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IES. Miguel de Molinos 1º Bachillerato SECTION BILINGUE PHILOSOPHIE. © La connaissance et la méthode scientifique 1 LA CONNAISSANCE ET LA MÉTHODE SCIENTIFIQUE 1. La particularité de la connaissance scientifique Le long de l'histoire, les êtres humains ont essayé de trouver des réponses aux questions sur la réalité et sur eux-mêmes. Depuis la philosophie on recherche le sens du monde: pourquoi il est, et depuis la science on offre des explications sur ce qu'il est. C'est pourquoi ce sont deux savoirs qui vont ensemble depuis l'origine de la pensée humaine, bien que, actuellement, ils paraissent dissociés. Dans ce chapitre nous connaîtrons les caractéristiques de la science et le mode de raisonnement qu’elle nous propose. 1.1. Qu'est-ce que la science? La science est un des produits des plus importants de la connaissance humaine. Avec elle nous avons pu pénétrer beaucoup de mystères de l'univers, du monde et même de l’être humain. Et elle a été aussi la base, la transformation et la modification de l'environnement. La science essaye de trouver des explications aux énigmes qui nous entourent depuis une dimension rationnelle dans laquelle on accentue l'appui empirique sur les données. C'est-à-dire, elle essaye de donner des réponses aux questions que nous nous posons au moyen de l'observation de ce qui arrive et l'élaboration d'hypothèses qui sont ensuite contrastées pour vérifier leur validité. 1.2. Types de sciences Il existe différents types de sciences : en tenant compte leur mode de travail, ce sont les sciences formelles, qui sont celles qui n'ont pas une base empirique et travaillent avec des organismes formels ; par exemple, les mathématiques ou la logique et les sciences empiriques. En accord avec son objet d'étude, il y a des sciences naturelles, qui sont celles qui se réfèrent aux phénomènes, à des choses ou à des événements de la nature ; par exemple, la physique, la chimie, la biologie ou la paléontologie, et les sciences humaines ou sociales, qui sont celles qui ont pour but l'étude des relations des êtres humains entre eux et leurs résultats ; par exemple, la sociologie, l'économie ou la psychologie. Nous pouvons également parler de deux considérations de la science : la science théorique, qui est celle qui a pour but la connaissance du monde, et la science appliquée, qui cherche la transformation et la modification de ce dernier. Actuellement, étant donné le développement énorme de la technique, il existe une relation intime entre toutes les deux qui empêche de les distinguer clairement. C'est pourquoi nous parlons de "tecno-science" pour nous référer à cette union. En outre, la science n'est plus conçue maintenant comme quelque chose d’étranger à la société, mais comme un élément qui a une influence en elle et qui est influencée par elle. mcco

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LA CONNAISSANCE ET LA MÉTHODE SCIENTIFIQUE 1. La particularité de la connaissance scientifique

Le long de l'histoire, les êtres humains ont essayé de trouver des réponses aux questions sur la réalité et sur eux-mêmes.

Depuis la philosophie on recherche le sens du monde: pourquoi il est, et depuis la science on offre des explications sur ce qu'il est. C'est pourquoi ce sont deux savoirs qui vont ensemble depuis l'origine de la pensée humaine, bien que, actuellement, ils paraissent dissociés. Dans ce chapitre nous connaîtrons les caractéristiques de la science et le mode de raisonnement qu’elle nous propose. 1.1. Qu'est-ce que la science?

La science est un des produits des plus importants de la connaissance humaine. Avec elle nous avons pu pénétrer beaucoup de mystères de l'univers, du monde et même de l’être humain. Et elle a été aussi la base, la transformation et la modification de l'environnement. La science essaye de trouver des explications aux énigmes qui nous entourent depuis une dimension rationnelle dans laquelle on accentue l'appui empirique sur les données. C'est-à-dire, elle essaye de donner des réponses aux questions que nous nous posons au moyen de l'observation de ce qui arrive et l'élaboration d'hypothèses qui sont ensuite contrastées pour vérifier leur validité. 1.2. Types de sciences

Il existe différents types de sciences : en tenant compte leur mode de travail, ce sont les sciences formelles, qui sont celles qui n'ont pas une base empirique et travaillent avec des organismes formels ; par exemple, les mathématiques ou la logique et les sciences empiriques. En accord avec son objet d'étude, il y a des sciences naturelles, qui sont celles qui se réfèrent aux phénomènes, à des choses ou à des événements de la nature ; par exemple, la physique, la chimie, la biologie ou la paléontologie, et les sciences humaines ou sociales, qui sont celles qui ont pour but l'étude des relations des êtres humains entre eux et leurs résultats ; par exemple, la sociologie, l'économie ou la psychologie.

Nous pouvons également parler de deux considérations de la science : la science théorique, qui est celle qui a pour but la connaissance du monde, et la science appliquée, qui cherche la transformation et la modification de ce dernier. Actuellement, étant donné le développement énorme de la technique, il existe une relation intime entre toutes les deux qui empêche de les distinguer clairement. C'est pourquoi nous parlons de "tecno-science" pour nous référer à cette union. En outre, la science n'est plus conçue maintenant comme quelque chose d’étranger à la société, mais comme un élément qui a une influence en elle et qui est influencée par elle.

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Sciences formelles

Sciences empiriques

Sciences de la nature Sciences humaines Physique, Chimie, Biologie… Histoire, Sociologie,

Psychologie… langage mathématiques langage du sens

ensemble de propositions formalisées

ensemble de significations

d’où les conséquences mesurables d’où les interprétations explication compréhension

objectivité scientifique intelligibilité herméneutique ordre de l’objectivité des

phénomènes ordre de la subjectivité du sujet

humain

Logique, Mathématiques

chose et objet conscience et sujet 1.3. Les implications sociales de la science

Les sciences ne sont pas étrangères à leur cadre social, culturel et économique. Il faut plutôt penser qu'une interaction mutuelle se produit: la science fournit de nouvelles connaissances qui modifient la société (elles transforment le monde) et, à son tour, cette société nouvelle demande de nouvelles connaissances scientifiques pour répondre à de nouvelles questions. Il s'agit d'un processus "aller et retour" qui n'a jamais fin et qui permet que les êtres humains et leur environnement (tant naturel que social) changent. Pour tout cela, nous pouvons dire que la science est un "moteur de transformation" du monde et des idées que sur lui nous avons, qui est intégré dans notre vie.

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CARACTÉRISTIQUES DE LA SCIENCE Nous présentons une série de caractéristiques qui forment et donnent sens à la science. L'analyse de chacune de ces caractéristiques permettra une plus grande connaissance de la nature fondamentale de la science.

ENSEMBLE ORDONNÉ de

CONNAISSANCES

La science est un ensemble de connaissances, sur un certain aspect de la réalité, organisé conformément à des critères d'ordre et dans lequel on établit des relations entre les connaissances.

Une PARTIE des PHÉNOMÈNES

le point de départ de la science sont les données (normalement empiriques) des événements, choses, accidents ou relations de choses, qui sont observés et sont définis avec précision.

Elle PROPOSE une HYPOTHÈSE

Elle pose des possibles réponses aux problèmes. Elle a un caractère conjectural qui permet le développement de la connaissance.

EXPLIQUE les PHÉNOMÈNES

Elle a un souci explicatif, c'est-à-dire, donne certitude des phénomènes en raisonnant ses causes, relations et conséquences.

CHERCHE des RÉGULARITÉS

les explications scientifiques cherchent des régularités de la nature, qui seront exprimées dans des lois et des théories, en essayant de détecter des relations causales, déductives ou des conséquences qui permettent de comprendre ce qui arrive et de faire des prévisions sur ce qu'il va arriver.

EST SPÉCIALISÉE

Chaque branche scientifique est spécialisée dans un aspect concret de la réalité, nous pouvons ainsi approfondir dans leur connaissance. Toutefois, la science actuelle est multidisciplinaire, parce qu'il est nécessaire de relier des connaissances différentes pour atteindre une explication plus complète des phénomènes.

ESSAYE D’ÊTRE OBJECTIVE

Elle explique les phénomènes et cherche des vérifications empiriques qui peuvent être renouvelables, uniformes et avec des résultats équivalents.

CHERCHE la VÉRITÉ

l'ensemble des connaissances nous offre seulement une vérité partielle, accordée par la Communauté scientifique à partir des données et des résultats obtenus.

EST HISTORIQUE

la science est historique, changeante et dynamique. C'est une connaissance toujours révisable et jamais terminée. En outre, elle est influencée par les facteurs socio-culturels de chaque époque et lieu.

EST RATIONNELLE C’est un type de connaissance qui utilise la raison et est basée sur les règles de la logique.

