636
La C ontroverse de Sion Jamais controversée Douglas Reed se penche sur les forces sinistres derrière l'agitation du monde et de la révolution Douglas Reed

La Controverse de Sion

Embed Size (px)

DESCRIPTION

La Controverse de Sion

Citation preview

  • LaControversedeSio

    nJamais controverse

    Douglas Reed se penche sur les forces sinistres derrire l'agitation du

    monde et de la rvolution

    Douglas Reed

  • LA CONTROVERSE DE SION

    Douglas L. Reed

    Et vous connatrez la vrit, et la vrit vous rendra libres.

    Jean 8 : 2.

  • Noontide Press, P.O. Box 1248, Torrance, CA 90505. United States of AmericaCopyright @ Douglas Reed 1985. First published in 1978by Dolphin Press (Pty) Ltd., Durban. All rights reserved.

    No part of this book may be reproducedin any form or by any means without the permission of the copyright-holder, excepting brief quotes

    used in connection with reviews written specially for inclusion in a magazine or newspaper.ISBN 0 939482 03 7

    This Edition Published by The Noontide Press, P.O. Box 1248, Torrance CA 90505United States of America. Under licence from :

    Veritas Publishing Company Pty., Ltd., P .0. Box 20, Bullsbrook, Western Australia, 6084manufacted in australia

    Ceux qui trouvent sans chercher, sont ceux qui ont longtemps cherch sans trouver.Un serviteur inutile, parmi les autres

    14 Juillet 2012scan, orcJohn Doe

    TraductionJane Doe (Viviane du Lac), merci ...

    mise en pageLENCULUS

    Pour la Librairie Excommunie Numrique des CUrieux de Lire les USuels

    du mme auteurThe Burning of the Reichstag (1934)Insanity Fair (Jonathan Cape, 1938)Disgrace Abounding (do., 1939)Nemesis ? The Story of Otto Strasser (do.)A Prophet at Home (do., 1941)All Our Tomorrows (do., 1942)Lest We Regret (do., 1943)From Smoke to Smother (do., 1948)Somewhere South of Suez (do., 1949)Far and Wide (do., 1951)The Battle for Rhodesia (HAUM, 1966)The Siege of Southern Africa (Macmillan, 1974)Behind the Scene (Dolphin Press, 1975)The Grand Design of the 20th Century (Dolphin Press, 1977)

    RomansGalanty Show.Reasons of Health.Rule of Three, The Next Horizon.

    PiceDownfall

  • Car cest un jour de vengeance pour Yahv, une anne de revanche dans la controverse de Sion

    Isae 34 : 8.

    Un vnement a eu lieu, dont il est difficile de parler et quil est impossible de taire

    Edmund Burke, 1789.

  • Douglas Reed

  • 7

    NOTE DE LAUTEUR

    Toutes les italiques prsentes dans ce livre ont t ajoutes par lauteur, dans le but de diriger lattention sur un mot ou un passage quil tient pour tre dune importance particulire.

    Lorsquune citation est faite sans mentionner sa source, elle est issue de la dernire source prcdemment cite.

  • 9

    UNE PRFACE

    LAuteur : en Europe, durant les annes qui prcdrent et suivirent immdiatement la Seconde Guerre mondiale, le nom de Douglas Reed tait sur toutes les lvres ; ses livres se vendaient par dizaines de milliers, et il tait extrmement connu au sein du monde anglophone, par une immense foule de lecteurs et dadmirateurs. Ancien correspondant pour le Times de Londres en Europe Centrale, il avait acquis une grande renomme grce des livres comme Insanity Fair, Disgrace Abounding, Lest We Regret, Somewhere South of Suez, Far and Wide et plusieurs autres, chacun deux largissant au centuple les possibilits qui lui taient offertes alors en tant que lun des principaux correspondants mondiaux ltranger.

    La disparition de Douglas Reed et de toutes ses uvres dans un oubli presque total fut un retournement que le temps seul naurait pu provoquer ; vrai dire, la justesse de son interprtation du droulement de lhistoire des poques trouva confirmation dans ce qui lui arriva alors quil tait au sommet de sa gloire.

    Aprs 1951, avec la publication de Far and Wide, o il plaait lhistoire des tats-Unis dAmrique dans le contexte de tout ce quil avait appris en Europe sur la poli-tique internationale, Reed se retrouva banni des librairies, tous les diteurs lui fer-mrent leurs portes, et les livres dj publis se trouvrent sous la menace dtre retirs des rayons, perdus et jamais remplacs.

    Sa carrire publique en tant qucrivain dsormais (en apparence) termine, Reed tait au moins libre dentreprendre un grand projet pour lequel tout ce qui stait pass auparavant navait t quune sorte de prparation et dducation quaucune universit naurait pu fournir et que seuls quelques rares chanceux et surdous auraient pu uti-liser bon escient : ses annes en tant que correspondant ltranger, ses voyages en Europe et en Amrique, ses conversations et contacts avec les grands leaders politiques de son temps, ajouts son absorption avide, par la lecture et lobservation, de tout ce quil y avait de mieux dans la culture europenne.

    Les expriences que dautres hommes auraient acceptes comme des dfaites ne servirent qu concentrer les facults de Douglas Reed sur ce qui deviendrait son en-treprise la plus importante rechercher et re-raconter lHistoire des deux derniers millnaires et plus, dune manire rendre intelligible une grande partie de lHistoire

    par Ivor Benson

  • 10 D o u g l a s R e e D

    moderne, qui de nos jours reste pour les masses plonge dans les tnbres et troite-ment garde par la terreur dun systme de censure invisible.

    Le Livre : layant commenc en 1951, Douglas Reed passa plus de trois ans pour la plupart loin de sa femme et de ses jeunes enfants travailler la Bibliothque centrale de New York, ou taper sur sa machine crire dans des logements spartiates New York ou Montral. Avec un zle de professionnel, le livre fut rcrit ses 300 000 mots et lpilogue seulement ajout en 1956.

    Lhistoire mme du livre les circonstances inhabituelles dans lesquelles il fut crit, et comment le manuscrit, aprs tre rest cach pendant plus de 20 ans, est appa-ru la lumire et est enfin devenu publiable fait partie de lHistoire de notre sicle, jetant la lumire sur un combat dont les foules ne savent rien : celui men continuelle-ment et avec acharnement sur le champ de bataille de lesprit humain.

    Il fallait une source inhabituelle de pouvoir et de motivation spirituels pour arriver terminer un si gros livre, exigeant une recherche et un travail de recoupement si labo-rieux ; de plus, un livre qui semblait navoir pratiquement aucune chance dtre publi du vivant de lauteur.

    Mme si la correspondance prouve que le titre fut brivement discut avec un di-teur, le manuscrit ne fut jamais soumis, restant lcart pendant 22 ans, rang dans trois fichiers attachs ensemble au dessus dune armoire dans la maison de Reed Durban, en Afrique du Sud.

    Dtendu et en paix avec lui-mme, dans la certitude quil avait men son grand projet aussi loin que possible dans les circonstances du moment, Douglas Reed accepta sa retraite force de journaliste et dcrivain, laissa derrire lui tout ce qui appartenait au pass et sadapta joyeusement un mode de vie diffrent, dans lequel la plupart de ses nouveaux amis et connaissances, charms par son esprit vif et son sens de lhu-mour savoureux, restrent des annes ignorer quil tait en fait le Douglas Reed de renomme littraire.

    Il tait sr dune chose, que cela arrive ou non de son vivant : un temps viendrait o les circonstances permettraient, et o lon trouverait les moyens de communiquer au monde son message de lHistoire rcrite, et le message central du christianisme raffir-m. Interprtation : car le reste, La Controverse de Sion, parle de lui-mme ; en fait, cest un travail dHistoire rvisionniste et dexposition religieuse dont le message central est rvl pratiquement chaque page, comprhensif et compatissant envers les peuples mais svrement critique des ambitions dmesures et dangereuses de leurs dirigeants.

    Dans le dernier chapitre, sous le titre Le Climatre, Douglas Reed fait remarquer que sil avait pu tout planifier quand il commena crire son livre en 1949, il naurait pu choisir un meilleur moment que les derniers mois de 1956 pour rviser la longue histoire du sionisme talmudique et la rexaminer avec en toile de fond ce qui se passait alors sur la scne politique mondiale.

    Car 1956 fut lanne dune autre lection prsidentielle amricaine durant laquelle, une fois encore, les sionistes dmontrrent leur pouvoir dcisif dinfluence sur la poli-tique occidentale ; ce fut lanne durant laquelle les nations occidentales restrent en spectateurs impuissants tandis que les forces sovitiques taient utilises pour craser une rvolte spontane et rinstaller un rgime judo-communiste en Hongrie ; et ce fut

  • u n e p R f a c e 1 1

    lanne o la Grande-Bretagne et la France, sous la pression sioniste, furent entranes dans le fiasco dsastreux dune tentative pour semparer du canal de Suez une aven-ture lissue de laquelle, une fois encore, seule Isral en tira un quelconque avantage.

    Tout ce qui stait pass depuis que Reed avait crit ces dernires phrases en 1956 avait continu appuyer la justesse de son interprtation de plus de 2 000 ans dHis-toire mouvemente.

    Le Moyen-Orient demeura une zone dintense activit politique et de falsification maximale des informations et de suppression dun vritable dbat, et seuls les quelques rares informs du rle du sionisme talmudique et du communisme auraient pu avoir la moindre chance de rsoudre le problme dvnements successifs dimportance majeure, tels que la prtendue Guerre de Six Jours de 1967 et linvasion massive isra-lienne du Liban en 1982.

    Ceux qui ont lu La Controverse de Sion ne seront pas surpris dapprendre quil y eut des signes vidents de connivence entre lUnion sovitique et Isral dans la prcipita-tion de lattaque isralienne envers lgypte, car ctait seulement parce que le colonel Nasser avait t averti par les patrons du Kremlin quIsral tait sur le point dattaquer lallier syrien de lgypte, quil dplaa toutes ses forces armes la frontire nord de son pays, o elles devinrent une proie facile pour larme isralienne largement suprieure.

    Il semblait que rien navait chang quand en 1982 Isral lana une attaque massive des plus impitoyables sur le Sud Liban, prtendument dans le but de draciner lOrganisation de Libration de la Palestine, mais en ralit pour servir une politique expansionniste propos de laquelle les dirigeants juifs ont toujours t dune franchise remarquable.

    Cependant la mme priode, la mythologie pro-sioniste gnre par les politi-ciens et les mdia occidentaux, dans laquelle Isral tait toujours reprsente comme une nation minuscule et vertueuse en besoin constant daide et de protection, com-menait visiblement perdre une grande partie de sa crdibilit, si bien que peu furent tonns quand lInstitut britannique dtudes stratgiques annona quIsral pouvait maintenant tre regarde comme la quatrime puissance militaire mondiale, aprs les tats-Unis, lUnion sovitique et la Rpublique populaire de Chine loin devant des nations comme la Grande-Bretagne et la France.

