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EHESS La désorganisation de l'agriculture traditionnelle dans l'Ouarsenis Author(s): Djilali Sari Source: Études rurales, No. 47 (Jul. - Sep., 1972), pp. 39-72 Published by: EHESS Stable URL: http://www.jstor.org/stable/20120307 . Accessed: 25/06/2014 01:25 Your use of the JSTOR archive indicates your acceptance of the Terms & Conditions of Use, available at . http://www.jstor.org/page/info/about/policies/terms.jsp . JSTOR is a not-for-profit service that helps scholars, researchers, and students discover, use, and build upon a wide range of content in a trusted digital archive. We use information technology and tools to increase productivity and facilitate new forms of scholarship. For more information about JSTOR, please contact [email protected]. . EHESS is collaborating with JSTOR to digitize, preserve and extend access to Études rurales. http://www.jstor.org This content downloaded from 185.2.32.106 on Wed, 25 Jun 2014 01:25:29 AM All use subject to JSTOR Terms and Conditions

La désorganisation de l'agriculture traditionnelle dans l'Ouarsenis

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La désorganisation de l'agriculture traditionnelle dans l'OuarsenisAuthor(s): Djilali SariSource: Études rurales, No. 47 (Jul. - Sep., 1972), pp. 39-72Published by: EHESSStable URL: http://www.jstor.org/stable/20120307 .

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DJILALI SARI

La d?sorganisation

de l'agriculture traditionnelle

dans POuarsenis

Dans le massif de l'Ouarsenis, l'agriculture dite traditionnelle, celle que les auteurs ont pu d?crire jusqu'au milieu du xixe si?cle, a presque totale

ment disparu1,

et ne s'observe plus maintenant qu'? l'?tat de relique.

Depuis ces t?moignages, en effet, de nombreux facteurs sont intervenus qui

expliquent la d?sorganisation de l'?conomie traditionnelle, en g?n?ral, et

de l'agriculture traditionnelle, en particulier. Une ?tude r?cente, en cours

de publication2, le souligne bien : ce II faut prendre le mot traditionnel dans son sens

plein, c'est-?-dire correspondant aux normes

qui, pendant des

si?cles, ont r?gi ces soci?t?s rurales et assur? leur continuit?. Elles peuvent se d?finir avant tout par l'?quilibre r?gissant les rapports entre le milieu

naturel, les hommes et les ressources, les hommes entre eux. ?

Or il est assez ais? de constater, un peu partout, une

profonde rupture

des ?quilibres. Dans les r?gions montagneuses, il s'agit m?me d'une v?ri table r?action en cha?ne3. L'exemple suivant, relatif ? la partie centrale de

l'Ouarsenis (cf. Fig. 1) qui refl?te le mieux tous les probl?mes du massif, l'illustre bien.

En effet, compte tenu de l'?volution de la propri?t? depuis un si?cle d'une part4, de l'absence presque totale d'activit?s non agricoles et de

l'accroissement d?mographique d'autre part, l'occupation traditionnelle du

sol est de plus en plus gravement perturb?e. C'est ainsi que l'on peut observer l'extension de la c?r?aliculture jusqu'aux pentes les plus fortes, celles qui furent longtemps r?serv?es soit ? l'arboriculture, soit aux essences

foresti?res, tandis que la densit? du cheptel est particuli?rement importante.

1. D. Sari, ? L'?quilibre ?conomique traditionnel des populations de l'Ouarsenis ?, Revue de rOccident musulman et de la M?diterran?e, Aix-en-Provence, 1971, 9, pp. 65-89.

2. ? Les probl?mes de l'agriculture priv?e alg?rienne et ses implications face ? la R?forme

agraire ?, Annales alg?riennes de G?ographie, Alger (? para?tre). 3. D. Sam, Les villes pr?coloniales de VAlg?rie occidentale, Alger, SNED, 1970, pp. 187-197. 4. D. Sari, ? Le d?mant?lement de la propri?t? paysanne dans l'Ouarsenis ?, Revue historique,

Paris (? para?tre).

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40 D. SARI

Fig. 1. ? Localisation de la r?gion

De pl?thoriques troupeaux de caprins sillonnent quotidiennement les a for?ts ?. En revanche la r?gression de l'arboriculture et des cultures

irrigu?es est frappante ? cet ?gard.

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L'AGRICULTURE TRADITIONNELLE DANS L'OUARSENIS 41

LA D?SORGANISATION DE L'OCCUPATION TRADITIONNELLE DU SOL

La r?gression de Varboriculture et des cultures irrigu?es

Le probl?me de la r?gression de l'arboriculture et des cultures irrigu?es est grave, compte tenu tant de ses

cons?quences sur le

plan ?conomique que

de ses effets sur le milieu physique. Peut-on le cerner? Les statistiques officielles sont fragmentaires et impr?cises. Elles nous renseignent sur la

superficie occup?e par les vergers : respectivement 45 ha, 40 ha et 16 ha

dans les communes de Lazharia, B?ni Hindel et Sendjes ; mais elles restent

souvent muettes sur la r?partition par esp?ces, exception faite pour la pre

mi?re des communes cit?es, qui accueille 16 ha de vigne, 10 ha de pruniers, 2 ha d'abricotiers et 1,05 ha de poiriers, de pommiers et d'amandiers. Ceci

n'est point ?tonnant car il s'agit de r?gions isol?es, voire inaccessibles, qui n'ont jamais fait l'objet d'enqu?tes. De plus, les habitants, par m?fiance, ne r?v?lent gu?re l'?tat et l'emplacement de leurs biens.

Par ailleurs, ces chiffres ne rendent pas compte de l'aspect actuel des

vergers, car il ne s'agit pas de plantations typiques des plaines, dont

l'occupation est plus ou moins r?guli?re. G?n?ralement, elles sont discon

tinues, tr?s dispers?es, se r?duisant le plus souvent ? quelques touffes d?sor

donn?es autour des hameaux, le long des s?guias et des sources, autour de

quelques demeures et sur des fragments de terrasses d'oueds. Les vergers

traditionnels, dignes de ce nom, ceux qui se distinguent par l'exub?rance et

la diversit? des esp?ces, qui couvrent enti?rement le sol et les pentes, for mant ainsi de vastes ?lots de verdure compacts, caract?ristiques des pay

sages agraires traditionnels du Maghreb, sont tr?s rares. De tels exemples

ne sont observables que par endroits et exclusivement dans la commune

des B?ni Hindel : notamment dans les boccate1 de Magta', pr?s de la Maison foresti?re de Sidi Ali ben Moussa, entre Bordj Bouna?ma et Bou Ca?d, dans certaines parties des jardins des Ouled Arab, sur le versant septentrional du Sra? Abd El Kader, ? M?tidja et dans quelques fragments de terrasses

de l'Oued Fodda en aval du gu? de Nouadeur, au lieu-dit Zebboudj, dans celles des affluents Oued Sbit, Oued Hamman, Oued Sbaoun. Il s'agit l? de secteurs relativement privil?gi?s, disposant surtout de ressources hydrau

liques abondantes et de terres moins escarp?es. Ailleurs, tant?t les d?bits de sources sont tr?s insuffisants, tant?t des sections de terrasses ne sont

plus irrigu?es, car la reconstruction des canaux devient impossible par suite

de l'ampleur du sapement lat?ral ; de plus de gros efforts sont n?cessaires ? l'entretien de toutes les terrasses complant?es. Apr?s chaque printemps, il faut reconstruire les s?guias et les barrages de d?rivation.

1. C'est la plus petite unit? socio-?conomique dans la r?gion (sing. : bocea), cf. D. Sari, ? L'?qui libre ?conomique... ?, art. cit., p. 85.

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Page 5: La désorganisation de l'agriculture traditionnelle dans l'Ouarsenis

42 D. SARI

La composition des vergers

Les esp?ces les plus r?pandues sont les figuiers, les ch?nes verts ? glands doux, les grenadiers, les abricotiers, les pommiers, les oliviers ; seules les

deux premi?res pr?sentent un int?r?t pour les populations et le maigre

cheptel, le reste ?tant pratiquement n?gligeable. Quelle est l'importance des figuiers ? Dans les communes de Lazharia

et des B?ni Hindel, la moyenne serait d'un arbre par famille ; cela nous

para?t ?tre une sous-estimation pour l'arbre le plus r?pandu dont la

moyenne par famille doit osciller entre deux et cinq. En effet, J. Lizot1 en a compt? 2 291 dans la bocea privil?gi?e de M?tidja en 1965, soit un peu

plus de la moiti? de toute la commune des B?ni Hindel. Mais qu'a-t-il

compt? ? Car en v?rit? le d?nombrement s'av?re difficile, tout figuier se

pr?sentant entour? d'une foule de rejets plus ou moins d?velopp?s. Aussi vaut-il mieux consid?rer avant tout le rendement. Il est en g?n?

ral variable et fonction de nombreux facteurs tels que l'irrigation, l'entre

tien, les conditions climatiques ? notamment le siroco

? peu avant la

r?colte. Dans la commune de Lazharia o? les vergers sont humides et mal

expos?s, les rendements fl?chissent, ils varient de 10 ? 12 kg par arbre ; dans celle des B?ni Hindel, cette moyenne s'accro?t un peu et d?passe

l?g?rement 20 kg ?

quand ne survient pas le guebli ou siroco ? la veille de

la maturation, comme en juillet 1970. Dans ce cas, les fruits tombent et

jonchent inutilement les sols. Par ailleurs, la qualit? et la quantit? d?pen dent ?troitement de l'irrigation. Si celle-ci fait d?faut ou si elle est insuffi

sante, les fruits sont tr?s petits et difficilement ?coulables sur le march?

hebdomadaire ; ces donn?es expliquent que le revenu par famille, en ann?e

moyenne, varie de 18 ? 20 kg pour la commune des B?ni Hindel et de 15 ?

18 kg pour celle de Lazharia. A Lardjem, la r?colte est l?g?rement sup? rieure ? celle des B?ni Hindel.

Partout un certain pourcentage de la production est destin? ? la consom

mation directe. Le reste est en partie conserv? pour l'hiver, en partie destin? aux march?s hebdomadaires. La production des Sendjes est le plus fr?

quemment commercialis?e dans les souks voisins, El Asnam (ex-Orl?ans

ville), El Karimia (ex-Lamartine). Seuls les hameaux situ?s pr?s de la

route Tissemsilt (ex-Vialar)?El Asnam et pr?s de la station thermale de

Hammam Sidi Slimane peuvent vendre un peu. Les villages ?loign?s ne le

font que le jour du march?, car il suffit d'une journ?e pour que les fruits

se g?tent. Le figuier, dont les feuilles sont cueillies ? la fin de l'automne pour le

b?tail, ?tait tr?s r?pandu dans l'espace comme en t?moigne l'aire d'exten

sion des anciens vergers. Le plus souvent, il n'en reste que quelques reliques comme celles des Ouled Ghalia. Abandonn?s ? eux-m?mes, les figuiers se

1. J. Lizot, ? M?tidja, vie mat?rielle et culturelle d'un village alg?rien ?, th?se de 3e cycle, Paris, 1966, ?cole Pratique des Hautes ?tudes ? VIe Section (dactyl.).

