal. Finalement, quand des donnéesenvironnementales et sociales sont incluesau rapport, les actionnaires peuvent inciterles entreprises à s'améliorer.

En 2001, la France a été l'un des premierspays à exiger des entreprises qu'elles intè-grent des données environnementales etsociales dans leur rapport annuel. Mais laloi relative aux nouvelles régulationséconomiques du 15 mai 2001 présentebien des défauts. Pour un groupe, le péri-mètre d'analyse n'est pas clairementdéfini, et l'on ne sait pas si les entreprisesdoivent communiquer sur leurs activitésen France ou à l'étranger. On ne leurdemande pas non plus de fournir desinformations sur un enjeu aussi essentielque les OGM. Les Amis de la Terre-États-Unis ont tout de même bien accueilli cesnouvelles règles. Nous espérons que lesquelques progrès réalisés en Franceatteindront les États-Unis. ■

Michelle Chan-FishelResponsable de programme aux Amis de la Terre-États-Unis

Livret d’épargne « Habitat climat » spéci-fique. Le projet était également soutenupar le Ministère de l’Écologie et du Déve-loppement Durable, l’ADEME, certainsparlementaires, les professionnels du bâti-ment, des énergies renouvelables, del’isolation et des éco-matériaux.

Contrairement au gouvernement, les parti-culiers sont désireux d’agir et prêts à placermassivement dans un produit spécifique,bénéficiant du même type d’exonérationd’impôt que le CODEVI, ce d’autant plus quela baisse des encours du Livret A et des PEL(Plans d’Epargne Logement) montre que desréserves d’épargne sûres sont mobilisables.L’ADEME a chiffré à 10 milliards d’euros lacollecte potentielle après trois ans, ce quidevrait permettre un changement d’échelledans le financement de la lutte contre lechangement climatique, dans le secteurcrucial du bâtiment (deuxième émetteurde gaz à effet de serre en France).

Pitoyable effet d’annonce

Outre la collecte d’épargne, un Livret« Habitat climat » avait l’immense intérêtde sensibiliser les particuliers sur l’enjeudu changement climatique dans leurhabitation. Mais le gouvernement apréféré jouer l’effet d’annonce, en modi-fiant le nom d’un ancien produit àl’objectif totalement différent. Le messageest donc compliqué, et les banques neferont pas d’effort pour en expliquer lesdétails à leurs clients épargnants : legouvernement rate totalement l’objectifde sensibilisation des particuliers, et renden outre le suivi de la mesure pluscompliqué. Le refus du Ministère desFinances de gérer un nouveau produit l’aemporté dans un gouvernement qui ne sedonne que l’apparence de la volonté. ■

Laurent Hutinet

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Marie Le Pen et Arlette Laguiller separtagent la dernière place avec 5 sur20. Si ces deux candidats n'ont pas signéle pacte, Nicolas Sarkozy, François Bayrouet Marie-Georges Buffet, qui l'ont faitn'obtiennent pas pour autant la moyenne !

Un constat partagé,des « solutions » incohérentes

Dans leurs litanies, tous les candidats, oupresque, s’accordent : changement clima-tique, pollution, protection des ressourcesnaturelles sont des enjeux majeurs pournotre société. Mais les « solutions » proposéessont incohérentes car elles ne veulent fâcherpersonne : certains promettent à la fois ledéveloppement des énergies renouvelableset la promotion des économies d’énergietout en souhaitant continuer à développer le

La plupart des candidats à l'électionprésidentielle ont signé le pacte écolo-gique de Nicolas Hulot, mais leursprogrammes en matière de protectionde l'environnement et de solidaritéinternationale ne sont pas équivalents.

C'est pour rendre visibles ces diffé-rences que l'Alliance pour la planète aétabli et publié une notation desdifférents programmes des candidats.L'Alliance s'est fondée pour cela sur les 24mesures phares définies par ses membres.

Même si les débats internes ont étévifs notamment sur les notes attribuéesau PS et à la LCR, les différences sont detaille ! Sans surprise, Dominique Voynetet Corinne Lepage arrivent largement entête avec 16,5 sur 20, tandis que Jean-

Le Courrier de la • n° 149 • mars 20077

C i t o y e n n e t é e t a c t i o n s c o l l e c t i v e s

Élection présidentielleNotation des programmes : un trimestre médiocre

À l'initiative du Centre de Rechercheet d'Information pour le Dévelop-pement (Crid)*, et dans la pers-pective des élections présidentielleset législatives de 2007, un collectifd'organisations de la société civiles'est constitué le 6 février 2006.Baptisé « 2007 : état d'urgenceplanétaire ! », celui-ci réunit 22organisations et réseaux qui repré-sentent plusieurs milliers de groupeslocaux et 300 000 militants.

La campagne « État d'urgence plané-taire : votons pour une France solidaire ! »adresse aux candidat(e)s aux électionsprésidentielles et législatives cinquanterevendications précises sur onzethèmes allant de la protection de l'en-vironnement aux droits des migrants, en

passant par la responsabilité des entre-prises et le commerce équitable. Cettecampagne se décline en trois volets :présentation des revendications auxprincipaux candidat(e)s aux électionsprésidentielles et législatives, suivi derencontres avec ces derniers, et enfinmobilisations locales (actions citoyenneset interpellations directes). Trois typesd'action sont privilégiées : l'analyse desprogrammes et propositions des princi-paux partis via un site internetspécifique, l'interpellation directe descanditat(e)s aux élections et l'informa-tion des citoyens sur tout le territoire.

