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Department of Economics, Universite Catholique de Louvain Plein emploi et niveau de l'emploi en 1963 Author(s): Robert Leroy Source: Recherches Économiques de Louvain / Louvain Economic Review, 30e Année, No. 4, LA BELGIQUE EN 1963 (juin 1964), pp. 251-285 Published by: Department of Economics, Universite Catholique de Louvain Stable URL: http://www.jstor.org/stable/40723003 . Accessed: 25/06/2014 05:19 Your use of the JSTOR archive indicates your acceptance of the Terms & Conditions of Use, available at . http://www.jstor.org/page/info/about/policies/terms.jsp . JSTOR is a not-for-profit service that helps scholars, researchers, and students discover, use, and build upon a wide range of content in a trusted digital archive. We use information technology and tools to increase productivity and facilitate new forms of scholarship. For more information about JSTOR, please contact [email protected]. . Department of Economics, Universite Catholique de Louvain is collaborating with JSTOR to digitize, preserve and extend access to Recherches Économiques de Louvain / Louvain Economic Review. http://www.jstor.org This content downloaded from 91.229.229.101 on Wed, 25 Jun 2014 05:20:00 AM All use subject to JSTOR Terms and Conditions

LA BELGIQUE EN 1963 || Plein emploi et niveau de l'emploi en 1963

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Department of Economics, Universite Catholique de Louvain

Plein emploi et niveau de l'emploi en 1963Author(s): Robert LeroySource: Recherches Économiques de Louvain / Louvain Economic Review, 30e Année, No. 4, LABELGIQUE EN 1963 (juin 1964), pp. 251-285Published by: Department of Economics, Universite Catholique de LouvainStable URL: http://www.jstor.org/stable/40723003 .

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Plein emploi et niveau de l'emploi en 1963

PAR

Robert Leroy (*)

La conjoncture ascendante que la Belgique vit actuellement, a provoqué une hausse de l'emploi pendant quatre années consé- cutives et il n'est nullement déraisonnable de croire que la tendance puisse se poursuivre en 1964. Une période aussi longue de hausse de l'emploi ne s'était pas produite depuis la guerre; la dernière hausse ne s'était marquée nettement que pendant trois ans (1955- 56-57) et le retournement avait provoqué une chute de l'emploi total de plus de 3%. Aussi est-il évident que l'année 1963 se caracté- rise par un épuisement des réserves de main-d'œuvre immédiatement disponibles et même par une résorption progressive des séquelles de la récession antérieure (section I).

La disparition des difficultés conjoncturelles de l'emploi incite à se pencher sur des aspects de plus longue période, à passer de l'examen du plein emploi à celui du niveau structurel de la main-d'œuvre disponible; la deuxième section en envisagera quatre aspects : l'activité des âgés, celle des jeunes en liaison avec le développement de la scolarité, celle des femmes et enfin l'apport migratoire.

Une troisième section sera consacrée à la distribution géogra- phique de l'emploi, du chômage et de leur évolution; la dimension spatiale constitue en effet une catégorie essentielle du marché du travail et d'ailleurs la Belgique vit en ce moment des phénomènes régionaux trop marqués pour qu'une chronique de l'emploi en 1963 puisse les ignorer.

(♦) Cette chronique est le fruit de la collaboration de toute l'équipe du Département Travail de l'I.R.E.S.P.-LOUVAIN, et notamment de M. Hees, J.C. Koeune, A. Sacrez et M. Termote, sous la direction scientifique du professeur M. Woitrin. Nous tenons à remercier les nombreuses personnes qui nous ont fourni des renseignements statistiques, avant même leur publication.

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TABLEAU 1 - Évolution de l'emploi (masculin et féminin)

A. Salariés

Ouvriers Employés

Branches De 1948 1962- De 1948 1962- àl962 1963 à 1962 1963

d'activité

Nombre Taux Taux Nombre Taux Taux annuel annuel annuel annuel

Agriculture -12.361 -3,4 - + 150 +2,3 -

Ind. extractives -90.598 -4,6 -3,8 - 861 -1,1 -9,1 Ind. manufactu-

rières + 12.568 +0,1 +1,6 + 52.594 +2,4 +3,9 Construction +59.057 +2,4 +9,4 + 5.253 +3,9 +8,8 Total industrie -18.973 -0,1 +2,5 + 56.986 +2,4 +3,8

Transport et services +50.969 +1,3 - + 87.747 +2,4 -

Total +19.635 +0,1 - +144.883 +2,4 -

Source: 1948-62, O.N.S.S.; 1962-63, estimation d'après les statistiques I.N.S.

B. Indépendants

De 1948 à 1962 1962-1963 Branches d'activité

Nombre Taux annuel Taux annuel

Agriculture -143.300 -3,6 -4,0 Autres - 68.700 -0,8 -

Total -212.000 -1,8 -

Source : 1948-62, Ministère de l'Emploi et du Travail, Aperçu de révolution de la population active belge et Revue du Travail·, 1962-63, estimation d'après le Recensement Agricole.

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I - Le plein emploi

A. Hausse et transformation de V emploi

Dans la haute conjoncture actuelle, l'évolution de l'emploi se caractérise par une accélération des tendances de plus longue période (tableau 1). Le total des ouvriers croît très légèrement; la moyenne recouvre une forte contraction de l'agriculture et des mines et une extension de la construction et des services. Le nombre d'employés augmente partout, si ce n'est dans les mines, suite aux nombreuses fermetures de puits. Par contre, les travailleurs indépendants diminuent fortement.

Au total donc, la conjoncture ascendante a vu s'accélérer les modifications internes de la population active, mais elle n'a pas profité d'un volume d'actifs en forte expansion (de 1948 à 1961, la population active n'a augmenté que de 3,6%).

Face à un faible accroissement du nombre d'actifs, on pourrait s'attendre à une augmentation de la quantité de travail par l'allonge- ment de la durée hebdomadaire du travail. Les statistiques officielles ne font pas apparaître un tel phénomène : la semaine de travail

Graphique I - Heures de travail-ouvrier

P/ÊR SEMfllHE I

*3 '

ι '-fT*T-j manufactur/er*^ 1 /'J

9t -(Sidérurgie exclue) "^^syT^j" 40f5' 1. ι I ' 1 »

avril oct au. otf. av. oct ι , 196t /962 /&?

p/ir m ι 2.100 - -x 1 /

l "--. /[ £050 ' /

C. Sidérupq/e ' / £000'-J l . ι I

/9Õ9 i960 196/ f9âZ

Sources : à) I.N.S. - b) Calculé d'après l'LN.S. - c) C.E.E.

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Graphique II - Chômage en % des Assurés Α-SS (ind. 4- o.p.p. + disp.)

% 1

1

1

-j 1 -

ρ

-y

/ 'co/np/ef Ι λ femmes

ίο - I - / Ι - -I- ' - ι

£>/ Com ρ /et ' Γ"*> frommes '

χ - Ι ^ Par t/e/ '' / l' o χ - | T-s' femmes V vy

V"

Ψ f?O/77/77û6 ^^ ^.

n' 1 11 1 I I I /W7 W9- Í9SÍ 1953 1955 1957 1959 1961 19S3

TABLEAU II - Taux de chômage Moyenne journalière de l'année, en % des Assurés A-SS

ΪΓΑΙ Partiel-accidentel Total

H. Κ Total H. F. Total H. F. Total

1957 3,8 4,3 3,9 1,7 2,2 1,8 5,5 6,5 5,7 1959 6,8 6,4 6,7 3,7 3,1 3,5 10,5 9,5 10,2 1962 3,5 3,6 3,5 1,8 1,7 1,8 5,3 5,3 5,3 1963 3,0 3,0 3,0 2,7 1,2 2,3 5,7 4,2 5,3

Nombre 48.292 16.644 64.936 43.798 6.407 50.205 92.090 23.051 115.141 1963

Source : calculé d'après ΓΟΝΕΜ H. = Hommes - F. = Femmes

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dans l'industrie manufacturière et la construction ne paraît pas s'être allongée depuis 1961, au contraire (graphique I). Toutefois le faible niveau des séries (presque toutes les branches d'activité sont en dessous de 44 heures-semaine et le total de l'industrie manufacturière, sidérurgie non comprise, oscille entre 40 et 42 heures) laisse subsister un doute sur la signification de la statistique. Même en tenant compte des journées perdues pour cause de maladie, d'accident de travail et de grève, la série ne serait remontée que de quelques pour cent (environ 2,8% pour la maladie, 0,5% pour les accidents et 0,4% pour les grèves) (x).

