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La Comédie-Française, ou Théâtre-
Français, a été fondée en 1680 et se
trouve depuis 1799 au cœur du Palais-
Royal dans le 1er arrondissement de Paris.
C'est le seul théâtre d'État en France
disposant d'une troupe permanente de
comédiens, la Troupe des Comédiens
français. Le dramaturge le plus connu
attaché dont le nom est resté étroitement
associé à la Comédie-Française est
Molière. Il est considéré comme le patron
des comédiens français. Il était pourtant
mort depuis sept ans quand est née la «
2
maison de Molière ».
La Comédie-Française est fondée par
lettre de cachet de Louis XIV le 21
octobre 1680 pour fusionner les deux
seules troupes parisiennes de l'époque, la
troupe de l'Hôtel Guénégaud et celle de
l'Hôtel de Bourgogne. Le 25 août, les
comédiens s'étaient déjà réunis pour
donner leur première représentation
commune, composée de Phèdre (Racine) et
des Carrosses d'Orléans (La Chapelle).
L'acte royal leur accorde le monopole de
jouer à Paris, que les Comédiens-français
3
défendront jalousement au cours du
XVIIIe siècle, notamment contre les
Comédiens-italiens.
Le 5 janvier 1681, les Comédiens-Français
se lient entre eux par un acte
d'association qui règle notamment le
régime des pensions des comédiens
retraités. Le répertoire se compose alors
de l'ensemble des pièces de théâtre de
Molière et de Jean Racine, ainsi que de
quelques pièces de Pierre Corneille, Paul
Scarron et Jean Rotrou. Les distributions
sont arrêtées par l'auteur s'il est vivant
4
et, dans le cas contraire, par les premiers
gentilshommes de la Chambre du roi.
Le 3 septembre 1793, pendant la
Révolution, la Comédie-Française est
fermée par ordre du Comité de salut
public, et les comédiens sont emprisonnés.
Une commission militaire y siège pour
condamner une insurrection royaliste en
1795.
Le 31 mai 1799, le nouveau gouvernement
met à disposition la salle Richelieu où
jouait Talma, pour permettre aux
comédiens de reconstituer la troupe.
5
En 1812, l'empereur Napoléon Ier, en
pleine campagne de Russie, décide de
réorganiser la Comédie-Française en
signant le 15 octobre, le décret dit « de
Moscou » qui comporte 87 articles, et qui
reste, à peu de chose près, le statut
encore en vigueur aujourd'hui.
La devise de la Comédie-Française est
Simul et singulis (être ensemble et être
soi-même). Son emblème est une ruche et
des abeilles, à l'image d'une institution
foisonnante.
La Comédie-Française dispose aujourd'hui
6
d'un répertoire de 3 000 pièces et de
trois théâtres à Paris : la salle Richelieu
(partie du Palais-Royal), le Théâtre du
Vieux-Colombier et le Studio-Théâtre.
Salles de spectacle :
1680-1687 : Hôtel de Guénégaud : la
Comédie-Française y a vu le jour.
1687-1770 : Salle des Fossés-Saint-
Germain : en juin 1687, les comédiens
furent expulsés par ordre du roi de l'hôtel
de Guénégaud, au motif qu'ils risquaient
de troubler le Collège des Quatre-
Nations, qui allait ouvrir ses portes. Ils
7
s'installèrent alors au jeu de paume de
l'Étoile, sis rue des Fossés-Saint-
Germain-des-Prés (actuel n° 14 de la rue
de l'Ancienne-Comédie).
1770-1782 : Salle des Machines du
Palais des Tuileries.
1782-1793 : Théâtre de l'Odéon : en
1782, les comédiens-français sont
accueillis provisoirement au Théâtre de
l'Odéon. La troupe s'étant dispersée lors
de la Révolution, le théâtre devient
propriété privée.
1799 à nos jours : Salle Richelieu au
8
Palais-Royal conçue par l'architecte Victor
Louis.
Le 8 mars 1900 un incendie ravage la
scène et la salle, la jeune comédienne Jan
Henriot y trouva la mort, la troupe de la
Comédie-Française jouera dans les salles
de l'Opéra, de l'Odéon en attendant la
reconstruction confiée à l'architecte
Julien Guadet, qui la réalisa en un temps
record pour être prêt pour l'Exposition
Universelle.
1993 : Le Théâtre du Vieux-Colombier
(théâtre de Jacques Copeau) est rénové et
9
allouée au « Français » par le ministère de
la culture.
1996 : ouverture en novembre dans la
galerie du Carrousel du Louvre du Studio-
Théâtre d'une capacité de 136 places, en
référence au Théâtre d'Art de Moscou de
Constantin Stanislavski.
10
Il était une fois
1670 : À Paris, trois troupes de théâtre
rivales coexistent : celle du Marais, celle
de l’Hôtel de Bourgogne et celle du Palais-
Royal, dirigée par Molière.
1673 : Après la mort de Molière, les
comédiens du Marais rejoignent sur ordre
royal la troupe des comédiens de Molière,
et cette nouvelle troupe s’installe à l’Hôtel
Guénégaud, rue Mazarine.
1680 : Le 18 août, un ordre du roi, expédié
de Charleville, enjoint aux deux dernières
troupes de comédiens français établis
11
dans Paris de jouer dorénavant ensemble.
Le 25 août, jonction entre les comédiens
de l’Hôtel de Bourgogne et ceux de l’Hôtel
Guénégaud – les comédiens de Molière,
dont le chef est La Grange – donnent leur
première représentation commune.
Le 21 octobre, une lettre de cachet,
signée à Versailles, consacre la fondation
d’une troupe unique, composée de vingt-
sept comédiens et comédiennes choisis par
le roi pour leur excellence, dans le but de
« rendre les représentations des comédies
plus parfaites ». La troupe unique jouit du
12
monopole des représentations en français
à Paris et dans les faubourgs. À son
répertoire figurent Corneille, Molière et
Racine, mais aussi Rotrou, Scarron.
1681 : Le 5 janvier, les Comédiens-
Français se lient entre eux par un acte
d’association qui ne sera jamais remis en
cause. La troupe réunit des comédiens
fameux, tels que : Armande Béjart,
Catherine De Brie, La Grange, Hubert, Du
Croisy, Baron, Jeanne Beauval, Mlle
Champmeslé – l’interprète favorite de
Racine–, Poisson, etc.
13
1682 : Le 24 août, dotés d’un brevet de
pension de 12 000 livres, ils vont connaître
les avantages d’une protection de tutelle,
mais en contrepartie de cette subvention,
ils se trouvent plus étroitement assujettis
aux caprices royaux. Le privilège des
«Comédiens du roy » est souvent remis en
cause par les troupes rivales, le théâtre
de la Foire et surtout les Comédiens-
Italiens. C’est par opposition à ceux-ci que
se répand le nom de « Comédie-Française
».
1687 : Les comédiens reçoivent l’ordre de
14
quitter leur théâtre, l’HôtelGuénégaud,
dont la proximité effarouche les
ecclésiastiques du nouveau collège des
Quatre-Nations (aujourd’hui l’Institut,
quai Conti).
1689 : Après diverses tentatives
infructueuses, la troupe s’installe rue des
Fossés-Saint-Germain (n° 14 de l’actuelle
rue de l’Ancienne-Comédie).
Le 18 avril, le théâtre construit par
l’architecte François d’Orbay ouvre ses
portes. Au répertoire figurent les
comédiens-auteurs Champmeslé, Dancourt
15
et Poisson, en compagnie de Dufresny,
Regnard et Crébillon… Les succès
n’empêchent pas la troupe de surmonter
avec difficulté les années de crise de la
fin du règne de Louis XIV.
1716 : L’avènement du Régent, avec un
retour au luxe et au plaisir, contraint les
Comédiens-Français à brandir leur
monopole face à la troupe reconstituée
des Comédiens-Italiens et au théâtre de la
Foire qui prospère.
La compagnie renouvelée inscrit à son
répertoire les premières tragédies de
16
Voltaire, des oeuvres de Destouches,
Gresset, Piron, Fagan, Nivelle de
LaChaussée, créateur d’un nouveau genre
dramatique, la « comédie larmoyante », et,
en concurrence avec les Italiens, quelques
unes des comédies de Marivaux.
Leurs interprètes ont pour nom Mlle
Duclos, Mlle Dangeville, Adrienne
Lecouvreur ; puis, au milieu du siècle, Mlles
Clairon, Gaussin,Vestris, et les comédiens
Lekain, Préville, Molé…
1756 - 1759 : Face à l’autorité des
premiers Gentilshommes de la Chambre,
17
chargés d’appliquer les nouveaux
règlements mis en place en 1757 et 1766
par Louis XV qui a pris en charge les
dettes de la société, les comédiens
s’affirment, construisent de petites loges,
d’un gros rapport, et, avec l’appui de
Voltaire, débarrassent la scène des
banquettes réservées aux spectateurs
privilégiés.
La mise en scène, le décor, le costume, le
jeu évoluent sous l’influence notamment de
Lekain et Mlle Clairon vers plus de naturel
et d’authenticité.
18
1770 : Les comédiens quittent leur
théâtre vétuste et s’installent
provisoirement dans la Salle des Machines
du palais des Tuileries. Larive, Dazincourt,
Fleury et Mlle Contat y connaissent leurs
premiers succès.
1775 : Création du Barbier de Séville de
Beaumarchais avec Préville dans le rôle de
Figaro.
1778 : Apothéose de Voltaire. Son buste
est couronné sur la scène en sa présence.
1782 : La troupe inaugure sa nouvelle salle
du Faubourg-Saint-Germain (l’actuel
19
Odéon), construite pour elle par les
architectes Peyre et deWailly.
1784 : Création triomphale et tumultueuse
du Mariage de Figaro de Beaumarchais,
comédie annonciatrice de l’esprit
révolutionnaire.
1789 : La Comédie-Française, à la suite
des événements politiques, prend le nom
de Théâtre de la Nation. La Révolution
accorde aux comédiens les droits civils,
mais elle met fin à la situation privilégiée
de la Comédie.
Au cours de cette période, la Comédie-
20
Française connaît tous les périls, la
dissidence des comédiens « républicains»,
qui scinde la troupe : conduits par Talma,
ils s’installent dans un théâtre récemment
construit par Victor Louis, rue de
Richelieu, dit « Théâtre de la République
».1793 : Le 3 septembre, le patriotisme
des comédiens « monarchistes » ayant
étémis en cause par leur choix de
répertoire, le Comité de salut public
ordonne la fermeture de leur théâtre à
l’Odéon, leur arrestation et la saisie de
leurs papiers. Le dévouement d’un obscur
21
acteur, Charles Labussière, employé au
Comité de salut public, les sauve de la
guillotine. La chute de Robespierre leur
rend la liberté ; mais ruinés, sans salle de
théâtre, les comédiens se dispersent dans
d’éphémères troupes de Paris et de
province.
1799 : La tempête politique apaisée, la
réunion de la troupe est réalisée à
l’instigation de l’écrivain François de
Neufchâteau, devenu ministre de
l’Intérieur, puis membre du Directoire. Le
gouvernement concède à la société des
22
Comédiens-Français le Théâtre Français
de la République, rue de Richelieu.
Le 30 mai, la nouvelle Comédie-Française
ouvre ses portes. Napoléon se fait le
protecteur de la Comédie-Française.
1804 : Le 17 avril, les Comédiens-Français
signent un nouvel acte de société.
1812 : Le 15 octobre, le décret de Moscou,
signé par Napoléon, ratifie et complète les
règlements établis. Dominés par Talma, les
nouveaux sociétaires, parmi lesquels Mlle
George et Mlle Duchesnois, se disputent
les faveurs du public dans un répertoire
23
classique éprouvé qui surclasse un
répertoire contemporain médiocre.
1826 : La mort deTalma prive la troupe de
sa principale étoile. Le répertoire en crise
est prêt à accueillir les auteurs de la
nouvelle école romantique.
1830 : Sous la direction du baron Taylor,
commissaire du gouvernement, Alexandre
Dumas, Alfred de Vigny, Victor Hugo
imposent le nouveau genre au répertoire :
le drame romantique connaît son point
culminant avec « la bataille » d’Hernani,le
25 février 1830, tandis qu’évoluent le jeu
24
des acteurs, la mise en scène et la
conception du décor.
1843 : L’échec des Burgraves de Victor
Hugo laisse la place à des oeuvres de
facture plus traditionnelle. La tragédie
classique revient à la mode avec Rachel,
véritable vedette d’une troupe renouvelée.
1849 : Le prince-président Louis Napoléon
met fin à une longue période de
flottement administratif et financier en
créant la fonction d’administrateur,
dépendant directement du ministère de
l’Intérieur.
25
1850 : Les deux premiers administrateurs
nommés, successivement Arsène Houssaye
(1850-1856) et le baron Empis (1856-
1859), font de la Comédie-Française la
troupe ordinaire de l’Empereur.
1859-1871: Sous l’administration
d’Édouard Thierry, une troupe homogène,
où figure durant quelques mois la jeune
Sarah Bernhardt, fait triompher la
comédie bourgeoise et consacre des
auteurs comme Banville, Ponsard, Émile
Augier.
1870 : Pendant le siège de Paris, le foyer
26
est transformé en lieu d’accueil des
blessés.
1871-1885 : Le nouvel administrateur,
Émile Perrin, ancien directeur de l’Opéra,
attire à la Comédie-Française le Tout-
Paris. Une troupe d’élite joue Hugo, Dumas
fils, Pailleron, Bornier, Coppée et
Erckmann-Chatrian dans les mises en
scène somptueuses de l’administrateur.
1885-1913 : Les vingt-huit années de
l’administration Claretie sont
caractérisées par des difficultés
financières, une troupe tragique plus
27
brillante que la troupe comique, et un
répertoire contemporain où domine la
comédie de moeurs (Hervieu, Brieux,
Lavedan, Donnay, Porto-Riche, Bataille,
Mirbeau, de Flers et Caillavet).
1900 : L’incendie du théâtre fait errer la
troupe de salle en salle pendant six mois.
1908 : Les Comédiens-Français, sous la
direction artistique de Charles Le Bargy,
collaborent aux premiers films des
Studios des films d’art.
1913-1936 : Sous les administrations
d’Albert Carré (ancien directeur de
28
l’Opéra-Comique), puis de l’auteur
dramatique Émile Fabre, la Comédie-
Française vit une période de transition.
Elle participe pendant la guerre aux
représentations du Théâtre aux Armées,
donne des galas à bénéfice et joue des
oeuvres à caractère patriotique. Émile
Fabre, malgré les crises financières et
politiques de l’après-guerre, parvient à
accueillir une nouvelle génération d’auteurs
dramatiques (Jean-Jacques Bernard, Paul
Raynal, André Obey). Il fait entrer au
répertoire des auteurs étrangers
29
(d’Annunzio et Ibsen).
1935 : La Comédie-Française participe aux
premières retransmissions radiophoniques.
1936 : L’auteur dramatique Édouard
Bourdet est nommé administrateur. Il est
assisté par un comité consultatif composé
des metteurs en scène issus du Cartel :
Jacques Copeau, Gaston Baty, Charles
Dullin et Louis Jouvet. Ces metteurs en
scène apportent un regard neuf sur les
classiques tandis que des auteurs
contemporains français et étrangers –
Giraudoux, Lenormand, Mauriac, Romain
30
Rolland, Pirandello – font leur entrée en
force au répertoire.
1940-1946 : Pendant la guerre vont se
succéder les administrateurs Jacques
Copeau, Jean-Louis Vaudoyer et, à la
Libération, Pierre Dux. Ils s’efforcent de
préserver l’intégrité et le prestige de la
Comédie-Française pendant l’occupation
allemande.
1946 : Un important décret accorde à la
Comédie-Française l’exploitation de
l’Odéon – appelé Salle Luxembourg pour le
distinguer de la Salle Richelieu – et
31
provoque le départ d’un groupe de
sociétaires.
1946-1960 : Les administrateurs André
Obey, Pierre-AiméTouchard, Pierre
Descaves et Claude de Boisanger
affrontent les différentes crises et
accroissent le nombre des acteurs.
1959 : L’Odéon est retiré à la Comédie-
Française.
1960-1970 : Maurice Escande ouvre le
théâtre aux acteurs nouveaux et aux
metteurs en scène extérieurs.
1970-1979 : Pierre Dux continue cette
32
politique avec l’exploitation de l’Odéon,
revenu à la Comédie-Française en 1971.
1979-1983 : Jacques Toja succède à
Pierre Dux.
1983 : L’Odéon est retiré à la Comédie-
Française. Nomination de Jean-Pierre
Vincent comme administrateur.
1986 : Jean Le Poulain, sociétaire de la
Comédie-Française, est nommé
administrateur.
Le Théâtre national de l’Odéon est
rattaché à la Comédie-Française.
1988 : Le 1er mars, décès de Jean Le
33
Poulain.
34
Isabelle Adjani naît le 27 juin 1955 à Paris
17e, d'un père né en Algérie, originaire de
Djelfa et Constantine, Mohammed Chérif
Adjani, soldat dans l'armée française
durant la Seconde Guerre mondiale, et
35
d'une mère allemande, Augusta, décédée
en février 2007.
Elle grandit avec son frère cadet Éric
Hakim (qui deviendra plus tard
photographe) à Gennevilliers dans la
banlieue nord-ouest de Paris et va au
collège Paul Lapie à Courbevoie. Elle
passera ensuite ses années de lycée au
lycée Jean-Jaurès, à Reims. Elle obtient
un premier rôle à 14 ans dans un film pour
enfants, Le Petit Bougnat.
Elle entre à la Comédie-Française en 1972.
36
Sa carrière cinématographique et
théâtrale est prolifique depuis 1972.
En 1996, fatiguée, elle quitte la capitale
française et s'établit en Suisse, à Genève.
Elle déclarera lors de son arrivée : «
lorsqu'on a la possibilité d'offrir à ses
enfants une meilleure qualité de vie, il ne
faut plus hésiter ». Mais elle reviendra un
temps en France afin de présider le jury
du 50e Festival de Cannes en 1997.
Elle a deux fils : le premier du chef
opérateur et réalisateur Bruno Nuytten,
Barnabé Saïd, né en avril 1979 et le
37
second de l'acteur Daniel Day Lewis,
Gabriel-Kane, né le 9 avril 1995. Barnabé
Saïd est chanteur et musicien dans le
groupe Makali, qu'il a créé avec ses amis,
et se produit sur scène régulièrement.
Danièle Ajoret, connue à ses débuts sous
le nom de Danielle Ajoret et née Danielle
Claudine Demolière, est une actrice
française née le 10 mai 1938 au Raincy.
38
Aussitôt après un premier prix de comédie
classique et un premier prix de comédie
moderne au Conservatoire, elle est
engagée comme pensionnaire à la Comédie-
Française où elle restera jusqu'en 1965.
Pour ses débuts à l'écran dans Il suffit
d'aimer (1960) où elle incarne Bernadette
Soubirous, elle reçoit le prix
d'interprétation au festival de Kork.
Dans La Horse, elle est l'une des filles de
Jean Gabin.
Mais c'est surtout une comédienne de
théâtre.
39
On l'a vue également à la télévision dans
Pot-Bouille, Le Grand amour de Balzac,
Thérèse Humbert.
Elle est l'épouse du comédien Claude
Evrard.
Après des études de droit, à Lyon, Louis
Arbessier, ce fils de coiffeurs travaille
dans le milieu des assurances.
40
Parallèlement, il fréquente les cours du
conservatoire d'art dramatique de
Marseille. Il monte à Paris et Cécile Sorel
l'engage pour Sapho d'Alphonse Daudet.
Pendant la guerre il se distingue comme
résistant. En 1943, il rencontre Jean Vilar
avec qui il fonde "La compagnie des Sept".