EST AUTONOME

la science doit être une connaissance autonome, bien qu'ayant une relation avec d'autres sciences, avec d'autres disciplines non scientifiques et avec l'environnement culturel où elle s'inscrit. Elle a un degré d'indépendance propre de son domaine et de sa méthode de travail.

EST RIGOUREUSE

Elle a une rigidité méthodologique et explicative. Elle analyse l'expérience et ses données avec précision, elle élabore soigneusement des hypothèses et cherche des explications cohérentes de la réalité.

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2. Cosmovisions scientifiques et réflexion philosophique

À l'origine de la pensée occidentale, science et philosophie ne sont pas distinguée. Toutes les deux se situent dans le terrain de l'épistème, c'est-à-dire, dans la connaissance qui va au-delà du simple avis. C'est pourquoi nous disons que ce sont deux modes de connaissance rationnelle sur le monde, bien que les questions qui sont posées soient différentes : la philosophie se questionne sur le sens des choses, "pourquoi les choses sont ce qu'elles sont?", et la science sur la manière d’être des choses, "pourquoi les choses sont comme elles sont?".

Philosophie et science se ressemblent dans le sens que toutes les deux sont rationnelles, suivent des méthodes de recherche rigoureuses et cherchent des explications cohérentes de la réalité. Toutefois, elles se différencient dans leurs approches et dans leurs méthodes. 2.1. Visions scientifiques du monde

Au long de l'histoire, philosophie et science ont suivi des sentiers différents. Les sciences se sont spécialisées et, en approfondissant leurs connaissances, leur objet d'étude s'est limité chaque fois plus. C'est pourquoi il est nécessaire que les diverses sciences dialoguent entre elles pour pouvoir expliquer des phénomènes complexes dans lesquels sont impliqués plusieurs processus étudiés par différentes spécialités. Mais cette spécialisation des sciences a aussi donné lieu à un plus grand éloignement de la philosophie, qui a une vision plus globale et inter reliée de la réalité. Toutefois, les sciences ne peuvent pas être comprises comme simples explications du monde, mais leurs théories ont un sens dans le contexte d'une certaine vision du monde (cosmovision), et de cette façon elles s'approchent la philosophie, porteuse de modèles métaphysiques et les théories sur la réalité. 2.2. Contributions mutuelles de la science et de la philosophie

La dissociation entre science et philosophie (entre les sciences et les humanités en général) produit des distorsions au moment d'analyser les problèmes, parce que ce sont deux domaines inter reliés qui ont mutuellement besoin l’une de l’autre. La philosophie apporte une réflexion sur le travail scientifique en général et sur sa méthode. Elle indique aussi la validité et la portée des visions du monde qu'apportent les sciences. Et elle analyse les problèmes moraux que suscitent les progrès scientifiques et techniques. C'est pourquoi la science intéresse le travail du philosophe, parce qu'il peut lui apporter de l'information, de la clarté et du sens à son propre travail. Pour sa part, la philosophie ne peut pas élaborer des théories qui sont en marge des découvertes scientifiques. La connaissance scientifique apporte du réalisme à la philosophie et lui permet de soutenir ses conclusions dans un terrain sans lequel elle se transformerait en simple spéculation.

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2.3. Le problème cosmologique: entre science et philosophie

Une des matières des plus importantes dans les explications sur le monde physique est la question de l'univers: son origine et sa constitution, son évolution et sa fin. Cette tâche, propre de la physique, est un problème philosophique de première importance, puisqu'il s'agit de la question sur le sens de l'univers, le lieu qu'occupe l'être humain, etc.

La science, donc, donne à penser au philosophe. Aristote et ses contemporains essayaient d'expliquer le cosmos et ainsi faisaient de la physique et de la métaphysique en même temps ; la science moderne, Galilée et Newton, élaboraient des théories et des lois sur l'univers, proposant une nouvelle cosmovision, de cette façon ils faisaient de la physique mais signalaient des aspects métaphysiques ; actuellement, quand des physiciens comme S. Hawking se demandent sur l'origine et la fin de l'univers, ils vont au-delà de la physique et se posent des questions métaphysiques. 3. La tâche scientifique et sa méthode 3.1. L'importance de la méthode

Une méthode est un "chemin" qui nous conduit à un certain but. Elle s’oppose au hasard, elle permet l'ouverture de nouveaux "sentiers" et cherche la rigidité en établissant des règles d'activité qui, en elles-mêmes, peuvent contenir la justification de leur utilisation. Pour cette raison, tous les domaines de la connaissance disposent de méthodes comme outils pour atteindre leur objectif. Bien qu'on fasse parfois des découvertes par hasard, le travail méthodique est celui qui permet de trouver de nouvelles réponses, de doter de sens les données non attendues et de procéder conformément à un ordre qui doit nous conduire à la résolution du problème posé. Sur ce terrain les sciences et la philosophie se ressemblent: dans la rigidité méthodologique dans la recherche.

Les méthodes changent au long de l'histoire et ne sont pas les mêmes dans toutes les sciences, mais il existe des règles de base qui établissent la validité de la tâche scientifique et qui permettent de rejeter, comme non-scientifiques, certains rapprochements (par exemple, l'astrologie). 3.2. La réflexion sur la méthode scientifique

La réflexion sur la méthode de la science a son origine dans la philosophie. Toutefois, la méthode scientifique, comme nous la connaissons actuellement, apparaît au XVIº et XVIIº siècles; c'est un moment de splendeur maximale de la science dans le cadre d'une nouvelle atmosphère culturelle, artistique et philosophique. Trois grandes figures se détachent comme représentants de nouvelles propositions sur la méthode :

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- Francis Bacon (1561-1626) : il considérait que les sciences de son époque n'étaient pas capables d'effectuer de nouvelles découvertes, parce qu'elles étaient teintes de préjugés et d’idéologies qui rendaient impossible le progrès de la connaissance. Ces fausses notions qui compliquent l'accès à la vérité sont les "idoles", qu'il est nécessaire de combattre. Ainsi il propose une nouvelle méthode basée sur la recherche de données et de son aménagement postérieur dans des tableaux à partir desquels on peut obtenir, par une procédure d'exclusion une première hypothèse. Il s'agit d'une méthode principalement inductive. - René Descartes (1596-1650) ; à partir de sa conviction que seulement le doute permet

d'obtenir la sûreté de l'existence de la pensée, il propose une méthode de caractère mathématique, constitué par certaines règles simples qui permettent d'obtenir de nouvelles connaissances. Ces règles sont quatre. l) évidence, ne pas admettre pour vrai rien qui ne se présente pas de manière "claire et différente" comme une intuition de l'esprit dont il ne convient pas de douter, (2) analyse : diviser ce qui est examiné dans les parties qui le constituent ; (3) synthèse : conduire les pensées pour aller de façon ordonnée du plus simple au plus complexe, dans un processus déductif ; (4) vérification : réviser le processus pour s’assurer de ne pas commettre d’erreur.

- Galilée Galilei (1564-1642): considéré le père de la méthode scientifique moderne, il travaille avec deux éléments de base : l'expérience (l'expérience scientifique) et les principes mathématiques (les démonstrations). La clé de sa méthode est, précisément, l'unité des deux pour le progrès de la connaissance. Sa proposition, qui donnera lieu à la méthode hypothético-déductive actuelle, se base sur la méthode de "résolution- composition". Les pas sont: (1) analyse du phénomène, le réduisant à ses propriétés essentielles; (2) construction d'une hypothèse mathématique qui relie les éléments analysés; (3) extraction des conséquences de cette hypothèse et de mise à essai (expérimentation) de ces dernières.

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4. La MÉTHODE hypothético-déductive

Nous avons vu que, dans une science formelle, tout théorème, par exemple celui qui dit que les angles intérieurs d'un triangle forment 180°, est démontré à partir des axiomes et que, une fois démontrée, nous savons qu'il est nécessairement ainsi : tout triangle l'accomplira, sans que nous ayons nécessité de le vérifier. Les sciences de fait, par contre, essayent de décrire comment est et comment fonctionne la réalité. Évidemment ce serait fantastique que, comme prétendait Descartes, que nous puissions le déduire - en obtenant ainsi une connaissance sûre - de quelques principes généraux vrais, recueillis directement par l'entendement, mais, comme nous avons déjà vu, cela n'est pas possible d'une manière absolue. Toutefois, aucune science ne renonce à cet idéal, puisque, la mission du savoir scientifique est d'arriver à comprendre ce qui se passe, voir chaque phénomène comme une conséquence d'un comportement invariable de la nature : "Quand on a A, alors on a B". C'est pourquoi nous avons dit que l'objectif de la recherche scientifique est de formuler des lois et des théories générales qui nous indiquent l'ordre invariable dans lequel se produisent les événements.

