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La coproduction des connaissances en sciences sociales Carole Lévesque, professeure INRS Directrice de DIALOG-Le réseau de recherche et de connaissances relatives aux peuples autochtones

La coproduction des connaissances en sciences sociales€¦ · du développement humain et du bien-être social ... Les humains comme agent premier de la transformation de la sociét

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La coproduction des connaissances en sciences sociales

Carole Lévesque, professeure INRSDirectrice de DIALOG-Le réseau de recherche et de connaissances

relatives aux peuples autochtones

Transfert

Mobilisation

Échange

Recherche partenariale

Coproduction des connaissances

Partage

Utilisation des connaissances

Diffusion Transmission

Gestion

La désignation universitaire des établissements vise à reconnaître le développement d’une culture de recherche et l’intégration des activités de recherche dans le fonctionnement des établissements, et ce, dans une perspective d’évolution des savoirs, d’amélioration des pratiques et de soutien à la prise de décision.

Une des caractéristiques propres à la recherche dans les établissements désignés est d’être basée sur un partenariat avec les universités, lequel repose sur un besoin réciproque de mise en commun des ressources.

La reconnaissance et le respect de la valeur des savoirs de chacun, les savoirs d’expérience des intervenants et les savoirs théoriques des chercheurs ainsi que le savoir des populations sont à la base de la collaboration attendue.

MSSS. 2010. Cadre de référence pour la désignation universitaire des établissements du secteur des services sociaux.

� La recherche scientifique : une gamme d’approches, deméthodes, de perspectives et de finalités

� Les traditions de recherche: des enseignements etdes expériences dont on peut s’inspirer. Par ex. lecas de l’anthropologie avec son approche terrain etson rapport à l’altérité

� Le monde de la recherche: de multiples cultures etpratiques

� Le monde de l’intervention : de multiples cultures etpratiques

La connaissance au cœur de la croissance économique, du développement humain et du bien-être social

Accélération des communications et de la circulationde l’information

Capital tangible Vs. capital intangible

Les humains comme agent premier de la transformation de la société

La création de nouvelles connaissances, de nouvelles idées, de nouvelles relations

Invitation à prendre le chemin de l’innovation sociale

� Bâtir le rapprochement entre l’université et la société,entre la science et la société

� Construire des ponts entre la production scientifiqueet la gouvernance des sociétés

� Bâtir le rapprochement entre la société et l’université,entre la société et la science

� Construire des ponts entre l’intervention et larecherche

� Revoir notre rapport au savoir, à sa production et àson rôle pour la société

� CONSIDÉRER que nous sommes aujourd’hui dans lesmêmes conditions qu’auparavant

� OCCULTER le fait que l’on agit en fonction decultures différentes, en recherche comme enintervention

� CONSTATER que nous évoluons dans des mondesde connaissances qui s’ignorent, des mondes tournés vers l’intérieur

� PENSER qu’il suffit d’ajouter un volet à son action,à sa réflexion, à ses pratiques pour être efficace– et performant – en matière de coproduction, detransfert et de mobilisation des connaissances

MODÈLE CLASSIQUE MODÈLE INTERACTIFUn exercice individualisé, atomisé, même lorsque plusieurs chercheurs et plusieurs disciplines sont en cause

Un exercice en situation d’interface. L’université interagit avec d’autres secteurs de la

sociétéConnaissances scientifiques

Connaissances scientifiques/Savoirs/Compétences

Relations hiérarchiques Relations transversales

Autorité Leadership

Autodisciplinarité Inter/trans/disciplinarité

Méthodologie déterministe Méthodologies ouvertesEngagement académique Engagement académique et social

Indépendance Collaboration

MODÈLE CLASSIQUE MODÈLE INTERACTIFSéminaire AtelierDiffusion Transfert/MobilisationUtilisation Intégration

Producteurs vs. Utilisateurs Acteurs vs. InstitutionsTravailler à partir d’un thème ou

d’une question de rechercheTravailler en considérant une population, un groupe donné

Produire de la science Coproduire des savoirsL’article scientifique comme outil

exclusif de diffusion des connaissances

Une gamme de produits et d’outils de connaissances, dont les articles

scientifiquesRésultats de recherche Processus de coproduction

Intérêt du/des chercheurs Intérêts du/des groupes ciblés

UNE PREMIÈRE repose sur l’objectif de démontrer la pertinence de la recherche académique pour la résolution de problèmes en partant de ses résultats et en orchestrant leur promotion. La recherche est le point de départ. La littérature portant sur le transfert des connaissances s’inscrit dans ce courant.

UNE SECONDE vise à revoir le processus même de la création des connaissances scientifiques afin de contribuer à une société plus juste et équitable. La relation est le point de départ. La littérature qui fait état de mobilisation et de coproduction des connaissances s’inscrit dans ce courant.

Est-ce que l’université souhaite informer et instruire la société de ses propres réalisations ou, au contraire, envisage-t-elle de travailler de concert avec la société autour d’enjeux

partagés et socialement ancrés?

Le transfert est un mouvement de transmission et de réception des connaissances et du savoir-faire technologique ou organisationnel entre partenaires, en vue d'accroître l'expertise et les connaissances d'au moins un partenaire et de renforcer sacompétitivité. (MDEIE)

Ensemble des efforts consentis pour contribuer à faire connaître et reconnaître les activités et les résultats de recherche en sciences sociales et humaines, en arts et en lettres en vue de leur utilisation par les milieux de pratique, les décideurs et le grand public, que la démarche soit interactive ou non. (FQRSC)

FORMULE OUVERTERendre l’information accessible à des publics ciblés en tenant compte des besoins exprimés afin de résoudre des problèmes. Des intérêts spécifiques sont considérés. On propose des réponses à une clientèle donnée.

