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La Bible pas à pas - exultet.net · quoique d’une manière plus feutrée certes, la pression s’exerce au moyen du « socialement correct » qui impose le modèle familial de

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LaBiblepasàpas

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réservéspourtouspays.

©2015,GroupeArtègeÉditionsLethielleux

10,rueMercœur–75011Paris9,espaceMéditerranée–66000Perpignan

www.editionslethielleux.fr

ISBN:978-2-249-62313-4ISBNepub:978-2-249-62364-6

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Pharaon, au risque de leur vie45. Convoquées par le tyranfurieux,ellesexpliquèrentquelesfemmesdecepeupleétaientpleines de vie au contraire des Égyptiennes et qu’ellesaccouchaientavantqu’ellesn’arrivent,cequileurpermettaitdesoustrairelesgarçonsàl’éditmortel46.Lesensdesprénomsdeces femmesa fait d’ellesdes justes auxyeuxd’Israël.Shiphra(shin, pé, resh, hé, réductible à 9 comme les mois de lagestation) vient d’une racine shafar qui signifie « belle » ou«bonne»etmêmedeshofar«trompette,oucornedebélier»,allusionàsoncouragepuisqu’elle tint têteàPharaon47.Pouah(Pé,vaw,yaïn,hé,quiserésoutà8)setraduitpar«murmurer»ou peut-être, selon une racine ougaritique, par « fille ». Cessages-femmes, lesmeyaledoth, permirent à yeled, l’enfant quinaissait,devivrebravantl’ordredePharaon.SelonleMidrash,menacéesdemourirparlefeu,cesdeuxfemmesnedévièrentpasde leur conduite juste et c’est pourquoi on les identifie àYokebedetMyriam48,lamèreetlasœurdeMoïsequi,chacuneà sa manière, a aidé à la libération du peuple, en résistant àl’oppressiond’unordreinjuste.Ilfautnoterquecettethèseestrenforcée par le fait que les noms des deux sages-femmescomportent la lettre hé en finale, lettre doublement présentedans le Tétragramme, marque du féminin, et symbole de laféconditédivine.

MaisPharaonne s’en tint pas là. Il fit publier un édit quiimposaitauxHébreux,souspeinedemort,de jetereux-mêmesleurs garçons nouveau-nés au fleuve49. L’idée était de faire dechaque père et de chaque mère les propres bourreaux de leurenfant. Nous nous offusquons de telles pratiques, maisaujourd’huiencore,cesmêmesmonstruositéss’opèrentdansdespaysquirégulentdrastiquementleurpopulation,commec’estlecas en Chine par exemple. Cependant, même en Occident,

quoiqued’unemanièreplusfeutréecertes, lapressions’exerceau moyen du « socialement correct » qui impose le modèlefamilial de deux enfants, tout aussi contraignant. Et si on yregarde de plus près, tout cela se fait sous couvert d’unebrillantecivilisation tellequecellede l’Égypte triomphantedeRamsès II, éprise de beauté et narcissique, convaincue deposséder la plus haute sagesse. Il est probable que l’Égypteétendaitégalementsafascinationjusqueetycomprissurceux-làmêmequ’elleopprimait.C’est,eneffet,cequelatraditionjuivelaisseentendre50,enrapportantqu’aprèslamortdeJoseph,lesHébreuxétablisàGoshènavaientpeuàpeurompuaveclafoideleurs pères. Ils ne pratiquaient plus la circoncision, adoraientdes divinités à face d’animaux et se disaient entre eux :« Soyons des Égyptiens. » On pourrait parler d’une tentationd’assimilation contre laquelle l’apôtre Jacques nous met engarde à son tour : « L’amour du monde est inimitié contreDieu51. »Ainsi, à chaque fois que les ennemis se lèvent pourmaltraiter Israël, c’est qu’Israël s’est détourné de l’Allianceconclue avec Abraham, Isaac et Jacob, laquelle fait de lui unpeuple différent, consacré au Seigneur, « sa ceinture » commedit le prophète Jérémie, attachée à ses reins, pour être « sonrenom,sonhonneuretsasplendeur52».AussiDieua-t-ilpermisquesechangeenhainel’amourdel’ÉgypteenverslepeupledeJoseph, qu’elle avait pourtant accueilli à bras ouverts quatresiècles plus tôt mais qu’elle refermait à présent sur eux sanspitiépourmieuxlesétouffer.

1.Gn50,26.2.Gn50,25-26.3.Jn1,14.

4.Gn10,1.5.Gn10,6.6.Gn9,22.7.Ex7,11.8.Dt8,14.9.Ex3,12.10.Ex1,5.11.Ex1,7.12.Ex1,8.13. J. TARNEAUD, La Bible pas à pas, tome II : Joseph etl’Égypte,Lethielleux,2011.14.A.NÉHER,Moïseetlavocationjuive,Seuil,1956,«Maîtresspirituels»,p.54.15.Ex17,16.16.A.NÉHER,op.cit.,p.35.17.1Ch4,18.18. C’est encore le choix effectué, en 2014, par Ridley ScottdanssaversioncinématographiqueintituléeExodus.GodsandKings, réalisée en 3D, avec Christian Bale dans le rôle d’unMoïseplusguerrierqueprophète.19. F. CROMBETTE, Véridique histoire de l’Égypte antique,tomeIII,CESHE,Tournai,1997.20.Ex1,11.21.F.CROMBETTE,op.cit.22.Gn46,34.23.Gn47,11et27.24.Gn46,34b.25.Ex1,9.26.Ex1,10.27.Gn1,28.28.Gn38,9-10.29.Lv18,22.

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C’est également le terme kavod qui désigne la gloire, celle deDieu en particulier.Mais c’est aussi le verbe employé dans lecinquième commandement afin de signifier l’honneur dû auxparents.Onpeutainsitraduire«Honoretonpèreettamère6»par«Donnedupoidsàtonpèreettamère»!Carilestfaciled’honorerdes lèvresetdenedonneraucunpoidsauxavisdesparents,leurvolantainsileurgloired’éducateurs!

Ce qui semble étrange, de prime abord, c’est qu’un telhandicap est de nature à compromettre la mission future deMoïsedontlaBibleaffirmepourtantqu’ilestleplusgranddesprophètes:«Ilnes’estpluslevéenIsraëldeprophètepareilàMoïse, lui que Yahvé connaissait face à face », conclut leDeutéronome7.LeprophèteestunhommeouunefemmeenvoyéparDieu pour porter sa Parole et dévoiler ses volontés. C’estdonc l’homme de la Parole par excellence. Cependant, enhébreu, le terme qui le désigne, c’est nabi, lequel dérive denabû,quisignifie«appeler».C’estàcetitrequ’Abrahamreçoitle premier ce qualificatif8 bien qu’il n’ait pas été un hérautcomparable àMoïsemais seulement un intercesseur écouté deDieu9. Cette racine insiste sur l’élection, sur l’appel dont leprophète fait l’objet dès les entraillesmaternelles10. Dès lors,Moise a beau jeu de rappeler àCelui qui l’envoie enmissionque « sa bouche et sa langue pesantes » le disqualifientirrémédiablement !Àquoi leSeigneur rétorque : «Qui adotél’homme d’une bouche (…), n’est-ce pasmoi,Yahvé11 ? » Etcomme Moïse s’entête dans son refus, « la colère de Yahvés’enflammacontreMoïse12».Enconséquence,Dieudécidedeconfier à Aaron, son frère, la charge d’être son porte-parole :«C’est luiquiparlerapourtoiaupeuple; il tetiendralieudeboucheettuseraspourluiundieu13.»

Lessagesn’ontpasmanquédereleverceparadoxe.Pesantdebouche et de langue, commentMoïse aurait-il puprétendreconvaincre Pharaon lui qui déclare avec insolence : « Qui estYahvépourquej’écoutesavoix14?»Neconvenait-ilpasplutôtdeluienvoyeruntribunrompuàladialectiqueafindebrisersarésistancepar lapertinencedesesarguties?Ondirait, toutaucontraire, que Dieu se plaît à lui compliquer la tâche : nonseulement sonenvoyé souffredebégaiementmais encoreDieuaffirme qu’il endurcira lui-même15 le cœur de Pharaon qui nel’écouterapas!C’estlittéralementmissionimpossible!

Àceci prèsque« rienn’est impossible àDieu16 ».Car lemérite de cette libérationne doit pas revenir à unhommeafinquelafoines’appuiepassurlachairquiestpoussière,maissurDieu qui en est à la fois l’auteur et l’objet. Le bégaiement deMoïse est donc intrinsèque à l’économie de la rédemptiond’Israël,demêmequelaCroixduChristn’estpasunaccidentmalheureux de l’Histoire mais la clé de voûte de notre Salutcommunautaire et individuel. À ce titre, le Midrash remarquequeMoïseutiliseuneautreexpressionque«boucheet languepesantes » pour parler de son handicap : « Je suis incirconcisdes lèvres17. » Rachi, grand commentateur de la Bible et duTalmud auXIe siècle, souligne que cette expression révèle uncrescendodansl’occlusiondesaparole.Moïsenebalbutieplusseulement:saboucheestfermée,obturée,incapabledeproférerun son !Moïse fait ce constat alorsque l’oppressionquipèsesursonpeuplen’ajamaisétépluslourde.Lepeupleestàboutdeforcesetc’estpleindecolèrequecedernierinterpelleMoïseet Aaron au terme de leur première ambassade auprès dePharaon, laquelle s’est soldée par un durcissement de leursconditionsdetravail:«VousnousavezrendusodieuxauxyeuxdePharaon et de ses serviteurs, et vous leur avezmis enmain

l’épée pour nous tuer18. » Plus le peuple est opprimé, moinsMoïse peut parler ! Comme si son handicap était en quelquesortelebaromètredelasituationd’anéantissementd’unpeuplechoisi cependant pour porter la Parole de Dieu au monde !l’Égypteabeauêtreausommetdesapuissanceetàl’apogéedesacivilisation,laterreentièreabeauvouloiradoptersesmœurset ses usages, la parole biblique la qualifie de « honte de laterre » dans la mesure où elle est réfractaire au projet divin.Pharaonnedéclare-t-ilpasaveclaplusgrandefermeté:«JeneconnaispasYahvé(…).Retournezàvoscorvées19»?Pharaon,anagrammedumotnuque,‘horefenhébreu(hé,ayin,resh,pé),a résolument montré sa nuque, c’est-à-dire tourné le dos auprojet divin20. Pour lui, l’homme n’est jamais qu’un objet deproduction, unmoyende s’enrichir,mais en aucun casTselemElohim, l’« imagedeDieu», et comme tel sujet de l’Histoire.C’est pourquoi la libération du peuple n’est pas d’abord denature économique ou sociale. Elle est ontique ! Elle est del’ordredel’Êtreetnondel’Avoir:«Cen’estpasdepainseulquevivral’homme(l’Avoir),maisdetouteparolequisortdelabouchedeDieu(l’Être)21.»Cetteaffirmation,leChrists’enfaitl’écho en luttant contre le démon dont Pharaon estl’archétype22.

