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Le conflit au Proche-Orient et ses répercussions en France par le journal Le Monde Denis Cohen-Tannoudji LA FACE VISIBLE DU MONDE

la face visible du Monde

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Une étude entre 2001 et 2005 sur les dérapages du journal Le Monde. Je ne l'ai jamais publiée, mais la technologie SlideShare me permet de le faire aujourd'hui

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Le conflit au Proche-Orient et ses répercussions en Francepar le journal Le Monde

Denis Cohen-Tannoudji

LA FACE VISIBLE DU MONDE

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INTRODUCTION

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Le Monde est un journal de référence, qui façonne l’opinion française jusqu’à ses sphères les plus élevées.

Ce document est un examen des publications du Monde depuis septembre 2000, à propos de la crise du Proche-Orient ainsi que les difficultés en partie consécutives auxquelles ont été et restent exposés les Juifs français.

Nous avons essayé, au travers d’un recensement d’articles, d’éditoriaux et de tribunes, d’évaluer quelle image Le Monde rend de l’actualité du Proche-Orient et de ses conséquences en France et s’il parvient à l’impartialité et l’objectivité.

Il est évident que l’on ne peut attendre de l’information qu’elle soit totalement dénuée de subjectivité : le journaliste écrit avec subjectivité, le lecteur interprète avec subjectivité. Au delà d’une certaine marge d’appréciation qui est donc intrinsèque au principe de l’information, une limite doit être posée sous peine que cette dernière ne devienne inexacte ou impropre à une interprétation juste du lecteur.

Ainsi, les pages qui suivent donnent un certain nombre d’exemples, différents les uns des autres dans le fond et la forme, mais tous propres à induire une distorsion de la réalité.

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L’HISTOIRE DE L’ÉTAT D’ISRAËL

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Avant de rentrer directement dans les sujets d’actualité, il est intéressant d’analyser la façon dont Le Monde fait référence aux faits historiques à propos de l’État d’Israël.

Ainsi, Le Monde aborde souvent la guerre d’indépendance de 1948, le problèmes des réfugiés arabes et juifs, la question de Jérusalem, de manière partielle.

Cela se caractérise d’abord par des omissions répétées, comme, par exemple, l’attaque rarement mentionnée des cinq armées arabes en 1948 contre le jeune État d’Israël tout juste créé et légitimé par l’ONU, la quasi occultation du problème des réfugiés juifs du monde arabo-musulman dans la présentation du conflit israélo-arabe.

Les profondes racines historiques du peuple juif en terre d’Israël peuvent être aussi détournées au profit d’une certaine relecture de l’histoire. Ainsi, par exemple, le vieux quartier juif de Jérusalem est souvent présenté comme une « colonie israélienne », le lieu le plus sacré du Judaïsme est dénommé exclusivement par la terminologie de l’« Esplanade des Mosquées », certaines récentes recherches archéologiques israéliennes sont détournées pour tenter de délégitimer l’État Israël.

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LA GUERRE DE 1948

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ISRAËL EST SOUVENT PRÉSENTÉ COMME L’AGRESSEUR

Voici le type de carte présenté dans les suppléments des Monde du 9 décembre 2001 et du 18 avril 2002 :

On présente la carte du partage de 1947 selon l’ONU

On montre ensuite les « conquêtes » israéliennes issues de la guerre de 1948-1949

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VOICI LA CARTE D’ISRAËL-PALESTINE RAREMENT PUBLIÉE

Dans les suppléments du Monde du 9 décembre 2001 et du 18 avril 2002, consacrés aux conflits du Proche-Orient, il manquait une carte, celle de l’avancée maximale des armées égyptiennes, jordaniennes, syriennes, irakiennes et libanaises en 1948.

Le Monde y évoque, à propos du début de la guerre de 1948, « quelques revers de l’armée israélienne ».

L’absence de cette carte dans les suppléments du Monde a pour conséquence de désigner Israël comme agresseur et non comme agressé.

Pourtant cette carte se trouve sur le site Internet du Monde Diplomatique…

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LA NAISSANCE D’ISRAËL SELON LE MONDE

Dans l’édition du 16 octobre 2004, Gilles Paris reprend à son compte les arguments des « nouveaux historiens » israéliens qui projettent de façon anachronique l’Israël de 1947-1948 avec les yeux des années 1980-1990, en reprochant en particulier au jeune État d’avoir été « prêt » à la guerre :

« Dans les mois qui suivent ce 14 mai 1948, les mythes fondateurs de l’État juif se gravent dans les esprits. Pour longtemps. Entraîné contre son gré dans le conflit, Israël, pourtant très inférieur numériquement, a gagné seul une guerre au cours de laquelle ses troupes se sont comportées honorablement.

Cette guerre a entraîné le départ volontaire d’une grande partie de la population arabe, mal conseillée par des dirigeants aveuglés par leur haine des juifs, et qui attendait la fin des combats pour revenir chez elle après la victoire. Le sort contraire des armes a transformé les fuyards en réfugiés.

A partir des années 1980 et avec l’ouverture des archives israéliennes, un groupe d’historiens et de journalistes revisite les grands chapitres de cette histoire officielle pour dresser un tableau plus nuancé.

Apparaît alors un pays tout aussi prêt à la guerre que ses voisins, rapidement plus puissant qu’eux sur le plan militaire, déterminé à profiter de l’occasion qui lui est donnée pour réécrire à son avantage le partage de 1947, et qui une fois engagé n’hésitera pas à recourir à tous les moyens pour parvenir à ses objectifs, qui passent par l’expulsion de la plus grande partie possible de la population arabe autochtone. »

Mais en même temps que Gilles Paris interprète l’histoire sous ce seule prisme, il crée dans le même article un nouveau mythe palestinien de « l’âge d’or » d’avant 1948 : « Pour les Palestiniens, l’année 1948 reste celle d’une tout autre célébration, celle de la « catastrophe », la Naqba. La fin d’un âge d’or, l’écroulement d’une société, l’exil de 700 000 d’entre eux vers les pays arabes voisins, où ils s’établiront dans la précarité, condamnés à une interminable attente. »

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LE PROBLÈME DES RÉFUGIÉS

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LES RÉFUGIÉS DU CONFLIT JUDÉO-ARABENE SONT EN GÉNÉRAL QUE PALESTINIENS

Voici le type de carte présenté dans les suppléments du Monde du 9 décembre

2001 et du 18 avril 2002

Elle fait référence aux 550 000 réfugiés palestiniens originaires d’Israël selon

l’UNRWA, qui par hérédité, sont devenus au fil des années près de 4

millions de personnes.

Le « droit au retour » de ces réfugiés est souvent associé à l’idée d’un

« péché originel d’Israël »

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LES RÉFUGIÉS JUIFS NE SONT PAS SOUVENT ÉVOQUÉS

Dans les suppléments du Monde du 9 décembre 2001 et du 18 avril 2002, le journal fait l’économie du destin de plus de 980 000 réfugiés juifs des pays arabo-musulmans.

La fin du pouvoir colonial européen dans le monde arabe et la création de l’État d’Israël a bouleversé la condition de ces Juifs orientaux.

Partout il y eut une atmosphère hostile et revancharde qui faisait des Juifs des ennemis, au moins potentiels, des États-nations arabes en lutte contre le colonialisme et le sionisme.

600 000 d’entre eux ont trouvé refuge et citoyenneté dans l’État d’Israël, dont il constitue aujourd’hui plus de 60% de la

population.

Maroc230 000

Yémen52 000

Iran

Algérie130 000

Tunisie130 000

Libye40 000

Égypte66 000

Turquie80 000

Républiques musulmanesex URSS80 000

Liban5 000

Syrie30 000

Irak125 000

USACanada

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LA FIN DU CONFLIT EN IRAK FOURNIT ENFINUNE OCCASION DE RELATER CET EXODE OUBLIÉ

« Les Israéliens d’origine irakienne attendent dans l’impatience la chute de Saddam Hussein  » publié le 21 Février 2003 par Stéphanie Le Bars « Chassés de leur pays entre 1949 et 1951, ils forment une communauté de 260 000 personnes bien intégrée, mais toujours méfiante à l’égard des Arabes. »

« Le Maroc face à l’Irak : Au musée du Judaïsme marocain » publié le 17 Avril 2003 par Stephen Smith « Entre « gens du Livre », les juifs étaient des dhimmis, des « protégés » astreints à un impôt spécial et soumis à des obligations vestimentaires. […] A Fès, pour mettre fin aux conflits sanglants entre musulmans de souche, musulmans d’origine juive et juifs fidèles à leur foi, ces derniers ont été regroupés, au XIVe siècle, sur un terrain ayant autrefois servi de « dépôt de sel gemme », le sens littéral de mellah. […] Car l’incertitude liée au départ des Français, à l’indépendance, provoque une première saignée, aggravée par la crise de Suez. La communauté juive a beau placarder - « en trois langues » - son soutien à l’Égypte, elle est mal payée en retour, à commencer par Nasser qui, lors d’une visite au Maroc en 1961, y porte à incandescence la ferveur panarabe. La même année, la filière d’émigration clandestine, mise en place au royaume par le mouvement sioniste, est révélée au grand jour par le naufrage du Pisces dans le détroit de Gibraltar. La guerre de six jours, en 1967, n’arrangera rien, d’autant qu’elle s’accompagne d’une purge dans la fonction publique marocaine. La moitié des 70 000 juifs restants part alors à son tour. […] Or, avec la seconde guerre du Golfe, c’est comme si le royaume chérifien avait été ramené plusieurs siècles en arrière, au temps où douze conditions codifiaient le statut des juifs, tout juste tolérés. Outre le blasphème, le prosélytisme et le mariage avec des musulmanes, il leur était alors formellement proscrit tout ce qui pouvait « aider les ennemis de l’islam, ou leurs espions ». […] Ci-gît la plus grande communauté juive du monde arabe... »

« Derniers Juifs d’Irak » publié le 8 Mai 2003 par Philippe Broussard « Ils ne sont plus que 26 à Bagdad. 26 naufragés d’une histoire de souffrance et d’exode. Depuis la fin du conflit, ils s’interrogent sur leur avenir Car ils ont tout connu depuis 1940 : la prospérité, la haine, la dictature, et surtout la sensation oppressante d’être chaque année moins nombreux sur cette terre d’islam. En 1948, ils étaient encore 134 000 dans l’ensemble de l’Irak. Ensuite, au fil des départs plus ou moins forcés vers Israël, les effectifs n’ont cessé de décroître. Et les voilà désormais réduits à une demi-douzaine de familles, condamnées à assumer un héritage hautement symbolique : vingt-six siècles de présence en Mésopotamie.[…] La situation a commencé à se détériorer avant la seconde guerre mondiale. Nous n’avions pas de problèmes avec nos voisins, mais le climat a changé, la pression politique s’est accentuée. Les médias sont devenus hostiles. La police nous accusait de fomenter des complots. En 1941, des pillages et des meurtres ont été commis contre les juifs de Bagdad. […] Sur fond de nationalisme arabe, les autorités irakiennes les poussent à l’exode. « La pression est devenue si forte, […] que des dizaines de milliers de personnes ont dû brader leurs maisons ou laisser tout ce qu’elles avaient. » En trois ans, de 1949 à 1952, plus de 120 000 juifs irakiens sont contraints de prendre le chemin de l’exil. Leurs papiers d’identité sont confisqués. Ils sont déchus de leur nationalité. Aucun ne reviendra. […] le pouvoir nous utilisait comme boucs émissaires. Des lois ont été édictées nous interdisant d’avoir le téléphone, d’importer de la marchandise ou d’ouvrir un compte en banque. A chaque crise impliquant Israël, que ce soit pour le canal de Suez, la guerre des six jours ou celle de Kippour, nous étions montrés du doigt, les exécutions se multipliaient. […] Reconnaîtraient-ils leur Bagdad ? Les boutiques, les épiceries, les restaurants... tout a été détruit ou transformé. Même les synagogues - la ville en comptait jadis une quinzaine - ont disparu, à l’exception de celle de Bedawin. Le local de la communauté est actuellement fermé. Par mesure de sûreté, la plaque apposée à l’entrée a été descellée. »

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JÉRUSALEM

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LE VIEUX QUARTIER JUIF DE JÉRUSALEM EST SOUVENT PRÉSENTÉ COMME « COLONIE ISRAÉLIENNE »

Source : The Palestinian academic society of international affairs

Colonies israéliennes

Villes et villages arabes

« Ligne verte » del ’armistice de 1949

Grand Jérusalem

Voici le type de carte de Jérusalem publié dans Le Monde, en particulier dans le supplément Horizons-Dossier

« L’Israël d’Ariel Sharon » du 10 février 2002

Le vieux quartier juif de Jérusalem est considéré comme une « colonie

israélienne »

Cette carte a fait également disparaître l’enclave israélienne d’avant 1967 du Mont Scopus qui abrite l’Université

Hébraïque de Jérusalem, inaugurée en 1923 par Albert Einstein, entre autres.

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L’UNIVERSITÉ HÉBRAÏQUE SE TROUVE À « JÉRUSALEM-EST »,C’EST À DIRE EN TERRITOIRE OCCUPÉ ?

L’enclave israélienne d’avant 1967 du Mont Scopus qui abrite

l’Université Hébraïque de Jérusalem ne fait pas partie de ce que l’on appelle communément « Jérusalem Est » puisque déjà sous contrôle israélien en 1948

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LA CONFUSION EST ENSUITE RECTIFIÉE

« Une enclave israélienne dans Jérusalem Est », Le Monde du 2 août 2002

« L’Université hébraïque de Jérusalem, sur le mont Scopus, où a eu lieu l’attentat qui a fait 7 morts et 86 blessés mercredi 31 juillet, avait constitué, à partir de 1949, une enclave israélienne. Au lendemain de la guerre israélo-arabe de 1948, le secteur était tombé aux mains de la légion jordanienne, à l’instar de la Vieille Ville et du quartier juif se trouvant à l’intérieur des remparts de la Ville sainte. […] De 1949 à 1967, l’enclave de l’université fut placée sous la protection de l’ONU et gardée par un groupe de policiers israéliens […] »

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L’ARCHÉOLOGIE

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L’ESPLANADE DU TEMPLE ET DES MOSQUÉES

Pourquoi Le Monde dénomme ce lieu quasi exclusivement comme l’« Esplanade des Mosquées » ?

Cet emplacement, le mont « Moria » où il y eu deux Temples, l’un construit par le roi Salomon et le second reconstruit par les exilés de Babylone et plus tard par Hérode. C’est le lieu le plus sacré du Judaïsme, vers lequel sont dirigées les trois prières quotidiennes, les quatre prières du Shabbath et des Fêtes, et les cinq prières du jour de Kippour.

Le Monde utilise parfois, non sans un certain mépris, la terminologie « Mont du Temple pour les Juifs ». Mais pourtant le « Mont du Temple » est aussi la dénomination chrétienne ! Dans les Évangiles, Jésus de Nazareth s’est-il rendu à la Mosquée Al Aqsa ou au Temple ?

C’est le troisième lieu saint de l’Islam, après La Mecque et Médine. C’est l’esplanade « Haram al-Charif » (le Noble Sanctuaire) où se trouvent le Dôme du Rocher (« Qoubbat al-Sakhra ») et la Mosquée « Al-Aqsa » (l’Ultime). Mais si ce lieu n’avait pas d’abord été le « Mont du Temple », où le Calife Omar ben al-Khattab aurait-il fait construire cette Mosquée qui porte aussi son nom lors de la colonisation en l’an 634 de Jérusalem face à Byzance ?

L’appellation quasi exclusive « Esplanade des Mosquées » formulée par Le Monde est symptomatique d’une dérive, également exprimée par Yasser Arafat dans le film événement de Charles Enderlin « Le Rêve Brisé » :

« Il n’y a jamais eu de Temple Juif à Jérusalem »

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L’ARCHÉOLOGIE ET LA LÉGITIMITÉ DE L’ÉTAT D’ISRAËL

« Deux archéologues contestent la réalité historique de la Bible », Le Monde du 7 juin 2002

Henri Tincq dans Le Monde prend prétexte de l’analyse des archéologues Israël Finkelstein et Neil Asher Silberman pour tenter un peu vite de délégitimer l’État d’Israël : « Yasser Arafat n’avait-il pas évoqué l’absence de toute trace archéologique de la brillante Jérusalem du roi David dans le livre biblique des Rois ? ».

Le Monde continue : « Mais comment continuer à fonder des droits politiques et territoriaux sur des mythes ou des constructions littéraires, alors même que des populations arabes et musulmanes se voient reprocher d’avoir recours à des légendes […] pour légitimer des désirs de conquête et d’implantation ? »

Citer les propos de Yasser Arafat comme argument scientifique semble plus que douteux quand on sait qu’il prétend que Jésus de Nazareth, « Roi des Juifs », est le premier des Palestiniens et affirme qu’il n’y a jamais eu de Temple Juif à Jérusalem.

Quand bien même les revendications israéliennes se baseraient sur les textes anciens, les analyses, en soi fort intéressantes, d’Israël Finkelstein et Neil Asher Silberman ne remettent aucunement en cause l’existence des rois David et Salomon, des royaumes d’Israël et de Juda, et de 3 000 ans d’histoire juive et de son attachement à la Terre d’Israël.

Cet article joue la confusion antisioniste politiquement correcte de nos jours. C’est d’autant plus vain que l’État d’Israël fonde sa légitimité sur le vote de Nations Unies du 29 novembre 1947 et sur sa déclaration d’indépendance du 15 mai 1948.

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LA PSYCHANALYSE

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LA PSYCHANALYSE ET LA LÉGITIMITÉ DE L’ÉTAT D’ISRAËL

« Freud contre l’« espérance injustifiée » du sionisme », Le Monde du 4 juillet 2002

Henri Tincq dans Le Monde prend prétexte d’une lettre de Sigmund Freud de 1930 pour, de nouveau, tenter de délégitimer l’État d’Israël

A propos d’une lettre soit-disant inédite retrouvée grâce aux efforts de l’historien Michele Ranchetti et du journaliste Paolo Di Stefano, Henri Tincq suggère que cela « risque de jeter le trouble dans des milieux juifs qui se croyaient autorisés à associer le fondateur de la psychanalyse au combat pour la création et la défense d’Israël ».

Un collectif de psychanalystes répond à Henri Tincq, dans Le Monde du 8 août 2003 :

«  […] Nous ignorions tout, avant d’avoir lu cet article, de ces mystérieux « milieux juifs qui se croyaient autorisés » - et que nous n’en savons pas davantage après l’avoir lu.

[…] La lettre est en réalité déjà connue en partie, donc pas de véritable scoop.

[…] Présenter la psychanalyse comme une entreprise quasi messianique en la rangeant sous la rubrique de la terre promise relève d’un aimable canular.

[…] Réduire le sionisme à une entreprise semblable est un coup porté à l’histoire en général et à celle du peuple juif en particulier.

[…] Comment [ces] auteurs des articles peuvent-ils présager, à partir de là, des positions que soutiendrait Freud aujourd’hui ? »

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L’INTIFADA « AL AQSA »

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La deuxième Intifada, au lendemain de l’absence de contre-proposition au plan Barak par Yasser Arafat, a été accompagnée d’un déluge médiatique qui ne s’est pas encore tari.

Depuis septembre 2000, les nouvelles du Proche-Orient ont fait des Unes du Monde. Mais ce journal de référence a eu en général un discours largement critique d’Israël en reprenant parfois à son compte certains argumentaires de la partie palestinienne, en particulier dans leurs formulations les plus extrémistes.

Il n’est clairement pas ici question de remettre en cause le droit à la critique de l’État d’Israël. Parce que ce pays est une démocratie vivante, cette critique s’entend dans les médias israéliens, dans Ha’aretz en particulier, et elle est naturellement admise par l’opinion publique israélienne.

Il s’agit ici de mettre en lumière les dérapages abusifs de cette critique.

Le Monde, dessin de Serguei du 2 août 2001

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LA GENÈSE DE L’INTIFADA « AL AQSA »

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LA « VISITE-PROVOCATION »

Dans son site Internet consacré au conflit (rubrique « Repères »), Le Monde écrit : « La deuxième Intifada a commencé, le 28 septembre 2000, à la suite de la répression sanglante de manifestations suscitées par la visite d’Ariel Sharon sur l’esplanade des Mosquées. D’où son nom, l’Intifada d’Al-Aqsa ». L’édition du Monde du 4 octobre 2000 inventa même l’expression « visite-provocation ».

Il n’y a quasiment eu que des policiers israéliens blessés ce jeudi 28 septembre. Ariel Sharon, le chef de l’opposition israélienne d’alors, était accompagné d’autres députés de la Knesset, juifs et arabes, et faisait la visite, planifiée donc non improvisée, de tous les lieux saints de la Ville. La visite sur l’Esplanade avait même été annoncée à l’avance auprès de l’autorité religieuse musulmane, le Waqf.

La véritable date du déclenchement de l’Intifada est le vendredi 29 septembre 2000 au cours d’affrontements qui font sept morts parmi les palestiniens. Le Monde fini par adhérer à cette thèse et il écrit le 10 février 2002 dans son supplément « L’Israël d’Ariel Sharon » à propos du 29 septembre 2000, « La police israélienne tire sur des manifestants palestiniens qui jettent des pierres ».

Mais la phrase du journaliste du Monde n’est pas terminée : En effet, ces manifestants palestiniens jetaient des pierres sur des Juifs en prière au Mur Occidental, dit des « Lamentations », en contre bas de l’Esplanade du Temple et des Mosquées, le soir du Nouvel An Juif, Rosh Hachana 5761.

Ariel Sharon, un Juif, sur le Mont du Temple, c’est une provocation, soit… Mais des pierres lancées sur la foule en prière au Mur Occidental le soir du Nouvel An Juif est aussi une provocation. Imaginons un seul instant que des manifestants juifs jettent des pierres sur l’Esplanade de la Basilique Saint-Pierre à Rome lors de la Messe de Noël ou sur l’Esplanade de la Mosquée de la Mecque le soir de l’Aïd ?

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MAIS DES ÉDITORIAUX ÉVOQUENT AUSSI DES VERSIONS BIEN PLUS PROCHES DE LA RÉALITÉ

« M. Arafat et le Hamas », Éditorial du Monde du 4 décembre 2001

« (…) Depuis qu’il [Yasser Arafat] a refusé de donner suite aux propositions de paix du travailliste Ehoud Barak ; depuis qu’il a déclenché une intifada qu’il est incapable d’arrêter ; depuis que le territoire sous sa tutelle est morcelé par Israël ; depuis que son administration, minée par la corruption et les divisions, essuie les coups de boutoir répétés de l’armée israélienne. Le Hamas prospère sur la situation qui est faite aux Palestiniens des territoires. Et sans doute n’est-il pas totalement légitime d’exiger de Yasser Arafat de tenir en échec un radicalisme qu’entretient le cycle infernal des attentats et des représailles. Mais M. Arafat a cultivé l’ambiguïté, de stratégie et de dessein, cependant qu’Ariel Sharon s’efforçait de l’éliminer politiquement. Pour M. Arafat, le moment de la vérité est venu. Il ne peut prétendre longtemps encore diriger le mouvement national palestinien s’il n’agit pas contre le Hamas. »

« Proche Orient, le pire », Éditorial du Monde du 15 décembre 2001 « (...) M. Arafat a contribué à son propre affaiblissement. Refusant de donner suite aux propositions Clinton de Camp David, à l’été 2000, il a été l’un des « grands électeurs » d’Ariel Sharon. Parfois complaisant envers le Hamas et porté au double langage, il a miné sa position. (…) Il porte une part de responsabilité dans le fait que 80% des Israéliens soutiennent M. Sharon (…) »

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LA COMPTABILITÉ DES VICTIMES

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DANS LA COMPTABILITÉ À L’UNITÉ DES MORTS DE L’INTIFADA,LES ASSASSINS KAMIKAZES SONT-ILS MIS AU PASSIF D’ISRAËL ?

« Proche orient : un an sans paix, 1000 morts », à la Une du Monde, le 1 décembre 2001

Comme l’ensemble des autres médias français, Le Monde comptabilise le nombre de mort de l’Intifada à l’unité

Pourquoi ne le font-ils pas pour les autres conflits en Algérie, au Soudan, en Irak, au Sahara Occidental, au Kurdistan, au Liban, au Kosovo, en Bosnie, en Somalie, au Nigéria, en Sierra Léone, au Rwanda, au Burundi, au Congo, en Angola, au Zimbabwe, en Tchétchénie, en Iran, en Afghanistan, au Tibet, en Birmanie, au Timor Oriental, en Indonésie, en Colombie, au Pérou, etc. ?

Mais que recouvrent donc exactement ces chiffres ? Le Monde, comme l’ensemble des autres médias français, compte-il également dans les victimes palestiniennes les assassins suicidaires islamistes du Hamas ou « laïques » membres des Brigades des Martyres d’Al Aqsa du Fatah de Yasser Arafat, ainsi que les « collaborateurs » issus d’affrontements ou de lynchages inter-palestiniens ?

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EN RÉALITÉ, LES VICTIMES PALESTINIENNES SONT EN MAJORITÉ DES COMBATTANTS QUAND LES ISRAÉLIENNES SONT DES CIVILS

En Août 2004, selon les Renseignements intérieurs israéliens, le nombre d’Israéliens tués dans le conflit armé actuel avec les Palestiniens, depuis son début, le 28 septembre 2000, vient de franchir le seuil des 1000 victimes. Seules deux guerres israélo-arabes ont coûté plus cher en vies humaines - la guerre d’indépendance (1948) et celle de Kippour (1973), lorsque Israël fut confronté à de nombreuses armées arabes.

Selon les bilans faits en Israël, 2124 Palestiniens ont été tués durant ladite période, dont 466 combattants du Hamas, 408 combattants du Tanzim et 205 du Jihad islamique. 334 activistes des nombreuses forces de sécurité palestiniennes ont également trouvé la mort. Les chiffres palestiniens annoncent 612 victimes supplémentaires, dont l’existence est mise en doute par Israël, d’autant que les Palestiniens comptabilisent les personnes tuées par leur propre camp (« accident de travail » - bombes explosant prématurément, matières explosives s’enflammant…- ou règlements de compte), ainsi que les terroristes-suicide.

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PAR COMPARAISON, LA COMPTABILITÉ DU MONDE POURLES VICTIMES SUD-SOUDANAISES ET KURDES

Le million et demi de morts sud-soudanais animistes ou chrétiens, génocide commis par le régime national-arabo-islamiste de Khartoum est le fruit d’une « guerre civile » ou d’un conflit « tribal » :

« Pour Khartoum, le conflit est « tribal, et non racial » », par Mouna Naïm dans l’édition du 28 janvier 2004

« « C’est via le Tchad et à la faveur des conflits intertchadien et tchado-libyen que des armes automatiques ont été introduites dans la partie nord-ouest du Darfour », ce qui a aggravé sensiblement un conflit endémique entre autochtones dans cette région de l’ouest du Soudan, a déclaré au Monde Eltighani Fidail, vice-ministre soudanais des affaires étrangères. […] »

« L’ouest du Soudan se sent exclu de la paix négociée entre le nord et le sud », par Mouna Naïm dans l’édition du 20 janvier 2004

« La phase finale des négociations de paix entre le gouvernement soudanais et les rebelles du Sud, destinées à mettre fin à plus de vingt ans de guerre civile, est mise en péril par l’embrasement du Darfour, la province semi-désertique de l’Ouest. Dans cette partie pauvre mais fortement peuplée du Soudan, l’armée gouvernementale s’engage de plus en plus au côté des milices « arabes » qui dévastent le Darfour pour son compte, depuis que le régime de Khartoum et les rebelles du sud du Soudan se sont mis d’accord, le 7 janvier, sur un futur partage des richesses - notamment pétrolières - du pays. »

Quand des « Arabes » tuent des « Kurdes », ce sont des « affrontements » :

« Affrontements meurtriers entre Kurdes et Arabes en Syrie », par Mouna Naïm dans l’édition du 16 mars 2004

« Ce sont des incidents inédits en Syrie : un conflit entre Arabes et Kurdes syriens à l’occasion d’un match de football a fait au moins 14 morts, tous Kurdes, et des dizaines de blessés, vendredi 12 et samedi 13 mars et suscité une vive tension dans plusieurs villes du nord-est du pays. La situation en Irak a été le détonateur de ce conflit […]. »

« Nouveaux affrontements entre Kurdes et forces de l’ordre en Syrie » par Mouna Naïm dans l’édition du 18 mars 2004

« Une vingtaine de Kurdes ont été tués et des centaines d’autres ont été arrêtés . De nouveaux affrontements entre Kurdes et forces de l’ordre en Syrie ont fait, mardi 16 mars, dans la région d’Alep (nord), trois nouvelles victimes kurdes, selon des responsables kurdes cités par l’AFP, sept morts d’après l’agence de presse turque Anatolie. Ces accrochages ont eu lieu à l’occasion de cérémonies commémorant l’attaque à l’arme chimique, le 16 mars 1988, par les troupes du dictateur irakien aujourd’hui déchu Saddam Hussein, du village kurde irakien d’Halabja. »

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DES ÉDITORIAUX POSENT PARFOIS DE BONNES QUESTIONS

Les éditorialistes du Monde, cherchant sans doute à atténuer le ton relativiste des articles de Mouna Naïm à propos du Soudan, corrige, une nouvelle fois, la ligne éditoriale du journal :

« Leçons rwandaises ? » éditorial de l’édition du 8 avril 2004

« […] ce qui se passe au Soudan depuis de trop longues années incite à penser que toutes les leçons n’ont pas été tirées de la tragédie rwandaise.

Dans cet autre pays d’Afrique, le gouvernement central dominé par des Arabes musulmans a martyrisé pendant des années les populations africaines, animistes et chrétiennes, du Sud. Aujourd’hui, il s’en prend à celles de l’ouest du pays, dans la région du Darfour, où les forces soudanaises bombardent, pillent, violent, déportent et réduisent en esclavage les habitants de villages entiers. Certaines ONG avancent le chiffre de mille tués par semaine. C’est un crime contre l’humanité qui est commis au Darfour, dans l’indifférence réservée à une lointaine contrée. Comme au Rwanda, en un terrible printemps 1994. »

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LA QUALIFICATION DES VICTIMES ET DES ASSASSINS

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DES KAMIKAZES-ASSASSINS PARFOIS QUALIFIÉS DE « VICTIMES »

« Un attentat-suicide à Tel-Aviv a fait cinq victimes, dont

les deux kamikazes. […] » Site Internet du Monde, le 18

juillet 2002

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DANS LA « PLANÈTE TERRORISTE », LES ATTENTATS EN ISRAËL NE SONT PAS MENTIONNÉS

Le Monde dans son supplément du week-end « Le Monde 2 » du 18-19 avril 2004 propose une « géographie de la terreur » en omettant toute référence aux attentats commis en Israël et à certains attentats à connotation explicitement antisémites

La carte fait disparaître l’État d’Israël au profit de la « Palestine »

On ne trouve aucune mention précisant la cible des attentats « dans le centre d’Istanbul » contre les deux synagogues de la ville et ceux de Casablanca visant le cimetière israélite et un restaurant appartenant à un Juif.

