La Collection Pousaz-GaudOllon

Vingt siècles de préhistoire vaudoisesortent de l'oubli

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La Collection Pousaz-GaudOilon

Vingt siècles de préhistoire vaudoisesortent de l'oubli

Couverture

Deux bracelets en bronze finement ciselés.

Age du Bronze final, Xe/IXe siècle av. J.-C. Diam. 12 et 9,5 cm. (Photo : Pierre-Alain Ferrazzini et Diane Bouchet, Genève)

Dos de couverture

Plaque en laiton au nom des propriétaires de la Collection.

Autrefois fixée à l'entrée de leur maison à Ollon. Long. 19,7 cm. (Photo : Fibbi-Aeppli, Grandson)

Edition : Gilbert Kaenel et Pierre CrottiMusée cantonal d'archéologie et d'histoire, Lausanne

Composition : Catherine Meystre van Bogaert Musée cantonal d'archéologie et d'histoire, Lausanne

Mise en page : Imprimerie Steffen SA, Genève

Impression : SRO-Kundig SA Chàtelaine/Genève

La Collection Pousaz-GaudOllon

Vingt siècles de préhistoire vaudoisesortent de l'oubli

Gilbert Kaenel

T3f=3f> Document du Musée cantonal d'archéologie et d'histoire <7 Lausanne 2006

Table des matières

Avant-propos 7

Bref apercu de la Collection Pousaz-Gaud 9

Vingt siècles de préhistoire au Lessus : de la Culture du Rhóne aux Celtes ............................................... 11L'àge du Bronzo......................................................................................................................................................... 11L'àge du Fer......................................................................................................................................................... 12

Saint-Triphon : haut-lieu de l'archéologie chablaisienne.....................................................................................................13Un site et une région riches en témoins du passé..............................................................................................................13Découvertes et fouilles archéologiques à Saint-Triphon......................................................................................................14

La saga d'une collection archéologique : entre disparition et réapparition ................................................................19La génération des découvreurs................................................................................................................................................ 20Milieu du XXe siècle : où se trouve la Collection Pousaz-Gaud ? .................................................................................... 23La Collection réapparaìt une première fois à la fin des années 1950 ............................................................................. 24Au tournant du XXIe siècle : sur les traces de la Collection................................................................................................26

La Collection Pousaz-Gaud : reflet des occupations préhistoriques du Lessus 27Du Néolithique à Saint-Triphon ...............................................................................................................................................27La Culture du Rhòne .......................................................................................................................................................... 28La fin de l'àge du Bronze, autrefois qualifiée de « Bel àge du Bronze »..........................................................................37Des Celtes, les Nantuates de Saint-Triphon à la fin de l'àge du Fer.................................................................................. 42Objets dont Tattribution chronologique ne peut ètre précisée......................................................................................... 45

La Collection Pousaz-Gaud en dessins 47Catalogue sommaire.......................................................................................................................................................... 47

Quelques références bibliographiques 63

Remerciements, crédits photographiques et provenance des illustrations 65

Avant-propos

En grande première, le visiteur de l'exposition Des Alpes au Léman, images de la préhistoire, présentée à l'Espace Arlaud au cours de l'automne 2006, découvre un authentique trésor du patrimoine vaudois : la Collection Pousaz- Gaud. Celle-ci occupe en effet une place de choix dans le parcours de l'exposition et fait l'objet de cette publication.

Mise au jour et rassemblée par le propriétaire de la carrière de Saint-Triphon dans le Chablais vaudois à la fin du XIXe siècle, cette collection d'envergure, composée d'objets de l'àge du Bronze et du Fer, avait certes été répertoriée à l'époque. Mais on en perdit la trace avec le siècle.

Gràce à un improbable concours de circons- tances qui vous est raconté dans les pages qui suivent, la Collection ne fut pas dispersée : sous vos yeux, elle réapparaìt intacte. Incomparable témoin de la préhistoire rhodanienne, elle retrouve devant vous, comme par miracle, la lumière.

Lausanne, septembre 2006

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Bref aper^u de la Collection Pousaz-Gaud

Des parures d'une extraordinaire finesse, diadème, torques, bracelets, pendentifs en bronze, un bracelet en verre... ; des armes prestigieuses, poignards, épée, haches en bronze, ou encore des vases en céramique... Voilà, en quelques mots, le contenu de la Collection Pousaz-Gaud.

Ces différents objets ont été mis au jour à l'occasion des travaux d'excavation préliminaires à l'exploitation de la roche, un calcaire, appelé communément et de manière

impropre «marbré noir de Saint-Triphon » (fig. 1). Il s'agit, pour la plupart d'entre eux, d'éléments du mobilier funéraire et d'offrandes, provenant de tombes ou de dépòts votifs de l'àge du Bronze et du Fer.

De nombreuses sépultures ont en effet été bouleversées par la pioche des ouvriers (fig. 2-3), qui recueillaient simplement les objets qu'ils rencontraient (ils étaient d'ailleurs indemnisés, ce qui devait renforcer leur acuité visuelle).

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Fig. 1 22 octobre 1899 : le front de taille de la carrière de Saint-Triphon

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Fig. 2 Automne 1899: le pré du Lessus et le flanc de la carrière ; vue en direction de l'est. Au dessus de la roche et des dépòts glaciaires clairs, on saisit l'ampleur des couches foncées renfermant les vestiges archéologiques, et leur fort pendage, notamment au pied du personnage.

C'était heureusement avant l'introduction du trax et autres machines d'excavation. Malgré tout on ne dispose d'aucune documentation de terrain (description des circonstances des découvertes, relevés, photos), d'aucun élément constitutif de la démarche archéologique, ce qui n'était évidemment pas l'objectif de la mise à nu de la roche à exploiter.

L'ensemble des quelque quatre-vingts objets que compte la Collection constitue un témoin de premier pian pour l'archéologie du Chablais. Mais elle est exem- plaire à plus d'un titre : préservée des turbulences du XXe siècle par l'anonymat d'une montée d'escalier où elle était entassée pèle-mèle dans une petite armoire vitrée qui n'était mème pas fermée à clef, la Collection est ainsi restée miraculeusement intacte ; sans doute aussi parce que ses très rares propriétaires l'ont toujours conservée sur place, à Ollon.

C'est donc ainsi, Saint-Triphon n'étant distant que de quelques centaines de mètres, que les plus vieux objets qui composent la Collection Pousaz-Gaud n'ont pas vraiment changé de place depuis quarante siècles !

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Fig. 3 Esquisse d'Albert Naef d'après photographie (fig. 1), sur laquelle sont reportés les emplacements où les ouvriers ont recueilli les objets qui figurent dans la Collection Pousaz-Gaud, provenant de sépultures bouleversées de l'àge du Bronze et du Fer.

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Vingt siècles de préhistoire au Lessus : de la Culture du Rhòne aux Celtes

La Collection couvre principalement une période qui va de l'àge du Bronze ancien, au début du 2e millénaire av. J.-C., jusqu'à la fin de l'àge du Fer, à l'aube de l'époque romaine, soit dans les dernières décennies avant notre ère (fig. 4).

L'àge du Bronze

Au cours du Bronze ancien et jusqu'au début du Bronze moyen, dans la première moitié du 2e millénaire (la tran- sition Néolithique-Bronze est placée vers 2200 av. J.-C.), va se constituer et se développer une culture originale en Valais et dans le Chablais.

Cette « Culture du Rhòne » est essentiellement connue par le biais de sépultures. Les parures, armes et offrandes qu'elles renferment nous renseignent sur les compétences techniques des artisans métallurgistes, sur les « modes » vestimentaires, les gouts « artistiques » et les croyances des femmes et des hommes qui les por- taient. Sur l'armement aussi, guerrier mais surtout insigne de pouvoir. Autant d'éléments matériels et sym- boliques que l'on peut comparer avec ceux d'autres

« provinces » du Bronze ancien, tout en reconnaissant des caractéristiques formelles et ornementales propres à cette portion de la vallèe du Rhòne.

Les cultures de l'àge du Bronze nord-alpin n'ont en fait rien à envier aux civilisations méditerranéennes contem- poraines, plus connues des écoliers et des touristes, gràce à des données historiques, écrites, et par un mode de vie urbain qui a laissé d'innombrables vestiges de constructions « en dur». L'absence de textes se fait évidemment cruellement sentir quand il s'agit de restituer dans le détail le mode de vie, les croyances et la richesse culturelle des populations du Chablais, que seule l'archéologie permet d'entrevoir ! La Culture du Rhòne a débuté avant que ne se développent les grands palais comme Cnossos en Créte. Son apogée correspond au temps des sépultures mycéniennes du XVIe siècle avant notre ère et du Moyen Empire égyptien.

L'époque de la Porte des Lions de Mycènes, de la Guerre de Troie, qui correspond à la fin de notre Bronze moyen et au début du Bronze final, aux XVe et XIVe siècles av. J.-C., ou encore à la XVIIle Dynastie dans la vallèe du Nil, est à peine représentée dans la Collection.

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À G E D U B R O N Z E Premier SecondNÉO-

LITHIQUEancien moyen final À G E D U FER EPOQUE

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Culture du Rhòne Hallstatt La Tène

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Fig. 4 Schèma chronologique montrant les périodes de l'àge du Bronze et du Fer représentées dans la Collection Pousaz-Gaud (indiquées par les quatre traits rouges sous le tableau), entre 2000 et 30 av. J.-C.

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L'àge du Bronze final en revanche brille surtout par un lot d'anneaux remarquablement décorés provenant d'un dépót votif. C'est le moment où, sur les rives des lacs, prospèrent les dernières stations « lacustres », au cours des Xe et IXe siècles avant notre ère.

L'àge du Fer

Après une période de quelque 6 siècles qui n'a pas livré de trouvailles, la colline est à nouveau fréquentée : les vestiges d'habitats et sépultures de la fin du Second àge du Fer (époque dite de La Tène) sont dès lors attribuables sans équivoque aux Celtes, et méme au peuple des Nantuates (étymologiquement les habitants de la vallèe). Ces derniers occupaient le Chablais, avaient pour voisins des Véragres dans la région de Martigny et, au nord, la grande nation helvète des rives du Léman et du Plateau suisse. Ce sont les sources historiques, en particulier le récit de la « Guerre des Gaules » conduite entre 58 et 51 av. J.-C. par le général romain Jules César, qui nous l'apprennent.

Où habitaient les gens enterrés au Lessus ?

On ne connaìt presque rien de l'habitat contemporain des sépultures et dépòts d'offrandes, rien des fermes et hameaux installés sur la colline ou à proximité, sur les flancs de la vallèe. Les gens du Bronze et du Fer vivaient en communauté villageoise, dans des maisons sur poteaux en bois aux parois d'argile. Ils cultivaient leurs champs de céréales, élevaient bovidés et caprinés, avaient développé une métallurgie du bronze perfor- mante, pratiquaient des échanges à longue distance, ne serait-ce que pour se procurer l'indispensable étain, des Tles Britanniques ou d'autres régions d'Europe.

Les CeltesIl est difficile de dire depuis quand les populations de la région se considèrent comme celtiques, faute de textes. En tout cas les habitants du début de la période de La Tène (Ve-llle siècle av. J.-C.), représen- tés par des sépultures dans les environs, en particu­lier à Ollon, le sont sans équivoque (voir plus bas, fig.43).

Le Premier àge du Fer (ou époque de Hallstatt), peu représenté dans la région, est sans aucun doute porté par des gens qui étaient des Celtes. Et peut- ètre faut-il remonter jusqu'à la fin du Néolithique, dans la seconde moitié du 3e millénaire av. J.-C., pour voir l'introduction non seulement de popula­tions nouvelles sur l'ancien substrat locai, issu du Mésolithique et renforcé par des colons méditerra- néens au début du Néolithique, mais aussi de la langue, et assister ainsi à la mise en place progressive de la celtophonie dans différentes régions de l'Europe tempérée. Mais ceci est une autre histoire.

