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Point de mire - 2 - La broderie est l’orne- mentation textile la plus ancienne au monde. Dès que l’homme a su fabriquer une aiguille et du fil, il s’est aperçu qu’il pouvait reproduire n’importe quel dessin : ainsi sont nés les petits points de broderie. Multiples, exécutés avec et sur divers matériaux, il en est de tout particulièrement intéressants, ce sont ceux de la broderie blanche. A l’origine réalisé avec du fil blanc sur une toile blanche, le plus souvent du lin, par la suite ce travail a été exécuté toujours sur un fond blanc mais avec des fils de couleur. Il est donc plus précis de parler de broderie sur blanc, comme le dit Thérèse de Dillmont dans son Encyclopédie des ouvrages de Dames. Ceci dit, ne m’en veuillez pas si je continue à parler de broderie blanche tout au long de ce journal… La broderie blanche, donc, est employée essentiellement en habillement et décoration intérieure. Le trousseau de la jeune fiancée était chiffré et je vous invite à relire le numéro 3 de l’Une et Lin où Sylvie nous explique avec soin le rituel de ce chiffrage. La broderie blanche n’avait pas, elle, un intérêt pratique, mais surtout un indéniable attrait ornemental. Si la petite marque rouge exécutée au point de croix permettait de reconnaître le propriétaire du linge au cours de la grande lessive, les délicates broderies permettaient aux femmes aisées d’affirmer leur rang dans la société, aux femmes plus modestes de montrer leur savoir-faire. Exécuté dans les couvents par les nonnes aux doigts agiles, par les lingères, par les mères de famille, la broderie blanche est confiée également aux jeunes filles riches pour occuper leur temps comme thérapie contre l’inactivité. Ce savoir-faire transmis de mère en fille depuis si longtemps va être bousculé par l’apparition des grands magasins distributeurs et des fabriques de broderie. A la fin du XIXème siècle, on peut alors s’émerveiller, toucher, choisir, acheter, commander ce qu’il faut pour confectionner un trousseau complet au rayon blanc du Bon Marché, de la Samaritaine, du Pauvre Diable, etc. Tous ces magasins se chargent alors de faire broder, de marquer, de livrer soigneusement repassés et pliés ces fameux trousseaux : la vente à distance est née ! Un peu d’histoire Un peu d’histoire Un peu d’histoire Un peu d’histoire Un peu d’histoire Au XVème siècle, les ouvrages de broderie blanche étaient déjà très répandus en Allemagne, mais c’est Isabeau de Bavière, épouse du roi Charles VI, qui introduisit à la cour de France le goût du linge luxueusement brodé. Le musée de Cluny à Paris recèle en ses murs des pièces de linge comptant parmi les plus anciennes broderies blanches françaises. Du XVIème au XVIIIème siècle, dans les pays où l’on cultive le lin (l’Europe du centre et du Sud) et qui le transforment en étoffe d’une qualité incomparable, on voit se développer différentes techniques raffinées. En Allemagne, l’opus teuto- nicum, broderie travaillée ton sur ton sur une fine toile de lin, est destiné à un usage liturgique et réalisé dans les monastères. Il représente des scènes de la passion et des motifs bibliques. Les points ajourés de Dresde, ou points de Saxe, délicates broderies à motifs floraux imitant les coûteuses dentelles belges, ornent mouchoirs, fichus, coiffes, cols, manchettes, nappes d’autel et chasubles. Rêver de blanc… en rouge

La broderie blanche

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La broderie est l’orne-mentation textile la plus ancienneau monde. Dès que l’homme asu fabriquer une aiguille et du fil,il s’est aperçu qu’il pouvaitreproduire n’importe quel dessin :ainsi sont nés les petits points debroderie. Multiples, exécutés avecet sur divers matériaux, il en estde tout particulièrementintéressants, ce sont ceux de labroderie blanche. A l’origineréalisé avec du fil blanc sur unetoile blanche, le plus souvent dulin, par la suite ce travail a étéexécuté toujours sur un fondblanc mais avec des fils de

couleur. Il est donc plus précis deparler de broderie sur blanc,comme le dit Thérèse deDillmont dans son Encyclopédiedes ouvrages de Dames. Ceci dit,ne m’en veuillez pas si je continueà parler de broderie blanche toutau long de ce journal…

La broderie blanche, donc, estemployée essentiellement en

habillement et décorationintérieure. Le trousseau de lajeune fiancée était chiffré et je vousinvite à relire le numéro 3 de l’Uneet Lin où Sylvie nous expliqueavec soin le rituel de ce chiffrage.La broderie blanche n’avait pas,elle, un intérêt pratique, maissurtout un indéniable attraitornemental. Si la petite marquerouge exécutée au point de croixpermettait de reconnaître lepropriétaire du linge au cours dela grande lessive, les délicatesbroderies permettaient auxfemmes aisées d’affirmer leurrang dans la société, aux femmesplus modestes de montrer leursavoir-faire. Exécuté dans lescouvents par les nonnes auxdoigts agiles, par les lingères, parles mères de famille, la broderieblanche est confiée également auxjeunes filles riches pour occuperleur temps comme thérapiecontre l’inactivité. Ce savoir-fairetransmis de mère en fille depuissi longtemps va être bousculé parl’apparition des grands magasinsdistributeurs et des fabriques debroderie. A la fin du XIXèmesiècle, on peut alors s’émerveiller,toucher, choisir, acheter,commander ce qu’il faut pourconfectionner un trousseaucomplet au rayon blanc du BonMarché, de la Samaritaine, duPauvre Diable, etc. Tous cesmagasins se chargent alors de fairebroder, de marquer, de livrersoigneusement repassés et pliésces fameux trousseaux : la venteà distance est née !

Un peu d’histoireUn peu d’histoireUn peu d’histoireUn peu d’histoireUn peu d’histoire

Au XVème siècle, les ouvragesde broderie blanche étaient déjàtrès répandus en Allemagne, maisc’est Isabeau de Bavière, épousedu roi Charles VI, qui introduisità la cour de France le goût dulinge luxueusement brodé. Lemusée de Cluny à Paris recèle enses murs des pièces de lingecomptant parmi les plus anciennesbroderies blanches françaises. DuXVIème au XVIIIème siècle,dans les pays où l’on cultive le lin(l’Europe du centre et du Sud) etqui le transforment en étoffed’une qualité incomparable, onvoit se développer différentestechniques raffinées.

En Allemagne, l’opus teuto-nicum, broderie travaillée ton surton sur une fine toile de lin, estdestiné à un usage liturgique etréalisé dans les monastères. Ilreprésente des scènes de lapassion et des motifs bibliques.Les points ajourés de Dresde, oupoints de Saxe, délicatesbroderies à motifs floraux imitantles coûteuses dentelles belges,ornent mouchoirs, fichus, coiffes,cols, manchettes, nappes d’autelet chasubles.

Rêver de blanc…en rouge

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En Suisse, la broderied’Appenzel, aux impalpablesmotifs en relief brodés auplumetis, est inspirée de labroderie d’Alençon du XVIIIèmesiècle. Elle orne mouchoirs, colset coiffes.

Parallèlement, l’Italie se fait unespécialité des premiers recueils debroderie.

De la fin du règne de LouisXV jusqu’au début du PremierEmpire, le travail en blanc est trèsen vogue en France. Sous leDirectoire, les femmes sontvêtues de longues robes demousseline légère dontl’empiècement est richementbrodé. Eclipsée sous l’Empirepar les luxueux habits chamarrés,la robe blanche réapparaît sousla Restauration.

C’est alors le triomphe desbroderies des îles anglaises :Ayrshire, Goggeshall etMountmellik, broderies ajouréesimitant les dentelles françaises.

Au début du XVIIIème siècle,près de Marseille apparaît uneforme de broderie blancheoriginale, rembourrée, appeléeboutis. Elle est utilisée pour créerdes étoffes élégantes, solides etconfortables : jupons, vannes,courtepointes et pétassons.

Au XIXème siècle lesbroderies découpées ont un beausuccès : Colbert, Richelieu,Renaissance, vénitienne etbroderie de Madère, servantsurtout à l’ornementation du lingede maison.

En Norvège, on découvre lescélèbres broderies de Hardanger,ouvrages à fils tirés décorantfoulards, tabliers, poignets et colsde chemise. Et au Danemark lesbroderies ajourées de Hedebo etd’Amager ornant surtoutcostumes et linge de maison.

Le blanc : une obsessionLe blanc : une obsessionLe blanc : une obsessionLe blanc : une obsessionLe blanc : une obsession

Synthèse de toutes les couleurs,le blanc est la lumière (L’Une etLin numéro 9), c’est le symbolede la pureté, de la vertu et de lachasteté. C’est certainementl’Eglise catholique romaine qui aaccentué l’idée du linge pur etimmaculé ; et lorsque le PapePie IX définit en 1854 le dogmede l’Immaculée Conception, ilrenforce cet idéal. MarieImmaculée devient la nouvellepatronne des lingères.