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DANS LA « PLANÈTE TERRORISTE », LES ATTENTATS EN ISRAËL NE SONT PAS MENTIONNÉS

Le Monde du 24 juillet 2005 omet toujours toute référence aux attentats commis en Israël

Le dessin de Plantu ne fait apparaître le drapeau de l’État d’Israël au côté des pays frappés par le terrorisme islamiste

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LES ATTENTATS-SUICIDES SONT LES « ARMES DU DÉSESPOIR » DES « ACTIVISTES PALESTINIENS  »

• « La « fierté » de Tauriya Hamamra, candidate-kamikaze »• « Saleh Abdel Jawad : «  Un danger pour le projet national palestinien » »

Dans son article du Monde du 10 août 2002, « La destruction de nos biens par l’armée israélienne « intensifie la violence, le désir de vengeance » », Rémy Oudran désigne en trois termes les kamikazes assassins :

• Des « martyrs » pour les palestiniens, • Des « terroristes» pour les israéliens , • Des « activistes palestiniens ayant pris les armes contre Israël » pour le journaliste

Certains assassins suicidaires sont présentés de façon romantique : • « Les larmes d’Hassan, réfugié de 1948 et père d’un kamikaze du Hamas » dans l’édition du 19 juin 2001

où Bruno Philip écrit : « Le vieil homme affable en galabiyeh d’une blancheur immaculée égrène avec componction son chapelet à l’ombre de la véranda. A le voir ainsi, accroupi sur des coussins, dans sa modeste maison du camp de réfugiés de Jaballiyah, près de Gaza-Ville, on ne saurait deviner que ce Palestinien souriant est le père de l’un des derniers kamikazes du territoire »

• « Ayat, la belle Ayat, la fille de Mohammed, a perpétré un sanglant attentat-suicide en mars à Jérusalem [..] Mohamed a perdu sa fille, et ce soir, ou un jour prochain, il perdra le toit qui abrite ses autres enfants  », par Gilles Paris dans l’édition du 10 août 2002

• « A Naplouse, la semaine tragique d’une famille palestinienne… », dans l’édition du 11 février 2004 où Gilles Paris écrit : « Après l’explosion de la ceinture que portait le jeune homme, unique victime de son engin de mort »

Sur toute la page 2 du Monde du 13 juin 2002, Gilles Paris titre : « Les attentats-suicides, arme du désespoir des Palestiniens »

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CES ATTENTATS SONT POURTANT QUALIFIÉS DE « CRIMES CONTRE L’HUMANITÉ », SELON AMNESTY INTERNATIONAL,

HUMAN RIGHTS WATCH ET MÉDECINS DU MONDE

Dans l’édition du 18 juillet 2002, Le Monde publie un tout petit article non signé : « Amnesty condamne les attentats ». L’article relate, mais minimise aussi par le choix de son titre et sa faible longueur, le rapport d’Amnesty International qui qualifie les « meurtres délibérés de civils israéliens par des groupes ou des individus palestiniens (..) à grande échelle et systématiques (..) et [faisant] partie d’une politique clairement revendiquée » de « crimes contre l’Humanité ».

Puis dans l’édition du 3 Novembre 2002, Gilles Paris publie enfin un « vrai article » à ce sujet : « Les kamikazes palestiniens sont des « criminels de guerre », dénonce Human Rights Watch » :« Dans son dernier rapport, l’organisation humanitaire désigne la « responsabilité politique » de Yasser Arafat, qui entretiendrait un « climat d’impunité » autour des responsables d’attentats. […] « La méthode, le suicide, importe peu, contrairement aux cibles visées, les civils. C’est pour cette raison que ces attentats constituent des crimes contre l’humanité. Les responsables de tels actes ne sont pas des « martyrs » mais des criminels de guerre qu’il convient de poursuivre et de juger », assure le responsable de Human Rights Watch.  »

Et enfin dans l’édition du 23 juillet 2003, Mouna Naïm publie « Les attentats contre les civils israéliens sont des « crimes contre l’Humanité », selon MDM » :

« Dans la mesure où ils visent « intentionnellement » les populations civiles, les attentats commis par des groupes palestiniens contre des lieux fréquentés par des civils israéliens sont des « crimes contre l’humanité », affirme l’organisation Médecins du Monde (MDM) dans un rapport sur « les civils israéliens victimes des attaques des groupes armés palestiniens », publié lundi 21 juillet à Paris. Ce sont des « violations particulièrement flagrantes de l’obligation de distinguer entre civils et combattants », posée par le droit international humanitaire et le droit international coutumier. Dès lors qu’ils sont « prémédités, généralisés, planifiés, systématiques, revendiqués et ayant pour objectif de faire le plus grand nombre de victimes possibles », il ne fait aucun doute que ces attentats relèvent de tels crimes […] »

Mais Mouna Naïm « oublie » de mentionner que MDM en rend en partie responsable l’Autorité Palestinienne de Yasser Arafat.

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DES TERRORISTES DU HAMAS, DU DJIHAD ETDES MARTYRS D’AL AQSA, « MORTS POUR RIEN »

« Des morts aussitôt oubliés » dans l’édition du 9 mars 2004 par Gilles Paris « […] Les violences de part et d’autre n’ont pas disparu, loin de là, mais elles semblent désormais admises comme un moindre mal lorsqu’elles touchent les territoires palestiniens. Les incursions et les assassinats ciblés perpétrés à Gaza par l’armée israélienne ne cessent ainsi d’être mis sur le compte de l’autodéfense et sont acceptés comme tels malgré une légitimité (pour ne pas parler de leur efficacité) plus que douteuse […] Pratiquement plus personne dans le monde ne condamne, ou simplement ne déplore, la mort de civils, souvent des enfants, pris au piège de combats urbains dans des zones parmi les plus peuplées de la planète. Faute d’énergie, faute de volonté. Au rythme des incursions israéliennes actuelles, le seuil de 3 000  morts palestiniens devrait être atteint avant l’été. Les Palestiniens ont beau mourir trois fois plus que les Israéliens (pour une population inférieure de moitié), cet élément ne compte plus. Aussitôt oubliés, ces morts-là sont en apparence des morts pour rien. […] »

Pourtant ces « morts pour rien », qui seraient « souvent des enfants » sont par ailleurs décrits comme des « combattants » dans Le Monde:

• « Une dizaine de combattants palestiniens auraient ainsi été tués, dont une majorité de membres du Mouvement de la résistance islamique (Hamas) ainsi que trois enfants et un adolescent. Les combats, qui se sont étendus au camp de réfugiés voisin de Bourej, ont également fait 80 blessés, selon des sources palestiniennes. » dans Le Monde du 9 mars 2004

• « Deux policiers et trois kamikazes palestiniens ont été tués samedi matin 6 mars dans une double attaque ratée contre un poste militaire israélien au passage d’Erez, à l’entrée nord de la bande de Gaza, a-t-on indiqué de source sécuritaire palestinienne. » dans Le Monde du 7 mars 2004

• « Trois activistes du mouvement radical palestinien Hamas ont été tués mercredi 3 mars dans un raid d’hélicoptères israéliens dans la bande de Gaza. » dans Le Monde du 3 mars 2004

• « Trois Palestiniens, dont Mahmoud Djouda, un responsable du Djihad islamique, ont été tués et quinze autres blessés samedi 28 février dans un raid aérien israélien contre une voiture dans la bande de Gaza. […] Mahmoud Djouda circulait dans une voiture, en compagnie des autres victimes, deux de ses cousins Ayman et Amin Dahdouh, qui occupaient un rang subalterne au sein de l’organisation extrémiste.  » dans Le Monde du 28 février 2004

Gilles Paris regrette-t-il que ces terroristes ne soient pas « morts pour quelques choses » en se faisant exploser dans des bus et des cafés israéliens ?

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APRÈS 600 MORTS ISRAÉLIENS, LE MONDE PRÉSENTE ENFIN LE VISAGE D’UNE VICTIME ISRAÉLIENNE […EN FAIT UNE VICTIME FRANÇAISE]

« David Gritz, victime de la « haine » », Le Monde du 7 août 2002

« L’Étudiant Gritz », Éditorial du Monde du 7 août 2002 :

« Les Israéliens vivent cela depuis trop longtemps. Ils ont l’impression que les Européens ne les comprennent pas. Ils ont le sentiment que les réactions sur le vieux continent, trop souvent stéréotypées dans l’habituel communiqué des chancelleries [..] finissent, dans leur morne et désincarnée répétition, par ne plus manifester aucune empathie pour ce qu’ils endurent. […] »

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LE HAMAS

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LES « MODÉRÉS » DU HAMAS

Le Monde trouve des circonstances atténuantes pour le Hamas : « Le Hamas, un mouvement de masse », publié le 20 Juin 2003 par Gilles Paris

« Il y a quelque commodité à présenter le Mouvement de la résistance islamique (Hamas) palestinien comme un « groupe relativement petit mais dangereux », comme l’a fait la Maison Blanche au lendemain du dernier attentat perpétré à Jérusalem. De cette vision exprimée à Washington, il ressort que le désir identique de paix prêté à deux premiers ministres, Mahmoud Abbas et Ariel Sharon, serait malheureusement contrarié par les agissements terroristes effroyables - et ils le sont - d’une minorité qu’il faudrait mettre hors d’état de nuire au plus vite. Cette présentation des faits […] malheureusement est fausse. […] Il est pour le moins inexact de présenter le parti qui a pris naissance en 1987 à Gaza, au tout début de la première Intifada, comme un élément groupusculaire que son extrémisme condamnerait à la marginalité. Bien au contraire, le Hamas a toujours été - et demeure - un mouvement de masse. […] »

…et Michel Bôle-Richard y trouve même des « modérés » : « Les groupes radicaux palestiniens dénoncent la trêve avec Israël », publié le 22 août 2003

« […] Agé de 53 ans, père de onze enfants, Ismaïl Abou Chanab, originaire de Gaza, a été un fondateur du Mouvement de la résistance islamique (Hamas) aux côtés de son chef spirituel, le cheik Ahmed Yassine. Ce qui lui a valu de passer dix ans en prison. Formé à l’université Al-Mansour au Caire, diplômé de l’université du Colorado aux Etats-Unis, cet ingénieur en bâtiment a toujours été considéré comme un modéré. Siégeant comme observateur au Conseil central de l’OLP (Organisation de libération de la Palestine), il avait envisagé la prolongation de la trêve en échange d’un retrait d’Israël des territoires occupés. Il était connu pour son ton mesuré et son caractère tranquille. Pour Israël, au contraire, il était « responsable de la prise de décision et dirigeait et approuvait les opérations militaires », indique un communiqué du premier ministre.[…] »

Pourtant dans la charte du Hamas, Le Monde l’admet lui-même, « Les références antisémites abondent » (publié le 29 Décembre 2001, article non signé)

« L’article 31 de la Charte du Hamas précise que « sous l’égide de l’islam », « il est possible pour les fidèles de (...) l’islam, du christianisme et du judaïsme de vivre dans la paix et dans l’harmonie ».

Mais le document abonde de références antisémites, particulièrement à l’article 22, qui indique que « les ennemis ont amassé d’énormes fortunes qu’ils consacrent à la réalisation de leurs objectifs. A travers l’argent, ils ont pris le contrôle des médias du monde entier (...), ils ont financé des révolutions dans le monde entier. (...) la révolution française, la révolution communiste (...) Ils ont établi des organisations clandestines (...) comme les Francs-Maçons, le Rotary club et le Lion’s club, etc., pour détruire les sociétés et promouvoir les intérêts du sionisme ».

Le sommet est atteint avec l’article 32, qui assure que « le plan sioniste n’a aucunes limites ; après la Palestine, ils veulent s’étendre du Nil jusqu’à l’Euphrate. Dès qu’ils ont occupé un espace, ils regardent vers un autre, conformément au plan qui apparaît dans les Protocoles des Sages de Sion », ce faux grossier, classique de l’antisémitisme. »

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LA COMPASSION POUR LE TERRORISTE YASSINE

« L’élimination du cheikh Yassine soulève une vague de réprobation » par Gilles Paris dans l’édition du 24 mars 2004

« Cloué sur un fauteuil roulant depuis son enfance, le cheikh a été assassiné à l’aube, en sortant de la mosquée où il s’était rendu pour la prière du matin. […] Tué sur le coup, le cheikh Yassine a été évacué à l’hôpital Al-Shifa de Gaza. Les chaînes de télévision arabes ont diffusé rapidement des images de sa dépouille noircie déposée dans la morgue de l’établissement. Elle repose à présent sous un petit monticule de sable fraîchement travaillé. Une tombe modeste qui se fond déjà parmi les autres. Deux parpaings ont été enfoncés à la hâte aux deux extrémités, imitant les stèles verticales encadrant les pierres tombales, les « Témoins » chargés de peser les bonnes et les mauvaises actions du défunt selon les coutumes funéraires musulmanes. Calligraphié à la main, un écriteau de carton rappelle le nom du disparu. Deux œillets et deux roses rouges ont été fichés dans le sable figé par un peu d’eau. Quelques Palestiniens viennent rendre hommage au chef spirituel du Hamas. Maher, un assistant de l’université islamique, est accompagné de ses enfants. « C’est un crime, s’en prendre à un paralysé, incapable de se défendre », s’indigne-t-il. […] Devant sa maison aux murs peints de longue date par des slogans à la gloire des combattants islamistes, une relique macabre et dérisoire était exposée lundi soir : l’armature constellée de trous du fauteuil roulant du cheikh assassiné coiffée d’un morceau de chambre à air. Elle était entourée quasi religieusement par des enfants pour une fois muets. »

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UN RELATIVISME ODIEUX

« L’assassinat du cheikh Yassine et la stratégie du chaos », par Gilles Paris dans l’édition du 27 mars 2004

« Le 27 mars 2002 , un porteur de bombe palestinien du Mouvement de la résistance islamique (Hamas) avait provoqué un bain de sang dans un hôtel de Nétanya, alors qu’Israël s’apprêtait à célébrer le Seder, le repas marquant le début de la Pâque juive. Un attentat de plus pour les Palestiniens, seulement un peu plus meurtrier. Un véritable sacrilège pour les Israéliens, qui allait provoquer, en représailles, la reconquête militaire des zones autonomes palestiniennes de Cisjordanie.

Le 22 mars, Ahmed Yassine, le chef spirituel du Hamas responsable de dizaines d’opérations sanglantes dont celle de Nétanya, a été tué par l’armée israélienne. Un chef terroriste en moins pour les Israéliens, majoritairement favorables à l’assassinat d’un sexagénaire handicapé. Un crime pour les Palestiniens, unanimement choqués à la fois par la cible, un cheikh, aussi politique et radical soit-il, par le lieu et l’heure, la sortie d’une mosquée après la prière du matin.

Ces deux dates apparaissent ainsi comme deux jalons de plus sur le chemin d’une lente mais sûre méconnaissance entre deux sociétés qui ne semblent plus capables désormais de se comprendre, et donc d’analyser avec justesse les conséquences de leurs choix. […] »

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LE BILAN NON PUBLIÉ DU « CHEF SPIRITUEL » AHMED YASSINE ET D’ABDEL AZIZ AL-RANTISSI

Le Monde publie le « bilan » des actions anti-terroristes menées contre le Hamas par l’État d’Israël

« Plus de trois ans d’opérations israéliennes contre le Hamas » dans l’édition du 19 avril 2004

« Les principales opérations israéliennes contre les responsables du Hamas.

• 3 décembre 2000 : Awad Silmi, un des chefs des Brigades Ezzedine El Kassam, est tué dans une explosion près de Karni, point de passage entre Israël et la bande de Gaza.

• 31 juillet 2001 : Jamal Mansour et Jamal Salim, deux responsables du Hamas, sont tués dans une attaque d’hélicoptère contre un bureau du Hamas à Naplouse (Cisjordanie).

• 23 novembre : Mahmoud Abou Hannoud, l’un des principaux chefs militaires du Hamas, est tué dans un raid d’hélicoptères près de Naplouse.

• 22 juillet 2002 : le chef militaire du Hamas et fondateur des Brigades Ezzedine El Kassam, Salah Chéhadé, est tué par une bombe d’une tonne lâchée par un F-16 israélien sur un immeuble de Gaza. Dix-sept autres personnes sont tuées, dont onze enfants.

• 14 août : Nasser Jarrar, le chef des Brigades Ezzedine El Kassam à Jénine (Cisjordanie) est tué lors d’une opération israélienne à Toubas.

• 26 septembre : Israël tente sans succès d’éliminer Mohammed Deif, un des principaux chefs militaires du Hamas, dans un raid d’hélicoptères contre son véhicule à Gaza.

• 8 mars 2003 : Ibrahim Al-Makadmeh, dirigeant historique du mouvement, est assassiné avec ses trois gardes du corps dans un raid d’hélicoptères israéliens à Gaza.

• 8 avril : Saadi Al-Arabid, un chef des Brigades Ezzedine El Kassam, est tué à Gaza dans un raid aérien sur sa voiture. Six autres personnes (dont deux enfants et deux adolescents) sont tuées.

• 10 juin : Des hélicoptères israéliens tirent des missiles sur la voiture d’Abdel Aziz Al-Rantissi, qui échappe de peu à la mort. Trois autres Palestiniens sont tués.

• 21 juin : Abdallah Kawasmeh, considéré comme le numéro un du Hamas en Cisjordanie, est tué lors d’un raid ciblé de l’armée israélienne à Hébron.

• 21 août : Ismaïl Abou Chanab, l’un des principaux dirigeants politiques du Hamas, est tué, ainsi que deux gardes du corps, par des missiles israéliens tirés sur sa voiture à Gaza.

• 6 septembre : tentative ratée d’élimination du cheikh Ahmed Yassine par raid aérien contre un appartement à Gaza.

• 9 septembre : le chef de la branche armée du Hamas à Hébron, Ahmed Badr, et un de ses lieutenants sont tués dans une opération israélienne dans ce secteur du sud de la Cisjordanie.

• 10 septembre : l’un des principaux dirigeants politiques du Hamas, Mahmoud Al-Zahar, échappe de peu à un raid israélien à Gaza qui coûte la vie à son fils et à son garde du corps.

• 3 mars 2004 : trois activistes du Hamas sont tués dans un raid d’hélicoptères sur une voiture circulant dans la bande de Gaza.

• 22 mars : Cheikh Ahmed Yassine est assassiné dans un raid d’hélicoptères israéliens, alors qu’il sortait d’une mosquée à Gaza. Sept autres personnes sont tuées et quinze blessées. »

Mais le journal ne publie pas le bilan des actions terroristes du Hamas contre les civils israéliens

• 1 Juin 2001, attaque suicide devant la discothèque Dolphinarium de Tel Aviv, 21 morts et 120 blessés

• 9 Août 2001, attaque suicide dans le restaurant S’barro de Jérusalem, 15 morts et 130 blessés

• 1 Décembre 2001, double attaque suicide dans la rue Ben Yehuda de Jérusalem, 11 morts et 188 blessés

• 2 Décembre 2001, attaque suicide dans un bus de la ligne 16 à Haïfa, 15 morts et 40 blessés

• 9 Mars 2002, attaque suicide dans le café Moment de Jérusalem, 11 morts et 54 blessés

• 27 Mars 2002, attaque suicide dans un hôtel de Netanya lors du premier soir de Pessah’, 30 morts et 140 blessés

• 18 Juin 2002, attaque suicide dans un bus de la ligne 32A bus à Jérusalem, 19 morts et 74 blessés

• 4 Août 2002, attaque suicide dans un bus de la ligne 361 au carrefour Meron, 9 morts et 50 blessés

• 21 Novembre 2002, attaque suicide dans un bus de la ligne 20 à Jérusalem, 11 morts et 50 blessés

• 5 Mars 2003, attaque suicide dans un bus de la ligne 37 à Haïfa, 17 morts et 53 blessés

• 18 Mai 2003, attaque suicide dans un bus de la ligne 6 à Jérusalem, 7 morts et 20 blessés

• 11 Juin 2003, attaque suicide dans un bus de la ligne 14A à Jérusalem, 11 morts et 100 blessés

• 19 Août 2003, attaque suicide dans un bus de la ligne 2 à Jérusalem, 23 morts et 130 blessés

• 9 Septembre 2003, attaque suicide devant un lieu d’auto-stop près de la base de Tzrifin, 9 morts et 10 blessés

• 9 Septembre 2003, attaque suicide dans le café Hillel de Jérusalem, 7 morts et 70 blessés

• 29 Janvier 2004, attaque suicide dans un bus de la ligne 19 à Jérusalem, 11 morts et 44 blessés

• 14 Mars 2004, double attaque suicide dans le port d’Ashdod, 10 morts et 16 blessés

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MAIS DES ÉDITORIAUX ÉVOQUENT AUSSI LA RÉALITÉ DU HAMAS

« M. Arafat et le Hamas », Éditorial du Monde du 4 décembre 2001

« Il faut dire les choses simplement. Le bain de sang perpétré samedi 1er et dimanche 2 décembre par des terroristes du mouvement palestinien Hamas en Israël relève de la barbarie. Mélange de folie meurtrière et de sauvagerie absolue. Ses auteurs l’ont revendiqué. Ils n’ont évoqué ni « contexte » ni « circonstances ». Ils disent avoir voulu « venger » l’un des leurs. Leurs cibles n’étaient ni politiques ni militaires. Pour reprendre le discours que développe leur propagande, jour après jour, ils ont voulu tuer « le plus de juifs possible » - ils ne disent jamais « Israéliens ». Ils ont frappé samedi soir la rue la plus fréquentée de Jérusalem, projetant une volée de clous et de boulons aux terrasses de cafés bondés. Ils ont, le lendemain, pulvérisé un bus plein de paisibles voyageurs dans la ville de Haïfa. Trente personnes ont été tuées ; plus de deux cents autres blessées, souvent grièvement. Nombre d’entre elles resteront mutilées à vie. Elles ont eu le tort d’aller prendre un café à la fin du shabbat ou de monter dans un bus pour aller au travail... Les responsables de pareilles monstruosités sont ceux qui portent la bombe à clous et leurs commanditaires. Pas les « circonstances » ou la « situation ».

Les méthodes du Hamas disent sa nature, totalitaire, et sa charte ne cache pas son dessein : non pas libérer les territoires occupés mais rayer Israël de la carte. Ses dirigeants se sont opposés au processus d’Oslo. Ils refusent la solution du partage territorial, la création d’un Etat palestinien au côté d’Israël. […] »

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YASSER ARAFAT

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LES INTERVIEWS, CONCILIANTES, DE YASSER ARAFATEN ANGLAIS SUR CNN ET FOX TV SONT PUBLIÉES…

Dans Le Monde daté du 2 avril 2002, le journal publie des extraits de l’interview en anglais de Yasser Arafat à CNN et Fox TV :

« Nous ne nous rendrons jamais » « le Président de l’autorité palestinienne, Yasser Arafat, confiné dans son quartier général, a déclaré, dimanche 31 mars, dans un entretien avec des journalistes diffusé par CNN: « Le plus important n’est pas ce que j’endure (…). C’est ce que notre peuple endure nuit et jour. Hier, neuf personnes ont été tuées, assassinées.(…) Votre présence a empêché leurs chars et leurs blindés d’entrer dans notre hôpital de Ramallah. »

Il a affirmé avoir redemandé, samedi, au secrétaire d’État américain, Colin Powell, « l’envoi d’une force internationale dans les territoires occupés. »

La veille, dans un entretien à Fox TV, le Président palestinien avait déclaré : « Nous ne nous rendons jamais. »

A la question de savoir s’il avait un message pour Georges W. Bush, Arafat a répondu : « Mettre en œuvre immédiatement un cessez-le-feu et commencer l’application des rapports Mitchell et Tenet. »

Plus tôt, il avait affirmé : « Ils ont complètement détruit sept de nos bâtiments tout autour de mon bureau et tiré sur mon bureau avec toutes leurs armes (…) C’est le véritable terrorisme de l’occupation ».  »

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… MAIS SON INTERVIEW « SHAHID » SUR AL JAZIRAEST LARGEMENT TRONQUÉE !

Le Monde du 31 mars 2002 ne publie que quelques extraits de l’interview en arabe de Yasser Arafat sur Al Jazira :

« Dans une conversation avec la chaîne Al Jazira, Yasser Arafat a déclaré qu’il n’avait aucunement l’intention d’être prisonnier ou de se faire tuer, mais d’être un « martyr ». Il a ajouté, dans une phrase qui a tiré des larmes jusque chez ses adversaires, islamistes du Hamas ou laïques du Front Populaire: « Ma vie vaut-elle plus que la vie d’un simple citoyen palestinien,que celle d’un enfant palestinien » ? »

Voici l’interview complète de Yasser Arafat à la télévision Al Jazira, que Le Monde n’a pas publié :

« Yasser Arafat : « Ils ont décidé de me faire prisonnier, de me déporter ou de me tuer. Non, je leurs dis [que je serais] un martyr, un martyr, un martyr et un martyr. Allah, donne moi le martyre à...[Jérusalem]. Je finirai peut-être en martyr, mais c’est sûr, l’un ou l’autre de nos garçons ou de nos filles brandira le drapeau de la Palestine sur les murs de Jérusalem, sur les minarets de Jérusalem et sur les églises de Jérusalem. Que tous comprennent : personne, dans le peuple palestinien ou dans la nation arabe, ne se soumettra ni se rendra. Mais nous prions Allah qu’il fasse de nous des martyrs, des martyrs. Nous marchons sur Jérusalem, des martyrs par millions. [...] C’est un appel aux nations arabes et musulmanes, et à tous le chrétiens du monde entier. Cette terre est sacrée, cette terre que l’on appelle en occident « Terra Sancta », la Terre Sainte. Nous défendons ces lieux saints ».

Al Jazira : Est-il possible que les forces israéliennes tentent de vous assassiner?

« Ils sont les bienvenus. Je recherche le martyre. Allah, accorde-le-moi. Est-ce que je vaux mieux que nos jeunes héros ? Nous recherchons le martyr. Nous le voulons tous. Tout le peuple palestinien est prêt au martyre... » Al Jazira : Sharon dit qu’il y a désormais une guerre sans frontières géographiques. Quelle est votre évaluation de la situation ?« Nous envisageons toutes possibilités. Personne n’est ébranlé, personne n’a peur, personne ne se replie. Nous marchons sur Jérusalem, des martyrs par million ».

Source: Courrier International « Abattre Arafat, et après ? » du 4 avril 2002

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LES DÉTOURNEMENTS DE FONDS

Gilles Paris dans Le Monde du 28 et 29 septembre 2003 évoque le rapport du Fonds Monétaire International (FMI) sur l’économie palestinienne : « Dans un rapport publié le 15 septembre, le Fonds monétaire international a rendu hommage à la capacité de « résistance » de l’économie palestinienne. Il est vrai que son effondrement maintes fois pronostiqué avec l’Intifada n’a pas eu lieu. Mais cette « résistance », comme en convient d’ailleurs le FMI, est pour une très large part artificielle. La survie n’aurait sans doute pas été possible sans le soutien massif des donateurs internationaux. […] »

Mais Gilles Paris omet d’évoquer que ce même rapport du FMI, et son représentant en Cisjordanie et à Gaza Karim Nashashibi, accuse Yasser Arafat d’avoir détourné sur une période de cinq ans près de 900 millions de dollars (792 millions d’euros) de fonds publics sur un compte bancaire dont il avait le contrôle.

L’oubli est rectifié près de six mois après, dans l’édition du 12 février 2004 dans un article non signé « La justice française enquête sur les comptes bancaires de Mme Arafat » où il est écrit :

« Lors d’une conférence de presse, tenue à Dubaï en septembre 2003, le responsable de l’enquête, Karim Nashashibi, un Palestinien des territoires occupés avait dénoncé les « détournements de revenus du budget -palestinien- vers un compte bancaire spécial contrôlé par le président Arafat ». Entre 1995 et 2000, avait ajouté M. Nashashibi, « nous estimons cette somme à environ 900 millions de dollars ». Qu’est devenue cette manne ? L’argent se trouve au cœur des luttes de pouvoir, au sein de l’Autorité palestinienne. C’est le ministre palestinien des Finances, Salem Fayed, qui avait ainsi demandé l’audit du FMI. »

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DÉRAPAGES, AMALGAMES, RUMEURS ET DÉNÉGATIONS

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LA CARICATURE SUR JÉNINE…

Dans Le Monde en date du mercredi 1er mai 2002, est publié en page 18 le dessin d’un quotidien kenyan, traduit par l’hebdomadaire Courrier International pour Le Monde.

Dès 1939, la population juive avait été emprisonnée, empêchée de sortir du Ghetto, la faim et l’épidémie faisant 100 000 morts. Durant la seule période de 11 semaines retenue sous le nom de « grande action » de liquidation du ghetto de Varsovie, entre juillet et septembre 1942,

300 000 Juifs ont été déportés et exterminés dans les camps de Treblinka, Belzec, Chelmno, Sobibor et Auschwitz.

La révolte des 60 000 survivants a été écrasée dans le sang en mai 1943

Il y a eu 23 soldats israéliens tués (en majorité des réservistes) et 53 palestiniens tués dont 22 civils (selon HRW), 7 civils selon Tsahal.

Une grande partie des kamikazes palestiniens qui sont allés massacrer des dizaines de civils, parce que juifs, dans des bus, des restaurants et

lors de cérémonies religieuses étaient originaires de Jénine.C’est précisément pour cette raison que Tsahal est rentré

dans Jénine lors de l’opération « Rempart »

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… PUIS LE MÉA-CULPA

« Vu de Nairobi », Le Monde du 12 mai 2002, par Robert Solé

« […] Le Monde du 3 mai a été pris à partie pour avoir reproduit dans sa page Kiosque un dessin paru dans un journal kényan, le Daily Nation. [...]

Soulignons d’abord que ce dessin, tiré d’un journal étranger, faisait partie de la revue de presse quotidienne, qui n’exprime pas l’opinion du Monde mais celle des organes cités. Dans le cas présent, il s’agissait du plus grand journal kenyan et de son dessinateur attitré, Cardo. Il pouvait être intéressant de montrer comment la situation au Proche-Orient est vue à des milliers de kilomètres de là, en Afrique noire. Étant entendu qu’un dessin de presse est généralement excessif et souvent schématique.

Ajoutons que Le Monde n’a pas cherché à grossir les événements de Jénine. Dans un éditorial du 29 avril, il opposait - « sans diminuer en rien les souffrances de la population palestinienne et sans atténuer en rien la condamnation de la politique d’Ariel Sharon » - le nombre de victimes (« sans doute de 50 à 80 morts ») à « l’anéantissement total (plusieurs milliers de tués) de la capitale tchétchène, Grozny ». Dans son éditorial du 4 mai, tout en évoquant au conditionnel de possibles « crimes de guerre », il affirmait : « Rien ne permet de penser que l’armée israélienne a perpétré des massacres à Jénine. »

Est-ce à dire que le dessin de Cardo méritait un tel honneur ? Une revue de presse est toujours une sélection : il est rare que l’on cite les commentaires les plus stupides des confrères. Par ailleurs, un dessin n’a pas le même impact qu’un texte, le publier peut laisser croire qu’on lui trouve une certaine pertinence. Le dessin incriminé, pris dans un journal de Nairobi, sans même une légende explicative, pouvait passer pour de la provocation. On ne joue pas avec ces choses-là et il y a d’autres manières, moins absurdes, de défendre les Palestiniens...

Bref, ce dessin n’avait pas sa place dans Le Monde. »

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LES RUMEURS SUR LES ISRAÉLIENS

Pour Sylvain Cypel, les Israéliens étaient-ils au courantdes attentats du 11 septembre 2001 ?

« […] Plus du tiers de ces « étudiants » [israéliens], qui, selon le rapport, se sont déplacés dans au moins 42 villes américaines, ont déclaré résider en Floride. Cinq au moins ont été interceptés à Hollywood, et deux à Fort Lauderdale. Hollywood est une bourgade de 25 000 habitants au nord de Miami, près de Fort Lauderdale. Or, au moins 10 des 19 terroristes du 11 septembre ont été domiciliés en Floride. Quatre des cinq membres du groupe ayant dérouté le vol n° 11 d’American Airlines ainsi qu’un des cinq terroristes du vol United 175,ont tous été domiciliés à divers moments à... Hollywood, en Floride. Quant aux vol United 75 […] et United 93 qui s’est écrasé le 11 septembre en Pennsylvanie, ils ont tous été un moment domiciliés à Delray Beach, au nord de Fort Lauderdale. […]  »

Publié en page 1 et 2 du Monde daté du 6 mars 2002

Le lendemain en page 5 et le surlendemain en page 3, Le Monde publie de vagues démentis et parle de « polémique ». Le FBI dément. La presse américaine, véritable contre-pouvoir, trouve cela ridicule.

Au delà de l’appréciation subjective qui peut être faite de telle ou telle information la question qui se pose avant tout est la véracité de cette information : l’information est-elle exacte ou inexacte. Le véracité est nous semble-t-il le fondement et la vocation de tout média.

