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  • 7/16/2019 La Bataille Continue - Herbert Verbeke

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    mars der-nier, ErnstZndel a fina-lement t li-

    br. Lhroque rvi-sionniste g aujourd-hui de 70 ans auradonc t emprisonnpendant sept ans. Pouravoir contest un faithistorique ? Non ! Pouravoir refus de remplirune mission sacre et pour avoir viol un devoir sacr : celuide nous souvenir de lacruaut dAuschwitzet de restituer leur dignit humai-ne et leur traits singuliers ces en-fants, ces femmes, ces hommes quiaffrontrent lindicible, linconceva-

    ble . Tels en effet furent les propostenus par les prsidents amricainet franais Barack Obama et Nico-las Sarkozy loccasion du soixante-cinquime anniversaire de la libra-tion dAuschwitz, le 27 janvier 2010(voir page suivante)*. On le voit, le ngationnisme qui porte sur leprtendu gnocide des juifs nest pasun crime ordinaire ; cest un crime

    de nature religieuse, un pch capi-

    tal. Car il conteste ledogme central de lanouvelle religion delhumanit, celle del Holocauste . Dslors, sept ans de prison,cest peu. Gageonsquun jour, les rvision-nistes seront extradsvers Isral et pendus

    Impossible, me rpon-dra-t-on, les gens se-raient choqus et se mo-biliseraient. Et pour-quoi donc ? Jouisseursavant tout, nos contem-

    porains aiment ce Systme et neveulent pas en changer. Les rsul-tats des dernires lections rgiona-les en France lont une fois de plus

    confirm (voir larticle de Marie Pe-rerou avec Jean-Jacques Stormaysur le sujet). Ds lors, le peuple ac-cepte tout du moment quil peutcontinuer flatter ses pulsions h-donistes. Il a accept les lois rpri-mant le rvisionnisme ; il a acceptles premires condamnations defortes amendes et de la prisonavec sursis ; il accepte aujourdhui

    les peines de prison ferme ; il accep-

    ditoLA BATAILLE CONTINUE

    par Herbert Verbeke

    Ernst Zndel sa sortie de prison

    *Voy. La Libre Belgique, 28 janvier 2010, p. 12.

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    La contre-religion mondiale de l Holocauste impose un devoir sacr

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    tera demain la rclusion perptui-t et la peine de mort

    Ce sera dautant plus facile que,comme nous le disons depuis des an-nes, le rvisionnisme est bien plus

    quune simple querelle historique.Ses retombes politiques, idologi-ques et morales sont immenses. Eneffet, si l Holocauste a t et res-te laboutissement invitable dunepolitique nationaliste et raciste,alors la presse a raison sonner letocsin ds que droite radicale pointele bout de son nez. Le 14 mars 2010encore, aprs le relatif succs du

    parti de la libert aux Pays-Bas, l-ditorialiste de lhebdomadaire Di-manche Express a fustig le discours(anti-immigr et anti-islam) de sonprsident Geert Wilders en parlantdu retour de la peste brune , duneEurope renouant avec ses vieuxdmons et en concluant :

    Le pire, cest que ce discours haineux etextrmement simpliste est en train de sepropager travers toute lEurope, nous

    ramenant peu peu aux heures les plussombres de notre histoire. Lheure nestdonc plus aux propos rassurants et lni-fiants. Il faut agir, et sans tarder, sinonle barbare qui est rarement celuiquon imagine aura tt fait de nous

    envahir et de nous dominer*.

    Lanalogie-dduction reste donclarme n 1 de nos dmocrates.

    Mais si l Holocauste nestquun mensonge hont, alors toutelHistoire moderne doit tre rexa-mine. Et qui sait si, au terme de cerexamen, les Bons autoprocla-

    ms ne se rvleront-ils pas tre les Mchants et rciproquement ?Car enfin, qui a dclar la guerre ?Et pourquoi ? Qui la mondialise ?Qui la mene avec le plus de bruta-lit ? Qui a lanc des vagues debombardiers bourrs dengins auphosphore pour les dverser sur desfemmes et des enfants ? Qui a faitdescendre le feu du ciel sur la terre,tuant des dizaines de milliers de ci-vils en quelques secondes pour

    * Voy.Dimanche Express, 14 mars 2010, p. 2.

    Nouvel exemple danalogie-dduction utilise ds que lextrme droite connat un succs, mme relatif, dans une lection (rf. : voir note)

    La bataille continue

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    contraindre les soldats ennemis rendre les armes ? Qui a laiss mou-rir des centaines de milliers de pri-sonniers de guerre alors que laguerre tait finie ? Qui a organis

    une parodie de Justice ? Depuissoixante ans, les vainqueurs impo-sent leurs rponses, occultent leurscrimes et, lorsque ce nest plus pos-sible, les justifient en sortant leurternel joker : On a eu raison de lefaire car on luttait contre le Mal ab-solu ; regardez ce que lon a trouven 1945 dans les camps .

    Si, demain, cet atout se rvle

    tre une fausse carte, alors une rel-le discussion contradictoire senga-gera, un peu comme une rvision duprocs de Nuremberg, et le roi appa-ratra nu. Nimporte quelle person-ne desprit moyen peut le compren-dre. Car il est vident que celui qui,pendant plus de soixante ans, a jus-tifi ses actes en recourant unmensonge calomniateur ne peut

    avoir dfendu la bonne cause. Voilpourquoi nos contemporains refu-sent mme de nous couter. Ils veu-lent ce Systme construit sur les d-combres du IIIe Reich, ils veulent lecroire bon, donc ils repoussent le r-visionnisme dont ils souponnentdinstinct les immenses retombes.

    Paralllement, les jeunes sont in-

    vits visiter les sites Internet anti-rvisionnistes, du genre phdn , nizkor project , etc. L, ils trou-vent des rponses aux argumentsrvisionnistes. Rponses parfois trsconvaincantes (au moins en appa-rence), nayons pas peur de lcrire.Je suis mme convaincu quen les

    Lternel joker des bons lorsqueleurs crimes de guerre et leurs crimescontre lhumanit ne peuvent plus treoccults.

    Ces morts oublis qui rclament la rvision de Nuremberg...

    Et Dresde ? Et Hiroshima ?

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    lisant, certains de nos lecteurs pour-raient tre dstabiliss. Savez-vous,par exemple, que depuis 2004, nosadversaires prtendent avoir retrou-v, Birkenau, les orifices dintro-

    duction du Zyklon B sur les ruinesdu toit de la morgue 1 du crmatoi-re 2 ? Ils ont publi une tude trsprcise sur le sujet, qui combineanalyses des clichs ariens, analy-ses des photos au sol, inspectionsdes ruines, fouilles, reconstitutionsdimages par ordinateur, etc. A cejour, aucune rponse technique nestparue en franais. Certes, le rvi-

    sionniste Carlo Mattogno en a pu-bli une (en anglais notamment),mais certains des arguments quilavance peuvent tre contests.

    Lorsque les jeunes (et les moinsjeunes) consultent ces sites, ils ensortent convaincus que le ngationnisme est un tissu desottises. Il y a peu, ainsi, une demoi-selle convaincue par les arguments

    exterminationnistes nous a critpour dire tout le mal quelle pensaitde nous. Sa lettre, qui prtendaitnous rduire au silence, exposait denombreux arguments repris habi-

    tuellement sur les sites antirvi-sionnistes, dont celui des trous dans le toit de la morgue 1 du cr-matoire 2. Vincent Reynouard lui arpondu trs longuement, afin de ne

    rien laisser dans lombre. Sa rpon-se se rvle dun grand intrt, carmme si, en plusieurs endroits, no-tre collaborateur ne fait que rpterce qui a dj t dit, il dveloppe desarguments nouveaux que nos lec-teurs doivent connatre afin de nepas se retrouver pigs lors dunediscussion.

    Contrairement ce que peuventpenser des personnes trop superfi-cielles, le combat pour la vrit his-torique continue. Car les extermina-tionnistes nont pas baiss les braset sortent des arguments forts. Ilfaut donc leur rpondre. Lquipe deSans Concession restera sur la br-che jusquau bout, afin de soutenirla cause qui nous est chre. Nous

    esprons que vous continuerez nous pauler et, dans limmdiat,nous vous souhaitons une bonne lec-ture.

    La bataille continue

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    Sous nos latitudes, un scru-tin national est toujours unvnement. Il permet de pa-labrer pendant des heures

    sur les rsultats, le score obtenu partel ou tel candidat, les alliances pos-sibles... Pour sa part, lquipe deSans Concession ny attache absolu-ment aucune importance. La Francejacobine issue de la Rvolution etlEurope librale ne de lcrase-ment de lAxe en 1945 lui sonttrangres, tout comme leurs jou-joux dmocratiques. Elle fait siennela boutade selon laquelle si les lec-tions pouvaient rellement changerquelque chose, il y a longtempsquelles seraient interdites. Maispourquoi ne peuvent-elles rien chan-ger ? Lanalyse des rsultats appor-te chaque fois la mme rponse,

    dcourageante : limpossibilit dunervolution rside avant tout dans lepeuple lui-mme, cest--dire dansses aspirations profondes. Le scru-tin rgional qui vient davoir lieu enFrance le confirme. Les rsultats dupremier tour mintressent davanta-ge, car ils permettent dapprcier levote des lecteurs avant les allian-ces lectorales et llimination despetites listes, autant de facteursqui, lors du second tour, brouillentles enjeux. Voici lanalyse que jenfais.

    SCORESDU FN : ILLUSIONSETRALIT

    Prenons tout dabord le Front na-tional de Jean-Marie le Pen. Le FNremonte ; Le Front national re-

    noue avec les scores deux chiffres ont respectivement dclar Libra-tion et le Figaro au lendemain dupremier tour. A lheure o labsten-tion explose (plus de 50 % au pre-mier tout, du jamais vu pour cettelection), de tels messages ne sur-prennent pas : rien ne vaut une pe-

    lection rgionales 2010 en France

    NOS ANALYSESUNE NOUVELLE FOIS CONFIRMES

    par Marie Pererou et J.-J. Stormay

    Fragment de la premire page deLibration, 15 mars 2010. Le FN re-monte, peut-on lire. Vrai ?

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    tite alerte la peste brune pourtenter de rveiller les lecteurs.Mais sont-ils le reflet de la ralit ?Non. Tout dabord parce que, en po-litique comme ailleurs, ne doit tre

    compar que ce qui est comparable.Mme si, parfois, les lecteurs conf-rent aux scrutins des enjeux et desdimensions quils nont pas, unelection rgionale nest ni une lec-tion lgislative, ni une lection euro-penne [1]. En consquence, les r-sultats du FN doivent tre comparsaux autres scrutins rgionaux(1986, 1992, 1998 et 2004). Se

    confirme alors le tassement de l-lectorat FN aprs la priode fastedes annes 1992-2002 : de 15 % en1998, le parti de J.-M. Le Pen estpass 14,7 % en 2004 et 11,4 %en 2010 (et 8,7 % au deuxime tour).

    On pourra me rpondre que parrapport aux dernires rgionales, labaisse nest que de 3,3 %. Nouvelleerreur. Car ce quil faut considrer,

    ce sont les variations absolues etnon relatives. Un parti qui passe de14,7 11,4 % chute de 21 % (11,4 :14,7 x 100). Mais mme ce rsultatnest pas exact, car il faut tenircompte de labstention : 14,7 % avecenviron 40 % dabstention (en 2004)reprsente un score rel de 8,8 %(du corps lectoral tout entier) ;11,4 % avec 54 % dabstention (en2010) reprsente un score rel de5,2 %. En six ans, donc, le FN estpass de 8,8 5,2 %, ce qui repr-sente un effritement denviron 40 %.