Par ailleurs, la statistique des heures-travail ne présente aucune corrélation avec l'évolution du chômage partiel.

Il faudra donc attendre des statistiques plus détaillées et sur plus longue période pour connaître l'importance et les variations des heures supplémentaires.

B. Haute conjoncture et formes de chômage

La hausse de l'emploi, se manifestant quatre années consécu- tivement, a exercé une forte pression sur le volume du chômage (2) : non seulement le redoublement du chômage, suite à la récession de 1958-1959, s'est complètement résorbé, mais même le chômage est tombé en dessous du dernier minimum conjoncturel (1957); dans l'après-guerre, seule l'année 1947 avait connu un niveau inférieur. Le chômage féminin n'est plus à un niveau supérieur à celui des hommes (graphique II).

Certes le volume total a légèrement remonté par rapport à 1962. Mais l'objection n'est qu'apparente : l'élévation tient exclu- sivement au chômage partiel-accidentel masculin, dont 80% est

(*) Estimations de M. Maes, dans le rapport du Vijfde Vlaamse Weten- schappelijke Economisch Congres, De Belgische Economie in 1970, Gent, 1961.

(*) r our les precisions metnoaoiogiques, se reporter a : κ. L·EROY, òigni- fication du chômage belge, Office Belge pour l'Accroissement de la Productivité, Bruxelles, 1962. Quelques abréviations sont indispensables, si l'on veut concib'er précision et brièveté :

- les taux de chômage expriment le chômage en % des Assurés contre le chômage (Α-SS, si la source principale est l'O.N.S.S., Α-MI si elle est le F.N. A.M.I.) ou parfois en % des seuls travailleurs en emploi {ES S pour l'O.N.S.S., Ε-MI pour le F.N.A.M.I.).

- le chômage complet comprend les chômeurs indemnisés (ind.)9 même s'ils sont dispensés du contrôle communal (disp.)9 ainsi que ceux mis au travail par les pouvoirs publics (o.p.p.).

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dû à la pointe exceptionnelle des mois d'hiver (janvier, février, mars et décembre).

Au contraire, la forme de chômage par laquelle s'est traduite la rigueur de l'hiver constitue un indice de plein emploi. On sait en effet que les récessions conjoncturelles aggravent le chômage saisonnier d'hiver, surtout le chômage complet. Dans la construction par exemple, quand les affaires se ralentissent, les chantiers sont plus souvent interrompus dès les premiers froids; par contre, en haute conjoncture, les entreprises passent outre aux difficultés du travail hivernal; les jours où les conditions climatiques sont trop mauvaises, les entreprises mettent les ouvriers en chômage partiel mais sans les licencier.

C'est ainsi qu'en 1963, la rigueur de l'hiver a entraîné un très fort chômage partiel (11,3% en janvier, soit 181.654 chômeurs), sans que le chômage complet connaisse une forte aggravation. La pointe saisonnière d'hiver, pour le chômage complet, a été une des plus faibles de l'après-guerre, alors que la pointe du chômage partiel était la plus élevée de la période (3). Cette coïncidence d'une forme saisonnière élevée dans le partiel-accidentel et minime dans le complet est bien le signe d'un marché du travail tendu.

Autre signe de la situation conjoncturelle : le chômage parmi les jeunes (hommes). Lors des récessions, leur volume augmente fortement; les moins de 25 ans atteignent même un taux supérieur à celui de la catégorie suivante (25-40 ans). En 1963, les jeunes chômeurs ne représentent plus qu'un millier de personnes, soit 0,4% des travailleurs de cet âge. Jusqu'à 40 ans, le taux reste inférieur à 1% (tableau III). Comme la situation se retrouve dans 21 des 23 groupes d'arrondissements (les deux exceptions étant Mons et Ostende-Dixmude-Furnes), on peut dire qu'actuellement, presque tous les jeunes qui le désirent peuvent trouver un emploi salarié.

(3) Nous mesurons Yintensité du chômage saisonnier d'hiver par la différence entre le taux des quatre mois d'hiver (décembre, janvier, février, mars) et le taux moyen des «étés» précédent et subséquent (les huit autres mois de l'année). Dans l'après-guerre, l'intensité du chômage complet d'hiver a varié entre 2,65% (Α-SS) en 1953-54 et 0,46% en 1961-62, étant de 0,53% en 1962-63; pour le partiel, le minimum fut 0,92% en 1949-50, le maximum était 3,76% en 1958-59, mais il est largement dépassé par l'hiver 1962-63 (6,60%)

Pour exprimer Y impact de la pointe d'hiver sur le volume annuel, l'intensité doit être pondérée en fonction du nombre de mois. La pointe saisonnière des quatre mois d'hiver de l'année 1963 représente 7,3% du volume annuel du chômage complet (1963) et 82,7% pour le partiel.

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Mais les trois quarts du chômage complet masculin sont constitués par des âgés, dont le taux de chômage reste élevé : 7,8% de 50 à 65 ans.

TABLEAU III - Chômage complet masculin selon l'âge ind. + o.p.p. + disp., en % des Assurés A-SS'

Í Date Moins de 25-40 40-50 50-65 Total

25 ans ans ans ans

18.11.1957 2,0 1,9 3,3 9,2 4,0 15. 5.1959 5,3 4,1 6,5 13,9 7,3 30. 6.1962 0,5 1,0 2,4 8,9 3,3 30. 6.1963 0,4 0,7 1,9 7,8 2,8

I

Source : calculé d'après ΓΟΝΕΜ

La répartition du chômage selon l'âge fournit un bon indice des niveaux d'emploi. Au niveau le plus bas, tous les âges subissent un chômage appréciable : deux régions seulement en sont proches. À l'autre extrémité, même les âgés ne souffriraient pas d'un chômage trop important. La Belgique dans son ensemble se trouve à un niveau intermédiaire, si du moins l'on estime qu'un taux de chômage complet de 7,8% ne représente pas une situation normale. Le paragraphe suivant tente de préciser la nature, le contexte et les déterminants de ce phénomène, qui représente un problème plus structurel.

II - Composantes du niveau de l'emploi

A. V activité parmi les âgés

Les années où la main-d'œuvre se fait rare, on reparle de la prolongation de la vie laborieuse au-delà de l'âge de la pension. Aux raisons économiques s'ajoutent des considérations démogra- phiques et psychologiques. Il nous semble cependant qu'il faudrait au préalable examiner les conditions d'emploi des personnes dites âgées, même si elles n'ont pas encore atteint l'âge de la pension : en effet, elles sont confrontées à un problème grave.

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Graphique HI - Chômeurs complets masculins de 50 À 65 ans (ind. + o.p.p. + disp.)