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Saint-Triphon : haut-lieu de l'archéologie chablaisienne

Un site et une région riches en témoins du passé

Ecoutons la description charmante qu'en donne Gustave Maillard, en 1889, dans la « Revue Savoisienne » (p. 284) :

« Le petit hameau de Saint-Triphon est situé sur le groupe de collines calcaires du mime nom, complète- ment isolées au milieu de la belle et fertile piaine du Rhóne, sur la rive droite de ce fleuve.

Ces collines se composent de trois parties distinctes, séparées les unes des autres par d'étroites dépressions, anciennes lignes de fracture : au sud, la colline de Charpigny, ombragée de beaux chàtaigniers ; au nord, le roc de Saint-Triphon proprement dit, gui supporte le village de ce nom ; et à Test, une troisième petite colline sans dénomination spéciale.

Le roc de Saint-Triphon est un rocher aux flancs perpen- diculaires à l'ouest, au nord et à Test, et qui forment un mur vertical de près de deux cents mètres [en fait une soixantaine de mètres] d'élévation. Au sud, il se relie en pente douce à la colline de Charpigny. Du plateau du Lessus, qui en forme le couronnement, la vue s'étend par-dessus le lac Léman jusque sur les monts du Jorat, au-dessus de Lausanne et de Vevey ».

La situation géographique et la topographie de ce rocher, un calcaire d'origine marine du début de l'ère Secondaire (du Trias), il y a quelque 200 millions d'années, sorte d'« iceberg » dans la piaine, a bien évi- demment conditionné les occupations préhistoriques qui s'y sont succédé (fig. 5-8). A l'écart du fond de la vallèe, la colline offre un emplacement dominant, garantie de protection pour les vivants. Elle est aussi un

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Fig. 5a Localisation de Saint- Triphon en Suisse occi­dentale, le long du Rhòne entre le coude de Martigny et le lac Léman.

Fig. 5b La colline de Saint- Triphon dans la piaine, à l'est du Rhóne. Photo prise par satellite en direction du Léman.

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Printemps 1986. La colline de Saint-Triphon et l'état d'avancement de la carrière.

Fig. 6 Le Lessus domine d'environ 60 m la piaine du Rhòne, au nord de la colline de Saint-Triphon (commune d'Ollon, canton de Vaud).

espace privilégié pour y installer les morts et pour consacrer des offrandes aux divinités vénérées. La Collection Pousaz-Gaud en témoigne de manière éclatante.

La région est par ailleurs très riche en découvertes, en particulier de l'àge du Bronze (2200-800 av. J.-C.). Line des plus ancienne trouvaille répertoriée dans le canton a été effectuée en 1791 (au temps de Leurs Excellences de Berne) : il s'agit d'un dépót d'objets en bronze (daté vers 1000 av. J.-C.), qui provient du petit lac asséché de Luissel au-dessus de Bex. Et parmi les premiers numéros d'inventaire du Musée figurent de nombreuses trou- vailles des environs immédiats.

Découverteset fouilles archéologiques à Saint-Triphon

Alexandre Schenk en dresse l'inventaire en 1906 dans la « Revue préhistorique de l'Est de la France » (p. 69-70) :

« En défrichant, en 1835, le plateau de Verchiez entre Aigle et Ollon, pour y introduire de la vigne, fon mit à découvert plusieurs centaines de tombes construites en dalles brutes et mesurant en moyenne un mètre de longueur sur 0 m60 de largeur et autant de profondeur. Une dalle occupali parfois le fond de la sépulture qui

Fig. 7 4 novembre 1899 : les collines émergent de la piaine duRhòne. A droite Saint-Triphon et sa tour ; au centre Charpigny, Baysaz à gauche, et au premier pian la route principale Vevey-Martigny, entre Aigle et Bex.

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contenait toujours des ossements humains paraissant entassés et au-dessus desquels se trouvait toujours le cràne. Entre les tombes, et à une certame profondeur, se trouvaient des cendres, charbon de bois, des pierres calcinées et de la terre brulée, sans aucune trace de métal, d'ossements ou de poterle. Les sépultures renfer- maient des objets de bronze tels que bracelets, épingle à cheveux, brassards, etc. [...]. Des brassards semblables ont été découverts Derrière-la-Roche, près de Verchiez, eri 1836. Ils étaient accompagnés de deux haches en bronze à ailerons et d'une lame de poignard. En 1859, l'emplacement de Derrière-la-Roche a fourni encore une petite lame de poignard en bronze.

La verdoyante colline de Charpigny, attenante a celle de Saint-Triphon, a livré, en 1837, à la suite de travaux de défrichement sur le versant méridional, de nombreuses sépultures construites en dalles brutes, dans lesquelles les squelettes étaient étendus et couchés sur le dos, les bras le long des cótés. Quelques squelettes se trouvaient placés dans des fissures du rocher dont les parois formaient les cótés latéraux de la sépulture. Le mobilier funéraire accompagnant les corps était représenté par une trentaine de bracelets de bronze de formes diverses, des épingles, des torques, des haches, une lame de poignard, des tubes, une chainette, des lamelles de bronze qui devaient servir d'ornements [...] et de nombreux débris de poterie grossière.

La colline de Charpigny a fourni encore trois grands anneaux, onze haches à ailerons et une pointe de lance en bronze ; ces objets étaient disposés en cercle et se trouvaient placés au-dessous d'un bloc de granit.

Enfin des tombes de la mème époque ont été décou- vertes autrefois à Saint-Triphon, ainsi que divers objets en bronze. En 1877, en particulier, on a trouvé dans un champ cinq haches en bronze, à ailerons, d'une longueur variant entre 0 mi7 et 0 mi8 ; elles étaient accompagnées de quelques lingots de bronze.

Au mème endroit, on a mis au jour les débris d'une forge dont le foyer, encore entouré de charbon, était formé d'une pièce de grès portant les traces du feu. La nature des objets qui composent cette découverte ne laisse subsister aucun doute sur l’existence, à Saint- Triphon, d'une fonderie de l'àge du bronze, analogues aux nombreux établissements de ce genre qui ont déjà

été explorés en France, entre autres dans le bassin du Rhóne et dans la Savoie ; mais, gràce à la présence de ces débris de forge, la découverte de Saint-Triphon paraìt ótre une des plus importantes de ce genre ».

On le voit bien, la région, et en particulier les collines de Saint-Triphon et de Charpigny, sont exceptionnellement riches en trouvailles de l'àge du Bronze, issues de sépul­tures ou de dépóts métalliques intentionnels, ou encore de couches d'habitat desquels proviennent les tessons de céramique mentionnés, les foyers et la « forge » ; un point commun à toutes ces découvertes : l'absence d'observations précises.

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Fig. 9 Automne 1899 : le pré du Lessus et l'exploitation du calcaire ; vue en direction de l'ouest. C'est dans ce contexte qu'interviennent les trouvailles qui constituent la Collection Pousaz-Gaud, au gré de l'exploitation de la carrière, à la fin du XIXe siècle.

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Par la suite, d'autres objets ont été recueillis entre 1931 et 1938 par les successeurs des Pousaz-Gaud, la famille Kaesermann-Buchi.

Diverses interventions de sauvetage, préalables à l'ex- ploitation d'une tranche de carrière, ont été conduites par Olivier Dubuis en 1938 et 1939 (alors domicilié à Aigle, il deviendra plus tard archéologue cantonal du Valais), par Olivier-Jean Bocksberger entre 1958 et 1960 (fig. 10-11), puis par Denis Weidmann et Gilbert Kaenel en 1972 et 1979 (fig. 12-13).

Ces dernières interventions, que l'on qualifierait aujourd'hui d'archéologie préventive, sont toutefois res- tées d'une envergure limitée. Quelques sépultures ont été fouillées au cours des campagnes successives, et des relevés de terrain, photos, descriptions du contexte de la découverte sont dès lors associés à la récolte des objets. Mais c'est surtout la mise en évidence de couches d'habitat, de structures et témoins domes- tiques superposés (funéraires aussi on l'a vu), qui ont retenu l'attention des archéologues de la seconde moi- tié du XXe siècle ; l'établissement d'une stratigraphie générale du site permet d'interpréter les occupations successives de la colline.

Quelques Publications

Différentes études font état des découvertes, à commencer, pour l'àge du Bronze, par la thèse d'Olivier-Jean Bocksberger, publiée à Lausanne en 1964, puis par celle de Mireille David-Elbiali en 2000.

La publication des interventions de sauvetage de 1972 et 1979, par Gilbert Kaenel, Philippe Curdy et Hanspeter Zwahlen, paraìt dans les « Cahiers d'archéologie romande» en 1984.

Les trouvailles de l'àge du Fer sont étudiées par Gilbert Kaenel dans un ouvrage paru dans les mèmes « Cahiers » en 1990.

De brèves synthèses sont en outre présentées dans les livres édités à l'occasion d'expositions : « Le Valais avant l'histoire» en 1986, « Vallis Poenina » en 1998, « Des Alpes au Léman » en 2006, ouvrage dans lequel figure notamment une photo d'ensem­ble de la collection Pousaz-Gaud. On en trouvera les références à la fin du fascicule (p.63).

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Fig. 10 Le camp et les fouilles Bocksberger en 1959. Le pré du Lessus se réduit comme peau de chagrin... (voir fig. 9).

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Fig. 11 Olivier-Jean Bocksberger fouille une sépulture d'enfant en été 1959.

Fig. 12 Les fouilles de l’été 1979 ; vue en direction d'Aigle et du Léman.

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L'emplacement des fouilles de l'été 1979 à l'arrière du front de taille de la carrière.

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La saga d'une collection archéologique : entre disparition et réapparition

Il faut bien admettre que la conservation de la Collection Pousaz-Gaud, et surtout sa transmission depuis plus de 100 ans, de génération en génération au sein de la mème famille, relève d'un petit miracle.

Sans revenir sur l'intérèt témoigné par le propriétaire de la carrière de Saint-Triphon autour de 1900 pour de tels objets du patrimoine, à une période où l'archéologie vaudoise n'existait pas encore sous une forme officielle, il est tout à fait remarquable que cette collection n'ait

pas été dispersée, que les plus « belles » pièces n'aient pas été données, échangées, vendues, que d'autres n'aient pas été jetées... et qu'elle nous soit parvenue, au début du XXIe siècle, dans son intégralité.

Pour expliquer ce manque d'intérèt ou de publicité, il suffit de constater que rares sont en effet les personnes extérieures à la famille qui ont eu accès à la Collection Pousaz-Gaud en un peu plus d'un siècle.

Fig. 14 La maison de Jean- Louis Pousaz-Gaud à Ollon au moment de sa mort en 1908.

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A qui appartiennentles trouvailles archéologiques ?« Les curiosités naturelles et les antiquités qui n'appartiennent à personne et qui offrent un intérèt scientifique sont la propriété du canton sur le territoire duquel elles ont été trouvées ».La propriété des trouvailles archéologiques est donc attribuée sans équivoque au canton par le Code civil suisse (Art. 724, al. 1), dont le texte cité tient compte d'une légère modification qui n'en altère pas le sens, conformément à la « Loi fédérale sur le transfert des biens culturels » du 20 juin 2003.Mais cette disposition n'est entrée en vigueur que le 1er janvier 1912 ! Bien qu'importante pour le patri- moine suisse, la Collection Pousaz-Gaud, constituée longtemps avant cette date fatidique est donc léga- lement propriété de celui qui l'a trouvée et en a pris soin, en l'occurence Jean-Louis Pousaz-Gaud, puis ses successeurs par héritage.Malgré cette réalité incontournable, on ne peut s'empècher de relire ce qu'écrivait Gustave Maillard dans son article en octobre 1889 (p. 285-286) :« Quoique le propriétaire de ces merveilles désire momentanément les garder, elles ne seront point perdues pour la Science ; homme instruit et éclairé, il ne s'en dessaisira qu'en faveur d'une collection publique. Souhaitons qu'il en soit de méme, à l'ave- nir, pour toute découverte semblable. Si grand qu'ait été mon désir de posséder au moins un de ces bracelets pour le déposer au musée d'Annecy, je dus me contenter de les simplement contempler ; je regrettais d'ailleurs de dépareiller cette trou- vaille, dont le principal intérèt était l'accumulation mème de tant d'objets ».Qu'en est-il aujourd'hui ? La Collection est déposée désormais à Labri dans une banque, mème si l'actuel propriétaire considère qu'elle garde sa vraie place en restant liée à la maison d'Ollon, son écrin naturel.Si la situation devait changer dans un avenir sans doute éloigné, et en cas de risque avéré, l'Etat pour- rait procèder à un arrété de classement, comme l'y autorise la « Loi sur la protection de la nature, des monuments et des sites » de 1969 : outre un droit de regard, il bénéficierait ainsi d'un droit de préem- ption en cas de mise en vente de la Collection.

