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1 La délocalisation des Services liés aux Entreprise: une analyse du couplage spécificités de services - caractéristiques pays Arbia Chatmi 1,2 Karim Elasri 1 1 DEFI, Développement Economique et Finance Internationale 2 ECOFI- IHEC Carthage Le nombre de délocalisations d’activités de services vers les PED s’est accru avec le développement des TIC mais aussi grâce à la modularisation de la chaîne de valeur des activités de service. Les choix de la localisation sont ainsi orientés d’une part par les caractéristiques des pays qui se transforment en avantages concurrentiels pour les entreprises (Porter, 1990) et d’autre part par les spécificités des activités de service à savoir les services liés aux entreprises pour notre étude. La littérature relève l’intensité de la connaissance et la facilité de désintégration comme principales spécificités de ce service (Sarkar, 2003 ; Chatmi et Elasri, 2008). Nous proposons une approche dynamique qui permet de mettre en évidence le choix de la localisation des activités de services liés aux entreprises en fonction des caractéristiques des pays d’accueil et de leurs spécificités. Nous mettons ainsi l'accent sur la manière dont ce couplage et ces interactions se réalisent pour les activités de services liés aux entreprises. 1. Introduction Les échanges entre entreprises localisées dans des pays différents ne cessent de s’amplifier. Le développement des TIC et la chute des coûts de communication comptent parmi les principaux moteurs de ce mouvement (Narula et Dunning, 2000). Dans un contexte mondial de libéralisation des marchés, de mobilisation accrue des capitaux et autres facteurs de production, les entreprises font de plus en plus appel à de nouvelles modalités d’organisation afin de faire face à la concurrence internationale (Pain et Welsum, 2003). Dans ces environnements hypercompétitifs, les entités améliorent leur flexibilité, leur capacité d’apprentissage et se concentrent sur leurs compétences centrales (Achrol, 1997 ; Jacobides, 2005 ; Schilling et Steensma, 2001).

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La délocalisation des Services liés aux Entreprise: une analyse du couplage

spécificités de services - caractéristiques pays

Arbia Chatmi1,2

Karim Elasri1

1DEFI, Développement Economique et Finance Internationale

2 ECOFI- IHEC Carthage

Le nombre de délocalisations d’activités de services vers les PED s’est accru avec le développement des TIC mais aussi grâce à la modularisation de la chaîne de valeur des activités de service. Les choix de la localisation sont ainsi orientés d’une part par les caractéristiques des pays qui se transforment en avantages concurrentiels pour les entreprises (Porter, 1990) et d’autre part par les spécificités des activités de service à savoir les services liés aux entreprises pour notre étude. La littérature relève l’intensité de la connaissance et la facilité de désintégration comme principales spécificités de ce service (Sarkar, 2003 ; Chatmi et Elasri, 2008). Nous proposons une approche dynamique qui permet de mettre en évidence le choix de la localisation des activités de services liés aux entreprises en fonction des caractéristiques des pays d’accueil et de leurs spécificités. Nous mettons ainsi l'accent sur la manière dont ce couplage et ces interactions se réalisent pour les activités de services liés aux entreprises.

1. Introduction

Les échanges entre entreprises localisées dans des pays différents ne cessent de s’amplifier. Le développement des TIC et la chute des coûts de communication comptent parmi les principaux moteurs de ce mouvement (Narula et Dunning, 2000). Dans un contexte mondial de libéralisation des marchés, de mobilisation accrue des capitaux et autres facteurs de production, les entreprises font de plus en plus appel à de nouvelles modalités d’organisation afin de faire face à la concurrence internationale (Pain et Welsum, 2003). Dans ces environnements hypercompétitifs, les entités améliorent leur flexibilité, leur capacité d’apprentissage et se concentrent sur leurs compétences centrales (Achrol, 1997 ; Jacobides, 2005 ; Schilling et Steensma, 2001).

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Ce développement international des réseaux d’entreprises est la cause et l’effet du progrès technologique particulièrement les technologies de l’information et de la communication (TIC). Ce nouvel environnement technologique a favorisé la reconfiguration modulaire du produit (Baldwin et Clark, 2000). Il s’agit de la fragmentation du processus de production en sous-systèmes (appelés aussi modules ou composants). Au sein d'un module, les activités sont fortement interdépendantes. Néanmoins, la dépendance est presque inexistante entre les activités de modules différents (Baldwin et Clark, 2000 ; Langlois, 2002 ; Simon, 1962 ; Ulrich et Eppinger, 1999).

Grâce à la modularisation, l’activité centrale et l’activité périphérique du produit ont pu être dissociées (Clark et Fujimoto, 1991 ; Wheelwright et Clark, 1992 ; Iansiti, 1998). Cette architecture modulaire prend forme au niveau de l’organisation. L’organisation se définit par l’ensemble de ses sous-unités et ses interfaces. Ces derniers incluent les programmes et les procédures standards d'exploitation et de conception. Ils déterminent la fonctionnalité de chaque élément. Cette distinction facilite la coordination entre les différentes sous-unités (Galbraith, 1977 ; Tushman et Nadler, 1978). Ces changements organisationnels ont influencé les stratégies internationales des entreprises.

Par le passé, ces stratégies reposaient soit sur l’exportation soit sur l’exploitation multidomestique (avec des filiales à 100 % étrangères produisant pour les marchés locaux). Elles ont progressivement cédé le pas face à une combinaison d’activités transnationales : exportations et approvisionnements internationaux, investissements étrangers, commerce international, investissements directs étrangers, fusions, acquisitions et alliances. Ainsi, la mondialisation emprunte maintenant trois voies : le commerce international, l’investissement direct étranger (IDE) (avec tout l’éventail des alliances, collaborations, coopérations internationales) et les délocalisations.

Dans la littérature, les termes qui reviennent de manière récurrente sont ceux de délocalisation (offshoring) et d’externalisation (outsourcing). Il est important de définir ces concepts et de faire la part des différents phénomènes afin d’éliminer toute confusion mais surtout d’identifier au mieux le nouveau phénomène qui caractérise le commerce de services à savoir la délocalisation de services. Le concept d’outsourcing (externalisation ou sous-traitance) et le phénomène d’offshoring (délocalisation) sont deux concepts très liés dont il est extrêmement difficile de faire la part.