    Ds lors, parler dune re-monte est illusoire. Bien quil nesoit ni mort ni enterr, le parti lep-niste poursuit sa chute et ses scoresen pourcentage du corps lectoralsont trs loin davoir deux chiffres(avant la virgule). Les rsultats de

    Marine Le Pen et de son pre nedoivent pas tre les deux arbres quicachent la fort. Avec 8,7 % des suf-frages exprims au deuxime tour(soit 4,4 % du corps lectoral), il faut

    loptimisme bat dune Marine pouroser affirmer : Le courant nationalest revenu comme un acteur majeur,et il sera un acteur majeur de la pro-chaine grande chance nationaleque sera l'lection prsidentiel-le (AFP, 21 mars 2009).

    DESRSULTATSQUICONFIRMENTCEQUENOUSAVONSTOUJOURSCRIT

    Cela dit, venons-en aux rsultatsglobaux du premier tour. Du partisocialiste aux divers droite , lescandidats ont rafl plus de 78 % desvotes exprims. En tenant comptedes bulletins blancs et nuls, on peutaffirmer quenviron trois lecteurssur quatre ont vot pour des gens politiquement corrects , mmesils nappartiennent pas directe-

    (1) : Daprs un sondage, 63 % des lecteurs ont bien vot en fonction des enjeux rgio-naux et 29 % des enjeux nationaux (voy.Aujourdhui, 15 mars 2010, p. 8).

    Quand on compare ce qui estcomparable, le dclin du FN seconfirme...

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    ment aux partis dits de gouverne-ment . Cest encore plus net audeuxime tour o la (fausse) droiteet la gauche totalisent plus de 90 %des suffrages exprims, ne laissantquenviron 9 % au FN (voy. ci-dessus).

    Restent ceux qui nont pas t vo-

    ter. Certes les motifs de labstentionsont parfois trs difficiles cerner.Mais limage de lhomme qui prfrealler la pche me parat assezexacte : parmi les abstentionnistes,trs peu le sont par principe, cest--dire par refus total du Systme(comme cest le cas de V. Reynou-ard). En majorit, ce sont des ci-toyens qui, mme sils peuvent tre

    mcontents des politiciens et neplus rien attendre deux, ne sont pasfranchement malheureux. Ne peu-vent-ils pas aller la pche , cest--dire flatter leurs instincts hdo-nistes avec des petits plaisirs sim-ples ? Ainsi ne sont-ils pas animsdune relle volont de changement

    (sans quoi ils trouveraient bien unparti plac lextrme droite o lextrme gauche de lchiquier).Sils ne votent pas, cest par paresseet par indiffrence, parce que, fina-lement, avec Sarkozy ou Aubry, cesera pareil [1]... Laissez-moi seule-ment jouir en paix , telle est leurdevise.

    Voil pourquoi on peut dire quenFrance, environ six lecteurs surhuit (trois sur quatre chez les vo-tants, trois sur quatre chez les abs-tentionnistes) sont globalement sa-tisfaits du Systme (ou ne sont passuffisamment insatisfaits) et, ainsi,ne veulent pas en changer. Soit 70-80 % environ. Do ce vote massif

    pour le politiquement correct quelon constate dlection en lection,au-del des variations circonstan-cielles de labstention ou de tel outel parti.

    Alors certes, le FN nest pas mort.Mais on aurait tort de se rjouir.

    Rsultats des lections rgionales en France (deuxime tour, mars 2010) : levote massif pour les candidats des partis dits de gouvernement dmontrelattachement des lecteurs au Systme. Plus encore que le 5 mai 2002...

    (1) : Daprs un sondage, la premire rponse donne par les abstentionnistes interrogs

    sur les raisons de leur choix est : Parce que cela ne changera pas grand-chose ma viequotidienne (voy.Aujourdhui, 15 mars 2010, p. 8). Elle arrive galit avec : Parce quecest une manire dexprimer mon mcontentement sur la manire dont vont les choses enFrance (Id.).

    Nos analyses une nouvelle fois confirmes

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    Car les deux tours des rgionales2010 rappellent, la haine en moins,le 5 mai 2002, lorsque Jacques Chi-rac avait cras Jean-Marie le Penavec prs de 82 % des suffrages ex-

    prims. Ce jour-l, tout a t dit : Mieux vaut escroc que facho ontclam les Franais. Comprenez : Nous prfrons un chef de bandegarant de nos plaisirs hdonistesplutt quun partisan dune socitdordre tourn vers le Bien com-mun . Cest toujours vrai en mars2010, avec une (fausse) droite et unegauche qui, au deuxime tour,

    rassemblent 90 % des suffra-ges exprims.

    DES EUROPENSGLOBALEMENTHEUREUX

    Les autres pays dEuropeconnaissent la mme situa-tion. Il y a quelques mois, SCa consacr un dossier des

    lections en Belgique o unParti socialiste totalementdiscrdit par les affaires navait enregistr que quel-ques reculs locaux, gardantun poids politique considrable (ycompris Charleroi, ville la plus se-coue par les magouilles roses). Voi-l quelques semaines, la ministresocialiste Fadila Laanan a t inter-roge sur la question. Depuis vingtans, lui a-t-on dit, le PS est rguli-rement secou par des affaires. Or, lexception des lections de 2007, ilest toujours rest le premier parti enCommunaut franaise. Commentexpliquez-vous cette mansutude ducorps lectoral votre gard ? Ce quoi F. Laanan a rpondu :

    Non, pas de mansutude. Llecteur estconscient que le PS est vraiment le seul

    garant de la protection sociale [1].

    La ministre connat donc par-faitement le message de llecteur : Volez, volez, on sen moque. Lim-portant est que vous nous laissiezsuffisamment pour remplir notre

    caddie au supermarch, avoir un lo-gement, regarder la tlvision, vi-sionner des DVD, tlphoner avecun portable, accder aux soins mdi-caux

    Notez dailleurs que selon un r-cent sondage command par la fir-me Coca-Cola dans le cadre de sacampagne Open Happiness , 94 %

    des Belges se dclarent plutt heu-

    (1) : Voy. Contact J, n 233, mars 2010, p. 13.

    En Belgique, la ministre socialiste FadilaLaanan connat parfaitement le message deslecteurs : Magouillez, volez, OK. Maisassurez-nous un confort minimum .

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    reux ou trs heureux [1]. Uneexception europenne ? Nullement !Daprs ce mme sondage, 91 % des

    Espagnols, 90 % des Britanniques,87 % des Franais et 79 % des Bul-gares, des Italiens et des Roumainssont dans le mme cas que les Bel-ges. Soit une moyenne pour lEuropede 86 % de citoyens plu-tt heu-reux ou trs heureux (25 % de trs heureux et 61 % de pluttheureux).

    Tout concorde, donc, pour confir-mer les analyses que nous publionsdepuis des annes : quils soient desouche ou issus de limmigration r-cente, la grande majorit des Euro-pens est satisfaite, aime ce Syst-me et ne veut pas en changer. Et ilen sera ainsi tant que les pulsionshdonistes pourront tre combles.

    86 % des Europens sonds se dclarent plutt heureux ou trsheureux (source : La Libre Belgique, 27 fvrier 2010). Ds lors, pourquoivoudraient-ils changer en votant pour des partis rellementcontestataires ?

    (1) : Voy. La Libre Belgique, supplment Entreprises , 27 fvrier 2010, p. 17.

    () la grande majorit des Euro-pens est satisfaite, aime ce Syst-me et ne veut pas en changer. Et ilen sera ainsi tant que les pulsions

    hdonistes pourront tre combles.

    Nos analyses une nouvelle fois confirmes

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    LE PRILISLAMIQUE : UNARGUMENT POLITIQUEMENTCORRECT

    On me rpondra peut-tre : Vous oubliez que le pril islamiquecontribue rveiller les gens . Cer-tes, la criminalit, la crise conomi-que, le chmage et limmigration in-contrle en provenance principale-ment du Maghreb et de la Turquiepeuvent faire ragir. Mais il ne sa-gira jamais de lames de fond. Mal-gr les cris pousss rgulirementpar les grands mdias, les perces de lextrme droite en

    Europe ne dpassent jamais, surune grande chelle, les 30 % des vo-tes exprims. Dernier exemple endate, les Pays-Bas o la liste duParti de la libert prsid par le D-put Geert Wilders est arrive entte Almere (deuxime ville dupays, 187 000 habitants) avec21,6 % des suffrages. Pas un raz-de-mare.

    Jajoute que, loin de se revendi-quer du fascisme ou de prner unesocit dordre, G. Wilders ne faitquagiter le spectre de lislamisationau nom de la libert , y compriscelle dtre pdraste ou adultre.Son film anti-Coran, Fitna, a provo-qu un scandale. Je lai visionn in-tgralement sur Youtube. Il me fait

    penser toutes ces productions an-tinazies dans lesquelles MeinKampf est cit partialement avec,comme illustrations, des images oudes extraits de films dont on ignore

    non seulement le contexte, maisaussi la reprsentativit. G. Wildersprtend citer quelques sourates duCoran en les illustrant avec desimages choc : scnes de guerre, at-tentats, excutions sommaires, as-sassinats, extraits de diatribesdimams ou de responsables politi-ques mahomtans. A len croire, lesmusulmans passeraient leur temps

    prparer la rvolution mondiale,endoctriner les enfants, jeter desavions sur des tours, faire exploserdes trains et des bus, gorger les in-fidles, pendre les sodomites, lapi-der les femmes (ou les dcapiter ouleur loger une balle dans la tte)Cest vraiment de la basse propa-gande, grossire souhait. Sanssurprise, des mahomtans ont rfu-

    t ses allgations sur le Coran encitant intgralement et dans leurcontexte les sourates utilises mal-honntement par le politicien hol-landais [1].

    Mais surtout, dans ce film pitoya-ble, G. Wilders reprend un argu-ment trs politiquement correct (ettrs juif) qui consiste amalgamer

    (1) : Voy. le film intitul Islam Answers (les rponses de lIslam) sur le sitewww.Muhaddith.org.

    Le dput hollandais et chef duParti de la libert (PVV) G. Wildersreprsent en protecteur de la civili-sation occidentale face au prilislamique .Son film anti-Coran Fitna est unexemple de basse propagande etde racolage laide darguments politiquement corrects .Quant G. Wilders, cest un simple

    conservateur bourgeois...

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    islam et national-socialisme, cau-tionnant en passant le mythe del Holocauste . Ainsi montre-t-ildes femmes voiles qui brandissentdeux pancartes sur lesquelles ontlit : Be prepared for the real Holo-caust (Soyons prts pour le vraiHolocauste) et : God bless Hi-tler (Dieu bnisse Hitler). Son filmse termine avec le message suivant :

    En 1945, le nazisme fut dfait en Euro-pe.En 1989, le communisme fut dfait enEurope.Maintenant, lidologie islamique doittre dfaite.Stop lislamisation.Dfendons notre libert.

    Le prsident du Parti de la libertnest donc rien dautre quun libral

    conservateur sinspirant des thma-tiques rsistancialistes. Ce nest cer-tainement pas avec de tels individus

    quon restaurera de vritables soci-ts dordre, en commenant par re-dorer le blason du national-socialisme.