La génération des découvreurs

Qui étaient les Pousaz-Gaud ?

La plaque de cuivre reproduite au dos de ce fascicule, et qui se trouvait alors sur la porte de la maison d'Ollon (fig. 14), rappelle que ce patronyme était issu du mariage de Jean-Louis Isaac Pousaz (1838-1908) et d'Elise Gaud (1850-1931). Jean-Louis Pousaz sera syndic d'Ollon de 1878 à 1884 (fig. 15) et surtout propriétaire de la carrière du Lessus à Saint-Triphon.

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Fig. 15 La signature de Jean-Louis Pousaz-Gaud, syndic d'Ollon de 1878 à 1884.

En 1889 paraìt dans la « Revue Savoisienne » la note signée par Gustave Maillard d'Annecy, dont le pére, ancien instituteur à Ollon, avait rédigé une « Notice sur Ollon » en 1870. Maillard, à qui nous avons emprunté plus haut la description des lieux, s'est rendu à Saint- Triphon au mois d'aout 1889. Il y a rencontré « un riche propriétaire d'Ollon, M. P.-G », et signale dans son arti­cle diverses découvertes de sépultures et objets en bronze suivant les renseignements que lui a fournis Jean-Louis Pousaz-Gaud, directeur de la carrière.

Albert Naef, architecte et premier archéologue canto- nal vaudois dès 1899, aura également l'occasion, quelques années plus tard, de s'entretenir avec Pousaz- Gaud au cours de sa vaste enquète sur Saint-Triphon poursuivie entre 1895 et 1898 et restée inèdite. Il décrit les objets de la collection au tournant du XXe siècle et ses notes détaillées sont accompagnées de quelques esquisses et photos (fig. 16-17).

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Fig. 16 Albert Naef décrit la Collection vers 1900.

Fig. 17a Quelques objets de la Collection Pousaz-Gaud (nos 72, 68, 61,76, 73, de gauche à droite), photographiés par Albert Naef en 1902.

Fig. 17b Les mèmes, au printemps 2005 !

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Alexandre Schenk, anthropologue et conservateur d'une section du Musée de Lausanne, un contemporain de Naef, publie en 1906, dans l'article dont nous avons cité un large extrait, une notice sur les trouvailles du Lessus, illustrée à l'aide d'une planche d'objets de la Collection Pousaz-Gaud ; la mème sélection d'objets, dessinés par Julien Gruaz, assistant au Musée (qui s'ap- pelait alors « Musée archéologique »), est reproduite en 1907 dans la « Revue historique vaudoise » (fig. 18).

L'héritière : Fanny Gorjat,fille unique de Jean-Louis Pousaz et d'Elise Gaud

Dès le début du XXe siècle, la maison d'Ollon de Jean- Louis Pousaz-Gaud est occupée par sa fille Fanny (1874- 1954) et son mari Emile Gorjat (1860-1940), ingénieur et directeur du 1er arrondissement des CFF à Lausanne. Au début des années 1930, on les voit dans leur jardin à Ollon (fig. 19).

Fig. 18 Une sélection d'objets de la Collection Pousaz-Gaud, dessinés par Julien Gruaz en vue d'illustrer l'article d'Alexandre Schenk en 1906 (repris en 1907).

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Fig. 19 Tout à gauche, Fanny Gorjat et son mari Emile au centre. A droite debout, Estelle Gorjat- Gilliéron, la nièce de Fanny. Elle prendra soin brièvement de la Collection que Fanny allait finalement léguer à ses petits neveux.

Milieu du XXe siècle :où se trouve la Collection Pousaz-Gaud ?

En novembre 1946, Emil Vogt, célèbre préhistorien suisse, alors conservateur au Musée national à Zurich et enseignant à l'université, demande à Arme-Lise Reinbold, conservatrice du « Musée historique » de Lausanne (l'ancien « Musée archéologique » et actuel «Musée cantonal d'archéologie et d'histoire»), si elle connaìt la Collection Pousaz-Gaud, si elle existe encore et si le Musée en est devenu propriétaire. Vogt se réfère à des photos prises par David Viollier (ancien assistant de Naef, un Vaudois qui a poursuivi sa carrière au Musée national) il y a plus de 20 ans ; ces photos sont mau- vaises, mais compte tenu du grand intérèt de cette collec­tion Vogt aimerait pouvoir la photographier à nouveau.

Anne-Lise Reinbold lui répond en ces termes :

« Je ne sais ce qu'est devenue cette collection, quoique j'aie demandé à plusieurs reprises à M. Bosset [Louis Bosset, archéologue cantonal successeur de Naef] de taire les démarches nécessaires. Je crois que dès ce prin- temps j'irai moi-mème à St-Triphon voir ce qu'il en reste, car je pense que cette famille habite la région ».

On apprend en outre par une lettre d'Emil Vogt à Anne- Lise Reinbold de février 1953, que le Musée national possède une copie de l'épée courte (n° 38 du catalogue qui suit), réalisée du temps de Viollier et qui figure toujours dans les collections zurichoises. Vogt insiste à nouveau en demandant où se trouve la collection. Réponse de la conservatrice lausannoise :

« Je verrai très prochainement Monsieur Viollier et lui demanderai s'il sait ce qu'il en est de la collection Pousaz-Gaud. Il faut absolument tirer cette question au clair, je ne manquerai pas de vous tenir au courant ».

Puis, silence dans les archives.

Menacée d'ètre dispersée

Les descendants de la famille Gorjat ont souvenir de la petite armoire vitrée dans laquelle se trouvaient « de vieux bronzes ». Mais ni les années 1930 et encore moins la guerre ne sont propices à s'intéresser à de tels vestiges. Le testament de Fanny Gorjat daté du 1er mai 1954 le démontre clairement ; la Collection est alors menacée d'ètre dispersée puisqu'il n'y est mème pas fait mention.

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Extrait du testament de Fanny Gorjat

« Artide cinquièmeAyant décidé de vendre ma maison d'Ollon et les objets mobiliers qui la garnissent, je précise qu'il se peut que Jean-Louis, Pierre et Philippe Gilliéron se portent acqué- reurs de cet immeuble et de ce mobilier [...]

Artide sixièmeSi je décédais avant que ma maison et son mobilier ne soient vendus, les legs faits aux quatre petits-neveux de mon mari seraient modifiés comme suit :[ils] recevraient ensemble [...], ma maison d'Ollon avec le terrain qui y est directement attenant [...] ef les objets mobiliers qui pourront les intéresser, à l'excep- tion de ceux pour lesquels je prendrais d'autres disposi- tions [...].

Artide onzièmeSi, au moment de mon décès j'ai vendu la plus grande partie de mon mobilier, les objets que j'aurai conservés seront remis en legs à Paul Gorjat prénommé.

Ce qui resterà sera vendu [...] à un brocanteur de l'extérieur

Si je n'ai pas procédé à cette vente : [...] Jean-Louis, Pierre et Philippe Gilliéron choisiront ensuite les objets qui les intéresseront [...] ce qui resterà sera vendu par mon exécuteur testamentaire à un brocanteur de l'extérieur au profit de mon héritière, étant entendu qu'aucune vente aux enchères n'aura lieu à Ollon, ni dans ma maison ni ailleurs ».

Mais Fanny Gorjat meurt quelques mois plus tard sans avoir vendu ni la maison ni les objets mobiliers « qui la garnissent ». Plus encore qu'une Suisse restée en paix à travers tout le XXe siècle, c'est donc l'indifférence et l'oubli plutòt que la discrétion de sa propriétaire d'alors qui auront assuré à la Collection de ne pas ètre disper- sée. Et comme à cette époque, l'un de ses petits-neveux habite New-York et un autre fait carrière à Paris, c'est finalement ce dernier qui va reprendre la Collection avec l'assentiment de ses frères.

La Collection réapparaìtune première fois à la fin des années 1950

Quelques années plus tard, la collection sera brièvement accessible au monde scientifique lorsque Olivier-Jean Bocksberger, enseignant au collège d'Aigle, entreprend à la fin des années 1950 des fouilles au bord de la carrière sur le pré du Lessus, et surtout une thèse sur l'àge du Bronze rhodanien sous l'égide du professeur genevois Marc-Rodolphe Sauter. C'est gràce aux contacts noués autrefois par Sauter avec l'un des descendants de Pousaz-Gaud, que Bocksberger a pu accèder à la Collection qui se trouvait toujours à Ollon, et a mème pu l'emprunter pour étude, en juin 1959, à la mère de ce dernier, Madame Estelle Gilliéron. Les dessins ont été réalisés par Alain Gallay (fig. 20), alors étudiant en préhistoire et qui succèderà par la suite au professeur Sauter avant de prendre sa retraite en 2003.

Olivier-Jean Bocksberger et la Collection Pousaz-Gaud

La relation entretenue par le thésard qu'était alors Bocksberger transparaìt au travers des échanges avec son maitre, le professeur Sauter :

Le 30 avril 1959, Bocksberger envoie une carte postale à Sauter en lui disant qu'il a regu « un gentil mot de Mme Gilliéron qui mettra volontiers à ma disposition tout ce qui se trouve dans ses greniers d'Ollon ».

Mais apparemment ce n'est pas si simple : le 31 mai, il écrit ceci à Sauter : « Voici un doublé de la lettre que j'écris au fils de Mme Gilliéron qui habite Paris, pour tenter, en vain peut-ètre, de pouvoir étudier cette trop fameuse collection Pousaz-Gaud ». Et il demande par la mème occasion à son professeur d'intervenir « auprès de son fils genevois pour qu'il plaide un peu ma cause ».

Ce qui fut fait le 2 juin de cette mème année 1959. Voici ce qu'écrit Marc-Rodolphe Sauter à son ancien cama- rade scout :

« Mon cher,Il y a bien longtemps que je n'ai pas eu l’occasion de te rencontrer, depuis les temps lointains où nous étions en culottes courtes et en foulards de couleurs différentes !

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Je suppose pourtant que tu n'as pas entièrement oublié à quelle tète correspond le nom qui figure eri signature ! Sans autre préambule donc je passe au sujet de cette lettre.

Tu as recu une lettre d'un M. Bocksberger, d'Aigle, datée du 31 mai 1959 ; il te demande de pouvoir rece- voir en dépót, le temps de Tétudier, une collection d'objets en bronze qui se trouve dans votre maison d'Ollon, et que ta mère lui a montrée.

Je voudrais appuyer chaleureusement la démarche de Bocksberger, qui travaille en quelque sorte sous mon contróle. Professeur au Collège d'Aigle, il prépare un travail sur Page du Bronze dans la région. Nous allons fouiller ensemble, cet été, à St-Triphon. Or la collection Pousaz-Gaud, connue par les spécialistes, constitue une documentation très importante ».

Bocksberger enchaìne le 14 juin : «Collection Pousaz- Gaud. Merci beaucoup de votre lettre qui fut efficace. J'aurai donc cette collection chez moi pour un petit mois [...] Je ne crois pas avoir fait une bonne impression sur Mme Gilliéron, elle nous avait dit combien elle aime le beau langage et devant les merveilles de la collection, je répétais : " Nom d'une pipe" . C'est ma femme qui me l'a dit, moi je ne m'en suis pas rendu compte. Et quand, un matin à 7h., elle m'a téléphoné qu'elle par- tait pour Genève et qu'elle me remettrait la collection le 16, je n’ai vu qu'une chose, que je ne pourrai pas la photographier comme prévu et j'ai cherché 36 moyens de t'avoir tout de suite ! On a du me juger d'une rapa- cité... et je crois bien que je n'ai pas mème remercié. Depuis une semaine, je tourne et retourne dans ma tète une belle lettre qui effacerait cette mauvaise impres­sion, mais je me suis dit qu'il vaut mieux lui envoyer une lettre très naturelle et polie pour la remercier et lui dire encore une fois le prix de cette collection pour moi : qui s'excuse s'accuse ».