L'objectif de cette campagne est double :elle doit inciter les candidat(e)s à inté-grer les questions de solidarité interna-tionale dans leur programme et faire

en sorte que les citoyen(ne)s inscriventla solidarité internationale dans leurréflexion à l'approche du vote. Aprèsles élections, un suivi des candidat(e)sélu(e)s sera établi : au-delà despromesses, la solidarité doit se traduiredans de véritables décisions politiques. ■

Stéphanie Caladou

Les initiatives du collectif et l'analysedes programmes sont visibles sur le site :http://www.etatdurgenceplanetaire.fr

* Le collectif rassemble 22 organisations de développement,de défense des droits de l'Homme, de protection de l'environ-nement, ainsi que des organisations citoyennes : 4D, AccueilPaysan, ATTAC, CCFD, Cimade, CRID, Defap, Fasti, FédérationArtisans du Monde, FFMJC, Greenpeace, IPAM, Les Amis de laTerre, Ligue des droits de l'Homme, Oxfam France-Agir Ici,Peuples solidaires, Plate-forme pour le commerce équitable,RAC France, Réseau Sortir du nucléaire, Ritimo, SecoursCatholique- Caritas France, Survie.

2007 : Urgence planétaire !

Le 26 février, l'Alliancepour la planète a rendupublique sa notation desprogrammes des candidatsà la présidentielle

nucléaire. Les mêmes prônent une agricultureplus respectueuse de l’environnement et dela santé, mais restent en faveur des OGM etdes agrocarburants. La plupart des candidatsrestent favorables à l'incinération desdéchets, comme à leur réduction à la source,etc. On prend les mêmes et on recommence,au moment même où nous avons besoin decourage, de vrais choix de société, de projetsplus justes, plus équitables pour tous !

Les candidats peuvent encoreaméliorer leurs notes...

Nous allons continuer à rencontrer lescandidats et leurs équipes de campagnepour que les 24 mesures proposées par l’Al-liance soient intégrées dans les programmes.La notation évoluera jusqu’aux électionsen fonction de la prise en compte de cesmesures. Chacun peut agir en rencon-trant son député ou son sénateur, maissurtout en expliquant aux citoyens pour-quoi les enjeux écologiques demandentdes politiques de rupture ambitieuses.■

Anne Bringault

Si vous souhaitez en savoir plus sur les 24 mesuresde l’Alliance et sur la notation des candidats, consultezle site internet : www.lalliance-2007.org

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«5 minutes de répit pour la planète»Trois millions de foyers éteints L’action « 5 minutes de répit pour laplanète » organisée le 1er février2007 par les Amis de la Terre, à l'ini-tiative de l'Alliance pour la planète,a été un franc succès.

Une baisse de 1 % de la consommationélectrique française a été constatée, cequi représente l'équivalent de l'extinc-tion des veilles et lumières de troismillions de foyers. Les Amis de la Terretiennent à remercier vivement tousceux qui ont participé à cette action demobilisation, qui renforce ses revendi-cations pour la mise en place d'un plannational d'isolation des logements.

À 19h55 le 1er février dernier, leslumières de milliers d'appartements etde maisons, mais aussi celles de la TourEiffel, de la basilique de Fourvière àLyon, de Notre Dame de la Garde àMarseille, et de nombreux lieux enFrance se sont éteintes. Aucun incidentsur le réseau électrique n’est survenu,démentant certaines craintes évoquées,notamment par rapport au risque desurtension, et c’est dans la bonne

Procès de l'Erika Total face aux juges

les décideurs publics à mettre en placedes mesures concrètes pour développerl’efficacité énergétique et continuerontà faire pression par tous les moyens. ■

Cyrielle den Hartigh

Les lumières de la Tour Eiffel et celles de près de troismillions de foyers se sont éteintes à l'occasion de l'action« 5 minutes de répit pour la planète »

Le 13 février dernier s’est ouvert àParis le procès-fleuve de la maréenoire de l’Erika. Les Amis de la Terrey sont partie civile.

En décembre 1999, la catastrophe aoccasionné des dégâts considérables :400 kilomètres de littoral souillés, desdizaines de milliers d’oiseaux empoi-sonnés, des écosystèmes détruits, sanscompter les pertes économiques pourles collectivités locales et les centainesd’artisans de la mer ruinés. Malgré l’en-gagement de milliers de bénévolessolidaires, la nature a, une fois de plus,fait les frais de la négligence coupabledes hommes.

L’absence d’un arsenal juridiquemaritime contraignant

Les marées noires à répétition (TorreyCanyon en 1967, Amoco Cadiz en 1978,MSC Napoli récemment) n’ont cessé demettre en lumière la faiblesse du droitmaritime international. Malgré cela, lesréformes législatives ont peu avancé enEurope : alors que la justice américaine acondamné Exxon à verser plusieurs milliardsde dollars pour la marée noire de l’ExxonValdez en 1989, les sanctions euro-péennes restent dérisoires. Tout est faitpour que les responsabilités des affréteurssoient minimisées et rejetées sur lesexécutants secondaires du transport mari-

time. Au final, la nature et la collectivitépâtissent de la recherche permanente de laréduction des coûts de ces compagniespétrolières dont les bénéfices se chiffrentpourtant en dizaines de milliards d’euros.

Un combat en justice pourréformer le droit maritime

Représentés par Me Bourdon et MeAlexandre Faro, les Amis de la Terreespèrent que la justice reconnaîtra laresponsabilité civile et pénale de Totalen tant qu’affréteur, premier pas versune réforme ambitieuse du droit mari-time. A l’heure où le dernier rapport duGIEC confirme l’ampleur du change-ment climatique en cours, il s’agitégalement de rappeler l’impérieusenécessité de diminuer nos consomma-tions en énergies fossiles. ■

Gwenael Wasse

Responsabilité sociale et environnementale des entreprises

humeur générale que des rassemble-ments ont fleuri à Paris, Marseille, Nice,Toulouse… Dépassant nos espérances, lemot d'ordre s'est répandu à l'étranger,et a été repris par de grandes villescomme par de petits villages berbères.Plus de vingt pays ont participé à cegeste symbolique.

La réussite de l'action a été renduepossible par la diffusion massive d'unmail d'appel, à l'origine d'un véritable« buzz ». Les citoyens se sont appropriécette action qui a suscité une impor-tante couverture médiatique. Les « 5minutes de répit pour la planète » ontrendu plus visibles le réseau des Amis dela Terre et le travail mené toute l'annéepar les bénévoles à tous les niveaux.