■80' 1 Γ

- Π

' I 1 Ι T^~~ Parf dans fe fofa/ fe/t pûi/r ce/tfj ̂ -"^^

40 (r - Χ/ "' I 35 N^r II I II I 16 ΓΊ ι ̂ 4' ' I I I I

Hypoffyèse /ΐχ ' ̂

.assurés y '' / ' t*-(*-3s) / rify'

- '-'

- / - V I / lH(/pot)?è$ê Β ' / _V_

Q Je : Ν

I Jioine de 5o ans

60.000- j-'-^^~^z-

-^=J-

40. 000 '~/''

'^y/~~ V- ̂ ^T~ ' /'so -65 ans ' / '

20. 000 ' 1 H h-v- ^^^f

o' I I I I I I I I 1948 1950 1952 1954 1956 1958 1960 1962 196#

l. Le chômage des âgés Les commentaires abondent, qui soulignent que le chômage

complet masculin ne comporte quasi plus que des chômeurs âgés, le plus souvent inaptes. Effectivement la part des chômeurs de plus de 50 ans s'accroît sans cesse : de 35% en 1950, elle est passée à 64% en 1957; après la récession de 1959, elle a repris sa hausse,

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pour atteindre en 1963 un chiffre jamais atteint antérieurement : 75% (graphique III).

La mesure du phénomène par la part des âgés dans le total est évidemment ambiguë, puisqu'elle tient indistinctement au comportement des jeunes et des âgés et n'indique pas des niveaux absolus. Aussi est-il plus pertinent d'exprimer le chômage des âgés en pour-cent des travailleurs des âges correspondants.

Le résultat est frappant (tableau IV) : dans les 5 années précé- dant l'âge de la pension, un travailleur sur 5 est réduit au chômage; entre 55 et 60 ans, le taux est de 10%; il est déjà de 5% à partir de 50 ans. Les taux sont plus élevés encore parmi les ouvriers.

TABLEAU IV - Chômeurs âgés, en % des travailleurs en emploi (E-MI) Hommes, ind. 4- o.p.p. + disp.

15 mai 1959 30 juin 1963

î Ouvriers Ouvriers ~ _ , , A*e î

et employés et employés Ouvners ~ _

Employes , ,

Nombre % Nombre % % %

40-45 ans 6.918 6,4 2.451 1,6 2,1 0,5 45-50 ans 11.757 7,9 3.151 2,6 3,2 0,8 50-55 ans 16.064 11,0 6.088 4,2 5,1 1,2 55-60 ans 19.526 15,9 10.797 8,3 10,0 2,4 60-65 ans 22.675 30,0 16.533 19,3 24,1 3,9

Tous âges 115.038 8,3 44.661 3,1 3,8 0,8

Source : calculé d'après ΓΟΝΕΜ.

Il importe d'examiner l'évolution du phénomène en plus longue période. En nombres absolus, le chômage des âgés (50-65 ans) ne présente aucune tendance à la baisse; au contraire, de récession en récession, il s'en reforme un volume identique, voire supérieur. L'analyse des taux de chômage ne permet pas d'aboutir à une conclusion décisive (4) ; on peut cependant retenir que, si tendance à la baisse il y avait, elle serait de faible ampleur.

En plus de la tendance de longue période, le graphique fait

(4) On ne dispose pas de la répartition par âge des Assurés contre le chômage avant 1957. Nous avons calculé la répartition de la population salariée

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apparaître un facteur des plus importants : le niveau conjoncturel. La dernière récession a fait monter, en deux ans, le chômage des âgés de 9% à 14%; il a fallu 3 ans pour retrouver le niveau de 1957; la haute conjoncture se prolongeant, le taux a pu, en 1963, descendre plus bas (7,8%).

Pour une large part donc, le chômage des âgés est déterminé par les conditions économiques. Une autre indication renforce cette conclusion. Le risque de chômage des âgés n'est nullement constant dans l'espace: il est double dans les régions où le chômage, sous toutes ses formes, est élevé. Sans entrer ici dans le détail des groupes d'arrondissements, disons que si le taux était en 1957 de 5,1% en Wallonie, il atteignait 13,6% dans la région flamande; en 1959, les taux étaient respectivement 9,1 % et 19,3%; ils sont actuel- lement de 6,3% et 10,5% (voir le tableau XI, infra).

Certes, à tout moment et dans toutes les régions, les âgés ont un taux de chômage plus élevé. Mais, si une certaine accentuation du chômage en fonction de l'âge est peut-être inévitable, il est important de souligner que l'ampleur du phénomène n'est nulle- ment irréductible. Si la haute conjoncture pouvait se maintenir quelques années encore, il serait intéressant de voir jusqu'où l'on pourrait résorber ce type de chômage.

Montrer l'influence des déterminants économiques du chômage des âgés n'est nullement incompatible avec la constatation que beaucoup d'âgés peuvent avoir une aptitude réduite. En 1963 par exemple, parmi les 33.418 chômeurs de plus de 50 ans, 11.306 sont considérés comme d'aptitude très réduite, 18.876 d'aptitude partielle et 3.236 seulement d'aptitude normale. La demande de travail sélectionne d'abord les travailleurs les plus adéquats; seule la rareté de la main-d'œuvre peut inciter les entreprises à engager des travailleurs moins aptes ou jugés tels. C'est d'ailleurs sur une telle hypothèse que repose la théorie des rendements décroissants. Conditions économiques et degrés d'inaptitude s'imbriquent étroitement, les premières déterminant l'ampleur du chômage, les seconds précisant sur qui il va porter.

totale au recensement de 1947. La part des âgés y est sensiblement moindre, mais ceci peut tenir, soit à une réelle évolution, soit à l'imparfaite concordance des entités. Aussi avons-nous retenu deux hypothèses-limites pour la période 1948-1957 : l'hypothèse A suppose que la part des âgés a augmenté régulière- ment de 1947 à 1957; l'hypothèse Β suppose que, pendant toute la période, la part des âgés dans les Assurés a été celle de 1957.

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Il va de soi que les âgés, une fois tombés en chômage, le restent longtemps. Ainsi, des 14.470 chômeurs âgés de 55 à 60 ans en 1958, 5.806 sont encore en chômage 5 ans plus tard. Il est vraisemblable que la résorption a porté d'abord sur les plus aptes, mais les modi- fications intervenues dans les statistiques empêchent toute analyse précise (5).

Ainsi donc, après une phase d'expansion d'emploi, exception- nellement longue pour la Belgique, il reste que les travailleurs âgés subissent un chômage important. Le fait mérite d'être souligné, dans une période où l'évolution démographique accroît la propor- tion des âgés. Il mérite d'être considéré, quand on envisage d'accroître les disponibilités de main-d'œuvre par l'activité au-delà de l'âge de la pension.

2. Activité des âgés et pension L'évolution démographique entraîne un fort accroissement

des âgés. Les travailleurs masculins de 60 à 64 ans (en emploi ou en chômage, à l'exclusion cependant des frontaliers et des mineurs (6)) ont augmenté de 14% de 1957 à 1962, c'est-à-dire exactement dans les mêmes proportions que la population masculine totale de cette classe d'âge.

Mais les pensions anticipées ont augmenté beaucoup plus rapidement : elles sont passées de 11.000 à 20.000 (mineurs exclus), représentant 15,6% des travailleurs de 60-64 ans en 1957, contre 25,1 % en 1962. Toutefois l'anticipation n'est pas de grande ampleur : dans les 3/4 des cas, elle ne prend cours qu'un an avant l'âge normal de la pension; mais cela implique qu'une très large part des travailleurs de 64 ans sont déjà pensionnés.

Si l'on totalise les chômeurs de 60-64 ans et les pensions anti- cipées, on se rend compte du faible taux d'activité parmi cette classe d'âge de la population salariée. Pour 100 ouvriers ou employés de 60-64 ans (frontaliers et mineurs exclus), il y avait 32 anciens salariés inactifs de cet âge en 1957, 43 en 1960, 37 en 1962.