Et Sauter de répondre le 16 juin : « Collection Pousaz- Gaud : Je suis heureux que le prèt de ce matèrieI vous ait été accordé. Tant mieux si ma lettre a fait de l’effet ! J.-L. Gilliéron ne soufflé mot de la possibilité de déposer cette collection au musée. Mais il faut étre patient. Dommage du peu de temps pour l'étude ».

Tout se gàte le 2 juin 1961, lorsque le juriste et archéo- logue cantonal Edgard Pelichet intervient «au nom de

TEtat de Vaud dans la succession de Feu Dame Gilliéron à Ollon », en revendiquant la propriété de la Collection auprès des héritiers. Une démarche, nous l'avons vu, difficilement défendable sur le pian légal, et qui n'a donc pas abouti. Le fil est rompu.

Puis, longtemps après, des rumeurs : « La Collection Pousaz-Gaud se trouve en France » et « Elle a été vendue » ou encore « Elle a disparu ».

Au tournant du XXIe siècle : sur les traces de la Collection

Fin juin 1985: Gilbert Kaenel regoit une carte d'un collègue archéologue d'Autun, Jean-Paul Guillaumet, qui lui écrit : « J'ai retrouvé un héritier Pousaz qui a du matè­rie! de [Sa\nt-]Triphon chez lui ; c'était son grand pére ;

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Fig. 20 Une des planches d'objets de l'àge du Bronze faisant partie de la Collection Pousaz-Gaud, dessinés en 1959 par Alain Gallay et publiés par Olivier-Jean Bocksberger en 1964 (pi. IV).

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peux-tu lui envoyer l'ouvrage sur St-Triphon [le volume paru en 1984 dans la sèrie des « Cahiers d'archéologie romande »]. Il est prét de te montrer ce qu’il a ».

« Il s'agit de la cèlebre Collection Pousaz-Gaud, aujourd'hui disparue »

Alors qu'il s'apprètait à entrer en fonction au Musée cantonal d'archéologie et d'histoire, Gilbert Kaenel écrit le 2 juillet à Jean-Louis Gilliéron, qui habite en France, en lui demandant s'il acceptait de lui montrer les objets « de la célèbre Collection Pousaz-Gaud [...] d'un intérèt fondamenta/» pour la recherche. Cette requète fait écho aux regrets exprimés à plusieurs reprises dans la littérature, notamment en 1984 dans le rapport sur les fouilles des années 1970 publié dans les «Cahiers d'ar­chéologie romande » (p. 11 -12) : « il s'agit de la célèbre collection Pousaz-Gaud, aujourd'hui disparue ».

Jean-Louis Gilliéron lui rendra visite au Musée à Lausanne au début de l'année 1988: la Collection se trouve toujours à Ollon ; il propose d'organiser un ren­dez-vous ; il n'y a qu'attendre des nouvelles...

Jusqu'à ce jour du printemps 2002, où son nouveau propriétaire, Francois Gilliéron, héritier de la Collection depuis l'année précédente, prend contact avec Denis Weidmann, archéologue cantonal : une réunion est organisée ; son adjointe, Carine Wagner, et Gilbert Kaenel, directeur du Musée, sont de la partie. La boucle est bouclée : la Collection réapparaìt. Elle est restée intacte !

Gràce à l'intérèt manifesté par son nouveau propriétaire, la Collection Pousaz-Gaud peut ètre documentée, photo- graphiée et dessinée au Musée cantonal d'archéologie et d'histoire à Lausanne entre 2002 et 2004. Elle y subit également les traitements administrés par les conserva- teurs-restaurateurs du Musée, qui lui permettront d'affronter en toute quiétude les prochaines décennies.

Fig. 21 Dans le jardin d'Ollon en 1958 : Jean-Louis Gilliéron, l'héritier d'alors de la Collection en compagnie de son neveu et filleul Francois, le futur propriétaire.

E. i

*

La fin de l'exploitation de la carrière du Lessus

Au début du XXe siècle, les carrières sont exploitées par Fanny Gorjat et son mari Emile. Ces dernières seront ensuite reprises dans les années 1930 par la famille Kaesermann-Buchi ; quelques trouvailles y sont à nouveau signalées.

Puis c'est l'histoire récente que nous avons évoquée, avec les interventions archéologiques successives au gré de l'ouverture d'une nouvelle tranche de terrain, à la fin des années 1930 et 1950, dans les années 1970. Le pian d'exploitation arrèté au début des années 1970, assorti de limites définies par l'Etat, est suivi ; l'extraction de la roche cesse peu après. Actuellement, et depuis plusieurs années, une remise en état des lieux, reprenant les anciens reliefs, se poursuit.

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La collection Pousaz-Gaud : reflet des occupations préhistoriques du Lessus

La colline de Saint-Triphon, nous l'avons vu, émerge de la piaine à l'est du Rhòne entre Ollon et Monthey en Valais. Le pré du Lessus, du moins ce qu'il en reste, à l'extrémité nord-ouest de la colline, domine la piaine de quelque 60 m (voir fig. 6-8).

Les 82 objets réunis sur 12 planches regroupées à la fin de cette plaquette (fig. 48-59), illustrent les occupations successives de la colline de Saint-Triphon et, partant, les points forts de l'histoire du Chablais avant l'époque romaine, au cours des deux millénaires qui ont précédé notre ère, entre l'àge du Bronze et l'àge du Fer (voir fig. 4).

Du Néolithique à Saint-Triphon

Si la région était déjà fréquentée après le retrait gla­ciale dès la fin du Paléolithique, il y a 15 000 ans (la Grotte du Scé près de Villeneuve, 10 km au nord de

Saint-Triphon, en a conservò quelques traces), puis par des chasseurs-cueilleurs du Mésolithique entre le 9e et le 7e millénaire avant notre ère (comme en témoignent les occupations de Labri sous roche de Chable-Croix à Collombey-Muraz, à quelque 5 km à voi d'oiseau sur la rive gauche, valaisanne, du Rhòne), aucun outil ni arma­ture de flèche en silex taillé n'a été recueilli sur la colline.

Un seul fragment de pierre (n° 77, fig. 47), une roche verte portant des traces de polissage, fait partie de la Collection ; Il n'est pas exclu qu'il faille l'associer à un habitat installò sur la colline au cours du Néolithique, au 5e, 4e voire 3e millénaire avant notre ère. En effet, quelques tessons de céramique attribués à la Culture de Cortaillod, autour de 4000 av. J.-C., y ont été mis au jour au cours des fouilles du XXe siècle ; et il est fort proba- ble que des sépultures aient été détruites précédem- ment, comme le rappelle l'archéologue cantonal de l'époque.

Albert Naef enquète autour de 1900Naef, dans ses notes del 902 conservées aux Archives can- tonales vaudoises écrit :«[...] a 4 ou 5 m de profondeur, vingt tombeaux dallés, de forme presque cubique, tout semblables au type néoli­thique de Chamblandes. [Il s'agit de la célèbre nécropole de Pully, datée du Néolithique moyen, fouillée en partie par Naef, et qui a donné son nom aux tombes « en ciste de type Chamblandes »] Ces tombeaux ne furent malheureusement pas étudiés scientifiquement ; ils furent ouverts en pré- sence de M. Pousaz-Gaud, qui nota que les squelettes, tou- jours un seul par tombeau, étaient couchés sur le cóté gauche, jambes et bras repliés. Les dalles latérales et la dalle de couverture, non taillées, ne provenaient pas de St- Triphon, mais bien, paraìt-il, de l'autre cóté de la vallèe. Le

sol nature! servait de fond. Tout cela correspond bien à ce que ion a constaté à Chamblandes [...]. Les corps étaient orientés tètes au nord, et les tombeaux ne renfermaient pas d'objets. Ce dernier renseignement ne doit peut-ètre ótre accepté que sous réserves ; il est possible, en effet, que les ouvriers n'aient attaché aucune importance à certains objets de pierre ou d'os, ou de coquillages, qui ont pu se trouver dans les tombes. Ce qui me confirmerait dans cette hypothèse, c'est que M. Pousaz me montra un fragment de pierre polie, verdàtre, d'une roche étrangère à notre pays, qui est incontestablement un instrument ou un outil néoli­thique, et qui avait été recueilli en dehors des tombeaux, mais au mime niveau. Or M. Pousaz n‘avait pas gardé cette pierre parce qu'il y attachait une valeur archéologique mais uniquement à cause de la singularité de la pierre ».

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La Culture du Rhòne

La parure domine

L'objet le plus ancien de la collection est sans doute le diadème (n° 1). Il est daté du Bronze ancien, de la phase dassique de la Culture du Rhòne (2000-1800 av. J.-C.). La technique du martelage d'une tòle de bronze, la constitution d'un bandeau d'une épaisseur régulière et son ornementation sont parfaitement maì- trisées (fig. 22).

Il s'agit bien de bronze, d'un alliage à base de cuivre auquel on ajoute une proportion d'étain qui peut varier de quelques % à une moyenne d'environ 8% vers la fin de l'àge du Bronze.

Fig. 22 Le Diadème et les deux épingles à ganse en bronze (nos 1, 6-7). Phase dassique de la Culture du Rhòne. Bronze ancien (entre 2000 et 1800 av. J.-C.).

Recettes de bronziersLe cuivre provient à coup sur du monde alpin ; plusieurs gisements sont connus en Valais et mème dans le Chablais. On peut d'ailleurs y voir une des raisons de la prospérité de la région au cours du développement de la Culture du Rhòne. L'indispensable étain, obtenu par des réseaux d'échange à longue distance, provient de Cornouaille, de Bretagne, du Massif centrai, d'Allemagne, de Bohème voire du sud des Alpes.

Plusieurs milliers d'objets ont été analysés dans les années 1950-1960, en vue d'en définir la composition chimique et ainsi d'établir des «familles» métallur- giques à l'échelle européenne. La proportion d'étain notamment augmente au cours du Bronze ancien. Il semble que les auteurs de ce vaste programme alle- mand aient eu accès à certains objets de la Collection Pousaz-Gaud (peut-étre par l'intermédiaire de Bocksberger ?), puisqu'on trouve dans leur publication de 1968 les analysés de trois parures, un torque à extré- mités enroulées (probablement le n° 2), une épingle à ganse (n° 6 ou 7) et l'épingle à tète en disque (n° 12). Ces trois objets, ainsi d'ailleurs qu'un certain nombre de bronzes rhodaniens (comme l'avait remarqué Alain Gallay en 1976), présentent un pourcentage très élevé d'étain, plus de 10 %, difficilement interprétable faute d'une étude d'ensemble.

Une parure aussi exceptionnelle était portée par des individus d'un statut social élevé

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Qui plus est, un deuxième diadème a été recueilli au cours des fouilles conduites par Olivier-Jean Bocksberger en 1960 au Lessus. Cet dernier ornement, un type rare par ailleurs (on en connaTt une petite dizaine dans la Culture du Rhòne), a été mis au jour en position, sur la tète d'un individu jeune, àgé de 18 à 20 ans, inhumé sur le dos, dans un cercueil de bois avec un entourage de pierres comme c'est la règie à cette époque. Il s'agit de la « tombe C1 » (fig. 23) qui, outre cette pièce maitresse, a livré un torque à extrémités enroulées (comme le n° 2 de la Collection), une épingle à ganse (comme les nos 6- 7 de la Collection), une petit anneau ouvert, une spirale, deux perles spiralées et un fragment de perle en ambre originaire de la Baltique !

