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Par : ETEKI ELOUNDOU Laurice Serge Economiste Public, Expert en Gestion De la Politique Economique (GPE) Chargé d’Etudes Assistant au Ministère de la Recherche Scientifique et de l’Innovation Mai 2014 LA COMPETITIVITE DES ENTREPRISES CAMEROUNAISES PAR L’INNOVATION

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Par :  

ETEKI ELOUNDOU Laurice Serge Economiste Public, Expert en Gestion

De la Politique Economique (GPE) Chargé d’Etudes Assistant au Ministère de la Recherche Scientifique et de l’Innovation

  

 

Mai 2014

LA COMPETITIVITE DES ENTREPRISES CAMEROUNAISES PAR L’INNOVATION

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La compétitivité des entreprises camerounaises par l’Innovation 

Rédigé par ETEKI ELOUNDOU Laurice Serge   Page i 

SOMMAIRE

 

SOMMAIRE .............................................................................................................................. i 

RESUME EXECUTIF ............................................................................................................. ii 

LISTE DES ABREVIATIONS, ACRONYMES ET SIGLES ............................................ iv 

INTRODUCTION GENERALE ............................................................................................ 7 

CHAPITRE I : CADRE THEORIQUE ET REGLEMENTAIRE DE LA COMPETITIVITE ................................................................................................................. 14 

I.CADRE THEORIQUE DE LA COMPETITIVITE ....................................................................... 14 

II. La compétitivité dans les entreprises camerounaises .................................................................... 18 

CHAPITRE II : ETAT DES LIEUX DE LA MISE EN ŒUVRE DE L’INNOVATION AU CAMEROUN ................................................................................................................... 25 

I.Cadre théorique ............................................................................................................................... 25 

II. Cadre de mise en œuvre de l’innovation au Cameroun ................................................................ 27 

CHAPITRE III : INNOVATION COMME FACTEUR DE COMPETITIVITE DES ENTREPRISES AU CAMEROUN ...................................................................................... 35 

I. EN QUOI L’INNOVATION PEUT-ELLE ETRE UN FACTEUR DE COMPETITIVITEDES ENTREPRISES AU CAMEROUN ? ................................................................................................ 35 

II. ANALYSE DE LA RELATION ENTRE L’INNOVATION ET LA COMPETITIVITE DES ENTREPRISES ................................................................................................................................. 38 

CONCLUSION ....................................................................................................................... 49 

BIBLIOGRAPHIE : ............................................................................................................... 50 

TABLE DES MATIERES ..................................................................................................... 52

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RESUME EXECUTIF

La signature probable de l’Accord de Partenariat Economique (APE) entre le

Cameroun et l’Union Européenne d’ici le 1er octobre 2014 aura des impacts forts sur l’économie camerounaise. Concrètement, selon le document produit par le MINEPAT, d’après une étude du DSCE, « la simulation de l’impact de cet accord sans la mise en œuvre de son volet développement et mise à niveau des entreprises locales montre des pertes cumulées de recettes non pétrolières de 547,7 milliards sur la période 2010-2020, dont 459,6 milliards entre 2015 et 2020. Ce gap représenterait en moyenne 0,4% du PIB sur cette dernière période, et cette situation aggraverait le besoin de financement de l’économie qui passerait de 216,3 milliards en 2010, à 1 167,5 milliards en 2020 ». Le MINFI quant à lui, évalue les pertes en termes de recettes fiscales à 1 330 milliards de perte cumulée en 2023 et 2470 milliards en 2030.

Le plan d’adaptation de l’économie camerounaise évalué à 2500 milliards, en perspective à ces accords vise le renforcement du tissu économique à travers l’amélioration de la compétitivité des entreprises camerounaises. En l’absence des recettes générées par les droits de douanes, les pouvoirs publics sont dans la recherche de la solution la plus optimale, c'est-à-dire celle qui permettra à l’Etat au mieux de maintenir le même niveau de recettes et de poursuivre son plan d’investissement qui à terme, ferra du Cameroun un pays émergent à l’Horizon 2035. Cette solution ne peut que résider soit dans l’élargissement de l’assiette fiscale, soit dans l’agrandissement de la base fiscale. Toute chose restant égale par ailleurs.

La solution qui induira moins d’effets pervers est celle de l’élargissement de l’assiette fiscale. Le secteur informel représente près de 80% de l’économie nationale. Si l’on veut élargir l’assiette fiscale, il faudra à court et à moyen terme, faciliter la migration des 3 635 Unités de Production Informelles recensées lors de la deuxième Enquête sur l’Emploi et le Secteur Informel (EESI 2 de 2010), vers le secteur formel. Mais la faible productivité et la faible compétitivité des entreprises camerounaises (115e pays sur 148 au classement 2013 du World Economic Forum ) ne peuvent pas leur permettre en l’état actuel de faire concurrence avec les économies développées. Conséquence, si rien n’est fait dans le sens de renforcer cette compétitivité, l’économie nationale sera paralysée et la croissance plombée du fait de l’incapacité des entreprises nationales à créer plus de richesses et plus d’emplois.

Dans l’entreprise qui consiste pour les pouvoirs publics à renforcer la compétitivité des entreprises camerounaises, l’une des solutions les plus optimales réside dans la culture de l’innovation et son développement au sein des entreprises. L’innovation est un facteur de compétitivité ; elle est un levier essentiel pour la croissance, l’emploi, l’investissement et la consommation. L’innovation permet également d’enrayer l’intensification de la concurrence par les prix, en mettant l’accent sur d’autres facteurs de différenciation. L’innovation est l’arme de toute entreprise qui se lance dans la conquête des gains et de nouveaux marchés. Une entreprise qui n’innove pas meurt. Tel pourrait être le sort réservé aux entreprises camerounaises si elles ne se décident pas d’innover.

La pratique de l’innovation par les entreprises camerounaises n’est pas encore développée, du fait non seulement de la faible culture de l’innovation au Cameroun, mais aussi du fait des coûts élevés des activités de recherche-développement. D’après les résultats

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du recensement général des entreprises (RGE 2009), sur les 93 969 entreprises recensées au Cameroun, 75% sont des Très Petites Entreprises (TPE), 19% des Petites Entreprises (PE), 5% des Moyennes Entreprises (ME), et 1% des Grandes Entreprises (GE)1. Lorsqu’on sait que les pratiques des activités de recherche-développement au sein d’une entreprise sont fonction de la taille de cette dernière et qu’au Cameroun 1% des entreprises sont dans la classe des Grandes Entreprises, on peut comprendre aisément que la faible pratique de l’innovation par les entreprises est due à la taille très petite de ces entreprises et donc ne disposent pas de moyens pour mener la recherche-développement.

Si mener des activités de recherche-développement est coûteux pour les entreprises camerounaises, on pourrait explorer une autre possibilité, celle d’exploiter les résultats de recherche menées par les chercheurs camerounais qui à ce jour ont déjà mis en œuvre plusieurs innovations qui pourraient de manière significative améliorer la compétitivité de ces entreprises. D’après toujours le Recensement Général des Entreprises (RGE 2009), malgré les efforts déployés par les pouvoirs publics pour vulgariser les résultats de la recherche, il ressort que seulement 11% des chefs d’entreprises en font usage. Toutefois, l’agriculture est le secteur qui vient en tête avec 76% des entreprises qui utilisent les résultats de la recherche. Suivent l’extraction avec 30%, l’élevage avec 29%, l’électricité, gaz et eau avec 21% et les industries alimentaires avec 17%. On voit bien là que ni la pratique de l’innovation au sein de l’entreprise ou alors l’exploitation des innovations des chercheurs, rien ne semble véritablement faire partir des habitudes des entrepreneurs camerounais. Il s’en suit donc une faible productivité et par ricochet la faible compétitivité de ces entreprises qui mettent en mal l’économie nationale et réduisent de ce fait les chances du pays d’atteindre les objectifs de croissance.

Pourtant le rapport de l’étude sur la productivité du secteur informel menée par l’INS en 2009 et qui portait sur 3 635 Unités de production Informelles, démontre à suffisance que la productivité et la compétitivité des entreprises camerounaises réside dans leur capacité à utiliser les résultats de la recherche. Les résultats de cette enquête montrent que le facteur travail contribue de 47% dans la production, l’innovation de 31% et le capital seulement de 22%. Même si l’on note des légères différences, la situation est similaire dans les différents secteurs ; la productivité globale des facteurs se situe au niveau de 10,5 c’est-à dire que, à quantité égale de travail et de capital, les Unités de Production Informelle (UPI) qui utilisent les innovations technologiques ont une production 10,5 fois supérieure. Une analyse par secteur montre que ce niveau est deux fois plus élevé dans les secteurs du commerce et des services (environ 20 fois)2. Preuve que la compétitivité d’une entreprise réside dans sa capacité à innover.

En définitive, l’atteinte de l’émergence en 2035 réside dans la capacité du Cameroun à faire de l’innovation le moteur de la compétitivité des entreprises et de l’économie nationale. Ce n’est plus seulement un objectif stratégique, mais un impératif. Telle est la substance de l’étude que nous avons menée. Au moment où toutes les forces nationales se mobilisent pour l’amélioration de la compétitivité de l’économie camerounaise, nous espérons que ce travail interpellateur, retiendra l’attention des pouvoirs publics.

1 INS, Recensement Général des Entreprises (RGE 2009) 2 EESI 2 2010

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LISTE DES ABREVIATIONS, ACRONYMES ET SIGLES

APE: Accord de Partenariat Economique APME : Agence des Petites et Moyennes Entreprises AMD : Advanced Micro Device ANOR: Agence de Normes et de la Qualité

ANRP : Agence Nationale de Radio Protection ACEFA : Programme d’Amélioration de la Compétitivité des Exploitations

Familiale Agro-pastorales BIT : Bureau Internationale du Travail

BRICS : Brésil, Russie, Inde, Chine, Afrique du Sud CARBAP : Centre Africain de Recherche sur le Bananier Plantain CBF : Cameroon Business Forum CNE : Centre National d’Education CRRI : Centre Régional de Recherche et d’Innovation CR&D : Centre de Recherche et Développement DPAI : Division de la Promotion et de l’Appui à l’Innovation

DSCE : Document de stratégie pour la Croissance et l’Emploi EESI 2 : Deuxième Enquête sur l’Emploi et le Secteur Informel ETI : Enabling Trade Index F CFA : Franc de la Coopération Financière en Afrique FFOM : Forces/Faiblesses, Opportunités/Menaces GE : Grande Entreprise IBM : International Business Machines Corporation

IDE : Investissement Direct Etranger IIAG : Indice IBRAHIM de la Gouvernance en Afrique IPC DE TI : Indice de Perception de la Corruption de Tranparency International IMD: Institute for Management Development IMPM : Institut de recherches Médicales et d’Etudes des Plantes Médicinales INC : Institut National de Cartographie INS : Institut National de la Statistique

IRAD : Institut de Recherche Agricole pour le développement IRD : Institut de Recherche pour le Développement IRGM : Institut de Recherche Géologique et Minière ME : Moyenne Entreprise MINEPAT : Ministère de l’Economie, de la Planification et de l’Aménagement du

Territoire. MINFI : Ministère des Finances MINRESI : Ministère de la Recherche Scientifique et de l’Innovation MIPROMALO : Mission de Promotion des Matériaux Locaux OAPI : Organisation Africaine de la Propriété Intellectuelle

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OCDE : Organisation de Coopération et de Développement Economiques PACA : Projet d’Amélioration de la Compétitivité Agricole PADMOD : Programme d’Appui au Plan de Modernisation des Douanes PE : Petite Entreprise PASAPE : Programme d’Appui et de Soutien aux APE PCFC : Programme d’Appui à la Compétitivité des Filières de Croissance PME : Petite et Moyenne Entreprise

PIB : Produit Intérieur Brut PNB : Produit National Brut PNG : Programme National de Gouvernance PNUD : Programme des Nations Unies pour le Développement PPAMNQ : Programme Pilote d’Appui à la Mise à Niveau, la Normalisation et la

Qualité PREBAP : Programme de Reconversion Economique de la Filière Banane Plantain RGE : Recensement Général des Entreprises R&D : Recherche et Développement SIL : Société Internationale de Linguistique TPE : Très Petite Entreprise UE : Union Européenne

UPI : Unité de Production Informelle WEF : World Economic Forum

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LISTE DES TABLEAUX ET GRAPHIQUES

GRAPHIQUES

Graphique 1 : Evolution de la Balance commerciale du Cameroun entre 1997 et 2009 (en millions de FCFA) .................................................................................................................... 20 

Graphique 2 : Les principaux obstacles à l’entreprenariat (en % des opinions des Chefs d’entreprises). ........................................................................................................................... 21 

Graphique 3 : Répartition des Innovations de 2011 par domaine d’activité .......................... 31 

Graphique 4 : Répartition des innovations de 2011 par région .............................................. 32 

Graphique 5: les sources de l'innovation des produits/biens .................................................. 44 

Graphique 6: les sources de l’innovation des procédés et d’organisation .............................. 44 

Graphique 7 : les sources de financement choisies des entreprises innovantes ..................... 46 

Graphique 8: modes de financement utilisés par les entreprises pendant la période 2008-2012 46 

TABLEAUX

Tableau 1 : Quelques indicateurs de compétitivité ........................................................................ 15 

Tableau 2 : Evolution du budget du MINRESI et du taux de croissance du Cameroun entre 2004 et

2013. .......................................................................................................................................... 29 

Tableau 3 : Dépôts des brevets d’invention du Cameroun à l’OAPI de 1964 à 2004 ....................... 30 

Tableau 4 : Statistiques des innovations issues du rapport annuel sur les innovations de l’année 2011

recues par la DPAI ...................................................................................................................... 31 

Tableau 5 : Diagnostic de la mise en œuvre de l’ innovation au Cameroun ..................................... 33 

Tableau 6 : Contribution à la croissance des facteurs de production aux Etats-Unis, au Japon, en

Allemagne et en France. (Taux de croissance annuels sur la période en %) ..................................... 39 

Tableau 7: Part des diverses dépenses dans le total des dépenses d’innovation. .............................. 40 

Tableau8:R&D Expenditure and Productivity across Countries ..................................................... 41 

Tableau 9: les caractéristiques spécifiques de l’échantillon ........................................................... 43 

Tableau 10: les principales sources de financement des entreprises innovantes ............................... 45 

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INTRODUCTION GENERALE

 Contexte et justification

L’Etat du Cameroun s’est fixé pour objectif d’être un pays émergent à l’horizon 2035.

Cette ambition de développement est consignée dans le Document « Cameroun vision 2035 »3, servant ainsi de balise pour l’atteinte de l’objectif. La vision du développement à long terme est programmée sur trois périodes à savoir : l’étape 2010-2019 dont l’objectif est de moderniser l’économie et d’accélérer la croissance (taux de croissance moyen de 5,5%); l’étape 2020-2027 dont l’objectif est d’atteindre le niveau de pays à revenu intermédiaire (revenu/hbt compris entre 3706 et 11455 $ en valeur de 2007 et un taux de croissance à deux chiffres) ; et l’étape 2028-2035 dont l’objectif est de devenir un nouveau pays industrialisé et un pays émergent (part du secteur secondaire à plus de 40% du PIB).

Pour atteindre l’émergence, le Document de Stratégie pour la Croissance et l’Emploi (DSCE) qui est le tableau de bord des dix premières années de la vision à long terme, se focalise sur l’accélération de la croissance, la création d’emplois formels et la réduction de la pauvreté. Il vise en conséquence à porter la croissance à 5,5% en moyenne annuelle sur la période 2010-2020, ramener le sous-emploi de 75,8% à moins de 50% en 2020 avec la création de dizaines de milliers d’emplois formels par an dans les dix prochaines années, et ramener le taux de pauvreté monétaire de 39,9% en 2007 à 28,7% en 20204.

Pour être émergent, le pays doit avoir une économie capable de créer plus de richesses pour sa prospérité ; une économie capable aussi de faire face à la concurrence mondiale. C’est à cette tâche que s’attellent les pouvoirs publics à travers des outils tels que le Comité de Compétitivité, le projet de compétitivité des filières de croissance, le Cameroon Business Forum, l’agence des petites et moyennes entreprises, la banque agricole… Mais au vu des performances actuelles du pays en matière économique, cela semble insuffisant pour permettre au Cameroun d’avoir une économie forte et compétitive, à même de créer une valeur ajoutée importante pour son projet de société et surtout d’atteindre ses objectifs de croissance.