Ainsi,cequiestd’abordcaptifenÉgypte,c’estlaParoledeDieu, son amour vivifiant pour toute l’humanité à l’inverse duprojetmortifère dont Pharaon est porteur.Alors que la Paroledivine est Vie, et Vie éternelle, en Égypte, la voix est sansparole,àl’instardubégaiementquinepermetpasàlapenséedes’exprimer clairement. Si bien qu’au Sinaï, lors du don de laTorah, leMidrash souligneque toutes les infirmitésdupeuplefurentguéries,ycomprislebégaiementdeMoïse,saboucheetsa langue devenues agiles et légères demalhabiles et pesantes

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ChapitreV

Moïseetlebuisson

Lechapitre3de l’Exodes’inaugureavecunparadoxe :unbuisson enflamméquidevrait être réduit en cendres enpeudetemps… et qui, tout au contraire, brûle sans se consumer1 !Symboleuniversellementconnu,cebuissondanslequelDieusemontreàMoïseen lui révélant sonNom2,porte le témoignaged’une vie plus forte que la mort, gage de la résurrection. Cebuissond’épineux, commeonen trouvedenombreuxdans lesétendues désertiques du Sinaï, tellement banal, sans aucunevaleur, est cependant élu pour servir de point d’ancrage à larévélationlaplushautepourIsraël:Dieus’ynomme,dévoilantson identité et manifestant son pouvoir. Moïse associeindissolublement le buisson à Dieu lui-même, tant et si bienqu’aumomentdesamort,alorsqu’ilbénitlatribudeJosephenla descendance d’Ephraïm et Manassé, le voici qui déclare :«Joseph(…)quialafaveurdeCeluiquihabiteleBuisson3.»

Buisson, en cette occurrence, est écrit avecunemajuscule,ce qui est très rare en hébreu où le distinguo minuscule-majuscule n’existe pas. Or, dans le cas présent, on observesimplement que la lettre est calligraphiée plus grande qu’àl’ordinaire.«CeluiquihabiteleBuisson»,telestundesnomsdeDieu!Lebuissonseditsenehenhébreu(samek,nun,hé).Lasommedeseslettreségale115quipeutserésoudreà7,chiffredu repos sabbatique, de l’accomplissement de la Création. Sibien que notre modeste buisson est en réalité investi de laprésenceduDieuunique,entantquepropitiatoireidoineoùse

plaîtàreposerlaShekinadeDieu.D’autantqu’àlalecturedecepassagedulivredel’Exode4,seneh,lebuisson,varetentircinqfois. Cinq occurrences, comme le nombre des livres quiconstituentlePentateuque,laLoi,toutelaRévélation(auxdiresdesSagesdictéeàMoïsedelapremièrelettredelaGenèseàladernière du Deutéronome, y compris le récit de sa propremort !),unchemindevieouvertparDieuaumilieududésert.Ainsil’humblebuisson,soussesdehorsmodestes,estenréalité,à l’instar de l’arche d’Alliance ou du temple de Jérusalem, lelieu où Dieu fait résider son Nom. Mais cet écrin, par sonhumilité même, en dit long sur ce que nous sommes censésdevenir par le baptême : les temples de l’Esprit Saint, certes,maisàl’exempledubuissond’épinesaussipeureluisantquelesvases d’argile dont parle saint Paul, « pour que cet excès depuissancesoitdeDieuetneviennepasdenous5».

Fuyant Pharaon,Moïse est devenu berger, à l’exemple desfils de Jacobqui furent admis enÉgypte en tant quepasteurs,selon la recommandation que Joseph leur avait faite, afin des’attirer les bonnes grâces de leurs hôtes6. Moïse, princed’Égypte, devait en bonne logique renouer avec ses pères, enassumant leurvocationet toute la symboliquequi s’y rattache.Bergerenhébreuseditrohè(resh,ayin,hé),quiserésoutà5,écho à laTorah dontMoïse sera le récipiendaire et le gardienzélé.Cetermesetraduitpar«pâtre»,commes’yattacheAndréChouraqui7, terme en concordance avec pâturages et paître.C’est la fonctionnourricièredubergerqui est ainsi soulignée.Jésus,àsasuite,diradelui-même:«Jesuislebonpasteur8.»Abraham, Jacob, et Joseph l’avaient été, David le sera aussi9.Ceux queDieu établit à la tête de son peuple ne doivent pasavoiruneconceptionmilitaireducommandement.Aucontraire,danslesÉcritures,ilsdoiventrespecterletroupeauaurisquede

levoirs’étiolers’ilssemontrentbrutauxetvoraces.Lesymboleest toujours valide dans l’Église où le pape, successeur dePierre, le jour de son intronisation, porte le palliumemblématiquedesbergerstisséenlaineblanchefrappéedecroixnoires. À l’exemple du Prince des apôtres devenu pasteur, depêcheur qu’il était, par la volonté du Christ ressuscité10,l’évêquedeRomeettouslesévêquesavecluiportentlacrossequi n’est autre qu’une houlette pastorale. Pour Israël, lesqualités majeures du berger sont le discernement et ledévouement.À ce titre, leMidrash rapporte queMoïse faisaitpaître d’abord les bêtes les plus jeunes du troupeau de Jéthroafin qu’elles se nourrissent des pousses tendres. Paissaientensuitelesplusâgéesetlesplusfortes,capablesdeveniràboutdufourragelepluscoriace.Dieuvitcelaetconclutqu’ilauraitenMoïse le pasteur idéal pour Israël son troupeau, un bergerattentif à la brebis égarée, au jeune chevreau échappé qu’ilcherche avec ardeur et qu’il porte sur ses épaules lorsqu’il ledécouvre enfin, apeuré et épuisé au fond d’un escarpement.Àcettevue,DieusongequeMoïsesauraaussiportersonpeuplesursoncœur,supportantsonpéché,leconduisantavecdouceuretfermeté,sanssescandaliserdesesrévoltes11,àuneexceptionprès12,àMassaetMériba13,cequi luivaudradenepasentrerdanslaterre14.

L’image du berger et du troupeau est familière auxChrétiens, abondamment présente dans l’iconographie. LeSeigneur Jésus dit : « Je suis le bon pasteur, je connais mesbrebisetmesbrebismeconnaissentet(…)jedonnemaviepourmes brebis15… » Elles connaissent sa voix et ne veulent passuivreunétranger.Toutaulongduchapitre10del’évangiledesaintJean,c’estlafiguredeMoïseetdel’Exodequiseprofileen filigrane derrière Jésus. Les brebis écoutent la voix de leur

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brin d’herbe ! Comme promis, Jéthro lui accorda aussitôt lamaindeTsiporaetremisalebâtondesaphirdansunecachetteseulementconnuedeDieuquisutl’yretrouverlemomentvenu!

Lalégendeestbelle!Maiscen’estrienàcôtédespouvoirsdévolusaubâtonmiraculeuxremisentrelesmainsdeMoïseautermede cette semaine de joute seul à seul avecDieu, commeJacobauguédeYabboq18.«Cebâton,prends-ledanstamain,c’estparluiquetuaccompliraslessignes19»,ditDieuet,afinde démontrer sa toute-puissance, il lui ordonne de le jeter àterre.Aussitôt,leMatehhaElohimsechangeenserpent,cequevoyant,Moïseprend illico ses jambesà soncou20!MaisDieul’arrêtedanssafuiteetluiintimel’ordred’avancerlamainpourle saisir par la queue et dans samain, le serpent redevient unbâton afin, dit le Seigneur, « qu’ils croient que Yahvé t’estapparu21 ». Tel est le premier signe accompli par le bâton deDieuavantd’en réaliserbeaucoupd’autresdont lemoindrenefutpasdefrapperlamerdesjoncspourlafendreendeux22!