Les deux diadèmes du Lessus (qualifiés par Mireille David-Elbiali de « type Ollon ») sont sinon issus d'un mème atelier ou d'une mème «patte» d'artisan, du moins présentent des caractéristiques technologiques et stylistiques identiques, comme l'économie du décor de losanges accolés obtenu par une succession de bossettes au repoussé, avec une grosse bossette au centre de chaque losange et des petites bossettes juxtaposées des- tinées à souligner les bordures du bandeau de bronze.

Qui portait ces diadèmes ? Il est clair qu'une parure aussi exceptionnelle que le diadème de la Collection Pousaz-Gaud n'était pas «seul» dans sa sépulture (à l'instar de la «tombe C1 »), mais il est impossible de reconstituer l'ensemble funéraire faute d'observations archéologiques, comme nous l'avons déjà relevé. Il est clair en outre que les « porteurs » de ces diadèmes n'étaient pas n'importe qui au sein de la société du Bronze ancien, que l'on est en présence d'individus d'un statut social élevé qui leur permettait notamment d'ac­cèder à une sépulture au sein de la nécropole réservée aux membres de certaines familles.

Homme ou femme ? L'étude anthropologique ne per- met pas de trancher ; si les diadèmes proviennent en majorité de tombes féminines, un exemplaire au moins (près de Thoune dans le canton de Berne) était porté par un homme armé.

D'autres parures étaient-elles associées au diadème de la Collection, comme dans le cas de la tombe fouillée par Bocksberger ? C'est possible. Les diadèmes en tòle de bronze martelée appartiennent à la phase classique de la Culture du Rhòne ; il en va de mème pour le torque à extrémités enroulées (n° 2) et les deux épingles à ganse n°s 6-7, fig. 22). On rencontre ce type de collier massif aussi bien dans des tombes masculines que fémi­nines ; comme d'ailleurs les épingles à ganse (appelées aussi « chypriotes » par les spécialistes puisqu'on en a recueilli en Méditerranée orientale, d'où la forme pour- rait ètre originaire).

La majeure partie des objets de la Collection est attri- buable à l'apogée de cette civilisation, à la phase clas­sique de la Culture du Rhòne (1800-1500 av. J.-C.), qui englobe la fin du Bronze ancien, aux XVIIIe et XVIIe siècle av. J.-C., et le début du Bronze moyen au XVIe siècle av. J.-C.

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On peut attribuer à cette période l'épingle à tète annulaire (n° 23, fig. 24, au centre), les épingles à tète enroulée (nos 8-11, fig. 24, à droite), alors que les autres types représentés sont en revanche franchement attri- buables au XVIe siècle av. J.-C., comme les épingles à tète en massue et col perforé (nos 13-22, fig. 25), ornées pour certaines de stries horizontales gravées de part et d'autre de la perforation.

Fig. 24 Quelques épingles en bronze (nos 24, 23, 10, 11, de gauche à droite). Phase tardive de la Culture du Rhòne. Bronze ancien et moyen (entre 1800 et 1500 av. J.-C.).

Deux épingles sortent du lot :

L'épingle à tète en disque (n°12, fig. 26) portant un décor gravé en croix et au repoussé, avec une grosse bossette au centre de chaque quadrant, dont le motif et la technique sont dans le prolongement direct de ce que l'on a vu pour le diadème. On connaìt quatre autres épingles de ce type en Valais centrai et une sixième, au décor similaire, provient de Bex. Cette parure presti- gieuse, portée par une femme, servait à maintenait les pans de son vètement sur l'épaule ; mais elle représen- tait aussi un signe distinctif d'appartenance et de statut social.

Fig. 25 Épingles à tète en massue en bronze (nos 19, 13, 14, 15, 16, 20, 21, de gauche à droite). Phase tardive de la Culture du Rhóne. Début du Bronze moyen (1600- 1500 av. J.-C.).

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Fig. 26 Epingie à tète en disque en bronze (n° 12). La tète martelée est ornée d'une croix gravée et hachurée et de bossettes au repoussé. Phase tardive de la Culture du Rhóne. Début du Bronze moyen (1600-1500

______ av. J.-C.)._________________________________

L'épingle à tète tronconique et col perforé (n° 24, fig. 24, à gauche) est richement ornée d'arcs de cercles gravés avec une partie centrale finement pointillée, et de séries de trais sur le haut du col, de part et d'autre de la perfo- ration. Si l'on en croit d'anciennes mentions, elle a été trouvée associée à l'épée (que l'on verrà plus loin, n° 38) et à un fond de récipient en céramique aujourd'hui introuvable (fig. 20,7). Cette dernière association nous paraìt toutefois peu probable puisque les rituels funéraires dans cette région n'incluent appa- remment pas l'offrande alimentaire ; le fragment de céramique en question pourrait en fait ètre interprété comme issu de couches d'habitat remaniées lors du creusement de la fosse. On ne le saura jamais... Toujours est-il que si l'on accepte le duo épingle-épée, on dispose d'un ensemble plausible pour une « tombe de guerrier ».

Les autres éléments de parure, comme les spirales (nos 25-28, fig. 27) ou les tubes spiralés (nos 29-31), se placent à la fin du Bronze ancien. Si ces derniers font partie du vètement, il est difficile d'en préciser la fonc- tion. Il ne s'agit pas des boucles d'oreille mème si elles étaient disposées de part et d'autre de la tète : deux tombes mises au jour au Lessus en 1979 attestent bien de la position de ces spirales, associées à des épingles à ganse d'une part, ou à tète enroulée et tige torsadée d'autre part (fig. 28-29). Elles étaient portées dans ce dernier cas (la tombe 2) par un homme robuste de 30 à 40 ans, dans le premier (la tombe 1) par un adolescent de sexe indéterminé ; elles étaient soit destinées à main- tenir un chèle, soit directement associées à la chevelure, peut-ètre pour une coiffure avec des tresses (fig. 30). Le cas des spirales emboìtées de la collection (nos 25-26) peut résulter d'un assemblage artificiel postérieur à la découverte, ce qui ne peut évidemment plus ètre démontré.

Fig. 27 Spirales en bronze (nos 25-28) Phase tardive de la Culture du Rhóne. Bronze ancien (1800-1600 av. J.-C.).

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Fig. 28 Fouille du Lessus en 1979. Une sépulture de la phase tardive de la Culture du Rhóne. Bonze ancien (1800- 1600 av. J.-C.). L'épingle fixait un vètement sur l'épaule, deux spirales en bronze étaient disposées de part et d'autre de la tòte (voir fig. 29).

Fig. 29 Mobilier funéraire de la tombe 2 fouillée en 1979 au Lessus (voir fig. 28). Epingle à tète enroulée et tige torsadée et deux spirales en bronze. Phase tardive de la Culture du Rhóne. Bronze ancien (entre 1800 et 1600 av. J.-C.) long, de l'épingle : 12,2 cm.

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Quant aux trois autres pendentifs terminés par un anneau (fig. 31, à gauche), ils sont représentatifs de la fin du Bronze ancien (n°s 32-33) et du début du Bronze moyen (nos 34-35) ; sur ce dernier exemplaire on remar- quera un décor caractéristiques de la Culture du Rhóne finissante (croix gravée, hachures en chevrons, compa­ratile à celui de l'épingle à tète en disque, n° 12). Ce type de parure pouvait ètre porté sur la poitrine, à l'exemple de la tombe 3 du Petit-Chasseur à Sion (fig. 32).

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Fig. 31

Fig. 31 Pendentifs en bronze terminés par un anneau. Les trois premiers (nos 32-34) datent de la phase tardive de la Culture du Rhóne. Bronze ancien (1800-1600 av. J.-C.), celui de droite (n° 60) de la fin du Bronze final (1000-800 av. J.-C.).

Fig. 32 Tentative de restitution du costume funéraire d'un homme inhumé au Petit-Chasseur à Sion (tombe II), portant en collier les pendentifs en bronze à téte terminée par un anneau.

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L'armement

Deux poignards, une épée et deux haches, sont réperto- riées dans la Collection. L'emmanchement des poi­gnards, en matière organique (bois, os, cuir...), n'est bien évidemment pas conservé, à part les rivets de fixa- tion. Malgré leur état de dégradation, on reconnaìt la forme sinueuse de la lame soulignée par des gravures (n° 36), alors que le second exemplaire, plus petit et fortement corrodé (n° 37), présente des cannelures sur les deux faces de la lame (fig. 33).

Fig. 33 Lames de poignard en bronze (nos 36-37) de la phase tardive de la Culture du Rhóne. Bronze ancien (1800- 1600 av. J.-C.).

L'épée courte (n° 38, fig. 34), dont la lame mesure 49 cm (alors que celle du grand poignard, n° 37, mesure 25 cm), est emblématique de la première phase du Bronze moyen, au XVIe siècle av. J.-C. Dans ce cas, sous la base arrondie et les 6 rivets à tète bombée et striée, une trace laissée par la corrosion différenciée du métal permet de reconnaftre la forme en are de cercle de la poignée. La lame, effilée, est de section rhomboidale. Comme nous l'avons rappelé plus haut, cette épée appartient vrai- semblablement à une « tombe de guerrier », associée à l'épingle à tète tronconique finement décorée (n° 24).

Fig. 34 Epée courte en bronze de la phase tardive de la Culture du Rhòne. Début du Bronze moyen (1600-1500 av. J.-C.).

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Les deux haches, l'une à rebords dont le talon n'est pas conservé (n° 39), l'autre à épaulement (n° 40), remon- tent également à la fin du Bronze ancien, au début du Bronze moyen pour la seconde (fig. 35, à gauche et au centre). On y retrouve le style d'ornementation caracté- ristique (stries et triangles hachurés).

De la céramique

Un tesson de la pansé d'un récipient à anse verticale, dont seule l'attache est conservée (n° 41), est orné de cannelures horizontales et de triangles emboìtés sous la carène ; il peut ètre assimilé aux céramiques fines de la fin du Bronze ancien, au XVIIe siècle av. J.-C., qualifiées de « tasses de type Roseaux » (du nom d'une station palafit- tique de la baie de Morges sur le Léman). Ce fragment est à mettre au compte des couches d'habitat du site.

Fig. 35 Lames de haches à rebords de la phase tardive de la Culture du Rhóne. Bronze ancien (n° 39 à gauche) et début du Bronze moyen (n° 40), ainsi que du début du Bronze final (n° 61 à droite) (1800-1600 ; 1600-1500; 1400-1200 av. J.-C.).

Quant au pot à deux anses (n° 42, fig. 36) richement orné, qui en plus est complet, donc à coup sur issu d'une sépulture, il reste plus problématique : d'une part on ne sait presque rien des rituels funéraires régionaux nous l'avons déjà signalé, s'ils incluaient ou non l'offrande alimentaire, qui se traduit pour l'archéologue par la présence de céramique, d'autre part la forme mème de ce pot ne trouve pas de parallèles directs, alors que son décor pourrait s'apparenter aux réalisa- tions de la fin de la Culture du Rhòne au Bronze moyen.

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Fig. 36 Pot à deux anses en céramique orné de motifs gravés (n° 42). Début du Bronze moyen (1600-1500 av. J.-C.).

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La fin de l'àge du Bronze,autrefois qualifiée de « Bel àge du Bronze »

C'est en paraphrasant le titre d'un célèbre livre d'Edouard Desor traitant du Bronze final « lacustre » à la fin du XIXe siècle, que nous qualifions les éléments attribués au Bronze final ; la plupart des objets appartiennent à la fin de la période et datent des Xe et IXe siècles av. J.-C. (à une exception près plus ancienne, la hache n° 61, fig. 35).

La parure domine toujours

Les parures annulaires, bracelets ou anneaux de cheville, en forment la quasi-totalité (fig. 37). Il s'agìt d'anneaux en bronze, larges à section en U, ouverts, à tampons et richement ornés. Ces derniers sont réalisés selon la tech- nique de la ciré perdue (la forme de l'objet modelé en ciré est recouverte d'argile qui constitue le moule, dans lequel le métal coulé va prendre la place de la ciré). Les fines cannelures sont préparées sur la forme avant la coulée du métal alors que le décor, gravé lors de la fini- tion des objets, forme des compositions géométriques de cercles concentriques estampés reliés par des faisceaux de traits, où alternent des zones de chevrons ou croisillons (fig. 38-40).