Cette faible performance de l’économie camerounaise est confortée par le rapport sur la compétitivité globale 2013-2014 du World Economic Forum (WEF), relayé par le Comité de Compétitivité, qui classe le Cameroun 115e sur 148 pays. Les performances économiques du pays depuis les trois dernières années, évoluent en dent de scie, reculant ainsi de trois places sur le classement mondial des économies les plus compétitives, par rapport à 2012-2013. Sur la base des facteurs retenus par le WEF, l’économie nationale est classée au premier stade ; celui où la croissance est impulsée par la mobilisation des facteurs de production avec des travailleurs peu qualifiés, aux bas revenus et, de fait, une faible productivité5. Pourtant les enjeux actuels de développement et la concurrence mondiale des économies obligent le Cameroun à avoir un tissu économique fort et compétitif, capable de permettre au pays de tirer profit des échanges internationaux et de s’assurer une croissance de long terme. De plus,

3 MINEPAT, Cameroun Vision 2035, Février 2009 4 DSCE, p.14 5 Cameroon Tribune, 19 Mars 2014

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la forte probabilité pour le Cameroun de ratifier l’APE intérimaire avec l’Union Européenne d’ici le 1er octobre 2014, soulève à nouveau la problématique de la compétitivité de l’économie camerounaise face à la concurrence internationale. Cette problématique de la ratification ou non de l’APE entre le Cameroun et l’UE soulève de nombreux débats qui pour la plus part s’opposent.

Une bonne partie de la classe intellectuelle camerounaise pense que le pays n’est pas prêt à affronter cette concurrence et qu’il faille prendre en compte les statistiques actuelles des échanges du Cameroun avec l’extérieur. Lesquelles statistiques montrent une multiplicité des partenaires commerciaux et une diminution de la part de l’UE dans les échanges avec le Cameroun. Ce qui fait conclure à ces intellectuels que le Cameroun a plus à perdre qu’à gagner dans cet accord. Ils ajoutent que les intérêts commerciaux du Cameroun sont ailleurs et que le pays gagnerait à multiplier des partenariats et renforcer ceux existant, plutôt qu’à hypothéquer son avenir à travers un accord compromettant.

Le politique, appuyé par une autre classe d’intellectuels estiment que l’APE n’a pas que des inconvénients mais aussi des avantages que le pays pourrait en profiter. De toutes les façons pensent ceux-là, compte tenu de la mondialisation des économies dans laquelle se trouve le Cameroun et au vu des multiples conventions que le pays a ratifié avec l’extérieur, l’on a presque l’obligation d’ouvrir ses frontières aux autres, quitte à ce que le pays face des efforts pour s’arrimer à la nouvelle donne en modernisant son appareil de production afin de le rendre fort et compétitif. De plus, des mesures d’adaptation de l’économie camerounaise en perspective à ces accords sont prévues et un budget évalué à 2500 milliards a été alloué à cet effet par le MINEPAT.

Le gouvernement a aussi engagé un vaste programme de transformation de tous les secteurs productifs et l’assainissement du climat des affaires. Transformer l’appareil de production revient surtout à renforcer la compétitivité des entreprises de manière à ce qu’elles créent d’avantage de richesses indispensables à la croissance économique. L’économie camerounaise même sans l’APE, doit se rivaliser aux autres économies pour tirer sa part belle et garantir sa croissance. Bref la mise à niveau des entreprises reste un impératif pour exister dans un monde en pleine globalisation. Pour cela, la compétitivité est l’élément fondamental sur lequel les pouvoirs publics doivent davantage agir pour permettre aux entreprises de résister à la concurrence et à l’économie, d’atteindre les objectifs attendus c'est-à-dire l’émergence.

Parlant de compétitivité, elle désigne une aptitude à faire face à la concurrence. Elle s’applique aux entreprises aussi bien qu’aux nations. La compétitivité traduit la capacité à conserver ou à augmenter les parts de marché. Elle résulte des choix établis en matière de technologie, de formation de la main d’œuvre, de gestion, etc6. Il existe donc deux types de compétitivité : la compétitivité entre les Etats et la compétitivité entre les entreprises. Pour certains auteurs comme P. Krugman (la mondialisation n’est pas coupable, 1998), la compétitivité est une notion à manier avec précaution puisque la compétitivité entre Etats n’est pas de la même manière que celle qui oppose les entreprises. La compétitivité au niveau d’une nation est difficile à définir : une entreprise qui n’est pas compétitive risque la faillite,

6 Alain BEITONE, Antoine CAZORLA, Christine DOLLO, Anne-Mary DRAI ; Dictionnaire de science économique, 3e édition revue et augmentée

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ce qui n’est pas le cas d’un Etat. Au niveau microéconomique, la compétitivité d’une entreprise désigne sa capacité à occuper une position forte sur un marché. L’évolution des parts de marché de cette entreprise est dès lors fondamentale pour apprécier la compétitivité.

Au niveau macroéconomique, la compétitivité d’une économie nationale est la capacité de son secteur productif à satisfaire la demande intérieure et étrangère, avec en arrière-plan l’objectif de permettre une progression du niveau de vie des résidents du pays concerné. La compétitivité (d’une entreprise ou d’une économie nationale) est classiquement désignée de deux façons différentes selon l’origine des facteurs de cette compétitivité : « par les prix » ou « par les coûts ». La recherche d’une compétitivité par les prix se réalisera en général par une politique d’économies d’échelle ou encore le développement du progrès technique ou de l’innovation, visant à réaliser des gains de productivité. L’innovation occupe de ce fait une place prépondérante dans la recherche de la compétitivité d’un Etat ou d’une entreprise. Les résultats de la deuxième Enquête sur l’Emploi et le Secteur Informel (EESI 2) menée par l’INS au Cameroun en 2009 montrent que le facteur travail contribue de 47% dans la production, l’innovation de 31% et le capital de 22%. Même si l’on note des légères différences, la situation est similaire dans les différents secteurs ; la productivité globale des facteurs se situe au niveau de 10,5 c’est-à dire que, à quantité égale de travail et de capital, les Unités de Production Informelle (UPI) qui utilisent les innovations technologiques ont une production 10,5 fois supérieure. Une analyse par secteur montre que ce niveau est deux fois plus élevé dans les secteurs du commerce et des services (environ 20fois)7.Ce qui montre fort bien la part importante qui revient à l’Innovation dans la productivité d’une entreprise et par delà, sa compétitivité. Le but de l’innovation réside majoritairement dans une amélioration de la compétitivité structurelle. Une entreprise qui veut rester dans le marché et assurer sa croissance doit innover.

Les résultats du dernier recensement général des entreprises de 2009 mené par l’INS au Cameroun, montrent aussi que malgré les efforts déployés par les pouvoirs publics pour vulgariser les résultats de la recherche et de l’Innovation, ils sont très peu utilisés. Il ressort que seulement 11% environ des chefs d’entreprises en font un usage. Toutefois, l’agriculture est le secteur qui vient en tête avec 76% des entreprises qui utilisent les résultats de la recherche. Suivent l’extraction avec 30%, l’élevage avec 29%, l’électricité, gaz et eau avec 21% et les industries alimentaires avec 17%8. Cette sous utilisation des résultats des innovations se traduit par la faible productivité et la faible compétitivité des entreprises camerounaises, d’autant plus que les 89% des entreprises n’exploitent pas les innovations, ou encore moins ne mènent aucune activité de recherche-développement au sein de leurs entreprises. Situation qui induit la baisse des performances économiques de notre pays qui doit désormais faire face à la concurrence internationale pour garantir sa prospérité.

Il se pose donc là un problème d’incitation des entreprises camerounaises à l’utilisation des résultats de la recherche et de l’innovation pour accroitre leur productivité et être de ce fait compétitive. Ce d’autant plus que le contexte économique mondial s’y prête et qu’en plus l’atteinte de l’émergence en 2035 passe nécessairement par une économie

7 EESI 2 2010 8 INS/RGE 2009

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compétitive, aux produits à haute valeur ajoutée, capables d’impulser une croissance de long terme et soutenue. Pour y parvenir, l’innovation est la voie la plus utilisée en ces temps de globalisation. Les pays dits développés, émergents et surtout ceux de l’OCDE en ont d’ailleurs fait la source principale de leur croissance9.

Dans l’entreprise qui consiste à moderniser l’appareil de production de l’économie camerounaise, afin de le rendre fort et compétitif, notre analyse voudrait répondre à la question de savoir comment amener les entreprises camerounaises à utiliser les résultats de la recherche et de l’innovation pour accroitre leur productivité et améliorer leur compétitivité. Cela devrait aussi nous amener à savoir quel impact l’innovation a sur la compétitivité des entreprises et partant de l’économie nationale ?De manière spécifique, nous voulons répondre aux questions ci-après : quel est l’état des lieux et le niveau de compétitivité des entreprises camerounaises ?, ce niveau de compétitivité peut-il permettre au pays de faire face à la concurrence internationale et de garantir sa croissance?, comment l’innovation peut-elle être la base de cette compétitivité ?, l’état actuel du développement de l’innovation au Cameroun permet-il d’atteindre cet objectif ?, si non, quelles peuvent être les mesures à prendre ?, quelle place occupe réellement l’innovation dans la société camerounaise ?

La réponse à ces différentes interrogations qui fera office d’ossature de notre analyse va consister dans un premier temps à définir le cadre théorique et réglementaire de la compétitivité des entreprises camerounaises, ensuite, donner l’état des lieux de la mise en œuvre de l’innovation au Cameroun et enfin analyser le lien de causalité qui existe entre la mise en œuvre de l’innovation et la compétitivité d’une entreprise et par delà l’économie en général. Objectif Général

L’objectif général de l’étude est de montrer comment l’innovation peut contribuer à augmenter la compétitivité d’une entreprise en particulier, et de l'économie camerounaise en général. Objectifs spécifiques

De manière spécifique, l’étude vise à : - Apprécier le niveau de compétitivité des entreprises camerounaises - Etablir une relation de cause à effet entre l’innovation et la compétitivité d’une

entreprise. Hypothèses.

Comme hypothèses de recherche nous avons : - Une entreprise qui n’innove pas a une faible productivité et n’est pas compétitive. - Il existe une corrélation entre la mise en œuvre de l’innovation et la compétitivité

d’une entreprise.

9 Site internet de l’OCDE consulté le 07avril 2014

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Méthodologie.

Pour atteindre les objectifs de cette étude, nous allons partir d’une revue de la littérature, qui servira de base à notre analyse. Par la suite, nous aurons recours à une méthodologie analytique de type SWOT, qui dégagera les forces et les faiblesses, les opportunités et les menaces de l’innovation au Cameroun. Par ailleurs, l’analyse des résultats du Recensement Général des Entreprises (RGE 2009) et ceux de la deuxième Enquête sur l’Emploi et le Secteur Informel (EESI 2), pourrait nous permettre de confronter nos hypothèses. Enfin, la matrice SWOT et les résultats issus d’autres analyses comparatives basées sur les différents classements mondiaux sur l’innovation d’une part, et sur la compétitivité d’autre part, orienteront nos recommandations de politiques économiques visant à terme, à contribuer à la compétitivité des entreprises par la mise en œuvre de l’innovation.

Pour réaliser ce travail, nous avons collecté et confronté entre le mois d’avril et le mois de mai 2014, des informations des sources jugées fiables (données secondaires) et qui sont entre autres : le MINRESI, l’INS, l’OAPI, l’ANOR, le site internet de l’OCDE, le site internet de l’Union Européenne, de la Banque Mondiale, du WEF, du Doing Business, ... Pour confirmer la véracité de certaines données collectées au niveau national, nous nous sommes rapprochés de quelques entreprises camerounaises dont la taille de l’échantillon est de 30 (données primaires).

En termes de bibliographie, outre les ouvrages traditionnels de sciences économiques se rapportant au sujet et des documents rencontrés lors de nos recherches, nous nous sommes fortement appuyés sur les travaux de l’économiste autrichien Joseph Aloïs SCHUMPETER et de l’économiste français Dominique GUELLEC, qui ont suffisamment travaillé dans ce domaine. Il faut tout aussi signaler les difficultés que nous avions eues à avoir des données et informations concernant l’innovation et ses activités au Cameroun. Cela illustre fort bien le faible intérêt accordé à l’innovation dans ce pays. Voilà pourquoi ce travail se veut beaucoup plus une sorte d’alerte des pouvoirs publics pour comprendre que l’atteinte des objectifs de développement au Cameroun est soumise à une endogéinisation du progrès technique et partant de l’innovation.

Plan de Travail. Le travail est structuré autour de trois Chapitres : CHAPITRE I : CADRE THEORIQUE DE LA COMPETITIVITE. Ce Chapitre va nous permettre de définir le cadre théorique et réglementaire dans lequel se meut la compétitivité au Cameroun. Nous allons, à travers l’analyse des différents indicateurs de compétitivité, déterminer le niveau de compétitivité de l’économie camerounaise. Nous essayerons par la suite d’identifier les différents freins à cette compétitivité. Enfin, nous allons décrire les mesures d’amélioration de la compétitivité mises en place par les pouvoirs publics, pour constater que plus d’une décennie après pour la plus part, ce niveau de compétitivité est plutôt en baisse. D’où la nécessité de se tourner vers l’instrument utilisé par toutes les économies modernes ou qui y aspirent, pour rendre compétitif leur système de production. Cet instrument est l’innovation.

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CHAPITRE II : ETAT DES LIEUX DE LA MISE EN ŒUVRE DE L’INNOVATION AU CAMEROUN. Il s’agit pour nous dans ce chapitre, de définir tout d’abord la notion de l’innovation. Ensuite d’analyser le cadre de mise en œuvre de cette notion au Cameroun. Nous verrons aussi les potentialités de l’innovation au Cameroun. La méthode SWOT utilisée nous permettra de mieux comprendre les enjeux de l’innovation au Cameroun, afin de déboucher sur la nécessité de la mettre aux côtes des entrepreneurs pour régler de manière efficace, le problème de faible compétitivité des entreprises camerounaises. CHAPITRE III : INNOVATION COMME FACTEUR DE COMPETITIVITE DES ENTREPRISES. Ce Chapitre nous donnera l’occasion de répondre à la question du comment l’innovation est un facteur de compétitivité. Ainsi, à travers une analyse comparative du classement des pays les plus compétitifs du monde et des différents indicateurs mondiaux de compétitivité, et, suite aux rapports du RGE 2009 au Cameroun et de l’EESI 2, nous pourrons à coup sûr établir le lien de causalité qui existe entre la mise en œuvre de l’innovation et la compétitivité d’une entreprise et partant, de l’économie en général. De toutes ces analyses découleront des résultats qui seront la base de nos recommandations de politiques économiques.

