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2. La bande dessinée La bande dessinée pour remplacer nos manuels scolaires ? Par Marylou Magal – Publié le 2 décembre 2016 http://www.lepoint.fr/pop-culture/bandes-dessinees/la-bande-dessinee-pour-remplacer-nos-manuels-scolaires-02-12-2016-2087519_2922.php Les planches s'approprient les théories scientifiques et grands classiques littéraires. Elles font déjà office d'ouvrages pédagogiques aux États-Unis. Sur les étagères des librairies, il est de plus en plus courant de tomber sur Le Capital de Marx ou La Théorie de la relativité d'Einstein. Rien de particulier à cela en soi, si ce n'est que ces ouvrages classiques sont désormais édités sous la forme de bandes dessinées. Nouvelle forme de vulgarisation du savoir, elles s'imposent désormais comme un support de connaissance alternatif, voire comme une véritable méthode éducative. Face au phénomène, on s'interroge. Le savoir peut-il se transmettre par l'humour ? Quelle place pour la bande dessinée dans les institutions d'enseignement ? Notre rapport au savoir et à l'enseignement a-t-il changé ? Les collections mêlant ouvrages classiques et bandes dessinées fleurissent chez les éditeurs. Les Classiques en manga (éditions du Soleil), par exemple, se réapproprient les incontournables de la littérature, de la science, de la philosophie, sous la forme d'une bande dessinée japonaise en noir et blanc. On peut donc s'imprégner des théories Du contrat social de Rousseau ou d'Ainsi parlait Zarathoustra de Nietzsche sans avoir besoin d'ouvrir les bouquins en question. Avant les éditions du Soleil, d'autres maisons ont déjà cédé à la tendance. Comme les éditions Glénat qui ont lancé en 2010 « Les incontournables de la littérature en BD », avec le concours de l'Unesco, dans laquelle on trouve Guerre et Paix de Tolstoï ou Notre-Dame de Paris de Victor Hugo. Étonnamment, le thème le plus prisé de ce marché n'est pas la philosophie ou les monuments de la littérature, mais la théorie scientifique. Jean Pierre Petit, docteur en sciences et maître de recherche au CNRS, a ainsi imaginé Les Aventures d'Anselme Lanturlu, dont les péripéties servent à vulgariser des notions scientifiques allant de la physique à l'informatique. Idem pour Le Professeur Moustache de Marion Montaigne. Le procédé est, en revanche, différent puisque le langage utilisé est extrêmement familier et le héros de l'histoire, burlesque, voire ridicule. Mécanique du rire et théorèmes scientifiques, même combat Humour et savoir semblent pourtant contradictoires, incompatibles, entre le caractère relâché qui détermine le premier et le strict qui définit le second. Pascal Robert, membre de l'Élico (Équipe de recherche de Lyon en sciences de l'information et de la communication), soutient que, sur le plan sémiotique, la mécanique du rire de la bande dessinée épouse les grandes articulations de la logique de la démonstration scientifique. Elle peut donc tout à fait en être le vecteur de vulgarisation. Selon lui, la bande dessinée ou son auteur ne font pas de la science en tant que telle, mais participent à sa présentation. Ils la rendent plus attrayante. Pascal Robert n'est pas le seul à envisager la bande dessinée comme un outil pédagogique. Christophe Mathieu, professeur à l'Ecal et co- organisateur d'une exposition à l'ENS sur la vulgarisation par la bande dessinée, rappelle que c'est déjà le cas dans beaucoup d'universités outre- Atlantique. Des étudiants américains lui ont confié qu'ils utilisaient Cartoon Guide de Larry Gonick comme manuel scolaire pour les statistiques et la physique en premier cycle universitaire. Une perte de sens dans l'apprentissage Pour Christophe Mathieu, ce phénomène est synonyme d'une transformation de notre rapport au savoir. D'abord, le cadre académique a été dépossédé d'une partie du savoir : « L'existence même d'une production de plus en plus prolifique montre que le savoir n'est plus une exclusivité académique », décrypte-t-il. Il qualifie ensuite le rapport au savoir contemporain d'« ambigu » : les étudiants veulent atteindre le résultat sans fournir l'effort nécessaire à l'apprentissage. « Le formalisme et l'aspect abscons de certaines théories agissent comme des répulsifs à l'apprentissage. » C'est la conséquence d'une « perte de sens (dans l'apprentissage) : le sens de la curiosité scientifique et sa finalité ». La bande dessinée apparaît comme « un moteur de l'apprentissage » qui peut changer la relation de l'apprenant au savoir. Si les bandes dessinées ne remplacent en aucun cas « des ouvrages plus formels et détaillés », elles sont en tout cas le signe d'« une remise en cause des méthodes d'apprentissage traditionnelles », continue le professeur. Au XVIIIe siècle déjà, les arts graphiques étaient utilisés pour attirer l'œil des lecteurs les moins aguerris. La nouveauté de l'utilisation des planches comme outil pédagogique et vecteur de savoir résiderait plutôt dans le retour à un format physique au détriment du numérique. À l'heure où le Web dépossède les institutions traditionnelles du savoir, et rend la connaissance accessible à tous, ce revirement dénote. Le signe, peut-être, d'une volonté de retour à des supports d'apprentissage certes nouveaux mais matériels.

