7
Fredrik Leegaard, Oslo. La circulation dam la pneumonie experimentale Nos connaissances relativemrnt aux conditions cilrculatoires pendant la pneumonie sont inconipl8t.e~. La raison principale en cst que les experiences classiques sur la pression artkrielle des animaux iinfectes avec diverses eepAces microhiennes - experirnces faites par ROMBERG et ses collahorateurs B part,ir de 1890 - sent, dkjk nnci’ennes. Si importantes que fussent ces expkriences pour expliquer le trouble engendrk dam la cilrculatilon pa.r les iiialadi;.s infectieuses, elles avaient un dkfaut, celui davoir &ti; exkoutbes sur des animaux sujets. R une infection genkrale et non d‘une inflam- niati on locale. Au point de vue hemodynaniique on pouvait soulever une autre ohjection. La pression artkrielle est un facteur circulatoire statique. Par consequent, elle n’a qu’une valeur liniit6e pour l’apprbci‘ation des condit.ions hhnodynamiques, ou, avant tout, c’est Ie travail foiirni par 1e cceur, le volume du cceur en une minute et la vitesse cuhjque du courant dans son ensrmble qui est d’un int6rPt capital. On peut encore faire observer que les rhsultats des expkriences de ROMBERG ne sont pas denieures sans contradicteurs. Dans des expkriences ult.krieures, 1’ahai:sscment de la pression qu’elles indiquaient s’est t row6 rkduit $1 un degri! relativement insignifiant ou m&me nul. A cet. kgard on peut citer 10s expkriences de NEWBURG et, de PORTER. en 1914 ct 1916 experiences qui furent cxecut,i!es de la m0mc manilere quc celles de ROMBERG. Ces auteurs concluent que I’ascension de In pression artcirielle qu’ils constaterent etait tellement insignifiante que la vile des animaux d’expkrience n’etailt de ce fait exposee & aucun danger. Toutefois les ohservat.ilons recueillies au Iit des malades tendent prouver qu’au cours de la pneumonie, il peut exister tine augmentation de la pressi!on art6rielle. C’est dans le hut d’approfondir nos connaissances relativernent b 1’6tat de la circulation darls la pneumoniie que j’ai entrepris les exp6rierices dont je vai’s presenter un compte-rendu prkliminaire

La circulation dans la pneumonie expérimentale

Embed Size (px)

Citation preview

Fredrik Leegaard, Oslo.

La circulation dam la pneumonie experimentale

Nos connaissances relativemrnt aux conditions cilrculatoires pendant la pneumonie sont inconipl8t.e~. La raison principale en cst que les experiences classiques sur la pression artkrielle des animaux iinfectes avec diverses eepAces microhiennes - experirnces faites par ROMBERG et ses collahorateurs B part,ir de 1890 - sent, dkjk nnci’ennes. Si importantes que fussent ces expkriences pour expliquer le trouble engendrk dam la cilrculatilon pa.r les iiialadi;.s infectieuses, elles avaient un dkfaut, celui davoir &ti; exkoutbes sur des animaux sujets. R une infection genkrale et non d‘une inflam- niati on locale.

Au point de vue hemodynaniique on pouvait soulever une autre ohjection. La pression artkrielle est un facteur circulatoire statique. Par consequent, elle n’a qu’une valeur liniit6e pour l’apprbci‘ation des condit.ions hhnodynamiques, ou, avant tout, c’est Ie travail foiirni par 1e cceur, le volume du cceur en une minute et la vitesse cuhjque du courant dans son ensrmble qui est d’un int6rPt capital.

On peut encore faire observer que les rhsultats des expkriences de ROMBERG ne sont pas denieures sans contradicteurs. Dans des expkriences ult.krieures, 1’ahai:sscment de la pression qu’elles indiquaient s’est t r o w 6 rkduit $1 un degri! relativement insignifiant ou m&me nul. A cet. kgard on peut citer 10s expkriences de NEWBURG et, de PORTER. en 1914 ct 1916 experiences qui furent cxecut,i!es de la m0mc manilere quc celles de ROMBERG. Ces auteurs concluent que I’ascension de In pression artcirielle qu’ils constaterent etait tellement insignifiante que la vile des animaux d’expkrience n’etailt de ce fait exposee & aucun danger. Toutefois les ohservat.ilons recueillies au Iit des malades tendent prouver qu’au cours de la pneumonie, il peut exister tine augmentation de la pressi!on art6rielle.