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L'AGRICULTURE TRADITIONNELLE DANS L'OUARSENIS 43

multiplient anarchiquement et ne parviennent plus ? se d?velopper, ni m?me ? produire suffisamment, d'autant que bien souvent, les caprins les rongent ? longueur de journ?e. Ces vergers auraient pu se reconstituer facilement

depuis 1947 ? la suite des tentatives faites par la DRS (D?fense et restaura

tion des sols) pour reboiser certains secteurs du bassin versant de l'Oued

Fodda comme le montrent quelques versants dans le douar Chouchaoua, en aval du barrage, chez les B?ni Bou Khanous, pr?s de A?n L?lou. Cepen dant la plupart de ces

plantations ont

disparu et ne

peuvent ?tre renou

vel?es, du fait de l'opposition des populations qui craignent, ? tort, d'?tre

expropri?es par la suite.

Les ch?nes verts cultiv?s sont beaucoup plus r?pandus par le nombre et

pr?sentent des futaies de beaux sujets aux branchages tr?s denses et hauts.

On les rencontre partout au milieu des champs, souvent autour des par

celles, parfois m?me dans les vergers. Il s'agit l?, incontestablement, de

l'arbre le mieux adapt? au milieu, le plus robuste et aussi le plus fixateur

du sol de pente gr?ce ? son r?seau inextricable de racines. A l'?tat spontan?, il couvre d'immenses espaces dans toute la cha?ne, comme le soulignent bien les rapports militaires du xixe si?cle. Il est utile, non seulement pour

l'important volume de bois d?volu tant au chauffage qu'? la production de charbon, mais aussi pour ses fruits (glands), r?serv?s exclusivement

maintenant ? l'alimentation du cheptel durant les semaines d'enneigement. De ce fait, la production n'est plus destin?e comme auparavant, pendant les ann?es de s?cheresse, aux populations les plus d?sh?rit?es. Elle n'est

plus ?changeable contre les c?r?ales du Sersou car elle est insuffisante, en

raison notamment des infections qui s?vissent ? la fin juin, peu avant les

moissons, et qui causent souvent de gros d?g?ts. Mais surtout le nombre des

sujets a fl?chi ? la suite de la surexploitation caus?e par les deux guerres mondiales, alors que les jeunes pousses, continuellement brout?es par les

caprins, restent ? l'?tat de fourr?s rabougris ; de fait les feuilles constituent

pour eux une alimentation de choix, en raison de l'insuffisance, voire de

l'absence, de p?turages.

Comme le figuier, la vigne ?tait tr?s r?pandue. Elle n'est plus repr? sent?e que par quelques ceps se fixant souvent aux troncs des arbres pr?s des habitations et sa dispersion est tr?s grande. Cependant elle se fait de

moins en moins rare sur les terrasses de l'Oued Fodda et de ses affluents.

La production, quoique importante (elle peut atteindre 50 kg dans cer

taines conditions), n'est pas satisfaisante, car les raisins n'arrivent pas

toujours ? maturation par suite de l'apparition fr?quente de parasi toses au cours de ces derni?res ann?es et du non-usage d'insecticide.

La famille consomme une partie du raisin, aliment ? haute valeur nutri

tive, et essaie d'en vendre un peu pour se procurer quelques ressources

mon?taires. Si toute la production ?tait comestible, elle constituerait une

source d'appoint : le prix du kilo vendu au souk aux commer?ants est

de 0,70 ? 0,80 DA. Utilisation et vulgarisation des produits chimiques devraient, sans grande difficult?, ?tre prises en charge par l'APC (Assem bl?e populaire communale) et la DRS : l'une comme l'autre pourraient

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44 D. SARI

en r?pandre gratuitement l'usage

et l'intensifier, notamment ? l'occasion

des souks1.

Le reste de la production fruiti?re est repr?sent? par une faible r?colte

de pommes, de prunes, de coings, mais de qualit? m?diocre, souvent incon

sommables. Seulement les noix, les amandes et les olives pourraient jouer un r?le ?conomique important

car ces fruits, tr?s recherch?s, ont une haute

valeur commerciale ; pourtant on n'en voit gu?re dans les souks et dans les

villages. Ainsi, si nous n'avons pas accord?, d?s le d?but de ce chapitre, ? l'olivier

la place qui devrait normalement lui revenir, ce n'est pas par omission mais

parce que son extr?me raret? dans ces terroirs est d?cevante et exprime ?

elle seule le recul consid?rable de l'arboriculture dans ces secteurs d?grad?s. En effet, c'est ? grand peine que l'on en d?couvre ?? et l? quelques sp?cimens isol?s. A-t-il ?t? d?laiss? par les g?n?rations ant?rieures ? Cette hypoth?se

ne peut ?tre retenue quand

on poursuit les investigations,

notamment dans

les zones les moins accessibles, comme celles de B?ni Hindel, B?ni Bou

Attab, en amont du barrage de l'Oued Fodda sur la rive droite, au nord du

marabout de Sidi Ali A?choun et sur la rive oppos?e. On y trouve partout les traces d'extension d'oliveraies. Pour en avoir une id?e, il convient de remonter le m?me oued jusqu'au lieu-dit bien significatif Zebboudj. Il

s'agit d'une v?ritable oliveraie d'allure moderne qui occupe les terrasses

rharbiennes de l'oued sur environ 2 ha. Repr?sent?e par de beaux sujets

r?guli?rement espac?s, cette

plantation est certainement pr?coloniale

et

remonte sans doute au moins au xvine si?cle. Cependant des signes de

d?gradation sont perceptibles : les vieilles futaies abattues par le vent ne

sont plus remplac?es, les rejets envahissent certains troncs... L?, la produc

tion est enti?rement destin?e ? la consommation, car elle ne peut ?tre ni

vendue, ?tant donn? l'?loignement et les difficult?s d'acc?s, ni transform?e

par suite de l'absence d'huilerie dans la r?gion.

Les jardins

Par ailleurs, les jardins ne cessent de se r?tr?cir ? cause de l'insuffisance

des eaux d'irrigation en ?t?. Il est facile d'observer dans maintes boccate

des faits fort inqui?tants, tels que la faiblesse de d?bit des oueds et surtout

le rabattement du niveau de nombreuses sources dans les fractions de

Khenencha (Ouled Ghalia), Haratza, etc. Dans la premi?re, la source

devient un puits profond de 1,5 m en ?t?, alors que dans un pass? r?cent, ce elle entretenait m?me des jardins ?, disent les habitants. Manquant de ressources hydrauliques, les populations d?laissent de plus en plus ces

cultures.

La production locale est le plus souvent destin?e ? l'autoconsommation et les commer?ants se ravitaillent ailleurs, ? El Asnam g?n?ralement, ?

1. Dans le cadre de la pr?paration de la R?volution agraire, depuis le d?but de l'ann?e agri cole 1971-72, les communes lancent de nombreuses ? campagnes de l'arbre ? ; c'est ainsi qu'en octobre 1971, la commune des B?ni Hindel a distribu? 28 000 plants (figuiers, amandiers, figuiers...).

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L'AGRICULTURE TRADITIONNELLE DANS L'OUARSENIS 45

l'exception d'une infime quantit? de l?gumes et fruits courants disponible durant quelques jours de l'?t?. Aussi est-il symptomatique de constater

l'extr?me raret? des l?gumes, en cette saison, dans le village de Bordj Bouna?ma et au souk de la r?gion, ? l'exception de quelques kilos de

tomates, d'oignons, de poivrons ; il est par exemple difficile de trouver des

pommes de terre ou des haricots. En hiver, seuls quelques secteurs privil?

gi?s ?chappant aux mauvaises conditions climatiques (basses temp?ratures,

fr?quence des gel?es blanches, faible ensoleillement), pratiquent la culture

des navets et des pommes de terre. La production, tr?s faible, ne couvre pas

les besoins des cultivateurs. En g?n?ral, seule la campagne d'?t? est possible,

lorsque l'irrigation est suffisante.

Ainsi cultures irrigu?es et arboriculture restent limit?es. Les plantations sont de plus en plus menac?es par les crues dans les basses terrasses.

Ailleurs, elles sont emport?es par les spectaculaires glissements de terrains

qui se g?n?ralisent depuis 1966-671, comme l'illustrent bien des exemples des Ouled Ghalia, Ouled Arab. Dans la bocea de Sidi Boudjam?m, non loin

de Bou Ca?d, des plantations enti?res sont compl?tement ennoy?es par des masses consid?rables de d?p?ts qui d?valent des hauteurs de Sidi Abd El

Kader, depuis octobre 1969 seulement.

Bien plus, ces plantations ne contribuent plus comme avant ? l'?quilibre de l'?conomie montagnarde. Le fellah assiste, impuissant, ? la destruction

de ces biens et n'attache plus d'int?r?t ? l'arbre qui ne devient productif

qu'au bout de quelques ann?es. Tout au plus,

et en dernier ressort, quand les terrains sont compl?tement ?rod?s et ne renferment pratiquement plus de sols, s'attache-t-il alors ? une essence particuli?re, le figuier de Barbarie

(Opundia ficus Indiana), dont la plantation est la seule possible dans des terrains sans sols. Un paysage typique est ainsi constitu? par l'extension

de ces cultures, celui des horribles schistes ; si elles parviennent ? fixer les terrains ?rod?s, leurs effets sur le plan social sont, en revanche, limit?s car

elles ne fournissent pas une alimentation de base et les possibilit?s de com

mercialisation demeurent pratiquement absentes, en raison de l'isolement

de la r?gion et de son ?loignement des march?s urbains. Une partie de la

production est consomm?e par les familles durant quelques semaines d'?t? et le reste est abandonn?.

Dans les circonstances actuelles, la r?gression et la d?sorganisation de

l'arboriculture sont sans appel. Pr?occup? quotidiennement et sans r?pit de sa subsistance et de celle de sa famille, le fellah doit se consacrer co?te que co?te ? d'autres activit?s. Son micro-verger,

ses quelques

vieux arbres plus ou moins productifs ne lui offrent plus que quelques maigres ressources

1. D. Sari, ? L'aggravation de l'?rosion dans l'Ouarsenis ?, in La g?ographie internationale, Toronto, University of Toronto Press, 1972, I, pp. 87-89.

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46 D. SARI

pendant un mois ? un mois et demi de l'ann?e. Il faut donc qu'il recherche d'autres revenus, suffisants pour passer la longue saison d'hiver, la saison

la plus dure, celle qui l'isole parfois du souk, du moulin, des centres de soins les plus urgents (dispensaire, mairie, ?picerie) et qui, dans certaines boccate, le condamne ? se replier sur lui-m?me. Aussi n'accorde-t-il plus d'int?r?t

qu'? la c?r?aliculture et ? l'?levage. Mais de quelle c?r?aliculture, de quel

?levage s'agit-il dans cette montagne

aux terroirs d?grad?s, aux sols sou

vent squelettiques,

voire absents sur bien des versants, alors que partout

manquent les p?turages ?

Le refoulement de la c?r?aliculture dans les zones dangereuses

Pour serrer de pr?s ce probl?me d'importance capitale pour l'Ouarsenis, on se heurte aux obstacles d?j? rencontr?s dans l'?tude de l'arboriculture :

l'impr?cision ou m?me l'absence de statistiques.