Cette idéalisation du blanc vaprogressivement se déplacer del’Eglise à la tradition du trousseau.Les travaux de broderie,initialement dévolus auxreligieuses dans leur couvent, vontdevenir peu à peu l’occupationprincipale des jeunes filles. Lablancheur virginale du trousseauincarne le symbole de la sagesseet de la modestie et, à traversl’apprentissage des travauxd’aiguille, se transmettent lesvaleurs morales et familialesindispensables à toute promise.Mais le blanc, c’est aussi l’occasionde mettre sensuellement en valeurles décolletés de l’époque.

Du moyen-âge à la fin duXIXème siècle, la matière la plusutilisée est le lin. Cependant il aune couleur naturelle gris-beigequi ne s’accorde pas avec lablancheur traditionnelle requisepour le linge. De tous temps, il adonc fallu le blanchir. Aujourd’huile blanchiment s’effectue justeaprès la filature mais autrefois, ilavait lieu après le tissage. Laméthode la plus traditionnelle est

celle qui a donné le célébrissime« blanc de Hollande ». Le linge esttrempé dans la rivière, rincé aupetit lait et étendu à sécher sur lepré. Alors l’alchimie conjuguée dela qualité des eaux de rivière, dusoleil, de la lune et de la rosée dumatin procure cette blancheur tantconvoitée par les princesd’Europe, amateurs de beau linge.Ils envoient par ballot leur linge àblanchir en Hollande. A la fin duXVIIème siècle, le nec plus ultrasera même d’envoyer blanchirson linge aux Antilles ou à Saint-Domingue. En fait c’est l’actionsimultanée de l’oxygène dégagélors de la photosynthèse desvégétaux et des eaux quidécompose les matièrescolorantes en produits solubles.Si la Hollande en a détenu lemonopole, des activités deblanchiment se développent àGérardmer et à Cholet sous lapoussée des industries du lin deBretagne et des Vosges.

Grâce aux prairies ver-doyantes et aux climats humides,on obtient un joli blanc laiteux.Puis on découvre les vertus del’azurage à base d’indigo dissoutdans l’eau. Neutralisant les refletsjaunâtres du tissu, il procure unetrès légère teinte bleutéerenforçant l’illusion du blanc. Cesont les fameuses petites boulesbleues si chères à nos grand-mères, remplacées aujourd’huipar des colorants synthétiquesappelés azurants optiques quiexaltent le blanc sous l’action des

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rayonnements ultraviolets de lalumière. On les retrouve dans leslessives actuelles lavant plus blancque blanc. La quête du blancdeviendra obsessionnelle au coursdu XIXème siècle, exacerbée parle souci d’hygiène et dedésinfection : l’utilisation de lavapeur et la découverte de l’eaude Javel viendront à pointsatisfaire les tatillons.

Infidèle au point compté?Infidèle au point compté?Infidèle au point compté?Infidèle au point compté?Infidèle au point compté?

Fascinée par la libertéd’expression apportée parl’exécution de la broderieblanche, j’ai décidé d’en savoir unpeu plus sur les petites merveillesrencontrées ça et là au détourd’une brocante, d’une visite demusée ou en contemplant avecbeaucoup de bonheur l’héritagefamilial. Il n’y a pas, contrairementau point de marque, la contraintedu comptage de la toile : suivrele fil à tout prix. Par exemple, ens’affranchissant de l’horizontalité

et de la verticalité, nous pouvonsaccompagner les jolis arrondis de

nos abat-jour. C’est ce que nousdémontre avec virtuosité Cathy,notre pionnière en la matière, avecson abat-jour en photo dans lespages centrales.

Détourner la broderie blanchepour la faire cousiner avec notrepoint de croix, l’habiller de rougecomme l’était la marque, c’estaussi pour nous, brodeuses aupoint compté, nous ouvrir denouveaux horizons. Nous conci-lions ainsi broderie de riche etbroderie de peu, ornementation

A bonne ouvrière, bon outil.Ceux que nous emploierons pourla broderie sur blanc diffèrentlégèrement de ceux auxquels noussommes habituées pour le pointcompté.

L’aiguille à broderL’aiguille à broderL’aiguille à broderL’aiguille à broderL’aiguille à broder

Elle a un chas long et ouvert,afin de faciliter le passage du fil etéviter son usure. Son corps doitêtre proportionné à l’épaisseur dufil et son bout bien pointu pourpiquer précisément la toile.

On trouve dans le commerceune offre assez étendue pourpouvoir faire son choix aisément.

Pour les broderies fines, vousutiliserez les aiguilles du numéro12, à quilter si vous les préféreztrès courtes et à appliquer pourles avoir plus longues. Elles setrouvent dans les magasins defournitures pour patchwork.

Les ciseauxLes ciseauxLes ciseauxLes ciseauxLes ciseaux

Les ciseaux à broder sontpetits, légers, à lame fine etpointue. Ils tranchent le fil avecnetteté et il est particulièrementimportant de les maintenir bienaiguisés pour effectuer les petitesdécoupes de toile avec minutie.

Les ciseaux à lentille, ou ciseaux

Les accessoires de la brodeuse sur blancLes accessoires de la brodeuse sur blancLes accessoires de la brodeuse sur blancLes accessoires de la brodeuse sur blancLes accessoires de la brodeuse sur blanctullistes, permettront précisémentde découper en toute sécurité unedes couches seulement d’unouvrage exécuté sur deuxépaisseurs, comme par exempleles incrustations ou la broderie surtulle. Ils présentent un renflementsous la pointe de la lameinférieure. Cette lentille permet deprotéger la toile du dessouspendant la découpe et d’éviterainsi les coups de ciseauxmalencontreux.

et utilitaire, virtuosité et simplicité.Réputée nécessiter de longues

années de pratique pour êtremenée à la perfection, la broderieblanche réserve cependantd’agréables surprises auxnéophytes, pour peu qu’ellessoient un peu têtues dans leursessais. Sans prétendre parvenir enquelques mois broder desmonogrammes princiers sur defins linons, nous pouvonscependant border honora-blement un petit marquoir rouged’un feston découpé ouaccompagner sur notre toile delin une couronne au point comptéde sa réplique en plumetis. Il nesuffit pour cela que de se pencheravec attention sur quelques pointstechniques.

Pour preuve les ouvragesprésentés dans ce journal, mesessais de débutante des récentessemaines. Chacune au PCBpourra s'y frotter en commençantpar un jeu de piste pour retrouverson monogramme au fil despages. Il n'en manque pas un...

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Le tambourLe tambourLe tambourLe tambourLe tambour

Contrairement au pointcompté, il est indispensable pourla broderie blanche. Il permet debroder sur une toile bien tendueet d’éviter ainsi la déformationentraînée par le resserrement del’étoffe, inconvénient que le fer àrepasser serait bien incapable depallier. On utilisera avec profit le

tambour muni d’un étau quipermet de le fixer au bord de latable de travail ou encore letambour articulé sur pied. Ainsilibérée, la brodeuse pourratravailler une main au-dessus etune main en-dessous de sonouvrage, ce qui donne à labroderie une régularité et un reliefincomparables.

Il est bien entendu possible debroder avec le même résultat surun métier, à condition de bientendre sa toile verticalement entreles bois ajustables, mais aussihorizontalement en rajoutant dessangles le long des lisières.

Le déLe déLe déLe déLe dé

Il est lui aussi indispensablepour un travail plus facile et plusrapide, car on travaille ici avec une

aiguille pointue. On le choisira enmétal inoxydable. Si l’on travailleavec les deux mains, on en porteraun au majeur droit et l’autre àl’annulaire gauche. A inverserpour les gauchères, bien sûr...

Le poinçonLe poinçonLe poinçonLe poinçonLe poinçon

Nécessaire pour la broderieanglaise, il doit être bien rond,pointu et très lisse, afin demarquer nettement le trou dansl’étoffe. Il en existe en os, enmétal, en ivoire pour les plusprécieux et en matière plastiquepour les plus modernes. Si on n’apas la chance d’avoir pu en chinerun en ivoire, on préférera ceuxen os qui ne noircissent pas et sontsi lisses qu’ils ne risquent pasd’érailler le tissu.

Il n’y a pas de règle absolue,on peut en fait broder surn’importe quelle toile. La facilitéd’exécution de la broderie et labeauté du résultat dépendentessentiellement du rapport toile -fil - aiguille. Il vaudra mieux enrègle générale éviter d’associer unfil épais à une toile fine, ce quidéformerait et fragiliseraitl’ouvrage. De même une broderietrès fine réalisée sur une toileépaisse perdrait tout son attrait.