Il joue : La Danse de mort de August
Strindberg, Meurtre dans la cathédrale
de Thomas Stearns Eliot. Beaucoup de
rôles historiques au cinéma : Napoléon III,
Louis XIII, dans deux films, le tsar dans
Michel Strogoff. Il reste cantonné dans
41
les seconds rôles, mais se rattrape au
théâtre : Antigone et Médée de Jean
Anouilh, L'immaculée de Philippe Hériat,
Marie Stuart de Marcelle Maurette, La
guerre de Troie n'aura pas lieu de Jean
Giraudoux, Nucléa de Henri Pichette,
L'Absent de Claude Spaak, Le Cœur léger
de Claude-André Puget, Carine ou la jeune
fille folle de son âme de Fernand
Crommelynck...
En 1971 Pierre Dux l'engage à la Comédie-
Française, il y restera 22 ans comme
pensionnaire. Radio, télévision, notamment
42
pour La caméra explore le temps.
Marié quatre fois, il divorça quatre fois
également.
Au Conservatoire dans les classes de
Denis d'Inès et de Jean Debucourt,
Michel Aumont obtient un premier prix de
comédie moderne dans Le Tragique malgré
lui de Tchekhov et un premier accessit de
comédie classique dans le rôle du Docteur
43
de La Jalousie du barbouillé de Molière. A
sa sortie du Conservatoire, il est engagé
comme pensionnaire à la Comédie-
Française. Il s'illustre sur les planches
sans arrêt depuis.
La télévision fait ensuite appel à lui, puis le
cinéma en 1972 avec un rôle dans La
Femme en bleu de Michel Deville. L'acteur
ne tarde pas à séduire les plus grands
noms de la mise en scène, qui lui font
souvent jouer des rôles de commissaires,
tels Claude Chabrol pour Nada ou Claude
Zidi pour La Course à l'échalote. On le voit
44
aussi au générique du Jouet de Francis
Veber, de Mort d'un pourri de Georges
Lautner ou encore de Coup de tête de
Jean-Jacques Annaud.
Acteur de premier plan au théâtre, il
interpréte plutôt des seconds rôles au
cinéma, souvent employé en commissaire,
homme politique ou homme de loi, Michel
Aumont se fait un peu plus discret dans
les années 80, apparaissant toutefois aux
génériques des Compères de Francis
Veber, en 1983, et d'Un dimanche à la
campagne de Bertrand Tavernier un an
45
plus tard.
Michel Aumont refait le commissaire en
1990 pour Ripoux contre ripoux. Variant
les genres, il s'illustre ensuite en
costumes dans le Beaumarchais, l'insolent
d'Edouard Molinaro et poursuit sa riche
collaboration avec Francis Veber, jouant
un homosexuel dans Le Placard (2000), un
fou dans Tais-toi ! (2002), un médecin
dans La Doublure (2006) et un gangster
dans L'Emmerdeur (2008). En 2004, il fait
une apparition dans Clara et moi d'Arnaud
Viard avant d'interpréter le chef du
46
protocole dans la comédie Palais Royal ! de
Valérie Lemercier en 2005. Il se surpasse
dans Les Invités de mon père d'Anne Le
Ny (2010).
Après un Premier Prix au Conservatoire en
1919, Antoine Balpêtré est engagé au
Théâtre de l’Odéon avant d’entrer à la
Comédie Française en 1934. Il enchaine les
rôles et est l’interprète de Molière,
47
Pirandello, Hugo, Racine, Edmond Rostand,
Shakespeare, Paul Claudel et de bien
d‘autres auteurs.
Au cinéma, après cinq films tournés dans
les années 1930, il devient sous
l’Occupation l’un des acteurs de second
rôle les plus demandés. On peut citer La
Main du diable de Maurice Tourneur
(1942), L'assassin habite au 21 (1942) et
Le Corbeau de Henri-Georges Clouzot
(1943), films produits par la firme
allemande Continental. Cela lui vaut d’être
emprisonné pendant quelques mois à la
48
Libération et d’être révoqué de la Comédie
Française. Ensuite, il apparait notamment
dans Justice est faite (1950) et Nous
sommes tous des assassins (1952) d’
André Cayatte, Le Plaisir de Max Ophuls
(1952), Le Rouge et le Noir de Claude
Autant-Lara (1954), Katia de Robert
Siodmak (1959). Sur scène, il trouve l’un
de ses derniers rôles dans La Chatte sur
un toit brûlant de Tennessee Williams.
49
Ancien élève du Lycée Chaptal, Jean-Louis
Barrault est d'abord élève de Charles
Dullin et acteur de sa troupe de 1933 à
1935. À 25 ans, sa rencontre avec Étienne
Decroux le pousse à se passionner pour le
mime.
Il entre à la Comédie-Française en 1940 et
en devient le 408e sociétaire le 1er
50
janvier 1943. Il y met en scène Le Soulier
de satin et Phèdre, deux pièces qui
assureront sa célébrité. Il démissionnera
le 31 août 1946.
Il est aussi acteur de cinéma, notamment
en 1944 dans Les Enfants du paradis,
grand succès de Marcel Carné, qui
popularise son génie du mime.
En 1946 il fonde avec sa femme Madeleine
Renaud la Compagnie Renaud-Barrault et
s'installe pour dix ans au Théâtre Marigny.
Ils engagent André Brunot, Pierre Bertin,
Catherine Fonteney, Georges Le Roy, Jean
51
Desailly, Jacques Dacqmine qui viennent de
la Comédie-Française, Marie-Hélène
Dasté, Régis Outin, Pierre Renoir, Simone
Valère, Jacqueline Bouvier, Gabriel
Cattand, Jean-Pierre Granval, les
musiciens Pierre Boulez et Maurice Jarre.
En 1954, il emménage dans le théâtre le
Petit Marigny.
Avec André Frank, il crée en 1953 la revue
les Cahiers Renaud Barrault, publiés aux
Éditions Julliard, puis chez Gallimard.
En 1958, il fonde le « Nouveau Cartel »
avec André Barsacq, Jean Mercure et
52
Raymond Rouleau. À partir de 1959, André
Malraux lui confie le Théâtre de l'Odéon
qui devient L'Odéon-Théâtre de France,
dont il devient le directeur. Barrault y
manifeste un éclectisme qui pourra lui être
reproché : il monte les grandes œuvres du
répertoire classique (Racine,
Shakespeare), mais crée aussi les pièces
les plus modernes : Rhinocéros de Eugène
Ionesco en 1960, Oh les beaux jours de
Samuel Beckett en 1963 (mise en scène
par Roger Blin - le rôle de Winnie restera
comme l'un des plus célèbres de Madeleine
53
Renaud), Des journées entières dans les
arbres de Marguerite Duras en 1965, Les
Paravents de Jean Genet en 1966 (pièce
qui, peu après la guerre d'Algérie, fait
scandale). Il continue aussi à populariser le
théâtre de Paul Claudel.
En mai 1968, Jean-Louis Barrault ouvre le
théâtre de l'Odéon aux étudiants, qui
l'occuperont pendant plus d'un mois.
Malraux ne le lui pardonnera pas, il devra
quitter le théâtre avec sa compagnie. Mais
elle donne encore d'étonnants
témoignages de sa vitalité : elle investit
54
une salle de catch, l'Élysée Montmartre,
puis va planter ses tréteaux en
transformant la Gare d'Orsay en théâtre
d'Orsay (l'actuel musée d'Orsay) puis au
Théâtre du Rond-Point. Barrault y signe
des créations originales à partir de sa
lecture des grands auteurs (Rabelais, Ainsi
parlait Zarathoustra, Zadig).
55
Formée au Conservatoire de Paris, Marie
Bell rejoint ensuite la Comédie-Française.
Elle a été décorée de la Légion d'Honneur
par le Président Charles de Gaulle pour son
rôle courageux dans la Résistance
française.
Elle est inhumée au cimetière de Monaco
(non loin de Joséphine Baker), auprès de
Jean Chevrier qui fut son mari.
Dans l'immédiat avant-guerre, reconnue
comme "Femme française de premier
plan", elle devint le prototype de la femme
élégante, telle qu'elle l'incarnait dans ses
56
rôles à la fin du muet et au début du
cinéma parlant. Citons: Le Grand Jeu " de
Feyder (1934) et "Un Carnet de bal" de
Duvivier (1937).
En 1935, Marie Bell devient directrice du
Théâtre des Ambassadeurs. De 1962
jusqu'à son décès en 1985, elle dirige le
Théâtre du Gymnase à Paris. Actrice de
théâtre reconnue mais également metteur
en scène, en 1958, pour lui rendre
hommage, ce Théâtre (le Gymnase-
Dramatique) fut rebaptisé en son honneur.
Il porte donc maintenant son nom.
57
Femme française de premier plan, elle tint
surtout des rôles de dame élégante à la fin
du muet et du début du cinéma parlant;
citons surtout: "Le Grand Jeu" de Jacques
Feyder (1934) et "Un Carnet de bal" de
Julien Duvivier (1937) mais elle est encore
plus connue pour son travail classique: son
interprétation du rôle de Phèdre a marqué
l'histoire du théâtre : « Voir Marie Bell
dans Phèdre est une chance unique pour
quiconque veut savoir ce qu'est le génie
français »(André Malraux).
Bien qu'elle fût une grande actrice
58
classique, elle ne craignait pas d'accueillir
dans son théâtre des pièces d'avant-
garde, Jean Genet en particulier. Elle fut
Membre du jury du Festival de Cannes en
1969.
59
Sarah Bernhardt est une comédienne
française née le 22 octobre 1844 à Paris
dans l'ancien 12e arrondissement (actuel
5e) et morte le 26 mars 1923 à Paris 17e.
Elle est inhumée au cimetière du Père-
Lachaise (division 44).
Sa mère, Judith-Julie Bernardt, était une
courtisane néerlandaise et Sarah elle-
même a usé de ses charmes à ses débuts
pour se faire une situation, comme
l'indique son inscription dans le « fichier
des courtisanes » établi par la Préfecture
de police de Paris. On ignore en revanche
60
qui était son véritable père, Sarah ayant
toujours gardé le silence sur son état-
civil6. Elle eut au moins trois sœurs et
souffrit en particulier longtemps de la
préférence de sa mère pour sa jeune sœur
Jeanne-Rosine, également comédienne.
Elle était surnommée « la Voix d'or »
(expression de Victor Hugo) ou « la Divine
» mais aussi « la Scandaleuse ».
Considérée par beaucoup, avec Rachel,
comme une des plus grandes tragédiennes
françaises du XIXe siècle, elle fut la
première comédienne à avoir fait des
61
tournées triomphales sur les cinq
continents, Jean Cocteau inventant pour
elle l'expression de « monstre sacré ».
Sa devise était « Quand même » en
référence à son audace et à son mépris
des conventions. On lui attribue aussi ce «
mot-programme » : « Il faut haïr très peu,
car c'est très fatigant. Il faut mépriser
beaucoup, pardonner souvent, mais ne
jamais oublier. »
62
Né à Paris de parents représentants de
commerce (Maurice Berry et Stella
Valency)2, Richard Berry, sa sœur Marie-
Claire (née en 1952) et son frère Philippe
Berry (né en 1956) grandissent dans le
quartier parisien populaire de Bonne-
63
Nouvelle, le 10e arrondissement de Paris
puis à Boulogne-Billancourt où leurs
parents tiennent une boutique de prêt-à-
porter.
En 1966, alors âgé de 16 ans et élève au
lycée Janson-de-Sailly, il se passionne
pour le théâtre, intègre une troupe de
comédiens amateurs et se passionne pour
les classiques de Racine, Corneille, Molière
et Beaumarchais.
En 1969 il est admis par concours au
Conservatoire national supérieur d'art
dramatique avec pour professeurs Jean-
64
Laurent Cochet et Antoine Vitez, dont il
ressort avec le premier prix en 1973,
avant d'intégrer cette même année la
Comédie-Française dont il devient
pensionnaire où il restera sept ans
jusqu'en 1980.
En 1974, il fait une première apparition au
cinéma dans La Gifle de Claude Pinoteau
avec Lino Ventura, Isabelle Adjani et
Annie Girardot.
En 1978 Élie Chouraqui lui offre son
premier grand rôle qui lance sa carrière au
cinéma dans Mon premier amour aux côtés
65
de Nathalie Baye, Anouk Aimée et
Gabriele Ferzetti et tourne alors 4 à 5
films par an.
Il est dirigé par Alexandre Arcady dans
de nombreux films : Le Grand Pardon et Le
Grand Pardon 2, Le Grand Carnaval,
L'Union sacrée, Pour Sacha et Entre
chiens et loups… Il est aussi dirigé par
Christine Pascal avec laquelle il fera trois
films : La garce, Le Petit Prince a dit pour
lequel il est nommé au César du meilleur
acteur, et obtient le prix d'interprétation
au festival de Montréal et Adultère (mode
66
d'emploi).
Deux jours avant le début du festival
Comedi'Alp en 1999, Richard Berry a un
accident de moto avec Patrick Timsit sur
le siège passager. Suite à cet accident, il
ressent le besoin de réaliser un film. Il se
lance donc dans la réalisation comme avec
L'Art (délicat) de la séduction avec
Patrick Timsit et donne à Cécile de France
son premier grand rôle ou encore Moi
César, 10 ans ½, 1m39, films dans lesquels
il fait tourner sa fille Joséphine Berry.
Après ces deux films dont la tonalité
67
majeure est le comique, il s'est essayé
avec le thriller psychologique dans La
boîte noire en faisant tourner José Garcia
dans un de ses premiers grands rôles
tragiques et Marion Cotillard. Son
quatrième film, L'Immortel avec Jean
Reno a fait un million deux cent mille
entrées en France et il est sorti dans le
monde entier.
68
Julien Bertheau était un des acteurs
préférés de Luis Buñuel, par exemple son
commissaire dans Cela s'appelle l'aurore
(1955), son maître d'hôtel dans La Voie
lactée (1969), évêque dans Le Charme
discret de la bourgeoisie (1972) et le
69
préfet de la police dans Le Fantôme de la
liberté (1974). De tous les acteurs qui ont
incarné Napoléon au cinéma (Marlon
Brando, Rod Steiger, Daniel Gelin, Herbert
Lom, Pierre Mondy entre autres) il a de
loin fait la meilleure création dans la
version 1962 de Christian Jaque,
apportant à l'Empereur un humour et une
ambiguïté jamais vus jusqu'alors, et jamais
revus depuis.
Une autre apparition célèbre était son
Monsieur Lucien, l'ex-amant de la mère
d'Antoine Doinel dans L'Amour en fuite
70
(1978). Auparavant, il avait consacré la
majeure partie de son activité au théâtre.
Avant d’être engagé à la Comédie-
Française en 1936, il travaille comme
régisseur du Théâtre de la Porte Saint-
Martin, puis il étudie avec Charles Dullin
au théâtre de l’Atelier, joue à la Comédie
des Champs-Élysées et enfin chez Louis
Jouvet (Horace dans L’École des femmes).
Pensionnaire puis sociétaire de la Comédie-
Française, il joue les jeunes premiers de
Musset, Marivaux et Labiche. Il participe
aux créations les plus importantes de la
71
guerre : Le Soulier de satin, La Reine
morte, Les Fiancés du Havre, Les Mal-
aimés… Pierre-Aimé Touchard lui confie de
nombreuses mises en scène tant dans le
répertoire classique (Le Cid, Iphigénie de
Racine, Roméo et Juliette, Un Conte
d’hiver…) que moderne (La Peine capitale,
Six personnages en quête d'auteur…).
Il quitte la Comédie-Française après vingt-
deux ans de présence. Son fils, l'acteur
Alain Bertheau, a joué plusieurs pièces de
Didier « Doc » Pilot : Heureux comme un
pape, Héros Solitaire et Un été de Carton.
72
Pierre Bertin, né le 24 octobre 1891, à
Lille, et mort le 13 mai 1984, à Paris, est
un comédien, metteur-en-scène et
scénographe français.
Pensionnaire de la Comédie-Française dès
1923, il en est devenu sociétaire1 en 1931.
Il a été le mari de Marcelle Meyer, à qui il
a fait connaître Erik Satie et ses amis.
73
Micheline Boudet débute par les rôles de
jeunes premières, puis aborde l’emploi des
soubrettes. Son rire — que ce soit dans
Nicole du Bourgeois gentilhomme où elle
succède à Béatrice Bretty, ou dans
Zerbinette des Fourberies de Scapin —
résonne encore dans les cintres de la salle
Richelieu ! Pourtant, la succession de
74
Béatrice Bretty, dans Nicole, se révéla ô
combien périlleuse. Louis Seigner,
l’inénarrable Monsieur Jourdain, appréciait
les rondeurs de son habituelle partenaire
et trouvait la « petite Boudet » bien trop
frêle à son goût. Mais le rire de Micheline
Boudet ressemble à une cascade ou à une
fontaine. Un véritable concerto ! Meyer
avait dit d’elle : « elle ne sera jamais une
Bretty ! » Peut-être fit-elle mieux qu’une
Bretty en devenant la « Boudet », légère
et spontanée que nous connaissons.
75
Elle joue Marivaux avec une grâce rare.
Elsa Triolet l’a vue dans la Double
Inconstance et elle écrit : « l’admirable
Silvia, Micheline Boudet, débordante de
talent ». Avec Robert Hirsch — venu de la
danse comme elle — elle forme un couple
comique extraordinaire de fraîcheur et de
grâce, de légèreté et de gaieté. Jacques
Charon, qui les a mis en scène dans ce
Marivaux, écrit : « Robert fut un Arlequin
d’une bouleversante simplicité. Micheline,
de son côté, fut une Silvia d’une naïveté
frémissante. J’avais formé un nouveau
76
couple idéal. A chaque représentation,
Arlequin et Silvia semblaient inventer du
Marivaux en le tirant de leur cœur ». Elle
joue encore du même auteur : Lisette du
Jeu de l’amour et du hasard (avec Jacques
Charon-Pasquin), L'Épreuve…
Plus tard, à l’âge de la maturité, elle
aborde Le Prince travesti, toujours sous la
direction de Charon. De ce rôle, elle dit : «
cette Hortense aussitôt me bouleversa :
touchante et pleine d’esprit, prête à
l’amour et bientôt écartelée entre cet
amour qu’elle a pour Lélio et son amitié
77
pour la princesse, elle me parut la plus
humaine de toutes ». Araminte des
Fausses confidences qu’elle joua sous la
direction de Jean Piat, constitua, selon
elle, « l’accomplissement de mes vœux de
comédienne ». Ce personnage à qui elle
confère beaucoup de charme et de classe,
marque l’apothéose de son compagnonnage
marivaudien.
Qui mieux qu’elle a interprété les femmes
légères de Feydeau ; qu’il s’agisse du
Dindon, du Fil à la patte, de Feu la mère de
madame ou encore de Mais n'te promène
78
donc pas toute nue, elle a trouvé le ton
juste sans jamais tomber dans la vulgarité.
Avec elle, la belle époque a trouvé une
interprète privilégiée.
Comme son camarade Robert Hirsch, elle a
su donner du sens à des mises en scène qui
n’en avait pas forcément beaucoup ;
comédienne-née, le théâtre se
métamorphose grâce à son sens du
spectacle. Maurice Descottes évoque un
épisode de son interprétation de Suzanne
du Mariage de Figaro dans la mise en
scène de Jean Meyer : « l’actrice mit en
79
valeur certains effets inédits qui
remplirent d’aise les connaisseurs. Presque
tous les comptes-rendus critiques font un
sort à « l’irrésistible imitation de la
comtesse » par Suzanne : « bravo pour son
pastiche d’Hélène Perdrière »… Il s’agit
bien évidemment là d’un numéro d’actrice,
mais un numéro qui n’est pas gratuit
puisqu’il a le mérite de bien s’insérer dans
l’intrigue ». Combien n’en a-t-elle pas sauvé
de ces mises en scène poussiéreuses ! Elle-
même raconte les difficultés éprouvées
par les comédiens pour jouer des pièces en
80
l’absence de toute mise en scène : « Pour
ce premier soir comme pour les autres, je
dus me reporter aux intentions de
l’auteur, les indications de mon cher
maître et metteur en scène s’étant à peu
près bornées à ceci : « Tu entres par le
fond, tu es en bleu, on te poudrera les
cheveux, ce sera très joli, laisse-toi aller,
tu es le personnage ». Et voilà : dix-huit
ans, un rôle très difficile, tout Paris qui
guette la « débutante », et pas un travail
sérieux auquel se raccrocher ! ».