Les diff?rents terroirs

Si la superficie ensemenc?e et r?colt?e demeure partout sous-estim?e, les chiffres concernant la nature et les rendements des c?r?ales cultiv?es

permettent quelques remarques (cf. Tabl. 1). Tr?s faible dans l'ensemble, la moyenne des rendements diff?re l?g?re

ment dans chaque commune. Les variations observ?es d'une circonscription

? l'autre expriment avant tout les conditions climatiques propres ? chaque terroir (exposition) et surtout les donn?es p?dologiques, les conditions tech

niques d'exploitation ?tant un peu partout les m?mes. Selon le Tableau 1, c'est la commune de Lazharia qui appara?t la plus d?favoris?e : elle est

enti?rement comprise dans la haute montagne et renferme des terres peu

a?r?es, trop humides et o? les gel?es sont tardives. Aussi, sauf sur quelques

parcelles relativement privil?gi?es, se limitant ? certains replats d'altitudes et interfluves bien expos?s, et qui sont d?volues en priorit? au bl? dur, seule la culture d'orge est possible. Mais qu'il s'agisse du bl? ou de l'orge, leur

rentabilit? est tr?s m?diocre, voire nulle. Ainsi pour ce qui est du premier les rendements obtenus au cours des trois derni?res ann?es (1966-67, 1967

68 et 1968-69) sont respectivement de 1,5, 2 et 1 qx/ha, soit une r?colte

l?g?rement sup?rieure aux

quantit?s ensemenc?es, compte tenu de la sous

d?claration des paysans. Il en est de m?me pour l'orge dont les rendements ne sont gu?re satisfaisants. Bien qu'il s'agisse d'une c?r?aliculture peu

exigeante et susceptible de s'accommoder de terres l?g?res, les r?sultats

demeurent m?diocres et ne compensent pas ceux du bl?, puisque au cours

de la m?me p?riode, le rendement, apr?s ?tre pass? de 3 ? 4 qx/ha de 1967

? 1968, est tomb? ? 1 q/ha en 1969 ? la suite de la d?ficience des pr?cipita tions au d?but de la m?me ann?e agricole. Il s'agit donc de terroirs par ticuli?rement d?favoris?s o? la c?r?aliculture se r?v?le pr?caire.

A quelques diff?rences pr?s, ceux de la commune des B?ni Hindel pr? sentent les m?mes inconv?nients, m?me si localement ils sont un peu a?r?s

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Tableau 1 Production et

r?partition des r?coltes

Ann?e

1966-67 1967-68 1968-69

Communes Sendjes Lazharia

B?ni Hindel Lardjem

Sendjes Lazharia B?ni Hindel

Lardjem Sendjes Lazharia

B?ni Hindel Lardjem

Sup.

147 800 1338

130 800 1301 3 267 40 800 876

Bl? dur Prod.

Rend* 234

2 400 8 028 260

2 400 7 806 11046 40

2 400 5 256

1,5 3

Bl? tendre

Sup. 35 129 493 53

Prod.

210 774 2 071

371

Rend*

Sup.

173 100 1245

240 100

1090

2 071 50 100 580

Orge Prod.

520 300 6 215

960 300 5 440 8 284

60 400 4 060

Rend*

Total

Sup. 320 900

2 626 370 900

2 520 5 631 90 900

1509

Sup. : Superficie en ha. ? Prod. :

Production

en qx. ? Rend* : Rendement en qx/ha.

M a d H d w o S! M F M ? c? O* g c? M 3 ?t ̂

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Page 11: La désorganisation de l'agriculture traditionnelle dans l'Ouarsenis

48 D. SARI

et renferment parfois des sols assez ?quilibr?s quand ils sont conserv?s.

Aussi les rendements sont-ils l?g?rement sup?rieurs : 3 qx/ha pour le bl? et sensiblement de m?me pour l'orge. En revanche, le bl? de nature trop

exigeante est exclu dans les deux communes1. Ainsi la zone

montagneuse

n'offre-t-elle gu?re de dispositions favorables ? la c?r?aliculture, d'autant

que cette derni?re ?tait auparavant trop limit?e dans le temps, contrai rement d'ailleurs ? ce que l'on observe ? l'heure actuelle.

Dans les deux autres communes, les conditions sont nettement meil

leures. A la bonne exposition de la majeure partie des terres, il convient

d'ajouter la diversit? et la qualit? des sols notamment des basses et

moyennes terrasses des oueds Tsighaouat, Mellah et Lardjem. Seuls cer

tains secteurs sont ravin?s et d?grad?s. Aussi, les rendements, m?me

officiels, sont-ils meilleurs : 6 qx/ha pour le bl? dur, un peu plus pour le bl?

tendre (7 qx/ha) et un peu moins pour l'orge (environ 5 qx/ha). La chute

des rendements ? Sendjes s'explique par une raison d?j? invoqu?e : la

d?ficience des pluies d'automne en 1968, d'autant plus qu'il s'agit de terres

relativement s?ches en raison de leur situation g?ographique. Aussi des diff?rences sensibles existent-elles entre les terroirs de la zone

montagneuse (Lazharia et B?ni Hindel) et ceux du versant nord et de

Lardjem. Cependant partout les rendements sont tr?s faibles. Quels en sont

alors les effets sur les populations ? Pourquoi s'acharne-t-on, dans la mon

tagne, ? labourer ces terres particuli?rement ingrates puisque l'on sait

d'avance les r?sultats que l'on en peut escompter ?

Les exploitants de Sendjes

Il convient ici de d?terminer la superficie moyenne des exploitations. A cet ?gard les statistiques officielles sont soit inexistantes, comme dans les communes de Lazharia et Lardjem, soit fragmentaires comme ? Sendjes.

On peut examiner pour cette derni?re la ventilation des exploitants par

cat?gorie d'exploitation (cf. Tabl. 2 et Fig. 2), en regrettant l'absence de

renseignements pr?cis quant aux

superficies.

Le nombre total des exploitants (1 254 et 1 096 respectivement en 1966

67 et 1967-68) est proche de celui des paysans-propri?taires qui est de 1 112.

La quasi-totalit? des petits propri?taires cultivent leurs terres, m?me dans

le cas de familles comptant un ou deux membres ?migr?s. Les locations

et les autres formes d'exploitations indirectes concernent en premier lieu

les terres des absent?istes, citadins et n?o-citadins, et une partie de celles

des moyens et gros propri?taires. Cette superficie est avant tout recherch?e

par les entrepreneurs de cultures, les propri?taires de tracteurs (cinq gros

propri?taires fonciers). En effet, la m?canisation est relativement importante ? Sendjes comme

le montre la superficie moissonn?e ? l'aide de moissonneuses (600 ha) et

1. Tous les travaux agricoles en g?n?ral et les rites accompagnant les labours en particulier, sont fort bien d?crits par J. Lizot, op. cit.

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L'AGRICULTURE TRADITIONNELLE DANS L'OUARSENIS 49

Tableau 2

Ventilation des exploitants par cat?gories d'exploitations dans la commune de Sendjes

Cat?gories

d'exploitations

Plus de 100 ha 50-99 ha

20-49 ha

5-19 ha

Moins de 5 ha

Total

Nombre d'exploitants

1966-67

N

3

3

13

667 568

1254

%

0,24

0,24

1,03

53,19

45,30

100

(34,05*)

1967-68

N

1

4

12

550 529

1096

%

0,09

0,36

1,09

50,20

48,26

100

(29,75*)

* Par rapport au nombre total des chefs de famille de la commune, qui s'?l?ve selon les statistiques de l'APC ? 3 683.

moissonneuses-batteuses (2 800 ha), soit 3 400 ha sur 5 631 ha en 1968-69, selon les sources officielles, mais ces derniers chiffres demeurent tr?s sous

estim?s; la superficie exploitable annuellement dans cette commune doit ?tre au moins ?gale ? la moiti? des terres agricoles utiles, en tenant compte des parcelles en friches. Or la surface des terres priv?es recens?es par la direc tion des Imp?ts est de 16 381 ha, superficie elle-m?me inf?rieure ? la r?alit?.

Quoi qu'il en soit, les progr?s de la m?canisation dans cette commune sont loin de traduire l'?volution des campagnes, mais soulignent, au

contraire, un fait r?cent, celui de nouveaux rapports exploitants-propri?

taires. L'entrepreneur de cultures ne pr?l?ve-t-il1 pas de plus en plus des

profits capitalistes sur les campagnes ? Ces pr?l?vements ne traduisent-ils

pas aussi d'autres aspects du monde rural : l'insuffisance des revenus,

l'absence de groupement de paysans... ? C'est ainsi que la r?colte de la

plus petite cat?gorie d'exploitation, soit 4 ha dont 2 ha en bl? dur et

2 ha en orge, ne donne, d?duction faite des semences, que 6 ? 7 qx pour la

premi?re c?r?ale et 8 ? 10 qx pour la seconde, soit au total moins de 20 qx et en valeur 700 ? 800 DA. Quant ? la r?colte d'une unit? de production de 5 ? 19 ha, compte tenu des remarques formul?es pr?c?demment, elle

peut s'?lever ? une cinquantaine de quintaux (15 ? 18 qx de bl? dur, 20 ?

25 qx d'orge et 12 ? 14 qx de bl? tendre), soit, en valeur, pr?s de 2 700 ?

2 900 DA.

1. Ce point a ?t? particuli?rement bien soulign? par les participants au IIe Colloque de G?ogra phie maghr?bine qui s'est tenu ? Cherchell (Alg?rie), du 23 au 28 septembre 1970.

4

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Page 13: La désorganisation de l'agriculture traditionnelle dans l'Ouarsenis

50 D. SARI

Or dans le premier cas, la production est nettement insuffisante pour

une famille et correspond ? seulement la moiti? de ses besoins que l'on estime ? 40 qx/an1 et dans le second cas, la c?r?aliculture parvient tout juste ? subvenir aux besoins, mais seulement lors des ann?es moyennes. Les

paysans ne peuvent alors investir dans leurs terres et sont condamn?s aux

pratiques ancestrales de l'extensivit? des cultures (jach?re, non-utilisation

d'engrais chimiques). Les seuls exploitants qui ?chappent ? ces conditions sont ceux ?

d'ailleurs peu nombreux ?

qui disposent d'unit?s de produc tion sup?rieure ? 20 ha sur lesquelles ils obtiennent de bonnes r?coltes ; ils

peuvent en commercialiser une

partie, mais en r?gle g?n?rale les capitaux

ne sont pas r?investis sur place.

Ainsi cette commune enti?re met en ?vidence les probl?mes inh?rents ? cette forme d'utilisation des sols, ind?pendamment de l'irr?gularit? de la

production : la masse des exploitants subsiste difficilement tandis que le

sous-emploi est tr?s ?lev? et ne cesse de s'aggraver par suite de l'accroisse

ment d?mographique, de la faible attraction d'El Asnam dont les quartiers regorgent de populations d?racin?es sans travail. De plus, partout dans ces

terres, les cultures extensives d?peuplantes

sont exclusives, comme le

montre bien l'exemple des terres autog?r?es de la commune elle-m?me, qui n'utilisent que 78 travailleurs permanents et 150 saisonniers durant les

principales campagnes agricoles2. Cette faiblesse de l'emploi dans le secteur

autog?r? se retrouve ?galement dans toute la wilaya (d?partement) en

dehors des ?lots de cultures intensives3.

La situation est peu diff?rente dans la commune de Lardjem, m?me si le sous-emploi y est relativement moins important. La m?canisation est

encore faible par suite de l'?loignement des centres urbains de Tissemsilt et

Tiar?t. M?me le domaine autog?r? de Souk El Had rencontre des difficult?s

pour entretenir son mat?riel et ne peut faire appel aux soci?t?s de location de machines.