En se référant au concept d’outsourcing, Bhagwati et al. (2004) constatent le changement du sens de cette notion au cours du temps. Jusqu’aux années 80, l’outsourcing caractérisait l’ensemble des “situations when firms expanded their purchases of manufactured physical inputs from outside the firm rather than making them inside”. Dans ce cas, les entrées représentent une partie du produit final ou le produit final en entier. Cette notion semble avoir pris ces dernières décennies un autre sens. L’outsoursing représente actuellement un important segment du commerce international de services. Il s’agit de ce que la littérature qualifie d’“arm’s-length”, ou du “long-distance” (Bhagwati, 1984).

Ce mouvement a pris beaucoup d’ampleur du fait du développement de la chaine de valeur mondiale. Il a aussi bénéficié de la révolution des télécommunications. Ces auteurs définissent ce nouveau mouvement comme l’exécution depuis l’étranger de

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services par le biais des moyens de télécommunications (le téléphone, Internet…). Il s’agit du premier mode. Néanmoins, la consommation de services grâce au déplacement du consommateur est un autre mode d’outsourcing.

Blinder (2005) rejette tout lien entre l’outsourcing et le commerce international. Il avance qu’il s’agit d’un phénomène qui est lié au territoire et qui selon lui “has nothing to do with either international trade or globalization”. En revanche, l’offshoring définit l’ensemble des tâches réalisées pour le compte de l’entreprise par un prestataire extérieur ou par ses filiales à l’étranger. Ces deux concepts ne sont pas ainsi synonymes. Il y a une distinction en termes de dimension géographique. L’outsourcing a une dimension nationale et l’offshoring a une dimension internationale. Mankiw et Swagel (2006) se distinguent et précisent que l’ « offshore outsourcing » est la relocalisation à l’étranger auprès d’un sous traitant des activités réalisées en interne par l’entreprise. En revanche, l’« international outsourcing » d’Amiti et Wei (2004) correspond à la relocalisation à l’étranger en interne ou auprès d’un sous traitant. Pour la suite du travail, nous adopterons cette dernière définition du mouvement de délocalisation.

Les délocalisations (offshoring ou international outsourcing) s'inscrivent dans un mouvement plus large de mondialisation qui s'est déployé en plusieurs vagues et dont les origines remontent à un siècle. La première vague date des années 1900, période où les grandes sociétés commerciales ont pris conscience qu'elles pouvaient accéder à d’immenses marchés à l’étranger. Les années 1980 ont connu une deuxième vague de mondialisation. Les industriels américains, européens et japonais délocalisent une partie de leur production pour tirer parti de forts écarts de salaires. Les produits finis sont ensuite réexpédiés vers le marché national.

Dans les années 1990, une troisième vague de délocalisation a eu lieu lorsque des entreprises ont reconfiguré leur chaîne de valeur. Chaque activité a été implantée dans le pays qui offrait le plus d'avantages. Pour le secteur manufacturier, ces pratiques sont aujourd’hui largement répandues, mais ce mouvement auparavant quasi-inexistant pour le secteur des services a progressé très rapidement en partie grâce aux enseignements tirés du secteur manufacturier (Gereffi et al., 2005 ; Berger et al., 2005).

L’avènement de ce mouvement aux Etats-Unis a été révélé par Posthuma (1987). Ce mouvement concernant les sociétés américaines s’est tout d’abord caractérisé par des délocalisations d’un certain nombre de tâches simples. L’éclatement de la bulle Internet et les réductions drastiques continues du coût des télécommunications ont favorisé la réalisation à distance d’un éventail de services : le segment des services d'informatique et les services liés aux entreprises.

Nous présentons dans ce qui suit la manière dont la théorie économique envisage la répartition géographique des activités de service. Nous proposons par la suite une approche relativement dynamique qui permet de mettre en évidence les spécificités des activités de service et les caractéristiques des Etats candidats à leur accueil. Nous mettons ainsi l'accent sur la manière dont ce couplage et ces interactions se

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réalisent pour les activités de services liés aux entreprises. Les conclusions serviront aussi à établir les possibilités de transformation et d’évolution des opérations de délocalisation mais aussi en termes de localisation (avantages et inconvénients).

2. Un cadrage théorique du choix du lieu de la délocalisation

Nous considérons deux approches qui répondent mieux au contexte économique actuel. Mehta et al. (2006) indiquent que la théorie des coûts de transaction et l’approche basée sur les compétences expliquent la décision de délocalisation des firmes. Ils nous renseignent par la suite sur le choix de la localisation.

La première approche, la théorie des coûts de transaction, est liée aux coûts de transaction et de production associés au processus ou au service. Cette approche a été introduite par Coase (1937) et développée par Williamson (1979). Le fondement théorique de l’approche coût de transaction porte sur la question des caractéristiques voire de l’objet de transaction qui détermine le mode de gouvernance à adopter. La transaction demande dans certain cas la réalisation antérieure d’un investissement dans un actif spécifique à la production du bien objet de l’échange. Ainsi un niveau de spécificité élevé favorise une réalisation de l’activité en interne.

Toute chose étant égale par ailleurs, un fort degré d’incertitude engendre un important coût de transaction sur le marché. Cette situation favorise une tendance à l’internationalisation. En effet, les firmes craignent une défaillance de fournisseur mais aussi le non-respect du contrat. Il s’agit de deux paramètres à savoir l’incertitude et la fréquence de transactions qui orientent le choix des modalités d’organisation de la firme. On associe au marché une transaction caractérisée par un actif très spécifique et une fréquence occasionnelle. Quant aux transactions récurrentes, elles sont réalisées en interne.

Mahnke et al. (2005) conclut qu’une décision de délocalisation aura lieu si les dimensions de transaction que sont la fréquence des transactions, l’incertitude et le degré de la spécificité des actifs sont faibles. Les coûts de gouvernance et de coordination liés à la relation entre la firme et le nouveau fournisseur doivent être également faibles (Chalos, 1995 ; Blaxill et Hout, 1991). Enfin on peut conclure que la recherche des gains par la réduction de coûts est la première raison de la délocalisation de certaines activités de services.

La seconde approche est l’approche par les compétences. Elle met l’accent sur les compétences de la firme. Ces compétences jouent un rôle déterminant dans la compétitivité inter-firmes. En associant les ressources de l’entreprise à ces actifs, Wernerfelt (1984) distingue deux catégories de ressources. Les ressources ou actifs tangibles et les ressources ou actifs intangibles ; on note respectivement les ressources matérielles ou corporelles et les ressources immatérielles ou incorporelles. Pour Barney (1991), les ressources d’une firme se définissent par un ensemble de trois groupes : les ressources en capital physique, les ressources en capital humain et les ressources en capital organisationnel.