INTERET DE L’ETUDE

L’objectif que s’est fixé le Cameroun est de devenir un pays émergent à l’horizon 2035. Or un pays émergent est un pays en développement qui, dans le cadre d’une mutation vers une économie ouverte, a amorcé une croissance forte du PIB par tête et une dynamique d’exportation de produits manufacturés10. Le Cameroun lui dans sa vision 2035, compte sur la période 2028-2035, devenir un nouveau pays industrialisé et un pays émergent avec un secteur secondaire contribuant à plus de 40% au PIB. Mais dans une économie mondialisée, tirer une part importante de ses richesses à partir des exportations n’est plus aisé. Ce sont désormais les produits les plus compétitifs et à haute valeur ajoutée qui passent sur le marché. Et depuis quelques décennies, les nouvelles théories économiques avec des auteurs tels que Schumpeter, Solow, Guellec … ont pu démontrer le rôle important de l’innovation dans la compétitivité des entreprises et partant de la croissance économique. La mise en œuvre de l’innovation dans les pays développés, émergents et ceux de l’OCDE précisément est corrélative à leur niveau de développement. Ceux de l’OCDE en ont carrément fait leur source principale de croissance. Le niveau de compétitivité de l’économie camerounaise est très faible (115e sur 148 en 2013 au classement du WEF) et cela se justifie en grande partie par la faible proportion des entreprises camerounaises (11,2% d’après le RGE 2009) qui utilisent les résultats de la recherche et des innovations. Cette situation se traduit par une faible performance de l’économie et par ricochet un retard par rapport aux objectifs de croissance. Pourtant le recensement général des entreprises de 2009 montre que 11,2% des entreprises utilisent les innovations et l’EESI 2 montre que les UPI qui utilisent les innovations sont 10,5 à 20 fois

10 Alain BEITONE, Antoine CAZORLA, Christine DOLLO, Anne-Mary DRAI ; Dictionnaire de science économique, 3e édition revue et augmentée

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plus productive que celles n’utilisant pas. Une information suffisamment convaincante pour que désormais les politiques soient orientées vers la recherche des stratégies d’innovation afin d’en faire le moteur de la croissance au Cameroun. L’enjeu est d’autant plus actuel compte tenu de la signature très probable de l’APE avec l’UE. Cet accord qui va accroitre la concurrence entre les entreprises camerounaises et celles de l’UE, oblige plus que jamais les pouvoirs publics camerounais à revoir leurs stratégies d’amélioration de la compétitivité des entreprises. Pour y arriver, l’innovation est de fait le meilleur moyen. D’où l’intérêt de notre étude qui vise à montrer aux décideurs la nécessité pour le Cameroun de faire de l’innovation le facteur de compétitivité des entreprises camerounaises et par delà, la source principale de la croissance.

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CHAPITRE I : CADRE THEORIQUE DE LA COMPETITIVITE

I.CADRE THEORIQUE DE LA COMPETITIVITE

I.1. Définition

La compétitivité est l’aptitude pour une entreprise, un secteur ou l’ensemble des

entreprises d’une économie à faire face à la concurrence effective ou potentielle. Au niveau microéconomique, la compétitivité d’une entreprise désigne sa capacité à occuper une position forte sur un marché. L’évolution des parts de marché de cette entreprise est dès lors fondamentale pour apprécier la compétitivité. Au niveau macroéconomique, la compétitivité d’une économie nationale est la capacité de son secteur productif à satisfaire la demande intérieure et étrangère, avec en arrière-plan l’objectif de permettre une progression du niveau de vie des résidents du pays concerné. Les parts de marché d’une économie nationale peuvent également être mesurées (exportations nationales rapportées à un total mondial ou limité à un groupe de pays comparables) et elles constituent un bon indicateur de compétitivité. Mais à moyen et long terme, une baisse des parts de marché d’un pays ne traduit pas nécessairement un recul de sa compétitivité.

La compétitivité (d’une entreprise ou d’une économie nationale) est classiquement désignée de deux façons différentes selon l’origine des facteurs de cette compétitivité : « par les prix » ou « par les coûts ». La recherche d’une compétitivité par les prix se réalisera en général par une politique d’économies d’échelle ou encore le développement du progrès technique visant à réaliser des gains de productivité. La diminution des coûts de production peut cependant se passer de gains de productivité (baisse du coût du travail ou baisse du coût des matières premières), et une compétitivité par les coûts en résulte.

La compétitivité d’une économie nationale est aussi fonction du niveau d’imposition, de la qualité de la production au sens large, du tissu de PME et de la nature des réseaux de transports de l’économie concernée, etc. Il n'existe donc pas de définition unique de la compétitivité parce que ce concept englobe différents aspects de la vie économique. Deux notions sont toutefois traditionnellement distinguées : la compétitivité des entreprises et la compétitivité de l'Etat dans lequel celles-ci sont installées.

La compétitivité d'une entreprise est généralement définie comme sa capacité à faire face à la concurrence, c'est-à-dire à maintenir et à accroître ses parts de marché face à la concurrence des autres entreprises nationales ou étrangères.

S'agissant de la compétitivité d'un État, celle-ci n'est pas, contrairement à une idée largement répandue, synonyme de performance à l'exportation. L'Union européenne la définit comme la capacité d'un Etat à améliorer durablement le niveau de vie de ses habitants et à leur procurer un haut niveau d'emploi et de cohésion sociale dans un environnement de

CHAPITRE I : CADRE THEORIQUE ET REGLEMENTAIRE DE LA COMPETITIVITE

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qualité. Autrement dit, il s'agit de l'aptitude d'un territoire à maintenir et à attirer les activités et investisseurs au service de l'amélioration durable du bien être des populations concernées11. On distingue souvent deux types de compétitivité, tant pour les États que pour les entreprises :

la compétitivité-prix, basée sur la capacité à produire des biens et des services à des prix inférieurs à ceux des concurrents avec une qualité identique ;

la compétitivité structurelle (ou hors-prix), basée sur la capacité à imposer ses produits sur un marché non pas du fait de leur prix mais en raison de leur qualité, de leur innovation, des services attachés, etc.

On peut de ce fait donner quelques indicateurs de compétitivité :

Tableau 1 : Quelques indicateurs de compétitivité

Pour une entreprise Pour un ÉtatLes parts de marché que l'entreprise parvient à conserver ou à gagner par rapport à ses concurrents.

La part des exportations d'un État dans les exportations mondiales ou dans une région du monde.

La rentabilité : rapport entre les revenus (gains) procurés par l'activité de l'entreprise et les capitaux investis (fonds propres).

Le prix comparé des exportations : rapport entre les prix des produits et services exportés par un pays et ceux des produits et services importés par lui.

La productivité : rapport entre la quantité de biens et services produits par l'entreprise et les moyens mis en œuvre pour y parvenir (niveau de travail et de capital).

Le taux de pénétration : rapport entre les importations et le marché intérieur d'un pays. C'est un indicateur de la dépendance d'un pays à l'extérieur.

Le taux de couverture : rapport entre la valeur des exportations et la valeur des importations entre deux pays ou deux zones.

I.2.Evolution du concept et modèle d’une entreprise compétitive

La notion de compétitivité dans l’histoire économique n’avait autant de valeur et d’importance pour les entreprises et les Etats qu’elle a de nos jours. Au fil des temps, la compétitivité est devenue une nécessité vitale pour les entreprises, d’où l’importance de refonder la société et l’économie en s’intéressant sérieusement au modèle économique récurrent de la compétitivité de tous les entrepreneurs qui sont couronnés de succès dans la mondialisation. L’approche de ces entrepreneurs est fondée sur 7 leviers fondamentaux centrés sur l’idée qu’un entrepreneur est avant tout un marchand.

Dans son livre intitulé « Stratégie de l’entreprise compétitive12 », Jean Supizet présente les leviers du modèle économique des entreprises qui font l’histoire réussie de l’économie marchande depuis dix siècles, c'est-à-dire le modèle culturel du libéralisme social que les expériences socialistes n’ont pas réussi et ne réussiront pas à entraver. Ces leviers sont 11Avis du Conseil économique, social et environnemental sur la compétitivité, octobre 2011 12« Stratégie de l’entreprise compétitive », la cohérence du modèle de société, du modèle social, du modèle économique de l’entreprise et des 30 choix stratégiques fondamentaux de la compétitivité pour progresser dans le sens des vagues d’avenir de la mondialisation ; Jean Supizet, 2012

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le reflet de l’âme des marchands qui ont laissé des traces dans l’histoire, l’expression du talent des héros des affaires comme Thomas Edison, Nikola Tesla, Bill Gates, Steve Jobs, Bernard Arnault, la dynamique des lauréats des prix de management par l’Excellence ainsi que l’approche actuelle des entreprises de toutes tailles qui sont couronnées de succès dans la mondialisation des grands groupes aux PME. Parmi ces leviers nous avons :

Levier n°1 : une entreprise compétitive se définit comme un ensemble de choix stratégiques déterminants qui relèvent de la compétence des entrepreneurs afin d'optimiser le modèle économique de l'entreprise, c'est-à-dire de construire des avantages sur les concurrents pour transformer les besoins matériels et immatériels ainsi que les attentes rationnelles et irrationnelles des clients en satisfactions financières et non financières pour toutes les parties prenantes de l’entreprise, notamment la satisfaction des clients qui est à l'origine de la satisfaction de toutes les autres (la satisfaction de l'entreprise elle-même pour assurer son développement), la satisfaction des actionnaires pour conserver leur confiance, la satisfaction du personnel pour assurer la cohérence économique, sociétale et sociale.

En somme, une entreprise compétitive développe les compétences managériales afin d’optimiser le modèle économique de l’entreprise sur la base d’une vision stratégique orientée vers le client.

Levier n° 2 : une entreprise compétitive clarifie sa vision stratégique orientée vers le client en élaborant un plan stratégique à un horizon de 3 ans (ou un busines plan intelligent dépassant l’approche du banquier)afin de définir les finalités économiques/sociétales/sociales/environnementales de l’entreprise, positionner l'entreprise sur des cibles de clientèles, définir les besoins et les attentes des clients ciblés, analyser l'attractivité du marché au regard de l’offre des concurrents, identifier les avantages concurrentiels potentiels de l’entreprise, définir une offre produits/services compétitive et innovante, définir la stratégie d'innovation, clarifier les marques et les discours de marque, optimiser la chaîne de valeur-client dont les 30 choix stratégiques déterminants de la compétitivité, structurer et optimiser le réseau de processus opérationnels, élaborer les comptes prévisionnels à 3 ans, résumer la vision stratégique par un tableau de bord stratégique global, fixer les lignes directrices de l'organisation afin de déployer la vision stratégique.

En somme, une entreprise compétitive clarifie la vision stratégique de l’avenir de l’entreprise à un horizon de 3 ans.

Levier n° 3 : une entreprise compétitive organise les ressources qui permettent de déployer le plan stratégique prédéfini, notamment, ils organisent la structure juridique, la gouvernance de l’entreprise, le financement des activités en tirant parti des aides et des subventions, la dynamique de croissance externe, l’organisation de la structure opérationnelle afin de séparer le flux des coûts du flux des revenus qui ne répondent pas à la même logique, le management des compétences et des ressources humaines, l’encadrement des activités, le dispositif d’Intelligence économique, l’organisation de la communication interne et externe.

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En somme, une entreprise compétitive organise l’entreprise pour déployer la vision stratégique de façon cohérente avec les opportunités de la mondialisation afin à la fois de réduire les coûts et d’augmenter les revenus de l’entreprise.

Levier n° 4 : une entreprise compétitive optimise les processus qui vont de la conception d’une offre produits/services compétitive et innovante jusqu’à sa mise sur le marché au meilleur rapport besoins et aux attentes/fonctionnalités/performances/qualité/coût de revient. L’entreprise compétitive conçoit une offre produits/services en 3 volets afin de réduire les incertitudes du futur (existant, opportunités, avenir), fait un management méthodique du programme d’innovation sur le fond et sur la forme dans tous les domaines matériels, immatériels, rationnels et irrationnels qui forment la satisfaction des clients. L’entreprise compétitive développe les projets d’innovation au regard des évolutions de l’environnement concurrentiel. L’entreprise compétitive fait un management méthodique de la conception en référence à l’analyse de la valeur-client afin de réduire les coûts dès la conception [la juste fonction pour le juste besoin au juste coût]. L’entreprise compétitive organise son système de production de façon cohérente avec le positionnement de son offre produits/services, avec sa stratégie d’innovation, avec les opportunités d’optimiser son offre, notamment de réduire ses coûts.

En somme, une entreprise compétitive optimise les processus allant de la conception de l’offre produits/services jusqu’à la mise sur le marché.

Levier n° 5 : une entreprise compétitive optimise les processus de déploiement méthodique de l’offre produits/services et de la relation client afin d’augmenter les ventes au niveau local, régional, national, et international. L’entreprise compétitive tire parti des opportunités de marché de la mondialisation. L’entreprise compétitive développe de nouvelles clientèles ciblées avec un discours de marque adapté. L’entreprise compétitive déploie les nouvelles technologies de l’information de la communication et de la distribution. L’entreprise compétitive utilise les plateformes multimédias afin de personnaliser la relation client et optimiser à la fois sa satisfaction et les revenus de l’entreprise.

En somme, une entreprise compétitive déploie méthodiquement l’offre produits/services et le management de la relation client. Levier n° 6 : une entreprise compétitive optimise le processus de management des résultats afin de faire converger les intérêts particuliers des parties prenantes (l’entreprise elle-même, actionnaires, les circuits d’influence, les partenaires, le personnel, les syndicats, etc.) vers un intérêt général bien compris par tous. En somme, une entreprise compétitive optimise le management des résultats avec l’intelligence du compromis.

Levier n° 7 : une entreprise compétitive se développe en organisant son environnement concurrentiel, en nouant des alliances et des partenariats, en réalisant les opportunités de fusion lui assurant des synergies, des économies d’échelle et une croissance externe, en tirant parti des opportunités.

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En somme, une entreprise compétitive organise son environnement concurrentiel13.

II. LA COMPETITIVITE DANS LES ENTREPRISES CAMEROUNAISES II.1. Le niveau de compétitivité des entreprises camerounaises

Le débat sur la compétitivité dans le monde est régulièrement relancé par des classements publiés par diverses organisations internationales sur la base des indicateurs synthétiques. Parmi ces organisations internationales nous pouvons citer: le World Economic Forum (WEF), l’Institute for Management Development (IMD), et l’Heritage Foundation. Ces résultats de classement, bien que contestés par certains économistes et certains hommes politiques, sont très médiatisés et sont consultés par les investisseurs dans leurs décisions de localisation d’activités économiques. L’approche de classement des pays, adoptée par le WEF est celle qui a acquis la plus grande notoriété. Cette approche classe les pays en fonction de la qualité globale de l’ensemble de l’environnement des affaires. Les données recueillies proviennent de domaines très divers. Certaines sont issues des offices nationaux de statistiques, d’autres sont issues de sondages d’opinions au sein des pays14.

Dans le classement de WEF 2013, le Cameroun a occupé la 115e place sur 148 pays mis en compétition. Le pays a régressé de trois places par rapport au classement de 2012. C’est dire que les performances économiques du pays ont baissé par rapport à l’année 2012 où le Cameroun occupait le 112e rang. D’après ce rapport, l’économie nationale est classée au premier stade ; celui où la croissance est impulsée par la mobilisation des facteurs de production avec des travailleurs peu qualifiés, aux bas revenus et, de fait, une faible productivité15. Plusieurs autres indicateurs permettent de mesurer le niveau de compétitivité d’un pays. Nous avons entre autres :

- Le Doing Business de la Banque Mondiale. Il fournit une évaluation quantitative des réglementations qui s’appliquent à la création d’entreprise, l’octroi de permis de construire, le recrutement de personnel, le transfert de propriété, l’obtention de crédit, la protection des investisseurs, le paiement des impôts, le commerce transfrontalier, l’exécution des contrats et la fermeture de petites ou moyennes entreprises. Dans ce classement, le Cameroun a occupé en 2013, la 161eplace sur 185 pays16 ;

- L’Enabling Trade Index (ETI). C’est un indicateur composite du rapport du WEF. Le Cameroun en 2012 a occupé la 118e place sur 132 pays en compétition. Il perd ainsi trois places par rapport au classement 2010 où il occupait la 115e position17.

- L’indice de perception de la corruption de transparency international(IPC) de TI. Il classe les pays en fonction du degré de corruption perçue dans les administrations publiques et la classe politique. C'est un indice composite, de sondages, faisant appel à des données sur la corruption tirées de sondages d’experts réalisés par divers organismes indépendants. Il reflète des points de vue du monde entier, dont celui des

13« Stratégie de l’entreprise compétitive »,Jean Supizet, 2012 14 Site internet du World Economic Forum 15 « Cameroon tribune » du 19 mars 2014. 16 Site Internet de Doing Business, visité le 28 mai 2014 17 Site Internet de L’Enabling Trade Index (ETI), visité le 28 mai 2014

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experts qui résident dans les pays évalués. Le Cameroun en 2013 a été classé 144e sur 175 pays18.

- L’attractivité des IDE. Ce sont des mouvements internationaux de capitaux réalisés en vue de créer, développer ou maintenir une filiale à l’étranger et/ou d’exercer le contrôle (ou une influence significative) sur la gestion d'une entreprise étrangère. Élément moteur de la multinationalisation des entreprises, les IDE recouvrent aussi bien les créations de filiales à l’étranger que les fusions-acquisitions transfrontières ou les autres relations financières (notamment les prêts et emprunts intra-group. En 2011 le classement plaçait le Cameroun à la 129e sur 204 pays19.

