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La communication animale Transmission de signaux entre individu(s) émetteur(s) et un ou plusieurs destinataires* * Le chat n’est pas le destinataire des chants des oiseaux….

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La communication animale

Transmission de signaux entre individu(s) émetteur(s) et un ou plusieurs

destinataires*

* Le chat n’est pas le destinataire des chants des oiseaux….

Signaux émis

le plus souvent déterminés génétiquement

Exceptions : chant des passereaux, langage humain,….

Réception des signaux souvent appris

Mais il y a un programme de détection et d’analyse des signaux dans les gènes…

…qui sera amélioré par l’apprentissage.

Émettre un signal comporte coût et risque :

Coût physiologique: – produire des sécrétions

– élaborer des pigments

– danser

– chanter…

… nécessite de l’énergie!

Risque d’attirer: – des prédateurs

– des compétiteurs alimentaires

– des rivaux sexuels…

… mieux vaut parfois passer inaperçu!

Un signal doit être bénéfique

• Être émis sous certaines conditions

• Peut s’adresser à plusieurs destinataires (économie)

Le petit tapir n’appellera sa mère que

s’il est vraiment perdu. Sinon, il risque

d’attirer les jaguars.

Le brame du cerf appelle les biches en

chaleur et met au défi les autres mâles.

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Un signal peut être trompeur!

le coucou pousse ses parents de substitution à le nourrir

les insectes émettent des signaux pour effrayer

les prédateurs (mimétisme).

Les signaux appartiennent à 4 catégories:

Chimiques, visuels, acoustiques et tactiles

Importance des paramètres physiques de

transmission:

– vitesse de propagation (lumière>chimique)

– directionnalité

– rayon d’action

– durée, persistance

Les signaux chimiques

Apparus en même temps que la vie sur Terre

Propagation dans toutes les directions

Rayon d’action court, sauf si vent ou courant

Émission durable, dépend de la taille de la molécule

Souvent chez mammifères et animaux nocturnes

Les signaux chimiques

Molécules signaux = phéromones

Phéromones aériennes : volatiles et petites

Phéromones émises dans l’eau : plus grandes

Émises souvent en « bouquet »

Information sur l’identité, l’état sexuel,

l’appartenance à un groupe social

Aussi pour information « différée », en absence

de l’émetteur: marquage du territoire

Poissons « ménés » réagissant à la présence d’un signal chimique, émis par les

glandes cutanées d’un poisson blessé

Les signaux chimiques

Les signaux visuels

• motifs colorés ou contrastés, durables ou permanents

• Réflexion de la lumière sur individus émetteurs → peu présents

chez espèces nocturnes et cavernicoles

• Instantanés et directionnels → réaction immédiate

• Signalent une qualité durable de l’émetteur:

– espèce

– sexe

– état de réceptivité sexuelle

a) Les signaux morphologiques

Les signaux visuels

Postures, mouvements ritualisés

Parades sexuelles, danses

Conflits territoriaux ritualisés Interactions sociales, postures de soumission/domination

b) Les signaux comportementaux

Les signaux sonores

Grande flexibilité

Vitesse de transmission élevée (air : 340 m/s, eau : 1500 m/s)

Distance dépend de la fréquence:

• Animal grand → basses fréquences → portent plus loin

• Hautes fréquences + vite atténuées

Dépend de l’état du milieu : air plus stable et homogène de nuit

Tunnel du son dans la mer à quelques mètres de profondeur, utilisé

par les baleines

Les signaux tactiles

Instantanés et flexibles

Intimité entre émetteurs et récepteurs

En général entre:

• Parents et progéniture

• Partenaires sexuels

• Congénères d’un même groupe social

Les signaux électriques

Instantanés et flexibles

Uniquement dans l’eau, à quelques mètres

Chez des poissons d’eau douce sans visibilité

Signalent l’espèce, l’âge, le sexe, le statut social

Passent inaperçus aux prédateurs

Gymnotidé d’Amérique du Sud

Les signaux vibratoires

Chez les araignées

Intrus détecté grâce aux vibrations → agressé

Sauf s’il fait le signal rythmique de l’espèce → code sexuel

La sélection naturelle favorise les comportements qui contribuent à

la survie et au succès reproductif.

Tout comportement permettant aux individus d’obtenir/de conserver

une ressource rare et limitante sera sélectionné.