    Encore plus profondment significative fut la raction du peuple juif, en Isral et lextrieur, un triomphe apparent des forces sionistes au Liban. Tandis que les politi-ciens et les mdia occidentaux montraient une timide retenue dans leurs commentaires, mme aprs lannonce du massacre dun nombre estim 1 500 hommes, femmes et enfants dans deux camps de rfugis de Beyrouth, 350 000 habitants de Tel-Aviv or-ganisrent une manifestation publique contre leur gouvernement, et la presse juive rapporta que la controverse sur la guerre du Liban avait branl larme isralienne et affect tous les rangs.

    De cela aussi, Douglas Reed semble avoir eu quelque pressentiment, car parmi les derniers mots de son livre figurent ceux-ci : Je crois que les juifs du monde entier commencent eux aussi voir lerreur du sionisme rvolutionnaire, le jumeau de lautre mouvement destructeur, et la fin de ce sicle, ils dcideront enfin de se mler au com-mun des mortels.

    Ivor Benson

  • 1 3

    Chapitre premier

    les dbuts de laffaire

    Le vritable dbut de cette affaire prit place un jour de lan 458 av. J. - C., date que ce rcit atteindra au chapitre six. Ce jour-l, linsignifiante tribu palestinienne de Juda (prcdemment dsavoue par les Isralites) pro-duisit une doctrine raciste, dont leffet perturbateur sur les affaires humaines post-rieures dpassa peut-tre celui des explosifs ou des pidmies. Ce fut le jour o la tho-rie de la race suprieure fut mise en place en tant que Loi .

    En ce temps-l, Juda tait une petite tribu parmi les peuples-sujets du roi de Perse, et ce quon connat aujourdhui comme lOccident ntait mme pas concevable. Maintenant, lre chrtienne a presque deux mille ans, et la civilisation occidentale qui en est issue est menace de dsintgration.

    Cest la doctrine ne en Juda il y a 2 500 ans qui, de lopinion de lauteur, a princi-palement amen cela. Le procd, de la cause originelle leffet actuel, peut tre assez clairement retrac, parce que cette priode est pour lessentiel historiquement vri-fiable.

    La doctrine quun groupe de fanatiques produisit ce jour-l sest montre dun grand pouvoir sur les esprits humains tout au long de ces vingt-cinq sicles ; do son exploit destructeur. Pourquoi elle est ne ce moment particulier, ou mme jamais, cela rien ne peut lexpliquer. Cela fait partie des plus grands mystres de notre monde, moins que la thorie comme quoi chaque action produit une raction gale oppose ne soit valide dans le domaine de la pense religieuse ; de sorte que limpulsion qui, en ces temps reculs, lana de nombreux hommes la recherche dun Dieu aimant et universel produisit cette contre-ide violente dune divinit exclusive et vengeresse.

    Le judasme tait rtrograde mme en 458 av. J. - C., quand les hommes du monde connu commencrent dtourner leurs regards des idoles et des dieux tribaux et rechercher un Dieu de tous les hommes, un Dieu de justice et damiti entre voisins. Confucius et Bouddha avaient dj montr ce chemin et lide dun Dieu unique tait connue parmi les peuples voisins de Juda. De nos jours on clame souvent que lhomme de foi, chrtien, musulman ou autre, doit prsenter ses respects au judasme quelles que soient ses erreurs sur un terrain incontestable : ce fut la premire religion uni-verselle, si bien que dans un sens, toutes les religions universelles descendent de lui.

  • 14 D o u g l a s R e e D

    On apprend cela chaque enfant juif. En vrit, lide dun Dieu unique de tous les hommes tait connue bien avant que la tribu de Juda nait mme pris forme, et le ju-dasme tait par dessus tout la ngation de cette ide. Le Livre des Morts gyptien (dont les manuscrits furent trouvs dans les tombes des rois de 2 600 av. J. - C., plus de deux mille ans avant que la Loi judaque ne soit acheve) contient ce passage : Tu es lunique, le Dieu des tout premiers commencements du temps, lhritier de limmorta-lit, par toi seul engendr, tu tes toi-mme donn naissance ; tu as cr la terre et as fait lhomme. Inversement, les critures produites dans la Juda des Lvites demandent, Qui est comparable toi, Seigneur, parmi les Dieux ? (lExode).

    La secte qui rejoignit et mata la tribu de Juda prit ce concept mergent dun Dieu unique de tous les peuples et linclut dans ses critures uniquement pour le dtruire et pour dresser la doctrine base sur sa ngation. Ce concept est ni subtilement, mais avec mpris, et comme la doctrine est base sur la thorie de la race suprieure, cette ngation est ncessaire et invitable. Une race suprieure, sil doit y en avoir une, doit elle-mme tre Dieu.

    La doctrine qui avait acquis la force de la justice en vigueur en Juda en 458 av. J. - C. tait alors et est toujours unique au monde. Elle reposait sur lassertion, attribue la divinit tribale (Jhovah), que les Isralites (en fait, les Judates) taient son peuple lu qui, sil accomplissait toutes ses lois et jugements serait plac au dessus de tous les autres peuples et tabli sur une Terre promise . De cette thorie, que ce soit par anticipation ou ncessit imprvue, naquirent les thories pendantes de la cap-tivit et de la destruction . Si Jhovah devait tre ador, comme il le demandait, dans un certain lieu, sur une terre prcise, tous ses adorateurs devaient vivre l-bas.

    lvidence, tous ne pouvaient vivre l-bas, mais sils vivaient ailleurs, que ce soit contraints ou par leur propre choix, il devenaient automatiquement captifs de ltranger quil devaient chasser terrasser et dtruire . tant donn ce principe de base de la doctrine, cela ne faisait aucune diffrence que les geliers soient des conqurants ou des htes accueillants ; leur destine dcrte devait tre la destruction ou lesclavage.

    Avant quils soient dtruits et rduits en esclavage, ils devaient tre pendant un temps les geliers des Judates, pas de leur propre fait, mais parce que les Judates, ayant chou lobservance mritaient dtre punis. De cette manire-l, Jhovah se rvlait comme le Dieu unique de tous les peuples : mme sil ne connaissait que le peuple lu , il utilisait les paens pour les punir de leurs transgressions avant d infliger la destruction prcdemment dcrte de ces paens.

    Les Judates staient vu imposer cet hritage. Ce ntait mme pas le leur, car leur alliance selon ces critures, avait t faite entre Jhovah et les enfants dIsral , et en 458 av. J. - C., les Isralites, rejetant les Judates non-isralites, avaient depuis long-temps t absorbs par les autres hommes, emportant avec eux la vision dun Dieu de tous les hommes, aimant et universel. Les Isralites, de toute vidence, ne connurent jamais cette doctrine raciste qui devait tre transmise tout au long des sicles en tant que religion juive, ou judasme. De tous temps, elle se prsente comme le produit de la Juda des Lvites.

    Ce qui se passa avant 458 av. J. - C. est en grande partie tradition, lgende et my-thologie, par opposition la priode suivante, dont les vnements principaux sont

  • l e s D b u t s D e la f f a i R e 1 5

    connus. Avant 458 av. J. - C., par exemple, il ny avait principalement que des tradi-tions orales ; la priode documentaire commence dans les deux sicles menant 458 av. J.-C., quand Juda fut dsavoue par les Isralites. Cest ce stade que la perver-sion eut lieu, quand la tradition du bouche--oreille devint Lcriture. Les paroles qui sont restes des anciens Isralites montrent que leur tradition tait ouverte sur lext-rieur, amicale envers ses voisins, sous la guidance dun Dieu universel. Cela fut chang en son oppos par les prtres itinrants qui isolrent les Judates et tablirent le culte de Jhovah comme dieu du racisme, de la haine et de la vengeance.

    Dans la tradition ancienne, Mose tait un grand chef de tribu qui entendit la voix dun Dieu unique lui parler depuis un buisson ardent et qui redescendit dune mon-tagne en apportant au peuple les commandements moraux de ce Dieu unique. Cette tradition prit forme durant une priode o lide de la religion voluait dabord dans les esprits humains et o les peuples sempruntaient aux uns et aux autres leurs traditions et penses.

    On a dj montr do lide dun Dieu unique a pu venir, bien que les anciens gyptiens aient pu la recevoir dautres queux-mmes. Le personnage de Mose lui-mme, et sa Loi, furent tous les deux tirs de sources qui existaient dj. Lhistoire de la dcouverte de Mose dans les joncs a manifestement t emprunte la lgende ( laquelle elle est identique) bien plus ancienne dun roi de Babylone, Sargon lAncien, qui vcut entre un et deux mille ans avant lui ; les Commandements ressemblent beaucoup aux anciens codes de loi des gyptiens, Babyloniens et Assyriens. Les anciens Isralites chafaudrent sur des ides en cours, et de cette faon ils se trouvaient apparemment sur le chemin dune religion universelle quand lhumanit les engloutit.

    Alors Juda renversa le processus, si bien que leffet est celui dun film pass len-vers. Les matres de Juda, les Lvites, pendant quils rdigeaient leur Loi, semparrent aussi de ce quils pouvaient utiliser dans lhritage dautres peuples et lincorporrent ltoffe quils taient en train de tramer. Ils commencrent avec le Dieu unique de tous les hommes, dont la voix avait t brivement entendue depuis le buisson ardent (dans la tradition orale) et en lespace de cinq livres de leur Loi crite, le transformrent en un Jhovah raciste et marchandeur qui leur promettait terre, trsor, sang et pouvoir sur les autres en retour dun rituel sacrificiel, qui devait tre tenu en un lieu prcis sur une terre spcifique.

    Donc, ils fondrent le contre-mouvement permanent toutes les religions univer-selles et assimilrent le nom de Juda la doctrine du retranchement du reste de lhu-manit, de la haine raciale, du meurtre au nom de la religion, et de la vengeance.

    Cette perversion ainsi accomplie peut tre retrace dans lAncien Testament, o Mose apparat dabord en porteur des commandements moraux et en bon voisin, et finit en boucher raciste, les commandements moraux ayant t transforms en leurs opposs entre lExode et les Nombres. Au cours de cette mme transmutation, le Dieu qui commence par commander au peuple de ne pas tuer ou convoiter les biens ou les femmes de ses voisins, finit en ordonnant un massacre tribal dun peuple voisin, dont seules les vierges auraient la vie sauve !

    Donc, lexploit des prtres itinrants qui se rendirent mettre de la tribu de Juda il y a si longtemps, fut de dtourner un petit peuple captif de lide grandissante dun Dieu de tous les hommes, afin de rintgrer une divinit tribale assoiffe de sang et une loi

  • 1 6 D o u g l a s R e e D

    raciste, et denvoyer les disciples de cette doctrine travers les sicles, porteurs dune mission destructrice.

    La doctrine, ou rvlation de Dieu telle quelle est prsente, tait base sur une version de lHistoire, dont chaque vnement devait se conformer , et confirmer len-seignement.

    Cette version de lHistoire remontait la cration, dont le moment exact tait connu ; comme les prtres prtendaient aussi possder lavenir, ctait une Histoire et une thorie compltes de lunivers du dbut la fin. La fin devait tre lapoge triom-phale Jrusalem, o la domination du monde serait tablie sur les ruines des paens et de leurs royaumes.