(5) II est certain que les critères des classifications se sont modifiés. Un exemple : en 1958, il y avait 2.462 chômeurs de 55-60 ans d'aptitude partielle; en 1963, parmi les 60-65 ans en chômage depuis 5 ans, figurent 2.852 personnes dans la même catégorie d'aptitude !

(6) On ne connaît pas la répartition par âge des frontaliers. Nous avons exclu également les mineurs, qui demanderaient une étude séparée, vu le jeu des migrations et de la pension à 55 ans.

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Quant à l'activité au-delà de 65 ans, elle est très faible parmi les salariés. Des 90.000 salariés (mineurs exclus) qui constituaient la classe de 60-64 ans en 1957, 14.000 seulement poursuivaient leur activité au-delà de 65 ans en 1962, soit 15,5%; la proportion est plus élevée cependant parmi les employés (32,5%) que parmi les ouvriers (11,3%) .

De plus, il y a une nette tendance à la réduction de l'activité au-delà de 65 ans. De 1957 à 1962, alors que la population totale de ces classes d'âge augmente, le nombre d'ouvriers âgés de plus de 65 ans diminue de 5,1%, celui des employés de 11,2% (total 7,2%). L'évolution des pensions non anticipées (+24,2%) traduit cette réduction de l'activité, en même temps que l'extension de l'application de la législation.

3. Conclusion Cette brève analyse de l'activité des âgés suffit à indiquer

quelques aspects importants d'un problème complexe. Au-delà du niveau conjoncturel de l'emploi, au-delà du plein emploi au sens restreint, on saisit l'influence de phénomènes qui font fluctuer le volume de la main-d'œuvre disponible. Dans le cas des travailleurs âgés, deux types de facteurs jouent : d'une part l'élévation du bien- être, qui permet de réduire la durée ou la longueur de l'activité mais aussi l'évolution économique ou technologique, qui peut dis- qualifier un certain nombre de travailleurs et par là réduire égale- ment les disponibilités de travail.

B. Les jeunes et la scolarité

La participation d'une population à l'activité productrice se réalise sous deux formes : l'engagement immédiat dans l'emploi et l'engagement différé pour raison de formation. De même qu'une partie du volume monétaire est soustraite à la consommation pour être investie, de même le volume de la population active est dimi- nué par une fraction dirigée vers l'investissement humain. Exa- minons donc l'évolution de la scolarité, dans le double but de déterminer son incidence réductrice sur le volume de la population active et de préciser le type d'investissement réalisé.

L'effort total de formation, au-delà de la scolarité primaire (7),

C7) Cette rubrique comprend : la formation générale (4e degré, degré

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s'est accru considérablement dans l'après-guerre : de 1953-1954 à 1961-1962, la hausse atteint 34%, soit plus de 100.000 élèves (hommes exclusivement). Le fait, en soi, est intéressant, même sans tenir compte de l'évolution démographique, qui a entraîné un fort accroissement des classes jeunes, suite à la reprise de la natalité dans l'immédiat après-guerre.

Pour tenir compte de l'évolution démographique, poussons l'analyse pour la scolarité masculine, sur une période plus restreinte : de 1956-1957 à 1961-1962 (8). Le tableau V montre clairement l'accroissement du taux de scolarité. Pour la classe d'âge de 15 à 20 ans, le taux de scolarité est passé de 35,1% à 45,0%; dans la classe suivante, il est passé de 7,3% à 10,2%.

TABLEAU V - Évolution du taux de scolarité masculine

Âge 1956-1957 1961-1962

13-14 ans 96,4 96,3 14-15 ans 70,3 79,6

15-16 ans 55,9 64,9 16-17 ans 45,6 53,8 17-18 ans 34,3 41,9 18-19 ans 28,0 32,5 19-20 ans 17,1 24,6

20-21 ans 12,8 18,2 21-22 ans 10,1 15,3 22-23 ans 6,9 8,9 23-24 ans 4,5 6,8 24-25 ans 3,0 4,0

Source : Annuaire Statistique de Γ Enseignement

Si, de 1956-1957 à 1961-1962, le taux de scolarité n'avait pas augmenté, le nombre d'élèves de 14 à 25 ans eût été inférieur de 37.595. Cet accroissement de la scolarité représente 1,5% de la population active masculine (tout âge).

moyen inférieur et supérieur), universitaire, technique (plein temps et horaire réduit), la formation des maîtres, et les contrats d'apprentissage.

(8) En avril 1964, les données pour l'année scolaire 1962-1963 ne sont pas encore disponibles !

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Effectivement l'emploi salarié en dessous de 25 ans a diminué (tableau VI), du moins parmi les ouvriers; les employés sont cepen- dant en hausse, surtout au-delà de 20 ans; c'est bien un signe de la mobilité sociale, les jeunes préférant se tourner vers des occupa- tions d'employés.

L'effort d'investissement humain a porté pratiquement sur tous les types d'enseignement, aux seules exceptions du 4e degré et des contrats d'apprentissage, mais à des degrés divers (tableau VII). Le plus frappant est l'évolution de l'enseignement technique à plein temps qui double presque, alors que les cours à horaire réduit s'accroissent modérément.

TABLEAU VII - Évolution des types d'enseignement de 1953-54 À 1961-62 (hommes)

I

Nombre j %

Formation générale : 4e degré - 21.522 - 55,0 degré moyen + 46.453 -f 48,8 total + 24.931 + 18,6

Formation universitaire + 7.711 +41,5 Formation technique : plein temps + 62.222 + 94,9

horaire réduit + 8.440 +13,1 total + 70.662 + 54,3

Formation des maîtres + 5.270 +80,1 Contrats d'apprentissage (1954-1962) - 2.080 - 8,9

Total + 106.494 + 34,0

Sources : Annuaire Statistique de Γ Enseignement et Ministère des Classes Moyennes.

Pour porter un jugement sur cette évolution de la formation, il faudrait certes entrer dans des détails plus qualitatifs et prendre en considération d'autres types de formation, comme la formation des adultes et l'évolution des qualifications. Mais, surtout sur ce dernier point, l'information fait défaut.

En résumé, la population active poursuit une forte extension qualitative, surtout au plan de renseignement technique. Cette

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extension de scolarité peut dans l'immédiat avoir réduit le volume de la population active masculine d'environ 1,5% en 5 ans.

C. L'activité des femmes salariées

L'activité féminine, très variable dans le temps et dans l'espace, peut influencer fortement le niveau structurel de l'emploi. Faute de données d'un recensement récent, il reste cependant possible de préciser la situation et l'évolution de l'activité des salariées, de 1957 à 1962, grâce aux statistiques du F.N.A.M.I.

Le nombre de salariées peut augmenter par deux biais : soit qu'une plus large proportion de femmes se dirige vers ce type d'emploi, soit que le nombre de femmes s'accroisse, au total ou dans certaines classes d'âge. Pour la période considérée, l'augmen- tation des salariées tient à 90% au premier processus (9).

Le graphique IV montre, approximativement certes (10), l'évolution du taux d'activité salariée aux différents âges, pour les employées et les ouvrières. À partir de 45 ans, l'accroissement devient faible ou nul. Parmi les jeunes, l'accroissement est grand mais exclusivement en milieu employé; comme les hommes, les jeunes femmes se dirigent moins vers les occupations ouvrières. Les classes intermédiaires (25-45 ans) accroissent leur activité, tant employée qu'ouvrière; les statistiques plus détaillées confirment qu'il s'agit de femmes mariées (n); elles indiquent aussi que des femmes recommencent ou commencent à travailler vers 35-45 ans, sans cependant que ce deuxième âge de travail se traduise, comme dans d'autres pays, par une nette remontée du taux d'activité.