L’affaire des pseudo espions israéliens aux États-Unis est un véritable cas d’école en la matière. Les caractères apparus en exergue dans le corps de l’article n’auront fait retenir au lecteur que la proximité géographique des jeunes Israéliens avec les terroristes d’Al Qaïda en Floride.

Le démenti paru les jours suivants ne change malheureusement rien à l’impression laissée par le premier article. Le Monde s’est laissé emporter par des révélations qui n’ont pas été vérifiées lors de leur parution.

Nous notons à ce propos que Le Monde s’est indigné de la publication du livre de Thierry Meyssan qui dénonce le pseudo complot falsificateur qui entoure les attentats du 11 septembre, pourtant l’article sur les espions israéliens n’en était pas très loin…

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ENCORE DES RUMEURS

Dans Le Monde du 21 août 2002, Mouna Naïm insinue, selon le vielle adage du « à qui profite le Crime ? », que le terroriste palestinien assassiné Abou Nidal aurait peut-être été un agent d’Israël :

« […] Nombreux sont les Palestiniens qui sont convaincus qu’Abou Nidal était un agent d’Israël, ou que le Fatah-CR était pour le moins infiltré par les services de renseignement de l’État juif.

Le terrorisme qu’il pratiquait contribuait en tout cas à accréditer l’image de « terroristes » qu’Israël voulait donner des combattants palestiniens. […] »

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QUELQUES AMALGAMES

« Pourquoi Sharon pense tirer parti de la guerre » à la Une du Monde du 21 Février 2003

En page 2 : « Ariel Sharon compte sur les dividendes d’une guerre contre Bagdad »

Dessin de Plantu à la Une du Monde, le jour de la chute de Bagdad, le 9 avril 2003

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L’ANTISIONISME À TRAVERS LA STIGMATISATION DE LA SOCIÉTÉ CIVILE ISRAÉLIENNE

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LE MANQUE D’EMPATHIE VIS À VISDES VICTIMES ISRAÉLIENNES

Dans le supplément du Monde du 10 février 2002, Horizons-Dossier « L’Israël d’Ariel Sharon », il n’y a pas une seule photo de victimes israéliennes alors qu’il n’y a quasiment que des images de répressions contre des palestiniens.

A croire que les victimes israéliennes n’existent pas. Pourtant, il est précisé qu’il y a eu « 255 morts israéliens » (en page 17 du supplément )...

Pourquoi ne pas donner un visage aux victimes israéliennes ? La société israélienne ne se limite pas qu’à l’État, aux soldats et aux « colons », c’est à dire aux représentations de l’autorité, de la force et de la violence.

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LE SPORTIF ISRAÉLIEN PRESQUE COUPABLE D’AVOIR EXCLU UN SYMPATHIQUE JUDOKA IRANIEN

Le journaliste du Monde Armin Arefi dans l’article « Un judoka iranien refuse de combattre contre un Israélien », publié le 15 août 2004 a des propos très sympathiques pour ce sportif iranien coupable d’un acte de racisme au cœur même du symbole de l’Humanisme universel qu’est l’Olympisme. Ce journaliste du Monde non seulement ne condamne pas le Judoka iranien mais le trouve vraiment très sympathique et tolérant :

« Il espérait décrocher l’or olympique. Il disait même que « c’était son souhait le plus cher et qu’ [il] allait tout faire pour accéder à la plus haute marche du podium. » Arash Miresmaeili va pourtant quitter Athènes, sans même avoir combattu. Ce judoka iranien de 24 ans pourrait être exclu des Jeux olympiques pour avoir refusé par avance d’affronter l’Israélien Ehud Vaks, dimanche 15 août, au premier tour du tournoi (66 kg). Arash Mireismaeili, champion du monde en 2001 et 2003, était l’un des grands espoirs de la délégation iranienne. Il en était même le porte-drapeau lors de la cérémonie d’ouverture, vendredi 13 août. « Je me suis entraîné pendant des mois, je suis en forme, mais je refuse de combattre contre un Israélien, par sympathie pour les souffrances du peuple palestinien, et cette élimination ne me bouleverse pas », a-t-il déclaré à l’agence officielle IRNA.L’Iran n’a jamais reconnu l’existence d’Israël et a toujours affiché son soutien au peuple palestinien. Selon des officiels cités par l’agence IRNA, le judoka mérite de percevoir la prime de 1 milliard de rials (94 000 €) promise par les autorités iraniennes à ceux qui rapporteront une médaille de Grèce.

[…]« Je suis heureux qu’un de mes meilleurs adversaires soit musulman. Mais attention : si mon adversaire n’est pas musulman, je le respecte. Chacun sa religion. De toute façon, on oublie tout ça sur le tatami. Je pense que participer aux JO constitue le souhait ultime. C’est après un travail intense de plusieurs années qu’un athlète peut espérer participer aux Jeux et peut-être décrocher une médaille. » A l’intention des jeunes Iraniens, Arash Miresmaeili avait souhaité transmettre un message : « Je désire que nos jeunes soient convaincus que, si l’on veut vraiment quelque chose, on l’obtient. Il faut se fixer des buts dans la vie et transpirer pour les atteindre. Les JO sont surtout le point de rencontre des représentants de nombreux pays qui viennent en amitié faire connaissance. C’est un message de paix et d’amitié envoyé au monde entier, et je suis fier d’y participer. »

[…] Quand il a évoqué l’Iran, le coeur d’Arash Miresmaeili s’est serré. Le judoka n’a pas caché la force de ses sentiments « J’aime ma patrie. Je pense que cet amour de la nation doit être en chacun de nous. Je suis convaincu que ce que l’Iran a montré de lui ces dernières années est bien meilleur qu’auparavant, et que toutes ces médailles que ramènent nos jeunes sportifs font connaître notre pays. Je suis très optimiste pour les prochaines années. » Dans son quotidien comme sur les tatamis, Arash Miresmaeili n’a jamais négligé son attachement à la religion chiite : « Dans notre pays, on n’a pas les mêmes possibilités qu’aux Etats-Unis ou en France. C’est la foi de nos champions qui est la plus importante. C’est pourquoi ils s’en remettent au Prophète. La plupart de nos champions, lorsqu’ils gagnent, mettent les mains au ciel... Je suis allé faire un pèlerinage à La Mecque. J’accorde une importance particulière à Abol Faz, le fils de l’imam Hossein. J’ai d’ailleurs appelé mon fils Abol Fazl en son hommage... Un musulman, de surcroît un chiite, ne doit avoir peur que de Dieu. Moi je m’en remets à Dieu. Je sais que ma foi est supérieure à tout le monde. » Comme il l’avait fait à son re- tour des championnats du monde d’Osaka, Arash Miresmaeili s’était promis de passer une médaille d’or autour du cou de son fils dès son retour à l’aéroport de Téhéran  »

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LE MONDE REVIENT ENSUITE SUR LES IRANIENS; MAIS RIEN SUR LES SPORTIFS ISRAÉLIENS, VICTIMES DE CETTE OSTRACISME

Le journaliste du Monde Armin Arefi après avoir peint un portrait élogieux de ce Judoka raciste, encense la délégation iranienne comme l’aurait fait un véritable journaliste propagandiste de la dictature iranienne et islamiste : « Des sportifs en mission » publié le 16 août 2004

« Les 39  athlètes iraniens, dont une femme, veulent présenter « une autre image de l’Iran » à Athènes. Vendredi 13 août, le jour de la cérémonie d’ouverture, la délégation iranienne s’est retrouvée sous les feux de l’actualité. Arash Miresmaeili, champion du monde des 66 kg, venait d’annoncer qu’il était prêt à risquer une exclusion des JO 2004 plutôt que d’affronter l’adversaire israélien qui lui était proposé au premier tour, Ehud Vaks. « C’est la politique générale de notre pays de s’abstenir de concourir face à des athlètes du régime sioniste et Arash Miresmaeili a suivi cette politique », a déclaré à Téhéran la porte-parole du Comité olympique iranien, qui a précisé que cette décision n’était pas celle du judoka. Dimanche 15 août, l’Iranien, qui était l’une des meilleures chances de médaille pour son pays, s’est finalement présenté à la pesée en vue du tournoi olympique, mais avec deux kilos de trop. « La Fédération internationale est très surprise qu’un judoka aussi titré ne soit pas parvenu à respecter la limite de poids », a réagi Michel Brousse, porte-parole de la Fédération internationale de judo (FIJ). […] Cette affaire tombe mal pour les sportifs iraniens. Quelques jours avant de s’envoler vers la Grèce, tous les athlètes de ce pays se présentaient sous le signe de l’ouverture, comme des champions parmi d’autres.

Mercredi 7 juillet, dans le salon de lutte de l’Académie olympique, le sol tremble sous les efforts d’Ali-Réza Dabir, 27 ans, lutteur adulé des Iraniens et champion olympique en titre dans la catégorie des 66 kg. « Ici, toute la population vibre avec nous, explique- t-il. On se doit de répondre à leurs attentes en leur ramenant des médailles ». La lutte, discipline vieille de 4 000 ans, est l’un des sports phares en Iran. L’entraînement achevé, Ali-Réza Dabir repart avec un large sourire, non sans signer quelques autographes. Le "lutteur à la tête d’enfant" a fait beaucoup d’émules. « La médaille d’or à Sydney, c’était fou !, se souvient-il. Je planais. Quand j’y repense, j’ai envie de pleurer. Cette année, mon objectif est de décrocher à nouveau l’or. Je veux montrer que les Iraniens sont forts ».  « On fait une mauvaise publicité de notre pays à l’étranger, regrette-t-il. Nous, on est très à l’aise. Je ne veux pas dire que tout est facile ici, mais ce que l’on dit de nous à l’étranger n’est pas toujours vrai. L’Iran est l’une des plus anciennes civilisations du monde, et les Iraniens sont chaleureux ». A quelques dizaines de kilomètres de là, au complexe sportif d’Azadi (« Liberté »), Nassim Hassanpour, seule Iranienne en partance pour Athènes, prend soigneusement le temps de recharger son revolver et tire, le regard décidé. Cette jeune femme de 19 ans sourit légèrement entre chaque tir : elle est déterminée. « Je suis fière d’être la première iranienne à accéder aux JO sans "carte blanche, dit-elle. Je regrette qu’il n’y ait pas plus d’Iraniennes cette année, mais il y en aura davantage à Pékin. J’espère établir un nouveau record national à Athènes et peut-être ramener une médaille ! » Elle porte bien sûr le hidjab (foulard islamique), qui cache un visage rond et jeune. Une fois l’entraînement terminé, elle range son arme avec précaution, prend quelques pommes et observe ses partenaires. « Je vais essayer de changer le regard des autres pays sur les Iraniennes, affirme-t-elle. Tous les pays étrangers pensent que les Iraniennes sont étroites d’esprit à cause des vêtements qu’elles portent. Ces femmes sont fortes, mais elles n’ont pas assez confiance en elles. Moi j’ai confiance en moi. Je veux quelles aient un mental de sportif, c’est-à-dire qu’elles trouvent la puissance résidant en chacune d’elles. C’est dans ce sens que je voudrais être un exemple pour elles ».

[…] L’objectif affiché par ces athlètes était, à la veille des épreuves, de rapprocher leur pays et leur peuple des autres à travers ces JO, et de faire découvrir un tout autre visage de l’Iran au reste du monde. »

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LA SHARONISATION DES DEUX ISRAÉLIENSPRIX NOBEL DE CHIMIE 2004

Mercredi 6 octobre 2004Prix Nobel de médecine

pour Richar Axel et Linda Buck

Jeudi 7 octobre 2004La Force des Quarks honorée :

Le prix à trois Américains

Vendredi 8 octobre 2004

Samedi 9 octobre 2004Littérature :

Le Prix Nobel à Elfriede Jelinek

Dimanche 10 octobre 2004

Portrait :Wangari Mathaai,

Prix Nobel de la paix

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A LA RECHERCHE D’UNE LIGNE PLUS ÉQUILIBRÉE

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DES ÉDITORIAUX PLUS ÉQUILIBRÉS…

« L’Europe et Israël », éditorial publié le 6 novembre 2003 « Ainsi, le seul pays du Proche-Orient dont les citoyens disposent d’un régime démocratique serait une menace pour la région - voire pour la paix mondiale. Ce jugement serait largement partagé, reflet d’une évidence telle qu’elle emporte la conviction d’une solide majorité dans l’opinion. Le pays, c’est Israël. Et, contrairement à ce qu’on pourrait imaginer, l’opinion sollicitée n’est pas celle du monde arabo-musulman. C’est celle de l’Europe. Du moins est-ce l’extraordinaire conclusion qui ressort d’un sondage commandité par la Commission européenne. […]

Dans cette affaire, tout compte, le moment, le sens, la méthode. Le moment, d’abord. Il est celui d’une époque où, en Europe, la critique d’Israël dérape parfois. Elle dépasse la dénonciation de la politique d’un gouvernement, lequel, en violation flagrante de ses propres engagements - la « feuille de route » , multiplie les implantations en Cisjordanie et à Gaza de manière à perpétuer une occupation qui rend la paix impossible ; lequel, face aux assauts du terrorisme palestinien, mène une politique de répression dans les territoires que son propre état-major juge absurdement contre-productive. Ces choses-là sont dites tous les jours dans la presse israélienne.

Mais on quitte le terrain de la critique légitime d’une politique gouvernementale quand on pratique, comme certains milieux en Europe, un discours de dénonciation systématique et unilatérale qui démonise Israël. Cette rhétorique sous-entend que pareil État, systématiquement criminel, ne peut pas avoir sa place parmi les autres. De la critique d’un gouvernement, on passe, insensiblement, au questionnement sur le droit à l’existence d’un pays. Peu importe au fond que ses promoteurs en soient conscients ou non, le fait est là : cette hargne anti-israélienne nourrit aussi une nouvelle forme d’antisémitisme, qui se manifeste ici et là en Europe. […]  »

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DES ÉDITORIAUX PLUS ÉQUILIBRÉS…

« Espoir à Gaza » éditorial publié le 6 février 2004 « On aurait mauvaise grâce à ne pas saluer le projet du premier ministre israélien Ariel Sharon de démanteler la majorité des implantations israéliennes de la bande de Gaza. Le maintien de quelques milliers de colons sur un tiers d’un territoire à la densité de population parmi les plus fortes du monde défiait l’entendement. Avec l’Intifada, il est devenu une gageure pour l’armée qui y mène un combat jugé de plus en plus absurde par la société israélienne aujourd’hui acquise à l’idée de leur évacuation. Après trois ans de tergiversations et de promesses verbales, Ariel Sharon, l e « père » de la colonisation de Gaza et de la Cisjordanie, semble en passe de sortir de l’ambiguïté.

Après un temps de flottement, il est maintenant pris au sérieux aussi bien par la droite que par la gauche israélienne. Il lui sera difficile de reculer désormais. En esquissant la perspective d’un référendum ou d’élections anticipées, le premier ministre montre d’ailleurs qu’il est prêt à payer le prix de cette audace aux dépens du mouvement qu’il dirige depuis cinq ans.

Le retrait de Gaza peut provoquer une recomposition politique. M. Sharon semble faire le pari de continuer à gouverner en s’appuyant sur un centre composé des réalistes du Likoud qui tourneraient le dos définitivement à son objectif d’un « Grand Israël » devenu chimérique, du Shinouï et des pragmatiques (la gauche dira les opportunistes) du Parti travailliste que contrôle à nouveau Shimon Pérès.

Si on doit se féliciter que le « bulldozer » se décide enfin à enclencher la marche arrière, son projet n’en comporte pas moins des ombres. Tout d’abord, le sort judiciaire de M. Sharon, aux prises avec une série d’enquêtes, n’est pas encore tranché et peut remettre en question ce projet. Mais, surtout, l’option de Gaza comporte ses limites. Elle s’inscrit dans un plan unilatéral annoncé le 18 décembre et prévu pour prendre, le moment venu, le relais du dernier projet de paix international, la « feuille de route », que les deu x parties se sont révélées incapables d’appliquer.

Ce plan unilatéral esquissé par M. Sharon est un diktat. C’est pour cela qu’il inquiète les Etats-Unis. Pour Gaza, il n’est pas encore question d’abandonner la maîtrise des frontières terrestres ou maritimes. L’étroite bande de terre, même débarrassée des colonies, restera une enclave promise à la misère. Ensuite, et surtout, les évacuations de Gaza pourraient être à prendre pour solde de tout compte ou presque en Cisjordanie, où il n’est question de supprimer, pour le moment, que trois colonies isolées.

Le projet de démanteler des implantations de Gaza est une décision positive. Mais si elle s’accompagne de la poursuite des activités coloniales israéliennes sur la moitié de la Cisjordanie, le renforcement des blocs d’implantation existants et le parachèvement d’une « clôture de sécurité » pourrissant le quotidien de dizaines de milliers de Palestiniens, cette « séparation unilatérale » n’apportera certainement pas la paix.  »

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…MAIS ENCORE BEAUCOUP D’INCRÉDULITÉ ET D’OMISSIONS

Le Monde, incrédule à la possibilité que le premier ministre Ariel Sharon puisse un jour établir la paix avec la future Palestine, pêche par une longue série d’omissions

Mardi 3 février 2004

Le Monde ne rapporte pas les propos du conseiller d’Ariel Sharon qui précisent qu’en cas d’accord négocié avec les Palestiniens, une échange de territoires serait envisagé, pouvant aller jusqu’à l’échange de territoires israéliens à forte densité de population de souche palestinienne contre l’annexion des implantations juives attenantes à la « ligne verte ». (Ha’aretz)

Jeudi 5 février 2004

Le Monde ne rapporte pas les propos d’Ehud Olmert tenus à Washington après un entretien avec Collin Powel comme quoi le tracé de la clôture de sécurité est négociable. (Ha’aretz)

Vendredi 6 février 2004

« Le démantèlement des colonies israéliennes à Gaza se ferait en échange de leur extension en Cisjordanie », Le Monde du 7 et 8 février 2003.

Mais Gilles Paris ne précise pas qu’il s’agit de re-localiser dans les implantations attenantes à la « ligne verte », restant sous souveraineté israélienne même dans le cadre des « Accords de Genève ». (Ha’aretz)

Gilles Paris ne précise pas non plus qu’un ministre d’Ariel Sharon a mentionné que 13 000 logements vacants dans le Néguev pourraient accueillir les habitants juifs de Gaza. (Ha’aretz)

Lundi 9 février 2004

Israël envisage de revoir le tracé de la clôture de sécurité, de manière à supprimer une grande partie des boucles controversées englobant des implantations juives en Cisjordanie. Le nouveau tracé, passerait de 700 à 600 km selon le directeur de cabinet d’Ariel Sharon. (Ha’aretz)

Le Monde ignore cette information

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LA CARTE DU « MUR » N’EST PAS RÉACTUALISÉE

Le « Mur » selon Le Monde en mars 2005 Le « Mur » selon www.stopthewall.org depuis février 2005

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LES SOUTIENS PRO-PALESTINIENSEN FRANCE

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Dans la couverture des évènements du Proche-Orient, Le Monde semble offrir une tribune disproportionnée aux soutiens français pro-palestiniens : Le « Parlement des écrivains », José Bové, la « Coordination des Appels pour une Paix Juste au Proche-Orient » (CAPJPO), certaines « cautions juives » anti-israéliennes, etc.

Être pour la paix, c’est être pro-palestinien et pro-israélien. Or ces soutiens pro-palestiniens ont souvent des formulations extrémistes et dénudées d’éléments de contexte. Leurs positions politiques font généralement porter la responsabilité de la crise actuelle du Proche-Orient sur le seul gouvernement israélien et évacuent en partie la question du terrorisme.

Avec ce types d’analyses manichéennes du conflit du Proche-Orient, réduites à l’opposition de victimes, toutes par essence palestiniennes, à des agresseurs, qui ne peuvent évidemment qu’être israéliens (avec le soutien des américains), on glisse facilement de l’anti-sionisme à l’antisémitisme.

Le Monde, en mettant en avant certaines prises de position extrémistes, sert-il pour autant la nécessaire cause de la création d’un État palestinien ? Pourquoi le journal ne soutient-il pas plus les Amis de Shalom Archav ? Pourquoi Le Monde ne donne-t-il pas la possibilité à ses lecteurs d’entendre plus souvent des acteurs palestiniens comme Sari Nusseibeih résolument pour la paix, et condamnant sans ambiguïté les attentats-suicides ?

L’alliance objective entre Bush, Ben Laden et Sharon,

selon Sergueï

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LA CAPJPO(COORDINATION DES APPELS

POUR UNE PAIX JUSTE AU PROCHE-ORIENT)

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LA PROMOTION DE LA CAPJPO

Le Monde, en particulier sous la plume de Mouna Naïm, consacre plusieurs articles complaisants aux appels de la CAPJPO (Coordination des Appels pour une Paix Juste au Proche-Orient)

Le Monde 24 janvier 2002 : « Sur fond de violences, la paix des intellectuels juifs et arabes de France »

Le Monde 19 février 2002 : « Des scientifiques lancent un appel pour la paix au Proche-Orient », où on lit : « J’ai honte d’être juif quand j’entends des personnes hurler à l’antisémitisme pour quelques cailloux jetés par des beurs pas très malins », Roger Salomon

« Le génocide juif ne justifie pas les saloperies de l’an 2002 », Stanislas Tomkiewicz

Le Monde 5 mars 2002 : « Mobilisation en France pour une « paix juste » au Proche-Orient » Le Monde passe sous silence le fait que l’un des signataires, le professeur de Médecine Marcel-Francis Kahn, est largement connu pour être le Président Fondateur de l’Association France Palestine, créée en 1979 et qui s’est toujours manifestée par son soutien sans nuances à l’OLP, y compris à l’époque où cette organisation prônait ouvertement la destruction de l’État d’Israël

Le Monde 26 mars 2002 : « Plus de dix mille personnes ont manifesté à Paris pour une paix « juste » au Proche-Orient  »

Le Monde du 26 avril 2002 : « Une manifestation «laïque et non communautariste» contre les violences s’organise à Paris » Sous ce titre trompeur, la CAPJPO appel pourtant au « Soutien à la résistance du peuple palestinien contre l’occupation ». Le titre de cet article, non signé, fait une confusion (involontaire ?) avec une autre manifestation contre l’antisémitisme et pour la Paix, lancée par le Magazine Marianne qui aurait du avoir lieu après le deuxième tour des Présidentielles et dont la préparation est relatée dans Le Monde du 20 avril 2002 par Nicolas Weil : « Derniers ajustements pour une grande manifestation unitaire sur le Proche Orient »

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SHALOM ARSHAV UTILISE UNE PUBLICITÉ DANSLE MONDE POUR CRITIQUER LA CAPJPO

Alors que la CAPJPO bénéficie de plusieurs articles complaisants, aucun article n’est consacré dans Le Monde à l’appel des Amis de Shalom Arshav (La Paix Maintenant) qui font passer une publicité dans l’édition du 24 mars 2002 « La Paix au Proche-Orient se fait sur le terrain », à propos de leur refus de s’associer à la manifestation pro-palestinienne du 23 mars 2002 à Paris organisée par la CAPJPO :

« Une coordination des Appels pour une Paix Juste au Proche-Orient (CAPJPO), appelle à une manifestation le 23 mars a Paris. Les Amis de Shalom Arshav ne s’associeront pas à cette manifestation, et condamnent les mots d’ordre et la plate-forme politique présentés par cette coordination .

En effet, la position politique du CAPJPO et de toutes les associations auxquelles il se joint, fait porter la responsabilité de la crise actuelle sur le seul gouvernement israélien et évacue complètement la question du terrorisme. Des hommes et des femmes, sincèrement concernés par l’ampleur de la crise actuelle et désireux de se mobiliser, ont pu se laisser entraîner dans les initiatives du CAPJPO, sans percevoir la nocivité de leurs mots d’ordre.

C’est pourquoi il nous apparaît nécessaire de manifester publiquement nos critiques et notre désaccord afin d’expliquer à toutes celles et à tous ceux qui cherchent à œuvrer pour une réconciliation entre Juifs israéliens et Arabes palestiniens, que les mots d’ordre et la plate-forme politique du CAPJPO et de la manifestation du 23 Mars sont mal intentionnés, et par la même contre productifs. [...] »

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LES MANIPULATIONSDE LA CAPJPO SUR LE BOYCOTT D’ISRAËL

Avec l’aide de Mouna Naïm, la CAPJPO utilise le journal Le Monde (édition du 13 juillet 2002, « Appel au Boycottage des produits israéliens ») pour donner les informations pratiques pour appliquer le boycott anti-israélien :

« […] le code 0729 est l’identifiant d’Israël […] ».

Comment une organisation « pour une paix juste » peut-elle appeler au boycott et manipuler ainsi une partie de ses signataires ?

Le Monde ne relate aucunement l’exploitation par la CAPJPO des noms connus des signataires du premier appel en lançant l’initiative du boycott, sous l’égide de la même organisation :

« Nous sommes en présence d’une manipulation, alimentée à tout le moins par l’imprudence de la CAPJPO » déclarait notamment à ce sujet Michel Tubiana, avocat et Président de la Ligue des Droits de l’Homme et signataire du premier appel. Jean Daniel, Jean Lacouture, le professeur Le Goff et de nombreux autres prétendus signataires ont aussi protesté « énergiquement contre cet abus » de Madame Olivia Zémor, Présidente de la CAPJPO, dans le Nouvel Observateur du 1er août 2002, abus qu’ils n’ont pas hésité à qualifier « d’usurpation ».

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LE MONDE PREND ENSUITE POSITIONCONTRE LE BOYCOTT D’ISRAËL

« Non aux boycotts », éditorial paru dans l’édition du Monde du 7 Janvier 2003

« […] dans nos universités, se développe une campagne pour le boycott économique et scientifique d’Israël, au nom de la solidarité avec la cause palestinienne. Nous donnons, page 9, toutes les pièces du dossier pour que le lecteur se fasse lui-même son opinion. Les initiateurs de cette campagne, notamment le physicien Jean-Marc Lévy-Leblond, ne sauraient être suspectés d’antisémitisme. A l’instar des députés européens qui ont voté, en avril 2002, une résolution en ce sens, ils pensent que la politique israélienne dans les territoires occupés contredit les résolutions de l’ONU et doit, à ce titre, être combattue.

Mais le choix de l’arme - le boycott - n’est pas acceptable. Loin de favoriser le dialogue, il accroît les logiques d’affrontement, de peur et de violence. Sur le terrain universitaire, le boycott signifie la rupture non pas avec un État et sa politique, mais avec une communauté humaine ; non pas avec des actes commis, mais avec l’échange des idées. Il laisse entendre qu’il faut rompre non pas avec Israël, mais avec les Israéliens, identifiés sans discernement à la politique de l’actuel gouvernement. Loin de renforcer le camp de la paix, les partisans du boycott l’affaiblissent. »

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LES DÉRAPAGES DES MANIFESTATIONS DE LA CAPJPO (1)28 avril 2002

L’édition du 30 avril 2002 rend compte de la manifestation « Soutien à la résistance du peuple palestinien contre l’occupation ». :

« A Paris, un défilé « pour ne pas oublier la Palestine » » : « Dans le groupe de tête, Noëlle Chatelet, la sœur de Lionel Jospin, est émue : « Il ne faut pas se désolidariser de ceux qui souffrent ailleurs. J’ai vu ma mère, deux ou trois jours après le premier tour, qui pleurait : « Je pleure pour la Palestine parce qu’on va l’oublier », m’a-t-elle dit  » ».

Cependant, le compte rendu-rendu du Monde de cette manifestation est assez complaisant par rapport à ce que relate Karle Laske dans Libération du 29 avril 2002 : « Des antisémites infiltrent la manif - Ils ont multiplié les provocations »

« Place de la République, ils n’étaient que quelques dizaines à suivre un bras brandissant le Coran. Cantonnés en fin de cortège. Une banderole, des drapeaux du Hezbollah. Puis les jeunes ont surgi. Ils sont une petite centaine. De 15 à 20 ans. Ils remontent la manifestation par les trottoirs. Visage masqué ou casque sur la tête pour certains. Ils se mettent à courir. «On est tous des kamikazes !» «Hezbollah, Hezbollah !» Les CRS font leur apparition, rue Saint-Denis. «Ben Laden, Ben Laden», hurlent les jeunes. Ils vont et viennent sur les grands boulevards. S’intègrent à la manifestation. Puis en ressortent soudain. Un cortège d’islamistes les acclame. Les autres manifestants les regardent passer en silence. Devant le Rex, ils forment un cortège. Les voilà près de 200, ils avancent au pas de course. «Les juifs au fourneau», lancent-ils soudain. Ils remontent sur les trottoirs, aux cris de «Jihad ! Jihad !» «Ne les suivez pas, hurle un manifestant, ils vont foutre le bordel !» Mais rien ne les arrête. Ils se mettent en rond pour brûler des étoiles de David. «A mort Israël», crient-ils. Puis «à mort les juifs», et ils reprennent leur course. Près de l’Opéra, ils sifflent soudain le McDo. Foncent dessus. Des manifestants s’interposent. Plus loin, une femme leur parle. Hurlements. Crachats. «Je leur ai dit que j’étais juive», raconte-t-elle. «Ce sont des jeunes. Il faut les rééduquer», lui dit un vieux manifestant. «Je ne m’en fais pas, mais on souffre de la bêtise», répond-elle. «Dans ces manifs, il faudrait qu’il y ait aussi des drapeaux israéliens», dit un militant. Place de l’Opéra, ils tentent d’approcher de la sono aux cris d’«Allah akbar!». Cette fois, le service d’ordre bloque leur passage. Hurlements : «Vous êtes des collaborateurs d’Israël!» Des anciens vont vers eux, discutent, sans succès. «On en est déjà venu aux mains avec les antisémites. Qu’est-ce qu’on peut faire ?», s’interroge une militante. «Les organisateurs devraient dire que le Hezbollah et le Hamas ne sont pas les bienvenus», dit un autre. »  ».

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LES DÉRAPAGES DES MANIFESTATIONS DE LA CAPJPO (2)26 mai 2002

« Des slogans pro-Ben Laden », article paru dans Le Monde du 28 Mai 2002

« Le foulard palestinien noué sur la tête façon Intifada, brandissant des étendards jaunes du Hezbollah, une trentaine d’adolescents de banlieue ont été à l’origine de plusieurs incidents sérieux lors du défilé parisien contre George Bush. Après avoir brûlé un drapeau américain et scandé des slogans antisémites et pro-Ben Laden, ce groupe, surexcité, a insulté les commerçants qui se trouvaient sur le parcours de la manifestation avant d’agresser un jeune garçon et une jeune fille de leur âge circulant en scooter. « C’est des juifs », indiquait l’un des membres du groupe. Les deux adolescents jetés à bas de leur engin ont dû leur salut à l’intervention d’autres manifestants beurs et d’un inspecteur de police qui les ont hissés sur le toit d’une voiture.

« C’était une manif anti-Bush, on a sous-estimé ce genre de problèmes, reconnaît Christian Picquet, de la LCR et de la Coordination des appels pour une paix juste au Proche-Orient. Ces gens n’ont plus rien à faire dans nos manifs et on se donnera désormais les moyens de faire en sorte qu’ils n’y soient plus. » »

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LES DÉRAPAGES DES MANIFESTATIONS DE LA CAPJPO (3)25 mars 2003

« Les organisateurs veulent « proscrire toute forme d’antisémitisme » », article paru dans Le Monde du 30 Mars 2003

« […] De son côté, la Coordination des appels pour une paix juste au Proche-Orient affirme « que les violences du 22 mars n’ont pas eu lieu à la hauteur de son cortège » et qu’ « aucun de ses membre n’a agressé qui que ce soit, verbalement ou physiquement ». Sa présidente, Olivia Zemor, dément tout lien de son association avec cet acte.[…]  » 

Le Monde s’abstient encore une fois de relater les propos de Shalom Archav à l’encontre de la CAPJPO :

« La CAPJPO ou la mythomanie portée au délire », communiqué de presse du mardi 25 mars par Les Amis de Shalom Arshav (La Paix Maintenant) :

« […] 1. De la vision de l’extrait de la cassette de Digipresse, il ressort que les agresseurs, issus du cortège de la CAPJPO, n’étaient pas des jeunes désœuvrés, mais des adultes organisés, dont certains étaient armés, et qui voulaient casser du juif. Il est urgent que les pouvoirs publics assument leurs responsabilités face à ce phénomène, qu’ils prennent les mesures nécessaires contre ces individus et assurent la sécurité de tous les citoyens de ce pays, quelle que soit leur confession. Une plainte ayant été déposée et les films permettant de reconnaître les agresseurs, une suite juridique sera donnée à ces évènements.