    Le thme de la captivit de masse, se terminant en vengeance jhovienne ( tous les premiers-ns dgypte ), apparat quand cette version de lHistoire atteint la phase gyptienne, menant lExode massif et la conqute massive de la Terre promise. Cet pisode tait ncessaire pour que les Judates soient organiss en une force pertuba-trice permanente au sein des nations, et il fut manifestement invent pour cette raison ; les rudits judastes conviennent que rien ne ressemblant au rcit de lExode nest en fait arriv.

    Lexistence mme de Mose est conteste. Ils vous racontent , disait le feu rabbin Emil Hirsch, que Mose na jamais exist. Jacquiesce. Sils me disent que lhistoire venue dgypte est de la mythologie, je ne protesterai pas ; cest de la mythologie. Ils me disent que le livre dIsae, tel que nous le connaissons maintenant, est compos dcrits dau moins trois et peut-tre quatre priodes diffrentes ; je le savais avant mme quils ne me le disent ; avant quils ne le sachent, jen tais convaincu.

    Que Mose ait exist ou non, il ne peut avoir men dExode massif dgypte jusquen Canaan (Palestine). Aucune tribu isralite clairement dfinie nexistait (daprs le rab-bin Elmer Berger) un quelconque moment durant la priode o quiconque se faisant appeler Mose tait cens avoir emmen quelques petits groupes de personnes hors de lesclavage gyptien. Les Habiru (Hbreux) taient alors dj tablis en Canaan, et y taient arrivs de lautre ct par Babylone, longtemps auparavant : leur nom, Habi-ru, ne dnotait aucune identit raciale ou tribale ; il signifiait nomades . Bien avant quun quelconque petit groupe conduit par Mose nait pu arriver, ils avaient envahi de larges territoires canaanens, et le gouverneur de Jrusalem avait rapport au pharaon dgypte : Le Roi na plus aucun territoire, les Habiru ont dvast tout le territoire du Roi .

    Un historien sioniste des plus zls, le Dr Josef Kastein, est tout aussi prcis ce sujet. Il sera souvent cit tout au long de ce rcit parce que son livre, comme celui-ci, couvre la dure entire de la controverse de Sion (excepts les derniers vingt-deux ans il fut publi en 1933). Il nous dit : Dinnombrables autres tribus smites et hbraques taient dj installes sur la Terre promise qui, dit Mose ses adeptes, tait eux par droit ancien de succession ; quimporte si les conditions relles en Canaan avaient depuis longtemps effac ce droit et lavaient rendu illusoire.

    Le Dr Kastein, un fervent sioniste, maintient que la Loi tablie dans lAncien Testa-ment doit tre applique la lettre, mais il ne prtend pas prendre au srieux la version de lhistoire sur laquelle cette Loi est base. En cela il diffre des polmistes chrtiens

  • l e s D b u t s D e la f f a i R e 1 7

    de lcole chaque mot est vrai . Il maintient que lAncien Testament tait en fait un programme politique, rdig pour rpondre aux conditions dune poque, et frquem-ment rvis afin de rpondre aux conditions changeantes.

    Historiquement, donc, la captivit gyptienne, le massacre de tous les premiers-ns dgypte , lExode et la conqute de la Terre promise sont des mythes. Lhistoire a t invente, mais la leon, celle de la vengeance sur les paens, a t implante dans les esprits humains et son effet profond se prolonge de nos jours.

    Cela fut de toute vidence invent pour dtourner les Judates de la tradition an-cienne du Dieu qui, depuis le buisson ardent, dicta une simple loi de conduite morale et damiti entre voisins ; par linsertion dun incident imaginaire et allgorique prsent comme une vrit historique, cette tradition fut convertie en son oppos et la Loi de lexclusion, de la haine et de la vengeance fut tablie. Avec cela comme religion et comme hritage, attest par le rcit historique qui lui tait annex, on envoya un petit groupe dtres humains vers lavenir.

    Une fois arriv au temps de cet accomplissement de lanne 458 av. J. - C., plusieurs sicles aprs toute priode possible durant laquelle Mose avait pu vivre, beaucoup de choses staient passes en Canaan. Les nomades Habiru, vinant les natifs canaa-nens par pntration, inter-mariage, installation ou conqute, staient dbarrasss dune tribu du nom de Ben Yisrael, ou les Enfants dIsral, qui avait clat en plusieurs tribus, trs vaguement confdres et se faisant souvent la guerre. La plus grosse de ces tribus, les Isralites, possdait le nord de Canaan. Au sud, isols et entours par les peuples canaanens dorigine, une tribu du nom de Juda avait pris forme. Ctait la tribu do la doctrine raciste et les mots tels que judasme et juif mergrent au cours des sicles.

    Ds le moment o elle apparat pour la premire fois en tant quentit, cette tribu de Juda a lair trange. Elle tait toujours isole, et ne sentendait jamais avec ses voisins. Ses origines sont mystrieuses. Depuis le dbut elle semble, avec son nom de mauvais augure, quelque peu avoir t mise lcart plutt quavoir t lue . Les cri-tures lvitiques lincluent parmi les tribus dIsral, et comme les autres tribus staient mles lhumanit, cela en faisait la dernire prtendante aux rcompenses promises par Jhovah au peuple lu . Cependant, mme cette prtention semble tre fausse, car lEncyclopdia Juive dit objectivement que Juda tait selon toute probabilit une tribu non-isralite .

    Cette tribu laspect curieux fut celle qui se mit en route vers lavenir, emportant sous son bras la doctrine formule par les Lvites, savoir quelle tait le peuple lu de Jhovah et que, quand elle aurait accompli toutes mes lois et jugements , hrite-rait dune Terre promise et de la domination sur tous les peuples.

    Parmi ces lois et jugements tels que les Lvites les ditrent finalement, appa-raissaient de manire rpte les commandes dtruire totalement , terrasser , chasser . Juda tait destine produire une nation ayant pour but la destruction.

  • 1 9

    Chapitre 2

    la fin dIsral

    Environ cinq cents ans avant lvnement de 458 av. J. - C., soit pratiquement trois mille ans avant aujourdhui, lassociation brve et mouvemente entre Juda et les Isra-lites ( les enfants dIsral ) prit fin. Isral rejeta la doctrine du peuple lu qui commen-ait prendre forme en Juda, et partit de son ct. (Ladoption du nom Isral par ltat sioniste mis en place en Palestine en 1948 tait un faux prtexte flagrant).

    Les vnements qui menrent cette union courte et malheureuse remontent aux sicles prcdents. La priode mythologique ou lgendaire de Mose fut suivie par une priode en Canaan durant laquelle Isral fut lentit forte, cohsive et reconnais-sable la confdration nordique des dix tribus. Juda (que la trs petite tribu de Ben-jamin avait rejointe) tait un petit royaume insignifiant du sud.

    Juda, dont descend le sionisme daujourdhui, tait une tribu de mauvaise rputa-tion. Juda vendit son frre Joseph, le fils prfr de Jacob-dit-Isral, aux Ismalites pour vingt deniers dargent (comme bien plus tard Judas, le seul Juden parmi les aptres, trahit Jsus pour trente deniers dargent), et fonda ensuite la tribu dans linceste (La Gense 37-38). Les scribes religieux, qui crivirent ce compte rendu biblique des sicles plus tard, staient rendus les matres de Juda, et comme il altraient la tradition orale chaque fois que cela leur convenait, la question se pose : pourquoi se donnrent-ils la peine de prserver, ou mme peut-tre dinsrer, cette attribution de commencements incestueux et cette nature perfide au mme peuple qui, disaient-ils, tait llu de Dieu ? La chose est mystrieuse, comme bien dautres choses dans les critures lvitiques, et seuls les cercles ferms de la secte pourraient fournir une rponse.

    Quoiquil en soit, ces critures et les autorits actuelles saccordent sur la spara-tion d Isral et de Juda . Dans lAncien Testament, Isral est souvent appele la maison de Joseph , distingue sans quivoque de la maison de Juda . LEncyclop-dia Juive dit : Joseph et Juda reprsentent deux lignages distincts et ajoute (tel que dj cit) que Juda tait selon toute probabilit une tribu non-isralite . LEncyclop-dia Britannica dit que le judasme se dveloppa bien aprs que les Isralites se furent mlangs lhumanit, et que la vritable relation entre les deux peuples est le mieux exprime dans cette phrase : Les Isralites ntaient pas des juifs . Historiquement,

  • 20 D o u g l a s R e e D

    Juda devait survivre pendant un petit moment et amener le judasme, qui engendra le sionisme. Isral devait disparatre en tant quentit, et tout arriva de cette manire :

    La petite tribu du sud, Juda, se retrouva identifie la tribu sans terre, celle des L-vites. Ces prtres hrditaires, qui prtendaient que leur fonction leur avait t conf-re par Jhovah sur le Mont Sina, taient les vrais pres du judasme. Ils erraient parmi les tribus, prchant que la guerre de lun tait la guerre de tous et la guerre de Jho-vah. Leur but tait le pouvoir et ils luttaient pour une thocratie, un tat dans lequel Dieu est le souverain, et la religion est la loi. Durant la priode des Juges, ils atteignirent leur but dans une certaine mesure, car ils taient naturellement les Juges. Ce dont eux-mmes, ainsi que Juda isole, avaient le plus besoin tait lunion avec Isral. Isral, qui se mfiait de ces prtres lgislateurs, ne voulait pas entendre parler dunification, moins quelle ne se fasse sous lautorit dun roi ; tous les peuples environnants avaient des rois.

    Les Lvites se saisirent de cette opportunit. Ils virent que si un roi tait nomm, la classe dirigeante dsignerait le candidat, et ils taient la classe dirigeante. Samuel, leur tte, mit en place une monarchie fantoche, derrire laquelle les prtres exeraient le vritable pouvoir ; cela fut accompli en stipulant que le roi rgnerait seulement pour la vie, ce qui signifiait quil ne serait pas capable de fonder une dynastie. Samuel choisit un jeune paysan benjaminite, Sal, qui stait fait un nom dans les guerres tribales et dont on pensait, sans doute, quil avait toutes les chances dtre mallable (le choix dun benjaminite suggre quIsral refusait de songer tout homme de Juda pour la royaut). Ce fut alors le dbut du royaume unifi dIsral ; en vrit, il ne survcut qu ce seul rgne, celui de Sal.

    Dans le destin de Sal (cest--dire dans le compte rendu qui en fut donn dans les critures postrieures), on peut discerner la nature sinistre du judasme, tel quon devait lui donner forme. On lui ordonna de commencer la guerre sainte en attaquant les Amalcites et de dtruire compltement tous leurs biens, et de ne pas les par-gner ; mais de massacrer homme et femme, enfant et nourrisson, buf et mouton, chameau et ne . Il dtruisit homme et femme, enfant et nourrisson mais par-gna le roi Agag et les meilleurs des moutons, bufs, jeunes chevaux et agneaux. Il fut excommuni pour cela par Samuel, qui choisit secrtement un certain David, de Juda, comme successeur de Sal. Par la suite, Sal svertua en vain exercer son zle la destruction totale afin dapaiser les Lvites, puis essaya dattenter la vie de David afin de sauver son trne. Finalement, il mit fin ses jours.