    Mais il ny a l rien dtonnant,car je le rpte, les Europens ai-ment ce Systme. Notons dailleursque ce quils condamnent danslIslam, ce nest pas la religion enelle-mme tant quelle reste dans lasphre du priv (Islam dit progressiste ), mais la religionquand elle fait irruption dans la so-cit et prtend imposer une moraleou des traditions en dsaccord avecles sacro-saints droits de lhomme(Islam dit radical ). Les affaireslies au port de du foulard, du niqabou de la burqa sont, ce sujet, trsrvlatrices. Edith Maier crit :

    Le port du foulard ou du voile est sou-vent peru comme un signe de loppres-sion de la femme en Islam, alors que

    Deux images reprises par G. Wildersdans son film Fitna.La propagande parfois stupide de cer-tains mahomtans fondamentalistes

    permet un amalgame assez regretta-ble. Du pain bni pour les juifs engnral et pour les sionistes en parti-culier Un pain bni que G. Wildersleur sert avec joie. Il ny a l riendtonnant : force dtre obnubilpar le prtendu pril islamique , onen devient lalli objectif des sionis-tes...

    Nos analyses une nouvelle fois confirmes

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    lgalit entre les sexes est considrecomme tant un pilier des dmocratieslibrales occidentales [1].

    Cette analyse est incontestable-

    ment vraie. Au-del dun prtenduviol de la neutralit ou dun visagemasqu, le foulard et la burqa g-nent parce quils heurtent de faonvisible le principe dgalit, fonde-ment de lidologie des droits delhomme [2]. Le 9 juillet 2009, ain-si, le responsable du Nouvel Obser-vateur, Jean Daniel, dclara :

    [] le seul moyen de vaincre la discri-mination, c'est d'adopter des principesgalitaires pour montrer ceux quisont diffrents par les origines ou parl'apparence qu'ils sont nos gaux et nosfrres en droits et en devoirs. Ds qu'el-le se dlivre de la burqa, la femme quila portait est notre sur. Ce n'est pasen la portant qu'elle contribue notrelutte contre la discrimination [3].

    Quelques jours auparavant, Ni-colas Sarkozy stait prononccontre la burqa en affirmant quenous partagions tous les mmesvaleurs fondamentales , que le modle rpublicain [tait] notrerfrence tous et que cette burqane serait pas la bienvenue sur leterritoire de la Rpublique [4]. Laconclusion simpose : loin dtre unprodrome la restauration dunesocit traditionnelle dordre, les

    ractions face au (prtendu) prilislamique ne sont quun aspect dudiscours rpublicain le plus droit-de- l hommiste . L Is lam di t

    (1) : Voy. Edith Maier, Symboles et images islamiques. Leur perception dans les m-dias. Consultable ladresse suivante : http://www.the-learning-eye.eu/28-4-symboles-et-images-islamiques.html. (2) : Je rappelle que larticle premier de la Dclaration universel-le des Droits de lHomme adopte le 10 dcembre 1948 est le suivant : Tous les tres hu-mains naissent libres et gaux en dignit et en droits. Ils sont dous de raison et de cons-

    cience et doivent agir les uns envers les autres dans un esprit de fraternit. (3) : Voy. LeNouvel Observateur, n 2331, 9 juillet 2009. (4) : Voy. les principaux extraits de ce dis-cours prononc par N. Sarkozy le 23 juin 2009 au congrs de Versailles sur : http://tempsreel.nouvelobs.com/actualites/20090622.OBS1466/?xtmc=congresversailles&xtcr=8.

    Quand lopposition au voile islamiquese fonde sur la lacit droit-de-lhommesque...

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    radical fait peur parce quil parleouvertement de soumission Dieuet du respect de la morale naturelle,de la modestie, y compris dans leslois sociales, autant daffirmations

    honnies par lidologie de 1789.

    Gts et libraux jusque dans letrfonds de leur me, lorsque lespeuples europens choisissent dex-primer leurs colres, ils plbiscitentdes populistes au discours parfoismuscl, mais qui restent malgrtout les partisans dune rpubliquelaque propre , cest--dire dun

    systme o chacun sera libre de sa-tisfaire ses petits apptits hdonis-tes en toute quitude, sans craindreni pour sa libert individuelle, nipour sa voiture, son porte-monnaieou sa retraite. Bref le paradis du pe-tit bourgeois, raciste juste ce quilfaut et pour de bien mauvaises rai-sons. Finalement, les peuples nontpas seulement les dirigeants quils

    mritent ; ils ont aussi les opposantsquils mritent, comme G. Wildersaux Pays-Bas ou Marine Le Pen enFrance.

    ATTENDRELECOLLAPSUSGNRAL

    Tant quaucun collapsus gnralne fera crouler nos socits, provo-quant une disette gnralise, nos

    contemporains ne changeront pas.Dlection en lection, ils maintien-dront ce mouvement de balancierallant de la fausse droite la gau-che et rciproquement, une minoritprfrant des contestataires frela-ts. A chaque fois, ils seront dus(lexprience Sorkozy en France enest une bonne illustration). Cepen-dant, ils sont comme le luxurieux sibien dcrit par Lanza del Vasto, qui

    ne trouve que le dgot en assouvis-sant ses dsirs :

    Il semble quune telle msaventure de-vrait dessiller une fois pour toutes untre intelligent. Mais (ici foisonne etfleurit la folie) la leon de la dceptionrpte ne sert rien car le leurre estconscient et volontaire. La victime sin-gnie se faire prendre [] [1].

    On ne dtrompe pas celui quiveut tre tromp. Seule une bonnegifle apporte par la Providence

    pourra le faire changer. Il est vraique, pour un militant, ce discoursnest gure rjouissant : A quoi jesers, alors ? La rponse simpose : dfendre la vrit mme si person-ne (ou presque) nest encore disposlentendre. Car la vrit vaut tou-jours quon se batte pour elle.

    Marie Pererou

    Genre de photo que lon retrouve

    sur de nombreux sites (ou blogs)opposs au voile islamique (soustoutes ses formes).Ce quils excrent dans cet Islam dit radical , cest la pudeur et la mo-destie, opposes lmancipationau nom de la libert individuelle.

    (1) : Voy. L. del Vasto,Approches de la vie intrieure (d ; Denol, 1962), p. 153.

    Nos analyses une nouvelle fois confirmes

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    UN ESPOIR TOUT DE MMEpar Jean-Jacques Stormay

    Marie Pererou ma aimablementdemand de faire suivre son articledun bref commentaire. Au vrai, jenai rien dimportant ajouter sonanalyse lucide, claire, et particuli-rement courageuse. Elle est coura-geuse parce quelle dit des vritssans se soucier de plaire. Je ne puisque faire le constat de mon parfaitaccord avec elle. Jai particulire-ment apprci sa pertinente remar-que, jamais lue ailleurs quici : non

    seulement les peuples ont les gou-vernements quils mritent, maisencore ils ont les oppositions quilsmritent.

    TOUTNESTPASDFINITIVEMENTPERDU

    Sil mest permis de me faire uninstant lavocat du diable, afin de

    temprer probablement en vain(je ne suis pas du tout sr davoirraison) le pessimisme du lucideconstat de lauteur, je me laisseraialler faire deux remarques.

    1) Le parti de Jean-Marie Le Pen,un temps, fut capable de susciterlesprance des plus lucides, en cesens que, mme si rien de bon nepeut jamais sortir dune dmocratie(participer au dbat dmocratique,cest en avaliser le principe), il de-meure toujours possible de faire secourt-circuiter la dmocratie par el-le-mme : gagnons les lections pouracqurir de la force, afin ensuite derenverser la dmocratie par desvoies non dmocratiques. Et les suc-cs de J.-M. Le Pen, lpoque o ilne semblait pas renoncer aux ides

    radicales, ont pu faire croire quil nejouait le jeu de la dmocratie quepour la renverser. Ses concessions

    lamentables, explicites dsormais etassumes par lui en la personne de

    Marine, rendent dsormais illusoiretoute supputation de ce genre. Etcest cause de ses concessions quila perdu : cest sur ce point que, peut-tre, il est paradoxalement permisde temprer le pessimisme deMlle Pererou. En effet, un peuple d-cadent conserve toujours la cons-cience trouble et refoule de sa d-pravation, quelque effort quil fassepour senferrer dans son mensonge soi. Il en est ainsi parce quil existeune nature humaine qui demeure leprincipe des oprations et des choixexercs par les hommes, jusqu cesactions insurges contre cette mmenature dont il est ontologiquementimpossible de ne pas faire mmoire.Un peuple corrompu est incapablede dcider par lui-mme de sa pro-pre rhabilitation, il faut le lui im-

    poser par la force, celle des matreset celle des circonstances. Mais untel peuple est capable, confusment

    Le parti de Jean-Marie Le Pen, untemps, fut capable de susciter lesp-rance des plus lucides ()

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    et contre les exigences induitespar sa propre dpravation, dereconnatre dans ses chefs vir-tuels la pertinence des propos etle caractre salutaire des mesu-

    res quentendent lui imposer detels chefs de bonne volont, etqui ne sont vraiment des chefsque parce quils sont rvolution-naires, se risquant tout entiersdans leurs engagements. Le peu-ple, mme trs amoindri, nepeut pas ne pas tre de temps autre hant par la nostalgie desa sant dfunte ; il est toujours

    capable, sinon de vouloir, toutle moins de laisser pousser enlui certaines vellits. Le Penavait un quelque chose de rvo-lutionnaire il y a vingt ans. Sonradicalisme antijacobin, certesvoil, ses rminiscences fascis-tes, son racisme de bon aloi, sapugnacit antisystme, parlaient cette timide et presque incons-

    ciente partie du citoyen dmo-crate, enfouie en lui et sans effi-cience, qui secrtement aspirait se librer de ses chanes cons-ciemment consenties depuis1789. Cest cette partie que lin-contestable talent de Le Penavait russi, peut-tre, sortirde sa lthargie. Aussitt que,pour des raisons lectoralistes,Le Pen a commenc faire desconcessions, laspiration timidedu peuple une authentique etdouloureuse restauration de lor-dre des choses sest teinte, sestreplie, comme due et dsesp-re, comme effarouche par sa pro-pre audace, et ainsi le peuple est re-tourn de plus belle son vomi sub-jectiviste et hdoniste. Rien nestplus ravageur que les prises de

    conscience avortes. Rien nest pluscontre-productif que les vellits d-ues. Si vraiment le peuple franais

    tait corrompu de manire rdhibi-toire, si en dautres termes la petitevoix de la conscience vraie (celledont parle saint Paul, toute dis-tance de la conscience rousseauiste)

    tait morte jamais, alors mme laperspective dune crise conomiqueravageuse capable de sevrer les

    Notre dernier espoir : Hitler (Une affiche lectorale de la NSDAP)

    Le peuple, mme trs amoindri, ne peutpas ne pas tre de temps autre hantpar la nostalgie de sa sant dfunte ; il esttoujours capable, sinon de vouloir, tout lemoins de laisser pousser en lui certainesvellits. [Le] peuple est capable, confusment[...], de reconnatre dans ses chefs virtuelsla pertinence des propos et le caractre

    salutaire des mesures quentendent lui im-poser de tels chefs de bonne volont, etqui ne sont vraiment des chefs que parcequils sont rvolutionnaires, se risquanttout entiers dans leurs engagements.