Jacques Charon parle de la « fine équipe »
81
à propos de la bande qu’il forma avec
Hirsch, Boudet, Gence, Piat et Descrières.
Peut-être Micheline Boudet a-t-elle
manqué de profondeur en n’abordant pas
des rôles plus dramatiques. Mais elle
symbolise la plus brillante des Comédie-
Française en dépit des quelques limites
liées aux choix esthétiques dominants à
cette époque.
Depuis son départ de la Comédie-
Française, elle s’est consacrée au théâtre
de boulevard et mène une intéressante
carrière d’écrivain ; le théâtre y a
82
fréquemment la part belle.
Poussée par son père, Théophile Bovy
journaliste, poète, auteur dramatique,
auteur des paroles du chant des Wallons,
Berthe Bovy exécute des petits rôles au
théâtre de Liège. Ce qui l’amène tout
naturellement à se passionner pour cet
83
art. Elle s’inscrit alors au conservatoire de
Bruxelles, puis en 1906 rejoint vers Paris
pour le Conservatoire de Paris.
En 1907 elle entre à la Comédie-Française,
où elle est dirigée par Sarah Bernhardt.
Elle y fait la connaissance de Sacha
Guitry, alors marié avec la comédienne
Charlotte Lysès. Elle gagne la notoriété,
notamment avec "Poil de carotte", et
surtout "La Voix humaine", étonnante
pièce en un acte de Jean Cocteau, écrite
pour elle, extrêmement courte et avec un
seul personnage, une femme au téléphone.
84
Après 40 années de triomphe, elle doit
quitter la Comédie-Française en 1941,
refusant de partir pour une tournée en
Allemagne.
Elle joue alors sur les boulevards "Arsenic
et Vieilles dentelles", se taillant une
réputation de vieille dame digne à laquelle
il vaut mieux ne pas se frotter... Elle
réintègrera le Français en 1950 où elle
poursuivra sa carrière de comédienne. Elle
y a dirigé des élèves devenus ensuite très
célèbres comme Madeleine Renaud,
Fernand Ledoux ou Pierre Fresnay, devenu
85
son troisième époux en 1929. Elle fera ses
adieux en interprétant Pernelle, dans
"Tartuffe" de Molière en 1967 à l’âge de
80 ans.
Berthe Bovy interprète aussi quelques
rôles au cinéma muet puis parlant. Son rôle
le plus connu est dans "Boule de Suif" de
Christian-Jaque, en 1945. Elle avait joué
auparavant le page dans "L'Assassinat du
Duc de Guise" (d'André Calmettes et
Charles Le Bargy, en 1908), "La terre",
(d'André Antoine, d'après Émile Zola,
1921), "Le Joueur" (de Gerhard Lamprecht
86
et Louis Daquin, en 1938), etc. On la
retrouve plus tard en vieille dame dans
"Fantomas contre Fantomas" ou en
cadavre transbahuté par Fernandel dans
"L'armoire volante".
« La grande Dame » fut la 359e sociétaire
honoraire du théâtre français.
Elle s’éteint en France à 90 ans et est
inhumée au cimetière de Sainte-Walburge
à Liège.
87
André Brunot est très connu dans le milieu
théâtral mais sa carrière au cinéma ne
commence qu'en 1934 avec Les Précieuses
ridicules de Léonce Perret. À partir de
cette date, il incarne à l'écran les seconds
rôles.
Il mène de front une carrière théâtrale et
une carrière cinématographique, même s'il
ne tourne qu'une vingtaine de films
jusqu'en 1959. Son rôle le plus marquant
au cinéma est celui du père Lecouvreur,
patron de l'Hôtel du Nord dans le film du
même nom de Marcel Carné (1938) où il
88
est le mari de Jane Marken.
Après son départ de la Comédie Française,
il rejoint la compagnie Renaud/Barrault.
Après un premier prix de comédie au
Conservatoire national supérieur d'art
dramatique à l'âge de vingt ans, Gisèle
Casdesus entre à la Comédie-Française
dont elle devient sociétaire le 1er janvier
89
1939, et où elle restera jusqu'au 31
décembre 1962. Elle est nommée
sociétaire honoraire le 15 avril 1967.
Pierre Billon l'engage en 1943 pour le rôle
de Clotilde de Grandlieu dans Vautrin
d'après Honoré de Balzac aux côtés de
Michel Simon et en 1946 pour le rôle de
Marie dans L'Homme au chapeau rond aux
côtés de Raimu.
En 1971, elle est la comtesse d'Eguzon
dans La Belle Aventure, participe au
Mouton enragé de Michel Deville, joue le
rôle de Nicole Leguen, la femme de Jean
90
Gabin, dans Verdict (1974) d'André
Cayatte et la mère de Claude Jade dans
Les Robots pensants (1976).
Encore avec Claude Jade, elle est Mamie
Rose (1976) dans le téléfilm de Pierre
Goutas et Catherine dans Un crime de
notre temps (1977) de Gabriel Axel.
Claude Lelouch l'engage en 1996 pour le
rôle de Clara Blanc, mère de Bernard
Tapie, dans Hommes, femmes, mode
d'emploi. Dans Aïe (2000), elle est la mère
d'André Dussolier. On la retrouve en 2005
dans la comédie de Valérie Lemercier,
91
Palais Royal !. Elle est Margueritte (« avec
deux t ») aux côtés de Gérard Depardieu
dans le film de Jean Becker, La Tête en
friche (2010).
Gisèle Casadesus est nommée au grade de
commandeur de la Légion d'honneur en
1990. Elle est aussi officier de l'ordre des
Arts et Lettres et grand croix de l'ordre
national du Mérite. Elle a reçu un Molière
d'honneur en 2003 pour l'ensemble de sa
carrière.
92
Geneviève Casile est avant tout une grande
dame de théâtre (sociétaire honoraire de
la Comédie-Française) bien qu'elle ait
marqué l'histoire de la télévision par ses
nombreuses créations souvent dans des
rôles de belle princesse un peu froide,
fière et altière (elle fut Marie-Antoinette
93
dans une série du même nom), dont le point
culminant est celui d'Isabelle de France,
reine d'Angleterre dans Les Rois maudits.
Elle a joué avec parcimonie au cinéma,
principalement dans des films d'époque
(Surcouf, le tigre des sept mers, Les
Fêtes galantes de René Clair, Lacenaire de
Francis Girod).
Fille d'un ingénieur polytechnicien, Gaston
Vanneufville, ingénieur des Ponts-et
chaussées, et d'Hélène Casile, fille du
peintre Alfred Casile et veuve du peintre
fauviste Louis-Mathieu Verdilhan (1875-
94
1928). Elle a baigné dès sa jeunesse dans
un univers artistique (musique : 1er Prix de
piano et de solfège au conservatoire de
Reims ; danse dans les troupes de Maurice
Béjart et Roland Petit, puis virage vers
l'art dramatique dans la classe de René
Simon puis conservatoire national d'Art
dramatique (classe de Jean-Louis Barrault
et Georges Chamarat) dont elle sort, petit
évènement dans Landernau en 1961, avec
les trois premiers prix : tragédie (Le Cid
de Corneille), comédie classique (Le Jeu de
l'amour et du hasard de Marivaux),
95
comédie moderne (La Machine infernale de
Jean Cocteau) .
Son parcours théâtral s'est déroulé
essentiellement au théâtre et sa relative
méconnaissance du "grand public" est
disproportionnée à l'importance de sa
carrière dirigée vers la qualité au
détriment du "commercial" ; mais ceux qui
s'intéressent au théâtre classique (ou
moderne elle a joué Arrabal, Max Frisch ;
Barnes ou Jean Genet) connaissent la
qualité de sa voix, de sa prestance
"solaire" sur scène ce qui fit dire à André
96
Malraux "Mais quel rôle, Mademoiselle,
aimeriez-jouer dans l'ombre ?" Ce qui l'a
peut-être privée du rôle de Phèdre.
Engagée à la Comédie-Française en
septembre 1961, elle lui a été fidèle
jusqu'en 1993 date à laquelle elle fit valoir
ses droits à la retraite. (voir son portrait
sur le site de la Comédie-Française). Elle
en est sociétaire honoraire et poursuit sa
carrière dans les théâtres privés où elle
s'est illustrée dans l"Allée du roi", une
sorte de one-woman-show athlétique,
Molière dans "Bel ami" de Maupassant et a
97
connu récemment deux triomphes dans
Mrs Erlynne de "l'Eventail de Lady
Windermere" d'Oscar Wilde et le rôle de
la reine Anne d'Autriche du Diable rouge
d'Antoine Rault aux côtés de Claude Rich.
Dernièrement elle a repris le rôle de la
Duchesse de Léocadia de Jean Anouilh,
créé par Marguerite Deval et repris par
Edwige Feuillère. Elle a également fait un
peu de mise en scène (Pourquoi aujourd'hui
? de Jean-Louis Bauer, Compagnie clin
d'oeil Gérard Audax) ainsi que le
Chandelier d'Alfred de Musset.
98
Elle a une fille Hélène Babu qui fait
également une carrière théâtrale.
Après le Conservatoire, Georges Chamarat
obtient un engagement au théâtre de
l'Odéon. Il entre à la Comédie-Française
en 1946, puis en devient le 415e sociétaire
en 1950, enfin sociétaire honoraire en
1971. Il s'honore d'une carrière
particulièrement riche au niveau théâtral.
99
Au cinéma, ses apparitions sont
circonscrites dans ces brillants seconds
rôles sans lesquels le cinéma français
serait infiniment moins riche.
À la Comédie-Française, parmi les pièces
classiques, il a joué L'Avare de Molière
dans le rôle d'Harpagon ou encore dans
L'École des femmes ou Les Femmes
savantes. Il a également joué des pièces
plus récentes, comme celles d'Eugène
Labiche, de Georges Feydeau, de Luigi
Pirandello ou de Anton Tchekhov.
Il fit quatre apparitions dans l'émission
100
télévisée Au théâtre ce soir et dans de
nombreuses autres séries ou téléfilms.
Jacques Charon est un acteur et metteur
en scène français né le 27 février 1920 à
Paris et mort le 15 octobre 1975 à Paris à
l'âge de 55 ans.
101
C'est à la Comédie-Française où il entre en
1941 qu'il effectuera l'essentiel de sa
carrière. Nommé Sociétaire en 1947 puis
doyen en 1972, il s'est néanmoins
également distingué dans le théâtre de
boulevard. Il mettra beaucoup de pièces
en scène comme Peau de Vache avec
Sophie Desmarets et Daniel Ceccaldi, fera
des apparitions remarquées dans les
Numéro 1 des Carpentier ainsi qu’au Gala
de l’Union des Artistes dans un numéro
désopilant avec son compère Robert
Hirsch.
102
Fils d’un commerçant et d’une secrétaire,
François Chaumette décroche son
baccalauréat de philosophie puis devint
élève de René Simon, au Conservatoire de
Paris. Il y rencontre Michel Piccoli, dont il
conservera l’amitié jusqu’à sa mort.
C’est par une figuration que François
Chaumette débute, en 1942, au cinéma,
103
dans Les Visiteurs du soir de Marcel
Carné. Il est particulièrement connu pour
ses rôles dans des feuilletons historiques
à la télévision. Au chapitre du doublage, il
prêta notamment sa voix à trois
personnages emblématiques du cinéma de
science-fiction: l'ordinateur intelligent
HAL 9000 dans 2001, l'Odyssée de
l'espace, Dark Vador dans le premier
épisode sorti au cinéma de la saga
cinématographique Star Wars (il sera
remplacé par Georges Aminel dans les
épisodes suivants) et Khan Noonien Singh
104
(interprété par Ricardo Montalban) dans
Star Trek 2 : La Colère de Khan.
Il fait l'essentiel de sa carrière de
comédien à la Comédie-Française où il
entre en 1957. Nommé 435e Sociétaire le
15 septembre 1960, il prend sa retraite le
31 décembre 1987 et est fait sociétaire
honoraire le 1er janvier 1988.
Il meurt au centre médicochirurgical de la
porte de Choisy à Paris, le 27 février
1996, des suites d’un cancer.
Frère de Monique Chaumette, il avait
épousé la comédienne Paloma Matta, avec
105
laquelle il eut trois enfants : Sarah,
comédienne, Thomas, gérant de société, et
Marie, médecin.
Depuis 1963, Jean Laurent Cochet a signé
plus de 150 mises en scène de théâtre, et
joué plus de 300 rôles. Il a mis en scène
Jacques Charon, Jean Le Poulain,
Madeleine Robinson, Suzy Delair, Danielle
106
Darrieux, Françoise Seigner et Louis
Seigner, Jacques Dufilho, Claude Piéplu,
Thierry Le Luron, Henri Tisot, Jeanne
Moreau, Darry Cowl, Claude Brasseur,
Michèle Morgan... En 1967, il ouvre un
cours d'Art Dramatique : Le Cours Cochet.
Une centaine de ses élèves sont devenus
les vedettes actuelles du théâtre et du
cinéma : Gérard Depardieu, Richard Berry,
Isabelle Huppert, Daniel Auteuil,
Emmanuelle Béart, Carole Bouquet,
Fabrice Luchini, Stéphane Guillon,
Dominique Guillo, Andréa Ferreol, Michèle
107
Laroque, Michel Duchaussoy, Claude Jade,
Bernard Giraudeau, Mélanie Thierry, ...
Il fut pensionnaire de la Comédie-
Française de 1959 à 1963.
En outre, il fit des apparitions remarquées
dans l'émission Au théâtre ce soir.
Au cinéma, il a notamment joué dans Fort
Saganne et Mille milliards de dollars.
108
Très tôt intéressée par l'art dramatique,
Mony Dalmès décroche quelques rôles dans
des théâtres parisiens puis en 1936, sous
la direction du cinéaste Pierre Caron, elle
figure au générique du film Les Demi-
Vierges, où elle a pour partenaires Marie
Bell et Madeleine Renaud.
Elle intègre l'année suivante la Comédie-
Française, dont elle devient sociétaire en
1942, à l'âge de 28 ans. Elle la quittera en
1957, sans pour autant cesser de monter
sur les planches et d'obtenir des rôles au
109
cinéma. Elle a doublé Marilyn Monroe dans
quelques films.
Bérengère Dautun (née le 10 mai 1939) –
prénom parfois écrit Bérangère –, de son
vrai nom Bérengère Marie Gaubens-Cabrol,
est une actrice française, sociétaire de la
Comédie-Française et épouse du
professeur Cabrol. Elle a été promue
110
Officier de la Légion d'honneur le 30
janvier 2008 sur proposition du ministre
de la Culture, madame Christine Albanel et
Commandeur des Arts et Lettres en 1998
sur proposition de Catherine Trautman,
ministre de la culture.
111
Jean Davy est un comédien français né le
15 octobre 1911 à Puteaux, mort le 5
février 2001 à Paris. Ancien sociétaire de
la Comédie-Française, il a par ailleurs
prêté sa voix à de nombreux films,
doublant entre autres Errol Flynn dans Les
Aventures de Robin des Bois (1938) ou
James Mason dans Voyage au centre de la
terre (1959). Il a joué au théâtre jusqu'à
son dernier souffle ; la veille de sa mort il
jouait encore dans Stalker au Théâtre du
Nord-Ouest, à Paris. Il était l'époux de la
comédienne Odile Mallet.
112
Jean Debucourt souvent présenté, mais
sans preuves, comme le fils de l'acteur et
réalisateur Charles Le Bargy est engagé à
la Comédie-Française en 1936 et devient
sociétaire dès l'année suivante en 1937. Il
y réalise plusieurs mises en scènes.
Comédien fin et spirituel, il incarne les
113
plus grands rôles du Répertoire et
enseigne au Conservatoire. Il a beaucoup
tourné pour le cinéma.
Paul-Émile Deiber naît à La Broque dans le
Bas-Rhin le 1er janvier 1925.
Après des études musicales de violon et
de chant, il choisit le Centre d’art
dramatique où il rencontre son maître
114
Jean Debucourt. Engagé comme coryphée
après un premier prix de tragédie aux
concours du Conservatoire, il joue les
héros de la tragédie classique et du drame
romantique. Il marque quelques-uns des
rôles de son emploi comme Oreste dans
Andromaque de Racine, qu'il joue pendant
seize ans, plus de cent fois. Georges
Lerminier apprécie son interprétation : «
Il ne s’est pas aventuré, m’a-t-il semblé,
jusque dans les profondeurs de son
personnage. Il l’a pris, non sans habileté,
par le dehors, faisant notamment passer la
115
rampe, moins par le sentiment que par le
métier. » Il fit ressortir le glissement
vers la folie et élevant le ton d’une
manière progressive, du calme à la
démesure : « À la fin de l’acte V, presque
trop calme d’abord, il a admirablement
exprimé les fureurs d’Oreste », écrit
Philinte.
Pour ses débuts, il est Ruy Blas – un rôle
qu’il joue pendant près de vingt ans – aux
côtés de Jean Yonnel, Marie Bell et Pierre
Dux. C’est là un des problèmes majeurs
que va rencontrer Paul-Émile Deiber : s’il a
116
l’âge des personnages qu’il interprète, il
joue avec des partenaires souvent
beaucoup plus âgés que lui. Ainsi, Véra
Korène, titulaire du rôle d’Hermione, a 24
ans de plus que lui ; Marie Bell, la reine
dans Ruy Blas, est née en 1900. Comment
mélanger la jeune troupe plus crédible
dans les rôles de jeunes premiers et les
éléments chevronnés indispensables à la
pérennité de la Comédie-Française ?
Pierre-Aimé Touchard a confié son
embarras : « (…) j’ai laissé jouer
Andromaque dans la même mise en scène
117
pendant six ans, n’osant choisir entre
Yonnel et Deiber pour le rôle d’Oreste. »
Dans la tragédie, il est encore Néron de
Britannicus dans les mises en scène de
Julien Bertheau puis de Jean Marais ;
Horace de la pièce éponyme dans la mise
en scène de Jean Debucourt ; Maxime
(Cinna de Pierre Corneille) dans la mise en
scène de Maurice Escande. Pendant de
longues années, il prête ses traits à
Antiochus de Bérénice de Racine aux côtés
d'Annie Ducaux, puis de Renée Faure et de
Denise Noël… Il alterne avec André Falcon
118
dans le rôle de Don Rodrigue (Le Cid de
Pierre Corneille, pièce dont il a interprété
tous les rôles masculins à l'exception de
celui de Don Alonse), puis dans celui
d'Hernani (Hernani). Il remplace Jean
Marais dans le rôle de Néron et dans le
rôle de Xipharès (Mithridate de Racine).
L'alternance lui permet également de
jouer Nicomède, Bajazet, Chatterton…
Pierre Dux donne une idée assez juste de
son talent : “Votre voix, une belle voix
grave, admirablement timbrée, votre
diction, une connaissance précise du vers
119
classique et romantique, un sens théâtral
inné ...“ (Discours de réception au titre de
chevalier de la légion d'honneur, 6
novembre 1972). Avec lui, Sire le Mot est
Roi. Tout dans son expression – sa voix
mais aussi son allure – manifeste l’émotion.
De ce point de vue, son jeu va à l’encontre
des tendances dominantes de la Comédie-
Française de l’époque qui, pour sortir de la
crise de la représentation tragique,
privilégie le goût du spectaculaire et de
l’ostentatoire dans les mises en scène.
120
Selon les témoignages de ses camarades
ou de ceux qui l'approchèrent, Paul-Emile
Deiber est doué d'une mémoire
prodigieuse ce qui lui permet de reprendre
les rôles les plus importants au pied levé,
dont celui de Cyrano, après avoir
interprété beaucoup de personnages dans
Cyrano de Bergerac, le chef-d’œuvre de
Rostand et alors qu'il n'a que vingt-sept
ans. Dans son interprétation de Cyrano, il
poétise le rôle et le tire vers l'émotion et
le romantisme. De ce point de vue, son
interprétation s'oppose à celles plus
121
tonitruantes de ces devanciers ou de Jean
Piat, avec qui il alterne dans la mise en
scène de Jacques Charon. Claude-Henry
Lecomte écrit qu'il « montre force
tendresse et panache. Escogriffe très
humain arraché aux déclamations usagées.