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L’approche par les compétences s’inspire des travaux de Hamel et Prahalad (1990, 1991, 1993, 1994). Ces travaux ont développé le concept de « core competence » en distinguant entre le « core and non-core business ». Hamel et Prahalad (1994) insistent sur le fait que les firmes ne doivent pas se limiter à la recherche de réduction des coûts au détriment des pertes liés à la délocalisation de ses « compétences centrales ». Il s’agit de capacités qui lui sont spécifiques, inimitables et non-substituables (Barney, 1991). D’ailleurs, Quinn et Hilmer (1994) concluent que les firmes doivent internaliser les activités concernées par ces compétences centrales et délocaliser les autres activités jugées souvent supplémentaires.

Quant à la dernière approche, l’approche relationnelle, elle est abordée lorsque les firmes ont pour objectif de partager et d’agencer leurs actifs, leurs connaissances ou leurs différentes capacités (Dyer et Singh, 1998).

Selon l’approche OLI, les IDE sont expliqués par la combinaison entre les capacités spécifiques de la firme, les avantages spécifiques de la localisation et les avantages de l’internationalisation (Dunning, 1980). La délocalisation des services est une nouvelle forme d'internationalisation. Les firmes externalisent quelques modules de leur processus de réalisation de services à fournisseurs externes (Lewin et al., 2008). La chaîne de valeur est répartie sur plusieurs sites.

D'un point de vue dynamique, les firmes multinationales soulignent le lien entre les capacités spécifiques de la firme et les avantages spécifiques de la localisation pour quelques éléments en cas de maturation ou de standardisation du produit. On note la structure de la demande, les capacités d'approvisionnement et les coûts salariaux (Rugman, 1999). En effet, ce courant préconise que la nature des capacités spécifiques de la firme et les types des avantages spécifiques de la localisation orientent le choix de la localisation de ces activités de production (Rugman et Verbeke, 2001). Cette perspective nous renvoie au développement d’une approche plus détaillée. La localisation des activités de services s’explique par la combinaison des avantages spécifiques de la localisation (le pays d'accueil) et les spécificités de l’activité de services.

On propose une analyse en deux niveaux. On présente dans un premier niveau l'attractivité relative du pays candidat à l’accueil de la délocalisation vis-à-vis des autres destinations en termes de caractéristiques spécifiques. Le deuxième niveau est consacré aux caractéristiques de l’activité de services objet de la délocalisation. La combinaison de l’ensemble des paramètres de ces deux niveaux tranche en faveur du meilleur pays d’accueil.

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3. Le choix de la localisation : une approche par le couplage spécificités des services-caractéristiques pays

Ce survol de la littérature nous a fourni une vue d'ensemble de cette nouvelle tendance qu’est la délocalisation des activités de services mais nous a surtout indiqué quels sont les déterminants qui dictent le choix de la localisation de ces activités. Ainsi, l’analyse approfondie de l’ensemble de ces études nous a permis de détecter les facteurs clés qui orientent ce choix. Les variables indépendantes de notre modèle illustreront ces facteurs. Et l’exportation, indicateur de délocalisation, sera notre variable dépendante.

Ce modèle va nous permettre de mieux expliquer ce phénomène et de parvenir à des conclusions quant à l’impact significatif ou non de ces facteurs sur la décision du choix de la localisation des services. D’autant que ces facteurs peuvent être liés aux spécificités de chaque activité de service. La typologie, présentée par Chatmi et Elasri (2008), classifie les services selon leur intensité en connaissance et le degré de désintégration. Aussi, lorsqu’il s’agira ultérieurement de décrire chaque variable que nous avons sélectionnée, nous justifierons de quelle manière elle influence le mouvement de délocalisations des activités de services en tenant compte du type de spécificités et du niveau des spécificités pour chaque service.

D’après la littérature, deux facteurs clés orientent le choix de la localisation. Le premier est le salaire et le second est la main d’œuvre qualifiée. L’objectif de réduction des coûts pour un secteur dont les dépenses sont fortement liées au personnel fait du salaire un facteur clé. Coward (2003) stipule que les firmes délocalisent leurs activités à l’étranger dans le but premier de réduire les coûts. Comme l’indique Quinn (1992), les firmes recherchent perpétuellement à réduire leurs coûts, or les activités de service sont intensives en personnel. Amorieta et al. (2001) avancent alors que l’un des facteurs clés de la localisation des activités de service dans un pays émergent comme l’Inde est le faible niveau des salaires par rapport aux pays industrialisés. Quant à Bunyaratavej et al. (2007), ils déduisent des variables utilisées pour les entreprises manufacturières que le facteur le plus important pour la délocalisation des activités de services est le coût du travail. Kakabadse et Kakabadse (2005) soulignent que la délocalisation a toujours pour vocation première la réalisation d’économies d’échelle. Khan et al. (2003) appuient l’idée que la réduction des coûts joue un rôle primordial dans la décision de délocalisation puisqu’elle permet de générer plus de bénéfices. Elle permet donc en principe d’offrir de nouveaux services mais aussi d’améliorer la qualité. C’est un avantage concurrentiel indéniable.

La recherche d’un personnel qualifié tient à ce que les activités de services dépendent plus de la connaissance et de l’information et moins des machines spécialisées (Bunyaratavej et al., 2007). Pour eux, il s’ensuit que les activités de service sont plus facilement relocalisables que les activités manufacturières. Alors comme l’indiquent Graf et Mudambi (2005), le capital humain est plus important pour le BPO (Business Process Outsourcing) que pour le secteur manufacturier du fait de l’importance accordée au personnel. Finlay et King (1999) montrent donc que l’accès

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facile à un personnel spécialisé et qualifié contribue à la réduction des coûts. Le choix en termes de localisation d’une destination au détriment d’une autre se base sur leur réservoir de professionnels expérimentés et qualifiés. Pour Coward (2003) et Khan et al. (2003), un seuil suffisant de travailleurs qualifiés doit être atteint pour attirer les firmes qui cherchent à délocaliser leurs activités de services. Ainsi des firmes qui développent des applications informatiques ont localisé des activités en Inde car les programmeurs ont les qualifications requises (Robb, 2000).

Par ailleurs la réduction des coûts comme l’indique Coward (2003) ne doit pas se traduire pas une baisse de la qualité bien au contraire, elle doit s’accompagner d’un maintien de la qualité. En ce sens, le système de gestion de ces activités de service délocalisées doit permettre de surmonter les obstacles liés à l’environnement (tels que les infrastructures de communication et la stabilité du pays hôte) mais aussi à la distance (tant physique, culturelle que temporelle) et à d’autres obstacles auxquels cas les coûts ne diminueront pas mais augmenteront.