La c?r?aliculture montagnarde

Beaucoup plus grave est la situation des terroirs compris int?gralement dans la zone montagneuse. Les deux communes des B?ni Hindel et de

Lazharia sont caract?ris?es par des densit?s relativement importantes (40 ? 50 hab./km2 et m?me plus dans certaines parties), par de s?v?res conditions physiques et par des formes d'occupation souvent incompatibles avec les donn?es naturelles du milieu. L?, parall?lement ? la r?gression de

l'arboriculture, la c?r?aliculture ne cesse de s'?tendre : alors qu'au milieu

du xixe si?cle elle n'occupait que la moiti? des terroirs cultivables de chaque tribu, et parfois moins comme chez les B?ni Lhassen, elle est aujourd'hui

1. L. Chevalier, Le probl?me d?mographique nord-africain, Paris, PUF, 1947, p. 41. 2. D. Sabi, ? Un domaine de la vall?e du Ch?lif, le domaine autog?r? de Sidi Okba ?, Annales

alg?riennes de G?ographie, Alger, 1969, 8, juil.-d?c, p. 116. 3. Les effectifs du secteur autog?r? qui s'?l?vent ? 11 300 ne repr?sentent que 8,2 % de la popu

lation agricole de la wilaya (Revue statistique, Alger, minist?re de l'Agriculture, 1968, 7, d?c, p. 26).

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Page 14: La désorganisation de l'agriculture traditionnelle dans l'Ouarsenis

l'agriculture traditionnelle dans L'OUARSENIS 51

partout pr?sente, depuis les basses vall?es jusqu'aux moindres replats d'altitude. Mais comment

interpr?ter cette extension et ses

cons?quences ?

L'examen de la r?partition des exploitations dans ces communes

(cf. Tabl. 3 et Fig. 2) n'est pas d?pourvu d'int?r?t.

Tableau 3

R?partition des exploitations dans les communes de Lazharia et des B?ni Hindel

Cat?gories

d'exploitations

50-100 ha

20-49 ha

5-19 ha

Moins de 5 ha

Total

Lazharia

Superficie

ha

290 290

2 250 1050

3 890

%

7,4

65,6 27

100

Exploitants

N

1

420 560

992

1,2

42,3

56,5

100

B?ni Hindel

Superficie

ha

550 2 950 3 320 2 250

9 070

6,1

32,5

36,6

24,8

100

Exploitants

N

8

96

625 1220

1949

%

0,4

4,8

31,7

63,1

100

On constate d'une part, que dans les deux communes, plus de la moiti?

des exploitants ?

56,5 % pour Lazharia et 63,1 % pour B?ni Hindel ?

cultivent environ le quart des terres ? respectivement 27 % et 24,8 %

?

sur des exploitations inf?rieures ? 5 ha. D'autre part, le degr? relatif de

concentration des terres diff?rencie B?ni Hindel de Lazharia : 5,2 % des

exploitants utilisent 38,6 % des terres, et les 0,4 % d'entre eux qui poss? dent 6,1 % de la superficie en tr?s grandes exploitations, font figure de

minorit? privil?gi?e ayant seule la possibilit? de commercialiser une partie de la r?colte. On d?nombre parmi eux deux gros propri?taires de B?ni Cha?b, deux commer?ants r?sidant ? Bordj Bouna?ma et deux propri?taires origi naires de ce centre, dont les exploitations se trouvent ? B??zid. A c?t? de ces

huit notables poss?dant ensemble 550 ha, ceux de Lazharia ? douze culti vateurs qui exploitent 290 ha dans des exploitations moindres ? ont plus

petite allure, m?me s'ils subsistent assez ais?ment. Ce fait et son corollaire,

l'inexistence d'exploitations de 50 ? 100 ha, expliquent la quantit? de terres

dont disposent les exploitants de la cat?gorie interm?diaire par rapport ? leurs homologues des B?ni Hindel. Dans les deux communes, la situation

n'est gu?re satisfaisante pour cette cat?gorie,

car m?me en ann?e exception

nelle, les besoins minimaux ne peuvent ?tre assur?s. Ainsi pour une unit?

d'exploitation de 15 ha, d?duction faite des semences seulement, la produc tion oscille en ann?e normale entre 30 ? 35 qx d'orge, ou 35 ? 40 qx de bl?

dur. La situation des petits exploitants est bien pire : sur une superficie de 2 ha, on obtient 6 ? 8 qx d'orge en ann?e moyenne ; 5 ? 7 qx en tenant

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52 D. SARI

REPARTITION PROPORTION PAR CAT?GORIES PAR RAPPORT A D'EXPLOITATIONS LA POPULATION TOTALE

I I I I I 0 5 20 50 100 hectares

exploitations

Fig. 2. ? Les exploitations agricoles : leur r?partition par cat?gories d'exploitations, leur proportion par rapport ? la population totale

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l'agriculture traditionnelle dans l'ouarsenis 53

compte des semences, ce qui veut dire qu'il arrive souvent que la r?colte

soit tout juste ?gale aux semences, voire inf?rieure. Ainsi la c?r?aliculture ne r?sout pas le probl?me de la subsistance de la quasi-totalit? des paysans

exploitants, qui se r?v?le comme d'autant plus aigu, que les produits des

micro-jardins et potagers s'amenuisent et n'assurent plus de provisions

pour la longue saison d'hiver.

Que faire dans ces conditions et comment justifier le nombre ?lev? de ces chefs de familles non-exploitants (42,7 % ? Lazharia, 57,6 % ? B?ni

Hindel) ? N'y a-t-il pas d'autres lopins ? labourer l?galement ou ill?gale ment, publiquement ou clandestinement, qui expliqueraient l'extension des

cultures ? R?cemment encore, certains pouvaient ?tendre leur terre par la

location de parcelles de biens domaniaux, souvent compos?s de bons sols.

De leur c?t? les riverains grignotaient les for?ts et continuent d'ailleurs

? y d?fricher. D'autres occupent en permanence les anciennes et les nou

velles clairi?res. C'est surtout depuis la guerre de Lib?ration que ces der

ni?res se sont ?tendues et couvrent des superficies notables, ? la suite des

bombardements massifs au napalm. On les d?couvre facilement dans les

boce?te isol?es comme celles des Nahahla, Nouadeur, Khanancha chez les

Ouled Ghalia, qui sont devenues de v?ritables propri?t?s priv?es. Depuis, et

exception faite des zones isol?es, les emblavures sont stationnaires, voire en

r?gression. En effet, depuis trois ans, les locations de biens domaniaux, communaux, sont suspendues tandis que la protection des for?ts se renforce

de plus en

plus, notamment dans les secteurs les

plus accessibles. Jusque-l?, l'insuffisance d'intervention des Eaux et For?ts, due au manque de per sonnel, n'avait pu enrayer la d?gradation des terroirs : l'ampleur des ph?no

m?nes d'?rosion dans les terres escarp?es, l'apparition de bad lands et leur

extension, ainsi que les glissements de terrain observables ces derniers mois,

ont fait reculer consid?rablement la c?r?aliculture et imposent parfois l'?vacuation des populations.

Cependant quelles que soient les superficies conquises, les probl?mes demeurent, s'aggravent

et se compliquent

: sans satisfaire les besoins des

populations, la hache et la charrue viennent ? bout du couvert forestier,

?l?ment essentiel de l'?quilibre physique, et livrent efficacement et s?re ment de nouvelles superficies aux diff?rents agents de l'?rosion, le cancer

des terroirs de pentes. Or ? ces redoutables fl?aux s'ajoute le danger non

moins grave que constitue le cheptel et en

particulier les caprins. C'est sur

l'?levage que compte la quasi-totalit? des familles, car c'est pour la plupart d'entre elles la principale

ressource.

JJ extension de V?levage

Des sondages et des s?jours prolong?s sur le terrain permettent de pallier les d?fectuosit?s des statistiques. Le Tableau 4 et la Figure 31 soulignent

1. Donn?es communiqu?es par les APC des B?ni Hindel et la Chefferie des Eaux et For?ts de

Bordj Bouna?ma, pour l'ann?e 1969.

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54 D. SARI

' 7

/ 10 kn

/ SENDJES

BENI BOU ATTAB

LARDJEM

caprins

officiel

probable .

Fig. 3. ? R?partition du cheptel

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l'agriculture traditionnelle dans l'ouarsenis 55

pour les communes montagnardes l'importance des caprins et, secondaire

ment, celle des ovins dans la commune des B?ni Hindel. En ce qui concerne

les ?quid?s, indispensables aux ruraux, car seul moyen de locomotion ? tra vers ces secteurs accident?s, leur nombre en est

beaucoup plus ?lev? que

l'effectif recens?, et il est g?n?ralement admis que chaque chef de famille

compte au moins un ?ne et

parfois un mulet, comme on

peut le constater

le jour du souk. Le reste du troupeau, qui forme l'essentiel, pourvoit ? l'autoconsommation des populations. L'apiculture, jadis tr?s r?pandue, est

pratiquement invisible, tandis que l'aviculture est tr?s r?duite et ses pro duits d'abord destin?s ? la famille : ce n'est que dans le souk de Bordj Bouna?ma et Souk El Had que l'on peut compter quelques dizaines de

poulets vendus par semaine et quelques centaines d' ufs que viennent

ramasser les commer?ants ambulants des centres voisins, El Asnam et

Tissemsilt. Quant aux bovins, il s'agit essentiellement d'une esp?ce locale

tr?s robuste et tr?s peu productive ; la plupart des exploitants pr?f?rent ?lever des veaux et les revendre d?s l'approche de l'hiver, en raison de l'in

suffisance de paille, de fourrage et de p?turages, ce qui gonfle les effectifs

r?els. La possession d'une vache constitue d?j? un certain signe d'aisance.

Elle donne, en effet, 4 ? 4,5 litres de lait par jour durant les deux premiers mois de lactation, puis 1 ? 2 1 pendant 3 ? 4 mois, soit une production moyenne annuelle de 4101 environ. De plus, elle offre un veau ou une g?nisse que le fellah vend tr?s t?t ? raison de 150 ? 200 DA. Ainsi le revenu annuel n'est pas n?gligeable mais il n'int?resse que le cinqui?me ou le quart des familles dans l'ensemble de la r?gion montagneuse. Les conditions naturelles ne sont

gu?re favorables aux ovins. Alors qu'ils sont

pratiquement inexis

tants dans la commune de Lazharia, les familles relativement ais?es en

poss?dent dans la commune des B?ni Hindel, o? ils se m?lent sporadique ment aux caprins. On estime le revenu d'une brebis ? 150 ou 200 DA par an.

Tableau 4

Le cheptel dans les communes

de Lazharia et des B?ni Hindel

Cheptel B?ni Hindel Lazharia

Bovins 1 050 370

Ovins 1 800

Caprins 8 900 2103

?quid?s 320 237

Tout autre est la situation du troupeau de caprins, comme semble le mettre en ?vidence le Tableau 4 qui est loin pourtant de refl?ter la r?alit?.

Selon ces chiffres : 2 103 ? Lazharia et 8 900 chez les B?ni Hindel (compt?s sur le territoire des communes), la moyenne par famille serait sensiblement

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56 D. SARI

?gale ? deux t?tes. Or cette moyenne correspond s?rement ? une sous

estimation, notamment dans certains secteurs des boccate les plus isol?es et les plus d?sh?rit?es, car les troupeaux sont partout pr?sents, y compris dans le village m?me de Bordj Bouna?ma qui accueille chaque soir un

nombre consid?rable de b?tes. Ensuite, il suffit de s?journer longtemps dans la r?gion, de surprendre les troupeaux vers midi ? certains points d'eau et sources, notamment celle d'A?n Bergoug (? la crois?e des trois douars de B?ni Hindel, Zakkor et Ouled Ghalia), de visiter de bien pauvres

mais hospitali?res demeures, d'observer certaines for?ts et de faire quelques sondages pour s'en convaincre.