Par le ton, le rythme, Deiber renouvelle
littéralement la tirade des nez et la
ballade du duel. Une salle archi-comble
l'ovationne. Comme les mélomanes
acclament une diva qui vient de pousser le
grand air de Norma ».
122
Au cours de sa carrière, il évolue
également vers un emploi plus large et
aborde les grands premiers rôles de
Molière tels que Molière (L'Impromptu de
Versailles), Orgon (Tartuffe) ou Alceste
(Le Misanthrope). On écrit de lui que « sa
création du personnage d'Orgon fut
captivante : sobre, clair, noble même et
distant… ». Il va particulièrement marquer
le rôle d'Alceste de sa sensibilité en
choisissant d'accentuer les aspects
émouvants du personnage.
123
Au fil des années, son emploi évolue et il
choisit d'interpréter les rôles pleins de
fantaisie de Labiche (Les Trente Millions
de Gladiator ou l'inénarrable Piget dans
Vingt-neuf degrés à l'ombre) ou Feydeau
(Soldignac dans Le Dindon ou encore le
général Irigua dans Un fil à la patte).
Peut-être trouve-t-il son plein
épanouissement à la fin de sa carrière à la
Comédie-Française, par exemple lorsqu'il
reprend, après Jean Yonnel, le rôle de
Ferrante dans La Reine morte d'Henry de
Montherlant. Jean-Jacques Gautier
124
analyse avec précision son interprétation :
« J'ai commencé par lui en vouloir de ses
éclats du début. À mon sens, le mépris
n'élève pas la voix. Il ne hausse pas
tellement le ton. Il ne crie pas si fort. Il
ne se met pas en colère. Du moins, à ce
stade de l'action. Calme, il n'est que plus
accablant. Mais peu à peu, j'ai oublié cette
mauvaise impression, et, lorsque Ferrante
est descendu dans la politique ; quand il a
engagé, avec l'un ou l'autre, l'entretien ;
dès qu'il a commencé à dénoncer l'homme
sous l'appareil du souverain ; à partir du
125
moment où il s'est relâché, où ses
défenses sont tombées une à une ; où il a
jeté le masque, je me suis mis à approuver,
un peu d'abord, davantage ensuite,
complètement enfin, le comportement,
l'attitude, le jeu, l'interprétation, la
composition de P.-E. Deiber. » Gabriel
Marcel juge ainsi son interprétation : « Il
faut rendre hommage sans plus tarder à
Paul-Émile Deiber qui, dans le rôle
écrasant du roi Ferrante a su maintenir
dans l’autorité même une sorte de
frémissement tragique qui, à bien des
126
moments m’a bouleversé… C’est une
révélation. » Dans l'adaptation du roman
de Dostoïevski, Crime et Châtiment, il fait
une composition du personnage de Lougine
que la critique salua dans son ensemble.
Il s'en va après vingt-sept années et sa
dernière création a lieu à l'Odéon, dans
Amorphe d'Ottenburg de Jean-Claude
Grumberg, un rôle de roi fantoche, mis en
scène par Jean-Paul Roussillon. Il revient
en tant que sociétaire honoraire pour
jouer Prusias de Nicomède (Pierre
Corneille) dans la mise en scène de
127
Françoise Seigner.
Il a réalisé plusieurs mises en scène de
tragédie. Bérénice fut sans doute la plus
importante. Georges Lerminier écrit : «
Paul-Émile Deiber a certainement médité
avec intelligence son explication de texte.
Il a choisi les larmes, l’abandon un peu
romantique à la souffrance qu’engendre
l’irrémédiable rupture entre Titus et
Bérénice. Le texte est dit en mineur avec
ce qu’il faut de demi-soupirs et de silences
lourds. » De la même façon, Guy Leclerc
reconnaît que cette mise en scène « a un
128
très grand mérite, c’est de nous restituer
ce Théâtre de l’Immobilité que doit être
le théâtre tragique ». Michel Déon juge : «
La Bérénice mise en scène par Paul-Émile
Deiber (…) est dans la tradition des
Comédiens-Français et en cela elle m’a
semblé admirable. Jamais la scène des
adieux de Bérénice et Titus, jamais le
discours d’Antiochus à la Reine de
Césarée, jamais le départ de Bérénice ne
m’avaient paru à ce point émouvants. »
Jean-Jacques Gautier est plus critique
tant il déteste le décor et les costumes —
129
« comment a-t-on permis à Monsieur
Jacques Dupont de poser sur une tête
cette tiare incroyable sans nul souci de ce
qui peut convenir à tel visage ? » — et le
jeu de Renée Faure : « elle n’est pas et ne
sera jamais Bérénice ».
Peu avant les évènements de 1968, Paul-
Émile Deiber présente Andromaque que
salue la critique : « Quant à Paul-Émile
Deiber, il ne mérite que des éloges. Sa
mise en scène est d’une sobriété, d’un goût
parfaits, d’une nudité exemplaire. Pas de
ces colonnades, de ces seuils de palais
130
grecs ou romains qui fleurent le
conventionnel. Simplement quelques
marches vermoulues à droite, un petit
tertre à gauche et, au fond, embrassant
entièrement la scène, l’immensité bleue
d’un ciel de l’Épire. Une vision de toute
beauté qui rejoint merveilleusement la
beauté racinienne. » Enfin Paul-Émile
Deiber présenta un Cid qui partage la
critique. Tandis que Gilles Sandier se
déchaîne : « Arrêtez le massacre » et n'y
va pas par quatre chemin : « Un spectacle
lamentable, déshonorant », Gilbert
131
Guilleminault juge ainsi le spectacle : «
C’est un Cid plein de jeunesse, de
fraîcheur et de naïveté, plus proche de
ses origines médiévales, que nous offre
aujourd’hui la Comédie-Française. »
Enfin, Paul-Émile Deiber renoue avec la
tradition des comédiens-auteurs en
présentant un spectacle-hommage à
Molière (La Troupe du Roy). Il fut pendant
vingt-cinq ans une des chevilles ouvrières
de la Maison, responsable avec Béatrix
Dussane des soirées littéraires.
132
En 1972, il épouse la cantatrice Christa
Ludwig.
Après son départ de la Comédie-Française,
il assure des fonctions de directeur de la
mise en scène à l'Opéra de Paris, puis il
prend la direction du théâtre de Boulogne-
Billancourt.
133
Fille d'un pionnier de la radio (son père,
George Delamare, 1881-1975, participa
dès 1923 à la réalisation du Journal parlé),
Lise Delamare débute au théâtre en
jouant le rôle de Mathilde dans Un
caprice, d'Alfred de Musset, alors qu'elle
est élève du Conservatoire d'art
dramatique de Paris, d'où elle sort en
1933, nantie d'un premier prix.
Elle entre à la Comédie-Française le 1er
janvier 1934. Elle fait ses débuts la même
année dans le rôle de Célimène, dans Le
Misanthrope. Elle interprète ensuite des
134
rôles de jeune première jusqu'en 1942,
date à laquelle elle quitte la troupe. Elle y
revient en 1944 et devient sociétaire en
1951. En mai 1946, elle part en tournée en
Amérique du Sud avec Fernand Ledoux,
Mathilde Casadesus, Betty Daussmond, et
Tony Taffin, son mari (dont elle divorcera
en 1953). Elle quitte la Comédie-Française
en 1966, devenant sociétaire honoraire le
19 avril 1967. Elle est alors nommée
professeur au Conservatoire de Paris.
Patrick Chesnais, Nicole Garcia, Sabine
Azéma, Francis Huster, Daniel Auteuil,
135
Didier Bourdon et bien d'autres lui
doivent leur formation théâtrale.
Sa carrière cinématographique commence
dès 1933, dans Georges et Georgette. Elle
jouera notamment Marie-Antoinette dans
le film La Marseillaise de Jean Renoir, la
reine Anne d'Autriche dans Le Château
perdu de Pierre Bost (aux côtés de Claude
Jade et Michel Pilorgé) et Marie de
Médicis dans Le Capitan d'André
Hunebelle. Ses rôles principaux sont issus
d'adaptations littéraires d'Alexandre
Dumas, Honoré de Balzac ou tirés de
136
personnages historiques célèbres.
Son étiquette de comédienne de théâtre
l'empêche toutefois d'atteindre les
sommets. Elle préfère dès lors réserver la
finesse et l'authenticité reconnues de son
jeu aux planches, pour le plus grand
bonheur des spectateurs.
Sa sœur, Rosine Delamare (1911-), est
costumière au cinéma, à la télévision et au
théâtre.
137
Il fait ses classes au Conservatoire de
Paris après un passage à La Roulotte, une
compagnie dirigée par André Clavé. Il sort
du Conservatoire avec le premier prix, puis
entre à la Comédie-Française en 1942 pour
jouer des rôles de jeune premier. Il y
rencontre Jean-Louis Barrault qui monte
138
des pièces (Phèdre, Le Soulier de satin,
...).
Il rejoint Barrault fonde sa compagnie en
1946 avec Renaud. Dans cette troupe,
installée au Théâtre Marigny, il va
connaître une très riche vie
professionnelle et privée. Il y retrouve
surtout Simone Valère avec qui il avait
joué en 1943 dans Le Voyageur de la
Toussaint de Louis Daquin. Ce fut pour
eux, dix années de succès, lors desquelles
ils jouent dans Les Fausses Confidences,
Intermezzo, Occupe-toi d'Amélie, La
139
Cerisaie..., il connut aussi quelques échecs
comme Bérénice et Le Songe d'une nuit
d'été.
Après 1956, il rejoint la troupe du
Théâtre de l'Odéon qui va sur décision du
ministre de la Culture, André Malraux,
être confié en 1959 à la compagnie
Renaud-Barrault et renommé Odéon-
Théâtre de France. Il connaît un nouveau
succès avec le Mariage de Figaro où il joue
les deux rôles principaux, Figaro en
province et le Comte Almaviva à Paris. Il
connaît aussi le succès dans Il faut passer
140
par les nuages de François Billetdoux.
Jean Desailly débute au cinéma dans des
rôles de jeunes premiers un peu fades.
Avec l'âge, il campe des rôles plus fouillés
et cinq de ses prestations sont
particulièrement remarquables :
le mari impuissant et assassin de
Maigret tend un piège (1958) où, dans une
scène d'anthologie face à Jean Gabin
(Maigret), il livre un portrait de
psychopathe hallucinant ;
il affronte à nouveau Jean Gabin dans le
film de Denys de La Patellière Les Grandes
141
Familles (1958), tiré du roman éponyme de
Maurice Druon ;
le commissaire, dans Le Doulos de Jean-
Pierre Melville ;
dans La Mort de Belle (1961) où, encore
bien assis socialement, suspecté de
meurtre, il devient assassin ;
dans La Peau douce (1964) où il campe
avec finesse et sensibilité un homme
partagé entre une liaison adultère et son
statut social.
Au début des années 1960, il joue pour la
télévision dans Le Chevalier de Maison-
142
Rouge qui fut une grand feuilleton
populaire, ce qui lui permet de relancer sa
carrière au cinéma qui lui offre alors
quelques beaux rôles. Après août 1968, et
la fin de la mainmise du couple Renaud-
Barrault sur le Théâtre de l'Odéon,
commencent pour le couple Desailly-Valère
quelques années difficiles.
Dans les années 1970, ils prennent la
direction successivement du Théâtre
Hébertot (Le Légume, L'Amour fou), puis
du Théâtre Edouard VII avant de prendre
la succession d'André Bernheim au
143
Théâtre de la Madeleine de 1980 à 2002.
Il a souvent joué des rôles de bourgeois
aisé.
En 1989, on le retrouve dans l'adaptation
télévisée des Grandes Familles, où il joue
le rôle de l'abbé Boudret, ami de la famille
Schoudler-De la Monnerie.
En 2002, ils jouent leur ultime succès, La
Maison du lac, une pièce d'Ernest
Thompson, mise en scène par Georges
Wilson.
À sa mort, sa mémoire est saluée par le
président Nicolas Sarkozy qui rend
144
hommage à « son immense talent au
service d’auteurs dont il savait sublimer
les textes »4 et par la ministre de la
Culture Christine Albanel, qui évoque « un
merveilleux acteur qui incarnait
naturellement et à un degré supérieur, la
distinction et « le charme discret de la
bourgeoisie » dans chacun de ses rôles. »
Il est inhumé à Vert-le-Petit (Essonne).
145
Georges Descrières débute au cinéma en
1954 avec un petit rôle dans Le Rouge et
le Noir de Claude Autant-Lara. Aux côtés
de Brigitte Bardot, il joue dans Voulez-
vous danser avec moi ? (1958), et
interprète le rôle d'Almaviva dans Le
146
Mariage de Figaro, sous la direction de
Jean Meyer (1959). Dans la version de
Bernard Borderie des Trois
Mousquetaires, il est Athos. Georges
Descrières, dans les années 1960, est,
entre autres, le partenaire d'Anna Karina
dans Ce soir ou jamais, de Michel Deville
(1961), et d'Audrey Hepburn dans Voyage
à deux (Two for the road), de Stanley
Donen (1967).
En 1971, il interpréta le rôle de Louis
Bonaparte, roi de Hollande, dans la série
télévisée Schulmeister, l'espion de
147
l'empereur, dans l’épisode numéro 4, Au
pays de l’eau tranquille.
Son rôle le plus célèbre est, sans doute,
celui d'Arsène Lupin, dans le feuilleton
télévisé diffusé sur la 2e chaîne française
de 1971 à 1974.
En 1987, il est le beau-père de René Féret
(et le père de Claude Jade) dans L'Homme
qui n'était pas là de Féret. Sous la
direction de Georges Lautner, il
interprète un acteur dans le film Le
Comédien (1996).
148
En outre, il fut un important sociétaire de
la Comédie-Française, où il a joué de
nombreuses pièces. Il a d'ailleurs été le
Doyen de la Troupe de Molière. On l'a
également remarqué dans De doux
dingues, dans le cadre de la collection Au
théâtre ce soir à la télévision.
Il est fait officier de la Légion d'honneur
en janvier 2004 et grand officier de
l'ordre national du Mérite en mai 2011.
149
Jacques Destoop, né le 17 juin 1931 à
Paris, est un acteur et un peintre français
qui a été sociétaire de la Comédie-
Française formé au Conservatoire national
supérieur d'art dramatique. Il est marié à
Geneviève Fontanel.
150
Parallèlement à sa carrière d'acteur,
Jacques Destoop s'est toujours intéressé
à la peinture. A partir de 1990, ses
tableaux sont exposés à la Galerie Gérard
Rambaud à Paris. Ses premières oeuvres
lui sont inspirées par le monde du théâtre
: acteurs attendant l'entrée en scène, lui-
même dans le rôle de Cyrano de Bergerac,
les "critiques" confortablement installés
dans leurs fauteuils... Entre figuration et
abstraction, cette oeuvre exigeante a
permis à Jacques Destoop d'être
remarqué par les collectionneurs, qui le
151
qualifient volontiers de "génie".
Bernard Dhéran, de son vrai nom Bernard
Poulain, est un acteur français, né le 17
juin 1926 à Dieppe (Seine-Maritime).
Diplômé du Conservatoire national
supérieur d'art dramatique de Paris en
1947, il entre à la Comédie-Française en
1953. Il est pensionnaire de 1953 à 1957,
152
puis en devient le 437e sociétaire en 1961.
Doyen en 1988, il prend sa retraite en
1989. Depuis 1952, il a joué dans une
centaine de films. Il a rédigé un livre de
souvenirs : Je vais avoir l'honneur et
l'ineffable jouissance, chers vieux
abonnés de la Comédie-Française, chers
lecteurs, d'aiguiser ma plume d'oie et de
vous asséner avec tendresse quelques
truculentes histoires vécues au cours des
tribulations d'un comédien ordinaire du
roy et de la république, paru aux éditions
Scali en 2007.
153
Formé au Jeune Théâtre de l'Université
libre de Bruxelles (ULB), il suit les cours
Charles Dullin. Dès 1962, il interprète les
tragédies classiques et les grandes
œuvres de Molière.
De 1963 à 1966, il interprète le rôle-titre
de Thierry la Fronde dans le feuilleton à
succès populaire créé pour la télévision
154
par Jean-Claude Deret (le père de Zabou
Breitman).
De 1984 à 1986, il dirige le Centre
dramatique national de Reims.
De 1985 à 1990, il dirige le Théâtre
national de Belgique à Bruxelles.
Pensionnaire de la Comédie-Française de
1999 à 2001, il fit ses premiers pas au
cinéma dans Les Ruses du diable de Paul
Vecchiali (1965).
Il est également directeur artistique de la
Compagnie Jean-Claude Drouot et metteur
en scène de nombreuses pièces de théâtre
155
notamment en co-production avec le
Théâtre régional des Pays de la Loire.
Intéressé par le croisement des
disciplines, il a monté Féminaire en
compagnie du Quatuor Ludwig, un
spectacle texte et musique où les mots de
Marcel Moreau répondent aux partitions
de Bartók, Schubert, Stravinski, Brahms
et Chostakovitch.
156
Il réussit ses études de Lettres à Lille,
puis le Conservatoire à Paris. Il intègre la
Comédie-Française comme pensionnaire en
1964, devient sociétaire en 1967 et la
quitte en 1984.
Au cinéma, il fut rendu célèbre par Jeu de
massacre d'Alain Jessua.
Il fit également des apparitions à la
télévision dans des séries ou feuilletons
comme Palace (1988), Les Cœurs brûlés
(1992), L'Allée du roi (1996) ou plus
récemment Zodiaque. Il a également prêté
sa voix gracieusement à la cinéscénie du
157
Puy du Fou lors de ses débuts.
Il est membre du comité de parrainage de
la Coordination française pour la Décennie
de la culture de paix et de non-violence.
En 1972, c'est aussi lui qui prête sa voix
au parrain Vitto Corleone interprèté par
Marlon Brando dans le film de Francis
Ford Coppola.
158
Passionnée par le théâtre, Béatrix
Dussane est reçue au Conservatoire d’art
dramatique où elle suit les cours le
mercredi et le samedi matin. Née Dussan,
elle ajoute un « e » à son patronyme pour
imiter la grande comédienne de l'époque
Réjane (pseudonyme de Gabrielle Réju). Un
premier prix de comédie classique
couronne ses efforts le 22 juillet 1903.
Elle est engagée aussitôt comme
pensionnaire par Jules Claretie,
administrateur de la Comédie-Française.
Le 23 septembre, elle fait ses débuts dans
159
Le Malade imaginaire (rôle de Toinette).
Nommée sociétaire en 1922, elle siège au
conseil d’administration de 1935 à 1942.
Professeur au Conservatoire d'Art
dramatique de Paris, elle aura comme
élèves Sophie Desmarets, Robert Hirsch,
Michel Bouquet, Maria Casarès, Serge
Reggiani, Daniel Gélin, Gérard Oury,
Michel Le Royer et bien d’autres.
Dès les années 1920, elle donne des
conférences, collabore à différentes
revues (dont La Revue française, La Revue
universelle, Le Journal de la femme, La
160
Revue hebdomadaire, Le Journal, etc.) et
publie plusieurs ouvrages sur le théâtre. À
partir de 1951, elle tient une chronique
dans Le Mercure de France.
Vers la fin de sa carrière, elle produit des
émissions radiophoniques et télévisées
consacrées à l'histoire du théâtre : Au
jour et aux lumières, Des chandelles aux
projecteurs, Tréteaux, racontez moi, etc.
Elle fut très proche du poète Tristan
Derème jusqu'à sa mort en 1941. Elle fut
mariée à Lucien Coulond, auteur
dramatique et journaliste au Gil Blas, à
161
Comœdia et au Journal.