N’oubliez pas également quele choix de votre toile devraprendre en compte la destinationfinale de votre ouvrage. Ainsipour une nappe, il faudra un tissususceptible de supporter lavagesrépétés et repassages appuyés.

Le choix du tissu devra aussitenir compte du dessin à réaliser :une broderie ajourée telle que labroderie anglaise sera plus facile

Sur quoi broder?Sur quoi broder?Sur quoi broder?Sur quoi broder?Sur quoi broder?

à exécuter sur une toile fine etsèche.

Les toiles très fines de lincomme la batiste et le linon oude coton comme l’organdi, lapercale et le nansouk seront plutôtréservés aux ouvrages délicats.Les plus expertes d’entre nouss’essayeront sur des mousselinesde soie ou de coton et peut-êtremême sur du crêpe de Chine.Des vieux draps, du joli damassépeuvent être des supportsparfaits. On peut aussi, commeje l’ai fait, travailler sur notre linde brodeuse au point compté,mais il faudra le choisir d’untitrage élevé car je me suis aperçueque pour réaliser un festonparfait, sur du 16 fils par exemple,on doit piquer l’aiguille une fois àcôté du fil et une fois dans le fil.Mais utiliser notre supporttraditionnel permet de mélanger

agréablement point de croix ettechniques de la broderie blanche.

En fait, il suffit de fairetravailler notre imagination et nospetits doigts agiles n’auront plusqu’à s’exécuter !

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Pourvu que la grosseur du filsoit bien adaptée au support, iciaussi la fantaisie peut s’exprimer :fils de coton, de lin, de laine, desoie, de rayonne et même demétal...

Un fil à torsion régulière etplutôt serrée se prête mieux à la

Avec quoi broder ?Avec quoi broder ?Avec quoi broder ?Avec quoi broder ?Avec quoi broder ?broderie blanche qu’un filfaiblement mouliné, car il faudraqu’il résiste aux frottements sanspelucher à cause des passagesrépétés dans la toile.

DMC nous propose le«Broder Spécial», tout à faitadapté à la broderie blanche. C’est

un fil brillant, 100% coton, fin,solide et grand teint, à quatrebrins non divisibles. Il existe endivers titrages du n°12, le plusépais, au n°35, le plus fin. Le n°25existe dans une palette de 186coloris mais les n°s30 et 35n’existent qu’en écru et en blanc.

Actuellement plusieurspossibilités s’offrent à nous pourtracer notre dessin sur la toile.

Tout d’abord, il existe dans lecommerce des tissus pré-imprimés prêts à broder, ou biendes dessins imprimés sur papiertransfert que l’on reportera sur letissu au fer chaud. On peutégalement, dans certaines maisonsspécialisées, faire imprimer sonpropre dessin sur la toile de sonchoix.

Cependant pour plus deliberté, il est indispensable depouvoir reporter soi-même sondessin sur le tissu et on peutrecourir à différentes méthodes,connues ou remises au goût dujour, que j’ai testées pour vous.

Pour reproduire un dessin de broderiePour reproduire un dessin de broderiePour reproduire un dessin de broderiePour reproduire un dessin de broderiePour reproduire un dessin de broderie

Les méthodes modernesLes méthodes modernesLes méthodes modernesLes méthodes modernesLes méthodes modernes

LLLLLe carbone "spécial broderie"Il est en vente en mercerie, clair

pour un tissu foncé, foncé pourune toile claire. On l’intercale entrele dessin sur papier et le tissu, faceencrée contre la toile, puis on suitle contour du motif sur le papierà l’aide d’un stylo-bille ouéventuellement d’une roulette debrodeuse.

Facile d’utilisation, le carboneprésente cependant, à l’exécutionde la broderie, le gros défaut debaver sur les doigts et sur la toile.Il faut donc réaliserpréalablement des essais de

lavage pour être assurée depouvoir le faire disparaîtretotalement.Le simple crayon de papier

C’est l’utilisation classique dupapier calque. Le dessin est repor-té sur le calque, à la main ou parphotocopie, puis au crayon depapier gras on retrace les motifssur l’envers du calque qu’onplacera avec précision contre latoile. Au crayon de papier sec, onsuit une nouvelle fois le dessin surl’endroit du calque.

Comme le carbone, le crayonbavera légèrement lors de labroderie et ombrera la broderie,avec le risque de le voirdisparaître plus ou moins aulavage.

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Les feutres "spécial tissu"Ils disparaissent à la lumière (à

n’utiliser donc que pour les toutpetits dessins rapidementexécutés) ou à l’eau. Ils ont unemine assez grosse qui ne permetpas toujours un tracé minutieux.Le motif doit être reporté partransparence, il est donc plus aiséde travailler sur une surfacetransparente (table de verre...)sous laquelle on placera unesource lumineuse, le dessin surpapier étant placé sous la toile.

Les crayons transfertCe sont des crayons à mine

grasse qui existent en plusieurscoloris. On les taillerarégulièrement afin de conservertoujours la mine la plus finepossible. On reporte son dessinsur papier calque, ou mieux surpapier pelure. Malheureusement,avec la disparition des machinesà écrire, celui-ci est très difficile àtrouver aujourd’hui. On retracesur l’envers le motif avec lecrayon transfert qui sera fixé surla toile au fer chaud.

Pour ces quatre méthodes, etcelle qui va suivre, il estindispensable d’être bien installéeà plat et de conserver lors dutransfert du motif une solidaritéparfaite entre le papier et la toile.On pourra fixer l’un sur l’autreau moyen de scotch, d’épingles

ou de pinces à dessin. Quand lereport se fait au fer à repasser,on travaillera à sec et on l’appuierabien fort mais sans le faire glisserpour ne pas risquer de décaler ledessin.

Comme dans le tempsComme dans le tempsComme dans le tempsComme dans le tempsComme dans le temps

Personnellement, je trouve quela méthode la plus sûre et la plusprécise est la méthode «àl’ancienne», par piquage puisponçage du motif sur le tissudont le musée de Fontenoy-le-Château offre une bonnedémonstration. Il fautsimplement l’adapter aux

matériaux que l’on trouveaujourd’hui, car nous n’avons plusde machine à piquer ni cettepoudre d’encre utilisée alors. Il vadonc falloir bricoler un peu, encollant dans un porte-mine uneaiguille fine du numéro 12 quipermettra de piquer confor-tablement le calque et en utilisantcomme poncif, à la place de latraditionnelle poudre d’encre... dutoner de photocopieuse qui faittrès bien l’affaire. La poncette seraun simple morceau de boisrecouvert de feutrine. Il nemanque plus que l’alcool à brûlerqui servira de fixateur. Munie dece matériel, vous reproduirezavec succès les gestes d’autrefois.

On reporte son motif surpapier calque fin au crayon depapier très aiguisé, ou mieux, àl’encre de Chine. Une méthodesûre et rapide consistera bien sûrà le photocopier ou à l’imprimerà partir d’une composition

Comment la broderie vient aux petites fillesComment la broderie vient aux petites fillesComment la broderie vient aux petites fillesComment la broderie vient aux petites fillesComment la broderie vient aux petites fillesEnfants, quand nous étions malades, nous bénéficiions d’un privilège : le jour où le médecin venait à la

maison, nous avions le droit de dormir dans lit des parents pour attendre sa visite. A cette occasion, Mamansortait ses plus beaux draps brodés et nous, les filles, pouvions exceptionnellement jouer avec «Bébé Rose»,sa jolie poupée.

Ces instants privilégiés sont restés gravés dans ma mémoire, et avec cinq enfants à la maison, vousimaginez que l’épidémie galopait rapidement. Je crois même qu’on attendait fébrilement notre tour ! Contremon gré, j’ai moi-même souvent bénéficié de ce qui me paraissait un avantage et, à tout le moins, quiatténuait grandement ma douleur d’enfant.

Nous respections ce rite, nous étions prévenus : pas question de renouveler l’exploit de notre père qui,enfant, avait découpé soigneusement les chiffres du drap de ses parents !

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réalisée à l’ordinateur. On laisseraune marge suffisante autour dumotif afin que lors du ponçage,la poudre d’encre ne risque pasde déborder sur le tissu.

On plie le calque en deux, cequi permettra d’avoir deux

exemplaires piqués, soit pour unusage ultérieur, soit pour un effetde miroir. Après avoir posé lecalque sur un molleton ou sur untorchon plié, on pique trèsexactement le tracé à l’aiguille fine,en s’efforçant d’avoir des trousles plus rapprochés possible, sanstoutefois endommager le tracé.Cette étape du piquage estminutieuse et fastidieuse, mais desa précision dépendra toute laréussite du report et donc laqualité de la broderie.