Or, comment arrive-t-on à formuler une loi générale, par exemple, tous les métaux se dilatent avec la chaleur ? La première réponse qui nous arrive est que nous avons toujours observé que tous les métaux se sont dilatés en les réchauffant. Mais il pourrait être objecté qui ces "tous" et ce "toujours" ne se réfèrent pas à tous les cas possibles de tous les métaux possibles, mais à un nombre déterminé même si celui-ci est très important: il est certain qu'on n'a pas fait l'essai avec tous les morceaux de tous les métaux qui ont existé, existent et existeront, mais, à partir d'un nombre déterminé de cas, on a tiré la conclusion que tous se comportent de façon similaire. Cette façon de raisonner est connue comme raisonnement inductif. Mais Qu'est-ce qui assure que ce qui est arrivé dans un nombre déterminé de cas, se produira aussi dans les autres ? Nous verrons que, dans le raisonnement inductif, la vérité des prémisses ne garantit pas la vérité de la conclusion, comme il se produit dans le raisonnement déductif.

Toutefois, beaucoup de philosophes et scientifiques, appelés "inductivistes", ont cru que c’est ainsi que fonctionne la science. Elle commence avec l'observation des phénomènes et à partir des régularités observées, on induit les lois générales. Une fois formulées, il faut démontrer leur vérité, c'est-à-dire, qu’elle s’accomplie dans tous les cas, et ceci est

aussi fait à partir de l'observation des faits. Comment peut-on démontrer que la loi de la dilatation des métaux est vraie? Donc - l’inductiviste dira - en réchauffant un morceau de métal et en montrant que, en effet, il se dilate. Ceci est l'opération appelée «confirmation» ou «vérification » (du latin “verus”, vrai) de la loi. Évidemment, ce que nous venons de dire c'est une simplification: ce qui est inductiviste ne dit pas qu'un seul cas vérifie la loi, mais bien la répétition continue de cas et dans des situations diverses. En outre, la formulation des lois doit être quantitative, il ne peut pas simplement être dit que "les métaux se dilatent avec la chaleur", mais dans quelle quantité ils le font pour chaque unité de chaleur. C'est-à-dire, ils doivent mathématiquement être exprimés. En tout cas, l’inductiviste croit qu'on peut démontrer la vérité des lois, et c'est pourquoi ils sont aussi appelés "vérificationnistes".

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Cette vision inductiviste de la science a été critiquée par beaucoup de philosophes, spécialement par Karl R. POPPER (1902-1994). Selon eux, les lois ne sont découvertes ni sont démontrées de manière inductive. Comment a découvert Newton la loi de la gravité? En observant comment tombaient les choses, comment tournaient les astres, comment s’accéléraient et décéléraient les objets? Beaucoup d’autres, comme ARISTOTE (384-322 av. J.C.), l'avaient observé et avaient formulé, toutefois, des lois différentes. Peut-on observer la gravité ? La recherche, par conséquence, ne commence pas avec l'observation, mais, comme nous verrons ensuite, avec un problème que nous voulons résoudre. L'observation non plus ne peut nous démontrer la vérité des lois et théories, parce que, rappelons-le, le raisonnement inductif ne garantit pas la vérité. Par exemple, on ne peut pas démontrer la vérité de la loi de la fusion du plomb. Il est certain que, jusqu'à présent, tous les fragments de plomb que nous avons réchauffés ont fondu en atteignant les 327.3 °C, mais, si un jour nous trouvions un morceau (arrivé d'une météorite, par exemple) qui ne serait pas fondu à cette température, nous démontrerions qu’il n’est pas vrai que "Tout le plomb fond à 327.3 °C". C'est pourquoi, les critiques des inductivistes affirment que, bien que la science ne puisse jamais démontrer la vérité d’une loi ou d’une théorie universelle, elle peut démontrer sa fausseté, puisque l'observation d'un seul cas qui ne s'accomplit pas démontre que cette loi est fausse. Une fois une loi faussée, on doit formuler une autre qui explique tous les cas précédents, ainsi que le cas faussé.

Par conséquent, puisque les lois authentiques et les théories scientifiques sont universelles, elles ne peuvent pas être découvertes par induction, et on ne peut démontrer leur vérité, mais on peut démontrer leur fausseté. Il s'ensuit que la science ne suit pas la méthode décrite par les inductivistes, mais la méthode appelée hypothétique- déductive, dont les pas sont les suivants : a) Détection d'un problème. Par la conception que nous avons du monde, nous souhaitons que les phénomènes se produisent d'une manière déterminée. Quand quelque chose ne se produit pas comme nous nous attendions, nous nous trouvons face à un problème, et ceci est ce qui déchaîne la recherche. Par exemple, l'explication qui avait été toujours donnée du fait que les bombes aspirantes fassent monter l'eau quand on tirait le piston vers le haut était que la nature avait "horreur du vide" et c'est pourquoi l'eau allait occuper l’espace laissé par le piston. Mais cette explication a fait défaut quand on a découvert que l'eau ne montait jamais au-dessus des 35 pieds (quelque 10 m) même si nous continuons à tirer du piston. Pourquoi ne montait-elle pas plus? Qu'y avait-il entre le niveau de l'eau et le piston sinon le vide? b) Formulation d'une hypothèse. Selon la vision inductiviste, pour résoudre le problème il faut commencer à faire des observations pour trouver une explication. Mais Qu'est-ce que nous devons observer? La largeur et la grosseur du piston? Le matériel dont il est fait ? Le temps qu’il fait? La force avec laquelle est tiré le piston ?… Il y a mille choses qui peuvent être observées, mais ce sont des observations avec lesquelles

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nous ne découvririons probablement rien qui pourrait nous expliquer le fait. C'est pourquoi, selon la vision hypothético-déductive, la première chose qui doit être fait est de formuler une hypothèse, c'est-à-dire, imaginer une explication qui peut rendre compte du phénomène. On avait cherché beaucoup d'explications sans succès jusqu'à Évangéliste TORRICELLI (1608-1647) qui a proposé l'hypothèse suivante : l'eau monte parce qu'elle est poussé par la pression de l'air et quand le poids de la colonne d'eau sera égalé avec le poids de l'air, elle ne montera plus. Comment s'est produite cette hypothèse? Il n'y a pas une méthode, des règles fixes, pour la formulation d'hypothèse: elles dépendent en grande partie de l'imagination des scientifiques. Personne n’y avait pensé avant parce que, en général, on avait cru la théorie aristotélique que l'air ne pesait pas.

c) Déduction de conséquences observables expérimentalement. Presque jamais ce qu’affirment les hypothèses ne peut être directement observé, comme le poids de l'air dans ce cas, et en général, parce que la plupart du temps ce qui est formulé sont des lois universelles. Par conséquent, comment pouvait-il tester cette théorie? TORRICELLI a pensé que, si son hypothèse était vraie, un liquide plus dense que l'eau, comme le mercure, devrait atteindre moins de hauteur. Ainsi, si l'eau atteignait les 35 pieds, le mercure, étant 14 fois plus lourd, serait équilibré avec le poids de l'air à quelque 2.5 pieds (quelque 76 cm), et ceci pouvait être prouvé. Par conséquent, pour pouvoir tester une théorie, c'est-à-dire, pour pouvoir la contraster avec l'expérience, on doit déduire d'elle des conséquences, des prévisions, qui sont observables. Il s'agit d'un schéma conditionnel: si la théorie est certaine, dans des conditions déterminées, il doit arriver une chose précise.

d) Vérification avec l'expérience. Pour vérifier que les conséquences déduites se produisent réellement, il faut préparer des situations expérimentales qui permettent de les observer. TORRICELLI a rempli de mercure un tube de cristal de 120 cm et en couvrant l'extrémité ouverte avec le doigt, il l'a retourné et il l'a placé en position verticale sur une cuvette avec du mercure. En retirant le doigt, le mercure du tube a baissé jusqu'à 76 cm de hauteur, comme il avait prévu. Peu après, un autre scientifique, Blaise PASCAL (1623-1662), a supposé que, s'il était vrai que la cause était le poids de l'air, au sommet d'une montagne relativement haute, où le poids de l'atmosphère devait être plus petit, la colonne de mercure devait atteindre moins de hauteur. Il l'a aussi prouvé et ça s'est produit comme il l'avait prévu. Il aurait pu se produire, cependant, que les résultats ne soient pas ceux prévus.