L'action avait un double objectif :attirer l’attention de la population et despouvoirs publics sur la question des éco-nomies d’énergies et montrer aux candidatsà la présidentielle la forte mobilisationcitoyenne sur le thème du changementclimatique. Devant l’urgence de lasituation, les Amis de la Terre exhortent

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A g r i c u l t u r e e t c h i m i e

chimiques utilisées en Europe (sur les100 000 commercialisées !) pourlesquelles les industriels seront tenus defournir des données de sécurité.

... mais pas de réelle substitu-tion des produits dangereux

En outre, il adopte le principe desubstitution, mais en limite sérieuse-ment son application. De nombreusessubstances nocives pour la santé -substances cancérigènes, mutagènes ettoxiques pour la reproduction, certainsperturbateurs endocriniens - continue-ront d'être utilisées dans les produits deconsommation courante, si l’industrielprouve qu’il peut contrôler les risques« de façon adéquate » et ce même quanddes alternatives plus sûres existent.

Le consommateur demeure scandaleu-sement mal informé, faute d’un étiquetage

Projet de mine et de centrale au charbon dans la Nièvre :

La mobilisation populaire des défen-seurs des libertés publiques et desproduits naturels vient de remporterune première manche. La loi d’orientationAgricole du 5 janvier 2006 (voir n°148)était sans ambiguïté. Il s'agissait nonseulement de mettre hors service l’utili-sation à grande échelle des produitsnaturels, mais, en prime, de réprimersévèrement le simple fait de communi-quer sur l'usage des produits et sur leursrecettes, punissant ainsi la transmission dusavoir de peines pouvant aller jusqu'à75 000€ d’amende et 3 ans de prison.

Les députés corrigent le tir,mais le Ministère doit encorepréciser sa copie

Cette loi, après un essai de mise enapplication chez Eric Petiot, paysagisteet enseignant, a soulevé un tollé dans lapopulation. La volonté de faire la partbelle aux lobbies de l’agro-chimie vientd’être mise en échec grâce à une levéede bouclier sans précédent des citoyens,du monde associatif (dont les Amis de la

La Confédérationpaysannedemandeun moratoirepour unprintemps sans OGM

Loi d'orientation agricole, suiteBelle victoire d'étape pour les produits naturels

Terre) accompagnés par des médias euxaussi menacés. La loi a été modifiée parun amendement en décembre 2006 etdoit être précisée par un décret visant àdéfinir le caractère « peu préoccupant »des produits naturels autorisés.

Les Amis de la Terre sont présents dansla commission chargée de préciser cedécret. A ce jour, le Ministère de l'Agri-culture semble nettement plus à l’écoutedes défenseurs des pratiques culturalesnaturelles qu’au moment du contrôle dela DGCCRF chez Eric Petiot. Nous restonstrès vigilants, car la rédaction finale dudécret et de son lot d’arrêtés d’applicationsera déterminante pour l’avenir des produitsnaturels. Savourons tout de même cettepremière victoire, tellement l’enjeu étaitgrand, tant au plan des restrictions de laliberté d’expression que de la mainmisede l’agro-chimie sur la santé et desmenaces de disparition du bio… À suivre.■

Jean-François Lyphout

Contact :[email protected]

Chimie : un Règlement à responsabilité limitéeAprès 10 ans de négociations, l’Unioneuropéenne a adopté, en décembredernier, la réglementation « REACH » surles substances chimiques. Ce nouveaucadre législatif devrait permettre deréduire notre exposition quotidienneaux substances toxiques, à l’origine del’explosion du nombre de cancers, trou-bles du développement de l’enfant etbaisse de la fertilité humaine.

Un premier pas encourageantLe dispositif adopté, bien qu’amoindri

par le lobbying de l’industrie chimique,constitue néanmoins une avancée impor-tante. En effet, il va permettre d’évaluer,contrôler et limiter la production etl’usage de certaines des substances lesplus dangereuses pour la santé et l’envi-ronnement. Il prévoit pour cela derépertorier quelques 30 000 substances

Les Amis de la Terre Europe devant le Parlement européen

L’année 2006 a connu des avancées majeuresen matière de lutte contre les cultures OGM :condamnation des responsables de Monsantopour vente illégale et publicité mensongère,annulations d’autorisations d’essais, relaxesde faucheurs, confirmation du droit desÉtats à voter des moratoires partiels.

En revanche, le renouvellement en 2007,des autorisations accordées en 1998, dontcelle du seul maïs OGM cultivé aujourd'huien Europe (le Mon 810), va à l’encontre denouvelles données scientifiques et de lademande des consommateurs.

Une loi doit donc être instaurée, pour lespaysans et les citoyens, afin de protéger lessystèmes agraires existants, la nourriture etles autres produits. Un débat doit égalementêtre ouvert sur un moratoire européen interdi-sant leur dissémination volontaire dansl’environnement. Les responsables politiques quirefuseraient d’en instaurer un sur toute culturede maïs OGM seraient responsables et complicesde la généralisation des contaminations. ■

Éric Meunier

listant les substances chimiques dange-reuses. À défaut, il pourra toujours deman-der au fabricant d’un produit la liste desingrédients « extrêmement préoccu-pants » qu’il contient ! ■

Anne Castelain

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L e s g r o u p e s l o c a u x e n a c t i o n

C 'est dans un climat tendu que setermine l'information judiciaire ouvertesur plainte des victimes. A Gilly surIsère, en octobre 2001, l'incinérateur àl'origine d'une pollution majeure à ladioxine a été fermé en catastrophe. Lesdoses ont atteint jusqu'à 12 850 fois lavaleur limite admise. Après l'abattage de7000 bêtes sur 285 exploitations et leplacement du foin sous séquestre, l'ex-ploitant Norvegie (groupe Suez), leSyndicat intercommunal et le maired'Albertville ont été mis en examen.