Fig. 37 Le dépòt de 17 anneaux en bronze finement ornés (nos 43-59). Fin du Bronze final (1000- 800 av. J.-C.).

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Fig. 38 Un des anneaux à tampon du dépót (n° 50, voir fig. 37).

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Le port de telles parures est difficile à restituer : aux che- villes pour les larges anneaux à tampons ?, au poignet ou au bras pour certains, notamment les anneaux fermés ?, Le rite généralisé de l'incinération au Bronze final ne permet en effet pas d'observations régionales fiables. Aucun ne porte de traces d'incinération ; ils n'ont donc pas passés dans ce cas sur le bucher.

On dispose d'une information essentielle, recueillie de première main par Gustave Maillard auprès de Jean- Louis Pousaz-Gaud dont nous avons déjà reproduit des extraits de son article de 1889 (p. 285-287) :

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Fig. 39 Cinq anneaux du dépót (voir fig. 37) au décor cannelé (nos 51-55).

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Fig. 40 Deux anneaux du dépót (voir fig. 37) aux motifs gravés (nos 56-57).

« Au mois d'aoùt de cette mime année, un riche pro- priétaire d’Ollon, Monsieur R-G., qui a commencé sur le bord Occidental du roc de Saint-Triphon une belle exploitation de marbré noir, me montre dix-neuf bracelets de bronze, dont dix-sept de la belle époque classique, avaient été trouvés en un seul mas, dans une cachette près de la tour. Les deux autres, d'un type plus ancien [en fait plus récents, de la fin de l'àge du Fer] avaient été recueillis en mime temps tout près de là. [...] Nous nous rendìmes à l’endroit de la découverte et voici ce que je vis. [...]

Sur le calcaire liasique noir qui constitue le roc tout entier, git sans transition la boue glaciaire, surmontée de terre végétale formée à ses dépens. A la partie supérieure de cette boue glaciaire, au niveau où elle est déjà dans l'humus, on distingue de petits nids de charbon, dans lesquels je recueillis séance tenante quelques fragments d'ossements et des tessons de pote- rie grossière à grains siliceux, identique à notre poterie préhistorique. C'est là, sous un petit bosquet de chènes, que peu de temps avant mon arrivée on avait découvert deux squelettes ; ils étaient ensevelis avec quelque soin, les membres repliés et, si je me souviens bien, à tète à l'occident ; ils gisaient à environ lm,50 de profondeur.

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A un mètre au-dessus de la tète de l'un deux, on mit à jour une cachette formée de quelques dalles ajustées de fagon à former une caisse avec son couvercle ; c'est cette cachette qui contenait les dix-sept bracelets de la belle époque du bronze ci-dessus mentionnés, des rasoirs de la forme sinueuse bien connue et un instru- ment formé d'une lame de bronze étirée en languette et terminée à une extrémité par un anneau (cf. DESOR : Le Bel àge du Bronze en Suisse, pi. Il, fig.2). Les bracelets étaient tous ornés soit de dessins par lignes et cercles, au trait, soit de nervures ou cótes renflées, parallèles et rapprochées, telles qu'en portent certaines fibules du lac de Neuchàtel (Desor, ibid. pi.Ili, fig. 2 et 4) ».

Il s'agit donc bien d'un dépót, mis au jour près de la tour, et non au cours de l'exploitation de la carrière. Les 17 anneaux mentionnés sont bel et bien présents dans la Collection. Et la similarité entre certains anneaux est par ailleurs telle qu'on peut se demander si l'on n'est pas en présence de véritables paires (n°s 43 + 44, 45 + 46, 47 + 48 + 49...).

En revanche, pas trace de «rasoirs»: s'agirait-il des deux couteaux de la Collection (nos 63-64, fig. 41)? C'est possible, mais impossible de l'affirmer : la réfé- rence à Desor montre bien des rasoirs, mème si une cer­tame confusion semble régner chez Maillard dans les attributions fonctionnelles des objets.

C'est d'ailleurs le cas pour l'« instrument » mentionné qui a de fortes chances d'ètre le pendentif à extrémité terminée par un anneau (n° 60, voir fig. 31, à droite) : la référence à l'ouvrage de Desor (pi. Ili, 2) le laisse penser (alors que l'objet de la pi. Ili, 4 est en fait un couteau à douille).

L'enfouissement du dépót se place à la fin de l'àge du Bronze, au cours du Xe ou IXe siècle av. J.-C.

Dépòts rituelsLe phénomène du dépót de parures et d'armes métalliques est un rituel fréquent au cours de l'àge du Bronze. Des dépòts métalliques ont été mis au jour dans la région dès le milieu du XIXe siècle, sur la colline voisine de Charpigny notamment. En 1877 un « dépót de fondeur » est exhumé au-dessus de la carrière. Un autre dépót, qualifié de «fonderie», a semble-t-il été découvert à proximité, près du Signal de Saint-Triphon qui date de l'époque bernoise. Tous deux remontent au Bronze moyen. Actuellement, les chercheurs s'accordent pour attribuer à de tels dépòts, dont la composition varie, une signification rituelle. Il s'agirait de dépòts volontaires, d'offrandes de « richesses » consacrées à une divi- nité, peut-ètre à l'occasion de cérémonies cultuelles communautaires.

Fig. 41 Une pointe de flèche (n° 62) en bronze et deux lames de couteau (n°s 63, 64). Fin du Bronze final (1000-800 av. J.-C.)

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L'armement et l'outillage

Seule la hache à ailerons médians (n° 61, voir fig. 35, à droite) sort du lot des objets de la fin du Bronze final. Elle appartieni à un horizon antérieur, de la fin du XIVe ou du Xllle siècle av. J.-C. Faisait-elle partie de la pano­plie d'une sépulture de guerrier ou était-elle associée à d'autres objets constitutifs d'un dépòt ?

La pointe de fiòche à pédoncule en bronze (n° 62, fig. 41) n'est pas caractéristique d'une période précise au sein de l'àge du Bronze. Nous l'avons fait figurer dans les séries du Bronze final, mais une attribution au Bronze ancien ou moyen reste envisageable.

Les deux couteaux en bronze (nos 63-64, fig. 41), à soie destinée à recevoir un manche en bois ou en os, sont des ustensiles qui apparaissent à la fin de l'àge du Bronze. Le premier est orné de gravures géométriques sur une face et sur le dos de la lame, ainsi que de petites dépressions martelées sur les angles de la soie quadran- gulaire.

Nous avons suggéré plus haut que ces couteaux fai- saient peut-ètre partie du dépòt des 17 anneaux et d'un pendentif.

De la céramique

Un bord de pot décoré, un fragment de bord d'un deuxième pot, une anse en céramique grossière mode- lée ainsi qu'une coupé en céramique fine (mais non tournée), font partie du répertoire morphologique de la fin de l'àge du Bronze. Si la coupé (n° 68, fig. 42), à moitié conservée, pourrait provenir d'une sépulture à incinération, les autres fragments correspondent très vraisemblablement à des rejets liés aux occupations domestiques du site.

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Fig. 42 Coupé en céramique (n° 68). Fin du Bronze final (1000-800 av. J.-C.).

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41

Des Celtes, les Nantuates de Saint-Triphon à la fin de l'àge du Fer

De nombreuses sépultures des environs, sur le territoire de la commune d'Ollon, sont attribuées au Second àge du Fer, à la période de La Tène ancienne ou moyenne, entre le Ve et le llle siècle av. J.-C.

Une scène imaginaire rend compte de cette présence celtique (fig. 43) : elle est située à Saint-Triphon, vers 300 av. J.-C., avec une vue en direction du Sud, mon- trant à droite la piaine du Rhòne et les contreforts des Dents du Midi.

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Fig. 43 Mise en scène située à Saint-Triphon : un guerrier celte revient d'Italie (où il a peut-ètre servi comme mercenaire) et présente à son entourage les produits exotiques ramenés de son voyage. Second àge du Fer (vers 300 av. J.-C.).

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Parures et céramiques de La Tène finale

Revenons à la Collection : deux anneaux massifs eri bronze (n“ 69-70, fig. 44-45), au décor ocellé profondé- ment imprimé, illustrent une catégorie de parures caractéristiques de la vallèe du Rhòne, qualifiées de « bracelets valaisans », de manière impropre d'ailleurs puisqu'ils sont portés aux chevilles, par des femmes lorsque les observations archéologiques et anthropolo- giques le permettent. Il peut très bien, dans notre cas, s'agir d'une paire d'anneaux portés par le mème individu, dans la vie et ... dans son cercueil. En effet, après l'incinération qui dominait à la fin de l'àge du Bronze, les Celtes des vallées alpines durant l'àge du Fer recourent au rite de l'inhumation en position allongée.

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Fig. 44 Céramique (nos 72-73, 76), « bracelets valaisans » en bronze (nos 69-70) et bracelet en verre (n° 71). Fin de l'àge du Fer (La Tène finale, 120-30 av. J.-C.). Ces objets sont attribuables aux Nantuates, les Celtes du Chablais, le gobelet de droite étant une importation du sud des Alpes romanisé.

Fig. 45 Les deux « bracelets valaisans » (nos 69-70)

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Ecoutons à nouveauGustave Maillard en 1889 (p. 287) :

« Non loin de là [du dépòt des dix-sept bracelets du Bronze final évoqué plus haut, donc près de la tour], sur le mème niveau, autre découverte : deux anneaux de bronze complètement fermés, et recouverts d'une superbe patine qui leur donnait l'apparence de la plus belle malachite. Leur diamètre permettait d'y passer une petite main, et l'épaisseur était environ celle du petit doigt. L'ornementation de ces deux pièces apparte- nait à un type tout particulier ; elle se composait de creux hémisphériques espacés, de quatre à cinq millimè- tres de diamètre, et entourés à un ou deux millimètres de distance d'une rainure de moindre profondeur ; cela rappelait certains dessins de style mexicain. Ces deux anneaux, qui représentaient à mes yeux un art plus pri- mitif, avaient été trouvés en compagnie d’une pointe de fiòche en si/ex.

Ce genre d'ornementation me parut ótre fort peu commun dans les objets du bronze, et j'attirai là-dessus l’attention speciale du propriétaire des dites pièces, afin de prévenir la perte de celles-ci ».

Aucun doute pour les deux anneaux « valaisans ». S'agit-il d'une tombe qui n'a pas été reconnue ? C'est probable, mais impossible de l'affirmer. Quant à la pointe de flèche en silex (néolithique ?), qui ne figure pas dans la Collection, elle provient à coup sur des couches d'occupation de la colline.

Le bracelet en verre, de teinte bleue (n° 71, fig. 44, à droite), représente également une parure caractéristique de la fin du Ile et du début du ler s. av. J.-C. dans de vastes zones du monde celtique européen.

Le petit pot en céramique grise fine (n° 72, fig. 44, au centre) est monté au tour, alors que le gobelet (n° 73, fig. 44, à gauche), ainsi que le fragment de pansé et le pied d'un autre gobelet ou d'une bouteille (nos 74-75) sont en céramique dite « indigène », caractéristique du monde alpin vaudois et valaisan, par opposition aux traditions des Helvètes du Plateau. Cette céramique, d'un aspect noiràtre, n'est pas tournée ; elle est ornée de motifs incisés en chevrons dans le cas présent, ou lissés comme sur le petit gobelet associé à la sépulture d'un enfant fouillée en 1979 (fig. 46).

Le dernier récipient, un gobelet à pàté fine (n° 76, fig. 44, à droite), monté au tour, guilloché sur la pansé, tranche de par sa couleur orange due à une cuisson oxy- dante (et non réductrice comme les autres récipients, sans apport d'oxygène d'où leur tonalité sombre). Il s'agit à coup sur d'une production de territoires déjà romanisés du sud des Alpes. Il date des environs du milieu du ler s. av. J.-C., une période de profonde muta- tion. D'autres témoins d'importations de la piaine du Pò, comme de la céramique à vernis noir, assiettes et coupes à boire selon les modes culinaires de Rome, ainsi que l'usage de la monnaie sont attestés dès la fin du Ile siècle av. J.-C. dans les couches d'occupation de la colline.