La sélection opère sur :

• la quête de nourriture

• le choix d’un partenaire

• les soins aux petits

• la territorialité

• la hiérarchie

• l’agressivité

La sociobiologie et l’évolution

Sociobiologie et évolution

Ce qui propage un caractère héritable dans une

population, c’est le nombre de descendants

La fécondité est le moteur principal, qui agit à condition

qu’il y ait survie (condition seuil).

Comment un comportement conduit-il à un

meilleur succès reproductif?

Augmentation de l’apport énergétique

Amélioration de l’attraction entre les partenaires

reproducteurs

Diminution des risques de prédation

augmentation du nombre de descendants

et transmission de ses gènes.

Questions de N. Tinbergen

• Développement d’un comportement

• Bases physiologiques d’un comportement

• Fonction ou signification évolutive d’un

comportement (=causes ultimes)

Éthologie et évolution

Valeur de survie d’un comportement:

Les différences comportementales reflètent des

différences génétiques

sélection naturelle sur le comportement

changements évolutifs

La quête de nourriture et le rendement

énergétique

Théorie des stratégies optimales de quête de

nourriture

Doit être un compromis entre :

– bénéfices de la nutrition

– coûts liés à l’obtention de nourriture : • Dépense énergétique pour obtenir la nourriture

• Risque d’être mangé par un prédateur

Rendement énergétique du comportement de quête de nourriture

Les résultats expérimentaux révèlent qu’en laissant tomber les coquillages

d’une hauteur de 5 m, on les brise en utilisant la plus petite quantité de travail.

La hauteur de chute que les corneilles d’Alaska préfèrent dans les faits

correspond presque à la hauteur qui exige la plus petite hauteur totale de vol.

Le régime alimentaire idéal

Le crabe vert choisit les moules dont la taille lui assure un gain énergétique

optimal. énergie obtenue moins énergie dépensée)-

Pourquoi observe-t-on un décalage entre la courbe bleue et les pics roses?

Un compromis doit être trouvé entre la recherche de nourriture et la minimisation

des risques d’être attrapés par des pumas.

Territorialité et défense du domaine vital*

Un territoire : espace nécessaire pour combler les besoins d’un

individu ou d’un groupe pour

– la recherche de nourriture et d’eau (territoire alimentaire)

– S’abriter contre les prédateurs

– la reproduction (territoires d’accouplement)

La territorialité peut être permanente ou temporaire

Les mésanges sont très territoriales

en période reproductive, plus du tout

en dehors (en hiver)

Rapport coût /bénéfice de la défense du territoire

*domaine vital : étendue spatiale nécessaire à un animal (ou groupe social)

pour assouvir l’ensemble de ses besoins saisonniers ou annuels.

Ces colibris dépensent plus de 3000 calories/heure pour chasser les

congénères de leur territoire

Le rapport coût / bénéfice dépend de la quantité de nectar disponible

Fleurs très rares → trop de coût par rapport au bénéfice → territorialité

désavantageuse

Fleurs très abondantes → territorialité pas nécessaire

Le comportement territorial ne se manifestera que dans des conditions

intermédiaires (bénéfices > coûts)

Le comportement territorial peut être influencé par des

facteurs écologiques

Comportements de territorialité

Marquage olfactif des limites du territoire (marmottes,

tigres, …)

Chants et cris (oiseaux, singes)

Défense du territoire et attaque des intrus

Animal de moins en moins agressif en s’éloignant du

centre de son territoire

Défense d’un abri

Excréments à l’entrée d’un terrier pour

signaler la présence d’un occupant

Les termites ne laisseront entrer dans la termitière

que les individus ayant la « bonne » odeur

Défense d’un territoire ou d’un abri

Reconnaissance des intrus au groupe:

But : différentier les individus de la même

espèce mais étrangers au groupe

Odeur coloniale: insectes sociaux (phéromones de

la reine) et lapins de garennes (urine)

Reconnaissance individuelle (visuel, vocal, olfactif) :

petits groupes d’animaux « évolués » (oiseaux,

mammifères)

o Mémorisation nécessaire des membres du groupe

o Pas plus de qqs dizaines d’individus

Pour éviter les conflits territoriaux (rares), les animaux

marquent leur territoire par voies olfactives ou sonores

Un ours brun reconnaît chacun de

ses voisins à leur odeur.