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Pascal réalise l’expérience de Torricelli au sommet du Puy de Dôme

Par conséquent, la vérification expérimentale peut offrir deux résultats contraires: elle peut renforcer l'hypothèse ou, au contraire, la fausser. Corroboration. Si le résultat est positif, c'est-à-dire, si les phénomènes prévus par

l'hypothèse se produisent, celle-ci sera considérée renforcée. Elle est acceptée comme adéquate, mais seulement pour le moment, parce que de nouveaux phénomènes peuvent toujours se produire qui la contredisent. Par conséquent, il s'agit d'un processus qui doit continuer avec la déduction de nouvelles conséquences et la vérification expérimentale conséquente. Dans le cas qui nous occupe on a effectué beaucoup plus d'expériences, comme le prouver avec des tubes de différente largeur, avec une inclinaison différente, etc. D'autres conséquences ont été aussi déduites, comme celle que le vide devait se produire entre l'extrémité couverte du tube et le niveau atteint par le mercure. Ceci a été testé aussi avec succès, et à partir d'ici on a fait de nouvelles découvertes, comme les bombes à vide, à partir desquelles, à son tour, on a pu tester d'autres hypothèses. C'est-à-dire, la théorie de TORRICELLI s’est montrée très productive. Et ceci lui a donné davantage de crédibilité.

Réfutation. Si le phénomène ne se produit pas comme il était prévu, il faut modifier

ou abandonner l'hypothèse, formuler une autre et commencer de nouveau le processus. De toute façon, on n'abandonne pas facilement une hypothèse raisonnable. Généralement, on effectue d'abord plusieurs fois les expériences: la situation expérimentale pourrait avoir été mal conçue, pourraient avoir été influencée par d’autres phénomènes parallèles, etc..

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Par conséquent, selon cette vision, la science avance en proposant et en écartant des hypothèses. POPPER compare ce processus avec l'explication darwinienne de l'évolution biologique: la sélection naturelle des hypothèses. Les scientifiques doivent formuler des hypothèses et les expériences choisissent celles qui expliquent davantage de faits et mieux. Les hypothèses préférables sont les plus risquées, c'est-à-dire, celles qui expliquent davantage de phénomènes et d'une manière plus précise. Toutefois, nous ne pourrons jamais savoir si nos théories (en tant que des affirmations universelles) sont vraies, parce qu'elles peuvent toujours être faussées par une nouvelle expérience. Mais, selon POPPER, chaque nouvelle théorie représente une explication plus probable, plus proche à la vérité, et c'est pourquoi on peut affirmer que la science nous explique chaque fois mieux le monde. La science est progressive par sa nature propre, parce que "nous apprenons de nos erreurs". Le type de connaissance qui n'est pas exposée et ne reconnaît pas d'erreurs, comme celui des appelées "sciences occultes", n'est pas scientifique.

La MÉTHODE hypothétique-déductive

Détection d'un problème

Formulation d'une hypothèse explicative

Déduction de conséquences observables

Vérification avec l'expérience

Corroboration Réfutation

Acceptation provisoire Abandon de l'hypothèse de l'hypothèse

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5. LA MÉTHODE HERMÉNEUTIQUE DES SCIENCES HUMAINES

Les sciences humaines étudient le comportement humain tant dans sa dimension individuelle comme sociale. Mais le comportement humain a des caractéristiques particulières comme la motivation et l'intentionalité qui, s'ils ne sont pas pris en considération, rendent impossible sa compréhension et son explication. Ces particularités poussent quelques auteurs à réclamer une méthode propre pour les sciences humaines, une méthode qui ne s'occupe pas seulement d'expliquer mais aussi de comprendre. C’est la méthode herméneutique, procédure consacrée à obtenir la compréhension des actions humaines.

On peut distinguer deux tendances dans la méthode herméneutique. Une est représentée, entre autres, par Hans-Georg Gadamer et Paul Ricoeur, qui défendent que l'uniformité des phénomènes strictement humains (conscients et volontaires) ne doit pas être considérée comme effet d'une loi causale mais suite à des normes conventionnelles que règlent certaines institutions.

La seconde tendance est représentée par la Théorie critique de l'École de Francfort, dont des membres significatifs sont Max Horkheimer, Theodor W. Adorno dans sa première étape et, plus récemment, Jürgen Habermas. L'objectif principal de cette école consiste à établir une théorie critique de la société de consommation pour déterminer les conditions que la société industrielle avancée exerce sur la vie des êtres humains.

Les méthodes scientifiques Déductive Aristote Sciences formelles Inductive Carnap

Hypothético-déductive Galilée Réfutation Popper Programmes de recherche Lakatos

Sciences naturelles

Paradigmes Kuhn Gadamer P. Ricoeur

Sciences humaines

Herméneutique

Adorno Habermas

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LA MÉTHODE SCIENTIFIQUE

THÉORIE

LOI

VÉRIFICATION RÉFUTATION

VÉRIFICATION EXPÉRIMENTATION

ÉLABORATION D’HYPOTHÈSES

GÉNÉRALISATION

OBSERVATION ET DÉFINITION

FAITS (PROBLÈMES)

Elle a une prétention explicative :son objectif est de donner raison decomment sont les choses et pourquoielles sont ainsi ; elle cherche desrégularités qui permettent d'établirdes lois provisoirement valables.

Elle contraste ses hypothèses : pour renforcer les hypothèses ou les réfuter. La manière la plus habituelle est l'expérimentation, qui doit être rigoureuse, renouvelable et contrôlée. Elle établit des prévisions : elle anticipe ce qu’on espère qu'il se produise si l'hypothèse est valable.

Elle part de l'observation: elle reprend des données qui permettent de poser une recherche avec un sens.

On peut obtenir les hypothèses par généralisation (induction), par déduction (de lois supérieures), par analogie ou par imagination.

Elle élabore des hypothèses: essaye d'expliquer les questions suscitées au moyen d'une conjecture, une déclaration provisoire qui rend compte des phénomènes observés.

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Activités 1 1. Dans quels aspects considères-tu que la science influence la société ? Cherche des exemples de ton environnement dans lesquels tu observes cette influence. 2. Fais une liste de toutes les sciences que tu connais et essaye de les classer conformément aux critères mentionnés (objet de connaissance ou méthode de travail). 3. Pense si d'autres types de connaissance, comme la philosophie, accomplissent les caractéristiques des sciences. Élabore un tableau comparatif dans lequel tu places, à côté de chaque caractéristique des sciences, celle qui pourrait correspondre à la philosophie. Activités 2 1. Imagine une recherche sur un nouveau médicament pour soigner le cancer. Comment agirait le scientifique ? Explique les pas qu'il donnerait selon le schéma de la méthode scientifique. 2. Quand nous commençons une expérience, nous espérons trouver un résultat (la prévision); toutefois, parfois cette prévision n'est pas correcte. Quelle crois-tu qu'est la raison ? Pourquoi la science de la météorologie a tant de difficultés pour rendre des prévisions correctes? Crois-tu que nous pouvons seulement avoir une connaissance "probable" ou que nous pouvons atteindre une "vérité absolue" ? 3. Pouvons-nous objectivement observer les choses ou introduit-on toujours dans l'observation des éléments comme les théories préalables, la recherche de quelque chose de précis ou les préjugés du chercheur ? Activités 3 En suivant la méthode hypothético-déductive, essaye de résoudre certains des problèmes suivants (formule une hypothèse, déduit des conséquences observables, prépare une certaine expérience pour les tester et critique le résultat; tu peux aussi supposer que ça ne marche pas et formuler une nouvelle hypothèse) : 1. Pourquoi l'eau de mer est bleue et, par contre, si tu prends une quantité dans un récipient elle est incolore ? (Avant de répondre rapidement "parce que le ciel est bleu", demande-toi pourquoi le ciel est bleu.) Pourquoi voit-on parfois l'eau verte, d’autres fois marron, d’autres noirâtre, etc. ? 2. Pourquoi quand nous ouvrons l'eau chaude de la douche (en la faisant tomber d’en haut), le rideau est absorbé vers l'intérieur de la douche et non pas poussé vers l'extérieur, comme il pourrait paraître logique par l'expansion de l'air provoquée par l'eau qui tombe ? 3. Pourquoi se produit la rosée, c'est-à-dire, pourquoi le matin les plantes apparaissent avec des gouttes sur leurs feuilles, si n'a pas plu ? Pourquoi ça se produit précisément le matin?

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Problèmes moraux de la science

Jusqu'à présent nous nous avons centrées l'explication de la méthode hypothético-déductive, qui a son origine dans la recherche du monde physique. Maintenant, nous ébaucherons certaines des polémiques morales que cette méthode pose. 1. Le compromis avec la vérité

La science constitue, sans aucun doute, une manière de connaître le monde qui suppose une certaine activité humaine : l'inépuisable tâche de compréhension scientifique de la réalité à laquelle des milliers de chercheurs partout dans le monde ont consacré et consacrent leurs vies. Comme toute activité humaine de compréhension de la réalité, la science doit assumer un compromis avec la vérité. Les scientifiques doivent avoir, comme affirme le philosophe Xavier Zubiri, la "volonté de vérité". Toutefois, il ne se produit pas toujours de cette manière. Quelques scientifiques antéposent leurs intérêts personnels (économiques et de prestige) à l'intérêt de la science pour la vérité et, même, arrivent à mentir.