Saint Augustin s’est interrogé sur la signification de cebâtonlequel,jetéàterre,sechangeenserpent.«Lebâtonestlesignedelaroyautéetleserpent,celuidelaconditionmortelle,explique-t-il. Car c’est le serpent qui a donné la mort àl’homme.OrleSeigneurJésusadaignéprendresurluilamortelle-même.» Il poursuit : «Lebâton, envenant sur la terre, adoncprisl’aspectduserpentcarleRoyaumedeDieu,quiestleChristJésus,estvenusur terre.LeChristarevêtulaconditionmortelle qu’il a clouée à la croix23. » Ainsi, ce Mateh haElohim, couleur saphir, évoque-t-il ce que Paul désigne par la«sagessedelaCroix»,«scandalepourlesJuifs,foliepourlespaïens24».C’estpourquoilacouleurbleueestrévélatricedelasagessedeDieudansl’iconographiechrétienne,drapantpresquetoujours la Vierge. La question qui vient à l’esprit, c’est

pourquoi la tradition juive insiste sur le fait qu’il s’agit d’unbâtondesaphirauxprestigieusesoriginesetnonpasunvulgairebâtondeboiscommeilconvientàlahouletted’unberger?Surlepectoraldugrandprêtre,sertidedouzepierresprécieuses,lesaphirreprésentelatribud’Issachardédiéeàl’étudedelaTorahpourenextrairela«substantifiquemoelle»,enl’occurrencelaSagessedivine.Lesaphirestaussi lapierrequi forme le socledu trônedivinet lepavementqui l’entoure25 queMoïseet lessoixante-douze anciens contemplèrent lorsqu’ils furent admis,privilègeinsigne,aubanquetdeDieu,surlamontagneduSinaïaprèsledondelaTorah.Là,bienqu’ayantlavisiondeDieu,ilseurentlaviesauve.«IlscontemplèrentDieu,puisilsmangèrentet ils burent26. » Et que burent-ils sinon le vin de l’Allianceéternelle ? Et que mangèrent-ils sinon le pain des anges, le«paindescenduduCiel27»queleChristrevendiqued’êtrefaceaux pharisiens ? D’autant que saphir28 en hébreu (samek, pé,yud, resh), se résout à 8, le chiffre du Messie et de laRésurrection!Quellemagnifiqueprophétiedel’Eucharistie!

Pour en revenir au bâton de saphir, la tradition juive veutque Dieu le déposât au côté de Moïse lorsqu’il l’enterra lui-même dans les steppes deMoab, sans que personne à ce journ’en ait jamais retrouvé la trace29. Quel scénario prodigieuxpour Indiana Jones lancé à la recherche du bâton de saphir !Maisilyafortàparierqu’ils’ycasseraitlesdents!Eneffet,ledéserts’estrefermésur«l’hommeleplushumblequelaterreaitporté»etaveclequelleSeigneurparlait«faceàface,commeunhomme parle à son ami30 ». Point de reliques, donc point deconvoitisepourbrouillersonmessage…Telleestaussilaleçondu tombeau du Christ laissé vide31. Comme Jésus, cherchonsMoïseparmilesvivantsetnonparmilesmorts32!

1.Ex3,6.2.Ex4,13.3.Ex4,14.4.Mt26,39.5.Is51,17-22.6.E.FLEG,op.cit.,p41-44.7.Ex3,7.8.Ex3,11.9.Ex3,12.10.Gn3,5a.11.Jn8,44.12.Ex4,19.13.E.FLEG,op.cit.,p.42.14.1Co2,4-5.15.Ex4,12.16.Ex4,13-14.17.Ex3,14.18.Gn32,23ss.19.Ex4,17.20.Ex4,3.21.Ex4,5.22.Ex14,16.23. Saint Augustin, Quoestionum in Heptateuchum, libriseptem,PL34,547-824.24.1Co1,23.25.Ex24,10.26.Ex24,11.27.Jn6,51.28.Ex39,11.29.Dt34,6.30.Ex33,11.

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et retour,c’estplusoumoinsunesemainequiestnécessaireàcette transhumance, laquelle concerne non seulement lesfamilles mais aussi les troupeaux en vue des sacrifices. Àl’époque des 35 heures et des RTT à tout va, une semainechômée sur plus de quatre siècles de servage, la demande neparaîtpasexorbitante!

Et pourtant, elle l’est ! Pharaon rétorque aussitôt avecmorgue : « Qui est Yahvé pour que j’écoute sa voix et laissepartir Israël ? JeneconnaispasYahvé8. »LeMidrash racontequePharaon,avantd’opposeràMoïsecettefindenon-recevoir,avait requis l’avis des soixante-dix sages qui forment sonconseil.«QuiestYahvé?!»leurdemande-t-il.Aussitôtchacunse précipite sur ses grimoires afin d’y découvrir la trace de ceYahvé dont parleMoïse.Mais aucun des parchemins n’en faitmention. Averti des résultats négatifs de l’enquête, Pharaonironise:VotreDieuestinconnuaubataillon!«Retournezàvoscorvées9 ! » Prenant à nouveau la parole, Moïse et Aaronauraientrépliqué:«Pourquoicherchez-vousleVivantparmilesmorts ? », fustigeant ainsi les idoles à tête d’animaux dupanthéonégyptien.

Sansdoutecetteanecdoteétait-ellecélèbreparmilepeuplehébreu qui avait dû s’en faire l’écho de génération engénération,carlesévangélistesMarcetLucyfontallusiondansleurs récits de la résurrection. Dans l’aube claire dumatin dePâques,MarcrapportequelesdeuxMariesetSaloméserendentau tombeaupouroindre lecorpsdeJésusavecdesaromates10.Voiciqu’unjeunehommevêtudeblanclesapostropheausujetduChristquiadisparudutombeau:«Ilestressuscité,iln’estpasici.Voicilelieuoùonl’avaitmis11.»Lelieuqu’ildésignebiensûr,c’est leSépulcre,unendroitréservéauxmortsetnonaux vivants ! Luc, à son tour, évoque cemême instant où les

saintes femmes ébahies constatent que le tombeau est vide !Deuxanges,assisàlatêteetaupied,telsleschérubinsveillantsur le propitiatoire de l’arche sainte12, leur déclarent :« Pourquoi cherchez-vous le Vivant parmi les morts13 ? » LaphraseexactecolportéeparlatraditionjuiveausujetdeMoïseet Aaron s’adressant à Pharaon ! Car Il est vivant celui quidéclareàMoïselorsdelathéophaniedubuissonquesonnomest«Jesuisceluiquisuis14»,EhyehasherEhyeh,enhébreu.LaguematriadeEhyehest21cequicorrespondàlasommedesinitialesdestroispatriarches:alefquivautunpourAbraham;Yud qui vaut dix pour Jacob et pour Isaac ! C’est bien « Jesuis»,leDieudeleurspères,quiestdescenduavecMoïsepourlestirerdesenfersoùl’esclavagelesavaitrelégués!

Cependant, Pharaon qui détient les clés de leur geôle n’aaucune intentiond’obtempérer.Etmême, il s’emploie à rendrepluspesantleurjoug:«Qu’onalourdisseletravaildecesgens,qu’ils le fassent et ne prêtent plus attention à ces parolestrompeuses15. » L’ambassade a échoué. Mais la situation desHébreux s’en trouve modifiée, car il importe pour Pharaond’étoufferdansl’œuftouterébellionnaissante.Aussidécide-t-ilde rendre plus pesant encore le joug du servage afin dediscréditerMoïseetAaron.Pourobtenirlapaillenécessaireàlafabrication des briques, qu’ils aillent eux-mêmes ramasser lechaumedansleschampsetqu’ilslehachent16!Pourautant,onne diminue pas la quantité de briques exigée. On frappe lesscribesdes Israéliteschargésd’encadrer leurs frèresafinqu’ilsaugmentent les cadences. « Vous êtes des paresseux, desparesseux, voilà pourquoi vous dîtes : Nous voulons allersacrifier à Yahvé17 » éructe le tyran en les renvoyant sansménagement.Aussi lesHébreux se retournent-ils contreMoïseetAaron:«VousnousavezrendusodieuxauxyeuxdePharaon

(…). Vous leur avez mis l’épée en main pour nous tuer18. »Jamais la situation du peuple n’a été aussi critique. MoïsedemandedescomptesàDieuquinefait rienpourdélivrersonpeuple, bien au contraire19 ! Et Yahvé de répondre qu’il fautd’abordatteindreunparoxysmepourque son intervention soitsanséquivoque:«Unemain-forteobligeraPharaonàleslaisserpartir,unemain-fortel’obligeraàlesexpulserdesonpays20.»

Pourquoi répéter deux fois «main-forte », yad’hazaqa enhébreu,sinonparcequenosdeuxmainsensembletotalisentdixdoigtsetquec’estparle«doigtdeDieu»queladélivranceauralieu moyennant les dix plaies d’Égypte ? En effet, le poidssémantique de yad’hazaqa, la main-forte, est de 184 qui serésoutà8.Cechiffreévoquel’AlliancedelaCirconcisionmaisaussilehuitièmejouroùparaîtraleMessie,l’EnvoyéqueMoïsepréfiguredans samissiondedélivrance.Lesdixplaies agirontcommelesdixdoigtsdeDieufaçonnantunmondenouveauenoppositionàl’universmortifèredel’Égypte.Sipardixparoles,Dieu a créé lemonde (à dix reprises laGenèse scande«Dieudit»,vayomerElohim21),pardixparolesquisontlesdixplaies,Dieuvajugerl’ÉgyptelaquellesymboliseunmondedontDieuest exclu. Enfin, par dix paroles au Sinaï, Dieu façonnera unmonde nouveau, les Juifs désignant les Dix CommandementsparAsseretHadibrot,littéralementlesdixparoles22.Aupremierchef, les dix plaies ont une vocation thérapeutique. Avant dereconstruire, il faut d’abord faire table rase de la Parole« dévoyée du commencement23 ». C’est pourquoi la traditionjuivesoulignequelemotPessah,quidésignelaPâque,peutsedécomposerenPé(labouche)etSah(parle),autrementdit«labouchequiparle»,laparolelibéréedesentravesdunon-sens.