    Il est possible que rien de tout ceci ne se soit pass ; ceci est le compte rendu donn dans le livre de Samuel, que les Lvites produisirent des sicles plus tard. Que cela soit vrai ou allgorique, limportance rside dans lvidente implication : Jhovah exigeait une obissance absolue quand il ordonnait la destruction totale , et la misricorde ou la piti taient des crimes capitaux. Cette leon est souligne dans de nombreuses autres descriptions dvnements qui furent peut-tre historiques ou peut-tre imaginaires.

    Ce fut vraiment la fin, il y a trois mille ans, du royaume uni, car Isral refusa dac-cepter pour roi David, lhomme de Juda. Le Dr Kastein raconte que le reste dIsral lignora et proclama roi le fils de Sal, Ishbosheth, sur quoi la re-division entre Isral et Juda eut vraiment lieu . Selon Samuel, Ishbosheth fut tu et sa tte envoye David, qui l-dessus restaura une union nominale et fit de Jrusalem sa capitale. Il ne

  • l a f i n D I s R a l 2 1

    runifia jamais vritablement le royaume ou les tribus ; il fonda une dynastie qui sur-vcut un rgne de plus.

    Le judasme officiel maintient ce jour que lapoge messianique se produira sous un roi mondial de la maison de David ; et lexclusion raciale est le premier principe du judasme officiel et la loi de la terre dans ltat sioniste. Les origines de la dynastie fonde par David sont donc en rapport direct avec ce rcit.

    La discrimination et la sgrgation raciales taient clairement inconnues des tri-bus, en ces temps de lassociation entre Isral et Juda, car lAncien Testament raconte que David, le Judate, du haut de son toit, vit une trs belle femme en train de se baigner, lui ordonna de venir vers lui et lui fit un enfant, puis fit envoyer son mari, un Hittite, se battre en premire ligne, en ordonnant quil soit tu. Quand il fut mort, Da-vid ajouta la femme Bethsabe ses pouses, et son second fils devint le prochain roi Salomon (cette histoire de David et Bethsabe telle que relate dans lAncien Testament est sortie en version expurge dans un film hollywoodien de notre poque).

    Ainsi tait lorigine raciale de Salomon, le dernier roi de la confdration dchire, selon les scribes lvitiques. Il commena son rgne par trois meurtres, incluant celui de son frre, et chercha vainement sauver sa dynastie par la mthode des Habsburg le mariage, bien que sur une plus grande chelle. Il pousa des princesses venues dgypte et de nombreuses tribus voisines, et eut des centaines de concubines, si bien quen son temps aussi la sgrgation raciale devait tre inconnue. Il construisit le Temple et ta-blit une haute caste de prtres hrditaires.

    Ainsi fut lhistoire, termine en 937 av. J. - C., de la brve association entre Isral et Juda. Quand Salomon mourut, les associs incompatibles se sparrent finalement, et au nord Isral reprit sa vie indpendante. Le Dr Kastein raconte :

    Les deux tats navaient pas plus en commun, en bien ou en mal, que deux pays quel-conques ayant une frontire commune.Occasionnellement, ils se faisaient la guerre ou signaient des traits, mais ils taient en-tirement spars. Les Isralites cessrent de croire quils avaient une destine diffrente de celle de leurs prochains, et le roi Jroboam tablit la sparation totale davec Juda aussi bien religieusement que politiquement .

    Puis, le Dr Kastein ajoute propos des Judates : ils dcidrent quils taient destins voluer en tant que race part ils exigeaient un tat dexistence fondamentalement diffrent de celui des gens autour deux. Ces diff-rences nadmettaient aucun procd dassimilation aux autres. Elles exigeaient la spara-tion, la diffrenciation absolue.

    Ainsi, la cause de la rupture et de la sparation devient-elle claire. Isral croyait que sa destine tait celle de la participation lhumanit, et rejeta Juda sur les bases mmes qui, de manire rcurrente dans les trois mille ans qui suivirent, incitrent dautres peuples se dtourner du judasme avec inquitude, ressentiment et rejet. Juda exigeait la sparation, la diffrenciation absolue . (Toutefois, le Dr Kastein, bien quil dise Juda , veut parler des Lvites . Comment, ce stade, les membres de la tribu de Juda auraient-ils mme pu exiger la sparation, la diffrenciation absolue , alors que Salomon avait eu un millier dpouses ?)

    Ctaient les Lvites, avec leur doctrine raciste, quIsral rejetait. Les deux cents

  • 2 2 D o u g l a s R e e D

    ans qui suivirent, durant lesquels Isral et Juda existrent sparment, et souvent en ennemis mais cte cte, sont remplis des voix des prophtes hbraques accusant les Lvites et la doctrine quils taient en train dlaborer. Ces voix continuent dinter-peller lhumanit depuis les tnbres tribales qui obscurcissent une grande partie de lAncien Testament, car elles reintaient la doctrine qui tait en cours dlaboration tout comme Jsus lreinta sept ou huit cents ans plus tard alors quelle tait tablie depuis longtemps au Temple de Jrusalem.

    Ces prophtes taient presque tous des Isralites ; la plupart dentre eux taient des Josphites. Ils taient en route vers le Dieu unique de tous les peuples et la participa-tion lhumanit. En cela, ils ntaient pas les seuls : bientt, le Bouddha en Inde devait opposer Bnars son Sermon et ses Cinq Commandements de Droiture, la doc-trine de Brahma le crateur de la sgrgation des castes et ladoration des idoles. Ces hommes taient des Isralites protestant contre les enseignements lvitiques qui seraient plus tard identifis au nom de Juda. Le terme prophtes hbraques est inadapt, parce quils ne prtendaient pas au pouvoir de la divination, et taient irrits par cette description ( Je ntais pas prophte, je ntais pas non plus fils de prophte , Amos). Ctaient des protestataires de leur poque et ils donnaient un simple avertisse-ment contre les consquences calculables de la doctrine raciale ; leurs avertissements restent valides aujourdhui.

    Les prtentions des prtres lvites les conduisirent ces protestations, en parti-culier la prtention des prtres aux premiers-ns ( Ce qui ouvre le sein maternel est moi , lExode), et linsistance des prtres sur les rites sacrificiels. Les protestataires isralites (pour qui cette soit disant loi de Mose tait inconnue, selon M. Monte-fiore) ne voyaient aucune vertu dans les bains de sang des prtres, le sacrifice sans fin danimaux et les holocaustes , dont le parfum suave tait cens plaire Jhovah. Ils reprochaient la doctrine des prtres le massacre et lasservissement des paens . Dieu, criaient-ils, dsirait une conduite morale, un comportement amical et la justice envers les pauvres, lorphelin, la veuve et lopprim et non les sacrifices sanglants et la haine envers les paens.

    Ces protestations amenrent les premires lueurs de laube qui arriva quelque huit cents ans plus tard. Ils se trouvaient en trange compagnie parmi les injonctions au massacre dont lAncien Testament regorge. Ce qui est trange est que ces protestations aient survcu la compilation alors quIsral tait partie et que les Lvites, suprmes en Juda, rdigeaient les critures.

    Le chercheur daujourdhui ne peut expliquer, par exemple, pourquoi le roi David tolre que Nathan le rprimande publiquement pour avoir pris la femme dUriah et avoir fait assassiner Uriah. Il est possible que parmi les scribes suivants qui compilrent le rcit historique, bien aprs le dpart dIsral et des protestataires isralites, il y en et quelques-uns qui taient du mme esprit, et qui sarrangrent pour continuer leurs protestations de cette manire.

    Inversement, ces passages bienveillants et clairs sont souvent suivis par des pas-sages fanatiques attribus au mme homme qui annulent les passages prcdents ou y mettent la place leur oppos. La seule explication raisonnable est que ce sont des interpolations faites plus tard, pour aligner les hrtiques sur le dogme Lvitique.

    Quelle que soit lexplication, ces protestations isralites contre lhrsie de Juda ont

  • l a f i n D I s R a l 2 3

    un attrait intemporel et constituent le monument Isral disparue. Elles forcent leur chemin, telles de petites lames de vrit, entre les sombres pierres de la saga tribale. Elles montrent la voie vers la route qui monte et slargit, la route de la participation commune lhumanit loin de labme tribal.

    lie et lise officiaient tous les deux en Isral, et Amos parlait uniquement aux Josphites. Ce dernier, en particulier, attaqua les sacrifices sanglants et les rites des prtres : Je hais, je mprise vos ftes et je ne prends aucun plaisir vos assembles solennelles. En vrit, mme si vous me prsentez des holocaustes et des offrandes, je ne les accepte pas ; Et les veaux engraisss que vous sacrifiez en actions de grces, je ne les regarde pas. loignez de moi le bruit de vos chants (les liturgies psalmodies des Lvites) et pargnez-moi le son de vos luths. Mais que la justice soit comme un cou-rant deau, et la droiture comme un torrent puissant . Puis vient le reproche ternel envers la doctrine du peuple particulier : Ntes-vous pas pour moi comme les enfants des thiopiens, enfants dIsral ? dit lternel .

    Ose, un autre Isralite, dit : Je dsirais la misricorde et pas le sacrifice, et la connaissance de Dieu plus que les holocaustes . Ose exhorte la pratique de la justice et de la droiture , de la charit, de la compassion et de la loyaut , et non de la discrimination et du mpris.

    Du temps de Miche, les Lvites exigeaient apparemment toujours le sacrifice de tous les premiers-ns Jhovah :

    Avec quoi me prsenterai-je devant lternel, et me prosternerai-je devant le Dieu trs haut ? Me prsenterai-je devant lui avec des holocaustes, avec des veaux dun an ? Lternel agrera-t-il de milliers de bliers ou de dix mille fleuves dhuile ? Donnerai-je pour mes transgressions mon premier-n, pour le pch de mon me le fruit de mes entrailles ? On ta fait connatre, homme, ce qui est bien et ce que lternel demande de toi : seulement que tu pratiques la justice, que tu aimes la misricorde, et que tu marches humblement avec ton Dieu .

    Ces hommes luttrent pour lme des membres des tribus pendant les deux sicles o Isral et Juda coexistrent quelquefois couteaux tirs. Pendant cette priode, les Lvites, dissmins auparavant parmi les douze tribus, furent amens de plus en plus se rassembler au sein de la minuscule Juda et Jrusalem, et concentrer leurs nergies sur les Judates.

    Puis, en 721 av. J. - C., Isral fut attaque et conquise par lAssyrie et les Isralites furent emmens en captivit. Juda fut pargne sur le moment, et pendant encore un sicle demeura un vassal insignifiant, de lAssyrie dabord et ensuite de lgypte, ainsi que le bastion de la secte Lvitique.

    ce moment, les enfants dIsral disparaissent de lhistoire, et si les promesses qui leur ont t faites doivent tre acquittes, cette rdemption devra de toute vidence se faire depuis les rangs de lhumanit, laquelle ils se mirent participer et laquelle ils se mlangrent. tant donn que louest fut la destination prdominante dans les mou-vements de populations durant les derniers deux mille sept cents ans, il est probable que beaucoup de leur sang coule dans les veines des peuples europens et amricains.