Ce compromis avec la vérité non seulement est oublié par des intérêts personnels. Parfois, ce sont les idéauxs politiques ou les croyances religieuses qui font que les scientifiques laissent la vérité en second plan :

Souvent dans l'histoire des idées religieuses ou politiques ont interféré de manière cruciale au cours du développement scientifique. Un des cas peut-être plus clairs de ce fait est celui de Trofin Denisovich Lysenko, biologiste soviétique qui a retardé l'avance de la recherche génétique dans son pays pendant plus de 50 années. Comme pensait Lamarck un siècle avant, Lysenko soutenait que les caractères acquis pouvaient être hérités. Ainsi il s’est confronté aux théories de Mendel, de Weisman et de Morgan, qui soutenaient, au contraire, que les caractères acquis n'étaient pas innés. L'affaire ne serait pas allée au-delà d'un simple conflit entre différentes écoles scientifiques si elle n’avait pas été une affaire étrangère à la science: l'amitié de Lysenko et de Stalin. Lysenko a su ajuster sa théorie à la philosophie du parti, et grâce à cela, dans une réunion d'agronomes, et avec l'appui de Stalin, ses idées ont été imposées dans tout le pays. Celles-ci ont été suivies jusqu'au décès du dictateur en 1953, mais le mal était déjà fait.

Benjamín FERNÁNDEZ RUIZ La vie : origine et évolution.

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2. Science et intérêt. Sur quoi et comment faire des recherches?

Le premier problème que nous trouvons est qu'il ne convient pas de donner une réponse scientifique à la question sur quoi faire des recherches ? La rationalité scientifique ne paraît pas capable d'établir les fins qui doivent guider la science. Mais, en marge des intérêts qui devraient encourager la recherche scientifique, nous pouvons étudier quels sont ceux qui de fait la conduisent dans la pratique.

Comme nous avons affirmé, les intérêts théoriques sont très importants au moment de décider sur quoi faire des recherches, mais ils ne sont pas les seuls: il y en a aussi d’autres, à caractère social, politique ou économique. Ainsi, la recherche scientifique a des coûts très élevés. Pensons, par exemple, ce que doit coûter la fabrication d'un accélérateur de particules comme le CERN, en Suisse, ou une station orbitale… Cet argent peut seulement venir de ressources publiques ou privées. L'adjudication de ressources publiques à la recherche doit répondre, évidemment, à des intérêts socio-politiques.

Les contribuables veulent être sûrs que l'argent qu'ils dépensent en recherche revientvers eux d'une certaine manière. Les politiciens, pour leur part, peuvent justifier les énormes quantités budgétaires qu’ils consacrent à la recherche en montrant aux citoyens les bénéfices qu’ils obtiennent d’elle.

Un exemple très clarificateur de ce que nous disons est fourni par le cas du SIDA, une maladie causée par un virus qui a frappé pendant des décennies la population

d’une bonne partie de l'Afrique centrale. Cependant, la recherche sur cette maladie ne se transforme en étoiles de la recherche médicale mondiale jusqu'à ce qu'elle ne commence pas à affecter la population des Etats-Unis. Alors, et par les perspectives économiques intéressantes qui sont aperçues, la Communauté scientifique internationale se lance à faire des recherches sur. C'est-à-dire, le SIDA devient un problème scientifique quand il touche la population des pays qui financent la recherche scientifique.

Dans le cas de l'investissement privé, l'intérêt économique comme moteur de la

recherche se fait plus clair dans le domaine pharmacologique. Le lithium, par exemple, un psicotrope efficace pour les personnes maniacodepressives, manque d'intérêt pharmacologique simplement parce qu'il est abondant et bon marché et sa commercialisation ne s'avère pas rentable. L'influence des intérêts économiques, sociaux et politiques dans la recherche scientifique pose de graves questions: On court le risque que le financement se concentre sur des projets de répercussions

pratiques plus ou moins immédiates et que l’on marginalise la recherche de base, ou recherche primaire, dont la répercussion pratique est inconnue. Ceci manquerait d'importance si ce n'était pas parce que, à long terme, beaucoup des problèmes théoriques que pose la recherche secondaire peuvent seulement être résolus à partir du développement de la recherche primaire. Ainsi, les thérapies génétiques (la

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manipulation du code génétique avec des fins thérapeutiques) ont seulement été possibles une fois que la connaissance biochimique sur la structure du génome humain a atteint un certain niveau, le fruit d'années de recherche primaire intense et coûteuse. À son origine, toutefois, cette ligne de recherche ignorait ses possibles applications thérapeutiques.

On court aussi le risque que le financement se concentre

sur des projets qui profitent aux populations qui payent le financement. Bien que la faim soit un problème endémique pour un cinquième de la population de la planète, la recherche sur les techniques d'exploitation agricole adaptées aux conditions climatologiques et géologiques des pays touchés est loin énormément de consommer la cinquième partie des ressources consacrées à la recherche. Ceci constitue un problème moral et politique grave qui touche la recherche scientifique : la recherche scientifique ne contribuerait-elle pas à la consolidation de la situation de privilège des pays riches par rapport aux pays pauvres ? La science est-elle au service de l'humanité ou au service des privilégiés de l'humanité ? Quels projets doivent être financés ?

Les deux points précédents nous conduisent à une dernière et difficile question: qui

doit décider sur les projets qui vont être financés : la Communauté scientifique, les groupes économiques qui payent la recherche, les gouvernements qui gèrent les ressources publiques destinées à celle-ci ou les organismes supranationaux dans lesquels devraient être représentée la totalité des intérêts en jeu ?

3. Recherche et éthique La manière de mener à bien la recherche scientifique pose aussi des problèmes moraux, comme la réalisation d'expériences avec des animaux. Certaines de ces pratiques sont suprêmement cruelles (pensons, par exemple, à la vivisection). Est-il moralement correct d’infliger des souffrances aux animaux en échange du progrès scientifique ? Mais les expériences avec des animaux sont généralement le premier pas de la recherche; il faut ensuite vérifier si les résultats prometteurs de la recherche (techniques chirurgicales, drogues et thérapies nouvelles… ) sont confirmés dans le cas des êtres humains. Or, avec quelles personnes les essayer? La réponse paraît évidente: avec des personnes qui volontairement le consentent. Mais pourquoi quelqu'un consent-il à servir de cobaye pour la recherche scientifique ? Les motifs peuvent être très divers: par altruisme (désir de faire du bien à la Communauté), par désespoir pur (quand l'expérience constitue le dernier espoir de celui qui accepte de s’y soumettre) ou pour des raisons économiques (on stimule économiquement la participation). Peut-on parler dans ces deux derniers cas de décisions volontaires dans un sens strict ? Ne sont-ils pas forcés par la situation ? Et s’ils le sont, doivent-ils être acceptés ? Est-il licite de se servir du désespoir humain pour avancer dans le développement scientifique ?

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Le problème est aggravé si le candidat à l’expérimentation n'est pas en disposition de décider par lui-même. Qui décide la participation d'un enfant qui est en phase terminale dans l'expérimentation d'une nouvelle drogue : ses parents, les médecins, les autorités ? Et avec quels critères ? Un autre problème est celui posé par l'allocation de ressources. La recherche scientifique exige chaque fois de plus grandes sommes d'argent (pensons, par exemple, dans les expériences qui sont menées dans les stations spatiales). Est-il moralement correct d'employer ces énormes sommes d'argent en recherche quand la faim sur notre planète est une plaie endémique ? En outre, l'accroissement du coût dans les procédures de recherche et l'expérimentation scientifique a une conséquence politique sur laquelle il faut réfléchir sérieusement : augmentation de la différence entre les pays riches (capables de les payer) et les pauvres, chaque fois plus dépendants des premiers (qui ne donnent ni les découvertes faites ni leurs brevets) en matière de développement scientifique. De cette manière, il convient de poser de nouveau la question suivante : est-il moralement correct de payer une recherche scientifique qui augmente la différence entre des pays riches et pauvres et qui, en conséquence, aggrave encore plus une situation d'injustice terrible ? Activités 1. Quels dangers entraîne l'influence des intérêts économiques, sociaux et politiques

dans la décision des lignes de recherche ? 2. Qui doit décider sur quoi faire des recherches ? 3. Est-ce que l'expérimentation scientifique doit se servir de personnes et d’animaux ?

Dans quelles circonstances ? 4. Est-ce que les frais en recherche scientifique augmentent ou diminuent les

différences entre les pays riches et les pauvres ?

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À la recherche d’une méthode

À certains moment, les philosophes ont pris conscience de l’importance de la méthode et ont réfléchi sur celle-ci. Un des philosophes qui se sont penchés en profondeur sur cette question est Descartes (XVIIº siècle). Nous allons regarder un de ces textes où il nous explique sur quoi se fonde sa méthode.