- Le rapport sur le développement humain du PNUD. Ce rapport examine le changement profond de la dynamique mondiale guidée par les puissances rapidement émergentes du monde en développement et les conséquences importantes de ce phénomène pour le développement humain. En 2012, le Cameroun était classé 150e sur 186 pays20.

- L’indice de transformation de Bertelsmann, qui donne les informations sur les changements sociétaux des pays en développement en faveur de la démocratie et de l’économie. Le Cameroun au classement 2014, occupe le 98e rang sur 129 pays21.

- Indice IBRAHIM de la Gouvernance en Afrique 2013 (IIAG).l’objectif est d’inciter à une meilleure gouvernance en Afrique. Il a en outre pour objectif de lancer le Prix Mo Ibrahim pour le leadership d’excellence en Afrique récompensant, par un paiement initial de 5 millions de dollars et un paiement annuel à vie d’un montant de 200 000 dollars, des chefs d’État ayant exceptionnellement amélioré la sécurité, la santé, l’éducation, le développement économique et les droits politiques dans leurs pays, et transféré démocratiquement leurs pouvoirs à leurs successeurs. En 2013, le Cameroun dans ce classement africain, a occupé la 35e place sur 52 pays en compétition22. Dans pratiquement tous ces classements, les rangs qu’occupe le Cameroun démontrent

à suffisance que le niveau de compétitivité du pays est faible et ne peut en l’état actuel des choses garantir une croissance soutenue et surtout de permettre l’atteinte de l’émergence en 2035.

Certains économistes utilisent le concept de compétitivité dans un sens macro-économique. Ils proposent comme indicateurs le solde de la balance commerciale, le taux de couverture des importations, la propension d'un pays à importer, la propension d'un pays à exporter, le degré d'ouverture et les parts de marchés. Selon cette approche, la compétitivité correspond à la performance commerciale d’un pays. Un pays devient moins compétitif lorsque ses exportations baissent ou lorsque ses importations augmentent. Selon Lafay (1976) in Njikam (1996, P.68), « la compétitivité d’une économie nationale peut être définie comme étant sa capacité d’affronter la concurrence mondiale ». D’après cette définition, la compétitivité reflète la performance globale de l’économie et conditionne de ce fait son équilibre extérieur à travers le taux de change réel, la balance commerciale, etc. Plus grandes

18 Site internet de Transparency International (TI), visité le 28 mai 2014. 19www.nextafrique.com › Economie et Finance ›, visité le 27 mai 2014 20 Site Internet du PNUD, visité le 27 mai 2014 21 Site Internet Taiwan info, visité le 28 mai 2014 22 Site Internet de l’Indice IBRAHIM de la Gouvernance en Afrique, visité le 27 mai 2014

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sont les capacités d’un pays à vendre les biens qu’il produit aussi bien sur les marchés étrangers que sur son propre marché, plus forte sera la croissance permise avant que ne survienne l’obstacle du déficit extérieur23. Le graphique ci-après donne l’évolution de la balance commerciale du Cameroun entre 1997 et 2009.

Graphique 1 : Evolution de la Balance commerciale du Cameroun entre 1997 et 2009 (en millions de FCFA)

D’autres économistes par contre considèrent la compétitivité comme un concept micro-économique, applicable au niveau de la firme ou de l’industrie. Dans ce cas les indicateurs sont fondés sur les prix, la qualité du produit, les coûts des facteurs, etc. Les définitions microéconomiques sont fondées sur la productivité, les prix, les coûts, la part de marché, la qualité de produit (Buckley, al et Markusen (1992)). La comparaison n’est possible que pour les firmes ou les industries produisant le même bien. Un bien étant définit á l’aide de ses caractéristiques physiques, du lieu, de la date à laquelle il est disponible et de l’état de la nature qui conditionne sa livraison (Debreu, 1984). Que ce soit l’optique microéconomique ou l’optique macroéconomique, l’économie camerounaise reste peu compétitive.

Tout compte fait, à la lumière du graphique 1 ci-dessus, l’on constate que depuis 1997, la balance commerciale du Cameroun est en chute continue, signe sans doute que la compétitivité de ses entreprises se dégrade. Même si dans les années 2000, 2003, 2006, elle a été excédentaire, cela ne relève en rien la tendance baissière qu’elle a amorcée depuis 1997. Cette situation montre la faible capacité des entreprises camerounaises à répondre à la demande nationale. Ce qui traduit la faible compétitivité de l’économie qui a une tendance extravertie.

Pourquoi donc ce faible niveau de compétitivité des entreprises ?, quels en sont les freins?

II.2. Les freins à la compétitivité des entreprises camerounaises

L'étude menée en Juillet 2012 par le BIT auprès de 500 entreprises camerounaises, révèle une constance quant à l'impact de certains facteurs exogènes freinant leurs activités et leur compétitivité. Etaient concernées par cette étude, les petites, moyennes et grandes

23Environnement des affaires et compétitivité des entreprises camerounaises : Partie I, 2009

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entreprises mais également le secteur primaire et industriel. Le rapport de l’étude souligne que les délestages et coupures de courant, les tracasseries administratives et le difficile accès au financement constituent les entraves majeures à la croissance des industries. D'autres facteurs ont aussi été décelés. Il s'agit entre autres de la corruption, des dysfonctionnements du système judiciaire, la fiscalité directe et indirecte, l'insécurité et la concurrence déloyale24.

Dans le Recensement Général des Entreprises (RGE) de 2009 au Cameroun, plusieurs contraintes liées au déploiement des affaires ont été soulevées par les chefs d’entreprises. Les opérateurs économiques dans leur grande majorité décrient l’environnement économique peu favorable au développement de leurs activités au triple plan administratif, juridique et financier. Les obstacles les plus cités par les entrepreneurs sont par ordre d’importance : la fiscalité pour 58,8%, la corruption pour 50,6%, l’accès au crédit pour 37,6%, les formalités administratives pour 35,2%, la concurrence déloyale pour 25,8%, les infrastructures pour 18,4% et enfin le coût du financement du crédit pour 18%. Les autres obstacles qui gênent la bonne marche des affaires se rapportent à l’insuffisance du dialogue entre le secteur privé et les pouvoirs publics, les pénuries de l’énergie électrique, le transport et le fonctionnement de la justice.

Graphique 2 : Les principaux obstacles à l’entreprenariat (en % des opinions des Chefs d’entreprises).

Ces appréciations fort défavorables proviennent principalement des nationaux (53,8%), des chinois (57,9%), des nigérians (47,5%), des français (40,3%) et des américains (37%). Il s’agit à 56% des dirigeants des très petites entreprises et à 54% de ceux des petites

24 Rapport de l’atelier sur l'évaluation de l'environnement favorable au développement de l'entreprise durable au Cameroun, tenu le 10 mai 2013 à Douala.

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entreprises. En effet, leur taille et sans doute leur surface financière les rendent plus vulnérables25.

Pour pallier à toutes ces insuffisances et assainir le climat des affaires afin de rendre plus compétitives les entreprises camerounaises, les pouvoirs publics ont mis en place une panoplie de mesures visant à lever les contraintes liées au déploiement des affaires au Cameroun et relancer l’activité économique. Parmi ces mesures, nous pouvons citer :

- Le comité de compétitivité dont l’objectif est de contribuer au renforcement de la compétitivité de l’économie camerounaise par l’instauration d’un environnement des affaires propice au développement des investissements privés productifs ;

- Le programme d’Appui à l’amélioration de la Compétitivité de l’Economie Camerounaise (PACOM). D’un montant de 6,6 milliards de F CFA, le PACOM devrait contribuer au renforcement de l'économie camerounais à travers l'amélioration de la productivité et la progression qualitative nationale, permettant ainsi la mise en œuvre des deux composantes de la stratégie commerciale souhaitée par l'Etat : valorisation des avantages comparatifs des filières compétitives sur les marchés d’exportation (régionaux et internationaux) et développement des entreprises nationales sur le marché intérieur notamment sur l’axe de la sous-traitance.

- Le Cameroon Business Forum (CBF). Le Cameroon Business Forum (CBF) est un mécanisme de dialogue public-privé mis en place pour œuvrer à l’amélioration du climat des affaires. Il est initié conjointement par le gouvernement camerounais et IFC (Société Financière Internationale) du groupe de la Banque Mondiale qui apporte son appui technique à l’État pour une meilleure appropriation, à terme, de cette plate-forme de concertation ;

- Le Programme d’Appui à la Compétitivité des Filières de Croissance (PCFC). Ce programme vise à contribuer à une accélération de la croissance et de l’emploi par l’amélioration de la compétitivité des filières non agricoles prioritaires non répertoriées et validées par le gouvernement (filières bois, textile-confection, tourisme et les technologies de l’information et de la communication), ce à travers la réduction des coûts, l’amélioration du climat des affaires et de la qualité des infrastructures. Il met en œuvre une masse critique d’interventions de nature à inciter les investissements privés productifs et les exportations autour de ces filières ;

- Le Programme d’Appui à la Compétitivité Agricole (PACA). Le PACA porte sur le développement des agro-industries, celles-ci constituant un débouché important pour la production agricole et un puissant facteur d’intensification des activités et de transformation des produits du monde rural. Il vise en outre l’accroissement de la compétitivité des petits producteurs agricoles à travers l’amélioration de la productivité et de la qualité des produits, et l’intensification de la commercialisation. Le projet est concentré sur un nombre limité de filières agro-pastorales reconnues comme porteuses de croissance (riz, maïs, porcs, bovins, volailles, bananes plantain et palmier à huile) ;

- Le Programme d’Amélioration de la Compétitivité des Exploitations Familiale Agro-pastorales (ACEFA). Ce programme vise à permettre aux exploitants de mieux maîtriser leur gestion technique et économique, d’avoir un meilleur accès aux intrants

25 Rapport final du recensement général des entreprises au Cameroun, 2009.

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et de mieux commercialiser leurs produits à travers un développement des organisations professionnelles de deuxième niveau, d’être appuyés dans l’élaboration et la mise en œuvre de leurs projets productifs et le financement de leurs investissements (appui direct aux exploitations) ;

- Le programme Agropole. Ce Programme agropoles vise le soutien et la mise en cohérence, en étroite collaboration et parfaite synergie, des interventions des ministères sectoriels, des institutions publiques et privées concernées par la promotion des entreprises agro-syvio–pastorales de moyenne et de grande importance sur l’étendue du territoire ;

- Le projet d’amélioration de la productivité et de la compétitivité de la filière palmier à huile ;

- L’Agence des Petites et Moyennes Entreprises (APME). l'Agence est chargée de la mise en œuvre de la stratégie sectorielle en matière de promotion et de développement des Pme; la facilitation des formalités de création d'entreprises; l'encadrement des entreprises dans la mise en place d'outils de gestion adaptés à leurs besoins organisationnels, techniques, financiers, commerciaux et technologiques; la facilitation de l'accès des Pme au financement de leurs activités, la facilitation des relations de partenariat entre les Pme et les grandes entreprises; la promotion des structures publiques d'incubation des Pme, entre autres ;

- La Banque Agricole. - Le Programme de Reconversion Economique de la Filière Banane Plantain

(PREBAP) ; - Le Programme Pilote d’Appui à la Mise à Niveau, la Normalisation et la Qualité au

Cameroun (PPAMNQ) ; - Le Programme d’Appui au Plan de Modernisation des Douanes (PADMOD). Ce

programme vise à : simplifier les procédures et rationaliser les contrôles, améliorer le système de suivi et de contrôle des exonérations et des régimes suspensifs, moderniser les services et les systèmes informatiques, assurer la protection de l'espace économique, définir une politique de recrutement, de formation et de déploiement du personnel, apporter des améliorations à l'environnement de travail et à l'éthique professionnelle du personnel, étudier la mise en place des moyens efficaces de lutte contre la fraude et la contrebande;

- Le Programme d’Appui et de Soutien aux APE(PASAPE) (2003) dont le but est de permettre aux entreprises d’être plus compétitives. Ce programme vise le renforcement de la compétitivité, de la mise à niveau des entreprises et le renforcement des systèmes normalisation et de qualité ;

- Le Programme National de Gouvernance (PNG). Il contribue aussi au renforcement de la compétitivité à travers la promotion du partenariat public-privé, la culture de responsabilité dans la gestion des affaires publiques ainsi que l’efficience institutionnelle ; Etc. La panoplie de mesures dont certaines ont ci-dessus été citées, et mise en place par les

pouvoirs publics et les partenaires au développement, vise à lever les entraves à la compétitivité des entreprises camerounaises. Mais force est de constater que plus d’une décennie après pour la plus part, le niveau de compétitivité des entreprises camerounaises

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reste toujours faible. Les classements du WEF et du Doing Business en 2013 en sont une preuve. On peut donc s’apercevoir que les pouvoirs publics ont actionné sur quasiment tous les instruments et leviers de compétitivité, sauf sur celui de l’innovation qui est justement le plus utilisé par les pays développés et émergents qui occupent les premiers rangs dans les classements des meilleurs Etats compétitifs. L’innovation, associée à toutes les mesures prises par les pouvoirs publics, aboutirait forcément à une amélioration considérable du niveau de compétitivité des entreprises et de l’économie camerounaise en général.

Comment la mise en œuvre de l’innovation pourrait-elle contribuer à améliorer la compétitivité des entreprises ?, et avant d’y arriver, qu’est ce que l’innovation ? Comment se pratique t-elle au Cameroun ?, le Cameroun peut-il innover pour ses entreprises?

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I. CADRE THEORIQUE

I.1. Définition de l’innovation

L’innovation peut se définir comme une nouvelle combinaison des facteurs dans la fonction de production. Elle se traduit selon la classification de J. A. Schumpeter (1883-1950) par :

- de nouvelles techniques de production (innovation de procédés) ; - de nouveaux biens destinés à la clientèle (innovation de produits) ; - de nouvelles sources de matières premières ; - de nouveaux débouchés économiques (nouveaux moyens de transport, nouvelle

méthode de distribution) ; - de nouvelles formes de gestion des entreprises, par exemple des formes de

concentration nouvelles (l’émergence des trusts) ou de délocalisation, etc.

Selon Schumpeter, la dynamique de l’innovation résulte au niveau microéconomique de l’activité de l’entrepreneur qui reçoit en contrepartie un profit lié à la prise de risque et à sa fonction de direction. Au niveau macroéconomique, l’innovation détourne des facteurs de production de leur emploi habituel et conduit à un processus de destruction créatrice. La dimension discontinue des innovations (grappe d’innovations) donne à la croissance économique une allure cyclique d’autant plus marquée que l’innovation est plus importante et qu’elle conduit à une expansion monétaire cumulative à base de crédit26.

Au cours des dernières décennies, de nouvelles technologies, de nouvelles industries et de nouveaux modèles économiques ont été à l’origine d’une croissance remarquable de la productivité et du PIB. De nombreuses études ont pu démontrer que la Recherche-Développement, concept rendant compte de l’Innovation au sens strict, a produit un effet sensible sur la croissance du PIB réel par habitant. Mais l’Innovation va au-delà de la Recherche-développement et peut être définie comme la mise en œuvre d’un produit (bien ou service) ou d’un procédé nouveau ou sensiblement amélioré, d’une nouvelle méthode de commercialisation ou d’une nouvelle méthode organisationnelle dans les pratiques de l’entreprise, l’organisation du lieu de travail ou les relations extérieures27. En d’autres termes, l’innovation est tout ce qui est nouveau et qui concourt à améliorer un produit ou un procédé nouveau.