A l’aide d’épingles, on fixe undes exemplaires piqués sur la toileimpeccablement repassée. Puis enmaintenant une solidarité parfaiteentre le calque et la toile, on enduit

la poncette de poudre d’encre eton la frotte délicatement en rondsur le calque. Passant à travers lestrous du piquage, l’encrereproduira parfaitement le motifsur le tissu. Si le dessin doit êtrereporté plusieurs fois, dans le casd’une bordure festonnée parexemple, il faudra replacer lecalque soigneusement sur laportion suivante en le faisantcoïncider bien exactement à la findu ponçage précédent.

On retire le calque, on secouele tissu ou on souffle dessus pourenlever l’éventuelle surcharge depoudre, puis on passe sousl'envers du tissu un coton imbibéd’alcool à brûler afin de fixer lemotif. Après séchage, voilà votretoile parfaitement imprimée etprête à broder !

Si vous devez nettoyer dutoner déposé sur vos doigts,faites-le à sec à l’aide d’un papierabsorbant, mais surtout pas àl’eau qui forme avec la poudreune sorte de pellicule grasse forttenace. De la même manière vousnettoyerez très facilement votrecalque afin de le réutiliser.

Cependant, vous n'aurezparadoxalement aucun problèmeau lavage final de l'ouvrage,l'encre disparaît sans laisser lamoindre trace sur la broderie !

Pour obtenir un résultat impeccable, on va devoir amidonner ouempeser sa broderie avant un repassage méticuleux, afin de donner à latoile une certaine raideur et éliminer les faux plis. L’amidonnage connutson heure de gloire au début du XXème siècle : les hommes portaientalors cols et plastrons empesés et le linge de maison devait êtreimpeccablement empilé dans les grandes armoires.

Actuellement on trouve sous forme de bombe des empois trèsfaciles d’utilisation. Mais on peut aussi faire laver, empeser, repasser etplier son beau linge à la manière d’autrefois, dans certaines blanchisseriesde luxe... réservées à une clientèle aisée. On peut même observer avecintérêt chez Marie Lavande les lingères mesurer le pliage d’une nappemonogrammée au millimètre près ! C’est qu’ici, le client est roi, on luirend un linge plié à la dimension exacte de ses armoires...

L’amidon est une substance contenue dans les grains des céréales,maïs, blé, mais c’est surtout celui du riz qui est intéressant car il est trèsfin et pénètre plus facilement dans les cellules du tissu. Insoluble dansl’eau froide où il reste en suspension, l’enveloppe du grain d’amidonéclate et gonfle au contact de l’eau chaude. La masse gélatineuse obtenuealors s’appelle «empois». Plus tard, la chaleur du fer à repasser renforcerace gonflement.

Les préparations d’amidon variant, chacune avait sa recette et l’onreconnaissait une bonne ménagère ou une lingère experte au doigtéqu’elle mettait à doser son amidon. C’est qu’il ne fallait pas par excèsfaire cartonner l’étoffe, ou bien risquer de la jaunir par un fer tropchaud ! Voici une recette d’amidon maison donné par «Les secrets desgrand-mères» (voir bibliographie)100 grammes d’amidon - 30 grammes de gomme arabique (en pharmacie)- 1 litre d’eau. Diluer l’amidon dans l’eau très chaude. Ajouter la gommearabique et bien mélanger. Tremper le linge à amidonner dans ce mélange.

Autrefois pour que le linge amidonné ne colle pas au fer, lesblanchisseuses ajoutaient à l’amidon une pincée de sel.

La touche finaleLa touche finaleLa touche finaleLa touche finaleLa touche finale

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Les points qui constituent labroderie blanche sont très variés.Ils commencent aux plus simplescomme le feston ou le plumetiset mènent aux techniques les plusriches et les plus artistiques,comme le Richelieu ou la broderievénitienne. Il s'y ajoute denombreuses variantes et plus onmultiplie les différents pointsd’ornementation, plus l’ouvragegagne en beauté.

Après avoir reproduit ledessin sur la toile et avant dedébuter la broderie proprementdite, certains points nécessitent untravail préalable qui leur donneradu relief. Fastidieuse maisindispensable, c'est la base de laréussite de tout le travail. Si lapréparation est bâclée, la broderiesera laide. Mais en l'exécutantsoigneusement, vous metteztoutes les chances de votre côté.Cette préparation consiste àretracer le motif, mais cette foisà l'aiguille, puis à le remplir parun bourrage.

LLLLLe fil de préparatione fil de préparatione fil de préparatione fil de préparatione fil de préparation

Ce fil suit très exactement tousles contours du dessin à petitspoints devant. L’aiguille passealternativement sur puis sous lesfils de tissu, avec beaucoup derégularité dans la longueur despoints.

Il faut prendre peu de tissuavec l’aiguille de façon à ce queles points se voient à peine surl’envers et soient très visibles surl’endroit. Ce tracé préalable estnécessaire notamment pour lepoint de cordonnet, le point defeston, la broderie anglaise, leRichelieu.

Pour les broderies fines, le filde préparation doit être passé

Les points de base de la broderie sur blancLes points de base de la broderie sur blancLes points de base de la broderie sur blancLes points de base de la broderie sur blancLes points de base de la broderie sur blancnon pas sur le tracé lui-même,mais à l'intérieur et au ras de celui-ci, afin de respecter strictementla forme du motif sans l'épaissirou le déformer.

LLLLLe bourragee bourragee bourragee bourragee bourrage

Le plumetis et les festonsnécessitent un relief plusconséquent. Il faut donc, entre lesfils de préparation, faire en allantet revenant des points devantallongés et contrariés d’un rang

sur l’autre qui se répéteront autantque nécessaire pour remplirl’espace entre les fils depréparation. Cette étape permetd’obtenir une broderie bienronde et en relief. Ce travailpréalable est exécuté dans le sens

contraire àcelui de labroderie finalequi resteraapparente.

Pour toutecette prépa-

ration, ainsi que pour les pointsde broderie, on ne fait jamais denoeud : on fixe le fil dans l’étoffepar quelques pointsdevant au début età la fin de l’aiguillée,qui seront cachéspar la broderie. Demême on ne passejamais le coton deux fois aumême endroit.

Pour suivre les contours dutracé et pour bourrer, on utilisetoujours le fil qui doit servir à labroderie ou un fil équivalent en

grosseur et en couleur. Un fil tropgros pour cesopérations dep r é p a r a t i o ndéchirerait le tissu etenlèverait de l’élégance à labroderie.

Il est bien sûr possible deréaliser desb r o d e r i e s«plates», c’est-à-dire sansbourrer lesm o t i f s .D ’ a i l l e u r salterner lesmotifs en

relief et les motifs plats peut êtredu plus bel effet.

Point de festonPoint de festonPoint de festonPoint de festonPoint de feston

... ou point de languette

C’est le plus facile de tous lespoints de broderie et celui qu’onemploie le plus fréquemment. Ilsert le plus souvent à border untissu fin qui doit être découpé.Autrefois, il servait fréquemmentà remplacer l’ourlet des pièces delingerie. C’est le point de base dela broderie Richelieu et de labroderie Colbert.

Le point de feston s’exécutetoujours de gauche à droite : aprèsavoir fixé le fil à l’extrémité

gauche du feston en exécutantdeux ou trois points devant quiseront ensuite masqués par labroderie, on ressort vers soi surla ligne inférieure, on piquel’aiguille sur la ligne supérieurepuis on la fait ressortir à nouveau

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sur la ligne inférieure contre lepoint précédant en la tirant dansla boucle formée par le fil surl’endroit du tissu. On fait unsecond point contre le premieret ainsi de suite afin de formerune petite bordure régulière,rappelant le point de boutonnièrele long de la ligne inférieure. C’estce noeud à la base du point quimaintient le bord du tissu, évitantainsi qu’il ne s’effiloche.

Il faut serrer suffisammentson point, tout en évitant de fairefroncer l’étoffe et en s’appliquantà bien coucher parallèlement lesfils les uns près des autres sansqu’ils soient ni trop écartés, ni troprapprochés.

La forme arrondie du festonimpose de serrer davantage sespoints sur la ligne supérieure et à

les écarter légèrement les uns desautres sur la ligne inférieure.

Le point de feston est aussiappelé point de languette à causedu découpage de l’étoffe autourdes dents qui font bordure. Letissu doit être découpé au plusprès du rebord du feston afind’avoir une finition très nette.

Partant de la même technique,le point de feston peut se broderde différentes façons, ainsi onpeut faire des festons ronds, desfestons pointus, des festons deroses à dents rondes ou pointues,etc.

Mais le feston peut égalementêtre réalisé en fond de toile, sansfaire ensuite l'objet d'unedécoupe, ou encore sur quelquesfils tendus pour former unebride.