    La prtention judaste, dautre part, fut quIsral tait totalement et juste titre perdue , parce quelle rejetait la doctrine Lvitique et choisit le rapprochement avec les peuples voisins . Le Dr Kastein, dont voici les paroles, se rjouissait ardem-

  • 2 4 D o u g l a s R e e D

    ment presque vingt-sept sicles plus tard de leur chute, pour cette raison prcise : Les dix tribus du Nord, avec leur dveloppement part, staient tellement loignes de leur famille du Sud que la chronique de leur chute prend la forme dune brve et simple dclaration factuelle dnue de toute expression de chagrin. Aucun pome pique, au-cun hymne funbre, aucune condolance ne marqurent lheure de leur chute .

    Celui qui tudie la controverse de Sion doit chercher laborieusement avant de com-mencer dvoiler ses mystres, mais trs vite il dcouvre quen toutes choses, elle parle en deux langues : une pour les paens , et une pour les initis.

    Les Lvites de cet ancien temps ne croyaient pas, de mme que les sionistes dau-jourdhui, que les Isralites avaient disparu sans laisser de trace (pour reprendre les termes du Dr Kastein). On les dclara morts , de la mme manire quaujourdhui un juif se mariant hors de la communaut est dclar mort (comme par exemple le Dr John Goldstein) ; ils furent excommunis, et seulement dans ce sens ils dispa-rurent .

    Les peuples ne disparaissent pas comme a ; les Indiens dAmrique du Nord, les Blackfellows dAustralie, les Maoris de Nouvelle-Zlande, les Bantous dAfrique du Sud et dautres en sont la preuve. Dailleurs, les Isralites nauraient pas pu tre emmens prisonniers sils avaient t extermins physiquement. Leur sang et leur pense sur-vivent dans lhumanit, quelque part, aujourdhui.

    Isral resta spare de Juda de sa propre volont et pour les raisons mmes qui de-puis ont suscit la mfiance et lapprhension de la part des autres peuples. Les Isralites ntaient pas des juifs ; les Judates taient en toute probabilit non-isralites .

    On trouve la vritable signification de lassertion quIsral disparut dans le Tal-mud plus rcent qui affirme : Les dix tribus nont pas de rle jouer dans le monde venir . Donc, les enfants dIsral sont bannis du paradis par la secte diri-geante de Juda parce quils refusrent de sexclure de lhumanit terrestre.

    En 1918, le Grand rabbin de lEmpire britannique le trs rvrend J. H. Herz, en rponse une question sur ce point rpondit explicitement :

    Le peuple connu prsentement en tant que Juifs est le descendant des tribus de Juda et de Benjamin, avec un certain nombre de descendants de la tribu de Lvi .

    Cette dclaration fait bien comprendre qu Isral neut aucun rle dans ce qui devint plus tard le judasme (aucune autorit, judaste ou autre, ne soutiendrait la prten-tion de descendre de Juda par le sang, pour les juifs daujourdhui, mais cela importe peu).

    Par consquent, lutilisation du nom Isral par ltat sioniste cr en Pales-tine durant ce sicle est de la nature de la falsification. Une raison srieuse doit avoir impos lutilisation du nom dun peuple qui ntait pas juif et qui nacceptait aucune doctrine manant de ce qui est devenu depuis le judasme. Une thorie dfendable vient lesprit. Ltat sioniste a t mis en place avec laccord tacite des grandes nations de lOccident qui est aussi le territoire de la chrtient. Le calcul fut peut-tre que ces peuples seraient soulags dans leurs consciences si on pouvait les amener croire quils accomplissaient la prophtie biblique et la promesse de Dieu Isral , quel que soit le cot de la destruction de peuples innocents.

    Si telle tait la motivation pour lusage abusif du nom Isral , lexpdient a sans

  • l a f i n D I s R a l 2 5

    doute, pour lheure, t couronn de succs ; la multitude a t plus que facilement convaincue ? Cependant, la vrit finira par sortir, comme les protestations survi-vantes des prophtes isralites le montrent.

    Si ltat sioniste de 1948 pouvait prtendre quel que nom que ce soit tir de la haute Antiquit, cela ne pourrait tre que celui de Juda , comme ce chapitre vient de le montrer.

  • 2 7

    Chapitre 3

    les lvites et la loi

    Durant les cent ans qui suivirent la conqute assyrienne dIsral, les Lvites de Juda commencrent compiler la Loi crite. En 621 av. J. - C., ils produisirent le Deutronome et le lurent au peuple au Temple de Jrusalem.

    Ce fut la naissance de la loi mosaque , que Mose sil a jamais vcu ne connut jamais. On lappelle la loi mosaque parce quelle lui est attribue, mais les auto-rits saccordent sur le fait quelle tait le produit des Lvites, qui lpoque et par la suite, firent sans cesse dire Mose (et donc, Jhovah) ce qui les arrangeait. La des-cription correcte serait la loi Lvitique ou la loi judaque .

    Le Deutronome est au judasme et au sionisme officiels ce que le Manifeste com-muniste fut la rvolution destructrice de notre sicle. Il est le fondement de la Torah ( la Loi ) contenue dans le Pentateuque, qui lui-mme forme la matire premire du Talmud, qui donna naissance aux commentaires et aux commentaires-des-com-mentaires qui ensemble constituent la loi judaque.

    Par consquent, le Deutronome est aussi la base du programme politique de do-mination mondiale sur les nations spolies et asservies, programme qui fut largement ralis en Occident durant ce XXe sicle. Le Deutronome est en rapport direct avec les vnements actuels, et beaucoup de la confusion qui entoure ces vnements se dissipe si on les tudie sa lumire.

    Le Deutronome fut lu, en 621 av. J. - C., un si petit auditoire, dans un si petit endroit, que ses consquences normes pour le monde entier, durant les sicles qui suivirent jusqu notre poque, sont par contraste des plus frappantes.

    Avant que le Deutronome ne soit compil, seule la tradition orale des paroles de Dieu Mose existait. Les Lvites prtendaient tre les gardiens consacrs de cette tradition et les tribus devaient les croire sur parole (leur prtentions cet gard provo-quaient particulirement la colre des prophtes isralites). Si quoi que ce soit avait t rdig avant quon ait lu le Deutronome, de tels manuscrits taient fragmentaires et sous la garde des prtres, et aussi peu connus des membres des tribus que les potes grecs ne le sont des paysans des collines du Kentucky aujourdhui.

  • 2 8 D o u g l a s R e e D

    Que le Deutronome ft diffrent de tout ce quon avait connu ou compris aupara-vant est implicite de par son nom, qui signifie seconde Loi . En fait, le Deutronome tait du judasme Lvitique, rvl pour la premire fois ; les Isralites (tel quon la dj montr) ntaient pas des juifs et navaient jamais connu cette Loi .

    De manire significative, le Deutronome qui apparat en tant que cinquime livre de la Bible actuelle, avec lair dtre naturellement issu des livres prcdents, fut le premier livre tre termin en entier. Mme si la Gense et lExode fournissent un contexte historique et laccentuent, ils furent rdigs plus tard par les Lvites, et le Lvitique et les Nombres, les autres livres de la Torah, furent compils encore plus tard.

    Le Deutronome prenait le contre-pied de la tradition ancienne, si celle-ci tait en accord avec les commandements moraux. Toutefois, les Lvites taient dans leur droit auto-accord de faire tous les changements quils souhaitaient, car ils dclaraient quils pouvaient, par autorisation divine, modifier la Loi telle que rvle oralement par Dieu Mose, afin de rpondre aux conditions dexistence en perptuelle volution, dans lesprit de lenseignement traditionnel (le Dr Kastein).

    cet gard, ils prtendaient aussi que Mose avait reu au Mont Sina une Torah orale secrte, qui ne devait jamais tre consigne par crit. Au vu de linclusion post-rieure de lAncien Testament en un seul volume avec le Nouveau Testament chrtien, et la supposition du gentil (1) moyen quil a donc devant lui la loi mosaque dans son intgralit, ce qualificatif est dfinitivement intressant.

    Le Talmud, tel que cit par le Dr Funk, dit : Dieu a prvu quun jour viendrait o les paens sempareraient de la Torah et diraient Isral, Nous aussi sommes fils de Dieu. Alors lternel dira : Seul celui qui connat mes secrets est mon fils. Et quels sont les secrets de Dieu ? Les enseignements oraux .

    On dit aux quelques personnes qui entendirent le Deutronome tel que lu en 621 av. J. - C., et qui ensuite apprirent les premiers ce que serait la loi mosaque , que les manuscrits avaient t dcouverts . Les autorits judastes actuelles rejettent cela et saccordent sur le fait que le Deutronome fut luvre indpendante des Lvites dans la Juda isole aprs le rejet de Juda par les Isralites et la conqute dIsral. Le Dr Kastein explique laffaire ainsi :

    En 621 av. J. - C., un manuscrit recouvert par la poussire des sicles fut dcouvert parmi les archives. Il contenait une trange version des lois qui avaient t codifies jusqualors, une sorte de rptition et de variation de ces lois, donnant une foule dinstructions concernant le devoir de lhomme envers Dieu et envers son prochain. Il tait rdig sous la forme de discours censs avoir t dlivrs Mose juste avant sa mort de lautre ct du Jourdain. Qui en tait lauteur, cela est impossible dire .

    Ainsi, le Dr Kastein, un zlote en attente de laccomplissement littral de la loi mosaque dans chaque dtail, ne croit pas que son auteur ft Jhovah ou Mose. Cela lui suffit quelle ft produite par les prtres lgislateurs, qui pour lui sont lautorit divine.

    Nul aujourdhui ne peut dire jusqu quel point le Deutronome tel que nous le connaissons ressemble au Deutronome tel quil fut lu en 621 av. J. - C., car les livres de lAncien Testament furent sans cesse modifis jusqu lpoque de la premire tra-duction, o dautres modifications diverses furent faites, sans doute pour viter une

    1. Non-juif, paen ( note du traducteur )

  • l e s l v i t e s e t l a l o i 29

    agitation excessive parmi les gentils. Nul doute que quelque chose fut supprim alors, si bien que le Deutronome dans sa forme originelle devait tre vraiment violent, car ce qui demeure est dj bien assez brutal.

    Lintolrance religieuse est la base de cette seconde Loi (lintolrance raciale allait suivre plus tard, dans une autre nouvelle Loi ), et le meurtre au nom de la religion est son principe caractristique. Cela ncessite la destruction des Comman-dements moraux, qui sont en fait mis en place pour mieux tre dmolis. Seulement ceux se rapportant la vnration exclusive du Jhovah jaloux sont laisss intacts. Les autres sont enterrs sous un grand monticule de lois et jugements (rglements institus pour ainsi dire sous une Loi dirigeante) qui les annulent de fait.

    Ainsi, les commandements moraux contre le meurtre, le vol, ladultre, la convoi-tise, la haine du prochain et autres du mme genre, sont-ils vicis par une multitude de lois enjoignant expressment massacrer les autres peuples, assassiner les apostats individuellement ou communautairement, prendre des concubines parmi les femmes captives, dtruire totalement en ne laissant rien en vie , exclure ltranger de la remise de dettes, et autres exemples du mme acabit.

    Quand on arrive la fin du Deutronome, les commandements moraux ont t invalids de cette manire, dans le but dinstaller, sous lapparence dune religion, lide politique grandiloquente dun peuple envoy spcialement dans le monde pour d-truire et possder les autres peuples et pour dominer la Terre. Lide de destruction est essentielle au Deutronome. Si elle est enleve, nul Deutronome, ou loi mosaque, ne subsiste.