    Nos analyses une nouvelle fois confirmes

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    glandes consumristes serait im-puissante susciter ne ft-ce quunembryon desprance. Il ne resteraitqu quitter la France en la laissantse dcomposer compltement et

    sans retour. Et parce que le mondeoccidental est aussi corrompu ail-leurs quen France, il faudrait endduire que nous avons dfinitive-ment perdu la partie et quil ny arien dautre faire que dattendre lafin du monde en se cachant dansune grotte. Dans lhypothse, il neserait mme plus opportun de conti-nuer clamer la vrit : personne,

    jamais, ne serait plus capable delentendre. Ainsi donc, sans dulco-rer en rien le constat dress ici parMarie Pererou, jose quant moi (etje sais que Marie lose aussi) pariersur la possibilit tnue, complte-ment refoule mais non absolumentradique, dune puissance de rsur-rection latente dans les peuples eu-ropens, quelque dcevants quils

    paraissent. Mais cette puissance nesera actualise nous le savons d-sormais de manire exprimentale que par un discours absolument ra-dical dnu de toute concession dequelque nature que ce soit et l-gard de qui que ce soit : ce quoisemploie lquipe de SC. On nestjamais assez rvolutionnaire. Plusle monde nous est hostile, plus ilconvient dtre intransigeant.

    SURLISLAM

    2) Il me semble quil ne convien-drait pas de pressentir, dans le mes-sage de Marie pererou, une quel-conque forme de sympathie, mmestratgique et politique, lgard delislam. Ce serait un total contre-sens. Le rveil de lislam nest pas

    du tout lexpression dun rejet, de lapart du tiers-monde, du consumris-me et du subjectivisme occidentaux ;

    sil en tait autrement, les peuplesdu tiers-monde naspireraient pas profiter des dlices matrialistes denos socits dcadentes ; ils fui-raient ces dernires, loin de les en-

    vahir. Et lon se roule dans la fangematrialiste et industrialiste dans lebled autant qu Paris, dans les ci-ts et banlieues autant que chez lesbobos cfrans . Au reste, le rveilde lislam a t programm et sti-pendi par les judo-amricains,dans trois buts :

    a) casser la dynamique fascisante

    du panarabisme initi jadis par Mi-chel Aflak (dont est sorti le Baas),laquelle constituait un danger relpour Isral et pour les multinationa-les du ptrole que ce nationalismearabe risquait de gner en faisantcesser lasservissement des monar-chies du Golfe aux USA ;

    b) faire servir le ressentiment des

    musulmans la lutte contrelURSS ;

    c) favoriser linvasion lente delEurope par les Mahomtans, afinde faire perdre leur identit racialeet culturelle aux nations chrtien-nes et blanches, les seules qui fas-sent peur aux Juifs et aux Finan-ciers amricains. Le rveil de lislamest ainsi un moment contrl de lastratgie amricano-sioniste aspi-rant au mondialisme bancaire. Il estsubjectivement vcu par les musul-mans telle une dimension de leuridentit hargneuse, vindicative etgorge de ressentiment, lgarddes peuples riches quils envient etdtestent tout la fois ; il nest sousce rapport que le cache-sexe desabandonns de la croissance. Il est

    la lgitimation dapparence spiritua-liste dun dsir foncirement mat-rialiste et subjectiviste, galitaire et

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    revanchard dinspiration anti-colonialiste. Les musulmansne savent pas, ou ne veulentpas voir, que leur revendica-tion identitaire paravent

    religieux sert les intrts dumonde judo-amricain ;sobstiner discerner en euxdes allis potentiels objectifs,cest se tromper complte-ment. Mais de ce fait le rveilde lislam ne constitue nulle-ment, comme le rappelle Ma-rie Pererou, le danger num-ro 1 pour les vrais Europens :

    si les Musulmans jalousent lesOccidentaux (ils aspirent leurs richesses et nourrissentleurs complexes enfivrs), ilshassent ce quils admirent ;en tant quils le hassent, ilssont conduits le critiquer(telle est lutilit de leur revendica-tion identitaire) ; en tant quils lad-mirent, ils laiment, et, en tant

    quils laiment, ils sont conduits leconforter en sintgrant en lui. Cestque la jalousie (ou plutt lenvie) estune modalit du subjectivisme :quand le moi sabsolutise, il prtendavoir droit tout et se rend incapa-ble de servir un bien commun, ou detrouver son honneur dans le servicede quelque chose qui le dpasse ; ildevient incapable dadmirer ce quilui est suprieur. Or le consumris-me occidental, pour le malheur dumonde, est la forme la plus laboreet actuellement la plus efficace quele dmon ait trouve pour exacerberet satisfaire les pulsions subjectivis-tes. Donc le rveil islamique, en d-pit des apparences, est objective-ment complice, parce que subjecti-viste, du consumrisme occidental

    en lequel il se reconnatra tt outard : pendant les guerres dIrak,puis quand Saddam Hussein fut

    ignoblement pendu, les masses mu-sulmanes dEurope nont pas bron-ch. Aussi peut-on conclure de toutcela que le danger extrieur num-ro 1, pour nos socits occidentales,est le monde judo-amricain. Ledanger intrieur numro 1 est les-prit de 89 gnrateur de subjectivis-me et dhdonisme ; sous ce rapportseulement, et en tant que lislam enFrance participe objectivement delhdonisme, il peut tre considrcomme une dimension du dangerintrieur numro 1. Mais, de ce fait,ce nest pas en se jetant dans lesbras des sionistes quon parviendra le combattre efficacement. Cest endnonant son essence objective-ment sioniste.

    pendant les guerres d Irak, puis quand Sad-

    dam Hussein fut ignoblement pendu, lesmasses musulmanes dEurope nont pasbronch. Aussi peut-on conclure de tout celaque le danger extrieur numro 1, pour nossocits occidentales, est le monde judo-amricain.

    Nos analyses une nouvelle fois confirmes

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    Nos lecteurs trouveront ci-aprs le message que nous a envoy une jeunefille lesprit format par lducation nationale ainsi que la longue rponseque lui a apporte Vincent Reynouard.

    LE MESSAGE [1]

    Jai reu votre CD de faon ano-nyme (do ma rponse anonyme).Je lai ouvert et jai parcouru vostextes.

    Vous utilisez des arguments quise veulent scientifiques et techniques . Votre tactique sauteaux yeux : vous savez que peu degens sont des scientifiques ou destechniciens et vous esprez lesconvaincre parce quils ne pourrontpas rpondre. Mais vous ne convain-crez personne.

    LESRPONSESTECHNIQUES

    1. Dabord parce que, sur le plantechnique, des gens comme Jean-Claude Pressac, Robert van Pelt,Daniel Karen, Jamie McCarthy etHarry Mazal vous ont rfuts de-puis longtemps. Dans un livreconsacr au Gnocide , un profes-

    seur agrg en Histoire a crit :

    Le patient travail de Jean-Claude Pres-sac sur laspect technique du gnocide etdes chambres gaz supprime toute pos-sibilit de nier lexistence du gnocide etdes chambres gaz comment tentent dele faire les ngationnistes, tels Paul Ras-sinier ou Robert Faurisson, qui se com-portent en vritables falsificateurs delhistoire (In Stphane Reigner, Le g-nocide , ditions Le Mmorial de Caen,2003).

    Les bordereaux du crmatoire 4 :R. Faurisson ne rpond pas

    Lorsque J.-C. Pressac dcouvre,entre autres, deux bordereaux

    dAuschwitz o un ouvrier qui tra-vaillait dans un crmatoire IV ditavoir pos des fentres tanches augaz et devoir btonner dans lachambre gaz , il faut vraimenttre de mauvaise foi pour prtendreque ce crmatoire ne possdait pasune chambre gaz pour tuer lesgens (In LHistoire , juin 1992,article de J.-C. Pressac.). Cette mau-

    vaise foi, le ngateur Robert Fauris-

    (1) : Les intertitres ont t ajouts par la Rdaction.

    JETERPONDSMALYCENNE, MOIQUINESUISPLUSLYCEN ...

    RPONSE UNE LYCENNEADEPTE DES SITES ANTIRVISIONNISTES

    par Vincent Reynouard

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    son en a fait preuve. Dans sa Rponse Jean-Claude Pressac ,il prtend que les deux bordereauxparlent dune chambre gaz dedsinfection , mais il se garde bien

    de dmontrer en analysant lesditsbordereaux. A la place, il cite un do-cument sans aucun rapport avec lecrmatoire IV, extrait dun registrede serrurerie (p. 31). Voil com-ment il vacue subrepticement deuxpreuves documentaires qui le g-nent ! Aprs, il est facile de direquil ny aurait aucune preuve delHolocauste.

    Les trous dans la chambre gaz du crmatoire 2

    Depuis des annes ,R. Faurisson claironne quBirkenau, il ny avait pas detrous dans le toit de la cham-bre gaz du crmatoire II, cequi aurait contredit le faitque, pour gazer leurs victi-mes, les SS dversaient le Zy-klon-B des orifices percsdans ce toit. Cest son grandargument, qui a t repris parDavid Irving en 2000. Maisen 2004, aprs avoir tudides photos prises en 1944,trois chercheurs amricainsse sont rendus Birkenau ety ont dcouvert ces trous dans

    les ruines du crmatoire II.Leur rapport combine recher-ches sur le terrain, expertisesde clichs ariens et analysesdimages par ordinateur. Il at publi par la prestigieuserevue Holocaust and Geno-cide Studies , dite par lU-niversit dOxford [1]. Depuis,quelle a t la rponse de

    R. Faurisson et de D. Irving ? Rien,le silence. Preuve de leur impuis-sance. Pourtant, ils continuent brandir cet argument , comme silnavait jamais t rfut. Cest vrai-

    ment tre de mauvaise foi !

    L VIDENCE CONTRELESRVISIONNISTES

    Les photos prises la librationdes camps

    2. Et surtout parce que lvidenceest contre vous. Que valent vospseudo-arguments face ce clichpris en avril 1945 la libration ducamp de Buchenwald (vous le trou-verez dans le livre de Stphane Rei-gner, un professeur agrg) ? Et il

    (1) : Holocaust and Genocide Studies , Oxford University Press, Volume 18, Number 1,Spring 2004, pages 68-103.

    Photo extraite du livre de S. Reignier, Le g-nocide(d. du Mmorial de Caen, 2003).

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    ny a pas que celui-l. Il y a des cen-taines dautres photos, plus horri-bles les unes que les autres, quimontrent ces tas de cadavres ma-cis et ces survivants dans un tataffreux. Des cadavres, encore descadavres, toujours des cadavres ;abandonns a et l, entasss prsdes blocks ou jets dans dimmensesfosses. Et vous, face ces preuvesvidentes, vous venez avec votremtre, votre loupe et vos tubes es-sai pour tenter de dcouvrir le mi-nuscule indice qui pourrait jeter ledoute. Ce serait drisoire si ce n-

    tait odieux !

    Discours, confessions et aveuxdes nazis

    Himmler na jamais cach sescomplices que les juifs taient exter-mins. Il leur a clairement dit Po-sen le 6 octobre 1943 :

    Je vous demande avec insistance dcou-ter simplement ce que je dis ici en petitcomit et de ne jamais en parler. Laquestion suivante nous a t pose :

    Que fait-on des femmes et des en-fants ? . Je me suis dcid et jai l aus-si trouv une solution vidente. Je neme sentais en effet pas le droit dexter-miner les hommes dites, si vous vou-lez, de les tuer ou de les faire tuer etde laisser grandir les enfants qui se ven-geraient sur nos enfants et nos descen-dants. Il a fallu prendre la grave dci-sion de faire disparatre ce peuple de laterre.

    Et aprs la guerre, les assassinsont avou : Kurt Gerstein, Ru-dolf Hss (le commandant dAus-chwitz).