Le plumetisLe plumetisLe plumetisLe plumetisLe plumetis

... ou passé bourré

Indispensable autrefois à ladécoration du linge de maison etde certaines pièces d’habillement,ce point donne du relief à labroderie, il l’embellit et rend sonaspect plus riche.

Dès l’antiquité, il existait enChine une étoffe tissée deminuscules plumes d’oiseau ; cetissu étonnant est parvenu jusqu’àRome où il porte le nom d’opusplumarium, ce qui explique sonappellation actuelle de plumetis.

Durant toute la périodemédiévale, les religieusescontinuent dans leurs couvents àperpétuer cette technique puis,peu à peu, les plumes furentremplacées par des points debroderie.

Ce point, souvent employépour broder des feuilles, des

guirlandes, des pois, desmonogrammes ou des chiffres,se réalise sur des tracés avecbourrage, ce qui lui confère sonrelief.

On recouvre le bourrage avecde grands points de surjet droitsou obliques, très rapprochés lesuns des autres et bien réguliers,pour lesquels l’aiguille est piquéede gauche à droite sur le travail.

Lorsqu’on utilise ce point sansbourrage, il s’appelle alors lepassé plat.

Si l’on souhaite un relief plusaccentué, par exemple pour lespois, on peut broder le motif unepremière fois dans un sens, puisune autre couche dans l’autre sens.

Le point de cordonnetLe point de cordonnetLe point de cordonnetLe point de cordonnetLe point de cordonnet

... ou point de bourdon

Utilisé principalement pour labroderie des tiges et contour despetites feuilles, le point decordonnet s’exécute de gauche àdroite, par dessus un fil depréparation simple ou doubleselon qu’on veut qu’il soit plus oumoins rond. Les points sontplacés soigneusement les uns

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contre les autres, en piquantl’aiguille dans le tissu juste au-dessus du fil de préparation, puis

en la faisant ressortir juste au-dessous de lui. Ils peuvent êtrestrictement perpendiculaires autracé ou bien plus ou moinsobliques par rapport à lui,penchés vers la droite.

Pour donner davantage derelief au point de cordonnet, onpeut emprisonner dans le travailun cordon de coton épais posésur l’endroit du tissu le long dufil de préparation.

Le point nouéLe point nouéLe point nouéLe point nouéLe point noué

... ou point de noeud

Il sert à faire des petits pois,des semis, des coeurs de fleurs,des étamines... Son relief plus oumoins important permet descontrastes intéressants.

On sort l’aiguille vers soi et,en maintenant le fil de la maingauche tout près du tissu, onl’enroule deux ou trois fois autourde l’aiguille. Sans lâcher le fil, onrenverse l’aiguille pour la piquerdans le tissu tout à côté du pointde départ et on tire le fil toutdoucement sous le travail pourcaler le noeud sur l’endroit dutravail, mais en faisant attentionde ne pas l’aplatir ou l’avaler versl’envers. On ressort ensuitel’aiguille à l’endroit où le noeudsuivant soit être exécuté.

Le point de sableLe point de sableLe point de sableLe point de sableLe point de sable

Il permet d’ombrer desmotifs cernés par un cordonnet,de graniter un fond ou de garnircertains motifs de manière pluslégère que par un remplissage auplumetis, par exemple pour

mettre en évidence une lettre surles deux d’un monogramme.

Le point, dirigé de droite àgauche, se compose d’une infinitéde petits points arrière plus oumoins rapprochés, réguliers,contrariés à chaque rang etdisposés en lignes parallèles auxbords des formes qu’ils doiventremplir.

Dans le point de sableirrégulier dit «suisse», les pointsarrière, petits et de longueur égale,prennent chacun une directiondifférente en se rapprochant plusou moins du précédent, pourproduire un semis dense ouclairsemé.

LeLeLeLeLeLe point de tigeLe point de tigeLe point de tigeLe point de tigeLe point de tige

...ou point coulé

Très employé et très simple,le point de tige est un point decordonnet oblique qui se fait ensuivant le tracé d’un dessin sansque celui-ci n’ait été marqué parun fil de préparation. Il s’utilise

souvent pour les contours desmonogrammes, des initiales, deschiffres. Il permet de broderaisément des courbes ou desangles.

Pour le réaliser, on passel’aiguille sous un ou deux filshorizontaux et quatre à cinq filsverticaux, de façon à ce que ledernier point dépasse leprécédent de la moitié. Ces pointsforment sur l’envers un point depiqûre.

Pour les travaux de broderietrès finis, on utilise le «point detige cordonné», plus serré et pluscourt que le point de tigeclassique, qui ressemble vraimentà un cordonnet oblique.

Le point de posteLe point de posteLe point de posteLe point de posteLe point de poste

... ou point de minute

Très recherché pour laréalisation de petites fleurs ou depetites feuilles, très fin mais aveccependant beaucoup de relief, lepoint de poste s’inspire du pointnoué.

On entre l’aiguille à la base du

dessin pour la ressortir à moitiéde sa longueur à l’autre extrémité.On enroule le fil autour d’elle,dans le sens contraire aux aiguillesd’une montre, autant de fois quele nécessite la longueur du dessin.Puis on tire pour faire passerl’aiguille et le fil à travers lesspirales ainsi formées. On ramèneenfin la pointe de l’aiguille àl’endroit où elle a été introduiteinitialement.

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La broderie anglaiseLa broderie anglaiseLa broderie anglaiseLa broderie anglaiseLa broderie anglaise

Technique de la broderieblanche, très répandue et faciled’exécution, la broderie anglaisepeut se satisfaire d’un peud’amateurisme, contrairement auplumetis qui se doit d’être parfait.Elle est faite d’un point decordonnet exécuté sur un fil depréparation qui délimite descontours découpés et mis à jour :oeillets, amandes, feuilles, carrés,etc. Le plus difficile est d’obtenirle bon coup de ciseaux : tropévidé, le dessin sera déformé etirrégulier, pas assez évidé, le tissugrimacera.

Après avoir passé le fil depréparation sur le contour del’oeillet, on perce à l’aide dupoinçon et on exécute des petitspoints de cordonnet très serrés.Pour les grands oeillets, ou pourceux faits dans des tissus très fins,on fend le tissu avec des ciseauxtrès pointus, puis on élargit le trouau poinçon. Pour les très grandsoeillets, fendus en croix au centre,on rabat le surplus de tissu avecl’aiguille en faisant le point decordonnet.

Lorsqu’on fait une rangéed’oeillets qui se touchent, on ne

brode que la moitié des ronds,en passant de la moitié supérieurede l’un à la moitié inférieure del’autre et ainsi de suite. Au retour,les tracés se croisent et consolidentainsi la broderie.

On peut bourrer une partie del’oeillet pour obtenir du relief,c’est «l’oeillet ombré». On peutfaire également l’oeillet au pointde feston entièrement, ou mi-

feston, mi-cordonnet.Les feuilles sont réalisées de la

même façon, on fend le tissu, onle roule avec l’aiguille et on fait lecordonnet.

La broderie ancienne est unevariante de la broderie anglaise :les motifs sont ajourés et surjetésmais les bords sont reliés par desbarrettes. Il faudra pour cettebroderie utiliser un fil assez gros.On passe le fil de préparation surle premier côté du dessin, enpréparant le deuxième côté onlance les barrettes, c’est-à-dire quel’on lance trois fils comme pourfaire une bride et on les brode aupoint de cordonnet sans prendrele tissu du dessous. On revient aupoint de départ et on continuejusqu’à la barrette suivante et ainside suite. Puis on fend le tissu sousles barrettes et on brode au pointde cordonnet comme pour labroderie anglaise.

En poursuivant lesapplications du feston et desdécoupages, on pourra aborderles broderies blanches dites «degrand style» : le Richelieu, la

broderie Colbert et la broderievénitienne. Ces trois broderies ontune base communes : les feuilles,les fleurs ou les motifsgéométriques sont cernés par unpoint de feston, puis reliés par desbrides. La broderie terminée,l'étoffe est découpéesoigneusement.

La broderie RichelieuLa broderie RichelieuLa broderie RichelieuLa broderie RichelieuLa broderie Richelieu

Cette broderie doit bien sûrson nom au cardinal Richelieu,ministre de Louis XIII, soucieuxde voir les Français abandonnerles importations de dentelle àl’aiguille en provenance d’Italiepour les remplacer par leurspropres broderies sur toile de lin.C’était la broderie la plusemployée dans l’ameublement :têtières, coussins, abat-jour, etc.Ses motifs, brodés au point defeston, se détachent sur un fond

ajouré et peuvent être reliés entreeux par des brides ou barrettes.