À y mieux regarder, les dix plaies ne forment pas unensemble monolithique. Seule la dixième – la mort des

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l’abondance comme au dénuement34. » « Cherchez d’abord leRoyaumeetsajustice,ditJésus,ettoutlerestevousseradonnéparsurcroît35.»C’estpourquoi,enhommageà lamunificencedivine, chaque famille juive fêtant la Pâque, sur la nappeimmaculée qui drape la table familiale, pose sa plus bellevaisselleetsonargenteriequineserventqu’àcetteoccasionafind’honorer la nuit « qui dépouilla les Égyptiens pour enrichirIsraël », comme le proclame l’Exultet pascal qui inaugure laveilléechrétienne!

Lorsque le père de famille israélite revêtu du kittel de linblancprésideleSéderpascalauseindesonfoyerdanslanuitdu 14Nisan, il a enmain uneHagada, récit de la Pâque quidécritpasàpaslesquinzeétapesdelasortied’Égypteafind’entransmettre le legsà lagénérationsuivante.C’estunmomentàla fois empreint de solennité et de simplicité.Àmi-chemin, ilentonne une grande anaphore où il fait mémoire de tous lesbienfaitsdontIsraëlestredevableauSeigneuraucoursdecettenuit des nuits. Il rappelle que parmi tous ces miracles figureaussiceluidudonde l’oretde l’argent :«S’ilavaitmassacrélespremiers-nésdesÉgyptienssansnousdonner leur richesse,cela nous aurait suffi36 ! » Et toute la famille reprend«dayenou»,celanousauraitsuffi !Dépouiller l’Égypte,c’estarracherauserpentlesrichessesenquoiilseconfie.Justeretourdeschoses:«Dieuoul’Argent»,ditJésus37.C’estpourquoilavictoire de Dieu est toujours une victoire sur l’idolâtrie del’argent qui nous retient esclave de nos concupiscences etnourritenretournotreavarice.

Nousdevrionsnousensouvenirànotretourlorsqu’unzèlemal éclairé vise à mettre au rebut les précieux ciboires et lesriches ornements sacerdotaux pour les remplacer par desgobelets de terre cuite et des aubes mal ajustées ! Agir ainsi,

c’estméconnaîtreprofondément l’espritde laPâque.Quand leSeigneurnousinviteaubanqueteucharistique,c’estentantquefilsdansleFilsuniqueetc’estlaroyautédenotrebaptêmequ’ilvient servir, que nous soyons pauvres ou riches. À ce titre, leCuré d’Ars, saint Jean-Marie Vianney – célèbre pour sonextrême frugalité et qui vivait fort chichement – s’étaitnéanmoinsfaitfairedesuperbesornementssacerdotauxafinquelaliturgiesoitsibellequ’elledonneàsesparoissiens,etsurtoutauxplusdémunis,unavant-goûtduCiel!«Labeautésauveralemonde»,disaitDostoïevski.Labeautédessignesnousaideeneffet à pénétrer intuitivement le mystère pascal pour jouir duSalutqu’ilréalise.

1.Ex12,40.2.Gn15,12-16.3.Gn12,2-3.4.Gn15,17.5.Gn15,19-20.6.Gn15,13.7.Gn15,14.8.Gn15,9.9.D.SAADA,Lepouvoirdebénir,op.cit.,p.170à173.10.Gn15,14.11.Ex3,21-22;Ex11,2;Ex12,35-36.12.Mt7,7.13.Biblechrétienne,vol.1,Commentaires,AnneSigier,1989,p.219.14.Ps105,37.15.Origène,Pitra,III,210.16.Hb11,26.17.Ps105,45.

18.Ex11,3.19.Ps121,4.20.Ex11,4-5.21.Ex4,22-23.22.Gn1,4.23.Ex12,29.24.Ex11,7.25.Ex12,30.26.Ex10,28.27.Ex12,33.28.Ex12,31-32.29.Ex12,35.30.Ex3,21-22.31.Ex25,3-5.32.Ex25,2.33.Ex32,1-5.34.Ph4,12.35.Mt6,33.36.Rituelcommenté,LaHagadadePâque,Colbo,1993.37.Mt6,24.

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petitetvotregrosbétail,commevousl’avezdemandé,partezetbénissez-moi, moi aussi13. » Curieuse cette demande debénédictionadresséeàsavictimedelapartdubourreau!N’est-elle pas l’aveu de reconnaissance de la royauté de Yahvé surtoute créature de la part de celui qui prétendait ne pas leconnaîtreseulementquelquesmoisplustôt14?

MoïseetAarons’empressentaussitôtdedonner l’ordredudépart.Outreleschariotsoùl’onaentasséàlahâtetoutcequel’on pouvait, les Israélites portent, sanglés sur leurs dos, leurshuchesàpaindanslesquellesilsontserrélesmatzotcuitesàlava-vite15.Voilà toutes lesprovisionsdont ilsdisposentpour laroute…

C’estenmémoiredecettepâqueaccomplieàlahâtequelesIsraélites aujourd’hui encore à l’approche dePessah nettoientleur maison de fond en comble pour en éliminer toutes lesmiettesdepainlevéquipourraients’ytrouver.Carilsontreçul’ordredenepasmangerdepainlevédeshuitjoursquedurelafête16.Eneffet,lelevainsymbolisenotreêtregonfléd’orgueilàl’instar de Pharaon. Afin d’aider les enfants à comprendre lasymboliquedes azymesd’humilité nécessairespour célébrer leSederPascal,lepèredefamillecache,laveille,dixboulettesdepainordinairedansunpeudepapier d’aluminium.Puis,munid’unebougieallumée,ilconvoquesamaisonnéequipartàleurrecherche.Lesplus jeunessepiquentau jeu,affairésà trouverlesdixboulettescommeoncherchelesœufsdePâques!Quandonadébusquélesdix(cechiffreétantceluidelamultitude),onles fait brûler afin d’être quitte du levain qui pourrait avoiréchappéàlafouille.Cerites’appellelarecherchedehametz17.Jésuss’enfaitl’échoauprèsdesesdiscipleslorsqu’illesmetengardecontre la suffisancedesPharisiensqui le toisent tout enlui tenant des discours doucereux : «Méfiez-vous du levain –

c’est-à-dire de l’hypocrisie – des Pharisiens18. » Saint Paul, àson tour, y fait référence en admonestant les Corinthiensvolontiers querelleurs : « Célébrons la fête, non pas avec duvieuxlevain,nidulevaindemaliceetdeméchanceté,maisavecdesazymesdepuretéetdevérité.»Etdeconclure:«Purifiez-vous du levain pour être une pâte nouvelle, puisque vous êtesdesazymes19.»Enconséquence, lepaineucharistiqueestune« pâte morte », ainsi désignée par les boulangers car elle necomporte que de la farine et de l’eau, à l’exclusion de toutlevain qui la mettrait en travail. C’est dire que figurer lesespèces eucharistiques par une généreuse miche de pain biendoréeetbiengonflée,flanquéed’unecoupedevin,relèved’unnon-sens théologique dont pourtant certains magazines, mêmechrétiens,nesepriventguère!Pâqueestdoncindissociabledupainazyme.

Moïseafaitpasser lemot: tout lepeupledoitconvergeràPi-Ramsès, la ville nouvelle en construction pour embellir etagrandir Avaris, capitale de la Basse-Égypte située dans uneboucle du Nil, à l’embouchure du delta. « Six cent millehommesdepieds,sanscompterleurfamille20»,préciselelivredel’Exode.Sil’onajoutelesépousesetlesenfants,onatteintaisément deuxmillions de personnes !D’autant que l’Écriturepréciseques’adjoignitàeuxla«foulemêlée21»,erevrav,detous ceux qui prirent le train en marche pour échapper à laservitude qui pesait également sur eux, gens de toutesnationalitésetcroyances.Le toutaubeaumilieudu tohu-bohudes bêlements et des meuglements émis par les immensestroupeaux invités à prendre part à la transhumance… Jamaisspectacle aussi surprenant ne se vit tandis que l’aube pointait.CarIsraëlnedevaitpass’enfuirdenuitcommeunvoleur,maisausuetauvudel’universentier.

Ainsi, le jour se lève à peine quand l’immense caravanes’ébranleàlasuitedeMoïseetAaron.Elleprendladirectiondusud-est,versSukkot22.Lalogiqueauraitvouluqu’elleprennelaroutedupaysdesPhilistins,plusprocheetplusdirecte23.MaisDieusaitqu’elleestaussi laplusdangereusecar lesPhilistinsnevontpasvoird’unbonœilpareilleinvasion!Ilscombattrontcertainement cette foule mal aguerrie qui, « à la vue descombats, pourrait se repentir et retourner en Égypte24 ». Dieuadopte donc une stratégie alternative qui consiste à leur fairefaire un détour par la mer des Joncs, Yam Sûph en hébreu,improprement traduite par mer des Roseaux. Au milieu ducharivari bruyant et chaotique, Moïse a pris soin d’insérer lecharroiportantlesarcophagecontenantlesossementsdeJosephselon levœuexpressémisà samortpar lepatriarche :«Dieuvousvisitera,alorsemportezd’icimesossementsavecvous25.»