Concernant l’environnement, l’infrastructure physique incluant les routes, les aéroports et les voies ferrées pour les industries manufacturières a été remplacée par les infrastructures de communication pour les services (Bunyaratavej et al., 2008). Pour les activités délocalisées de développement d’applications informatiques, l’étude menée par Coward (2003) montre que l’important est la présence d’infrastructures de communication quand bien même la largeur de la bande passante est faible. Quant à la stabilité politique, elle est primordiale car les activités de service délocalisées prennent une part de plus en plus importante et concernent des activités de plus en plus indispensables (Coward, 2003). Le cycle de vie des produits et services s’étant accéléré, Khan et al. (2003) indiquent que les firmes ne peuvent pas se permettre d’arrêter ou de prendre du retard sur le processus de développement du service. Il serait malvenu qu’un fournisseur qui a délocalisé soit dans l’incapacité de poursuivre le travail en plein milieu d’un projet important (Coward, 2003).

D’autre part, la distance physique peut être un frein à la délocalisation. Les services liés aux technologies de l’information peuvent pâtir de la distance entre le pays où est localisé le prestataire de service et celui du consommateur. En effet, la proximité culturelle et particulièrement la langue favorise une bonne gestion des activités délocalisées (Coward, 2003). L’existence de similarités entre les cultures du pays hôte et du pays d’origine fournit de nombreux avantages à la firme qui délocalise (Bunyaratavej et al., 2007). Pour Herlesb et Moitra (2001), la manière d’analyser les problèmes ou le sens donné au temps peuvent conduire à de sérieux malentendus chroniques qui rendent difficiles la production d’un service délocalisé. La qualité du service fourni en dépend. Cependant par l’expérience et les interactions fréquentes avec des firmes des pays industrialisés, ces obstacles peuvent être surmontés (Coward, 2003). Ainsi lorsque les deux cultures sont plus proches l’une de l’autre, les firmes réduisent les coûts additionnels qui apparaissent lors de l’apprentissage et de l’acquisition d’informations (Bunyaratavej et al., 2007). Parfois même, l’objectif est de laisser penser aux consommateurs que le service est produit localement (Bunyaratavej et al., 2007).

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Nous recherchons donc les facteurs qui conditionnent le choix de la localisation des activités de service et qui différencient les pays émergents (cf. Fig. 1). D’après la littérature, les facteurs clés sont les salaires et le niveau d’éducation. Les pays émergents attireront plus d’activités de service délocalisées avec un niveau de salaire plus faible et avec un réservoir de personnel qualifié élevé. Cependant, afin de ne pas altérer la qualité du service fourni, il faut trouver un compromis entre la réduction des coûts et le maintien de la qualité. Cette qualité est assurée si les distances géographiques et culturelles ne sont pas des obstacles à la production du service. L’environnement est favorable à la délocalisation lorsque les infrastructures de communication sont suffisamment développées et la stabilité du pays assurée.

Ce survol de la littérature empirique et théorique nous a fourni une vue d'ensemble de cette nouvelle tendance à savoir la délocalisation des activités de service. Toutefois, l’analyse approfondie de l’ensemble de ces études souligne l’impact significatif qu’a ce mouvement sur l’emploi. Ceci étant, le détail de ces études prouve la profitabilité de cette tendance aux économies des pays développés. En réduisant leurs coûts, les pays développés s’orientent vers des activités à plus forte valeur ajoutée. Les approches théoriques mais surtout le travail empirique vont nous permettre d’apporter des éléments de réponse pour les pays en développement.

4. La méthodologie de recherche

4.1. Les données

Notre échantillon est renseigné sur la période (1998 – 2004). La limitation de cette durée à 7 ans est due à l’absence des données plus actuelles. Cet échantillon est constitué d’un ensemble de variables qui tentent de cerner les caractéristiques des pays en voie de développement et les spécificités de services liés aux entreprises. Il s’agit du niveau de salaire moyen, du taux d’éducation supérieur, de la qualité d’infrastructures de Technologie d’Information et de Communication mais aussi la qualité des institutions, la langue, la distance géographique, l’individualisme/ collectivisme et la distance hiérarchique. Ces variables représentent les variables explicatives.

La variable dépendante se définit par le montant total des exportations de services liés aux entreprises ou professionnels rapporté à la valeur ajoutée des activités de service. Elle correspond à l’intensité des flux de services délocalisés de départ des pays développés vers les pays en voie de développement. La capacité de l’ensemble des variables de notre échantillon à coïncider le niveau d’analyse spécificités de services liés aux entreprises avec celui des caractéristiques pays (comme on le montre dans ce qui suit) justifie notre choix de variables.

Notre échantillon est constitué de pays en voie de développement (PED), c’est-à-dire des pays au revenu moyen ou faible d’Asie, d’Amérique Latine, d’Europe Centrale et Orientale (cf. Annexe). Nous nous référons à la définition de la Banque Mondiale qui définit les pays en voie de développement (PED) comme las pays disposant d’un revenu moyen ou faible. C’est le cas des pays se dotant d’un PNB par tête est

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inférieur à 10 066 $ pour l’année 2004. Le panel mobilisé pour notre étude est cylindré.

Pour notre échantillon, les services liés aux entreprises correspondent aux services professionnels tels que les services juridiques, les services de comptabilité, les services de management et de conseil mais aussi les services marchands comme les services de location opérationnelle.

Van Welsum et Vickery [2005] proposent de s’intéresser au volume d’exportations de services lorsqu’il s’agit d’étudier le phénomène d’attraction des délocalisations des pays d’accueil. D’ailleurs, pour étudier les délocalisations de services d’un pays vers l’étranger, Schultze [2004] et van Welsum [2004] s’appuient sur le volume de ses importations.

Aussi pour Amiti et Wei (2004), les exportations sont un proxy de l’« insourcing ». Le terme « insourcing » représente la quantité de délocalisation ou d’« outsourcing » qu’un pays reçoit du reste du monde (Amiti et Wei, 2004). Notre variable dépendante reflète l’intensité d’attraction des délocalisations. Nous utilisons le logarithme des exportations sur la valeur ajoutée. Cette transformation de la variable permet d’obtenir des résultats plus affinés pour la régression. Nous sommes conscients que notre variable ne tient pas compte de toute la complexité de réseaux internationaux de production de services. Il s’agit d’une mesure indirecte du capacité d’accueil des pays en voie de développement des flux délocalisés de services liés aux entreprises. Cette mesure nous permet aussi de faire des prévisions sur le développement de ce phénomène.