De fait, loin de se limiter aux laboratoires de recherche et aux expérimentations diverses, le champ de l’Innovation englobe l’ensemble des utilisateurs, des fournisseurs et des

26 Alain BEITONE, Antoine CAZORLA, Christine DOLLO, Anne-Mary DRAI ; Dictionnaire de science économique, 3e édition revue et augmentée 27 Manuel d’Oslo, 3e édition, OCDE 2005

CHAPITRE II : ETAT DES LIEUX DE LA MISE EN ŒUVRE DE L’INNOVATION AU CAMEROUN

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consommateurs. Que ce soit dans les administrations publiques, les entreprises ou les organismes à but non lucratif, elle transcende les frontières entre pays, secteurs et institutions. Ce qui place l’Innovation au centre de l’activité économique, génératrice d’emplois et de richesses. Le manuel d’Oslo distingue à cet effet quatre types d’Innovation :

‐ l’Innovation de produit. Elle est l’introduction d’un bien ou d’un service nouveau. Cette définition inclut les améliorations sensibles des spécifications techniques, des composantes et des matières, du logiciel intégré, de la convivialité ou autres caractéristiques fonctionnelles ;

‐ l’innovation de procédé. C’est la mise en œuvre d’une méthode de production ou de distribution nouvelle ou sensiblement améliorée. Cette notion implique des changements significatifs dans les techniques, le matériel et le logiciel ;

‐ l’Innovation de commercialisation. Elle est la mise en œuvre d’une nouvelle méthode de commercialisation impliquant des changements significatifs de la conception ou du conditionnement, du placement, de la promotion ou de la tarification d’un produit ;

‐ L’Innovation d’organisation. C’est la mise en œuvre d’une nouvelle méthode organisationnelle dans les pratiques, l’organisation du lieu de travail ou les relations extérieures de la firme28.

Dans l’actuel contexte de concurrence internationale acharnée, l’innovation se place au cœur de l’activité économique et devient chaque jour davantage un instrument incontournable de politique économique pour tout Etat qui aspire à la prospérité et à la modernité. Tout au moins a-t-elle été identifiée comme la source principale de la croissance des pays de l’OCDE et des pays dits émergents.

I.2. Schumpeter et les nouveaux modèles de croissance endogène

Pour l’économiste autrichien Joseph Aloïs Schumpeter, le fondement et le ressort de la dynamique de l'économie sont l'innovation et le progrès technique. L'histoire du capitalisme est une mue permanente. La technologie évolue, se transforme poussant des pans entiers de l'activité économique à s'étioler puis à disparaître après avoir été dominants. Le changement est structurel avant d'être quantitatif.

Joseph Schumpeter expliquait dans Le cycle des affaires, publié en 1939, les cycles économiques par l'innovation et en particulier par les « grappes d'innovation ». Selon lui, le progrès technique est au cœur de l'économie et elles apparaissent en grappes ou essaims : après une innovation majeure, souvent une innovation de rupture due à un progrès technique, voire scientifique (par exemple : la vapeur, les circuits intégrés, l'informatique, l'internet, les nanotechnologies, ...) d'autres innovations sont portées par ces découvertes. On constate alors des cycles industriels où, après une innovation majeure, l'économie entre dans une phase de croissance (créatrice d'emplois), suivie d'une phase de dépression, où les innovations chassent

28Manuel d’Oslo, (3e édition, OCDE 2005)

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les entreprises "dépassées" et provoquent une destruction d'emplois29.Au cœur du système capitaliste se trouve, pour Schumpeter, l'entrepreneur qui réalise des innovations (de produits, de procédés, de marchés, etc.). En conséquence, la croissance est un processus permanent de création, de destruction et de restructuration des activités économiques. La « destruction créatrice » est donc la caractéristique du système capitaliste qui résulte du caractère discontinu des innovations.

Schumpeter met en avant le rôle majeur des innovations dans l'impulsion, la mise en mouvement de l'économie sous l'action de l'entrepreneur. C'est par la fabrication de produits nouveaux, l'adoption de procédés et de techniques inédits, l'utilisation de nouvelles matières premières ou l'ouverture de nouveaux débouchés que les structures finissent par changer. Schumpeter met en évidence le rôle déterminant de l'innovation dans l'impulsion du système économique. Il prend comme point de départ la modélisation d'une économie stationnaire, nommé circuit économique, et dont les différents éléments structurels se reproduisent à l'identique. Il s'agit d'une représentation simplifiée de la vie économique et des relations qui se nouent entre les agents économiques. La logique de ce circuit économique est celle de l'équilibre général : les mouvements adaptatifs des prix assurent l'adéquation entre les différentes variables économiques, et chaque facteur de production est rémunéré à son prix. Ce circuit économique est caractérisé par la libre concurrence, la propriété privée et la division du travail entre les agents. Ces derniers, qui agissent en fonction de leur expérience passée, n'introduisent aucune rupture fondamentale dans leurs comportements et les relations économiques en place. Les méthodes de production et les pratiques de consommation restent stables, l'offre devient égale à la demande par le jeu des prix, de sorte que l'allocation des ressources est efficiente. Les comportements routiniers et les mécanismes adaptatifs conduisent alors à un état stationnaire.

Or, selon Schumpeter, cette routine est brisée par l'entrepreneur et ses innovations. Ainsi, l'évolution ne peut pas venir d'une modification quantitative (hausse de la production ou du capital), mais de la transformation qualitative du système de production. Schumpeter montre que le facteur déterminant de cette évolution est l'innovation : celle-ci est au cœur non seulement du processus de croissance, mais aussi de transformations structurelles plus importantes.

II. CADRE DE MISE EN ŒUVRE DE L’INNOVATION AU CAMEROUN Le cadre législatif et réglementaire du sous-secteur innovation camerounais est encadré par le décret N°2012/393 du 14 Septembre 2012 portant organisation du Ministère de la Recherche Scientifique et de l’Innovation(MINRESI);

D’autres textes, que nous n’évoquerons pas ici, confèrent une partie des attributs de l’innovation à certains autres départements ministériels.

La politique générale du sous-secteur de l’innovation au Cameroun est définie par le Ministère de la Recherche Scientifique et de l’Innovation(MINRESI) qui est responsable de

29J. A. Schumpeter, « Capitalisme, socialisme et démocratie », Petite Bibliothèque Payot, 1974, pp. 119-125

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l’élaboration et de la mise en œuvre de la politique du gouvernement en matière de Recherche Scientifique et d’Innovation. Il s’appuie en la matière sur des instituts publics et parapublics (IRAD, IMPM, IRGM, INC, ANRP, MIPROMALO, CNE, CARBAP, SIL, IRD) qui sont sous sa tutelle administrative. II.1. Diagnostic du cadre de mise en œuvre de l’innovation

i) Potentiel d’innovation camerounais

Le Cameroun dispose d’un potentiel d’innovation indéniable et exploitable du fait du grand nombre d’instituts publics qui sont sous la tutelle du ministère et surtout du fait des résultats et produits de la recherche que l’on découvre très souvent lors des foires et expositions organisées tant au niveau régional qu’au niveau national. Le fichier des experts et chercheurs indépendants encours de construction à la Division de la Promotion et de l’Appui à l’Innovation(DPAI), qui comprend à cette date un peu plus de 300 experts montre combien les camerounais sont ingénieux. Cette ingéniosité pourrait accroitre de manière substantielle la valeur ajoutée de ses produits et rendre notre économie plus compétitive. La qualité des innovations issues chaque année des rapports régionaux sur l’innovation démontre à suffisance ce potentiel qui demande juste qu’à être exploité et orienté vers le développement et surtout vers la résolution des problèmes urgents à l’instar de la lutte contre la pauvreté et la promotion d’une santé pour tous.

ii) Faible vulgarisation des innovations

Dans la banque des premières données sur les innovations déjà collectées, plusieurs d’entre elles peuvent de manière significative résoudre les problèmes auxquels font face au quotidien les camerounais et qui sont des préoccupations majeures des pouvoirs publics (santé, alimentation, électricité, changements climatiques, logement…). Dans de nombreux domaines, la recherche camerounaise a proposé des solutions et des résultats sont disponibles. Le gros problème réside au niveau de la vulgarisation de ces innovations. Pourtant il ne fait aucun doute que la demande en innovation est forte et concerne l’ensemble des utilisateurs, des fournisseurs et des consommateurs.

En effet, que ce soit dans les administrations publiques, les entreprises ou les organismes à but non lucratif, l’innovation transcende les secteurs, les institutions et même les frontières inters étatiques. Or au Cameroun cette dernière reste malheureusement dans les tiroirs et n’est pas mis à contribution pour le développement du pays. Toutefois, il convient de relever que le Chef de l’Etat lors du comice agropastoral d’Ebolowa, au sortir de la visite des stands du MINRESI, a instruit à Mme le MINRESI après s’être émerveillé par le génie inventeur des chercheurs camerounais, de « faire connaitre toutes ces innovations ».

L’absence des statistiques en matière d’innovation au Cameroun ne permet pas de donner de manière exacte le niveau d’accès aux innovations. De manière globale, l’on pourrait dire qu’au vu des résultats de quelques sondages menés en 2012 par les cadres de la DPAI auprès des potentiels utilisateurs des innovations agropastorales et médicinales, le taux d’accès à ces innovations tournerait autour de 10%. Il est néanmoins important de souligner

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que ce taux d’accès, grâce aux actions entreprises par le MINRESI en collaboration avec les instituts sous-tutelle, a quelque peu augmenté.

La DPAI, chargée de l’administration de l’innovation n’a pas suffisamment de moyens pour encadrer et accompagner les innovateurs. Ce manque d’encadrement des innovateurs est un motif qui décourage les chercheurs et du coup, ne déclarent pas leurs résultats. Certains chercheurs institutionnels utilisent les moyens de l’Etat pour des recherches dont les pouvoirs publics ne sont jamais informés des résultats. Conséquence, ces derniers s’accumulent et ne sont transmis qu’en compte gouttes aux entreprises censées les développer et créer des richesses. D’où le syndrome, de plus en plus décrié par le MINRESI, de « privatisation des résultats de la recherche publique ».

iii) Faible financement de l’innovation au Cameroun

D’années en années – et ce, depuis plus de 10 ans – le financement alloué au MINRESI ne cesse de croître sans que la part réservée à l’innovation ne s’en ressente significativement. L’absence d’une politique nationale d’innovation et le faible financement de l’innovation au Cameroun ne peuvent que se solder par une faible pratique des activités de recherche et d’innovation au Cameroun. Une situation préjudiciable à la compétitivité de notre économie qui doit innover pour tirer une part importante des échanges internationaux et garantir sa croissance. La contribution du MINRESI à la croissance et à l’amélioration des conditions de vie des populations est donc inéluctablement très faible. Certainement parce que les financements n’atteignent pas encore le niveau minimum (au moins 1% du PNB) pour impacter positivement sur l’activité économique et aussi le management de l’innovation au Cameroun est inefficient. Pourtant c’est justement dans ce secteur que le Cameroun devrait fournir des efforts pour mieux faire face à la concurrence mondiale des économies et garantir sa croissance. Le tableau ci-après retrace l’évolution du budget du MINRESI de 2004 à 2013.

Tableau 2 : Evolution du budget du MINRESI et du taux de croissance du Cameroun entre 2004 et 2013.

Années  2004  2005  2006  2007 2008 2009 2010 2011  2012  2013

Budget MINRESI  6 052  6 196,8  6 501  10 447 11 855 12 586 12 257 7 825  8 793  11 731

Budget total 1 617 000  1 721 000 

1 861 000 

2 251 000 2 276 000 2 301 400 2 570 000 2 571 000  2 800 000  3 236 000

Taux de croissance Cameroun  3,5%  2,8  3,2 %  3,3%  2,6%  2,0%  3,2%  4,1%   4,6%   4,8% 

Pourcentage par rapport au Budget total  0,37  0,36  0,34  0,46 0,52 0,54 0,47 0,3  0,31  0,36

Source : Lois des finances des différentes années

Il ressort de ce tableau que, bien qu’étant en augmentation intermittente, le budget du MINRESI demeure très faible par rapport aux besoins et aux défis que l’innovation est appelée à relever. La part prise dans le budget national reste en tous cas en deçà du 1% du PNB qui est le seuil censé permettre un impact économique significatif du secteur recherche

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et innovation. La relation de causalité entre le financement du MINRESI et la croissance économique est très faible au Cameroun. A titre d’illustration, en 2004 le budget du MINRESI était de 6 052 millions et le taux de croissance était de 3,5%. Par contre en 2009, le budget du MINRESI s’élevait à 12 586 millions, plus du double du budget de 2004. Mais le taux de croissance cette année là était le plus faible de la décennie (2,0%). Cette illustration démontre bien qu’au Cameroun, la recherche et l’innovation ne constituent pas encore des instruments de politique économique sur lesquels les pouvoirs publics peuvent agir pour atteindre les objectifs de croissance et de réduction de la pauvreté.

Cette faible culture de l’innovation se confirme par le nombre réduit des brevets

déposés par le Cameroun en 40 ans à l’OAPI (Cf. Tableau 3). Le nombre des dépôts des brevets d’invention étant un indicateur du niveau d’inventivité d’un pays.

Tableau 3 : Dépôts des brevets d’invention du Cameroun à l’OAPI de 1964 à 2004

N° Institutions Nombre total de brevets de 1964 à 2004 01 MINRESI et Instituts 02 02 Universités et Grandes Ecoles 02 03 Sociétés privées 19 04 Chercheurs isolés 99 05 Autres Ministères 04 Total 126 Source : OAPI

Les résultats de ce tableau laissent transparaître que la valorisation des résultats des recherches menées par les chercheurs du MINRESI en termes de brevets n’a pas été fructueuse. Il s’explique aussi par le fait que très peu de chercheurs sont informés des questions de propriété intellectuelle, ou ont mené des activités de recherche. Situation qu’on pourrait imputer à la démotivation due à la période de déclin et de relâchement des activités de recherche au Cameroun dans la décennie (1980-1990).

iv) Quelques résultats des innovations

L’éventail des innovations mises en œuvre par les chercheurs camerounais est large. Ainsi, on peut noter au vu des rapports régionaux sur les innovations reçus chaque année, que les chercheurs s’activent sur plusieurs domaines. Pour une meilleure lisibilité, ces innovations ont été réparties en quatre grands domaines à savoir : - la santé et l’alimentation ; - l’élevage ; - l’agriculture, la protection et l’embellissement de la nature ; - la technologie et l’art.

Le tableau ci-après donne une idée des statistiques des innovations enregistrées en 2011 au Cameroun et recensées par les CRRI.

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Tableau 4 : STATISTIQUES DES INNOVATIONS ISSUES DU RAPPORT ANNUEL SUR LES INNOVATIONS DE L’ANNEE 2011 RECUES PAR LA DPAI

Régions Santé et Alimentation

Elevage Agriculture, protection de

la Nature

Technologie et Art

Total

Pourcentage

Centre 15 02 17 16,66% Littoral 07 01 03 11 10,78%

Sud 03 03 06 5,88% Est 07 07 6,86%

Ouest 04 02 09 15 14,70% Sud-ouest 03 02 04 09 8,82% Nord-ouest 04 02 01 14 21 20,58%

Nord 02 02 1,96% Extrême-

Nord 01 01 12 14 13,72%

Total 46 04 07 45 102 100% Source : Rapport National annuel sur l’innovation de l’année 2011, et nos calculs

Après traitement de ces données, l’on a pu déterminer la proportion des innovations

pour chaque domaine et pour chaque région. Les graphiques ci-après en précisent la répartition.

Graphique 3 : Répartition des Innovations de 2011 par domaine d’activité

Source : Rapport National annuel sur l’innovation de l’année 2011, et nos calculs Par rapport aux régions on a :

Santé et Alimentation

; 45%

Elevage; 4%

Agriculture et protection de la nature; 

7%

Technologie et Art; 44%

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Graphique 4 : Répartition des innovations de 2011 par région

Source : Rapport National annuel sur l’innovation de l’année 2011, et nos calculs Ces statistiques ne sauraient en aucun cas épuiser la réalité camerounaise en matière

d’innovation d’autant plus que le ministère n’a pas encore mis en place un outil de collecte efficace et fiable des innovations à l’échelle nationale. Il n’empêche que s’en dégage la réalité d’un potentiel innovant peu impactant parce qu’insuffisamment exploité.

v) Insuffisance des compétences en administration d’innovation

Le personnel administratif affecté à la Division de la Promotion et de l’Appui à l’Innovation (DPAI), n’a véritablement pas des compétences en administration de l’innovation. Ce qui constitue un gros handicap pour l’élaboration et la mise en œuvre des politiques d’innovation. Des mesures sont déjà prises pour que les cadres de la DPAI suivent des formations auprès des institutions et organisations offrant ce type d’enseignement. .

