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La fièvre catarrhale ovine

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DESCRIPTION

Une initiative du Cirad, pour informer sur cette maladie virale à vecteur, souvent rencontrée dans les troupeaux de moutons d'Afrique, ayant fait des incursions sur d'autres continents depuis plusieurs décennies, affectant la Corse depuis l'an 2000 et à partir de 2006 les filières ovines et bovines de plusieurs pays européens.

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Edition 2009

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Les savoirs partagés®

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La fièvre catarrhale ovineou

la maladie de la languebleue du mouton

Une maladie des ruminants affectant surtout les moutons �Un virus en 24 sérotypes � Des moucherons vecteurs depetite taille mais efficaces � Une maladie infectieusetoujours débilitante pour les races ovines améliorées,parfois mortelle � Des signes cliniques bénins chez lesraces rustiques � Une maladie bovine et caprine plusdiscrète au plan clinique mais réelle dans sesconséquences économiques sévères pour les éleveurs �

Lʼimpossibilité dʼexporter les animaux affectés nonvaccinés � Le caractère transmissible par inoculation �

Des porteurs sains devenus des réservoirs du virus � Unfléau mondial pour la santé animale, sans impact sur lasanté humaine � Une déclaration vétérinaire obligatoire �

Des évolutions épidémiologiques toujours possibles.

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Au détour dʼun chemin, un moutonde race croisée « Welsh mountain » et « Texel ».

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Auteurs :

Georgette CHARBONNIER, Michel LAUNOIS,

avec les contributions particulières de :

Thomas BALENGHIEN, Emmanuel CAMUS, RenaudLANCELOT, Paul-Pierre PASTORET,

et l’appui de :

Emmanuel ALBINA, Mathilde ALEXANDRE, Jean-PierreALZIEU, G i l les AUMONT, Th ie r ry BALDET,Marie-Françoise BARRET-MARGER, Jérémy BOUYER,Catherine CÊTRE-SOSSAH, Stéphane COLSENET,Jean-Claude DELÉCOLLE, Gérard DUVALLET, ElisabethERLACHER-VINDEL, Bernard FAYE, Claire GARROS,Guillaume GERBIER, Abdoulaye GOURO, ColetteGRILLET, Hélène GUIS, Pascal HENDRIKX, KhalidK H A L L A AY O U N E , A l e x a n d r e V s e v o l o d o v i t c hLATCHININSKY, Bruno MATHIEU, Dominique MARTINEZ,Christian MEYER, Carine PARILLAUD, Aurélie Anne PERRIN,Vincent PORPHYRE, Will K. REEVES, François ROGER,Claude SAEGERMAN, Henri SEEGERS, Marc SIGWALT,Marie-Laure SETIER-RIO, Anita THIOUX, Annelise TRAN,Seydou Nafoni TRAORE, Elvina VIENNET, StephanZIENTARA.

Dessins originaux :

Jean-Claude DELÉCOLLE, Michel LAUNOIS.

Sources photographiques :

Marie ADELL, Jean-Pierre ALZIEU, ThomasBALENGHIEN, Véronique BAISSE, GeorgetteCHARBONNIER, Jean-Claude DELÉCOLLE, DanielGARGANI, Hélène GUIS, Will K. REEVES, KhalidKHALLAAYOUNE, Vincent PORPHYRE, Ed T.SCHMIDTMANN.

Présentation graphique et mise en oeuvre :

Géraldine LAVEISSIERE.

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Sur une idée originale du :

Service d’Appui à la Valorisation Opérationnelle del’Information sur la Recherche Scientifique

(SAVOIRS)

du

Edité avec le soutien financier de plusieurs

partenaires institutionnels, ce livret éducatif sur la

fièvre catarrhale ovine nʼest pas destiné à la vente.

Il a été créé pour être offert à des publics diversifiés

dans le cadre dʼune contribution à la diffusion de la

culture scientifique et dʼun soutien à des projets

pédagogiques au bénéfice du plus grand nombre.

Tous droits dʼadaptation, de traduction et de reproduction par tousprocédés, y compris la photocopie et le microfilm, réservés pourtous pays.

Les opinions exprimées dans ce livret éducatif sont celles desauteurs et ne reflètent pas nécessairement lʼopinion de chacunedes institutions partenaires.

© CIRAD, 2009

ISBN : 978-2-87614-662-4EAN : 9782876146624ISSN : 1620-0705Dépôt légal : 4e trimestre 2009Tirage : 35 000 exemplaires

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Avant-propos

Parmi les maladies animales étudiées par le CIRAD, la fièvrecatarrhale ovine ou FCO occupe une place à part.

En effet, elle illustre lʼitinéraire de ces maladies émergentes quipuisent leurs racines dans les pays tropicaux et subtropicauxavant de sʼimplanter progressivement dans les pays tempérés.Elle met aussi en évidence la nécessité incontournable dumaintien dʼune expertise tropicale sur les maladies négligées etdu renouvellement des compétences et des questionnementsen entomologie médicale ainsi que lʼintérêt des partenariatsinterdisciplinaires et inter-organismes aux plans national etinternational, pour résoudre tous les problèmes quʼelle pose.

Frein au développement de lʼélevage ovin dans les pays duSud par lʼintroduction de races améliorées, catastropheéconomique dans les élevages dʼovins et de bovins des paysdu Nord, la FCO abolit les frontières traditionnelles entre cesdeux ensembles géographiques.

En combinant lʼexposé des fondamentaux de la maladie et lesenseignements dʼune actualité partagée par de nombreux pays,le CIRAD espère avec ce livret contribuer au partage des savoirsscientifiques et techniques sur cette maladie avec le plus grandnombre, tant dans les pays du Nord que dans ceux du Sud quisont en attente dʼinformations validées.

Gérard MATHERONDirecteur général du CIRAD

Centre de coopération internationale

en recherche agronomique pour le développement

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Les institutions partenaires

Le CIRAD (Centre de coopération Internationale en Recherche Agronomique pourle Développement) est lʼinstitut français en recherche agronomique au service dudéveloppement des pays du Sud et de lʼoutre-mer français. Il intervient danslʼensemble des régions tropicales et subtropicales. Sa mission est de contribuerau développement durable de ces régions par des recherches, des expériences,des actions de formation, dʼinformation et dʼinnovation, et des expertises. Sescompétences relèvent des sciences du vivant, des sciences humaines et dessciences de lʼingénieur, appliquées à lʼagriculture et à lʼalimentation, à la gestiondes ressources naturelles et aux sociétés. Au sein de la Direction régionaleLanguedoc-Roussillon, le service dʼappui à la valorisation opérationnelle delʼinformation sur la recherche scientifique (SAVOIRS) a pour mission dʼapporter,par des voies originales, une valorisation éducative aux connaissancesscientifiques, techniques et praticiennes, au bénéfice de publics diversifiés.

Le CIRDES (Centre International de Recherche-Développement sur lʼElevage enzone Subhumide) est un organisme inter-états à vocation régionale né de lavolonté politique de sept pays membres dʼAfrique de lʼOuest (Bénin, Burkina Faso,Côte dʼIvoire, Guinée-Bissau, Mali, Niger, Togo). Il a pour mandat dʼaméliorer parla recherche, la santé des animaux domestiques et dʼaccroître leur productivitépour satisfaire les besoins croissants des populations, notamment en viande etlait, et dʼaugmenter leurs revenus. Le CIRDES doit ainsi contribuer à la réductionde la pauvreté des pays membres, dans le respect de lʼéquilibre écologique.

ConnaiSciences est une association qui travaille à la mise en réseau del'ensemble des acteurs de la culture scientifique dans la régionLanguedoc-Roussillon. Basée à Montpellier, son objectif est de promouvoir lessciences auprès des citoyens, de permettre des rencontres, de créer des espacesde dialogues entre les scientifiques et le grand public afin de placer la sciencedans la société et d'en permettre le débat.

LʼEID Méditerranée (Entente Interdépartementale pour la Démoustication dulittoral méditerranéen) est un établissement public administratif et une institutioninterdépartementale depuis 1958. En matière de démoustication, de contrôle denuisances biologiques, de suivi des systèmes littoraux et de restauration decordons dunaires, de gestion et d'observation des zones humides littorales, elleest l'opérateur des collectivités territoriales : Conseils généraux des PyrénéesOrientales, de l'Aude, de l'Hérault, du Gard, des Bouches-du-Rhône, RégionLanguedoc-Roussillon et 215 communes constituant sa zone d'intervention entrel'étang de Berre et Cerbère. La démoustication est la compétence centrale del'EID Méditerranée, à laquelle sont affectés les financements contingentés descollectivités. Son objectif consiste à contrôler la nuisance causée par les

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moustiques. Il s'agit de ramener la population de ces insectes piqueurs à un seuiltolérable pour l'homme tout en préservant les zones humides par une actionsélective sur ces milieux. Cette mission opérationnelle s'accompagne d'actions desensibilisation auprès du public, élargies au contexte des zones humidesméditerranéennes.

LʼEMBRAPA/Cnpm est lʼinstitut brésilien de recherche agronomique, dont lʼundes 40 pôles de compétence est le Cnpm (Centre de surveillance par satellite). Cedernier a pour mission la recherche, lʼévaluation et la diffusion de solutions pour lagestion territoriale de lʼagriculture brésilienne par lʼapplication de technologiescomme la télédétection spatiale, les systèmes dʼinformations géographiques, lesbases de données spatiales et les réseaux électroniques dʼinformation. Ce centretravaille en étroite collaboration avec plusieurs institutions nationales etinternationales, publiques et privées, en relation avec de nombreux utilisateurs. Ildéveloppe des solutions rapides et pratiques aux demandes de lʼagro-business etde la société par la surveillance du territoire pour une gestion raisonnée delʼagriculture en opérant à des échelles variées en fonction des thématiquestraitées.

La FNGDS (Fédération Nationale des Groupements de Défense Sanitaire) deFrance vise à assurer d'une manière générale la représentation nationale etinternationale des groupements de défense sanitaire (GDS) qui sont desorganisations d'éleveurs à vocation sanitaire reconnues par le ministre del'Agriculture. Son rôle est de promouvoir les actions sanitaires des éleveursadhérents aux GDS ; de défendre et de représenter leurs intérêts collectifs et, enlien avec le GDS concerné, leurs intérêts individuels dans les domaines de laqualité et de la sécurité sanitaire et alimentaire des animaux et de leurs produits ;de faciliter et de coordonner les efforts et actions des GDS adhérents ; de serviraux GDS adhérents de centre permanent de liaison et de promouvoir leurdéveloppement ; dʼorganiser, de coordonner et de mettre en œuvre toute formed'actions permettant d'atteindre ces objectifs et notamment d'organiser, decoordonner et de mettre en œuvre toute forme de mécanisme de solidaritéprofessionnelle au travers des GDS et à destination de leurs adhérents.

FVI (France Vétérinaire International) est un pôle de compétence officiel chargé defédérer, de coordonner et de promouvoir à lʼinternational lʼexpertise vétérinairefrançaise sous la forme dʼun réseau structuré sur un cœur de métier regroupantdes institutions avec des compétences spécifiquement vétérinaires et un projetcommun soutenu par des valeurs de conduite (solidarité, partage de savoir-faire,transparence des opérations) et des compétences (réactivité et efficacité, travaildʼéquipe, excellence et polyvalence). FVI, groupement dʼintérêt public, comprenddes membres aux compétences multiples et complémentaires, réunissant desstructures publiques et des structures privées.

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Lʼ IAV Hassan II (Institut Agronomique et Vétérinaire Hassan II) est un centrepolytechnique chargé de la formation et de la recherche dans les domaines delʼagriculture, de lʼélevage, de lʼagro-industrie, des pêches et delʼenvironnement. Placé sous la tutelle du ministère de lʼAgriculture et desPêches maritimes du Maroc, lʼIAV Hassan II assure la formation despécialistes des Sciences et des Technologies du Vivant et de la Terre(ingénieurs, docteurs vétérinaires et docteurs ès-Sciences agronomiques).Parallèlement à sa mission de formation, lʼIAV Hassan II participe activementà lʼeffort de modernisation de lʼagriculture à travers la conduite de programmesde recherches innovantes et dʼactions de développement centrées sur laformation continue et la mise à niveau des entreprises, le transfert detechnologies et la gestion durable des ressources naturelles. Les activités derecherche couvrent lʼespace scientifique, du vivant et de la terre, de lʼingénierieagricole, agro-alimentaire, topographique et management.

LʼINRA (Institut National de la Recherche Agronomique) est un organismepublic de recherche scientifique finalisée placé sous la double tutelle duministère français de lʼEnseignement supérieur et de la Recherche et duministère français de lʼAlimentation, de lʼAgriculture et de la pêche. Sesorientations thématiques sont articulées autour de lʼagriculture et dudéveloppement durable, de lʼalimentation humaine et de lʼenvironnement.Fondé en 1946, il est aujourdʼhui le premier institut européen de rechercheagronomique avec 9 000 collaborateurs et 4 100 chercheurs et ingénieurs. Ilcompte 14 départements de recherche et 22 centres répartis en Francemétropolitaine et dans la Caraïbe.

INTERVET est lʼunité Santé animale du Groupe Schering-Plough, sociétémondiale de soins de santé orientée vers lʼinnovation et tournée vers lascience. INTERVET assure la recherche et le développement, la production etla distribution de produits pharmaceutiques à usage vétérinaire, dans un souciconstant de répondre aux évolutions des pathologies animales et aux besoinsdes vétérinaires, éleveurs et propriétaires dʼanimaux.

LʼIPPTS (Institut de parasitologie et de pathologie tropicale) de la faculté demédecine de Strasbourg a pour vocation la recherche, lʼenseignement et lediagnostic des affections parasitaires et fongiques humaines et animales et deleurs vecteurs.

Le MAAP (Ministère de l'Alimentation, de l'Agriculture et de la Pêche) prépareet met en œuvre la politique du Gouvernement dans le domaine del'agriculture, des affaires rurales, de la pêche maritime et des cultures marines,de la forêt et du bois. En charge de la politique d'enseignement agricole et deformation continue, il participe à la définition et à l'animation de la politique derecherche agronomique, biotechnologique et vétérinaire ; de la politique en

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matière de santé des plantes et des animaux et de promotion de la qualité desproduits agricoles et alimentaires ; de la politique sociale en ce qui concerneles exploitants et salariés agricoles, de la politique dans le domaine desindustries agroalimentaires ; de la politique relative au contrôle de la qualité etde la sécurité sanitaire des produits agricoles et alimentaires et de la politiqueen faveur du monde rural ainsi quʼà la participation aux négociationseuropéennes et internationales relevant de ses champs de compétence.

MEDREONET est un projet de coordination européen ayant pour objectif lerenforcement en terme de surveillance des maladies transmises par desCulicoides, insectes vecteurs capables de transmettre la fièvre catarrhale dumouton, la peste équine et la maladie hémorragique épizootique des cervidés.Ce projet a pour but le partage, lʼéchange de résultats et dʼexpertises ainsi quelʼharmonisation des techniques utilisées par le biais de réunions annuelles,dʼateliers spécifiques et dʼenquêtes de terrain. Lʼamélioration des systèmes desurveillance actuels permettra la mise en place dʼune base de donnéeseuropéenne incluant la surveillance de ces trois maladies, lʼapparition desnouveaux foyers, lʼisolement des virus en cause et la mise en place descampagnes de vaccination. MEDREONET ne finance pas des activités derecherche et ne se substitue pas aux cadres nationaux de surveillance.

LʼOIE (Organisation mondiale de la santé animale), créée en 1924, est lʼunedes organisations intergouvernementales les plus anciennes et les plusreprésentatives avec 174 pays et territoires membres. Présente sur 5continents à travers ses représentations régionales et son réseau de centrescollaborateurs et de laboratoires de référence, lʼOIE gère le système mondialde veille et dʼalerte zoosanitaires et joue un rôle clé dans les domaines de larecherche et de lʼinformation scientifique. Cʼest aussi lʼOIE qui élabore lesnormes sanitaires du commerce mondial des animaux et des produits issusde lʼanimal. Cʼest un acteur majeur dans les mécanismes politiques etfinanciers de la solidarité internationale vers les pays en développement ouen transition.

La SFP (Société Française de Parasitologie) est une société savante fondéeen 1962. Elle réunit les chercheurs qui étudient les aspects fondamentaux duparasitisme dans les organismes vivants où sʼexprime ce phénomènebiologique qui concerne aussi lʼentomologie médicale et vétérinaire.Lʼassociation accueille également les praticiens de la pathologie végétale,animale ou humaine, qui contribuent à lʼétude de ces problèmes. Elle a aussipour but de concourir aux progrès de la parasitologie et notamment defavoriser les échanges scientifiques de toute nature entre ses membres afin depromouvoir une parasitologie comparative. La SFP distribue aussi des bourseset des prix de thèses à de jeunes chercheurs.

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Le SIMV (Syndicat de l̓ Industrie du Médicament Vétérinaire et réactif) a été créé pourreprésenter les laboratoires responsables de la mise sur le marché français desmédicaments destinés aux animaux de compagnie et dʼélevage. Les sociétés adhérentesassurent 99 % de l̓ approvisionnement du marché français. Il siège au Conseildʼadministration de la Fédération internationale de la santé animale (IFAH) et s i̓mpliquedans les travaux de l̓ OIE (Organisation mondiale de la santé animale) et du CodexAlimentarius. Les métiers du SIMV reposent sur six missions clés pour couvrir l̓ ensembledes besoins des adhérents et se positionner comme le standard incontournable de laprofession : fédérer autour de sujets majeurs, informer les entreprises et le marché,conseiller les adhérents et le réseau des experts, observer le respect des engagements,représenter les positions des adhérents dans l̓ environnement décisionnel, former descollaborateurs aux pratiques de communication au sein même de leur entreprise.

L'Université de Strasbourg est un établissement public à caractère scientifique, culturelet professionnel (EPSCP) composée d'unités fédératrices de recherche, de facultés,d'écoles, d'instituts et de services centraux. Traversée par les cultures française etallemande, pôle incontournable de la vie universitaire européenne, en adéquation avecles grands bouleversements contemporains, conjuguant tradition et innovation, elle estouverte et pluraliste dans les quatre domaines relevant de sa compétence : les disciplinesjuridiques, économiques et de gestion, les lettres et les sciences humaines et sociales,les sciences et technologies, les disciplines de santé.