Les fils de soutien des bridessont tendus en même temps quel’on passe le fil de préparation surles contours du dessin. Aprèsavoir passé le fil de préparationsur le contour du premier dessin,on lance quelques fils d’un borddu motif à un autre pour fairedes barrettes qu’on recouvre d’un

Différentes techniquesDifférentes techniquesDifférentes techniquesDifférentes techniquesDifférentes techniquesde broderie blanchede broderie blanchede broderie blanchede broderie blanchede broderie blanche

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point de feston, sans jamais piquerdans la toile. Le nombre de filslancés dépend de la grosseur dufil et de l’effet désiré mais seratoujours impair, afin decommencer le feston à gauche dela bride et de reprendre sonouvrage à sa droite.

Ces barrettes peuvent êtreornées de picots. Quand on arriveau milieu de la bride, on piquedans le dernier point de festonexécuté, on enroule le fil quatre,cinq, six fois voire plus autour del’aiguille et on la tire avecprécaution à l’intérieur desspirales. Pour faire un doublepicot, on procède de la mêmefaçon en repiquant l’aiguille dansle feston mais à l’opposé dupremier picot.

On répète inlassablement filde préparation, brides, fil depréparation... sur toute la surfacedu dessin jusqu’à ce que tous lesmotifs soient entourés au pointdevant et toutes les bridesfestonnées. Puis on exécute son

feston bien régulier sur lescontours, en veillant à disposer lesboucles du côté où l’étoffe seradécoupée. Le point de festonexécuté à la base des bridessuffira à consolider leur pointd’attache.

L’ouvrage se termine par ladécoupe soigneuse du tissu

autour des motifs, sous les brides,sans jamais les entamer.

Lorsque la broderie Richelieuest enrichie de jours, à l’image dela dentelle à l’aiguille, elle porte lenom de broderie Colbert, oupoint de France. Ministre de Louis

XIV, il favorisa au milieu duXVIIème siècle la création denombreuses manufacturesroyales, notamment à Alençon.

La broderie vénitienneLa broderie vénitienneLa broderie vénitienneLa broderie vénitienneLa broderie vénitienne

C’est une broderie ajourée,richement ornée et imitant lesdentelles de Venise, qui fut trèsen vogue à la fin du XIXèmesiècle pour la réalisation de piècesde linge de maison, comme lesnappes et les napperons.

Les contours sont rehausséspar un fort bourrage, composéd’un faisceau de plusieurs fils fixésde loin en loin par des pointstransversaux puis recouverts depoint de feston. Les parties trèsajourées sont ornées de bridesavec des picots, souvent réalisésau point de poste. Les partiespleines sont richement décoréesde fleurs, feuilles ou carreauxbrodés en plumetis.

Faits de tissus les plus fins, donc les plus coûteux,ornés de riches broderies et couverts de dentelle, lesmouchoirs brodés anciens sont de pures merveilles.Objets de luxe réservés aux personnes fortunées,ces petites pièces de linge n’avaient pas l’usagepratique et trivial qu’on leur connaît aujourd’hui. Leuremploi était surtout soumis à un code amoureux

Petite histoire du mouchoirPetite histoire du mouchoirPetite histoire du mouchoirPetite histoire du mouchoirPetite histoire du mouchoir

très précis. Le soupirant l’envoyait à sa bellepour faire sa demande en mariage, la ruséel’accrochait à sa fenêtre pour prévenir sonamoureux qu’elle était étroitement surveillée,la dédaigneuse le nouait à son poignet poursignaler que son coeur était pris. Jeténégligemment à terre au passage du garçonconvoité, il signalait un coeur à prendre, ouencore agité au loin il témoignait d’une fidélité

à toute épreuve.Le mouchoir de la mariée était l’élément sans

lequel la corbeille du même nom n’aurait pas étécomplète. Dans ma famille, il est passé de main enmain, de mariage en mariage avant de finirsoigneusement encadré par la petite dernière aprèsavoir essuyé les larmes de ses deux aînées.

On peut encore en contempler dans lesvitrines des musées ou chez les antiquaires.Et pour respecter ce dicton qui veut que lamariée porte quelque chose de vieux, de neuf,d’emprunté et de bleu, celles qui n’ont paseu la chance de se voir transmettre la piècefamiliale pourront toujours y acquérir un deces précieux linons brodés et l’offrir à leurfille le jour de ses noces.

. . . b l a n c . . .. . . b l a n c . . .. . . b l a n c . . .. . . b l a n c . . .. . . b l a n c . . .

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La brodeuse de l’époquedisposait de toutes sortes depetits accessoires destinés àfaciliter son travail, voire à luipermettre de sauter complè-tement l’étape de la broderie.Tous ces articles étaient venduspar correspondance par le BonMarché ou diffusés parl’intermédiaire des revues debroderie, nombreuses en cetemps-là : La Broderie Blanche,Le Journal des Brodeuses, LaBroderie Lyonnaise, etc.

FestonneursFestonneursFestonneursFestonneursFestonneursCes petites roulettes, que l’on

trouve encore assez facilement enbrocante, sont constituées dedeux rouleaux. Le rouleausupérieur, recouvert d’unmorceau de tissu, encrait lerouleau inférieur entouré d’untampon, constitué d’une bandede caoutchouc sur laquelle lemotif figurait en relief. Lesrouleaux supportant le tamponétant interchangeables, on pouvaitainsi tracer des kilomètres defestons multiples et variés.

Tampons de caoutchoucTampons de caoutchoucTampons de caoutchoucTampons de caoutchoucTampons de caoutchoucIls figuraient le plus souvent

des initiales, parfois des bouquetsde fleurettes. On trempait letampon, monté sur une moulure,dans de l’encre et l’on effectuaitimmédiatement le report sur letissu.

Lettres en cuivre découpéLettres en cuivre découpéLettres en cuivre découpéLettres en cuivre découpéLettres en cuivre découpéOn les reportait, selon le

principe du pochoir, à l’aide dela poudre à poncer, alorsdisponible en bleu ou en blanc.

Le matériel de nos grand-mèresLe matériel de nos grand-mèresLe matériel de nos grand-mèresLe matériel de nos grand-mèresLe matériel de nos grand-mères

Plumetis expressPlumetis expressPlumetis expressPlumetis expressPlumetis expressIl suffisait d’appliquer sur le

linge ces lettres de coton écru,donnant tout à fait l’apparenced’une initiale en plumetis.Certainement pour lesparesseuses de l’époque !

Médaillons d’initialesMédaillons d’initialesMédaillons d’initialesMédaillons d’initialesMédaillons d’initialesBrodées en blanc sur batiste,

ces médaillons étaient appliquésau point arrière sur le linge, pourmarquer rapidement le vêtement.Ils existaient également en rouge,en rouge et blanc pour marquerles torchons.

MANIÈRE D’EMPLOYER LE BLEUMANIÈRE D’EMPLOYER LE BLEUMANIÈRE D’EMPLOYER LE BLEUMANIÈRE D’EMPLOYER LE BLEUMANIÈRE D’EMPLOYER LE BLEUPour bien azurer le Linge, mettez le Bleu dans un morceau de laine etplacez-le dans l’eau, quand vous trouverez qu’elle est assez colorée,retirez le Bleu, et après vous être assuré que le linge que vous voulezazurer a été bien rincé qu’il ne reste aucune partie de savon quidécompose le Bleu, trempez le plusieurs fois dans l’eau et étendez-lede suite car , en négligeant ce soin, l’eau azurée se fixe, marbre le lingeet souvent le tâche. Pilerie (fabrique de bleu) F. Miriot

N° 17552Coffret bois verni contenant :1 festonneur avec 13 dessins assortis,1 tampon encreur, encre et pinceau.

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Le même, avec 6 roulettes de rechange, dessins variés ................................. La boîte complète 2.90

Monogrammes de feutreMonogrammes de feutreMonogrammes de feutreMonogrammes de feutreMonogrammes de feutreAppliqués sur le tissu, ils

permettaient de sauter l’étape dumarquage du dessin, du fil depréparation et du bourrage. Ilsservaient directement de supportau plumetis.

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Reprise est un mot que laplupart d’entre nous ont banni deleur vocabulaire à jamais. Maislaquelle n’est pas un jour tombéeen admiration devant la finesse deces petits points réalisés avec ungrand souci d’économie par unemaîtresse de maison accomplie ?En effet, nos aïeules entretenaientle linge jusqu’à sa complète usureet elles n’hésitaient pas à repriser

un torchon. Souvent ellesdevançaient même la formationdu trou en reprisant le linge dèsqu’il commençait à devenir clair.

Même si aujourd’huireproduire à l’identique l’armured’une serviette damassée nousparaît irréalisable, ces exemples dereprises virtuoses figurent sur denombreux marquoirs. Les fillettesd’autrefois excellaient dans l’art decroiser les fils, et pas seulementpour le point de marque. Parfois,par comble de réalisme, l’accrocexiste réellement dans la toiled’essai afin de permettre à

Les reprisesLes reprisesLes reprisesLes reprisesLes reprises

l’apprentie de parfaire satechnique.

