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La campagne contre la ville : mesure de l'urbanisation au Caire En Égypte, l'urbanisation des terres agricoles est vécue commel'at teintesuprême à l'é col ogi e. D'une manièregé nérale, lo r squ 'ils 'agit de dét erminerl es ca uses de la détér ioration de l'en vironnement, del/X co uran tsS 'affro ntent: lepr emier; malthus ien, incri- mine " l' explosion démogr aphique " et le seco nd, anti-rnaltbusien, l'inno cente de toute mena ce sur l'environnem ent. Néanmoins, laplupart des es sais dequantification révèlent la complexité réelle de la relationpop ulation /environnement. L'Orstom a entrepris des re ch er ch es afin d'examiner cette rela- tion, nonsur un vaste écosystème, mais à l' échelle l ocale de la pé riph ériedu Ca ire. Ces travaux co m- binent les données des i mages-satellite à celles des rec ensementsdepopulati on. Il spermettentde sépa- rer lesfacteurs de la cr oissance urbaine et d 'éla- bore r, à l'aide d'un système d 'informations géo- graphiq ues, des indicateursd'environnem ent. Le Caire, d 'après l'image SPOT XS du 11/04/86 redressée selon le système de projection cartogra- phique UTM de l'image SPOT-View du 10/08/94. Auteur M. Armand , logiciel OCAPI , Copyright CNES, SPOT IMAGE, FLEXIMAGE 26 OR 5 T OM A CT UA LITÉS ur le G rand-Caire, trois inven taires rétros- pec t ifs es t im e n t qu e l' u rba ni sa tio n aur ait "consommé" 330 ha/an entre 1968 et 1977, 590 ha/an de 1977 à 1982, enfin 168 ha/an de 1986 à 1989 . Ces ch iffres montrent la cro issance de la tache urbaine, mais ils sont obtenus à part ir de sources, de méthod es, d'éche lles et de durées différ entes. Par ailleurs, les deux premiè res études furent commandées pour appuyer une poli - tique qui consacrait l'urbanisati on du désert comme altern ative à celle des terres agricoles. l'

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La campagnecontre la ville :

mesure del'urbanisation

au CaireEn Égypte, l'urbanisation des terres agricoles estvécuecommel'atteintesuprêmeà l'écologie. D'unemanièregénérale, lorsqu 'ils'agit dedéterminerlescauses de la détérioration de l'environnement, del/XcourantsS'affrontent: lepremier; malthusien, incri­mine " l' explosion démographique "et le second,anti-rnaltbusien, l'innocente detoute menace surl'environnement. Néanmoins, laplupart des essaisdequantification révèlent la complexité réelle dela relationpopulation/environnement. L'Orstom aentrepris des recherches afind'examiner cette rela­tion, nonsur un vasteécosystème, mais à l'échellelocalede lapériphériedu Caire. Ces travaux com­binent les données des images-satelliteà celles desrecensementsdepopulation. Ilspermettentdesépa­rer lesfacteursde la croissanceurbaine et d'éla­borer, à l'aide d'un système d'informations géo­graphiques, des indicateursd'environnement.

LeCaire, d'aprèsl'image SPOT XS du11/04/86 redresséeselon le système deprojection cartogra­phique UTM del'imageSPOT-View du10/08/94.Auteur M. Armand,logiciel OCAPI,Copyright CNES, SPOTIMAGE, FLEXIMAGE

26 OR 5 T OM A C T UA LITÉS

ur le G rand-C aire , trois inv en ta ires ré tros­pec t ifs est imen t qu e l' urba ni sa tio n aura it"consommé" 330 ha/an entre 1968 et 1977,590 ha/an de 1977 à 1982, en fin 168 ha/ande 1986 à 1989 . Ces ch iffres montrent lacro issance de la tache urbaine , mais ils son t

obtenus à part ir de sources, de méthod es, d'éche lleset de durées différentes. Par ailleurs, les deux premiè resétudes fure n t co mmandées pour app uye r une poli ­tique qui consacrait l'urbanisation du dése rt commealternat ive à ce lle des terres agricoles.

l'

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, '

r •

UNE VISION TROP PESSIMISTEDE L'URBANISATION?

