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Depuis 1971 décembre 2009 / 320 N°160 www.amisdelaterre.org Institutions financières et climat : Hommage à Pierre Samuel Mobilisations à Copenhague Marées vertes, crises environnementales et sanitaires Hommage à Pierre Samuel Mobilisations à Copenhague Marées vertes, crises environnementales et sanitaires Institutions financières et climat : le double langage le double langage

La Baleine 160

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Institutions financières et climat, le double langage

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Depuis 1971 décembre 2009 / 3€20 N°160

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Institutionsfinancièreset climat :

Hommage à Pierre Samuel

Mobilisations à Copenhague

Marées vertes,crises environnementales et sanitaires

Hommage à Pierre Samuel

Mobilisations à Copenhague

Marées vertes,crises environnementales et sanitaires

Institutionsfinancièreset climat :

le doublelangage

le doublelangage

SOMMAIREEditoDes indicateurs, pourquoi, pour quel projet ?

3 - 5 > INteRNAtIONAL• Douche froide à Copenhague : la mobilisationne doit pas faiblir !

• RSEE : des témoins du Sud se tournentvers l’Europe

• Japon : un changement de cap réaliste ?• La surconsommation épinglée par un nouveaurapport

6 - 8 > FRANce• Hommage à Pierre Samuel• Projet de taxe carbone : inefficaceet légitimement impopulaire

• Découvrir les «secrets bancaires» • Nanotechnologies : la loi économique plusforte que le débat

9 - 10 > RÉGIONs• Portrait : en route vers un autre monde• Déchets : réduction et recyclage contreles incinérateurs

• Marée verte : une crise environnementaleen cache une sanitaire

• Interpeller les pouvoirs locaux sur le climat

11 - 16 > DOssIeR :INstItutIONs FINANcIèRes - cLImAt :Le DOuBLe LANGAGe • Institutions financières internationales :entre hypocrisie et schizophrénie

• Addiction au carbone : la BEI réchauffele climat dans l’opacité la plus totale

• Les idées reçues du Pr. Emil Emilion• Gouvernance : la BEI joue la carte de l’opacité• Mines : «La BEI devrait accroître ses prêts àl’agriculture ou au tourisme, plus soutenables»

• Subventions aux fossiles, merci la BEI !• BEI et transports : le bon secoursdes aéroports et des autoroutes

• Les IFI parient sur les marchés carbone• Mobilisation : agir et changer les politiquesd’investissement

17 > cOIN Des LIvRes• «L’animal n’est plus, il est devenuune marchandise»

• Publications

18 > ReseAuX • Les Amis de la Terre en France et dansle monde

• Bulletin d’adhésion

19 > JuRIDIQue, cOLLectIFs• La réparation du préjudice écologique en débat• Des actions, oui, mais collectives !

20 > pRAtIQue, HumeuRs• Dilemmes écologiques au quotidien• J’y compense et puis j’oublie

Il aura fallu un économiste de renom, Joseph Stiglitz, et une commissiond’experts pour révéler ce que les citoyens avertis savaient déjà : le PIB est tropquantitatif et partiel pour en faire l’unique outil de pilotage de l’évolution de notresociété.

En effet, il occulte ou n’identifie pas des aspects majeurs de notre mode devie et de notre organisation sociale : en ne prenant en considération que des acti-vités marchandes, il omet leurs dommages causés à la société et à l’environnement,et ignore les activités non rémunérées et les inégalités. Enfin, le PIB ne permetpas d’alerter sur le dépassement des limites de certains biens vitaux. En résumé,les dimensions sociale et écologique de nos sociétés sont largement occultées.

Dans le but de pallier ces critiques, des indicateurs de développement durablevont être définis. Une commission de concertation a été constituée à cet effet.Mais suffit-il d’adapter l’instrument de mesure et corriger les insuffisances pouravoir un meilleur baromètre et un résultat répondant aux attentes ? Avant de passerà cet exercice, il nous faut définir et nous accorder sur ce que nous voulonsmesurer.

Quel projet de société voulons-nous ?La notion de développement continu dans une planète finie ne peut être sou-

tenable. Pour les Amis de la Terre développer le durable, c’est construire dessociétés soutenables fondées sur le partage et l’équité entre pays et au sein d’unmême pays. Chacun doit pouvoir disposer des ressources nécessaires à la satis-faction de ses besoins fondamentaux. Il convient donc de rappeler avec force,que les indicateurs ne sont que l’évaluation des priorités politiques que nousaurons définies. Nous soutenons donc l’idée, que la société civile doit être largementassociée aux réflexions sur la définition des priorités et du mode de suivi quidevra en résulter.

En occultant cette ambition démocratique, le résultat de cette adaptationmarginale de l’outil de mesure ne sera qu’un acte manqué.

> cLAuDe BAscOmpte

Président des Amis de la Terre • France

Disparition de Claude Lévi-Strauss (1908 – 2009)

Dès le début des années 1970, l’anthropologue et ethnologue Claude Lévi-Straussa été parmi les tout premiers à s’inquiéter de la destruction de la nature par lessociétés occidentales. Cet esprit indépendant n’en a pas moins fait partie ducomité de parrainage des Amis de la Terre - France peu après leur création.Aidant à la redécouverte de l’humanisme, à la déconstruction de l’ethnocentrisme,Claude Lévi-Strauss est un précurseur de l’écologie. Un article des Amis de laTerre lui sera consacré dans Le Courrier de la Baleine de mars 2010.

Le Courrier de la Baleine n°160« Se ranger du côté des baleines n'est pas une position aussi légère qu'il peut le semblerde prime abord. »

Trimestriel • Décembre 2009 • n°CCPAP : 0312 G 86222 • ISSN 1969-9212Ce numéro se compose d’un cahier principal (20 pages) et du supplément adhérents, « Nous Autres » d'une

frise chronologique sur les 50 ans de la BEI et pour les adhérents d’Ile-de-France, d’un cahier d’acteur sur l’incinérateur d’Ivry.

Directeur de la publication Claude Bascompte Rédactrice en chef Sophie Chapelle Secrétaire derédaction Lucie Lebrun Comité de rédaction Alain Dordé, Céline Gossa, Laurent Hutinet, Caroline

Hocquard, Florence Leverdez, Lucile Pescadere, Caroline Prak, Emmanuelle Roggeri, Agnès Rousseaux Ontcollaboré à ce numéro Julien B, Pierre Boyer, Françoise Chanial, Richard Cottin, Cyrielle den Hartigh, Alain

Hervé, Sébastien Godinot, Rose Frayssinet, Stéphanie Lejeune, Yann Louvel, Hannah Mowat, Pauline Roy, Anne-

Sophie Simpere, Laure Teulières, Gwenael Wasse, Annelaure Wittmann Crédits photos C.S.2.0, Caroline Prak,

Ivan Escudé, Patrick Huet, Sacha Lenormand, Wstera 2 Maquette Nismo Carl Pezin • 01 48 00 06 94

Impression sur papier recyclé Offset cyclus 90g/m2 avec encres végétales • Stipa • 01 48 18 20 50

Ce document a été réalisé avec le soutien financier de la Commission européenne. Le contenu de ce

document relève de la seule responsabilité de CEE Bankwatch network. Il ne reflète en aucun cas les

opinions de la Commission européenne ou de ses services.

Depuis 1971 Les Amis de la Terre est une association de

protection de l'Homme et de l'environnement.

Créée en 1970, elle a participé à la fondation

du mouvement écologiste en France, et à la

formation du premier réseau écologiste mondial,

Les Amis de la Terre – International, présent

dans 77 pays et réunissant deux millions de

membres. Les Amis de Terre mènent des

actions de plaidoyer auprès des décideurs

économiques et politiques et sensibilisent le

grand public sur les problématiques environ-

nementales. Elle s’appuie pour cela sur un

réseau de 30 groupes locaux.

n°160 / déc 09

ClimatDouche froide à Copenhague : la mobilisation ne doit pas faiblir !

INTERNATIONAL

À l’heure où nous écrivons cet article, nous ne savons pas encore quels seront les résultats de la « grandmesse » de Copenhague qui se déroule du 7 au 18 décembre au Danemark, rassemblant 192 pays autourde la question de la lutte contre les changements climatiques. Malheureusement, nous nous attendonsdéjà à de mauvaises nouvelles et nous nous préparons à une poursuite de la mobilisation en 2010.

RSEEDes témoins du Sud se tournent vers l’Europe

Début octobre 2009, les Amis de la Terreont reçu les invités du réseau européenECCJ (European Coalition for CorporateJustice) venus témoigner sur la responsabilitésociale de deux entreprises européennes,ArcelorMittal (société luxembourgeoise opé-rant en Afrique du sud) et Unión Fenosa(société espagnole opérant en Colombie).

Déplacements de populationsSamson Mokoena se bat pour que la

société civile connaisse l'étendue des pollu-tions du sol et de l'eau dans la région du Vaal

(Afrique du Sud). ArcelorMittal, avec le soutiendes autorités auxquelles elle a racheté l'aciériede Vanderbijlpark, refuse en effet de divulguerles informations sur la situation environnemen-tale locale et préfère poursuivre une politiquede déplacement des populations.

Omar José Mendivil Guzman, lui, pro-teste contre une distribution d'électricité inef-ficace et inéquitable depuis la privatisation dece service dans sa région de la côte cari-béenne. Outre des coupures intempestivesqui affectent la vie économique, un systèmeà deux vitesses a été mis en place. Dans les

quartiers pauvres, la fourniture d'électricitén'est garantie que jusqu'au transformateur;les clients se raccordent comme ils le peu-vent, et de nombreux cas d'électrocutionsont à déplorer. Les factures sont collectiveset le tarif du kilowatt heure est supérieur àcelui pratiqué dans les autres quartiers.

Les démarches faites pour assignerUnión Fenosa ou ArcelorMittal en justice ontéchoué. Nos deux invités se tournent main-tenant vers l'Europe pour essayer de trouverdes solutions.

> StépHanie lejeune

Lors d’une réunion en octobre dernieravec le réseau des Amis de la Terre -Europe,trois scénarios ont été envisagés pour cette« COP 15 » (la 15e réunion ou Conférencedes Parties à la Convention cadre desNations unies sur le changement climatique).Le premier scénario pourrait être la signatured’un très mauvais accord, un simple sque-lette sans aucun contenu, sans objectifcontraignant et s’appuyant fortement sur de« fausses solutions » : recours au marchéinternational du carbone et aux mécanismesde compensation dont le nucléaire, la cap-ture et stockage de carbone, etc.

Le deuxième scénario pourrait être pasd’accord du tout, et tout espoir d’accordserait alors repoussé pour longtemps surfond de crise diplomatique internationale. Leprocessus pour atteindre un accord pourraitalors prendre plus de 3 ans.

Le troisième scénario serait le reportd’une signature d’accord, prévoyant une pro-chaine réunion internationale 6 mois plus tard.La rencontre de Copenhague n’aurait aboutini à des objectifs chiffrés contraignants, ni àun accord sur les financements de la luttecontre les changements climatiques.

Le moins pire des scenariiCe troisième scénario signifierait une

déclaration politique non contraignante deschefs d’État le dernier jour des négociations,déclaration dans laquelle seraient fixées lesgrandes lignes des négociations à poursui-vre, avec des objectifs très généraux. Cescénario est peut-être le moins pire des troiscar il laisserait la possibilité aux mouvementsassociatifs et à la société civile de réagir à

temps, en maintenant la pression pouraboutir à un accord contraignant en 2010.Le pire des scenarii serait en revanche celuioù les chefs d’État signeraient un accordvide tout en se targuant d’une réussite quisauvera la planète, se prenant pour deshéros dégoulinant de mauvaise foi !