    Ce concept de destruction en tant quarticle de foi est unique, et son apparition en pense politique (par exemple, dans la philosophie communiste) pourrait lorigine provenir de lenseignement du Deutronome, car il ny a pas dautre source vrifiable.

    Le Deutronome est avant tout un programme politique complet : lhistoire de la plante, cre par Jhovah pour ce peuple spcial , doit se terminer par le triomphe de ce peuple et la ruine de tous les autres. Les rcompenses offertes aux fidles sont ex-clusivement matrielles : massacres, esclaves, femmes, butins, terres, empires. La seule condition impose pour ces rcompenses est lobservance des lois et jugements qui commandent essentiellement la destruction des autres. La seule culpabilit dfinie rside dans la non-observance de ces lois. Lintolrance est spcifie en tant quobser-vance, la tolrance en tant que non-observance par consquent, culpabilit. Les ch-timents prescrits sont de ce monde et matriels, non spirituels. La conduite morale, pour peu quelle soit exige, est requise uniquement envers les coreligionnaires, et les trangers en sont exclus.

    Cette forme unique de nationalisme fut prsente pour la premire fois aux Judates dans le Deutronome, en tant que Loi de Jhovah et parole littrale, adresse par ce dernier Mose. La notion de domination mondiale par la destruction est introduite au dbut (chapitre 2) de ces discours censs avoir t dlivrs par un Mose agonisant :

    Lternel madressa la parole, et dit partir daujourdhui, je rpandrai la terreur et la crainte de toi parmi les peuples qui sont sous tous les cieux, qui entendront parler de toi, et trembleront, et seront dans langoisse cause de toi . En tmoignage de cela, le destin de deux peuples est en mme temps montr. Le roi de Sihon et le roi de Bashn

  • 3 0 D o u g l a s R e e D

    sorti[ren]t se battre contre nous, lui et tout son peuple , sur quoi ils furent totalement dtruits, les hommes et les femmes et les petits enfants , seul le btail fut pargn et le butin emport en guise de proie pour nous (linsistance sur la destruction totale est un thme rcurrent et significatif de ces anecdotes illustratives).

    Ces premiers exemples du pouvoir de Jhovah dtruire les paens sont suivis par le premier des nombreux avertissements stipulant qu moins que les lois et juge-ments ne soient observs, Jhovah punira son peuple spcial en le dispersant parmi les paens. Lnumration de ces lois et jugements suit les Commandements, dont la validit morale est dtruite en mme temps par une promesse de massacre tribal :

    Sept nations plus grandes et plus puissantes que toi doivent tre livres aux mains des Judates, et : Tu les dtruiras entirement ; tu ne feras aucune alliance avec elles, et tu ne leur montreras aucune piti tu dtruiras leurs autels car tu es un peuple saint pour lternel ton Dieu ; lternel ton Dieu ta choisi pour que tu sois un peuple spcial ses yeux, entre tous les peuples qui sont sur la surface de la terre Tu seras bni entre tous les peuples Et tu consumeras tous les peuples que lternel ton Dieu te livrera ; tes yeux seront sans piti envers eux lternel ton Dieu enverra les frelons contre eux, jusqu ce que ceux qui restent et qui se cachent de toi, soient dtruits Et lternel ton Dieu expulsera ces nations devant toi petit petit Mais lternel ton Dieu te les livrera, et les dtruira par une destruction puissante jusqu ce quil soient dtruits Et il livrera leurs rois entre tes mains, et tu dtruiras leur nom de dessous les cieux ; aucun homme ne sera capable de se tenir devant toi, jusqu ce que tu laies dtruit

    Arrivs au XXe sicle de notre re, les peuples de lOccident, dans lensemble, avaient cess dattacher toute signification actuelle ces incitations, mais les peuples directement concerns ne pensaient pas la mme chose. Par exemple, la population arabe de Palestine fuit en masse sa terre dorigine aprs le massacre de Deir Yassin en 1948, parce que cet vnement signifiait pour eux (tel que ses auteurs lavaient voulu) que sils restaient, ils seraient entirement dtruits .

    Ils savaient que les dirigeants sionistes, en train de palabrer avec les politiciens bri-tanniques et amricains du lointain Occident, avaient dclar plusieurs reprises que la Bible est notre Mandat (le Dr Chaim Weizmann), et ils savaient (si les popula-tions occidentales ne le ralisaient pas) que lallusion se rfrait des passages tels que ceux ordonnant la destruction totale des populations arabes. Ils savaient que les dirigeants occidentaux avaient soutenu et continueraient soutenir les envahisseurs et ainsi, ils navaient mme pas lespoir dune simple survie, sinon dans la fuite. Ce massacre de 1948 ap. J. - C. se rapporte directement aux loi et jugements stipuls au chapitre 7 du livre de la Loi, que les Lvites terminrent et lurent en 621 av. J. - C.

    Les incitations et la sduction du Deutronome continuent : Va prendre pos-session des nations plus grandes et plus puissantes que toi lternel ton Dieu ira lui-mme devant toi ; tel un feu dvorant il les dtruira, et il les terrassera devant toi ; alors tu les chasseras, et les dtruiras promptement, comme lternel te la dit Car si tu observes avec zle tous ces commandements que je tordonne alors lternel chassera devant toi toutes ces nations, et tu possderas des nations plus grandes et plus puissantes que toi-mme mme les ctes de la mer occidentale seront tiennes. Aucun homme ne sera capable de se tenir devant toi : car lternel ton Dieu rpandra la crainte et la terreur de toi sur toute terre que tu fouleras

  • l e s l v i t e s e t l a l o i 3 1

    Ensuite, Mose, dans ce compte rendu, numre les lois et jugements qui doivent tre observs si lon veut que toutes ces rcompenses soient obtenues, et une fois encore la Loi est de dtruire :

    Voici les lois et jugements, que tu observeras et pratiqueras Tu dtruiras entirement tous les lieux dans lesquels les nations que tu possderas ont servi leurs dieux Quand lternel ton Dieu aura extermin les nations devant toi, o tu iras pour les possder, que tu prendras leur place, et tinstalleras sur leur terre : prends garde ne pas tomber dans le pige en les suivant et ne tenquiers pas de leurs dieux.

    Ce principe de la Loi exige du fidle quil dtruise les autres religions. Impar-tiale quand elle fut promulgue, elle acquit une application spcifique dans les sicles qui suivirent, du fait que la foi chrtienne se rpandait, et la majorit des juifs lpoque voluait dans la mme zone gographique : lOccident. (Cela faisait de la chrtient lobjectif premier de lordre de destruction totale des lieux , et le dynamitage des cathdrales russes, louverture des muses anti-Dieu , la canonisation de Judas et autres actions des premiers gouvernements bolchevistes, qui taient constitus aux neuf dixime de juifs de lEst, furent lvidence des actes d observance sous cette loi du Deutronome).

    Les ides dinquisition des hrtiques et des dnonciateurs, que lOccident utilisa dans ses priodes rtrogrades et renia dans ses priodes claires, trouvent aussi leur source originelle ( moins que quelquun puisse en localiser une plus ancienne) dans le Deutronome. De peur quun tel hrtique ne remette en question la Loi de la des-truction, rsume dans les paragraphes prcdents, le Deutronome stipule ensuite que si parmi vous slve un prophte ou un rveur de rves (il) sera mis mort ; la crucifixion de Jsus (et la mort de nombreux protestataires contre le judasme littral) tombent sous le coup de cette loi .

    La dnonciation des proches qui sattirent la suspicion dhrsie est exige. Ce fut le moyen terroriste introduit en Russie par les bolchevistes en 1917 et copi en Allemagne par les nazis en 1933. lpoque, le monde chrtien exprima son horreur devant ces innovations barbares, mais la mthode est clairement stipule dans le Deutronome, qui exige que quiconque dclare Allons servir dautres dieux soit dnonc par ses frres, surs, fils, filles, pouses et ainsi de suite, et lapid mort.

    De manire caractristique, le Deutronome ordonne que la main du parent gn-tique ou de lpouse soit la premire leve sur la victime de la dnonciation au mo-ment de la mise mort, et seulement ensuite, la main de tous . Cette ordonnance de la Loi est toujours observe de nos jours, dans une certaine mesure dicte par les conditions locales et autres circonstances. Les apostats ne peuvent tre publiquement lapids mort dans lenvironnement de communauts trangres, o la loi de ltran-ger pourrait considrer cela comme un meurtre, si bien quune dclaration officielle de mort et de crmonie de deuil remplace symboliquement la peine judiciaire ; voir le compte rendu du Dr John Goldstein sur le rite symbolique et la tentative rcente dexiger la peine littrale, qui durant des sicles fut souvent inflige lintrieur de communauts juives fermes o la loi de ltranger navait pas prise.

    La Loi ordonne aussi que des communauts entires soient massacres sous laccu-sation dapostasie : Tu chtieras avec assurance les habitants de cette ville avec le tranchant de lpe, la dtruisant totalement, et tout ce qui sy trouve .

  • 32 D o u g l a s R e e D

    Concernant la destruction des villes, le Deutronome fait la distinction entre les villes proches (cest--dire palestiniennes) et les villes lointaines. Quand une ville lointaine a t prise, tu en chtieras tous les mles avec le tranchant de lpe, mais les femmes, et les petits enfants, et le btail, et tout ce qui se trouve dans la ville, mme tout le butin, tu les prendras pour toi . Cette incitation concernant les femmes faites prisonnires est un thme rcurrent, et le Deutronome dcrte la loi selon laquelle un ravisseur judate qui voit parmi les prisonnires une belle femme a le droit de lemmener chez lui, mais que sil nen avait aucune jouissance , il aurait le droit de la renvoyer.

    Le cas dune ville proche est diffrent ; la loi de destruction totale (que Sal trans-gressa) prvaut. Mais propos des villes de ces gens que lternel ton Dieu te donne en hritage, tu ne laisseras en vie rien qui respire ; Mais tu les dtruiras entirement comme lternel ton Dieu te la ordonn . (Ce verset 16 du chapitre 20, une fois en-core, explique la fuite massive des Arabes palestiniens aprs Deir Yassin, o rien de ce qui respirait ne fut pargn. Ils virent que cet accomplissement littral de la Loi de 621 av. J. - C. tait lordre du jour en 1948 ap. J. - C., et que les puissances occidentales taient derrire cet accomplissement de la Loi de destruction totale ).

    La Seconde Loi continue : Tu es un peuple saint pour lternel ton Dieu, et lter-nel ta choisi pour tre un peuple cher ses yeux, entre toutes les nations qui sont sur la terre . Dautres lois et jugements stipulent ensuite que tout ce qui meurt de lui-mme , tant impur, ne peut tre mang, mais tu le donneras ltranger ou tu pourras le lui vendre ; car tu es un peuple saint pour lternel ton Dieu .