The University of Wyoming - Au niveau de l̓ état du Wyoming, l̓ Université du Wyomingassure la formation universitaire et la vulgarisation scientifique au bénéfice despopulations. Elle propose 180 programmes dʼétude en mobilisant des professeurs dequalité et des laboratoires bien équipés. Elle est aussi responsable dʼun collège et de 9centres de vulgarisation scientifique géographiquement répartis dans tout l̓ état, ainsi quedes centres de formation publique dans les 23 comtés et sur la réserve indienne de Windriver. LʼUniversité proprement dite, située à Laramie, ville proche de Denver, contribue àla gestion des connaissances scientifiques, au transfert de technologie et audéveloppement économique et social tout en aidant à la conservation du patrimoineculturel, historique et naturel.

USDA/ARS - LʼARS (Agricultural Research Service) est le département américain del̓ USDA (United States Department of Agriculture), agence principale de la recherchescientifique pour l̓ agriculture. Son objectif est de développer et de transférer des solutionsaux problèmes agricoles de haute priorité nationale. La mission de lʼABADRL(Arthropod-Borne Animal Diseases Research Laboratory) est de conduire des étudesfondamentales et appliquées sur les arthropodes vecteurs de maladies concernant lesanimaux domestiques. Le programme de recherche comporte des études sur lesinteractions virus-vecteur-hôte des sérotypes du virus BT (BlueTongue) et des sérotypesdu virus EHD (Epizootic Hemorrhagic Disease), ainsi que sur dʼautres arbovirus, vecteurset ruminants, la biologie des vecteurs et leur compétence virale, l̓ épidémiologie et lessymptômes cliniques animaux.

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PréfaceDepuis le début du XXIe siècle, la fièvrecatarrhale ovine ou FCO, encore appeléemaladie de la langue bleue du mouton enfrançais, (« bluetongue » en anglais, « lenguaazul » en espagnol et « lingua azul » enportugais) a connu une extension spectaculaireà partir du Maghreb vers lʼEurope du Suddʼabord, puis du Nord.

Une fois encore, une maladie animale se joue des frontières et despronostics. Ainsi, par exemple, était-elle attendue dans le sud de laFrance dès lʼannée 2000 mais elle est apparue brusquement en2006 aux Pays-Bas avec son épicentre en Belgique et sʼestrépandue dans plusieurs autres pays européens. Cette apparitiona engendré des conséquences économiques sévères liées à labaisse des productions mais aussi aux interdictions de circulationdes animaux limitant ou bloquant les mouvements commerciaux.

Pour mieux la combattre dans ses aires dʼexpansion comme dans seszones dʼorigine, il faut donc mieux la connaître et mieux la faire connaître.

En complément de lʼouvrage « Bluetongue in northern Europe »et à la suite du document sur la FCO en Europe du Nord édité parlʼOIE en 2008, ce livret présente la dimension internationale et leberceau Sud de la maladie.

Destiné à des publics diversifiés par lʼâge, la culture et le niveausocio-économique et socio-professionnel, tous désireux decomprendre et dʼapprendre, il explique en termes clairs, avec denombreuses illustrations, ce quʼest la fièvre catarrhale ovine. Ilsouligne le rôle crucial qui incombe à la profession vétérinaire,tant sur le plan de la détection précoce de la maladie que dansles campagnes de vaccination massive. Les connaissancesvalidées par les scientifiques et les praticiens sont reconfiguréespédagogiquement afin dʼêtre accessibles au plus grand nombre.

LʼOIE salue cette initiative et en son nom, jʼexprime le vœu que denombreux lecteurs de nos Pays et Territoires Membres y aient accès.

Bernard VALLATDirecteur général

Organisation mondiale de la santé animale (OIE)

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PréfaceDepuis 2006, la fièvre catarrhale ovine a durementfrappé lʼélevage ovin et bovin de notre pays. Outreles pertes directes parfois dramatiques dans cesfilières, les conséquences sur le commerceinternational des jeunes bovins ont été très lourdespour les élevages français et lʼéconomie du pays.Pour combattre lʼépizootie, des moyens humainset financiers sans précédent ont été mobilisés parles services de l'Etat, les vétérinaires privés, les organisationsprofessionnelles, lʼindustrie pharmaceutique et les organismes derecherche.

Au-delà de la France, une grande partie de l'Europe a été touchée par unenouvelle série dʼémergences du virus de la fièvre catarrhale ovine. Biendʼautres maladies à transmission vectorielle sont à nos portes, où sontsusceptibles de sʼexprimer à tout moment, compte tenu des profondschangements environnementaux que nous connaissons, et delʼintensification des échanges et voyages internationaux. Le problème estmondial et complexe. La réponse que nous pourrons y apporter impose depasser par une mobilisation internationale et une meilleure coordinationtant sur le plan de la gestion de la santé publique vétérinaire, que sur celuide la recherche scientifique.

Conscient des enjeux internationaux et de la nécessité de sʼappuyer surune expertise scientifique adaptée, le ministère de lʼAlimentation, delʼAgriculture et de la Pêche a confié au CIRAD la mission de lʼaider àsurveiller ces maladies émergentes et leurs vecteurs, en collaboration avecses partenaires, tout particulièrement lʼAFSSA et les écoles vétérinaires. Laformation et lʼinformation du public font partie intégrante de cette mission.

Je salue cette initiative du CIRAD et de leurs partenaires européens etinternationaux qui a permis la réalisation dʼun livret éducatif, clair et illustré,forgé à partir des savoirs scientifiques et de lʼexpérience des praticiens dela santé animale. Je souhaite la plus large diffusion possible à ce livret quipermettra à tous les publics de comprendre la complexité de la fièvrecatarrhale ovine.

Bruno LE MAIREMinistre de lʼAlimentation,

de lʼAgriculture et de la Pêche

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Sommaire

Annonce du thème I

Les contributeurs II - III

Avant-propos du Directeur général du CIRAD V

Les institutions partenaires VII - XI

Préface du Directeur généralde lʼOrganisation mondiale de la santé animale XIIIPréface du Ministre de lʼAlimentation,de lʼAgriculture et de la Pêche XV

Sommaire XVIILe mouton sur les cinq continents 1-5Les fondamentaux de la fièvre catarrhale ovine 6-12Les observations de lʼéleveur 13-14Le diagnostic de suspicion du vétérinaire 15-17De la déclaration obligatoire 18… aux obligations réglementaires 19-23 Le coût de la maladie 24-25Les conséquences économiques sur les productions 26-29

Questions brèves / Réponses courtes 30-32Lʼultrastructure du virus de la FCO 33-34Questions brèves / Réponses courtes 35-37

Un peu dʼhistoire pour comprendre 38-40Le virus pathogène en 24 sérotypes 41-44Des moucherons vecteurs hématophages 45-53La multiplication du virus dans ses hôtes 54-59La survie du virus hors de ses hôtes 60La répartition mondiale des sérotypes 61-62Le cas Corse 63-65Lʼémergence en Europe du Nord 66-71Du vaccin à la vaccination de masse 72-76

Les contributions du CIRAD 77-79Pour en savoir plus 80-83

Découvrir la collection « Les savoirs partagés® » 84

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Le moutonsur les cinq continents

Des moutons et des hommes

Le mouton est un mammifère herbivore ongulé de lʼordredes Artiodactyles, de la famille des Bovidae, de lasous-famille des Caprinae et du genre Ovis. Sur plusieurscentaines dʼespèces, de sous-espèces et de racesconnues, six sont sauvages avec un nombre dechromosomes variant de 54 à 58. Les autres sontdomestiques.

Il y a 9 000 ans, les premiers moutons domestiqués dans leMoyen-Orient (couvert de nos jours par lʼIrak, lʼIran, la Syrieet la Turquie) étaient petits, à pelage épais et élevésprincipalement pour la viande. Par sélections successives,les animaux ont gagné en taille et sont devenuspourvoyeurs de laine.

Les Sumériens, peuple vivant au IVe millénaire av. J.C. enMésopotamie (actuelle partie sud de lʼIrak) utilisaientjusquʼà 200 mots pour parler des ovins, ce qui montrelʼimportance de cet animal dans leur vie quotidienne. Ils enobtenaient de la laine, du lait, du cuir, de la viande et dufumier.

Sur un marché au Maghreb,des moutons et leur propriétaire.

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Le mouton a été introduit au Maghreb par lʼEgypte autemps des premiers pharaons. Un bas-relief de lʼAncienEmpire représente deux types dʼovins en élevage, lʼun àcornes spiralées et à longue queue, lʼautre à cornes endemi-cercles et à queue courte et épaisse.

Ces animaux sont généralement élevés en troupeaux. Ilsmontrent un comportement grégaire, c'est-à-dire que leurvie sociale se caractérise par lʼimitation des autres animauxdu groupe. Les moutons sont peu exigeants. Ils sontréputés passer en moyenne 8 heures à brouter, 8 heures àruminer et 8 heures à se reposer. Il existe évidemment degrandes variations et le temps de rumination, par exemple,peut varier de 5 à 11 heures par jour.

Pour reprendre la terminologie des éleveurs, les mâlesadultes sont appelés béliers, les femelles adultes brebis,les très jeunes animaux, agneaux sʼil sʼagit de mâles etagnelles sʼil sʼagit de femelles. Le mâle castré estsimplement dénommé mouton.

En Europe, au fil des siècles, le nombre de races demoutons domestiques, Ovis aries, Linnaeus, 1758, aaugmenté jusquʼà dépasser les 200. Rien quʼen France,plus de 55 races à queue ou à croupe grasse, à laine ou àpoils, à pattes longues ou courtes, y sont recensées.

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Un troupeau de moutons en transhumance.

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Dans les autres régions du monde, il est probable quʼon endénombre plusieurs centaines, peut-être près dʼun millierselon les spécialistes, si lʼon inclut les races rustiques ouoriginelles dont la laine est assez médiocre, mais qui sonttrès résistantes aux conditions environnementalesdifficiles.

Les races sélectionnées pour être bonnes productrices delait, pour la qualité de leur laine comme les mérinos, ouencore pour lʼaptitude à la production dʼune viandedʼexcellente qualité bouchère sont plutôt exigeantes enterme de besoins et présentent lʼinconvénient dʼêtrefragiles sur le plan sanitaire.

En 2009, la population ovine mondiale dépasse unmilliard de têtes réparties à raison de 400 millions enAsie, 250 millions en Afrique, 160 millions en Océanie,150 millions en Europe, 80 millions en Amérique du Sud et15 millions en Amérique du Nord.

LʼAustralie, la Nouvelle-Zélande, le Royaume-Uni et laPatagonie (extrémité sud du Chili et de lʼArgentine) sont lesprincipaux pays producteurs et zones dʼélevage en cedébut du 21e siècle. La tendance actuelle est à la haussedans les pays en développement et à la baisse dans lespays industrialisés.

Des productions ovines diversifiées

Les moutons sont élevés pour la viande, la laine, le cuir, lelait et le fumier.

La viande des adultes est moins appréciée que celle desagneaux ou agnelles car elle est réputée trop grasse et songoût est trop accentué. Elle est néanmoins choisie àlʼoccasion de certaines fêtes religieuses où lʼon prépare lesmoutons en méchoui. Une carcasse de 34 kg supporteenviron 17 kg de viande. La Nouvelle-Zélande et lʼAustralieproduisent les deux tiers de la viande ovine du marchéinternational. Plus de 10 millions de moutons élevés dansces deux pays sont vendus chaque année auMoyen-Orient.

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La laine du mouton est réputée pour son pouvoir isolant,sa légèreté, sa solidité et son élasticité. Elle doit êtredébarrassée dʼune sécrétion grasse sébacée, la lanoline,et du suint, substance habituellement onctueuse, blancheou jaune clair. Depuis plusieurs millénaires, la laine sert àconfectionner des vêtements dʼhiver (gilets, chaussons,moufles). Jusquʼau 18e siècle, on parlait familièrement desovins comme des « bêtes à laine ». Les pays à moutons delʼhémisphère sud produisent la moitié de la laine encirculation dans le monde.

Le cuir issu des bêtes en bonne santé est doux et fin. Ilsert à la confection de vestes, de gants, de chaussures etde reliures.

Le lait de brebis est réputé plus nourrissant que celui desvaches. En procédant à deux traites par jour, lʼune le matinet lʼautre le soir, chaque femelle saine, mère dʼun petit,donne 1 à 2 litres de lait. De nombreux fromages sontproduits à partir du lait dans tous les pays du monde, telque le Roquefort en France, la Feta en Grèce, leManchego en Espagne, le Zabadi au Soudan. En Italie,des dizaines de types de produits fromagers en sont issus.

Le fumier de mouton est un engrais recherché. AuMoyen-Âge, la culture de céréales nʼétait pas envisagéesans un apport de fumier de moutons. De nombreux payséleveurs dʼovins utilisent cet engrais nature (« lapoudrette ») pour améliorer la production des cultures desubsistance. Dans le sud de la France, enLanguedoc-Roussillon, le fumier dʼovins sert encore à lafabrication du compost utilisé dans certains vignobles.

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Dans la mythologie grecque, la légende de la Toison dʼOrfait référence à la laine dʼun bélier ailé.

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Une maladie venue du Sud

La bonne santé des moutons, essentielle pour servir lesintérêts des éleveurs, est susceptible dʼêtre affectée pardes pathologies infectieuses, contagieuses ou vectorielles(virales, bactériennes et parasitaires), métaboliques ounutritionnelles (carences ou empoisonnements).

Parmi elles, la fièvre catarrhale ovine ou FCO encoreappelée maladie de la langue bleue du mouton(« bluetongue » ou BT en anglais, « lengua azul » enespagnol, « lingua azul » en portugais) est particulièrementredoutée dans les pays industrialisés. Cette maladieinfectieuse virale, à transmission vectorielle, entraîne despertes économiques sévères, directes et indirectes, chezles animaux de races améliorées qui y sont sensibles.

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Sur le plan immunitaire, les races amélioréessont plus fragiles et sensibles à la FCO.

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Les fondamentauxde la fièvre catarrhale ovine

La FCO affecte essentiellement les moutons (les ovins),plus rarement les vaches (les bovins), exceptionnellementles chèvres (les caprins).

Les trois acteurs

Cette maladie virale, bien que virulente, nʼest pascontagieuse par contact direct dʼun animal malade à unanimal sain. Elle se transmet de proche en proche par lapiqûre dʼun moucheron hématophage (amateur de sang),du genre Culicoides (ou culicoïdes en français), porteurdʼun virus pathogène.

Pour que la maladie existe, trois acteurs doivent êtreréunis : l’agent pathogène (le virus de la langue bleue ouBTV pour « bluetongue virus » en anglais), le vecteur(lʼinsecte piqueur hématophage qui est infesté par le virus)et l’hôte (le mammifère ruminant victime).

Une maladie cosmopolite

Il faut distinguer les pays où la FCO est présente depuis desdécennies, voire des siècles, de ceux où elle estdʼintroduction récente.

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Des lésions congestives et croûteuses sur le nezdʼun agneau atteint de la FCO.

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La majorité des pays infectés de longue date sontsitués en zone intertropicale. Le virus et le vecteur y sontprésents mais les symptômes cliniques de la maladie surles ruminants domestiques sont peu fréquents car laplupart des races locales rustiques dʼovins, de bovins et decaprins sont résistantes ou tolérantes au virus. Les formesplus discrètes de lʼinfection virale peuvent même passerinaperçues. Ces zones dʼinfection permanentes sont ditesendémiques ou plus exactement enzootiques. Dʼun pointde vue planétaire, elles constituent des réservoirs pour lesdifférentes formes, appelées sérotypes, du virusresponsable de la FCO.

Dans les conditions naturelles dʼélevage des pays endéveloppement situés dans cette zone, la FCO neconstitue pas un obstacle à lʼélevage des races locales deruminants domestiques. Néanmoins, elle freine lestentatives dʼamélioration génétique et les échangesdʼanimaux vivants. En revanche, chez les races amélioréesimportées, la FCO est gravissime surtout dans les régionsà climat chaud et humide propices à la présence ennombre toute lʼannée du moucheron vecteur.

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Dans les pays du sud, la rusticité des races localesest un facteur de résistance au virus de la FCO.

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En Afrique, un mouton sur deux de races sensibles atteintspar la FCO peut en mourir. La situation est différente dansles pays développés où les soins vétérinaires visant àrenforcer lʼimmunité et assurer le maintien dʼun bon étatgénéral des troupeaux limitent les pertes directes parmortalité qui peuvent quand même atteindre un animalinfecté sur cinq.

Les pays où la maladie est d’introduction récente sontsitués en Europe. Plusieurs flambées épizootiques chezles moutons ont été enregistrées dans lʼhistoire récente.

• En 1943, à Chypre, près de 2 500 moutons meurentavec près de 70 % de mortalité dans certainstroupeaux.

• En 1956, le Portugal perd 46 000 ovins et lʼEspagne133 000.

• En 10 ans, de 1997 à 2007, en Italie, on estime que600 000 moutons sont décédés de la FCO ou ont étéabattus à cause dʼelle.

Aux Etats-Unis dʼAmérique, en 1979, les pertes directespar mortalité dans des élevages dʼovins de racesaméliorées furent estimées à 12 millions de dollars US. Lespertes indirectes par la restriction de lʼexportation desanimaux vers des pays indemnes de la maladie furentévaluées à 125 millions de dollars US.

Ces situations de mortalité massive se retrouventgénéralement à la périphérie des zones dʼenzootie.Classiquement, le virus est introduit dans cette frange oùlʼinsecte vecteur est déjà présent et où toutes lesconditions pour sa transmission sont réunies. Mais parfois,lʼinsecte vecteur étend sa zone de répartition avantlʼintroduction du virus. Les cas de FCO constatés danslʼOuest du bassin méditerranéen depuis 1999 sʼinscriventdans ce deuxième scénario. Lʼun des principaux vecteursde la FCO en Afrique, Culicoides imicola, a étendu son airede distribution vers le Nord, suivi par plusieurs sérotypesdu virus.