Rester mobilisésLes trois scenarii décrits ci-dessus impli-

quent une réaction populaire et associativeimmédiate : qu’un mauvais accord soit signéou qu’il n’y ait pas d’accord, la situation seraitcatastrophique pour l’avenir climatique de laplanète, la justice sociale et la solidarité Nord-Sud. Aujourd’hui, seul un sursaut populaire

pourra faire bouger les négociateurs despays impliqués. Les réseaux internationauxprévoient déjà de se mobiliser début 2010.N’hésitez pas à prévoir dès maintenant desréunions publiques de bilan et d’analyse pourfaire entendre et mieux comprendre ce qui sesera passé à Copenhague. Il est essentielque le florilège d’actions organisées par lesgroupes locaux des Amis de la Terre tout aulong de l’année 2009 puisse se poursuivre en2010. Vous pourrez vous tenir au courantdes futures mobilisations sur le sitewww.dubruitpourleclimat.org. Nous nedevons pas baisser les bras !

> Cyrielle den HartigH

Chargée de campagne • Climat

Les actions, comme celle réalisée en 2009 à Paris, doivent se poursuivre en 2010.

n°160 / déc 09

L’arrivée en 2009 d'un nouveau Premier ministre au Japon révolutionne les objectifs d’émissions de gaz àeffet de serre pour 2020. Des changements sans doute difficiles à mettre en œuvre au vu du mode de vieet du secteur industriel japonais.

Japon Un changement de cap réaliste ?

INTERNATIONAL

Les Amis de la Terre - Autriche et l’ins-titut de recherche SERI publient un nou-veau rapport sur la surconsommation desressources naturelles (1). Il met en évidence,chiffres à l’appui, que nos sociétés ontdéveloppé ces dernières décennies unefrénésie de consommation, générant unesurexploitation de ressources naturellesprincipalement issues d’autres pays.

Les hommes consommeraient aujour -d’hui 50 % de ressources naturelles deplus qu’il y a seulement 30 ans, avec envi-ron 60 milliards de tonnes de matièrespremières par an. Si la consommation glo-

bale de ressources continue à augmenter,elle est extrêmement variable d’un conti-nent à un autre, un Européen consom-mant 43 kg de ressources par jour, contre10 kg pour un Africain. Les populationsdes pays riches consommeraient ainsijusqu’à 10 fois plus de ressources natu-relles par habitant que celles des payspauvres.

Virage radicalPlus dépendante des importations que

les autres continents, l’Europe doit se fixerdes objectifs ambitieux de baisse de sa

consommation globale de ressourcesnaturelles à court terme. C’est égalementle seul moyen de donner accès aux popu-lations les plus démunies à davantage deces ressources sans mettre en danger laplanète. Les sociétés n’ont d’autre choixque d’opérer un virage radical pour préser-ver les générations futures et l’équité entreles peuples.

> SopHie CHapelle

(1) Overconsumption ? Our use of the world’s natural

resources sur www.amisdelaterre.org/Nouveau-rap-port-surconsommation.html

Ressources naturelles La surconsommation épinglée par un nouveau rapport

A Kyoto en 1997, le gouvernementjaponais s’était fixé pour 2020 un objectifde diminution des émissions des gaz àeffet de serre (GES) de 6 % par rapport auniveau de 1990. Depuis, ses émissionsn’ont pas été stabilisées et se sont mêmeaccrues. Le mode de vie japonais, extrê-mement énergivore, combiné à la puis-sance d’émission de l’industrie fait du paysle 5ème émetteur mondial de GES. Lesvilles sont dotées d’un confort technolo-gique toujours plus développé, dont il estdifficile de se départir brutalement. Si desinitiatives de sensibilisation du grand publicexistent, leur envergure reste trop faible eutégard à la consommation d’énergie quoti-dienne. Tokyo souffre par exemple beau-coup de l’effet d’ « îlot de chaleur » durantl’été, et plus particulièrement durant la sai-son des pluies. L’humidité de l’air exacer-bant la chaleur, les climatisations fonction-nent en permanence dans les maisons, lesentreprises, les magasins, et même le

métro. Ce qui bien évidemment réchauffel’air extérieur... et entraîne l’utilisation de laclimatisation. Pour lutter contre ce phéno-mène, le mouvement Cool Biz invite lescitoyens à régler leur thermostat à 28° C.Mais cela n’empêche pas les climatiseursd’être allumés de jour comme de nuit.

Un bouleversement politiquehistorique

L’environnement n’était pas jusque-làl’une des préoccupations principales dugouvernement. Mais les dernières élec-tions vont peut-être changer la situation.Le 30 août 2009, le Parti démocrate duJapon remportait les législatives, mettantfin à 54 ans de règne du Parti libéral démo-crate. Le nouveau Premier ministre YukioHatoyama s’est tout de suite démarqué deson prédécesseur Taro Aso : il affiche eneffet un objectif de réduction de 25 % desémissions de GES pour 2020, quand TaroAso annonçait 8 % à Bonn trois mois plus

tôt ! Evidemment, un tel fossé entre l’an-cien et le nouvel objectif entraine beaucoupde questions sur la faisabilité du projet.Yukio Hatoyama s’est rendu à l’ONU enseptembre où il a confirmé son objectifsans vraiment expliquer les moyens pourl’atteindre. Il a en revanche réaffirmé l’aidefinancière du Japon : « L’aide financièrepublique et le transfert de technologiesvers les pays en développement sont par-ticulièrement importants ». Il s’est aussirendu à Pékin où il s’est entretenu avec lePremier ministre chinois Wen Jiabao et leprésident sud-coréen Lee Myung-Bak, lestrois pays affirmant « vouloir travaillerensemble (...) afin de contribuer au succèsde la Conférence de Copenhague ».

Le poids du patronatC’est au sein-même de son pays

qu’Hatoyama sera confronté aux plusgrosses difficultés. Après un demi-siècled’entente parfaite entre la classe politiquelibérale au pouvoir et les milieux industriels,ceux-ci ne veulent pas entendre parler denouvelles taxes et restrictions. Et ce d’au-tant plus que le Japon vient de traverser sapire récession depuis la seconde guerremondiale, avec une dette égale à 170 %de son PIB. En affichant un objectif dediminution de 25 %, Hatoyama respecteles recommandations minimales desexperts du GIEC. Mais les puissantesorganisations patronales et les lobbiescomme l’Association japonaise desconstructeurs automobiles sont évidem-ment déjà organisés pour lui demander derevoir ses objectifs. Ce qu’il ne semblepour le moment pas prêt à faire.

> Céline goSSa

Le Premier ministre japonais parviendra t-ilà bouleverser les modes de vie ?

Il y a un peu plus d’un an, en novem-bre 2008, j’ai participé en tant que délé-gué des Amis de la Terre - France àl’Assemblée générale de notre fédéra tioninternationale qui avait lieu au Honduras.Nous avons été accueillis par leMovimiento Madre Tierra, section hondu-rienne des Amis de la Terre, et nousavons pu constater le travail importantque mène ce mouvement, en particulieravec les communautés indigènes et lesgroupes de femmes. J’ai personnelle-ment eu le plaisir d’y rencontrer des genstrès investis dans le combat écologiste etsocial, et j’ai pu y apprendre que ce petitpays, riche en culture, en biodiversité eten ressources naturelles est aussi l’undes plus pauvres d’Amérique latine, àcause du colonialisme et du pillage post-colonial, ce qui en fait l’exemple un peucaricatural de la « république bananière ».

Coup d’état militaire Le 28 juin 2009, le président Manuel

Zelaya, qui menait une politique de pro-grès social, a été renversé par un coupd’état militaire et expulsé du pays.Depuis, les nouvelles qui nous parvien-nent du Honduras restent toujours aussialarmantes. Le gouvernement putschistea restreint les principales libertésciviques, autorisant la police et l’armée àempêcher toute réunion publique « nonautorisée », à interpeller des personnessans mandat et à faire taire les médiasrestés fidèles au président légitime.

De son côté, Manuel Zelaya, revenuclandestinement dans son pays ethébergé à l’ambassade du Brésil, conti-

nue à appeler au renversement des mili-taires. Des manifestations et des affronte-ments avec l’armée se poursuivent, avecleurs lots de morts et de souffrances. Desmilitants et dirigeants populaires ont étéassassinés.

Pour une« stratégie de non violence »

L’expulsion de Manuel Zelaya a étécondamnée par la communauté interna-tionale, qui a exigé le retour du présidentélu, mais cette condamnation n’a pas étésuivie des mesures nécessaires, et lasituation reste bloquée.

Pour garder l’espoir, voici un extraitd’une récente déclaration de JuanAlmendares, directeur de Madre Tierra /Les Amis de la Terre - Honduras :« L’amour solidaire et fraternel entre lesorganisations de la résistance, la con -fiance en ses dirigeant(e)s, la stratégie denon-violence sont essentiels pour (…) lajustice sociale et climatique, en relationavec les droits humains de notre peupleet de tous les peuples d’Amérique latineet de l’humanité ».

> alain dordé

n°160 / déc 09

Brèvesv

Coup d’Etat Solidarité avec les Amis de la Terre - Honduras

Revanche des amarantes contre Monsanto – Dans le sud des Etats-Unis, de nombreuses amarantes ontdésormais intégré le gène de résistance au glyphosate provenant des maïs OGM Monsanto. L’herbicide total vendu par lafirme sous la marque Roundup® est donc devenu inefficace pour lutter contre ces variétés mutantes qui diminuent fortementle rendement des cultures de soja. Des agriculteurs ont dû retourner au désherbage manuel ou cesser les cultures.Beaucoup envisagent d’abandonner les OGM et de revenir à des hybrides classiques ou des plantes traditionnelles. Fidèle àsa logique de fuite en avant, Monsanto préconise l’usage du 2-4-D, un des constituants de l’agent Orange… Très prolifique,l’amarante est, comme de nombreuses plantes communes (orties, chénopodes en Europe, par exemple), une excellentecomestible, plus riche en protéines que le soja et tenue en haute estime par les civilisations aztèque et incas. Cette mutationsonne donc comme une revanche des plantes traditionnelles contre les OGM, de plus en plus discrédités.

« La crédibilité des marchés carbone doit être débattue » – Selon la direction internationale de laDeutsche Bank, les marchés de CO2 ont très peu contribué à l’efficacité énergétique et à la promotion des renouvelables.Les cours actuels n’obligent pas les investisseurs à modifier leurs décisions et leur volatilité conduit à les reporter. A l’inverse,la réglementation et les incitations peuvent apporter les éléments d’anticipation indispensables pour atteindre les objectifs deréduction d’émissions.

INTERNATIONAL

En 2008, l’Assemblée générale des Amis de la Terre-International avait lieu au Honduras, pays aujourd’huisecoué de troubles politiques et sociaux. Témoignage.

Assemblée fédérale des Amis de la Terre – Internationalen novembre 2008 au Honduras.

FRANCE

HommageNos amitiés terrestres à toi, Pierre... et au delà !

Prix Pinocchio 2009 Le succès se confirme !

« Pierre Samuel. Tout nous séparait. Il était mathématicien et je conserve

encore un souvenir épouvanté de mes rela-tions avec les profs de math. J’étais journa-liste, navigateur et pas du tout scientifique.Il fumait et ça m’agaçait car je venais deréussir à m’arrêter. Il prenait des notes surses vieux paquets de Gitanes et je considé-rais qu’il s’agissait d’une démonstration derecyclage un peu puérile.