La peur de vo ir la vall ée du Nil sté rilisée par laville e t l' industri e pousse à déformer la réalité ou à

douter des ch iffres. Certains n 'h ésitent pas à anno n­cer une réduction de la surface arable tota le de quelqu e400 000 fedd ans (l feddan = 0,42 hect are) au coursdes trente dernières années, soit une perte annuellemoyenne de 13300 feddans. Les sta t istiques indi ­quent cependa nt l'inverse: les pertes , ca r il y en a,

LA CAMPAG NE CONTRE LA VILLE : MESURE DE L' URBANISATION AU CAIRE

La campagne a faitplace aux immeubles

le long de l'avenuecélèbre quirelie le Nil

aux Pyramides.Aquarelle de Jean­louis Pagès (1994).

ln" Silhouette urbaine :l'exemple duCaire "

(IAURIF, 1994) .

"Allée des Pyramides" :unedes premières

photographies de cetteavenue inaugurée parla princesse Eugénie

lors desfestivités orga­nisées à J'occasion

de l'ouverture ducanalde Suez.

Auteur: Félix Bonfils(1870).

© Barry Iverson

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Le Caire, d'après l'imageSPOT XS du 11/08/94(formatGEOSPOn.Auteur M. Armand, logicielOCAPI, Copyright CNES,SPOT IMAGE, FLEXIMAGE

Le Caire, carte de situationd'après l'Image SPOT XSdu 11/08/94 rectifiée selonle système de projectioncartographique UTM (tonnatGEOSPOn. Enraisonde saprécision,ce documentconstitue la référencegéographique du systèmed'information élaboré pourcette application.Auteur M. Annand, logicielOCAPI, Copyright CNES,SPOT IMAGE, FLEXIMAGE

28 OR " p " ACT I,' .H lT b

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Urban expansionand the Nile Valley's precious farmlands

LA CAMPAGNE CONTRE LA VILLE: MESURE DE L'URBANISATION AU CAIRE

ou de la conjoncture (selon l'expression de Braudel)

avait favorisé l'idée de la disparition d'une ressource

(la terre) assimilée à la rupture d'un équilibre ances-

tral. Par opposition, la perception contemporaine de

l'ère des satellites s'inscrit dans une durée plus longue

et suggère une transformation. Intégrée dans une suc-

cession d'états, l'urbanisation perd son caractère dra-

matique et pose de facto la question de sa mesure.

Le Caire, progressant sur la vallée par accrétion

plutôt que par "mitage", la transformation des terres

agricoles en urbs est mesurée par la différence entre

les agglomérations morphologiques à des dates suc­

cessives. La méthode élaborée à partir de la Photo­

Interprétation Assistée par Ordinateur* repère l'espace

urbain continu aggloméré, puis calcule son évolution,

La précisison de ce calcul dépend de la rigueur que

l'on met à délimiter le bâti et à apprécier sa conti­

nuité selon une méthode répétée à l'identique pour

chaque image. On restitue les images et les données

de recensement dans un même système de projection

cartographique afin de superposer les périmètres

urbains successifs et de calculer les surfaces urbani­

sées entre 1986 et 1994 au sein des unités statistiques

locales. Pour la première fois, les conditions néces­

saires à une mesure régulière sont réunies car ce cal­

cul est reproductible et sa précision peut être évaluée.

sont plus que compensées par les bonifications, en

sorte que la surface arable n'aurait jamais cessé d'aug­

menter. Le rapport présenté lors de la Conférence

d'Istanbul (Habitat II 1996) est plus alarmant que le

précédent dans l'estimation des pertes, tout en rap­

pelant que celles-ci entrent en balance avec des gains:

" De 1952 à 1990, les terres bonifiées ont augmenté

au rythme de 52 000 feddans/an, tandis que les terres

arables diminuaient de 30 000 à 60 000 feddans/an "

(Ministry of Housing, Utilities and Urban

Communities, 1996), auxquels il faut ajouter les

734500 feddans gagnés de 1990 à 1995. On remar­

quera que le ministère donne une fourchette: en effet,

la surface urbanisée reste une inconnue. Peut-être

est-ce pour cela que l'opinion courante, peu sensible

au contrepoids des bonifications, continue à qualifier

l'urbanisation des terres arables de " cancer ", de

" dévastation" ou " d'agression ''.