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Page 28: La fièvre catarrhale ovine

A la surprise de tous, la FCO est apparue brutalement en2006 dans le nord-ouest de l’Europe sans qu’aucuninsecte vecteur exotique n’y ait été capturé. Le virus dela FCO a trouvé sur place des insectes autochtones àlʼintérieur desquels il sʼest multiplié et grâce auxquels il aété transmis au bétail.

En Nouvelle-Zélande, lʼabsence de culicoïdes permet à cepays dʼêtre épargné par la maladie à la différence delʼAustralie, pourtant géographiquement assez proche.

Les animaux atteints

Chez les ovins, les pertes directes se manifestent par desmortalités dʼanimaux dues à des œdèmes pulmonaires et àdes surinfections bactériennes, par des retards decroissance chez certains agneaux, par le déclassement dela viande et la mauvaise qualité de la laine. Dans lesélevages infectés, les avortements spontanés réduisent lenombre dʼagneaux et dʼagnelles. Durant la gestation, lesfœtus peuvent être contaminés dans lʼutérus de leursmères par la voie transplacentaire. Ceux qui surviventpeuvent être infectés.

La mortalité imputable à la FCO est extrêmement variable.Elle concerne de 2 à 50 % des individus dʼun troupeauatteint selon la virulence de la souche virale, la sensibilitédes animaux et les conditions dʼélevage. Un animal malnourri et stressé a moins de chances de guérirspontanément quʼun animal en bon état général, élevédans un habitat sain.

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Le virus de la FCO peut se transmettrepar la voie placentaire au cours de la gestation.

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Chez les bovins, la forme aiguë de la maladie estheureusement rare. Dans les cas les plus graves et lesmieux typés, lʼinfection se traduit transitoirement au termedʼune période dʼincubation de 5 à 20 jours par unehypersalivation, de la fièvre dans un cas sur deux, desœdèmes au niveau de la tête et des jarrets, des boiteriespar gonflement des pieds, des ulcères dans la bouche, desécoulements de liquide par le nez et par la bouche, desaffections oculaires, une irritation du mufle, delʼabattement, un amaigrissement, dʼimportantes chutes deproduction lactée. Dʼautres signes peuvent égalementapparaître : une congestion des muqueuses buccales, desulcères aux naseaux, une rougeur des mamelles et des pis(appelés trayons) pouvant déboucher sur des ulcérations.Parfois, des avortements spontanés ou une momificationfœtale et des malformations chez les veaux nouveau-néssont observés.

Même si les bovins souffrent moins de la FCO que lesmoutons, ils sont des réservoirs de virus parce quʼilsprésentent une virémie plus longue que celle observéechez les ovins. Ils pourraient jouer un rôle dans laprolifération du diptère vecteur car certaines espèces deculicoïdes présentent des préférences dʼhôtes (ruminants,chevaux, faune sauvage).

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Les bovins sont également atteints par le virus de la FCO.

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Chez les caprins, les individus contaminés sensiblesprésentent quelques problèmes pulmonaires parsurinfection ou une faiblesse générale au moment de lamultiplication du virus. La guérison est souventspontanée, rapide et complète. Les épisodes fébriles etun certain abattement passent souvent inaperçus. Desavortements sont possibles, assortis de malformationscongénitales chez les individus les plus sensibles. Lessurvivants souffrent parfois de retards de croissance et destérilité.

Chez les camélidés africains, le fait quʼune partie de lapopulation soit séropositive à la FCO ne permet pasdʼattester de leur sensibilité à la maladie. Il nʼexiste pas depreuve formelle que les dromadaires puissent être unesource de contamination pour les autres animaux.

En ce qui concerne les petits camélidés andins comme lelama ou lʼalpaga au Pérou, lʼexistence de cas cliniques deFCO est sujette à controverse. Dans le doute, les éleveursde lamas en Europe font vacciner leurs animaux.

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Au stade actuel des recherches, la présence du virus dela FCO chez les dromadaires nʼest pas confirmée,

malgré la séroposivité dʼune petite partie des individus.

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Et les autres ? Dans lʼétat actuel des connaissances,lʼhomme, le chien, le chat, le cheval et le porc ne sont pasconcernés par la maladie de la langue bleue sʼils sontpiqués par des diptères infectés par le virus de la FCO. Ilest connu que des chiens nourris avec de la viandecontaminée par le virus développent des anticorpsspécifiques mais leur état sérologique ne signifie pas pourautant quʼils sont susceptibles de développer les signescliniques de la maladie. En revanche, des lynx en captivitécontaminés par de la viande infectée en sont morts.

Certains carnivores africains ayant consommé des proiescontaminées révèlent leur infection par la présencedʼanticorps mais ils semblent constituer une impasse pourla multiplication virale. Les animaux sauvages comme lesantilopes, les mouflons, les cerfs, ou les buffles hébergentparfois le virus mais il est difficile de savoir si ces animauxcontribuent ou non au maintien de la FCO.

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La FCO est un frein à lʼamélioration de lʼélevagedes ruminants dans les pays du Sud.

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Les observations de l’éleveur

Les moutons malades de la FCO deviennent peu actifs, nesʼintéressent plus aux activités du groupe, se nourrissentpeu, bêlent plus que dʼordinaire, boivent avec difficulté etse déplacent péniblement.

Le museau des animaux souffrants est plus chaud que lanormale. Les muqueuses buccales et nasales sontcongestionnées. La respiration est courte et difficile. Ladéglutition douloureuse est associée à une perte dʼappétit.Moins de deux jours après le début de la fièvre, un œdèmesʼétend à la tête et aux oreilles. Les animaux sontapathiques et déprimés. Lʼhypersalivation, au départséreuse, évolue en une salivation hémorragique, puispurulente, dʼodeur nauséabonde.

Dʼautres hémorragies se déclarent sur la langue qui peutavoir tendance à rester pendante en dehors de la bouche.On parle alors de protrusion. Elle est œdématiée.Lʼaccumulation du sang veineux lui donne un aspectcyanosé, approchant de la couleur bleu violine (dʼoù le nomde la maladie de la langue bleue du mouton).

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Les signes de la maladie : croûtes autour des yeux, œdèmedes joues et des ailes du nez, écoulements séreux.

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Lʼéleveur tente par lui-même de détecter le plus tôtpossible tout animal suspect dʼêtre atteint de la maladieafin de lʼisoler et de soumettre les cas douteux auvétérinaire sanitaire spécialisé dans la santé du bétail etsi possible familier des pathologies ovines.

Dans les cas les plus graves, lʼincapacité de manger oude ruminer est évidente. Des ulcérations sont observéessur les muqueuses respiratoires et digestives (lèvres,museau, gencives, langue, estomac, intestin) qui neguérissent pas spontanément. Au 6e jour de la maladie,la nécrose des pieds congestionnés entraîne desboiteries, dʼautant que le bourrelet coronaire estenflammé. La masse musculaire diminue de jour en jouret dégénère.

Certains moutons peuvent avoir la colonne vertébraledéviée, rejeter la tête en arrière et souffrir dʼun torticolis.La laine du dos tombe par plaques. Une diarrhéepersistante achève de déshydrater et dʼaffaiblir lesanimaux. Des signes de pneumonie peuvent sedévelopper et lʼissue est fatale pour les animauxmalades.

En général, seule une faible proportion des animauxinfectés présente tous ces signes cliniques à un niveauaussi caractéristique. Leur degré dʼexpression varie ausein dʼun même troupeau selon lʼanimal concerné. Lamorbidité (nombre dʼanimaux malades dans unepopulation pendant un temps donné) et la mortalité(nombre dʼanimaux décédés) peuvent être cependanttrès élevées dans certains troupeaux de races sensibles.

Chez les brebis gestantes, lʼéleveur peut observer desavortements spontanés, une surmortalité à la naissanceet des malformations congénitales chez les agneaux. Laconvalescence des survivants est souvent longue. Ils neretrouvent pas toujours leur valeur marchande. En effet,les rescapés risquent dʼêtre stériles et de présenter desretards de croissance.

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Page 34: La fièvre catarrhale ovine

Le diagnostic de suspiciondu vétérinaire

Appelé sur les lieux, le vétérinaire sanitaire fonde unpremier diagnostic de fièvre catarrhale ovine chez lesmoutons malades sur lʼobservation des œdèmes de la faceet des pieds, la sévérité de la fonte musculaire, lesatteintes ulcéreuses au niveau de la bouche et delʼextrémité des membres, surtout si la FCO sévit dans larégion dʼélevage ou à sa périphérie.

A ce stade, il peut être difficile de différencier cette maladiede la fièvre aphteuse (vésicules sur la bouche et les pieds),de la peste des petits ruminants (érosion des muqueuseset diarrhée), de la clavelée (pustules et nodules surlʼensemble du corps) ou de lʼecthyma contagieux. Le signeclinique de la langue bleue, très évocateur de la FCO, nʼestpas systématique.

En sacrifiant lʼanimal le plus atteint pour pratiquer uneautopsie, le vétérinaire constate, la présence de lésionsimportantes résultant dʼœdèmes, des ulcères nécrotiquesaffectant lʼestomac ainsi que la fonte des massesmusculaires.

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Une muqueuse labiale congestionnée et ulcéreusechez une brebis atteinte de la FCO.

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La base de lʼartère pulmonaire sur sa face interne est toutparticulièrement atteinte dʼhémorragies. Les quatre pochesde lʼestomac, (la panse, le réseau ou bonnet, le feuillet etla caillette), victimes dʼhémorragies, sont vides.

Pour confirmer ou infirmer la suspicion de FCO, levétérinaire effectue des prélèvements de sang sur lesanimaux malades et des prélèvements de tissus sur desanimaux euthanasiés à partir de la rate et des nœudslymphatiques (ou ganglions lymphatiques). Ils sontenvoyés au laboratoire pour des analyses virologiques etsérologiques.

Des techniques spécifiques permettent dʼisoler le virus parinoculation des prélèvements à des œufs embryonnaires(ou embryonnés) ou à des cultures cellulaires.

Lʼidentification des gènes qui codent la fabrication desprotéines spécifiques du groupe des virus de la FCO estréalisée en parallèle avec celles des protéines qui sontspécifiques du type de virus (sérotype). Les techniquesemployées sont dites dʼamplification de lʼADN (acidedésoxyribonucléique), après transcription inverse(RT-PCR).

Le vétérinaire avertit lʼéleveur que tous les moutonspeuvent être atteints et que nombre dʼentre eux risquent demourir de cette infection virale.

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La surveillance du troupeau permet de détecter au plus tôtles signes de la maladie.

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Il lui conseille de surveiller les avortements spontanés chezles brebis gestantes qui paraissent encore saines, lesdéformations de certains agneaux nouveau-nés, lespostures insolites, les boiteries, les pertes dʼappétit et depoids ainsi que les chutes de laine.

Les moutons affaiblis par la FCO peuvent être victimesdʼautres affections comme la gale sarcoptique, dessurinfections respiratoires bactériennes, de lʼecthyma surles lèvres et les membres, des œstroses, des myiases surles plaies dʼulcération, du piétin, des pasteurelloses, desentérotoxémies digestives et diverses parasitosessecondaires. Raisons supplémentaires qui conduisentparfois le vétérinaire sanitaire à proposer ou recommanderlʼeuthanasie des animaux malades. Les servicesvétérinaires sanitaires organisent la destruction descadavres.

Deux adresses de référence en France :

Pour les analyses sérologiques et entomologiques

CIRAD-BIOS-UMR 15Laboratoire national de référence avec compétence ensérologie, épidémiologie et entomologieTA/A 15/G34398 Montpellier Cedex 5 - FranceTel. : 33 (0)4 67 59 37 24

Pour les analyses virologiques

AFSSA AlfortLaboratoire national de référence avec compétence envirologie et épidémiologie22, rue Pierre Curie94701 Maisons-Alfort - FranceTel. : 33 (0)1 49 77 13 00

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Page 37: La fièvre catarrhale ovine

De la déclarationobligatoire...

En France, dès que la certitude est acquise quʼun élevageest victime du virus de la fièvre catarrhale ovine (diagnosticde laboratoire positif), le vétérinaire effectue la déclarationimposée par le Code rural auprès des administrationsconcernées, en premier lieu la Direction départementaledes services vétérinaires (DDSV) dont il dépend. Celle-citransmet lʼinformation validée au ministère delʼAlimentation, de lʼAgriculture et de la Pêche. Ce dernier,après vérification de la fiabilité des informations, en fait partà lʼOrganisation mondiale de la santé animale, lʼOIE, selonune procédure établie.

En effet, sʼagissant dʼune maladie à gravitéparticulièrement importante pour lʼéconomie régionale etnationale, couverte par le chapitre 8.3 du Code sanitairepour des animaux terrestres (édition 2008) de cetteorganisation internationale, lʼinformation est centraliséepour être recoupée avec dʼautres afin de prévenir uneéventuelle épizootie et de faciliter les échanges dedonnées validées.

En accord avec les autorités territoriales locales, laDirection des services vétérinaires et la préfectureconcernée publient un arrêté préfectoral de déclarationdʼinfection pour lʼexploitation suspecte.

Sur cette base légale, des interdictions et des restrictionsaux mouvements des animaux sont appliquées. Toutefois,des dérogations à lʼinterdiction de déplacement sontaccordées si les animaux sont destinés à un abattageimmédiat et ne présentent aucun signe clinique de fièvrecatarrhale ovine.

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Page 38: La fièvre catarrhale ovine

… aux obligationsréglementaires

En cas de confirmation de la FCO, le vétérinaire sanitaireapplique toute une série de consignes standard quʼilexplique à lʼéleveur.

Les vétérinaires en action

Les animaux malades sont consignés sur le lieu delʼexploitation, si possible désinsectisés individuellement.Les vétérinaires sanitaires préconisent des traitementsinsecticides dans les zones dʼabri et de regroupement dubétail (étables, écuries, etc.) afin de protéger les animauxsains en réduisant la population des diptères piqueurs.

A la demande des éleveurs, les vétérinaires prescriventdes traitements symptomatiques (comme des antibiotiquesou des anti-inflammatoires non stéroïdiens) afin desoulager les animaux en réduisant les risques desurinfection bactérienne et de lutter contre les œdèmes.

Le propriétaire et le vétérinaire font ensemble lʼinventairedes animaux décédés, des malades et de ceux quiparaissent sains. Dans le cas de la FCO, lʼabattage des

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Des mesures sanitaires et de contrôle du déplacementdes animaux permettent de limiter la propagation de la FCO.

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animaux malades et du troupeau nʼest pas une obligationlégale. En effet, la maladie est transmise par un vecteur etnʼest pas contagieuse par contact direct dʼun animalmalade à un animal sain. De plus, même si la valeuréconomique des survivants est plus faible, ils ne sont plusinfectants après la période de virémie (en moyenne 15 à20 jours, ne dépassant pas 50 jours chez les ovins et100 jours chez les bovins) et ne constituent plus ensuitedes réservoirs à virus. Toutefois, lʼabattage pourrait êtreenvisagé si certaines conditions épidémiologiqueslʼexigeaient (un foyer isolé de FCO sans foyer secondairedans une zone indemne et non exposée à desréinfestations particulières).

Les vétérinaires sanitaires collaborent avec lesentomologistes pour la mise en place dʼune surveillanceentomologique à lʼaide de pièges lumineux permettantdʼidentifier et de dénombrer les culicoïdes, insectesvecteurs de la maladie.

La surveillance épidémiologique

Elle est mise en place pour suivre lʼextension de lamaladie.

En zone indemne mais à proximité dʼune zone dʼépizootie,des prélèvements de sang sont réalisés en principe à

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Dans lʼœil dʼune vache atteinte de la FCO, des hémorragiesdans la sclérotique, des écoulements agglutinant les poils.

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10 jours dʼintervalle sur des animaux sentinelles en vuedʼanalyses virologiques et sérologiques pour identifier laprésence du virus ou reconnaître la trace de son passage.

En zone de vaccination, les prélèvements ne peuventêtre que du sang sous anticoagulant (EDTA) pour réaliserdes analyses virologiques. Il nʼy a pas dʼanalysessérologiques. En effet, le sérum des animaux vaccinéspour un sérotype viral spécifique contient les mêmesanticorps que celui des animaux infectés naturellement. Orles analyses sérologiques courantes ne permettent pas dedistinguer un animal séropositif par lʼinfection virale dʼunanimal séropositif par la vaccination.

Pour chaque prélèvement, le vétérinaire sanitaire met enœuvre un protocole très précis dʼidentification afindʼassurer la traçabilité des analyses. Les échantillons nedoivent surtout pas être congelés, le virus risquant dʼêtredétruit à - 20 °C (température dans un congélateur) alorsquʼil reste intact à 4 °C (température dʼun réfrigérateur).Les aiguilles ou les seringues ayant servi à desprélèvements de sang ne sont jamais réutilisées. Lesrésultats des analyses sont connus de 2 à 10 jours aprèsréception des échantillons.

Les zones sous contrôle

Depuis 2006, des mesures de contrôle des mouvementsdes animaux sont appliquées. Elles évoluent en fonction delʼappréciation de la situation sanitaire par le ministère delʼAlimentation, de lʼAgriculture et de la Pêche. Ellesreposent sur la mise en place de zones réglementées.

Un périmètre d’interdiction ou de restriction decirculation du bétail dʼun rayon dʼau moins 20 km estinstauré autour du foyer avéré de FCO. Il se prolonge parune zone de protection généralement de 80 km de large,elle-même ceinturée par une zone de surveillance de50 km de profondeur. Au-delà, la région est considéréecomme indemne. Depuis octobre 2007, les zones desurveillance et de protection ont été regroupées en uneseule zone de 70 km qui entoure le périmètre interdit.

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Page 41: La fièvre catarrhale ovine

A l’intérieur de la zone réglementée autour dʼun foyer deFCO, les animaux ne manifestant pas de signes cliniquesle jour des transports peuvent circuler mais aucun véhiculetransportant du bétail sensible ou du matériel animalcomme du sperme, des ovules ou des embryons, ne peuten sortir.