A part ça nous nous complétions sansdoute parfaitement. A ma fantaisie désor-donnée, à mes improvisations brutales, ilopposait le calme, l’organisation, la conti-nuité. A vrai dire nous avons cohabité peude temps. J’avais quitté la direction desAmis en 1972, lorsque j’avais passé la mainà Brice Lalonde. Je m’occupais surtoutalors du Sauvage qui en était à ses pre-miers numéros. Mais à partir de 1973, nousnous rencontrions fréquemment à l’occa-sion des réunions des Amis quai Voltaire.

Tout nous rapprochait. Nous étions tous les deux féministes.

Je me souviens de fameux délires avecChristiane Rochefort. Je l’appréciais pourêtre l’auteur d’Amazones guerrières etgaillardes, une recherche suprêmementoriginale et documentée, qui déniaisait lesimplisme bien pensant et sectaire decertaines féministes de salon. Pierre étaitun gaillard discret mais informé.

Je l’appréciais pour assurer avecpatience et fermeté le pilotage des Amisau jour le jour : surveiller les comptes,désamorcer les dérapages gauchistes,développer le réseau national, assurer le

lien avec ses amis scientifiques deSurvivre et vivre ; soutenir Brice tout entenant les Amis en dehors d’un engage-ment politique trop politicien.

Complémentarité au fil des années,qui nous valut d’être promus ensembleau titre de Présidents d’honneur desAmis de la Terre, avec une Légiond’Honneur en prime. Grâce auxquellesBrice, devenu ministre, voulait à traversnous promouvoir l’écologie en général aurang de grande préoccupation nationale.

Nous n’étions pas d’accord à proposdu titre du Courrier de la Baleine, quem’avait soufflé une géniale américaine,

Joan Mac Intyre (on Mind in the watersest un des meilleurs livres écrits sur lescétacés). Il préférait par souci de conci-sion La Baleine tout court. Qu’importe.

Pierre avait une force d’être excep-tionnelle. Je me souviens qu’en 1973 aucours de la première crise de l’énergie, àl’invitation de Teddy Goldsmith, le fonda-teur de The Ecologist, nous participions àun congrès à Bournemouth enAngleterre. Les Anglais, se croyant reve-nus au temps du blitz, avaient décidéd’éclairer l’hôtel aux bougies et de sup-primer le breakfast. Pierre descenditdans le lobby et se coucha par terre surla moquette au milieu du passage etrefusa de se relever tant qu’on ne luiaurait pas servi son petit déjeuner. Il l’eut.

Cet été 2009, Pierre et Teddy se sontdonnés le mot pour nous quitter presquele même jour. Mais ils restent avec nousparce que nous les admirons et lesaimons. Ils nous ont ouvert la route. »

ALAIN HERVE, PRÉSIDENT D’HONNEUR ETCOFONDATEUR, AVEC EDWIN MATTHEWS,

DES AMIS DE LA TERRE

Pierre Samuel est l'auteur de l’Histoire des Amis

de la Terre 1970 - 1989 : vingt ans au cœur de

l’écologie téléchargeable sur :

www.amisdelaterre.org/L-histoire-des-

Amis-de-la-Terre.html

Les adhérents trouveront d’autres témoignages

dans Nous Autres.

Une page spéciale a été créée sur le site internet

des Amis de la Terre au lien indique ci-dessus,

pour recueillir les témoignages sur Pierre.

Contact : [email protected]

La deuxième édition des prix Pinoc chiodu développement durable, dont la céré-monie de remise s’est déroulée le24 novembre 2009 à Paris, a été un nou-veau succès avec 7 494 votants en l’es-pace de quelques semaines, soit environdeux fois plus que l’an passé.

Cette année, les lauréats sont legroupe Bolloré dans la catégorie « droitshumains » pour des abus commis dansdes plantations de palmiers à huile auCameroun, Total dans la catégorie « envi-ronnement » pour le méga-projet pétrolierKasahagan au Kazakhstan qui s’annoncecomme une potentielle catastrophe envi-

ronnementale et sanitaire, et EDF dans lacatégorie « greenwashing », pour sacampagne de communication « Changerd’énergie » qui aura au final coûté pluscher que le budget réel du groupe dansla recherche et le développement desénergies renouvelables.

Derrière les beaux discours Par cet événement original, à la fois

ludique et sérieux, les Amis de la Terremettent le projecteur sur les agissementsdes multinationales, dont les beaux dis-cours cachent beaucoup trop souventdes dégâts sociaux ou environnemen-

taux considérables dans les pays du Sudoù elles se soucient moins de leur image.Le cas des industries extractives, entreautres, est flagrant, alors que l’urgenceest plus que jamais au changement demodèle énergétique et productif.

Cette année, le partenariat avecPeuples Solidaires aura également per-mis d’élargir l’audience de l’événementauprès d’autres sympathisants, et derenforcer la spécificité sociale des com-bats que mènent les Amis de la Terre.

> GWENAEL WASSEChargé de campagne • Responsabilité

des entreprises

Pierre Samuel nous a quittés le 23 août 2009. Nombre de nos lecteurs l’ont connu, car il a consacré plusde 25 années de sa vie aux « Amis », dont il devint le président, puis président d’honneur. Reconnaissantspour l’apport fondamental de Pierre, les Amis de la Terre expriment toute leur amitié à sa famille et ontouvert les pages de La Baleine à la plume d’Alain Hervé, leur président fondateur, pour lui rendre hommage.

Pierre Samuel, mai 1966

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n°160 / déc 09FRANCE

Découvrir les «secrets bancaires»… Les Amis de la Terre ont lancé en juin

dernier un nouveau site internet :www.secretsbancaires.fr. Elaboré en colla-boration avec cinq autres ONG membresdu réseau international BankTrack, le siteprésente l’implication des principalesbanques européennes (Allemagne, France,Royaume-Uni, Italie, Espagne, Belgique)dans plus d’une dizaine de projets contro-versés à travers le monde. Envie de savoirsi BNP Paribas, la Société Générale ou leCrédit Agricole - LCL, les trois principalesbanques françaises analysées dans le site,financent des producteurs de bombes à

sous-munitions ou de mines antiperson-nelles, des entreprises qui violent les droitshumains comme en Birmanie ou au Tchad,ou qui détruisent l’environnement commeau Canada avec l’exploitation des sablesbitumineux ? Rien de plus simple ! Il suffit decliquer sur sa banque pour voir apparaîtretous ces projets controversés aux quatrecoins de la planète.

… et agirC’est précisément à ce moment-là que

l’internaute choisit souvent de « passer àl’action » et d’utiliser les différentes options

qui lui sont offertes : écrire à son banquier,changer de banque pour une alternativeplus éthique comme la Nef en France, ouencore organiser une action ou une projec-tion sur le sujet localement. Et ça marche !Deux victoires ont été remportées depuisjuin dernier : la Socié té Générale s’est reti-rée du projet extrêmement controversé dubarrage d’Ilisu en Turquie, et le CréditAgricole a vendu une partie de ses actionsde l’entreprise chinoise controverséeDongfeng. A vous de jouer !

> yann louVel

Chargée de campagne • Finance privée

Banques françaises

Projet de taxe carbone Inefficace et légitimement impopulaire

Le projet gouvernemental de taxecarbone a été intégré au projet de loi deFinances 2010. Seuls les hydrocarburesseront taxés au titre du pouvoir réchauf-fant du CO2. La taxe, dont le taux dedépart est fixé à 17 euros par tonne deCO2, ne touchera en fait que lesménages et les PME. Les routiers,pêcheurs et agriculteurs bénéficieraientd’exonérations partielles ou totales.Selon l’ADEME, 93 % des émissionsindustrielles y échapperaient.

Le produit de la taxe collectée sur lesménages leur sera entièrement reversé,sous forme d’un crédit d’impôts d’unmontant fixe, variable selon le lieu de rési-dence (agglomération ou campagne) etmajoré selon le nombre d’enfants.

Bien entendu, les taxes ne sauraientêtre que l’un des outils d’une politiquecohérente de transformation de la sociétéet de l’économie, aux côtés de la régle-mentation et, surtout, de puissantes poli-tiques d’aménagement du territoire et deservices publics. Mais celles-ci manquanttoujours à l’appel, le Gouvernement cachesa volonté de ne rien changer derrière cedispositif hypocritement réformateur, boi-teux et sans ambition.

Electricité exonéréeLe refus de partir d’un niveau significatif

(32 euros par tonne de CO2), de s’engagersur la progressivité de cette taxe et d’en pré-ciser le rythme, n’incitera pas les entrepriseset les ménages à se mobiliser dans la baisse

de leurs consommations. Le refus de taxerl’électricité nie les impasses du nucléaire etde la surconsommation française et conti-nue d’encourager un système énergétiquecoûteux, dangereux et inefficace.

Pis, le fait d’exonérer l’essentiel desentreprises montre que l’Etat ne veut aucu-nement modifier (même à la marge) lemodèle de production. Alors qu’il faudraittravailler à une véritable redistribution desrevenus, attribuer un chèque identiquepour compenser la perte induite donne unsignal contradictoire (car une telle taxe visebien à renchérir le prix de l’énergie) ; et celacrée une injustice, puisqu’il ne sera pastenu compte des revenus des ménages.

Appel aux parlementaires C’est pour dénoncer ces manquements

que les Amis de la Terre, au sein du RAC-France, se sont adressés à tous les parle-mentaires pour réclamer une hausse dutaux (y compris dans le temps), la prise encompte des revenus dans l’attribution descompensations, le financement desmesures d’atténuation (rénovation de l’habi-tat, développement du transfert modalvoyageur et fret), l’assujettissement univer-sel des ménages et des entreprises, la taxa-tion de l’électricité et l’application du dispo-sitif à l’ensemble des gaz à effet de serre.

La seule «consolation» est que l’État arenoncé à troquer la création de cette taxecontre la baisse des cotisations socialespatronales… mais pour mettre à bas lataxe professionnelle. Si nous ne nous fai-sons guère d’illusions sur le courage desparlementaires, ils pourraient être sensi-bles au fait que l’application universelle dela taxe rapporterait des recettes publiquessupplémentaires.

> laurent Hutinet

Le Gouvernement a déposé un projet de taxe carbone inefficace et injuste sans avoir mis en œuvre les poli-tiques écologiques nécessaires dans les bâtiments, les transports et l’industrie.

Le plan fiscal est critiquéaux Etats-Unis aussi :« Regarde, il nous donne de l'argent commeil l'avait promis. - Avec ton portefeuille. ».

FRANCE n°160 / déc 09

NanotechnologiesLa loi économique plus forte que le débat

Les nanoparticules ont envahi desproduits de consommation courante(crèmes solaires, vêtements, peintures,emballages alimentaires, etc.). A l’échellenanométrique, les propriétés des maté-riaux que nous connaissons sont inatten-dues : plus résistants, plus souples… Aupoint que les nanotechnologies représen-tent aujourd’hui le quotidien de certainesindustries comme l’électronique, les cos-métiques ou l’armement.