Un procureur timide,des lobbies puissants

Mais le dossier dérange. Le Parquetn'ouvre aucune procédure en 2001 ets'associe depuis aux personnes poursui-vies pour minimiser l'affaire et entraverl'action du juge d'instruction qu'il atenté de dessaisir au profit d'un pôlesanitaire marseillais fantomatique. L'as-sociation des victimes (ACALP) tient bondepuis des années, s'invite dans le débatpublic, promeut les alternatives à l'inci-néra t ion e t c r i t ique fe rmementl'attentisme des élus.

Le procureur a annoncé qu'il allait« dégonfler » ce dossier « trop émotion-nel ». On peut donc s'attendre au pire :un procès correctionnel de la dioxinefait bien trop peur au lobby de l'inciné-ration pour que l'Etat ne tente pas partous les moyens de faire oublier l'af-faire. Après avoir refusé le statutd'association de victimes à l'ACALP, ils'efforce d'obtenir l'annulation de lamise en examen des préfets.

L'InVS revoit les cancers à labaisse et regarde ailleurs

Parallèlement, les rapports de l'Institutnational de veille sanitaire (InVS) de2006 suscitent toutes les interrogations.Après avoir par le passé reconnu, sur labase des registres, un surcroît decancers dûs aux dioxines, l'InVS publieune étude sur le lait maternel à Gilly ense fondant sur 48 cas seulement, etcompare ces résultats de 2006 à des

moyennes nationales de 2000... Plusgrave encore, alors que les cancersapparaissent 20 à 30 ans après l'exposi-tion, l'étude s'achève en 2002, soit 16ans après l'ouverture du four, et l'InVSestime qu'il est inutile de poursuivre lasurveillance. Personne ne sait expliquerpourquoi, curieusement, l'imprégnationdes habitants est infér ieure à lamoyenne nationale. La catastrophe aura au moins permis lafermeture de dizaines d'incinérateurs

Isère, Haute-Savoie et Savoie Pollution majeure à Gilly sur Isère : le procès de la dioxine reste à ouvrir

Le réseau national s'enrichit avec lacréation en janvier dernier, d'ungroupe local en Savoie. La mobilisationdes Amis de la Terre en Savoie seconcentre actuellement sur le devenirdu plateau du Revard, dans le Parcregionnal des Bauges, menacé par desprojets qui tendraient à transformer ceplateau en parc d'attractions.

Ces projets sont à mettre en relation avecles problématiques actuelles sur le chan-gement climatique, la pollution liéeaux loisirs motorisés et au tourisme dela neige, mais aussi sur la preservation depatrimoine naturel pour les générations

futures. Les Amis de la Terre Savoietravailleront sur la thématique destransports et de la protection dulittoral et de la montagne, en complé-mentarité avec les groupes voisins deHaute-Savoie et d'Isère. Le groupesoutiendra aussi les campagnes natio-nales, sur l'agriculture biologique et lesénergies renouvelables notamment. ■

Caroline Prak

Pour rejoindre et soutenir les Amis de laTerre -Savoie, n'hésitez pas à contacterPatrick BASTIEN : Tél : 06 37 54 47 [email protected]

Les Amis de la Terre renforcentleur présence en Rhône-Alpes

L'association des victimes de la catastrophe de Gilly s'est formée après la découverte de la pollution à la dioxine provoquéepar l'incinérateur.

hors normes que l'Etat laissait fonc-tionner par inaction. Seul un procèspourra faire jaillir la vérité sur lesresponsabilités qui ont abouti à cedésastre majeur. Son ouverture est entreles mains d'un juge d'instruction soumisà d'intenses pressions. ■

Les Amis de la Terre Isère,Haute-Savoie et Savoie

Plus d'informations : www.acalp.org

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L e s g r o u p e s l o c a u x e n a c t i o n

Peut-on espérer que l’ensemble desélus et des habitants permanents outemporaires encourage une polycul-ture locale? Une agriculture dequalité qui respecte l’environne-ment, créé de l’emploi, et produiseune bonne partie des fruits etlégumes de saison ?

Un remaniement agricole Groix était un immense jardin potager

formidablement entretenu, une poly-culture naturelle avec apport degoémon. Une terre riche en nutrimentset vers de terre. L’agriculture conven-tionnelle, après un remembrementmusclé, a participé à la détérioration desécosystèmes ruraux. Pour différentesraisons, les parcelles agricoles ont étépartagées en champs cultivés auxintrants chimiques et en terres aban-données. Comme on l’a vu cet été, lesmasses de ronces et de prunelliers cons-tituent un risque d’incendie.

Il est stupéfiant de constater qu’au-jourd’hui un ex-élu, également agriculteur,

arrose de glyphosate des terres en zonede captage, au vu et au su de tous! Quefait donc le Service Privé de l’Eau ? A-t-il oublié la réglementation? Les consom-mateurs ont là de quoi lui rappeler leurexistence et attentes en terme de qualitéd’eau et de respect de la nappe phréatique.

… doublé d’une prolifération animale

Ceci n’est qu’un volet des mésaventuresactuelles pour la reconquête de terresnourricières. Sur les 20 km2 de l’île, il y aprobablement plus de 30 000 lapins pourpeut-être 70 chasseurs. Ces lapins dévas-tent allègrement des dizaines d’hectaresde plantations. Ils ont compris qu’unevégétation sans apports chimiques estexcellente, pas bêtes ces rongeurs !

Compte tenu du sens de la multiplica-tion de ces petits mammifères, qui vagagner en 2007 ? Les lapins ou les Groi-sillons qui veulent une économie localedurable, une île pleine de biodiversité etd’attraits ? À suivre. ■

Armina Knibbe

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Limousin Transport et réchauffement, un enjeu pour le Limousin

Ile-de-Groix Reconquêrir les terres nourricièresde l'Ile de Groix ?

Enfin, la sous-préfecture de la Corrèze,Brive la Gaillarde, torse gonflé à bloc etforte de ses 49 141 habitants (sic), meten chantier un aéroport internationalqui va détruire les milieux naturels etdéstabiliser l’économie régionale. Enbétonnant et en niant le sombre avenirdu trafic aérien, les Brivistes entendentappâter la clientèle du nord de l'Europe !