Le Midrash raconte que Moïse, la nuit précédente, unflambeau à la main, vint au bord du Nil à l’endroit où leprécieux sarcophage de porphyre avait été enseveli. CommeC’étaitlacoutumepourleshérosdontonnevoulaitpasquelesommeiléternel fut troublé,onavaitdétourné l’undesbrasdufleuveafindecreuserunefossesiprofondequenul,unefoisleseaux revenuesdans leur lit,nepourrait jamaisplus l’atteindre.Par ailleurs, on disait aussi que Joseph avait enfoui, sous unobélisquesituésurlariveopposée,unimmensetrésoraccumuléà la suite de la vente du blé au temps de la disette26. Or, unbrigand impie, un certain Korach, vint cette même nuit del’Exodedéterrercetrésorafindel’emportersecrètementlorsqueIsraël quitterait l’Égypte.Tandis qu’avec touteune troupe à sasolde ilcreusaitavidementsous l’obélisque,Moïse, sur l’autrerive, d’une voix sourde appelait Joseph. À son appel, lesarcophagetoutruisselantmontadoucementdesprofondeurset

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cataclysme,àsavoirl’océanAtlantique.En supposant d’unepart, la surrectionduTibet, avecpour

conséquence de vider l’océan Scytique occupant l’Europe etl’Asie centrales, ses eaux se déversant brusquement à l’ouestverslaMéditerranéeetl’Atlantique,etd’autrepart,àlamanièrede deux plateaux de balance, l’effondrement de l’Atlantide etdes douze îles connexes au cœur de l’Atlantique, on pouvaitadmettre que le récit recueilli par Platon éclairait d’un journouveaulesbouleversements terrestresetmaritimesrelatésà lafois dans le voyage des Argonautes et la traversée de la merRougeparlepeuplejuifdanslanuitdu2au3avril1226avantJ.-C. conformément au comput établi par Fernand Crombette.Ce gigantesque cataclysme, tel que la terre n’en a plus connudepuis,permetdecomprendre lamécaniquequiauraitconduit,cette fameusenuitde l’Exode, l’actuellemerRougeà sevidercomme une simple bassine, mettant à jour des hauts-fonds,bordésdepartetd’autrepardeslagunespeuprofondes,cedonttémoigne le textebiblique :« Ilmit lamerà sec, et toutes leseauxsefendirent.LesIsraélitespénétrèrentàpiedsecaumilieude lamer et les eaux leur formaient unemuraille à droite et àgauche6.»Laremontéedeseauxsurl’ordredeMoïsenesefitpas lentement mais bien comme un tsunami d’une hauteur etd’une force inimaginable, contrecoup de l’effondrement del’Atlantideetdelasoudainevidangedel’océanScytiquevenantgonflerleseauxdelaMéditerranée.LesÉgyptiensd’ailleursontappelélamerRouge,Shari,lamerduchoc,marispercussionisenlatin.L’isthmedeSuezaétésubmergéet«lagrandemer[àsavoir la Méditerranée] a pénétré dans la mer Rouge en ungigantesqueraz-de-marée»,déclarela traditionjuive7.Quantàl’isthmedeGibraltarquiunissaitl’Espagneàl’AfriqueduNord,il s’en trouvaviolemment fracassé,mettantencontact leseaux

de la Mare Nostrum avec celles de l’océan Atlantiquejusqu’alorsséparées.

Parailleurs,ilsetrouvequelevoyagedesArgonautesportela trace de ces mêmes faits. Jason et ses compagnons étaientpartisdeGrècesurunegalèredel’âgedebronzeafindeparveniren Colchide où se trouvait la fameuse Toison d’Or. Médée,éprise du héros, la lui remit pour lui permettre de reprendrepossessiondutrônedesonpèrequesononcleavaitusurpé.Or,le récit de ce voyage à l’aller, vers la Géorgie actuelle, necoïncidepasaveclarouteduretour.Levaisseau,baptiséArgo,décritplutôtunevasteboucledanslesensinversedesaiguillesd’unemontreet rentrepar lenordde l’Europeen longeant lescôtes de l’Angleterre, la France et de l’Espagne, parvenant àrejoindre la Grèce par une voie qui jusqu’ici était fermée, àsavoir le détroit de Gibraltar juste ouvert ! Le récit mythiqueattribue l’exploit de cette ouverture à Hercule, compagnon deJason tout au long du périple, d’où le nom de Colonnesd’Herculedonnéencoredenosjoursàcepassage!Sicedétroitavait été ouvert auparavant, on comprendmal pourquoi on enaurait attribué la paternité à l’illustre Héraclès ! D’autre part,pour effectuer cette grande boucle en bateau d’est en ouest, ilfallaitnécessairementquel’océanScytiquefûtencoreàsaplaceau centre de l’Europe encore quelques semaines auparavant.Disparu depuis, il a fait dire aux historiens que le voyage desArgonautesrelevaitexclusivementdumythe!

Restaitàsavoirpourquoiuntelbouleversementavaiteulieuet avec une telle soudaineté. En une nuit, l’Atlantide avait étérayée de la carte et l’océan Scytique entièrement vidé. LamerRougemise à sec et l’Égypte à jamais bouleversée.Demême,Gibraltarouvert,maislesAmériquesdésormaisinaccessibles,ondevrait attendreAmerigoVespucci etChristopheColombpourqu’elles retrouvent leur droit de cité planétaire. C’est alors

qu’Étienne Broëns trouva dans l’ouvrage de l’Américain I.Velikovskyune idéemaîtresseexpliquant lescausesplausiblesdecesévénementscataclysmiques8.L’originenepouvaitrésulterquedupassaged’uneplanèteàproximitédelaterreprovoquantundésordregravitationneltelqu’ilauraitmodifiénonseulementl’axedespôlesetdoncl’orbitederotationterrestre,maisattiré,tel un énorme aimant, la masse terrestre provoquant unedistorsion spectaculaire de sa croûte et la surrection desmontagnesaupointleplusrapprochédesonpassageainsiquel’effondrement corrélatif des zones maritimes opposées,déclenchantungigantesque tsunamiet l’apparitiondevolcans,dont certains en pleine mer. Ainsi, la cause de tous cesbouleversements ne pouvait venir que du ciel ! Cet astre avaitnomVénus,lacomèteerranteàqueuedeserpent,devenueparlasuite la cinquième planète du système solaire. En effet, lesanciensastronomesneréférençaientquequatreplanètesvisiblesà l’œil nu : Saturne, Jupiter, Mars et Mercure. L’astronomiebabylonienne, universellement fameuse, avançait que ce n’estque tardivement que la fantasque Vénus vint se joindre à sespairs. Les peuples les plus divers tout autour du globeaffirmaientégalementquetouslescinquanteans,unastrerouge,doté d’une chevelure ou d’une queue composée de serpentsrougeoyants, s’approchait dangereusement de la terreprovoquantdescataclysmesquel’ontentaitdedétournerpardessacrificeshumains.Onlasurnommait«l’étoiledumatin».PourIsraël, sa survenue coïncidait avec l’année jubilaire inauguréeparYomKippour,autrementappeléleJourdesExpiations.Onyenvoyait un bouc émissaire au désert, chargé des fautes dupeuple confessées sur sa tête par le grand prêtre et là onl’abandonnait audémonAzzazel,maîtredes lieux.Azzazel estl’un des noms de Satan, tout comme Lucifer, l’ange porte-

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excédéequilecerne,illance:«Écoutez-donc,rebelles,ferons-nousjaillirpourvousdel’eaudecerocher33?»Latensionestàson comble. «Moïse lève lamain et avec le rameau, frappe lerocherpardeuxfois:l’eaujaillitenabondance34!»

Lemiracledel’eauvientd’avoirlieu!Toutestbienquifinitbien!Mais tellen’estpas lasuitedurécit !Toutaucontraire.C’est à cette occasion queMoïse etAaron seront disqualifiéspour faire entrer le peuple dans la Terre promise ! « Puisquevousnem’avezpas cru capabledeme sanctifier auxyeuxdesIsraélites,vousneferezpasentrercetteassembléedanslepaysquejeluidonne35.»Lasentencedivineestsansappelettoutàfait incompréhensible à nos yeux. Le peuple est rétif, il metDieu à l’épreuve et voilà queMoïse et Aaron paient les potscassés!Enquoiconsisteleurfautepourêtreinexpiable?

Deux indices textuels viennent à notre aide pour nousdonnerlesclefsdecemystère.Toutd’abordDieuarecommandéàMoïseetAaronde«dire»aurocherqu’ildonneseseaux36.Leverbeemployéiciapourracinedabar, laparole/événement,la parole efficace de Dieu qui fit la création en dix paroles !Quantau rocher,«ce» rocherprécisément, ilne s’agitpasden’importe quelle grosse pierre hérissant le désert de Cadès !C’est Dieu lui-même dont le psaume confesse : « Car monrocher,monrempartc’esttoi,Yahvé,pourtonnom,guide-moi,conduis-moi37!»Dèslors,pourquoiMoïseneparle-t-ilpasauSeigneurfaceàface?Pourquoinereconnait-ilpasenluilerocsurlequels’appuyerpourquesafoinechancellepas?D’autantqu’aumomentdelefrapper,ils’yreprendàdeuxfois!N’est-cepas là la preuve que le doute a envahi son esprit, raison pourlaquelle il adû frapperune seconde fois afind’obtenir cequeDieuétaitprêtàdonnerdèslepremiercoup38.

Lerocherseditsélakenhébreu(samek,lamed,yain)quise

résoutà7,lechiffredureposenDieu.SaintPaulvoitenluilaprésencemêmeduChristqui,souscetteapparence,étaitprésentlors des pérégrinations des Israélites dans le désert. « IlsbuvaienteneffetàunrocherspirituelquilesaccompagnaitetcerocherC’étaitleChrist39»,affirmel’apôtredesnationsdanssapremièrelettreauxCorinthiens,euxaussiindocilesauxmotionsdel’Esprit.

Siledoutes’estintroduitdanslecœurdeMoïseetd’Aaron,c’estquel’orgueil,insidieusement,lesaenflésdeprésomption.Ils se sont placés au-dessus du peuple dont ils ont reçu lacharge.Àleursyeux,Dieunepeutpasobéiràcesrebelles!Ilnepeut pas répondre au mal par le bien ! Or ce désert, que lepeupletraverse,s’appelleaussiledésertdeCadès40,quis’écritquf,dalet,shin enhébreuetdésigne la sainteté, celledeDieunaturellement. Et en quoi consiste la Sainteté de Dieu sinondans le fait qu’Il pardonne aux pécheurs et qu’il est le seulcapabled’aimerl’ennemi!Endoutantdelamansuétudedivine,MoïseetAaroninduisentdansl’inconscientduPeupleéluqueDieu est justice et rigueur et que c’est par la pratiquescrupuleuse de la Loi que l’homme se sauve. Ils nient par làmêmequetoutestgrâcepuisquelaLoiest impuissantedufaitdupéchéquigouvernelesfilsd’AdamdepuislaChute.