2. Pour la CAPJPO, le fait d’être juif et de le paraître, en portant par exemple une kipa ou une étoile de David, semble justifier amplement le droit d’être tabassé.

3. Le comportement de ces manifestants est la conséquence des mots d’ordre lancés par la CAPJPO et qui reflètent son analyse manichéenne du conflit du Moyen-Orient. En réduisant celui-ci à l’opposition de victimes, toutes par essence palestiniennes, à des agresseurs, qui ne peuvent évidemment qu’être israéliens et juifs, on prépare ce glissement d’un antisionisme primaire à l’antisémitisme. En associant dans des mots d’ordre ou sur des affiches les noms de Sharon et de nazi, ou de l’étoile de David et de la croix gammée, on donne en effet une justification morale à de tels comportements. […] »

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LES CONCERTS « POUR LA PAIX »

Mouna Naïm dans Le Monde du 18 septembre 2003 consacre tout un article sur un concert organisé par la CAPJPO :

« Des artistes se « CONCERTeront » pour la paix le 27 septembre à Paris ».

M. Nicolas Shashahani, mentionné dans l’article comme le Président du comité d’organisation de ce concert, est aussi fondateur, vice-président et trésorier de la CAPJPO.

Par contre, les Amis de Shalom Arshav qui ont appelé à un Concert pour la Paix au Proche-Orient en solidarité avec le village Neve Shalom / Wahat As-Salam, village coopératif de juifs et de Palestiniens, musulmans et chrétiens, tous citoyens d’Israël, le Dimanche 28 septembre 2003 à Sèvres.

Les Amis de Shalom Arshav n’ont droit à aucun entrefilet dans Le Monde à ce sujet.

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UNE NOUVELLE PROMOTION DE LA CAPJPO

Mouna Naïm persiste et signe en faisant dans Le Monde la promotion des amis de la CAPJPO et en appelant de nouveau au boycott d’Israël : « Un collectif français pour la paix au Proche-Orient lance une campagne contre le « mur » », dans l’édition du 5 mars 2004

« […] A l’heure où la Cour internationale de justice (CIJ) doit, à la demande de l’Assemblée générale de l’ONU, donner un avis consultatif sur la construction de ce mur, cette campagne vise « deux objectifs essentiels », a précisé François Della Suda, membre du Bureau national de la Ligue de défense des droits de l’homme (LDH) : « Obtenir le démantèlement du mur et la suspension de l’accord d’association » conclu entre Israël et l’Union européenne. Une résolution adoptée en avril 2002 par le Parlement européen et demandant cette suspension tant qu’Israël ne se sera pas conformé au respect des droits de l’homme est demeurée lettre morte dans les quinze États de l’UE, a-t-il déploré.

[…] Dans le cadre de la campagne, une pétition « à destination des élus et des gouvernants » a été lancée, a précisé Bernard Ravenel, président de la plate-forme des ONG françaises pour la Palestine. […] »

Pourquoi Mouna Naïm n’a-t-elle pas mentionné la conférence du principale soutien israélien aux Accords de Genève l ’écrivain Amos Oz à l’Ecole Normale Supérieure le 26 février 2004, ou la conférence de Sari Nusseibeh et d’Ami Ayalon à la Mairie du 20° le 29 février 2004 ?

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LE MONDE FINIT PAR PRENDRE SES DISTANCE AVEC LA CAPJPO

« Le mouvement propalestinien se déchire sur l'antisémitisme » par Philippe Bernard, publié le 2 décembre 2004

« La rupture des promoteurs de la liste Euro-Palestine avec Dieudonné et les accusations de dérives dont ils sont eux-mêmes la cible révèlent les clivages entre les associations. « De petits groupes racistes et négationnistes menacent de paralyser ce mouvement de solidarité », s'inquiète l'un d'eux

Depuis quelques mois, le mouvement propalestinien se déchire. Fin octobre, les responsables de la liste Euro-Palestine ont annoncé qu'ils avaient « choisi de prendre leurs distances avec Dieudonné à la suite d' incidents sérieux ». Quelques jours auparavant, un ex-dirigeant de la Coordination des appels pour une paix juste au Proche-Orient (Capjpo), à l'initiative de la liste aux européennes de juin, a justifié, dans Politis, sa rupture avec son ancienne organisation, accusée d'avoir « surfé sur l'idée que l' antisémitisme ne serait que propagande ». Dans un entretien au Monde, Bernard Ravenel, président de l'Association France-Palestine solidarité, s'inquiète des risques de dérapage de cette lutte. Ces divisions posent la question de la capacité de la société française à débattre du conflit au Proche-Orient. […] »

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JOSÉ BOVÉ

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UNE LARGE TRIBUNE DONNÉE À JOSÉ BOVÉLORS DE SON PÉRIPLE À RAMALLAH...

Le Monde publie de larges extraits d’interviews ou des articles complaisants sur José Bové :

• « José Bové, militant antimondialisation, raconte : « En juin, c’était une occupation. Maintenant, c’est une guerre totale » », Le Monde du 2 avril 2002

• « On parle de deux cents blessés, des femmes, et des enfants », Le Monde du 3 avril 2002

• « Les « pacifistes » de Ramallah , une galaxie internationale », Le Monde du 4 avril 2002

• « Violents incidents à l’aéroport d’Orly », Le Monde du 4 avril 2002

Dans les éditions du Monde des 9, 10, 11, 12, 13, 14/15, 16 et 20 avril 2002, Mouna Naïm tient presque quotidiennement une rubrique, intitulée « Dans le QG d’Arafat : […] » :

• Ce sont des conversations téléphoniques avec les amis de José Bové restés dans le QG d’Arafat avec 300 autres personnes, occidentaux pro-palestiniens pour la plupart qui se sentent comme des héros (« la ligne rouge, c’est nous », Le Monde du 12 avril 2002)

• Certains faits sont rapportés sans beaucoup de contrôle, par exemple : « A Jénine et Naplouse [… ] il y aurait de véritables massacres, des centaines de morts et de blessés » (9 avril 2002)

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...MAIS SES PROPOS INQUALIFIABLESNE SONT PAS PUBLIÉS, POURQUOI ?

Le Monde ne publie pas les propos scandaleux de José Bové repris par le journal Libération du 4 avril 2002:

« Il faut se demander à qui profite le crime. Je dénonce tous les actes visant des lieux de culte. Mais je crois que le gouvernement israélien et ses services secrets ont intérêt à créer une certaine psychose, à faire croire qu’un climat antisémite s’est installé en France, pour mieux détourner les regards. »

José Bové réitère ces mêmes propos quelques jours après, alors interviewé par Karl Zéro sur Canal+ pour l’émission « Le Vrai Journal » diffusée en différé.

Le Monde ne relate toujours pas ces propos.

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LES ANTIMONDIALISTES PRO-PALESTINIENS

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LA FIBRE PRO-PALESTINENNEDU MOUVEMENT ANTIMONDIALISTE

La caricature de Plantu à la Une du Monde du 27 janvier 2002 est un exemple d’amalgame entre l’antimondialisme, l’antiaméricanisme et finalement l’antisionisme.

En effet, sous la table des grands, Amérique et ses dollars en tête,figurent les drapeaux français et palestinien côte à côte.

France Palestine

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LES ANTIMONDIALISTES SONT-ILS « PACIFISTES » ?

La grande manifestation des anti-mondialistes au « Forum social européen » de Florence [que Le Monde appelle depuis « altermondialiste »] est à la Une du Monde

du 12 novembre 2002.

Les manifestants semblent sympathiques.

Seulement en page 4, les manifestants semblent beaucoup moins pacifistes :Sur la photo, les pancartes, qui n’ont

vraiment rien de spontanées, appellent à la « Victoire par l’Intifada ».

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UN ANTIMONDIALISME QUI PEUT AVOIR PARFOISDES INSPIRATIONS ANTISÉMITES

Quand l’antimondialisme de Sergueï ...

Caricature de Sergueï dans Le Monde du 19 janvier 2002, illustrant un article intitulé « Les gourous des marché boursiers sont

confiants pour 2002 ».

... S’inspire du vieil antisémitisme

La caricature de Sergueï est inspirée de celle de Léandre paru en 1898 croquant le Baron

Alphonse de Rothschild avec les mêmes mains velues et crochues tenant la Terre.

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LES DÉRAPAGES SUR LA COMPARAISON ENTRELE DRAME DES PALESTINIENS ET LA SHOAH

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UN LAPSUS QUI EN DIT LONG…

« Comment lutter contre la haine raciste sur Internet », à la Une du Monde du 16 juin 2004

« Endiguer avec des moyens efficaces le déferlement de la haine raciste sur Internet  : pour la première fois, une conférence spéciale de l’Organisation pour la sécurité et la coopération en Europe (OSCE) a lieu sur ce thème, les 16 et 17  juin, à Paris. Les représentants de 55  pays, de nombreuses organisations non gouvernementales et les professionnels de la Toile vont tenter de définir un « code des bonnes pratiques sur le Réseau ». Rendus publics à cette occasion, deux rapports de la Commission nationale consultative des droits de l’homme (CNCDH), dont Le Monde fait la synthèse, dressent un tableau alarmant de la prolifération des sites racistes, antisémites et xénophobes sur la Toile. Musulmans-islamistes, juifs-sionistes, Américains-nazis, la logique de l’amalgame règne et, avec elle, le risque de passage à l’acte. »

Avec la plus bonne intention du monde, le journal du soir condamne la haine raciste sur Internet. Mais Le Monde établit un parallélisme entre les stigmatisés, c’est-à-dire les Musulmans, les Juifs et les Américains, et leurs avatars détestables c’est-à-dire les « islamistes », les « sionistes » et les « nazis ». Le sionisme est-il donc de la même veine que le nazisme ou l’islamisme de Ben Laden ?

Ce lapsus en dit long sur ce que Le Monde pense du sionisme…

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LES DÉRAPAGES DU « PARLEMENT INTERNATIONAL DES ÉCRIVAINS » : « RAMALLAH, C’EST AUSCHWITZ »

Plusieurs articles complaisants sont consacrés au « Parlement International des Écrivains », qui formule des propos proches des extrémistes palestiniens

• « Appel du Parlement des écrivains », Le Monde du 5 mars 2002• « Un voyage d’écrivains auprès des palestiniens pour rappeler la « guerre aveuglante » », Le

Monde du 24 avril 2002• « Des écrivains dans le brasier du Proche-Orient », Le Monde du 29 mars 2002• « L’espoir du poète palestinien Mahmoud Darwich », le Monde du 29 mars 2002

Le Monde, dans la rubrique « Horizons », offre ensuite une large tribune à trois de ces écrivains• « De Netanya à Ramallah » par Juan Goytisolo, Le Monde du 16 avril 2002• « L’île de Polyphème » par Wole Soyinka, Le Monde du 16 avril 2002• « Lettre ouverte au général Sharon » par Breyten Breytenbach, Le Monde du 16 avril 2002

Pourtant, Le Monde qualifie seulement de « faux pas » les propos inqualifiables d’un membre de ce « parlement international des écrivains », José Saramago, qui déclare : « Ramallah, c’est Auschwitz »

• « Le faux pas du romancier José Saramago », Le Monde du 29 mars 2002

Si « Ramallah, c’est Auschwitz », alors où sont donc les chambres à gaz et les fours crématoires ?Ce relativisme outrancier ne serait-il pas la porte ouverte à une nouvelle forme de négationnisme ?

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L’UTILISATION DES MOTS QUI NAZIFIENT ISRAËL

Un certain nombre d’article des journalistes du Monde utilise des mots faisant référence à la Shoah pour qualifier des abus certes critiquable de la politique israélienne

« Les « collabos » palestiniens toujours menacés, malgré l’appel de Yasser Arafat » par Mouna Naïm publié le 7 août 2001. Dans cet article, le mot « collabo », avec à chaque fois des guillemets, apparaît à trois reprises; de même le mot « collaboration », qui lui n’apparaît qu’une fois. Pourquoi cette l’abréviation ? Que veulent dire ces guillemets ? Mouna Naïm induit-elle chez le lecteur une assimilation entre les nazis et les Israéliens ? Si les Palestiniens ne sont pas parfaitement innocents, il y a toujours plus coupable qu’eux : Israël.

Stéphanie Le Bars a emboîté le même procédé lorsqu’elle utilise le mot « ghetto » : « Un autre mur construit au cœur de la ville mixte de Lod a fait du quartier arabe un ghetto », publié le 22 septembre 2001

Dans le même registre, le Monde accole les mots « miradors », « gardiens de camps » lorsqu’il publie l’article d’Etienne Balibar et de Henri Korn qui écrivent le 9 août 2003 : « Il faut abattre le mur de l’apartheid en Palestine » : «   […] Derrière son enceinte de béton, de barbelés, de miradors […], le mur emprisonne les Palestiniens, […] il crée un peuple de gardiens de camp : le peuple israélien avec ses « forces de défense ». […] »

Par ailleurs, Véronique Mortaigne dans Le Monde du 7 octobre 2003 présente sympathiquement le chanteur Amazigh Kateb et qualifie seulement d’« antisioniste » les propos de sa chanson qui nazifient les israéliens par un négationnisme détourné: « Un demi-siècle de génocide palestinien / Quel Sémite a pu espérer ça / Qui a pu rêver d’extermination massive / Sûrement pas celui qui a vécu la Shoah... Qui, avec les nazis, a passé contrat / Ce n’est pas le petit peuple, ce n’est pas toi et moi / C’est les gros sous déguisés en diaspora bourgeois / Et / Charlatan, recule tes chars et va-t-en. »

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LE RELATIVISME QUI BEN LADENISE LA POLITIQUE DE SHARON

« Le racisme et la concurrence des victimes » par Sylvain Cypel, publié le 18 juillet 2004

«  […] Lancer des exhortations pour que le conflit israélo-arabe ne soit pas importé dans la société française est insuffisant. De fait, il l’est, en permanence, par les tenants en France de l’ethnicisme dans les deux communautés. Chacun agite l’épouvantail de la figure démoniaque adverse : Israël ou Ariel Sharon pour les uns, Ben Laden ou Saddam Hussein pour les autres (quand ils ne cherchent pas à démoniser au passage Yasser Arafat). Les actes d’Ariel Sharon ne sont ni la cause ni le déclencheur de l’antisémitisme. Les antisémites n’ont pas besoin de Sharon pour l’être, il ne leur sert que de caution fallacieuse. Ben Laden ou Saddam Hussein ne sont pas plus la cause de l’islamophobie. Ils ne servent que d’argutie aux islamo-arabophobes.

Mais la politique de Sharon envers les Palestiniens, collectivement, est réellement criminelle, selon tous les canons du droit humanitaire international. Quant à la barbarie de Ben Laden ou de Saddam Hussein, est-il nécessaire de la détailler ? Enfin, l’antisémitisme renforce Sharon et ses partisans dans leur vision bornée de la France, de l’Europe et de l’espace arabo-musulman. Et l’islamophobie conforte les islamistes et ethnicistes arabes dans leur capacité à persuader leur jeunesse que l’Occident est bien leur ennemi.[…] »

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LA NAZIFICATION DES ISRAÉLIENS ET DES JUIFS

Edgar Morin, Samy Naïr et Danielle Sallenave écrivent le 4 juin 2002 dans l’article « Israël-Palestine : le cancer » :

«  […] C’est la conscience d’avoir été victime qui permet à Israël de devenir oppresseur du peuple palestinien.  […] On a peine à imaginer qu’une nation de fugitifs, issue du peuple le plus longtemps persécuté dans l’histoire de l’humanité, ayant subi les pires humiliations et le pire mépris, soit capable de se transformer en deux générations en « peuple dominateur et sûr de lui » et, à l’exception d’une admirable minorité, en peuple méprisant ayant satisfaction à humilier. […] Les juifs d’Israël, descendants des victimes d’un apartheid nommé ghetto, ghettoïsent les Palestiniens. Les juifs qui furent humiliés, méprisés, persécutés, humilient, méprisent, persécutent les Palestiniens. Les juifs qui furent victimes d’un ordre impitoyable imposent leur ordre impitoyable aux Palestiniens. Les juifs victimes de l’inhumanité montrent une terrible inhumanité. »

Edgar Morin récidive le 19 février 2004 dans son article « Antisémitisme, antijudaïsme, anti-israélisme » où il affirme: « C’est bien la politique d’Israël qui a suscité et amplifié cette forme d’anti-israélisme »

L’ensemble de ces propos ne sont pas sans rappeler ceux de l’antisémite socialiste français Alphonse Toussenel (1803-1885) dans son ouvrage « les Juifs, rois de l’époque », publié en 1847 chez Gabriel de Gonet :« Que les Juifs ne demeurent jamais victimes que le temps juste qu’il leur faut pour devenir persécuteurs »

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LE MONDE NE CONDAMNE PAS CES PROPOS,MAIS AU CONTRAIRE SOUTIENT UNE « PENSÉE COMPLEXE »

« Edgar Morin poursuivi pour « diffamation à caractère racial » après une tribune parue dans « Le Monde » » par Acacio Pereira publié le 19 mars 2004

« […] Cité comme témoin par Edgar Morin, Edwy Plenel, directeur de la rédaction du Monde, a regretté la « judiciarisation des opinions » et défendu la publication de ce texte estimant que Le Monde devait être « un lieu de débats où des points de vue contradictoires se répondent ». Avec Jean-Jacques Salomon, professeur honoraire au Conservatoire national des arts et métiers, et Théo Klein, ancien président du Conseil représentatif des institutions juives de France, il a considéré que « les auteurs n’ont à aucun moment mordu le trait », les passages poursuivis étant sortis du contexte de l’article alors que, sous la plume d’Edgar Morin, ils sont précédés et suivis de nuances et de précautions reflétant son souci d’une « pensée complexe ». « Leur opinion peut se discuter, a-t-il précisé. Mais elle ne relève pas d’une atteinte aux valeurs fondamentales des sociétés démocratiques. » »

« Une centaine d’intellectuels défendent Edgar Morin dans le procès fait au sociologue par France-Israël  » publié le 30 mars 2004

« Dans une « Déclaration pour Edgar Morin », plus d’une centaine de personnalités intellectuelles, françaises et étrangères, prennent la défense du sociologue, attaqué en justice par l’association France-Israël pour un point de vue publié le 4 juin 2002 dans nos colonnes sur le conflit israélo-palestinien. Ce texte, élaboré après l’audience de ce procès où le jugement a été fixé au 12 mai ( Le Monde du 19 mars), dénonce l’ « accusation doublement scandaleuse » dont est victime Edgar Morin, poursuivi pour « diffamation à caractère racial » et « apologie des actes de terrorisme ».

[…] A Rappelant le contexte de la tribune en cause, dont Sami Naïr et Danièle Sallenave sont les coauteurs, et la revendication répétée par Edgar Morin de son identité juive, cette pétition de solidarité souligne que « les critiques qu’il fait à la politique d’Israël, partagées par un grand nombre d’Européens, sont de nature humaniste » […] »

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LE MONDE DONNE LA PAROLE À DEUX CONTRADICTEURS D’EDGAR MORIN (1)

« Cette Shoah qui ne passe pas » par Françoise Giroud, publié le 13 juin 2002

« Même si ce vieux brigand d’Arafat débloque en déclarant qu’il n’y a jamais eu de temple juif à Jérusalem, la cause palestinienne est excellente. Un État palestinien doit enfin pouvoir naître et se développer dans le respect et la paix, on ne dira jamais le contraire. Avec une réserve cependant : assassiner tous les jours des civils, des femmes, des enfants par paquets au moyen d’hommes-suicide éduqués dans cette perspective ne stimule pas la sympathie, même si cela semble ne déranger personne parmi ceux, nombreux, qui ne connaissent de cet horrible conflit qu’un responsable : Israël. Mon propos n’est pas de chercher à exonérer les Israéliens d’un long aveuglement, d’une longue arrogance envers leurs voisins de palier, mais d’essayer de comprendre comment ils sont devenus aux yeux de Français, en particulier d’intellectuels qui ont la réputation de réfléchir avant d’écrire, des cibles exclusives pour la réprobation sinon pour la haine (dans Le Monde du 4 juin, Danièle Sallenave, Edgar Morin et Sami Naïr).

 (...) que se passe-t-il aujourd’hui ? L’occasion de transformer la figure du juif martyr en juif bourreau. D’évacuer cette culpabilité récurrente qui excède pour libérer le petit fond d’antisémitisme que tout le monde trouve dans son berceau. Avec une rapidité remarquable, dès la première pierre de la seconde Intifada, un retournement s’est produit, saisissant, qui serait inexplicable sans le tableau de fond sur lequel il s’inscrit. Enfin ! On a le droit de dire du mal des juifs ! « Antisémite, moi ? Vous m’insultez, mais cet enfant palestinien qui meurt sous nos yeux à la télévision, qui l’a tué ? Qui ? » Surtout, ne pas discuter, l’émotion ne se discute pas, ni le désir naturel de se ranger du côté du plus faible.

Moi non plus je n’aime pas qu’on tue les enfants palestiniens, moi aussi je suis scandalisée qu’Israël refuse une commission d’enquête sur Jénine, moi aussi je supporte mal de voir des soldats israéliens relever la chemise de leurs prisonniers pour s’assurer qu’ils ne portent pas une ceinture d’explosifs ou les marquer de chiffres sur leur avant-bras. Mais ce concours macabre qu’Israéliens et Palestiniens semblent faire sur le nombre de morts enterrés chaque jour, les Palestiniens sont en train de le gagner, ils tuent davantage, ils tuent énormément de civils israéliens, 400 depuis le début de la seconde Intifada dans les rues, les autobus, les cafés, les lieux où la jeunesse danse, preuve que la stratégie antiterroriste d’Ariel Sharon est une impasse.

A la guerre, on pardonne aux généraux de faire des victoires avec des morts, pas des défaites. Mais à Paris, les personnes de bon goût ne comptent que les morts palestiniens. Quand on arrive aux autres, on ne sait plus compter. D’ailleurs, ce sont des goujats... Les fils d’un peuple supplicié devraient savoir se tenir à table, je veux dire à la guerre, et prendre les coups sans les rendre, c’est à peu près ce qu’ici et là on entend et on lit. Prendre les coups sans les rendre paraît néanmoins une conduite sur laquelle on ne doit plus pouvoir compter de la part des juifs, en aucune circonstance. En revanche, au lieu de montrer aujourd’hui - vainement - leur force, on voudrait les adjurer de montrer leur intelligence, et leur si longue sagesse. « Choisis la vie », dit le message de Moïse.»

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LE MONDE DONNE LA PAROLE À DEUX CONTRADICTEURS D’EDGAR MORIN (2)

« Apprenti sorcier de l’antisémitisme » par Sylvain Attal, publié le 4 mars 2004

« (...) Selon Edgar Morin, si des jeunes Français juifs sont persécutés, c’est là l’effet de leur « israélisation », regrettable certes, mais dont les responsables seraient non pas ceux qui répandent l’amalgame, mais des « intellectuels juifs » ayant troqué l’ « universalisme abstrait » pour un « particularisme juif ». Ces jeunes ne seraient donc plus victimes d’antisémitisme, mais d’ « anti-israélisme », et devraient, à la limite, s’en prendre sinon à eux-mêmes, du moins à ces mêmes « intellectuels juifs » coupables de s’afficher un peu trop aux côtés d’Israël. On retrouve là l’idée monstrueuse selon laquelle les juifs seraient, par leur comportement, à l’origine de leur propre rejet, tandis que leurs agresseurs pourraient, eux, se prévaloir de l’excuse des discriminations, bien réelles, dont ils sont victimes.

(...) Selon Edgar Morin, tout cela n’arriverait pas si « certains intellectuels juifs », revenus du marxisme-léninisme ou du maoïsme de leur jeunesse, ne s’étaient pas reconvertis par dépit dans l’ « israélisme » ou, tout simplement, « convertis à la Torah ». Rien que ça. L’attachement à Israël, outre qu’il aurait remplacé la foi dans des idéologies totalitaires, est décrit comme une manifestation tout aussi aliénante de nationalisme qui, si on la prend au pied de la lettre, achèvera de convaincre les antisémites que les juifs trahissent non seulement les valeurs universalistes, mais aussi la France. Ce raisonnement encourage tout simplement leur rejet, donc l’antisémitisme. (...)  »

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CONDAMNANÉ EN APPEL, EDGAR MORIN,A-T-IL LES DÉFENSEURS QU’IL MÉRITE ?

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LES « CAUTIONS JUIVES » ANTI-SIONISTES

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UNE SUR-REPRÉSENTATIVITÉ DES JUIFS ANTISIONISTES

Même s’il s’en défend, Le Monde a statistiquement une tendance à répercuter majoritairement des analyses anti-israéliennes. Parmi ces critiques, le journal a une prédilection particulière pour ceux des Juifs – mieux encore des Israéliens – qui expriment une position anti-israélienne. Ainsi nous avons pu souvent voir les points de vue répétés de Etienne Balibar, Rony Brauman, Gisèle Halimi, Edgar Morin, etc. et même des personnes parfaitement inconnues jusqu’à lors, comme Michelle Manceaux, qui fait référence à sa judéité pour cela.

C’est certes là la diversité et l’honneur du peuple juif, mais ces personnes antisionistes sont-elles si représentatives ? Le sondage du FSJU (novembre 2002) montre un attachement des Juifs français à l’État d’Israël qui va bien au delà de la communauté juive organisée (86% s’y disent « très proches » ou « proches » de l’État d’Israël ). En ce qui concerne les Israéliens antisionistes, qui sont à gauche du parti sioniste d’extrême gauche Yahad (ex Meretz ), ils ont tout le loisir de se présenter aux élections à la proportionnelle à la Knesset. Ils n’ont pourtant aucun sièges dans cette Assemblée élue démocratiquement...

Le choix trop répété de ces témoignages ou bien la mise en avant de personnes qui sont marginales contribuent donc à donner une vision orientée de l’actualité.

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LEURS ANALYSES SONT SOUVENT INVITÉES « L’irresponsabilité d’Israël », publié le 28 Octobre 2000 par Gérald Sfez « Israël-Palestine : le simple et le complexe », publié le 2 Février 2001 par Edgar Morin « Sharon en France, dans quel but ? », publié le 2 Juin 2001 par Etienne Balibar et Monique Chemillier-Gendreau « L’engrenage fatal », publié le 31 Août 2001 par Michèle Manceaux « La dangereuse confusion des Juifs de France », par Eyal Sivan , publié le 8 décembre 2001 « Israël-Palestine : contre tout espoir », publié le 16 Décembre 2001 par Elias Sanbar et Pierre Vidal-Naquet « Soutenir Israël ? Pas en notre nom ! », publié le 6 Avril 2002 par Rony Brauman, Gisèle Halimi, Pierre Vidal-Naquet « Rentre en toi-même, Israël ! », publié le 10 Avril 2002 par Stephane Hessel « Les délires du mépris anti-palestinien », publié le 17 Mai 2002 par José Bové, Rony Brauman et Nahala Chahal « Israël-Palestine : le cancer », publié le 4 Juin 2002 par Edgar Morin, Sami Naïr et Danièle Sallenave « Telle est « l’affaire Katz » », publié le 6 Juin 2002 par Ilan Pappe « Pétition contre une « dérive » dans le débat sur Israël », publié le 21 Juin 2002 par Antoine Jacob « Oui à la cause palestinienne, non à ce qui l’anéantit », publié le 11 Août 2002 par Etienne Balibar « De la démocratie en Israël », publié le 6 Septembre 2002 par Eric Hazan « Ces Israéliens qui résistent au consensus national », publié le 7 Mars 2003 par Bruno Philip « À tombeau ouvert. La crise de la société israélienne », de Michel Warschawski publié le 7 Mars 2003 « Les hors-la-loi », publié le 18 Avril 2003 par Alfred Grosser « Il faut abattre le mur de l’apartheid en Palestine », publié le 9 Août 2003 par Etienne Balibar et Henri Korn « Israël : le silence des uns, le cri d’appel des autres », publié le 1er octobre 2003 par Michel Warschawski « Israël et Palestine  : une force d’interposition, tout de suite », par les membres du collectif « Trop, c’est trop ! », publié le 23 octobre 2003

« Une globalisation inadmissible », par Suzanne Citron, publié le 7 janvier 2004 « Antisémitisme, antijudaïsme, anti-israélisme », par Edgar Morin publié le 19 février 2004 « Pour Genève, contre le mur » appel collectif publié dans l’édition du 25 février 2004 « Laissons-nous détruire la Palestine? », par Etienne Balibar et Madeleine Rebéroux publié le 28 avril 2004 « Juifs de France, des sionistes sans sionisme », par Esther Benbassa publié le 31 août 2004 « Le « négationnisme » d’Ariel Sharon », par Freddy Raphaël publié le 28 septembre 2004 « Pour l’honneur d’Israël », par Stéphane Hessel publié le 28 septembre 2004 « N’abandonnons pas l’obsession d’une paix juste et durable », par Une autre voix juive publié le 28 septembre 2004 « L’Autre juif et l’Autre palestinien », par Suzanne Citron publié le 6 octobre 2004 « Les Noirs, les juifs et la victimisation », par Esther Benbassa  publié le 17 mars 2005

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UNE PRÉDILECTION POUR LES CINÉASTES ISRAÉLIENS ANTISIONISTES, OU AU MIEUX TRÈS CRITIQUES SUR LEUR PAYS

« Cinéma Israël, la démocratie et l’image », publié le 17 Février 2002 par Jacques Mandelbaum

« Août. Film israélien d’Avi Mograbi », publié le 18 Mai 2002 par Jacques Mandelbaum

« Je ne me considère pas comme sioniste », publié le 20 août 2003 par Avi Mograbi

« La nouvelle impertinence de l’Israélien Avi Mograbi », publié le 20 août 2003 par Jacques Mandelbaum

« Vente d'esclaves au pays de l'émancipation hébraïque » publié le 10 septembre 2004 par Jacques Mandelbaum « Impossible cependant de l'y réduire et de méconnaître la question qui taraude le film, telle une bombe à retardement posée, non seulement à Israël, mais au judaïsme contemporain : comment ceux qui furent les principales victimes, hier, de l'anéantissement de l'humanité en sont-ils arrivés à traiter leurs semblables comme des marchandises ? »

« « Mur » : Les images et les mots contre le béton qui aveugle », de Thomas Sotinel sur le film de Simone Bitton, publié le 20 octobre 2004

« « Terre promise » : Amos Gitaï filme la traite des corps en Israël » publié le 12 janvier 2005 par Jean-Luc Douin « Terre promise n'annonce pas la naissance de celui qui sauvera son peuple de ses péchés. Plutôt l'inverse. […]. Ou le retour de la trahison qui entacha le peuple de Jacob : Joseph vendu par ses frères. […] La prostitution est devenue l'un des sujets brûlants dans ce pays voué aux travailleurs de la guerre et au repos du guerrier  »

« Pour un seul de mes deux yeux, d'Avi Mograbi - Un cinéaste israélien antisioniste » publié le 19 mai 2005 par Isabelle Régnier

« Un cri de colère face à l'aveuglement Samson et les zélotes de Massada, modèles mortifères  » publié le 19 mai 2005 par Thomas Sotinel

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LA MISE EN AVANT DE CERTAINS TÉMOIGNAGES

Michel Warshawski bénéficie d’une pleine Une dans le Monde des Livres du 12 avril 2002.

Une place totalement disproportionnée au regard de la position qu’il présente, à savoir la création par voie « pacifique » d’un État binational, ce qui reviendra à terme à nier l’existence de l’État d’Israël et à créer trois États à majorité démographiquement palestinienne (la Palestine, la Jordanie et Israël).