Une dangerosité qui se confirmeLes méthodes d’évaluation des évolu-

tions des nanoparticules sont aujourd’huiinconnues. Comment se comportent-elles dans l’environnement ? Dans lecorps humain, après ingestion ou applica-tion ? Des études indépendantes menéesdepuis quelques années sont alarmantescar elles mettent en évidence la toxicitéde certaines particules. En octobre 2008,Marie-Claude Jaurand, Directeur derecherche à l’INSERM, présentant lesdernières études sur la toxicité des nano-tubes de carbone, affirme que les « effets[étaient] similaires à ceux de l’amiante ence qui concerne : réponse inflammatoire,production de lésions de l’ADN, formationd’aberrations chromosomiques, inductionde mésothéliomes après exposition descellules mésothéliales ». Des associa-tions, des syndicats brandissant l’exem-ple du scandale de l’amiante, se mobili-sent pour réclamer une véritable régle-mentation. Les Amis de la Terre vont plusloin, affirmant que la seule position raison-nable est celle du moratoire. Au delà desproblématiques sanitaires et environne-

mentales, la question des nanotechnolo-gies touche également la frontière entre levivant et l’artefact (amélioration des per-formances humaines), le contrôle social(quant à l’usage des RFID), la géopolitique(via l’armement)...

Guerre économiqueAlors que la seule règle guidant

aujourd’hui le développement des nanotech-nologie est économique, le Gouvernement,via la loi « Grenelle 1 », organise jusqu’enfévrier 2010, un débat public sur les nano-technologies ayant pour objectif d’informeret de prendre en compte les opinionsexprimées dans « un compte-rendu neutreet objectif ». Ainsi, les acteurs le souhaitantont eu la possibilité de rédiger des cahiersd’acteurs et les citoyens sont invités à par-ticiper sur internet ou lors de réunionspubliques. Parallèlement, le Gouvernementa lancé cette année le plan Nano-Innov,censé placer la France parmi les pays lesplus en pointe sur les nanotechnologies,en favorisant l’innovation et encourageantles dépôts de brevets. Sur les 70 millionsd’euros débloqués en 2009 pour ce projet,voulu par Nicolas Sarkozy, pas un centimen’est prévu pour la recherche sur lesconséquences environnementales et sani-taires des nanotechnologies. Et c’est biencela que reprochent aujourd’hui nombrede participants au débat public. A l’instarde cette personne à Toulouse qui s’inter-roge « on me donne la parole certes, maisquel est son poids alors que les géantsindustriels ont déjà mis sur le marché d’in-nombrables nanoparticules? ». Le cadredu débat et les conditions fixées – un

thème par ville occultant souvent la visiond’ensemble de ce que nous réserve lenanomonde – ressemblent à une opérationde communication voire de manipulationvisant à valider un état de fait : le dévelop-pement des nanotechnologies est acca-paré par des firmes privées, sans contrôlecitoyen.

Pour autant, il serait dommage de sepriver de cette tribune, soyons nombreux ànous exprimer sur les nanotechnologies etsur le fonctionnement même de ce débat.

> luCie lebrun

Brèvesv

Nucléaire : travailleurs en danger. – Début octobre 2009, le comité d’hygiène, de sécurité et desconditions de travail de la centrale de Flamanville (Manche) faisait valoir son droit d'alerte, le rythme imposé et le recourssystématique aux sous-traitants mettant en cause la sûreté de la centrale. Les intérimaires sont en effet appréciéscar leur suivi médical et le lien avec l'industrie nucléaire sont plus difficiles à établir. Alors que l'industrie nucléaire fondesa crédibilité sur son contrôle sans faille des risques, les salariés s'alarment : perte de savoir-faire et surexpositiondes travailleurs mettent l'ensemble de la société en danger.

Alimentons les régions – Minga, Nature & Progrès et Frères des Hommes proposent de mettre la questionde l'alimentation au cœur des débats des prochaines élections régionales de mars 2010. Le texte commun appelle chaqueliste candidate à fixer des objectifs précis sur la mise en œuvre d'un plan emploi régional pour l'installation paysannede manière à répondre notamment aux besoins de la restauration collective, sur une politique foncière ambitieuse, et surla mise en place d'une veille citoyenne à ce sujet. L'appel, soutenu par les Amis de la Terre, peut être signé en ligne :www.alimentons-les-regions.fr

Grande victoire : l’abandon du Circuit F1 à Flins – Ce projet industriel dans les Yvelines prévoyait d’ur-baniser des terres agricoles concernées par un projet d’envergure en agriculture biologique portant sur la deuxième plusgrande zone de captage d’eau potable d’Ile-de-France. Le Conseil général des Yvelines a déclaré le 2 décembre 2009 renoncerà ce projet totalement grenello-incompatible. Les terres agricoles seront rendues à la SAFER. « Cela vaut le coup de se battrecar, pour une fois, le pot de terre a gagné contre le pot de fer » a déclaré une membre du collectif Flins sans circuit F1.

Aller plus loin :Nanocratie pour macrobusiness, Le Courrier dela Baleine 156 : www.amisdelaterre.org/IMG/pdf/LaBaleine156.pdfArticles et dossiers divers : www.amisdela-terre.org/-Nanotechnologies-.htmlConsulter le cahier d’acteurs des Amis de laTerre et participer au débat public :www.debatpublic-nano.org

Dans un contexte de développement exponentiel et incontrôlé des nano-technologies, un débat public sur la question a lieu au niveau national.

Les crèmes solaires comptent parmi les pro-duits cosmétiques intégrant des nanoproduits.

n°160 / déc 09

Actions publiquesEn route vers un autre monde

Portrait

Mathieu Monceaux, membre actif des Amis de la Terre – Midi-Pyrénées, se rend comme beaucoup de militantsà Copenhague en décembre 2009, à l'occasion des négociations internationales sur le climat... A unedifférence près : Mathieu a choisi de s'y rendre de la manière la plus écologique qui soit : à vélo !

La Baleine : tu projettes de te rendre àla conférence internationale sur leclimat à Copenhague à vélo, commentle voyage va-t-il se dérouler ?

Mathieu Monceaux : Je pars de Toulouseà vélo le 9 novembre, à priori seul. Je serairejoint par quelques cyclistes sur le trajet, àParis puis à Bruxelles, pour arriver quatresemaines et 2 500 km plus tard, àCopenhague. L'idée est de permettre àtoutes les personnes souhaitant nousrejoindre de le faire, même pour un bout dechemin, et de communiquer tout au longdu trajet sur les enjeux de Copenhague.Malgré le temps automnal, nous serons enautonomie complète : tente, nourriture,etc. Quelques actions à Angoulême,Poitiers, Paris, Bruxelles sont program-mées, et nous participerons bien sûr augrand rassemblement le 12 décembre àCopenhague. Je prévois de rentrer enmajeure partie à vélo.

lb : d'où t’est venue cette idée ?

MM : Il y a quelques années, à la fin de mesétudes, et sans « ambition professionnelle »,je me suis lancé seul dans un tour dumonde en vélo couché. C'est un type devélo peu connu, plus aérodynamique et sur-tout plus confortable, idéal donc pour leslongs trajets. J'étais à la recherche d'autresfaçons de vivre, d'autres cultures. Pourtant,je me suis rendu compte que dans de nom-breux pays, les gens cherchent, commechez nous, davantage de produits deconsommation. Bien souvent, les valeurs desolidarité ou de partage éclatent. Mon pas-sage en Chine en 2004 m'a marqué : des

infrastructures routières monumentalesétaient déjà construites pour anticiper l'aug-mentation du nombre de véhicules. Alorsque j'avais déjà une sensibilité "écolo", celle-ci s'est trouvée renforcée au fur et à mesurede mon voyage. J'ai l'opportunité de pou-voir vivre des ventes du livre dédié à cevoyage et consacre aujourd'hui ma vie auxactivités associatives et aux projets tels quecelui dont nous parlons.

lb : Quels sont les objectifsde ce voyage ?

MM : Je suis convaincu qu'il faut que noussoyons le plus nombreux possible àCopenhague pour manifester et exprimer

nos positions sur le climat. Il me paraissaitdonc naturel de m'y rendre. C'est en par-lant avec un ami que l'idée d'y aller en véloa germé. Contrairement à ce que l'on peutcroire, le monde du vélo n'est pas toujourstrès sensibilisé aux problématiques écolo-giques. J'ai donc cherché, en préparant leprojet, et je le ferai pendant le voyage, àinformer les cyclistes sur les enjeux deCopenhague, via les associations de vélo ;les blogs et la Fubicy, la fédération fran-çaise des usagers de la bicyclette.

lb : Quels sont tes liens avecle mouvement ride planet earth ?

MM : Kim Nguyen est parti il y a un and'Australie pour rallier Copenhague, jeconnais peu ce mouvement, mais une ren-contre est prévue à Paris avec la responsabledu mouvement en France. Un autre projetsimilaire a été monté par GuillaumeDimanche, un photographe qui part le 22novembre de l'aéroport Charles de Gaulleà Paris et dont l'arrivée est prévue à l'aéro-port de Copenhague. Ce sera intéressantde pouvoir rouler un peu ensemble, etpourquoi pas d'arriver ensemble àCopenhague. Mais pour l'essentiel, rouleravec de grands groupes sur de longuesdistances est difficile car cela demandeplus d'organisation.

> propoS reCueilliS par luCie lebrun

Aller plus loin :

Information sur le tour du monde en vélo couchéet le voyage à Copenhague : http://tourdumondeenbent.free.fr/

Réduction et recyclage contre les incinérateursRéduire et recycler pour moins brûler,

cela relève du bon sens. Or les décideursindustriels, Veolia, Suez et EDF, persistentà entretenir des usines géantes, coûteuseset impopulaires… en laissant complaisam-ment les consommateurs accumuler etjeter toujours plus de biens matériels.

La France compte 135 incinérateurs.Celui d’Ivry (Val-de-Marne), construit dansles années 1960, fait actuellement l’objetd’un débat public sur le projet de rénova-tion présenté par le Syctom (syndicat detraitement des déchets de l’agglomérationparisienne).

Objectifs non atteints Les Amis de la Terre, au sein d’un col-

lectif d’associations de quartiers et environ-nementales, interpellent le Syctom sur lesinsuffisances de son projet consistant àreconstruire l’incinérateur existant. LeSyctom promet certes un incinérateur 2 foismoins gros et une unité de méthanisation.Mais avec 0,01 % de son budget consacréà la réduction des déchets, et des capaci-tés d’incinération plus de 10 fois supé-rieures aux capacités de tri, on peut affirmerque les objectifs de la directive cadre euro-péenne (50 % de réemploi ou recyclage

d’ici 2020) et de la loi « Grenelle » (réduire laproduction d’ordures de 7 % par habitanten 5 ans) ne pourront être atteints !

A l’issue du débat public fin décembre,le Syctom reverra sa copie et décidera duprojet final. Il est encore temps de participerpour donner son point de vue : www.debat-public-traitement-dechets-ivry.org.

> annelaure wittMann

Contact : [email protected]

Le cahier d’acteur sur l'incinérateur d'Ivry estjoint dans ce numéro de La Baleine.

Déchets

Mathieu, un militant qui agit en cohérenceavec ses convictions.

n°160 / déc 09

La mort d’un cheval, l’évanouissementde son cavalier, le décès suspect d’unouvrier chargé de ramasser les alguesvertes sur les plages bretonnes cet été, onttransformé subitement un dommage envi-ronnemental chronique et « durable » encrise sanitaire. Car en se décomposant surle littoral, les algues dégagent des gaztoxiques, notamment l’hydrogène sulfuré(H2S), qui peuvent être mortels.