Fils de comédiens, Pierre Dux entre à la
Comédie-Française en 1929 dans le rôle de
Figaro du Barbier de Séville. Il crée le
rôle de l'annoncier du Soulier de satin de
Paul Claudel, mis en scène par Jean-Louis
Barrault en 1943.
162
En 1938, Pierre Dux, Fernand Ledoux et
Alfred Adam, ouvrent un cours de théâtre
dans un studio au dernier étage du
Théâtre Pigalle.
En 1937, il met en scène L'Impromptu de
Versailles de Molière, puis Ruy Blas de
Victor Hugo et La Reine morte de
Montherlant.
Sociétaire de la Comédie-Française de
1935 à son départ en 1945, il en est
nommé administrateur général en 1944-
1945 et de 1970 à 1979. Il obtient une
réforme des statuts, puis une restauration
163
de sa salle. De 1971 à 1979, il dirige, en
même temps, le Théâtre de l'Odéon.
De 1948 à 1952, Marcel Karsenty et
Pierre Dux prennent la direction du
Théâtre de Paris.
De 1953 à 1956, il est professeur au
Conservatoire national supérieur d'art
dramatique de Paris où il a comme élèves :
Jean Rochefort, Jean-Paul Belmondo,
Claude Rich, Pierre Vernier, Catherine
Samie.
Entre 1932 et 1990, il joue dans de
nombreux films et séries télé.
164
Il est élu membre libre de l'Académie des
beaux-arts, au fauteuil n° 8 de Charles
Kunstler, en 1978.
Maurice Escande est un acteur français né
à Paris le 14 novembre 1892 et mort à
Paris le 10 février 1973. Il est enseveli au
cimetière de Montrouge à Paris.
165
Il a formé une génération de comédiens
comme Michel Bouquet ou Claude Piéplu. Il
a été administrateur général de la
Comédie-Française de 1960 à 1970.
Nommé après une crise profonde de
l'institution, il sut la faire évoluer en
élargissant le répertoire (Audiberti,
Ionesco, Schéhadé...) et en faisant appel
aux metteurs en scène de la jeune
génération (Antoine Bourseiller, Jean-
Marie Serreau…). Maurice Escande fut
marié à la comédienne Mary Marquet, ils
divorcèrent en 1921.
166
Robert Etcheverry passe par le cours
Simon avant d’être admis au Conservatoire
national supérieur d'art dramatique
(Promo 1959), puis d'être engagé à la
Comédie-Française.
Robert Etcheverry est marié de 1963 à
1983 à l'actrice Bérangère Vattier.
Il est le frère de Jean-Pierre Etcheverry,
167
avant-centre international de 1959 à 1970
de l'équipe de France de handball et le
père d'Éric Etcheverry, acteur français
spécialisé dans le doublage.
D'abord instituteur, Michel Etcheverry
est renvoyé en 1940 pour avoir refusé de
168
faire chanter aux enfants Maréchal, nous
voilà !. Il débute sa carrière au théâtre
comme régisseur, puis entre dans la
troupe de Louis Jouvet.
Il entre à la Comédie-Française en 1961,
est nommé sociétaire en 1964, sociétaire
honoraire en 1982. Son répertoire
comportera de nombreuses tragédies du
répertoire classique.
169
Jacques Eyser (29 août 1912 à Deauville -
11 avril 1999 à Boulogne-Billancourt) était
un acteur français, entré à la Comédie-
Française en 1946, sociétaire de 1954 à
1978, doyen de 1975 à 1978 et sociétaire
honoraire de 1979 à 2000. Il participa à la
170
création de la compagnie Jean Laurent
Cochet au théâtre Hébertot dans les
années 80 ou il jouera moult personnages.
Principalement acteur de théâtre, il est
aussi apparu dans certains films.
171
André Falcon sort en 1946 du
Conservatoire, où il a obtenu le premier
prix de comédie classique, et entre la
même année à la Comédie-Française,
devenant à 25 ans le plus jeune sociétaire.
Lorsqu'il quitte la Comédie-Française en
1966, après avoir joué les plus grands
rôles du répertoire, il se fait remarquer
par François Truffaut, qui le fait jouer
dans Baisers volés. Il tourne ensuite avec
Jacques Deray, Claude Lelouch, Henri
Verneuil, Costa-Gavras, Claude Chabrol,
Claude Sautet, Bertrand Tavernier.
172
Il se fait connaître aussi à la télévision, où
il figure au générique des Rois maudits,
des Cinq Dernières Minutes, des Enquêtes
du commissaire Maigret, des Brigades du
Tigre, de Julien Fontanes, magistrat —
avec Jacques Morel dans le rôle-titre et
où il interprète le rôle du procureur — et
de Messieurs les Jurés. On a pu le voir par
la suite dans plusieurs téléfilms de Jean-
Daniel Verhaeghe, L'Affaire Seznec et
L'Affaire Dreyfus d'Yves Boisset, ainsi
que dans la série Chez Maupassant.
Tombe d'André Falcon au cimetière du
173
Montparnasse
Il continue parallèlement de jouer au
théâtre. Sa dernière apparition date de
2005, où il incarne le père dans L'Annonce
faite à Marie de Claudel dans une mise en
scène de Christian Schiaretti au TNP de
Villeurbanne. Il repose au cimetière du
Montparnasse.
174
Fille de René Faure, directeur de l'hôpital
Lariboisière à Paris, Renée Faure suit une
scolarité à la Maison de la Légion
d'Honneur de Saint-Denis et devient la
plus jeune bachelière de sa promotion.
Élève de René Simon et d'André Brunot,
cette passionnée de théâtre réussit le
concours d'entrée à la Comédie-Française,
qu'elle intègre comme pensionnaire le 15
juillet 1937, avant d'être nommée
sociétaire le 1er janvier 1942. Elle se
produit alors dans les grandes pièces du
répertoire, excellant particulièrement
175
dans le théâtre de Marivaux et Musset.
En 1941, elle fait ses débuts au cinéma
dans L'Assassinat du Père Noël, la
première production française de la firme
allemande Continental. Le film, dans lequel
la jeune comédienne campe la fille d'Harry
Baur, est réalisé par Christian-Jaque
qu'elle épouse en 1947. Le couple tournera
à trois reprises ensemble (Sortilèges, La
Chartreuse de Parme et Adorables
Créatures) avant de divorcer en 1953.
Ses prestations suivantes confirment les
qualités de l'interprète, qui passe
176
rapidement des rôles angéliques à ceux,
autrement plus ambigus, de femmes de
passion (François Villon, Bel Ami,
Torrents). Elle partage rapidement
l'affiche avec des vedettes de l'époque,
jouant notamment par trois fois avec Jean
Gabin (Le Président).
Elle quitte la Comédie-Française le 30
décembre 1964. Quelques semaines plus
tard, le 1er janvier 1965, l'institution lui
rend hommage en l'élevant au rang de
sociétaire honoraire, ce qui lui permettra
de jouer, vingt ans plus tard, le rôle de la
177
première prieure, Mme de Croissy, dans Le
Dialogue des Carmélites de Georges
Bernanos en 1987.
La décennie suivante voit la comédienne se
consacrer à la télévision et au théâtre.
Connue du grand public à travers des
séries à succès comme Les Grandes
familles ou Maigret, l'actrice n'apparaît
plus que de loin en loin sur le grand écran,
jouant de sa voix grave et de son allure
gracile dans Le Juge et l'Assassin de
Bertrand Tavernier, aux côtés de Philippe
Noiret et Michel Galabru. En 1988, Claude
178
Miller la distribue dans le rôle de la
matriarche de La Petite Voleuse, face à la
jeune Charlotte Gainsbourg.
Dans les années 1990, Renée Faure
ralentit son activité, apparaissant
néanmoins dans À la vitesse d'un cheval au
galop et L'Inconnu dans la maison, remake
du film réalisé par Henri Decoin en 1941,
l'année des débuts de la comédienne au
cinéma.
179
Ancienne élève du conservatoire d'art
dramatique de Dijon, Edwige Feuillère
obtient un premier prix de comédie et de
tragédie en juillet 1928 ; elle fait une
carrière de plus de soixante années sur les
planches (1930-1992) et plus de quarante
années au cinéma (1931-1974).
Elle incarne Marguerite Gautier dans La
Dame aux camélias d'Alexandre Dumas fils
en 1939, au Théâtre des Galeries Saint
Hubert à Bruxelles et en 1940 au Théâtre
Hébertot à Paris puis de nouveau en 1942,
avant d'interpréter le personnage de Lia
180
dans Sodome et Gomorrhe de Jean
Giraudoux en 1943.
Au cinéma, elle débute sous le nom Cora
Lynn en 1931 dans le Cordon bleu. Elle
tourne dès lors avec les grands metteurs
en scène de l'époque ; Edwige Feuillère
devient célèbre en 1935 par son
interprétation dans Lucrèce Borgia, un
film d'Abel Gance.
Elle tourne également avec Max Ophüls
dans Sans lendemain en 1939 et interprète
en 1940 le rôle de Sophie dans De
Mayerling à Sarajevo du même réalisateur
181
; elle obtient encore un grand succès avec
Mam'zelle Bonaparte de Maurice Tourneur
en 1941. Un autre de ses films majeurs
date de 1941, La Duchesse de Langeais
d'après Honoré de Balzac avec des
dialogues de Jean Giraudoux, un film dans
lequel elle interprète une coquette
rattrapée par le grand amour interprété
par Pierre Richard-Willm, le partenaire de
ses débuts au cinéma dans Barcarolle en
1935.
Devenue une des vedettes les plus
populaires de sa génération, elle joue avec
182
Gérard Philipe dans l'Idiot en 1946,
d'après Fiodor Dostoïevski, et avec Jean
Marais dans L'Aigle à deux têtes de Jean
Cocteau en 1947. Elle incarne Julie de
Carneilhan en 1949, la Dame en blanc dans
le Blé en herbe en 1954 et La Folle de
Chaillot de Jean Giraudoux en 1965.
Au théâtre, elle s'illustre dans Partage de
midi de Paul Claudel aux côtés de Jean-
Louis Barrault et Pierre Brasseur ; elle
était alors la muse de Paul Claudel.
Elle joue en 1971 dans Doux Oiseau de
jeunesse de Tennessee Williams, traduit
183
par Françoise Sagan, dans une mise en
scène André Barsacq au Théâtre de
l'Atelier.
Elle joue en 1975 dans la Chair de
l'orchidée de Patrice Chéreau et, en 1984,
la grande-mère dans le Tueur triste.
En 1992, elle revient au théâtre grâce à
Jean-Luc Tardieu, Directeur de la Maison
de la culture de Loire-Atlantique et
metteur en scène, dans un spectacle
intitulé Edwige Feuillère en Scène, c'est
un florilège des plus beaux moments de sa
carrière, des extraits de ses plus grands
184
rôles, et le souvenir de ses chers amis
acteurs et auteurs, elle se produisit à
Nantes à l'Espace 44 et au Théâtre de la
Madeleine à Paris pour 50 représentations.
En 1993, la chaîne ARTE propose un
documentaire filmé au Musée Jacquemart-
André à Paris, sur la carrière d'Edwige
Feuillère, intitulé Vertige Feuillère ; la
comédienne y raconte sa longue carrière
en feuilletant un grand livre dans lequel on
peut voir quelques extraits de ses plus
grands films : Sans lendemain en 1939,
185
l'Aigle à deux têtes en 1947, etc.
Son dernier rôle est, en 1995, celui de la
princesse de Blomont-Chovry dans la
Duchesse de Langeais de Jean-Daniel
Verhaeghe.
Le 8 novembre 1998, en apprenant le
décès de Jean Marais, elle est victime
d'une crise cardiaque, qui l'emportera
quelques jours plus tard.
186
Il est le petit-fils du célèbre auteur
Georges Feydeau, par son père Michel
Feydeau, et le petit-fils du grand
collectionneur Georges Hoentschel par sa
mère, Francoise Hoentschel. Son arrière-
grand-père, Ernest Feydeau, fut le plus
illustre correspondant de Gustave
Flaubert. Il est le beau-fils du marquis
Jean de Malherbe, descendant du grand
poète François de Malherbe, le neveu de
Louis Verneuil, et le parrain et oncle d une
Malherbe "P".
187
Premier prix de comédie au Conservatoire
national supérieur d'art dramatique de
Paris en 1958, il entre comme pensionnaire
de la Comédie-Française qu'il quitte en
1983. Il se distingue notamment dans
l'émission Au théâtre ce soir où il
n'interprète pas moins de 21 rôles. Alain
Feydeau était aussi écrivain. Il a
notamment publié deux livres sur la grande
comédienne Edwige Feuillère, dont il fut
l'ami, le biographe et l'exécuteur
testamentaire. Ce sont des albums photos
retraçant sa carrière, l'un Edwige
188
Feuillère, publié chez PAC en 1983, le
deuxième, complété, publié chez Henri
Veyrier en 1991 ; son livre sur Viviane
Romance est publié chez Pygmalion en
2001. Il fut également l'auteur d'un
recueil de nouvelles Mauvaise heure pour
être seul publié chez Séguier en 2005,
préfacé par Jacques Lorcey, biographe de
Georges Feydeau, comédien, metteur en
scène, ami du conservatoire et également
ex-pensionnaire de la Comédie-Française.
Alain Feydeau était, depuis le 5 avril 2003,
Président d'honneur de l'association Les
189
Amis d'Edwige Feuillère à Paris. Alain
Feydeau fut un donateur important pour la
Bibliothèque nationale de France. Outre
les fonds Edwige Feuillère (4 000 photos)
et Renée Saint-Cyr (6 000 photos), il a
légué les manuscrits originaux des pièces
de Georges Feydeau ainsi que des objets
de famille. Le Palais des Beaux-Arts de
Lille a, lui aussi, bénéficié de sa générosité
par le don d'une toile de Turner et de
plusieurs œuvres du peintre lillois Carolus-
Duran, dont Alain Feydeau était l'arrière-
petit-fils.
190
Il était également un conférencier
émérite, notamment Edwige Feuillère,
Passeport pour la vie, au Théâtre de Saint
Maur en 2006, Les Femmes de petite
vertu du cinéma français Ginette Leclerc,
Mireille Balin, Viviane Romance en juin
2007.
Pour cerner davantage cette personnalité,
voici un extrait d'un entretien récent avec
un de ses amis :
— Pourquoi ne faites-vous jamais allusion à
la confidence qu’avait faite votre grand-
père à son médecin en 1919 en lui avouant,
191
qu’en réalité, il était le fils de Napoléon
III ?
— Oh ! a-t-il répondu, simplement parce
que j’ai toujours préféré être le
descendant d’un génie de la littérature
française que celui d’un empereur, aussi
prestigieux soit-il !
Il restera un historien du cinéma et un
comédien de très grande valeur, son jeu
était tout à la fois pudique, subtil et
charmant.
Alain Feydeau repose au cimetière de
Montmartre dans la 30e Division avec son
192
grand-père Georges Feydeau.
L'héritage d'Alain Feydeau : il restera
dans les mémoires comme un grand
comédien ayant honoré de sa présence les
scènes parisiennes et pendant 25 années
celle de la Comédie Française ; un
historien du cinéma hors pair, un groupe
lui est consacré sur Facebook.
Alain Feydeau est également l'auteur avec
Michel Larivière, d'une pièce de théâtre
en un acte Aux Frais de la Princesse,
d'après le Journal des Frères Goncourt,
elle a été créée au Festival d'Anjou en
193
août 2000 par Jean-François Balmer. Le
manuscrit de la pièce a été déposé à la
Bibliothèque-Musée de la Comédie
Française sous le numéro d'inventaire D
1053.
194
Fils de Jean Henri Laudenbach,
professeur de philosophie, et de Désirée
Claire Dietz (1870-1960), Pierre Fresnay
monte sur scène pour la première fois à
quatorze ans. Grâce à son oncle maternel
Claude Garry, ex-pensionnaire de la
Comédie-Française et acteur en vogue de
l’époque, il joue un petit rôle dans
L’Aigrette, au Théâtre Réjane. C'est à
cette occasion qu’il choisit son premier
nom de scène, Pierre Vernet. En 1914, il
fait son entrée au Conservatoire national
de musique et de déclamation, dans la
195
classe de Paul Mounet et de Georges Berr.
Un an plus tard, il est engagé à la Comédie-
Française. Dès 1915, il décroche un
premier grand rôle au théâtre dans Le Jeu
de l’amour et du hasard. La même année, il
débute au cinéma muet avec France
d’abord, d’Henri Pouctal.
Pierre Fresnay passe ensuite au cinéma
parlant et interprète son premier grand
rôle en 1931 dans Marius, premier volet de
la trilogie marseillaise de Marcel Pagnol
transposée à l’écran par Alexandre Korda.
Il interprète ensuite Fanny (1932) et
196
César (1936).
En 1934, il joue Armand Duval au côté
d’Yvonne Printemps, qui est sa compagne,
dans La Dame aux camélias, de Fernand
Rivers. Sa diction incisive lui confère des
rôles d’hommes de commandement :
officier dans La Grande Illusion de Jean
Renoir (1937) et Alerte en Méditerranée
de Joannon, en inspecteur dans deux
adaptations des romans de Stanislas-
André Steeman, Le Dernier des six (1941)
et L'assassin habite au 21 (1942), en
marquis dans Les Aristocrates (1955). Il
197
joue aussi un journaliste (La Bataille
silencieuse, Pierre Billon, 1934), un
bagnard dans Chéri-Bibi, un homme
d’église dans Dieu a besoin des hommes
(1949) et Le Défroqué (1954) et dans Il
est minuit, Docteur Schweitzer (1952) et
même en saint Vincent de Paul dans
Monsieur Vincent (1947). À la fin de sa
carrière cinématographique, il passe au
registre comique, dans Les Affreux (1959)
et dans Les Vieux de la vieille (1960).
En quarante ans sur les plateaux de
tournage, il joue sous la houlette de
198
grands réalisateurs de l’époque, d’Abel
Gance à Marc Allégret, en passant par
Alfred Hitchcock (dans la première
version de L’Homme qui en savait trop), et
Henri-Georges Clouzot. Outre son rôle de
Marius dans la trilogie marseillaise, ses
compositions dans La Grande Illusion, où il
incarne Boëldieu, un aristocrate fier et
nostalgique, et dans Le Corbeau, sont
restées dans les mémoires.
En 1939, il passe à la réalisation avec Le
Duel, aux côtés d’Yvonne Printemps. Le
couple Printemps-Fresnay apparaît à de
199
nombreuses reprises à l’écran et triomphe
dans l’adaptation de l’opérette d’Oscar
Straus, Trois Valses (L. Berger, Albert
Willemetz, 1938).
À la Libération, les films qu’il avait tournés
sous l’Occupation pour le compte de la
firme allemande Continental films, dirigée
par Alfred Greven, et sa décoration de la
Francisque lui valent un séjour de quelques
semaines en prison, jusqu’à ce qu’il soit
blanchi pour absence de preuves.
Campant après-guerre des personnages
sérieux, voire édifiants, dans des films de
200
portée secondaire, il abandonne le cinéma
au début des années 1960, pour se
consacrer exclusivement au théâtre, qu’il
n'a jamais vraiment abandonné. Sociétaire
de la Comédie-Française qu’il avait quittée
avec fracas en 1927, Pierre Fresnay
s’illustre sur les planches notamment dans
Un miracle, La Chienne aux yeux de
femme, Cyrano de Bergerac, Marius,
Bloomfield, Cette vieille canaille, Jean III,
L’Hermine, L’Idée fixe, Visitation. À la
télévision, il interprète notamment Tête
d'horloge (1969) de Jean-Paul Sassy.
201
En 1954, il publie ses mémoires, Je suis
comédien.
Michel Louis Edmond Galabru est un
acteur français né le 27 octobre 1922 à
Safi, au Maroc. Il est le père des
comédiens Jean Galabru et Emmanuelle
Galabru et le fils de l'ingénieur des ponts
et chaussées Paul Galabru (1892-1988).