(9) En appliquant à chaque classe d'âge de la population du 31-12-1956 le taux d'activité de 1962, on obtient une augmentation du nombre de salariées égale à 89,8% de l'augmentation effective.

C10) Approximativement à plusieurs titres : la statistique F.N.A.M.I. demeure imparfaite, puisque son total est inférieur à la statistique de O.N.S.S. ; d'autre part la répartition par âge de la population totale, donnée par l'I.N.S., est une estimation; enfin on compare l'emploi au cours du 2ème trimestre avec la population au 31 décembre précédent. Il est possible que certaines irrégularités des courbes tiennent à ces diverses approximations.

(n) De 1957 à 1962, la proportion des mariées dans les salariées est passée de 42,4% à 47,5%.

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Graphique IV - Taux d'activité des salariées en 1957 et en 1962

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35 1 1 1 1 A Ouvrières + employées

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J I l l I 11 ii^ -de20CW$ 20-24 25-29 50-34 35-39 40-44 45'49 50-54 55-59 60-65

Sources : F.N.A.M.I. (2me trimestre) et I.N.S. (31 décembre de l'année précédente)

L'analyse par branches d'activité (O.N.S.S.) relativise cepen- dant la distinction ouvrières-employées (tableau VIII). Les occupa- tions ouvrières se transforment rapidement : elles diminuent dans les industries, pour augmenter fortement parmi les services; ôr dans les services, la distinction ouvrières-employées peut être plus juridique que sociologique.

Il faut souligner l'intensité des évolutions : en 5 ans, le textile perd 16% de ses ouvrières; une seule industrie de quelque importance pour les ouvrières est en hausse : les machines et appareils électriques (+18%). Pour compenser la réduction générale des emplois ouvriers de l'industrie, les secteurs des services connaissent des

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accroissements de 14%, 17% ou 36% de leurs ouvrières. Et l'ensem- ble des employées s'accroît de 23% en 5 ans.

TABLEAU VIII - Evolution de l'emploi salarié féminin (Ε-SS), de 1957 À 1962

Ouvrières Employées

Branches d'activité Nombre % Nombre %

Agriculture et industrie - 10.357 - 4,3 + 7.050 + 16,1 dont : textile - 11.963 - 16,0

vêtement - 838 - 1,4 machine, app. élect. + 4.047 + 17,8

Commerce i + 3.432 +17,2 + 17.931 + 15,6 Hôtellerie et soins person. + 4.584 +13,9 + 249 + 6,4 Services publics et autres + 12.065 + 36,4 + 10.137 + 29,2 Total + 9.724 + 3,0 +35.367 +23,2

Total général : + 45.091, soit + 9,5%

Cette transformation sectorielle implique une modification de la localisation de la demande de travail, ce qui peut influencer le taux d'activité. Il est vraisemblable en effet que les services se répartissent plus également dans l'ensemble du pays ou de façon plus proportionnelle à la population, que les activités industrielles, souvent plus concentrées en certains points du territoire (comme le textile, par exemple). Or l'existence d'une demande de travail dans un rayon restreint accroît le degré d'activité féminine : la carte des taux d'activité relatifs des ouvrières (12) montre qu'ils ne sont élevés que dans les régions textiles (Flandres, Tournaisis et Verviers), mis à part le cas de la capitale.

Si cette évolution sectorielle se poursuit, elle pourra lever certains obstacles à l'activité féminine, pour autant qu'ils relèvent de la demande de travail.

(12) Voir R. Leroy, op. cit., p. 116. Le taux d'activité relatif exprime le nombre de femmes d'une catégorie

en pour cent des hommes de la même catégorie. À défaut de données plus complètes requérant un recensement, cette mesure a l'avantage de neutraliser, plus ou moins parfaitement, deux facteurs qui fausseraient les comparaisons : les différences de structure d'âge et les différences de structure socio-profes- sionnelle (part des salariés et des indépendants dans la population active).

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Comme la carte l'indique pour les ouvrières, l'activité féminine salariée varie grandement de région à région, et cette variation s'explique, pour une part, par la demande. Une telle constatation suggère que d'importantes réserves de main-d'œuvre demeurent disponibles; et l'évolution sectorielle de l'emploi implique qu'on y fasse appel.

La probabilité d'une réserve de main-d'œuvre peut être mise en lumière par un autre biais : en considérant l'évolution passée. Dans la mesure où certaines lois d'évolution se dégagent, on peut en inférer que, toutes autres choses restant égales, l'évolution se poursuivra, que donc l'emploi féminin augmentera; ce qui suppose l'existence de disponibilités.

Le graphique V en fournit un exemple; il met en relation, au niveau des 41 arrondissements, le taux d'activité relatif des salariées en 1957 et l'évolution des salariées de 1957 à 1962. Une relation, de type non linéaire, apparaît clairement (13). Ceci signifie donc que l'activité féminine se développe fortement dans les régions où elle était faible et que la hausse s'amenuise à mesure que le taux d'acti- vité était déjà plus élevé.

Par parenthèse, remarquons les arrondissements qui s'écartent de la courbe vers le bas : il s'agit de la majorité des arrondissements du Hainaut et de la province de Liège. Il faudra se rappeler ce trait, quand on analysera l'évolution spatiale de l'emploi.

En conclusion, on assiste à une élévation du taux d'activité salariée des femmes. L'influence spécifique de cette élévation, en 5 ans, représente environ 1,6% de la population active masculine; ce facteur a donc exercé une influence, inverse, d'un montant com- parable à celui du développement de la scolarité masculine. Tant l'évolution sectorielle que la distribution et l'évolution spatiales incitent à penser que la tendance peut se poursuivre.

(13) Une analyse plus poussée supposerait que l'on dispose de données moins fragmentaires et que l'on considère les relations entre le taux d'activité total et l'évolution de ce taux; de toutes façons, la prudence s'impose quand il s'agit de nombres très petits.

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Graphique V - Relation entre le taux d'activité relatif des salariées en 1957 et l'évolution des salariées de 1957 À 1962

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D. L 'apport migratoire

Pour assurer leur expansion économique, de nombreux pays européens ont eu recours à la main-d'œuvre étrangère. Confrontée

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à une démographie peu expansive, la Belgique devait normalement se tourner aussi vers les apports étrangers. Qu'en est-il ?

Un graphique récemment établi par 1O.E.C.E. fournit immé- diatement une réponse d'ensemble (14) : par rapport à la Suisse, l'Allemagne ou la France, l'immigration a joué un rôle extrêmement faible dans l'évolution de la population belge; la situation belge est voisine de celle du Royaume-Uni, de même d'ailleurs que les deux pays se rejoignent dans la faiblesse de leur taux de croissance économique.

Graphique VI - Évolution du solde migratoire de la Belgique En milliers

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J I I I I I I '-2o 1948 1950 1952 1954 1956 1958 1960 1962

Source : I.N.S.

Le détail de l'évolution mérite attention (graphique VI). D'abord la balance migratoire est en relation étroite avec la con- joncture; dans les récessions de 1 949-1950, 1 953-1954 et 1959, elle devient négative. Ensuite les premiers résultats du recensement de 1961 ont apporté une surprise : alors que les statistiques annuelles présentaient pour la période 1948-1961 un solde final positif de 104.305, le comptage du recensement a introduit un rectificatif de - 38.988. Cette période de 14 ans ne se solde plus par un apport migratoire de 1,2%, ce qui était déjà très faible, mais par un apport de 0,8%, soit annuellement 0,055%.

(14) Statistiques de main-d'œuvre 1950-1962, Paris, 1963, p. 13.