Cette perception, non fondée sur les données,

trouve sa source dans un imaginaire que l'Égypte par­

tage avec d'autres sociétés. Contemporaine de l'ex­

pansion urbaine du milieu du XXe siècle, la notion

de consommation d'espace exprime l'inquiétude éco­

logique de sociétés rurales face à la ville. C'est une

vision binaire du monde, renforcée en Égypte par la

géographie. La vallée du Nil, mythe de fertilité, s'op­

pose au désert impropre à la vie. Aujourd'hui, tan­

dis que les villes nouvelles du désert ont doublé la sur­

face totale de l'agglomération du Caire, et que les

terres désertiques bonifiées représentent le tiers de la

surface agricole utile du pays, ce pessimisme n'est-il

pas le regret d'une société agraire idéale à jamais révo­

lue, accompagné ici de la négligence du facteur le plus

rare: l'eau? En Égypte, plus qu'ailleurs, les terres

arables (moins de 4% de la surface totale du pays) sont

un" bien commun ", que les lois sur l'agriculture et

sur l'environnement protègent de l'usage urbain.

Néanmoins, en l'absence de mesures, on ignore en

quoi cet usage affecte le patrimoine commun et s'il

met en danger le" développement durable" du pays.

TERRES AGRICOLES ET URBANISATION

Lorsqu'en 1887 Cerdà proposait d'étudier l'urba­

nisation (terme qu'il inventa), il ne disposait d'aucune

représentation formelle. Pendant plus d'un siècle, la

cartographie n'a donné que des instantanés d'une réa­

lité en constante évolution. Les mesures rares et irré­

gulières accentuaient l'impression d'une consom­

mation des terres arables. Depuis peu, les satellites

d'observation de la terre à haute résolution spatiale

et temporelle permettent un suivi régulier de l'évo­

lution de l'urbanisation. Jusqu'ici, l'inscription de

ce phénomène dans les "temps courts" de l'événement

Egyptiansregardthe urbanisation of thelrarable land as anecoiagiea! disaster. Inresponse to thls, new towns have beenbuUt in the desert 50 as to proteeltheNUe valley, where the vast majorltY ofEgypt's farmland is located.However, no regular, systematic obser­vation of urbanisation had baen under­taken untitnow. Wlthout accurate maps,one getsthe impressionthat arable landisbeing rapidlyabsorbedby the city,andthis merely feeds the ecological anxie­ties of a society stillfacing n'lpldurbani­satlon. Now, however, remote sensingand GIS technology enable US, for the

tlrst time, to monitor the spread of thecity and assess whether or nof it /s cau..

sing land degradatfon,and whethertotal

farmland ares is shrinklng. Therean:tvIodiametrically opposing views of~qtIes­tlon: neo-Malthusil1l1sarguethat: ~~lÎ'!'

lation pressure leads to over..~se>ClJ.rmlsuse of land, whlle anti"Malth~i!~~

do not see population9roWthasa.~thl'éat to the envlronment.Neverthe!es$.

the relationshipbetween population andenvironmentaldegradation is bothcorn­plex and hard to quantify.This art/cie outlines an ongolngresearch program wh/ch Is examinlngthe relations between populationgrowth and urban absorption of arableland on the western outskirts of Cairo-- l.e, at a locallevel rather than that ofa major ecosystem. SPOT satellite dataare belng comblned with data frompopulation censuses define envi-ronmental indicators. Dringproc$dure makes lt possible ta disen­tangle the different elements of urbangrowth at any point in space and time.