    LESTMOIGNAGESDESSURVIVANTS

    D. Olre et S. Venezia

    Du ct des victimes, le seul ar-tiste rescap des Sonderkommando,David Olre, a dessin ce quil a vupendant sa dportation : les gensgazs et brls dans les crmatoiresdAuschwitz. Oserez-vous dire quil

    a tout invent ? En 2006, ShlomoVenezia, un autre rescap, sest d-cid parler. En classe dHistoire,

    Un des nombreux dessins de David Olre

    Le message dune lycenne

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    nous avons tudi son terrible t-moignage, lorsquil travaillait dansles chambres gaz :

    LAllemand qui tait charg de contrler

    ce processus (le gazage) prenait souventplaisir faire souffrir un peu plus cesgens, dj sur le point de mourir. Enattendant larrive du SS qui devait in-troduire le gaz, il samusait allumerpuis teindre la lumire pour les ef-frayer un peu plus. Quand il teignait lalumire, on entendait un bruit diffrentschapper de la chambre gaz ; les gensparaissaient suffoquer dangoisse, ilscomprenaient quils allaient mourir.Puis il rallumait la lumire et on enten-

    dait une sorte de soupir de soulagement,comme si les gens croyaient que lopra-tion avait t annule.Puis, finalement, lAlle-mand apportant le gazarrivait. Une fois que legaz tait vers, cela du-rait entre dix et douzeminutes, puis finalementon nentendait plus unbruit, plus une me vi-vante. Un Allemand ve-nait vrifier que tout lemonde tait bien morten regardant travers le

    judas plac sur la portepaisse. Quand il taitsr que tout le mondetait bien mort, il ou-vrait la porte et repar-tait aussitt, aprs avoirmis la ventilation enmarche. Pendant vingt minutes, on en-tendait un vrombissement norme, com-me une machine aspirant lair. Puis, fi-

    nalement, on pouvait entrer et commen-cer extraire les cadavres de la chambre gaz. Une terrible odeur cre envahis-sait la pice. Les corps taient tellementimbriqus, amasss les uns contre lesautres ; les jambes-l, la tte ici. Lescadavres samoncelaient sur plus dunmtre, un mtre et demi de hauteur.On ma donn des ciseaux et je devaiscouper les cheveux des femmes. On necoupait que les cheveux longs, sans tou-cher aux hommes. Une fois quon avait

    fini de couper les cheveux et de retirerles dents en or, deux personnes venaientprendre les corps pour les mettre sur lemonte-charge qui les envoyait au rez-de-

    chausse du btiment, vers les fours cr-matoires ( In Shomo Venezia, Sonderkommando , ditionsAlbin Mi-chel, 2007).

    La conclusion dune historienne

    Comment croire que lauteur a puinventer tous ces dtails ? Et puis, ily a tous les autres tmoignagesconcordants danciens dports res-caps de lenfer. Comme le dit lhis-torienne Annette Wieviorka :

    Les tmoignages sont si nombreux, siconcordants, dorigine si diffrente que

    le rcit polyphonique quils crivent nepeut tre que globalement conforme lavrit, mme si dans tel t-moignage une ouverture parlaquelle arrive le cyclon Bdans la chambre gaz estmal place, si dans un autreun boulon manque un fourcrmatoire, mme si les chif-fres donns par les tmoinssont, avec une rgularit demtronome, errons. Quand,lors dune manifestation, leschiffres donnes par les or-ganisateurs et ceux donnspar la police diffrent, nulne savise den conclure quilny a pas eu de manifesta-tion (In Annette Wievorka, Auschwitz, 60 ans aprs ,

    ditions Robert Laffont,2005).

    MESCAMARADESONTVU

    Je suis une ancienne lve duCentre scolaire Jeanne dArc Champagnolle (France). En 2006,des camarades ont eu la chance devisiter Auschwitz. Ils ont vu et ilsnous ont racont. Sur le site de no-tre cole, on trouve un compte rendude ce voyage. Je vous conseille de lelire et, surtout, de regarder les pho-tos. Ces photos qui relient le pass(ce qui est arriv dans ces lieux) etle prsent (ce que lon peut en voir

    Schlomo Venezia

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    aujourdhui) vous permettront decomprendre pourquoi ceux qui ontfait le voyage et ceux qui coutentles tmoins ne peuvent tomber dansle pige des ngationnistes. Le sim-ple fait de voir suffit pour rfutervos pseudo-arguments qui nont descientifique que l allure.

    VOSMOTIVATIONSSECRTES

    Quand on songe aux horriblessouffrances des dports, de ceuxqui sont morts et des rares qui ontsurvcu (perdant souvent toute leurfamille), vos arguties techniques r-voltent la conscience. Elles sontodieuses. Votre antismitisme vousaveugle. Voil tout Vous mentezpar haine du Juif et pour tenter derhabiliter le nazisme. Avec lanti-sionisme, le ngationnisme est lunedes nouvelles formes que prend lan-

    tismitisme le plus radical. Voustes une insulte envers les victimeset ceux qui peuvent encore tmoi-gner (comme Yvette Lvy). Cestpourquoi une loi interdit le nga-tionnisme. Vous prtendez y voirune peur du dbat chez les histo-riens ; cest faux. Lappel la haineet au rejet de lautre par le menson-ge et linsulte doit tre empch,tout simplement. Il ne saurait treici question de libert dexpressionou de dbat. La libert nimplique nile droit de causer du tort autrui,

    ni celui de tenter de frayer la voieaux idologies criminelles. Abandon-nez vos prjugs racistes et antis-mites, et vos yeux souvriront sur lavrit. Vous verrez, on y est beau-coup mieux que dans le mensongeissu de lignorance, de la haine et delintolrance.

    Un photomontage ralis par les lves du Centre scolaireJeanne dArc leur retour dAuschwitz.

    Le message dune lycenne

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    PRLIMINAIRES

    Mademoiselle,

    Vous nous avez crit anonyme-ment, je vous rpondrai donc publi-quement, en esprant que cette r-ponse vous parviendra.

    UNESPRITFORMAT

    Votre prose trahit un esprit for-mat. On y trouve tous les argu-ments habituels lancs contre lesrvisionnistes. Dans votre cas, l-ducation nationale et le sitephdn.org ont parfaitement remplileur mission. Vous tes mure pourdevenir une citoyenne adulte politiquement correcte .

    CEQUEDISENTLESRVISIONNISTES

    Mais trve de considrations per-sonnelles. Un point doit tout dabordtre clairci : que contestent lesgens baptiss rvisionnistes ou ngationnistes ? Ils contestent laralit de l Holocauste , cest--

    dire lexistence dune entreprise qui

    aurait t planifie puis mise enplace sous le IIIe Reich pour tuertous les juifs dEurope au simplemotif quils taient juifs. En cons-quence, ils contestent :

    - la ralit des chambres gazhomicides (arme spcifique du cri-me prtendu) ;

    - le fait qu lEst, des

    groupements spciaux (les Ein-zatsgruppen) auraient eu commemission de tuer systmatiquement tous les juifs quils dcouvraient.

    Les rvisionnistes admettent :

    - la ralit des camps de concen-tration ;

    - les dportations massives dejuifs (hommes, femmes et enfants)notamment partir de lt 1942 ;

    - la dure vie des dports dans lescamps : promiscuit, confusion deslangues et des cultures, travail for-c, pidmies ; puis, dans les der-niers mois : surpopulation, faim,manque de mdicaments et de ma-

    LA RPONSE DE VINCENT REYNOUARD

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    triel mdical, pidmies tendues,marches forces (lors des vacua-tions)

    - les trs nombreuses morts par-mi les dports juifs et non-juifs,

    morts naturelles ou non (accident,maladie, faim, puisement, suicide,coups des kapos, excution pour mo-tifs divers, rglement de compte, as-sassinat, bombardement alli) ;

    - lexistence, lEst, des Einzats-gruppen dont la mission tait de pa-cifier les rgions situes derrire lefront.

    DES ARGUTIES NCESSAIRES

    Ecartons les jugements subjectifs

    Cela dit, et pour entrer dans le vifdu sujet, jaborderai un argumentque vous avancez dans votre dernierparagraphe : vous nous accusez din-voquer des arguties odieuses .Personnellement, je ne connais que

    deux grands genres darguments :les vrais et les faux. Tout le restenest que jugement subjectif sansaucun intrt dans une discussionintellectuelle. Si nos positions vouschoquent, jen suis navr, mais celane mempchera pas de continuer les soutenir.

    Les devoirs de lenquteur

    De la mme faon, vous crivez : Quand tant de gens ont souffert etsont morts, crivez-vous, il est dri-soire et odieux darriver avec son m-tre, sa loupe et ses tubes essai .Plus loin, je vous montrerai que lesexterminationnistes, eux aussi, uti-lisent loupe et mtre pour dcouvrirdes indices. Ainsi se fondent-ilssur une tige prise dans le bton et

    deux petites coulures de bitumepour prtendre que les crmatoi-res 2 et 3 du camp de Birkenau au-

    raient t criminaliss en janvier1943 (voy. plus bas) ! Mais pourlinstant, je rpondrai directement votre critique. Certes, il faut savoirfaire preuve de compassion. Certes,

    il existe des lieux et des occasionso seul le recueillement est de mise(lors de crmonies lglise ou ail-leurs). Mais lenquteur, lui, a le de-voir, dans ses fonctions, dtre inac-cessible aux sentiments. Car sa mis-sion est avant tout dtablir la mat-rialit des faits. Un mdecin lgistequi, dans un cas de maltraitancessupposes, autopsie un enfant, doit

    faire son travail sans passion, afinde rendre un rapport objectifqui ac-cablera ou qui disculpera les pa-rents. Pareillement, celui qui enqu-te sur un sujet dhistoire, mme silest tragique, mme sil sagit de lamort dinnocents, doit rester froid.Cest dur, mais cest ainsi.

    UNEXEMPLE : LAFFAIREDORADOUR

    La querelle historique

    Vous connaissez sans doute, Ma-demoiselle, le drame dOradour-sur-Glane. Plus de 500 femmes et en-fants morts dans une glise le10 juin 1944. Officiellement, ils ontt massacrs par des Waffen SSqui, aprs les avoir entasss danslglise, les auraient mitraills puis

    Lglise dOradour

    Des arguties ncessaires

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    Sans Concession28

    brls (parfois vifs) en enflammantldifice avec de la paille et des fa-gots. En 1997, jai publi un ouvragequi remet en cause cette version desfaits. Jy dgage la responsabilit

    des Waffen SS dans ce drame atrocede lglise. Aprs avoir minutieuse-ment analys les ruines du lieusaint, les tmoignages et les photosdes cadavres, j en conclus que ldifi-ce na pas t incendi mais quil at dtruit suite lexplosion dundpt de munitions qui avait tinstall sous les combles par les ma-quisards et qui a explos de manire

    inopine alors que les Waffen SSperquisitionnaient dans le villageafin de retrouver lun des leurs enle-v quelques heures plus tt. Telssont, selon moi, les faits matriels,tablis par lanalyse sans passion dela scne du crime.

    Les gardiens de la Mmoire nemont jamais rpondu sur le fond.En particulier, ils nont jamais orga-nis une contre-expertise qui auraitpu contredire la mienne. Tout ce

    quils ont fait, cest recourir aux au-torits pour interdire mon livre(puis ma vido sur le mme sujet) etpour tenter de me jeter en prison(ils y seraient parvenus sans larrtde la Cour de Cassation qui mit fin cette perscution judiciaire).

    Une photo accusatrice

    Pour eux, lidal aurait t la pu-blication dun clich ou mieux dun film pris pendant les tragiquesvnements et dmontrant la culpa-bilit des SS. Mais on nen connataucun.