La méthode

Il faut une méthode qui permette, d'une part, d'éviter l'erreur, d'autre part, de découvrir la vérité, c'est-à-dire :

* Un ensemble de règles certaines et faciles par l'observation exacte desquelles on sera certain de ne prendre jamais le faux pour le vrai, et, sans dépenser inutilement les forces de son esprit, mais en accroissant son savoir par un progrès continu, de parvenir à la connaissance vraie de tout ce dont on sera capable. » (Règles pour la direction de l'esprit-règle IV).

Citons à tout le moins le début du célèbre Discours de la méthode, petit ouvrage d'une cinquantaine de pages, dont la lecture est toujours encore profitable.

«Le bon sens est la chose du monde la mieux partagée : car chacun pense en être si bien pourvu, que ceux mêmes qui sont les plus difficiles à contenter en toute autre chose n'ont point coutume d'en désirer plus qu'ils en ont. En quoi il n'est pas vraisemblable que tous se trompent; mais plutôt cela témoigne que la puissance de bien juger et distinguer le vrai d'avec le faux, qui est proprement ce qu'on nomme le bon sens ou la raison, est naturellement égale en tous les hommes; et ainsi que la diversité de nos opinions ne vient pas de ce que les uns sont plus raisonnables que les autres, mais seulement de ce que nous conduisons nos pensées par diverses voies, et ne considérons pas les mêmes choses. Car ce n'est pas assez d'avoir l'esprit bon, mais le principal est de l'appliquer bien. »

Quatre préceptes suffisent, selon Descartes, pour bien mener sa pensée. 1. d'avoir des idées claires et distinctes :

... ne recevoir jamais aucune chose pour vraie que je ne la connusse évidemment être telle; c'est-à-dire d'éviter soigneusement la précipitation et la prévention, et de comprendre rien de plus en mes jugements que ce qui se présenterait si clairement et si distinctement à mon esprit que je n'eusse aucune occasion de le mettre en doute.

2. d'analyser : ... diviser chacune des difficultés que j'examinais en autant de parcelles qu'il se pourrait et qu'il serait requis pour les mieux résoudre.

3. de synthétiser : de conduire par ordre mes pensées, en commençant par les objets les plus simples et les plus aisés à connaître, pour monter peu à peu comme par degrés jusqu'à la connaissance des plus composés, et supposant même de l'ordre entre ceux qui ne se précèdent point naturellement les uns les autres.

4. de dénombrer : ... faire partout des dénombrements si entiers et des revues si générales, que je fusse assuré de ne rien omettre.

Activités: a) Pourquoi, selon Descartes, est-il nécéssaire d’avoir une méthode? b) Pourquoi Descartes s’appuie-t-il sur les méthodes de la logique, la géométrie et

l’analyse mathématique? c) Fais un résumé avec ton propre vocabulaire des préceptes de la méthodes

cartésienne.

TP1 Descartes. La méthode

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André Comte-Sponville, Présentations de la philosophie.

La connaissance

« Les yeux ne peuvent connaître la nature des choses. » Lucrèce

Connaître, c'est penser ce qui est: la connaissance est un certain rapport - de

conformité, de ressemblance, d'adéquation - entre l’esprit et le monde, entre le sujet et l’objet. Ainsi connaît-on ses amis, son quartier, sa maison : ce que nous avons dans l'esprit, quand nous y pensons, correspond à peu près à ce qui existe en réalité.

Cet à peu près est ce qui distingue la connaissance de la vérité. Car sur ses amis, on peut se tromper. Sur son quartier, on ne sait jamais tout. Sur sa propre maison, même, on peut ignorer bien des choses. Qui peut jurer qu'elle n'est pas attaquée par les termites ou construite, au contraire, sur quelque trésor caché ? Il n'y a pas de connaissance absolue, pas de connaissance parfaite, pas de connaissance infinie. Tu connais ton quartier? Bien sûr! Mais pour le connaître totalement, il faudrait pouvoir décrire la moindre rue qui s'y trouve, le moindre immeuble de chaque rue, le moindre appartement de chaque immeuble, le moindre recoin de chaque appartement, le moindre grain de poussière dans chaque recoin, le moindre atome dans chaque grain, le moindre électron dans chaque atome... Comment le pourrais-tu ? Il y faudrait une science achevée et une intelligence infinie : ni l'une ni l'autre ne sont à notre portée.

Cela ne signifie pourtant pas qu'on ne connaisse rien. Si tel était le cas, comment saurions-nous ce que c'est que connaître et qu'ignorer ? La question de Montaigne, qui est de fait (« Que sais-je ? »), ou la question de Kant, qui est de droit (Que puis-je savoir, comment et à quelles conditions ?), supposent l'une et l'autre l'idée d'une vérité au moins possible. Si elle ne l'était pas du tout, comment pourrions-nous raisonner, et à quoi bon la philosophie ?

La vérité, c'est ce qui est (veritas essendi : vérité de l’être) ou ce qui correspond exactement à ce qui est (veritas cognoscendi : vérité de la connaissance). C'est pourquoi aucune connaissance n'est la vérité parce que nous ne connaissons jamais absolument ce qui est, ni tout ce qui est. Nous ne pouvons connaître quoi que ce soit que par nos sens, notre raison, nos théories. Comment y aurait-il une connaissance immédiate, puisque toute connaissance, par nature, est médiation ? La moindre de nos pensées porte la marque de notre corps, de notre esprit, de notre culture. Toute idée en nous est humaine, subjective, limitée, et ne saurait donc correspondre absolument à l'inépuisable complexité du réel.

« Les yeux humains ne peuvent apercevoir les choses que par les formes de leur connaissance », disait Montaigne; et nous ne pouvons les penser, montrera Kant, que par les formes de notre entendement. D'autres yeux nous montreraient un autre paysage. Un autre esprit le penserait autrement. Un autre cerveau, peut-être, inventerait une autre mathématique, une autre physique, une autre biologie... Comment connaîtrions-nous les choses telles qu'elles sont en elles-mêmes, puisque les connaître c'est toujours les percevoir ou les penser comme elles sont pour nous ? Nous n'avons aucun accès direct au vrai (nous ne pouvons le connaître que par l'intermédiaire de notre sensibilité, de

TP2 Comte-Sponville. La connaissance

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notre raison, de nos instruments d'observation et de mesure, de nos concepts, de nos théories...), aucun contact absolu avec l'absolu, aucune ouverture infinie sur l'infini. Comment pourrions-nous les connaître totalement ? Nous sommes séparés du réel par les moyens mêmes qui nous permettent de le percevoir et de le comprendre ; comment pourrions-nous le connaître absolument ? Il n'y a de connaissance que pour un sujet. Comment pourrait-elle, même scientifique, être parfaitement objective ?

Connaissance et vérité sont donc bien deux concepts différents. Mais ils sont aussi solidaires. Aucune connaissance n'est la vérité; mais une connaissance qui ne serait pas vraie du tout n'en serait plus une (ce serait un délire, une erreur, une illusion...). Aucune connaissance n'est absolue; mais elle n'est une connaissance - et non simplement une croyance ou une opinion - que par la part d'absolu qu'elle comporte ou autorise.

Soit, par exemple, le mouvement de la Terre autour du Soleil. Nul ne peut le connaître absolument, totalement, parfaitement. Mais nous savons bien que ce mouvement existe, et qu'il s'agit d'un mouvement de rotation. Les théories de Copernic et de Newton, pour relatives qu'elles demeurent (puisqu'il s'agit de théories), sont plus vraies et plus sûres - donc plus absolues - que celles d'Hipparque ou de Ptolémée. Et la théorie de la Relativité, pareillement, est plus absolue (et non pas, comme on le croit parfois à cause de son nom, plus relative !) que la mécanique céleste du XVIIIº siècle, qu'elle explique et qui ne l'explique pas. Que toute connaissance soit relative, cela ne signifie pas qu'elles se valent toutes. Le progrès est aussi incontestable de Newton à Einstein que de Ptolémée à Newton.