Saint Jean explicite ce mystère d’iniquité en évoquant lapassion du Christ : « Venus à Jésus (il parle des soldatsromains) quand ils virent qu’il était déjà mort, ils ne luibrisèrentpas les jambes,mais l’undessoldats,desa lance, luiperçalecôtéetilsortitaussitôtdusangetdel’eau41»,afinquesoient accomplies les prophéties d’Ezéchiel, Zacharie et Isaïeselon lesquelles « de son sein jailliront des fleuves d’eauvive42.»Et saint Jeandeconclure :« Jésusparlaitde l’Espritquedevaientrecevoirceuxquiavaientcruenlui43.»Ceseaux

quisontEspritetVie,cesontcellesdubaptêmeparlesquelles,notamment chaquenuit dePâques, l’Église enfantedes fils deDieuàpartirdesfilsd’Adamrebellesquenoussommes.C’estpourquoisaintLéonLeGrandsuggèrequecettepierredurequisefendmalgrétoutsousl’effetd’uneparoleetdescoupsportésparlerameaud’Aaron,préfigurationdelaCroixduChrist,estl’image de notre humanité prisonnière de l’égoïsme pourlaquelle se réalise la prophétie d’Ezéchiel qui consiste pourDieuàtransformer«notrecœurdepierreencœurdechair44».Ainsi,parcestroisdéserts,Shur,SînetRephidim/Cadès,Dieuamis le peuple face à lui-même, lui permettant de toucher dudoigtsoningratitude,soninfidélitéetsonincrédulité.MoïseetAaron, qui se croyaient au-dessus du lot, l’ont aussi appris àleurs dépens.Tel est lemérite du désert de la soif :mettre aujourlaracinedecettesoifquinousdévoredepuisAdamafindecreuser en nous le désir du Christ envoyé par le Père pourl’étancher ! En outre, s’il est une leçon à méditer, c’est qu’ilconvient de « parler » au rocher plutôt que de le frapper !Enclair,ilrevientàl’annoncedelaBonneNouvelledetransformerlecœurdel’hommeplutôtqu’àlaviolencedeleconvertir!Onnesauraitchangerlecœurdepierreencœurdechairparl’épée.Cequidisqualified’embléetouslesfondamentalismesetautresdjihadismes.Croireestaffaired’amouretdeconfiance,nondecontrainte et d’anathème. Moïse et Aaron l’ont appris à leur«cœur»défendant!

1.Ex15,1-2.2.Ex15,20-21.3.Nb23,19.4.Ex15,22.5.Os2,16-17b.

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femmes, les enfants, les vieillards, les malades, tiennent lalanterne rouge. Amaleq fond sur ces derniers à Rephidimscindant le convoi en deux4. Moïse comprend qu’il fautcombattrededeuxfaçons:parlesarmesaveclefougueuxJosuéetparlaprièreens’adjoignantlesoutiend’Aaron,leprêtre,etd’Hur, prince de la tribu de Juda, l’époux de Myriam,représentant toute la communauté. Tandis que dans la plaine,Josué se démène avec ses hommes, au sommet de la collineMoïse lève lesmains,sesbrassoutenusparAaronetHur.Dèsque,parlassitude,Moïselaisseretombersesbrasetquefléchitsonintercession,Amaleqaledessus.AaronetHur,inquietsdusortdesarmes,prennentalorsunepierreetlamettentsouslui5,sibienquesesbrasensontaffermisjusqu’aucoucherdusoleil.EtJosuévaincAmaleqaufildel’épée6.

Cet épisode est emblématique du combat de tout chrétien.Amaleq est la figure du démon et c’est Jésus/Josué qui luttecontreluiavecl’épéedelaParoleetleboisdelaCroix.Àcetégard,surlacolline,Moïse(laParole),Aaron(laLiturgie),Hur(la Communauté) forment un tripode appuyé sur la pierre,l’ÉglisefondéesurCéphas7,Pierre,leprincedesApôtres.Etàchaque fois que le trio se dissocie, Amaleq a le dessus. Àchaque fois qu’il est soudé, Jésus l’emporte ! Amaleq est lafigure du Prince de cemonde qui agit en faisant levier sur lasuffisancedel’hommecoupédeDieuetlivréàlaconvoitisedel’argent pour tenter de donner sens à sa vie. C’est pourquoil’Exode précise : « Yahvé est en guerre contre Amaleq degénérationengénération8.»C’estluiquis’engageàeneffacerlamémoirededessouslescieux9,pourpeuqueMoïse,AaronetHursoutiennentparlaprièrelecombatdeJosuéquin’estautreque le combat de la Foi contre l’incrédulité dont Amaleq estl’artisaninfatigable.

Sitôt cet épisode révolu, voici qu’une autre surprise attendMoïse. Jéthro son beau-père, prêtre deMadiân, ayant entenducolporter le récit des miracles survenus lors de la sortied’Égypte,décidederejoindresongendreenluiramenantfemmeetenfants10!Danscepassage,ilestfaitmentionpartroisfoisdeTsipora,GershometÉliezer, comme si Jéthro s’efforçait derappeler Moïse à ses devoirs familiaux. Quelque grande quepuisse être sa mission, elle ne saurait le dédouaner de sesresponsabilitésenverssesproches.Leçonàméditer…

Les sages affirment que Jéthro, devant les hauts faits duDieu de Moïse, en était venu à penser que le culte rendu àl’idole de Madiân était vain11. C’est donc en prosélyte qu’ilrendvisiteàMoïsecarDieuagréetoutcœurquivientàlui,d’oùqu’ilvienne.LeMidrashrapportequ’enpénétrantdanslecamp,quoiqu’il fûtmidietque lesoleildardâtses rayons, lamanne,comme pour adouber Jéthro, se mit à tomber devant les yeuxmédusés des soixante-dix anciens qui entouraientMoïse. Elleétaitsiabondantequ’elleauraitpunourrirtouslespeuplesdelaterre, allégorie eucharistique en filigrane dans ce récit ! ElleprophétiselaconversiondesnationsauDieuunique,dèsavantledondelaTorahàMoïse!Eneffet,cen’estpasl’observancetatillonne de la Loi qui sauve l’homme12, même si la Loi estsainte puisque, en tant que pédagogue, elle procure laconnaissancedupéché13,maiselleneconfèrepaslepouvoirdes’ysoustraire14.

La « conversion » de Jéthro se manifeste par une belleprofession de foi publique : « Béni soit Yahvé qui vous adélivrésdelamaindesÉgyptiensetdelamaindePharaon,quiadélivré lepeuplede lasujétionégyptienne.Maintenant, jesaisque Yahvé est plus grand que tous les dieux15. » Elle separachève par l’offrande d’un sacrifice et d’un banquet

liturgiqueauquelparticipentMoïseet lessoixante-dixanciens,«enprésencedeDieu16 ».Onne sauraitmieux faire !Dès lelendemain, Jéthro futadmisdans lacompagniedeMoïsealorsque celui-ci rendait la justice au sujet des différends qui nemanquaientpasdesurgirauseind’unecommunautévolontiersquerelleuse. Avec bon sens, il fit remarquer que la tâchedépassait de beaucoup ses forces17 ! Cette centralisation àoutrance allait conduire à l’épuisement de l’un et àl’exaspérationdesautres.Lasolutionconsistaitàdéléguerunepartie du pouvoir en instituant des chefs de milliers, decentaines, et de cinquantaines qui trancheraient les conflitsselonleurimportanceetneluidéféreraientquelesplusépineux.Lapaixsocialeétaitàceprix.MoïseécoutaenJéthrolavoixdela sagesseetorganisa lepeuple selonsonconseil.Aprèsquoi,Jéthros’enretournachezlui18.

Ayantapprisà luttercontreAmaleqmaisaussiàécouter lasagesse des nations en la personne de Jéthro, les Israélitespartirent de Rephidim et atteignirent le désert du Sinaï où ilscampèrent, face à la montagne19. Le Midrash rapporte quel’Hermon, leCarmel, etmême lemontLiban avaient brigué leprivilègederecevoirsurleurcimelacouronnedelaTorah.Maisl’ÉternelleurpréféraleSinaï,seulaumilieududésert,commeIsraëlestseulaumilieudesnations,commeDieului-mêmeestl’Unique parmi le néant des idoles. Conçue dès avant lafondationdumonde,c’estparelleetpourellequel’universfutcréé. C’est pourquoi, « le Ciel et la terre passeront mais mesparolesnepasserontpoint20»,affirmeJésusquiseveutlaTorahaccomplieetdontMoïsen’estquelecommencement.

LessagesracontentaussiqueDieu,parsoucid’équité,avantdedonnerlaTorahàIsraël,laproposaauxautrespeuplespourvoirsi l’unoul’autrevoudraits’encharger.Il laprésentadonc

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ÉgyptienssinonqueYahvéestplusméchantqu’euxetquec’estpar cruauté qu’il a fait sortir les Hébreux pour mieux lesexterminer24. Et si ce n’est pas par égard pour sa propreréputation,queDieusesouvienneaumoinsdelaparolejuréeàAbraham,IsaacetJacobdemultiplier leurpostéritécommelesétoilesduciel25.L’argumenttoucheYahvéaucœurquirenonceauchâtimentenvisagé.