Quelle coordination entre tous ces projets ?

Quelle réflexion globale sur la poli-tique des transports ? C’est précisémentla question à laquelle ont décidé derépondre les Amis de la Terre Limousin.

Alors que l’actualité sur le change-ment climatique est brûlante, et que26 % des gaz à effet de serre sontémis par le secteur des transports,que font les pouvoirs publics limou-sins ? Chaque collectivité défend sonprojet d’infrastructure.

Ainsi, Limoges veut une liaison TGVavec Poitiers en oubliant la priorité quidevrait être donnée aux investissementspublics pour le fret. D’autres veulentmultiplier les liaisons routières à quatrevoies, oubliant que l’autoroute n'est pasun outil de développement économique,et que l’A89 (Bordeaux - ClermontFerrand) est définitivement déserte.

Informés au cours de sessions proposéeslors d’une première étape, les partici-pants élaboreront des propositions (oucontre-propositions) pour, dans undernier temps, interpeller les décideurs.Chacune de ces étapes pourra être accom-pagnée par des actions en direction dugrand public, des conférences, uneprésence médiatique, des actions de rue…

La mise en place de permanences caféet les réunions mensuelles du grouped’animation seront autant d’occasionspour chaque citoyen de contribuer àcette réflexion naissante. ■

Julien Bétaille

Sur l'Ile de Groix, l'agriculture conventionnelle, après unremembrement musclé, a participé à la détérioration desécosystèmes ruraux.

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L e s g r o u p e s l o c a u x e n a c t i o n

Une grande partie des habitations etterres entourant le château de la communesont la propriété du Duc de Noailles.Également maire de la commune, le Ducsemble s’être arrogé le pouvoir deréviser le plan local d'urbanisme à saguise. C’est ainsi qu’apparaît dans lenouveau PLU une décharge sur plus de70 hectares et une usine de tri de 4 000 m2

défigurant le paysage et supprimant unchemin départemental de randonnée.

Les Amis de la Terre Val d'Ysieux, suivispar le Parc naturel, la communauté decommunes et deux autres associationsont attaqué la révision du PLU devant letribunal administratif de Pontoise. Letribunal a annulé la révision du PLU pour

Plus de 70 hectares du parc natureldu Val d’Oise risquent de se transfor-mer en une montagne de détritus.Grâce à la mobilisation des Amis dela Terre - Val d’Ysieux, la révision duPlan local d'urbanisme (PLU) a étéannulée par le tribunal administratif.

La commune d’Épinay - Champlâtreuxdans le Val d’Oise est située au cœurd’un parc naturel régional. Classé« zones de sensibilité paysagère » dans lacharte du parc, ce site accueille denombreuses espèces protégées : le cerfd’Europe, la chouette chevêche, lecriquet des jachères, le héron cendré, lapie grièche écorcheur, le grand murin oubien encore l’alisier blanc.

Val d’YsieuxBlocus contre l’implantation d’une décharge

cinq motifs : l’intérêt personnel du maire,l’absence d’intérêt général de lacommune, le refus de consulter les asso-ciations, l’incom- patibilité du projet avecla charte du Parc naturel régional et laproximité du Château d’Épinay – en limited’un site classé et inscrit dans une zonenaturelle d’intérêt écologique, faunistiqueet floristique – le maire, fort de l’appui duConseil général et du Préfet, a fait appel.Les défenseurs de l’environnement et leParc ont promis d’aller jusqu’au bout. ■

Étienne Bohler

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ParisUne cheminée à effet de serre : le Tunnel de Neuilly

cements domicile – travail à traversNeuilly, alors qu’aucune mesure detransport en commun supplémentairen’est prévue.

Cette coûteuse opération pourraitremettre en cause les budgets que l’Etatet la Région consacreront aux projetsd’infrastructure de transports collectifs,qui devront être à la hauteur des enjeuxclimatiques des vingt prochaines années.

L’aménagement de pistes cyclables, lamise en œuvre de plans de déplacementd’entreprise (PDE) pour les entreprisesde La Défense, la mise en place decouloirs de bus protégés et de transportscollectifs inter-banlieues constitue-raient des solutions alternatives plusefficaces de réduction du trafic auto-mobile et de lutte contre l’effet de serre.C'est pourquoi, les Amis de la Terre Parisdemandent un moratoire sur les inves-tissements routiers en Ile de France. ■

Claude Bascompte / Françoise Chevris

vient de rendre sonrapport confirmant lanécessaire réductiondes émissions de gaz àeffet de serre, l’Étatautorise l’enfouisse-ment de la Nationale13 à Neuilly. Ce projetcoûtant près d ’unmill iard d’euros estaux antipodes despol it iques de luttecontre le changementclimatique.

Il ne répond pas nonplus aux légitimes préoccupations desinitiateurs du projet, qui souhaitentréduire les pollutions, celles qui émane-ront du tunnel devant être rejetées àl’extérieur avec des concentrationsimportantes aux lieux d’évacuation.

De plus, les deux tours de bureaux de50 étages qui seraient construites sur lasurface récupérée accroîtront les dépla-

Les Amis de la Terre - Paris dénon-cent les contradictions de l’Etat quivient de donner son feu vert auprojet de tunnel sous l ’avenueCharles de Gaulle à Neuilly.

Alors que depuis une loi de 2005, lalutte contre le changement climatiquefait partie des priorités de la politiqueénergétique, et que Christian de Boissieu

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I n t e r n a t i o n a l

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Usine de pâte à papier géante En Uruguay, le Crédit Agricoletrahit ses rares principesEn janvier 2007, la filiale interna-tionale du Crédit Agricole a acceptéde financer une usine de pâte àpapier géante qui suscite une mobi-lisation historique en Uruguay et enArgentine. Ce soutien décrédibilisetotalement les quelques engage-ments de responsabilité environne-mentale manifestés par le groupe.