Aussi n'est-il pas impossible que la moyenne se situe autour de 4 ? 5 t?tes

par famille ; cependant certains m?nages comptent facilement 15 ? 20 b?tes

y compris les chevreaux. On peut donc estimer le troupeau caprin de la commune des B?ni Hindel ? 20 000 ou 22 000 t?tes, celui de Lazharia ? 8 000 ou 10 000 t?tes et celui de Lardjem ? environ 14 000 t?tes. A des

moyens minimaux de subsistance correspond un effectif maximum de

caprins. Sans eux, la situation de ces populations serait

dramatique. Le

troupeau familial procure des ressources non seulement importantes, mais

surtout r?guli?res et tr?s recherch?es pendant les moments difficiles de l'ann?e. En effet, la ch?vre, ce la vache du pauvre

? comme on l'appelle

commun?ment, donne 2 000 1 de lait environ par an, 2 ? 3 chevreaux, du

cuir, des poils pour le tissage et de la viande au moins une fois par an, le

jour de F Aid El Kbir, soit au total un revenu de 85 ? 90 DA. Le troupeau familial de 4 ? 5 ch?vres rapporte donc 400 DA annuellement environ. Pour bien des familles, environ la moiti? des zones isol?es, ces ressources assurent une bonne partie de la subsistance (cf. en Annexe I, pp. 68-71, les diff?rents types de budgets). Aussi leur est-il impossible de renoncer aux

caprins, d'autant plus que l'entretien de ces derniers ne leur co?te rien. Les

b?tes sont purement et simplement livr?es aux

maquis sous la protection

des gar?ons et fillettes. Le probl?me de l'alimentation de ce cheptel est s?rieusement pr?occupant. Compte

tenu des effectifs actuels des caprins et de l'?tat du couvert dans toute la cha?ne, en particulier de la d?gradation du bassin versant de l'Oued Fodda, tout l'?quilibre de la r?gion risque d'?tre

gravement compromis. Le maquis de ch?nes verts, constamment brout?,

ne cesse de s'?tendre. Partout, les d?g?ts sont spectaculaires, comme le fait

remarquer J. Monjauze : ce II [le parcours] constitue le mod?le le moins rentable parce qu'il r?duit le capital biologique au niveau le plus bas. Tel

qu'il est pratiqu?, et naturellement tel qu'il conduit la pens?e des popula tions qui le pratiquent, le parcours maintient l'?tat de sous-d?veloppement... Il constitue l'inverse de l'am?nagement, de la construction et de l'investisse

ment dans les campagnes. ?*

Parall?lement aux ressources (pr?s de la moiti? de leurs revenus) qu'il procure aux populations les plus d?sh?rit?es, soit 43 % des fellahs sans terres

1. J. Monjauze, ? Probl?mes du reboisement ?, Annales alg?riennes de G?ographie, Alger, 1968, 5, janv.-juin, p. 28.

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l'agriculture traditionnelle dans L'OUARSENIS 57

et 35 % des minimifundiaires, cet ?levage pl?thorique constitue un grave

danger pour les derni?res for?ts, r?duites le plus souvent ? de mauvais

maquis clairsem?s, au moment o? les d?frichements abusifs s'intensifient.

Les effets socio-?conomiques

Les diff?rents aspects que nous venons d'analyser mettent en ?vidence les graves cons?quences de ces formes d'occupation, la fragilit? et l'insuffi sance des ressources qu'elles procurent. L'?tude de quelques types de bud

gets familiaux permet de mieux appr?hender leurs effets directs sur les

populations.

Type de budget de chef de famille sans terre et sans exploitation (cf. Annexe I, p. 68)

Le budget des familles d?munies de terre est le plus bas de tout l'Ouar

senis, voire du reste du territoire national. C'est aussi le plus courant de toute la r?gion ?tudi?e. Les ressources proviennent essentiellement de

l'?levage caprin, des chantiers de DRS (un mois en moyenne chaque ann?e), du travail saisonnier durant les principales campagnes agricoles, dans la

r?gion ou dans les r?gions voisines (Ch?lif, Sersou), et des produits de

la cueillette dans les for?ts (glands, bois revendu). L'ensemble de ces res

sources approche mais ne d?passe gu?re 1 000 DA pour une famille de cinq membres ; ce chiffre peut s'?lever dans certains cas, par exemple

si l'un

des membres de la famille a droit ? la pension de chouhada (martyrs)1. Pr?s

de la moiti? de ce revenu (48 %) est fournie par la for?t (43,3 %), par

l'?levage caprin qui en vit exclusivement et 5,3 % par la cueillette ; le reste

provient des salaires ; 21,5 % de ces derniers sont vers?s par la DRS. Ces revenus concernent environ la moiti? des habitants des communes de

Lazharia et des B?ni Hindel, soit respectivement 4 500 sur 11 050 per sonnes (40,7 %) et 14 500 sur 27 000 (56,7 %). Dans les douars de Tem

drara, Chouchaoua, B?ni Bou Attab, Bethia, El Meddad, la proportion est

de 50 ? 60 %. Dans l'ensemble, il s'agit de ressources tr?s pr?caires et diffi

ciles ? assurer r?guli?rement, mais qui sont indispensables au maintien des

populations encore accroch?es ? ces pentes foresti?res d?grad?es qui ne

survivent que gr?ce ? l'?levage des caprins et au travail saisonnier, pour tant de plus en plus difficile ? trouver. C'est en ces termes que se pose le

probl?me humain de ces r?gions. Un peu plus de la moiti? des revenus (64,4 %) est destin?e ? l'achat de

c?r?ales, soit une quinzaine d'orge et de bl? : c'est l'alimentation de base, la seule que l'on puisse s'offrir quotidiennement sous forme de couscous et

de pain que la m?nag?re pr?pare et fait cuire elle-m?me avec des brindilles

1. Pr?cisons que, dans ce cas, une veuve touche 450 DA par trimestre, chaque enfant 90 DA et

chaque ascendant 215 DA.

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Page 21: La désorganisation de l'agriculture traditionnelle dans l'Ouarsenis

58 D. SARI

et des touffes de cistes. On compl?te ce menu par le Vben, ou petit lait, boisson la plus populaire mais dont on est priv? pendant de longs mois.

Quant au lait, il est r?serv? en priorit? aux nourrissons ; il est servi excep tionnellement le matin avec le caf?, ou m?lang? aux quelques grammes de

beurre qui accompagnent le couscous. Les produits laitiers sont, en effet,

tr?s insuffisants et ne repr?sentent que 15,9 % des d?penses. A ce menu

presque invariable tout au long de l'ann?e, s'ajoutent, en hiver, des plats de r?sistance constitu?s de l?gumineuses (f?ves, pois chiches, lentilles, assai

sonn?s d'huile, de beurre et parfois de viandes s?ch?es) et de rago?ts de

pommes de terre ; en ?t?, divers fruits (figues, figues de barbarie, melon,

raisin). Seules la f?te de l'A?d El Kbir et celle du saint local introduisent

quelques changements. Au cours de la premi?re, durant deux ou trois jours, la viande est servie en abondance et ? l'occasion de la seconde, on se ras

sasie de couscous et de friandises.

Un tel menu est dans l'ensemble tout juste suffisant quand la famille ne

compte pas plus de cinq membres, puisque dans ce cas, chacun d'eux

consomme environ 600 g de pain et de couscous. Il est tr?s difficile de dire

s'il existe des cas de sous-alimentation ou d'inanition, car les int?ress?s n'en

parlent pas et aucune enqu?te s?rieuse ? ce sujet n'a ?t? faite. Tout au plus, de longs s?jours

sur le terrain nous permettent-ils d'avancer que rares sont

les habitants n'ayant pas mang? depuis plus de 36 ? 40 heures cons?cutives.

Mais on ne saurait affirmer que la sous-alimentation, durant certaines

p?riodes et aussi br?ves soient-elles, n'existe pas. Cependant plus que la

quantit?, c'est incontestablement la qualit? de l'alimentation qui retient

l'attention, surtout quand elle concerne la population en bas ?ge, la plus nombreuse. En effet, le menu comporte essentiellement des f?culents

(l?gumes secs), du pain et du couscous. Les produits laitiers sont insuffisants, les fruits et l?gumes frais, les protides sont tr?s rares. Or de telles d?ficiences

sont n?fastes pour l'organisme et peuvent s'accompagner de graves d?s?qui

libres. Exprim?s en valeur ?nerg?tiques, ces aliments approchent mais ne

d?passent pas 2 000 calories par jour1. Sans doute la malnutrition n'est-elle

pas rare, mais il est d'autant plus difficile de le savoir que la population est

tr?s dispers?e et par cons?quent souvent ?loign?e de l'unique m?decin de

Bordj Bouna?ma ou des centres m?dicaux. La quasi-totalit? des revenus

est r?serv?e ? l'alimentation et le chef de famille ne peut consacrer plus de

50 DA par an ? l'achat de v?tements. Il s'agit plut?t de friperie achet?e au

souk, la plupart des habits ?tant tiss?s par la famille.

Ainsi, souvent, plus de la moiti? des habitants de ces douars et communes

subsistent ? la limite du seuil critique de la sous-alimentation et de la mal

nutrition, d'autant plus que leurs maigres revenus d?pendent ?troitement

de for?ts d?grad?es et d'un march? du travail qui ne cesse de se r?tr?cir

sinon de se fermer ? ces zones marginales. Les familles dont le revenu ?tait

1. Le calcul a ?t? effectu? ? partir des Tables de composition des aliments de L. Randon, Le

Gallic et J. Caussert (Paris, Lanore, 2e ?d., 1947), et des Rations alimentaires ?quilibr?es, par les m?mes auteurs (Paris, Lanore, 4e ?d., 1960).

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Page 22: La désorganisation de l'agriculture traditionnelle dans l'Ouarsenis

l'agriculture traditionnelle dans L'OUARSENIS 59

estim? ? 100 000 F en 19501 disposaient d'autres ressources, en particulier le gemmage et le travail saisonnier dans les plaines du Ch?lif ; de plus, la

population ?tait moins dense ; car si les effectifs de Lazharia semblent rester

stationnaires, ceux des B?ni Hindel sont pass?s, entre 1954 et 1966, de

20 000 ? 24 000 personnes. Les ressources de ces populations ne s'am?liorent

que lorsque la famille re?oit des pensions de chouhada ou dans le cas de

distribution de denr?es par les APC2. Elles varient tr?s sensiblement quand la famille compte un membre employ? ? la mine de Bou Ca?d, ou un membre

expatri? (en France ou ailleurs).

Type de budget d'un chef de famille exploitant 2 ha environ

(cf. Annexe I, p. 69)

Le budget d'un exploitant minimifundiaire diff?re tr?s peu du pr?c?dent et met en lumi?re le sort des masses paysannes. Avec une

petite exploita tion de 2 ha, la r?colte nette peut s'?lever ? 6 ou 7 qx d'orge, soit approxi

mativement 200 DA, mais ne dispense nullement le fellah de recourir aux

salaires de la DRS et des autres chantiers. Au total, les salaires oscillent entre 1 100 et 1 200 DA par famille, soit 220 ? 240 DA par an et par per sonne. Avec un tel revenu, l'alimentation de la famille se trouve quantita tivement quelque peu am?lior?e. Les d?penses sont sensiblement les m?mes,

qu'il s'agisse de denr?es alimentaires de premi?re n?cessit? (sucre, huile,

l?gumineuses) ou de c?r?ales. Cependant la quantit? de ces derni?res est

nettement plus ?lev?e gr?ce ? la r?colte de fin d'ann?e o? elle passe de 15

? 23 qx. Si la sous-alimentation est virtuellement combattue, la malnutri

tion demeure avec tous ses effets. Les 2 000 calories n?cessaires ? la survie sont tr?s l?g?rement d?pass?es. Ainsi le sort des petits exploitants des B?ni

Hindel et de Lazharia ? respectivement 1 220 et 550 chefs de famille, soit

un total de 9 500 ? 10 000 personnes ? ne diff?re gu?re de celui de la masse

des ruraux sans terre.