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Graphique VII - Mouvements frontaliers (Grand-Duché du Luxembourg non compris) (En milliers)

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Outre les migrations par changement de résidence, il faut tenir compte des migrations pendulaires, c'est-à-dire des frontaliers. Les statistiques dans le domaine sont certes sujettes à caution; toutefois le recoupement de multiples sources fournit une estimation suffi- sante pour dégager les tendances et fixer un ordre de grandeur.

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Or justement des tendances très accentuées apparaissent (graphique VII). Depuis 1953, le nombre de Belges allant travailler quotidiennement à l'étranger est en très forte hausse, passant de 31.000 à 53.000. Le mouvement inverse est de faible ampleur et en outre, depuis 1957, il se contracte sensiblement. À ces chiffres, il faudrait encore ajouter ceux concernant le Grand-Duché de Luxembourg, qui, selon toute vraisemblance, ne feraient qu'accen- tuer le déficit pendulaire et sa tendance à l'accroissement (15).

Ces données évidemment sont très hétérogènes : elles repré- sentent la somme de trois situations frontalières (vis-à-vis de la France, des Pays-Bas et de l'Allemagne). Le double mouvement négatif pourrait ne tenir qu'à une des trois balances, ce qui atté- nuerait la portée de la constatation. En fait, ce n'est pas le cas. C'est des trois côtés que les sorties augmentent (sauf dans les dernières années pour la France) et que les entrées diminuent, en étant toujours à un niveau très bas (même non significatif pour l'Allemagne).

Cette situation et cette évolution frontalières constituent un indice important. Il est normal que le Marché Commun, amenuisant les frontières économiques, entraîne des modifications dans la polarisation de l'espace économique et que, par exemple, certaines zones frontalières soient de plus en plus attirées vers des centres industriels situés à l'étranger. Ce qui est étonnant, c'est que ce mécanisme naturel joue, de tous les côtés, au détriment de la Belgique, sans être compensé par des tendances inverses. À aucune de ses frontières, la Belgique n'exercerait donc une attraction polarisante.

Si l'on additionne les migrations résidentielles et frontalières, en tenant compte du rectificatif de 1961, la balance migratoire de la Belgique apparaît nettement négative. De 1950 à 1962, en moyenne chaque année 4.100 personnes sont venues habiter en Belgique, tant que 39.900 se rendaient chaque jour à l'étranger. L'émigration frontalière s'accentue, tandis que l'immigration résidentielle suit les aléas de la conjoncture. Le niveau de l'emploi n'a pas bénéficié d'un relèvement général par les apports étrangers; au contraire la mobilité internationale tend à l'abaisser.

(15) Les sorties vers le Grand-Duché du Luxembourg passent de 1.350 en 1954 à 2.184 en 1963. Les seules données disponibles pour les entrées indi- quaient un chiffre de 350 et 321 pour 1954 et 1955.

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Ill - Distribution spatiale de l'emploi

Une chronique de l'emploi se doit d'envisager la distribution spatiale de l'emploi. Vu la relative immobilisation, d'une part, de la population, des familles, des foyers et, d'autre part, de l'appareil de production, le marché du travail se définit géographiquement. L'aire géographique de mobilité habituelle prend ainsi une physio- nomie propre, forme une entité qui influence à son tour le compor- tement de toutes les composantes de l'emploi. Les analyses socio- économiques de l'emploi montrent que l'espace, au même titre que l'âge, constitue une catégorie essentielle du marché du travail.

Ces raisons de principe trouvent une singulière pertinence dans le cas de la Belgique. Que l'on analyse la population, l'emploi,

Graphique VIII - Évolution de l'emploi salarié par régions (E-SS) En milliers

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le chômage, les salaires ou la syndicalisation, on voit apparaître une distinction majeure entre deux grandes zones, qui dans leurs grandes lignes coïncident avec les deux entités socio-culturelles, wallonne et flamande. Certes des nuances s'imposent : la situation du Limbourg n'est pas celle dela Flandre orientale. La différencia- tion globale entre région wallonne et région flamande nous paraît cependant suffisamment accentuée, pour pouvoir, dans cette brève chronique, nous y arrêter.

A. Évolution de V emploi

Mieux que tout commentaire, le graphique VIII indique l'aspect le plus apparent de la distribution spatiale de l'emploi. En 13 ans, de 1948 à 1962, l'emploi salarié a augmenté de 21,8% en région flamande alors qu'il diminuait de 11,0% en Wallonie. Sans entrer dans trop de détails, signalons que la baisse a affecté presque tous les arrondissements wallons, les seules exceptions notables étant Nivelles (+6,4%) et Namur (+4,0%); les deux pôles de Liège et Charleroi voient leur emploi se contracter de 5,6%; quatre arron- dissements du Hainaut connaissent une baisse de plus de 30% (Mons - 38,5%, Thuin - 37,5%, Ath - 33,9%, Soignies - 32,3%).

La fermeture des charbonnages est certes responsable d'une grande part de l'évolution nette de l'emploi. Mais le déclin de l'industrie extractive ne suffit pas à résumer ce qui s'est passé dans le domaine de l'emploi ouvrier. Une analyse par branches d'activité montre que le phénomène est plus complexe. Le tableau IX (ouvriers masculins et féminins, de 1952 à 1962 (16)) classe les industries selon l'évolution de leur emploi dans les arrondissements flamands et bruxellois. Pour 17 des 21 industries (mais deux seulement des quatre exceptions portent sur des nombres quelque peu importants), on constate une évolution d'emploi moins favorable en Wallonie que dans le reste du pays :

- soit que la hausse dans le reste du pays coïncide avec une hausse très inférieure en Wallonie ;

(16) Le choix de l'année 1952 est contingent : les tableaux par branches et régions conjointement ne sont établis par l'O.N.S.S. que depuis 1958, mais l'O.N.P.C. les avait dressés pour 1952. L'année 1952 représente un haut niveau d'emploi pour la Wallonie, alors qu'elle constitue un niveau conjoncturel moins favorable en pays flamand et à Bruxelles; donc la compa- raison sur base 1952 avantage plutôt la Wallonie.

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TABLEAU IX - Comparaison régionale de l'évolution de l'emploi ouvrier (Ε-SS) par BRANCHES D'ACTIVITÉ, DE 1952 À 1962

Arrondissements wallons Arrondissements

flamands Branches et bruxellois Même Tendance Evol. d'activité tendance inverse plus

favo- rable

% Nombre % Nombre % Nombre j j ι Caoutchouc +46,7 + 1.488 -22,0 - 613 Machines, app. électr.,

véhicules +37,9 +32.462 + 3,1 + 1.828 Art et précision +37,7 + 4.131 -22,4 - 105 Art. de métaux communs +33,6 + 8.355 -10,7 - 1.857 Livre et photographie +32,7 + 5.032 + 9,6 + 439 Chimie (non dénommée

ailleurs) +25,1 + 6.598 1-9,0 - 761 Bâtiment et construction +24,0 +29.578 + 4,3 + 2.228 Minéraux non métalliques + 23,3 + 6.602 + 7,9 + 2.243 Fonte, moulage, laminage +13,9 + 3.280 + 2,3 + 1.820 Papier +12,5 + 1.417 +18,2 + 1.088 X Denrées alimentaires + 8,6 + 3.810 + 8,6 + 1.002 χ Vêtements + 8,5 + 5.088 -28,6 - 4.306 Bois + 4,7 + 1.498 -29,0 - 3.298 Huiles et graisses + 3,0 + 87 + 34,2 +27 χ Tabac + 0,8 +47 - 16,2 - 230

Boissons - 0,3 - 56 - 10,1 - 556 Dérivés comb, minéraux - 2,4 - 132 +40,1 + 212 χ Électricité, gaz, eau - 8,9 - 669 -15,7 - 854 Cuirs et peaux -11,6 - 992 -43,1 - 1.174 Textile -13,0 -16.383 -17,0 - 4.521 Ind. extractives -15,4 - 6.301 -54,6 -73.419

Total des industries extrac- tives, manufacturières et de + 12,4 +87.801 -16,9 -80.352 la construction I

- soit que la hausse corresponde à une baisse, parfois très accentuée en Wallonie;

- soit que les branches dont l'emploi diminue dans le reste du pays, connaissent toutes une contraction beaucoup plus forte en Wallonie.