12 janvier 2007 : la totalité des accèsterrestres entre l’Uruguay et l’Argentinesont bloqués par les manifestants. Enligne de mire, l’usine de pâte à papier enconstruction sur les rives du fleuveUruguay qui sépare les deux pays. Avecune production d'un million de tonnespar an de pulpe d’eucalyptus, cetteusine appartenant à l’entreprise finlan-daise Botnia sera l 'une des plusimportantes du monde. Selon la Banquemondiale, l’activité générera 2 500emplois locaux. Alors pourquoi une tellecolère ? Tout d'abord parce que lesdonnées avancées par la Banquemondiale sont biaisées. Deux de sesorganes, la Société Financière Interna-tionale et l’Agence Multilatérale deGarantie des Investissements ontrespectivement accordé des prêts etgaranties au projet en se fondant surcelles-ci. Mais après un dépôt deplainte, le médiateur de la Banquemondiale a établi en février 2006 unrapport indépendant.

Impacts délibérément négligés,population ignorée

Les dangers sociaux, économiques etenvironnementaux établis dans le rapportdu médiateur sont immenses. Le dénides impacts de l’usine sur les populationslocales est flagrant : alors que plus de300 000 personnes habitent dans la zoned’influence de cette industrie, elles n’ontété consultées qu’une fois la constructionde l’usine commencée. A la pollutiondéfigurant les sites touristiques s’ajoutentles risques sanitaires. L’usine utilisera latechnologie Elemental Chlorine Free. Leprocédé incorpore du dioxyde de chlore dansle processus de blanchiment, produisant

des perturbateurs endocriniens, desdioxines et des émissions de dioxyde desoufre - responsable des pluies acides.

De plus, en aval de l’usine à seulement14 km se déploie une zone humide, sited’accueil de la faune migratrice classéau niveau international. En certainesconditions de marée, des polluants orga-niques persistants pourront atteindre cesite. La viabilité économique de cetteentreprise est aussi mise en cause par uneétude de l’Université nationale d’Uruguay.Pour pouvoir fonctionner à plein, l’usine abesoin de 198 000 hectares d’eucalyptusdans un rayon de 200 km. Or l’Uruguayne peut fournir que 67 % des besoins del’usine. Il est probable que l’usine tourneen sous capacité ou qu'elle importe du bois ;dès lors, la hausse de la demande d'eu-calyptus aura des impacts négatifs majeurspour les agriculteurs de la région.

De conflits juridiques en crisesdiplomatiques

Quatorze plaintes sont liées au projet.La Cour Internationale de Justice (CIJ) aété appelée à trancher en juillet 2006 laplainte par laquelle l’Argentine accusaitson voisin d’avoir violé le Traité dufleuve Uruguay. Ce Traité établit lagestion commune et la protection desressources naturelles du fleuve depuis1975. La CIJ n’a pas considéré les dangersengendrés par l’usine comme imminentset irréversibles tout en laissant la porteouverte à une plainte ultérieure.

Ces faits interviennent dans le contexted'un grave conflit diplomatique. Sous lapression des manifestations, grèves etblocages routiers, les présidents des deuxpays se sont réunis en mai 2006 pourrechercher une sortie de crise. Après onzeheures de discussion, ils ont demandé àBotnia de stopper la construction del’usine dans l’attente de nouvelles étudesd’impact environnemental. Botnia arefusé. Les interventions du Brésil, du Chiliet du Venezuela pour éviter les impactspotentiels sur leurs relations commer-ciales n’ont pas fait bouger Botnia.

Les valeurs du Crédit Agricole :vérité en deçà des Pyrénées,mensonge au-delà ?

La banque néerlandaise ING a renoncéà financer l’usine. De son côté, l’entre-prise espagnole ENCE a abandonné unprojet sur le même site. Les Amis de laTerre ont rencontré le Crédit Agricole àplusieurs reprises pour attirer son atten-tion sur les risques du projet. En janvier2007, Calyon, sa filiale internationale, anéanmoins accepté de financer l’usine.Pour Sébastien Godinot, des Amis de laTerre, « cette décision remet en cause lacrédibilité des engagements sociaux etenvironnementaux du Crédit Agricole,notamment les Principes d’Equateur1

sur lesquels le groupe communiquebeaucoup, mais qu’il n’a pas cherché àappliquer ici : à quoi servent-ils ? »

« Une relation durable, ça change lavie » affirme la banque. En effet. Aprèsavoir financé en France le démantèle-ment de l'agriculture traditionnelle touten continuant à favoriser une agro-industrie qui vide les campagnesfrançaises de leur vie, le Crédit Agricolesoutient à présent la destruction desagricultures et des sylvicultures viablesen Uruguay et en Argentine en promou-vant une usine aux capacités délirantes.Aucun mécanisme ne garantit la mise enœuvre des engagements pris, ce quidémontre, si besoin était, le doublelangage d'une des plus puissantes insti-tutions de notre pays. ■

Sophie Chapelle

1 En signant les principes d'Equateur, une banque s'engage à prendreen compte un certain nombre de critères d'évaluation sociauxet environnementaux dans le choix des projets qu'elle finance.

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milieu naturel, énergie, pollutions, agri-culture et pêche, développementdurable, etc. Il convient parfaitement àl'ouverture de débats avec les non-initiéset permettra d'attirer l'attention de ceuxqui souhaiteront aller plus loin.

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Ce n'est pas la dernièrenouveauté. Mais le livrenous plaît. Servies parune écriture limpide, lesquestions sont « Commentles sociétés ont-ellesdisparu dans le passé ? »ou « au rythme actuel dela croisance démogra-phique, et particulière-ment de l'augmentationdes besoins économiques

et en énergie, les sociétés contempo-raines pourront-elles survivre demain ? »

Au terme d'une analyse poussée,appuyée sur l'exemple de la disparitionde la colonie Viking du Groenlandcomme sur ceux des sociétés aujourd'huifragiles (Rwanda, Haïti, Saint-Domingue,Chine), l'auteur montre qu'une sociéténe s'est jamais effondrée en raison deseules contraintes écologiques, mais queson sort est conditionné par la conjonc-tion de dommages environnementaux,d'un changement climatique, d'un voisi-nage hostile, d'un rapport dedépendance commerciale et desréponses sociales élaborées auxmoments critiques face à ces défis. Fortde cette analyse, Diamond conclut que ladisparition des sociétés occidentalesn'est pas tant en cause que l'examen desconséquences sociales des différentsscénarios d'adaptation possibles. LesAmis de la Terre y seront sensibles.