4.1.1. Le salaire moyen

Nous utilisons le salaire moyen relatif au secteur manufacturier pour la période 1998 – 2004. Le salaire moyen utilisé est celui du secteur manufacturier puisqu’il n’existe pas de données sur les salaires dans les services pour tous les pays étudiés. Le salaire moyen manufacturier est un proxy qui nous permet tout de même de comparer le niveau des salaires entre les pays.

Par ailleurs comme les pays concernés par l’étude sont des pays émergents ou en voie de développement, leur salaire moyen est déjà inférieur à celui des pays industrialisés. Le fait de délocaliser vers ces pays permet déjà de réduire les coûts. Cet indicateur du salaire moyen est indispensable pour observer que la réduction des coûts est bien l’objectif constant des firmes qui délocalisent.

Aussi, le fait de pouvoir accéder à une main d’œuvre à faible coût compense à la fois les efforts de désintégration du service mais aussi les dépenses supplémentaires quand les services délocalisés sont moins désintégrés.

4.1.2. Le niveau d’éducation

Le taux d’inscription dans le supérieur a été retenu pour décrire le niveau d’éducation dans chaque pays. Le niveau d’inscription dans l’enseignement supérieur est un indicateur du niveau de qualification du personnel. Or les services requièrent un

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personnel qualifié. Les firmes délocaliseront leurs activités de service vers les pays dont le réservoir de personnel qualifié est suffisant. L’accès à ce personnel qualifié leur est ainsi facilité. Nous prenons le logarithme du nombre d’élève dans le secondaire dans notre modèle.

En effet, plus le service a une intensité de la connaissance élevée, plus la firme qui le délocalise cherche une destination dans laquelle elle trouvera un réservoir de personnel qualifié.

4.1.3. Les infrastructures de communication

Pour représenter l’accès aux nouvelles technologies de l’information, nous avons choisi le nombre d’abonnés au téléphone fixe pour mille habitants. Le nombre d’abonnés au téléphone fixe pour mille habitants est un indicateur des infrastructures de communication. Les infrastructures de communication facilitent la circulation des informations pour les affaires. Cet indicateur des infrastructures de communication doit inciter les firmes à y délocaliser des services qui pour être consommés ont besoin du support des technologies de l’information et de la communication.

Il est indispensable pour les pays hôtes, qui reçoivent des délocalisations de services, d’avoir une infrastructure TIC de qualité. Ces infrastructures TIC permettent de rendre les services désintégrés plus facilement exportables.

4.1.4. La qualité des institutions

La note attribuée à la stabilité d’un pays est un indice de la qualité des institutions. Cet indice composite englobe l'indicateur d'efficacité du gouvernement, de respect de la loi et de corruption de la Banque Mondiale. L'indicateur d'efficacité du gouvernement reflète la qualité du service public fourni et l'efficacité des services administratifs. La confiance des agents économiques en leur système judiciaire, l'efficacité et la transparence de la justice et le respect des contrats sont inclus dans l’indicateur du respect de la loi. Quant à l'indicateur de corruption, il mesure la perception du détournement de biens publics à des fins privées.

En effet, les firmes avant de délocaliser leurs activités de service dans un pays cherchent à réduire le risque correspondant à l’environnement des affaires du pays et donc les coûts associés. Cet indice est d’autant plus grand que l’environnement des affaires est stable et donc que la qualité des institutions du pays est élevée. Les activités de service délocalisées devraient logiquement s’orienter vers les pays dont la stabilité est la plus élevée.

Les activités de service plus sensibles, c’est-à-dire dont l’intensité en connaissance est importante, requièrent un environnement stable et sûr afin d’éviter tout litige ou toute spoliation qui conduirait à une perte d’une partie de la connaissance. C’est pourquoi, la délocalisation des activités avec une forte intensité de la connaissance profite aux pays dont la qualité des institutions est élevée.

4.1.5. La distance géographique

Cette variable a été introduite pour observer si les services, grâce au support des technologies de l’information et de la communication, se défont de la contrainte liée au lieu de la consommation. Les services liés aux entreprises se définissent par un

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degré important de connaissance. Ce type de service exige ainsi de fréquentes interactions « face-à-face ».Ces interactions sont de plus en plus coûteuses avec l’accroissement de la disparité géographique entre les marchés donneurs d’ordre et les pays territoires d’accueil. Ainsi, les pays à proximité géographique des pays d’origine sont des pays plus attractifs en termes de délocalisation de services liés aux entreprises.

Les distances géographiques sont calculées entre les pays émergents et la zone de pays qui importe le plus de services, à savoir la distance moyenne avec les Etats-Unis et l’Europe (la distance moyenne avec l’Europe est le résultat de la moyenne des distances avec l’Allemagne, l’Angleterre et la France). Aussi, nous avons pris le logarithme de la distance afin que cette variable s’accommode à l’analyse de régression.

A mesure que le service délocalisé est intensif en connaissance, il exige des interactions en face-à-face fréquents car plus difficilement codifiable contrairement à l’information. La réalisation de ces services devient compliquée lorsque la distance entre les pays est grande. Les pays proches géographiquement des pays de départ ont la capacité d’attirer les délocalisations des services intensifs en connaissance.

4.1.6. Les langues étrangères maîtrisées

Pour attirer un service, il est nécessaire de pouvoir communiquer. L’aptitude à parler une langue facilite la communication entre les pays qui la pratiquent. Les pays émergents ou en voie de développement qui maîtrisent la langue des pays les plus importateurs de service peuvent plus aisément leur exporter des services. Chaque ancienne colonie développe ainsi un potentiel d’exportation. Ce potentiel d’exportation correspond aux importations des pays développés dont les pays d’accueils maîtrisent la langue. L’avantage de partager une culture commune contribue à attirer des services intensifs en connaissance puisque ces services nécessitent des échanges fréquents et complexes. Il s’agit de la maitrise du français, de l’anglais et de l’espagnole.

4.1.7. Le système juridique

Le système juridique inspiré du système anglais est reconnu pour la place qu’il accorde aux droits de propriété et à la protection des investisseurs et créanciers. Ce système s’apparente aussi à des marchés moins régulés. D’ailleurs LaPorta et al. (1998, 1999, 2001) et Djankov et al. (2002) avancent que les pays qui ont système juridique semblable attirent plus d’investissements étrangers à la différence des pays qui ont un système juridique proche du système de droit civil ou romain.