La bande dessinée pour remplacer nos manuels scolaires

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Page 1: La bande dessinée pour remplacer nos manuels scolaires

2. La bande dessinée La bande dessinée pour remplacer nos manuels scolaires ? Par Marylou Magal – Publié le 2 décembre 2016 http://www.lepoint.fr/pop-culture/bandes-dessinees/la-bande-dessinee-pour-remplacer-nos-manuels-scolaires-02-12-2016-2087519_2922.php

Les planches s'approprient les théories scientifiques et grands classiques littéraires. Elles font déjà office d'ouvrages pédagogiques aux États-Unis.

Sur les étagères des librairies, il est de plus en plus courant de tomber sur Le Capital de Marx ou La Théorie de la relativité d'Einstein. Rien de particulier à cela en soi, si ce n'est que ces ouvrages classiques sont désormais édités sous la forme de bandes dessinées. Nouvelle forme de vulgarisation du savoir, elles s'imposent désormais comme un support de connaissance alternatif, voire comme une véritable méthode éducative. Face au phénomène, on s'interroge. Le savoir peut-il se transmettre par l'humour ? Quelle place pour la bande dessinée dans les institutions d'enseignement ? Notre rapport au savoir et à l'enseignement a-t-il changé ?

Les collections mêlant ouvrages classiques et bandes dessinées fleurissent chez les éditeurs. Les Classiques en manga (éditions du Soleil), par exemple, se réapproprient les incontournables de la littérature, de la science, de la philosophie, sous la forme d'une bande dessinée japonaise en noir et blanc. On peut donc s'imprégner des théories Du contrat social de Rousseau ou d'Ainsi parlait Zarathoustra de Nietzsche sans avoir besoin d'ouvrir les bouquins en question. Avant les éditions du Soleil, d'autres maisons ont déjà cédé à la tendance. Comme les éditions Glénat qui ont lancé en 2010 « Les incontournables de la littérature en BD », avec le concours de l'Unesco, dans laquelle on trouve Guerre et Paix de Tolstoï ou Notre-Dame de Paris de Victor Hugo.

Étonnamment, le thème le plus prisé de ce marché n'est pas la philosophie ou les monuments de la littérature, mais la théorie scientifique. Jean Pierre Petit, docteur en sciences et maître de recherche au CNRS, a ainsi imaginé Les Aventures

d'Anselme Lanturlu, dont les péripéties servent à vulgariser des notions scientifiques allant de la physique à l'informatique. Idem pour Le Professeur Moustache de Marion Montaigne. Le procédé est, en revanche, différent puisque le langage utilisé est extrêmement familier et le héros de l'histoire, burlesque, voire ridicule. Mécanique du rire et théorèmes scientifiques, même combat