The firstresults show that, contrary taexpectations, the urbanisationof arableland around Cairo ls not at ail waste­fui of space.

sand measurementsdlfy the wldespread

ator, and the'on on current

ORSTOM ACTUALITÉS 29

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Le Caire, résultat de laclassification des imagesSPOTXS de 1986 (à gauche)et SPOT XSde 1994 (à droite).L'espace bât i apparaît enrouge, les parc s, jardins etespaces agricoles en vert,en jaune le désert.Auteur M. Annand, logicielOCAPI, CoPyri9ht CNES,SPOTIMAGE, FLEXIMAGE

30 O R STO M A CTU A LIT ÉS

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.,"_ f.

. r.>

LA CAMP AGNE CONTRE LA VILLE :M ESU RE DE L 'UR BANISATION AU CAIRE

Détail des périmétresdel'agglomération morpholo­gique du Caire en 1986(à

gauche) et en 1994(àdroite) surle gouvernoratde Giza. Les images sont

restituées encouleurspseudo-naturelles.

Auteur M. Armand, logicielOCAPI, Copyright CNES,

SPOT IMAGE, FLEXIMAGE

O R 5 T O M Al; I IJ A L I I (, 31

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GASPILLAGE OU ÉCONOMIE D'ESPACE?

Les mesur es effec tué es montrent q u'entre 1986

et 1994 l'agglomér ation s'es t accrue de 2 560 ha sut

les terres agr ico les du gouve rne ment de G iza, so it 320

ha/an. C ela co nfirme la poursu ite du mou vement au ­

del à du ralentissement obse rvé entre 1986 et 1989

sur la même zone ( 14 1 ha/an) . A insi, des un ités admi­

nistr ativ es (sh ivakha t ) déjà très densément bâties en

1986 vo ien t leur tissu urbain se saturer (Jusqu'à 100

% d' espace cons tr ui t obse rvé avec une réso lution au

so l" de 20 ml . La réser ve d ispo n ible pour l'aménage­

ment (d iffér ence en tre urba n isa t ion nette et bru te

constituée par les espaces verts e t publics libres de

cons tructions) , q ui fu t es t imée à 1 600 na dans un

secteur comp ris en tre le tr acé du pér iphériq ue ouest

et le Nil, n' é ta it plus q ue de 1 483 ha que lque s mois

plus tard (ca lcul sur l'image de 1994 ). En résumé, les

pol itiques urba ines semblent avo ir peu d 'effet sur l'u r­

ban isat ion des ter res agricoles de G iza jusqu 'en 1994.

Le déve loppem ent urbain s'est concent ré dans

un rayon de 5 e t 7 kil om ètr es d u centre de la v ille .

Il s'agit d' anciens villages (Ba sh t il, Bireq a l Kh ayam ,

A I Motarn adi a , Saft a l Laban ). Leur taux d'a cc ro is­

seme nt annuel (7% ) fut deux fois plus rapide que celui

de l'ensem ble des unités urb a ines de G iza entre 1976

et 1986 . Bien q u' an ne xés pa r la vil le entre 1986 et

Evaluaci6n de la urbanizacion en El CairaEn Egipto, la urbanizaci6n de las tiermsagricolas es sln ènlmo de afrentasuprema a ta ecologia. Asi, se han edl­ficado nuevas zonas habitacionales enel desierto a fin de proteger el valle deiNilo. regian que abarca la mayor partede las tierras cultivables dei pais. Sinembargo, y hasts hace poco, la urbant­zaci ôn era objeto de medidas irregu ­lares y poco slstern àticas. Por ejemplo,la falta de mapas prec isos hacia pen­sar que la tierra se acababa r àpida­mente, alimentando los temeres deorden ecol éqico de una socledadconfrontada a las amenazas de lamegal6polis .Por primera vez, la asoclacl6n de téc­nlcas de teledetecci6n y de sistemasdeinformaci6n geografica han permitidocontrolar el fen6meno y determinar siexiste da ào al medio ambiente 0 no. Engeneral, cuando se trata de determinarlas causas de este deterioro, dos cor­rientes se oponen: la primera, mattu­siana, denuncia la " explosi6n demo­grafica " y, la segunda, antimaltusiana ,no consldera la demografia como laprincipal amenaza para el medio