202
Acteur incontournable du cinéma populaire
français, Michel Galabru a tourné dans
plus de 250 films et téléfilms, dont
certains se démarquent par leurs succès.
Il fut l'inoubliable adjudant Gerber face
au maréchal des logis chef Ludovic
Cruchot (Louis de Funès) dans la série des
Gendarmes, le docteur du Viager de Pierre
Tchernia, le père conservateur de La Cage
aux folles, le commissaire des Sous-doués,
le papy de Papy fait de la résistance, le
collabo d'Uranus, le chef du village dans
Astérix et Obélix contre César, le
203
ministre de l'Éducation nationale dans Le
Petit Nicolas ou encore le grand-oncle de
Bienvenue chez les Ch'tis.
Il mène depuis les années 1950 une grande
carrière théâtrale, où il interprète des
pièces du répertoire classique (Le
Bourgeois gentilhomme, Les Précieuses
ridicules...) et contemporaine
(L'Hurluberlu, Les Chaussettes opus
124...). Il a d'ailleurs été récompensé par
un Molière du meilleur comédien en 2008.
Souvent associé à la comédie populaire,
204
voire « franchouillarde », Michel Galabru a
tourné, de son propre aveu, un incroyable
nombre de films alimentaires. Toutefois, il
a su briller dans le registre dramatique,
notamment dans Le Juge et l'Assassin,
rôle pour lequel il a reçu le César du
meilleur acteur.
Au milieu des années 80 il crée "les
estivales de Malaucène", dans cette belle
région du Vaucluse. Ce festival qui réunira
plus de 50 000 spectateurs durera 8 ans.
Il verra de nombreuses personnalités et
amis de Michel dont Rosy Varte, Micheline
205
Dax ou encore Yolande Folliot.
Tout en exerçant son métier sur les
planches et sur l'écran, Michel Galabru
transmet son savoir depuis le début des
années 80 grâce à son cours, qui après
avoir pris place au Théâtre Montmartre
Galabru, puis au Théâtre des Variétés, se
déroule aujourd'hui dans le prestigieux
Théâtre du Gymnase.
206
Annie Girardot est née à Paris de père
inconnu (un homme marié qui ne la
reconnaîtra pas et qui mourra alors qu'elle
est âgée de 2 ans) et d'une mère sage-
femme (Raymonde Noële Félicie Girardot).
Elle suit des études d'infirmière à Caen
pour être sage-femme comme sa mère.
Mais, rapidement, elle se consacre à sa
passion, la comédie. Élève au conservatoire
de la rue Blanche (aujourd'hui École
nationale supérieure des arts et
techniques du théâtre) dès 1949, Annie
Girardot fait, parallèlement, des
207
apparitions, le soir, dans des cabarets (La
Rose Rouge, à Montmartre, sous le
pseudonyme d'Annie Girard, ou au Lapin
agile), et participe à des revues telles
Dugudu avec la troupe de Robert Dhéry,
dans laquelle elle côtoie d'autres futurs «
grands » : Michel Serrault, Jean Poiret,
Jacqueline Maillan...
En juillet 1954, elle sort du Conservatoire
national supérieur d'art dramatique avec
deux prix, et elle est engagée peu après à
la Comédie-Française. Son interprétation
de La Machine à écrire, en 1956, aux côtés
208
de Robert Hirsch, est particulièrement
remarquée par Jean Cocteau, qui voit en
elle « le plus beau tempérament
dramatique de l'après-guerre ».
Denise Grey débute au cinéma en 1915
dans le film muet En famille, adaptation du
roman d'Hector Malot, avant de se
209
consacrer au théâtre. Elle revient au
cinéma, parlant cette fois, dans les années
1930. Elle connaît le succès dans les
années 1940 avec des films comme
Monsieur Hector (1940), Boléro (1942) ou
encore Le Diable au corps (1946). L'âge ne
met pas fin à sa carrière. Ainsi, en 1972,
elle apparaît dans la série télévisée Les
Rois maudits. Le film La Boum, où elle joue
« Poupette », l'arrière grand-mère de
Sophie Marceau, qui la fait connaître aux
générations des années 1980.
210
Elle a fait partie de la Comédie-Française
de 1944 à 1946 et de 1957 à 1958.
Elle a eu une fille : Suzanne Grey,
également actrice, née le 28 juin 1917 et
décédée le 13 décembre 2005.
En 1986, elle interprète la chanson
Devenir vieux. Elle meurt en 1996,
quelques mois avant de passer le cap des
cent ans. Elle repose auprès de son mari
dans le cimetière d'Arradon (Morbihan).
211
Robert Hirsch est un acteur français né le
26 juillet 1925 à L'Isle-Adam, dans le Val-
d'Oise (France).
Venu de la danse classique, il opte pour le
Conservatoire national supérieur d'art
dramatique d'où il sort en 1948 avec deux
premiers prix de comédie. Sa carrière est
212
d'emblée vertigineuse.
Son rôle d'Arlequin dans La Double
Inconstance de Marivaux (aux côtés de
Micheline Boudet dans une mise en scène
de Jacques Charon) le révèle au grand
public. Elsa Triolet lui rend un bel
hommage : « Robert Hirsch [...] est
étonnant de gaîté, d’humanité, de
gentillesse. Les répliques de Marivaux
semblent naître directement dans sa
bouche, être de lui ».
Il créera la prochaine pièce de Florian
Zeller en janvier 2012 à Hébertot.
213
Enfant de Charles Huster, directeur
commercial chez Lancia et de Suzette
Leduc (née Suzette Cwajbaum et issue
d'une famille juive polonaise comme il le
raconte dans Le livre de notre mère),
tenant un atelier de couture, il a un frère
aîné Jean-Pierre, écrivain et une sœur
214
cadette Muriel. C'est sa grand-mère,
emmenant ses petits-enfants en cachette
voir les films dans les salles obscures le
mercredi, qui lui donne le goût du
spectacle1. Élève brillant au Lycée Carnot,
il a pour camarades de classe Yves Le
Moign' et Jacques Spiesser, futurs amis
et compagnons de route. Il s'inscrit à
quinze ans au Conservatoire municipal du
XVIIe arrondissement puis au Cours
Florent et enfin au Conservatoire national
supérieur d'art dramatique dont il obtient
3 premiers prix, ce qui lui permet en 1971
215
de devenir sociétaire à la Comédie-
Française qu'il quittera en 1981.
Parallèlement à ses rôles classiques dans la
« maison de Molière », il tourne de
nombreux films et crée la Compagnie
Francis Huster, avec laquelle il monte
plusieurs spectacles pour un public large
et populaire. Cette aventure est un vivier
de jeunes talents tels que Clotilde Courau,
Valérie Crunchant, Cristiana Reali (dont il
est le compagnon de 1991 à 2008 et avec
laquelle il a deux filles, Elisa née en 1998
et Toscane née en 2003), Estelle Skornik,
216
Valentine Varela, Olivier Martinez...
La Compagnie Francis Huster a joué Le Cid
de Pierre Corneille en 1993 et 1994 à
travers toute la France, en Belgique et à
Monaco.
Francis Huster réalise en 2008 la reprise
d'Umberto D., film de Vittorio de Sica. Ce
film, intitulé Un homme et son chien,
marque le retour de Jean-Paul Belmondo
au cinéma et réunit une pléiade d'acteurs
français, parmi lesquels Hafsia Herzi,
Jean Dujardin, Robert Hossein, Pierre
Mondy, Caroline Silhol, Barbara Schulz,
217
Emmanuelle Riva, Micheline Presle, Nicole
Calfan ou encore Daniel Prévost. Ce film
sera un échec.
Nommé chevalier le 26 septembre 1991,
Francis Huster se vit remettre les
insignes d'Officier de la Légion d'honneur
par le Président de la République, Jacques
Chirac le 3 novembre 2006. Il est nommé
commandeur dans l'Ordre des Arts et des
Lettres en janvier 2010. Il est nommé
commandeur de l'ordre national du Mérite
le 14 mai 20104.
Le 7 juin 2010, il est nommé par le
218
ministre de la culture Frédéric Mitterrand
à la tête du centre dramatique national
Les Tréteaux de France. En février 2011,
il renonce à cette nomination pour créer sa
propre troupe subventionnée par le
Ministère de la Culture.
219
Fernand Ledoux, était le fils d'un
grossiste en vins et d'une fille de
dentellière. Il fait ses études au collège
de Tirlemont, puis au séminaire de Saint-
Trond.
Après la Première Guerre mondiale, en
1919, il arrive à Paris et commence à
suivre les cours de Raphaël Duflos au
Conservatoire national d'art dramatique.
Il y obtient un deuxième prix de comédie.
Il débute ensuite dans de petits rôles, en
particulier à la Comédie-Française. Bien
que ce soit le cinéma qui l'ait rendu
220
populaire, avec près de 80 films tournés, il
est avant tout homme de théâtre.
Jacques Feyder, qui l'a remarqué au
Conservatoire, lui offre son premier rôle
au cinéma dans La Faute d'orthographe en
1919. Il l'engage à nouveau dans
L'Atlantide en 1921.
Ledoux prend à 23 ans la nationalité
française. De 1931 à 1942, il est sociétaire
de la Comédie-Française.
On le remarque particulièrement dans La
Bête humaine de Jean Renoir en 1938, et
en 1941 Maurice Tourneur lui donne un
221
très beau rôle de personnage ombrageux
dans Volpone.
En 1938, Pierre Dux, Fernand Ledoux et
Alfred Adam ouvrent un cours de théâtre
dans un studio au dernier étage du
Théâtre Pigalle.
En 1942, il cesse ses activités à la
Comédie-Française pour éviter de jouer
devant l'occupant, et se consacre
exclusivement au cinéma. Cette même
année, il est remarquable dans Goupi Mains
Rouges de Jacques Becker et dans Les
Visiteurs du soir de Marcel Carné.
222
En 1956, il joue un rôle de Français moyen
bougon, dans le film Papa, maman, ma
femme et moi, avec Robert Lamoureux. De
1958 à 1967, il donne des cours de
dramaturgie au Conservatoire national
d'art dramatique. Il a notamment comme
élèves Suzanne Flon, Claude Brosset, Guy
Tréjan, Élisabeth Alain, Jacques Lassalle
et Michel Duchaussoy.
Il joue également dans quelques
productions américaines, comme Le Jour
le plus long en 1961, et Le Jour d'après de
Robert Parrish en 1964. Il tourne avec de
223
grands réalisateurs comme, Orson Welles,
Jacques Demy, Claude Chabrol, et se
retire des écrans après Mille milliards de
dollars d'Henri Verneuil, en 1981. On le
voit aussi dans de nombreux téléfilms.
Fernand Ledoux était marié à Fernande
Thabuy, morte en 1997, avec laquelle il eut
quatre enfants.
Grand amateur de la côte normande, qu'il
aimait peindre, il vécut à Pennedepie, puis
à Villerville où il est mort à 96 ans. Il
repose dans cette ville.
224
Il apprend son métier au cours Simon à
Paris à la même époque que Jacqueline
Maillan, et obtient un premier prix du
Conservatoire national supérieur d'art
dramatique en avril et producteur en 1949
de la même année. Pendant sa jeunesse, il
pratique également le rugby dont il
gardera une grande passion.
225
Jean Vilar le recrute au Théâtre national
populaire. Il donne la réplique à Gérard
Philipe au Théâtre des Champs-Élysées en
1952 (Le Prince de Hombourg d'Heinrich
von Kleist).
Jean Le Poulain est en premier lieu un
acteur de théâtre et réalisateur, mais il
fait également de nombreuses apparitions
au cinéma et à la télévision. Il donne même
sa voix dans le Petit Poucet de Bertrand
Blier en 1975.
Entré à la Comédie-Française en 1978, il
en devient sociétaire à partir de 1979,
226
puis administrateur général de 1984
jusqu'à sa mort.
Il a marqué de son empreinte l'émission
télévisée Au théâtre ce soir. Personne
n'aura oublié des pièces célèbres comme
Le Noir te va si bien, De doux dingues, Le
Minotaure, où il fut soit acteur, soit
metteur en scène ou les deux à la fois.
227
Georges le Roy est entré à la Comédie-
Française en 1908, où il fut l'interprète
de Polyeucte et d'Alceste, nommé
sociétaire en 1919 jusqu'en 1941, il y
donna sa soirée d'adieu le 17 février 1950.
C'est à son initiative que fut célébré, le 17
février 1922 en l'église Saint Roch un
service solennel pour le repos de l'âme de
Molière. On lui doit également cette même
année la création de l'Union Catholique du
Théâtre et de la Musique.
Il conçut le projet d'édifier en France un
vaste théâtre selon l'esprit avec le
228
concours de Gaston Baty, d'Henri Ghéon
et Jacques Copeau. L'un des mots d'ordre
de la Fédération pour la défense
artistique et morale du théâtre en France,
fondée par Georges Le Roy en 1925 était "
Un théâtre où jamais l'honnête homme ne
serait gêné d'être assis."
Par son enseignement au Conservatoire, il
a laissé une place unique dans l'esprit de
ceux qui furent ses élèves : Edwige
Feuillère, Gisèle Casadesus, Jean Meyer,
Jean Desailly, Micheline Boudet, Denise
Gence, Gérard Philipe, André Falcon,
229
Bruno Cremer, Jean-Paul Belmondo, Jean-
Pierre Marielle, Claude Rich, Michel Le
Royer, Georges Descrières, Yves Gasc.
Il a épousé Jeanne Delvair (1877-1949),
qui fut également Sociétaire de la
Comédie-Française.
Georges Le Roy reprend comme Edmond
Got, Ernest Legouvé et Henri Dupont-
Vernon ce que Louis Racine, Fénelon,
Voltaire et Marmontel ont écrit sur la
structure syntaxique et la primauté du
sens dans le phrasé du vers, option reprise
par Michel Bernardy dans son
230
enseignement au Conservatoire National
Supérieur d'Art Dramatique de 1972 à
1994.
Pour clore cette présentation, ces
quelques phrases de lui extraites de la
préface de sa mise en scène d'Athalie.
La qualité de la parole humaine se mesure
à sa justesse. Si l'on y regarde de près,
cette justesse n'est au fond
qu'exactitude.
Dès que l'homme est en question, c'est la
vie seule qui est la vérité.
C'est l'étude de la parole française qui
231
nous semble à l'ordre du jour, avec sa
clarté, sa précision, la simplicité de ses
lignes et sa musique.
Qu'entendons-nous ici par verbe? Peut-
être l'incarnation sonore des âmes.
Monté sur les planches en 1934 à l'âge de
19 ans pour un rôle dans Fragonard, une
232
comédie musicale de Gabriel Pierné et
André Rivoire, Robert Manuel entre en
1936 à la Comédie-Française dont il
deviendra sociétaire de 1948 à 1962.
Ses débuts au cinéma datent de 1935 pour
un petit rôle dans un film de Jean de
Limur, La Petite Sauvage. Il tournera avec
de célèbres réalisateurs tels que Sacha
Guitry, Julien Duvivier, Jean Meyer, Gilles
Grangier ou Christian-Jaque mais la
plupart du temps pour des rôles
secondaires. Jules Dassin (Du Rififi chez
les hommes) Chereau (Judith Therpauve),
233
Resnais (La vie est un roman) feront appel
à ses services.
Il entre en 1936 à la Comédie-Française
dont il deviendra Sociétaire Honoraire
interprétant notamment le théâtre de
Molière. Pendant la seconde guerre
mondiale, Robert Manuel fut interné à
Drancy comme Juif et participa en
septembre 1943 à la réalisation d'un
tunnel destiné à permettre l'évasion de la
totalité des internés du camp, entre
l'appel du soir et l'appel du matin.
Sa principale activité d'acteur était sur
234
les scènes de théâtre où il interprétait
surtout des comédies de Molière, de
Courteline, de Feydeau ou de Marivaux. Il
a à son actif plus de 400 mises en scènes,
autant de rôles. Il était une figure de la
vie théâtrale, artistique française majeure
dotée d'une énorme popularité.
Il participa en simple téléspectateur au
jeu de Pierre Sabbagh L'Homme du XXe
siècle. Les questions étant essentiellement
culturelles, il parvint en finale et gagna au
terme d'une compétition ardue sous la
regard d'un petit buste de Molière qu'il
235
avait apporté (son adversaire utilisa
comme talisman son briquet). Il a été, de
1966 à 1985, l'un des piliers de l'émission
de télévision de l'émission de Sabbagh, Au
théâtre ce soir, où il intervint dans plus de
cinquante pièces en exerçant avant tout la
fonction de metteur en scène.
Il reprit avec succès et de manière quasi
inopinée (à la suite de la mort brutale de
Dario Moreno) le rôle de Sancho Pancha à
côté de Jacques Brel dans la mythique
comédie musicale L'Homme de la
Mancha.Il apprend, et répète le rôle et le
236
chant en 3 jours, performance
remarquable, qui en dit long sur le talent
de cet Artiste hors du commun.
D'un premier mariage avec Léone Mail, de
l'Opéra de paris, il eut deux filles toutes
deux sociétaires de la Comédie française :
Catherine Salviat et Christine Murillo. Il
fut en secondes noces l'époux de l'actrice
Claudine Coster, également plus attirée
par le théâtre que le cinéma. Il eut deux
autres enfants : Marie Silvia Manuel,
comédienne, auteur et metteur en scène,
qui donne des cours de théâtre à Trappes
237
ainsi que des cours en association à Plaisir
et Jean-Baptiste Manuel, professeur de
français et auteur dramatique.
Il a été Maire de Roquebrune-sur-Argens
dans le Var d'avril 1971 à mars 1974.
Il est inhumé à Nanterre.
238
Mary Marquet est issue d'une famille
d'artistes : ses parents sont comédiens,
une de ses tantes est danseuse étoile à
l'Opéra de Paris, une autre officie à la
Comédie-Française.
Elle entre en 1913 au Conservatoire
national supérieur d'art dramatique et suit
les cours de Paul Mounet. Elle échoue aux
examens de sortie, mais est aussitôt
engagée dans la troupe de Sarah
Bernhardt, cette dernière étant une
grande amie de la famille. Elle jouera à ses
côtés dans La cathédrale d'Eugène
239
Morand.
Elle connaît ensuite la consécration avec
son rôle dans L'Aiglon d'Edmond Rostand,
dont elle fut la maîtresse de 1915 à sa
mort (1918).
Elle débute au cinéma en 1914 dans un film
muet resté inachevé, Les Frères ennemis.
Son premier grand rôle au cinéma est dans
une réalisation de Léonce Perret en 1932 :
Sapho.
Après la Première Guerre mondiale, elle
entre en 1923 à la Comédie-Française, où
elle restera plus de vingt ans, avant de
240
passer au théâtre de boulevard.
Pendant la Seconde guerre mondiale,
durant l'occupation, elle demande la
protection auprès d’officiers Allemands
afin de protéger son fils qui l'a informé de
son intention d'entrer en résistance. La
réponse fut l'arrestation et la déportation
de ce dernier qui meurt au camp de
Buchenwald, à 21 ans. C'est cette attitude
qui, probablement, lui causa quelques
problèmes au moment de la Libération.
Ainsi, à cause de ces prétendues relations
avec l'ennemi, Mary est arrêtée et
241
envoyée à Drancy puis à Fresnes. Elle est
relâchée faute de preuves.
Dans les années 1950, elle se tourne vers
le récital poétique. Elle y remporte un
franc succès, puis commence une carrière
dans les cabarets branchés de Paris. Elle
tourne également pour l'ORTF, quelques
Maigret, dans Les Cinq Dernières Minutes,
Les Saintes chéries ou encore dans
l'adaptation télévisée du roman de
Stendhal, Lucien Leuwen.
Parmi ses films les plus réussis, nous
retiendrons ses rôles dans, Landru en
242
1962, de Claude Chabrol, La Grande
Vadrouille en 1966 de Gérard Oury,
Casanova en 1975 de Federico Fellini. Elle
tourna au total une quarantaine de films.