1. ? ... 100 000 F pour nourrir, v?tir et entretenir pendant une ann?e six personnes, telles sont

les ressources de l'habitant rural moyen. D?s lors il ne faut pas s'?tonner de voir cet habitant ne se

nourrir que de galettes d'orge et de lait caill?, ne pas ou peu consommer de caf? et de sucre et n'uti liser ni huile, ni savon ; c'est un sobre mais contraint et forc? ?, pr?cise l'administrateur de la Commune mixte de l'Oued Fodda (? Monographie de la Commune mixte de l'Oued Fodda ?, Archives de la wilaya d'Alger, 1950, dactyl.).

Quant ? son coll?gue de la Commune mixte de l'Ouarsenis, il ?valuait ? la m?me date le revenu

annuel par personne ? l'?quivalent de 3 qx de bl? dur, soit 14 500 F (cf. ibid.). Par ailleurs, dans le num?ro du 21 mars 1964 de R?volution africaine, son correspondant rapportait le t?moignage d'un

habitant de la commune des B?ni Hindel : ? Le matin je bois un caf?, ? midi je mange de la galette et je bois de l'eau, le soir du couscous... de la viande, c'est trop cher. ? Le reportage ?claire bien cette situation critique dans ces r?gions tr?s ?prouv?es par la longue p?riode de colonisation, puis de r?sistance.

2. P?riodiquement les communes de ces zones d?sh?rit?es proc?dent ? des distributions de den r?es. C'est ainsi que la commune des B?ni Hindel a re?u pour la p?riode de janvier ? septembre 1970 :

1 500 qx de bl? dur et de semoule, 2 000 1 de mati?res grasses au profit des n?cessiteux. Elle a ?gale ment b?n?fici? dans le cadre des ? chantiers de plein emploi ? de 1 200 qx de bl? dur et de 7 200 1

d'huile. Pr?cisons que, dans ce cadre, chaque employ? touche 3 ? 3,5 DA et l'?quivalent en nature

par jour. Ces chantiers sont consacr?s ? quelques menus travaux : ouverture de piste, r?fection des routes...

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Page 23: La désorganisation de l'agriculture traditionnelle dans l'Ouarsenis

60 D. SARI

Type de budget d'un chef de famille exploitant une quinzaine d'hectares

(cf. Annexe I, p. 69)

Sur une superficie de 15 ha, en ann?e moyenne, la r?colte est suffisante

dans l'ensemble et peut r?pondre ? tous les besoins de l'autoconsommation

de la famille. Il en est de m?me des produits de l'?levage dont le surplus est

commercialis?. En effet, le fellah peut entretenir une vache laiti?re, un ?

deux moutons et quatre ? cinq ch?vres. Gr?ce aux ressources de cet ?levage,

il peut acheter ce dont il a besoin, soit ? peu pr?s les m?mes denr?es que dans les deux cas pr?c?dents, mais en plus grande quantit?. Par ailleurs, il

peut se permettre d'acheter de la viande le jour de certains souks, du

p?trole pour l'?clairage et surtout du gaz pour la cuisson des repas. C'est

depuis la r?duction du prix du gaz, qui est pass? derni?rement de 15 ? 10 DA

la bouteille, que l'on constate l'extension de l'usage de ce combustible jusque dans ces demeures1. Ce type de revenu annuel, qui oscille entre 2 500 ?

3 000 DA (460 ? 500 DA par individu), int?resse 3 000 ? 4 000 personnes, aussi bien chez les B?ni Hindel qu'? Lazharia, soit 8,4 % et 21,8 % des

r?sidents. Il s'agit donc d'une minorit?. L'existence de leurs exploitations est aujourd'hui menac?e par l'?rosion qui ronge les terroirs et par le mor

cellement cons?cutif aux nombreuses successions. Aussi la recherche

d'autres ressources devient-elle n?cessaire. Heureux sont ceux qui parvien

nent ? s'embaucher dans les mines de Bou Ca?d, ou ? s'expatrier, deux

objectifs qui s'av?rent difficiles ? atteindre dans la conjoncture actuelle.

Type de budget d'un ouvrier mineur

(cf. Annexe I, p. 70)

Travailler ? Bou Ca?d, y trouver un emploi permanent, constitue r?elle

ment un privil?ge. En effet les salaires, sensiblement am?lior?s ces derni?res

ann?es, sont r?guliers : 4 500 DA en moyenne par an pour un travailleur sans qualification2, soit le double du revenu d'une exploitation de 15 ha.

De plus, le mineur, encore attach? ? sa micro-parcelle,

en tire quelques res

sources suppl?mentaires (gr?ce aux ch?vres qu'il confie ? ses enfants) et, au total, son revenu peut facilement atteindre 4 700 ? 5 000 DA, soit 900 ? 1 000 DA par personne environ. Il n'?prouve pratiquement aucune crainte

? la fin du mois ; son budget est non seulement ?quilibr? mais aussi exc?

dentaire. Les besoins alimentaires sont satisfaits du point de vue quantitatif. Il est correctement habill?, ainsi que les membres de sa famille. Tous

consultent le m?decin ? Bou Ca?d, se soignent ? l'infirmerie du m?me

centre. Cependant, compte tenu de l'emprise du milieu, h?ritage d'un lourd

1. Cependant dans l'int?r?t du patrimoine forestier, il faudrait veiller ? assurer r?guli?rement la distribution, notamment en hiver, et r?viser encore les prix du combustible, ainsi que celui des

appareils m?nagers, si l'on veut encore obtenir de bons r?sultats en milieu rural. 2. D. Sam, ? L'exploitation mini?re de l'Ouarsenis ?, Annales alg?riennes de G?ographie, Alger,

1969, 7, janv.-juin, p. 20.

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L'AGRICULTURE TRADITIONNELLE DANS L'OUARSENIS 61

pass?, leur r?gime alimentaire est tr?s mal ?quilibr? : le mineur a la possi bilit? de prendre des repas riches en substances nutritives ? la cantine de

Bou Ca?d depuis la nationalisation des mines en 1966, mais il se prive volon

tairement, pouvant m?me r?duire sa consommation, durant les huit heures

de service, ? une galette de pain accompagn?e d'un oignon, ou de petit lait, voire quelques poign?es de figues s?ches ou de dattes en automne.

Avec les ?conomies ainsi r?alis?es (de 1 700 ? 2 000 DA), il essaie de r?soudre certains probl?mes dont deux sont imp?ratifs : le logement et le

moyen de locomotion. En ce qui concerne le logement, il lui est n?cessaire

de l'am?nager ou de l'agrandir, car comme presque tous les habitants, il occupe de petites pi?ces surpeupl?es

? en moyenne 5 ? 6 personnes

par pi?ce de 1,5 m sur 2,5 m ? 3 m ; parfois, il doit purement et simplement le reconstruire, car le ravinement et l'instabilit? des terrains contraignent

paysans et mineurs ? d?placer leurs habitations.

Leur ?loignement du lieu de travail oblige les mineurs ? faire parfois

cinq ? six heures de trajet ? travers les pistes et les chantiers. Aussi

s'efforce-t-il d'acqu?rir une bicyclette ou une mobylette, lorsque l'?tat des

pistes en permet l'utilisation. Enfin leur situation relativement privil?gi?e

implique pour les mineurs qu'ils participent financi?rement aux f?tes locales ; lors de la c?l?bration de la tawsa1, leurs <c largesses ? (achat de

mouton, ch?vre, couscous et friandises dont les frais s'?l?vent ? 230-300 DA) sont attendues de tous. Mais s'ils parviennent ? faire face ? leurs probl?mes

quotidiens, les mineurs ne peuvent pr?tendre ? aucune promotion et leurs

enfants, le plus souvent condamn?s ? garder les ch?vres, ont fort peu de

chances d'?tre scolaris?s. De plus cette minorit? relativement privil?gi?e ne

peut s'?largir : ses effectifs atteignent en 1969, et en 1970, 544 mineurs dont

131 originaires de B?ni Bou Khanous, soit au total pr?s de 3 000 personnes vivant de revenus, dont 800 dans cette commune. Or l'effectif des mineurs ne peut s'accro?tre, la rationalisation de l'exploitation exige m?me sa dimi

nution, tandis que la m?canisation qui s'impose en vue d'une am?lioration

de la productivit?, se traduirait in?luctablement par des licenciements...

Type de budget de famille d'expatri?s (cf. Annexe I, p. 70)

Parvenir ? s'expatrier de ces boccate, perdues dans un massif imp?n? trable de la zone centrale, constitue une sorte

d'exploit. L'?migration, relativement r?cente ?

puisque post?rieure ? la Seconde Guerre Mondiale ?

est, d'une part, de plus en

plus contr?l?e en raison des accords conclus

entre l'Alg?rie et les pays d'accueil, d'autre part, de plus en plus difficile

pour ces populations analphab?tes, sans qualification, tr?s ?loign?es des

bureaux de recrutement (El Asnam et Kh?mis-Miliana, ex-Affreville). Ces

derniers ne sont ouverts que pendant quelques jours, ? certaines p?riodes, et submerg?s en premier lieu par les plus proches r?sidents des plaines et

versants. Aussi le nombre d'?migr?s reste-t-il tr?s bas dans ces r?gions,

1. J. LlZOT, op. cit.

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62 D. SARI

contrairement ? ce que l'on observe ailleurs, comme dans les Trara ou dans

les montagnes kabyles. On en compte environ une centaine ? B?ni Hindel, une

cinquantaine ? Lazharia, et deux cents pour chacune des communes

de Sendjes et Lardjem. Le nombre et le montant des mandats varient beau

coup d'une commune ? l'autre, et d'un envoi ? l'autre : ils int?ressent

environ 600 ? 700 personnes ? B?ni Hindel, et 300 ? 400 ? Lazharia, mino

rit? qui n'a gu?re de chances de s'accro?tre ? l'heure actuelle. G?n?ralement

la famille re?oit environ 300 DA par mois, soit annuellement 3 600 DA, et

compl?te ses ressources en ?levant un

petit troupeau de caprins, un ? deux

ovins, parfois une vache laiti?re, et en exer?ant des emplois temporaires

(dans les chantiers de DRS principalement). Ainsi le revenu annuel oscille

t-il entre 4 200 et 4 400 DA (soit un peu moins que celui des mineurs). Les

d?penses sont sensiblement les m?mes et les ?conomies un peu plus faibles ;

comprises entre 1 300 et 1 400 DA, elles sont consacr?es en grande partie ?

l'am?nagement et ? la reconstruction de la demeure. La situation sociale

de ces familles est presque identique : leurs revenus, doubles de ceux des

exploitants de 15 ha, sont assur?s ? chaque fin de mois. C'est aussi le cas

des agents de l'Etat.