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Les deux seuls cas notables qui échappent à cette tendance sont le papier, qui croît plus en Wallonie, et les denrées alimentaires, où l'accroissement est identique.

Ainsi la spécificité de l'évolution de l'emploi wallon ne tient nullement à la seule contraction des charbonnages. C'est l'ensemble de l'emploi ouvrier wallon dont l'évolution se détériore, les branches en expansion s'y développant moins qu'ailleurs, malgré que les destructions d'emploi y fussent plus accentuées.

On peut donc parler d'une profonde modification de la loca- lisation de l'industrie belge. Un chiffre la résume : la part de la Wallonie dans l'emploi salarié total de la Belgique est passée de 36,2% en 1948 à 29,5% en 1962; elle a diminué de près de 20%.

TABLEAU X - Évolution régionale de l'emploi salarié (E-SS)

Évolution de 1948 à 1962 Part de chaque région

Région Nombre % en 1948 en 1962

Flamande +160.432 +21,8 40,3 44,9 Bruxelles + 82.075 +19,1 23,5 25,6 Wallonie - 72.917 -11,0 36,2 29,5 Royaume +169.590 + 9,3 100,0 100,6

Tels sont les faits que l'analyse révèle. Ce n'est pas ici le lieu d'en tirer des conclusions politiques, qui peuvent diverger pro- fondément en fonction de critères extra-économiques. Mais l'analyse doit souligner l'ampleur du phénomène. Il nous semble que peu de pays européens aient connu, dans l'après-guerre, ce genre d'évolution; le plus souvent, la distribution spatiale intra-nationale a évolué dans le sens d'un renforcement des pôles de croissance (la région parisienne, par exemple) et d'un affaiblissement cumulatif des régions moins développées. La Belgique au contraire vit un renversement des tendances, un déclin de zones d'ancienne indus- trialisation et la création de nouveaux centres économiques.

Essayons d'en dégager quelques implications au plan de la population et de l'emploi, de façon à préciser la manière dont

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cette évolution se traduit dans la réalité concrète du marché du travail.

B. Évolution régionale du chômage

Le grand paradoxe du marché du travail wallon est la coexis- tence d'une importante contraction de l'emploi et d'un chômage relativement faible, nettement inférieur dans tous les cas aux taux flamands.

Graphique IX - Chômage masculin en % des Assurés (A-MI)

20' ι ι ι ι ι ι ι r~ s? ' s? ^ ' λ g 16 / λ yp^- 1 s g „_J 16 / MTKX

yp^- 1 * li H Part/el ' /'

i"-f/JvHMi'r~ * li H Part/el ' /'

Λ'Τ ι i'Vr;'' 6-'lv~ .πΜχΛ']/_ί V{ Γ _

// ^''Complet HJ/ ^J

me f9S0 1952 im 1ff5â 1ÛS8 1960 1962 1964

Du moins était-ce la situation générale pour l'ensemble de la période. On remarque cependant une évolution (graphique IX) :

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l'écart entre région wallonne et flamande se réduit fortement. Le rapprochement des taux tient d'abord à la forte résorption du chômage flamand, surtout du chômage complet, Mais il est dû aussi à une certaine aggravation du chômage wallon, qu'il faut examiner de plus près.

Le chômage total wallon présente trois sommets conjoncturels en hausse : 6,0% en 1950, 6,6% en 1954, 8,4% en 1959; le dernier cependant tient à une hausse exceptionnelle du chômage partiel. En 1963, le chômage complet wallon n'est pas encore retombé à son niveau de 1957 (2,5% contre 2,1%), alors qu'en pays flamand il est plus bas (5,6% en 1957 contre 3,9% en 1963). Il y a donc une légère accentuation du chômage wallon, même s'il demeure inférieur aux taux flamands.

TABLEAU XI - Taux de chômage des âgés (50-65 ans) par régions Chômage complet masculin, ind. + o.p.p. + disp., en % des Assurés (A-MI)

Taux Indices

Dates Flam. Wall. Brux. Total Flam. Wall. Brux. Total

ι 18.11.1957 13,6 5,1 7,6 9,7 100 100 100 100 15. 5.1959 19,3 9,1 10,5 14,5 142 177 138 148 30. 6.1962 12,1 6,7 6,5 9,5 89 130 85 97 30. 6.1963 10,5 6,3 5,4 8,3 77 122 71 85

Source : calculé d'après ΓΟΝΕΜ.

Le chômage des âgés apporte un complément qualitatif à l'analyse (tableau XI). Là aussi l'écart entre taux wallon et flamand s'atténue (de 1957 à 1963), mais tant en raison de la baisse du chômage flamand que de la hausse en Wallonie. Cette hausse du chômage parmi les âgés constitue le contrecoup de la contraction de l'emploi.

Un rapide coup d'œil sur les 23 groupes d'arrondissements indique qu'une région wallonne a atteint un niveau élevé de chô- mage : l'arrondissement de Mons, dont l'emploi ouvrier a baissé

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de 38,5% en 15 ans, arrive en deuxième place pour le chômage complet masculin (5,4%).

Dans l'ensemble, la situation se détériore légèrement en Wallonie, mais cette détérioration est sans commune mesure avec l'intensité de la baisse de l'emploi. En fait, de nombreux éléments ont pu intervenir, empêchant la contraction de l'emploi de se manifester sous forme de chômage.

C. Migration et population en Wallonie

Les migrations extérieures ont fourni un élément d'élasticité à l'offre de travail, d'autant que la baisse la plus forte de l'emploi avait lieu dans les charbonnages. Le graphique X montre combien la politique d 'immigration en Wallonie a été marquée par la conjonc- ture : à chaque récession, la balance migratoire extérieure de la Wallonie devenait négative. Au total, en 15 ans, les migrations extérieures n'apportaient à la Wallonie que 82.000 personnes, en ce comprises les femmes et les enfants (17), alors que l'emploi salarié baissait de 72.000 travailleurs. En outre le chiffre de 82.000 ne tient pas compte de la rectification apportée par le recensement de 1961 : de 82.000, on passe à 55.000.

Les données pour 1963 ne sont pas encore disponibles. Mais l'évolution des premiers permis de travail accordés à des immi- grants (18) montre une forte augmentation de l'immigration, pour l'ensemble de la Belgique, puisqu'ils passent de 3.526 en 1960 à 15.414 en 1962 et 33.334 en 1963. Si la plus grande part se dirige vers les mines (12.563), on note cependant un élargissement à d'autres secteurs (4.697 en sidérurgie, 3.414 dans la construction). Mais cette immigration ne profite pas seulement à la Wallonie : si 16.054 se dirigent vers les provinces du Hainaut et de Liège, par contre 9.538 vont au Brabant et 4.739 au Limbourg. Autrement dit, l'immigration ne modifie guère l'évolution différentielle de la Wallonie par rapport au reste du pays.

(17) Pour obtenir le chiffre total des migrations par régions belges, on a ajouté aux statistiques de l'LN.S. «les personnes parties dont la nouvelle résidence est inconnue», en recoupant plusieurs tableaux. Outre le rectificatif dû au recensement de 1961, il faut tenir compte d'autres rectifications que FI.N.S. a bien voulu nous communiquer pour les années 1961 et 1962.

(18) Annales parlementaires, Sénat, séance du 12 février 1964.