FORMULE ACTIVEFaire connaître les résultats de recherche par de nouveaux moyens, nouveaux dispositifs. Une préoccupation pour rejoindre les destinataires s’exprime dans les moyens développés et les mécanismes d’appropriation proposés.

FORMULE INDÉTERMINÉERendre l’information disponible à des publics ciblés ou non. Produire des savoirs experts.

ÀÀÀÀÀÀÀÀ propos de la mobilisation des connaissancespropos de la mobilisation des connaissancespropos de la mobilisation des connaissancespropos de la mobilisation des connaissancespropos de la mobilisation des connaissancespropos de la mobilisation des connaissancespropos de la mobilisation des connaissancespropos de la mobilisation des connaissances

� Des partenaires (chercheurs et intervenants) de recherche engagés dans un processus de transformation sociale

� La synthèse de différents types de savoirs

� Création d’une communauté épistémique,d’une interface collective de connaissances

� Une démarche qui prend place en amont du projetde recherche

� La construction d’une dynamique relationnelle

� Des passerelles entre des questions de rechercheet des défis sociétaux (et non seulement des besoins)

FORMULE CONVERGENTEÉtablir des correspondances entre les activités de recherche et les besoins, pratiques, perspectives et approches des autres acteurs

FORMULE PARTENARIALEConcevoir conjointement de nouveaux outils de connaissances, incluant des dispositifs d’appropriation mutuelle

FORMULE RÉFLEXIVECoconstruire la connaissance et mettre au jour de nouveaux résultats de recherche, de nouvelles compréhensions des phénomènes étudiés

De la part des chercheurs, la démarche de coproduction oblige à porter un REGARD RÉFLEXIF sur ses propres

pratiques. Un exercice qui n’est pas simple puisqu’il requiert dépasser cette fameuse opposition

THÉORIE/PRATIQUE selon laquelle la théorie serait du ressort exclusif des chercheurs alors que la pratique relèverait de tous les autres acteurs. L’univers de la

connaissance est sans nul doute beaucoup plus complexe.

De la part des intervenants, la démarche de coproduction oblige aussi à porter un REGARD RÉFLEXIF sur ses propres pratiques et notamment sur les logiques d’action qui fondent les interventions. Elle peut amener à prendre une distance

face au terrain tout en acceptant qu’une lecture plus théorique peut parfois fournir des perspectives nouvelles.

� Identifier les sphères de réflexion, d’action etd’activités respectives

� S’intéresser autant aux frontières qu’aux espacespartagés

� Reconnaître les contributions multiples

� Distinguer collecte de données auprès d’un échantillon-cible de la population et coproductiondes connaissances

Pour produire de la théorie (c’est-à-dire une compréhension de la réalité), il faut recourir à des pratiques, mener à bien des activités très concrètes et acquérir des compétences et des savoir-faire de divers ordres : la recherche est aussi un métier. Les chercheurs ne produisent pas que des théories.

Il est présomptueux de la part des chercheurs d’imaginer que les initiatives des autres acteurs de la recherche ne reposent sur aucune compréhension intellectuelle des situations auxquelles ils sont confrontés.

Il existe de nombreuses manières de codifier l’information au sein des organisations non académiques : des documents de positionnement stratégiques, des plans d’actions, des mémoires, voire à une échelle sociétale, des lois, des politiques et des programmes.

La codification de même que l’aptitude à organiser l’information n’est pas du seul ressort de la science, même si à cet égard les modes opératoires qu’elle propose présentent des exclusivités épistémologiques, méthodologiques et analytiques.

Tous les savoirs que l’on retrouve au sein du monde universitaire ne sont pas d’office codifiés; une bonne part d’entre eux demeure aussi tacite; il n’y a qu’àprendre comme exemple les savoirs mobilisés dans l’enseignement.

Les acteurs des milieux ne sont pas les seuls à détenir des savoirs dits d’expérience; pourrait-on imaginer des chercheurs sans expériences et par conséquent sans savoirs issus de ces expériences?

� La remise en contexte continue des questionnements derecherche peut contribuer à moduler des discours scientifiques qui auraient tendance à stigmatiser certainsgroupes sociaux ou certains comportements.

� Un nouveau corpus de données ou une nouvellecartographie compréhensive peut soutenir la formulationd’une nouvelle demande sociale de la part d’acteurs de lasociété civile ou de groupes communautaires.

� La demande de connaissances qui s’exprime en situation decoproduction est donc assortie de fonctions connexes, maisnéanmoins essentielles, qui contribuent à créer autant denouveaux environnements épistémiques que de nouveauxforums sociaux.

� L’existence de structures médiatrices intégrées qui travaillent sur plusieurs plans en même temps

� La multiplicité des formules de diffusion, de transmission et de partage

� La complémentarité des formules puisque les besoins sont de divers ordres et ne se manifestent pas au même moment de la relation

� La création de nouveaux outils de synthèse

� Des efforts pour mettre de l’avant une ‘intelligencecollective’

� La formation en matière de coproduction des connaissances, en milieu universitaire et en milieu de pratique

� Le rôle et le statut des chercheurs

� La reconnaissance académique

� La place des intervenants/partenaires dans la recherche: Accessoire? Instrumentalisée? Partie prenante?

Le statut du savoir

� Recherche fondamentale VS recherche appliquée

Adhérer à la coproduction des connaissances, c’est opter d’entrée de jeu pour un dialogue que l’on souhaite le plus constructif et efficace possible entre des acteurs de différents horizons autour de projets de recherche

conjoints.

La coproduction des connaissances traduit l’engagement dans une démarche d’approfondissement des connaissances qui vise à construire ensemble une société plus démocratique, plus

équitable et plus juste.

La coproduction des connaissances est une oeuvre collective.