Cependant, redescendu au camp, Moïse à son tour, auspectacleduveaud’or et desdansesorgiaques, s’enflammedecolère et jetant de sa propre main les tables de saphir, il lesfracasseaupiedde lamontagne26.Toutefois,avantqu’ellesnetouchentlesol,leMidrashaffirmequelescaractèresgravésparle doigt de Dieu s’envolent comme des myriades d’oiseauxéchappésde leurcagepour rejoindre lesaphir limpideduciel.Quant aux tables, elles volent en éclat, pulvérisées au contactd’uneterresouilléeparlepremieradultèredupeupleenverssonDieu.Car le secondcommandementqui interdit l’idolâtrie faitfaceauseptièmequiinterditl’adultère!Disposésenmiroir,ilss’éclairentl’unl’autre.

Moïse se rue sur le veau d’or, le brûle et le réduit en unepoudre si fine qu’il peut, l’ayantmélangée à de l’eau, la faireboire aux Israélites27. Il s’agit là d’une ordalie destinée àmanifester laculpabilitédesunsetdesautres.Cejour-là, troismillehommestombèrentsousl’épéedesfilsdeLévi(vingt-troismille selon laVulgate), lesquelsavaientpris fait et causepourYahvé,qui,auprixdesonfils,oudesonfrère28.Paul,écrivantaux Corinthiens, évoque ce passage : « Ne forniquons pas,commelefirentcertainsd’entreeux:etilentombavingt-troismille en un seul jour29. » Les chiffres peuvent varier,l’hécatombe est certaine et elle devrait nous avertir en notreépoque«pan-sexuelle»quiimposedèsleplusjeuneâgecette

problématique à travers la théorie du Genre à l’école, souscouvertd’«abécédairedel’égalité»entregarçonsetfilles.

Moïse remonta sur le Sinaï pour y recevoir à nouveau lestables de la Loi. Il s’assit là, devant le Seigneur qui lui avaitordonnédevenirseulchargéseulementdesdeuxtablesdepierrevierges qu’il devait auparavant tailler dans le granit30. Dieugraveraitlui-mêmelesnouvellestables31.Hélas,ellesn’auraientplus la légèreté du saphir car elles n’appartiendraient plus auciel.Ellesauraientaucontrairelapesanteurdelaterreetellesserévéleraientunjougimpossibleàporter.

Moïserestaquarantejoursetquarantenuitsdanslejeûneetlaprière,selaissantinstruireparDieu.Demêmedanslecamp,le peuple, sous la houlette d’Aaron, fit pénitence. « Quand ilredescendit du Sinaï portant les deux tables du Témoignagedans sa main,Moïse ne savait pas que la peau de son visagerayonnaitparcequ’ilavaitparléavecDieu32.»Àcettevue,lesIsraéliteseurentpeur.AprèsleuravoircommuniquétoutcequeleSeigneurleurcommandaitdefaire,«Moïsemitunvoilesurson visage33 » afin de leur cacher l’instant où l’éclat divins’évanouissait en sorte qu’ils conservent la crainte deDieu etqu’ellelesgardedepécher.DèsqueDieuparlaitànouveauaveclui,l’éclatseravivaitetMoïseôtaitalorslevoilepourcontinuerd’impressionner ses coreligionnaires34, afin qu’ils semontrentdociles à la voix du Seigneur qui les instruisait, par sonintermédiaire,aubénéficedetoutel’Humanité.

La tradition juive précise que C’était le dix du mois deTishri, au mois de septembre, jour anniversaire du sacrificed’Abraham,queMoïserevintavecles tablesnouvelles, jourdepardonpuisqu’onysonnedushofar enmémoiredubélierquis’étaitpris lescornesdans lebuisson,valantà Isaacd’avoir lavie sauve35. Chaque année, à Yom Kippour en effet, on fait

mémoiredecepardonsurlequelreposelemondepuisqueDieuyaréponduaumalparlebien.Maispourlepécheur,laLoiestpesante commedu granit !C’est pourquoiNietzsche a sommél’humanité de rompre les tables de la Loi afin de revendiquersonautonomiemorale.PuisqueDieuestmort,qu’importentlestables ! Mais pour celui qui entend l’appel du shofar à laconversion,teshouvahenhébreu,alors,aulieud’êtregravés,lescommandements sont liberté puisque, en hébreu, on peut liresoit«gravé»(harout),soit«liberté»(hérout)36!

SaintPaulleditàtempsetàcontretemps.CerteslaLoiestsainte37,mais elle est impuissante du fait du péché qui habitenotre chair et la gouverne à notre corps défendant. «En effet,vouloir le bien est àma portée,mais non pas l’accomplir38. »«Car jeme complais dans la loi deDieu du point de vue del’homme intérieur ; mais j’aperçois une autre loi dans mesmembres (…) quim’enchaîne àma loi du péché qui est dansmesmembres.Malheureuxhommequejesuis!Quimedélivrerade ce corps quimevoue à lamort ?Grâces soient àDieuparJésusChristnotreSeigneur39.»C’estpourquoi leChristn’estpas venu abolir laLoimais l’accomplir !Car laLoi n’est pasaffairedesubjectivité.L’universentierreposesurlaTorah.C’estsa sagessequi régit lesmondes, qui préside à notreADN,quinousmaintientdansl’harmonieetnousempêchederetournerauchaos. Nous pouvons fondre autant de veaux d’or qu’il nousplaira, laTorah subsistera et c’est elle qui nous jugera !C’estpourquoileChristditqu’iln’estpasvenupourjugerlemondemaispourlesauver40.Cefaisant, le jourdelaTransfiguration,sur la haute montagne image du Sinaï, Jésus s’entretient avecMoïse etÉlie de sondépart, c’est-à-dire de sonExodevers lePère41. Son visage, à l’instar de celui de Moïse, devientresplendissantcomme le soleil, et sesvêtementsblancscomme

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9.Ex35,25.10.E.FLEG,op.cit.,p.139.11.Ex38,8.12.Ex36,5-6.13.Ex35,30.14.Ex35,34.15.E.FLEG,op.cit.,p.142.16.Gn6,14.17.Ex2,3.18.Nb25,1et9.19.Ex37,1.20.Ex37,19.21.Ex37,25-29.22.Ex38,8.23.Lc24,11.24.He9,1-5.25.Ps2,1et4.26.Col1,18.27.Jn3,8.28.Ex25à31.29.Ex32à34.30.Ex35à40.31.Ex28,42.32.Ex39,22.33.Ex28,33b.34.Jn18,14.35.Ex28,6.36.Ex28,15.37.Ex28,36.38.He9,11et10,11-14.39.Lc23,45.40.He10,20.

41.He9,24.42.Nb3,4.43.Lv10,1-3.44.Lc9,60.45.Ap1,4.46.Mt18,6.47.Ps1,1.

ChapitreXVIII

Moïseetlagrappe

Partis le 14 Nisan d’Égypte, soit au mois d’avril, lesHébreux arrivent aux avant-postes de la Terre promise l’annéequi suit leur sortie de laMaison de Servitude. Leur séjour audésert a été l’occasion de bien des murmures et de bien desrévoltes.QuittantleSinaïsurlespasdelanuée,ilsabordentaudésert deParân où celle-ci se fixe, le vingt-et-unième jour, dusecond mois de cette seconde année1. L’arche d’alliance lesprécédant,ilsmarchentduranttroisjours,lanuéelesprotégeantde son ombre contre les ardeurs du soleil. Toutes les tribusavancent en bon ordre, chacune derrière ses princes et sonétendard.Cependant, fermant lamarche, figureaussiune foulemêlée, un « ramassis de gens », erev rav en hébreu, qui s’estagrégé au peuple en vue des bénéfices qu’une telle aventurepourrait leurprocurer,pillageetbutin inclus, sans toutefois sesatisfaire des conditions spartiates auxquelles Israël estconfrontédanssamarcheaudésert.Dieudonnelamanne,maiseuxveulentdelaviande2, regrettantàgrandscris« lepoisson,les concombres, lesmelons, les laitues, les oignons et l’ail3 »que l’on mangeait pour rien en Égypte. Sans cesse, ilsrécriminent à propos de tout, occasionnant l’émergence d’uneracine d’amertume qui finit par contaminer toute la masse4,Myriam et Aaron compris. C’est ainsi que ces derniers vontchercher querelle à Moïse au sujet de Tsipora, sa femmeKoushite5.Moïseabeauêtre«unhommetrèshumble, leplus

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pour engloutir Coré et ses alliés, eux, leurs familles et leursbiensdescendanttoutvivantsaushéol17.Àleurscrisdéchirants,toute la communauté sedispersaenun sauve-qui-peutgénéral,chacunfuyantafinden’êtrepasengloutiàsontour.Tous,sauflesdeuxcentcinquanteautresmutinsquirestaientlà,stoïques,dans une attitude de jugement réprobateur contre Moïse etcontreDieu. Alors, « un feu jaillit deYahvé qui consuma lesdeuxcent cinquantehommesporteursd’encens18 ».Aumilieudes braises rougeoyantes et fumantes gisaient leurs encensoirsdebronzechauffésàblanc.DieuordonnaàÉléazar,leprêtrefilsd’Aaron,d’enbattrelemétalpourenrevêtirl’auteldel’encensafinqu’àsavue,lesIsraélitessesouviennentqu’«aucunprofaneétrangeràladescendanced’Aaronnedoits’approcherpourfairefumerl’encensdevantYahvé,souspeinedesubirlesortdeCoréetdesongroupe19».