A l’intérieur d’une même zone, le transport des animauxne présentant pas de signes cliniques est libre.

Le déplacement du bétail dʼune zone contaminée versune zone indemne pour rejoindre un centre dʼabattageagréé est envisageable si le transport a lieu dans uncamion désinsectisé, sans arrêt intermédiaire et sansattente à lʼarrivée. Les dérogations aux interdictions demouvements sont définies par la réglementationeuropéenne.

Depuis avril 2009, le périmètre interdit est supprimé pourles deux sérotypes 1 et 8 du virus, suite aux campagnes devaccination obligatoire.

La réglementation actuelle, calquée sur celle appliquée pourles maladies hautement contagieuses par contact direct,semble inadaptée aux yeux des éleveurs. Pour eux, laprogression géographique de la maladie prouve que lesmesures de confinement ne contrarient pas la disséminationdes vecteurs au-delà des zones réglementées. Elle permetpourtant de limiter la propagation de la maladie enempêchant le mouvement dʼanimaux infectés.

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En cas de FCO, le transport des animaux vivantsest réglementé.

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Page 42: La fièvre catarrhale ovine

Sans cette réglementation, la diffusion de la maladie seraitbeaucoup plus rapide quʼactuellement. Certains expertspensent même que les mesures de confinement restentinsuffisantes en raison :

• des mouvements dʼanimaux infectés avant que lesfermes ne soient mises en quarantaine (décalage entrele moment de lʼinfection et la révélation des signescliniques, surtout lorsquʼils sont frustes en débutdʼinfection du cheptel),

• de la dispersion active des diptères vecteurs sur decourtes distances et de leur dispersion passive par lesvents sur de plus longues distances.

Dans le cadre du plan de lutte intégrée contre le vecteur eten accompagnement des restrictions de mouvements desanimaux les plus exposés, des mesures dedésinsectisation sont préconisées. Dans la pratique, la lutteantivectorielle ne semble pas très efficace, hormis ladésinsectisation des camions de transport des animauxvivants pour éviter la diffusion passive des culicoïdesinfectés.

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Adulte femelle de Culicoides punctatus,diptère vecteur de la FCO.

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Le coût de la maladie

Au mois de juillet 2008, les dépenses publiques de luttecontre la FCO sʼélevaient en France à 50 millions dʼeuros.Les seules dépenses dʼindemnisation ayant un rapportavec la FCO ont dépassé 7 millions dʼeuros en 2006 pouratteindre 16 millions dʼeuros en 2007. Mais dʼaprès lesinformations collectées par les groupements de défensesanitaire, les dépenses engagées (vaccination, pertes,restrictions des exportations dʼanimaux) avoisineraient200 millions dʼeuros dont 150 à la charge des éleveurs.

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Lʼimpact de la FCO sur les filières ovine,bovine et caprine, est à la fois sanitaire,

zootechnique et financier.

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En France, les frais de diagnostic de la FCO (visite desuspicion du vétérinaire, prélèvements sanguins ettissulaires, analyses de laboratoire) sont pris en charge parlʼEtat. En 2008, un test sérologique coûtait en moyenne16 euros et un test virologique 35 euros.

Le coût de la vaccination pris en charge par lʼUnioneuropéenne est de lʼordre de 87 millions dʼeuros, celui queles éleveurs devront prendre en charge est évalué à83 millions dʼeuros.

Lʼindemnisation des éleveurs compense une partie despertes directes causées par la maladie. Lʼindemnitéconsentie en 2009 aux éleveurs français pour lʼeuthanasievolontaire des animaux souffrants ou pour chaque animaldécédé de la FCO était plafonnée à 228,67 euros pour lesbovins. Elle était fixée à 45,73 euros pour les ovins ou lescaprins de race ordinaire et à 91,47 euros pour les racessélectionnées. LʼEtat français prend en charge une partiedes frais de vaccination, le reste étant à la charge delʼéleveur.

Nombreux sont ceux qui jugent ce coût trop élevé parrapport à lʼefficacité estimée relative, de leur point de vue,de la vaccination et au regard du faible nombre dʼanimauxréellement malades sur le nombre total dʼanimaux àvacciner dans les zones infectées.

Lʼinterruption provisoire des exportations a desconséquences économiques désastreuses pour leséleveurs. Les règlements internationaux exigent que lesprogrammes de surveillance aient démontré lʼabsencedʼinfection par le virus de la FCO au cours des 2 dernièresannées pour quʼun pays soit déclaré indemne et puissereprendre sans entrave des activités dʼexportationdʼanimaux vivants.

Dans le cadre de lʼUnion européenne, un protocoledʼaccord pour lʼexportation permet le commerce desanimaux provenant de zones infectées et dûment vaccinés60 jours après la vaccination.

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Les conséquenceséconomiques

sur les productions

Lʼépizootie actuelle serait la plus grave connue en Francedepuis la création des services vétérinaires nationaux, voici50 ans, en termes de diffusion et de conséquenceséconomiques. De 2002 à 2008, plusieurs dizaines demilliers dʼovins sont morts en Europe et les performanceszootechniques se sont effondrées.

Certains considèrent que la maladie pourrait maintenantdevenir enzootique ou endémique malgré tous les effortsdéployés pour la contenir.

Chez les ovins

En 2006, comme la diminution du prix de vente desanimaux sur pied allait de 0,10 à 0,50 dʼeuro parkilogramme, certains éleveurs des départements touchésdu nord de la France avaient décidé de conserver leursbêtes infectées pour les engraisser. Cette stratégie degestion sʼest révélée être un mauvais calcul économiquecar les stocks de fourrage étant insuffisants, ces éleveursont été contraints de racheter des aliments pour lʼhiver.

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Ces moutons tondus sont indemnes de la FCO.Ils ont donc fourni une laine abondante et de qualité.

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Un élevage de sélection des Ardennes évalue ses pertespour 2006 à 70 000 euros. Dans les zones réglementées,les moins-values commerciales atteignent 24 millionsdʼeuros. En Ariège, le cheptel ovin a subi une réduction de15% de ses effectifs par mortalité.

En période de crise, la filière ovine se réorganise aumieux : ouverture dʼateliers dʼengraissement, réductiondes activités des abattoirs, révision des échanges dematériel génétique (sperme, ovules), ajustement desapprovisionnements en lait.

Sur un plan économique, lʼéleveur dʼovins estévidemment sensible au déclassement du prix descarcasses et de la laine mais surtout aux restrictions decirculation des animaux dans des lieux traditionnels derencontre (foires, espaces ruraux de la filière) ainsi quʼàlʼarrêt de leur commerce du fait de lʼinterdiction deprocéder à des importations et à des exportationsdʼanimaux vivants.

La FCO affecte directement chacune des productionsovines, même si aucune ne sʼest révélée être porteuse devirus.

La viande dʼun animal malade prend vite un aspect grismarbré, perd de sa tenue et devient un terrain favorableà lʼenvahissement de germes dont certains secrètentdes toxines. Elle est interdite à la consommationhumaine. Les vétérinaires parlent parfois dʼune « viandefiévreuse ». Chez les animaux atteints de FCO, la pertemusculaire de 30 à 40% nʼest pas compensée par unereprise rapide de poids, même si lʼanimal guéritspontanément.

La laine produite par chaque animal malade est affectéedans sa quantité comme dans sa qualité, ce qui lui faitperdre beaucoup de sa valeur marchande. Le suint estmoins abondant, les brins de laine sont plus hétérogèneset moins élastiques.

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Le cuir des animaux malades est de moindre qualité.

La production de lait chez les ovins et les autresruminants diminue, voire sʼarrête. A ce jour, il ne semblepas que le lait puisse être contaminé par le virus. Si celaétait, ce serait sans danger pour lʼhomme.

Le fumier se raréfie évidemment lorsque les moutonsmalades ne sʼalimentent plus.

Chez les bovins

Lʼimpact économique le plus grave de la FCO pour leséleveurs de bovins a été lʼinterruption des exportationsfrançaises qui peuvent atteindre 900 millions dʼeuros paran en ce qui concerne le marché des « broutards », cesjeunes bovins, âgés de 3 à 10 mois environ, sevrés et misen pâturage pour être engraissés en Italie. Heureusement,elles ont pu reprendre après la réalisation des campagnesde vaccination.

De nombreux éleveurs de bovins pensent que cesmesures de blocage des déplacements du bétail, enempêchant les exportations des broutards vers lʼItalie, ontengendré des pertes économiques pour les filièresdʼengraissement, bien supérieures à lʼimpact négatif directde la maladie.

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Les trayons dʼune mamelle de vache gascogneatteinte de la FCO sont congestifs et hémorragiques.

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Pour une région comme la Bourgogne qui exporte en Italiechaque année 200 000 bovins maigres, un blocageréglementaire pour cause de FCO a fait perdre 10 millionsdʼeuros par mois à la filière, soit de 1 000 à 2 000 euros parmois pour chaque exploitation moyenne.

La reconversion des marchés supposerait uninvestissement régional de soutien de 200 millions dʼeuros.

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Le ventre de ce bélier chamois infecté par le virusde la FCO est cyanosé et œdématié.

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Questions brèvesRéponses courtes

Pourquoi une fièvre est-elle qualifiée de « catarrhale » ?Parce que lʼélévation de température des moutonsmalades est accompagnée dʼexcès de secrétions résultantdʼune inflammation sévère des muqueuses. La racinegrecque de lʼadjectif « catarrhale » signifie « écoulement ».

Que veut dire FCO ? Fièvre Catarrhale Ovine. Cettemaladie est aussi dénommée la maladie de la langue bleuedu mouton (en français), « bluetongue » ou BT (en anglais),« lengua azul » (en espagnol), « lingua azul » (en portugais).

Est-ce une maladie animale ancienne ou nouvelle ?Cette maladie du petit bétail est très ancienne mais lesespèces rustiques sʼen accommodent. Elle a été mise enévidence dans des zones où le virus circulaitsilencieusement suite à lʼintroduction de races ovines,bovines et caprines dites améliorées au niveau desproductions, mais aussi souvent plus fragiles au plansanitaire. Elle sʼest répandue dans des zones jusque-làindemnes, comme actuellement en France.

Est-elle transmissible à l’homme ? Aucune observationscientifique ne permet de le croire. Il a été noté chez descarnivores ayant ingéré des proies infectées par la FCO, laprésence dʼanticorps spécifiques contre le virus sansdéveloppement de la maladie. Dʼautres comme des lynx ensont morts.

Pourquoi la FCO est-elle devenue un problèmeéconomique ? Parce quʼelle constitue une entrave auxexportations de ruminants non vaccinés élevés dans unerégion subissant la FCO. Les coûts de vaccination et deprimes dʼabattage constituent une charge financièrelourde. Lʼanimal malade perd de sa valeur sur pied commeen produits dérivés (viande, cuir, laine, lait).

Quel est l’agent pathogène ? Un virus dont la plus grandedimension est 100 millions de fois plus petite quʼun mètre !En comparaison, les bactéries sont des géantespuisquʼelles sont souvent plus grandes que les virus.

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Les ruminants domestiques sont-ils égalementsensibles à cette maladie ? Le mouton est lʼanimal le plussensible puisque la FCO affecte gravement sa santé etpeut le conduire à la mort. Les bovins sont généralementmoins atteints au plan sanitaire mais la virémie des bovinspeut être plus longue que celle des ovins, ce qui les rendmeilleurs hôtes multiplicateurs pour le virus.

Les chèvres sont-elles réceptives à la FCO ? Oui, maiselles semblent plus résistantes sur le plan clinique. Lesépisodes fiévreux et un certain abattement passentsouvent inaperçus. Des avortements restent possibles,allant souvent de pair avec des malformationscongénitales. De fortes baisses de production lactée sontaussi observées.

Sous combien de formes existe ce virus ? A ce jour,24 sérotypes du virus de la FCO (BTV en anglais) sontconnus et ont été numérotés dans lʼordre de leurdécouverte (de BTV 1 à BTV 24). Fin 2008, un virusnommé Toggenburg a été isolé en Suisse et pourrait êtreun 25e sérotype. Les sérotypes sont plus ou moinspathogènes selon lʼorigine géographique de la souchevirale et les animaux infectés.

Existe-t-il un portrait robot du virus pathogène ? Levirus de la FCO est construit sous la forme dʼun polyèdreà 20 faces qui accueille un patrimoine génétique porté par10 double brins dʼacide ribonucléique (ARN). Classéparmi les virus privés dʼenveloppe lipoprotéique, ce virusnu fait partie de la famille des Reoviridae et du genreOrbivirus.

Quels sont les pays où circule le virus ? Il est présentdans de nombreux pays sur tous les continents, àlʼexception de la Nouvelle-Zélande où lʼon ne trouve pasde culicoïdes. LʼEurope est maintenant largement touchée.Les flambées épizootiques ont non seulement pour gravesconséquences de décimer les troupeaux de racesaméliorées, mais aussi de bloquer les filières dʼexportationdes animaux.

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Quels sont les vecteurs connus de ce virus ? Le virus dela FCO est classé parmi les arbovirus car il utilise desarthropodes pour se disséminer. Les vecteurs sont desdiptères piqueurs de la famille des Ceratopogonidae et dugenre Culicoides. Les espèces compétentes peuvent varierdans le temps et dans lʼespace. Les femelles de cesdiptères, parfois nommées « moucherons piqueurs » parles éleveurs, font des repas de sang aux dépens desmoutons, des vaches et des chèvres, autant dʼoccasionpour le virus de pouvoir contaminer de nouveaux hôtes.

A quels signes reconnait-on la FCO chez les animauxmalades ? Forte fièvre, abattement, œdème de la face etdes jarrets, écoulements par le nez, érosions buccales,salivation excessive, hémorragies sur les organes internes,langue bleutée, boiteries.

La FCO est-elle contagieuse ? Elle nʼest pas contagieusepar simple contact dʼun animal à un autre mais lʼensembledʼun troupeau peut être infecté si suffisamment de diptèressont actifs dans les lieux de vie des ruminants comme lespâtures et les étables puisquʼelle se transmet par piqûre.

Quelles sont les avancées géographiques récentes dela FCO ? Au cours de ces dernières années, plusieurs payseuropéens se sont vus envahir par au moins six sérotypesdu virus de la FCO, les 1, 2, 4, 9, 16 et surtout 8 présentsdepuis longtemps dans les pays du Sud. Fin 2008, lesPays-Bas ont découvert chez eux le sérotype 6. En 2009,le sérotype 11 est reconnu en Belgique.

Quels sont les facteurs qui permettent au virus decoloniser des territoires nouveaux pour lui ? Dans leszones favorables à la transmission, le virus peut êtreintroduit par des moucherons infectés ou par desdéplacements non contrôlés dʼanimaux contaminés. Deszones non favorables à la maladie peuvent le devenir, suiteà lʼextension géographique de lʼaire dʼhabitat des vecteurs,probablement facilitée par le réchauffement climatique.

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L’ultrastructuredu virus de la FCO

Protéines de la capside interne

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Protéines majeures

Protéines mineures

Protéines de la capside externe

GénomeUn des 10 segmentsdʼARN bicaténaires

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Questions brèvesRéponses courtes

En quoi la FCO affecte-t-elle un élevage ? La FCO est unemaladie animale classée parmi celles qui sont soumises àune déclaration obligatoire, une fois le diagnostic établi par unvétérinaire sanitaire. Les obligations réglementairesprévoient la délimitation de zones dʼinterdiction de circulationdu bétail, de protection et de surveillance. Lʼéleveur estpartiellement indemnisé sʼil fait euthanasier ses bêtesmalades ou présente les cadavres dʼanimaux morts de lamaladie. Il est encouragé ou obligé selon la réglementation encours à faire vacciner les autres bêtes, faute de quoi, il nʼestplus autorisé à alimenter les filières habituelles de commercedes produits animaux (bétail sur pied, sperme, ovocytes etembryons pour la sélection, etc.). Il perd alors sa part demarché auprès des acheteurs.

Connaît-on les limites des campagnes de vaccination ?De mieux en mieux. Dans le cas de la FCO, il nʼexiste pasencore de vaccin contre chacun des 24 sérotypes ou efficacecontre tous. Mais il existe des mélanges de vaccins inactivéscomme le 2-4 (contre les sérotypes 2 et 4) utilisé en Corse. Lavaccination devient obligatoire dans certaines circonstances.

Pourquoi euthanasie-t-on les bêtes malades ?Essentiellement pour éviter à lʼéleveur de conserver desanimaux qui ont perdu de leur valeur marchande et dont il nepeut plus espérer de retour sur investissement.

Les bovins sont-ils plus résistants que les moutons ? Ilest connu depuis longtemps que les bovins sont moinsaffectés que les moutons par la FCO. Ces dernières années,la gravité des signes cliniques présentés par les bovins estmise en rapport avec le caractère apparemment pluspathogène du sérotype 8.

Les anticorps de la brebis protègent-ils l’agneau ?Oui, lorsqu i̓ls sont ingérés par le nouveau-né dans le premierlait, le colostrum. La persistance de la protection varierait dequelques semaines à trois mois. Ensuite le jeune doit êtrevacciné pour être protégé. Dans tous les cas, la protection contreun sérotype est partielle ou nulle contre un autre sérotype.

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Le virus peut-il encore muter et devenir plus pathogène ?Oui, par accumulation de mutations au cours de samultiplication ou par réassortiments de brins dʼARN commeil semble que ce fut le cas pour les sérotypes 10 et 11. Onpeut aussi craindre que le virus ne soit pas suffisammentatténué dans certains vaccins et quʼil puisse se multiplierdans lʼhôte ou les vecteurs, en récupérant sa virulencecomme cela a été le cas pour le sérotype 16 et comme celapourrait être le cas pour le sérotype 6.

Les productions ovines comme la laine, le cuir, le lait,sont-elles affectées par la FCO ? Oui, sur le plan de laqualité et de la quantité, car un mouton malade perd salaine, maigrit beaucoup, nourrit difficilement sadescendance et a un transit intestinal très ralenti puisquʼilne mange pratiquement plus. En revanche, le virus nesemble pas contaminer la laine, la peau, le lait et lesexcréments solides. La viande en contient mais le virus estdétruit par la chaleur et serait sans effet sur la santéhumaine si la viande était consommée.