    Maintenant, supposez que, de-main, quelquun produise la photo ci

    -dessous en disant : Voil la preuve que lonrecherchait : la scne se

    passe dans lglise dOra-dour. Vous voyez claire-ment la paille dpose parles SS qui se prparent incendier lglise. Lesdeux cadavres ont t d-poss dessus. Devra-t-onrefuser toute discussiontechnique relative cette preuve au motif que,

    dans cette triste affaire,plus de 500 femmes et en-fants innocents ont souf-fert et sont morts ? Nulle-ment. Dans le cadre dunsupplment denqute, ilfaudra tudier cette photo,froidement et loin de toutepassion, afin den dtermi-ner la force probante. Cet-te tude, naturellement,examinera certains dtailsrelevs sur le document.

    Deux cadavres dans lglise dOradour le 10 juin1944 ? Ltude minutieuse dmontre que non...

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    Lanalyse minutieuse

    On remarquera dabord labsencede toute trace de sang sur les deuxcorps. Puis la position de lavant-

    bras et de la main gauche de ladul-te qui voque une personne vivanteet non morte. La femme parat plu-tt dormir le tronc emmitoufledans un chle et les jambes recou-

    vertes dune couverture, avec len-fant ses cts, galement emmi-toufle. Dailleurs, supposer queles SS aient eu lide saugrenueen la circonstance dentourer lescorps dun linceul pais, ils auraientgalement recouvert les ttes. Tout,ici, voque donc le repos dans uneglise ruine, pas la mort.

    Mais il y a plus. Lautel visiblesur le clich est trs diffrent dumatre-autel qui subsiste dans lgli-se dOradour. Comparez notammentles motifs avants : l o il devrait y

    avoir la Cne (le dernier repas duChrist), on ne voit quune sorte derosace sculpte (ci-dessous).

    Peut-il alors sagir dune photoqui aurait t prise dans lune destrois chapelles latrales de lglisetragique, chacune ayant son petitautel ? Pour la chapelle de la saintVierge et celle de saint Joseph, la

    rponse est ngative : l encore, lesautels sont trs diffrents (celui dela chapelle saint Joseph est en bois,celui de la chapelle de la saint Vier-ge na pas t touch et prsente descolonnes devant). Quant la chapel-le sainte Anne, lautel ayant t d-truit, toute comparaison est impos-sible. Mais un autre lment permetde rpondre par la ngative : derri-

    re le meuble, il ny avait pas de vi-trail, contrairement ce que lonaperoit sur le clich prsent.

    Une femme qui parat dormir.

    A gauche: la face avant de lautel inconnu.Ci-dessous : la face avant de lautel dOradour-sur-Glane.Il ne sagit videmment pas du mme autel...

    Des arguties ncessaires

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    qui permet de dcouvrirla vrit

    Petits dtails , me direz-vous,quil est indcent de rapporter face

    la mort atroce de 500 femmes et en-fants innocents. Sans doute, mais petits dtails permettant de d-duire que ladite photo na pas tprise Oradour, donc quelle ne sau-rait constituer une preuve de laculpabilit des Waffen SS. Et lonaura raison de conclure ainsi, car envrit le clich a t pris trente ansavant la tragdie, en 1914, lint-

    rieur de lglise dun petit villagebelge . Publi dans Lectures pourTous (livraison du 12 dcembre1914, couverture), la lgende porte : Une pauvre femme, puise dan-goisse et de fatigue, sest blottie pourdormir auprs de son enfant .

    Vous comprendrez donc, Made-moiselle, pourquoi, souvent, les rvi-sionnistes sattachent des dtails . En agissant ainsi, ilspeuvent paratre froids, insensibles

    et sans cur Mais ces dfauts deviennent des qualits ncessaireslorsquil sagit denquter impartia-lement pour dcouvrir le vrai et,ainsi, faire uvre de justice.

    DE LVIDENCE

    Je ne mtendrai pas plus sur vo-tre dernier paragraphe. Toute votre

    argumentation repose sur une affir-mation : l Holocauste est une r-a l i t v idente . C est cette vidence que vous nous opposezen exhibant une photo prise la li-bration dun camp (nous verronsplus loin quil ne sagit pas de Bu-

    chenwald) et en affirmant quily a en des centaines dautressimilaires.

    UNEDFINITIONDELVIDENCE

    Certes, Mademoiselle, il existedes ralits videntes. Ainsi, ilest incontestable qu midi, pla-ce de la Concorde, un jour sansnuage et sans clipse totale, lesoleil brille. Il est incontestablequun d six faces non truqu

    et lanc sur une surface planehorizontale donnera toujoursun rsultat compris entre 1 et6. Lvidence repose ici sur larelation immdiate qui existeentre ce que je constate et cequi est.

    Cette photo na pas t prise le10 juin 1944 Oradour, mais

    trente ans plus tt, dans un pe-tit village belge.La femme et lenfant dorment...

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    DES VIDENCES APPARENTES

    Mais parfois la relation nest pasimmdiate. Et cest l que

    l vidence peut tre illusoire,malgr toutes les apparences. Cetteremarque est capitale ; aussi vais-jelillustrer avec deux exemples.

    La fixit de la Terre

    Le raisonnement dantan

    Jadis, il paraissait vident que la

    Terre tait un astre fixe par rapportau Soleil. Largument de monsieur-tout-le-monde tait simple : Sur laTerre, quand on reste la mmeplace, on ne se sent pas bouger, doncla Terre est fixe. Un peu plus dve-lopp, cela aurait donn : On voitle Soleil tourner autour de nous,preuve quil y a mouvement. Maisquand, sur Terre, on ne bouge pas,

    on ne se sent pas entran dans unmouvement extrieur. Or, un simplecalcul, trs approch, dmontre que

    sous nos latitudes, pour avoir un le-ver du Soleil toutes les 24 heures, laTerre devrait nous entraner plusde 1 000 km/h dans un mouvement

    de rotation sur elle-mme. Un mou-vement aussi rapide serait ncessai-rement dtect par nos sens, ce quinest pas. Donc le support sur lequelnous sommes est fixe. Cest le Soleilqui tourne autour de nous et pas laTerre qui tourne sur elle-mme .

    Dans le cas prsent, laffirmation La Terre est fixe ne rsultait pasdune observation directe : personne,

    en effet, ntait all dans lespacepour constater le fait. Elle tait lefruit du syllogisme suivant : A. SurTerre, je ne me sens pas entrandans un mouvement grande vites-se. B. Or tout mouvement grandevitesse est dcelable par mes sens.Conclusion : la Terre est fixe.

    Lorigine de lerreur

    On sait aujourdhui que ce syllo-gisme est erron. Mais o est ler-

    Une vidence qui nen tait pas une : la Terre centre de lunivers

    De lvidence

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    reur ? Sans formation scientifique, ilest trs difficile, voire impossible, dela dcouvrir. Car elle est la suivan-te : dans un mouvement, notre corpsressent davantage les modifications

    de la vitesse (en terme technique :lacclration) que la vitesse propre-ment dite. Tout le monde a pu enfaire lexprience. Dans un avion oudans un train rapide qui a atteint savitesse de croisire (la trajectoiretant suppose rectiligne), on secroit fixe : les objets poss sur lestablettes restent en place, on peutjouer au bilboquet ou se dplacer

    comme si lon tait chez soi En re-vanche, si le vhicule acclre, frei-ne ou tourne brutalement, on senti-ra le mouvement. Tout simplementparce qualors la vitesse a t modi-fie (soit en grandeur dans le casdune acclration/dclration, soiten direction dans le cas dun virage).

    Ds lors, le fait que la Terre nousentrane plus de 1 000 km/h na

    pas grande importance. Limportantest de savoir si, dans le virage per-manent que nous effectuons(puisque, comme un mange, la Ter-re nous entrane dans un mouve-ment de rotation), la modification de

    la vitesse (en direction) est percepti-ble par nos sens. Un simple calculpermet de rpondre par la ngative.Tourner 1 160 km/h sur la Terre une latitude de 45 est comme tour-

    ner sur un mange pour enfants(5 m de rayon) une vitesse de1,2 km/h, cest--dire tourner dunangle de 4 degrs chaque seconde.Le mouvement est alors totalementimperceptible ; si nous ignorions quenous bougions, on croirait que cesont les spectateurs qui, trs lente-ment, tournent autour de nous. Voi-l pourquoi lobservateur sur Terre,

    insensible son mouvement, a long-temps cru que ctait le Soleil et lestoiles qui tournaient autour delui

    Conclusion

    Ce simple exemple dmontre quesi raisonnement doit tre tenu pourpasser de lobservation la conclu-

    sion, alors cette dernire nest plusune vidence . Et cela mme si leraisonnement tenu parat simple etde bon sens. Car lerreur peut tretrs subtile et, ainsi, difficilementdcelable.

    Rechutes et regretssincres

    Autre exemple : une per-

    sonne commet rgulire-ment la mme btise et chaque fois dit le regretter.Son regret est-il sincre aumoment mme o il estformul ? videmmentnon, rpondra-t-on, car sile regret tait sincre, labtise ne serait plus com-mise nouveau . Cette

    rponse est-elle une vi-dence ? Nullement, carpour conclure ngative-

    Sur les montagnes russes, les changements dedirection continuels et brusques font que le mou-vement est ressenti en permanence.

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    ment, il a fallu tenir un raisonne-ment ; trs court sans doute, maisun raisonnement tout de mme : siun regret est sincre, alors il ny apas rechute . Or, cette implication

    nest pas toujours vraie, car certai-nes personnes peuvent tre sincresau moment de regretter mais ensui-te rechuter par faiblesse ou mauvai-se habitude contracte. Voilpourquoi, sadressant aux confes-seurs propos de deux poux adon-ns lonanisme (pch mortel selonla morale catholique), un moralisteprcisait nettement :

    Il va sans dire quon ne doit pas, prioriet dune faon absolue, considrer le faitdes rechutes comme une preuve certainede leur mauvaise disposition au momento ils se confessent. Cest un indice, uneprsomption puissante, mais pas unecertitude, pas du tout [1].

    Je le dis et le rpte : l o il y araisonnement, il ny a plus vidence .

    VALEUR DES PREUVES

    CERTITUDEETVIDENCE

    Mais, me direz-vous, et si lespreuves saccumulent ? Le fait nedevient-il pas alors vident ?Non, car si lon a besoin de preuves,cest que le fait en lui-mme ne rel-ve pas du constat direct. Un faitprouv devient tout au plus certain,jamais vident. Il est certain que laTerre tourne, cela na rien dvident(lexprience trs connue du pendulede Foucault est une preuve maisdont la valeur napparat quaprsde longs calculs).

    LAFFAIRE JEAN LESNIER (1847-55)

    Encore faut-il que les preuvesfournies soient valables. Car le de-gr de certitude dpend entirementde cette valeur. Et parfois, on peutse tromper sur elle. Telle est ladeuxime remarque capitale que jevais illustrer par un long exemple.Rappelez-vous, Mademoiselle, laf-faire Jean-Franois-Dieudonn Les-nier (1823-1858) [2].

    Le crime du Petit-Mass

    Dans la nuit du 15 au16 novembre 1847, au Petit-Mass,non loin du hameau Le Fieu(Gironde), un vieillard est retrouvassassin chez lui. Claude Gay porteles traces dune blessure derrire lecrne. Au dbut on lidentifie commeun coup de serpette. Mais lenqutetablira quil sagit dun coup demarteau. Le ou les assassins ont or-

    ganis une mise en scne afin de fai-re croire une apoplexie survenuependant le repas. Ils ont en outremis le feu lappentis, esprantsans doute que les flammes dvore-raient aussi la masure, supprimantles traces du crime.