Chaque année, la Bretagne affrontedonc ses marées vertes, bien plus fré-quentes que les marées noires. La pollutionne vient pas de la mer, mais des bassinsversants côtiers et des sols, déstructuréspar une agriculture intensive, gorgés denitrates résultant des déjections animalesépandues en dépit du bon sens et de toutéquilibre de la fertilisation depuis plusieursdécennies. On ne devient pas sans impactgrave et difficilement réversible la premièrerégion française de production animale(60 % des cochons, 60 % des œufs, 45 %

des volailles, 25 % des vaches laitières,30 % des gros bovins), et ce, sur moins de5 % de la surface agricole utile nationale.

Des politiques aveugles Pollution des eaux y compris des eaux

littorales, fermetures de captages d’ali-mentation en eau potable, et bientôt fer-meture des plages ? Autant de constat defuites successives devant les pollutions.Cet aveuglement coupable est entretenupar tous les responsables politiques depuis30 ans. Michel Crépeau, ministre del’Environnement, annonçait le règlementdu problème en 1981. Le Premier ministreFrançois Fillon et trois de ses ministres ontannoncé l’engagement d’une énième mis-sion de réflexion, censée établir enfin leplan de bataille contre ce cancer littoral, quine cesse de croître d’années en annéesdepuis plus de 40 ans. Mais la situationest-elle encore sous contrôle et réversible ?Il y a lieu d’en douter !

Les responsabilités sont clairement éta-blies, ainsi que l’a démontré le conseil scien-tifique régional de l’environnement de larégion Bretagne en septembre 2009. L’Etat,par son laxisme, a déjà été condamné par letribunal administratif de Rennes en septem-bre 2007 à raison de cette situation. Il risquefort de l’être encore davantage en appel trèsprochainement, appel interjeté pour gagnerdu temps, et éviter de devoir assumer lacharge financière de la collecte annuelle desalgues vertes assumées par les collectivitésterritoriales (plus d’un demi-million d’euroschaque année). Il faut dire que l’Etat estaussi sous le coup d’une action judiciaire dela Commission européenne, provisoirementsuspendue jusqu’à fin 2009, présentant desrisques financiers bien plus considérables.

Pour un nouveau modèle agricoleL’Etat protège ainsi envers et contre

tout un modèle agricole breton qui carica-ture le développement non soutenable. Lepréfet des Côtes d’Armor, artisan local decette politique, sensibilisé par l’ouvertured’une information judiciaire pour mise endanger délibérée de la vie d’autrui à l’initia-tive de bretons excédés, vient d’adresserau gouvernement un rapport « confidentiel »prônant une révision profonde des pra-tiques agricoles (seul l’arrêt total desformes intensives d’exploitation agricolepourrait restaurer l’environnement littoralsous une dizaine d’années, mais la profes-sion agricole n’est pas d’accord, indique-t-il en substance !). La politique de l’au-truche n’est plus soutenable, mais il n’estpas certain qu’elle ne se poursuive pas àl’avenir sous d’autres formes.

> pierre boyer

RÉGIONS

Marées vertes Une crise environnementale en cache une sanitaire

A l’occasion du sommet de Co pen -hague, nous voulions faire du climat unenjeu également local en interpellant noscollectivités territoriales – Conseils régio-naux et généraux, agglomérations, com-munes – sur leurs engagements dans lalutte contre les émissions de gaz à effet deserre. Nous leur avons adressé un courrierles questionnant sur leurs actions en fonc-

tion de leurs compétences respectives et,pour les plus importantes, sur leurs objec-tifs chiffrés de diminution des émissions àl’échelle de leur territoire d’intervention.

Pour mettre l’empreinte carbone aucœur des politiques publiques, il faut exer-cer une pression sur les pouvoirs locauxafin que toutes leurs décisions soient éva-luées à l’aune de ce critère-là. Le résultat

de cette campagne a déjà fait l’objet d’uneconférence de presse à Toulouse ; nousallons maintenant pousser publiquementle débat. Les mêmes questions serontbien sûr posées aux listes candidates auxélections régionales en mars 2010.

> laure teulièreS et pauline roy

Les Amis de la Terre ● Midi-Pyrénées

Midi-Pyrénées Interpeller les pouvoirs locaux sur le climat

En se décomposant, les algues dites «vertes», présentes sur le littoral breton et issues de la pollutions dessols, dégagent des gaz toxiques entraînant des problèmes sanitaires. La gestion de ce dossier par l’Etat estmise en cause.

Aller plus loin :www.cseb-bretagne.frwww.eau-et-rivieres.asso.fr

La Bretagne représente 60 % de la production porcine française.

«On ne peut pas dire à la tribune de l'ONU, il fautun développement propre, et continuer à financer undéveloppement qui ne le serait pas » déclarait NicolasSarkozy, le 24 septembre 2007, lors de la Conférence desNations unies sur les changements climatiques. Unedéclaration choquante, quand on sait que la France, à traversles institutions financières internationales (IFI) dont elle estactionnaire, finance massivement les énergies fossileset les industries les plus émettrices de CO2. En ligne de mire,deux des plus grosses IFI : la Banque mondiale (BM)et la Banque européenne d’investissement (BEI).

Addiction aux énergies fossiles Les activités de ces deux institutions sont épinglées dans

le récent rapport des Amis de la Terre - France, Institutionsfinancières internationales et climat : la grande hypocrisie.Entre 1997 et 2007, la BM a financé des projets fossiles quiémettront 26 milliards de tonnes de CO2 au cours de leurdurée de vie, soit 47 fois les émissions annuelles de la France.Quelles conclusions en a donc tiré la BM en 2008 ? Rien demoins qu’un doublement de ses financements aux fossiles,alors même que la part de ses investissements dans lesénergies renouvelables plafonne à 16 % !

La tendance est la même pour la BEI. Elle a investi ces cinqdernières années quatre fois plus d'argent dans les énergies

fossiles que dans le solaire, l'éolien et le bois-biomasse réunis,sans compter des millions d’euros de prêts accordés à l’aviationet au transport routier. Comment enrayer l’addiction des deuxprincipales IFI aux énergies fossiles ?

Dépendance non inéluctable Schizophrène, la Banque mondiale reconnaît elle-même

dans son Rapport sur le Développement dans le Monde 2010qu’«on peut difficilement prétendre que la dépendance à l’égarddes combustibles fossiles est inévitable, compte tenu dupeu d’efforts déployés à ce jour pour trouver d’autres solutions».Un rapport de World Watch Institute confirme que les paysdu Sud ont les ressources pour sauter l’étape du « toutpétrole/charbon » et passer directement aux énergiesrenouvelables. Le rôle des IFI serait alors crucial pour apporterles financements nécessaires à ces secteurs innovants maisencore peu attractifs pour le secteur privé. La France doitse positionner au sein des IFI pour exiger qu’elles arrêtent toutsoutien aux énergies fossiles, publient les émissions de gazà effet de serre induites par les projets qu’elles financent,adoptent des objectifs contraignants de réduction deces émissions et cessent de soutenir les industries les pluspolluantes et en particulier l’aviation.

> le ConSeil fédéral deS aMiS de la terre

La Banque mondiale (BM) et la Banque européenne d’Investissement (BEI) sont les deux plus grandesinstitutions financières internationales (IFI). Dans ce dossier, La Baleine revient sur le double langagede ces institutions : alors qu’elles prétendent agir contre les changements climatiques et la pauvreté,elles soutiennent massivement et dans une absence de transparence les énergies fossiles, la route,l’aviation, les marchés carbone et les multinationales occidentales qui utilisent les paradis fiscaux.Bien qu’actionnaires de ces institutions, les gouvernements - dont la France - ne montrent aucunevolonté politique de les transformer. Face à cette inertie, les plaidoyers des Amis de la Terre et de leurspartenaires ainsi que les actions de terrain peuvent parfois avoir gain de cause. Comment agir pourchanger les politiques d'investissement des IFI ? Suivez le guide…

DOSSIER

Institutions financières - climat : le double langage

Double langage : les gouvernements promettent de réduire les émissions de CO2 et permettent dans lemême temps aux institutions financières d'investir dans les ressources fossiles.

Institutions financières internationales Entre hypocrisie et schizophrénie

n°160 / déc 09

n°160 / déc 09

La BEI est impliquée dans de nombreux projets très controversés du point de vue énergétique, à l'opposédes discours qu'elle tient et loin de tout contrôle citoyen.

Addiction au carbone La BEI réchauffe le climat dans l’opacité la plus totale

La Banque européenne d’investissement (BEI) pourraitjouer un rôle central dans la transition écologique del’économie. Institution de l’Union européenne, créée en 1958,la BEI a des capacités de financement deux fois supérieures àcelles de la Banque mondiale. L’une de ses priorités serait defaire « du financement à long terme des investissementsdestinés à lutter contre le changement climatique ». En 2004,la BEI a même annoncé sa décision de consacrer 50 % deses prêts à des projets basés sur les énergies renouvelables.Pourtant, les faits viennent démentir ces beaux discours.

Une nette préférencepour les projets émetteurs de CO2

Depuis 1997, la BEI a investi 17 milliards d’euros dansles énergies fossiles, en Europe et dans le monde. Sur23,7 milliards d’euros de prêts consacrés à des projetsénergétiques, 47 % sont allés à des projets de productionet de distribution d’énergies fossiles, entre 2002 et 2006 (1).Et la situation ne s’améliore pas : au premier semestre 2009,elle a accordé 800 millions d’euros à des raffineries depétrole, notamment à l’entreprise italienne ENI. A cela s’ajouteles 3,2 milliards d’euros (56 % des prêts totaux pourl’industrie) affectés à l’industrie automobile et les 300 millionspour la construction aéronautique.

L’oléoduc Tchad Cameroun, le gazoduc Ouest africain(Nigéria, Bénin, Togo, Ghana), ou l’exploration pétrolièreà Basilicata en Italie, tels sont les projets très controversésfinancés par la BEI. Des projets dont la durée de vie estde 30 à 50 ans... Aujourd’hui, son intérêt pour les projetsd’oléoducs dans les Balkans, notamment le gazoducNabucco et l’oléoduc de Burgas-Alexandroupolis, laissesupposer que rien ne changera dans les prochaines annéesdans son soutien aux énergies polluantes.

L’opacité comme mode de gestionLa BEI a adopté un système de comptabilité assez

étrange : les projets pétroliers n’apparaissent pas dansle secteur énergie, mais dans celui de l’industrie. Une manièrede rendre un peu moins transparent ce système déjà biencomplexe. Et surtout, un quart des investissements de la BEIsont des « prêts globaux », lignes de crédit accordéesà des intermédiaires financiers, prêtant à leur tourà des entreprises ou à des autorités publiques. Aucuneinformation n’est publiée sur l’utilisation finale des fonds...En 5 ans, ce sont 66 milliards d’euros d’argent public qui ont

été ainsi distribués. Une enquête de CEE Bankwatch Networken 2004 auprès de 386 de ces intermédiaires a montréqu’aucune des 73 banques ayant répondu ne financede projets dans les énergies renouvelables, contrairementaux affirmations de la BEI.

La BEI s’est engagée à mettre en place un systèmede calcul de l’empreinte carbone des projets qu’elle finance,mais à ce jour, elle n’a présenté aucun résultat. En 2007,le Parlement européen a voté à une large majorité unerésolution demandant « un arrêt du soutien public, via lesagences de crédit aux exportations et les banquesd’investissement publiques, aux projets d’énergies fossiles ».Sans aucun effet pour le moment.

> agnèS rouSSeauX

(1) Selon Bankwatch Network.

La BEI n’a présenté aucun résultat de l’empreinte carbone des projetsqu’elle finance.