D’autres auteurs comme Lang (2002) souligne que les pays aux système juridique anglo-saxon sont avantagés pour être des territoires d’accueil aux délocalisations. C’est pourquoi, nous avons introduit cette variable qui vaut un si le système juridique repose uniquement sur le système anglo-saxon sinon la valeur est nulle. De plus, nous suggérons que les services qui peuvent bénéficier amplement de ce système juridique anglo-saxon sont ceux qui sont le plus fortement désintégrées.

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4.1.8. La distance hiérarchique

La distance hiérarchique est définie par un fort degré d’organisation de la firme comme le souligne Hofstede. Le système centralisé est associée à une grande distance hiérarchique. Les employés sont sous la responsabilité d’un meneur. Il les supervise et contrôle l’activité. Les pays qui présentent ce type de culture attirent plus aisément les services délocalisés.

La centralisation du pouvoir permet d’éviter la fuite de connaissances utilisées pour la réalisation du service. Quand la connaissance est sensible, il faut un plus grand contrôle et une main d’œuvre plus qualifiée. Les pays émergents et en voie de développement qui veulent attirer ce type de service intensif en connaissance doivent avoir la caractéristique suivante, une distance hiérarchique élevée. La distance hiérarchique a été développée par Hofstede.

4.1.9. L’individualisme

L’appartenance à un groupe demande une adaptation aux intérêts du groupe et conduit à une restriction de la liberté individuelle. Le groupe peut être une firme qui encourage soit le comportement individualiste ou le comportement collectif. Concernant l’individualisme, la communication est le lien entre les individus. Le manager est responsable de la circulation des informations. Ce processus est coûteux pour la firme dans le cas d’activités de service délocalisées. Les coûts du contrôle accroissent les coûts de désintégration car tous ces contrôles augmentent les délais de production.

En revanche, l’aspect collectif assure que les succès et les échecs sont assumés par l’ensemble du groupe et non individuellement. Il y a aussi une connaissance partagée qui ne requière pas des modes explicites d’échange. Ce système stimule le partage de connaissances dans la production du service, et entre les modules du processus de production du service délocalisé. Cette culture du collectif constitue un avantage pour les pays candidats à l’accueil des délocalisations puisque les salariés y sont loyaux. L’indice individualisme résulte des études menées par Hofstede.

4.2. Le modèle

La double dimension des données de panel constitue un avantage décisif par rapport aux autres types de données que sont les séries temporelles et les coupes transversales. Cette double dimension permet de rendre compte simultanément de la dynamique des comportements et de leur éventuelle hétérogénéité, ce qui n’est pas possible avec les autres types de données. En effet, l’utilisation des séries temporelles repose sur une hypothèse d’homogénéité des individus alors que l’utilisation des coupes transversales empêche une approche dynamique des unités d’observation. Alors que l’utilisation des panels permet de tenir compte de l’influence des caractéristiques non observables des unités sur leur comportement, dès lors que ces caractéristiques sont stables au cours du temps.

La double dimension des données de panel peut s’interpréter comme la double dimension de l’information disponible : une dimension individuelle (les pays diffèrent les uns des autres) et une dimension temporelle (les déterminants de chaque pays varient d’une période sur l’autre). Un avantage supplémentaire des données de

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panel, pour l’économètre, est que le caractère individuel des observations conduit dans les procédures de confrontation des théories aux faits observés, à une meilleure adéquation entre le niveau d’analyse des modèles théoriques et celui des observations statistiques. D’autre part, il permet d’éviter certaines difficultés liées à l’agrégation.

L’utilisation des données de panel présente aussi quelques limites. La première réside dans l’importance d’observations aberrantes. Si une observation aberrante apparaît, il convient de la corriger ou de l’éliminer. Il est nécessaire que l’information disponible à la correction soit suffisante afin que celle-ci soit acceptable. En fait, dans la pratique, la grande dimension des échantillons conduit le plus souvent à ne pas effectuer de corrections ou d’imputations, du fait que celles-ci risquent d’induire des erreurs de mesure dommageables à la qualité des estimations. Une autre difficulté dans la pratique est l’existence d’observations non renseignées. Pour ces données manquantes, un raisonnement du même type que celui effectué précédemment pour les observations aberrantes peut être fait. Dans notre cas, les données de panel comprennent l’observation de 19 pays émergents ou en voie de développement pour la période 1998-2004 (cf. Appendix).

Le modèle économétrique utilisé pour notre estimation prend la forme suivante :

ti,i9i8i7i6i5

ti,4ti,3ti,2ti,1i

ismeIndividual Hierarchie JuridiqueLangue)ln(Dist

Stabilite InfraTIC )(TxSupln)(SalairelnVA

Exportln

βββββ

ββββα

où α est une constante et i désigne le pays. Salaire représente le salaire moyen. L’autre facteur clé est TxSup, qui reflète taux d’étudiants dans le supérieur. Les infrastructures de communication sont quant à elles définies par InfraTIC, le nombre d’abonnés au téléphone fixe. La variable Stabilite résulte de la qualité des institutions. Pour la distance qui mesure l’éloignement avec la zone la plus importatrice, il y a la variable Dist. L’habilité à communiquer dans une langue étrangère est capturée dans la variable Langue. Juridique souligne que le système anglo-saxon est approprié pour attirer des investissements et établir des contrats. Finalement, les variables Hierarchie et Individualisme représente respectivement la centralisation et la difficulté à partager la connaissance.

4.3. Les résultats

Nous utilisons le test de Breusch-Pagan afin de choisir entre l’adoption d’un modèle MCO (Moindres Carrés Ordinaires) ou un modèle à effets aléatoires. Il teste l’hypothèse nulle de var(ui)=0. Cette hypothèse stipule que tous les coefficients de la régression des résidus au carré sont nuls. Pour notre modèle, nous ne rejetons pas l’hypothèse nulle puisque p = 0,1513, le degré de significativité étant très faible. L’utilisation d’un modèle OLS est justifiée.