    Ancien terrassier, nexerant plusdepuis longtemps, C. Gay tait unpauvre vieillard dont lunique avoirslevait une dizaine de francs et quelques barriques de vin. Celles-ciont dailleurs disparu et des tracesfraches releves dans la pinde de-vant lhabitation laissent supposerquelles ont t roules puis emme-nes par le ou les assassins venusavec une charrette (ce qui exclut lathse du maraudeur). Cependant, il

    (1) : Voy. lAmi du Clerg, 16 janvier 1902, p. 57, col. B. (2) : Il existe plusieurs livresconsacrs cette affaire, dont lun a t crit par J. Lesnier lui-mme. Je tire mes informa-tions du long rsum quen a fait P. Bouchardon pour la revue Lectures pour Tous (fvrier1923, pp. 579-88 et mars 1923 pp. 756-766).

    De lvidence

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    est difficile dimaginer que le crimeait eu pour seul mobile le vol dunefaible quantit dalcool.

    Un suspect n 1

    Faute dlments, lenquteur ve-nu sur les lieux va se poser la ques-tion cl : qui profite le crime ?Dans laffaire du Fieu, cette ques-tion aurait pu rester sans rponsesi, quelques semaines auparavant(le 1er septembre 1847), linstituteurdu village, J. Lesnier, navait achetlhabitation de C. Gay en viager

    pour une rente de 6,75 F mensuels.Certes, il semblait trs imprudentdassassiner le vieillard si peu detemps aprs, mais ctait suffisantpour crer un suspect n 1.

    Celui-ci, un jeune homme de24 ans, n dans la rgion et arrivquatre ans auparavant au Fieuaprs avoir obtenu son brevet dins-tituteur Bordeaux, clame son in-

    nocence. Il na pas tu le vieux Gay,il na pas vol son vin et il na pasmis le feu sa maison.

    Ces dngations nimpression-nent gure le juge de paix Viault quiva ds lors sintresser la person-nalit du suspect. En tant quensei-

    gnant, il est irrprochable : ponctuelet comptant, en quatre ans, il aplus que doubl le nombre de seslves. Lhomme, en revanche, estbeaucoup moins sympathique : vo-lontiers pdant, il aime taler sa su-priorit intellectuelle et se rvlesouvent grande gueule . Mais,surtout, sa vie prive laisse dsi-rer : il est cribl de dettes criardeset entretient une relation coupableavec la femme du cabaretier du vil-lage, Marie Caissac, pouse de Pier-re Lespagne. Autant de faits trsdfavorables.

    Des lments dfavorables

    M. Viault apprend en outre que,quelques semaines seulement avantle crime, le vieux Gay naurait cess

    de rcriminer contre J. Lesnier. Enoctobre, il aurait dit Jean Barba-rou : Quelle btise jai faite, allez !

    Dcouverte du meurtre de Claude Gay, le 15 novembre 1847, au hameau duFieu (Gironde, France). Ce sera le dbut dune affaire o l vidence dsi-gnera un coupable en ralit innocent.

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    Je croyais tre heureux sur mes der-niers jours. Lesnier devait avoir soinde moi, mais, au lieu de chercher prolonger ma vie, il voudrait me l-ter. Je lui ai demand une bouteillede vin vieux pour me remonter. Il y ahuit jours que je lattends. . Peuaprs, sadressant au cur dubourg : Lesnier me laisse mourir defaim. Jamais il ne met les pieds chezmoi. Puis M. Laboissire auquelil est oblig de vendre quelques ou-tils aratoires pour sacheter dupain : Linstituteur est un gueux,un misrable. Il voudrait me voir

    mort.

    Propos et initiatives sinistres

    Plus grave, au cours de linstruc-tion, des habitants rapportent despropos et des initiatives sinistres deJ. Lesnier. A Jacques Magre, il au-rait propos de parier 25 F queGay aura[it] pass avant six mois .

    A Guillaume Drauhaut, 50 F que levieux nen a[vait] pas pour troismois . Au charron Jean Bernard, ilaurait lanc : Ah ! Gay vous a ma-nifest lintention daller lhpital.Il nira pas. Prparez-vous lui fai-re, avant longtemps, un cercueil .

    Tout semble donc concorder pouraffirmer que J. Lesnier nourrissaitde trs noirs desseins lencontre de

    C. Gay. Certes, lindividu qui prpa-re un crime ne le crie pas sur lestoits, bien au contraire. Mais peut-tre le suspect, dont on connat lapropension faire talage de sa su-priorit, se croyait-il capable decommettre un crime parfait, lui as-surant limpunit ensuite. Ainsisexpliqueraient la mise en scneconstate sur le lieu du crime et l in-

    cendie de lappentis. En avertissantses concitoyens par des propos etdes actes dplacs, J. Lesnier esp-

    rait peut-tre pouvoir dire, une foisle dossier class : voyez comme jesuis malin, comme je les ai bien pos-sds !

    Lagression de L. Daignaud

    Pour lheure, cependant, il ny arien de concret contre le suspect quicontinue clamer son innocence ; ilny a que des indices, cest--dire despropos ou des actions rapports parcertains tmoins.

    Mais le 21 novembre un vne-ment imprvu prcipite les vne-

    ments. Dans la soire, un habitantdu hameau, Louis Daignaud, faitirruption chez les poux Teurlay.Les yeux hagards, le visage convul-s par la terreur, la veste dchire,il peut juste raconter quil vient d-tre agress dans les bois par deuxhommes : le premier lui a barr laroute et la violent en lui deman-dant la bourse ou la vie ; lautre,

    quelques pas, faisait le guet. Il a pusenfuir aprs avoir donn lagres-seur un violent coup de parapluiedans le ct droit (dtail retenirpour la suite).

    Larrestation de J. Lesnier

    Le lendemain L. Daignaud estinterrog par les gendarmes : Quels taient ces deux hommes ?

    lui demande-t-on. Le guetteurtait, je crois bien, Lesnier pre.Mais je ne lai vu qu une certainedistance dans la nuit. Il se dissimu-lait. Je ne veux et ne peux rien affir-mer. Et lautre ? Ah ! lautre,cest diffrent. Je lai touch. Jai en-tendu sa voix. Je ne lai que trop re-connu. Et cest ? Cest cestlinstituteur. Je le jure.

    Affabulation ? Personne ne peutle croire : L. Daignaud nest animpar aucun sentiment de haine ou de

    De lvidence

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    Sans Concession36

    vengeance lencontre des Lesnier.On ne leur connat aucun diffrend.La victime na donc aucun intrt mentir. De plus, dix personnes lontvue immdiatement aprs latta-que ; elles ont lu la frayeur sur sonvisage et ont constat le dsordre deses vtements.

    Mais si Lesnier peut se faire d-trousseur de grand chemin, ris-quant la perptuit en sattaquant un pauvre homme, simple mtayerde son tat, pourquoi reculerait-il

    devant lassassinat dun misrablevieillard qui le drange et dont ilconvoite la maison ? Tout concordeet les Lesnier sont arrts.

    Un alibi priori fragile

    Le pre et le fils prsentent leuralibi et, l encore, clament leur in-nocence. Le pre tait chez lui. De

    son ct, Jean dclare quil a passla soire chez les poux Catheri-neau, dnant, soupant, jouant aux

    cartes, et quil a quitt leur maisonvers 23 heures, cest--dire bienaprs lattaque. Interrogs, ses h-tes confirment.

    Mais, comme par hasard, leurmaison se situe tout prs de len-droit o a eu lieu lagression et ilsadmettent que J. Lesnier aurait pusabsenter quelques minutes sansappeler leur attention. Ds lors,pour qui croit la thse de la culpabi-lit, la prsence de linstituteur chezles Catherineau sclaire : le crimi-

    nel voulait se mnager un alibi.

    Les lments chargesaccumulent

    Convaincu davoir trouv le cou-pable, le juge sattache relever mi-nutieusement les gestes deJ. Lesnier dans les heures quiavaient prcd ou suivi le meurtrede C. Gay. Lenqute va fournir unfaisceau dindices concordants et ac-cablants.

    Louis Daignaud, hagard, raconte aux poux Teurlay lagression dont il vientdtre la victime. Il accuse Jean Lesnier quil dit avoir reconnu...

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    Pas press dintervenir le soir du

    drame

    Le sacristain, Gautey, rvle quele soir du 15 novembre, 21 h, il y

    avait encore de la lumire chez lins-tituteur alors que celui-ci taitconnu pour se coucher tt. Lorsque,plus tard, il avait frapp sa portepour lavertir de lincendie au Petit-Mass, J. Lesnier avait tard luiouvrir et, au lieu de partir immdia-tement, avait patiemment attendules retardataires. Enfin, quand Gau-tey avait voulu sonner les cloches,

    linstituteur lavait dissuad en luidemandant dattendre les ordres dumaire ; or, on savait que celui-civeillait son pouse dangereusementmalade.

    Sur les lieux du sinistre lindiff-rence de J. Lesnier avait t remar-que. Il navait notamment rien faitpour lutter contre les flammes, secontentant de regarder les autres

    agir. Au retour, une fois la mort deC. Gay constate, il avait choqutout le monde en plaisantant avecdeux jeunes filles et en les provo-quant rire. La femme du sacris-tain laurait en outre entendu dire : Jai vu la flamme le premier. Jaicout un moment, mais nentendantaucun appel, aucun cri, je me suiscouch.

    Dissimulation de preuves ?

    Plus grave. Un tmoin, Pierre Re-ynaud, raconte que dans la matinedu 16 novembre, alors que le juge depaix procdait aux premires inves-tigations, il se trouvait avecJ. Lesnier dans la masure deC. Gay. Ayant aperu des traces desang loin du cadavre, il les aurait

    montres linstituteur en voquantla thse du meurtre. Celui-ci auraitrpondu : Cest bien peu de chose.

    Nous sommes les seuls avoir vu.Ne parlons de rien.

    La chemise ensanglante du pre

    Le mme tmoin rapporte gale-ment que, sur la chemise de Lesnierpre (prsent sur les lieux le 16 aumatin), il avait vu des traces desang. Le fils Drauhaut confirme.Une perquisition domiciliaire per-met de retrouver le vtement tach.Le pre allgue quil a pu se blesseren sautant une haie ou encore pro-mener ses doigts sur le dos corch

    dune bte. Cest possible. Lenqutedmontre dailleurs que le soir ducrime, il est rest de 20 h 22 heures chez un dnomm Fran-ois Milon et quune fois rentr chezlui, il na plus mis les pieds dehors ;sa voisine de chambre, la veuveCourt, la entendu marcher une heu-re environ avant de se mettre au lit.

    Trace de sang suspecte

    Mais on retrouve galement unemarque sanglante sur le loquet de laporte de la maison o logeJ. Lesnier. Celui-ci lattribue auboucher dun village voisin qui, ledimanche, tale la viande devantchez lui et la rentre dans le vestibu-le en cas de mauvais temps. Interro-g, le boucher dment tout net. Dovient donc cette marque suspecte ?J. Lesnier na aucune explicationconvaincante donner En cons-quence, la marque sanglante sajou-te la liste des indices suspects.

    La gaffe de J. Lesnier

    A son tour, le maire tmoigne. Ilraconte que, le 17 novembre,

    J. Lesnier travaillant comme secr-taire de la mairie rdigea lacte dedcs de C. Gay. De faon trs sur-

    De lvidence

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    prenante, linstituteur mentionnalheure de la mort : 11 h (du soir). Comme pouvez-vous le savoir, luidit le maire. Vous tes donc devin ? Pour toute rponse, J. Lesnier plit.

    Laveu voil du pre

    Vient enfin cette trange conver-sation entendue au domicile du sus-pect o certains habitants staientrunis aprs lenterrement deC. Gay. Lesnier pre aurait chucho-t son fils : Le grand malheur,cest que tout nait pas brl ! En ce

    cas, nous serions tranquilles et leprocs serait fini. Tu vois bien, petit,que tout ce que je tavais dit est arri-v.