Quelques jours plus tard, Edwy Plenel l’a reçu sur son émission de LCI « Le Monde des Idées », dans laquelle il a conclut que Michel Warshawski est un « juste ».

A titre de comparaison, Le Monde des Livres du 25 janvier 2002 avait relégué en pages 8 et 9 les articles concernant les livres de Pierre-André Taguieff, Guy Konopnicki, Pierre Birnbaum et Raphaël Draï. Aucun d’entre eux n’a eu droit à un passage dans l’émission de LCI « Le Monde des Idées ».

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LE FAUX SOUTIEN À « L’INITIATIVE DE GENÈVE »

Dans un article « Pour Genève, contre le mur » publié dans l’édition du 25 février 2004 par un collectif « Trop, c’est trop ! » (Etienne Balibar, Alexandre Bilous, Suzanne Citron, Olivia Elias, Stéphane Hessel, Henri Korn, Gilles Manceron, Marie-José Mondzain, Pierre Nicodème, Madeleine Rebérioux, Abraham Ségal, Marie-Noëlle Thibault, Pierre Vidal-Naquet) dont un nombre important de ses signataires se déclarent par ailleurs publiquement juifs pour critiquer Israël.

Contrairement au titre de l’article, les auteurs remettent en réalité en cause l’« initiative de Genève » :

« [...] Selon nous, il faut appuyer l’initiative de Genève dans ses principes et son dispositif, exprimer un soutien critique pour son contenu et des réserves sur certaines formulations trop vagues. Soutien critique qui n’implique pas l’agrément du texte dans sa totalité et discerne à côté d’énoncés clairs (par exemple les objectifs des signataires et les mécanismes de contrôle et d’intervention pour l’application de l’accord) des manquements et du flou : notamment la reconnaissance de la responsabilité israélienne dans la nakba, la catastrophe palestinienne de 1948, et la garantie d’une véritable égalité de droits entre citoyens juifs et arabes d’Israël. Au-delà de ces critiques, nous pensons qu’il convient de soutenir sans réserve la dynamique de paix et de dialogue induite par ce projet d’accord. Certains appuient médiatiquement l’initiative de Genève alors qu’ils ont tout fait pour la rendre impossible. Nous ne nous déterminons pas par rapport à ces prises de position successives et contradictoires. Imparfait comme il l’est, c’est-à-dire perfectible, ce texte est aujourd’hui une chance de préserver l’avenir. Mais n’oublions pas le présent. […]

Nous pensons, par ailleurs, qu’il est indispensable que la partie israélienne reconnaisse solennellement le tort qui a été fait au peuple palestinien et qu’elle se déclare prête à appliquer les résolutions des Nations unies sur le principe du droit au retour des réfugiés. Il appartient aux négociateurs de la future paix de passer du principe à ses modalités d’application. [...] »

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LE CHOIX DES ARTICLES POUR LA RUBRIQUE « HORIZONS-DÉBATS » OU L’HYPOCRISIE DU MONDE

Alors que les pages « Horizons Débats » du Monde sont ouvertes de façon répétée aux mêmes juifs antisionistes comme Etienne Balibar, Rony Brauman, Suzanne Citron, Stéphane Hessel, Henri Korn, Edgar Morin ou Michel Warschawski, le Médiateur du Monde proclame de façon indue qu’une tout autre politique éditoriale guide le choix des intervenants de cette rubrique :

« L’opinion des autres » par Robert Solé, publié le 10 octobre 2004 « […] L’équilibre des pages Débats ne se mesure pas au jour le jour, mais sur une certaine période. Et pas forcément avec des chiffres : au-delà d’une arithmétique illusoire, comptabilisant les « pour » et les « contre » (pour qui ? et contre quoi ?), c’est la musique de l’ensemble que l’on retient. Les rédacteurs du Monde n’y ont pas leur place. Il ne s’agit pas de défendre des causes - et encore moins de régler des comptes - par le biais de plumes extérieures, mais d’offrir un espace de discussion ouvert, honnête et enrichissant.

Beaucoup de candidats et peu d’élus... Il faut choisir parmi les dizaines de tribunes proposées au Monde chaque jour. Un signataire totalement inconnu peut être en concurrence avec un auteur à la mode ou un ministre. La notoriété est un atout, sans être un facteur déterminant, quoi qu’en pensent certains lecteurs, persuadés que les pages Débats sont inaccessibles.

[…] Quand il s’agit du Proche-Orient, le moindre mot de travers peut faire très mal et provoquer des réactions exacerbées. On en a la preuve tous les jours dans le courrier. Convaincus que Le Monde est viscéralement anti-israélien ou irrémédiablement manipulé par un lobby sioniste, des lecteurs croient y trouver une confirmation à chaque page. Les tribunes libres sont jugées aussi sévèrement que des reportages ou des analyses, même si elles n’expriment que l’opinion d’une personne extérieure à la rédaction.

Faut-il rappeler que les pages Débats n’ont pas seulement pour rôle d’ordonner et de conforter nos idées, mais de nous en faire découvrir de nouvelles, de bousculer ou de déranger nos certitudes ? […]  »

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LA MONTÉE DES ACTES ANTISÉMITESEN FRANCE DEPUIS SEPTEMBRE 2000

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Depuis septembre 2000, la nouvelle forme d’antisémitisme n’est pas apparue tout de suite recevable pour un certain nombre d’acteurs politiques et médiatiques, et pour Le Monde en particulier. Il a fallu attendre presque deux ans pour que le phénomène soit mieux appréhendé.

Cette nouvelle vague d’antisémitisme se rapporte en partie à l’image rendue d’Israël dont le comportement face aux Palestiniens légitimerait en quelque sorte son épanchement. La portée de ces dérapages anti-israéliens entraîne des amalgames en chaîne, puis éventuellement des passages à l’acte. « Ce sont des mots incendiaires des âmes », selon l’expression de Bernard-Henri Lévy.

De plus, cette nouvelle forme d’antisémitisme n’est pas le fait d’une conception traditionnelle. L’anti-judaïsme d’origine arabo-musulmane, pourtant très ancien, fait partie de ces sujets gênants dont on parle guère, car il était établi que jusqu’ici c’était un idéologie et un comportement généralement classés à l’extrême-droite européenne. Le voici qu’il provient du camp des victimes du racisme, des couches sociales défavorisées et des descendants de victimes du colonialisme.

Alors, pour éviter d’affronter la réalité, ces actes sont souvent réduits à des « incivilités », excusées du fait du malheur des « jeunes » qui en sont les auteurs.

Un dessin de Plantu à la Une du Monde le 3

avril 2002

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CHRONOLOGIQUEMENT, LA PORTÉE DES ACTES ANTISÉMITES A D’ABORD ÉTÉ SOUS-ESTIMÉE

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APRÈS LA PREMIÈRE VAGUE D’OCTOBRE 2000…

Henri Tincq relate la vague antisémite inédite qui fait alors rage en France en octobre 2000, en hésitant dans la terminologie employée : « Heurts entre juifs et arabes », « incidents », « tension », « agression antisémite », « acte de vandalisme », « violences », etc.

« Jacques Chirac et Lionel Jospin rassurent la communauté juive » publié le 10 Octobre 2000 par Henri Tincq « Des heurts ont eu lieu entre jeunes juifs et arabes dans la région parisienne. Le grand rabbin de France, Joseph Sitruk, a lancé un appel à une concertation de tous les chefs religieux de France. […] Craignant des débordements liés à la dégradation de la situation en Israël, les représentants de la communauté juive ont demandé aux autorités françaises d’assurer la sécurité de ses membres, notamment à l’occasion du jour de Kippour, le 8 et le 9 octobre. Plusieurs incidents ont été relevés au cours du week-end par les responsables de la communauté. […] »

« Série d’agressions antisémites en France » publié le 13 Octobre 2000 par Henri Tincq « Entre communautés juive et d’origine arabe en France, la tension couvait depuis le 28 septembre, début de la nouvelle crise en Israël. D’abord verbales, les violences antisémites se sont multipliées et ont franchi un nouveau seuil de gravité. Les agressions visent désormais des lieux de culte. Au moins cinq synagogues de la région parisienne ont été victimes d’actes incendiaires et de graffitis antisémites. […] Avec les trois autres principaux responsables religieux - le grand rabbin Joseph Sitruk, le pasteur Jean-Arnold de Clermont, président de la Fédération protestante, et Mgr Louis-Marie Billé, président de la conférence des évêques -, il [Dalil Boubakeur] a signé une déclaration condamnant ces dérapages à caractère religieux. […] Daniel Vaillant, ministre de l’intérieur, a également condamné ces actes de vandalisme et les actions à caractère antisémite […] »

« Nouvelles agressions en France contre des lieux de culte juifs » publié le17 Octobre 2000 par Henri Tincq « Les violences contre des synagogues et autres lieux communautaires du judaïsme se sont poursuivies samedi 14 et dimanche 15 en France, alors que les juifs religieux, malgré un sentiment croissant d’insécurité, sont venus nombreux dans les lieux de culte pour la fête de Soukhot (fête des Cabanes). […] A l’issue du sommet européen de Biarritz, Jacques Chirac a dénoncé « des paroles, des comportements indignes et des actes inacceptables » commis contre la communauté juive. Il a appelé au « dialogue et à la tolérance », tout en estimant qu’il fallait « veiller à ne pas grossir les événements qui se sont produits ».{…] Quant au ministre de l’intérieur, Daniel Vaillant, il a réaffirmé que « tout avait été fait pour assurer la sécurité des lieux de culte » en France. Il a précisé que « les choses étaient faites avec discrétion ». »

« M. Jospin lance un appel au « calme » et à la « tolérance » » publié le 18 Octobre 2000, non signé « Lionel Jospin a reçu, lundi 16 octobre à Matignon, les représentants des quatre grandes communautés religieuses en France, Mgr François Favreau, Dalil Boubakeur, recteur de la Mosquée de Paris,le rabbin Alain Goldman et le pasteur Jean-Arnold de Clermont, pour lancer « un appel au calme » et « un message de tolérance » après les multiples incidents visant la communauté juive depuis quelques jours. […] »

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… LES FAITS SONT ALORS EN QUELQUE SORTE MINIMISÉS

Sylvia Zappi (« Les agressions contre des lieux juifs font craindre une montée de l’antisémitisme dans les banlieues  » publié le 3 Novembre 2000) met en avant des explications qui minimisent la portée des évènements. Seul le témoignage de SOS-Racisme donne une analyse pertinente :

« […] Chacun cherche à comprendre, à mettre des mots sur ces actes qui font resurgir les mauvais souvenirs des périodes les plus noires d’une France raciste et antisémite. Nouvelles formes d’antisémitisme ou dérapages de jeunes révoltés par la situation palestinienne ? Devant cette poussée de violence, que même la guerre du Golfe n’avait pas provoquée, les avis des responsables associatifs issus de l’immigration arabe sont partagés.A SOS-Racisme, la caractérisation est sans détour : « Ce sont des actes antisémites » . Pour Malek Boutih, son Président, « c’est l’expression d’une violence de régression de jeunes du lumpenprolétariat des banlieues qui parent leur délinquance d’un discours de solidarité avec la Palestine ». Le dirigeant de la principale association antiraciste y voit la résurgence d’un antisémitisme profond de jeunes victimes de la crise mais sans conscience sociale, « qui sont rentrés dans une logique de bouc émissaire ». […] L’analyse de Smaïn Laacher, sociologue à l’École des hautes études en sciences sociales (Ehess), sur le profil des jeunes qui sont passés à l’acte n’est guère éloignée. Même s’il ne croit pas à une manifestation d’antisémitisme, il ne voit dans cette série d’agressions « aucun fondement politique ». Pour de nombreux observateurs, l’impact des images télévisées constitue l’explication principale des dérapages. […] Mais M. Rahmi ne s’en tient pas là : pour lui, la gauche française porte une responsabilité dans l’émergence de cette violence. Comme d’autres, il a très mal vécu la réception par Lionel Jospin des responsables de la communauté juive au lendemain des premières agressions antijuives. Pour lui, tout se passe comme si les jeunes issus de l’immigration demeuraient les seuls à soutenir la cause palestinienne. […] Deux poids, deux mesures : ce sentiment de déséquilibre, voire d’injustice, domine parmi les militants les plus éloignés des états-majors parisiens. Saïd Bouamama, sociologue à l’Institut de formation action recherche de Lille, n’est pas surpris par la tournure des événements : « C’est l’absence de soutien de la gauche au peuple palestinien qui renforce le sentiment de révolte des gamins de quartier » »

« On a crié « Mort aux juifs » à Strasbourg », publié le 7 novembre 2000. Mais ici aussi, Xavier Ternisien minimise aussitôt la portée de l’événement :

« Début octobre, la flambée de violence a traumatisé et rassemblé la communauté juive derrière Israël. Mais, en dehors des instances représentatives, le discours est un peu plus nuancé »

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LA DEUXIÈME VAGUE CONSÉCUTIVE AU 11 SEPTEMBRE 2001N’EST GUÈRE MIEUX APPRÉHENDÉE

Parce que le CRIF lance pleinement le débat, Le Monde aborde très prudemment les évènements : « La communauté juive s’inquiète d’une recrudescence des agressions antisémites », Le Monde du 2 décembre 2001

« La peur des juifs de France », Le Monde du 4 décembre 2001• « M. Jospin se dit « déterminé » à lutter contre l’antisémitisme »• « Les politiques condamnent et suggèrent des remèdes »• « Dans un Lycée : « On a bien le droit d’être antisémite ! » »• « Théo Klein : « La violence dans les banlieues ne concerne pas seulement les juifs » »

Les faits sont ensuite minimisés le 6 décembre 2001 : « Le ministère de l’intérieur note une baisse des violences antisémites en 2001 » où on y lit : «  les statistiques du ministère de l’intérieur apparaissent moins inquiétantes que les chiffres énoncés par le CRIF »

« Y-a-t-il vraiment un regain d’antisémitisme en France ? » s’interroge encore Le Monde le 19 février 2002 :• « Interview de Laurent Cathala », minimisant l’attaque contre la synagogue de Créteil• « Des recensements des « actes hostiles » différents selon les sources »• « Des scientifiques [signataires de la CAPJPO] lancent un appel pour la paix au Proche-Orient »,

et estiment que ce ne sont que « quelques cailloux jetés par des beurs pas très malins »• « La banalisation des actes antijuifs, nouvelle cause des tensions urbaines » 

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AVEC LA TROISIÈME VAGUE DE MARS-AVRIL 2002,LA RÉALITÉ DES ACTES ANTISÉMITES

EST ENFIN MIEUX ADMISE

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LA PUBLICATION DU « LIVRE BLANC »DE SOS-RACISME ET L’UEJF, PUIS LE RAPPORT DES RG

Les choses se précisent avec le recensement de l’UEJF et de SOS-Racisme, dans Le Monde du 13 mars 2002 :

• « 405 actes antijuifs ont été recensés en France depuis septembre 2000 »• « Les associations antiracistes s’inquiètent d’une libéralisation de la parole

antijuive »• « Retour à l’école Gan Pardes de Marseille quatre mois après l’incendie d’une

classe »• « Le CRIF dit « son inquiétude » » • « Les représentants de la communauté juive préfèrent dire « actes antijuifs » ou

« judéophobie » qu’« antisémitisme » ».

Le Monde s’empresse encore le 20 mars 2002 de mettre en avant, sans conditionnel, le fait que « L’incendie de la Synagogue de Trappes était accidentel », alors que « l’instruction se poursuit »…

Enfin, Le Monde du 19 avril 2002 publie les chiffres de la Police (Renseignements Généraux) pour le seuls actes commis entre le 29 mars et 17 avril 2002 :

• « Le nombre d’agressions antisémites a brutalement augmenté ces dernières semaines »

• « Cette fois, impossible d’évoquer des « actes isolés » ou une simple « recrudescence » : il s’agit bien d’une vague. […] Entre le 29 mars et le 17 avril, 395 faits antisémites ont été enregistrés »

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MAIS ENSUITE, LES ACTES SONT DE NOUVEAU MINORÉS

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UNE SOUS-ESTIMATION DU NOMBRE D’ACTES

Dans l’article du Monde du 12 mai 2002 « Le danger de l’islamophobie », Xavier Ternisien minimise (involontairement ?) le nombre d’actes antisémites en France :

« […] Il est vrai qu’en nombre ces événements [anti-musulmans] restent très largement inférieurs aux actes antijuifs perpétrés contre des personnes ou des synagogues. L’Union des étudiants juifs de France (UEJF) et SOS-Racisme ont recensé, dans un Livre blanc, 405 agressions entre le 1er septembre 2000 et le 31 janvier 2002 […]  »

Or, le 12 mai 2002, le nombre d’actes antisémites avaient déjà doublé depuis le Livre Blanc de SOS-Racisme et de l ’UEJF : Plus de 395 nouveaux actes antisémites ont en effet été recensés par les Renseignements Généraux (RG) entre le 29 mars et 17 avril 2002 (Le Monde du 19 avril 2002).

405 + 395 = 800 actes antisémites recensés officiellement en France entre septembre 2000 et mai 2002.

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UN RELATIVISME DOUTEUXAVEC LES ACTES ISLAMOPHOBES

Xavier Ternisien, dans l’article « le danger de l’islamophobie », fait également un parallélisme douteux entre actes antisémites et anti-musulmans.

Le journaliste ne mentionne pas qui sont les auteurs de ces actes anti-musulmans mais parle de « guerre de communautés », faisant ainsi croire que ce sont peut-être des Juifs qui sont les auteurs de ces actes anti-musulmans au même titre que ce sont des jeunes issue de l ’immigration maghrébine qui, pour la plus part du temps, commettent des actes « antijuifs »:

« […] [le] porte-parole du Forum citoyen des cultures musulmanes, évalue à une douzaine les agressions commises contre des lieux de culte musulmans. Cette estimation est sans doute inférieure à la réalité.  […] La presse régionale s’est fait l’écho de ces agressions. Mais la presse nationale ne les a que très rarement mentionnées. Il est vrai qu’en nombre ces événements restent très largement inférieurs aux actes anti-juifs perpétrés contre des personnes ou des synagogues. […]

Il n’est pas inutile de rappeler que les musulmans restent les principales victimes d’un racisme au quotidien. […] Le sentiment raciste est davantage répandu dans l’opinion que l’antisémitisme. Comme si, depuis les attentats du 11 septembre et la flambée des actes anti-juifs, les musulmans de France étaient passés du statut de victimes à celui d’agresseurs.  […]

La multiplication des agressions anti-juives commises dans les banlieues a été souvent présentée comme une véritable guerre des communautés : Arabes contre Juifs.  […]

Les arrestations effectuées par la police ont confirmé que la plupart des auteurs des actes anti-juifs étaient des jeunes désocialisés, qui ne fréquentaient pas les mosquées et n’étaient pas encadrés par des associations ou des réseaux musulmans. »

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L’OBJET D’UNE CAMPAGNE « ANTI-FRANÇAISE »D’ISRAËL ET DES JUIFS AMÉRICAINS

« Ceux qui sifflent « La Marseillaise » » et « « la campagne anti-française » en Israël » sont de même nature pour Mouna Naïm dans Le Monde du 14 mai 2002 : « Les deux colères de Chirac ». Les propos de Michael Melchior y sont dénaturés alors qu’ils étaient pourtant publiés dans Le Monde du 10 janvier 2002 : « La France est le pays européen qui a connu le plus grand nombre d’actes de violence visant des juifs ou des symboles juifs ». C’est malheureusement la réalité…

Ensuite, dans l’article du 26 mai 2002 de Claire Tréan, « Le « je t’aime moi non plus » franco-américain », les récentes attaques antisémites en France ne sont que « des actes de vandalisme » montées en épingle par « des milieux influents colporteurs de préjugés » (est-ce le Lobby juif américain?) :

«  […] Quelques jours auparavant, dans une sortie qui en dit long sur la finesse des analyses destinées au public américain, George Bush n’hésitait pas à mêler, dans une même phrase amalgamante contre l’antisémitisme, l’assassinat au Pakistan du journaliste américain - et juif - Daniel Pearl par des extrémistes islamistes, et les actes de vandalisme récemment commis contre des synagogues en France… […] Et voilà que, dans le même temps, une tempête fait rage aux États-Unis, dans une partie de la presse et dans des milieux influents colporteurs de préjugés, sur le thème de l’atavique « antisémitisme français », des relents vichyssois qui traîneraient dans ce pays et que d’ailleurs confirme, aux yeux aveugles de ces détracteurs américains, le score du Front national aux dernières élections.  […] »

Patrick Jarreau sait pourtant être bien plus équilibré lorsqu’il écrit dans Le Monde du 22 mai 2002 : « L’Europe et le messianisme américain » : « le fondement de la politique américaine au Proche-Orient n’est pas toujours compris en Europe, où la caricature d’un gouvernement pris en otage par le « lobby juif » est toujours vivante. […] »

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UNE PATHOLOGIE PASSAGÈRE

Dans une pleine page « Horizons » de l’édition du 1er juin 2002, Le Monde rend compte plutôt positivement de l’inquiétude qui a saisi la communauté juive de France.

Mais, d’une part, l’article s’intitule « Jour de Fièvre », expression qui définit une pathologie passagère [est-ce d’ailleurs celle des Juifs ?] …

D’autre part, l’article conclut que les « jeunes beurs » responsables des actes antisémites sont des frustrés plutôt que des antisémites avérés, qu’ils sont en fait des victimes quotidiennes du racisme, qu’il y a des éléments juifs qui sont responsables de « l’angoisse » diffuse d’où peut naître la tentation d’un « repli communautaire » et d’une « certaine ghettoïsation » face aux appels à la raison lancés par les partisans d’une « dédramatisation ».

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DES INCIVILITÉS

« Le mauvais débat du communautarisme », par Xavier Ternisien et Luc Bronner, Le Monde du 12 avril 2003

Les auteurs mettent en doute l’analyse des ministres Ferry et Darcos sur les dérives antisémites à l’école :

« Ainsi donc l’école française est frappée par le communautarisme. Ce sont Xavier Darcos et Luc Ferry, les deux ministres en charge de l’éducation, qui l’affirment en pointant du doigt la « recrudescence » des actes racistes et antisémites ces derniers mois. Dans l’esprit des deux ministres, ces tensions sont directement liées au conflit israélo-palestinien. Des « petits beurs » se prennent pour des Palestiniens, des « petits juifs » se considèrent comme des Israéliens. Cette inquiétude, accentuée par la guerre en Irak, a justifié l’annonce le 27 février 2003 de dix mesures destinées à lutter contre les « dérives communautaristes ». Apparemment consensuelle, la démarche soulève pourtant plusieurs interrogations. »

Omettant ou minimisant les faits relatés en particulier dans le livre du collectif des professeurs de collège et lycée, « les territoires perdus de la République », les deux journalistes démontent les propos des ministres avec des explications vaseuses :

« […] De manière significative, les agressions racistes et antisémites sont rarement le fait de militants encadrés par des associations ou des mouvements religieux, mais plutôt d’individus isolés et livrés à eux-mêmes. […] La supposée « communautarisation » de la société française est rarement le fait des acteurs eux-mêmes. […] -Ceci se vérifient pourtant à la sortie des collèges et des lycées, où la couleur de la peau est, de fait, un indicateur d’une forme de « communautarisme d’État ».[…] Il faudrait aussi pointer les contradictions d’un certain discours souverainiste : il dénonce à juste titre les agressions racistes et antisémites dans les écoles, veut reconquérir « les territoires perdus de la République », mais, dans le même temps, désigne comme uniques responsables « l’offensive islamiste » et « les classes maghrébines ». […] »

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LES FAITS FINISSENT PAR ÊTRE PLEINEMENT RECONNUS

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DES ÉDITORIAUX DU MONDE QUI SONNENT JUSTES

Éditorial du Monde du 23 juillet 2002 : « Vigilance » : «  […] Comment ne pas lire dans cet engagement [du premier ministre Jean-Pierre Raffarin] la crainte qu’un antisémitisme latent et honteux ne se libère ? Que la réprobation suscitée par la politique d’Israël dans les territoires palestiniens ne rejaillisse négativement sur l’image de toute la communauté juive ? Comment ne pas y lire, également, l’inquiétude suscitée par le succès, le 21 avril, d’une extrême droite qui, quoi qu elle en dise, n’a rien renié de ce passé et n’a jamais renoncé à libérer ces pulsions xénophobes ? Comment, dès lors, ne pas saluer la vigilance et la fermeté du premier ministre ? »

Éditorial du Monde du 7 Janvier 2003 « Non aux boycotts » : «  […] Le gouvernement israélien vient de faire savoir que l’émigration de juifs français en Israël avait connu, en 2002, une progression record, sans équivalent depuis trente ans. Si le chiffre absolu reste faible (2 326), la croissance en pourcentage ne l’est pas (un doublement par rapport à 2001). L’engagement militant, encouragé par la campagne d’opinion de la droite et de l’extrême droite israéliennes, y a certes sa part. Mais il y a plus : l’expression d’une inquiétude propre au judaïsme français. Les juifs de France sont inquiets, et cette inquiétude ne se réduit pas aux réflexes de solidarité avec l’État d’Israël. Ils sont inquiets pour eux-mêmes, pour le sort du judaïsme français face à ce qu’ils perçoivent et pressentent : la montée et le retour de l’antisémitisme ici même - d’un antisémitisme d’autant plus pernicieux qu’il devient ordinaire et banal - derrière les tensions et clivages politiques légitimes provoqués par le conflit du Proche-Orient.[…] »

Éditorial du Monde du 18 novembre 2003 « Halte à l’antisémitisme » : « […] Au-delà de cette réaffirmation de principe - et sans attendre les résultats de l’enquête judiciaire sur cette affaire -, le chef de l’État a convoqué une réunion de ministres pour faire le point sur la sécurité des écoles et des lieux de culte et invité à l’Élysée les représentants de la communauté juive. Condamnation, vigilance, solidarité : la vigueur de la réaction présidentielle est salutaire. Il n’est pas certain cependant qu’elle suffise à apaiser le malaise des juifs de France. Depuis deux ou trois ans, en effet, ceux-ci sont inquiets. Parfois pour eux-mêmes. De manière plus diffuse pour le sort et l’avenir d’un judaïsme français confronté à la montée d’un antisémitisme d’autant plus pernicieux qu’il est devenu ordinaire. Même si le nombre d’actes antijuifs a diminué au cours des derniers mois par comparaison avec 2002, il se passe peu de semaines, en effet, sans quelque manifestation d’hostilité : jet de pierres contre une synagogue à Villepinte, jeunes agressés à coups de bâton à Paris, inscriptions accompagnées de croix gammées comme à Pantin ou, plus récemment, à Angers. Sans compter la banalisation, au-delà même des jeunes d’origine arabe, de l’apostrophe « feuj » (juif en verlan ) comme de la pire des insultes. […] »

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UNE RÉELLE EMPATHIE

« Cachez cette kippa…», la chronique d’Eric Fottorino dans Le Monde du 20 novembre 2003

« […] Cacher la kippa, c’est le détail qui tue le dieu des juifs. Il est malaisé de mesurer en France le degré d’antisémitisme. Les agressions contre la communauté diminuent. Mais peut-on évaluer la virulence d’un sentiment avec de simples chiffres ?

La dissimulation de la kippa, elle, est un révélateur par le détail. Un détail parlant, visible, aveuglant. Mardi soir sur Radio-Shalom, le grand rabbin de France, Joseph Sitruk, a même demandé à tous les juifs du pays de remplacer la kippa par la casquette.

"Je ne veux pas que des jeunes gens isolés dans un métro risquent de devenir la cible d’agresseurs qui, généralement, fondent sur eux à plusieurs."

Cachez donc cette kippa que certains en France ne veulent plus voir... Ce n’est pas vraiment un mot d’ordre. Nous ne sommes pas dans une pièce de Pirandello où le drame une fois installé sur la scène, il faut le jouer. Il s’agit seulement d’une mesure préventive, la muleta qu’on préfère soustraire aux regards de quelques abrutis à front de taureau.

Mais tout de même, ce geste que les jeunes juifs effectuent désormais comme des automates. Les voici ramenés à des temps immémoriaux. A l’écho du pire. Les insultes. Les agressions. Le feu criminel. Et maintenant le réflexe des juifs de cacher qu’ils sont juifs, sans autre raison que leur appartenance à cette communauté. France terre d’asile où l’on peut vivre en exil de soi. »

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LA PUBLICATION DU RAPPORT 2002 DE LA COMMISSION NATIONALE CONSULTATIVE DES DROITS DE L’HOMME

« 2002 : le racisme progresse, les actes antisémites se multiplient » publié le 29 Mars 2003 par Sylvia Zappi

« Dans un rapport remis jeudi 27 mars au premier ministre, la Commission nationale consultative des droits de l’homme enregistre un nombre de violences et de menaces jamais atteint depuis dix ans. Les actions antijuives ont explosé : elles sont six fois plus nombreuses qu’en 2001 . Le nombre de violences et de menaces racistes aurait atteint son plus fort niveau en 2002. Les chiffres fournis par le ministère de l’intérieur et sur lesquels s’appuie la Commission nationale consultative des droits de l’homme dans un rapport remis jeudi 27 mars au premier ministre sont alarmants : plus nombreuses (elles ont doublé par rapport au bilan 2000), ces violences sont aussi plus graves et réparties sur tout le territoire, même si elles sont recensées pour les deux tiers dans les régions d’Ile-de-France et du Nord. La majorité (62 %) de ces violences et menaces est exprimée à l’égard de la communauté juive. A Lyon, les associations déplorent le manque d’efficacité des instances comme la Codac, qui recueille les différentes plaintes sans donner de véritables suites judiciaires ou de médiation.

Augmentation « considérable », niveau des violences et des menaces racistes « jamais atteint » et « explosion » des actes antisémites. Les termes employés dans son rapport d’activité de l’année 2002 par la Commission nationale consultative des droits de l’homme (CNCDH) sont volontairement alarmants.

[…] Les violences antisémites arrivent en tête de ce triste palmarès. Avec 193 actes, soit six fois plus que l’année précédente, elles constituent aujourd’hui 62 en 2001 mais 80 % en 2000 lors du déclenchement de la deuxième intifada. A l’exception de cette année 2000, c’est la première fois depuis dix ans que les actes antisémites dépassent les autres formes d’actions racistes. Le pourcentage de menaces antisémites est aussi impressionnant : 74 % de l’ensemble ont visé des juifs ou leurs biens.

[…] La CNCDH a choisi cette année de mettre l’accent sur le phénomène qui lui parait le plus marquant et inquiétant : la montée de la violence antisémite. L’année 2000 avait connu une « inflation sans précédent », notamment au dernier trimestre, rappelle-t-elle, mais cette flambée était « rapidement retombée pour devenir résiduelle » dans les derniers jours de l’année. L’antisémitisme a de nouveau « explosé » en 2002, simultanément à la recrudescence du conflit proche-oriental. C’est en effet fin mars-début avril, au moment de l’offensive de l’armée israélienne en Cisjordanie et de la recrudescence des attentats suicides en Israël que la France a connu un « brutal accroissement des actes anti-juifs », note l’étude. Dans son analyse, citée dans le rapport, le ministère de l’intérieur explique que certains des auteurs « originaires de quartiers sensibles et connus pour des délits de droit commun », ont prétendu s’identifier aux Palestiniens.