Humour et savoir semblent pourtant contradictoires, incompatibles, entre le caractère relâché qui détermine le premier et le strict qui définit le second. Pascal Robert, membre de l'Élico (Équipe de recherche de Lyon en sciences de l'information et de la communication), soutient que, sur le plan sémiotique, la mécanique du rire de la bande dessinée épouse les grandes articulations de la logique de la démonstration scientifique. Elle peut donc tout à fait en être le vecteur de vulgarisation. Selon lui, la bande dessinée ou son auteur ne font pas de la science en tant que telle, mais participent à sa présentation. Ils la rendent plus attrayante.

Pascal Robert n'est pas le seul à envisager la bande dessinée comme un outil pédagogique. Christophe Mathieu, professeur à l'Ecal et co-organisateur d'une exposition à l'ENS sur la vulgarisation par la bande dessinée, rappelle que c'est déjà le cas dans beaucoup d'universités outre-Atlantique. Des étudiants américains lui ont confié qu'ils utilisaient Cartoon Guide de Larry Gonick comme manuel scolaire pour les statistiques et la physique en premier cycle universitaire.

Une perte de sens dans l'apprentissage

Pour Christophe Mathieu, ce phénomène est synonyme d'une transformation de notre rapport au savoir. D'abord, le cadre académique a été dépossédé d'une partie du savoir : « L'existence même d'une production de plus en plus prolifique montre que le savoir n'est plus une exclusivité académique », décrypte-t-il. Il qualifie ensuite le rapport au savoir contemporain d'« ambigu » : les étudiants veulent atteindre le résultat sans fournir l'effort nécessaire à l'apprentissage. « Le formalisme et l'aspect abscons de certaines théories agissent comme des répulsifs à l'apprentissage. » C'est la conséquence d'une « perte de sens (dans l'apprentissage) : le sens de la curiosité scientifique et sa finalité ». La bande dessinée apparaît comme « un moteur de l'apprentissage » qui peut changer la relation de l'apprenant au savoir. Si les bandes dessinées ne remplacent en aucun cas « des ouvrages plus formels et détaillés », elles sont en tout cas le signe d'« une remise en cause des méthodes d'apprentissage traditionnelles », continue le professeur.

Au XVIIIe siècle déjà, les arts graphiques étaient utilisés pour attirer l'œil des lecteurs les moins aguerris. La nouveauté de l'utilisation des planches comme outil pédagogique et vecteur de savoir résiderait plutôt dans le retour à un format physique au détriment du numérique. À l'heure où le Web dépossède les institutions traditionnelles du savoir, et rend la connaissance accessible à tous, ce revirement dénote. Le signe, peut-être, d'une volonté de retour à des supports d'apprentissage certes nouveaux mais matériels.

Page 2: La bande dessinée pour remplacer nos manuels scolaires

A) Lecture du texte et résumé

B) Grammaire : éviter les répétitions (deuxième partie) Les pronoms personnels permettent également de reprendre des éléments qui ont déjà été mentionnés. Que remplacent les pronoms en gras dans le texte ?

Reprise par un pronom sujet Nouvelle forme de vulgarisation du savoir, elles s'imposent désormais comme un support de connaissance alternatif.

Reprise par un pronom tonique Selon lui, la bande dessinée ou son auteur ne font pas de la science en tant que telle, mais participent à sa présentation.

Reprise par un pronom complément d’objet direct

Ils la rendent plus attrayante.

Reprise par un pronom complément d’objet indirect

Des étudiants américains lui ont confié qu'ils utilisaient Cartoon Guide de Larry Gonick.

Reprise par le pronom complément « en » ou « y »

Elle peut donc tout à fait en être le vecteur de vulgarisation.

Ordre des pronoms1

1. Remplacez les mots soulignés par un pronom. - Les collections mêlant ouvrages classiques et bandes dessinées fleurissent chez les éditeurs.