    Tous les sept ans, un crancier devra remettre la dette de son voisin , mais celle dun tranger, tu pourras encore lexiger . Le chapitre 10 (tonnamment dans ce contexte) dit : Tu aimeras donc ltranger ; car tu tais toi-mme tranger en terre dgypte , mais le chapitre 23 apporte lannulation habituelle : Tu ne prteras pas avec intrt ton frre un tranger tu pourras prter avec intrt (et des exemples plus graves de cette discrimination lgale entre le voisin et ltranger appa-raissent dans les livres postrieurs, comme on le verra).

    Le Deutronome se termine par le thme prolong, houleux et rageur de la-mal-diction-ou-la-bndiction. Mose, sur le point de mourir, exhorte une fois de plus le peuple choisir entre les bndictions ou les maldictions, et les deux sont numres.

    Les bndictions sont exclusivement matrielles : la prosprit par laugmentation de la famille, des rcoltes et du btail ; la dfaite des ennemis ; et la domination mon-diale. lternel ton Dieu tlvera au dessus de toutes les nations de la terre lternel fera de toi un peuple saint pour lui Et tous les peuples de la terre verront que tu es appel du nom du Seigneur ; et ils te craindront tu prteras de nombreuses nations, et tu nemprunteras pas. Et lternel fera de toi la tte, et pas la queue ; et tu seras uni-quement au dessus, et pas en dessous

    Ces bndictions stendent sur treize versets ; les maldictions sur quelque cin-quante ou soixante. La divinit au nom de laquelle les maldictions sont clairement prononces tait considre comme capable de faire le mal (en fait, cela est explicite-ment mentionn dans un livre postrieur, zchiel, comme on le montrera).

    Le judasme littral est en dfinitive bas sur la terreur et la peur, et la liste des maldictions exposes au chapitre 23 de la seconde Loi montre limportance que

  • l e s l v i t e s e t l a l o i 3 3

    les prtres attachaient cette pratique de la maldiction (dont les judastes littraux considrent lusage efficace jusqu ce jour). Ces maldictions, quon sen rappelle, sont les peines pour non-observance, pas pour transgression morale ! Si tu ne prtes pas loreille la voix de lternel ton Dieu, si tu nobserves pas et nappliques pas tous ses commandements et lois toutes ces maldictions sabattront sur toi

    Les villes et les habitations, les enfants, les rcoltes et le btail, seront maudits jusqu ce que tu sois dtruit et que tu prisses entirement . La peste, la lpre, les inflammations, le mildiou, les ulcres, les hmorrodes, les crotes, les dmangeaisons, la dmence, la famine, le cannibalisme et la scheresse sont spcifis. Les pouses des hommes coucheront avec dautres hommes ; leurs enfants mourront en esclavage ; tout ceux qui resteront chez eux seront dvors par leurs parents, le pre et la mre se dispu-tant leur chair et refusant que les enfants encore en vie y touchent. (Ces maldictions taient inclues dans le Bannissement ultime quand il tait prononc contre les apostats jusqu une poque relativement rcente, et sont probablement en usage aujourdhui dans les places fortes de la communaut juive talmudique).

    Les maladies et les catastrophes devaient punir le peuple si tu nobserves pas et ne mets pas en pratique toutes les paroles de cette loi qui sont crites dans ce livre, dans la crainte de ce nom glorieux et redoutable, lternel Ton Dieu Jen appellerai au ciel et la terre pour tmoigner contre toi, jai mis devant toi la vie et la mort, la bndiction et la maldiction ; alors choisis la vie, afin que toi et ta progniture viviez jamais .

    Telles taient la vie et la bndiction que les Judates, rassembls au Temple en 621 av. J. - C., furent exhorts par leur chef de clan Josias le porte-parole des prtres choisir, au nom de Jhovah et de Mose. Le but et la signification de lexis-tence, sous cette Loi mosaque , taient la destruction et lasservissement des autres par amour du pillage et du pouvoir. compter de ce moment-l, Isral dut sans doute sestimer heureuse davoir t dclare morte et davoir t exclue dun tel monde venir. Les Isralites staient mls au courant plein de vie de lhumanit ; les Judates restrent chous sur ses rives, aux mains du pouvoir de prtres fanatiques qui leur ordonnaient, sous peine de toutes ces maldictions , de dtruire.

    la terreur inspire par toutes ces maldictions , les Lvites ajoutrent aussi la sduction. Si le peuple rpondait et obissait la voix du Seigneur et accomplissait tous ses commandements , alors toutes ces maldictions seraient transfres leurs ennemis (non parce quils avaient pch, mais simplement pour gonfler la mesure de la bndiction accorde aux Judates rhabilits !)

    Dans ce principe, le Deutronome rvlait on ne peut plus clairement le statut attribu aux paens par la seconde Loi. En dernire analyse, les paens nont pas dexistence lgale sous cette Loi ; comment pourraient-ils en avoir une, quand Jho-vah ne connat que son peuple saint ? Pour autant que leur existence relle soit admise, elle lest seulement pour des raisons telles que celles mentionnes au verset 65, chapitre 28 et au verset 7, chapitre 30 : savoir, accueillir les Judates quand ils sont disperss pour leurs transgressions et ensuite, quand leurs htes se repentent et sont pardonns, hriter des maldictions leves de sur les Judates rgnrs. Il est vrai que le second verset cit donne le prtexte que toutes ces maldictions seront transf-res aux paens parce quils hassaient et perscutaient les Judates, mais com-ment pourrait-on les blmer pour cela, quand la seule prsence des Judates parmi eux

  • 3 4 D o u g l a s R e e D

    ntait que le rsultat de maldictions punitives infliges par Jhovah ? Car Jho-vah lui-mme, selon un autre verset (64, chapitre 28), sattribuait le mrite dinfliger la maldiction de lexil sur les Judates :

    Et lternel te dispersera parmi tous les peuples, dun bout lautre de la terre et parmi ces nations, tu ne trouveras aucun rconfort, et la plante de ton pied ne trouvera pas le repos

    Le Deutronome emploie ce double langage pour utiliser un idiome mo-derne dun bout lautre : lternel prive le peuple spcial de foyer, et le met parmi les paens, cause de ses transgressions ; les paens, qui ne sont blmer ni pour cet exil ni pour ces transgressions, sont ses perscuteurs ; par consquent, les paens seront dtruits.

    On comprend mieux lattitude judaste envers le reste de lhumanit, la cra-tion et lunivers en gnral, quand on considre ce point et les passages qui sy rap-portent tout particulirement la plainte constante que les juifs sont perscuts partout, plainte qui dans une tonalit ou dans une autre se retrouve dans quasi toute la littrature juive. Pour quiconque acceptant ce livre comme la Loi, la simple existence des autres est en fait perscution ; le Deutronome laisse clairement entendre cela.

    Le juif le plus nationaliste et le juif le plus clair saccordent souvent sur une chose : ils ne peuvent rellement considrer le monde et ses affaires que sous un angle juif, et vu de cet angle, ltranger semble insignifiant. Ils le pensent, donc cest vrai ; ceci est lhritage de vingt-cinq sicles de pense juive ; mme les juifs qui se rendent compte de lhrsie ou de lillusion ne sont pas toujours capables de se dfaire totale-ment de ce cauchemar jet sur leurs esprits et leurs mes.

    Le passage du Deutronome cit en dernier montre que la secte dirigeante dcrivit labsence de terre en mme temps que la loi dcrte par le dieu du peuple spcial, et comme une perscution commise par les ennemis du peuple spcial, mritant toutes ces maldictions . Pour des esprits dun gotisme aussi extrme, un attentat politique dans lequel 95 gentils et 5 juifs perdent la vie ou leurs biens est tout bonnement une ca-tastrophe anti-juive, et en cela ils ne sont pas consciemment hypocrites. Au XXe sicle, ce critre de jugement a t propuls dans les vies des autres peuples et appliqu tous les vnements majeurs, concernant les preuves de lOccident. Ainsi, vivons-nous au sicle de lillusion Lvitique.

    Ayant entrepris de jeter toutes ces maldictions sur des innocents, si les Judates devaient revenir lobservance de toutes ces lois et jugements , le Mose ressuscit du Deutronome promit une bndiction de plus : lternel ton Dieu viendra devant toi, et il dtruira ces nations devant toi, et tu les possderas , et enfin, on lui permit de mourir en terre de Moab.

    Cest dans la Loi mosaque que lide destructrice a pris forme ide qui devait menacer la civilisation chrtienne et lOccident (qui taient tous les deux inconcevables lpoque). Durant lre chrtienne, une assemble de thologiens dcida que lAncien et le Nouveau Testament devaient tre runis dans un seul livre, sans aucune diffren-ciation, tels la tige et la fleur, et non tels un objet immobile et une puissance irrsistible. Lencyclopdie que jai sous les yeux au moment o jcris dclare laconiquement que les glises chrtiennes acceptent lAncien Testament comme tant dautorit divine gale celle du Nouveau Testament.

  • l e s l v i t e s e t l a l o i 3 5

    Cette acceptation inconditionnelle couvre la totalit du contenu de lAncien Testa-ment et pourrait tre la source originelle de beaucoup de confusion au sein des glises chr-tiennes et de beaucoup daffolement parmi les masses qui recherchent le christianisme, car le dogme exige la croyance simultane en des choses contraires. Comment le mme Dieu, par commandement Mose, peut-il avoir ordonn aux hommes daimer leur prochain et de dtruire totalement leur prochain ? Quel rapport peut-il y avoir entre le Dieu uni-versel et aimant de la rvlation chrtienne et la divinit maudissante du Deutronome ?

    Mais si en ralit, tout lAncien Testament y compris ces commandements ainsi que dautres est dautorit divine gale au Nouveau Testament, alors lOccidental daujourdhui a le droit de linvoquer pour justifier les actes par lesquels la chrtient sest renie le plus : limportation desclaves africains en Amrique par les colons bri-tanniques, le traitement des Indiens dAmrique du Nord par les colons amricains et canadiens, et la domination svre des Afrikaners sur les Bantous dAfrique du Sud. Il peut juste titre faire directement porter la responsabilit de toutes ces choses son cur ou son vque chrtien, si ce dernier enseigne que lAncien Testament, avec son injonction continuelle massacrer, asservir et piller est dautorit divine gale . Aucun ecclsiastique chrtien ne peut sestimer irrprochable sil enseigne cela. La d-cision thologique qui mit en place ce dogme projeta sur la chrtient et sur les sicles venir lombre du Deutronome tel quil retomba sur les Judates eux-mmes quand on le leur lit en 621 av. J. - C.

    Seul un autre crit eut jamais un effet comparable sur les esprits des hommes et sur les gnrations futures ; si lon sautorise quelque simplification, la plus tentante est de voir lhistoire entire de lOccident, et en particulier de ce XXe sicle dcisif, comme une bataille entre la Loi mosaque et le Nouveau Testament et entre les deux corps de lhumanit qui se rangent derrire lun ou lautre de ces deux messages respectifs de haine et damour.

    Dans le Deutronome, le judasme est n, mais il serait mort-n, et on aurait peut-tre plus jamais entendu parler du Deutronome, si cette question navait dpendu que des Lvites et de leurs Judates prisonniers. Ils ntaient pas nombreux ; et une nation cent fois plus nombreuse naurait jamais pu esprer imposer cette doctrine barbare au monde par la force de son seul pouvoir. Il ny avait quune faon pour que la Loi mosaque puisse gagner en vie et en puissance et devenir une influence perturba-trice dans la vie des autres peuples durant les sicles venir. Ctait si un tranger influent (parmi tous ces trangers quil fallait encore maudire), un roi puissant de ces paens quil fallait encore dtruire, la dfendait avec armes et richesses.