[…] Le président de la Commission, Joël Thoraval, a insisté sur les manifestations de racisme et d’antisémitisme en milieu scolaire qu’il a jugées particulièrement « inquiétantes ». […] »

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LES FAITS SONT HÉLAS TOUJOURS INCONTOURNABLES

« Exclusion définitive pour les deux élèves du collège Montaigne, à Paris, coupables de violences antisémites  » par Alexandre Garcia, dans l’édition du 18 décembre 2003

« […] Les élèves, issus de familles d’origine maghrébine, ont nié les faits avant de reconnaître qu’ils avaient insulté et donné des coups répétés à un élève de leur classe de confession juive. Le 12 octobre, le souffre-douleur était poussé à terre, roué de coups et insulté. Selon la fiche du Numéro Vert du service de protection de la communauté juive, il était rentré chez lui « couvert de bleus », sans rien dire à ses parents, très inquiets, depuis la rentrée, de son air triste et de ses pleurs tous les soirs […]. »

« Condamnations unanimes après la profanation de 127 tombes du cimetière juif d’Herrlisheim  » par Frédéric Chambon, publié le 3 mai 2004 : « Des inscriptions nazies, rédigées en allemand et peintes en rouge, ont été découvertes vendredi 30  avril. Un comité interministériel de lutte contre l’antisémitisme devait se tenir lundi à Matignon . »

« Entretien avec Didier Lapeyronnie, professeur de sociologie à l’université Victor-Segalen de Bordeaux  », propos recueillis par Philippe Bernard, publiés le 6 juillet 2004

« […] Quant à l’antisémitisme, il est inscrit dans le vocabulaire quotidien. A Belleville, j’ai entendu des filles reprocher à leurs copains d’écouter "de la musique feuj" ; dans une cité d’Angoulême, un gamin dont la poignée de main est un peu molle se fait reprocher de "serrer la main comme un feuj". Les jeu-nes trouvent qu’on en fait trop pour les juifs, alors qu’ils se considèrent comme les premières victimes du racisme.

[…] Beaucoup pensent que cela date de la deuxième Intifada. Mais, outre le fait que cela me gêne parce que, derrière, il y a la vieille idée que les juifs sont responsables de l’antisémitisme, c’est plutôt le 11 septembre qui a libéré cette parole antisémite, avec la croyance folle mais répandue que les juifs sont derrière les attentats. J’entends davantage de vieilles rengaines antisémites - "les juifs ont le pouvoir", "ils tiennent les médias" - que de témoignages de la prétendue identification avec les Palestiniens.[…] »

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LE GOUVERNEMENT PREND LA MESURE DU PHÉNOMÈNE

« Matignon crée un comité contre l’antisémitisme après l’incendie d’une école juive à Gagny » dans l’édition du 19 novembre 2003 par Béatrice Gurrey

« Le gouvernement promet une « détermination sans faille » contre l’antisémitisme » dans l’édition du 29 janvier 2004 par Sylvia Zappi

« […] Les services du ministre de l’intérieur ne cachaient cependant pas leur inquiétude devant une légère poussée des actes antisémites lors du dernier trimestre 2003 […] « On est passé à plus de dix actes graves par mois et surtout à 109 menaces depuis novembre ». Autre motif de crainte : de nombreux mineurs sont pris pour cibles à proximité des établissements scolaires. Ainsi, 22 actions violentes ont été recensées dans les collèges et les lycées et 73 menaces ; elles atteignaient respectivement le chiffre de 30 et 47 en 2002.

[…] Une circulaire interministérielle devrait prochainement rappeler aux procureurs, préfets et inspecteurs d’académie leur devoir de mettre en place un « plan de lutte contre les violences antisémites à l’école ». Ils sont notamment enjoints à signaler tous les cas d’antisémitisme, et à prendre au plus vite les sanctions qui s’imposent. […] Les policiers et gendarmes devraient recevoir un « manuel de base » leur expliquant ce qu’est un acte antisémite, pourquoi il faut enregistrer une plainte et ne pas se contenter d’une main courante, et comment utiliser les circonstances aggravantes introduites par la loi Lellouche pour tout acte raciste ou antisémite. […] »

« Devant le président israélien, Jacques Chirac affirme sa détermination à combattre l’antisémitisme  » dans l’édition du 18 février 2004, non signé

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LA PUBLICATION DU RAPPORT DE L’OBSERVATOIRE EUROPÉEN DES PHÉNOMÈNES RACISTES ET XÉNOPHOBES

« L’Observatoire de Vienne confirme la montée d’un antisémitisme à multiples facettes en Europe  » par Rafaële Rivais dans l’édition du 1er avril 2004

« […] Les incidents antisémites se sont multipliés dans cinq pays de l’Union européenne (Belgique, France, Allemagne, Pays-Bas et Royaume-Uni). En Allemagne, les organisations juives signalent une augmentation importante de la quantité de lettres, courriers électroniques et appels téléphoniques à caractère agressif. En France, des juifs ont été agressés et insultés, des attentats ont été commis contre des synagogues et des cimetières, une école a été incendiée.

Dans certains pays comme la Grèce, l’Italie, l’Autriche ou l’Espagne, « l’absence apparente d’incidents violents s’accompagne d’un discours quotidien antisémite », indique le rapport. En Grèce, « une grande partie du public adhère aux thèses du complot de la domination mondiale des juifs, et l’Eglise orthodoxe continue à inclure des références antijuives dans le rituel liturgique du vendredi saint ».

Les actes antisémites ne sont plus en premier lieu le fait de l’extrême droite, à laquelle on n’attribue, par exemple, en France que 9 % d’entre eux en 2002, au lieu de 14 % en 2001, et de 68 % en 1994. En Belgique, au Danemark, en France, en Allemagne, aux Pays-Bas, en Suède et au Royaume-Uni, les victimes d’actes antisémites affirment que les auteurs sont de « jeunes musulmans », des « personnes d’origine nord-africaine » ou des « immigrés ». En Grande-Bretagne et en Suède, nombre d’incidents sont causés par des sympathisants de la cause palestinienne.

L’Observatoire conclut qu’il faut absolument enregistrer comme tels, partout, les actes antisémites. Il demande que les livres scolaires soient examinés, de façon à y détecter d’éventuels préjugés, et à vérifier que l’histoire ainsi que le message de l’Holocauste sont correctement transmis. Il suggère que la formation des enseignants contienne une sensibilisation aux diverses cultures, religions et traditions de l’Europe. Les membres de la communauté juive interrogés demandent, pour leur part, que les responsables politiques rejettent très clairement l’antisémitisme. »

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LA PUBLICATION DU RAPPORT 2003 DE LA COMMISSION NATIONALE CONSULTATIVE DES DROITS DE L’HOMME

« Le nombre des agressions racistes et antisémites a diminué en 2003, mais demeure élevé », par Sylvia Zappi dans l’édition du 2 avril 2004

« L’ensemble des faits racistes et antisémites a baissé de 38 % en 2003 par rapport à l’année précédente. Mais leur nombre demeure encore à un niveau supérieur à ceux des années 1990. Et les manifestations antisémites restent très majoritaires par rapport aux autres formes de racisme. Le constat dressé par le rapport annuel de la Commission nationale consultative des droits de l’homme (CNCDH) n’est guère optimiste sur l’état de la société française. […]

L’antisémitisme reste majoritaire par rapport aux autres formes de racisme. Cette tendance, initiée en 2000 avec la flambée de violences antijuives lors du déclenchement de la deuxième Intifada, persiste en 2003 avec 72 % des violences et menaces recensées. « L’antisémitisme continue à être très présent dans la société française », constate la CNCDH. Les chiffres, émanant à la fois des services du ministère de l’intérieur et du Conseil représentatif des institutions juives de France (CRIF), montrent le maintien d’une violence à un « seuil important ». 588 faits sont cités, dont 125 actions violentes (70 agressions sur des personnes, 49 dégradations de lieux de la communauté juive et 6 incendies criminels) et 463 menaces (insultes, graffitis ou tracts).

Signe inquiétant, 32 agressions ont pris pour cibles des mineurs et le nombre de victimes - 21 en 2003 - n’a jamais été aussi élevé. « Ces statistiques montrent bien que la violence contre la communauté juive s’enracine et s’aggrave », s’alarme le rapport. Selon les services de police, les auteurs se recrutent, principalement, parmi des « jeunes délinquants des quartiers dits sensibles », qui agissent tant par provocation xénophobe que par rejet de l’ensemble des institutions, les membres de la communauté juive s’ajoutant aux cibles traditionnelles (policiers, pompiers, médecins...). […] »

Graphe publié dans Le Monde daté du 2 avril 2004

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LA CONFÉRENCE SUR L’ANTISÉMITISMEORGANISÉE PAR L’OSCE

« Antisémitisme européen, les signaux alarmants », par Georges Marion dans l’édition du 6 mai 2004

«  […] Entre la nouvelle Nuit de cristal, que craignent les uns, et la sereine négation du problème, que décrivent les autres, il y a de la marge. Significativement, la principale décision prise par la conférence de Berlin concerne d’ailleurs la collecte et la centralisation de données fiables par le Bureau pour les institutions démocratiques et les droits de l’homme, organisme installé à Varsovie et dépendant de l’OSCE.

[…] Les « signaux » que perçoit Elie Wiesel n’en sont pas moins bien là. Un rapport écrit, l’année dernière, par deux universitaires berlinois à la demande d’un organisme spécialisé dépendant de l’Union européenne, l’Observatoire européen des phénomènes racistes et xénophobes (EUMC), avait cru pouvoir déceler la présence d’un « nouvel antisémitisme » chevauchant la vague du conflit israélo-palestinien (Le Monde du 1 er décembre 2003). Le rapport n’avait pas été officiellement publié, au motif que les données sur lequel il s’appuyait étaient « incomplètes ».

Celui qui l’a suivi, publié en avril, conforte cependant les conclusions du travail précédent tout en affinant l’analyse. « Entre 2002 et 2003, nous constatons une montée de l’antisémitisme en Belgique, en France, aux Pays-Bas, en Allemagne, en Grande-Bretagne, indique Beate Winkler, directrice de l’EUMC. En Autriche, en Grèce, en Espagne et en Italie, les discours sont inquiétants ».  Selon l’EUMC, l’« ancien antisémitisme » s’exprime à nouveau, véhiculant les stéréotypes les plus anciens de l’antisémitisme européen : goût de l’argent, solidarité communautaire suspecte, complot mondial, exploitation financière de la Shoah, etc. Mais, phénomène plus récent, ces idées sont aujourd’hui reprises par des groupes sociaux, nationaux ou politiques qui leur étaient jusqu’ici étrangers.

Réunies à Berlin en prélude à la conférence, plusieurs organisations non-gouvernementales ont ainsi présenté de multiples exemples du vieil antisémitisme européen, désormais largement repris dans la presse et les télévisions du monde arabe pour nourrir la critique de la politique israélienne. Des dérives identiques sont signalées en Europe, dans des secteurs politiques en principe immunisés contre l’antisémitisme, mais qui ne restent pas toujours insensibles à son instrumentalisation.

C’est ce que rappelait, en ouvrant la conférence, le président allemand, Johannes Rau, pour lequel « chacun sait que derrière maintes critiques dirigées contre la politique d’Israël durant la dernière décennie se dissimule un antisémitisme violent » »

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MAIS LE MONDE RETOMBE VITEDANS SES PREMIERS TRAVERS

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LE MONDE, DONNEUR DE LEÇONS… POUR LUI-MÊME ?

Après avoir été lui-même, jusqu’en 2002, un acteur de la sous-estimation ou de la négation du phénomène antisémite en France, Le Monde se permet de donner des leçons :

« Le racisme et la concurrence des victimes » par Sylvain Cypel, publié le 18 juillet 2004 «  […] En France, l’antisémitisme est effectivement de plus en plus relégitimé, et plus dans certaines strates que dans d’autres. C’est une réalité. Et l’on a tardé à en prendre conscience. »

« Sarkozy, un faux pas », éditorial publié le 30 avril 2004 « […] Sarkozy s’est rendu à Washington à l’occasion des réunions de printemps du Fonds monétaire et de la Banque mondiale, qui ont leurs sièges dans cette ville. […] Il a relevé qu’il avait été l’invité aux Etats-Unis de la totalité des associations juives américaines. C’est assurément une bonne chose, là encore : l’image de la France est durablement atteinte outre-atlantique par la vague d’agressions antisémites qu’elle a connue en 2002. Mais M. Sarkozy est allé […] trop loin, quand il a ajouté, au comble de l’énervement, que, du temps du gouvernement de Lionel Jospin, « on était arrivé à faire croire aux Etats-Unis d’Amérique que la France était un pays antisémite ».

On peut reprocher au président Jacques Chirac comme au gouvernement Jospin de ne pas avoir pas eu à l’époque un geste politique fort pour dénoncer - par exemple lors d’une déclaration solennelle à la télévision - les agressions répétées dont les juifs de France étaient victimes. Mais on ne peut pas laisser entendre que le gouvernement Jospin aurait eu des complaisances à l’égard de l’antisémitisme. Employer une formule qui peut faire planer ce soupçon, c’est jouer de manière dangereuse, parce que démagogique, avec le thème de l’antisémitisme. »

La vague d’antisémitisme a pourtant commencé dès septembre 2000. Le Monde reproche à Jospin et à Chirac de ne pas en avoir fait assez. C’est vrai. Mais qu’a fait Le Monde sinon de minimiser le phénomène jusqu’en avril 2002 ?

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SUITE À L’AFFABULATION DE MARIE L., LE MONDE QUALIFIE DE NON-ANTISÉMITE L’AGRESSION DU LYCÉE MONTAIGNE

« Dans plusieurs cas, le soupçon d’antisémitisme a été levé », publié le 15 juillet 2004

« Les agressions contre les juifs ont cependant doublé pendant les six premiers mois de l’année. Après enquête, le soupçon d’antisémitisme a été levé dans plusieurs cas d’agressions. Cependant, depuis le début de l’année, 135 agressions antisémites ont été recensées par le ministère de l’intérieur, contre 127 pour toute l’année 2003.

Le collège Montaigne: Le 17 décembre 2003, le conseil de discipline du lycée Montaigne, à Paris, exclut définitivement deux élèves de sixième, âgés de 11 ans, pour « menaces et violences physiques à l’encontre d’un élève -juif- ». En fait, aucun témoin entendu par le conseil de discipline n’a fait état de propos racistes, le professeur principal et le principal adjoint du collège témoignent que ces incidents étaient mineurs et n’avaient pas de caractère raciste. Le tribunal administratif de Paris a annulé, le 1er juin, la décision d’exclusion, estimant que les faits de violence "méritent à l’évidence une sanction", mais ne "sont pas de nature à justifier la sanction d’exclusion définitive prononcée".

Le rabbin Fahri: Le 3 janvier 2004, Gabriel Farhi, 34 ans, rabbin du Mouvement juif libéral de France (MJLF), est blessé d’un coup de couteau à l’abdomen alors qu’il se trouvait seul dans sa synagogue à Paris. Trois jours plus tard, sa voiture est incendiée sur le parking de son immeuble.

Au fil de l’enquête, des interrogations apparaissent sur la réalité de l’agression : la déchirure de sa chemise est peu compatible avec sa version des faits et le couteau qui aurait servi à l’agresser provenait de la cuisine du lieu de culte. Le rabbin maintient sa version. L’enquête n’est toujours pas close

Poignardés à Epinay: Vendredi 4 juin dans l’après-midi, un adolescent juif, sorti d’un institut talmudique, est poignardé en pleine rue à Epinay-sur-Seine (Seine-Saint-Denis). Son agresseur aurait crié « Allah Akbar ! » avant de s’enfuir. Il s’avère ensuite que le même homme a aussi agressé huit autres personnes d’origine arabe, haïtienne, guinéenne ou portugaise.

Marie L: Vendredi 9 juillet, Marie L. , 23 ans, affirme avoir été agressée dans le RER par six hommes maghrébins et africains qui ont tailladé ses vêtements et dessiné trois croix gammées sur le ventre avant de lui couper une mèche de cheveux. Elle avoue, mercredi 13 juillet, avoir menti. »

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APRÈS CETTE BÉVUE, LE MONDE NE PRÉSENTE PAS D’EXCUSES À LA FAMILLE DE L’AGRESSÉ DU LYCÉE MONTAIGNE

Le Monde se contente de publié la lettre du père de la victime « Sur les incidents du lycée Montaigne » publié le 12 septembre 2004 « A la suite de la publication dans Le Monde du 15 juillet de l’article intitulé « Dans plusieurs cas, le soupçon d’antisémitisme a été levé », les parents de l’élève victime d’incidents survenus dans une classe de 6e du collège Montaigne, à Paris, - qui ont entraîné l’exclusion de deux élèves - ont souhaité faire la mise au point suivante. Afin de préserver l’anonymat de l’enfant, nous publions cette lettre sans révéler son nom.

« Le titre de votre article n’avait pas lieu de s’appliquer à l’affaire du collège Montaigne. Le rapprochement entre la présente affaire et les trois autres affaires mentionnées dans l’article (le rabbin Fahri, l’adolescent poignardé à Epinay et l’agression de Marie L. dans le RER) était dénué de fondement.

En effet, l’arrêt de la cour administrative d’appel du 5 août 2004 a confirmé la réalité des violences physiques assorties de propos antisémites subies par B. S. : « [Un élève] de la classe de 6e 7 a volontairement fait chuter B. S. dans un escalier avant de le frapper alors qu’il était à terre, un [autre élève] a alors traité B. S. de «bouffon» et «sale juif». »

« En fait, aucun témoin entendu par le conseil de discipline n’a fait état de propos racistes (...) » : cette affirmation est totalement erronée, puisque l’un des deux élèves mis en cause a reconnu avoir proféré des insultes antisémites, tandis que l’autre a avoué avoir porté des coups.

« (...) Le professeur principal et le principal adjoint du collège témoignent que ces incidents étaient mineurs et n’avaient pas de caractère raciste » : le professeur principal n’a pu témoigner auprès du conseil de discipline puisqu’il n’était pas présent lors du déroulement des faits. S’agissant de la principale adjointe, elle a été entendue et a dénoncé les faits à sa hiérarchie. » »

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DE SIMPLES VIOLENCES JUVÉNILES ET URBAINES

« Quand une rixe se transforme un peu vite en agression antisémite » par Richard Schittly, publié le 4 août 2004

« L’agression de trois jeunes juifs est-elle nécessairement antisémite ? Pour avoir un peu vite conclu par l’affirmative, la préfecture du Rhône a créé, lundi 2 août, une intense émotion à Villeurbanne et une grande confusion entre enquêteurs, instances communautaires et responsables administratifs.

Dimanche soir, trois jeunes âgés de 16 à 18 ans marchaient entre le cours Emile-Zola et le cours de la République. L’un portait la kippa, un autre une casquette marquée de lettres en hébreu, ce qui ne laissait aucun doute sur leur confession. Selon leur récit, ils ont croisé « de façon fortuite » un groupe de « treize à quatorze » jeunes gens. Ils évoquent un passage provocateur en trottinette, une poubelle renversée, le fait d’être dévisagés « de la tête aux pieds » : la tension a dégénéré en bagarre. Deux d’entre eux ont reçu des coups, entraînant 6 jours d’incapacité de travail.

Cinq auteurs présumés, dont quatre mineurs, ont été interpellés et placés en garde à vue dans les locaux du commissariat de Villeurbanne. « Certains sont d’origine maghrébine, d’autres européens de souche » précise un magistrat, confus d’utiliser ces classifications. Selon leur version, certains d’entre eux sortaient d’une mosquée où ils venaient de rendre hommage à un ami tué à moto. « On s’est regardés de travers », dit l’un des agresseurs présumés. Il assure qu’un de ses amis s’est « laissé emporter » à cause du deuil.

Victimes ou auteurs, personne n’évoque un seul propos antisémite au cours de l’affrontement, qui aurait directement concerné dix personnes. Lundi matin, un communiqué de la préfecture du Rhône annonce qu’« une quinzaine de jeunes gens ont pris à partie et agressé trois jeunes de confession juive » Le texte se félicite de l’interpellation rapide « de quatre auteurs de cette agression » et indique qu’une réunion s’était tenue le vendredi précédent entre les autorités préfectorales et les « responsables des cultes » pour « aborder le problème de la recrudescence des violences inspirées par l’intolérance, ainsi que le renforcement de la lutte contre le racisme et l’antisémitisme ».

En quinze lignes, l’agression de Villeurbanne et la démarche de concertation se font écho, comme si elles se légitimaient mutuellement. A 12 h 37, une dépêche de l’Agence France-Presse diffuse l’information sous la rubrique « Agression-antisémitisme », et la machine médiatique s’emballe.

Pour le CRIF Rhône-Alpes, les jeunes juifs ont été agressés « parce qu’ils portaient une kippa, parce qu’ils étaient juifs ». Au parquet de Lyon, on estime que « la nature antisémite des actes n’est pas caractérisée ». Les auditions ont évoqué un précédent qui aurait opposé les deux groupes rivaux. Les enquêteurs ont conclu à une rivalité sentimentale. Le communiqué préfectoral l’a transformé en « agression de même type, moins violente, quelques jours auparavant ». Le parquet envisage une convocation judiciaire pour « violences volontaires en réunion ». A tête reposée.  »

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LE RELATIVISME DE « LA CONCURRENCE DES VICTIMES »

Le Monde sombre de nouveau dans le relativisme bien-pensant et accuse les institutions juives d’avoir exagérer le phénomène de l’antisémitisme en France

« Le racisme et la concurrence des victimes » par Sylvain Cypel, publié le 18 juillet 2004 «  […] En France, l’antisémitisme est effectivement de plus en plus relégitimé, et plus dans certaines strates que dans d’autres. C’est une réalité. Et l’on a tardé à en prendre conscience. Une autre réalité est la tentative de certains milieux juifs d’exagérer sciemment la dimension du phénomène. Et le communautarisme, ou l’ethnicisme - cette propension à défendre les siens quoi qu’ils commettent, à taire, nier ou masquer les faits les plus répréhensibles de son propre camp face aux autres, propension qui s’accompagne de la tendance à toujours se percevoir comme victime, y compris lorsqu’on est soi-même agresseur -, se propage comme une houle, et pas uniquement chez les exclus.

Des intellectuels communautaires sombrent aussi dans ces attitudes. Ils accompagnent la répercussion, indéniable, du conflit israélo-palestinien en France, manifeste dans l’identification inconditionnelle et souvent affligeante de certains Juifs d’une part, de certains Arabes ou musulmans de l’autre, de plus en plus nombreux, à l’un des deux "camps".

[…] Puisque le conflit israélo-arabe imprègne désormais autant les communautés, l’honneur de leurs responsables devrait amener les uns à mener la lutte contre l’antisémitisme comme si Ben Laden et Saddam Hussein n’existaient pas, les autres, celle contre l’islamophobie et l’arabophobie comme si Sharon n’existait pas ; et, parallèlement, pour les premiers, à prendre fermement position face aux actes délictueux commis par l’Etat d’Israël comme si l’antisémitisme n’existait pas, et, pour les seconds, à dénoncer les crimes des islamistes ou de tant de régimes arabes ou musulmans dictatoriaux contre leurs propres populations, comme si l’islamophobie et l’arabophobie n’existaient pas. […] »

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LES PROPOS D’ARIEL SHARON DEVIENNENT BIEN COMMODES

Suite aux propos déplacés du Premier Ministre Ariel Sharon appelant les Juifs de France a quitté leur pays, Le Monde ne rate pas cette occasion pour se racheter une virginité sur son analyse défaillante de l’antisémitisme

« Badinter à Sharon : des mots « outrageants pour la République » » publié en Une le 23 juillet 2004 « Dans un entretien au « Monde », l’ancien président du Conseil constitutionnel juge « particulièrement blessantes » les déclarations du premier ministre israélien sur « l’antisémitisme déchaîné » qui sévirait en France. Il rappelle « l’extraordinaire alliance » des juifs français et de la République. »

Mais quel est le véritable outrage pour la République ? Les propos d’Ariel Sharon ou l’antisémitisme qu’il dénonce ?

« Protestation d’« Une autre voix juive » publié le 23 juillet 2004 « L’appel « Une autre voix juive », qui regroupe des personnalités juives solidaires du peuple palestinien, a estimé, mercredi 21 juillet, que le premier ministre israélien « spécule sur la sensibilité légitime des citoyens juifs au fait israélien pour les détourner des valeurs de la citoyenneté au bénéfice d’une idéologie nationaliste et d’un racisme anti-arabe ». Ariel Sharon, ajoute le communiqué, « attise l’antisémitisme en espérant l’exploiter au profit de l’État d’Israël, engagé plus que jamais dans une politique de négation des droits du peuple palestinien, avec laquelle de très nombreux citoyens français juifs ou d’origine juive sont en profond désaccord ». L’appel, lancé en 2003, a été notamment signé par Stéphane Hessel, Raymond Aubrac, Pierre Vidal-Naquet, Abraham Segal, Nicole Bernheim, Alain Lipietz, Henri Malberg. »

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L’AFFABULATION DE MARIE L. REDONNE VIEAU MENSONGE DES BIEN-PENSANTS

Xavier Ternisien dans son article « Sortir du petit monde de Marie L. » paru dans Le Monde du 8 août 2004, fait le procès des personnes coupables d’avoir cru ce qu’ils lisaient dans les journaux sur l’affaire Marie L. Pour le journaliste, ceux qui ont cru à cette histoire sont suspects, c’est-à-dire racistes : « Il y a quelque chose de suspect dans l’empressement avec lequel les commentateurs ont dénoncé « quatre Maghrébins et deux Noirs ». Comme si, soudain, des pudeurs et des barrières étaient tombées avec une facilité déconcertante. […] Qu’importe si le scénario était raciste. Personne ne s’en est aperçu. Dans le petit monde de Marie, les Arabes sont cruels et les juifs sont riches. Et les Noirs sont toujours prêts à commettre de noirs méfaits. Les agresseurs de Marie étaient coupables, ontologiquement coupables. Parce qu’ils étaient « quatre Arabes et deux Noirs ». La victime, elle, était innocente, forcément innocente. Parce qu’elle était « française de souche », comme on dit curieusement. […] »

Pourtant dans son récit, Marie L. ne parlait pas des Arabes. Elle disait qu’il y en avait trois ou quatre. Mais ce qu’insinue Xavier Ternisien, c’est que les Arabes sont ontologiquement innocents. Quand certains d’entre eux sont mis en cause, on ne peut le croire…

Ainsi, seuls doivent être crus les coupables d’extrêmes droite mais non ceux qui expriment un antisémitisme d’origine arabe

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LA COMMUNAUTÉE JUIVEFRANÇAISE ORGANISÉE

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Après le retard pris par les médias et le gouvernement français à admettre la réalité des faits antisémites, voilà que le mot « communautarisme » faisait son apparition fracassante dans les médias et dans Le Monde en particulier. Réagissant à la montée des actes antisémites, la communauté juive organisée s’est vue parfois accusée de « communautarisme », de favoriser le « repli communautaire » et la « ghettoïsation », a été soupçonnée d’attiser le sentiment d’angoisse, d’« instrumentaliser la Shoah », d’avoir une double allégeance, d’être infiltrée par la droite israélienne, voire le Bétar et la Ligue de Défense Juive...

Ce discrédit, outrancier et de mauvaise augure, est jeté sur la communauté juive française au mépris de la réalité d’une population très diverse et intégrée consubstantiellement à la République française (Loi de l’Abbé Grégoire en 1791, Décret Crémieux en 1870, etc.).

Ce dénigrement est contredit par les faits : Le récent sondage du FSJU situe la très grande majorité des Juifs français à gauche sur l’échiquier politique national, et tout aussi attachée à l’État d’Israël. Enfin, les dernières élections au CRIF de mai 2003 démontrent que cet organisme représentatif est loin d’être une branche française du Likoud…

Un dessin de Sergueï à la Une du Monde le

6/7 avril 2002

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LE MONDE ET LA MANIFESTATION DU 7 AVRIL 2002« CONTRE L’ANTISÉMITISME ET POUR LA PAIX EN ISRAËL »

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FACE À L’ANTISÉMITISME EN FRANCE ET LES ATTENTATSEN ISRAËL, UNE COMMUNAUTÉ PRÉSENTÉE COMME DIVISÉE

« L’attitude face à Israël divise la communauté juive », Le Monde du dimanche 7 avril 2002 « La révolte gronde dans les instances dirigeantes du Conseil représentatif des institutions juives de France (CRIF), même si elle ne s’exprime pas encore sur la place publique. La présidence de Roger Cukierman, élu en mai 2001, est de plus en plus contestée par l’aile gauche de cette organisation représentant la communauté organisée. Le désaccord a éclaté à l’occasion de l’appel lancé par le CRIF à manifester, dimanche 7 avril, à Paris contre les actes antisémites et en solidarité avec « le peuple israélien » : près de la moitié des membres du bureau ont fait part de leur intention de ne pas participer au cortège. Certains d’entre eux envisageaient de se rendre à une contre-manifestation organisée le même jour et dans le même quartier par le cercle Bernard-Lazare et le mouvement la Paix maintenant, deux organisations communautaires favorables à la création d’un État palestinien. »

Pourtant... Le Monde n’a jamais publié les propos de David Chemla, Président des Amis de Shalom Arshav en France. Celui-ci en effet déclarait à propos des deux manifestations de dimanche 7 avril 2002, la sienne et celle du CRIF :

« Ce n’était pas une contre-manifestation. Nous voulions manifester sur le boulevard pour montrer qu’on ne se dissociait pas du reste de la communauté. La veille, nous avons eu des discussions dans ce sens avec des responsables du CRIF. », Libération, Samedi 13 avril 2002

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LES MANISFESTATIONS DU 7 AVRIL 2002PRÉSENTÉES COMME VIOLENTES ET AGRESSIVES

Alors que les manifestations du CRIF dans la France entière, très imposantes par le nombre avec environ 200 000 personnes, furent très dignes et on ne peut plus pacifiques, Le Monde du 9 avril 2002 a choisi de les relater comme un événement agressif. La présence, certes scandaleuse, de casseurs de l’extrême droite juive (quelques dizaines de personnes), a largement monopolisé l’attention du journal : « Des manifestations en France ont fait écho au conflit du Proche-Orient » publié par Alexandre Garcia et Piotr Smolar. Le titre de cet article laisserait à penser que les deux journalistes vont aborder également les défilés pro-palestiniens avec leurs cortèges de drapeaux du Hezbollah et autres invectives anti-sionistes. Non, l’article ne présente que des aspects hargneux et violents de la manifestation du CRIF , avec une focalisation particulière sur les incidents provoqués par quelques dizaines de casseurs de l’extrême droite juive :

« Après les cortèges de soutien aux Palestiniens, samedi, les instances représentatives de la communauté juive ont rassemblé près de 200 000 personnes, dimanche, contre les actes antisémites et par solidarité avec Israël. Le défilé parisien a été marqué par les actions violentes de quelques extrémistes . Les journées du samedi 6 et dimanche 7 avril ont été marquées par une série de manifestations liées aux événements au Proche-Orient. Dimanche, près de 200 000 personnes ont défilé à Paris et en province à l’appel des organisations représentatives de la communauté juive.[…] Le défilé a été marqué par les violences commises par quelques dizaines de jeunes extrémistes juifs venus à la Bastille pour la bagarre, à trente contre un, poignardant même un commissaire de police.[…] une sono assourdissante scandait déjà « Arafat ment ! Arafat tue ! », au milieu d’une foule dense et très tendue, parsemée de dizaines de drapeaux israéliens. […] D’autres adolescents, un drapeau frappé de l’étoile de David sur le dos, scandent bruyamment « Vivra Israël, vaincra Israël ! ». Ceux-là n’ont pas le droit de parler aux journalistes. Un adulte leur rappelle que « la presse, c’est la désinformation » avant d’inviter le journaliste à « dégager » en le traitant de « nazi ». Une mère intervient pour calmer les esprits, tout en ajoutant que « c’est pas l’envie qui [lui]manque de frapper aussi. […] Une caméra pointe son objectif ? « Journalistes pro-terroristes ! » gronde la foule.[…]

Quand les manifestants arrivent place de la Bastille, vers 19 heures, quelques dizaines de jeunes excités les ont précédés depuis longtemps. Certains portent des blousons du Betar, ce mouvement proche de la droite nationaliste israélienne (Le Monde daté 7-8 avril), d’autres des tee-shirts jaunes de la Ligue de défense juive, organisation radicale. Pendant près de deux heures, ils prennent pour cible des Maghrébins passant par hasard sur la place ou dans les rues adjacentes. Courant par bandes, armés de casques ou de bouts de bois - souvenirs de pancartes - voire de petites battes de base-ball, les jeunes du Betar n’ont eu cure des rappels à l’ordre et des cris des manifestants pacifiques. Ils ont même frappé ceux qui tonnaient contre eux, leurs autres cibles privilégiées étant les CRS et les journalistes. Un commissaire de police a été grièvement blessé en s’opposant à une agression et un cameraman de la télévision espagnole Antena 3 a été passé à tabac.