Rappelons enfin pour mémoire le passage par le terri- toire des Nantuates (donc au pied de Saint-Triphon si ce n'est sur la colline mème !) de Galba, un légat de César envoyé ouvrir le passage col du Grand Saint-Bernard, et la bataille d'Octodure - Martigny, en 57 av. J.-C., qui torcerà les légionnaires romains à se replier en direction du Léman.

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Fig. 46 Une sépulture d'enfant fouillée en 1979 au Lessus. Un vase en céramique indigène près de la tète écrasée de l'enfant est comparatile à celui de la Collection (n° 73), mais au décor lissé. Fin de l'àge du Fer (La Tène finale, 120-30 av. J.-C.).

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Objets dont l'attribution chronologique ne peut ètre précisée

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Fig. 47 Fragment de pierre polie (n° 77), amas de bronze calciné (n° 78), dague en fer ? (n° 82), attribuables au Néolithique, au Bronze final et à la fin du Moyen Age ou à l'époque moderne.

Nous avons déjà évoqué le fragment de roche verte (n° 77, fig.47, à gauche) portant des traces de polissage et qui pourrait ètre attribué à une hache du Néolithique.

Un amas calciné de bronze (n° 78, fig. 47, au centre) est sans équivoque rattachable à une activité métallur- gique, activité mise en valeur dans les fouilles de Bocksberger par d'autres déchets de fonte, gouttes de bronze, scories et mème des fragments de moules datant du Bronze final.

Les trois anneaux en bronze (nos 79-81) ne sont pas suffisamment caractéristiques pour ètre datés avec pré- cision au cours de l'àge du Bronze ou du Fer.

Enfin, le dernier objet, une sorte de dague en fer (n° 82, fig. 47, à droite) dont nous ignorons la fonction, est probablement médiéval voire moderne.

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La Collection Pousaz-Gaud en dessins

Catalogue sommaire

Nous établissons ci-dessous un catalogue des objets qui constituent aujourd'hui la Collection Pousaz-Gaud, objets auxquels nous avons donné un numéro d'ordre (de 1 à 82). Les 12 figures sur lesquelles sont assemblés les dessins techniques sont organisées en fonction de cette numérotation.

Le fond d'une grande jarre en céramique, illustre dans la thèse d'Olivier-Jean Bocksberger en 1964 (pi. Il, n° 7, fig. 20) n'a pas été retrouvé dans le lot des objets de la Collection, ainsi que la tète d'une petite épingle en tète de massue à col perforé (pi. Il, n° 4 de Bocksberger; n° 22). En revanche le pot orné à deux anses (n° 42) n'y figurait pas.

Toutefois, si l'on se base sur les photographies conser- vées au Musée national à Zurich, attribuées à David Viollier dans les années 1910 ou 20 comme nous l'avons vu, certaines pièces semblent bien manquer à l'inventaire. Bocksberger (1964, 88) signale ainsi comme disparus «pet/ts anneaux, 8 tubes, épingle à volute, frag. de pendeloque à boucle, 5 boudins, 6 frag. de spirales, frag. de bracelet plat, bague ». D'après ces mémes photos, de qualité très médiocre, on reconnaìt en effet quelques anneaux simples de différentes tailles, les tubes faisant partie du vètement, comparables à ceux de la tombe II du Petit-Chasseur à Sion dont nous avons illustre une tentative de restitution (fig. 32), un fragment de pendentif terminé par un anneau comme les trois exemplaires illustrés (nos 32-34), quelques fragments de spirales et tubes spiralés comme ceux de la Collection (nos 25-28 et 29-31), ainsi qu'un anneau en ruban (bague) comparable à celui de la tombe C1 fouillée par Bocksberger (fig. 23, au bas de la planche). Seul un fragment d'objets plus important fait défaut : il s'agit de la partie manquante du diadème (n° 1), que les photos de Viollier montrent en deux fragments sans équivoque. Réapparaftra-t-il unjour?

C'est dire si la « perte » intervenue au cours des quelque 4 décennies écoulées, alors que la collection « dormait » dans sa vitrine à Ollon, est minime !

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Une brève description des objets

Le catalogue qui suit n'a pas la prétention de fournir l'inventaire détaillé de chaque objet, avec une description précise de la forme, du décor, de son aspect ou état de conservation, accompagnée des dimensions ou encore de considérations sur la chronologie, comme ce serait la règie pour un exercice à vocation scientifique. On a donc renoncé à fournir, dérogeant aussi également aux usages en vigueur pour un tei inventaire, une liste de parallèles et de références bibliographiques permettant au spécialiste d'accèder à des objets comparables.

Pour l'àge du Bronze ancien, moyen et le début du Bronze final (nos 1-5 et n° 60), le lecteur qui souhaite obtenir des renseignements plus spécialisés pourra se reporter à la publication de Mireille David-Elbiali en 2000, qui établit par ailleurs une concordance avec l'inventaire de Bocksberger en 1964 et les dessins d'Alain Gallay qui y sont publiés.

Pour l'àge du Bronze final (nos 43-67), on trouvera des compléments d'information notamment dans le travail de Valentin Rychner en 1979 à propos des collections anciennes recueillies sur les stations lacustres d'Auvernier dans le canton de Neuchàtel, et bien sur dans le volume de la sèrie des « Pràhistorische Bronzefunde » consacré aux bracelets et anneaux de cheville de Suisse, publié par Katharine Pàszthory en 1985, avec la présentation d'une typologie détaillée de ces parures.

Pour le Second àge du Fer (nos 68-75), la publica­tion de Gilbert Kaenel en 1990 comprend l'étude des objets attribués à La Tène finale, étude également antérieure à la « redécouverte » de la Collection Pousaz-Gaud !

1. Diadème à extrémités enroulées en bronze. Tòle martelée, décorée au repoussé.

2. Torque à extrémités enroulées en bronze. Tige massive de section quadrangulaire.

3-5. Torques à extrémités aplaties en bronze.Il est vraisemblable que ces trois éléments, disposés l'un sur l'autre, appartenaient à un mème collier.

6-7. Epingles à ganse en bronze. Le fil qui forme la tète de l'objet est enroulé autour du col.

8-11. Epingles à tète enroulée en bronze. L'extrémité du fil qui forme la tète de l'objet est aplatie.

12. Epingles à tète en disque en bronze. La tète, martelée de forme circulaire, à extrémité enrou­lée, est ornée d'un motif gravé et au repoussé.

13-22. Epingle à tète en massue et col perforé en bronze. Certaines sont ornées de fines gravures sur le col près de la perforation. (La tige seule n° 22, correspond sans doute à l'épingle illustrée par Bocksberger (1964, pi. Il,5), dont la tète a disparu.

23. Epingle à tète annulaire en bronze. Le haut du col est orné de fines stries gravées.

24. Epingle à tète tronconique et col perforé en bronze. La tète aplatie est finement ornée

25-28. Spirales en bronze. Simple fil métallique, mince, enroulé hélicoìdalement. Deux exemplaires de la collection sont composés de deux spirales emboìtées (l'étaient-elles lors de la découverte ?).

29-31. Tubes spiralés en bronze. Simple fil métallique enroulé à la manière d'un ressort.

32-33. Pendentifs en bronze. Languette en tòle, à extrémité enroulée, ornée de fines stries gravées, terminée par un anneau.

34. Pendentif en bronze. Exemplaire plus gros que les précédents, orné d'un motif gravé.

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35. Pendentif en bronze. Un simple anneau se pro- longe par une petite languette de suspension.

36. Lame de poignard en bronze. Le manche était probablement fixé à Laide de 8 rivets, dont trois ne sont pas conservés compte tenu de la dégra- dation de l'objet. De fines gravures soulignent la forme sinueuse de la lame.

37. Lame de poignard cannelée en bronze. Le manche était fixé à Laide de 3 rivets.

38. Epée courte en bronze. La poignée (dont la trace en are de cercle est visible) était fixée à Laide de 6 rivets.

39. Lame de hache à rebords en bronze. Légère nervure centrale et décor gravé sur les bords. Le talon n'est pas conservé.

40. Lame de hache à rebords et épaulement en bronze. Décor gravé sous les appendices latéraux triangulaires. Le talon est échancré.

41. Fragment de vase en céramique modelée. Décor de fines cannelures horizontales et de triangles emboTtés.

42. Pot à deux anses en céramique modelée. Riches registres de décors géométriques cannelés.

43-50. Anneaux à tampons en bronze. Décor de bandes gravées et cercles concentriques estampés. L'organisation des motifs des exemplaires nos 43 et 44, 45 et 46, 47 à 49 est quasi identique.

51-55. Anneaux còtelés à tampons en bronze. Le corps de la parure est finement cannelé, gravé près des extrémités (nos 53-55).

56-57. Anneaux à tampons en bronze. Riche décor gravé, couvrant.

58-59. Anneaux fermés en bronze. Décor gravé composé d'une alternance de lignes horizontales parallèles et de croisillons.

60. Pendentif en forme de poignard. Anneau de suspension circulaire.

61. Lame de hache à ailerons médians en bronze.

62. Pointe de flèche à pédoncule en bronze.

63. Lame de couteau en bronze. Décor gravé sur un còté, le dos de la lame, ainsi que sur la soie.

64. Lame de couteau en bronze.

65. Bord de pot en céramique grossière modelée. Décor festonné sur la lèvre et impressionné sous le bord.

66. Bord de pot en céramique modelée.

67. Anse d'un récipient en céramique modelée.

68. Coupé en céramique fine, modelée.

69-70. « Bracelets valaisans » : anneaux de cheville massifs en bronze, ornés de motifs circulaires profondément imprimés.

71. Bracelet en verre. Teinte bleue.

72. Pot en céramique grise fine, tournée.

73. Gobelet en céramique «indigène» modelée à pàté sombre. Décor gravé de motifs en chevrons.

74-75. Fragment de pansé et pied d'une bouteille en céramique « indigène ».

76. Gobelet en pàté fine claire. Décor de guillochis sur la pansé. Il s'agit probablement d'une impor- tation du sud des Alpes.

77. Fragment de roche verte (hache ?) portant des traces de polissage.

78. Amas calciné de bronze. Résidu de coulée en relation avec une activité métallurgique.

79. Anneau fermé en bronze.

80. Anneau ouvert en bronze.

81. Petit anneau en bronze.

82. Dague en fer ? La partie aplatie et prolongée par deux enroulements est interprétée comme une soie permettant un emmanchement.

49

Les règles graphiques

Tous les dessins reproduits sur les 12 planches qui

suivent (fig. 48-59) ont été réalisés à l'échelle 1 :1

par Verena Loeliger (Musée cantonal d'archéologie

et d'histoire, Lausanne), entre 2002 et 2004.

L'échelle de réduction retenue pour la reproduction

des 82 objets illustrés est 1 :2

à l'exception du détail agrandi à l'échelle 2:1 de la

tète d'une épingle (n° 24),

de l'épée qui est réduite à l'échelle 1 :4 (n° 38) alors

que le haut de la lame est reproduit, comme les

autres objets, à l'échelle 1 :2,

et du schèma du décor du pot (n° 42), également

réduit à l'échelle 1 :4.

Seul le contour des coupes en travers des objets est

tracé ; l'intérieur de la coupé n'est pas noirci, étant

entendu que toutes les sections sont massives

(à l'exception bien sur des aiguilles à col perforé

(n“ 13-21).

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Quelques références bibliographiques

BOCKSBERGER, Olivier-Jean., 1964. Age du Bronze en Valais et dans le Chablais vaudois. Lausanne.

DAVID-ELBIALI, Mireille, 2000. La Suisse occidentale au Ile millénaire av. J.-C. Chronologie, culture, intégration européenne. Cahiers d'archéologie romande, 80.