La France de 2009 est-elle envahie par plusieurssérotypes du virus ? Oui, au moins cinq : le sérotype 1présent dans le Sud-Ouest est le même que celui du Maroc,les sérotypes 2, 4 et 16 de Corse ressemblent beaucoup àceux de Tunisie et le sérotype 8 qui occupe la plus grandepartie du territoire français, se rencontre en Afriquesub-saharienne mais aussi ailleurs comme en Afrique duSud, au Nigeria, au Pakistan.

Etablir des barrières sanitaires suffit-il pour enrayer lapropagation du virus ? Non, malheureusement, puisquele vecteur du virus est un diptère qui se déplace sur delongues distances, grâce aux vents porteurs, bien au-delàdes limites dʼune exploitation dʼélevage. En revanche, elleslimitent la propagation de la maladie en interrompant lachaîne de transmission par des traitements insecticidescontre eux, en euthanasiant les animaux malades et envaccinant les autres à condition bien sûr quʼil existe unvaccin spécifique du sérotype incriminé.

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Comment distinguer un mouton guéri d’un moutonvacciné ? Actuellement, ce nʼest pas possible. Les deuxont les mêmes anticorps, la même signature sérologiquemais des tests sont en cours de développement pour tenterde distinguer les animaux vaccinés de ceux qui ont étéinfectés.

Qu’est qu’une épizootie ? Une maladie animale à granderapidité de dissémination, frappant un grand nombredʼanimaux et susceptible de sʼétendre sur un vasteterritoire, avec une incidence qui augmente rapidement aucours du temps.

Quelle est la différence entre un virus atténué et un virusinactivé ? Les deux servent à fabriquer des vaccins. Unvirus atténué conserve sa capacité de réplication chezlʼanimal. Il est obtenu spontanément à partir de souchesnaturellement non pathogènes, ou artificiellement parcultures successives sur des supports vivants comme desœufs embryonnaires (ou embryonnés) ou des cellulesanimales, cultures qui aboutissent progressivement à laperte du pouvoir pathogène du virus. Les virus inactivés sontsoumis à des facteurs chimiques ou physiques qui leur fontperdre tout pouvoir infectieux tout en leur conservant lescaractères immunogènes. En raison de leur capacité demultiplication, les vaccins à virus atténués sontgénéralement plus fortement immunogènes que ceux à virusinactivés qui requièrent généralement deux injections à troissemaines dʼintervalle. En France, seuls les vaccins à virusinactivés sont maintenant autorisés pour combattre la FCO.

Faut-il maintenant parler de fièvre catarrhale bovine ?Sʼil est vrai quʼen Europe, le sérotype 8 paraît affecter plusla santé des bovins que celle des ovins, il nʼy a pas dejustification vétérinaire à donner une nouvelle appellation àla maladie pour les bovins puisquʼil sʼagit du même agentpathogène. De plus, la plupart des atteintes bovines duesau virus de la FCO restent bénignes même si latransmission in utero de la mère au petit est possible(transmission verticale). Ce sont surtout les entraves àlʼexportation qui causent les dégâts économiques les plusimportants pour la filière bovine.

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Un peu d’histoirepour comprendre

La succession des découvertes

La fièvre catarrhale ovine a été décrite pour la première foisdans la littérature scientifique au début du XXe siècle sousle nom de fièvre catarrhe palustre, chez des moutonsmérinos introduits dans la colonie du Cap en Afrique duSud. Le mot « catarrhe » provient dʼune racine grecque quisignifie écoulement (par suite dʼun excès de sécrétionrésultant de lʼinflammation aiguë ou chronique desmuqueuses). La maladie est confirmée en 1902.Rapidement, elle prend le nom anglais de « bluetongue ».On sʼaperçoit très vite que les chèvres et les bovinspeuvent en être atteints mais avec des signes cliniquesrelativement limités. En 1924, la maladie est signalée auMali chez des moutons originaires dʼAfrique du Sud.

La maladie est décrite pour la première fois hors dʼAfriquelorsque des foyers infectieux sont repérés à Chypre en1943, rappelant ceux qui avaient été observés en 1924dans la même île. A partir de 1940, la FCO est reconnue enAfrique centrale. En 1948, aux Etats-Unis dʼAmérique, la

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Le principal vecteur du virus de la FCO en Afrique,C. imicola, est aussi vecteur du virus de la peste équine.

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maladie est décrite sous le nom de « sore-muzzle ».Israël est le théâtre dʼune flambée épizootique en 1949. Lapéninsule ibérique est contaminée en 1956. La FCO estdécrite dans le sous-continent indien à partir de 1959. Levirus de la FCO est isolé en Australie en 1977. Le premiercas signalé en Chine dans la province du Yunnan date de1979. La FCO est présente maintenant dans les troisAmériques, en Europe, en Australie, en Chine dans7 provinces, en Afrique, au Proche et au Moyen-Orient, enAsie du Sud–Est et en Asie centrale.

En 1906, il a été observé que lʼagent infectieux est de trèspetite dimension (comme presque tous les virus) car iltraverse des filtres retenant dʼautres agents pathogènescomme les bactéries ou les protozoaires. En 1940, laculture du virus sur des œufs embryonnaires (ouembryonnés) est réussie. A partir de 1948, il est établilʼexistence de plusieurs sérotypes du virus qui sedifférencient par leurs antigènes et qui ont un caractèreplus ou moins pathogène.

En 1943, le diptère Culicoides imicola est identifié commeétant probablement le principal vecteur du virus de la FCOen Afrique.

Trois grandes causes

La récente extension de la FCO en Europe pourrait être enrelation avec des hivers exceptionnellement doux. Lamondialisation des échanges et la sélection de racesdomestiques de ruminants dans le but de répondretoujours mieux aux besoins du marché pourraient aussijouer un rôle dans la transmission de la maladie.

Dans le bassin méditerranéen, le réchauffementclimatique, avec comme conséquence des hivers plusdoux, a permis au diptère vecteur tropical Culicoides imicoladʼétendre son aire dʼhabitat en latitude et en altitude etdʼatteindre de nouvelles populations de ruminantsdomestiques. Il a aussi augmenté sa fréquence dereproduction avec un nombre plus élevé de générations paran, conduisant à un accroissement notable de sa population.

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Page 59: La fièvre catarrhale ovine

Parallèlement lorsque les températures sont plus élevées,la multiplication du virus est aussi plus rapide et lesdiptères vecteurs font des repas de sang plus fréquents.En Europe non méditerranéenne, des espèces indigènes(locales) de culicoïdes se révèlent capables dʼhéberger levirus, de le multiplier et de lʼinoculer à des hôtesmammifères : bovins, ovins, caprins. On parle decompétence vectorielle pour qualifier cette capacité duvecteur à transmettre le virus.

La mondialisation a pour conséquence un accroissementconsidérable du commerce des animaux vivants entre lespays tropicaux et tempérés qui pourrait être à lʼorigine delʼintroduction de nouveaux sérotypes dans une zonedonnée et avoir favoriser lʼarrivée de diptères vecteurs.Ces derniers pourraient aussi profiter des transportshumains transfrontaliers.

La sélection de races améliorées va souvent de pairavec une plus grande fragilité immunitaire naturelle desanimaux contre un certain nombre dʼagents infectants, dontle virus de la FCO. Cela est probablement lié au fait que lescapacités de résistance aux agents pathogènes ne sontpas retenues comme critères de sélection dans lesprogrammes dʼamélioration génétique pour lʼaugmentationdes productions animales dans les pays du Nord.

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Un mouton en pleine santé de race « Welsh hill speckled face »,sélectionnée pour la laine et la viande.

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Le virus pathogèneen 24 sérotypes

Les composants du virus

De petite taille, avec ses 70 nanomètres (nm, du grec« nanos » : nain) de diamètre (soit 70 milliardièmes demètre), le virus de la FCO est classé dans la famille desReoviridae et rattaché au genre Orbivirus. Ces dernierssont responsables de maladies majeures en médecinevétérinaire. Le virus de la FCO ne possède pasdʼenveloppe lipoprotéique. Pour cette raison, il appartientà la catégorie des virus « nus ».

Une capside (du grec « capsa » signifiant boîte) entoure lematériel génétique viral à ARN (acide ribonucléique).

La capside est construite selon une architecture enpolyèdre régulier à 20 facettes triangulaires équilatéralesisométriques, formant un icosaèdre régulier. Cettestructure remarquable, parfois dénommée antidiamant,est connue depuis Platon (370 ans avant notre ère). Elleest double, capside externe et capside interne, etconstituée de 7 protéines structurales différentes (VP1 àVP7). Le nom dʼOrbivirus (du latin orbs qui signifieanneau) vient de la forme annulaire caractéristique desprotéines de la capside.

Lʼassociation du matériel génétique ou génome et de lacapside interne, appelé nucléocapside, est large dʼenviron55 nanomètres de diamètre.

La capside externe est formée dʼun arrangement de deuxprotéines structurales majeures appelées VP2 et VP5.Elles servent à la fixation du virus sur les récepteurscellulaires des hôtes.

La capside interne est constituée de 2 protéinesstructurales majeures VP7 et VP3 et de 3 mineures (VP1,VP4, VP6) du point de vue de leur proportion respective.Sa couche externe, formée de 132 capsomères tubulairesde 780 molécules protéiques VP7, entoure une coucheinterne de 120 protéines VP3. Les deux protéines VP3 et

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VP7 sont des antigènes de groupes communs àlʼensemble des sérotypes du virus de la FCO. La protéineVP7 permet lʼattachement du virus sur les cellulessensibles du vecteur culicoïde. Sur la face interne de cettecapside sont disposées les protéines structuralesmineures VP1, VP4 et VP6 auxquelles sʼassocient lessegments dʼARN bicaténaires.

Le matériel génétique ou génome est composé de10 segments dʼARN (acide ribonucléique) à deux brins,donc bicaténaires, de tailles différentes. Ce sont desmacromolécules formées par lʼassociation de moléculessimples, les nucléotides, composés de 3 éléments : unsucre (le ribose), un groupement phosphate et une baseazotée. Chaque segment code pour une protéinespécifique du virus. Le génome est constitué dʼenviron19 200 bases. La structure du génome favorise leséchanges de segments entre deux virus de sérotypesdifférents (acte de réassortiment) lors de co-infections etlʼapparition de réassortants (les virus résultants), donc desérotypes nouveaux. Mais dans les faits, ce mécanismeest probablement exceptionnel et sans commune mesureavec la variabilité observée avec les virus de la grippehumaine.

Des protéines non structurales au nombre de trois NS1,NS2 et NS3, sont synthétisées lors de la multiplication duvirus. La première NS1 intervient dans la forme du virus encréant des structures tubulaires dans le cytoplasme de lacellule-hôte. La seconde NS2 joue un rôle danslʼorganisation du génome viral avant encapsidation. Latroisième NS3 intervient dans la configuration finale desvirus produits.

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Affinités antigéniques entre les sérotypes et les sérogroupesdu virus de la FCO étudiés en 2008.

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Fortes relations antigéniques

Relations antigéniques moyennes

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Sérotypes présents en Europe en 2008

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Les 24 variations

En 2009, on caractérise 24 sérotypes ou variants. Lesérotype 4 est considéré comme le sérotype ancestral. Lessérotypes 10 et 11 proviendraient de réassortiments. Unvirus proche du virus de la FCO a été récemment isolé enSuisse. Appelé virus de Toggenburg, il pourrait être un25e sérotype.

Chaque sérotype a une virulence qui lui est propre.Certaines formes dʼexpression du caractère plus ou moinspathogène des sérotypes seraient liées à des mutations dugénome viral. Les formes les plus virulentes seraient lessérotypes 3, 9, 15, 16 et 23 et les plus modérées lessérotypes 20 et 21.

Des variations de pouvoir pathogène sont observées pourun même sérotype selon son origine géographique. Lesérotype 1 est réputé très virulent en Espagne et enFrance. Il est connu aussi que les sérotypes 1 et 3dʼAfrique du Sud sont plus agressifs que ceux dʼAustralie.

Les différents sérotypes du virus de la FCO circulentlocalement dans des populations de ruminantsdomestiques tolérantes à des degrés divers ou chez lesanimaux sauvages souvent considérés comme desréservoirs potentiels de virus. Il nʼexiste pas de donnéesscientifiques fiables permettant de comparer leurpathogénicité relative chez un hôte. Il semblerait dʼaprèsles observations que le sérotype 8 soit plus agressif pourles bovins que le sérotype 1. En revanche, chez les ovins,lʼexpression de la maladie serait de nature et dʼintensitésimilaires pour les sérotypes 1 et 8.

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Un amas de virus de la FCO.

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Des moucherons vecteurshématophages

Des diptères de petite taille du genre Culicoides (en latin)ou culicoïdes (en version francisée), de la famille desCeratopogonidae sont les vecteurs de transmissionquasi-exclusifs du virus de la FCO.

Parmi les quelques 1 300 espèces de culicoïdes décritespar les scientifiques, une trentaine sont impliquées dans latransmission du virus de la FCO. La principale espèce,Culicoides imicola, est aussi vectrice dʼun virus très proche,responsable de la peste équine en Afrique, auMoyen-Orient et au sud de lʼEurope. En conséquence, unesurveillance de lʼévolution de la peste équine doit êtreassurée.

La répartition géographique des espèces de culicoïdes, lesplus citées comme vecteurs de la FCO sont :

• en Afrique : C. imicola, C. bolitinos, et peut être dʼautresespèces comme C. milnein,

• en Amérique centrale et du Sud : C. insignis,

• en Amérique du Nord : C. sonorensis,

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Des culicoïdes vus au stéréomicroscope.

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• en Orient et Asie : C. imicola, C. fulvus, C. actoni,• en Australie : C. brevitarsis et localement C. wadai,

C. fulvus,• en Europe : les vecteurs suspectés appartiennent au

sous-genre Avaritia (complexe obsoletus, C. dewulfi,C. chiopterus) et au sous-genre Culicoides.

En 2006, aux Pays-Bas, le diptère C. dewulfi, a été identifiécomme porteur du sérotype 8 du virus de la FCO, aprèsisolement de son génome chez lʼinsecte. Il est considérécomme responsable de lʼinfection dʼune ferme dans cepays. Cette espèce locale de culicoïdes peut donchéberger le virus mais ce fait ne constitue pasnécessairement une preuve quʼelle soit vectrice. Le mêmesérotype est trouvé aussi chez les espèces jumellesC. obsoletus/scoticus et chez C. chiopterus.

La transmission mécanique du virus par dʼautres insecteshématophages comme les taons ou les stomoxes nʼajamais été mise en évidence. Si leur rôle de vecteur nepeut pas être formellement écarté, il doit probablement êtretrès faible dans la transmission et nul dans le maintien delʼinfection virale.

Des vecteurs microscopiques

Les culicoïdes adultes sont des diptères de petite taille.La longueur totale de leur corps ne dépasse pas 3 à4 mm. Les mâles et les femelles portent deux ailesparfois tachetées, croisées sur le dos au repos. On lesrencontre sur tous les continents, des tropiques à latoundra, du niveau de la mer jusquʼà près de 4 000 mdʼaltitude.

Les mâles culicoïdes et la plupart des adultes des deuxsexes dʼun grand nombre dʼespèces de Cératopogonidéssont floricoles. Ils se nourrissent des exsudats sucrés desfleurs et jouent un rôle dans la pollinisation de plantestropicales dʼintérêt économique comme le cacao etlʼhévéa.

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Côté droit de la têtedʼune femelle

Côté gauche de la têtedʼun mâle

Vue frontale dʼune tête de Culicoides imicoladʼaprès les dessins de Jean-Claude Delécolle (2008).

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Les femelles culicoïdes sont hématophages chez 96 % desespèces. Leurs pièces buccales forment une trompe courtevulnérante qui sert à dilacérer les tissus des hôtes cibles età former un « lac » sanguin facilitant lʼaspiration du sang.Elles sʼattaquent à des mammifères, y compris lʼhomme,ou à des oiseaux. Dʼautres espèces de la même famille segorgent dʼhémolymphe aux dépens dʼaraignées, depapillons ou de libellules.

Les culicoïdes ont une activité crépusculaire ou nocturne.Pour C. imicola, elle est maximale avec une températureambiante comprise entre 18 et 30 °C et une humiditérelative assez forte. Son vol est limité ou empêché endessous de 12 °C, mais pour des espèces paléarctiques, ilsemble que la survie des ailés soit possible à destempératures approchant 0 °C durant quelques mois,comme le montrent certaines observations expérimentales.

Durant la journée, les adultes ailés se reposent dans deszones ombragées, sous les herbes ou cachés sous lesfeuilles.

Le déplacement actif des adultes par leurs propresmouvements est limité à quelques centaines de mètresautour de lʼendroit où ils ont vu le jour. Les femelles onttendance à voler plus bas que les mâles.

Leur déplacement passif est lié au pouvoir de portancedes vents chauds et humides. Ces derniers peuventemporter les ailés au-dessus de la mer à plusieurscentaines de kilomètres. Au-dessus des terres, ce modede dispersion est supposé plus restreint. La dispersionpassive pourrait jouer un rôle dans la colonisation denouveaux territoires et la dissémination du virus lorsqueles diptères sont infectés.

La longévité des adultes est en moyenne de 10 à 20 jours.Certains individus survivent 1, 2 ou 3 mois.

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Le cycle biologique

Lʼaccouplement a lieu peu après que les deux sexes soientdisponibles, généralement en vol, au sein dʼun essaim nuptial.Les spermatozoïdes sont stockés dans une ou plusieurscapsules séminales des femelles appelées spermathèques.Après fécondation, la femelle nʼa plus besoin dʼautresaccouplements pour produire des œufs fertiles. Elle trouvelʼénergie nécessaire à son activité reproductrice dans le repasde sang réalisé aux dépens dʼun hôte vertébré. Cʼest au coursde ce repas sanguin que la femelle adulte va sʼinfecter silʼhôte est porteur du virus. Une fois contaminée, elle devientinfectante à vie. Une seule piqûre sur un ruminant suffit àtransmettre le virus et à propager la maladie.