32 O K S ;0 M AC l t l .At I T L'

amblente. No obstante, la mayoria delas pruebas de cuantificaciôn revelan lacomplejidad real de la relaci ôn pobla­ci6n/medio ambiente.Orstom Heva a cabo un programa deinvestlgaci6n a fin de aclarar el debatey anallzar esta retacl én, enfocândose,no en un vasto ecosistema. si no en taperi feria dei Cairo ùnlcarnente. Estosestudios comblnan los datos arrojadospor tas imâgenes-satéllte y los censosde poblaci6n, permltiendo anallzer porseparado, con el mayor numero posiblede coordenadas espaciales y cronol6­gicas , los factores de crecimientourbano, asl como e/aborsr Indicadoresmedioambientales con ayuda de un sis­tema de informacl6n geografica. Losprimeras resultados revelan que laurbanlzaci6nde las zonas arables apro­vecha el espacio en vez de malgastarlo.La realizacl6n frecuente de encuestasy mediciones podria contribuir a modl­ficar el concepto muy ditundido que setiene de la ciudad coma enemlga de laecotogia , y que tanto Influye enlas actuales politicas de planeaci6nurbana.

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OR 5 T OM A C T U AL I T ÉS 33

Les surlaces urbani­sées entre 1986et1994surles terresagricoles duGouvernorat de Gizaapparaissent en rougesurfond d'imageSPOT XSde 1994,affichée en couleurspseudo-naturelles.Les limites des unitéslocales de recense­ment superposées à"image selon lesystème de référencesont figurées enjaune.Auteur M. Armand,logiciel OCAPI,Copyright CNES, SPOTIMAGE, FLEXIMAGE

Du Nil aux pyramides,détail des surlacesurbanisées entre 1986et 1994,au sein desunités locales.L'urbanisation appa­raît en rouge surfondd'image (10/08/94)affichée en couleurspseudo-naturellesavec unfacteurd'agrandissement de2.Auteur M. Armand,logiciel OCAPI,Copyright CNES, SPOTIMAGE, FLEXIMAGE

UNE NOUVELLEAPPROCHE DE L'URBANISATION

LA CAMPAGNE CONTRE LA VILLE : ME SURE DE L'URBANISATION AU CAIRE

1994, la plupart de ces villages étaient encore consi-

dérés comme de s uni tés adm in ist ra t ives rural es à la

veille du rece nsem ent de 1996. La croissance urbaine

s'effec tu e de préfé rence en continuité avec l'agglo -

mération, comme l'atteste aussi la faible part ic ipat ion

des v illages (13 %) à l'urban isati on tot ale de la zone

d'étude, ce qui contredit les é tudes antérieu res selon

lesquelles la croissance du bât i se ferait pour 40% par

é ta lemen t des villages.

Enfin , en étudiant les surfaces bâties sur les terres

ag rico les de G iza, sépa rément du reste de la v ille , on

observe d 'une part que, depuis le début du siècle , la

populati on s'est toujours accrue plus vi te qu e l'espace

bâti et , d'autre part , que les dens ités rapp ort ées au bât i

sont exceptionnellement fortes (jusqu'à 5 000 hab/h a) .

Avec une moyenne de 318 hab/ha en 1986, ell e sont

près de [fois fo is supé rieures à la densité du C aire,

pourtant l'une des villes les plus denses du monde. Les

premiers résu ltats révèl ent donc de s éc o no m ies

d 'espace à la place du gaspillage a t tend u. Ils ne per­

mettent plus de pr étend re q ue l'urbanisati on dé vo re

les terr es agrico les.