Marquage sonore

Postures d’intimidation

Défense d’un territoire de reproduction

Les éléphants de mer se réservent

certaines plages avec les femelles

Chez certains lézards: Les territoires des mâles en période de

reproduction sont très grands (plusieurs

femelles) et défendus avec acharnement.

En dehors de cette période, territoires

plus petits (suffisant pour la nourriture) et

moins défendus.

Colonies d’oiseaux de mer : territoire minuscule, mais férocement défendu

Comportements liés à la reproduction

En général autant de mâles que de femelles pas de

problèmes d’appariement ???

En fait compétition sexuelle est la règle plutôt que

l’exception

Les mâles tentent d’évincer leurs rivaux par:

– Une signalisation accrue

– La force

– Tout autre tactique…

Organisation de la séquence de parade nuptiale chez

l’épinoche Gasterosteus aculeatus. D’après Tinbergen, 1942

Comportement reproducteur de l’épinoche

La sélection sexuelle (darwinienne)

Va favoriser:

• L’évolution de caractères de rivalité chez un sexe

• L’évolution de critères de choix chez l’autre sexe

Explique: • L’important dimorphisme sexuel chez espèces polygames

• Les caractères sexuels extravagants chez ces espèces

Peut être intersexuelle : choix du partenaire

Ou intrasexuelle : compétition entre membres du même sexe

Stratégies en matière de reproduction: 1) systèmes d’accouplement

Espèces monogames :

• en général monomorphes (mâles = des femelles)

• recherche du « meilleur partenaire »

Espèces polyandres (rares): femelles

plus ornées que les mâles

Espèces polygames (polygynes) :

• dimorphes, mâles plus gros et plus ornés que les

femelles

• les mâles les « plus compétitifs » monopolisent les

accouplements

Stratégies en matière de reproduction: 2) investissement parental

Investissement parental : contribution de chaque sexe à

la production de la progéniture et aux soins qu’elle

nécessite

L’investissement relatif des sexes dans la reproduction

détermine les stratégies reproductrices

L’investissement parental des femelles est en général +

important:

– Ovules beaucoup plus gros

– Gestation et allaitement

Le sexe qui investit le plus est celui qui choisit l’autre

partenaire (en général la femelle)

coût énergétique élevé

Stratégies en matière de reproduction:

3) compétition et stratégies sexuelles

Le mâle a « intérêt » à s’accoupler avec le plus grand nombre de femelles

La femelle a « intérêt » à bien choisir le partenaire qui procurera le plus grand « bénéfice » à sa progéniture

Les mâles sont en général le « sexe demandeur »

Les femelles sont « le sexe limitant » (ou demandé), car elles ont une fécondité limitée

Stratégies en matière de reproduction: 3) compétition et stratégies sexuelles

Exception lorsque le mâle « investit » davantage que la

femelle dans la reproduction

C’est alors le mâle qui choisit parmi les femelles

• Les mâles transfèrent à la femelle un

spermatophore très nutritif, mais qui

leur est coûteux en énergie

• Les femelles sont en compétition

• Les mâles choisissent les plus

lourdes (+ d’ovules)

Stratégies en matière de reproduction: 4) certitude de paternité

Petits et œufs contiennent forcément les gènes de la femelle

Certitude de paternité + forte lorsque ponte et fécondation sont

simultanées

mâles souvent plus impliqués dans les soins aux petits

Poissons à fécondation interne :

7% s’occupent des jeunes

Poissons à fécondation externe :

69% s’occupent des jeunes

La compétition intersexuelle:

5) le choix du partenaire

Les paonnes choisissent les mâles qui ont le plus grand nombres d’ocelles

Pourquoi?