Mais perfectionnistes dansl’âme, nous aimerions quandmême bien savoir faire ce travailingrat mais indispensable à larestauration. Même si nousn’égalerons jamais ces petites fillesadroites, nous pouvons essayerde combler quelques lacunes afinde décorer nos ouvrages. Maisqu’on ne nous parle pas derepriser... des chaussettes !

Faire une reprise, c’estremplacer les fils affaiblis oumanquants d’un tissu par des filsspéciaux entrecroisés poursimuler le tissage.

Comment faire uneComment faire uneComment faire uneComment faire uneComment faire unereprise au point de toile ?reprise au point de toile ?reprise au point de toile ?reprise au point de toile ?reprise au point de toile ?

La reprise se fait avec lespropres fils de la trame du tissu(pris dans l’ourlet par exemple)ou, le plus souvent, avec un filassorti en grosseur et en couleurà ce tissu. Une aiguille dite «aiguilleà repriser», longue et au chasprofond sera indispensable. Sagrosseur dépendra du fil et doncdu tissu.

Une reprise se réalise toujourssur l’envers du tissu, tendu sur untambour. On ne devra voir enrésultat que des point de devant

très réguliers et disposés enquinconce. Pour y parvenir, àpetits points devant (point detoile), on pose d’abord les fils dechaîne (ceux qui sont parallèles àla lisière du tissu) en commençantà un centimètre des bords du trouet en ayant soin de fixer l’extré-mité du fil par quelques points surla droite du trou. On exécutetoujours un point par dessus lepremier fil de toile puis un point

La maîtresse interrompit là sa leçon, pour demander à Suzette si elle avait compris.- Parfaitement, Madame, répondit-elle.- Et bien, prends la blouse de ton petit frère. A la place des fils rompus, tu vas avec ton aiguille en tendred’autres dans le sens de la hauteur, puis tu entrecroiseras ceux-ci avec des fils passés dans le sens de la largeur.C’est là ce qu’on appelle faire une reprise.

Alors la petite Suzette prit l’aiguille et, sous la direction de l’institutrice, parvint à faire, à la place del’accroc, une belle reprise. Le soir, en rentrant chez ses parents, elle leur montra ce joli travail, tout en leurracontant la leçon qu’elle avait reçue à l’école. Le père et la mère furent enchantés et, grâce à l’habileté deSuzette, pardonnèrent à François. Celui-ci demanda alors si on ne pourrait pas trouver une étoffe qui permitaux enfants de grimper aux arbres sans se déchirer.- Hélas ! non, répondit Madame Dumay en riant, on n’a trouvé encore que les mamans et les soeurs pourréparer les déchirures que font à leurs vêtements les vilains petits garçons.

L’enfance de Suzette, livre de lecture courante à l’usage des jeunes filles de Madame Marie Robert Halt

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en dessous du fil suivant et ainside suite. Puis on lance le fil àtravers le vide pour rejoindre lecôté opposé et on fait le mêmenombre de points que précédem-ment en formant à la fin dechaque rang une petite bouclepour le retrait éventuel du fil auprochain lavage. Au retour,l’aiguille relève les fils sur lesquelselle était passée à l’aller et passepar dessus ceux qu’elle avait

relevés tout en enjambant de nou-veau l’accroc pour faire de mêmede l’autre côté et ainsi de suite.

Puis on croise les fils de chaînepar un fil perpendiculaire, le filde trame, en passant à chaquefois un fil au dessus, un fil endessous, en commençantégalement à un centimètre dutrou. Pensez toujours à la petiteboucle au bout du rang et neserrez pas trop les fils.

Voilà pour la reprise de toile,mais lorsqu’on veut que cettereprise soit la plus discrètepossible, il faut essayer dereproduire le dessin du tissu.Nous aurons donc des reprisessatinées pour les étoffesfaçonnées, ou des reprisesdamassées pour les toiles dumême nom. Le dessin dépend dunombre de fils que l’on baisse etque l’on relève.

Un petit point malin : le point de ParisUn petit point malin : le point de ParisUn petit point malin : le point de ParisUn petit point malin : le point de ParisUn petit point malin : le point de Paris

C e n o u v e a u p r o c é d é d o n n e u ndécalque d’une très grande nettetés u r t o u s Ti s s u s : t o i l e s f i n e s e tgro s s e s , sa t in, draps , e t c .L’ a s s o r t imen t e s t d e s p l u s r i c h e se t c o m p r e n d o u t r e l e s l e t t r e s d efan ta i s i e , un nouveau sy s t ème dele t t re s entre lacée s qui permet auxDames de composer elles-mêmes leurm o n o g r a m m e .La c o l l e c t i o n c omp r end e n ou t r ed e f o r t j o l i s mo t i f s d e b r od e r i e .

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Très astucieux, ce petit pointpermet de faire des jours sanstirer les fils du tissu, rien qu’en lesresserrant. Son avantage est qu’onpeut le broder dans tous les sens :horizontalement et verticalementbien sûr, mais aussi en diagonaleet même en courbe !

Il sert comme simpleornementation, mais aussi àl’application de tissu, au montagedes dentelles ou à fixer un ourlet.

Ce point se travaille de droiteà gauche. Il faut une aiguille assezgrosse et du fil fin, que l’on vapasser plusieurs fois dans lesmêmes trous en serrantfortement pour former le jour.On sort l’aiguille sur l’endroit dutissu quelques millimètres au-dessus du tracé, on plante l’aiguillejuste en dessous pour la ressortirquelques millimètres à gauche surce même tracé. On répète deuxfois ce point arrière exactementau même endroit, puis on ressortl’aiguille quelques millimètres audessus du tracé, à la hauteur dupoint de départ... et ainsi de suite.

Pour les applications ou lesourlets, la partie ajourée se faittoujours sur la toile en simpleépaisseur. C’est le petit pointd’appui qui maintient le tissureplié.

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Les Vosges ont une fortetradition autour de la broderieprofessionnelle. Au XIXèmesiècle et au début du XXème, c’esttoute une organisation qui fédèreles brodeuses à domicile parl’intermédiaire de «bureaux» oude «fabriques». Au milieu duXIXème siècle on comptait ainsià Épinal plus de 100 fabriques debroderie. Mais c’est au musée deF o n t e n o y - l e - C h â t e a u ,entièrement consacré à labroderie blanche, que nouspouvons en apprendre davantagesur le monde de la broderieprofessionnelle.

L’organisation du bureauL’organisation du bureauL’organisation du bureauL’organisation du bureauL’organisation du bureau

Les pièces à broder arriventen début de journée, enprovenance des grandes villes oùdes fournisseurs spécialisés

servent d’intermédiaires avec lesparticuliers. Lorsqu’il ne s’agit pasde modèles répertoriés dubureau, l’entrepreneur confie toutd’abord au dessinateur le soin deréaliser le croquis correspondantau souhait du client puis faitpasser le calque au piqueur. Lecalque est en réalité une sorte depapier sulfurisé ou un papierpelure un peu fort, et le piquageest réalisé avec une machine àpédale dédiée à cet usage, dontl’aiguille est fixée au bout d’un long

bras flexible et vibre de haut enbas. On réalise ainsi des piquagesd’une finesse incroyable, et quandon a la chance d’en retrouveraujourd’hui, il faut vraiment les

présenter à la lumière pourdistinguer les trous minuscules ettrès réguliers.

Le ponçage à la poudred’encre permet ensuite detransférer le dessin sur les piècesà broder, puis la première joint àla toile ainsi marquée les cotonspour la réalisation de l’ouvrage.Il est nécessaire d’avoir toute uneréserve de fils et souvent tout unpan de mur est consacré auxboîtes DMC ou Cartier-Bresson,rangées par nuances.

Le travail est ensuite distribuéaux brodeuses selon leurscompétences : celle-ci réalisera leschiffres, tandis que telle autre estspécialisée dans les pois ou uneautre encore dans les fils tirés. Onleur remet leurs pièces à broderquand elles viennent au bureaurendre l’ouvrage de la journée,mais si c’est une commandeurgente, il arrive même qu’on leurapporte à domicile.

La broderie à FontenoyLa broderie à FontenoyLa broderie à FontenoyLa broderie à FontenoyLa broderie à Fontenoy

Le village compte aujourd’huienviron 700 habitants et labroderie n’y subsiste plus qu’àtravers son musée, mais il fut unhaut lieu de la broderieprofessionnelle.

En 1825, MadameChancerelle, brodeuse venue dela capitale, s’installe près deChâtel-sur-Moselle où elle acependant du mal à recruter samain-d’oeuvre féminine. OrFontenoy comptait plusieursindustries métallurgiques, et donc

un milieu ouvrier important ausein duquel les femmes, netrouvant guère à s’employer,étaient disposées à apprendre cenouveau métier de la broderie.En quelques années, MadameChancerelle forme donc huitjeunes filles du village qui yreviennent avec le savoir-faire leurpermettant de créer elles-mêmessur place leurs propres ateliers.