La sécurité énergétiqueau détriment de l’avenir de la planètePourquoi les institutions financières internationales comme la BEI, sont-elles autant dépendantesdes ressources fossiles ?

Les pays industrialisés, qui possèdent la majorité des droits de vote dans ces institutions, s'en servent comme outilsupplémentaire pour assurer leur sécurité énergétique. 82 % des projets pétroliers soutenus par la Banque mondiale entre 1992et 2002 étaient destinés à l’exportation vers les pays riches. Alors que les pays du Sud peinent souvent à accéder à l'énergie debase, les IFI soutiennent des projets d'exportation massive d'énergie vers les pays industrialisés. Le financement des IFI est ainsiune aide directe à la consommation de pétrole, en faisant diminuer les coûts pour les pays industrialisés. Un soutien à lasurconsommation incohérent et incompatible avec les impératifs climatiques et de justice sociale.

n°160 / déc 09

Institutions financières - climat :

le double langage

DOSSIER

Gouvernance La BEI joue la carte de l’opacité

Les 28 administrateurs de la Banque européenne d’investis -sement (BEI) sont tous issus des ministères des Finances des paysmembres (plus un pour la Commission européenne). Ils décident àeux seuls de l’octroi des prêts de la Banque. Première limitesoulevée par les Amis de la Terre et la Coalition Counter Balance :l’absence de représentant des affaires étrangères ou del’environnement, alors même que la BEI se définit comme unebanque de développement et est censée soutenir la réalisation desobjectifs de l’Union européenne en matière environnementale.D’autre part, le caractère non-permanent de ce Conseil inquiète : ilne se réunit que dix fois par an pour examiner plus de 300 projets !

« Conflit d’intérêts » Selon la BEI, il revient aux promoteurs « de veiller au respect

des exigences de la Banque et, en particulier, de s’assurer de laconformité de leurs projets avec la réglementation.» « Il y a unconflit d’intérêt évident ! », commente Anne-Sophie Simpere,chargée de campagne Finance publique aux Amis de la Terre.«En laissant au demandeur la charge d’évaluer son propre projet,la Banque se défait de ses responsabilités, et peut s’enorgueillird’alléger ses coûts de fonctionnement ». Quant aux normes elles-mêmes, qui découlent de la législation européenne, elles ne sontexigibles que dans les pays de l’Union. En dehors de sesfrontières, la Banque définit des engagements au cas par cas.

Nouveau mécanisme de plainteLa BEI doit normalement publier les projets avant qu’ils ne

soient soumis au vote. « Mais on n’a parfois que quelquesjours pour réagir, regrette Anne-Sophie Simpere. Et danscertains cas, la banque se réserve toujours le droit dene publier un dossier qu’après approbation du prêt, voire aprèsle versement.» Les ONG demandent donc un délai minimumde 30 jours avant vote. Elles contestent également le refusde la banque de rendre publics les contrats de financementsau motif qu’ils comportent des informations commercialesconfidentielles : les ONG demandent d’avoir accès aux partiesconcernant les obligations définies en matière sociale etenvironnementale. Enfin, l’opacité règne sur les prêts accordésaux banques ou institutions financières intermédiaires àqui la BEI délègue la décision de financement. Les citoyenset la société civile n’ont actuellement aucun moyen de savoirqui sont les bénéficiaires finaux.

En 2008, la mobilisation des Amis de la Terre a permis uneavancée avec la signature par la BEI d’un Protocole d’accordavec le Médiateur européen : il permet aux personnes physiquesou morales de porter plainte en cas de mauvaise administrationde la BEI. Dans ce cadre, Counter Balance a déposé récemmentune première plainte concernant un barrage en Ouganda.

> Caroline HoCQuard

Comment les décisions sont-elles prises à la BEI ? Quelles exigences et quelles garanties ? Pour quelniveau de transparence et quelles possibilités de recours ? Decryptage.

Les idées reçues du Pr. Emil Emilion

Les IFI interviennent au nom des Etats pour consolider l’économie !La Banque mondiale (BM) et la Banque europé enne d’investissement (BEI ) poussent dans le sens

des intérêts de leurs actionnaires, les Etats. En outre, elles encouragent par leurs prêts à taux basdes projets qui ne paraissent solides que grâce à leur caution : un dollar prêté par la Banquemondiale attire deux à trois dollars de prêts de banques privées.

Les institutions publiques internationales sont hyper contrôléesUn quart des investissements de la BEI va à des intermédiaires financiers et aucune informationn’est publiée sur les bénéficiaires finaux de ces prêts.

L’engagement des IFI garantit le respect de l’environnementOléoduc Tchad Cameroun, mines en Zambie, grands barrages… La BM et la BEI sontimpliquées dans des projets désastreux. Difficile de voir en quoi elles garantissent le respectde normes environnementales et sociales !

Il faut désenclaver tous les territoires et démocra tise la vitesse. Voilà pourquoi la BEIinvestit autant dans les transports routiers et aériens La route et l’avion sont les moyens de transport les plus émetteurs de gaz à effet de serre,des émissions peu ou pas taxées… qui continuent d’augmenter. Plus on voyage vite, moinson connaît les pays que l’on traverse… dans des infrastructures qui les défigurent !

Le charbon est la moins chère des énergies : les pays en développe ment en ont besoin et lesIFI les poussent à choisir des centrales thermiques moins polluantes dites super-critiquesDes rapports montrent que les pays du Sud pourraient passer directement à des systèmesénergétiques basés sur les renouvelables, sans passer par un développement « tout fossile ».En outre, une centrale super-critique au charbon reste bien plus polluante qu’une centrale au gaz,

la cogénération, l’éolien, le solaire... et les écono mies d’énergie. Gardons l’argent publicuniquement pour les renouvelables et l’efficacité énergétique.Les IFI sont des jalons vers un indispensable gouvernement mondial

Contrôlées par une poignée d’Etat riches alors qu’elles affectent tous les Etats du monde, lesmachines financières mènent à la catastrophe. Une harmonisation mondiale est nécessaire mais elle

ne pourra être juste et efficace que si elle s’appuie sur les réalités locales, contrôlées par les citoyensdans le respect des droits de l’homme et l’environnement.

Le Pr. Emil Emilion, spécialiste es idées reçues présente, concernant les institutions financières, quelquesspécimens de sa collection. La Baleine les remet à leur place !

La Baleine accueille un nouveaucolla bora teur : le ProfesseurEmil Emilion, dont la marraineest Françoise Chanial (côtéscéna rio) et le parrain IvanEscudié (côté dessin).

n°160 / déc 09

Mines«La BEI devrait accroître ses prêts àl’agriculture ou au tourisme, plus soutenables»

Les Amis de la Terre - Europe ont publié en mai 2009un rapport sur les subventions publiques accordées entre2004 et 2008 aux énergies fossiles, par l’Union européenne (UE)et trois de ses Etats-membres (Pays-Bas, France etRoyaume-Uni).

Ses conclusions : alors que l’urgence est au changementde modèle énergétique, le secteur pétrolier européen bénéficiede subventions publiques massives qui constituent un énormegâchis d’argent public, au seul bénéfice d’un des secteursles plus bénéficiaires du monde. Sur la période étudiée, cesont ainsi près de 10 milliards d’euros qui ont été alloués parl’UE et les gouvernements des pays concernés, qui abritenttrois des plus grosses entreprises pétrolières au monde (Shell,Total et BP), sous forme d’aides à la recherche et au dévelop-pement ou de garanties aux exportations.

Le gaz, grand gagnantLa Banque européenne d’investissement (BEI) est le principal

soutien avec 6,7 milliards d’euros, principalement dans ledomaine gazier. 500 millions d’euros ont ainsi été prêtés augouvernement britannique en 2004, pour la construction d’ungazoduc reliant la Norvège au Royaume-Uni ; un comble, pourdeux pays richissimes qui figurent parmi les plus grosproducteurs de brut au monde ! 500 millions ont également étéprêtés en novembre 2008 à l’allemand E.ON pour accroître sescapacités de stockage de gaz, plutôt que pour aider le pays àrespecter ses engagements ambitieux en matière d’énergiesrenouvelables...

Et la liste est longue. Manifestement, la BEI a encore degros progrès à faire !

> gwenael waSSe

Chargée de campagne • RSEE

En Zambie, la BEI affecte environ 80 % de ses prêts au secteur minier. Les Amis de la Terre travaillentavec le CTPD (Centre sur les politiques commerciales et le développement) sur les impacts des minesdans le pays. Rencontre avec le directeur du Centre, Savior Mwambwa.

Subventions aux fossiles, merci la BEI !

La Baleine : En quoi consistele travail du CTPD ?

Savior Mwambwa : Le CTPDregroupe une douzaine d’organisationsde la société civile zambienne quitravaillent sur le commerce et la justiceéconomique en Zambie. Noussurveillons les activités desmultinationales, notamment dans lesecteur minier. Ces entreprisespourraient apporter des bénéfices auxcommunautés, en créant de l’emploi eten contribuant au développement desinfrastructures sociales et économiques.Mais depuis la privatisation du secteur,les résultats des compagnies minièresont été très décevants : lesinfrastructures, les avantages sociauxcomme l’accès aux soins pour lestravailleurs, n’existent plus. Lesconditions de travail sont mauvaises etles opérations minières ont causé degraves problèmes environnementaux. Aux côtés des Amis de la Terre et de Counter Balance,le CTPD enquête sur les impacts des compagnies minièressur les communautés et l’environnement, et attire l’attentiondes décideurs et des gouvernements européens surla situation en Zambie.

lb : Quelle est la situation de l'industrie minière en Zambie ?et que pensez-vous des choix financiers de la bei ?

SM : Avec la crise financière mondiale, les compagnies minièreslicencient les travailleurs. Pourtant, il y a deux ans, lesentreprises faisaient des profits énormes en raison des prixélevés du cuivre. A ce moment là elles refusaient de payerdes taxes au gouvernement qui auraient pu lui permettrede gérer les problèmes sociaux. Les entreprises ne se sont pasconduites de façon responsable.

Nous comprenons que la BEI ait sespropres critères pour choisir lessecteurs à financer, mais nousespérons qu’elle envisage aussid’autres secteurs d’intervention auxeffets négatifs moindres. Notregouvernement essaie de promouvoirla diversification de l’économiezambienne pour ne plus dépendreautant de l’industrie minière. Dansce contexte, la BEI devrait accroîtreses prêts à d’autres secteurs commel’agriculture ou le tourismequi pourraient être plus compétitifs etsoutenables pour la Zambie.

lb : Qu’attendez-vous desrencontres au parlement européenavec les décideurs de l'ueet de la bei ?

SM : Nous espérons amener uneperspective de terrain aux habituellesdiscussions techniques, sur la basede notre expérience locale. Il est

important pour nous de parler des impacts des prêts de laBEI, non seulement sur l’économie zambienne mais aussi surla situation sociale et environnementale des communautésdans lesquelles les compagnies minières opèrent. Nousespérons que chacun réalise les responsabilités de la BEI, etla nécessité que la Banque s’assure que l’argent qu’elledonne aux entreprises ne contribue pas à l’aggravation desproblèmes environne mentaux et sociaux. La BEI etles parlementaires européens doivent savoir qu’ils peuventutiliser leur pouvoir pour pousser les compagnies minières àassumer leurs responsabilités face aux impacts de leursopérations sur les communautés.