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Intéressons nous en premier lieu à la deuxième partie du tableau relative à la qualité de l’ajustement (cf. Table 1). Le coefficient de détermination ajusté nous apprend qu’environ 66,8% des variations de la variable dépendante sont expliquées par les variables explicatives retenues. La valeur du Fisher empirique (Fisher = 30,16%) est supérieure à la valeur tabulée dans la loi de Fisher-Snedecor ; ceci signifie que l’hypothèse H0 de nullité de coefficient est rejetée, le modèle est globalement significatif.

ln(Export

Business/VA)

Constant -0.372 (-0.23)

ln(Salaire) -0.268 (-2.89)

***

TxSup 0.009 (2.66)

***

InfraTIC 0.003 (3.52)

***

Stabilite 1.058 (6.48)

***

ln(Dist) -0.476 (-2.85)

***

Langue 0.373 (2.27)

**

Juridique 0.943 (5.35)

***

Hierarchie 0.016 (5.59)

***

Individualisme -0.010 (-3.29)

***

R² 0.668 R² adjusted 0.665 Fisher test F(9,123) = 30.16

***

Nb Observations 133

Note : Numbers in parentheses are the student-t values

*** Significance at 1% level

** Significance at 5% level

* Significance at 10% level

Table 1: Les résultats de la régression pour le modèle

Concentrons-nous maintenant sur la première partie du tableau. Pour qu’un coefficient soit significatif, il faut que la valeur absolue du ratio de Student excède la valeur lue dans la table de Student au seuil de 5 %. En comparant les coefficients obtenus à la valeur tabulée, on remarque que les coefficients empiriques de toutes nos variables sont significatifs. Cette significativité est de l’ordre de 1% pour le taux supérieur, la stabilité, la distance géographique, la distance hiérarchique, l’individualisme et le système juridique inspiré du système anglais. La langue est en revanche significative au seuil de 5%. Ainsi l’ensemble de nos variables s’avèrent très fortement significatifs.

Toutefois l’application de ces méthodes nécessite de déterminer les critères sur lesquels se fonde la sélection. Cependant pour effectuer les comparaisons entre les pays, nous devons affecter un poids à chacun des critères. Nous avons déterminé ce poids en évaluant la contribution de chacune des variables à la régression multiple.

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En effet, de nombreuses méthodes de calcul de la relative importance ont été développées pour quantifier la contribution des variables au R². Cependant, la méthode recommandée pour réaliser l’importance relative est la méthode de Feldman (2005) ou encore appelée « pmvd » (proportional marginal variance decomposition). Nous obtenons alors les poids suivants pour les différentes variables, devenues des critères (cf.Table 2).

Critère ln(Salaire) TxSup InfraTIC Stabilite ln(Dist) Langue Juridique Hierarchie Individualisme

Poids 0.05 0.03 0.21 0.24 0.12 0.17 0.03 0.11 0.04

Table 2: Le poids des critères

D’après les poids obtenus pour chaque critère, l’intensité en connaissance dans les services liés aux entreprises, qui regroupe le taux supérieur, la stabilité, la distance géographique, la langue et la distance hiérarchique, est prise en compte à 67% dans le choix de la localisation. Quant au degré de désintégration du service, il est lié au salaire, à l’infrastructure TIC, à l’individualisme et au système juridique inspiré du système anglais et contribue à 33% dans le choix de la localisation. Toutefois, la régression explique 66.8% des variations de la variable dépendante, c’est-à-dire de l’intensité des délocalisations des activités de service services liés aux entreprises vers ces pays.

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Année 1998 Année 2004

Fig. 2 : Le classement des pays pour 1998 et 2004 sur la base des critères relevés

Les méthodes Electre ont été développées avec pour objectif de dépasser les problématiques de choix et reposent sur la notion de surclassement émise par Roy et Bertier (1971). Tout d’abord dans l’application d’Electre Tri, « la relation de surclassement S ne sert pas à comparer les actions de A entre elles mais à les comparer indépendamment les unes des autres à des actions de référence bh » (Roy et Bouyssou, 1993, 389). Pour chaque groupe de classe supérieure, moyenne et inférieure, il y a des pays moyens de référence qui délimitent la frontière entre ces classes. Pour la frontière entre la classe supérieure et moyenne, nous avons pris pour chaque critère le 70ème centile et pour l’autre frontière, entre la classe moyenne et inférieure, le 30ème centile. Nous avons opté pour le tri optimiste qui est moins restrictif que le tri pessimiste.

Dans Electre III, il ne s’agit plus de comparer les pays à des pays moyens de référence mais de comparer directement les pays entre eux. Cette méthode repose

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aussi sur la notion de surclassement et permet de classer les pays selon que les critères les avantages ou non, dans l’accueil des délocalisations. Enfin, nous regroupons les différents groupes de classe supérieure, moyenne et inférieure et le classement interne de ces groupes et obtenons la figure suivante (cf. Fig. 2).

4.4. L’interprétation

Souvent présenté comme le critère crucial de la délocalisation, la recherche d'avantages comparatifs est un objectif déterminant pour expliquer l'implantation de certaines entreprises dans certains pays émergents. C'est pourquoi, la première et principale raison invoquée par les entreprises pour justifier une décision de délocalisation est la recherche d'un meilleur coût de production et notamment la recherche du plus faible coût salarial. On note dans notre étude que le salaire est négativement corrélé avec l’indicateur de délocalisation pour les services liés aux entreprises ou professionnels. Les écarts de coûts salariaux sont extrêmement variables d'un pays émergent à l'autre. Cette disparité incite les entreprises à procéder à des délocalisations vers une destination au détriment d’une autre. Le lieu de transfert de la production varie notamment en fonction du service à réaliser versus les avantages offerts par le pays d’accueil.

Indépendamment des coûts salariaux ou de façon complémentaire, les avantages comparatifs peuvent résulter de la qualité de système d’éducation. Ce dernier est positivement corrélé avec l’indicateur de délocalisation pour notre échantillon et pour les services liés aux entreprises ou professionnels. Dans un contexte caractérisé d’une part par une pénurie en spécialistes qualifiés et d’autre part par une évolution permanente des compétences techniques dont le besoin des entreprises ne cessent d’être croissant ; les pays bénéficiant de cette tendance sont ceux où la main-d'oeuvre est aussi éduquée que dans les pays d’origine. D’ailleurs, pour les entreprises, le choix du pays destinataire de la délocalisation s’appuie surtout sur le facteur ressources humaines. La qualité du système éducatif se révèle un puissant levier d'amélioration de la qualité de leurs services mais surtout du choix de leur lieu de délocalisation.

D’autres conditions préalables à nos pays méditerranéens et à nos pays émergents sont nécessaires (capacités linguistique) pour être éligibles à la sélection par les multinationales, cette dernière ainsi que la stabilité politique sont primordiales pour les projets de délocalisation, car la clientèle se trouvant à l'étranger est très exigeante vis à vis du service proposé, d'autant plus qu'elle ignore le plus souvent que le fournisseur de ce service est délocalisé. D’ailleurs, ces deux variables sont fortement corrélées avec les exportations, l’indicateur de délocalisation. C’est cette stabilité politique qui instaure un environnement favorable pour le développement des activités liés aux entreprises délocalisées vers les pays émergents. La diversification géographique du lieu de réalisation des services limite les risques politiques qui peuvent avoir un effet néfaste sur la réalisation des services.