Des Alpes au Léman. Images de la préhistoire. 2006 (GALLAY, Alain dir.). Infolio éditions, Gollion.

GALLAY, Alain, 1986. Parure et vètement au Bronze ancien. In : « Le Valais avant l'histoire », 102-105.

KAENEL, Gilbert, 1986. Ollon VD, Saint-Triphon, Le Lessus. In : « Le Valais avant l'histoire», 176-183.

KAENEL, Gilbert, 1990. Recherches sur la période de La Tène en Suisse occidentale. Analyse des sépultures. Cahiers d'archéologie romande, 50.

KAENEL, Gilbert, CURDY, Philippe, ZWAHLEN, Hanspeter, 1984. Saint-Triphon, Le Lessus (Ollon, Vaud) du Néolithique à Tépoque romaine. Cahiers d'archéologie romande, 30.

Le Valais avant l'histoire. 14000 av. J.-C.-47 apr. J.-C. 1986. Musée cantonal d'archéologie, Sion.

MAILLARD, Gustave, 1889. Trouvaille archéologique à Saint-Triphon (Suisse). Revue Savoisienne 1889, 284-288.

NAEF, Albert. Chàteau de St-Triphon. Journal des fouilles 1895-1898. (Rapport manuscrit, Archives cantonales vaudoises).

PÀSZTHORY, Katharine, 1985. Der Bronzezeitliche Arm- und Beinschmuck in der Schweiz. Pràhistorische Bronzefunde, X, 3, C.H. Beck'sche Verlagsbuchhandlung, Munchen.

RYCHNER, Valentin, 1979. L'àge du Bronze final à Auvernier (Lac de Neuchàtel, Suisse). Typologie et chrnologie des anciennes collections conservées en Suisse. Cahiers d'archéologie romande, 1 5 et 16.

SCHENK, Alexandre, 1906. Note sur quelques sépultures de l’àge du Bronze et de l'àge du Fer dans la vallèe du Rhóne (canton de Vaud, Suisse). Revue préhistorique de l'Est de la France, 2-3, 68-73.

SCF1ENK, Alexandre, 1907. Notes sur quelques sépul­tures de l’àge du Bronze et de l’àge du Fer dans le District d'Aigle. Revue historique vaudoise, 15, 1907, 214-219.

Vallis Poenina. Le Valais à Tépoque romaine, ler siècle- Ve siècle après J.-C. 1998 (WIBLE, Francois dir.). Musée cantonal d'archéologie, Sion.

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Remerciements

L'auteur remercie vivement Mesdames Irène de Escoriaza et Brigitte Pradervand, ainsi que Messieurs Francois Gilliéron et Pierre-Yves Pièce pour leurs contributions efficaces par des recherches en archives.

Crédits photographiques et provenance des illustrations

Couverture : p. 1 : Pierre-Alain Ferrazzini et Diane 14, 19, 21 : Collection particulière, Ollon.Bouchet, Genève.

1 5-17a : Archives cantonales vaudoises.Fig. 1, 2, 7- 9 : Photos Fischer frères. Archives

cantonales vaudoises. Fig. p. 8 et 71, 17b,

3 : Esquisse d'Albert Naef. Archives 22, 24-27, 31,cantonales vaudoises. 33-42, 44-45, 47 : Photo Fibbi-Aeppli, Grandson.

4 : J.-C. Scheder, Bercher. 17a : D'après Schenk 1907

5 : Atlas de la Suisse 2.0, 2004. 20, 23 : D'après Bocksberger 1964, pi. IV, pi. I.

6 : Carte nationale au 1 :25 000.Reproduit avec l'autorisation de 28, 46 : Photo G. Kaenel. ArchéologieSwisstopo (BA068073). cantonale vaudoise.

9 : Photo P. Corboud, Département d'anthropologie et d'écologie de

29 : D'après Kaenel 1986, fig. 132.

l'Université de Genève. 30, 43 : Dessin A. Flouot. D'après « Des Alpes au Léman » 2006, fig. 197,

10-11 : Archéologie cantonale vaudoise. 341.

12 : Photo G. Kaenel. Archéologie 32 : D'après Gallay 1986, fig. 71.cantonale vaudoise.

48-59 : Dessin V. Loeliger. Musée cantonal13 : Photo D. Weidmann. Archéologie d'archéologie et d'histoire,

cantonale vaudoise. Lausanne.

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Les Documentsdu Musée cantonal d'archéologie et d'histoire

Catalogues d'exposition

Gilbert KAENEL, Pierre CROTTI (éd.) : Les Lacustres : 150 ans d'archéologie entre Vaud et Fribourg. (Publication à l'occasion de l'exposition «Les lacustres: 150 ans d'archéologie entre Vaud et Fribourg ». Espace Arlaud, Place de la Riponne 2bis, Lausanne, du 17 septembre 2004 au 23 janvier 2005 et Musée d'art et d'histoire, Rue de Morat 12, du 4 mars au 16 mai 2005). Document du Musée cantonal d'archéologie et d'histoire Lausanne, 2004. 120 p. Fr. 18.-

Jean-Pierre CARRARD, Yvonne COOK, Geneviève HELLER : Nos classes au galetas : collection de la Fondation vau- doise du patrimoine scolaire. (Publication à l'occasion de l'exposition «Nos classes au galetas ». Espace Arlaud, Place de la Riponne, Lausanne, du 10 octobre 2003 au 25 janvier 2004). Document du Musée canto­nal d'archéologie et d'histoire Lausanne, 2003. 111 p. Fr. 18.-

Thierry LUGINBUHL, Jacques MONNIER, Yves DUBOIS : Vie de palais et travail d'esclave. La villa romaine d'Orbe- Boscéaz. (Publication à l'occasion de l'exposition «Vie de palais et travail d'esclave ». Espace Arlaud, Place de la Riponne, Lausanne, du 6 octobre au 30 décembre 2001). Document du Musée cantonal d'archéologie et d'histoire Lausanne, 2001. 120 p. Fr. 18.-

Marc-Antoine KAESER : A la recherche du passé vau- dois : une longue histoire de l'archéologie. (Publication à l'occasion de l'ouverture au Musée cantonal d'archéologie et d'histoire, à Lausanne, en mai 1999, d'une sa Ile consacrée à l'histoire des recherches archéologiques dans le canton de Vaud). Document du Musée cantonal d'archéologie et d'histoire Lausanne, 2000. 191 p. Fr. 20.-

Anne KAPELLER, Alessandra POMARI (dir.) : Promenade antique. De l'Egypte à Rome. (Publication à l'occasion de l'exposition « Promenade antique. De l'Egypte à Rome». Espace Arlaud, Place de la Riponne, Lausanne, du 15 janvier au 19 mars 2000). Document du Musée cantonal d'archéologie et d'histoire Lausanne, 2000. 136 p. Fr. 18.-

Denis BERTHOLET, Olivier FEIHL, Claire HUGUENIN (dir.) : Autour de Chillon : Archéologie et restauration au début du siècle. (Publication à l'occasion de l'exposition «Autour de Chillon». Espace Arlaud, Place de la Riponne, Lausanne, du 4 septembre au 27 décembre 1998). Document du Musée cantonal d'archéologie et d'histoire Lausanne, 1998. 264 p. Fr. 35.-

Nicole FROIDEVAUX, Alain MONNIER (dir.) : Comptoir ethnographique. (Publication à l'occasion de l'exposi­tion « Comptoir ethnographique », Espace Arlaud, Place de la Riponne, Lausanne, du 11 avril au 29 juin 1997). Document du Musée cantonal d'archéologie et d'histoire Lausanne, 1997. 88 p. Fr. 15.-

Gilbert KAENEL, Pierre CROTTI (éd.) : Machines et métiers : aspects de l'industrie vaudoise du XVIe au XXe siècle. (Catalogue d'exposition, Palais de Rumine, du 8 octobre 1994 au 4 juin 1995). Document du Musée can­tonal d'archéologie et d'histoire Lausanne, 1994. 80 p. Fr. 10.-

Jean-Franqois ROBERT : La mémoire des Combiers : artisans et métiers de la Vallèe de Joux (XIXe-XXe siècle). Aspects de la Collection Daniel Lehmann. Gilbert KAENEL, Pierre CROTTI (éd.). Document du Musée cantonal d'archéologie et d'histoire Lausanne, 1994. 72 p. Fr. 10.-

Gilbert KAENEL, Pierre CROTTI (éd.): Archéologie du Moyen Àge : le canton de Vaud du Ve au XVe siècle. (Catalogue d'exposition, Palais de Rumine, du 27 novembre 1993 au 18 septembre 1994). Document du Musée cantonal d'archéologie et d'histoire Lausanne, 1993. 80 p. Fr. 10.-

Gilbert KAENEL, Pierre CROTTI (éd.) : Celtes et Romains en Pays de Vaud. (Catalogue d'exposition, Palais de Rumine, du 3 octobre 1992 au 20 septembre 1993). Document du Musée cantonal d'archéologie et d'histoire Lausanne, 1992. 80 p. Fr. 10.-

Gilbert KAENEL, Pierre CROTTI (éd.) : 10 000 ans de préhistoire : dix ans de recherches archéologiques en Pays de Vaud. (Catalogue d'exposition, Palais de Rumine, du 27 avril au 31 mars 1992). Document du Musée cantonal d'archéologie et d'histoire Lausanne, 1991. 71 p. Fr. 10.-

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Inventaires des collections

Anne KAPELLER, Annick SCHNEITER : Inventaire de la collection d'égyptologie du Musée cantonal d'archéologie et d'histoire de Lausanne. Document du Musée cantonal d'archéologie et d'histoire Lausanne, 1996, 147 p.

Catherine MEYSTRE (réd.) : SIGMA 94. Epoque romaine. (Système d'inventaire et de gestion muséographique et archéologique). Document du Musée cantonal d'archéologie et d'histoire Lausanne, 1994.

Geneviève PERREARD LOPRENO : Inventaire des collec­tions anthropologiques du musée cantonal d'archéologie et d'histoire de Lausanne 1850-1992. Document du Musée cantonal d'archéologie et d'histoire Lausanne, 1993, 209 p.

Nathalie PICHARD SARDET, Gilbert KAENEL, Pierre CORBOUD : SIGMA: système d'inventaire et de gestion muséographique et archéologique : archéologie préhis- torique et gallo-romaine. Document du Musée cantonal d'archéologie et d'histoire Lausanne, 1990. 120 p.

Nathalie PICHARD SARDET, Gilbert KAENEL, Pierre CORBOUD : SIGMA : système d'inventaire et de gestion muséographique et archéologique : archéologie préhis- torique et gallo-romaine. Document du Musée cantonal d'archéologie et d'histoire Lausanne, 1988. 85 p.

Conservation-Restauration

Claude MICHEL. Conservation et restauration de deux embarcations gallo-romaines mises au jour à Yverdon- les-Bains (canton de Vaud, Suisse). Document du Musée cantonal d'archéologie et d'histoire Lausanne, 1999. 99 p. Fr. 10.-

LA GAZETTE du laboratoire de conservation-restaura- tion. Document du Musée cantonal d'archéologie et d'histoire Lausanne. No 1, 2001, 39 p.; no 2, 2002, 37 p. ; no 3, 2003, 42 p. ; no 4, 2004, 74 p. ; no 5, 2005, 32 p. Fr. 5.- par numéro.

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Divers

Gilbert KAENEL, Pierre CROTTI : Archéologie sans paroles. Document du Musée cantonal d'archéologie et d'histoire Lausanne, 1995. 20 p. Fr. 2.-

Marc-Antoine KAESER, Gilbert KAENEL, Pierre CROTTI : Archéologie sans paroles "un pré paisible". Document du Musée cantonal d'archéologie et d'histoire Lausanne, 2002. 32 p. Fr. 2.-

Adresse pour les commandes

Musée cantonal d'archéologie et d'histoire Place de la Riponne 6

1005 Lausanne Tèi. 021 316 34 30 Fax 021 316 34 31

E-mail : musee.archeologie@vd.ch www.lausanne.ch/archeo

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