Ces chasses à l’homme apparaissaient préméditées. Disposant de talkie-walkies pour éviter le réseau téléphonique saturé, ces jeunes extrémistes, dont beaucoup paraissaient mineurs, se félicitaient des coups donnés en se tapant dans les mains, aux cris de « Plus d’Arabes, plus de problèmes ! ». « Dispersez-vous dans le calme ! Ne répondez pas aux provocations ! » s’égosillait un organisateur juché sur un camion, à 20 heures passées, tandis que les CRS, d’un pas morne et blasé, encourageaient les retardataires à rentrer chez eux..»

Les jours qui suivent, « Des extrémistes juifs mis en cause après la manifestation du CRIF » publié le 10 Avril 2002 par Xavier Ternisien. Puis « Prison ferme pour un participant à la manifestation du CRIF » publié le 11 Avril 2002 par Alexandre Garcia

Par comparaison, les dérapages systématiques des manifestations pro palestiniennes, en particulier celles de la CAPJPO, sont très souvent relativisés dans Le Monde.

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LE MONDE ET LA STIGMATISATION DU CONSEIL DES INSTITUTIONS REPRÉSENTATIVES

JUIVES DE FRANCE

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LES SITES INTERNET RACISTESDE L’EXTRÊME DROITE SIONISTE

Xavier Ternisien (en Une du Monde du 23 août 2002) a entièrement raison lorsqu’il dénonce l’existence du site amisraelhai.org, qui s’était spécialisé dans la provocation raciste anti-arabe, anti-palestinienne, et même anti-juive, quand les positions de certaines personnes aux noms à consonances juives sur le conflit israélo-palestinien ne lui convenaient pas.

Cependant, la place et l’audience d’un éditorial et trois articles de fond sont disproportionnés au vu de ces extrémistes, supposés juifs, numériquement très marginaux. Ce sont des pages qui ont été lues par quelques centaines d’internautes, pas forcément sympathisants d’ailleurs, et qui déversaient un fiel absolument indu sur les Arabes et les Musulmans. De la même manière que des dizaines de médias musulmans en France - phénomène royalement ignoré - incluant des stations de radio autorisées par l’État français (la Télévision du Herzbollah a été interdite de diffusion en France seulement en février 2004…), répandent quotidiennement des vagues d’invectives de la même veine que celle de « amisraelhai » mais contre les Israéliens et contre les Juifs.

Généralisant, Le Monde porte une grave accusation contre le CRIF, c’est-à-dire l’institution connue pour représenter 64 associations juives de France, au prétexte qu’il aurait « toléré » les propos racistes du site amisraelhai.org, puisqu’il l’aurait « référencé » par site interposé, pratique très courante sur le web. Si le CRIF reconnaît son manque de vigilance, il n’en reste pas moins qu’il est totalement opposé à ces propos racistes (Le Monde du 23 août 2002 et celui du 30 août 2002).

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LE MONDE A-T-IL LA MÊME VIGILANCE À PROPOSDE SITES INTERNET ISLAMISTES ?

Publicité dela CAPJPO

Publicité duMonde des Religions

Le magazine Marianne dénonce dans son édition du 10 mai 2004 des appels à la haine anti-juive dans le forum de discussion du site Internet oumma.com. Pourtant des articles du journaliste du Monde, Xavier Ternisien, figurent sur oumma.com (« Salir un homme » par Xavier Ternisien, mardi 23 décembre 2003). C’est ce même journaliste qui dénonce en Une du Monde le CRIF d’être indirectement référencé sur le site d’extrême droite sioniste

Le numéro de janvier - février 2004 de la revue Le Monde des Religions, en page 33, figure un encart publicitaire en couleur pour oumma.com où sont vantés « un espace de débat et de réflexion », « un authentique dialogue interreligieux » et « des forums interactifs sans frontières ». Le retour de la politesse est donné sur le site lui-même qui affiche, sur la page d’accueil, une publicité pour Le Monde des Religions et de la CAPJPO (ancêtre de la liste EuroPalestine). Oumma.com, rappelons-le, est ce site islamiste qui avait publié l’article antisémite de Tariq Ramadan contre des intellectuels français qualifiés de communautaristes parce que juifs, et accusés à ce titre par Ramadan de défendre aveuglément Israël et le gouvernement Sharon !

Tout cela explique peut-être l’indulgence du quotidien du soir vis à vis de Tariq Ramadan, de l’UOIF, de la CAPJPO, ou son retard dans la prise de conscience de la montée des actes antisémitismes en France et la stigmatisation de la communauté juive organisée.

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LA MULTIPLICATION DES APPELS « EN TANT QUE JUIFS »CONTRE LA COMMUNAUTÉ JUIVE ORGANISÉE

« En tant que juifs… », publié le 18 Octobre 2000 par Raymond Aubrac, Rony Brauman, Gisèle Halimi, Catherine Samary, Laurent Schwartz, Pierre Vidal-Naquet, Daniel Bensaid, Miguel Benassayag, etc.

« Oui, en tant que juifs ! », publié le 8 Novembre 2000, par Daniel Bensaid, Rony Brauman et Marcel-Francis Kahn

« Nous ne sommes pas des victimes », publié le 18 Décembre 2001 par Jean-Christophe Attias et Esther Benbassa

« Français seulement », publié le 16 Janvier 2002 par Henri Israël

« Des intellectuels boutefeux », publié le 22 Janvier 2003 par Eric Hazan

« N’abandonnons pas l’obsession d’une paix juste et durable », par Une autre voix juive, publié le 28 septembre 2004

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UNE PUBLICITÉ ANTI-CRIF DE LA CAPJPO

Propos de la publicité du CAPJPO parue dans Le Monde du 18 septembre 2002 :

La CAPJPO y exprime son « indignation face à l’attitude du CRIF et à sa réponse au regard des sites d’extrême droite », pourtant le CRIF a condamné dans les termes les plus fermes le site amisraelhai. Le CRIF ne sait pas contenté de dire « le fait de renvoyer à un site ne veut pas dire que l’on approuve son contenu au jour le jour. Nous faisons confiance à l’internaute pour être vigilant  » mais il aussi déclaré que c’était « intolérable et inacceptable » (Le Monde du 23 août 2002), et que « le CRIF condamne avec la plus grande fermeté les menaces subies par les signataires de la pétition [..] pour le boycottage » (Le Monde du 30 août 2002).

« À l’heure où nous vous adressons cette lettre, nous sommes choqués de constater que le CRIF continue à conseiller la visite de sites Internet qui renvoient à amisraelhai.org et cpiaj.fr.st » pourtant le site officiel du CRIF a été crée seulement le 16 juillet 2002 et n’a jamais comporté de liens Internet directs avec ces deux sites et ne les a jamais recommandés.

Le CRIF de par son attitude « pro-israélienne [...] devient un vecteur de l’antisémitisme » et que « l ’impunité [d’Israël] ne peut que susciter des réactions antisémites ». Bref la veille accusation des antisémites...

La manifestation du CRIF du 7 avril 2002 aurait été une « manifestation en faveur de Sharon », pourtant le mot d’ordre du CRIF était « Contre l’antisémitisme et pour la Paix en Israël » et il y a eu 200 000 personnes dans les rues de Paris et des villes de Province. Les Amis de Shalom Arshav avaient également appelé à manifester.

La CAPJPO accuse «  le Président du CRIF » de s’être réjouit « du score Le Pen », mais après le 1er tour des Présidentielles, on a crié « mort aux juifs » dans une manifestation à Paris (Libération du 29 avril 2002). Ce n’était pas celle de Le Pen, mais celle de la CAPJPO…

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UNE AUTRE PUBLICITÉ ANTI-CRIF,CELLE DU MANIFESTE « UNE AUTRE VOIX JUIVE »

Ce manifeste est paru – en publicité payante – dans Le Monde daté du 6 avril 2003, puis de nouveau le 16 octobre 2003 et enfin le 17 décembre 2003.

Le 28 septembre 2004, ce n’est même plus une publicité mais une invitation dans la rubrique Débats du Monde

Le Monde s’abstient encore une fois de relater la réaction des Amis de Shalom Arshav à ce manifeste : « […] Nous récusons une tentative de manipulation qui tendrait à faire croire que les seules « voix juives » d’opposition à la politique du gouvernement israélien actuel ne pourraient être que celles porteuses des idées véhiculées par ce Manifeste.

[…] Ce Manifeste ne justifie l’existence de l’État d’Israël que par « les conditions historiques laissées par les ruines du fascisme hitlérien ». Nous rappelons qu’il est la concrétisation du mouvement de libération nationale du peuple juif [..] dont l’origine plonge ses racines dans l’Histoire juive, et qui n’a pu s’exprimer politiquement qu’a partir de la fin du 19eme siècle[…] La Shoah a sans doute précipité ce processus historique, mais celui ci était déjà largement entamé avant la deuxième guerre mondiale.

[…] La thèse selon laquelle, l’idéologie de l’extrême droite israélienne s’insinue au sein de forces politiques françaises et donne au « judaïsme confisqué un visage repoussant », qui justifierait l’antisémitisme en France, est un fantasme dangereux.

[…] Nous reconnaissons la souffrance et la détresse dans lesquelles est plonge le peuple palestinien, et plus particulièrement ses réfugiés. […] Nous savons aussi que la prise en compte d’un droit au retour des réfugiés palestiniens telle que reprise par ce Manifeste, signifierait la fin de l’État d’Israël en tant qu’État Juif.

[…] Nous ne partageons pas leur vision d’une droite israélienne dont l’influence supposée viendrait bouleverser l’équilibre démocratique de notre société […] Mais des formules telles que « la montée en puissance de l’idéologie de l’extrême droite israélienne au sein de forces politiques françaises », ou « les ingérences criminogènes (sic), anti-démocratiques, de la droite israélienne dans la société française » ne font que reconduire, sous un langage à peine modifié, les thèses classiques du « pouvoir », voire du « complot juif ». Serait-ce là la vérité à lire entre les lignes, de cette « autre voix juive » ? »

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CEUX QUI N’APPELLENT PAS À SIGNER CES DIVERS APPELS, PARLENT-ILS TOUS D’UNE MÊME VOIX ?

Si les membres de ces appels ne se sentent pas représentés « en tant que juifs », qu’ils viennent donc se porter candidat aux élections du CRIF, comme le font par exemple ceux du Cercle Bernard Lazare, et rejoindre des personnalités comme Théo Klein. D’ailleurs, les dernières élections du CRIF au mois de mai 2003 démontrent que ce dispositif n’est pas une branche française du Likoud : Pour preuve, Maître Michel Zaoui et André Wormser, tous deux membres du Comité de Pilotage des Amis de Shalom Arshav, ont été réélus, dont Maître Michel Zaoui au Bureau Exécutif. L’ancien président de l’UEJF, Patrick Klugman, qui a brandi en 2003 le slogan « sioniste et pro-palestinien » a été l’élu le mieux placé au Comité Directeur du CRIF…

Le Monde relate lui même que la très grande majorité des Juifs français est à gauche sur l’échiquier politique national, et tout aussi attachée à l’État d’Israël :« Une étude du FSJU révèle une communauté juive de France bien intégrée mais inquiète » publié le 20 Novembre 2002 par Xavier Ternisien :

« Selon l’enquête réalisée à la demande du Fonds social juif unifié, l’affirmation identitaire « va en grandissant » mais il ne faut pas y voir « un signe de repli sur soi ». La communauté juive est bien intégrée à la société française, mais elle est traversée par une inquiétude, par un malaise ». […] Politiquement, les juifs restent majoritairement à gauche, soit à 59 %. L’enquête montre que les juifs sont très majoritairement heureux (91 %), mais inquiets (65 %). En tête des motifs d’inquiétude vient le terrorisme (cité par 77 % des sondés), suivi par l’antisémitisme (76 %), le racisme (70 %) et l’avenir d’Israël (64 %). « L’analyse des inquiétudes des juifs de France montre que ce sont les aspects directement liés à l’identité juive qui les inquiètent en premier lieu », souligne l’enquête.[…] Diversifiée, la communauté juive a pour principal ciment l’attitude à l’égard d’Israël. 48 % des personnes interrogées se disent très proches de l’État hébreu, et 38 % s’en disent proches. Les trois quarts sont allées au moins une fois en visite en Israël, et près de 30 % ont fait le voyage six fois et plus. 77 % des ménages juifs ont de la famille en Israël, à des degrés de parenté divers. […] »

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TARIQ RAMADAN UTILISE « UNE AUTRE VOIX JUIVE »POUR SE DÉDOUANER

« Antisémitisme et communautarisme : des abcès à crever », Le Monde du 29 octobre 2003 par Tariq Ramadan

« […] à l’instar des partisans de « l’autre voix juive », qui réaffirment leur identité pour mieux pouvoir la dépasser, les acteurs musulmans expriment la réalité de leur appartenance religieuse (au sens de la « communauté spirituelle ») pour accéder, sans se renier, à une citoyenneté fondée sur les valeurs communes (opposée au communautarisme).

Pour « l’autre voix juive », il s’agit de lutter contre la confiscation de la parole par ceux qui voient de l’antisémitisme derrière toute critique d’Israël et considèrent le monde sous ce seul angle. […] »

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LE NOUVEAU « RÉALISME » DU CRIF

Parce que le CRIF a (imprudemment ?) engager un dialogue avec l’UOIF, et a reçu Esther Benbassa, l’incarnation de la Vérité selon Le Monde, Xavier Ternisien donne avec condescendance des bons points au CRIF:

« Le tournant réaliste du CRIF » publié le 24 septembre 2004 « Que se passe-t-il au Conseil représentatif des institutions juives de France (CRIF) ? Les portes s’ouvrent pour accueillir Fouad Alaoui, le secrétaire général de l’Union des organisations islamiques de France (UOIF). Le président du CRIF, Roger Cukierman, reçoit discrètement à déjeuner des journalistes et des intellectuels, comme Esther Benbassa, qui critiquaient les prises de position communautaires dans les médias. Bref, un vent nouveau paraît souffler entre les murs de l’institution de la rue Broca, à Paris.

[…] Le tournant du CRIF a été précédé par d’autres évolutions non moins surprenantes. C’est ainsi que l’Union des étudiants juifs de France (UEJF) a publié au printemps un livre intitulé « Les Enfants de la République » (La Martinière), qui devait s’appeler initialement « Une communauté contre le communautarisme ». Son président, Yonathan Arfi, y défend vigoureusement les « communautés ». Selon lui, « le communautarisme est aujourd’hui un faux concept. (...) L’accusation de communautarisme est l’arme d’une intimidation insidieuse, celle de ceux qui réduisent la liberté de penser au choix entre deux camps immuables : républicanisme et communautarisme. »

Quel virage ! Il y a moins d’un an, en novembre 2003, la même UEJF lançait une pétition « contre le communautarisme et l’extrémisme ». Le contexte était celui du débat sur le voile et sur la présence de Tariq Ramadan au Forum social européen. Il était clair que le communautarisme en cause était principalement - sinon exclusivement - musulman. […]

Dans ce contexte, c’est « la tolérance » et « le dialogue » qui sont mis en avant. Ces évolutions demandent à être confirmées. Le test sera peut-être une grande manifestation unitaire contre le racisme et l’antisémitisme, qui pourrait avoir lieu le 7 novembre. »

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QUELQUES CALOMNIES

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DES RUMEURS SUR « LES JUIFS DE FRANCE »

Dans une tribune « La dangereuse confusion des Juifs de France », parue en première page du Monde, le 8 décembre 2001, le cinéaste israélien Eyal Sivan indique :

« Dans les synagogues et les centres communautaires juifs, le drapeau israélien et la collecte d’argent au profit d’Israël ont tendance à prendre la place des symboles religieux traditionnels »

Le Monde ouvre généreusement ses pages aux points de vues, tribunes et autres horizons des uns et des autres. Le journal se dit non responsable des propos qui y sont tenus, relevant de la seule responsabilité de ceux qui les écrivent.

C’est nier la responsabilité du diffuseur en matière d’information. Eyal Sivan écrit ainsi que des drapeaux israéliens flottent dans les synagogues françaises. Certes, en Israël, ses propos « anti-cléricaux » (c’est parfaitement son droit) auraient été sans conséquences.

Mais en France, la portée d’une telle déclaration est énorme, d’une part, ce n’est absolument pas le cas, était-il besoin de le préciser, d’autre part elle entraîne un amalgame en chaîne... et justifie les attaques contre les synagogues.

Le Monde a finalement donné un droit de réponse à un collectif «  La dangereuse confusion d’Eyal Sivan » et à Maurice Szafran « Diabolisation Politique » dans Le Monde du 18 décembre 2001

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LA STIGMATISATION DU SITE PROCHE-ORIENT.INFO

Toujours dans son article paternaliste « Le tournant réaliste du CRIF » publié le 24 septembre 2004, Xavier Ternisien stigmatise Elisabeth Schemla : « […] Désormais, le maître-mot au CRIF est « dialogue ». Finies les condamnations incantatoires. Place au pragmatisme et à l’efficacité. […] L’option de débattre avec l’UOIF se heurte à deux types d’opposition. D’une part, celle des juifs laïques, qui pensent que ce n’est pas le rôle du CRIF, organe politique, de se poser en interlocuteur d’une organisation religieuse comme l’UOIF. D’autant que celle-ci n’aurait déjà que trop tendance à se placer sur le terrain politique. L’autre opposition vient des idéologues proches de la droite israélienne, qui se sentent trahis. La journaliste Elisabeth Schemla lance un cri du cœur dans une chronique : « Qu’est-il arrivé à l’homme respectable - Roger Cukierman - qui, il y a peu encore, dénonçait avec courage l’alliance des fascismes rouge-vert-brun ? » […] »

Après cette charge calomnieuse, Le Monde publie le 13 octobre 2004 « Une lettre d’Elisabeth Schemla » « A la suite de notre article intitulé « Le tournant réaliste du CRIF » (Le Monde du 24 septembre), nous avons reçu d’Elisabeth Schemla, directrice du journal en ligne proche-orient. info, la mise au point suivante :

Pourquoi votre article me présente-t-il avec fausseté ? Vous m’incluez dans les « idéologues proches de la droite israélienne qui se sentent trahis » par la rencontre entre Roger Cukierman et Fouad Alaoui, avant de citer un extrait de ma chronique (publiée dans le journal que je dirige) dont aucun mot, je dis bien aucun, ne peut amener à une telle conclusion.

Je suis profondément troublée, alors que je m’exprimais sur un sujet français, sur un débat capital pour l’avenir de notre société – à savoir le discours et le positionnement de notre démocratie face au défi islamiste et au terrorisme –, que vous conduisiez vos lecteurs à croire que j’écris au nom d’intérêts politiques ou idéologiques étrangers. Que vient faire dans cette affaire française qui nous occupe tous votre référence à une mouvance israélienne ?

Votre propos est d’autant plus hypocrite que je suis de loin, dans toute la presse française, celle qui a pris position le plus vite et le plus fortement contre l’appel de Sharon aux juifs de France, auquel vous faites allusion par ailleurs comme ligne de fracture. Il suffit de lire mes articles sur proche-orient. info.

En revanche, et vous ne le savez que trop, je suis aussi depuis toujours contre toute « compréhension » ou justification de l’islamisme, ce totalitarisme. »

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LE MONDE ET LA STIGMATISATION DE L’UNION DES ÉTUDIANTS JUIFS DE FRANCE

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LES DÉRIVES « COMMUNAUTARISTES »DE LA MANIFESTATION DE L’UEJF

Xavier Ternisien, dans Le Monde du 8 Mai 2003 (« Rassemblement parisien contre « les communautarismes » et pour la défense de la laïcité »), inverse la portée de la manifestation de l’UEJF, de la LICRA et du Grand Orient :

« Une foule turbulente mais clairsemée s’est rassemblée, mardi 6 mai en fin d’après-midi, devant l’Hôtel de Ville de Paris pour une manifestation « contre les communautarismes, l’antisémitisme, le racisme et la xénophobie ». […]

Couleur dominante : le bleu-blanc-rouge des drapeaux distribués aux manifestants, mais aussi le rouge des drapeaux de l’Hachomer Hatzaïr, mouvement sioniste de gauche, dont quatre membres ont été agressés le 22 mars en marge d’une manifestation contre la guerre en Irak. Quelques participants arboraient le cordon bleu turquoise du Grand Orient.

Dans un message lu à la tribune […], Jacques Chirac a affirmé que « la France n’est pas une juxtaposition de communautés ; elle est une communauté nationale ». Le ministre de l’éducation nationale, Luc Ferry, a été hué avant même de commencer son intervention. « Nous avons assisté à la montée d’un antisémitisme d’un genre nouveau », a-t-il affirmé, en dénonçant « les dérives communautaristes » à l’école. Mais il a essuyé des sifflets en déclarant que la France avait « le corps enseignant le moins raciste et le moins antisémite du monde ».

[…] Patrick Klugman, président de l’UEJF, a dénoncé le voile à l’école, qui relève selon lui d’une « logique politique » : « A l’école publique, il n’y a pas plus de place pour le voile que pour la kippa. »

Jean-Marc Ayrault a été sifflé lorsqu’il s’est demandé si l’interdiction des signes religieux à l’école ne risquait pas de renforcer « les crispations identitaires ». Le président du groupe socialiste à l’Assemblée nationale souhaite la création d’une commission parlementaire sur la laïcité. Dénonçant l’intervention en Irak, Christiane Taubira, représentant le Parti radical de gauche, a été conspuée. En revanche, les déclarations du musulman Ghaleb Bencheikh ont été applaudies : « Quand le juif a peur dans sa synagogue, le musulman doit trembler dans sa mosquée parce que son tour viendra. »

Le « communautarisme » s’est illustré en marge du mouvement : six jeunes musulmanes voilées ont brandi des drapeaux tricolores, avant d’être évacuées discrètement car une dizaine de jeunes militants juifs extrémistes commençaient à se faire menaçants. « On est venu pour casser du bougnoule », avouaient-ils à un militant du mouvement pacifiste Shalom Archav. »

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LE RELATIVISME DES « COMMUNAUTARISMES »DES ÉTUDIANTS MUSULMANS DE FRANCE ET DE L’UEJF

« La menace du communautarisme agitée avant les élections aux Crous » par Virginie Malingre dans l’édition du 30 mars 2004. Dans un relativisme bien pensant, la journaliste ne retient certes pas les attaques de l’UNI et de l’UNEF contre la « liste juive » de l’UEJF - pourtant ici associée à l’association on ne peut plus laïque SOS Racisme - mais ne dénoncent pas les dérives communautaristes avérées de l’EMF, organisation dans l’orbite de l’UOIF :

« L’université est-elle le théâtre de la montée des communautarismes ? A l’approche des élections des représentants étudiants aux centres régionaux des œuvres universitaires et scolaires (Crous), qui doivent se tenir du lundi 29 mars au vendredi 2 avril, les principaux syndicats étudiants traditionnels veulent en tout cas le croire. Tous, de manière plus ou moins virulente, dénoncent la montée des listes communautaires. Sans preuves réelles.

[…] Première visée, l’association Etudiants musulmans de France (EMF). Créée il y a plus de quinze ans, dans l’orbite de l’Union des organisations islamiques de France (UOIF), EMF a fait une véritable percée en 2002, en présentant dix listes lors des dernières élections aux Crous. Le syndicat musulman, présent sur moins de la moitié des académies, a en effet raflé 6,43 % des voix il y a deux ans, contre 1,59 % en 2000.

[…] La communauté juive, elle aussi, est accusée de vouloir s’organiser. Pour preuve, les listes Feder (Fédération étudiante des enfants de la République) sont constituées cette année pour la première fois par l’Union des étudiants juifs de France (UEJF) et SOS-Racisme. Elles ont été déposées dans cinq académies.

[…] Par ailleurs, rien dans les années passées ne permet de mettre au compte d’EMF d’éventuelles dérives communautaristes. Des rumeurs circulent, mais aucune n’a, pour l’heure, été confirmée. « Il n’y a pas de fondamentalistes à EMF », juge Jean-Francis Dauriac, directeur du Crous de Versailles et président de l’Association des directeurs de Crous jusqu’à il y a six mois.

[…] Du côté de l’UEJF, on nie également toute volonté communautariste. « Avec SOS-Racisme, on partage les mêmes valeurs : antiracisme, anti-discrimination. Et on souhaite la fin de l’hégémonie de l’UNEF et l’introduction dans le débat étudiant des vrais sujets de société », explique Yonathan Arfi, président de l’UEJF. « Le débat sur la laïcité, par exemple, a été complètement occulté, poursuit-il. L’UNEF, qui n’a jamais abordé ces questions à l’Université, a une part de responsabilité dans la montée d’EMF. L’UNEF s’est focalisée sur les questions d’altermondialisme, qui ne représentent pas l’ensemble des questions étudiantes ». L’UEJF et SOS-Racisme sont favorables à l’interdiction du port du voile à l’école, contrairement à EMF. »

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LE NOUVEAU « RÉALISME » DE L’UEJF

En même temps que Xavier Ternisien donne des bons points au CRIF pour avoir engager un dialogue avec l’UOIF, il salue le nouveau réalisme de l’UEJF :

« Le tournant réaliste du CRIF » par Xavier Ternisien, publié le 24 septembre 2004

« […] Le tournant du CRIF a été précédé par d’autres évolutions non moins surprenantes. C’est ainsi que l’Union des étudiants juifs de France (UEJF) a publié au printemps un livre intitulé « Les Enfants de la République » (La Martinière), qui devait s’appeler initialement « Une communauté contre le communautarisme ». Son président, Yonathan Arfi, y défend vigoureusement les « communautés ». Selon lui, « le communautarisme est aujourd’hui un faux concept. (...) L’accusation de communautarisme est l’arme d’une intimidation insidieuse, celle de ceux qui réduisent la liberté de penser au choix entre deux camps immuables : républicanisme et communautarisme. »

Quel virage ! Il y a moins d’un an, en novembre 2003, la même UEJF lançait une pétition « contre le communautarisme et l’extrémisme ». Le contexte était celui du débat sur le voile et sur la présence de Tariq Ramadan au Forum social européen. Il était clair que le communautarisme en cause était principalement - sinon exclusivement - musulman. […] »

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LE MONDE RECONNAÎT POURTANT LE « MALAISE » DES JUIFS DE FRANCE

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LA RECONNAISSANCE D’UN « MALAISE » (1)

« Le malaise des juifs de France » publié le 20 Septembre 2003 par Philippe Broussard

« La fracture que l’on pouvait craindre n’a pas eu lieu, mais l’amour pour la République n’est plus aussi fusionnel qu’auparavant » : Patrick Klugman, membre du comité directeur du Conseil des institutions juives de France (CRIF), résume ainsi le malaise que vivent nombre de juifs français depuis le début de la deuxième Intifada, en septembre 2000. Roger Cukierman, le président du CRIF, va plus loin : « Nous nous replions sur nous-mêmes parce que nous sommes attaqués ». Sentiment d’insécurité, vigilance face aux actes antijuifs émanant souvent de jeunes musulmans, tentation du départ vers Israël ou l’Amérique, méfiance envers les médias, accusés de donner une vision caricaturale du conflit du Proche-Orient, tentation du communautarisme : l’enquête du Monde tente de cerner le malaise ressenti par un grand nombre des 500 000 à 600 000 juifs de France. « Il y a eu comme une rupture, assure Harry, de Sarcelles. Avant, Arabes et juifs pouvaient être copains dans mon quartier. Maintenant, c’est presque impossible. »

« Le malaise persistant des juifs de France » : «  Peur face aux violences antisémites, rancœur à l’égard de la gauche, reproches aux journalistes, interrogations sur la laïcité : depuis le début de la deuxième Intifada, les juifs s’interrogent sur leur place dans la France d’aujourd’hui. Ce mal-être peut déboucher sur un repli identitaire . « Rupture », « choc », « fissure » : les juifs de France cherchent les mots pour exprimer le changement qui est intervenu dans leur vie depuis le début de la deuxième Intifada, il y a trois ans.[…] »

« Le nombre d’actes antijuifs diminue, le sentiment d’insécurité demeure » :   « Des jets de pierres contre la synagogue de Villepinte (Seine-Saint-Denis). Des jeunes agressés à coups de bâtons dans le 19e arrondissement de Paris. Des croix gammées sur les murs d’un immeuble de Pantin […] »

« Vers Israël ou l’Amérique, la tentation du départ à l’étranger » : « Ils sont partis au cœur de l’été, comme s’il s’agissait d’un simple départ en vacances. Mais ni David ni sa femme n’ont l’intention de revenir un jour habiter à Marseille. Accompagnés de leurs deux filles, ils ont quitté leur bel appartement pour s’en aller vivre en Israël. […]  »

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LA RECONNAISSANCE D’UN « MALAISE » (2)

« Le malaise persistant des juifs de France » publié le 18 décembre 2003 par Xavier Ternisien

« Depuis près de trois ans maintenant, un malaise a envahi les juifs de France  : à cause de la poussée des actes antisémites, dont l’origine remonte à octobre 2000, un grand nombre d’entre eux commencent à craindre sérieusement pour leur sécurité (Le Monde du 20 septembre). Au point que Nissim Zvili, ambassadeur d’Israël en France, a déclaré, dimanche 16  novembre, à la radio publique israélienne  : « Beaucoup de juifs de France s’interrogent sur leur avenir dans ce pays. Le phénomène de l’antisémitisme en France a atteint des proportions inquiétantes ».[…]  »

« Le malaise du judaïsme en Europe » publié le 6 février 2004 par Laurent Zecchini

« La communauté juive de France vit dans l’angoisse », publié le 15 février 2004 par Henri Tincq

« […] « Sale juive », « Mort aux juifs », criait-on, samedi 31 janvier à Mâcon, quand la chanteuse Shirel est montée sur scène. Cinq jeunes gens ont été arrêtés et mis en examen. A la mi-janvier, c’est la communauté de Boulogne-Billancourt qui était victime d’antisémitisme. Cinq mineurs d’origine maghrébine ont tabassé un adolescent à la patinoire. Ils ont été mis en examen pour « violences en réunion » et « injures à caractère racial ». « Pour la première fois depuis soixante ans, les juifs de France s’angoissent dans leur propre pays », explique au Monde le directeur du CRIF, Haïm Musicant. Et les statistiques du 24 janvier de Nicolas Sarkozy ne rassurent personne. Même si les actes graves (agressions, pierres lancées contre des lieux de culte ou des écoles, violations de sépulture) ont chuté d’un tiers en 2003 (125) par rapport à 2002 (192). « Ce n’est pas une question de statistiques, mais de climat », [...] ainsi le triste exemple donné par l’humoriste Dieudonné, qui, sur une chaîne publique, en décembre 2003, avait fustigé « l’axe américano-sioniste » et associé le salut hitlérien à la politique israélienne de Sharon. Il a été envoyé devant la justice pour « diffamation raciale ». […] A Nanterre, une conférence d’Henry Bulawsko, président des anciens déportés juifs de France, a dû être annulée. Dans un autre établissement, c’est un professeur de littérature commençant un cours sur Primo Levi qui a été interrompu. « Nous ne disons pas que la France est à la veille d’une nouvelle « Nuit de cristal ». Nous disons qu’il y a de plus en plus d’actes antisémites. Ou que la parole antisémite se libère plus facilement », explique Haïm Musicant. La détermination de Jacques Chirac et du gouvernement français n’en est que plus appréciée. […] »

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« LES JUIFS DE FRANCE S’ALARMENT, ET NOUS N’AVONS PAS SU EN PRENDRE TOUTE LA MESURE »

 Edwy Plenel, dans un éditorial du Monde 2 du 20 juin 2004, revient sur les actes antisémites et racistes qui ont touché la région alsacienne, à travers les profanations des cimetières juif et musulman : « Ces actes ne sont pas des faits divers. Si nous les prenons comme tels, c’est que nous ne connaissons pas notre histoire. Si nous les banalisons, c’est que nous oublions ce qui, au siècle passé, a fait de nous, de ce continent de haute civilisation et culture, de grande croyance et spiritualité, une terre de crimes contre l’humanité », affirme t-il.