Cette comédienne, qui mesurait 1m81, au
fort tempérament, s'éteint d'une crise
cardiaque, dans son appartement de la rue
Carpeaux, à 84 ans. Elle est inhumée au
cimetière de Montmartre, où une amie
fidèle l'accompagne jusqu'à cette
dernière demeure : la princesse Grace de
Monaco.
243
Jean Martinelli, né le 15 août 1910 à Paris,
où il décède le 13 mars 1983, est un acteur
français.
Fils de la célèbre chanteuse d'opéra
Germaine Martinelli, il interpréta
notamment, au cours de sa longue
carrière, la voix de Nounours dans la série
télévisée pour les enfants Bonne nuit les
244
petits. Lorsqu'il sortait du théâtre, après
avoir joué un rôle épuisant (par exemple
Cyrano en 1969), il n'appréciait pas quand
on lui rappelait cet emploi secondaire au
regard de sa brillante carrière.
Il est inhumé au cimetière du Père-
Lachaise à Paris (16ème Division).
245
Jean Meyer est engagé le 15 juillet 1937,
il restera 22 ans à la Comédie-Française
dont il démissionnera le 31 décembre
1959.
Il est pensionnaire en juillet 1937
Sociétaire le 1er janvier 1942
Sociétaire honoraire en 1960
Doyen des sociétaires honoraires le 1er
janvier 2003
Sa carrière à la Comédie-Française débute
dans cette période trouble de l'avant-
guerre.
Ses débuts officiels de pensionnaire ont
246
lieu en octobre 1938; il y joue à cette
occasion son premier grand rôle: celui
d'Harpagon dans l'Avare de Molière. Dix
huit mois après son entrée à la Comédie
française, Marie Bell, le voyant très
intéressé par la mise en scène, lui obtient
de monter sa première pièce, Le Médecin
malgré lui de Molière avec Fernand Ledoux
dans Géronte et Pierre Dux dans
Sganarelle. Dès lors à partir de cette
période il commence à se partager entre
jouer et mettre en scène, voire les deux
ensemble. Il sera amené au cours de sa
247
carrière à rencontrer et à travailler avec
les plus grands auteurs français (André
Gide, Jean Cocteau, François Mauriac,
Jules Romains, etc.), ainsi qu'avec les plus
grands comédiens ou comédiennes du XXe
siècle. Il est difficile de citer toutes les
pièces que Jean Meyer a jouées ou a
montées pendant les vingt deux ans où il
sera à la Comédie-Française tant le
nombre en est grand. Il jouera plus de
deux cents rôles, dont plus de cinquante
dans l'œuvre de Molière, qui est son
auteur de prédilection ; où il a
248
pratiquement tout joué et tout mis en
scène. Il montera plus de deux cents
pièces tant à la Comédie-Française, que
dans d'autres théâtres de province.
S'ajouteront les mises en scène et les
rôles joués à l'étranger, et plus tard dans
d'autres théâtres dont il aura la direction.
En 1940 après la défaite et l'armistice, il
est sollicité afin d'organiser une
représentation pour les prisonniers
français. Il y réussit non sans difficulté,
car la guerre a éparpillé les comédiens
dans toute la France. Après l'armistice en
249
1940 les théâtres rouvrent, et malgré
l'occupation la vie reprend. Peu de temps
après il joue avec Fernand Ledoux et
André Brunot dans Vingt neuf degrés à
l'ombre, d’Eugène Labiche. La même année
Jacques Copeau reprend un de ses succès :
Le Paquebot Tenacity de Charles Vildrac,
J. Meyer y tient le rôle d'un marin
britannique.
À cette période troublée, la Comédie-
Française connaîtra une certaine
instabilité due aux changements répétés
de ses administrateurs. De 1940 à 1947 il
250
lui en faudra sept avant de retrouver son
équilibre alors que dix avaient suffi pour la
gérer pendant un siècle.
Par la suite les rôles ainsi que les mises en
scène vont s'enchaîner. En 1941 il
montera, entre autres, La Poudre aux yeux
d'Eugène Labiche ; en 1942 il mettra en
scène au théâtre Montparnasse La
Célestine de Fernando de Rojas, avec
Marcelle Géniat ; en 1943 il assurera la
mise en scène du Bourgeois gentilhomme
de Molière pour l'entrée de Raimu à la
Comédie-Française. Le succès sera
251
immense et la pièce est jouée plusieurs
mois ; puis toujours en 1943 Le Chevalier à
la mode de Dancourt ; en 1944 Le Malade
imaginaire de Molière; la même année
Barberine d'Alfred de Musset, etc.
C'est en cette année 1944, qu'il est
nommé directeur artistique du Centre
d'art dramatique situé 21 rue Blanche à
Paris. Le Centre a été transféré à Lyon en
1997.
En 1945 la guerre tire à sa fin et la
Comédie-Française va jouer en Allemagne
des classiques du répertoire, notamment
252
Les Fourberies de Scapin à Constance et à
Stuttgart, devant la 1re Armée française.
La même année il monte, entre autres,
L'Avare et L'École des maris de Molière.
Dans l’année 1946, il mettra en scène et
jouera le rôle de Figaro dans Le Mariage
de Figaro de Beaumarchais; il montera Le
Voyage de monsieur Perrichon de Labiche
et Édouard Martin, Le Tourbillon de
Bernard Zimmer etc. En 1947 il montera
entre autres, la pièce de Théodore
Barrière et Lambert Thiboust Les
253
Jocrisses de L’Amour.
En 1948, il montera, entre autres, la pièce
de François Mauriac Le Passage du Malin
avec Marie Bell; il assurera la mise en
scène de la pièce de Prosper Mérimée Les
Espagnols en Danemark, ainsi que Le
Malade imaginaire et Monsieur de
Pourceaugnac de Molière ; en 1949, celle
de Jeanne la Folle de François Aman-Jean,
etc.
À la demande d’André Gide, il mettra en
scène en 1950 Les Caves du Vatican. Il s’y
distribuera dans le rôle de Protos, Jeanne
254
Moreau y jouera "la petite prostituée", en
remplacement de Marie Bell (la pièce sera
jouée 80 fois) ; en 1951 il jouera le rôle de
Vatelin dans Le Dindon de Feydeau
(immense succès) ; la même année il monte
Donogoo de Jules Romains ; puis en 1952
Six personnages en quête d'auteur de
Luigi Pirandello; en 1953 il montera une
pièce de Jules Romains Monsieur le
Trouhadec saisi par la débauche ; il fera
débuter Françoise Fabian en 1954 dans La
pièce de Raymond Castans Le Pirate ; la
même année, au théâtre Antoine, il mettra
255
en scène La Main passe de Georges
Feydeau.
En 1955 il est nommé professeur au
Conservatoire, (Annie Girardot sera l’une
de ses élèves).
En cette même année de 1955, au théâtre
Antoine, il monte Nekrassov de Jean-Paul
Sartre; (la pièce la plus pénible que j’ai eu
à réaliser dira-t-il !) ; toujours la même
année, à la Comédie-Française, il met en
scène, entre autres, Les Femmes savantes
et L'Amour médecin de Molière et se
256
distribue dans cette dernière pièce, puis
toujours la même année, il monte Le
Barbier de Séville de Beaumarchais où il
joue le rôle de Bazile ; en 1956, de
nouveau au théâtre Antoine, il monte
L’Ombre de Julien Green; la même année, à
la Comédie-Française, il met en scène
Coriolan de Shakespeare pour les débuts
de Paul Meurisse, ainsi que La Machine à
écrire de Jean Cocteau avec Robert
Hirsch et Annie Girardot ; il y joue le rôle
de Fred, le policier. Il doit faire face aux
suites de la mise à la retraite qu'il a
257
orchestrée de la "vieille garde" des
Comédiens-Français, Jean Yonnel, Beatrice
Bretty, Vera Korene, Germaine Rouer et
aux remous qu'elle provoque. On l'attaque
alors fréquemment pour lui reprocher son
excès d'emprise sur la troupe de la
Comédie-Française, dont il dirige la
plupart des activités salle Richelieu et
salle Luxembourg.
En 1957 à la Comédie-Française il met en
scène et joue dans Domino de Marcel
Achard; en 1958 Les trente millions de
Gladiator de Labiche et Philippe Gille, ainsi
258
que L'École des maris de Molière; du
même auteur il montera à la fin de 1959,
sa dernière pièce à la Comédie-Française:
L'École des femmes, où il joue Arnolphe,
avec Danielle Ajoret dans le rôle d’Agnès.
C’est à cette période qu’il réalisera deux
films, tirés du répertoire classique, pour
le cinéma: en 1958, Le Bourgeois
gentilhomme de Molière où il se
distribuera, avec Louis Seigner, Jacques
Charon, Robert Manuel, Micheline Boudet,
et en 1959 Le Mariage de Figaro de
Beaumarchais.
259
À la fin de l’année 1959, il démissionne et
demande sa mise à la retraite, quittant la
Comédie-Française, notamment pour
protester contre la décision d'André
Malraux de retirer la salle Luxembourg
(Odéon) à la Comédie-Française pour
l'attribuer à Jean-Louis Barrault. Il est
nommé sociétaire honoraire et ne
reviendra jamais travailler dans la Maison
de Molière.
260
Marguerite Moreno sociétaire de la
Comédie-Française de 1890 à 1903 est
alors « la muse des symbolistes », et la
confidente de Stéphane Mallarmé que,
pourtant, elle ne parviendra pas à
convaincre de monter Hérodiade. C'est
elle qui organisera les funérailles du poète
en l'église et au cimetière de Samoreau
261
près la Seine où il avait une « campagne ».
Paul Valéry considérait qu'elle était la
seule à savoir dire des vers et l'invitait à
en réciter lors de ses cours au Collège de
France.
Après la Comédie-Française, elle rejoint le
Théâtre de Sarah Bernhardt, puis le
Théâtre Antoine. Pendant sept ans, elle
dirige à Buenos Aires la section française
du Conservatoire.
Quand éclate la Grande guerre, elle
s'active à l'hôpital militaire de Nice, mais
dès 1915 découvre le cinéma. Puis elle
262
s'installe, pendant l'entre-deux-guerres
dans sa propriété du Lot qu'elle quitte
régulièrement pour la scène et le septième
art.
Sa carrière se partagera dès lors entre
théâtre et cinéma, jusqu'à l'apothéose de
La Folle de Chaillot, créé pour elle par
Jean Giraudoux en 1945.
Le 12 septembre 1900, elle épouse Marcel
Schwob en Angleterre. Elle était
auparavant la maîtresse de Catulle
Mendès. Sa maison La Source bleue à
Touzac (Lot) est un magnifique domaine,
263
aujourd'hui transformé en auberge par
ses descendants.
Lauréat du Conservatoire national
supérieur d'art dramatique de Paris en
1949, Bernard Noël est engagé à la
Comédie-Française, où il ne reste que trois
ans.
Au cinéma, il tourne peu de films : Feu
264
Follet de Louis Malle, La Ronde de Roger
Vadim, Une femme mariée de Jean-Luc
Godard. Mais il est connu et apprécié du
grand public pour ses grands rôles à la
télévision, à l'époque de l'ORTF, en
particulier celui de Vidocq, feuilleton en 13
épisodes de 26 minutes réalisé par Marcel
Bluwal et Claude Loursais en 1967. Après
la mort de Bernard Noël, le rôle sera
repris par Claude Brasseur, pour une autre
série intitulée Les Nouvelles Aventures de
Vidocq.
Grand, brun et séduisant, il laisse le
265
souvenir d'un acteur d'une qualité que les
gens du métier et le public s'accordaient à
lui reconnaître. Atteint d'un cancer des
voies biliaires, cet homme plein de vie
disparaît à l'âge de 45 ans (et non 44 ans
comme fréquemment annoncé par les
médias) le 2 septembre 1970. Il est
inhumé au cimetière de Chavanges dans
l'Aube.
Une biographie, ayant pour titre: "Bernard
Noël, prince et brigand de comédie",
écrite par Patrice Ducher a été publiée en
2006 aux Editions Pascal.
266
Hélène Perdrière, née le 17 avril 1910 à
Asnières-sur-Seine et morte le 27 août
1992 à Boulogne-Billancourt, est une
actrice française, sociétaire de la
Comédie-Française. Après avoir obtenu un
premier prix de comédie au Conservatoire
267
national d'art dramatique (1928), elle fut
d'abord pensionnaire de la Comédie-
Française de 1928 à 1931. Elle en
démissionna pour devenir la partenaire de
Pierre Fresnay dans les théâtres de
boulevard de l'époque, créant plusieurs
pièces d'Edouard Bourdet, Henry
Bernstein et Sacha Guitry, avant de
rentrer pensionnaire de la Comédie
Française en avril 1952, étant rapidement
nommée sociétaire (1er janvier 1954) et y
demeurant jusqu'à sa mise à la retraite en
décembre 1975. Elle ne joua ensuite
268
qu'avec la Compagnie Renaud-Barrault
l'année suivante, puis se retira. A la
Comédie-Française, elle a réalisé la mise
en scène de plusieurs pièces de Marivaux,
dont elle fut une interprète d'élection.
Ses parents, tous deux techniciens du
cinéma ont notamment fait partie de
l'équipe technique de tournage des films
269
de Sacha Guitry.
Francis Perrin est engagé à la Comédie-
Française en 1972. Il joue notamment dans
Les Fourberies de Scapin de Molière.
Il ne faut pas confondre Francis Perrin
avec le personnage récurrent de Francis
Veber, François Perrin / François Pignon.
Francis Perrin a co-écrit et joué dans Le
Débutant (1986) le rôle de « François
Veber » et dans Ça n'arrive qu'à moi le
rôle de « François Pépin ».
Il a également été directeur du théâtre
Montansier à Versailles de 1992 à 2000.
270
En 2001 Francis Perrin rejoint Jean-
Claude Brialy comme co-directeur
artistique du Festival d'Anjou, puis en est
le directeur en 2002 et 2003.
En avril 2007, il est promu officier de la
Légion d'honneur.
271
Jean Pïat jusqu'à 18 ans pratique le
football à Saint-Ferdinand des Ternes, un
Patro situé rue Roger Bacon dans le 17e
arrondissement de Paris. Ses débuts sur
les planches, il les réalise également à
Saint-Ferdinand en participant à des
soirées récréatives. Il entre à la Comédie-
Française le 1er septembre 1947 et en
devient sociétaire le 1er janvier 1953.
Il la quitte le 31 décembre 1972 et en
devient sociétaire honoraire le 1er janvier
1973.
Il est officier dans l'ordre de la Légion
272
d'honneur, officier dans l'ordre des Arts
et des Lettres, grand officier dans
l'ordre du Mérite. En 2002, il préside la
18e cérémonie des molières.
Il a été marié à la comédienne Françoise
Engel (décédée en 2005), professeur
d'art dramatique au cours Simon.
Il est le compagnon de l'écrivain auteur de
pièces de théâtre, Françoise Dorin.
273
Issue d'un milieu bourgeois, Madeleine
Renaud entre à la prestigieuse Comédie-
Française à l'âge de 21 ans, par désir
d'avoir un métier et d'être indépendante.
Elle épouse le comédien Charles Granval
avec lequel elle a un fils, Jean-Pierre
Granval1. Sur les planches, elle joue le plus
souvent des rôles d'ingénue. Sa notoriété
s'accroît avec l'avènement du cinéma
parlant.
En 1936, elle rencontre celui qui deviendra
son second mari, l'acteur et metteur en
scène Jean-Louis Barrault. En 1943, ils
274
collaborent sur la création du Soulier de
satin de Paul Claudel, qu'il met en scène.
Après avoir interprété 127 rôles, elle
quitte la Comédie-Française pour fonder
avec son mari la Compagnie Renaud-
Barrault, qui loge au théâtre Marigny. La
comédienne crée la Winnie de Oh ! les
beaux jours de Samuel Beckett en 1963,
rôle qu'elle endossera jusqu'à la fin de sa
carrière. Elle joue Genet, Duras,
Billetdoux.
Entre temps, son mari accède au poste de
directeur du théâtre de l'Odéon-Théâtre
275
de France, qu'il doit quitter après les
événements de mai 1968.
A partir de 1968, la compagnie Renaud-
Barrault déménage et s'installe à l'Élysée
Montmartre, boulevard Rochechouart.
Madeleine Renaud s'éloigne un temps de la
Compagnie pour jouer aux côtés de Claude
Régy dans L'Amante anglaise de
Marguerite Duras. Puis elle est Maude
dans Harold et Maude, rôle qu'elle tiendra
longtemps, après l'installation de la
Compagnie au musée d'Orsay, puis au
théâtre du Rond-Point. Elle meurt en 1994
276
à Paris, sept mois après la mort de son
époux.
Elle était la tante, par alliance, de Marie-
Christine Barrault.
Jean-Paul Roussillon est un acteur
français, né le 5 mars 1931 à Paris et mort
le 31 juillet 2009 à Auxerre. Il a été élève
de l'école de la Rue Blanche, puis au
conservatoire (classe Denis d'Inès), où il
277
obtient le premier prix de comédie
classique en 1950, puis sociétaire de la
Comédie-Française en 1960 avant d'en
devenir sociétaire honoraire en 1982. Il
était l'époux de la comédienne, également
sociétaire honoraire, Catherine Ferran. Il
repose au cimetière du Père-Lachaise à
Paris. Il a reçu trois Molières : en 1991,
1996 et 2002.
278
Catherine-Céline-Paule Samie est une
actrice française née à Paris le 3 février
1933. Elle est sociétaire honoraire de la
Comédie-Française et a également tourné
pour le cinéma. Elle a effectué ses débuts
officiels le samedi 16 janvier 1960 dans le
rôle de Marthe Bourdier dans Le Roi de
Flers, Caillavet et Arène. En 1990, elle fut
administrateur par intérim de la Comédie-
Française pendant deux mois en tant que
doyenne d'ancienneté des sociétaires.
279
Hervé Sand est un acteur français né le 12
février 1937 à Paris et mort le 4 juillet
1976 à Paris. Il fut pensionnaire de la
Comédie-Française (1961-1962 et 1971-
1976). Il suit les cours de Maurice
Escande, entre au Conservatoire en 1958
280
et y demeure trois ans. Il obtient deux
premiers prix en 1961. L'un, classique,
avec Le divorce l'autre, moderne avec Les
affaires sont les affaires d'Octave
Mirbeau. Son premier surnom sera Sandry.
En 1961 il entre à la Comédie Française et
la quitte un an après. Il y retournera en
1971. Entre-temps il aura joué au théâtre,
à la télévision et au cinéma. En 1976, après
une carrière trop brève, il disparait à
l'âge de 39 ans des suites d'une longue
maladie.
281
Fille des comédiens Louis Seigner et Marie
Cazeaux, Françoise Seigner appartient à
une famille d'artistes, également sœur
d'un photographe et tante d'Emmanuelle,
Mathilde et Marie-Amélie Seigner.
À vingt ans, malgré les réticences de son
père et avec le soutien de sa mère, elle
282
embrasse une carrière de comédienne.
Après avoir suivi le cours Denis d'Inès,
elle est élève au Conservatoire national
supérieur d'art dramatique, dans la classe
de Yonnel. Au concours de 1953, elle
obtient le 2e Prix de comédie classique
dans le rôle de Camille (On ne badine pas
avec l'amour, Musset) et le 1er accessit de
comédie moderne dans le rôle de Catharina
(La Mégère apprivoisée, Shakespeare).
À sa sortie, le 1er septembre 1953, elle
entre comme pensionnaire à la Comédie-
Française, dont son père est un pilier, et
283
où elle va faire l'essentiel de sa carrière.
En février 1956, elle quitte cependant la «
Maison Molière » pour jouer sous la
direction de Jacques Fabbri, Roger
Planchon et Georges Wilson, Jean-Laurent
Cochet, et aux côtés de Michel Simon,
dans Du vent dans les branches de
sassafras de René de Obaldia.
Elle réintègre la Comédie-Française
comme pensionnaire le 6 février 1967,
pour créer sous la direction de Michel
Duchaussoy La Commère de Marivaux.
