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Revue de presse La Conversation Jean d’Ormesson, de l’Académie Française Jean-Laurent Silvi Au Théâtre Montansier Du mercredi 26 au samedi 29 mars 2014 à 20h30 Dimanche 30 mars 2014 à 15h00 Durée : 1h05 Théâtre Montansier – 13 rue des Réservoirs – 78000 Versailles 01 39 20 16 00 www.theatremontansier.com

La Conversation - Théâtre Montansier · Conversation" de Jean d'Ormesson, ouvrage paru l'an passé. Cet échange imaginaire entre Bonaparte et son second consul, Cambacérès, se

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Revue de presse

La ConversationJean d’Ormesson, de l’Académie FrançaiseJean-Laurent Silvi

Au Théâtre MontansierDu mercredi 26 au samedi 29 mars 2014 à 20h30Dimanche 30 mars 2014 à 15h00

Durée : 1h05

Théâtre Montansier – 13 rue des Réservoirs – 78000 Versailles01 39 20 16 00

www.theatremontansier.com

12/10/2012

Le Bonaparte éclatant de Jean d'Ormesson et Maxime d'Aboville...

Le théâtre Hébertot présente la transposition scénique de "LaConversation" de Jean d'Ormesson, ouvrage paru l'an passé. Cetéchange imaginaire entre Bonaparte et son second consul, Cambacérès,se révèle brillant d'intelligence, plein d'esprit, et superbement porté pardeux grands comédiens, soigneusement dirigés par Jean-Laurent Silvi.Pas vraiment adeptes ni connaisseurs de l'histoire napoléonienne, nousavons cependant beaucoup apprécié ce moment de théâtre tout à faitexquis.

C'est un Bonaparte premier consul de la république en passe des'autoproclamer empereur que le célèbre académicien nous donne à voiret à entendre ici (la quasi totalité de ses propos sont authentiques). Lefutur Napoléon 1er fait en effet part de son projet d'empire à unCambacérès stupéfait mais admiratif, sous le charme, bluffé parl'ascension fulgurante de son interlocuteur, conquis par une audace, unedétermination incroyables et un sens politique hors du commun, quifinira par approuver ce dessein, malgré sa folie, et lui confirmer safidélité.

La plume de l'auteur, qui mêle habilement l'historique au futile, est viveet maligne, à l'image de son héros. On semble d'ailleurs percevoir l'oeilpétillant de d'Ormesson dans celui de Bonaparte. D'autant qu'il estincarné par un Maxime d'Aboville dont la prestation nous a plus queconvaincus.

Le jeune homme deux fois nommé aux Molières, à la diction acérée,d'une sublime précision, au débit parfois saisissant, impose malgré sonjeune âge une autorité naturelle remarquable et laisse transparaîtredans ses regards, ses mouvements et ses silences la matière grisetoujours en effervescence du personnage. L'acteur maîtrisemagnifiquement son instrument, atteignant l'apogée de son art au coursd'une réjouissante tirade (à l'intérêt historique certes secondaire)évoquant une abracadabrantesque dispute de femmes à propos d'unchâle à laquelle il mit un terme, dont la narration s'emballe de manièrevertigineuse et se conclut par une salve d'applaudissements.

Face à lui, tout en écoute et en complicité, Alain Pochet délivre un jeud'une grande subtilité. La délicatesse et la finesse de son Cambacérèss'allient harmonieusement à l'entrain permanent de son partenaire.

Très beau duo.

Allez-y !

Impérial Bonaparte dans La ConversationPar Nathalie Simonpublié le 05/10/2012

Maxime d'Aboville incarne avec force et humour le futur Napoléon, héros de La Conversation,de Jean d'Ormesson.

Si l'Histoire nous était toujours contée par Jean d'Ormesson, elle serait délectable. C'est le cas avecLa Conversation, la première œuvre théâtrale de l'académicien présentée au Théâtre Hébertot, àParis. Transposée sur scène par Jean-Laurent Silvi, elle restitue un entretien entre Bonaparte(Maxime d'Aboville) et Cambacérès, deuxième consul (Alain Pochet).

La scène se déroule dans un bureau aux Tuileries, au lendemain du 18 Brumaire. Si les propos duvainqueur de Marengo sont authentiques, ceux de son interlocuteur sont fictifs. Fictifs, maisplausibles. Imprégné de journaux intimes et de Mémoires de l'époque, «Jean d'O» a écrit des dialoguesétincelants comme une épée. Gageons qu'ils doivent être très plaisants à dire par les comédiens.

Presque de la même taille que Bonaparte, Maxime d'Aboville égratigne pourtant d'abord l'oreille duspectateur par son timbre perçant. Un inconvénient auquel on s'habitue avant de l'oublier en quelquesminutes, grâce au jeu de l'acteur, de plus en plus impérial. Maxime d'Aboville finit en effet pars'effacer sous la veste rouge aux fils dorés de l'homme qui voulait construire sa légende. Déterminé,exalté, mégalo, coq et pédant, le petit «homme pressé» - «J'aime pas traîner!» -, qu'il incarnevéritablement prend le temps de parler à «cœur ouvert» à son fidèle Cambacérès.

Les deux hommes - Bonaparte surtout - parlent de tout. De nourritures terrestres, de Talleyrand,Fouché, Murat ou Robespierre qu'il admire, de Joséphine, dont il espère un héritier, de ses frères etsœurs qui lui «empoisonnent la vie». Etde ses rêves de grandeur. «Vivre sans gloire, c'est mourir tousles jours», assène-t-il. Général à 25 ans, l'ambitieux stratège de 34 ans caresse le rêve de devenirempereur. Il s'en ouvre au deuxième consul dont il n'hésite pas à tirer l'oreille ou à tapoter la joue. Plusil cause, plus Cambacérès le loue et le vénère.

Une volonté inébranlableRegard sombre, coléreux, cassant ou narquois, Maxime d'Aboville n'en est pas moins drôle. Larapidité et la clarté de son débit trahissent la volonté inébranlable du futur empereur. Sa longue tiradesur le châle de Joséphine est un moment d'anthologie. Ainsi que son rôle l'exige, l'acteur belge AlainPochet est davantage en retrait, disponible, ouvert, à l'écoute de son «idole», stoïque face à sesmoqueries.

Formé par Jean-Laurent Cochet et devenu à son tour professeur d'art dramatique, Jean-Laurent Silvi,27 ans, signe une mise en scène sans prétention et sans fioritures. Sa simplicité rappelle celle deDiplomatie, la pièce de Cyril Gely montée par Stephan Meldegg, une confrontation entre Nordling,l'ambassadeur de Suède à Paris, interprété par André Dussollier et le général von Choltitz, campé parNiels Arestrup. Le décor - un bureau Napoléon, bien sûr, et des rideaux clairs - et les magnifiquescostumes de Pascale Bordet composent un cadre solennel à ce spectacle court, d'une heure, drôle,élégant et brillant.