    Justement, cela tait sur le point darriver quand Josias lut la seconde Loi au peuple en 621 av. J. - C., et cela devait se rpter continuellement au cours des sicles jusqu nos jours : linvraisemblance gigantesque de la chose se confronte au fait tout aussi important et dmontrable que cest pourtant bien ce qui se passa ! maintes reprises, les dirigeants de ces autres nations qui devaient tre dpossdes et dtruites pou-srent la doctrine destructrice, firent les volonts de la secte dominante, et au dtri-ment de leur propres peuples laidrent servir son trange ambition.

    Environ vingt ans aprs la lecture du Deutronome Jrusalem, Juda fut conquise par le roi babylonien, en 596 av. J. - C. environ. lpoque, laffaire avait tout lair dtre termine, et vrai dire ctait une affaire insignifiante en elle-mme, parmi les grands

  • 3 6 D o u g l a s R e e D

    vnements de cette priode. Juda nexista plus jamais en tant qutat indpendant, et ntaient les Lvites, leur seconde Loi et laide trangre, les Judates comme les Isralites auraient fini par simpliquer dans lhumanit.

    Au lieu de cela, la victoire babylonienne fut le dbut de laffaire ou de ses cons-quences normes pour le monde. La Loi, au lieu de mourir, devint plus forte Baby-lone, o pour la premire fois un roi tranger lui donna sa protection. Le permanent tat-dans-les-tats, nation-dans-les-nations fut projet une premire dans la vie des peuples ; la premire exprience dusurpation de pouvoir et de contrle sur eux fut acquise. Beaucoup de souffrance pour les autres peuples se tramait alors.

    Concernant les Judates, ou les judastes et les juifs qui en mergrent, il semble quils hritrent de lavenir le plus malheureux qui soit. En tous les cas, ce nest pas un homme heureux (mme sil sagit dun crivain juif actuel, M. Maurice Samuel) qui, 2 500 ans plus tard, crivit : nous les juifs, les destructeurs, resteront les des-tructeurs jamais rien de ce que les gentils feront ne rpondra nos besoins et nos exigences

    premire vue cela semble railleur, venimeux, hont. Ltudiant appliqu de la controverse du sionisme dcouvre que cela ressemble plus un cri de dsespoir, tel que la Loi mosaque doit en arracher tout homme qui sent quil ne peut chapper son impitoyable doctrine de destruction.

  • 3 7

    Chapitre 4

    la forge des chanes

    Lpisode babylonien fut dcisif dans ses consquences, la fois pour linsignifiante tribu de Juda lpoque et pour le monde occidental aujourdhui.

    Au cours de cette priode, les Lvites accomplirent des choses qui devaient affecter dfinitivement la vie des peuples. Ils ajoutrent quatre livres au Deutronome et labo-rrent une Loi dintolrance racialo-religieuse qui, si elle pouvait tre impose, coupe-rait tout jamais les Judates de lhumanit. Par lexprience de Babylone, ils trouvrent des manires dimposer cette Loi, cest--dire de maintenir leurs adeptes isols de ceux parmi lesquels ils vivaient. Ils acquirent de lautorit parmi leurs geliers, et finale-ment ils abattirent et dtruisirent entirement la maison de ces derniers ; ou, si cela narriva pas rellement, ils transmirent du moins cette version de lHistoire une postrit qui laccepta, et qui avec le temps commena voir en ce peuple une force destructrice irrsistible.

    La premire captivit (lgyptienne) semble avoir t compltement lgendaire ; en tout cas, ce que lon sait sur le sujet rfute cette captivit, et comme la rdaction de lExode fut termine aprs lincident babylonien, les scribes lvitiques ont pu imaginer lhistoire de lancienne captivit et de la punition des gyptiens par Jhovah pour soutenir la version de la priode babylonienne quils taient en train de prparer.

    En tous les cas, ce qui se passa vraiment Babylone semble avoir t considra-blement diffrent de limage dune captivit de masse, plus tard suivie dun retour en masse, qui fut transmise par les critures lvitiques.

    Aucun Exode massif de captifs de Jrusalem jusqu Babylone ne peut avoir eu lieu, parce que la majorit du peuple judate, do une nation juive mergea plus tard, stait dj disperse de tous cts dans le monde connu (cest--dire, autour de la Mditerra-ne, dans les terres louest et lest de Juda), tant alle partout o les conditions pour le commerce taient les plus favorables.

    cet gard, le tableau tait dans ses proportions trs semblable celui dau-jourdhui. Jrusalem, il y avait juste un noyau, comprenant surtout les dvots les plus zls du culte du Temple et des gens dont les activits les liaient la terre. Les autorits saccordent sur le fait que seulement quelques dizaines de milliers de personnes furent emmenes Babylone, et quelles reprsentaient une petite fraction de lensemble.

  • 3 8 D o u g l a s R e e D

    Les Judates ntaient pas non plus les seuls dans cette Diaspora, mme si la lit-trature des lamentations le laisse entendre. Les Parsis dInde reprsentent un cas presque identique et sur la mme priode. Eux aussi survcurent la perte dun tat et dun pays, en tant que communaut religieuse en dispersion. Les sicles suivants offrent de nombreux exemples de la survie de groupes raciaux ou religieux loin de leur contre dorigine. Au fil des gnrations, de tels groupes raciaux en viennent penser la terre de leurs anctres simplement comme le vieux pays ; ceux qui sont religieux tournent leurs yeux vers une ville sainte (par exemple, Rome ou la Mecque), alors quils se trouvent un endroit diffrent sur la terre.

    La diffrence dans le cas des Judates tait que vieux pays et ville sainte taient la mme chose ; que le Jhovisme exigeait un retour triomphant et le rtablissement de ladoration du Temple, par-dessus les corps des paens dtruits ; et que cette religion tait aussi leur loi de vie quotidienne, de sorte quune ambition politique mondiale, du genre tribal ancien ou nationaliste, tait aussi un acte de foi premier. Dautres doctrines semblables des temps primitifs se sont fossilises ; celle-ci a survcu pour troubler la vie des peuples au cours des sicles jusqu aujourdhui, o elle a atteint son effet le plus perturbateur.

    Cest le rsultat direct des essais mens et de lexprience acquise par les Lvites Babylone, o ils purent dabord tester la doctrine dans un environnement tranger.

    Le comportement bienveillant des conqurants babyloniens envers leurs prison-niers judates fut lexact oppos de celui ordonn aux Judates, dans des circonstances inverses, par la seconde Loi quon leur avait lue juste avant leur dfaite : Ne laisse en vie rien qui respire Le Dr Kastein dit que les captifs bnficiaient dune libert totale de rsidence, de culte, dactivit et dautogestion.

    Cette libralit permit ainsi aux Lvites de rendre prisonniers des gens qui taient en grande partie libres ; sur linsistance des prtres, ils furent contraints de sinstaller en communauts fermes, et ce fut ainsi la naissance du ghetto et du pouvoir des L-vites. La domination talmudique de lre chrtienne, qui dcrtait lexcommunication des juifs sils vendaient sans permission des biens de leurs prochains des tran-gers est issue de cette premire exprience dans lauto-sgrgation, Babylone.

    Le soutien du dirigeant tranger tait ncessaire pour ce parcage des expatris par leurs propres prtres, et il fut donn cette premire occasion, comme dautres innombrables occasions depuis lors.

    Avec leur peuple fermement sous leur coupe, les Lvites entreprirent alors dachever la compilation de la Loi Les quatre livres quils ajoutrent au Deutronome consti-tuent la Torah, et ce mot, qui lorigine signifiait doctrine, est maintenant reconnu comme signifiant la Loi Toutefois, achvement est un mot des plus trompeurs ce sujet.

    Seule la Torah (au sens des cinq livres) a t acheve. La Loi na pas t acheve lpoque et ne pourra jamais ltre, tant donn lexistence de la Torah secrte rapporte par le Talmud (qui lui-mme ntait que la continuation postrieure de la Torah), et la prtention des prtres au droit divin dinterprtation. En fait, la Loi fut constamment modifie, souvent pour combler quelque lacune qui aurait pu permettre ltranger de jouir dun droit revenant seulement un prochain . Des exemples

  • l a f o R g e D e s c h a n e s 39

    de ce procd continu de rvision ont dj t donns, et dautres suivront dans ce chapitre. La consquence tait habituellement de faire que la haine ou le mpris pour ltranger soient partie intgrante de la Loi par la prvision de peines discrimi-natoires ou dimmunits.

    Quand la Torah fut acheve, une grande clture, unique en son genre mais toujours inacheve, avait t construite entre tout tre humain qui peu importe quand ac-ceptait cette Loi et le reste de lhumanit. La Torah nautorisait aucune distinction entre cette Loi de Jhovah et celle de lhomme, entre la loi religieuse et la loi civile. La loi de ltranger , thologiquement et juridiquement, navait pas dexistence, et toute prtention en faire valoir une tait de la perscution puisque la loi de Jhovah tait la seule loi.

    Les prtres prtendaient que la Torah gouvernait chaque acte de la vie quotidienne, jusquau plus trivial. Toute objection selon laquelle Mose ne pouvait avoir reu de J-hovah, sur la montagne, des instructions dtailles concernant toutes les actions ima-ginables accomplies par lhomme, rencontrait le dogme selon lequel les prtres, tels des messagers-relais, transmettaient de gnration en gnration la tradition orale de la rvlation de Jhovah Mose, et le pouvoir infini de la rinterprtation. Toutefois, de telles objections taient rares, puisque la Loi ordonnait la peine de mort pour les sceptiques.

    M. Montefiore fait remarquer fort justement que lAncien Testament est la lgis-lation rvle, et non la vrit rvle et dit que les prophtes isralites ne peuvent avoir connu quoi que ce soit de la Torah, puisque les Lvites lachevrent Babylone. Les paroles de Jrmie : la plume des scribes est vaine , se rfrent de toute vidence ce procd de la rvision lvitique et lattribution dinnombrables nouvelles lois et jugements Jhovah et Mose.

    Le pch ntait pas un concept de la Torah au moment o celle-ci prenait forme. Cest logique, car dans la loi il ne peut y avoir de pch , juste des crimes ou des infractions. La seule offense connue de cette Loi tait la non-observance, ce qui voulait dire le crime ou linfraction. Ce qui est gnralement compris comme le pch , savoir la transgression morale, tait quelquefois expressment ordonn par la Loi, ou bien rachetable par le sacrifice dun animal.

    Lide du retour (avec les ides apparentes de destruction et de domination) tait fondamentale au dogme, qui tenait ou tombait par elle. Aucune impulsion puis-sante de dpart de Babylone avec un retour Jrusalem nexistait au sein du peuple (pas plus quaujourdhui, o linstinct de la vaste majorit des juifs est totalement contre le retour , si bien quil est beaucoup plus facile pour ltat sioniste de trouver de largent que des immigrants, ltranger).

    Laccomplissement littral tait le pr