Type de budget de fonctionnaire

Les fonctionnaires sont le plus souvent des personnes ?trang?res ? la

r?gion et au secteur agricole : 4 enseignants sur 53 et 39 administratifs sur 85 seulement sont originaires des trois communes de Sendjes, des B?ni

Hindel et de Lazharia. Les tr?s rares personnes qui parviennent ? poursuivre leurs ?tudes secondaires, ou m?me sup?rieures (une dizaine),

ou ? acc?der

? un emploi bien r?mun?r?, abandonnent purement et

simplement la mon

tagne. Les salaires des diff?rents corps oscillent entre 4 000 DA pour les

contractuels (agents forestiers, agents communaux) et 6 600 DA par an

pour les cat?gories A (enseignants, employ?s des P et T) ; la plupart se

situent vers 5 400 DA. Les d?penses concernent pratiquement les m?mes

secteurs que dans le cas pr?c?dent

avec des diff?rences assez marqu?es

dans la r?partition. L'alimentation fournit encore le principal chapitre et

ses composantes sont sensiblement les m?mes que dans les autres familles,

cependant les fruits et l?gumes frais y tiennent une place plus grande en ?t?.

L'habillement ainsi que d'autres d?penses comme les d?placements, l'en

seignement, les besoins m?dicaux, sont moins rares chez les jeunes m?nages en particulier. Les ?conomies sont n?gligeables.

Type de budget d'un exploitant moyen

(cf. Annexe I, p. 71)

A partir d'une trentaine d'hectares, l'exploitation assure des revenus

substantiels : environ l'?quivalent net d'une quarantaine de quintaux d'orge et le double de bl? dur, d?duction faite des salaires en esp?ces et en nature

vers?s ? quatre ou

cinq ouvriers. De plus, l'?levage

est important

et repr?

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L'AGRICULTURE TRADITIONNELLE DANS L'OUARSENIS 63

sente ? peu pr?s la moiti? des revenus des c?r?ales. Il devient possible de

commercialiser une partie de la production de fruits et l?gumes, ce qui rapporte environ 300 DA par an. Ainsi au total et en ann?e moyenne, une

telle exploitation rapporte environ 8 000 DA.

Une bonne partie de la production est destin?e ? l'autoconsommation, soit pr?s de la moiti? des c?r?ales et un peu moins pour les produits de

l'?levage et de la viande. Quant au reste des produits alimentaires, le fellah l'ach?te au march? hebdomadaire et chez le commer?ant du centre. Toutes

ces d?penses, l'autoconsommation comprise,

ne d?passent pas en

g?n?ral 4 000 DA par an. La moiti? de l'ensemble des revenus est ainsi ?pargn?e,

mais n'est pas investie dans l'am?lioration des moyens de production. Dans ces terroirs, les cultures intensives r?mun?ratrices exigent

non seulement

toute l'infrastructure n?cessaire mais aussi et surtout des campagnes d'ex

plications, de vulgarisation... D'autre part, comme il ne

peut acqu?rir des

terres, par suite de l'interdiction des transactions fonci?res depuis 1964, et

comme il n'est point attir? par les sp?culations extra-agricoles, le cultiva teur ne s'int?resse qu'? l'?levage. C'est pratiquement la seule activit? qui

mobilise les d?tenteurs de petits capitaux (mineurs, petits commer?ants,

retrait?s) en milieu rural. Or ce r?investissement est

particuli?rement nui

sible ? l'?quilibre naturel.

Par ailleurs, le nombre de ces exploitants est tr?s limit? : pr?s d'une cen

taine ? B?ni Hindel et une dizaine ? Lazharia. Il s'agit d'une minorit? assez

privil?gi?e, puisqu'ils ne sont d?pass?s dans l'?chelle sociale, que par quatre commer?ants et huit gros propri?taires terriens qui exploitent

une soixantaine

d'hectares et ont des revenus annuels de l'ordre de 17 000 ? 20 000 DA.

Ces diff?rents types de budgets, comme le montre le Tableau 5 sur la

r?partition des populations par revenus, soulignent bien la r?alit? brutale

de ce monde : celle de la difficile subsistance des masses paysannes. Plus des deux tiers des populations, dans les deux communes (68 % dans

celle de Lazharia et 74,5 % dans celle des B?ni Hindel), ne subsistent que

gr?ce ? de maigres salaires ardemment recherch?s ici et l?, et des produits des troupeaux caprins. Quant aux petits exploitants (de 5 ? 19 ha) dont les revenus d?pendent des pr?cipitations d'octobre ? mars-avril et qui cher

chent tant bien que mal ? les am?liorer, ils ne pr?sentent

avec les membres

de leurs familles que 10,8 % de la population des B?ni Hindel et ? peine le double de celle de l'autre commune (20,8 %). On retrouve la m?me

situation dans les douars voisins : ceux de la rive droite de l'Oued Fodda et,

au-del?, ? Chouchaoua, B?ni Bou Attab, B?tha?a, El Hassan?a, B?ni Bou

Douane. N'?chappent ? ces conditions d?sastreuses que ceux qui parvien nent ? et ? quel prix

? ? s'embaucher dans les mines de Bou Ca?d et ceux

qui s'expatrient, soit un peu plus de 10 % dans les deux communes. Les

minorit?s privil?gi?es, en ann?e agricole normale, ne repr?sentent plus, avec leurs familles, que 2 % ? B?ni Hindel et 0,5 % ? Lazharia. Au total

la masse des ruraux de ces r?gions, paysans sans terre, minimifundiaires et

petits paysans, ne subsistent que gr?ce ? leurs nombreux troupeaux

et au

d?frichement, ce qui

a pour corollaire la sur-exploitation des for?ts et par

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64 D. SARI

40'

35

_ BENI HINDEL

30

25

20

^ 10" o

E a

0T> oscillations extr?mes.

revenu par personne

H nombre de personnes

? 20

'5 c ? 4 1

91 ? ? I ? 2 ?

o

? 1 2 .2

? 0 ^

gros propri?taires et commer?ants

?_ LAZHARIA

10

m Lk

? 5 S

? 3

I exploitants moyens (~30 ha) familles de fonctionnaires

familles de mineurs familles d'expatri?s

petits exploitants (~ 10 ha) minifundiaires ( a 2ha)

fellahs sans terre et sans exploitation

Fig. 4. ? R?partition de la population des B?ni Hindel

et de Lazharia suivant les revenus

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l'agriculture traditionnelle dans l'ouarsenis 65

Tableau 5

Situation sociale des populations des B?ni Hindel et de Lazharia

Cat?gories

socio-profession nelles

Fellah-s sans terre

Minimifundiaires

(moins de 5 ha)

Total

Revenus annuels

(p. per., en DA)

moins de 200

220-240

B?ni Hindel

N

14 500

6 000

20 500

%

52,9

21,6

(74,5)

Lazharia

N

4 500

3 000

7 500

%

40,9

27,1

(68)

Petits exploitants

(de 5 ? 19 ha) Expatri?s* Mineurs

Fonctionnaires

Exploitant moyen

(30 ha env.) Gros propri?taires et

gros commer?ants

Population commu

nale en 1969

470-500

848-900

940-1 000

820-1 200

1600

Plus de 1 600

3 000 700

2 300 250

500

50

10,8

2,5

8,3

0,9

1,8

0,2

2 300 350 800

40

60

27 300 100 11050

20,8

3,2

7,2

0,3

0,5

100

* Il s'agit du nombre de personnes concern?es par la r?ception de mandats.

cons?quent leur disparition rapide. Cela est en contradition avec les tenta

tives de reboisement effectu?es par la DRS, qui assure un certain nombre

d'emplois et distribue des salaires, parfois importants (cf. Fig. 4 et 5). Il ressort de cette ?tude de budgets, que les terres seules ne peuvent et

ne pourront plus assurer le minimum vital ? la plupart des familles dans

l'?tat actuel de ces terroirs : la quasi-totalit? des populations constitue l'un

des facteurs d?cisifs de l'?rosion. La DRS pourra-t-elle poursuivre efficace

ment son programme dans ce contexte ? Parviendra-t-elle ? emp?cher les

labours ill?gaux en employant le maximum de fellah-s au moment des cam

pagnes de labours, en octobre, en augmentant sensiblement les cr?dits pour am?liorer les ressources de ces populations ? Le comportement des paysans attach?s ? leurs micro-parcelles ne pose-t-il pas aussi un probl?me primor dial ? L'exemple des mineurs, des familles d'expatri?s et d'?migr?s dans les

villes du Tell, l'illustre bien. Ils continuent tous ? s'adonner ? des activit?s

agro-pastorales. Aussi, nous l'avons d?j? montr?, est-il n?cessaire de

regrouper les mineurs ? Bou Ca?d o? ils pourront b?n?ficier des ?quipements socio-?ducatifs, s'ins?rer progressivement dans la vie moderne et surtout

assurer ? leurs enfants une bonne scolarisation et une promotion rapide,

au moment o? la formation professionnelle bat son plein dans tout le pays 5

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Page 29: La désorganisation de l'agriculture traditionnelle dans l'Ouarsenis

66 D. SARI

Fellahs sans terre et sans exploitation

Minifundiaires et exploitants' ayant moins de 5 ha

Petits exploitants (moins de 19 ha)

Exploitants moyens (de 20 ? 49 ha)

Mineurs . Expatri?s

?levage

cultures

DRS

V///? salaires agrie

HD .h salaires non agricoles

divers

Fig. 5. ? Origine des revenus

suivant les cat?gories socio-professionnelles

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l'agriculture traditionnelle dans l'ouarsenis 67

et o? les besoins d'agents de ma?trise, de tout personnel ? tous les niveaux se font sentir tr?s fortement dans les villes1. Il faut se pr?occuper d?s ? pr? sent de cette importante force de travail potentielle ; la restauration m?tho

dique et acc?l?r?e de la montagne d?grad?e serait le moyen de sauvegarder les int?r?ts de ces populations. Mais ce regroupement ne peut se limiter aux

seuls mineurs, il doit concerner aussi une grande partie de la population, la

scolarisation de la majorit? des enfants, du moins de ceux des boce?te inacces

sibles, ne pourrait se faire dans les m?mes d?lais, pour des raisons d'ordre

mat?riel certes, mais surtout d'ordre psychologique ; m?me en cas d'investis

sements massifs dans ce secteur, elle ne pourrait avoir que tr?s peu d'effets.

Il faut reconna?tre que jusqu'? pr?sent toutes les tentatives qui ont ?t?

faites se sont av?r?es incompatibles avec les activit?s de ces populations, et sans effets sur leurs cons?quences sociales (analphab?tisme, malnutrition) et physiques (d?boisement, labours de pentes). ?conomie d?pr?dative et

restauration du boisement sont inconciliables. En d?finitive, les formes

d'occupation du sol, la pr?sence de densit?s relativement importantes et en

accroissement constant, sont en cause dans cette montagne en

grande partie d?bois?e et si?ge de la plupart des processus d'?rosion.

*

Qu'il s'agisse de l'?quilibre ressources-populations, de l'?quilibre agro

pastoral ou de l'?quilibre morphoclimatique, tout est compromis, parfois m?me d?finitivement dans certains terroirs. Les populations, dont les den

sit?s ont souvent doubl? depuis le d?but du XXe si?cle, subsistent difficile ment. Les ressources sont presque toujours insuffisantes et ne

r?pondent

pas enti?rement aux besoins des familles.

Il s'agit, en effet, le plus souvent d'une ?conomie essentiellement des tructive comme le soulignent les formes d'occupation de bien des secteurs.