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Graphique X - Migrations et chômage en Wallonie (Migrations en milliers; chômage en % des Assurés A-MI)

■IJIIIIIIIIIIIII1

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positit' / '~i 'W

' ^ 0 5û/de 'mÀ . I ^ » yW7T'

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'- Entré*? ' +5 Frontaiiers ΊΐΙΙΙΙΙΙΙΙ IIIIÍ11111 Ilil llllllli °

li Sorties^ ■-!-- - |-· - i I I I li 1 | I '-20 1996 1948 1950 1952 195# 1956 1958 1960 1962 196f

Les migrations intérieures interviennent également. Alors que de 1948 à 1953, la balance intérieure de la Wallonie était positive (saufen Tannée 1950), depuis 1954 elle est continuellement négative; les 9 dernières années, 30.000 personnes ont quitté la Wallonie.

Ce chiffre global, non ventilé par âge, ne suffit pas à rendre compte de la portée du phénomène. Lorsqu'une région, qui ne se caractérise pas par une forte pression de natalité, connaît un retournement de sa balance migratoire, en même temps qu'un déclin de son emploi, il y a beaucoup de chance que son émigration

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soit sélective. Ce sont les personnes les plus aptes, les plus qualifiées, les plus jeunes qui, les premières, se rendent compte de la détériora- tion régionale et ont le plus de facilité à trouver ailleurs un emploi équivalent. Une telle évolution, si elle est bénéfique aux migrants, handicape fortement tout redressement éventuel de la région déprimée. C'est le phénomène bien connu de la cumulativité des évolutions spatiales. Quand ce palliatif individuel est apporté au déclin régional, l'emploi peut baisser, sans que le déclin se manifeste sous une forme plus apparente, de chômage par exemple, qui inciterait à prendre des mesures.

La mobilité pendulaire peut aussi contribuer à l'adaptation spatiale de l'offre et de la demande. L'arrondissement de Mons le montre clairement. En 1956, pour 100 salariés domiciliés dans l'arrondissement, il y a 103 emplois fixés dans la région; en 1957, la balance des migrations quotidiennes devient négative et en 1962, 12% des salariés montois travaillent en dehors de l'arron- dissement. La mobilité pendulaire a fourni une adaptation de 15% en 7 années.

Ces divers types de mobilité montrent comment la population s'est adaptée à la baisse de l'emploi. Bien entendu, on ne peut ignorer le mouvement naturel de la population (natalité et mor- talité) : sans migration, la population wallonne d'âge actif (15-64 ans) devait se réduire d'environ 6%, de 1947 à 1960 (- 132.000 unités) (19). Mais ce facteur n'est pas le seul : on a vu l'importance des divers mouvements migratoires; surtout il resterait à expliquer pourquoi justement ces mouvements migratoires n'ont pas ou n'ont pas davantage pallié les conditions démographiques défa- vorables et là, l'analyse ne peut pas ne pas retrouver les déterminants économiques.

IV - Conclusion

L'analyse du marché du travail en haute conjoncture offre d'abord l'occasion d'évaluer le volume minimum de chômage, en phase de plein emploi conjoncturel. Dans ce but, le tableau XII

(19) Source : Rapport Sauvy

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distingue trois catégories dans le volume annuel du chômage masculin (20) (moyenne journalière de l'année) :

I. Le chômage saisonnier d'hiver. En haute conjoncture, avec une technologie inchangée, il est fonction des conditions clima- tiques; des conditions défavorables gonflent très fortement le chômage partiel-accidentel, l'impact sur le complet restant minime,

IL Le chômage des âgés. On a vu son importance et les raisons pour ne pas considérer le taux actuel (7,8% des assurés de 50 à 65 ans) comme irréductible. Le tableau envisage deux hypothèses : l'une où le taux serait réduit de moitié, l'autre où les âgés n'auraient plus qu'un taux double (2%) de celui des travailleurs âgés de moins de 50 ans.

III. Le reste, dont le volume est très restreint.

TABLEAU XII - Évaluation du niveau minimum de chômage masculin EN HAUTE CONJONCTURE

Complet Partiel-acc. Catégories de

Hypothèses chômage Nombre % Nombre %

I. Saisonnier A. Climat défavorable 35.400 2,2 d'hiver 3.200 0,2

B. Climat favorable 8.400 0,5

II. Âgés (50- C. Taux actuels (7,8%) 33.400 2,1 - - 65 ans)

D. Réduction de moitié (4,0%) 17.100 1,1 - -

E. Taux double de celui en dessous de 50 ans (2,0%) 8.500 0,5 - -

ΙΠ. Reste 11.700 0,7 8.400 0,5

TOTAL Climat A et Âgés D 32.000 2,0 43.800 2,7 Climat Β et Âgés Ε 23.400 1,4 16.800 1,0

I

Au total, le minimum de chômage partiel est compris entre 1,0% des Assurés et 2,7%, selon les conditions climatiques. Le

(20) Le chômage féminin demanderait une analyse séparée, qui tienne compte tant des particularités du marché du travail féminin que des variations des dispositions législatives et des mesures administratives.

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minimum pour le complet (y compris les chômeurs dispensés du contrôle et ceux mis au travail par les pouvoirs publics) dépend du jugement que l'on porte sur le chômage des âgés; les deux hypo- thèses retenues fixent le minimum à 1,4% ou 2,0%.

En couplant les hypothèses optimistes, la moyenne journalière de l'année, pour le total du chômage masculin, se monterait à 40.200, soit 2,4% des Assurés contre le chômage.

Notre analyse situe donc la norme de plein emploi, en terme de chômage, à un niveau comparable à ce qui est généralement accepté à l'étranger, mais plus bas que certaines estimations officielles faites en Belgique dans les années antérieures (21). La divergence tient à la manière d'analyser le chômage (variation du chômage saisonnier, taux de chômage par âge et régions ...) et à l'évolution de la situation elle-même.

Mais notre évaluation implique une position sur un problème de plus longue période : le taux de chômage au-delà de 50 ans. Il faudrait pouvoir comparer la situation belge à celle d'autre pays, en neutralisant les différences législatives, par le calcul d'un taux d'activité qui incluerait les chômeurs dans les inactifs. En effet, il se peut que d'autres pays ne présentent pas un taux de chômage des âgés aussi élevé, simplement parce que ces inactifs âgés ne peuvent pas toucher d'allocation de chômage; le degré d'inactivité des âgés serait le même qu'en Belgique, mais le phénomène n'appa- raîtrait qu'en totalisant les chômeurs indemnisés et les «inactifs» au sens des recensements. Les résultats du recensement de 1961 permettront de comparer notre situation à celle d'autres pays et de déterminer si le problème des âgés présente la même acuité à l'étranger ou s'il est un phénomène spécifiquement belge.

Retenons enfin les questions d'ordre spatial, tant international qu'intranational, qui se posent à la Belgique. Pays d'ancienne industrialisation, de haut niveau de vie, de faible croissance démographique, la Belgique présente cependant une balance migra- toire globale négative et la tendance semble s'accentuer. Un examen

(21) En 1950, la norme de plein emploi présentée par le Ministère du Travail et de la Prévoyance Sociale et adoptée par le gouvernement belge s'exprimait par le chiffre de 120.000 chômeurs complets (hommes et femmes); voir A. Delpérée, La norme de plein emploi, Le Progrès Social, n° 33, 1953.

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des régions polarisantes s'imposerait, dans le cadre du développe- ment du Marché Commun.

D'autre part, la régression de la Wallonie constitue un fait d'une ampleur et d'une netteté difficilement contestables, qui pose une question d'autant plus difficile qu'elle ne se traduit pas par des indices aussi apparents qu'un fort chômage, et qu'elle résulte d'une multiplicité de facteurs, en étroite interdépendance.

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