Comédienne classique, devenue la 446e
284
sociétaire le 10 février 1968, elle joue
tout le répertoire du Français, soubrette
de Molière et Marivaux, l'Agrippine de
Britannicus par Jean-Luc Boutté, Costanza
dans La Trilogie de la villégiature de
Goldoni, Madame Lidoine dans Dialogues
des Carmélites de Georges Bernanos,
Hécube dans La guerre de Troie n'aura
pas lieu de Giraudoux mis en scène par
Raymond Gérôme, Madame Gervaise dans
Le Mystère de la charité de Jeanne d'Arc
de Charles Péguy par Jean-Paul Lucet…
Dirigée par Jacques Lassalle, elle
285
interprète Le Silence de Nathalie
Sarraute,Un mari d'Italo Svevo, et les
Papiers d'Aspern d'après Henry James.
Voix de stentor et caractère fort, elle est
décrite comme une actrice énergique et
généreuse, héritière de certitudes
ancrées sur l’art dramatique qui la rendent
parfois difficile à diriger.
Elle met en scène Nicomède de Corneille
et Esther de Racine pour la Comédie-
Française, ainsi que les Femmes savantes,
puis, au Théâtre des Célestins de Lyon, le
Menteur et la Suite du Menteur de
286
Corneille (1986), les Filles de la voix de J.
J. Varoujean (1990) et Le Mystère de la
charité de Jeanne d'Arc de Charles Péguy
(1997).
Rare à l'écran, elle apparaît dans L’Enfant
sauvage de François Truffaut et Le Jeune
Marié de Bernard Stora, ainsi que dans la
saga télévisée Les Maîtres du pain
d'Hervé Baslé.
Elle prend sa retraite le 5 février 1998, et
devient le lendemain sociétaire honoraire
du Français. Continuant à apparaître
quelques fois sur la scène du Théâtre du
287
Vieux-Colombier, où elle bénéficie d'un
hommage organisé par Muriel Mayette lors
de la saison 2007-2008. Atteinte d'un
cancer du pancréas, elle meurt à l'âge de
80 ans.
Passionné dès l'enfance pour le cinéma
muet et le théâtre ambulant Grégoire,
Louis Seigner se forme à Lyon, débute
288
dans son premier rôle à 17 ans et s'installe
rapidement à Paris pour suivre les cours
du Conservatoire, puis les cours de Firmin
Gémier et entrer à l'Odéon. C'est au
conservatoire qu'il rencontre sa future
femme Marie Cazaux.
En 1930, il crée avec Jean Nohain et
Claude Dauphin la Compagnie théâtrale
Radiophonique, avec laquelle il interprète
des dramatiques sur les ondes. Il est
engagé en 1939 à la Comédie Française par
l'écrivain Edouard Bourdet qui en est alors
l'administrateur général.
289
Durant sa carrière, il figure dans plus de
150 films et crée plus de 200 rôles au
théâtre, interprétant notamment plus de
1500 fois Le Bourgeois gentilhomme.
Avant d'entamer sa carrière d'acteur,
c'est à Marseille que Jacques Sereys fait
ses classes. Il gagne sa vie comme employé
de banque au Crédit Lyonnais de la rue
Saint-Ferréol à Marseille. Chargé de
290
l'accueil des clients au palier de la
Direction, il y côtoie de nombreux
notables marseillais qui rendent visite à
son illustre directeur, Louis-Bernard
Dancausse, qui préside alors l'Olympique
de Marseille et la Ligue Française de
Football. L'accueil théâtral qu'il leur
réserve ainsi que les somptueuses tirades
qu'il décline en entrant dans les nombreux
services de la banque lui attirent la
sympathie de tout l'établissement. Il
laissera beaucoup de regret à ses
camarades lorsqu'il se rendra dans la
291
capitale pour mettre ses talents en valeur.
Il y rencontrera le succès ainsi que
l'actrice Philippine de Rothschild qui
deviendra sa femme. Ils auront trois
enfants : deux garçons (Philippe né en
1963 et Julien né en 1971) et une fille
(Camille née en 1961).
1951-1955 : Conservatoire National
Supérieur d’Art Dramatique
1955-1965, puis 1977 - 1997 : Sociétaire
de la Comédie Française
Depuis 1997 : Nommé Sociétaire
Honoraire
292
Très tôt attirée par le théâtre, Cécile
Sorel est admise en 1903 à la Comédie-
Française où elle interprète tous les rôles
classiques du répertoire français, dans un
style très reconnaissable et qui serait
considéré aujourd'hui comme outré, au ton
293
déclamatoire et à la diction sur-articulée
(c'était aussi le style, à la même époque,
de Sarah Bernhardt).
Elle est notamment associée au rôle de
Célimène de Molière.
Éternelle fiancée de Witney Warren,
Américain richissime, elle se marie
finalement et contre toute attente avec le
comte de Ségur, neveu de l'écrivain,
acteur médiocre appelé sur scène
Guillaume de Sax. Plus de quinze ans
séparent les époux et ce mariage donne
lieu aux moqueries les plus cruelles. On
294
appelle le couple « la faux-cil et le marteau
», « la belle et le bête », etc. Son mari,
employé au ministère des affaires
étrangères fut baptisé "le con d'Orsay".
Cécile et le comte de Ségur se séparent
sans jamais divorcer. Elle restera toute sa
vie comtesse de Ségur, devenant une amie
proche du radical Clemenceau, du
nationaliste Maurice Barrès, de l'historien
d'art Gustave Larroumet et de l'acteur
Maurice Escande.
En 1933, elle lance le fameux « L'ai-je
bien descendu ? » au pied de l'escalier
295
Dorian du casino de Paris. Cette seule
phrase lui vaudra la célébrité. En 1937,
elle tourne Les Perles de la couronne de
Sacha Guitry.
Le 19 avril 1944, elle échappe de peu au
bombardement du Théâtre-Français à
Rouen où elle venait de donner une
représentation du Roi Christine.
Après la Seconde Guerre mondiale, elle a
quelques inquiétudes à la Libération,
basées sur des calomnies.
Enfin, le 15 août 1950, elle est saisie d'une
conversion spectaculaire et prononce ses
296
vœux dans le Tiers-Ordre franciscain à la
chapelle des Carmes de Bayonne. Ses
dernières années sont consacrées à
l'écriture et à la foi.
Elle meurt en 1966, à quatre-vingt-douze
ans à Trouville-sur-Mer, au château de
Hennequeville, qui lui avait été loué par
Jean Dupuy, dit le baron Barclay. Elle est
inhumée au cimetière du Montparnasse à
Paris. À Biarritz, elle habitait soit à la villa
Mirasol, près de l'hôtel du Palais, soit dans
une suite qu'elle louait à l'année à l'hôtel
Continental.
297
L'actrice est représentée dans la fresque
en trompe-l'œil peinte par Charles
Hoffbauer au plafond de la coupole du
château d'Artigny à Montbazon, ancienne
propriété du parfumeur François Coty.
Elle habita un hôtel particulier situé au 21
de la rue Le Sueur à Paris qui fut racheté
par le docteur Petiot, qui y installa son «
cabinet médical » dans lequel il assassina
plusieurs dizaines de personnes.
298
Henri Tisot est le fils unique de parents
pâtissiers. Il fréquente l’école laïque bien
qu’élevé dans la religion catholique, entre
une grand-mère très croyante et un
grand-père communiste.
En 1957, il entre au Conservatoire national
supérieur d'art dramatique chez Béatrix
Dussane.
En 1958, il devient pensionnaire de la
Comédie-Française grâce à Jean Meyer,
qui lui offre le rôle d’un laquais du tailleur
de Monsieur Jourdain, dans son Bourgeois
Gentilhomme avec Louis Seigner.
299
Henri Tisot se fait connaître en 1960,
alors qu’il présente un spectacle au
Théâtre de Dix heures, grâce à ses
imitations de la voix du général de Gaulle.
Il prend garde de ne mentionner que Qui
vous savez sans jamais citer le général
nommément.
Son sketch L’Autocirculation parodie la
politique algérienne du chef de l’État. Le
45 tours tiré du spectacle se vend alors à
un million d’exemplaires, une diffusion
exceptionnelle pour un disque comique.
L’enregistrement de La Dépigeonnisation,
300
un autre sketch, qui ne se vend qu’à 300
000 exemplaires aurait suscité cette
réflexion de la part du Général de Gaulle :
« Tisot baisse, je vais encore me
retrouver tout seul ! ».
« La force de De Gaulle, c'est qu’il parle
toujours aux Français ! Je suis entré dans
la peau du Général, mais il a fini par avoir
la mienne. Il me tient, il est toujours là
dans les recoins de ma personne et,
lorsque l’on me voit, on pense à lui. De là,
mon amour de la France et sa défense à
tous crins. »
301
Resté un fervent soutien du Général, il
publie en 2010 De Gaulle et moi. Quelle
Aventure !, un livre préfacé par Maurice
Druon.
Henri Tisot poursuit une carrière de
comédien, interprétant des rôles,
généralement comiques, au cinéma, à la
télévision. Il interprètera, pour la
télévision française (RTF), le rôle de
Lucien Gonfaron dans le fameux feuilleton
de Jean Canolle, Le Temps des copains, qui
passionna les téléspectateurs entre
octobre 1961 et 1962.
302
En 1979, il incarne Louis XVI dans La Nuit
de l'été. Depuis les années 1980, il s’est
principalement consacré au théâtre. Son
maître Jean Meyer, dans l'une de ses
dernières mises en scène, lui confiera
(malgré leurs relations tendues) le rôle de
« l’Anglais marseillais » dans Le Dindon de
Feydeau, en 1988, aux côtés de Robert
Lamoureux, Pierre Mondy et Jean-Luc
Moreau.
En 1986, il entend une voix céleste lui
chuchoter : « Il ne faut pas quitter le
chemin du Christ. » Converti au
303
catholicisme, il décide alors « de renoncer
aux rôles profanes » et s’investit dans la
religion.
Il raconte sa découverte de la foi dans «
Le rendez-vous d'amour », qui narre
l’enseignement mystique et religieux reçu
d’un homme d’église, le Père Albert, qui
était aussi gardien au musée du Louvre.
Henri Tisot étudie aussi l’hébreu pendant
40 ans auprès de son maître, le rabbin
Albert Abécassis, pour accéder au texte
original de la Torah.
Il consacre plusieurs ouvrages au fait
304
religieux, notamment une exégèse entre la
foi juive et la foi chrétienne. Il met en
exergue « l’immensité cosmique du texte
original hébreu de la Torah (Premier
Testament), dont les rapports sont
constants avec les Évangiles. »
Le comédien-interprète devenu « inter-
prêtre » montera deux de ses créations
d’inspiration religieuse : en 1988 Les Sept
Miracles au Théâtre de la Madeleine,
improvisation basée sur l’Évangile de
Saint-Jean, et en 1995 De de Gaulle à
Jésus-Christ au Théâtre du Palais-Royal.
305
À l’occasion du Jubilé de l'an 2000, il
présentera « A la lumière de Dieu », un
spectacle très personnel, où seul en scène,
il invite le public à découvrir les raisons de
sa foi et à redécouvrir le sens profond des
Évangiles. En 2007, il publie un plaidoyer
pour Ève, « la première femme, notre
mère à tous », considérant que l’avoir
chargée du péché originel constituait « la
plus flagrante erreur judiciaire ».
En septembre 2008, lors de la venue du
pape Benoît XVI au Collège des Bernardins
pour son discours au monde de la culture,
306
Henri Tisot est un des représentants de la
scène théâtrale invités par le cardinal
André Vingt-Trois. En collaboration avec
Pierre Delavène, Henri Tisot préparait
Mes arrière-pensées, spectacle qu’il devait
interpréter en hiver 2011 à l’Auguste
Théâtre pour quelques représentations
exceptionnelles avant de partir en
tournée. Il meurt à 74 ans, le 6 août 2011,
dans sa résidence de Sanary-sur-Mer dans
le Var4. Ses obsèques ont lieu le 10 août
2011 à La Seyne-sur-Mer, où il est
enterré.
307
Jacques Toja alors enfant entend les
récits d’un grand-père passionné de
théâtre et spectateur régulier des
chorégies d’Orange alors consacrées à cet
art. Et c'est tout naturellement que, jeune
homme, il s’inscrit au conservatoire de
Nice dans la classe d’art dramatique en
308
parallèle à ses études de droits et de
comptabilité. Fort d’un premier prix, il
obtient de ses parents de tenter à Paris le
Conservatoire national supérieur d'art
dramatique. Là, il aura pour camarades de
promotion Annie Girardot, Claude Rich,
Jean-Paul Belmondo, Jean-Pierre Marielle
et Bruno Crémer parmi d’autres. À sa
sortie en 1953, il est alors directement
engagé à la Comédie-Française. Il la quitte
pourtant en 1957 pour créer La Mamma
d'André Roussin auprès d’Elvire Popesco.
La pièce connaît un grand succès, mais
309
avec ses 740 représentations Jacques
Toja en vient à regretter la diversité des
rôles de la Comédie-Française. Cette
dernière lui propose un nouvel engagement
le 20 mai 1959, il sera promu sociétaire le
15 septembre 1960. En tout, il y
interprète plus de 130 rôles.
Peu à peu, Jacques Toja s'intéresse à
l’administration de la société des
comédiens français. Il devient l’assistant
de Maurice Escande quant celui-ci devient
l'un des administrateurs de la Comédie-
Française. Il occupe lui-même ce poste
310
prestigieux d'administrateur général de
1979 à 1983. Pendant son mandat, il fait
reprendre certains des grands classiques
du XXe siècle mais aussi créer des auteurs
contemporains avec une recherche de
jeunes auteurs particulièrement active
notamment pour la salle du Petit Odéon
alors rattachée à la Comédie-Française.
Comme il aimait à le dire, « l’idée
directrice est d’avoir une troupe rompue à
tous les styles et capable de jouer Molière
mais aussi Ionesco, Racine mais également
Beckett ».
311
En 1983, il crée la première fondation
dédiée uniquement à l’art dramatique. Elle
obtient la reconnaissance d’utilité publique
en 1991. L’objectif est de fédérer les
entreprises et les particuliers autour de la
défense du répertoire théâtral français
du XXe siècle mais également autour du
soutien aux créations d’auteurs
contemporains.
Il meurt le 23 mars 1996 à l'âge de 66 ans
d'un cancer, dont il était atteint depuis 6
ans.
Après le décès de Jacques Toja en 1996,
312
la fondation prend le nom de Fondation
Jacques Toja pour le Théâtre et poursuit
l'œuvre engagée par son fondateur. Elle
totalise aujourd'hui 125 soutiens à des
productions théâtrales qui ont touché plus
de 4,2 millions de spectateurs. Jacques
Toja fut avant tout un homme de théâtre
comme sa trop rare filmographie le
confirme.
313
Vocation précoce, Danielle Volle est
passée par le cours Simon avant d'être
admise au Conservatoire national supérieur
d'art dramatique de Paris où elle obtient
le 2e prix de tragédie et le 2e prix de
comédie classique. Puis elle entre à la
Comédie-Française de 1959 à 1963,
Danielle Volle a été très présente, dans les
années 1960, 70 et 80 sur les écrans de
télévision, et dans une moindre mesure sur
ceux du cinéma, tout en préservant une
carrière théâtrale de grande qualité. Elle
fut également une des grandes voix du
314
doublage. Elle a publié en 1990 aux
éditions Lattès Mots d'amour, un recueil
fascinant de lettres d’amour d’épistoliers
célèbres. Cet ouvrage est épuisé chez
l'éditeur mais a été réédité à compte
d'auteur. Elle a publié en 2000 (à titre
posthume) Derniers Mots d'amour, recueil
de dernières lettres d'épistoliers
célèbres ou non : Oscar Wilde, Jean
Cocteau, Simone de Beauvoir, Gérard
Philipe, Saint-Exupéry, van Gogh, etc. Ce
livre est toujours disponible aux éditions
Le Castor astral.
315
Jean Yonnel est un acteur français né le
21 juillet 1891 et mort le 17 août 1968.
D'origine roumaine, il fut l'un des derniers
tragédiens dans la grande tradition des
acteurs du début de siècle (il joua avec
Mounet-Sully et Sarah Bernhardt). Il
effectua l'ensemble de sa carrière à la
Comédie-Française après des débuts au
Théâtre de l'Odéon, au Gymnase et au
316
Théâtre Sarah-Bernhardt (il y crée La
Gloire de Maurice Rostand).
A la Comédie-Française, il tint les emplois
de jeune premier tragique et romantique.
Il fut l'interprète favori d'Henry de
Montherlant dont il créa le rôle du roi
Ferrante dans La Reine morte.
Nommé professeur au Conservatoire
national supérieur d'art dramatique, il
perpétuera de 1947 à 1962 la grande
tradition classique. Selon Noëlle Guibert
et Jacqueline Razgonnikoff dans le
Dictionnaire des comédiens français, il fut
317
« un acteur exigeant, rigoureux et d'une
scrupuleuse honnêteté » (Comédie-
Française, n° 129-130, mai-juin 1984).
Il apparaît également au cinéma, entre
1913 et 1966, dans des films français (à
l'exception d'une co-production franco-
espagnole, son dernier film), ainsi que dans
un téléfilm en 1961.
318
Claude Giraud (né Claude Pierre Edmond
Giraud le 5 février 1936 à Chamalières
(Puy-de-Dôme)1) est un acteur français.
Il a été admis au Conservatoire national
supérieur d'art dramatique (Promotion
1962). Ensuite il rentrera à la Comédie
Française ou il deviendra sociétaire. Dans
les années 80 il participera à la création
de la compagnie de Jean Laurent Cochet
au théâtre Hébertot ou comme à la
319
Comédie Française plusieurs spectacles se
joueront en alternance.
Claude Giraud a tenu le rôle de Roger
Mortimer dans la série des années 70 Les
Rois maudits, du père de Sébastien dans
Sebastien parmi les Hommes au côté de
Mehdi, du héros de la série TV Les
compagnons de Jéhu et de Slimane dans
Les Aventures de Rabbi Jacob. Il est aussi
Philippe de Plessis-Bellière dans la saga
des Angélique.
Il s'est aussi notablement illustré en tant
que comédien de doublage : ses doublages
320
des acteurs américains Tommy Lee Jones,
Robert Redford, des acteurs britanniques
Sean Connery (dans Le Nom de la Rose),
Alan Rickman (dans Harry Potter, Sweeney
Todd et Michael Collins ) et Liam Neeson
(dans La Liste de Schindler et Batman
Begins), ainsi que du personnage principal
Ulysse (dans la série animée Ulysse 31),
restent les contributions les plus connues
de sa voxographie.
321
Grande actrice de théâtre (Odéon,
Boulevard, Comédie-Française), Annie
Ducaux débute dans les films franco-
allemands de la UFA des premières années
du parlant. Puis elle apporte au mélodrame
sa silhouette distinguée et son jeu élégant
: les Deux Gosses (F. Rivers, 1936) ; Prison
sans barreaux (L. Moguy, 1938) ; Conflit
(id., id.) ; l'Empreinte du dieu (id., 1941).
On la voit arlésienne dans les Filles du
Rhône (Jean-Paul Paulin, 1938) et Gance en
322
fait la consolatrice de Harry Baur (Un
grand amour de Beethoven, 1936).
L'Occupation lui permet d'aborder un
registre beaucoup plus détendu dans
lequel elle prouve sa fantaisie (l'Inévitable
Monsieur Dubois, P. Billon, 1943).
Auparavant, Delannoy lui confie le rôle de
Garlone dans Pontcarral colonel d'empire
(1942), où elle est éblouissante. L'après-
guerre la fait revenir presque entièrement
au théâtre ; à l'écran, elle continue
d'alterner drames à costumes (Rêves
d'amour, Christian Stengel, 1947 ; la
323
Princesse de Clèves, J. Delannoy, 1961), et
comédies, parfois burlesques (la Patronne,
H. Diamant-Berger, 1950 ; la Belle
Américaine, R. Dhéry, 1961).
FIN