Deux ou quatre jours après lʼacte hématophage, la femellegravide dépose 100 à 300 œufs dans un site de pontechoisi. Puis elle cherche un nouvel hôte nourricier avant depondre à nouveau quelques jours après. Lʼalternancepiqûre/ponte se reproduit jusquʼà sa mort, 2 à 4 semainesaprès sa mue imaginale.La localisation des gîtes de ponte est très variable enfonction des espèces. Les œufs sont généralement pondusdans des sites humides, partiellement immergés et richesen matières organiques diverses comme la boue des rivesde mares, les bords dʼétang où viennent sʼabreuver lesanimaux, les excréments frais dʼherbivores, les creuxdʼarbres, les cœurs de bananiers sectionnés ou les tas defeuilles en décomposition.

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Le repas de sang dʼune femelle culicoïde adulte.

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Des espèces comme C. obsoletus / scolitus sont desespèces partiellement endophiles, cʼest-à-dire quʼon lesrencontre assez souvent dans les bâtiments dédiés àlʼaccueil des animaux comme les étables ou les écuries.Pendant lʼhiver, on y capture souvent des femelles jeunesnʼayant pas encore pondu (elles sont dites nullipares),parfois des femelles âgées ayant déjà pondu plusieurs fois(elles sont dites multipares).

Les œufs allongés mesurent de 200 à 500 microns dansleur plus grande dimension. Dans les conditions les plusfavorables, lʼéclosion se produit 3 à 5 jours après la ponte.

Le développement des larves vermiformes dure de10 - 15 jours à plusieurs mois selon les espèces et lesconditions ambiantes. Il existe une possibilité dʼarrêt dedéveloppement aux stades I ou II des quatre stadeslarvaires successifs qui serait assimilable à une diapauselarvaire et dont lʼintensité pourrait être variable entre lesindividus dʼune même population. Les facteursdéclenchants semblent liés aux baisses de latempérature et de la durée du jour. Quand un arrêt dedéveloppement larvaire sʼobserve en été, il serait àmettre en relation avec la sécheresse.

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Œufs de C. sonorensis.

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Tous les intermédiaires existent entre lʼabsence dediapause et la diapause larvaire franche en fonction de lalatitude, des zones tropicales aux zones tempérées dunord de lʼEurope et des espèces présentes.

Lorsque les larves sont actives, elles se nourrissent demicro-organismes et de déchets divers, en se déplaçantactivement selon un mode serpentiforme sur un substratsolide ou en nageant par saccades en milieu liquide.Lʼétape biologique suivante est la formation dʼune nymphepeu mobile de 1 à 3 mm, dont la durée de vie varie de 2 à10 jours. Elle est suivie de lʼémergence dʼun ailé par unefente dorsale longitudinale prévue pour faciliter sa sortie.Généralement, lʼémergence des mâles après la mueimaginale précède celle des femelles.

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Larves de C. sonorensis de troisième stade.

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Nymphes de C. sonorensis.

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Un nombre variable de générations

Culicoides imicola, vecteur principal du virus de la FCO enAfrique, réussit jusquʼà 10 générations successives par anen conditions optimales. Le cycle biologique le plus rapidedans les conditions environnementales optimalessʼaccomplit en 3 semaines. Dans les situations écologiquessévères, cette espèce pourrait se contenter de quelquesgénérations, voire dʼune seule, avec un arrêt ou unralentissement du développement larvaire aux stades I ouII. En Corse, on observe des adultes en permanencecertaines années à hiver doux.

Les adultes de certaines espèces dʼEurope du Nordpeuvent réaliser plus de 2 générations complètes par an,au moins dans les zones de plaine où règne une humiditésuffisante.

Dans les régions tropicales où deux saisons se succèdent,lʼune sèche, lʼautre humide, les diptères vecteurs semaintiennent mais à des densités variables. Il sʼensuit quelʼintensité de la transmission du virus de la FCO estelle-même variable, lʼapogée des contaminations seproduisant en fin de saison des pluies.

En climat tempéré, le pic dʼabondance des diptèresvecteurs se produit au printemps, pendant lʼété ou enautomne en fonction des espèces et des variationsinterannuelles de la température et de lʼhumidité. Cʼest cequi explique que les mois de septembre et dʼoctobre pourlʼhémisphère Nord correspondent à des périodes de forteabondance et de forte activité du vecteur qui se traduisentpar des pics de fièvre catarrhale ovine.

La température influe sur la durée des cycles de vie, surlʼactivité du vecteur ainsi que sur la vitesse de multiplicationdu virus dans lʼinsecte-hôte.

Lorsque les températures baissent en dessous dʼun seuildʼenviron 10 °C, les insectes vecteurs ne sont plus actifs,ne survivent pas et la transmission virale sʼen trouveinterrompue.

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Page 72: La fièvre catarrhale ovine

Quand les hivers sont très froids, lʼinfection ne peut êtrequʼoccasionnelle. Si les étés sont frais, les cas avérés deFCO deviennent très rares et ne se révèlent que dans descirconstances exceptionnelles.

Seules les régions circumpolaires au Nord comme au Sudsubissent un froid suffisamment persistant pour que lesculicoïdes ne puissent survivre. La maladie y est doncinexistante, faute de vecteurs efficaces.

Une surveillance entomologique est assurée dans lesrégions concernées par la FCO à lʼaide de pièges lumineuxutilisés en nocturne. Elle permet de suivre lʼévolution despopulations de culicoïdes adultes et dʼobtenir uneindication de leur activité par la quantité dʼinsectescapturés, critère important pour décider du momentdes traitements insecticides ou pour assouplirexceptionnellement les conditions de déplacement desruminants lorsque lʼabsence totale de culicoïdes estconstatée, ce qui interrompt la transmission de la maladie.On parle de période dʼinactivité vectorielle.

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Surveillance des populations de diptèrespar piégeage lumineux.

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La multiplication du virusdans ses hôtes

Pour se multiplier, le virus de la FCO a besoin de deuxhôtes : un hôte mammifère et un insecte vecteur. La duréede la virémie est limitée et spécifique chez le ruminant.Dans le culicoïde infesté, le virus se multiplie durant toutela vie de lʼinsecte.

Chez le ruminant hôte

Après avoir été inoculé au ruminant par la piqûre dʼunmoucheron infecté, le virus de la FCO réalise la premièreétape de sa multiplication, souvent discrète car lʼagentpathogène se cantonne à la rate, aux amygdales et auxnœuds lymphatiques périphériques. La charge virale dans lesang au moment de cette première virémie est donc faible.

Puis le virus emprunte les circuits de la lymphe et du sang.Cette seconde phase de virémie pendant laquelle les hôtesdeviennent infectants pour les insectes vecteurs dure : • 2 à 4 semaines chez les moutons et les bovins

(maximum 50 jours chez les ovins et 100 jours chez lesbovins),

• moins longtemps chez les caprins (maximum 30 jours).

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Des hémorragies créées par les piqûres de culicoïdeschez le mouton.

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Les bovins sont donc les réservoirs à virus les plusimportants même sʼils expriment généralement moins lamaladie que les ovins. La raison est liée à lʼaptituderemarquable du virus pour se fixer sur les cellulessanguines et endothéliales de ses hôtes sensibles grâce àsa protéine VP2. Attaché aux parois des globules rouges,le virus est véhiculé par eux dans tout lʼorganisme de lʼhôteet il est probablement ainsi transmis plus facilement auxvecteurs hématophages. La durée de vie plus longue desglobules rouges chez les bovins explique la durée pluslongue de leur virémie.

A ce stade dʼinfection généralisée, le nombre dʼorganesatteints est plus grand et la quantité de virus circulant dansle sang et la lymphe beaucoup plus élevée. Les insectesvecteurs potentiels à ce moment-là ont plus de chances desʼinfecter ou de se surinfecter (lorsquʼils sont déjàcontaminés par une des variantes possibles du virus). Dessituations de coexistence de sérotypes viraux différents ausein dʼun même animal sont possibles. Il peut arriver quʼunmouton héberge en même temps 2 à 3 sérotypes du virusde la FCO pendant 1 à 2 mois.

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Une vache de Gascogne atteinte de FCO,aux flancs creux et à la queue souillée par les diarrhées.

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Ensuite, le virus colonise aussi bien les globules blancsque les cellules des vaisseaux sanguins. En se multipliantdans ces dernières, il fragilise et nécrose les artères et lesveines, dʼoù les nombreuses hémorragies constatées auniveau des organes, les dégénérescences tissulaires ainsique les troubles de la coagulation.

Parallèlement à une transmission dite horizontaleessentiellement vectorielle par lʼinsecte diptère infecté, ilexiste chez les femelles gestantes de ruminants unetransmission verticale à travers la membrane placentaire.Si la contamination se produit au premier tiers de lagestation, lʼembryon en meurt. Lorsque la contaminationest plus tardive, le fœtus souffre de malformationscongénitales et de désordres graves dans lʼédification de lastructure de son cerveau par destruction des précurseursdes neurones et des cellules gliales. Par contre, si lʼattaquevirale a lieu pendant le dernier tiers de la gestation, le veaunaît à terme avec dans certains cas des signes cliniques etune virémie. La naissance de veaux tout à fait sainssemble cependant la règle.

Cette transmission verticale a évidemment desconséquences pour la persistance du virus dʼune saisondʼactivité vectorielle à lʼautre.

Chez l’insecte vecteur

Le virus est quasi exclusivement transmis par desarthropodes comme les insectes diptères, ce qui conduit à leclasser parmi les arbovirus (de « arthropod-borne-virus »),virus déclenchant des arboviroses. Il est hébergé par desculicoïdes et sʼy multiplie.

Une fois ingéré par le diptère à lʼoccasion dʼun repas desang, il traverse sa paroi intestinale et se multiplie dans lescellules intestinales de son hôte, puis se dissémine dansson organisme.

Le virus colonise ensuite les glandes salivaires et sʼymultiplie en détournant le métabolisme cellulaire. Lorsquela concentration en particules virales est suffisammentélevée dans leur salive, les femelles culicoïdes porteuses

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Les trois acteurs de la FCO.

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sont déclarées infectantes, ce qui peut se produire dès le7e jour après lʼingestion du repas sanguin infecté. Ellesrestent infectantes jusquʼà la fin de leur vie, donc pendantquelques semaines. Le pourcentage de femelles exposéesqui deviendront infectantes dépend à la fois descaractéristiques du sérotype et de lʼespèce vectrice qui estplus ou moins compétente pour le multiplier. Desdifférences de compétence vectorielle (capacité du vecteurà sʼinfecter et à multiplier le virus) ont été observées entredeux espèces de culicoïdes vecteurs pour un mêmesérotype.

Dans lʼétat actuel des connaissances, il nʼy a pas detransmission transovarienne du virus chez le culicoïdevecteur, ce qui signifie que les œufs et les larves de cesdiptères piqueurs sont toujours sains. La contamination nese fait chez un diptère adulte compétent quʼà lʼoccasiondʼun repas de sang sur un ruminant contaminé.

Dans la plupart des régions où les conditions climatiquesfont que les culicoïdes ne sont présents quʼune partie delʼannée, un arrêt de développement sous forme dediapause ou de quiescence sʼintercale aux premiers stadeslarvaires dans le cycle biologique pendant la saison la plusfraîche. Le maintien du virus pendant lʼhiver pourrait alorsêtre garanti soit par la longue durée de la virémie chez lesbovins, soit par le passage vertical chez les hôtes, ou soitencore par la survie prolongée de quelques culicoïdesinfectés.

Ces trois mécanismes constituent encore des hypothèsesdont lʼimplication réelle et lʼimportance relative restent àdéterminer.

En Europe, les foyers de FCO sont révélés en fin dʼété eten début dʼautomne sur les moutons, lorsque les insectesvecteurs sont les plus nombreux. Il est possible que le viruscircule silencieusement chez les bovins dès les premiersjours du printemps avant de concerner les ovins. Lasurveillance sérologique mise en place en Corse a permisde détecter à plusieurs reprises que le virus de la FCOpouvait circuler à bas bruit, cʼest-à-dire sans provoquer designes cliniques évidents.

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Page 78: La fièvre catarrhale ovine

En région tropicale, le vecteur dont les générations sesuccèdent assure ainsi la survie du virus et sa transmissionaux mammifères ruminants tout au long de lʼannée. LaFCO est alors enzootique, même dans des oasissahariennes des pays sahéliens et maghrébins.

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Le marché des ovins dans la palmeraie.

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La survie du virushors de ses hôtes

Le virus nʼa pas de raison particulière de passer unmoment à lʼair libre, sauf en cas de blessures occasionnantun écoulement de sang ou lors dʼune mise-bas. Certainsvirologues pensent que la résistance du virus dans unmilieu non biologique (autre que le sang ou la lymphe) estprobablement faible. Néanmoins, il serait capable derésister à des températures élevées (en dessous de 50 °Cpendant 30 min ou de 60 °C pendant 15 min) et deconserver toute sa virulence à 4 °C.

En laboratoire, la conservation des souches se fait aulaboratoire à - 80 °C (cristaux de glace de petite taille),mais pas à - 20 °C (cristaux de glace de grande taillepouvant désagréger les particules virales). Commedʼautres virus, il est inactivé par les composés phénolés,les iodophores et par la bêta-propiolactone. Un milieu depH (potentiel Hydrogène) neutre (égal à 7) lui convientmieux quʼun pH acide (inférieur à 6) ou basique (supérieurà 8).

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Les races améliorées comme ce bélier de la race« Welsh mountain » sont sensibles au virus de la FCO.

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La répartition mondialedes sérotypes

Le virus de la FCO est présent dans presque toutes lesrégions tropicales et subtropicales, entre les 40e et 50e

degrés de latitude nord et les 20e et 30e de latitude sud. Lamaladie apparaît spécialement dans les pays où sontélevées des races ovines améliorées, plus performantescertes que les races rustiques en terme de production delaine, de viande et de lait, mais aussi beaucoup plussensibles aux infections virales.

En Afrique sahélienne et au Maghreb, on a trouvé chez lesmoutons rustiques locaux des anticorps spécifiques deplusieurs sérotypes du virus de la FCO, signe dʼuneprésence ou dʼun passage du virus dans leur sang. Maisles animaux ne souffrent généralement dʼaucun signeclinique particulier.

Sur le plan viral, on trouve actuellement 21 sérotypesviraux différents sur le continent africain contre 8 en Europe(les sérotypes 1, 2, 4, 6, 8, 9, 11, 16), 8 en Australie, 5 dansla péninsule Arabique et autant en Amérique du Nord. Parailleurs, on en compte 6 en Israël, 4 en Inde et 1 enBulgarie. Le dernier suspecté comme un 25e sérotype (levirus de Toggenburg) nʼa été trouvé quʼen Suisse pour lemoment.

Sur lʼîle de la Réunion, les sérotypes 2 et 4 ont étéidentifiés en 1985 sur des moutons, suite à lʼimportation debovins contaminés importés dʼAfrique trois ans auparavant.Il existe, dans ce département français, quelques flambéesépizootiques de FCO heureusement espacées dans letemps.

Dans les années 2001-2002, 7 sérotypes différents ont étérecensés au Brésil, 3 en Colombie et au Surinam, 2 enGuyane. Récemment, les sérotypes 1, 2, 4, 9 et 16 ontété détectés dans le sud de lʼEurope. En Chine, 7 des12 sérotypes connus en Asie sont présents dans au moins7 provinces. Les sérotypes 1, 2, 4, 15 et 16 sont les plusfréquents.

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Page 81: La fièvre catarrhale ovine

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Sérotypes signalés en France

Répartition des 24 sérotypes et des 8 sérogroupesdu virus de la FCO dans le monde en 2008.

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Le cas Corse

Le virus de la FCO apparaît dans le sud de lʼîle en 2000,probablement à partir dʼune contamination au départ de laSardaigne dont lʼextrémité nord nʼest quʼà 12 km deBonifacio, ville du littoral sud de la Corse.

Entre les mois dʼoctobre et de décembre de la mêmeannée, 49 foyers de FCO sont recensés, dont les deuxtiers dans la partie sud de lʼîle. En 2001, lʼépizootie devientdramatique : plus de 80 % des 12 000 moutons maladesmeurent, soit 8 % du cheptel ovin corse.

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A partir du continent africain, C. imicolaa atteint la Corse en passant par la Sardaigne.

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En Corse du Sud, on retrouve des anticorps spécifiques delʼinfection virale par le sérotype 2 sur 40 % des bovins et38 % des ovins. En Haute Corse, les taux sont plus faiblesbien que non négligeables : 24 % chez les bovins et 16 %chez les ovins. Cela confirme que les conditions pour ledéveloppement de la FCO sont moins favorables au nordde lʼîle et que la contamination virale sʼest produite à partirdu sud de lʼîle.

Le vecteur Culicoides imicola de répartition classiqueafro-asiatique est capturé pour la première fois au moisdʼoctobre 2000. Il ne sʼagit sûrement pas de sa datedʼintroduction car peu dʼopérations de capture de lʼinsecteavaient eu lieu en Corse depuis les années 1970. Unréseau de surveillance mis en place en 2002 a permisdʼétablir sa présence et son implication dans la propagationdu virus de la FCO, partout dans lʼîle, notamment sur lelittoral sud-ouest et la plaine orientale.

Si lʼon prend comme critère de survie du vecteur Culicoidesimicola la moyenne des températures maximales des moisles plus froids qui doit dépasser le seuil thermique de12,5 °C, cette condition est satisfaite en Corse sur le littoraldepuis plus dʼune dizaine dʼannées. Un simple degré deplus des moyennes de températures autoriserait uneextension spatiale de ce diptère de 90 km vers le nord etde 150 m en altitude. Cette remarque est à rapprocher delʼexpansion septentrionale de lʼaire dʼhabitat de C. imicolaavec une installation avérée en Catalogne et dans le paysbasque espagnol.