La broderie prend vérita-blement son essor à Fontenoy aumilieu du XIXème siècle grâce àMadame Rodier qui y installe unevéritable entreprise de travaux surmétiers plats. Outre lescommandes venues des grandesvilles, le village bénéficie

La broderie professionnelle dans les VosgesLa broderie professionnelle dans les VosgesLa broderie professionnelle dans les VosgesLa broderie professionnelle dans les VosgesLa broderie professionnelle dans les Vosges

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également de la proximité denombreuses stations thermales,très prisées sous Napoléon III.Les curistes aisés profitent de leurséjour pour faire réaliser toutessortes de travaux de broderiedans le village. A cette époque,Fontenoy compte plus de cinqcents brodeuses sans oublierquelques brodeurs.

C’est l’âge d’or de la broderiesur blanc. La demande est si fortequ’il n’est pas rare de voir lesfemmes toucher un meilleursalaire que les maris, majori-tairement ouvriers métallurgistes.Une bonne brodeuse peut gagnerjusqu’à trois fois le salaire d’unouvrier et faire presque fortuneen gagnant 6 francs par jour...Dans ces conditions, pour ne pasdistraire leur précieux temps ni

risquer de s’abîmer les mains à destravaux pénibles, elles laissentbien souvent à leurs époux le soind’assumer toutes les tâchesménagères en rentrant de l’usine !

Cependant, le déclin de labroderie professionnelle s’amorcedans les Vosges, dû à plusieurscauses. C’est tout d’abordl’incendie du Bazar de la Charitéen 1897 qui engloutit d’énormesfortunes, puis surtout la premièreguerre mondiale. Les femmesremplacent les hommes mobiliséset la broderie passe bien vite ausecond plan.

Entre les deux guerrescependant, Fontenoy maintient labroderie professionnelle à unniveau honorable. Mais commede nombreux artisanats de luxe,cette activité périclite rapidementaprès la seconde guerre mondiale.Les machines à broderconcurrencent dangereusement letravail traditionnel à la main, lavogue des trousseaux person-nalisés disparaît rapidement, laclientèle aisée se réduit sensi-blement, les salaires desbrodeuses deviennent de moinsen moins attractifs, les jeunes fillesse désintéressent de ce travail... Aune époque où une grande partie

de la population active gagne enFrance plus de 50 000 francs parmois, une brodeuse expéri-mentée, travaillant plus de 12heures par jour, samedi etdimanche compris et sans congés,parvient péniblement à un salairemensuel de 15 000 francs. Ledernier bureau de broderieferme ses portes à Fontenoy en1977.

Le musée de FontenoyLe musée de FontenoyLe musée de FontenoyLe musée de FontenoyLe musée de Fontenoy

Il a été créé en 1978, avecl’objectif de valoriser lepatrimoine local. Situé dans unemaison ancienne au coeur duvillage, il bénéficie d’un belenvironnement de murs de pierreou habillés de boiseries anciennes.Il présente bien sûr un ensemblespectaculaire de pièces réalisées enbroderie blanche mais également

Trésor familial : la robe de baptêmeTrésor familial : la robe de baptêmeTrésor familial : la robe de baptêmeTrésor familial : la robe de baptêmeTrésor familial : la robe de baptêmeDéjà les catéchumènes adultes des premiers siècles après Jésus-Christ portaient un long vêtement blanc :

l’aube baptismale, symbole de pureté et de vie nouvelle. Au cours des siècles, la cérémonie du baptême aperduré, mais à cause de la forte mortalité infantile, il devint d’usage courant de baptiser les enfants dès leurnaissance.

Alors le nouveau-né était conduit à l’église enveloppé dans le châle de mariée de sa mère pour montrer larelation privilégiée de l’enfant avec elle. Emmailloté étroitement, il portait un ou plusieurs bonnets ornés demédailles, rubans et riches broderies. La grande robe blanche, symbole de l’innocence du petit être désormaisabsous du péché originel, est apparue d’abord dans les classes sociales aisées, puis elle s’est généralisée.

Transmise dans la famille de génération en génération ou offerte par la marraine, cette robe plus longueque l’enfant, était abondance de luxe au XIXème siècle pour devenir plus sobre au début du XXème puisdisparaître peu à peu à partir de 1950.

En baptiste, linon, mousseline ou tulle, parfois réalisée dans le voile de la mariée, la robe est ornée dejours, de rubans de soie, de plis religieuses, de dentelle, d’entre-deux, finement brodée de festons, plumetis,incrustations de fleurs ou broderie anglaise. Elle est assortie parfois d’un tablier et toujours d’un petit béguin.

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Point de mire

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de nombreux panneaux expli-quant comment était organisé laprofession de la broderie.

On y découvre la fameusemachine à piquer et également latechnique du ponçage à lapoudre d’encre. De très beauxrecueils permettent d’admirer lescroquis originaux réalisés par lesdessinateurs des bureaux. Enfin,de nombreux objets, comme parexemple la boule d’eau qui servait

de loupe, un très beau métier platou le tambour sur pied articuléqui est une spécialité locale.

Mais le plus de ce petit musée,c’est incontestablement l’accueiltrès disponible par une brodeuseprête à expliquer les différentestechniques de reproduction desdessins et à donner des précisionssur l’ouvrage qu’elle a en cours.

Musée de la Broderie 5, placeGilbert - Fontenoy-le-Château -03.29.30.40.48Ouverture : du 1er mai au 30septembre de 14 heures 30 à19 heures, tous les jours sauf lemardi. En dehors de ces dates,uniquement pour les groupes deplus de 10 personnes.

Pour avoir vécu jusqu’à son mariage à Fontenoy-le-Château, Huguettea grandi au milieu des brodeuses et commencé sa vie professionnelle danscette spécialité.

Comment avez-vous appris à broder ?J’ai commencé assez naturellement, avec les femmes qui

m’entouraient. Enfant j’ai toujours vu ma mère broder pour un bureau,et toutes les femmes autour de moi. Quand il faisait beau, nous tirionsles chaises dans la rue, et ça brodait devant les maisons ! J’ai commencéma marquette avec des exercices au plumetis, on me corrigeait au furet à mesure. On n’avait pas plus de cours que ça, simplement l’expérienceque nous retransmettaient nos aînées. Et de la broderie, on en voyait : jeme rappelle le mouchoir précieux brodé d’un agneau pascal reçu pourma première communion, comme de coutume dans la région.Et la broderie professionnelle ?

Ça aussi, ça s’est fait naturellement, car dans le coin, il n’y avait guèred’embauche pour les jeunes filles en dehors de la broderie et la questionse posait à peine. Juste après le certificat d’étude, ma mère m’a pousséeà m’inscrire dans un bureau et j’ai bien compris que le temps était venupour moi de gagner un peu d’argent avec mon aiguille.

J’ai souvenir d’avoir brodé surtout des mouchoirs, mais il y avaitdes spécialités. J’ai des draps par exemple, où j’ai brodé mon mono-gramme, mais les fils tirés ont été réalisés par une brodeuse dont c’étaitla partie. A la Pipée, il y avait même celle qui brodait le monogrammedu Shah d’Iran sur ses caleçons, ça n’était pas n’importe qui !Comment choisissait-on son bureau?

C’était un peu le hasard, on pouvait le faire en fonction de laproximité par exemple, on se regroupait par quartier. Il y avait encorebeaucoup de bureaux de broderie à Fontenoy, moi je suis allée à celuiqui était de l’autre côté de la rue. Mais je me rappelle que ma mèren’était pas au même bureau que moi.

Comme nous n’avions pas le choix de gagner notre vie autrement,on nous payait une misère, et ça nous révoltait assez, d’ailleurs... D’autantque les échantillons qui servaient à déterminer les prix étaient bien sûrréalisés par des brodeuses expérimentées et rapides, et comme nousétions payées à la pièce, il ne s’agissait pas de traîner. Il y a peut-être euune époque plus lointaine où la situation des brodeuses était enviable,mais juste avant-guerre, il fallait en faire, des heures, pour gagner quelquechose ! Vivre de la broderie, ce n’était pas un rêve, bien que je garde lebon souvenir des veillées où tout le monde tirait l’aiguille autour de lalampe, il y a même des hommes qui brodaient avec nous.

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• Broderie Leçons pratiques par Cousine Claire - Bibliothèque des Métiers

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• L’encyclopédie DMC Flammarion

• Encyclopédie des ouvrages de dames - Thérèse de Dillmont• Les secrets de grand-mère - L. Fronty et Y. Daronsoy Ed. du Chêne