> propoS reCueilliS par anne-SopHie SiMpere

Institutions financières - climat :

le double langage

DOSSIER

n°160 / déc 09

BEI et transports Le bon secours des aéroports et des autoroutes

Le BEI aime les transports qui gaspillent les hydrocarbures.Entre 1996 et 2005, elle a investi 112 milliards d’euros dansle secteur. Plus de la moitié est allée aux transports aérienet routier, et en Europe centrale et orientale, cette part monte à68 %. 37 milliards d’euros ont servi à la construction de routes,dont 26,5 milliards pour des autoroutes. 16 milliards d’eurossont allés à l’industrie aéronautique (extensions d’aéroports,construction ou achat d’avions). Mais 9 milliards environ ontaussi bénéficié aux industries de l’automobile et du pneu.

Emissions induites En matière de transport aérien, si leurs nouvelles capacités

sont pleinement utilisées, les projets d’extensions d’aéroportsfinancés par la BEI, tels que le Terminal 5 de Heathrow (Londres),la cinquième piste de Schiphol (Amsterdam) ou le Terminal 4Bajaras (Madrid) devraient, selon Bankwatch, émettre un total de45,5 millions de tonnes de CO2 supplémentaires par an, ce quireprésente plus que les émissions annuelles de l’Irlande.

En 2009, la BEI a déjà octroyé 7,22 milliards d’eurosaux transports, dont plus de 3,2 milliards d’euros pour la route(dont de nombreuses autoroutes), soit 44 % du total. En outre,330 millions d’euros ont été prêtés au secteur aérien. Pour unepart des prêts restants, il est impossible de déterminer la naturedes projets financés car la BEI ne divulgue aucune information àce sujet. Ces données 2009 ne comprennent pas les nombreuxprêts accordés à l’industrie automobile, classés dans le secteurde l’industrie.

Si en France, les financements de projets de transportsurbains et de TER par la BEI sont nombreux, la banque soutientaussi de nombreux projets autoroutiers (périurbains et deinterurbains), des LGV, des rames TGV et des travauxd’infrastructures aéroportuaires tels que les satellites 3 et 4de l’aéroport Roissy-Charles de Gaulle.

Financements des autoroutiers Alors que l’on continue malgré le « Grenelle » à tracer

environ 250 km d’autoroute par an en France, la BEIs’enorgueillit d’avoir prêté 200 millions en 2008 au groupe Vincipour ce qui était alors le plus gros chantier autoroutier

de France : l’A19, qui relie désormais Artenay (Loiret) etCourtenay (Yonne). Elle s’est fait une spécialité du soutienaux groupes autoroutiers privés et aux partenariats public-privé,qui permettent aux actionnaires des premiers de profiter d’unmeilleur effet de levier grâce aux fonds publics apportés parles contribuables.

Les militants des Amis de la Terre de l’Isère apprécierontsans doute particulièrement le soutien de 200 millions d’eurosenviron apporté en décembre 2006 à la construction de l’A51entre Coynelle et le Col du Fau (Isère). L’ouverture de cetronçon, en 2007, fait craindre le bouclage de ce projet datantde 1987. Il n’a toujours pas fait la preuve de sa viabilitééconomique, mais saccagerait la vallée du Trièves et renforceraitincidemment la pollution aérienne de la cuvette de Grenoble.

> anne SopHie SiMpere

Plus de la moitié des investissements de la BEI dans les transports ont été investis dans l’aérienet le routier. Une tendance encore plus nette en Europe centrale et orientale.

Les IFI parient sur les marchés carboneNon contentes de financer directement les énergies fossiles,

la Banque mondiale (BM) et la BEI sont parmi les principalesinstitutions financières (IFI) à créer et gérer des fonds carbone,afin de développer les marchés carbone. Créatrice du Fondsproto type pour le carbone dès la fin des années 1990, la BMgère aujour d’hui une douzaine de fonds et mécanismesanalogues, pour un total de 2,2 milliards de dollars (alimentéspar les contribu tions de 16 gouvernements et 66 entreprises).Elle a notamment créé le très controversé Fonds de partenariatpour le carbone forestier, qui vise à faire rentrer les forêtsdans le marché carbone. La BEI quant à elle gère quatre fondscarbone pour 500 millions d’euros environ.

Fuite en avantQuelle rhétorique sous-tend ces initiatives ? Pour la BM,

« le marché du carbone apparaît comme un moyen efficacede réduire les émissions de GES et de transférer des ressources

financières et des technologies propres vers les pays endéveloppement ». Pourtant, si aucune étude de la banquene démontre « l’efficacité » du marché carbone, de nombreusesrecherches indépendantes taillent en pièce le mécanismede compensation carbone Nord-Sud dont la BM est friande.Et de préciser : « Grâce aux crédits carbone, l’Afrique sera enmesure d’exploiter tout le potentiel de ses ressources naturellespour favoriser un développement propre». Une affirmationdémentie par le gouvernement français lui même, qui reconnaîtque le marché carbone ne va que là où la demande estsolvable, et délaisse quasi-intégralement l’Afrique. Restantsourdes aux analyses critiques, les IFI poursuivent leur fuiteen avant dans la financiarisation de la lutte contre leschangements climatiques.

> SébaStien godinot

Coordinateur des campagnes

Campagne BEI. « La BEI ne voit pas deproblèmes, n'entend pas les plaintes etne donne pas d'informations. »

n°160 / déc 09

DOSSIER

Institutions financières - climat :

le double langage

Il y a dix ans, la BEI affirmait qu’elle n’avait de «compte à rendre qu’au marché» et refusait tout dialogue avec les ONG.Aujourd’hui, elle organise des consultations publiques sur ses politiques, publie la liste des projets qu’elle finance sur internet, et aété obligée de reconnaître sa mission de développement dans les pays les plus pauvres. Le Parlement européen a obtenu davan-tage de pouvoirs sur la BEI, le Médiateur européen a accepté de juger les plaintes reçues contre la Banque, et elle a renoncé àfinancer certains projets très controversés comme le barrage Gilgel Gibe III en Ethiopie. Chacun de ces progrès est lié à la mobili-sation et la détermination de la société civile et de députés européens. Alors que les institutions financières internationales (IFI) pré-tendent agir contre les changements climatiques et la pauvreté en soutenant massivement les énergies fossiles, la route, l’aviation,et les multinationales occidentales qui utilisent les paradis fiscaux, il faut plus que jamais rester mobilisés.

Mobilisation Agir pour changer les politiques d’investissementLes plaidoyers des Amis de la Terre et de leurs partenaires ainsi que les actions de terrain peuventparfois avoir gain de cause. Suivez le guide…

Faire connaître les enjeuxde Copenhague

Climat : exiger la cohérenceLa France, en tant qu’actionnaire impor-tant, doit se positionner explicitement etactivement au sein de la Banque mon-diale et de la BEI pour leur demander de :

1. Calculer les émissions induites parleurs financements et investissement2. Fixer des objectifs de réduction deleurs émissions de GES induites3. Stopper le financement public desénergies fossiles4. Stopper le financement public del’aviation

BEI au Sud : non aux mineset aux paradis fiscauxAfin de respecter son mandat de déve-loppement, la BEI doit :

• instaurer un moratoire sur les financementsdes projets miniers au Sud tant qu’elle n’estpas dotée de meilleures normes et pratiquesinternationales dans ce secteur• arrêter de financer des projets liés à desparadis fiscaux

S'informer

Pour comprendre le fonction ne ment desIFI et leur politique d’investisse ment, desoutils existent :

• Rapport IFI et climat : la grandehypocrisie des Amis de la Terre – France

• Guide citoyen BEI : une banque pascomme les autres ?

www.amisdelaterre.org/publications

• Coalition européenne : www.counterbalance-eib.org

S'exprimer

Fin 2007, les Amis de la Terre lan-cent la première campagne de pétitioncontre les investissements de la BEI dansle secteur minier en Afrique. Des milliersde cartes postales envoyés au Présidentde la BEI poussent la Banque à soutenirl’initiative pour la transparence dans lesindustries extractives. Les actions de rue

augmentent la pression : en juin 2008, àl’occasion de la réunion annuelle des Gouverneurs

de la BEI, des militants venus de toute l’Europe distribuent une parodiede journal présentant une BEI « repentie », finançant des projets plussoutenables. De fausses conférences de presse publiques sont égale-ment organisées annonçant un mea culpa de la BEI pour ses erreurspassées. A Bruxelles, les Etats membres de l’Union européenne sontmis en scène, donnant des valises de billets de banque à la BEI qui lesenvoie ensuite sur une île paradisiaque : une idée d’action pour dénon-cer l’implication de la BEI dans les paradis fiscaux.

n°160 / déc 09RÉSEAU

LE PLUS GRAND RÉSEAU ÉCOLOGISTE MONDIAL

Oui, je soutiens les Amis de la Terre !❑ le plus simple : 1 € par semaineSoit un prélèvement automatique de 13 euros par trimestre.Merci de compléter ce bulletin et de nous le retourner accompagné de votre RIB oude votre règlement au secrétariat national : Les Amis de la Terre • 2B rue Jules Ferry • 93100 Montreuil

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n°160 / déc 09

v Dernière publication

La Baleine : dans le titre, vous par-lez d’« industrie de la viande» et nonpas d’«élevage». pourquoi ?

fabrice nicolino : Il faut arrêter de par-ler d’élevage. C’est absurde ! L’essentielde la viande que nous consommons estproduite industriellement. Ce processus,mis en mouvement au moment de larévolution industrielle, a transformé lesdifférents domaines de l’agriculture enindustries. Les paysans sont désormaisdes ouvriers et les fermes des usines.

lb : pour quelles raisons vous êtes-vous lancé dans cette enquête ?

fb : Pour être bref, je dirais le sortdes animaux. Pour moi, il s’agit de

compagnons – et non pas de choses– qui doivent être traités avec tout lerespect dû à des êtres vivants sensi-bles. Or depuis quelques dizainesd’années, le rapport que nous entre-tenons avec eux s’est considérable-ment détérioré. Aujourd’hui, l’animaln’est plus, il est devenu une mar-chandise. Comment a-t-on pu enarriver là ? C’est ce que j’ai voulucomprendre.

lb : Quelles sont les conséquences deces nouveaux modes de production ?

fb : Cette machine industrielle est com-plètement amorale. Son seul but est deproduire aux prix les plus bas. Les ani-maux sont élevés dans des conditions

totalement artificielles et leurs besoinsphysiologiques sont outrageusementniés. Traitées au antibiotiques, nourriesau soja génétiquement modifié venud’Amérique latine, bourrées d’hormoneset de tranquillisants, les bêtes fournissentune viande qui contient des résidus chi-miques. Et aujourd’hui, de nombreusesétudes montrent qu’il existe un lien entrela consommation de viande et le déve-loppement de maladies comme les can-cers, le diabète et l’obésité. Enfin, cetteindustrie émet 18 % des gaz à effet deserre mondiaux selon la FAO, c’est plusque la totalité des gaz à effet de serreproduits par les transports.

> propoS reCueilliS parluCile peSCadère

Alors que les pays industrialisés font pression pour inclure les marchéscarbone dans le prochain accord sur le climat à Copenhague, un nouveaurapport des Amis de la Terre Royaume-Uni, La compensation carbone, unedistraction dangereuse conteste l’efficacité de ce système et met en lumière sesrisques pour le climat et l’économie.

Le rapport démontre que les marchés ne permettent pas de réduire efficace-ment les émissions de gaz à effet de serre, qu’ils sont profondément injustes, etqu’ils risquent d’être à l’origine de la prochaine crise financière. Selon SébastienGodinot, coordinateur des campagnes aux Amis de la Terre – France « la majo-rité des échanges n’est pas gérée par les industries concernées légalement parles quotas, mais par des banques et investisseurs qui spéculent sur les créditscarbone, et créent des produits financiers complexes, similaires aux subprimesqui ont conduit à la crise financière actuelle. ».