II.2. Analyse de la mise en œuvre de l’innovation au Cameroun

Analyse SWOT L’analyse choisie pour mieux ressortir les enjeux de la mise en œuvre de l’innovation au Cameroun est l’analyse SWOT qui consiste à donner les Forces/Faiblesses, Opportunités/Menaces (FFOM) de l’innovation au Cameroun.

Centre, Sud, Est; 30%

Littoral; 11%

Sud‐ouest; 9%

Nord, Extrême‐Nord; 16%

Ouest; 14%

Nord‐ouest; 20%

Répartition des Innovations par Région

Centre, Sud, Est

Littoral

Sud‐ouest

Nord, Extrême‐Nord

Ouest

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Tableau 5 : Diagnostic de la mise en œuvre de l’innovation au Cameroun

Environnements Effets sur l’atteinte des objectifs de développement de l’innovation : Positifs

Effets sur l’atteinte des objectifs de développement de l’innovation : Négatifs

Interne

Forces: - Fort potentiel d’innovation ; - Chercheurs compétents dans tous les domaines de la science et de la technologie ; -Importantes innovations disponibles et exploitables ; -Population réceptive et favorable aux nouveaux produits ; - Personnel administratif dévoué à la tâche ; - Environnement Institutionnel en cours d’implémentation ; -Des infrastructures relativement appropriées.

Faiblesses: ‐ Absence d’une politique nationale

d’innovation; ‐ Absence d’une loi d’orientation de la

recherche scientifique et de l’innovation au Cameroun ;

‐ Absence d’une stratégie de promotion et d’appui à l’innovation ;

‐ Faible financement de l’innovation; ‐ Faible vulgarisation des résultats de la

recherche et des innovations ; ‐ Faible taux d’accès aux innovations ; ‐ Insuffisance de compétences en

administration de l’innovation ; ‐ Faible implication de la DPAI dans

l’exécution des projets d’innovation ; ‐ Manque de coordination entre les

acteurs de l’innovation; ‐ Défaut de compétences camerounaises

dans les domaines de pointe ; ‐ Non concrétisation de la prise en

compte de l’innovation dans la programmation du développement du Cameroun ;

‐ Absence d’un encadrement des innovateurs ;

‐ Faible transfert des résultats de la recherche vers les entreprises ;

‐ Déficit d’innovation collaborative ; ‐ Faible maillage territorial des pôles de

compétitivité ; ‐ Absence de la structuration de la

gestion de l’innovation dans les instituts ;

‐ Absence de critères de détection des résultats innovants de la recherche ;

‐ Absence de moyens de consolidation de

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la propriété intellectuelle.

Externe

Opportunités: ‐ La politique de développement actuelle du Cameroun repose sur l’amélioration de l’offre et de l’accès au plus grand nombre de produits ; ‐ La création de tout un Ministère en charge de la recherche scientifique et de l’innovation ; ‐ Révision du DSCE. Dans cette révision, il est prévu la prise en compte de l’innovation comme outil de compétitivité des entreprises et de l’économie en général ; ‐ APE Cameroun-UE. Cet APE va contraindre le pays à innover pour mieux faire face à la concurrence internationale ; ‐ Un personnel administratif essentiellement jeune et dévoué ; ‐ Un engouement significatif de tous les partenaires sectoriels en faveur des pôles de compétitivité.

Menaces: - L’innovation comme simple mode et

non un sujet véritablement politique ; - La non prise en compte par les

pouvoirs publics des mesures préconisées par les observateurs et les décideurs ;

- APE Cameroun-UE. La signature de cet accord avant l’implémentation d’une culture de l’innovation pourrait plomber la croissance du fait de la faible compétitivité actuelle des entreprises camerounaises ;

- L’absence de ressources pour accroitre le financement de l’innovation ;

- Mauvaise exécution des projets d’innovation ;

- Intérêts égoïstes de certains acteurs ; - Les résistances au changement d’une

bonne partie de responsables du MINRESI sceptiques à l’innovation ;

- Le manque de motivation des chercheurs.

En définitive, au vu de cette présentation de la pratique de l’innovation au Cameroun, l’on pourrait sans risque de se tromper dire que son impact sur la croissance et l’amélioration des conditions de vie des populations est très peu perceptible. Pourtant cette innovation est attendue sur le champ de la compétitivité de notre économie qui a du mal à se mettre sur le chemin de l’expansion. D’où toute la « batterie » de mesures de politique économique entreprises depuis 2010 avec la mise en œuvre du DSCE pour relancer la croissance et créer de milliers d’emplois. Face à ce défi, quel peut être l’apport de l’innovation ?, En quoi l’innovation est un facteur de compétitivité ?, Que peut donc l’innovation pour améliorer la productivité et la compétitivité des entreprises camerounaises ?

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La compétitivité des entreprises camerounaises par l’Innovation 

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I. EN QUOI L’INNOVATION PEUT-ELLE ETRE UN FACTEUR DE COMPETITIVITEDES ENTREPRISES AU CAMEROUN ?

Dans une économie de marché, les entreprises font permanemment face à la

concurrence. Elles cherchent donc à améliorer leur capacité à y faire face, c’est-à-dire leur compétitivité. On distingue habituellement la « compétitivité prix », qui découle de la capacité à vendre moins cher que la concurrence, et la « compétitivité hors prix », encore appelée « compétitivité produit » ou « structurelle », qui résulte de la réputation ou de la qualité particulière des produits. Le problème se pose également à l’échelle des Etats, car les entreprises d’un territoire peuvent être plus ou moins compétitives par rapport à celles des autres pays, selon l’environnement juridique, matériel et social qui contribuent à leur créer les décisions de politique gouvernementale.

En Afrique en général, les Etats n’ont véritablement pas encore développé

l’innovation. Au Cameroun par exemple, plusieurs initiatives sont mises en place par les pouvoirs publics dans le but d’améliorer la compétitivité de l’économie camerounaise. Pourtant en France en Europe et dans les pays émergents, les pouvoirs publics affichent leur ferme volonté de favoriser l’innovation afin d’améliorer la compétitivité de leurs entreprises. Et les mesures visant à améliorer la compétitivité des entreprises dans ces pays sont d’abord dirigées vers l’innovation. Le résultat de cette volonté politique est le niveau de développement de ces Etats. L’innovation permet ainsi d’améliorer la compétitivité-prix et la compétitivité structurelle.

I.1. L’innovation est un moyen d’améliorer la compétitivité-prix

I.1.a) Les innovations de procédés permettent de réduire les coûts grâce aux gains de

productivité

La mise en œuvre de nouvelles techniques de production, grâce à l’utilisation de machines nouvelles ou de nouveaux équipements, permet en général aux entreprises d’accroître leur productivité, c’est-à-dire le rapport entre les quantités produites et les quantités de travail ou de capital utilisées. Chaque unité produite revient ainsi moins cher à réaliser, ce qui permet de la vendre à un prix inférieur tout en continuant à faire des bénéfices. D’où une meilleure compétitivité-prix.

Ce raisonnement peut être illustré par le classement du WEF 2013 des cinq premiers pays les plus compétitifs, à savoir : la Suisse, Singapour, la Finlande, l'Allemagne et les Etats-Unis. En Afrique, l’île Maurice, l’Afrique du Sud, le Rwanda, le Botswana et le Maroc sont

CHAPITRE III : INNOVATION COMME FACTEUR DE COMPETITIVITE DES ENTREPRISES AU CAMEROUN

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Rédigé par ETEKI ELOUNDOU Laurice Serge   Page 36 

les cinq premiers. Le Cameroun occupe la seizième place. Les Etats-Unis sont le pays où la productivité par salarié est la plus forte. Et cette productivité remarquable peut elle-même s’interpréter comme la conséquence d’un haut degré d’innovation: le nombre de brevets déposés par rapport au nombre d’habitants est près de 40% plus élevé aux Etats-Unis qu’en France, et près du double en Suède et en Suisse. Au Cameroun, en 40 ans (1964-2004), le Cameroun n’a pu déposer que 126 demandes de brevets à l’Organisation Africaine de la Propriété Intellectuelle (OAPI). Cela démontre à suffisance de la faible activité de recherche et d’innovation menée par le pays et qui se traduit malheureusement par ses faibles performances économiques.

I.1.b) les innovations organisationnelles contribuent aussi à faire baisser les prix

L’augmentation de la productivité, favorable à la compétitivité-prix, peut également résulter d’innovations dans l’organisation du travail. Ainsi le taylorisme30, grâce à la division verticale et horizontale du travail, a permis de quadrupler la production des entreprises concernées à la fin du XIXème siècle, tout en divisant le nombre d'ouvriers par quatre. Puis le fordisme31, au début du XXème siècle, a permis d’augmenter encore la productivité et de faire ainsi baisser davantage les prix, grâce au convoyage automatique des produits en cours d’élaboration entre les postes de travail. Entre 1910 et 1925, le prix d’une automobile Ford a été divisé presque par 10. Le toyotisme32, qui s’est développé à partir des années 60 au Japon et s’est ensuite répandu sur toute la planète, a visé les mêmes objectifs de hausse de la productivité et donc d’augmentation de la compétitivité-prix, à un moment où le modèle taylorien-fordien commençait à atteindre ses limites partout dans le monde. Cette méthode d’organisation du travail imaginée par Taichi Ohno33 cherche à favoriser la réactivité de l'entreprise, afin de diminuer les coûts liés aux stocks et aux incertitudes sur l’évolution de l’environnement. Cela conduit à mettre l’accent, notamment, sur la polyvalence et l’esprit d’initiative des salariés.

Au Cameroun, des innovations organisationnelles observées au niveau de certaines de nos administrations en l’occurrence le service des impôts, des douanes et certaines grandes sociétés leur ont permis d’augmenter leur productivité et d’avoir un avantage concurrentiel.

30Méthode de travail dans l'industrie mise au point par Frederick Winslow Taylor (1856-1915). Elle consiste en une organisation rationnelle dutravail qui est divisé en tâches élémentaires, simples et répétitives, confiées à des travailleursspécialisés. L'objectif du taylorisme est d'obtenir la meilleure productivité possible des agents au travail et une moindre fatigue. 31Le Fordisme, modèle d’organisation que l’on doit à Henry Ford, est basé sur une production standardisée de masse. La réussite du modèle Ford est liée aux deux ingrédients symboliques, la Ford T et l’usine de River Rouge qui l’a produite. C’est dans cette usine que les matières premières se présentaient sur la ligne d’assemblage pour ressortir en voitures achevées à l’autre extrémité. 32Le toyotismedésigne une organisation du travail élaborée dans les années 1960 par l'ingénieur japonais Taiichi Ono et mise en place au sein de l'entreprise Toyota. Le toyotisme se veut d'abord une amélioration du taylorisme et du fordisme considérés comme insuffisants pour assurer une adaptation rapide des entreprises aux marchés. Il est basé sur une plus grande responsabilisation des travailleurs qui voient leurs tâches enrichies, qui deviennent polyvalentset qui doivent s'impliquer dans leur équipe. Leurs avis sont pris en considération ; ils participent au diagnostic des problèmes et à leur résolution. 33 Ingénieur allergique aux idées reçues, Taiichi Ohno a mis en place chez Toyota un modèle organisationnel novateur. Fondé sur le juste-à-temps et sur de nouvelles règles de management, celui-ci a peu à voir avec le taylorisme et le fordisme.

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L’utilisation optimale des TIC par ces organisations34 leur a permis de moderniser leur service et d’accroitre la qualité de leur produit. Cette avancée induit un accroissement des consommateurs du produit et une assurance du client.

I.2. L’innovation est aussi un facteur de compétitivité structurelle

I.2.a) Les innovations de produits améliorent la compétitivité hors prix

I.2.b) La compétitivité structurelle bénéficie aussi des innovations de procédés ou

organisationnelles

Les innovations de produits correspondent à la mise sur le marché soit de produits complètements nouveaux (« innovations radicales »), soit de produits nettement améliorés par rapport aux versions précédentes ou vis-à-vis de la concurrence (« innovations incrémentales »)35. Dans un cas comme dans l’autre, les entreprises concernées peuvent parvenir à une situation de quasi-monopole, car elles se retrouvent seules ou presque à vendre un produit avec des caractéristiques très particulières. Le fait qu’elles puissent par conséquent fixer leur prix presque sans contraintes, conduit à évoquer à leur propos une « compétitivité hors-prix ». Bon nombre d’entreprises fondent ainsi leur stratégie sur la différenciation des produits, dans le but de gagner en compétitivité structurelle ce qu’elles ne pourraient pas gagner en compétitivité prix. Il peut suffire par exemple de présenter une version du produit plus respectueuse de l’environnement. Dans certains domaines d’activité, en particulier dans le cas des produits de haute technologie, pour lesquels les connaissances applicables évoluent rapidement, cette compétitivité produit est plus déterminante que la compétitivité prix. L’innovation est alors une question de survie, comme certaines firmes informatiques en ont fait l’amère expérience (IBM...).

Les innovations de procédé permettent aussi de gagner en compétitivité structurelle lorsqu’elles améliorent la qualité des produits. Ainsi, la performance des microprocesseurs, en termes de rapidité de calcul, de consommation électrique, et de diffusion de chaleur, dépend notamment de la finesse de gravure de leurs circuits imprimés. Par conséquent dans la compétition entre Intel36 et AMD37 sur le marché des microprocesseurs, la capacité d’Intel à

34 L'organisation est une structure suivant une logique propre pour atteindre un but précis. On parle alors de la société dans sa globalité ou de l'organisation d'une partie de l'effectif de la société visant la résolution d'un problème ou l'accomplissement d'une tâche. 35une innovation qui ne modifie pas profondément les modalités de fonctionnement existant au moment de son apparition. Elle ne remplace pas la technologie dominante, et n’a d’ailleurs généralement pas été conçue pour cela. Si elle apporte une amélioration pour que l’on puisse parler d’innovation, celle-ci est souvent graduelle. « Dans le cas d’une innovation incrémentale, il s’agit généralement d’une petite amélioration technique ou organisationnelle, voire d’une adaptation du modèle économique. 36Integrated ELectronics. Fondeur de puces électroniques, et plus particulièrement de processeurs centraux, en plus des Chipsets et des coprocesseurs. Ses puces les plus connues sont la série des i80x86, le Pentium et le Pentium Pro. Intel a été fondé en 1968 par Bob Noyce et Gordon Moore. 37Advandced Micro Device. Fondeur de puces, en particulier de clones des processeurs d'Intel. AMD est entré en fanfare dans le monde des producteurs de puces, en surprenant Intel avec un 386DX40 plus puissant et moins cher que les puces du concurrent. AMD a aussi été la première société à commercialiser un processeur de un GHz.

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fabriquer des circuits avec une finesse de gravure de 45 nanomètres au début de l’année 2008, plusieurs mois avant son concurrent, a représenté une innovation de procédé très favorable à sa compétitivité hors-prix.

En matière de qualité, l’organisation du travail est également un facteur important. Pour cette raison, les innovations organisationnelles peuvent largement contribuer à la compétitivité hors prix d’une entreprise. La responsabilisation des salariés est un des principes importants du modèle toyotiste d’organisation de la production, qui prône le « zéro défaut ». Et il ne fait guère de doute que la réputation de qualité et de fiabilité des véhicules d’un constructeur automobile, par exemple, peut lui permettre de bien vendre ses produits malgré des prix plus élevés que ceux de la concurrence…

II. ANALYSE DE LA RELATION ENTRE L’INNOVATION ET LA COMPETITIVITE DES ENTREPRISES

II.1. Analyse comparative des modèles de compétitivité par l’innovation

II.1.a) Cas des pays de l’OCDE

La compétitivité d'une nation est un thème récurrent du débat de politique économique. En tant que mesure de l'insertion des entreprises d'un pays dans le commerce international, c'est évidemment un indicateur clé et un instrument de croissance des nations. Dans l’Organisation de Coopération et de Développement Economiques (OCDE), l’innovation occupe une place de choix. Elle est d’après Angel Gurria38, la principale source de croissance des pays membres de l’OCDE. Cela est d’autant plus vrai que dans le classement mondial des pays les plus innovants, les pays membres de l’OCDE se taillent la part belle. Les dix premiers du classement sont la Suisse (inchangé depuis trois ans), la Suède (inchangé), le Royaume Uni (qui progresse de 2 places par rapport à 2012), les Pays Bas (progressent de 2 places) et les Etats Unis (progressent de 5 places), la Finlande, Hong-Kong (Chine), Singapour, Danemark, et l’Irlande39. Le Cameroun dans ce classement occupe le 125e rang sur 142 pays en compétition. Cela démontre à suffisance son faible niveau développement de l’innovation.