Dans la chronologie des faits épidémiologiques, il est ànoter quʼen dépit de campagnes de vaccination conduitesdans lʼurgence, le sérotype 2 a passé lʼhiver 2000-2001 etest redevenu actif dès la remontée des températures en2001. Après la seconde campagne de vaccinationmassive contre le sérotype 2 avec des vaccins à virusatténués, lʼannée 2002 est caractérisée par lʼabsence defoyers cliniques de la FCO. Au cours de lʼété 2003, laprésence nouvelle du sérotype 4 venant de Sardaigne estrévélée.

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Page 84: La fièvre catarrhale ovine

En 2004, le sérotype 16 apparaît avec des foyers cliniquesmixtes de sérotypes 4 et 16. Les souches virales ayantservi à la fabrication du vaccin, insuffisamment atténuées,ont récupéré leur pouvoir pathogène lors de lamultiplication virale. En 2008 et 2009, les vaccins utilisésen Corse, en Italie et en Espagne, produits à partir de virusinactivés, ne présentent plus ce risque.

Des études génomiques par comparaison des séquencesnucléotidiques établissent un lien de parenté entre lesérotype 2 de Corse introduit en 2000 et celui rencontré enTunisie la même année et en Sardaigne.

La dimension régionale ouest-méditerranéenne delʼémergence du sérotype 2 en 2000 et 2001, puis dusérotype 4 en 2003 et 2004 est évidente à cause deleurs origines maghrébines et de leurs passages dansdes îles comme la Sardaigne, la Corse et les Baléares,ainsi que dans la péninsule Ibérique pour le sérotype 4en 2003.

Le sérotype 9 qui a sévi en Sicile et en Calabre à partirdʼune origine est-méditerranéenne, ne concerne pasencore la Corse, la Sardaigne, les Baléares ni lʼEspagne.

Les conséquences économiques de cette maladie virale àlaquelle les troupeaux locaux ne sont pas préparés sontlourdes pour les éleveurs comme pour lʼEtat quiindemnise les pertes directes par mortalité et finance lamise en place de plusieurs campagnes de vaccination demasse depuis lʼhiver 2000-2001. De plus, toutes lesexportations dʼanimaux vivants ont été suspenduespendant cette période même si elles ne représententquʼun faible volume.

A la suite de ces flambées de FCO, le nombredʼexploitations et dʼélevages dʼovins en Corse a diminuésignificativement entre 2000 et 2005.

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Page 85: La fièvre catarrhale ovine

L’émergenceen Europe du Nord

Malgré plusieurs incursions en Europe dans le passé : de1956 à 1960 en Espagne et au Portugal, en 1977 à Chypre,en 1979 et 1980 en Grèce, la FCO était jugée exotique parrapport à lʼespace européen, car plutôt tropicale ouméditerranéenne, dʼautant quʼune vingtaine dʼannées sesont écoulées sans nouvelle manifestation de la maladie.

Deux voies dʼintroduction du virus dans le sud de lʼEuropesont connues :

• lʼune, dite ouest-méditerranéenne, englobe leMaghreb, la péninsule Ibérique, les Baléares, laSardaigne, la Corse et lʼouest de la péninsule Italienne,

• lʼautre, dite est-méditerranéenne, passe par laTurquie, la Grèce, la Bulgarie, les Balkans, la Sicile etlʼest de la péninsule Italienne.

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Itinéraires des principaux sérotypes du virus de la FCOenvahissant les pays européens.

Certains sérotypes sʼinstallent durablement,dʼautres disparaissent peu de temps après avoir été

détectés ou passent inaperçus.

Page 86: La fièvre catarrhale ovine

La zone de commerce et dʼéchanges importants entrelʼInde et la Turquie est considérée traditionnellementcomme un « couloir à moutons » pouvant être affecté plusou moins régulièrement par la FCO. Elle est connue pourconstituer une porte dʼentrée de sérotypes pour la voieest-méditerranéenne.

La FCO réapparaît en 1998 en Grèce et concerne en 1999la Grèce, la Bulgarie et la Turquie, auxquels sʼajoutent lesautres pays des Balkans à partir de 2001 puis lʼItalie àpartir de 2002.

Parallèlement, le Maghreb est le point de départ de la FCOen direction de lʼEurope avec le sérotype 2 qui touche en2000 lʼItalie (Sardaigne, Sicile, Calabre), lʼEspagne(Baléares) et la France (Corse) – la contamination a puavoir lieu par dispersion passive par les vents des diptèresvecteurs infectés – avec le sérotype 4 de 2003 à 2005 etavec le sérotype 1 de 2005 à 2009.

En 2006

Alors que lʼon redoutait lʼinvasion de lʼEurope par la FCO àpartir du pourtour méditerranéen, elle apparaîtbrusquement en août 2006 aux Pays-Bas, dans la localitéde Someren, à proximité de Maastrich. Son modedʼintroduction dans le nord de lʼEurope est inconnu. Parhypothèse, le sérotype 8 incriminé pourrait avoir commeorigine soit lʼintroduction involontaire dʼanimaux infectés,soit celle dʼinsectes infectés lors dʼimportation demarchandises, soit celle de semences ou dʼembryonscongelés issus dʼanimaux infectés. Les espèces locales deculicoïdes compétents auraient ensuite pris le relais en segorgeant sur lʼhôte infecté et en transmettant le virus àdʼautres hôtes jusquʼalors sains.

Il a aussi été évoqué comme cause possible les effets devaccins contaminés ou instables, ce qui nʼest pas possibledans ces circonstances particulières puisquʼil nʼy avait pasde campagnes de vaccination dirigées contre ce sérotypeen Europe à lʼépoque.

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Lʼévidence est que lʼon est en présence dʼune introductionet dʼune émergence du sérotype 8 du virus de la FCO quicircule normalement en Afrique subsaharienne, encoexistence avec la majorité des 21 autres sérotypesdʼAfrique. Il est aussi rencontré aux Caraïbes, dans lesous-continent Indien et en Amérique centrale.

A partir de cette ville néerlandaise dʼEurope duNord-Ouest, des cas de FCO sont découverts ensuite surtout le territoire national des Pays-Bas, puis dans les paysvoisins comme la Belgique, lʼAllemagne, le Luxembourg etla France où en 2006 seuls les départementsseptentrionaux (Nord, Ardennes, Meuse) sont concernés.

Au début de la contamination, les premiers animauxatteints en Europe sont les bovins même si les victimesfinales sont les ovins. Le sérotype 8 se révèleparticulièrement virulent sur eux dès 2006. Certainsscientifiques évoquent lʼhypothèse dʼune augmentationde son caractère pathogène en rapport avec unenvironnement animal nouveau pour lui.

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Une vache limousine atteinte de la FCO montrantdes écoulements et des tâches marrons et noires

sur son mufle congestionné.

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Dans le même temps, le sérotype est assez peu virulentenvers les ovins dans la mesure où la mortalité et lamorbidité constatées chez les animaux contaminés sontinférieures à celles habituellement observées dans les casde FCO.

Les hivers doux 2006-2007 et 2007-2008 ont probablementfacilité la survie des vecteurs durant la saisonhabituellement défavorable et contribué à la réapparitiondes foyers cliniques dès le début de lʼété suivant,accompagnée dʼune extension géographique notable àtoute lʼEurope.

En 2007

En plus des Etats européens déjà touchés par le sérotype8, dʼautres pays comme le Danemark, le Royaume-Uni, laSuisse et la République tchèque sont concernés. Lesmesures de confinement des animaux se révèlentinefficaces pour contenir lʼexpansion de lʼépizootie. EnFrance, le nombre de départements touchés augmentesignificativement en une année à raison de 1 000 nouvellesexploitations infectées par mois, au cours de la saisondʼexpansion maximale de la maladie.

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Les conditions de température et dʼhumidité de cette régionde bocage adaptée à lʼélevage ovin et bovin pourraient êtrepropices certaines années au développement des culicoïdes

vecteurs du virus de la FCO.

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Les signes cliniques observés sont plus prononcés quʼen2006, notamment sur les troupeaux de moutons. Cʼest lapremière fois dans lʼhistoire sanitaire européenne quʼautantde foyers dʼune maladie réglementée sont identifiés en aussipeu de temps. On se trouve clairement en présence dʼuneépizootie, cʼest-à-dire dʼun équivalent animal dʼune épidémieen santé humaine, soit la transmission dʼune maladiecaractérisée par une augmentation rapide de son incidence.Lʼemploi de ce terme nʼimplique pas la dimension spatialemême si dans le cas présent plusieurs pays européens àfrontières communes sont envahis à des degrés divers.

En 2008

Des dizaines de milliers de foyers infectieux sont recensésen Europe. En janvier 2008, le virus atteint lʼEspagne. LaFrance déclare plus de 28 000 foyers. Il existe aussi denombreux cas en Allemagne, puis par ordre décroissant enBelgique, aux Pays-Bas, au Luxembourg et dans unedemi-douzaine dʼautres pays européens.

En France, le sérotype 8 qui occupe les deux tiers nord duterritoire national (Ardennes, Nord, Aisne, Pas de Calais,Aube, Oise, etc.) sʼétend vers le sud tandis que le sérotype1 en provenance de la péninsule Ibérique colonise lesud-ouest jusquʼà chevaucher dans certaines régionsdʼélevage les aires déjà affectées par le sérotype 8. Alʼautomne 2008, plusieurs départements des régionsAquitaine, Midi-Pyrénées et Languedoc-Roussillon sontconfrontés au sérotype 1. La source virale du sérotype1 suspectée pourrait se situer au Maroc. Son passage duSud au Nord de lʼEspagne est sans doute en rapport avecdes mouvements incontrôlés dʼanimaux infectés.

Le vecteur Culicoides imicola nʼest pas impliqué dans latransmission des sérotypes 1 et 8. Ce sont des espècesautochtones qui transmettent le virus en Europe nonméditerranéenne.

En juillet 2008, 17 Etats membres de lʼUnion européennesont concernés directement par la FCO.

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Page 90: La fièvre catarrhale ovine

En octobre 2008, le sérotype 6 dʼorigine vaccinale esttrouvé aux Pays-Bas, compliquant encore la situationsanitaire.

Début 2008, en Suisse, un virus nommé Toggenburg estdécouvert chez des chèvres. Il pourrait être un sérotypenouveau, le BTV 25.

En 2009

En février 2009, la Norvège déclare son premier cas deFCO de sérotype 8 et la Belgique reconnaît, à lʼest de laFlandre, une contamination avec le sérotype 11.

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Le virus Toggenburg mis en évidence chez des chèvreslors dʼanalyses de routine nʼest toujours pas référencéen 2009 par les scientifiques comme le 25e sérotype du

virus de la FCO.

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Du vaccinà la vaccination de masse

Pour stimuler les défenses naturelles des animauxsensibles, on utilise plusieurs types de vaccins, dontlʼélaboration, le développement, la production à grandeéchelle et la commercialisation peuvent demander de 5 à7 ans.

Il existe des vaccins à virus atténués (dits modifiés) etdʼautres à virus inactivés (ou « tués »). Dans les deux cas,le vaccin protège contre le sérotype quʼil vise mais neprotège pas ou peu contre un autre sérotype.

Les vaccins à virus atténués sont obtenus à partir desouches virales naturellement non virulentes ou dont lavirulence sur les moutons est atténuée par des passagessuccessifs en culture cellulaire ou sur des œufsembryonnaires (ou embryonnés).

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Manipulations sérologiques dans un laboratoire du CIRAD.

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Lʼutilisation des vaccins atténués présente certainescontraintes :

• Le retour à la virulence du virus atténué est possiblelors de sa multiplication chez le mouton ou le bovin etdans lʼinsecte vecteur.

• Lʼéquilibre est difficile à trouver entre la nécessitédʼobtenir une bonne multiplication des virus atténuéspermettant de stimuler les défenses immunitairesdes moutons et le risque de déclencher à nouveauune contamination par le biais des diptèresvecteurs.

• Le risque réel de réassortiment génétique entre lasouche vaccinale et la souche sauvage du virus déjàprésent chez un ruminant contaminé oblige àrestreindre lʼusage de ce type de vaccin aux périodesde lʼannée où les culicoïdes vecteurs ne sont pasactifs.

• Les vaccins sont connus pour déclencheroccasionnellement des malformations chez lesembryons et ne doivent donc pas être administrés auxfemelles gestantes.

Ce sont les raisons pour lesquelles la France en interdit àprésent lʼusage même si lʼItalie les autorise toujours.

Les vaccins à virus inactivés obligent à exposer le virusà un agent physique comme la température, lesultra-violets ou des substances chimiques comme leformol, la bêta-propiolactone ou lʼéthylèneimine pour luifaire perdre tout pouvoir infectieux sans perte de sescaractéristiques antigéniques. Les vaccins inactivésprésentent le gros avantage de ne pas engendrer devirémie, ce qui est fondamental pour lʼinnocuité dans lecadre dʼune maladie vectorielle.

Lorsque le sérotype 8 sʼest introduit en Europe du Nord en2006, il nʼexistait pas de vaccin inactivé sur le marché. Unvaccin spécifique à virus inactivé a été mis au point selonles mêmes protocoles que ceux qui ont déjà permis lamise au point des vaccins disponibles pour les sérotypes2 et 4.

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Page 93: La fièvre catarrhale ovine

Lorsque ce dernier a été disponible en avril 2008, lavaccination nʼétait recommandée que pour tous lesruminants sensibles à la maladie et destinés aux échangescommerciaux. En décembre 2008, les mesures sanitairesne suffisant pas à contenir cette maladie dans un périmètrerestreint, la vaccination des ovins et des bovins estdevenue obligatoire en Europe.

Rien que pour la France, il faut disposer de plusieursdizaines de millions de doses pour vacciner lʼensemble desruminants domestiques. En principe, les 20 millions debovins doivent subir deux injections espacées dʼun mois etles 11 millions dʼovins une seule injection. Les vaccins sontutilisés en priorité dans les zones ayant déjà souffert deseffets de la fièvre catarrhale ovine et pour les animauxreproducteurs ainsi que les femelles de remplacement.Dans les zones touchées par les deux sérotypes 1 et 8,une double vaccination a été effectuée.

Les coûts du vaccin et de la vaccination sont pris en chargepartiellement par lʼEtat. Les vétérinaires sont mobilisésdans le cadre de la politique de vaccination décidée par laDirection générale de lʼalimentation (DGAL). Ce sont lesseuls à être habilités à pratiquer cette prophylaxie enFrance.

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Un rassemblement de moutons pour la vaccination.R

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Des recherches sont en cours pour construire par géniegénétique de nouveaux vaccins à partir de souchesvaccinales recombinantes exprimant différents gèneschoisis du virus de la FCO codant pour des protéinesvirales structurales et non structurales, dans lʼobjectif devacciner contre plusieurs sérotypes en une ou plusieursfois.

Dans la réalité du terrain, le recours aux vaccins nʼest pastoujours effectué car, dʼune part, ils ne sont efficaces quepour un sérotype viral donné (chaque sérotype a sespropres antigènes) et dʼautre part, ils provoquent pour lesérotype viral concerné la formation dʼanticorps identiquesà ceux que lʼon trouve chez les animaux malades, enconvalescence ou guéris, infectés par ce même sérotypedu virus. Il nʼest alors plus possible de distinguer lesanimaux vaccinés et les animaux malades. Ce dernierpoint contrarie les exportations dʼanimaux vivants ou deproduits animaux dérivés.

Avant la disponibilité des vaccins spécifiques, lʼexportationdes animaux élevés en France était interrompue. Depuisque les vaccins spécifiques sont disponibles, les échangesdʼanimaux ont repris, mais uniquement pour des animauxvaccinés puisque seuls ces derniers ne risquent pasdʼintroduire le virus dans une zone indemne. LʼItalienʼimportait en été et en automne 2008 que les animauxvaccinés, mais depuis la fin dʼannée 2008, desautorisations dʼimportations dʼanimaux non vaccinés ontété délivrées.

Comme la FCO est une maladie vectorielle, certestransmissible par inoculation, mais non contagieuse parcontact, contre laquelle les moutons et les bœufssʼimmunisent naturellement, certains spécialistessoutenant lʼélevage de subsistance dans les pays endéveloppement pensent que la vaccination ne devrait pasy devenir obligatoire car cette immunité imposée empêchelʼapparition de souches dʼanimaux naturellementrésistants.

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Enfin, le virus de la FCO atteint aussi bien les ruminantsdomestiques que les ruminants sauvages. Lespropriétaires de parcs animaliers ou de fermespédagogiques, et certains particuliers qui ont des moutons,des chevaux ou même des lamas à titre dʼagrément oupour entretenir lʼéquilibre de la végétation de leurspropriétés, peuvent contribuer malgré eux à ladissémination possible de la FCO. Cʼest pourquoi, ilsdevraient être recensés, informés, conseillés et suivis afinde prendre les mêmes mesures que les éleveurs debovins, dʼovins et de caprins pour lutter contre ladissémination de la maladie.

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Les signes cliniques de la FCO sont difficiles à décelerchez les lamas qui pourraient être pourtant sensibles

à certains sérotypes du virus.

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Les contributions du CIRAD

Les chercheurs vétérinaires, entomologistes etépidémiologistes du CIRAD rencontrent des cas de FCOdans de nombreux pays en développement. Ils ontconstaté que les races rustiques y sont peu sensibles maisquʼen revanche, les races améliorées et importées sontbeaucoup plus vulnérables sans que lʼon sacheexactement pourquoi. Ils savent aussi que beaucoup deruminants sauvages peuvent être infectés par ce virus quiexiste sous forme de nombreux sérotypes (de 1 à 24 etpeut-être 25) et topotypes (variétés géographiques desérotypes), même sʼils nʼen meurent pas nécessairement.Les animaux sont infectants en période de virémie si desdiptères vecteurs compétents assurent la transmissiondes virus dʼun hôte à lʼautre. Leur expérience du terrainsʼest révélée très utile lors des deux incursionsremarquées et coûteuses de la maladie en régionstempérées, lʼune dans le bassin méditerranéen enparticulier en Corse à partir de 2000, lʼautre en Europe duNord à partir de 2006.