Il rappelle que : « S’en prendre aux sépultures, c’est signifier que les juifs, morts ou vivants, n’appartiennent pas à l’humanité. Détruire les traces, effacer la mémoire, briser le souvenir : autant de façons de dire à l’autre qu’il n’a pas sa place, ni ici ni ailleurs, qu’il n’a pas droit au monde, qu’il a eu tort de naître. »

« Si l’on évoque l’inquiétude juive, alors que les actes en cause visent aussi les musulmans de France, c’est avec la farouche conviction qu’elle est prémonitoire. Elle ne dit pas seulement l’alarme d’une communauté à nouveau menacée ; elle lance un cri universel, avertissement d’incendie sur des temps de transgression, de levée des interdits et des tabous, dont seront les cibles et les victimes tous ceux qui, pour toutes ces haines à la fois ancestrales et nouvelles, où se mêlent les temps et les histoires, font figure d’étranges étrangers. Et quand, sur cette terre que le génocide juif a marquée à jamais, l’antisémitisme fait retour, c’est l’humanité même qui est en risque et en péril », s’inquiète Edwy Plenel.

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PAR COMPARAISON, LE MONDEDONNE-T-IL TOUTE LA MESURE SUR

CERTAINS ÉLÉMENTS DE LA COMMUNAUTÉ MUSULMANE FRANÇAISE ?

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En comparaison, Le Monde s’est montré très indulgent avec certaines dérives d’une partie de la communauté musulmane française organisée, ou en passe de l’être.

Le communautarisme que l’on reproche aux Juifs devient souvent dans le cas des Musulmans une qualité, à tout le moins l’objet d’un constat détaché, mais rarement le cas d’une condamnation.

En se montrant peu disposé à prendre position contre les tendances communautaristes, voire islamistes, de l’UOIF ou en laissant dans ses tribunes « Horizons-Débats » Hani Ramadan (« La charia incomprise », 10 septembre 2002) légitimer le lynchage de la femme adultère, ce n’est pas seulement la République et la Laïcité qu’on fragilise, mais plus amplement la cause des jeunes filles et des femmes françaises originaires du monde arabo-musulman qu’on abandonne.

« Les Maghrébins de France se sentent en phase avec l’opinion »,

article publié le 22 Mars 2003

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LA COMPLAISANCE AVEC LES FONDAMENTALISTES MUSULMANS FRANÇAIS

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« FRÈRES MUSULMANS » DE L’UOIF CONTRE « RÉPUBLICAINS »

Un éditorial paru le 13 octobre 2001 très favorable à l’UOIF:

«  La voix d’un islam français » :

« […] les principales critiques émanent d’une coalition hétéroclite de musulmans « républicains » (…) Selon eux, la consultation aurait « réchauffé dans son sein » le serpent de l’islamisme.

Ces craintes paraissent excessives. Les principales organisation visées – l’UOIF et le Tabligh- ne peuvent être qualifiées d’islamistes (…)

Comme le note Fouad Alaoui [secrétaire général de l’UOIF] (…), il est important, d’un point de vue symbolique, qu’une instance représentative se prononce sur les évènements importants. Il faut donc souhaiter que sa mise en place aboutisse rapidement (…) »

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LA LAÏCITÉ « OUVERTE » …

Dans l’édition du 12 mai 2002, Le Monde, sous la plume de Xavier Ternisien (« Les musulmans de France, entre affirmation identitaire et inquiétudes »), positive sur « l’affirmation identitaire » des Musulmans de France, élément qu’il reproche par ailleurs aux Juifs en les accusant fréquemment de « repli communautaire » :

«  […] l’islam devient la référence majeure, donnant sens à leur vie quotidienne et à leur identité dans l’espace public des musulmans de France »

« […] les collégiens et lycéens de confession musulmane ont une conception de la laïcité plus ouverte que leurs camarades non musulmans parce qu’ils sont favorables à l’introduction de cours de religion à l’école et partisans de port de signes religieux dans l’institution scolaire »

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…CONTRE LA LAÏCITÉ « STIGMATISANTE »

« Politique de la peur », éditorial de l’édition du 19 décembre 2003

« Nous avons déjà souligné, dans ces colonnes, les dangers que comporterait une loi anti-foulard islamique, puisque c’est bien de cela qu’il s’agit. Non seulement parce qu’un tel texte renverrait inévitablement le message d’une laïcité frileuse, fermée et défensive. Mais aussi parce qu’il conduirait inévitablement à stigmatiser, marginaliser et exclure une partie de la population quand le pays a plus que jamais besoin d’intégration. […]

Malgré toutes les précautions prises par le président, on voit bien que le signal envoyé à l’opinion va bien au-delà : n’est-ce pas la tenue de certaines femmes musulmanes dans la cité, nos rues et nos espaces, qui est désormais potentiellement interdite ? Ne vient-on pas de voir un proviseur interdire à des mères de familles, tout ce qu’il y a de plus intégrées, de participer à une réunion du « grand débat » sur l’école, au prétexte qu’elles portaient un foulard ? Bref, derrière la curieuse proclamation que l’école est « un sanctuaire républicain » et non plus un lieu d’ouverture, n’est-ce pas la stigmatisation et l’exclusion d’une toute petite minorité qui est à l’œuvre, au prétexte de sa différence, de sa religion et de ses origines ? […] »

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LE « COCA COLA » ISLAMISTE

Dans Le Monde du 5 février 2003, Patrice Claude fait un article complaisant sur une pleine page « Horizon » de Tawfik Mathlouthi et de sa boisson islamiste et communautariste

En page Une : « Le succès surprise de Mecca Cola, boisson « engagée » » : « Français d’origine tunisienne, militant de la cause palestinienne, Tawfik Mathlouthi fait un malheur sur le marché des sodas avec son Mecca Cola , une boisson lancée sur le marché mondial pour combattre Coca Cola, les États-Unis et Israël avec ce slogan : « Ne buvez plus idiot, buvez engagé ». Plus de trois millions de bouteilles ont été vendues en quelques mois. L’incroyable histoire d’un produit inventé par un homme seul et fauché ».

En page 14 : « Les combats de Mecca Cola », Tawfik Mathlouthi se définit lui-même comme étant sur la « même position que le Hamas » et souhaite explicitement la « disparition de « l’entité sioniste » »

De façon surprenante, cet article n’est plus disponible dans les Archives Internet du journal.

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UNE PAGE COMPLAISANTE SUR LE PÈRE SPIRITUEL DE L’UOIF

« Al-Qaradâwi, l’islam à l’écran », par Xavier Ternsien, publié le 31 août 2004

« Il anime une émission sur Al-Jazira, dirige un site Internet et prêche le "centrisme musulman". Mais certaines des positions du cheik qatari dérangent. Rencontre.

Si l’islam mondial avait un chef, ce serait lui. On le voit partout. Les médias ont démultiplié la silhouette bonhomme de ce vieillard de 76 ans. Ils ont propulsé sur les écrans son regard malicieux derrière des lunettes argentées, sa barbe blanche et son turban d’ouléma formé à Al-Azhar, prestigieuse université égyptienne.

[…] Contrairement aux oulémas salafistes, Youssouf Al-Qaradâwi n’est pas hostile aux images et aux peintures. Il apprécie aussi la musique. La chanteuse égyptienne Oum Kalsoum a ses préférences. Et il ajoute, pour lever tout doute : « Le Prophète a dit que Dieu est beau et aime la beauté. »

[…] L’ouléma qatari veut se faire le héraut de la wassatiyya, du « centrisme musulman ». Il le définit ainsi : « Vous avez des gens qui prohibent toutes les choses et d’autres, à l’inverse, qui donnent la liberté de faire n’importe quoi. Moi, je me situe entre les deux, entre l’extrême droite et l’extrême gauche. » Pour Youssouf Al-Qaradâwi, ce « centrisme » est illustré dans son livre le plus connu, Le Licite et l’Illicite. Traduit en français et en anglais, il a pourtant été interdit en France en 1995, par Charles Pasqua, alors ministre de l’intérieur ; une décision levée un mois plus tard. Un passage sur les femmes était particulièrement visé. Page 207 : « Si -cette méthode- s’avère inutile, -le mari- essaie de corriger -sa femme- avec la main, tout en évitant de la frapper durement et en épargnant son visage ». Aujourd’hui, l’auteur relativise la portée de ces propos qui visaient à réfuter les interprétations les plus extrêmes : « L’homme n’a pas à battre sa femme, dit-il aujourd’hui. C’est un sujet qui a été amplifié. Les textes laissent une possibilité ouverte. Mais le prophète n’a jamais battu une se ses femmes. En plus, battre sa femme a ici un sens symbolique ». Le cheik réserve ses attaques les plus vives aux salafistes d’inspiration wahhabite, le courant dominant en Arabie saoudite. « Ils interprètent toujours les textes littéralement, se plaint-il. Ce sont des formalistes. Je les surnomme « les adeptes de l’apparence » »

[…] Mais le prestige de la star du Qatar a été sévèrement attaqué ces derniers mois. Son soutien affiché aux attentats-suicides en Israël fait scandale. Au cours d’une visite à Londres en juillet, les représentants de la communauté juive ont demandé son expulsion, lui reprochant de soutenir « le terrorisme palestinien, la possibilité de battre sa femme, l’exécution des homosexuels et sa vision de l’Occident comme perverti ». Les tabloïds ont titré : « Le diable vient d’arriver ». Furieux, il est resté cloîtré dans son hôtel. « C’est le lobby sioniste qui a provoqué ces incidents, déclare-t-il aujourd’hui. Mais ce que je dis sur l’homosexualité n’est pas différent de ce que prêche le pape. Je pense que c’est contraire aux instincts de l’humanité. » »

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LE PRÉDICATEUR DE L’UOIF PEUT-IL ÊTRE ANTISÉMITE ?

« Un prédicateur de l’UOIF a tenu des propos antisémites dans une conférence en 2003 » par Xavier Ternisien, publié le 30 octobre 2004

Le sous-titre de l’article du Monde sous-entend une minimisation de l’accusation : « L’organisation musulmane doit défiler le 7 novembre contre l’antisémitisme »

« Un article du Figaro du 28 octobre, dénonçant le caractère antisémite d’une conférence enregistrée d’Hassan Iquioussen, prédicateur de l’Union des organisations islamiques de France (UOIF), a provoqué l’indignation du Mouvement contre le racisme et pour l’amitié entre les peuples (MRAP). L’association condamne ces propos, mais s’étonne que « cette information vieille de dix mois soit réutilisée dans un contexte où s’approche la manifestation du 7 novembre contre le racisme, l’antisémitisme et les discriminations, et dont l’UOIF est signataire » La conférence, enregistrée il y a dix-huit mois et dont le contenu a déjà été dénoncé par L’Humanité le 17 janvier, a pour titre « La Palestine, histoire d’une injustice ». Les juifs y sont décrits comme « ingrats », « avares », vivant « entre eux, dans des ghettos ». Pire, on y trouve ce passage : « Les textes aujourd’hui le prouvent. Les sionistes ont été de connivence avec Hitler. Il fallait pousser les juifs d’Allemagne, de France... à quitter l’Europe pour la Palestine. Pour les obliger, il fallait leur faire du mal »

Le Figaro affirme que la cassette est « vendue dans des librairies musulmanes et via Internet ». Or elle est introuvable. Bernard Kanovitch, responsable des relations avec l’islam au Conseil représentatif des institutions juives de France (CRIF), en témoigne : « J’ai essayé de me procurer la cassette. Elle est indisponible en librairie ou sur Internet. Nous n’en connaissons que les extraits parus dans la presse ». En fait, elle a été retirée de la vente il y a huit mois par son éditeur, les éditions Tawhid, à Lyon. Leur directeur, Yamin Makri, explique que « plusieurs clients nous avaient alerté sur son contenu. Nous l’avons donc retirée des librairies. Même chez nous, il n’y en a plus. » Il plaide la bonne foi : « Je n’ai pas pris le temps d’écouter la cassette avant de la diffuser, j’ai eu tort » Le secrétaire général de l’UOIF, Fouad Alaoui, défend le conférencier mais condamne ses propos : « Connaissant la personne, je sais qu’il n’est pas antisémite. Mais, si elles ont bien été rapportées, les paroles sont inexcusables et doivent être condamnées ». M. Iquioussen se dit prêt à faire son mea culpa : « Je n’ai rien contre les juifs et le judaïsme, ou toute autre religion. C’est à cause de mon style de propos. Il suffit que je vois à la télé un reportage sur la Palestine, et lors d’une conférence je m’emporte. Après, je suis le premier à le regretter. » Le ministre de l’intérieur, Dominique de Villepin, a condamné « les propos inacceptables » du prédicateur et transmis le dossier au garde des sceaux « afin qu’il examine les suites possibles ». »

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LA NAÏVETÉ (?) FACE À L’ISLAMISME EN FRANCE

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L’ISLAM « APAISÉ » DES MUSULMANS DE FRANCE

« L’islam apaisé des musulmans de France » titre en première page Le Monde du 5 octobre 2001.

• « Plus pratiquants, les musulmans de France sont aussi mieux intégrés »

• « Une meilleurs acceptation par l’opinion »

• « L’immense majorité des musulmans juge le terrorisme contraire aux préceptes du Coran »

• « Franck Frégosi: « ce qui progresse, ce n’est pas un islam privatif, mais une religion qui s’exprime de manière collective » »

Mais à y regarder de plus près, nous découvrons des chiffres très inquiétants non pas tant en valeur relative mais en valeur absolue : 12% des interviewés ont une « bonne image » d’Oussama Ben Laden » trois semaines seulement après le 11 septembre 2001.

• Soit entre 400 000 et 600 000 personnes en France

• En particulier 18% des 16-24 ans ont une « bonne image » d’Oussama Ben Laden. Cela représente entre 150 000 et 200 000 jeunes en France

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LES SERMONS « NON BELLIQUEUX » DES IMANS DE FRANCE

Le Monde du 8 février 2002 publie le résultat d’une enquête sur les prêches des imams de France. Le résultat de l’enquête est positif :

« Les imams de France prêchent un islam moralisateur et non belliqueux »

L’enquête est présentée comme « scientifique » par Xavier Ternisien alors que le protocole est pour le moins douteux :

« Les deux enquêteurs, qui se sont rendus dans les mosquées avec un magnétophone, ont enregistré chaque « khotba » avec l’accord préalable de l’imam : les responsables de l’enquête ont voulu agir avec transparence, en soulignant la dimension scientifique de leur démarche »

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MAIS LA SITUATION N’EST PAS SI « APAISÉE »ET « NON BELLIQUEUSE » QUE L’ON CROIT

« Les salafistes ont conquis de nouvelles mosquées en Ile-de-France » dans l’édition du 22 février 2004 par Piotr Smolar

« La montée en puissance du courant salafiste se confirme dans les mosquées. Les renseignements généraux de la préfecture de police (RGPP) viennent de terminer le recensement annuel des lieux de culte musulman en Ile-de-France. A ce jour, 32 mosquées ou salles de prières se trouvent sous le contrôle d’islamistes radicaux, dont la grande majorité sont des salafistes. […]

Les dix nouvelles conquêtes des salafistes ne constituent pas des surprises, puisque ces lieux étaient déjà convoités il y a un an

Une autre tendance, constatée par les services de police, est l’apparition de crèches islamistes. [A] Fontenay-aux-Roses, [...] des cours d’arabe et un enseignement du Coran étaient dispensés à des enfants âgés de 4 à 6 ans. Le préfet a décidé la fermeture administrative du lieu. Le même jour, à Anthony, les activités d’une autre crèche coranique de ce type, dirigée par un salafiste, étaient également interrompues. Le même sort a été réservé, le 12 janvier, à Argenteuil (Val-d’Oise), à une halte-garderie musulmane. »

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L’INDULGENCE VIS-À-VIS DE TARIQ RAMADAN

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LES PROPOS ANTISÉMITES DE TARIQ RAMADAN SUR LE SITE DU FORUM SOCIAL EUROPÉEN SONT PEU DÉNONCÉS

Le Monde évite soigneusement de prendre position sur l’article antisémite de Tariq Ramadan publié sur le site du Forum Social Européen

« Tariq Ramadan est accusé d’antisémitisme après une tribune sur les « intellectuels communautaires »  » Le Monde du 11 octobre 2003 par Caroline Monnot et Xavier Ternisien : «  Tariq Ramadan serait-il antisémite ? La question est posée clairement par André Glucksmann dans Le Nouvel Observateur daté 9 octobre) et par Bernard-Henri Lévy […] M. Ramadan répond : « Je récuse totalement l’accusation d’antisémitisme qui m’est lancée aujourd’hui. […] Pour Pierre Khalfa, membre du conseil d’administration d’Attac, « le texte de Ramadan n’est pas un texte antisémite. Il est dangereux d’agiter le chiffon rouge de l’antisémitisme à n’importe quelle occasion. En revanche, c’est un texte marqué par la pensée en partie communautariste de son auteur qui prête à d’autres la façon dont il pense le monde ». « Le mouvement altermondialiste défend des positions universalistes, donc forcément laïques quant à leur expression politique », rappelle pour sa part José Bové. « Qu’il y ait ensuite des gens de cultures, de religions différentes, c’est naturel. Tout l’enjeu, c’est de sortir de ces déterminismes », explique-t-il. »

«  Au-delà des anathèmes », Le Monde du 2 novembre 2003 par Robert Solé : « Que contenait ce fameux texte ? Tariq Ramadan y dénonçait l’attitude d’« intellectuels juifs français » […] En clair, dès qu’il s’agit d’Israël, les grands principes partent en fumée. […] Les intéressés ont immédiatement réagi en termes très vifs […] Le Monde ayant indiqué que le texte incriminé se trouvait sur le site oumma.com, des lecteurs s’y sont précipités. Pour en tirer des conclusions contradictoires... […] « Le texte contesté de Tariq Ramadan n’a pas été refusé par les pages Débats du Monde pour une raison de principe [..]. Ce fut un choix d’opportunité lié à la grande quantité de points de vue qui, chaque jour, nous sont proposés. Dès que Le Point et Le Nouvel Observateur ont accusé Tariq Ramadan d’antisémitisme, nous avons rendu compte de cette polémique en donnant des extraits de son texte, afin que nos lecteurs se fassent eux-mêmes leur opinion. Dans la réponse à ses détracteurs, que nous avons ensuite publiée, M. Ramadan condamne explicitement l’antisémitisme. Prolongeant son interpellation initiale, Bernard-Henri Lévy lui a, à son tour, répondu dans nos colonnes, en précisant ce qui le trouble dans la pensée de M. Ramadan. S’il est de bonne foi, le débat intellectuel permet d’approfondir les divergences ou de susciter des convergences, au-delà des anathèmes. »

« Le communautarisme, un invité dérangeant », Le Monde du 11 novembre 2003 par Xavier Ternisien : « […] A la suite de la publication sur Internet du texte de Ramadan sur « les intellectuels juifs », Bernard-Henri Lévy accuse celui-ci d’antisémitisme et somme les altermondialistes de rompre avec lui. Du côté des altermondialistes, tout le monde convient que les propos de M. Ramadan « n’ont rien à faire » sur une liste de diffusion du FSE. Pour Pierre Khalfa, membre du conseil d’administration d’Attac, cette tribune « n’est pas un texte antisémite. En revanche, c’est un texte marqué par la pensée en partie communautariste de son auteur qui prête à d’autres la façon dont il pense le monde. » Il est acquis en tout cas que M. Ramadan interviendra en plénière, le 15 novembre. »

« Tariq Ramadan, intellectuel contesté, en vedette d’un jour », Le Monde du 15 novembre 2003 par Rémi Barroux et Xavier Ternisien : « Le théologien musulman a participé, vendredi 14 et samedi 15 novembre, à deux débats. Accusé d’antisémitisme après ses propos sur les « intellectuels juifs », il a trouvé au sein du FSE de nombreux soutiens pour dénoncer, derrière la polémique, « une stigmatisation de l’islam ».  »

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TARIQ RAMADAN « BLANCHI » DE TOUS SOUPÇONS

« Tariq Ramadan, sa famille, ses réseaux, son idéologie » par Xavier Ternisien, dans l’édition du 23 décembre 2003. « Depuis quelques mois, Tariq Ramadan n’est plus seulement un prédicateur très populaire chez les musulmans français. Son dialogue en direct avec Nicolas Sarkozy, sa participation au Forum social européen l’ont imposé comme la personnalité médiatique centrale de l’islam de France, bien qu’il réside à Genève et n’ait pas la nationalité française. Cette accession à la notoriété s’est nourrie de controverses : Tariq Ramadan a été taxé d’antisémitisme après une tribune sur des intellectuels juifs, ses déclarations sur le statut des femmes ont choqué, notamment après sa formule en faveur d’un « moratoire » sur la lapidation. Sa célébrité a aussi prospéré sur les interrogations que suscite le personnage, sur les doutes à propos des non-dits de son discours officiel, sur les inconnues de son parcours personnel et intellectuel. Enquête sur ces versants moins visibles de Tariq Ramadan. »

Il n’a pas de liens avec les Frères Musulmans : « Tariq Ramadan affirme qu’il n’a jamais eu aucun lien avec les Frères. Plusieurs sources égyptiennes, interrogées par Le Monde, démentent tout lien entre l’intellectuel suisse et les Frères. »

Il ne bénéficie pas de financements extérieurs : « Tariq Ramadan affirme que son père est mort avec un demi-million de francs suisses de dettes et que le centre islamique a longtemps été hypothéqué. Il reconnaît cependant que Saïd Ramadan a été aidé financièrement, au début de son exil, par le roi Fayçal et par des Frères musulmans. Ce soutien aurait cessé à la fin des années 1960, quand les relations se sont normalisées entre l’Arabie saoudite et l’Égypte.  »

Il n’est pas intégriste: « On peut dire que Tariq Ramadan est un « intégraliste », au sens où il a une conception intégrale de la religion, qui concerne toute la vie du croyant et pas seulement la sphère privée.  »

Il n’a pas de double discours : « Khadija Mohsen-Finan, sociologue à l’Institut français des relations internationales, a mené une enquête approfondie sur le cas Ramadan pour le compte de l’Institut des hautes études sur la sécurité intérieure. Elle explique  : « Je ne crois pas au double discours, au sens où on l’entend, c’est-à-dire que Ramadan irait dans les banlieues, dirait une chose, et autre chose ailleurs. Je crois, en revanche, qu’il s’est trop avancé sur la laïcité. Quand on lui demande d’être précis, il ne peut pas aller plus loin. Ce n’est pas du double discours, c’est qu’il est coincé. Aujourd’hui, on ne peut pas être séducteur à la fois dans le monde arabe, dans les banlieues et auprès des responsables politiques européens ».Hakim El-Ghissassi, directeur du magazine musulman La Médina, fait une analyse du même ordre  : « Son problème, c’est qu’il est tiraillé entre sa base et une volonté d’avancer dans sa réflexion. Comme il n’a pas de légitimité religieuse, il ne peut pas aller plus avant. Je considère Tariq Ramadan davantage comme un homme politique que comme un religieux ». »

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TARIQ RAMADAN VICTIME DU LOBBY JUIF AMÉRICAIN ?

« Tariq Ramadan est interdit de séjour aux Etats-Unis », publié le 26 août 2004 par Xavier Ternisien

« Les portes des Etats-Unis viennent de se fermer pour l’un des plus célèbres intellectuels musulmans européens, et aussi l’un des plus controversés : Tariq Ramadan. Le lundi 2 août, l’ambassade des Etats-Unis à Berne (Suisse) l’a averti que le visa de séjour et de travail qui lui avait été accordé était révoqué, par décision du Homeland Security Department, un organisme qui dépend du département d’Etat. Engagé par la prestigieuse université Notre-Dame, près de Chicago, à la date du 1er août, pour occuper la chaire « Religion, conflit et promotion de la paix » de l’Institut Kroc, Tariq Ramadan devait s’envoler pour les Etats-Unis le 11 août. Il avait reçu un visa pour lui et sa famille en date du 5 mai. Les cours devaient commencer mardi 24 août. Le Chicago Tribune, qui a révélé l’information dans son édition du 24 août, explique que cette décision est une conséquence du Patriot Act, la législation adoptée après le 11 septembre 2001 et qui a durci les conditions d’entrée aux Etats-Unis. Le Patriot Act est vivement contesté par les défenseurs des libertés fondamentales américaines.

Selon le quotidien américain, plusieurs universitaires, dont John Esposito, professeur à Georgetown University et spécialiste de l’islam, « soupçonnent que la décision du gouvernement d’exclure Ramadan pourrait avoir été influencée par des organisations juives, qui ont mené une campagne contre les universitaires et les intellectuels dont les positions sur l’islam et le Proche-Orient sont en opposition avec les leurs ». Le journal cite en exemple le site du militant pro-israélien Daniel Pipes, Campus Watch, qui met en ligne les noms des universitaires censés tenir des positions anti-israéliennes. Interrogé par le Chicago Tribune, Daniel Pipes confirme que, selon lui, Ramadan « est engagé dans un jeu complexe pour apparaître comme un modéré, mais a des connexions avec Al-Qaida ». Tariq Ramadan dénonce une « décision politique ». Il fait valoir qu’il a toujours « dénoncé l’extrémisme, le littéralisme étroit et l’antisémitisme à l’intérieur même des communautés musulmanes ». Son déménagement pour les Etats-Unis avait déjà commencé, ses enfants étaient inscrits dans les écoles américaines et lui-même avait mis un terme à ses engagements professionnels en Suisse. « Pour moi, c’est un scénario de cauchemar... », résume-t-il. »

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LA RECONNAISSANCE DE L’ANTISÉMITISME D’ORIGINE ARABO-MUSULMANE

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L’ANTISÉMITISME ISLAMIQUE EST POURTANT RECONNU…

Le Monde condamne par ailleurs l’antisémitisme d’origine musulmane :

« L’échec de Durban », éditorial de l’édition du 5 septembre 2001 « […] Une armée d’ONG plus ou moins connues, appuyée par les États arabes et les représentants des Palestiniens, ont détourné la Conférence de l’ONU contre le racisme réunie à Durban. Ce groupe-là, dans une déclaration informelle comme dans le projet de déclaration finale, entend imposer une rhétorique faite de contre-vérités outrancières véhiculant un message aussi faux que dangereux : assimiler le conflit du Proche-Orient à une bataille raciale (avec les Israéliens, bien sûr, dans le rôle des racistes). Venant d’États arabes qui, en matière de droits de l’homme, n’ont de leçon à donner à personne, la manœuvre est un concentré d’absurdité et d’hypocrisie.[…] »

« Daniel Pearl » à propos de l’assassinat du journaliste américain et de ce nouvel « antisémitisme normalisé qui a surgi à la conférence de Durban », éditorial de l’édition du 24 février 2002

« Islam et Terrorisme », éditorial de l’édition du 19 avril 2002 « […] réunis en Malaisie, à Kuala Lumpur, les 57 pays de l’Organisation de la conférence islamique ont eu l’occasion de dénoncer cette célébration de la mort que sont les attentats-suicides. Ils ne l’ont pas fait. A cette réunion, il ne s’est trouvé, pour condamner cette forme de terrorisme, que deux pays islamiques : la Malaisie et la Bosnie. L’écrasante majorité des autres a justifié, sinon célébré, les attentats-suicides contre des civils au nom de la lutte contre Israël. Le discours est le même de la part d’une des voix les plus autorisées de l’islam, celle du cheikh de l’université Al-Azhar au Caire, Mohammed Tantawi. […] Le cheikh déclarait que les « opérations martyrs » des Palestiniens étaient « la forme la plus haute de la guerre sainte ». Le même journal citait le grand mufti d’Égypte, Ahmed Tayyeb, qui voyait dans la prolifération des attaques-suicides, « celles qui sèment l’horreur chez les ennemis d’Allah (...), la solution à la terreur israélienne ».[…]  »

« Antisémitisme », éditorial de l’édition du 19 octobre 2003 « […] Au nom souvent d’un antisionisme d’autant plus violemment proclamé que l’on se trouve loin du conflit israélo-palestinien, l’antisémitisme est banalisé, normalisé. Et cette forme directe du racisme, pur et simple, est pratiquée comme une catégorie normale du « débat » politique – qui a, hélas, pénétré certaines de nos banlieues. Mahatir s’est permis de préconiser des moyens pacifiques pour lutter contre « les juifs ». Il devrait savoir que son discours nourrit le terrorisme  »

« Halte à l’antisémitisme », éditorial de l’édition du 18 novembre 2003 « […] De même, est patente la montée, dans le monde et en France, d’un islamisme de plus en plus virulent, qui n’hésite plus à faire des « juifs » la cause de tous les maux de la terre, comme en témoignent les propos récents de celui qui était encore premier ministre de Malaisie, Mohamad Mahatir, devant l’Organisation de la conférence islamique.[…]  »

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…ET IL EST MÊME PRÉSENT EN FRANCE

« Vulgate antisémite », éditorial de l’édition du 20 janvier 2004

«  Ce ne sont pas des « dérapages », des mots en trop, de ces expressions mal maîtrisées, échappées dans la chaleur d’une fin de « manif ». Quand, dans le cortège parisien des manifestations organisées samedi 17 janvier par le Parti des musulmans de France (PMF), on entend des expressions comme : « Les juifs ont tout », c’est la vérité d’un « programme » qui est exprimée. C’est un credo, le cœur d’une « pensée », quelque chose que nous connaissons trop bien. Cela s’appelle l’antisémitisme. « Les juifs ont tout », parce qu’ils contrôlent « tout », en secret, bien sûr, et, s’ils contrôlent tout, c’est qu’ils ont fomenté un complot, n’est-ce pas...

On aura détecté le vieux remugle venu des profondeurs de l’antisémitisme européen, ce fantasme raciste qui jette l’opprobre sur une communauté. Que les « porteurs » en soient nouveaux – des radicaux musulmans français – ne change rien à la nature du message qu’ils véhiculent. Et quand, dans le même souffle ou presque, le chef du PMF, Mohamed Latrèche, assimile le sionisme au nazisme, on est dans la même eau – usagée, très sale et très dangereuse.

On ne s’en sort pas en stigmatisant une infime faction de la communauté musulmane de France. Il ne suffit pas de relever que le défilé organisé à Paris par le PMF – contre le projet de loi sur l’interdiction des signes religieux « ostensibles » à l’école – n’a rassemblé qu’une petite dizaine de milliers personnes sur les 5 millions de musulmans français. Le problème est que le discours tenu par le PMF contribue à façonner une vulgate passant pour vérité d’évidence et qui, elle, est partagée par une communauté allant bien au-delà des seuls cercles militants. Du slogan, on passe à la croyance de masse, au fantasme collectif – et au type de situation que l’on connaît trop souvent dans le monde arabe, où un faux antisémite datant de la Russie tsariste, Le Protocole des sages de Sion, trouve toujours preneur en librairie. […] »

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CONCLUSION

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Il s’est dégagé de cette évaluation le sentiment d’un parti pris en la défaveur d’Israël (faits historiques, couverture de l’Intifada, tribunes pro-palestiniennes excessives), même si un certain nombre de textes vont dans le sens d’un plus grand équilibre dans l’interprétation de la situation.

Ce parti pris s’est également exprimé dans une certaine présentation négative de la communauté juive française organisée. Le risque d’un tel dénigrement est que la communauté juive soit vue comme un élément étranger et récent dans la société française, et dont l’intégration républicaine poserait problème.

Mais en parallèle l’indulgence envers les dérives d’une partie de la population musulmane de France peut apparaître aussi comme suspecte : L’exigence républicaine moindre à l’égard des populations arabo-musulmanes n’est-il pas en fait un défaut de considération, une forme de paternalisme néo-colonial ? S’alarmer de la dérive d’une frange de la communauté d’origine maghrébine en France, ce n’est pas la stigmatiser, mais c’est défendre au contraire son droit à l’intégration.