C’est dans le hut d’approfondir nos connaissances relativernent b 1’6tat de la circulation darls la pneumoniie que j’ai entrepris les exp6rierices dont je vai’s presenter un compte-rendu prkliminaire

441

- au nioins en ce qui colicerne le volume du cceur en une minute et son volume de contraction. En raison du peu de temps dont j e dispose icit, l’expos0 de mes rksultats sera tout

1,es experie,nces porterent sur des lapins, chez lesquels on avait provoquk une pneumonie exphrimentale.

En ce qui conccrne la technique, j e ferai les remarques suivantes :

Le volume du cEur en une minute est calculB d’aprbs la methode donnBe par ADOLPH FICK en 1870. La inhthode, comme on le sait, est fondee sur la determinatiion simultanee, d’une part, de la consom- mation respiratoire d’oxyghne en une minute et, d’autre part, de la difference exiMant, ent,re les teneurs du sang en oxyghne de la moitie gauche et de la moiti0 droite du co?ur. Le rapport entre ces deux valeurs - consommation d’oxyghne et difference de teneur en oxygene - donne la quantiltB de sang qui repond ii la consommation d’oxygene const,at& pour une mlinute et qui, en l’unit6 de temps, a franchi Ie circuit de la petite circulation. La rnBthode se pr&te fort hien aux experiences sur les animaux. Aussi a-t-on assez souvent f!mploy0 cet,te mBthqde, notamment ZUNTZ et HAGEMANN pour leur grand travail intitule (( Untersuchungen uber den Stoffwechsel des Pferdes )), sans parler d’autres experimentateurs. Toutefois pendant longtemps elle tomba dam le discredit. Elle presuppose en effet que les poumons ne participent en aucune fagon aux Bchanges gazeux de la respiratilon, ainsi que le soutenait CHRISTIAN BOHR. Mais depuis qu’on a renonce ;I la th6ori!e de la combustion intra- pulmonaire - grace surtout aux recherches de HENRIQUES - la mBthode de FICK peut &tre consi’d6ree comme fondee en principe.

Dans mes expbriences la consommation d’oxygthe Btait mesuree. suivant I’usage, en fai:sant respirer les animaux au travers d‘une soupape dans la cloche d’un gazometre analogue 21 l’appareil de TESOT. La tcncur e n o z y y h e des Bchantillons sanyuins pris dans les moities gauche et droite du cceur etait det,erminBe par la methode du ferricyanure et l’on sc servait du manometre differentiel de BAACROFT, modi;fiB par AUGUST KROGH. Ides e‘chantillons de sang de la moitie gauche du comr Btaient pris par ponction d’une des carotides; ceiix du cceur droit provenaient de ponctions directes. Les pneumonies expkrimentales furent provoqukes en ponctionnant la. trachee et en injectant di:rectement une culture de pneumocoques dans les voies aerilennes suivant le procede de BLAKE et RUSSELL; plusieurs autres expdrirnentateurs ont eu recours a ce pfoc6d6 pour provoquer des pneumonies en diverses espkces d‘animaux.

fait sommaire.

4 42

Comme il a BtB dit, mes experiences ant port4 sur des lapins. Ces aniimaux sont extremcment receptifs A l’egard dn l’infection h pneumocoques par voie intratractieale. T,a sBrie qui fut souniisc: h ce mode dinfection dans Ic but de pernietlre la ddt,erniinalioii tlu volume du c a u r en une minute comprenait 21 lapiins. Chez 11 d‘enlro eux on parvint ,ti provoquer des pneumonies; 3 euront. des infil- trations pulmonaires Mgkres, mais 8 en eurent d’etendues et dc compactes. Des 10 animaux qui ne donnerent pas d’infillraf,ioii notable des poumons, 6 moururent dans Ies 48 heures suivant l’infectilon d’une septickmie h pneumocoques. Deux lapi’ns prcsen- thrent une inflammation du tissu peritrachkal et du tissu conjonctif rktrosternal, infection partant de la ponction de lti trachbe. Deux animaux eurent bilen une pneumonic @&re demontree par les moyens physiques d’esplorafion; mais ils sc rdtablirent en l’espace de deux ou trois jours.

Chez les lapins, la pneumonie a une evolution rapide. naris I P S exp6riencos bien r6ussies la temperature montaiit, dans les cinq nu six heures suivant I’inoculation, ti 39”-41 O . Dans les infections moins violentes l’ascension s’op6rait d’une manihre progressiwe.