Onauraitpucroirequelaleçonavaitétéassezsévèrepourquechacunseletiennepourdit.Maislelevaind’iniquitéavaitdéjà fermenté toute la pâte. Si bienque le lendemain, toute lacommunauté,commeunseulhomme,s’attroupacontreMoïseetAaronendisant:«VousavezfaitpérirlepeupledeYahvé20.»Ilnes’agissaitplusseulementd’unhomme,d’unefaction,maisdupeupleentierquis’érigeaitenjusticiercontrelesdeuxfrères,formant ledesseinde les lapider.En réponseà cettemutinerieblasphématoire envers Dieu qui avait permis ces événements,d’un bout à l’autre du camp, une plaie venue de Yahvécommença de décimer les rebelles. Moïse aussitôt intima àAaronl’ordredefairelerited’expiationsurlacommunautéaumoyen de son propre encensoir. Ce dernier,muni de l’encens,s’interposaentrelefléauetlepeuple.Quatorzemilleseptcentsvictimesjonchaientdéjàlesol!Cependant,lestratagèmeopéra.Laplaies’arrêta21.Onavaitfrôlélepire.

Toutefois, il convenait de purger une fois pour toutes lacommunautédel’espritqueCoréyavaitsemé.Moïsedemandadonc à chacun des chefs des douze tribus de venir avec sonmateh,sonbâtondecommandement,symboledesatribu.Aaronsechargead’yécrireleurnometfitdemêmepourlui22.Ensuite,surl’ordredeDieu,illesfichatousdanslesolsecetpierreuxdu désert, devant l’Arche du Témoignage23. Celui quiparviendrait néanmoins à bourgeonner désignerait l’hommechoisi par Dieu pour exercer la prêtrise. On mettrait ainsi untermedéfinitifàlaquerellequidévastaitlacommunauté.Orcefut le rameaud’Aaronquiprit racinecontrairementauxautres.«Desbourgeonsavaientéclos,desfleurss’étaientépanouies,etdesamandesavaientmûri24.»Unamandier, telétait le rameaud’Aaron. L’arbre qui fleurit le premier quand les ramures desautresarbressontencorenoires!Labranchede«veilleur»vuepar Jérémie, par laquelle Dieu se désigne lui-même comme«celuiquiveillesursaParolepourl’accomplir25»!Onplaçalerameaufleuridansl’Archepourquel’espritdeCorénerenaissejamais plus.Coré,Korah en hébreu, signifie « le chauve » ou«leglacé»26.Etdefait,c’estununiverspeléetfroidqueCorévisait à instituer, un retour vers le chaos primordial, le tohûvebohûd’avantlacréationdelalumière,quandlaterreétaitvide(chauve !) et vague (glacée), les froides ténèbres couvrantl’abîme27. Le cousin envieux deMoïse, qui convoite aussi lacharged’Aaron,s’est fait l’instrumentduserpentpourdétruirel’œuvre de salut initiée par l’Exode et le don de la Torah. Eneffet, Dieu a façonné le monde avec sa main de miséricorded’une part, et sa main de justice d’autre part, confiant à lapremière de tempérer les rigueurs de la seconde puisquel’hommen’estquepoussière.MaisCoréveutinverserlerapportafinquelarigueur(din)prédominesurl’amour(hessed).C’est

unedémarche régressivequiauraitpourconséquenced’écraserl’homme sous le poids de son imperfection, tandis que Dieuveut,aucontraire,entraînertoutel’humanitéverslalumièreduMessie.«Situtesouviensdespéchés,imploreledeprofondis,quisubsistera28?»,avantdeconclurequeDieu«rachèteIsraëldetoutessesfautes29».Coré,lui,voulaitquelaloidunombre,que la dictature de la démocratie prive à jamaisDieu de fairegrâceàquibonluisemblealorsqu’ilestl’uniqueàconnaîtrelesvéritables intentions du cœur ! C’est pourquoi Jésus déclarequ’iln’estpasvenupourjugerlemondemaispourlesauver30.

Cependant, la tentation de Coré révélée par cet épisodeassezméconnudesencensoirsdelarévolte,n’apasdisparupourautantavecsonauteur,engloutipar labouchede la terre,elle-mêmesoucieusedenepasencourirlarégressionquilamenaçaità terme et avec elle l’œuvre de foi des Patriarches31. C’estpourquoiilnes’agitpasd’unesimplemutineriefomentéepours’emparerdupouvoir.Ellemenaçait intrinsèquement ledesseindesalutconçuparlePèreetconduitparleFilsdanslavigueurde l’Esprit. Elle visait à tout annihiler dans son mouvementinvolutifverslechaos.Maiselledemeureconstammentprésenteaucoursdessièclessouslaformedesschismesquiontdéchirél’unitédel’Égliseetassombrisonhistoire.Encoreaujourd’hui,ellehantelestenantsd’uneÉglisequidevraitsuivrelemondeaulieu de le guider en illuminant son chemin au milieu desténèbres, enfourchant follement les idées de Coré, prétendantque c’est toute l’humanité, ce sont tous sesmembres qui sontconsacréscarDieuestpartoutaumilieud’eux.Sitelétaitlecas,ilestévidentquel’Églisedevraitdonnerlacommunionàquilaréclame, ordonner les femmes, marier les divorcés et s’alignersur les réformes sociétales de tout acabit aumépris de la LoiNaturellesurlaquelleestfondéelaRévélation.Lalisten’estpas

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moi60.»

1.Nb20,1a.2.Nb20,1b.3.Ex2,4et7.4.Ex15,21.5.Ex15,20.6.P.BEBE,Isha,op.cit.,p.230.7.Jg4,4b.8.Mi6,4.9.Nb20,2a.10.Lc1,28.11.Nb20,2b,5.12.Nb20,8.13.1Co10,4.14.Nb20,10.15.Nb20,11.16.E.FLEG,op.cit.,p.236.17.Jn19,34.18.Jon4,11.19.Jn7,37-39.20.Is30,29b.21.2Sm23,3.22.Is8,14-15.23.É.NODET,op.cit.,p.790.24.Nb20,12.25.Lc23,34.26.Lc12,48b.27.Nb20,19.28.Nb20,20.29.Gn27,41.

30.Gn25,33-34.31.Gn27,40.32.Nb20,22.33.Nb20,23-24a.34.Nb20,26.35.Nb20,27.36.Gn22,7-8.37.Nb20,28.38.Gn3,21.39.E.FLEG,op.cit.,p.241.40.Nb20,29.41.Nb21,4-5.42.Nb21,6.43.Gn3,1.44.Is6,2.45.Nb21,7.46.Nb21,8.47.Nb21,9.48.Sg16,6-7.49.2R18,4.50.Jn12,42.51.Jn3,14.52.Gn2,17.53.Gn3,4.54. Rogier van der WEYDEN, El Calvario, 1455, RealMonasteriodeSanLorenzodeElEscorial.55.D.SAADA,Lepointintérieur,AlbinMichel,p.426.56.Mt25,31et33.57.Mt25,41.58.Sg16,7.59.2Co5,21.60.Jn12,32.

ChapitreXXI

MoïseetlemontNebo

Myriam avait été ensevelie à Cadès, à savoir la sainteté.Aarons’étaitendormiàHorquisignifielalumière.MoïsedevaitfinirsacourseaumontNebo,carainsienadécidéleSeigneurpuisqueaucundestroisenfantsd’Amramn’estautoriséàfoulerlesoldelaTerrepromise1.Enhébreu,Nebos’apparenteànabiquidésigneleprophète.LeLivreduDeutéronome,lecinquièmeet dernier du Pentateuque, s’achève en disant « qu’il ne s’estplus levé en Israël de prophète pareil àMoïse, lui que Yahvéconnaissaitfaceàface2»,fanimalfanim,c’est-à-dire«boucheàbouche».Cetteprécisionsémantiqueévoquel’imagededeuxsoufflesquisemêlent,Dieudéposantsaparoledirectementsurles lèvres du prophète, sans distance, dans une totaleimmédiatetégaranted’uneparfaitefidélitédanslatransmission.C’est pourquoi Israël désigne la Torah comme la « Torah deMoïse»,affirmantqu’ill’atranscriteentièrementsousladictéedeDieu3.

Au terme de cet ouvrage, un constat récapitulatif s’imposeconcernant la vocation propre des trois enfants d’Amram.Myriam,parcequ’elleestfemmeetquesonnomadonnéMarie,prénom de la Vierge-mère et icône de l’Église, incarne lacommunautéquiapourmissiondemanifesterl’amourentrelesfrères. Aaron le prêtre, dont la demeure éternelle est Hor,cristalliselalumièrequis’épancheducieldanslaliturgieetlessacrements.QuantàMoïse, ilrévèlelaforceprophétiquedelaParole,«lampeànospas».Myriam,Aaron,Moïsepréfigurent

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77.Ga3,21b.78.Ga3,1.79.Rm11,32.80.Rm7,15et19.81.Rm7,24-25.82.Hb2,14-15.83.Ex24,7b.84.Jn3,1-2.85.Jn3,5.86.Jn1,23;Is40,3.87.Jn1,14.88.Jn1,12-13.89.Jn7,19.

Tabledesmatières

Avant-propos

ChapitreIMoïseetl’Égypte

ChapitreIIMoïseetl’arche

ChapitreIIIMoïseetlalanguepesante

ChapitreIVMoïseetl’oiselle

ChapitreVMoïseetlebuisson

ChapitreVIMoïseetlebâtondeDieu

ChapitreVIIMoïseetl’âne

ChapitreVIIIMoïseetlesdixplaies

ChapitreIXMoïseetl’ordesÉgyptiens

ChapitreXMoïseetl’agneaupascal

ChapitreXIMoïseetlamerdesJoncs

ChapitreXIIMoïseetl’Atlantide

ChapitreXIIIMoïseetledésert

ChapitreXIVMoïse,lescailles,etlamanne

ChapitreXVMoïseetlestablesdelaLoi

ChapitreXVIMoïseetleveaud’or

ChapitreXVIIMoïseetlaTenteduRendez-vous

ChapitreXVIIIMoïseetlagrappe

ChapitreXIXMoïseetlesencensoirsdelarévolte

ChapitreXXMoïseetleserpentd’airain

ChapitreXXIMoïseetlemontNebo