Le niveau de développement de l’innovation des pays membres de l’OCDE qui occupent les dix premières places de l’Indice Global de l’Innovation 2013, leur permet d’être hissé aux rangs des pays les plus compétitifs. Dans le classement 2013 du WEF, les dix premières places sont occupées par : la Suisse, Singapour, Finlande, Allemagne, Etats-Unis, Suède, Hong-Kong, les Pays-Bas, le Japon et le Royaume Uni. Seul le Japon qui occupe la 22e place dans l’indice global de l’innovation 2013, se retrouve parmi les dix premiers pays les plus compétitifs du monde. Tout compte fait, le lien de causalité entre le développement de l’innovation et la compétitivité d’un pays est établi. De plus, en explorant le rapport du Doing Business 2013, c’est quasiment les mêmes pays innovants qui occupent pratiquement

38Allocution d’ouverture de M. Angel Gurría, Secrétaire Général de l’OCDE, prononcée au Forum économique international des Amériques le 8 juin 2009 à Montréal, Canada. 39 The Global innovation index 2013

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les premiers rangs : Singapour, Hong-Kong, Nouvelle Zélande, Etats Unis, Danemark, Norvège, Royaume Unis, République de Corée, Géorgie, Australie, Finlande, Malaisie, Suède, Islande, Irlande, …

Pour ces classements du WEF 2013 et du Doing Business 2013, si l’on fait une parallèle avec le Cameroun, on constate que son rang de 115e sur 148 pour le WEF et de 161e sur 185 pour le Doing Business, justifient clairement les difficultés qu’éprouve actuellement le pays à relancer son économie. Le pays a du mal à mettre en place un climat des affaires favorable au développement des entreprises. Cette faiblesse du tissu économique s’agrandit d’années en années du fait de l’absence d’une politique ambitieuse de l’innovation.

Dans certains pays de l’OCDE tels que les Etats-Unis, le Japon, l’Allemagne et la France, le rôle de l’innovation est fondamental dans la mesure où, le résidu qui représente en quelque sorte l’innovation (progrès technique) est le facteur qui contribue le plus à la croissance économique. Le tableau ci-après donne les différentes contributions à la croissance des facteurs de production dans ces quatre pays.

Tableau 6 : Contribution à la croissance des facteurs de production aux Etats-Unis, au Japon, en Allemagne et en France.(Taux de croissance annuels sur la période en %)

   Etats‐Unis  Japon  Allemagne  France 

  1960‐1973 

1973‐1990 

1990‐2025 

1960‐1973 

1973‐1990 

1990‐2025 

1960‐1973 

1973‐1990 

1990‐2025 

1960‐1973 

1973‐1990 

1990‐2025 

Facteur Travail  1,0  1,0  0,2  0,4 0,3 ‐0,2 0,0 ‐0,3 ‐0,5  0,3  ‐0,4 0,0

Facteur Capital  1,1  1,1  1,4  3,5 2,0 1,9 1,9 1,1 0,9  1,6  1,1 0,4

PIB  3,8  2,5  2,0  9,5 4,0 3,4 4,3 2,2 1,8  5,9  2,4 2,1

Résidu (Innovation)  1,7  0,4  0,4  5,6 1,7 1,7 2,4 1,4 1,4  4  1,7 1,7

Source : Virginie COUDERT, « Croissance et démographie dans les pays industrialisés », Economie prospective internationale, 4e trimestre, 1992.

Au regard de tableau ci-dessus, il apparait que sur la période 1960-2025, la croissance de tous ces pays est portée par l’innovation. Pour chaque sous-période, la contribution de l’innovation à la croissance est la somme de la contribution des facteurs travail et capital, parfois plus. On peut donc comprendre pourquoi la majorité des pays de l’OCDE consacrent une part importante de leurs revenus au financement de l’innovation. L’innovation est le levier de leurs économies. Le tableau suivant montre le niveau de dépenses liées à l’innovation faites par dix pays membres de l’OCDE. Ces dépenses sont beaucoup plus extensives que les seules dépenses de Recherche et Développement (R&D).

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Tableau 7:Part des diverses dépenses dans le total des dépenses d’innovation.

part de  Italie Allemagne  Belgique 

Royaume‐Uni 

Pays‐Bas 

Danemark  Norvège  Irlande  Espagne  Portugal 

R&D  32,9  27,1 44,7  32,6 45,6 40,1 32,8 22,2  36,4  22,9

Brevets et licences  6,0  3,4 1,5  2,7 6,1 5,3 4,2 4,3  8,0  4,1

Design  31,9  27,8 11,3  28,4 7,6 15,8 14,2 22     24,5Analyse 

du marché  5,3  6,1 6,6  8,9 19,8 8,2 5,5 38,5  8,8  5,4

Autres dépenses     29,2 21,2  15,9 20,2 9,0 17,6 20,4  6,3  16,8

Source : OCDE, 1997 : an empirical comparison of National Innovation Systems, P 15.

A la lumière de ce tableau, on constate que les dépenses de Recherche et Développement sont pratiquement les plus importantes. Ce niveau de financement de l’innovation par ces pays se traduit par le niveau de développement et de compétitivité de ces économies.

Au regard de ce qui précède et à la lumière des exemples des pays membres de l’OCDE, l’on pourrait dire que la relation de causalité entre le niveau de développement de l’innovation et la compétitivité d’une économie nous permet de conclure qu’une entreprise qui n’innove pas a une faible compétitivité (hypothèse 1 vérifiée). L’innovation est donc comme une « poudre magique » capable de transformer nos villes et nos campagnes en des lieux attrayants, où il fait bon vivre. La garantie d’une croissance forte et soutenue réside en la capacité d’un Etat à innover.

II.1.b) Cas des pays émergents et des pays en voie de développement

D’années en années, les performances économiques engrangées par les pays innovants ont fini par persuader beaucoup de gouvernements à se tourner vers le développement de l’innovation. A ce sujet, une nouvelle classe de pays dits Nouveaux Pays Industrialisés et Pays Emergents est née. Ces pays sont pour la plus part des pays d’Asie, d’Amérique du Nord, de l’Europe de l’Est… Par définition, un pays émergent est un pays en développement qui, dans le cadre d’une mutation vers une économie ouverte, a amorcé une croissance forte du PIB par tête et une dynamique d’exportation de produits manufacturés40.

Une course à la compétitivité par l’innovation est engagée dans le monde. La France, 5e puissance économique mondiale, ne ressort que 23e dans le classement du World Economic Forum (WEF) sur la compétitivité 2013 et 20e au titre de l’innovation. Les pays émergents, qui captent depuis quelques temps près de deux tiers de la croissance mondiale, ont intégré les enjeux de la croissance par l’immatériel : les BRICS (Brésil, Russie, Inde,

40 Alain BEITONE, Antoine CAZORLA, Christine DOLLO, Anne-Mary DRAI ; Dictionnaire de science économique, 3e édition revue et augmentée

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Chine, Afrique du Sud) enregistrent la plus forte corrélation entre l’investissement immatériel et le PIB. La Chine est devenue en 2011 le premier pays dépositaire de brevets d’invention dans le monde, passant du « Made in China » au « Designed in China »41.

Le rapport 2013 du classement des pays les plus innovants du monde souligne les progrès d'un groupe de pays dynamiques à faibles et moyens revenus, comprenant notamment la Chine, le Costa Rica, l'Inde et le Sénégal. Ces pays occupent respectivement la 35e, 39e, 66e et la 96e places. Les dix premiers pays les plus innovants d’Afrique sont donc : l’Afrique du Sud (58e), la Tunisie (70e), l’Ouganda (89e), le Botswana (91e), le Maroc (92e), le Ghana (94e), le Sénégal (96e), le Kenya (99e), le Cap Vert (103e), le Swaziland (104e)42. Lorsqu’on observe maintenant le classement africain des pays les plus compétitifs pour l’année 2013, on constate aussi que ce sont presque les mêmes Etats qui occupent les premières places, à l’exception de quelques un qui ont reculé de deux ou trois places au trop. On a donc comme dix premiers Etats africains les plus compétitifs : l’Ile Maurice (45e), l’Afrique du Sud (53e), le Rwanda (66e), le Botswana (74e), le Maroc (77e), les Seychelles (80e), la Tunisie (83e), la Namibie (90e), la Zambie (93e) et le Kenya (96e)43. Tout compte fait, les pays les plus innovants du monde sont aussi les pays les plus compétitifs.

La Chine et l’Inde grâce à l’innovation sont entrées dans la cour des grands pays producteurs des produits à haute valeur ajouté à l’exemple des produits manufacturiers. Entre 1997 et 2007, les dépenses en recherche développement de certains grands tel que la Chine, l’Inde, l’Allemagne, le Japon, la Corée, et les Etats-Unis, ont fait accroitre de manière exponentielle, la productivité industrielle dans ces différents pays.

Tableau 8:  R&D Expenditure and Productivity across Countries 

China India Germany  Japan  Korea USA

Total expenditure on R&D 1997 (% of GDP) 0,64 0,7 2,24 2,87 2,48 2,56Total expenditure on R&D 2007 (% of GDP) 1,44 0,83 2,53  3,44  3,21 2,65

Business expenditure on R&D 1997 (% of GDP) 0,3 0,16 1,51  2,07  1,8 1,87

Business expenditure on R&D 2007 (% of GDP) 1,04   1,77  2,68  2,45 1,91

Business expenditure on R&D 1997 (USD Billion) 2,83 0,67 32,75  88,08  9,3 155,41

Business expenditure on R&D 2007 (USD Billion) 35,25   58,91  117,5  25,68 269,27

GDP per capita 1997 (USD)  771 437 26445  33776  11237 31038

GDP per capita 2007 (USD)  2560 965 40430  34262  21655 46680

Productivity in industry 2000 (PPP, USD) 8512 6349 57902  52086  35106 69507

Productivity in industry 2008 (PPP, USD) 18196 9656 84601  70709  64169 120118

Source: IMD, World Competitiveness Yearbook, online database.

41 Gouvernance de l’innovation : Quels enjeux de compétitivité ?, par Marie-Ange ANDRIEUX et Dominique FERNANDEZ POISSON, ECHANGES Juillet-Août 2012, pp 30-32 42 The global innovation index 2013 43 The global competitiveness report 2013-2014

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Rédigé par ETEKI ELOUNDOU Laurice Serge   Page 42 

Les dépenses totales en recherche-développement dans ces pays par rapport à l’année 1997, ont considérablement augmenté dix ans après. On note aussi que dans les entreprises, ces dépenses en R&D ont augmenté. Ce financement de la R&D s’est traduit par l’augmentation plus que proportionnelle de la productivité industrielle. Ce qui a permis à ces pays de consolider leur position de leader mondial en matière de compétitivité.

II.2. Analyse de la relation entre l’innovation et la compétitivité des entreprises

camerounaises et recommandations

II.2.a) Cas de la pratique de l’innovation par les entreprises camerounaises

La pratique de l’innovation par les entreprises camerounaises n’est pas encore développée, du fait non seulement de la faible culture de l’innovation au Cameroun, mais aussi du fait des coûts élevés des activités de recherche-développement. D’après les résultats du recensement général des entreprises (RGE 2009), sur les 93 969 entreprises recensées au Cameroun, 75% sont des Très Petites Entreprises (TPE), 19% des Petites Entreprises (PE), 5% des Moyennes Entreprises (ME), et 1% des Grandes Entreprises (GE)44. Lorsqu’on sait que la pratique des activités de recherche-développement au sein d’une entreprise est fonction de la taille de cette dernière et qu’au Cameroun 1% des entreprises sont dans la classe des Grandes Entreprises, on peut comprendre aisément que la faible pratique de l’innovation par les entreprises est due à la taille très petite des entreprises et donc ne disposent pas de moyens pour mener de telles activités.

Une enquête menée dans le cadre du financement des entreprises innovantes au Cameroun en 2013 et qui portait sur un échantillon de 30 entreprises a permis d’expliquer en quelque sorte les contraintes du financement des entreprises innovantes au Cameroun. Le tableau suivant donne les caractéristiques spécifiques de l’échantillon collecté.

44 INS, Recensement Général des Entreprises (RGE 2009)

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Rédigé par ETEKI ELOUNDOU Laurice Serge   Page 43 

Tableau9: les caractéristiques spécifiques de l’échantillon

Source : Financement des entreprises innovantes au Cameroun, 2013 

Il ressort du tableau que les entreprises enquêtées sont pour la plus part des entreprises individuelles (37%), qu’elles font pour la plus part partie de la branche agroalimentaire (37%) et sont en générale des entreprises de taille moyenne (74%). Les caractéristiques spécifiques des projets innovants des entreprises d’après

l’enquête.

Contenu innovant Innovation de biens/services

Entre 2009 et 2013, près de la moitié des entreprises enquêtées ont incorporé une nouveauté dans un produit existant, le contenu innovant qui est l’une des caractéristiques des projets innovants est faible. Conséquence, le nombre d’entreprises ayant amélioré un produit déjà existant est important. Au cours de cette période, ce sont au total 27 biens ou services nouveaux qui ont été introduits sur le marché soit une moyenne de deux biens/services par entreprise. Il est important de mentionner que ces innovations sont à plus de

Effectifs Fréquences (%)

Forme juridique de

l’entreprise

SA 1 3

SAU 2 7

SARL 10 33

SARLU 6 20

Entreprise

individuelle

11 37

Total 30 100

Taille de l’entreprise

Très petite 1 3

Petite 7 23

Moyenne 22 74

Grande 0 0

Total 30 100

Branche d’activité

Industries 3 10

Agriculture 3 10

commerce 8 27

service 5 16

Agroalimentaires 11 37

Autres 0 0

Total 30 100

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Rédigé par ETEKI ELOUNDOU Laurice Serge   Page 44 

33% le fait de l’entreprise elle-même. Ici, pas besoin d’acheter une licence ou d’utiliser les résultats des centres de recherche.

Graphique 5: les sources de l'innovation des produits/biens

Source : Financement des entreprises innovantes au Cameroun, 2013

Innovation de procédés et d’organisation

Entre 2009 et 2013, le secteur informatique a été le plus touché par le changement, avec plus de 56% d’entreprises qui ont innové dans ce domaine. Les activités de maintenance sont celles pour lesquelles les entreprises innovent plus. Seulement le quart des entreprises enquêtées ont innové dans ce domaine entre 2009 et 2013. Innovation de procédés et d’organisation

Graphique 6: les sources de l’innovation des procédés et d’organisation

Source : Financement des entreprises innovantes au Cameroun, 2013

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Tout comme les innovations de biens et services, les innovations de procédés et d’organisation sont dues à près de 34% aux seules entreprises. Les CR&D (privés ou publics) pris isolement sont faiblement à l’origine d’une innovation de procédés/organisation. Les sources de financement favorables aux chefs d’entreprises détenant des

projets innovants

Tableau10: les principales sources de financement des entreprises innovantes

Mode de financement Entreprises favorables Autofinancement 5 Business angels 0 Banque 9 Société de capital risque 0 Aide publique 16

Plus de la moitié des chefs d’entreprise interrogés pense que l’aide publique est le mode de financement le plus adapté pour leurs projets innovants. L’autofinancement apparait comme un dernier recours puisque seulement 5 chefs d’entreprise (soit 16% des interrogés) lui sont favorables. Ceci s’expliquerait soit par le fait qu’à priori personne n’aimerait toucher à ses fonds propres pour financer un projet dont la rentabilité n’est pas garantie, soit parce que l’innovation coûte chère et donc une subvention de l’Etat serait la bienvenue. Les Business angels45 et les Sociétés de capital-risque46 ne font pas partie des modes de financement des patrons camerounais.