Priv?s d'une partie de leurs meilleures terres durant la p?riode coloniale,

manquant de plus en plus d'espace, les fellah-s d?veloppent dangereusement la c?r?aliculture, jusque sur les pentes les plus fortes et dans les secteurs

favorables ? ces cultures annuelles qui laissent les sols ? nu pendant les fortes pluies d'automne jusqu'au d?but du printemps, d'autant plus que la

lithologie (schistes, marnes) se r?v?le particuli?rement sensible aux oscilla tions thermiques et pluviom?triques. Par ailleurs ne disposant plus de

1. Il devient de plus en plus facile aux ?l?ves de continuer leurs ?tudes ou de recevoir une

formation professionnelle, quel que soit leur niveau. Dans ce dernier cas, les FAJ (Foyer d'animation des jeunes) accueillent les jeunes apr?s leur scolarit? primaire. Ils dispensent un enseignement bilingue et assurent une formation professionnelle. Cependant ? l'heure actuelle, un seul de ces centres fonctionne dans la montagne, ? Bordj Bouna?ma. Au niveau du CEP (certificat d'enseigne

ment primaire), les enfants ont la possibilit? d'entrer dans les CEA (Centre d'enseignement agricole). Le plus proche est situ? ? Oum Drou, ? 6 km ? l'est d'El Asnam et compte une dizaine d'?l?ves

originaires des r?gions ?tudi?es. A un niveau plus ?lev?, les Instituts de technologie, dont le nombre

s'accro?tra progressivement jusqu'? pouvoir former 95 000 ?l?ves, recrutent des candidats ? la fin

de l'enseignement moyen (classe de 3e) pour les former ? trois niveaux (sup?rieur, moyen et de

base) afin de r?pondre aux besoins massifs de l'?conomie nationale, dans la phase actuelle de d?mar

rage (Plan quadriennal, minist?re des Finances, Alger, 1970, p. 125).

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68 D. SARI

ressources pendant de longs mois, presque toutes les familles d?laissent l'arboriculture et s'occupent d'?levage de caprins. Or ces derniers, faute de terrains de parcours, vivent exclusivement dans les for?ts fortement atta

qu?es par les incendies au napalm durant la guerre de Lib?ration, dont ils

compromettent la r?g?n?ration, tout comme les d?frichements abusifs. Ce sont ces m?mes facteurs qui entravent ? l'heure actuelle et depuis un quart de si?cle, tout effort de restauration et de reboisement que tente inlassable

ment la DRS pour limiter l'envasement du grand barrage de l'Oued Fodda, envasement de plus

en plus spectaculaire, alors que l'introduction r?cente

des cultures industrielles dans les plaines d'El Attaf et d'El Asnam exige toujours plus d'eau en ?t?. La conversion des cultures est indispensable pour r?soudre de nombreux probl?mes relatifs non seulement ? la plaine

mais aussi ? la montagne.

Ainsi dans la conjoncture actuelle, la montagne, dans les r?gions ?tu

di?es, ne parvient plus ? assurer une subsistance d?cente ? la plupart des

familles alors que les formes d'occupation du sol ont ruin? dangereusement certains secteurs, compromettant ? la longue tout l'?quilibre montagne

plaine.

ANNEXE I

Types de budgets familiaux

Budget d'un chef de famille sans terre

a) Ressources annuelles :

? ?levage (caprin)

. ? Chantiers de DRS. ? Autres salaires. ? Cueillette (bois, glands)

. ? Divers .

Total.

b) D?penses annuelles :

? Autoconsommation : ? 50 1 de lait . ? 150 1 de petit lait . ? Beurre.

? Achats : ? C?r?ales : 13 qx d'orge.

2,4 qx de bl? dur ? 8 kg de caf? . ? 12 kg de sucre . ? 101 d'huile. ?

L?gumes secs. ?

Friperie. ? Divers.

400 DA (43%) 240 DA (25,9%) 200 DA (21,5%) 50 DA (5,3 %) 40 DA

930 DA soit 190 DA par personne en

moyenne

40 DA ) 75 DA soit 147 DA (15,9 %) 32 DA )

SStl soit 599 DA (64,4 o/J

64 DA 18 DA

g g?|> soit 184 DA (19%)

60 DA 10 DA

Total 930 DA

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L'AGRICULTURE TRADITIONNELLE DANS l'OUARSENIS 69

Budget d'une famille exploitant 2 ha

a) Ressources annuelles :

? C?r?ales. 200 DA (17,5 %) ? ?levage. 400 DA (85 %) ? DRS . 240 DA (21 %) ? Autres salaires. 200 DA (17,5 %) ? Cueillette . 50 DA (4,4 %) ? Divers. 50 DA (4,4 %)

Total . 1140 DA soit 228 DA par personne

b) D?penses annuelles :

? Autoconsommation : ? C?r?ales : 8 qx d'orge environ. 280 DA ) A91 m /qh ao/\ ? Produits de l'?levage . 147 DA \

4 ' A {?'A /o) ? Achats :

? C?r?ales 12 qx d'orge . 350 DA ) COA ̂ A ,An . n/ N o j iTix a i on t^a 530 DA (46,4 %) 3 qx de bl? dur . 180 DA v ' /0/

? 8 kg de caf? . 64 DA ? 12 kg de sucre . 18 DA ? 10 1 d'huile. 20 DA ?

L?gumes secs. 12 DA ?

Friperie. 50 DA ?

Divers. 19 DA

114 DA (10 %)

Total . 1140 DA

Budget d'une famille exploitant une quinzaine d'hectares

a) Ressources annuelles :

? C?r?ales : 30 qx d'orge environ. 1050 DA (44,7 %) 5 qx de bl? dur . 180 DA (7,6%) ?

?levage. 1000 DA (42,5 %) ? Fruits et l?gumes . 120 DA (5,1 %)

Total . 2 350 DA soit 470 DA par personne

b) D?penses annuelles :

? Autoconsommation : ? C?r?ales. 1 230 DA ) ?

?levage. 300 DA 1 630 DA (69,3 %) ? Viande . 100 DA ) ? Achats :

? 10 kg de caf? . 80 DA \ ? 20 kg de sucre . 30 DA i

-f?ld'huile. *? m? 290 DA (12,3 o/0) ? L?gumes secs. 50 DA (

v ' /0/ ? Fruits et l?gumes

. 50 DA ?

Viande. 50 DA

-Gazetp?trole . 70 DA j 350 DA (14j8 o/q) ? V?tements . 280 DA )

v ' /0J ?

Imp?ts . 80 DA

Total 2 350 DA

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Page 33: La désorganisation de l'agriculture traditionnelle dans l'Ouarsenis

70 D. SARI

Budget d'un mineur

a) Ressources annuelles :

? Salaires . 4500 DA (96 %) ?

?levage. 200 DA

Total. 4 700 DA soit 940 DA par personne

b) D?penses annuelles :

? C?r?ales : 25 qx d'orge. 875 DA j 1

-?- m m

? 0/,

15qxdebl?dur . 900 DA j X Ub DA (i)U'd /o)

~ e /:;. ?JS?i 500 DA (16,6 o/0) ? Produits laitiers. 300 DA j

v /0/ ? 10 kg de caf? . 80 DA ? 20 kg de sucre . 30 DA ? 141 d'huile. 28 DA } 242 DA (8 %) ?

L?gumes secs . 50 DA ? Fruits et l?gumes secs . 54 DA ? Habillement. 300 DA ? Soins m?dicaux . 50 DA ? Gaz . 60 DA ?

Imp?ts . 50 DA

? Divers . 20 DA

Total. 2 997 DA soit 1 703 DA environ d'?conomie

Budget d'une famille sans terre dont un membre est expatri?

a) Ressources annuelles :

? ?levage. 400 DA (9,4 %) ? DRS . 200 DA (5,6 %) ? Mandats . 3 600 DA (85 %)

Total . 4 240 DA soit 848 DA par personne

b) D?penses annuelles :

? C?r?ales : 15 qx d'orge. 450 DA 20 qx de bl? dur . 1 200 DA

1 650 DA (57 %)

z???t-u?i-::::::::::::::::::::: mZ\ ??"ww ? 12 kg de caf? . 96 DA

j ? 20 kg de sucre . 30 DA ( 2U DA f7 q o/\

-141 d'huile. 28DA? n*DA(<?/0) ?

L?gumes secs . 60 DA ) ? Habillement. 300 DA ? Soins et m?dicaments. 70 DA ?

Imp?ts . 60 DA ? Divers. 100 DA

Total . 2 894 DA soit 1346 DA environ d'?conomie

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l'agriculture traditionnelle dans l'ouarsenis 71

Budget d'une famille d'exploitant moyen (30 ha environ)

a) Ressources annuelles :

? C?r?ales : 40 qx d'orge. 1200 DA ) fimnm/7n7o/\

80qxdebl?. 4800 DA j bUUUL>M?V M

? ?levage. 2 200 DA 2 200 DA (25,8 %)

? Fruits et l?gumes . 280 DA soit un revenu net de 8 000 DA

Total . 8 480 DA d?duction faite des salaires, ou un revenu de 1 600 DA par

personne

b) D?penses annuelles :

? Autoconsommation : ? C?r?ales : 20 qx d'orge. 700 DA \

20 qx de bl? . 1 200 DA 9 fim m ,?ft . -Produits laitiers. 400 DA

2 600 DA (68 %> ? Viande . 300 DA ]

? Achats : ? 15 kg de caf? . 120 DA ? 25 kg de sucre . 37 DA ?

L?gumes secs . 60 DA ?>

327 DA (8,6 %) ?

L?gumes et fruits . 50 DA ? Viande . 60 DA ? Gaz et p?trole

. 70 DA ? Habillement. 400 DA ?

D?placement . 100 DA

? Imp?ts

. 200 DA ? Divers. 100 DA

Total . 3 797 DA soit 4 203 DA d'?conomie

ANNEXE II

Inventaire des biens domestiques

Foyer de paysans sans terre ? Ouled Ghalia

La demeure se compose de deux pi?ces (2 m x 1,5 m et 2 m x 1 m) faites en pis? seulement, d'un enclos pour trois ch?vres et quatre chevreaux, et d'un gourbi.

A l'ext?rieur :

? 3 m8 de bois de pins d'Alep ? un tas de brindilles, branchages et touffes de cistes (pour la cuisson du pain) ? deux caisses en bois ? un foyer ? de la corde ? un poulet et des poussins ? deux couffins en alfa ? deux haches et une pioche

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Page 35: La désorganisation de l'agriculture traditionnelle dans l'Ouarsenis

72 d. sari

Dans la premi?re pi?ce :

? quatre jarres pour la provision de c?r?ales (nagu?re pour l'huile, le beurre...)

? deux cruches ? de la vaisselle en poterie et en mati?re plastique ? un pilon en bois ? une meule ? une s?rie de tamis en alfa ? une demi-douzaine de sacs en peau de bouc (pour la semoule ?ventuellement) ? un couscoussier en alfa ? une marmite

Dans la deuxi?me pi?ce :

? un vieux coffre ? habits ? trois nattes d'alfa dont une neuve ? des couvertures en drap, tr?s us?es ? des peaux de bouc et de mouton rang?es dans un coin ? deux djellabas assez us?es accroch?es au mur ? de vieilles chaussures dont des sandales en mati?re plastique ? un vieil exemplaire du Coran

Foyer de mineur ? Ouled Arabe

Le foyer comprend trois pi?ces moyennes dont deux sont en dur et recouvertes d'un toit de

tuiles en double pente. Les pi?ces sont aveugles ? l'ext?rieur. On observe ?galement un enclos

pour le petit troupeau de quatre ch?vres et trois chevrettes, un foyer et un abri.

A l'inventaire ci-dessus dont il diff?re tr?s peu, il faut ajouter pour un foyer de mineur :

? un r?chaud ? gaz ? des effets de couchage relativement plus nombreux et chauds, comprenant des couvertures

en drap et en laine tiss?e, avec des coussins remplis de crin v?g?tal ? des v?tements ?galement nombreux ? une s?rie de casseroles et de petites bo?tes diverses ? une valise et une lampe ? p?trole ? un cartable

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