C'est pourquoi il y a une histoire des sciences, et c'est pourquoi cette histoire est à la fois normative et irréversible : parce qu'elle oppose du plus vrai à du moins vrai, et parce qu'on n'y retombe jamais dans les erreurs qu'on a comprises et réfutées. C'est ce que montrent, chacun à sa façon, Bachelard et Popper. Aucune science n'est définitive. Mais si l'histoire des sciences est « la plus irréversible de toutes les histoires », comme dit Bachelard, c'est que le progrès y est démontrable et démontré : c'est qu'il est « la dynamique même de la culture scientifique ». Aucune théorie n'est absolument vraie, ni même absolument vérifiable. Mais il doit être possible, s'il s'agit d'une théorie scientifique, de la confronter à l'expérience, de la tester, de la falsifier, comme dit Popper, autrement dit de faire ressortir, le cas échéant, sa fausseté. Les théories qui résistent à ces épreuves remplacent celles qui y succombent, qu'elles intègrent ou dépassent. Cela fait comme une sélection culturelle des théories (au sens où Darwin parle d'une sélection naturelle des espèces), grâce à laquelle les sciences progressent - non de certitudes en certitudes, comme on le croit parfois, mais « par approfondissement et ratures », comme disait Cavaillès, autrement dit, ce sont les termes de Popper, « par essais et éliminations des erreurs ». C'est en quoi une théorie scientifique est toujours partielle, provisoire, relative, sans que cela autorise pourtant à les refuser toutes ni à leur préférer ce serait renoncer à connaître - l'ignorance ou la superstition. Le progrès des sciences, si spectaculaire, si incontestable, est ce qui confirme à la fois leur relativité (une science absolue ne pourrait plus progresser) et leur vérité au moins partielle (s'il n'y avait rien de vrai dans nos sciences, elles ne pourraient pas non plus progresser et ne seraient pas des sciences).

On évitera néanmoins de confondre connaissances et sciences, ou de réduire celles-là à celles-ci. Tu connais ton adresse, ta date de naissance, tes voisins, tes amis, tes goûts, enfin mille et mille choses qu'aucune science ne t'apprend ni ne garantit. La perception est déjà un savoir, l'expérience est déjà un savoir, même vague (c'est ce que

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Spinoza appelait la connaissance du premier genre), sans lequel toute science serait impossible. « Vérité scientifique », ce n'est donc pas un pléonasme : il y a des vérités non scientifiques, et des théories scientifiques dont on découvrira un jour qu'elles ne sont pas vraies.

Imagine, par exemple, que tu doives témoigner devant un tribunal... On ne te demande pas de démontrer scientifiquement tel ou tel point, mais simplement de dire ce que tu crois ou, encore mieux, ce que tu sais. Tu peux te tromper ? Certes. C'est pourquoi la pluralité des témoignages est souhaitable. Mais cette pluralité même n'a de sens qu'à supposer une vérité possible, et il n'y aurait pas de justice autrement. Si nous n'avions aucun accès à la vérité, ou si la vérité n'existait pas, quelle différence y aurait-il entre un coupable et un innocent ? Entre un témoignage et une calomnie ? Entre la justice et une erreur judiciaire ? Et pourquoi nous battrions-nous contre les négationnistes, contre les obscurantistes, contre les menteurs ?

L'essentiel, ici, c'est de ne pas confondre le scepticisme et la sophistique. Être sceptique, comme Montaigne ou Hume, c'est penser que rien n'est certain, et l'on a pour cela d'excellentes raisons. Nous appelons certitude ce dont nous ne pouvons douter. Mais que prouve une impuissance ? Les hommes furent certains, pendant des millénaires, que la Terre était immobile : elle n'en bougeait pas moins... Une certitude, ce serait une connaissance démontrée. Mais nos démonstrations ne sont fiables qu'à la condition que notre raison le soit ; or comment prouver qu'elle l'est, puisqu'on ne pourrait le prouver que par elle ? « Pour juger des apparences que nous recevons des objets, écrit Montaigne, il nous faudrait un instrument judicatoire ; pour vérifier cet instrument, il nous y faut de la démonstration ; pour vérifier la démonstration, un instrument: nous voilà au rouet. » C'est le cercle de la connaissance, qui lui interdit de prétendre à l'absolu. En sortir ? On ne le pourrait que par la raison ou l'expérience; mais ni l'une ni l'autre n'en est capable : l'expérience, parce qu'elle dépend des sens; la raison, parce qu'elle dépend d'elle-même. « Puisque les sens ne peuvent arrêter notre dispute, étant pleins eux-mêmes d'incertitude, continue Montaigne, il faut que ce soit la raison; aucune raison ne s'établira sans une autre raison : nous voilà à reculons jusques à l'infini. » On n'a le choix qu'entre le cercle et la régression à l'infini ; autant dire qu'on n'a pas le choix : cela même qui rend la connaissance possible (les sens, la raison, le jugement) interdit de l'ériger en certitude.

Formidable formule de Jules Lequier : « Lorsqu'on croit de la foi la plus ferme que l'on possède la vérité, on doit savoir qu'on le croit, non pas croire qu'on le sait. » À la gloire de Hume et de la tolérance.

Formidable formule de Marcel Conche, à propos de Montaigne. Sans doute avons-nous des certitudes, dont plusieurs nous semblent des certitudes de droit (des certitudes absolument fondées ou justifiées) ; mais « la certitude qu'il y a des certitudes de droit n’est jamais qu'une certitude de fait ». Il faut en conclure que la certitude la plus solide, en toute rigueur, ne prouve rien : il n'y a pas de preuves absolument probantes.

Faut-il alors renoncer à penser ? Non pas. « Il se peut faire qu'il y ait de vraies démonstrations, remarque Pascal, mais cela n'est pas certain. » Cela, en effet, ne se démontre pas - puisque toute démonstration le suppose. La proposition « Il y a de vraies démonstrations » est une proposition indémontrable. La proposition « Les mathématiques sont vraies » n'est pas susceptible d'une démonstration mathématique. La proposition « Les sciences expérimentales sont vraies » n'est pas susceptible d'une vérification expérimentale. Mais cela n'empêche pas de faire des mathématiques, de la physique ou de la biologie, ni de penser qu'une démonstration ou une expérience valent

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plus et mieux qu'une opinion. Que tout soit incertain, ce n'est pas une raison pour cesser de chercher la vérité. Car il n'est pas certain non plus que tout soit incertain, remarquait encore Pascal, et c'est ce qui donne raison aux sceptiques tout en leur interdisant de le prouver. À la gloire du pyrrhonisme et de Montaigne. Le scepticisme n'est pas le contraire du rationalisme ; c'est un rationalisme lucide et poussé jusqu'au bout - jusqu'au point où la raison, par rigueur, en vient à douter de son apparente certitude. Car que prouve une apparence ?

La sophistique, c'est autre chose : non pas penser que rien n'est certain, mais penser que rien n'est vrai. Cela, ni Montaigne ni Hume ne font jamais écrit. Comment, s'ils l'avaient cru, auraient-ils pu philosopher, et pourquoi l'auraient-ils fait ? Le scepticisme, c'est le contraire du dogmatisme. La sophistique, le contraire du rationalisme, voire de la philosophie. Si rien n'était vrai, que resterait-il de notre raison? Comment pourrions-nous discuter, argumenter, connaître ? « À chacun sa vérité » ? Si c'était vrai, il n'y aurait plus de vérité du tout, puisqu'elle ne vaut qu'à la condition d'être universelle. Que tu lises à présent ce petit livre, par exemple, nul autre que toi peut-être ne le sait. C'est pourtant universellement vrai : nul ne peut le nier, en aucun point du globe ni à aucune époque, sans faire preuve d'ignorance ou de mensonge. C'est en quoi « l'universel est le lieu des pensées », comme disait Alain, ce qui nous rend tous égaux, au moins en droit, devant le vrai. La vérité n'appartient à personne; c'est pourquoi elle appartient, en droit, à tous. La vérité n'obéit pas ; c'est pourquoi elle est libre, et libère.

Que les sophistes aient tort, c'est bien sûr ce qu'on ne peut démontrer (puisque toute démonstration suppose au moins l'idée de vérité) ; mais qu'ils aient raison, c'est ce qu'on ne peut même pas penser de façon cohérente. S'il n'y avait pas de vérité, il ne serait pas vrai qu'il n'y ait pas de vérité. Si tout était faux, comme le voulait Nietzsche, il serait faux que tout soit faux. C'est en quoi la sophistique est contradictoire (ce que le scepticisme n'est pas) et se détruit elle-même comme philosophie. Les sophistes ne s'en préoccupent guère. Que leur fait une contradiction? Qu'ont-ils à faire de la philosophie ? Mais les philosophes, depuis Socrate, s'en préoccupent. Ils ont pour cela leurs raisons, qui sont la raison même et l'amour de la vérité. Si rien n'est vrai, on peut penser n'importe quoi, ce qui est bien commode pour les sophistes; mais alors on ne peut plus penser du tout, ce qui est mortel pour la philosophie.