Pour obtenir des valeurs normales, susceptibles d’8tre con!pnr&s avcc les r6sultats des anihaux pneumoniques, j’exkcutai, clic:< tlcs lapins normaux, une serie de determinations du volume cn unr minute. En ce qui concerne le volume en une minute, il fut, inontr4 qu’il existait une diffdrence important,e entrc les lapins b k m s vulgaires et les anima.ux pigment&. Cornme on le voit, par IP tableau I, le volume en une minute pour les lapins hlnncs est CII

moyenne de 111 cc. Chez les animaux pigment& la valeur mogenne de ce m6me volume 6taiit de 149 cc. Le volume de contraction 4tait respectivement de 0,51 et 0,57 cc. L’ensemble des exp6riknre.q normales donnerent pour le volume len une minute une valem moyenne de 121 CC. et pour le volume de contraction 0,52 cc.

Si l’on considere rnaintenant les valeurs du volume en une rnhute et du volume de contraction chez les lapins pneumonique., voici ce que l’on constate (Tableau I).

En ce qui concerne les lapihs, chez lesquels survint une pneumonie leghre, la valeur moyenne du volume en une minute est de 258 cc. ct celle du volunle de contraction de 0,80 cc.; ainsi donr on observe deja une augmentation notable par rapport ;tux valeurs normales.

Chez 7 lapins offrant une pneumonie Btendue et bien d h e - loppee on trouve un volume en une mihute et un volume de contraction encore plus Bleves, a savoir 202 cc. et 0,92 cc.

TABLEAU I

Volume en une m,inute et volume de contraction r i m drs lapins normaux : 11 czpe'l.ienwes.

Volume en une minute

de poiils du corps

111 cc .

Volume de contraction

d e poids du rtq's par kilogranme pal kilogramme

- - Lapins blancs : 8 exp6riences.. . . . . 0,51 cc. Lapins de couleur : 3 expbriences. l b ! ) cc. 0,57 cc.

-- Moyennes de l'enscmhle des exp6- ___

Tileiices . . . ... . .......... .... . 121 cc. 0,52 cc.

Volume en icne minute et volume dc con.traction chez les lapins attcints de pneumowic : 10 expdricaccs

Volume en une minute

de poids d u corps

Volume d e contraction

de pniidri du corps par kilogramme par kilogremmo

- - Prieumonie 16ghre : 3 experiences.. 158 cc. 0,80 cc. l'neunionie Btendue : 'i experiences. 202 cc. 0,92 cc.

Si l'on compare aux valeurs normales les valrurs du volume en Line minute des animaux qui prCsent$rent une pneumonie fort nccushe, 011 voit qu'il cxisle pour lea secondes une augmentation rle 167 %.

Etant donnB que la frhquenre des contractions du cceur ne diffkre pas essentiellement de celle qu'on rencontre chez les animaux normaux, le volume de contr<wtion du cmur se trouve augment6 5 peu prEs dans les memes proportions que le volume en une minute.

En plus des resultats prhcbdents mes experiences fournissent quclques indications intbressantes.

444

TABLEAU I1

Volume en une minute par kilogr. de poids du corps. Animaux normaux -

121 cc. 100 %

Animaux porteurs il'une pneumonie Olendue -

202 cc. 167 %

Consommation d'oxygkne par minute e t par kilogramme cle poids d u corps.

Animoux normwx - 8,31 cc. 100 %

Animaux porteurs d'uno pneumunia &endue -

11,9 cc. 143 %

Diffe'rence de tcnmm en oxygdne, par centimdtre cube de sang, entre la moil@ yauche P t la moitie' droite d u c@w.

Animaux normaux - 0,062 cc

100 Yo

Auimaux porteurs n'uno pneunionie Otendue

0,056 cc. 88 %

-

100 143 . -3 163 88

Par le tableau 11 on voit que : 1" La consommation d'oxygkne par minute et par kilograrnme

de poids du corps est notablement sup8ri:eure 2 la valeur moyenne normale;

2" La diffCrence de teneur en oxygbne entre 1 cc. de sang appartenant a& la moitib gauche et 1 cc. appartenant & la moiti6 droite du cceur est plus failble chez les animaux pneumoniques que chez les animaux bien portants. Si l'on d8signe par 100 la valeur normale de la consommation d'oxyghne et la difference de teneur en oxyghne, on a chez les animaux pneumoniques une consom- mation d'oxyghe de 143 et une difference de teneur en oqgbne de 88. On voit donc que la consommation d'oxyghne est consildb- rablement augmentbe, pas autant oependant que le volume en une minute, et que la diifference de teneur en oxygene diminue, mais B un moindre degre que n'augmentent les deux valeurs prbcitecs.