    Le cercle se resserre donc de plusen plus autour du suspect, djconvaincu dune attaque nocturnemalgr ses dngations persistan-tes. Mais pour lassassinat, la Justi-

    ce attend une preuve dcisive :un tmoignage qui viendrait confir-mer tous les indices.

    Le tmoin providentielde lAccusation

    Une femme qui doit

    savoir

    Cest Marie Cessac,

    pouse Lespagne, qui lap-porte. Bien que, jusquprsent, elle nait fourniaucun dtail susceptiblede faire progresser len-qute, on la souponneden savoir beaucoup plusquelle ne dit, voire mmede dtenir un secret capi-tal. Car ayant t la ma-

    tresse de J. Lesnier, elle acertainement d recueillirses confidences.

    et qui se met parler

    Persuads quil en est ainsi, lemaire et le cur du village la chapi-trent. La pauvre femme dclare tout

    dabord quelle ne sait rien de plus.Presse, toutefois, de dire la vrit,elle finit par craquer. Elle parle. Ti-midement, dabord. Ce nest pas as-sez. Elle doit en savoir plus. On lapousse ; parlez, Madame, parlezpour librer votre conscience et pourfaire avancer la Justice. Alors ellecde compltement ; elle dit tout.Oui, J. Lesnier est un sclrat. Il

    sest empar delle, corps et me. Illa incite empoisonner son mariavec de larsenic. Voyant que ctaitimpossible, il a voulu la contraindre demander la sparation de corps,lui promettant de la recueillir ensui-te dans la maison quil allait faireconstruire sur le terrain de C. Gaydont la mort tait proche : Il ne se-ra pas en vie dans huit jour , lui a-t-

    il assur. Je lui ferai passer le gotdu pain. Je lui ferai tourner les yeuxcomme il ne les a jamais tourns .

    Peu aprs, elle lui avaitrapport que le vieillardse disposait vendre sonmobilier. J. Lesnier avaitalors qualifi C. Gay de gueux avant de lan-cer : Je le tuerai .Puis vint laffaire du vinquelle raconte ainsi :C. Gay avait promis son mari une demi-picede vin en change depain. Lorsquil lapprit,J. Lesnier lui dclara :

    Marie Caissac, pouseLespagne, matresse deJ. Lesnier, deviendra le

    principal tmoin char-ge. Un faux tmoin tl-guid par lAccusation.

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    Vous naurez rien, pour la bonneraison que le vin ne restera pas long-temps o il se trouve. Mais rassurez-vous. Cest moi qui vous donnerai labarrique . Et en effet, la veille du

    meurtre, linstituteur linforma quilallait sentendre avec son pre pourlenlvement du vin et que si lacharrette prvue pour le travail nepouvait pas arriver jusqu la mai-son du vieux, ils rouleraient les bar-riques travers la pinde.

    Le lendemain du meurtre, elleavait vu J. Lesnier devant chez lui ;il tait ple et semblait soucieux.

    Sur ses sabots, elle avait vu des tra-ces du sang. Laprs-midi, elle s-tait rendue au Petit-Mass. Elle yavait rencontr Lesnier pre et fils.Ce dernier avait soigneusement lavses sabots. Voyant quils se tenaient lcart, elle leur avait demandpourquoi ils nallaient pas voir lecadavre. Linstituteur lui avait r-pondu : A quoi bon ? Nous lavons

    dj assez boutiqu comme a. Mais ce ntait pas tout. Peuaprs lagression de L. Daignaud,J. Lesnier avait pass la fin de lanuit chez elle. Il stait alors plaintdune vive douleur au ct droit,cest--dire lendroit o la victimeavait frapp pour chapper sonagresseur.

    Nouvel aveu capital

    Marie Caissac ne dit rien de plus.Mais le 10 fvrier 1848, interroge Libourne par le juge dinstruction,elle apporte un nouvel lment capi-tal :

    Ctait une semaine avant le crime. Les-nier se plaignit moi de ce que Gay nevoulait pas se retirer lhpital. Cestun mchant, un vrai vaurien, ajouta-t-il. Mon pre ma dit que dune manire oudune autre, il le forcerait dguerpir.

    Mais sil ne veut pas ?, lui objectai-

    je. Songez que cest un vieillard . Oh ! il nest pas bien vigoureux, re-prit-il ; un bon coup de marteau laurabientt jet par terre.

    Or, on savait que C. Gay avait tassassin dun coup de marteau.

    Lesnier pre et filsdevant les Assises

    En prsence de ces aveux taysde tmoignages et dautres lmentsmatriels, la cause est entendue.Les dngations continuelles de lin-culp font dsormais hausser les

    paules. Le coupable cest lui, cestJ. Lesnier, un sclrat sans aucunemoralit et qui na jamais cach sesfunestes desseins, le pre tant com-plice. Cette conclusion est videntecar tout concorde.

    Les tmoins charge persistent

    Le 24 mai, 1848, Lesnier pre et

    fils sont renvoys devant la Courdassises de la Gironde pour vol,meurtre et incendie. Lattaque noc-turne na t retenue que commelment de moralit. Les dbatscommencent le 30 juin suivant. Ilsne provoquent nul rebondissement.Les diffrents tmoins rptent cequils ont dj dit. A L. Daignaud,qui accuse J. Lesnier de lavoiragress, le Prsident demande silest certain de lidentit du malfai-teur : Cest une certitude absolue,rpond le tmoin. Il faisait nuit,mais je lai bien vu pendant le corps corps. Dailleurs, Lesnier ma parlet, si vous voulez que je prcise, ilportait une coiffure sans visire,dont le gland pendait le long de sajoue. Pour le second malfaiteur, cenest pas la mme chose. Je crois

    bien que ctait le pre, mais je neveux pas accuser sans tre sr Comment croire quun tmoin en

    De lvidence

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    Sans Concession40

    mme temps si catgorique et sisoucieux de ne pas accuser tortpuisse tromper la Cour ? Plus letemps passe et plus le principal ac-cus apparat comme un tre immo-

    ral dont le caractre violent est r-vl par les propos sortis de sa bou-che. Du pre Drauhaut, par exem-ple, il aurait dit : Cest une canaille ; sije pouvais me faire jus-tice moi-mme je luibrlerais la cervelle, jelui arracherais le foiedu ventre, et je me lave-

    rais les mains de sonsang . Au sujet deC. Gay, les tmoins ap-prennent aux jurstous les propos sortisde la bouche deJ. Lesnier, propos quirefltaient tant la pen-se homicide que le cri-me dj accompli.

    Quant Marie Cais-sac, elle persiste danstoutes ses rvlations.

    Lavocat dmonte la thsede lAccusation

    Malgr ces innombrables indicesqui peuvent paratre former unepreuve crasante, vidente, lavocatdes deux inculps plaide avec cha-leur et conviction. Dans un premiertemps, il dmontre linnocence deLesnier pre, absent de la scne dumeurtre dans la nuit du 15 au16 novembre 1847. Puis vient le casdu fils. Me Aurlien Gergres d-monte alors la thse de lAccusa-tion : lagression de L. Daignaud ?Linstituteur ne saurait tre le cou-pable, puisquil se trouvait alors

    chez les poux Catherineau. Les aveux de Marie Caissac ? Ils ontt progressifs dans le sens de lac-

    cusation, ce qui les rend bien sus-pect. Un tmoin qui, sous la pres-sion, confirme en tout point laccusa-tion aprs avoir longtemps gard lesilence ne saurait tre digne de foi.

    Les crimes du Petit-Mass (vol debarriques, homicide et incendie) ?Ils nont pas pu tre commis par un

    homme seul. Or, si lesecond malfaiteur nestpas Lesnier pre, il y apeu dapparences pourque le premier soit lefils. De plus, malgrtoutes les perquisitions

    organises, on na ja-mais retrouv les barri-ques disparues. Les pro-pos malsants sortis dela bouche de J. Lesnier ?Il y a loin des paroles, sichoquantes soient-elles, un assassinat. Danscette affaire, donc, leprincipal tmoignage

    charge est suspect.Quant aux indices, ilspeuvent paratre formerun tout accablant, mais

    en vrit, aucun nest dterminant.

    J. Lesnier condamn aux travauxforcs perptuit

    Lavocat sent cependant quil par-le dans le vide. Si les jurs lcou-tent, cest par devoir. Car leur inti-me conviction est faite. La dlibra-tion est dailleurs trs courte. Ellenapporte aucune surprise : Lesnierpre est innocent, Lesnier fils estreconnu coupable dhomicide et din-cendie, laccusation de vol ayant tcarte et les circonstances att-nuantes accordes. Linstituteur

    sauve donc sa tte, mais seulementelle ; car il est condamn aux tra-vaux forcs perptuit.

    Lavocat de J. Lesnier,Me Gergres, dmonterala thse de lAccusation.

    En vain. Son client seracondamn aux travauxforcs perptuit.

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    Le combat dun pre

    Le verdict prononc,les Lesnier ont les yeuxremplis de larmes. Lac-

    quitt dit au condamn : Va, petit, ton pre tereste . Car, tout commelavocat, le pre estconvaincu de linnocencedu fils. Voil pourquoi,une fois le pourvoi encassation rejet (le11 aot 1848), le pauvrehomme va tout faire pour

    obtenir rparation. Al-lant pied du Fieu jus-qu Libourne et mmejusqu Bordeaux, il har-cle de ses mmoires etde ses dolances les pro-cureurs. Il devient ce quelon appelle un plaignant dhabitu-de , un de ce demi-fous auxquels onne rpond pas. En 1852, les procu-

    reurs de la rgion ont t remplacs.Les nouveaux-venus nont pasconnu lambiance du procs. Peut-tre va-t-on enfin le recevoir et l-couter ? Illusion Aprs stre ren-seigns, les successeurs le fontconduire.

    Pourtant le pre ne dsarme pas.Il y a quatre ans, maintenant, queson fils a t transfr au bagne deBrest (le 26 janvier 1849), revtu de

    la casaque rouge aux deux manchesjaunes rserve aux forats vie.Son dpart pour Cayenne est fix au5 juillet 1854.

    Chareaudeau : un procureurrvisionniste

    Il coute la Dfense

    Mais le 14 mai 1853, un nouveauprocureur est nomm Libourne.M. Chareaudeau. Ag de 29 ans, ce

    nest pas un magistratblas. Il reoit le vieuxLesnier avec bienveillan-ce, lcoute patiemmentet accepte de relire le tasde notes disparates que

    ce dernier lui tend.

    Il rflchit rationnellement

    M. Chareaudeau commence paranalyser un fait qui na gure tdissqu lors du procs, puisquilnavait pas t retenu contre les ac-cuss : lagression de L. Daignaud. Ilrflchit rationnellement : J. Les-nier tait chez les poux Catheri-neau ce soir-l, cest--dire non loindu lieu du crime. Pour commettrelagression, il a d sabsenter uncourt moment linsu de ses htespuisque ces derniers ne lont pas vusortir. Cest possible, car ils ont putre occups ailleurs pendant uncertain laps de temps. Mais il fallaitqu ce moment prcis, un momentque J. Lesnier ne pouvait ni prvoirni appeler, quelquun passe sur lagrande route traversant les bois. Onen dduit que la rencontre avec lavictime a t le rsultat dun ha-

    sard, donc que loccasion a fait lelarron . Mais cette thse se heurteau fait que, daprs L. Daignaud,

    Lesnier pre console sonfils condamn aux tra-vaux forcs perptuit : Va, petit, ton pre