Le succès de certains pays émergents dans leurs stratégies d’attraction des délocalisations s’explique pour une large part par l’interaction de l’ensemble de ces éléments mais surtout de la mise à disposition d’infrastructures dédiées aux

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technologies de l’information. Cette variable, qui est corrélée très significativement avec la variation du volume de délocalisation, a su créer une dynamique au sein de laquelle les activités liés aux entreprises ont pu prospérer. Les progrès rapides dans le domaine des TIC conjoint avec la baisse continue des coûts des télécommunications offrent de nouvelles opportunités d’approvisionnement à l’étranger, en particulier concernant les services liés aux entreprises. Les pays disposant d'un réseau de télécommunication performant sont privilégiés par rapport aux autres.

Ces services sont fournis à travers un réseau de télécommunication privé ou public qui supprime la barrière de l’éloignement géographique. Ce qui peut exprimer la corrélation positive entre notre variable et la distance géographique pour le cas de nos pays émergents. On peut se référer au cas de l’Inde comme pays d’accueil. Pour cette destination comme pour la plupart des autres pays émergents l’impact de la distance géographique est négligeable. Les services délocalisés sont donc de plus en plus fournis par des pays très éloignés géographiquement de ceux où ils sont consommés. Ils bénéficient d'un environnement technologique favorable grâce notamment à l'existence d'infrastructures de télécommunication et des équipements de pointe.

Ainsi dans le monde industriel contemporain, il y a de moins en moins de place pour les stratégies conçues à l'échelle d'un seul pays ou d'un seul continent. C'est en toute logique que se constituent des réseaux de production multinationale qui bénéficient d’avantages comparatifs offerts par la maîtrise d’une même langue entre les territoires d’accueil et les pays d’origine. D’ailleurs, jusqu’à présent, les délocalisations étaient dominées par des sociétés délocalisant leurs activités de services au profit d’autres entreprises implantées notamment dans des pays se caractérisant par les mêmes spécificités linguistiques. Ces entités gagnent en termes de réduction de coûts additionnels liés à l’expérience du terrain et à l’abondance des informations sur le pays (Bunyaratavej et al., 2007).

La distance hiérarchique a un impact positif sur la délocalisation des activités de services. Cette variable est d’ailleurs fortement corrélée avec les flux de délocalisation des services liés aux entreprises objet de notre travail. Ces flux s’orientent vers les pays en développement à forte degré de distance hiérarchique. Le système juridique fondé uniquement sur le système anglais, un système qui favorise l’échange de l’information et de même les compétences centrales. Ce contexte juridique procure au pays émergent un pouvoir d’attraction sur les flux des délocalisations de services liés aux entreprises. Finalement, l’élément individualisme/collectivisme est l’un des facteurs importants dans la prise de décision pour les services liés aux entreprises ou professionnels. Il s’agit d’une organisation de la réalisation des services liés aux entreprises qui permet de travailler sur des plages horaires étendues. Cet avantage a permis à un certain nombre de pays de créer un environnement concurrentiel destiné à promouvoir les structures compétitives des services liés aux entreprises ou professionnels.

Les pays en développement mettent ainsi en avant l’offre d’une organisation dont les principales valeurs sont une main d’œuvre loyale et l’assurance d’une protection du contenu. Ces valeurs du collectivisme sont des atouts majeurs pour les pays en développement afin d’attirer les entreprises opérants dans les services liés aux entreprises.

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5. Conclusions

Les progrès rapides dans le domaine des TIC offrent de nouvelles opportunités d’approvisionnement à l’étranger. Ils facilitent l’organisation en réseau du secteur tertiaire et particulièrement pour le segment de services liés aux entreprises. Dans ce cadre, la nature des services demandés par les entreprises va connaître un bouleversement important dont il faut tenir compte dans les stratégies futures des pays en voie de développement.

En effet, la fourniture de services liés aux entreprises exige des pays d’accueil une infrastructure TIC développée.La maitrise de la langue des marchés donneurs d’ordre se traduit par des gains en termes de protection des compétences centrales de l’activité de services mais aussi en termes de réduction de coût. Il s’agit des gains réalisés grâce à la proximité linguistique qui facilite la coordination et le suivi des données générées et utilisées par les systèmes de réalisation de services liés aux entreprises. On cite l’Estonie, la Malaisie, l’Inde, la Slovaquie, la République Tchèque, la Croatie, l’Afrique de Sud et le Costa Rica, les pays les plus attractifs de notre étude. Il s’agit des pays qu’on peut caractériser de « hub » puisqu’ils disposent outre des avantages cités dessus, d’une image de « sécurité ».

La physionomie du marché mondial et ses perspectives d’évolution ouvrent d’immenses opportunités aux pays en développement qui ne doivent pas se contenter d'inciter les entreprises de services à se délocaliser sur leur territoire en soulignant comme atout majeur un coût de main d’œuvre faible. A la différence des résultats attendus, notre régression mais aussi l’analyse en importance relative a révélé que le salaire est loin d’être le critère le plus important dans le choix de la localisation pour l’approche caractéristique de pays et spécificités de services. Les pays en développement doivent, bien évidemment, exploiter pleinement cet atout mais surtout se différencier en proposant une infrastructure adéquate et une main d’œuvre hautement qualifiée. Enfin, les pays en développement doivent se mobiliser de manière à se concentrer sur le type de service où ils sont les plus compétitifs en termes de spécificités de services-avantages pays.

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7. Annexe

Méditerranée et

Afrique

Amérique Latine Asie Europe Centrale

et Orientale

Croatie

Tunisie

Afrique du Sud

Brésil

Costa Rica

Kazakhstan

Inde

Malaisie

Philippines

Bulgarie

Estonie

Hongrie

Lettonie

Lituanie

Moldavie

Roumanie

République Tchèque

Slovaquie

Ukraine

Table 3: Les pays émergents ou en voie de développement

8. Auteurs

Arbia Chatmi (Auteur principl) DEFI, Centre de recherche en Développement Economique et Finance Internationale Département : Développement, Compétitivité et Société Adresse : Château La Farge

Route des Milles 13290 Les Milles Aix-en-Provence

ECOFI- IHEC Carthage, Laboratoire d’Economie et Finance E-mail : [email protected] Karim Elasri DEFI, Centre de recherche en Développement Economique et Finance Internationale Département : Développement, Compétitivité et Société Adresse : Château La Farge

Route des Milles 13290 Les Milles

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Aix-en-Provence E-mail : [email protected]

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