- Les Classiques en manga se réapproprient les incontournables de la littérature, de la science, de

la philosophie, sous la forme d'une bande dessinée japonaise en noir et blanc.

- On peut donc s'imprégner des théories Du contrat social de Rousseau ou d'Ainsi parlait

Zarathoustra de Nietzsche sans avoir besoin d'ouvrir les bouquins en question.

- Avant les éditions du Soleil, d'autres maisons ont déjà cédé à la tendance.

- Jean Pierre Petit, docteur en sciences et maître de recherche au CNRS, a ainsi imaginé Les

Aventures d'Anselme Lanturlu.

1 DELATOUR, JENNEPIN, Nouvelle grammaire du français, Cours de civilisation française de la Sorbonne, Hachette, 2004, p.82.

Page 3: La bande dessinée pour remplacer nos manuels scolaires

- Selon lui, la bande dessinée ou son auteur ne font pas de la science en tant que telle, mais

participent à sa présentation.

- Pascal Robert n'est pas le seul à envisager la bande dessinée comme un outil pédagogique.

- Des étudiants américains lui ont confié qu'ils utilisaient Cartoon Guide de Larry Gonick comme

manuel scolaire.

- D'abord, le cadre académique a été dépossédé d'une partie du savoir.

- L'existence même d'une production de plus en plus prolifique montre que le savoir n'est plus

une exclusivité académique

- À l'heure où le Web dépossède les institutions traditionnelles du savoir.

2. Remplacez les groupes en italique par des pronoms.2

3. Répondez aux questions suivantes. - Est-ce que tu as pensé à fermer la porte de ton appartement ce matin ? - Est-ce que tu reçois des cadeaux pour ton anniversaire d’habitude ? - Est-ce que tu penses souvent à tes amis ? - Est-ce que tu appelles tes parents tous les jours ? - Est-ce que tu passes beaucoup de temps sur facebook ? - Est-ce que tu as un vélo ? - Est-ce que tu utilises la voiture à Trieste ? - Est-ce qu’on célèbre la fête de l’Halloween dans ton pays ? - Est-ce que tu vas souvent à la montagne ? - Est-ce que tu empruntes souvent des choses à tes amis ? - Est-ce que tu penses souvent à ton pays d’origine ? - Est-ce que tu aimes parler à ton voisin ? - Est-ce que tu donnes de l’argent aux SDF ?

C) Dire autrement : les adverbes Remplacez l’adverbe souligné par un adverbe synonyme - Quand vous passerez l’examen, il faudra nécessairement présenter votre carte d’identité.

- C’est exactement ce qu’il a dit.

- Elle est très aimable, elle fera tout son possible pour vous aider.

- À l’avenir, je le ferai autrement.

- Le brouillard était si épais que je ne distinguais pas distinctement la route.

- La bande dessinée est-elle écrite en français ? Bien sûr, monsieur.

2 DELATOUR, JENNEPIN, Cours de civilisation française de la Sorbonne (350 exercices de grammaire), Hachette, 1987, p. 39.

Page 4: La bande dessinée pour remplacer nos manuels scolaires

- Il s’est mis à pleuvoir. Par malheur, je n’avais pas de parapluie.

- En premier lieu, il faudra faire une dictée.

- Il me parle toujours aimablement.

- Nous n’avons pas assez de pain.

- Cet appareil tombe souvent en panne.

- Il a beaucoup réfléchi avant de répondre.

- Ce qu’il a fait, il l’a fait exprès.

D) Compréhension orale : Les classiques en BD3

Quel est le plan de l’exposé ? ----------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------

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D) Exprimer un point de vue : - Que pensez-vous de la réédition des ouvrages classiques sous la forme de bandes dessinées ? - Peut-on qualifier une bande dessinée de « littéraire » ? - La bande dessinée a-t-elle une place à prendre à l’école ou à l’université ? Peut-elle être pédagogique ? - Selon vous, le savoir peut-il se transmettre par l'humour ?

3 JAMET Marie-Christine, Préparation à l’examen du Delf B2, Hachette FLE, p.124.