Les Amis de la Terre demandent aux gouvernements de prendre leurs res-ponsabilités et de gérer la lutte contre les changements climatiques avec despolitiques non risquées de régulation, de taxation et d’investissements publics,au lieu de parier sur le marché financier dont les échecs répétés soulignent ladangerosité.

> Caroline prak

Lire le rapport en ligne sur www.amisdelaterre.org/publications

Modes de production «L’animal n’est plus, il est devenu une marchandise»

Marché carbone : attention, danger !

L’écrivain et journaliste Fabrice Nicolino vient de publier Bidoche, l’industrie de la viande menace le monde(éd. Les liens qui libèrent, 2009), un livre enquête qui dénonce les pratiques d’une industrie totalementamorale. Rencontre.

Nos sites internetwww.renovation-ecologique.org I www.ecolo-bois.org I www.justice-climatique.org I www.dubruitpourleclimat.orgwww.produitspourlavie.org I www.prix-pinocchio.org

n°160 / déc 09JURIDIQUE

La réparation du préjudice écologique en débat

Le juge français accorde traditionnelle-ment la réparation de deux types de préju-dices, matériel et/ou moral. Pour une asso-ciation de protection de l’environnement, lepréjudice matériel peut par exemple êtrel’indemnisation lorsque celle-ci a engagédes frais réels pour nettoyer l’environne-ment altéré. Elle peut aussi revendiquer unpréjudice moral, le dommage environne-mental étant con traire à sa mission sociale.Le juge considère alors que la pollution oula violation de la réglementation environne-mentale porte atteinte à l’objet statutairede l’association environnementale, d’oùl’importance d’une bonne rédaction del’objet statutaire de l’association.

Evaluer le préjudice A titre de réparation, une association

de protection de l’environnement a voca-tion à solliciter en priorité la remise en étatde l’environnement ou la cessation d’unesituation administrative irrégulière, avanttoute mesure de réparation financière. Laremise en état n’étant pas toujours possi-ble, la question de la réparation «préjudiceécologique» est en débat. Faut-il condam-ner l’auteur du dommage à payer des

indemnités lorsque ce dommage n’estpas réversible ? Comment évaluer, finan-cièrement, le prix de la destruction de lanature ? Malgré les travaux économiquessur ce sujet, le juge ne dispose pas, pourl’heure, d’une grille objective d’évaluationde ces préjudices.

La décision du TGI de Paris sur l’Erikan’était cependant pas la première à recon-naître l’existence et à indemniser un préju-dice écologique. Pour autant, cette déci-sion, portée en appel cet automne, estsymptomatique des problèmes soulevés. Ilest indispensable de militer en faveur de lareconnaissance et de l’indemnisation dupréjudice écologique. Cependant, se posela question de l’attribution des indemnités.La décision précitée sur l’Erika a notam-ment décidé d’allouer ces indemnités àcertaines associations ou collectivités terri-toriales. Elle est sur ce point contestable.

Qui indemniser ?Les associations ne sont en effet en

rien propriétaires de l’environnement,même dégradé. Patrimoine commun de lanation, le montant des indemnisations cor-respondant au préjudice écologique

devrait donc être affecté à l’Etat pour luipermettre de financer des politiques envi-ronnementales. Sous quelle forme? Laquestion est ouverte. La solution la plusnaturelle voudrait qu’à l’occasion d’un pro-cès pénal, la peine d’amende soit propor-tionnée à l’importance du préjudice écolo-gique afin d’assurer sa réparation pleine etentière. Malgré des évolutions récentes, laplupart des peines d’amendes en matièreenvironnementale demeure très symbo-lique, comme le montant des dommageset intérêts alloué aux associations au titrede leur préjudice moral. Pourtant, l’expé-rience démontre aussi que ces associa-tions jouent un rôle social non négligeablepour défendre l’environnement et qu’ellesendossent le rôle stratégique d’«avocat»de l’environnement – la nature n’ayant pasla possibilité de se défendre elle-même –en facilitant la compréhension des enjeuxpar des magistrats dotés, sauf exception,d’une faible expertise technique en lamatière. Ainsi en va-t-il d’une réparationintégrale du préjudice écologique.

Il est trop tard pour cantonner la « jus-tice environnementale» à l’état de slogan.

> JuLIeN B. et pIeRRe BOyeR

La réparation du préjudice écologique pose les questions du « prix » de la nature et de l’attribution desindemnités : associations, collectivités territoriales, Etat ?

COLLECTIFS

«Copenhague» est un rendez-vous international à ne pasmanquer. Devant les enjeux, l’urgence, les implications de cetaccord – si accord il y a – ONG, syndicats et associations seretrouvent pour des actions collectives. Parce qu’être ensemblerend plus forts, les Amis de la Terre ont décidé de coordonner leprojet «Un train pour Copenhague».

Un train pour CopenhaguePour être au cœur des actions et pour peser sur les décisions

prises, 400 personnes partiront le 11 décembre dans un train affrétépar les Amis de la Terre, soutenus dans ce projet par les collectifsUltimatum climatique et Urgence Clima tique Justice Sociale. Avec1230 km en train, au départ de Paris, en passant par Bruxelles,les militants auront 14 heures pour se préparer à la manifestationinternationale pour le climat le 12 décembre à Copenhague.

Le matin, les militants pourront participer à une « maréehumaine », préparée et mise en scène par les Amis de la Terre –International. L’idée ? Les gouttes individuelles créant des marées,les corps réunis formeront une force impossible à ignorer. Habillésde bleu, les manifestants exigeront la justice climatique avant derejoindre l’après midi un cortège plus grand encore, rassemblanttoutes les organisations présentes à Copenhague.

Des messages aux décideursLes groupes locaux ont tenu depuis des mois des stands pour

inciter les passants à s’exprimer sur les changements climatiques.Ces messages, après avoir été déployés le 5 décembre lors d’unejournée d’action pour le climat en France, seront exposés au seindu forum alternatif de Copenhague, le Klimaforum.

Si le risque de n’aboutir à aucun accord contraignant àCopenhague est de plus en plus certain, gardons le cap du collec-tif, l’énergie décuplée permet assurément de plus grandes choses.

> L’ÉQuIpe cOpeNHAGue

Des actions, oui, mais collectives !

Le patchwork des Amis de la Terre, fruit de la mobilisationde l'ensemble des groupes locaux.

AVERTISSEMENT Cet article a été rédigé avant la fin de la réunion de Copenhague

Depuis 1971Le Courrier de la Baleine Le journal des Amis de la Terre

PratiquesDilemmes écologiques au quotidien

Vaisselle Bain ou eau courante? Dans un couple, l’un tient à faire deux

bains (lavage et rinçage) pour ne pas fairecouler l’eau. L’autre préfère économiserl’eau en utilisant une savonnée trèsconcentrée directement sur les ustensilesà laver, mais dont la concentration obligeà rincer les objets à l’eau courante, quis’écoule directement dans l’évier engrande quantité.

solution proposée : Plutôt facile ! Leliquide vaisselle doit être écolo et la vaisselledébarrassée du plus gros des souillures(dans le bac à compost ). L’eau de vais-selle presque chaude peut être utiliséepour une grande quantité de plats à laver,à accumuler, quel que peu moussue,après le passage à l’éponge. Le rinçagesera effectué à température légèrementplus chaude, dans un bac, afin de décol-ler les traces de détergent, même s’il estbiodégradable. Les mesures effectuéespar l’Ademe montrent que la plupart desusagers sont incapables de modérer laquantité d’eau utilisée au rinçage.

Voiture Fenêtre ouverte ou climatisation ?

On ne recule parfois pas devant lesarguments les plus tordus pour préserverson confort : certains prétendent querouler la fenêtre ouverte en automobileest pire que la clim’ à cause de la surcon-sommation induite en raison de la baissed’aérodynamisme de l’engin…

solution proposée : Vous vous yattendez, cet argument ne tient pas. Lessurconsommations de carburant dues àla climatisation sont de l’ordre de 20 %alors que le fait de rouler fenêtresgrandes ouvertes n’occasionne qu’unedépense supplémentaire de quelquespourcents. Il faut aussi que la voiture soitpleine comme un œuf.

Bébés Couches jetablesou couches lavables?

Il existe une alternative aux couches tra-ditionnelles, qui demandent beaucoupd’énergie à la fabrication et produisent desmontagnes de déchets: la couche lavable etdonc réutilisable. Le succès de ces couchesplus écologiques, réputées intéressantespour l’hygiène du bébé et sa santé (ellessont souvent réalisées en matériaux écolo-giques), est contrebalancé par un discoursconsistant à affirmer que l’eau et l’énergiedépensées pour laver et sécher les couchesserait plus importantes que les déchets.

solution proposée : Les objets réutili-sables sont en général toujours préférablesaux jetables. Le séchage naturel permet delimiter l’énergie dépensée. Les coucheslavables peuvent aussi être prêtées et don-nées : comme les vêtements, elles sontainsi doublement réutilisées. Enfin, pour évi-ter les contraintes de lavage en voyage parexemple, de nouvelles couches jetables bioont vu le jour sur le marché. Elles représen-tent toujours des déchets importants, maissont plus respectueuses de l’environne-ment dans leur fabrication. Voir aussi lenouveau site www.produitspourlavie.org

RÉDActION cOLLectIve... ÉvIDemmeNt !

L’enfer est pavé de bonnes intentions, mais de deux maux il faut choisir le moindre et tant qu’on a lasanté… Il serait si simple de pouvoir suivre ce genre de précepte pour s’orienter dans des dilemmesdignes des questions des plus grands scolastiques.

Le site www.produitspourlavie.orglancé fin 2009 pourra vous aiderà résoudre vos dilemmes.

Pratique : une rubriqueà s'approprier …

Dédiée au quotidien, aux pratiques militantes,cette rubrique est ouverte aux propositions.N'hésitez pas à envoyer vos propositionsd'article : Contact :[email protected]

HumeursJ’y compense et puis j’oublie - Dans notre monde qui court vers l’abîme, la compensation de ses émissions carboneest devenue incontournable. People et individus lambdas, entreprises, institutions publiques, tout le monde y pense et compense.Nous nous en tiendrons ici aux people, qui sont d’excellents baromètres de l’imbécillité ambiante. Un fameux chanteur français, que certains affublent du sobriquet de « au bistrot », déclare au Parisien : «Je pollue comme toutle monde. Mais (…) J’ai un 4x4 vert.» Il parlait bien sûr de la couleur du monstre.Un célèbre comédien états-unien, qui porte le même nom qu’une mutinationale de l’automobile, est un fervent soutien des écolo-gistes : il se serait fait épiler la poitrine pour financer l’ONG Conservation international. Un type au poil, ce Harrison.Un milliardaire anglais qui a fait de la virginité sa marque de fabrique, vient de créer une filiale dans le tourisme spatial, et affirme :«Nous sommes capables d’envoyer des satellites dans l’espace sans aucune diffusion de carbone.» La diffusion de la bétiseverte, elle, est en expansion continue.Enfin, Laëtitia, la femme de notre Elvis à nous, a pris la présidence de la Maud Fontenoy fondation pour la sauvegarde des milieuxmarins. On se délecte de la prochaine élection de miss otarie. Et vous, compensez-vous ?

> ALAIN DORDÉ