■ 648 pages - Editions Gallimard - Mai 2006■ Prix : 29,50 €

Écologuide de A à ZFondation Nicolas Hulot

Un gentil abécédaire bonmarché (2 €), à mettreentre les mains de tousles ignares en écologie.Peu sévère dans le ton, ycompris avec les pollu-

tions comme sur le nucléaire, il fait toutde même en moins de 100 pages le tourdes grandes notions indispensables à unpremier décodage du discours ambiant :

Bâtir écologique, chroniqued’une construction boisEmmanuel Carcano

Comment réalisersa maison écolo-gique, en bois, enauto-constructionassistée, en six mois,et pour 100 000€?Réponse dans cecarnet de bord,inédit. Ossature bois,ouate de cellulose,puits canadien,

eau chaude solaire, toiture végétalisée…Un livre très pratique et richementillustré pour partager les réflexions del’auteur, mais aussi, bien sûr, les étapesde son chantier. Avec des avis de profes-sionnels, les prix, la législation.

■ Editions Terre Vivante - Avril 2007■ Prix : 21 € + frais de port + frais de port (utilisez le bulletin de commande ci-contre)

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L e c o i n d e s l i v r e s

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Le courrier de

Le courrier de la Baleine n° 149Trimestriel - mars 2007 n°CPPAP : 0307 G 86222

Ce numéro se compose d’un cahier principal (16 pages) et des suppléments :Nous Autres 149, guide éco-citoyen « Environ-nement : comment choisir ma banque ? »,invitation à l’Assemblée générale 2007,et document « Pour des alternatives au nucléaire, stop EPR ».

Directrice de la publication :Joo Zimmermann

Rédacteurs : Claude Bascompte, Julien Bétaille,Etienne Bohler,Anne Bringault, Stéphanie Caladou,Anne Castelain, Michelle Chan-Fishel, SophieChapelle, Françoise Chevris, Cyrielle den Hartigh,Fabrice Flipo, Sébastien Godinot, LaurentHutinet, Armina Knibbe, Jean-François Lyphout,Éric Meunier, Caroline Prak, Gwenael Wasse,Joo Zimmermann, Les Amis de la Terre Isère,Haute-Savoie, Savoie

Relecteurs : Stéphanie Caladou,Sophie Chapelle, Célia Fontaine, LaurentHutinet, Odette Kobana, Claire Lux,Eric Meunier, Caroline Prak, EmmanuelleRoggeri, Perrine Vallet

Illustrations et photos :L’Alliance pour la planète, Les Amis de la Terre,Giovanni Garrido, François Gorin, Bob Thomson

Maquette : François Gorin

Impression : imprimé sur papier recyclé par Presse Pluriel 01 43 66 71 53

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Le Courrier de la • n° 148 • décembre 200615

■ Banques françaises : épargnez le climat !Les Amis de la Terre - décembre 2005 dépliant - 0,5 €

■ Gérer l’eau avec les citoyens,quelles alternatives ? Recueil d’expériences au Sud et pistes de réflexion sur la gestion participative.Les Amis de la Terre - septembre 2005 72 pages - 7 €

■ Alternatives Économiques :les banques doivent passer au vertN° spécial Amis de la Terre - mars 2006 - 2 €

Boutique

■ T-shirt bio et équitable « Ozone »Tailles disponibles : femmes (S, M ou L),hommes (M, L ou XL). 15 € + frais de port

■ Cartes de correspondance Carte double - format fermé : 10 x 21 cm(avec enveloppe) - 7 € les 5 + frais de port

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Les Amis de la Terre■ « Changements climatiques : équité

et solidarité internationale »Ouvrage collectif de 43 pages couleur - 3 €

Agriculture et OGM ■ Pour une Europe sans OGM :

à nous de décider ! Les Amis de la Terre - février 2006 dépliant - 0,5 €

■ Des gaz à effet de serre dans mon assiette Réseau Action Climat - France - décembre 2006dépliant - gratuit

Forêts ■ Teck de Birmanie : le bois du scandale

Les Amis de la Terre - mars 2006 dépliant - 0,5 €

■ Bassin du Congo : à qui profite la forêt ?Agir ici - mars / juin 2006, dépliant - 1 €

■ Moabi : arbre de vie ou de profit ?Les Amis de la Terre - février 2005 dépliant - 0,5 €

■ Affiche « Oh ! la belle forêt tropicale »Les Amis de la Terre - décembre 2003 - 3 €

■ Guide du consommateur de boisLes Amis de la Terre - Juin 2003 - 16 pages, 3 €

Modes de production etde consommation durables

■ Stop aux piles, choisissonsune énergie durableLes Amis de la Terre - septembre 2006 dépliant - 0,5 €

Nucléaire et énergies

■ Foyers mal chauffés et climat dérégléLes Amis de la Terre - juin 2006dépliant - 0,5 €

Responsabilité des acteurs financiers

■ Guide éco-citoyen sur les banques« Environnement : comment choisir ma banque ?»Les Amis de la Terre France - février 2007

■ Rapport sur les banques « Banques françaises, banques fossiles?»Les Amis de la Terre France - février 2007

■ La Banque Européenne d’Investissementdans les pays du Sud : au bénéfice de qui ?Les Amis de la Terre International janvier 2006 - 52 pages - 3 €

■ Banques françaises et environnement :presque tout reste à faireLes Amis de la Terre - mars 2006 - 72 pages - 5 €

Vous pouvez désormais commander en ligne sur notre site Internet des livres, des guidespratiques pour pimenter votrequotidien de gestes écolos ! www.amisdelaterre.org

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Vous pouvez désormais commander en ligne sur notre site Internet des livres, des guidespratiques pour pimenter votrequotidien de gestes écolos ! www.amisdelaterre.org

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R é s e a u x

Bulletin de soutien et d’abonnement

Bulletin à renvoyer aux Amis de la Terre, 2B rue Jules Ferry 93100 MontreuilLes informations contenues dans la présente demande ne seront utilisées que pour les seules nécessités de la gestion et pourront donner lieu à exercice du droit individuel d’accès, de rectification et de suppression dansles conditions prévues par la délibération n° 80 du 01/04/80 de la Commission nationale informatique et libertés.