Choix du partenaire (par les femelles)

• Bénéfices directs: – Le plus attentionné : aidera aux soins des jeunes

– Le maître du meilleur territoire : meilleures chances de

nourriture pour les jeunes

– Le plus fort : pourra protéger les jeunes

– Beau plumage pas de maladie parasitaire transmissible

• Bénéfices indirects : – Belle apparence signe de bonne santé « bons gènes »

(p.ex. CMH)

– Mâles plus âgés = ont vécu plus longtemps = bonne santé

– Mâles qui ont survécu malgré le handicap (longue queue, bois des

cerfs) sont d’autant plus costauds (hypothèse contestée)

But ultime : fournir à ses descendants les meilleurs gènes possibles

et les meilleures chances de survie

La compétition intrasexuelle:

compétition entre les mâles

• Espèces polygames : un ou quelques mâles s’accouplent avec toutes les femelles, les autres pas du tout

• Sélection favorise tout caractère qui permettra à un mâle de dépasser les autres dimorphisme sexuel:

– Grande taille

– Armes de combat : cornes, bois, canines

But ultime : produire le plus grand nombre de descendants

Si le but ultime de tout comportement est d’augmenter sa

survie et son succès reproductif :

Comment expliquer l’altruisme?

• En criant pour signaler un prédateur au reste de la

colonie, le spermophile de Belding se met lui-même

en danger.

Les abeilles ouvrières sont stériles et

travaillent pour la reine, qui seule est féconde.

Si pour défendre leur colonie elles piquent un

intrus, elles y laissent leur vie.

Chez cet animal, seule une femelle de la colonie (la « reine ») se reproduit avec

3-4 mâles (les « rois »).

Les autres membres de la colonie (jusqu’à 250 individus) sont des femelles et

mâles stériles qui prennent soin des reproducteurs et des petits.

Comportement altruiste

Comportement altruiste : « les assistants au nid »

Chez les geais de Floride, les parents sont

souvent aidés dans le nourrissage et les

soins aux petits par des jeunes adultes.

Est-ce entièrement altruiste? • Sont en général de la même famille

• Apprennent à s’occuper de petits

• Récupéreront peut-être un jour le territoire

Comportement altruiste, explications

Ce sont les femelles qui

crient pour alerter d’un danger

Ce sont leurs proches

parents, donc « leurs gènes »

qu’elles protègent

Les abeilles se dévouent pour leur reine, qui est en fait leur mère

Les hétérocéphales glabres sont tous apparentés (frères, sœurs, enfants) de la

reine et des rois

« J’accepterais de sacrifier ma vie pour deux frères ou huit cousins germains »

J.B. Haldane, généticien des populations, 1932

Les soins aux jeunes

Le comportement de soins aux jeunes est sélectivement

avantageux:

– Alimentation

– Protection

– Apprentissage

D’autres espèces produisent un très grand nombre de descendants

sans s’en occuper succès reproductif peut être suffisant pour

le maintien de l’espèce!

augmentent la survie des descendants

Les soins aux jeunes

Chez oiseaux nidicoles, les femelles exigent souvent des

mâles, avant procréation:

• un nid déjà construit

• un bon territoire

• une parade nuptiale

Les mâles s’assurent d’être les géniteurs

Ils participent aux soins pour assurer leur survie

Contrairement aux espèces nidifuges, les espèces nidicoles

sont en général monogames

Hiérarchie chez les vertébrés sociaux

Établissement d’une hiérarchie en dominance entre les membres du groupe

évite les combats inutiles

La hiérarchie s’établit souvent par des combats ritualisés

Souvent double hiérarchie, chez les mâles et les femelles

Hiérarchie peut être linéaire (α>β>γ…) chez les poules, les oies

Chez les mammifères sociaux, hiérarchie plus complexe : • Taille, sexe, âge

• Liens de parentés

• Alliances

Chaque individu connaît et respecte son statut social : il sait devant qui s’effacer ou s’imposer

Importance des postures de dominance / soumission

Lorsque deux loups de rang différent se trouvent en présence l’un de l’autre, l’inférieur

avance le premier en rentrant la queue et en baissant les oreilles (1).

Puis il plie légèrement les pattes et lèche le museau de son compagnon (2).

Si malgré tout, le dominant maintient une attitude agressive, c’est-à-dire garde la queue

levée et les oreilles dressées, le subordonné se couche sur le dos, urine et présente ses

organes génitaux (3).

De tels gestes de soumission sont fréquemment réalisés par les jeunes loups

Comportements d’agression

Sert à établir une hiérarchie entre les individus

La lutte s’arrête dès qu’un des protagonistes montre de

la soumission ou fuit.

Sont souvent très ritualisés et ne mènent que rarement

à des blessures

Valeur adaptative : le vainqueur aura plus de chances de

se nourrir et de se reproduire