J'appelle sophistique toute pensée qui se soumet à autre chose qu'à ce qui semble vrai, ou qui soumet la vérité à autre chose qu'à elle-même (par exemple à la force, à l'intérêt, au désir, à l'idéologie...). La connaissance est ce qui nous en sépare, dans l'ordre théorique, comme la sincérité dans l'ordre pratique. Car si rien n'était vrai, ni faux, il n'y aurait aucune différence entre la connaissance et l'ignorance, ni entre la sincérité et le mensonge. Les sciences n'y survivraient pas, ni la morale, ni la démocratie. Si tout est faux, tout est permis : on peut truquer les expériences ou les démonstrations (puisque aucune n'est valide), mettre la superstition sur le même plan que les sciences (puisque aucune vérité ne les sépare), faire condamner un innocent (puisqu'il n'y a aucune différence pertinente entre un vrai et un faux témoignage), nier les vérités historiques les mieux établies (puisqu'elles sont aussi fausses que le reste), laisser les criminels en liberté (puisqu'il n'est pas vrai qu'ils sont coupables), s'autoriser à en être un (puisque, même coupable, il n'est pas vrai qu'on le soit), enfin refuser toute validité à quelque vote que ce soit (puisqu'un vote ne vaut que si l'on connaît vraiment son résultat)... Qui n'en-voit les dangers ? Si l'on peut penser n'importe quoi, on peut faire n'importe quoi : la sophistique mène au nihilisme, comme le nihilisme à la barbarie.

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C'est ce qui donne au savoir sa portée spirituelle et civilisatrice. « Qu'est-ce que les Lumières ? », demande Kant. La sortie de l'homme hors de sa minorité, répond-il, et l'on n'en sort que par la connaissance : «Sapere aude ! Ose savoir! Aie le courage de te servir de ton propre entendement. Voilà la devise des Lumières.» Sans être jamais moralisatrice (connaître n'est pas juger, juger n'est pas connaître), toute connaissance est pourtant une leçon de morale : parce que aucune morale n'est possible sans elle, ni contre elle.

C'est pourquoi il faut chercher la vérité, comme disait Platon, « avec toute son âme » - et d'autant plus que l'âme n'est pas autre chose, peut-être bien, que cette quête.

Et c'est pourquoi, aussi, on n'en aura jamais fini de chercher. Non parce qu'on ne connaîtrait rien, ce qui n'est guère vraisemblable, mais parce qu'on ne connaît jamais tout. Le grand Aristote, avec son habituel sens de la mesure, a dit la chose comme il fallait : « La recherche de la vérité est à la fois difficile et facile : nul ne peut l'atteindre absolument, ni la manquer tout à fait. »

C'est ce qui nous permet d'apprendre toujours, et qui donne tort aux dogmatiques (qui prétendent posséder absolument le vrai) comme aux sophistes (qui prétendent que le vrai n'existe pas ou est absolument hors d'atteinte).

Entre l'ignorance absolue et le savoir absolu, il y a place pour la connaissance et pour le progrès des connaissances. Bon travail à tous!

André Comte-Sponville, Présentations de la philosophie.

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Questions sur le texte 1. Définis la connaissance.

2. Si la connaissance est un rapport, explique entre quels éléments.

3. Comment serait la connaissance absolue? .

4. Pourquoi, d'après le texte, aucune connaissance n'est la vérité ?

5. Quelles sont les médiations de la connaissance dont parle le texte?

6. Repère les raisons que l'auteur donne pour défendre qu'on ne peut pas connaître les

choses telles qu'elles sont.

7. Explique: "La certitude qu'il y a des certitudes de droit n'est jamais qu'une certitude

de fait".

8. Comment progressent les sciences ?

9. Peut-on identifier «connaissance vraie» et « connaissance scientifique»? Pourquoi?

10. Pourquoi considère-t-on la connaissance scientifique plus sûre que les autres

connaissances ?

11. Cherche dans le texte la définition de « scepticisme »

12. Le fait qu' aucune connaissance soie absolue, signifie-t-il que toute connaissance aie

la même valeur ?

13. Cette affirmation, annule-t-elle la possibilité de la connaissance ?

14. Argumente la pensée suivante :« On ne peut pas démontrer que les sophistes aient

tort, mais pourtant il est impossible qu'ils aient raison ».

15. Quelle est la différence entre le sophiste et le sceptique ?

16. La sophistique, pourquoi élimine-t-elle la pensée ?

17. Quelles sont pour la connaissance les conséquences de nier l'existence de la vérité ?

18. Quelle serait, à ton avis, la différence entre une connaissance vraie et fausse ?

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La connaissance Document 3 La connaissance du vivant 1. L’organisme n’est pas une machine • La biologie cherche à comprendre la structure et le fonctionnement des organismes. Le terme lui-même apparaît en 1802, avec Lamarck, et la biologie s’est constituée après la physique et la chimie. Ce retard s’explique par les obstacles à vaincre : interdits d’origine religieuse (sur la dissection, ou l’intention “diabolique” de vouloir percer les secrets de la Création) et difficultés techniques, mais aussi présence de postulats philosophiques qui ont freiné la mise en place d’une attitude plus modestement expérimentale. • L’affirmation, par Descartes, de la nature purement mécanique du corps animal se justifie par un souci de généraliser la connaissance mathématique à ce qui se caractérise par la seule étendue. Po ur sa part, l’homme possède à la fois l’étendue − le corps − et la pensée − l’âme. Mais l’animal, sans pensée ni sentiment, n’est rien de plus qu’une machine, plus perfectionnée qu’un automate de fabrication humaine, puisque créée par Dieu, mais néanmoins analysable en termes de rouages et de ressorts, d’actions et de réactions. • A ce mécanisme, Kant objecte que le vivant possède des propriétés absentes de la machine : faculté de reproduction, auto-régulation qui permet à l’organisme de s’équilibrer en cas de défaillance d’un de ses éléments (la maladie n’est pas une simple panne). De plus, la machine est construite par un agent extérieur, alors que le vivant se caractérise par une “énergie formatrice” qui assure sa propre organisation intérieure et peut être communiquée aux matières étrangères qu’il absorbe et transforme. Kant insiste sur la présence, dans le vivant, d’une “finalité intrinsèque” : l’ensemble des organes coopère à la survie de l’organisme comme totalité, le fonctionnement de chacun se trouvant lié à celui des autres. 2. Problèmes expérimentaux particuliers • Cette finalité suscite quatre difficultés qui, si elles ne rendent pas l’expérimentation impossible en biologie, déterminent des précautions méthodologiques originales. • La généralisation d’une expérience faite sur une espèce aux autres espèces se révèle très limitée, en raison de la spécificité des vivants. Chaque espèce présente des caractères particuliers (dans ses fonctions de locomotion, de digestion, de reproduction…) et l’induction hâtive ne mènerait qu’à des erreurs. • A l’intérieur d’une espèce, il est pratiquement impossible de rencontrer deux organismes semblables – ce qui serait nécessaire pour comparer un organisme témoin et un organisme modifié intentionnellement. Les conditions de développement génèrent des individus différents. D’où le recours à des élevages spécialisés, produisant des individus proches les uns des autres. Mais, outre qu’il n’offre jamais d’individus totalement identiques, ce matériel risque de produire des artefacts.

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• En raison des relations inter organiques, il est très difficile d’isoler rigoureusement un phénomène:”Il n’est pas certain qu’un organisme, après ablation d’organe (ovaire, estomac, rein), soit le même organisme diminué d’un organe” (Canguilhem) : en fait, l’organisme réagit à cette ablation en réorganisant globalement son équilibre. • Le temps intervient dans la vie, et il est irréversible. L’analyse d’une fonction sur un organisme jeune risque de souligner des potentialités qui ne se révèlent pas dans son développement normal. 3. Nécessité de la bioéthique • La recherche biologique a progressé de façon spectaculaire. Au XIXe siècle, la découverte de la cellule comme constituant fondamental de tout vivant, et de l’hérédité des caractères génétiques, mais aussi la mise au point (Darwin) d’une théorie de l’évolution ont préparé les avancées ultérieures, sur l’ADN ou la possibilité des manipulations génétiques. Au point que la biologie propose aujourd’hui des connaissances suffisantes pour que se profilent des applications particulièrement discutables (clonage de l’homme, modification des espèces, interventions prénatales sur les foetus). • C’est ce qui justifie l’apparition de la bioéthique, réflexion sur les problèmes que soulèvent ces possibilités. Les comités formés à ce propos rassemblent, aux côtés de biologistes, des philosophes, des juristes, des théologiens, et tentent de déduire de l’éthique médicale et de la Déclaration universelle des droits de l’homme de 1948 quelques principes fondamentaux, susceptibles d’éviter aussi bien les excès des différents pouvoirs intéressés (médical ou politique) que l’abaissement de l’humain en simple moyen (comme fournisseur rétribué d’organes, par exemple). • Trois principes ressortent des différents textes adoptés : toute recherche doit respecter la dignité et la liberté de la personne humaine; on devra soigneusement, avant toute recherche, comparer les risques encourus aux bienfaits attendus; tous les êtres humains doivent être traités de façon équitable.

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