45On appelle "business angels" des particuliers qui investissent dans des sociétés innovantes. Ces investisseurs privés, souvent issus du monde des affaires, financent des projets à fort potentiel dans la perspective d’une revente très lucrative de leur participation. En plus de son soutien financier, le business angel accompagne l'entrepreneur et lui fait profiter gratuitement de ses compétences, de son expérience, de ses réseaux relationnels et d’une partie de son temps. 46Le capital risque (venture capital ou VC) est une prise de participation par un ou des investisseurs, généralement minoritaire, au capital de sociétés non cotées. L'objectif de l'investisseur est de participer financièrement au développement d'entreprises innovantes à fort potentiel de croissance et de réaliser une plus-value substantielle lors de la cession de ses titres.

Source : Financement des entreprises innovantes au Cameroun, 2013

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Graphique 7: les sources de financement choisies des entreprises innovantes

Source : Financement des entreprises innovantes au Cameroun, 2013

Les modes de financement utilisés entre 2009 et 2013 par les entreprises pour financer leurs projets

Il est aussi intéressant de voir vers quels modes de financement les entreprises innovantes se sont tournées entre 2009 et 2013. Car, on peut à partir de là confirmer ou infirmer si les caractéristiques des projets innovants influencent leur accessibilité au financement externe.

Graphique 8:modes de financement utilisés par les entreprises pendant la période 2009-2013

Source :Financement des entreprises innovantes au Cameroun, 2013. 

77%20%

3%

% d'entreprises par mode de financement

Autofinancement

Banque

Aide publique

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Bien que la moitié des chefs d’entreprises souhaitent être financés par l’Etat, très peu obtiennent cette aide. En effet, une seule entreprise de notre échantillon a eu accès à l’aide publique pour financer ses projets innovants ces dix dernières années, soit seulement 3% des entreprises enquêtées. Le mode de financement le plus utilisé demeure l’autofinancement à hauteur de 77%. C’est dire que les entreprises rencontrent de réelles difficultés d’accès au crédit, puisque l’autofinancement est le dernier recours de ces entreprises. Il faut donc à ce titre que l’Etat prenne ses responsabilités en mettant une politique et des moyens visant à encourager et soutenir la création et le développement des entreprises innovantes au Cameroun.

Si mener soi même des activités de recherche-développement est coûteux pour les entreprises camerounaises, on pourrait explorer une autre possibilité, celle d’exploiter les résultats de recherche menés par les chercheurs camerounais qui à ce jour ont déjà mis en œuvre plusieurs innovations qui pourraient de manière significative améliorer la compétitivité de ces entreprises. D’après toujours le Recensement Général des Entreprises (RGE 2009), malgré les efforts déployés par les pouvoirs publics pour vulgariser les résultats de la recherche, il ressort que seulement 11% des chefs d’entreprises en font usage. Toutefois, l’agriculture est le secteur qui vient en tête avec 76% des entreprises qui utilisent les résultats de la recherche. Suivent l’extraction avec 30%, l’élevage avec 29%, l’électricité, gaz et eau avec 21% et les industries alimentaires avec 17%. On voit bien là que ni la pratique de l’innovation au sein de l’entreprise ou alors l’exploitation des innovations des chercheurs, ne semble véritablement faire partir des habitudes des entrepreneurs camerounais. Il s’en suit donc une faible productivité et par ricochet la faible compétitivité de ces entreprises qui mettent en mal l’économie nationale et réduisent de ce fait les chances du pays d’atteindre les objectifs de croissance.

Pourtant le rapport de l’étude sur la productivité du secteur informel menée par l’INS en 2009 et qui portait sur 3 635 Unités de production Informelle, démontre à suffisance que la productivité et la compétitivité des entreprises camerounaises réside dans leur capacité à utiliser les résultats de la recherche et donc à innover. Les résultats de la deuxième Enquête sur l’Emploi et le Secteur Informel (EESI 2) menée par l’INS au Cameroun en 2009 montrent que le facteur travail contribue de 47% dans la production, l’innovation de 31% et le capital de 22%. Même si l’on note des légères différences, la situation est similaire dans les différents secteurs ; la productivité globale des facteurs se situe au niveau de 10,5 c’est-à dire que, à quantité égale de travail et de capital, les Unités de Production Informelle (UPI) qui utilisent les innovations technologiques ont une production 10,5 fois supérieure. Une analyse par secteur montre que ce niveau est deux fois plus élevé dans les secteurs du commerce et des services (environ 20 fois)47. Preuve que la compétitivité d’une entreprise réside dans sa capacité à innover.

Ces résultats de l’EESI 2 nous permettent de conclure qu’il existe une corrélation entre la mise en œuvre de l’innovation et la compétitivité d’une entreprise (hypothèse 2 vérifiée). Les entreprises camerounaises, appuyées par l’Etat, doivent donc fournir des efforts 47 EESI 2 2010

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pour innover surtout si celles-ci voudraient gagner une part importante dans les échanges internationaux.

II.2.b) Recommandations

Compte tenu de l’urgence pour le Cameroun de mettre l’innovation au service des entreprises et du développement économique et social, nos recommandations de politique économique sont pour le court et le moyen terme.

Pour le court terme

La recherche scientifique étant l’affaire des scientifiques et l’innovation celle des entrepreneurs, il serait urgent pour le Cameroun de mettre l’innovation au service du développement des entreprises camerounaises et de la compétitivité de l’économie nationale. Cela doit se matérialiser par la mise en place des partenariats recherche, universités et entreprises, la mise à la disposition des entreprises et du grand public, des innovations existantes pour leur exploitation. Ce travail va cependant nécessiter une forte mobilisation des acteurs pour promouvoir et transférer ces innovations.

La mise en place au MINRESI d’un Hôtel d’incubation des entreprises innovantes. Cet Hôtel d’entreprises aura pour vocation de faciliter, d’appuyer et d’accompagner la création et le développement d’entreprises innovantes au Cameroun. Ainsi, les porteurs d’idées et de projets d’entreprises trouveront la solution à leur problème. De même celles des entreprises qui éprouvent des difficultés à fonctionner pourront recevoir des appuis multiformes sous l’encadrement bien entendu d’un texte législatif.

Pour le moyen terme

La mise en œuvre de la stratégie de développement de l’innovation au Cameroun. Cette stratégie devra changer le visage et les mentalités camerounaises concernant l’innovation. L’innovation ne devient plus un effet de mode ou expression vulgaire, mais apparait comme le moteur de compétitivité de l’économie camerounaise.

La mise en place d’une agence nationale de développement de l’innovation. Cette agence sera l’instance coordinatrice des activités d’innovation au Cameroun, ceci pour permettre au pays d’être dans une dynamique de développement de l’innovation, gage de la prospérité économique.

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CONCLUSION

L’exercice auquel nous nous sommes livrés au cours de cette étude, consistait à montrer comment à travers le développement de l’innovation, le Cameroun pourrait trouver la solution au problème de la faible compétitivité de ses entreprises.

Pour y arriver, nous avons présenté le cadre théorique et réglementaire de la notion de compétitivité et celle de l’innovation au Cameroun. De cette présentation, s’est déduit le lien étroit entre les deux notions. En fait, autant la compétitivité n’est possible sans l’innovation, autant l’innovation si elle ne conduit pas à la compétitivité ne sert à rien. D’où la nécessité de mettre l’innovation aux côtés des entreprises camerounaises pour rendre plus compétitive l’économie nationale.

L’analyse de la relation entre l’innovation et la compétitivité au Cameroun, a permis grâce à l’étude comparée avec les pays membres de l’OCDE et de ceux dits émergents, d’une part, et des données collectées dans le cadre de notre étude auprès des entreprises innovantes camerounaises, d’autre part, de comprendre que la faible pratique de l’innovation par les entreprises camerounaises, est due au financement élevés des activités de recherche-développement et à la faible vulgarisation des innovations. Il s’agit non seulement pour l’Etat de prendre les devants à travers un financement conséquent, et une politique d’impulsion du développement de l’innovation, mais aussi et surtout de susciter une culture nationale de l’innovation.

Pour ce faire et compte tenu de l’urgence de renforcer la compétitivité des entreprises camerounaises, les pouvoirs publics devraient mener des actions à court et à moyen terme.

A court terme, il va falloir :

mettre les innovations existantes au service du développement des entreprises ;

mettre en place un hôtel d’incubation des entreprises innovantes.

A moyen terme, il faudra :

mettre en œuvre la stratégie nationale de développement de l’innovation ; mettre en place une agence nationale de développement de l’innovation. En tout état de cause, le développement de l’innovation s’impose désormais à tous les

Etats et le Cameroun n’est pas en reste. Donc, plus tôt le Cameroun prendra conscience de cette situation et se résoudra à développer l’innovation, plus tôt aussi les problèmes de développement du pays seront résolus. Telle est la substance du message qui se dégage de cette étude.

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BIBLIOGRAPHIE : Décrets et documents stratégiques

-République du Cameroun, « Stratégie Nationale de Développement de l’Innovation », Mai 2014, 24 P ; - République du Cameroun, « Décret N°2012/393 du 14 Septembre 2012 portant Organisation du Ministère de la Recherche Scientifique et de l’Innovation », 58 P; ‐ République du Cameroun, « Cameroun Vision 2035 », 2009, 66P ; ‐ République du Cameroun, « Document de Stratégie pour la Croissance et l’Emploi

(DSCE) », 2009, 174 P ;

Ouvrages, articles et rapports - Alain BEITONE, Antoine CAZORLA, Christine DOLLO, Anne-Mary DRAI ; Dictionnaire de science économique, 3e édition revue et augmentée, Septembre 2012, 585 P ; - Cameroon Tribune, 19 Mars 2014 ; - Deuxième Enquête sur l’Emploi et le Secteur Informel (EESI 2), 2010 ;

- Dominique GUELLEC, « Innovation et compétitivité », INSEE-METHODES, Economica, 1994, 257 P ; - Dominique GUELLEC, « Economie de l’Innovation », Edition la Découverte, Paris, 1999,

259 P;

-INS, Synthèse du Recensement Général des Entreprises 2009, 8 P ;

- INS, Environnement des affaires et compétitivité des entreprises camerounaises, partie I,

2009, 51 P;

- Jacques MAIRESSE, Pierre MOHNEN, Yanyun ZHAO, Feng ZHEN, “ Globalization, Innovation and Productivity in Manufacturing Firms: A Study of Four Sectors of China”, June 2012, 34 P; - Jean SUPIZET, « Stratégie de l’entreprise compétitive »,2012 ;

- Joseph SCHUMPETER « Théorie de l’évolution économique », 1926 ;

- JosephSCHUMPETER« Capitalisme, socialisme et démocratie », Petite Bibliothèque Payot,

1974, pp. 119-125 ;

- Marie-Ange ANDRIEUX et Dominique FERNANDEZ POISSON, Echanges Juillet-Août

2012, pp 30-32 ;

-OCDE, 1997: an empirical comparison of National Innovation Systems, P 15;

- OCDE, Manuel d’Oslo, (3e édition, OCDE 2005) ;

‐ OCDE, « Stratégie de l’OCDE pour l’innovation », 2010, 255 P ;

‐ Virginie COUDERT, « Croissance et démographie dans les pays industrialisés », Economie prospective internationale, 4e trimestre, 1992.

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Rédigé par ETEKI ELOUNDOU Laurice Serge   Page 51 

Conférences - Allocution d’ouverture de M. Angel Gurría, Secrétaire Général de l’OCDE, prononcée au

Forum économique international des Amériques à Montréal, Canada le 8 juin 2009 ;

-Avis du Conseil économique, social et environnemental sur la compétitivité, octobre 2011 ;

- Rapport de l’atelier sur l'évaluation de l'environnement favorable au développement de

l'entreprise durable au Cameroun, tenu le 10 mai 2013 à Douala.

Webographie

-Site Internet de Doing Business, visité le 28 mai 2014 ; - Site Internet de L’Enabling Trade Index (ETI), visité le 28 mai 2014 ; - Site Internet de l’Indice IBRAHIM de la Gouvernance en Afrique, visité le 27 mai 2014 ; - Site internet de Transparency International (TI), visité le 28 mai 2014 ; - www.nextafrique.com › Economie et Finance ›, visité le 27 mai 2014 ; -www.cbfcameroun.org ; - Site Internet du PNUD, visité le 27 mai 2014 ; - Site Internet Taiwan info, visité le 28 mai 2014 ; ‐ Site internet de l’OCDE consulté le 07avril 2014; ‐ The Global innovation index 2013 ; ‐ www.statistics-cameroon.org (Site internet de l’Institut National de la Statistique) consulté

le 08 mai 2014. Photo de couverture : -Site internet « photos des innovations » ; - Photo des innovations camerounaises, issues du rapport national annuel sur l’innovation de 2011.

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TABLE DES MATIERES

 

SOMMAIRE .............................................................................................................................. i 

RESUME EXECUTIF ............................................................................................................. ii 

LISTE DES ABREVIATIONS, ACRONYMES ET SIGLES ............................................ iv 

INTRODUCTION GENERALE ............................................................................................ 7 

CHAPITRE I : CADRE THEORIQUE ET REGLEMENTAIRE DE LA COMPETITIVITE ................................................................................................................. 14 

I.CADRE THEORIQUE DE LA COMPETITIVITE ....................................................................... 14 

I.1. Définition .................................................................................................................... 14 

I.2. Evolution du concept et modèle d’une entreprise compétitive ................................... 15 

II. LA COMPETITIVITE DANS LES ENTREPRISES CAMEROUNAISES ................................ 18 

II.1. Le niveau de compétitivité des entreprises camerounaises ....................................... 18 

II.2. Les freins à la compétitivité des entreprises camerounaises .................................... 20 

CHAPITRE II : ETAT DES LIEUX DE LA MISE EN ŒUVRE DE L’INNOVATION AU CAMEROUN ................................................................................................................... 25 

I.CADRE THEORIQUE ................................................................................................................... 25 

I.1. Définition de l’innovation ........................................................................................... 25 

I.2. Schumpeter et les nouveaux modèles de croissance endogène .................................. 26 

II. CADRE DE MISE EN ŒUVRE DE L’INNOVATION AU CAMEROUN ............................... 27 

II.1. Diagnostic du cadre de mise en œuvre de l’innovation ............................................ 28 

i)Potentiel d’innovation camerounais ............................................................................... 28 

ii)Faible vulgarisation des innovations ............................................................................ 28 

iii)Faible financement de l’innovation au Cameroun ....................................................... 29 

iv)Quelques résultats des innovations .............................................................................. 30 

v) Insuffisance des compétences en administration d’innovation ..................................... 32 

II.2. Analyse de la mise en œuvre de l’innovation au Cameroun ..................................... 32 

CHAPITRE III : INNOVATION COMME FACTEUR DE COMPETITIVITE DES ENTREPRISES AU CAMEROUN ...................................................................................... 35 

I. EN QUOI L’INNOVATION PEUT-ELLE ETRE UN FACTEUR DE COMPETITIVITEDES ENTREPRISES AU CAMEROUN ? ................................................................................................ 35 

I.1. L’innovation est un moyen d’améliorer la compétitivité-prix .................................... 35 

I.1.a) Les innovations de procédés permettent de réduire les coûts grâce aux gains de productivité ....................................................................................................................... 35 

I.1.b) les innovations organisationnelles contribuent aussi à faire baisser les prix ........ 36 

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I.2. L’innovation est aussi un facteur de compétitivité structurelle .................................. 37 

I.2.a) Les innovations de produits améliorent la compétitivité hors prix ......................... 37 

I.2.b) La compétitivité structurelle bénéficie aussi des innovations de procédés ou organisationnelles ............................................................................................................. 37 

II.ANALYSE DE LA RELATION ENTRE L’INNOVATION ET LA COMPETITIVITE DES ENTREPRISES ................................................................................................................................. 38 

II.1. Analyse comparative des modèles de compétitivité par l’innovation ....................... 38 

II.1.a) Cas des pays de l’OCDE ........................................................................................ 38 

II.1.b) Cas des pays émergents et des pays en voie de développement ............................ 40 

II.2. Analyse de la relation entre l’innovation et la compétitivité des entreprises camerounaises et recommandations ................................................................................. 42 

II.2.a) Cas de la pratique de l’innovation par les entreprises camerounaises ................. 42 

II.2.b) Recommandations .................................................................................................. 48 

CONCLUSION ....................................................................................................................... 49 

BIBLIOGRAPHIE : ............................................................................................................... 50 

TABLE DES MATIERES ..................................................................................................... 52