Pour dBmontrer les relations rhiproques entre le volume en une minute, la consommation d'oxyghne et la diifference de teneur en oxyghne, nous observerons ce qui suit :

445

La valeur procentuelle du volume en une minute chez les lapins pneumoniques peut dtre eggale A la valeur procentuelle de la consommation d'oxyghne en l'unit6 de temps, divisee par le rapport form6 avec les differences de teneur en oxygBne du sang chez les aniimaux malades et chez les animaux normaux.

On obtient avec nos valeurs

143 . -= 'O0 163 88

Le calcul direct de la valeur moyenne procentuelle du volume en une minute chez les animaux malades donnailt 167; on voit qu'il existe entre ces deux chiffres une concordance trBs satisfaisante.

Le principal resultat des expbriences prec6dentes est que le cceur, dans la pneumonie, fournit en une minute un volume essen- tiellement plus grand que dans les conditions normales.

Relativement A la genhse de ce fait nous ferons observer ceci : On a quelque droit de penser que l'augmentation du volume en

une minute depend essentielbement de la diminution de l i surface respiratoire des poumons comme consdquence de I'ihfiltration pulmonaire.

Pour verifier si une diminution dfe la surface respiratoire a quelque effet sur le volume en une mihute du cceur, j'ai determine, dans une serie nouvelle d'exphriences, le volume en une minute chez des lapins dont un poumon avait dt6 mis hors d'6tat de fonctionner.

Les experiences s'exbcutaient de la manikre suihrante : Les lapins Btaient trach6otomises. Par l'orifice de la tracheo-

tomie on introduisait une sonde dans une des bronches principales. Grace & un dispositif special, la sonde pouvait obturer complktement la lumiBre de la bronche et realiser ainsi I'exclusion absolue du poumon correspondant. Par la sonde on injectait une solution de &lose, B la temperature de 41". Cette solution oomblait entihrement - comme j'ai pu m'en assurer par des examens microscopiques - les loges aeriennes du poumon. Aprhs l'ihjection l'anilmal etait laisse

lui-meme pendant environ dix minutes, jusqu'h ce que la respi- ration, qui pendant I'injection avait augment6 de fr6quence, redevfnt calme. Pfendant ce temps la @lose se solidifiait, la sonde etait enlevee et l'orifice de la trachkotomie fermh.

L'un des poumons se trouvait ainsii rempli par une masse spmblable A de la geMe et qui l'empechait absolurnent de partieiper & la respiratilon.

446

TABLEAU I11

Volume (:'ti, ~ U I I C d n u t e et ,volume de contraction chez lcs lupins norruuux : 11 expkriences.

-.:

Volume en une mir,ule

de poids ttu coppa

Volume de contraction

tls poids du corps par kilogramme par kilogramme

- - Lapins blancs : 8 experiences.. .... 111 cc. 0,51 cc. Lapins de couleur : 3 experiences. 149 cc. 0,57 cc.

Moyennes de l'ensemble des exp& -- - riences ...... ,..*. ............. 121 cc. 0,52 cc. .

Volume en une minute et volume de contraction

5 ezphiences . chez les lup,i~is don2 rcn p u m o n e'tait inject4 de ge'lose :

Volume en une minute

de poida du corps

Volume de contraction

de poids du corps par kilogramme par kilogramme

- - Lapins blancs : 2 exp6rienoes.. .... 157 GC. 0,65 cc. Lapins de couleur : 3 experiences. 190 cc. 0,85 cc. Moyennes de l'ensemble des exp6-

riences ..)................... 177 cc. 0,75 cc.

-___

Chez les lapins ainsi trait& je determinai le volume en une minute du cceur. Le tableau I11 donne le resultat d,e ces experiences chez les lapins qui, apres l'injection, avaient une bonne respilration et une action cardiiaque Bnergique.

Ce tableau montre que, par rapport aux valeurs norrnales, il sc produit une notable augmentation du volume du cceur en une minute et du volume de contraction chcz les lapins dont un poumoii a Bte exclu de la fonction respiratoire. Cette augmentation, coniine on le voit, est a peu prbs aussi grande que celle qu'on trouve chcz les lapins pneumoniques.

Nous pouvons donc rbsunicr nu6 experiences en les propositions suivantes :

Dans la pneumonie expdrimevrtale on trouve une augmentation conside'rable d u volume did ccx?up* e n une minute et d u volume de ro~i t~act ion , du c m r . Gettc augmentation, cst essentiellement due ci 1,i Ifmitation. rle la surface respiratoirc des poumonw, limitation qui r4sulte elle-mtime d e l'infiltration pneumonique,