Face à une réal ité urbain e mul tiform e, le con cept

d 'aggloméra tion morphol ogique* asso cié a ux do n ­

nées satellita ires constitue un outil d 'observation pro­

meneur. D'ores e t déjà, grâce à une référen ce terri ­

ton ale co mmune aux recensements et a ux

irnages-sare llite , la rel ation population/envir onne ­

ment peut êt re abo rdée à l'échelle loc ale . L'o bse r­

vation systém ati que du rapport entre la populati on

et l'espace agglom éré est un premier pas vers l'él abo­

ration d'indicat eurs d'environnement qui permet­

tront d'apprécier l'urbani sation autrement que comme

une " con sommati on d' espace '' .

In fine, la mesure régulière peut modifier les repré­

senta t ions courantes dont l'influence est manifest e

sur les politiques urba ines. Il faut apprendre à éva lue r

autrement cene urban isat ion tant redoutée. Q ue sait­

on de la c ra inte q u' e lle év e ille , sin o n qu e le mod e

d'occupati on des so ls est de venu un enj eu maje ur de

nos soc iétés? O n comme nce [Out just e à s' interr oger

sur le bien -fondé de ce ne peur de manquer d 'espace

qu i, de puis Le C o rbusie r, co nd u it les urb ani st es à

co nq ué rir de nou veaux territoires pour "pro tége r lanature" de la ville _

Myriam Armand ,

Université Pari s l en accue il au Département

"Sociétés, Urbanisati on, Développement",

UR "Enjeux de l'urbanisation"

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Les tissus urbainsconstruits illégalementsur les terres agricoles,en encadrés, sontobservés à partird'extraits d'une ImageSPOT P+XS de 10 mde résolution au sol etsuperposés à l' ImageSPOT XSde résolution20 mètres.Auteur M. Armand,logiciel OCAPI,Copyright CNES, SPOTIMAGE, FLEXIMAGE

LA CAMPAGNE CONTRE LA VILLE : ME SURE DE L'U RBANISATION AU CAIRE

Glossaire .

34 O R5 TOM A C TU A l l l (, S

Agglomérationmorphologique :zone définie par l'enve­loppe spatiale de l' es­pace bâti continu agglo­méré. Ce quicorrespondait au Caire à11 340 000 habitants en1994 (estimation F.Moriconi-Ebrard, CEDEJ).On considère que lacontinuité est rompuelorsque plus de 200mètres séparent les élé­ments urbains (bâtimentsmais aussi parkings etvoies de communicationsdiverses).Photo-Interp ré t ationAss istée par

Ord inateur ou PIAO :

pratique de la photo­interprétation sur écrandans des conditions trèsperformantes de traite­ment et de gestion desimages. Un dispositifinteractif Intègre les ana·lyses statistique (analysedes valeurs spectrales del' image) et spatiale (priseen compte des propriétéstopologiques et textu­raies) de l' image et lesenrichit par un travail dephoto-interprétation sys­tématique. Certainesrègles de reconnaissancedes objets sont ainsi tra ­duites en procéduresautomatiques. D'aborddéveloppée pour le ren-

seignement militaire, laméthode s'est ouverteau domaine civil audébut des années 1990.Résolution au so l :la résolution spatialed 'une image, commel'échelle d 'une carte, faitréférence à une fonctionqui transforme le réelobservé en une repré­sentation réduite, et fixeun seuil en-deç à duquelcertains objets ne sontpas représentés. Direque la résolution desimages SPOT XS est de20 mètres, signifie quechaque point élémen­taire de l'image corres­pond à une surface au

sol de 400 m' .Couleurs pseudo­nature lles :mode de restitution desdonnées satellitaires quioptimise l'interprétationdesimages.Par conven­tion , on restitue les diffé­rents canaux d'une imageSPOT de la façon sui­vante : XS2 en rouge,XS3 en vert, XSl en bleu .Ici, l'opération est effec­tuée sous la forme d'unecombinaison linéa ire descanaux. On fixe demanière interactive lacontribut ion de chaquecanal à chacune descomposantes rouge,verte et bleue de l' image.

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Pour en savoir plusAgrieultural law, 1995.Promugalting the agricul­

turallaw, Law n° 53/1966,Official Journal, 10

September 1966- Issue n°206 and Law n0116/1983,Official Journal n032,

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