Les Amis de la Terre-France - 2B rue Jules Ferry - 93100 Montreuil Tél. 01 48 51 32 22 - Fax. 01 48 51 95 12Mél : [email protected] / Site internet : www.amisdelaterre.org

GroupesAmis de la TerreDUNKERQUE (NORD)Nicolas FOURNIERBP 21 - 106 avenue du Casino59941 DUNKERQUE Cedex 2Tél : 03 28 20 30 40Fax : 03 28 20 30 [email protected]

GERSRobert CAMPGUILHEM31 rue Rouget de Lisle32000 AUCHTél : 05 62 65 64 50Fax : 05 62 60 14 [email protected]

HAUTE-NORMANDIEArnaud FIX32 rue des Oiseaux Appartement n°3 27400 LOUVIERSTél : 02 32 50 79 [email protected]

HAUTE-SAVOIE22 Allée des Vergers74600 SEYNODTél : 06 24 27 45 [email protected]

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ÎLE DE GROIXContact : Jessica COLINLes Amis de la Terre Ile-de-GroixBoîte des associations - Mairie56590 ILE-DE-GROIXTel : 06 81 21 31 [email protected]

ISÈREHenry TIDY,16 Grand Rue38000 GRENOBLETél : 06 27 44 16 [email protected]

LANDESChristian BERDOT24 boulevard Candau40000 MONT-DE-MARSANTél/Fax : 05 58 75 34 [email protected]

LIMOUSINJean SCHWEYERMaison des droits de l’Homme37, rue Frédéric Mistral87100 LIMOGESTél : 05 55 53 77 [email protected]

LOIREHervé CHAPUIS7 bis rue des Bruns42450 SURY LE COMTALTél : 06 07 37 03 [email protected]

LOIRE-ATLANTIQUEOdile DEMAURE4 rue Pierre Landais44200 NANTESTél : 02 40 76 69 [email protected]

MAYENNEMarc-Michel DUGUE350 chemin St Pierre le Potier53000 LAVALTél : 02 43 56 12 [email protected]

MIDI-PYRÉNÉESAlain CIEKANSKI21 rue Bernard Mulé31400 TOULOUSE Agenda 24 h/24 :Tél/Fax : 05 61 34 88 15 [email protected]

MONTREUILAlain DORDÉSecrétariat national2B rue Jules Ferry93100 MONTREUILTél : 01 41 72 18 [email protected]

MOSELLEAlexis NAUROY2 rue de l’Yser 57000 METZTél : 03 87 62 19 [email protected]

PARISClaude BASCOMPTE95 rue des Grands Champs75020 PARISTél : 01 43 56 93 [email protected]

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POITOU (VIENNE)Françoise CHANIAL6 rue de l’ermitage86580 BIARDTél : 05 49 58 25 [email protected]

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Groupes nationaux :Allemagne (Bund-Freunde der Erde), Afrique du Sud, Angleterre/Pays de Galles/Irlande du Nord,Argentine, Australie, Autriche (Global 2000),Bangladesh (IEDS), Belgique, Belgique Flandres (For Mother Earth), Bolivie, Brésil, Bulgarie (Ecoglas-nost), Cameroun (CED), Canada, Chili (Codeff),Chypre, Colombie (CENSAT), Corée, Costa Rica(COECOCEIBA), Croatie, Curaçao, Danemark (NOAH),Écosse, Espagne, Estonie (ERL), États-Unis, Finlande(Maan ystävät ry), Géorgie (SMM), Ghana, Grenade,Guatemala, Haïti (cohpeda), Honduras, Hongrie(MTS), Île Maurice, Indonésie (WALHI), Irlande(Earthwatch), Italie, Japon, Lettonie (VAK), Lituanie(LZJ), Luxembourg (Mouvement Écologique), Macé-doine (DEM), Malaisie (Sahabat Alam Malaysia),Mali (Guamina), Malte, Népal, Nicaragua (CentroHumboldt), Niger (Environmental Right Action),Norvège (NNV), Nouvelle Zélande, Palestine(Pagon), Papouasie-Nouvelle Guinée, Paraguay(Sobrevivencia), Pays-Bas (Vereniging Milieude-fensie), Pérou, Philippines (LRC-KSK), Pologne (PKE),République Tchèque (Hnutí Duha), Salvador(CESTA), Sierra Leone, Slovaquie, Sri Lanka, Suède(MJV), Suisse (Pro Natura), Swaziland, Togo, Tunisie(ATPNE), Ukraine (Zenelyi Zvit) et Uruguay (REDES).

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VAL-DE-BIÈVRERichard COTTIN36 rue Jean Rostand91300 MASSYTél : 01 60 13 99 [email protected]

VAL-D’OISEAnne GELLÉ14 rue des Chasseurs95100 ARGENTEUILTél/Fax : 01 39 80 15 [email protected]

VAL-D’YSIEUX (Val-d’Oise et Oise)Arlette NOEL5 rue de la Source - 95470 FOSSESTél : 01 34 71 25 34

VAUCLUSEMonique CORTASSELa Badelle - 84220 GORDESTél : 04 90 72 20 [email protected]

L’action des Amis de la Terreest relayée par des déléguésdans les départements suivants :Aisne,Aveyron, Bouches-du-Rhône,Corse, Hautes-Pyrénées, Yvelines,Somme,Tarn,Tarn et Garonne, Lot.

Pour avoir leurs coordonnées,s’adresser aux Amis de la Terre France.

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