De 2000 à 2009, le CIRAD a contribué, souvent enpartenariat avec des chercheurs dʼautres établissements, àla compréhension du fléau par 36 publications illustrant lesprincipaux axes de recherche :

• Caractérisation par sérotypage des virus circulants : letype 2 identifié en Corse provient peut-être de laTunisie via la Sardaigne, le type 8 introduit en Europeressemble à celui rencontré en Afrique sahélienne, letype 1 dʼEspagne semble avoir pour source le Maroc,montrant ainsi de nouvelles interdépendances viralestransfrontalières entre les pays en développement etles pays industrialisés.

• Coordination de la surveillance entomologique en France.

• Identification des espèces de culicoïdes vecteursincriminées dans les foyers à sérotype 8 du nord de laFrance comme C. obsoletus/scolitus, C. chiopterus etC. dewulfi.

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• Etudes préliminaires de la bio-écologie des espèces deculicoïdes européennes et mise en évidence dʼuneactivité diurne des diptères potentiellement vecteurs etdʼune tendance à être actif dans des habitats plus oumoins clos (étables).

• Etudes préliminaires sur lʼefficacité et la rémanencedes traitements insecticides préconisés pour protégerles ruminants des piqûres de culicoïdes.

• Evaluation comparative des tests de diagnostic.

• Contribution à la caractérisation systématique ettaxonomique des vecteurs culicoïdes impliqués dans diversespaces géographiques traditionnels ou nouveaux, ycompris au plan moléculaire ce qui permet de les identifierà tous les états biologiques, œufs, larves et nymphes.

• Suivi épidémiologique de la fièvre catarrhale ovine enAfrique, dans le bassin méditerranéen et en Europeavec la recherche des causes (réchauffementclimatique, compétence de nouveaux vecteurs,échanges internationaux).

• Expertises auprès de la Direction générale delʼalimentation du ministère de lʼAlimentation, delʼAgriculture et de la Pêche et de lʼAgence européennede sécurité alimentaire.

• Usage de la télédétection spatiale pour lacaractérisation des foyers potentiels, modélisation de lapropagation de la maladie et de la distribution desvecteurs.

• Contribution à la mise au point de vaccins recombinantsefficaces contre tous les sérotypes et au suivi descampagnes de vaccination en conditions insulaires.

• Evaluation du risque dʼintroduction du virus en régionsindemnes, conséquence attendue de la mondialisationdes réseaux agro-alimentaires et de lʼamplification desmouvements dʼanimaux domestiques.

• Etude de la bio-écologie des espèces de culicoïdes,vecteurs du virus de la FCO en Europe et dans le bassinméditerranéen, afin de permettre à terme lʼélaborationde moyens adaptés de prévention et de lutte. Ce projet

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sʼinsère dans le 4e axe stratégique du CIRAD qui estdʼanticiper et de gérer les risques sanitaires infectieuxliés aux animaux sauvages et domestiques.

• Participation aux rencontres nationales, européenneset internationales sur la fièvre catarrhale ovine.

• Information du public avec le site http://bluetongue.cirad.fr,contributions à la base de données pour la surveillance dela FCO http://ocapi.cirad.fr, vade-mecum sur la FCO àdestination des vétérinaires sanitaires.

• Création en partenariat dʼun livret éducatif sur la maladiede la langue bleue du mouton afin de contribuer à ladiffusion de la culture scientifique en direction de publicsdiversifiés et au bénéfice du plus grand nombre, dansles pays du Nord comme dans les pays du Sud.

Adresse de compétence FCO :

CIRADDépartement Systèmes Biologiques

Contrôle des maladies exotiques et émergentesUMR 15 CIRAD/INRA CMAEE

Laboratoire national de référence avec compétenceen sérologie, épidémiologie et entomologie

TA/A 15/G34 398 Montpellier Cedex 5 - France.

Tel : 33 (0)4 67 59 37 24

htpp://bluetongue.cirad.fr

Depuis 2006, le CIRAD et l̓ INRA ont constitué une allianceformelle pour développer une offre de recherche et deformation coordonnée à lʼinternational dans leursdomaines dʼactivité relatifs aux maladies émergentes etaux maladies vectorielles avec pour objectif dʼaméliorer lesconnaissances sur ces entités pathologiques, de construiredes compétences orphelines, notamment en entomologievétérinaire et enfin de développer des méthodologies enépidémiologie pour la surveillance et l̓ aide à la décision.

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Pour en savoir plus

Les réseaux de surveillance

• EU-BTNET - Surveillance Network for Bluetongue(Réseau européen de surveillance de la fièvre catarrhale)http://eubtnet.izs.it/btnet/

• Med Reo Net - Surveillance network of Reovirus,bluetongue and African horse sickness in theMediterranean basin and Europehttp://medreonet.cirad.fr/

• Epizone - Network of Excellence for Epizootic DiseaseDiagnosis and Controlhttp://www.epizone-eu.net

• Epireg-Maghreb - Régionalisation et harmonisation delʼépidémiosurveillance des maladies animales au Maghreb(Algérie, Maroc, Tunisie)http://epireg-maghreb.cirad.fr/les_maladies_d_interet_regional/fco

Les laboratoires de référence OIE pour la FCO

• Afrique du Sud : Onderstepoort Veterinary [email protected]• Australie: CSIRO, Australian Animal Health [email protected]• Belgique : CERVA (Centre dʼEtude et de RecherchesVétérinaires et Agrochimiques)[email protected]• Etats-Unis dʼAmérique : National Veterinary [email protected]• France : CIRAD (Centre de Coopération Internationale enRecherche Agronomique pour le Développement), AFSSA(Agence Française de Sécurité Sanitaire des Aliments)[email protected]• Italie: Instituto Zooprofilattico Sperimentale dellʼAbruzzoe del Molise « G. Caporale »[email protected]• Royaume-Uni : Pirbright Laboratory, IAH (Institute forAnimal Health)[email protected]

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• Suisse : IVI (Institut de virologie et dʼimmunoprophylaxie)[email protected]

Les institutions concernées

Au plan international • FAO – Organisation des Nations Unies pourlʼalimentation et lʼagriculturehttp://www.fao.org• OIE – Organisation mondiale de la Santé Animalehttp://www.oie.int

Au plan européen• Commission européennehttp://ec.europa.eu/food/animal/diseases/controlmeasures/bluetongue_en.htm• EFSA – European Food Safety Authority (Autoritéeuropéenne de sécurité des aliments)http://www.efsa.europa.eu/EFSA/efsa_locale-1178620753812_home.htm

En France• CIRAD – Centre de coopération Internationale enRecherche Agronomique pour le Développementhttp://bluetongue.cirad.fr• INRA – Institut National de la Recherche Agronomiquehttp://www.inra.fr/sante_animale/les_produits/faits_marquants_2006/faits_marquants_de_l_umr_1161/emergence_de_la_fievre_catarrhale_ovine_fco_ou_bluetongue_dans_le_nord_de_la_france_en_2006• AFSSA – Agence Française de Sécurité Sanitaire desAlimentshttp://www.afssa.fr• EID Méditerranéehttp://www.eid-med.org• Institut de lʼélevagehttp://www.inst-elevage.asso.fr• MAAP - Ministère de l̓Alimentation de l̓Agriculture et de la Pêchehttp://agriculture.gouv.fr/IMG/pdf/vademecum1.pdfhttp://agriculture.gouv.fr/IMG/pdf/fiches_reflexes.pdf• DGAL – Direction Générale de lʼAlimentationhttp://agriculture.gouv.fr/sections/thematiques/sante-protection-animaux/maladies-animales/fievre-catarrhale-ovine

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Les universités et écoles vétérinaires enFrance et en Belgique

En France• Université Louis Pasteur, Strasbourghttp://www-ulp.u-strasbg.fr/actualites/index.php/2006/10/17/779-fievre-catarrhale-ovine-france-continentale• Ecole vétérinaire de Lyonhttp://www.vet-lyon.fr• Ecole vétérinaire de Maisons-Alforthttp://www.vet-alfort.fr• Ecole vétérinaire de Nanteshttp://www.vet-nantes.fr• Ecole vétérinaire de Toulousehttp://www.envt.fr

En Belgique• Ecole vétérinaire de Liègehttp://www2.ulg.ac.be/fmv

Les portails d’information en Europe

• France : Portail collectif dʼinformation sur la fièvrecatarrhalehttp://www.fcoinfo.fr/• Espagne : Punto de informacion Lengua azul (Portaildʼinformation sur la langue bleue)http://www.portalbesana.es/estaticas/lenguaazul/index.html• Italie : Sistema informativo della bluetongue (Systèmedʼinformation sur la fièvre catarrhale) - IstitutoZooprofilattico Sperimentalehttp://gis2.izs.it:7777/pls/izs_bt/bt_gestmenu.bt_index• Portugal : Direcçaõ Geral de Veterinariahttp://www.dgv.min-agricultura.pt

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Quelques ouvrages de référence

• Bluetongue in northern Europe - Saegerman, C. ;Reviriego-Gordejo, F. ; Pastoret, P.P. - Paris (FRA): WorldOrganization for Animal Health (OIE), Université de Liège,Faculty of Veterinary Sciences - 2008, 88 p.

• Bluetongue - Mertens, P.; Baylis, M.; Mellor, P. - Elsevier/ Academic press (USA), - 2008, 506 p. - (Biology of AnimalInfections Series ; 3).

et autres sources d’information

• La bluetongue : la maladie qui venait du Sud - Lancelot,R. - Conférence de presse INRA-CIRAD « Les maladiesanimales émergentes » 4 décembre 2006.http://www.cirad.fr/upload/fr/communique/3Bluetongue-Lancelot.pdf

• La FCO, une maladie vectorielle émergente en Europe -Aumont, G. ; Lancelot, R. ; Martinez D. - INRA Magazine,mars 2009, n° 8, p. 6-7.http://www.inra.fr/sante_animale/en_savoir_plus/maladies_emergentes/la_fco_une_maladie_vectorielle_emergente_en_europe

• La fièvre catarrhale ovine chez les ruminantsdomestiques et sauvages en Europe - ONCFS (OfficeNational de la Chasse et de la Faune Sauvage) - Note desynthèse, novembre 2007, 6 p.http://www.oncfs.gouv.fr/events/point_faune/suivi-sanitaire/2007/fievre_catarrhale_sagir160.pdf

• Agrisalon - Fièvre catarrhale ovine : les dossiersagricoles.http://www.agrisalon.com/07-dossiers/dossier-23.ph

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Découvrir la collection« Les savoirs partagés® »

Des compilivres® pédagogiques : Une architecture en accordéon sous forme dʼun livre sansfin qui facilite le parcours exploratoire dʼun sujet par unelecture non linéaire et personnalisée entre des pavés detextes, des illustrations et au fil des liens suggérés. • La planète des bactéries (2008)• La mouche tsé-tsé pédagogique /

The educational tsetse fly (2005)• Le dromadaire pédagogique (2002)• Lʼautruche pédagogique (2000)

Une bande dessinée éducative :Un support de médiation pour lʼéducation aux sciences.• Lʼautruche dans tous ses états / The all-round ostrich (2003)

Des contes scientifiques animaliers :Une forme narrative qui soutient une démarche dʼempathieanimalière pour la transmission des savoirs scientifiques.• Journal intime dʼune mouche tsé-tsé (2008)• Journal intime dʼun ornithorynque (2005)

Des livrets éducatifs :Un état des connaissances scientifiques et praticiennes surdes sujets dʼactualité au bénéfice du plus grand nombre.• La fièvre catarrhale ovine (2009)• Le ver blanc au paradis vert ou lʼhistoire vécue dʼun bio-

envahisseur de la canne à sucre en milieu insulaire (2008)• La grippe aviaire, lʼinfluenza aviaire (2006)• Bird flu avian influenza (2006)

Des études d’impact :Une synthèse de lʼavis des lecteurs par analyse des réponsesau questionnaire dʼaccueil inséré dans chaque publication.• Etude dʼimpact du livret éducatif « La grippe aviaire, lʼinfluenza

aviaire » - Impact study « Bird flu avian influenza » (2009)• Etude dʼimpact du conte scientifique « Journal intime

dʼun ornithorynque » (2007)• Etude dʼimpact du compilivre® « Lʼautruche

pédagogique » (2000)

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Achevé dʼimprimer sur les presses deSOULIÉ Imprimeur FrontignanDépôt légal : 4e trimestre 2009

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Siège : CIRADDirection générale - 42, rue Scheffer - 75116 Paris - FranceTél. : 33 (0)1 53 70 20 00 - Fax : 33 (0)1 47 55 15 30Site web : www.cirad.fr

Siège : CIRDESBP 454 - Bobo Dioulasso - 01 Burkina FasoTél. : (226) 29 97 20 53 ou (226) 20 97 22 87 - Fax : (226) 20 97 23 20Site web : www.cirdes.org

Siège : ConnaiSciencesInstitut de botanique - 163, rue A. Broussonet - 34090 Montpellier -FranceTél : 33 (0)4 34 26 81 30 Site web : www.connaisciences.fr

Siège : EID Méditerranée165, rue Paul Rimbaud - 34184 Montpellier cedex 4 - France Tél : 33 (0)4 67 63 67 63 - Fax : 33 (0)4 67 63 54 05Site web : [email protected]

Siège : EMBRAPA/CnpmAv. Soldado Passarinho - 303, Fazenda Chapadão - 13070-115 Campinas/SP- Brésil — Tel. : (19) 3256-6030 ou (19) 3556-6009 Fax : (19) 3254-1100 - Site web : www.cnpm.embrapa.br

Siège : FNGDSMaison nationale des éleveurs - 149 rue de Bercy - 75595 Paris 12 -France — Tél. : (0)1 40 04 51 24 - Fax : 33 (0)1 40 04 51 28Site web : www.reseaugds.com

Siège : France Vétérinaire International 251, rue de Vaugirard - 75732 Paris Cedex 15 - FranceTél. 33 (0)1 49 55 60 94 - Fax : 33 (0)1 49 55 81 69Site web : www.france-vet-international.org

Siège : INRA - 147, rue de lʼuniversité - 75338 Paris - FranceTél. : 33 (0)1 42 75 90 00 - Fax : 33 (0)1 42 75 99 66Site web : www.inra.fr Centre spécialisé : INRA - Santé animale - 37380 Monnaie - FranceTél.: 33 (0)2 47 42 77 76 - Fax : 33 (0)2 47 42 77 72 Site web : www.inra.fr/sa

Siège : INTERVETRue Olivier de Serres - BP 17114 - 49071 Beaucouzé Cedex - FranceTél : 33 (0)2 41 22 83 83 - Fax : 33 (0)2 41 22 83 00Site web : www.intervet.fr

Siège : IPPTS / Faculté de médecine3, rue Koeberlé - 67000 StrasbourgTél : 33 (0)3 68 85 37 00 - Fax : 33 (0)3 68 85 36 93 Site web : www-ulpmed.u-strasbg.fr/parasito_strasbourg/presentation.htm

Page 107: La fièvre catarrhale ovine

Siège : IAV Hassan IIBP 6202 - Rabat-Instituts - MarocTél : +212 5 37 77 17 85/59/45 - Fax : +212 5 37 77 58 45Site web : www.iav.ac.ma

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Siège : Medreonet - Département des systèmes biologiques du CIRADTA A-15/G - 34398 Montpellier Cedex 5 - FranceTél. : 33 (0)4 67 59 39 11 / Fax : 33 (0)4 67 59 37 98Site web : www.medreonet.cirad.fr

Siège : MAAP 78, rue de Varenne - 75349 Paris 07 SP - FranceTél. 33 (0)1 49 55 48 80 Site web : www.agriculture.gouv.fr

Siège : OIE 12, rue de Prony - 75017 Paris - FranceTél. : 33 (0) 1 44 15 18 88 - Fax : 33 (0)1 42 67 09 87Site web : www.oie.int

Siège : SIMV 50, allée de Paradis - 75010 Paris - FranceTél : 33 (0)1 53 34 43 43 - Fax : 33 (0)1 53 34 43 44Site web : www.simv.org

Siège : SFPFaculté de pharmacie - Université de Paris Sud 11Rue Jean-Baptiste Clément - 92290 Châtenay-MalabryTél. : 33 (0)1 46 83 55 53 - Fax : 33 (0)1 46 83 55 57Site web : wcentre.tours.inra.fr/sfpar/accueil.htm

Siège : University of Wyoming 1000 E. University - Ave Laramie - Wyoming - WY 82071Etats-Unis dʼAmérique - Tel. : (307) 766-1121Site web : www.uwyo.edu

Siège : USDA/ARS Jamie L. Whitten Building, 1400 Independence Ave., SW. WashingtonDC, 20250. Etats-Unis dʼAmériqueSite web : http://www.ars.usda.gov/About Us/About Us.htm

Siège : Université de Strasbourg 4, rue Blaise Pascal CS 90032 - 67081 Strasbourg Cedex - France Tél.: 33 (0)3 68 85 00 00 - Fax: 33 (0)3 68 85 11 30 Site web : www.unistra.fr

Page 108: La fièvre catarrhale ovine

La fièvre catarrhale ovineou la maladie de la langue bleue du mouton

Une initiative originale du CIRAD (Centre de coopérationinternationale en recherche agronomique pour ledéveloppement) pour informer sur cette maladie virale àvecteur, souvent rencontrée dans les troupeaux de moutonsdʼAfrique, ayant fait des incursions sur dʼautres continentsdepuis plusieurs décennies, affectant la Corse depuis lʼan2000 et à partir de 2006 les filières ovines et bovines deplusieurs pays européens.

Une initiative soutenue par :

• le Centre de coopération internationale en recherche agronomique pour ledéveloppement,

• le Centre international de recherche-développement sur lʼélevage en zonesubhumide,

• lʼassociation ConnaiSciences,

• lʼEntente départementale pour la démoustication du littoral méditerranéen,

• le Centre de surveillance par satellite de lʼInstitut brésilien de recherche agronomique,

• la Fédération nationale des groupements de défense sanitaire,

• le pôle France vétérinaire international,

• lʼInstitut agronomique et vétérinaire Hassan II,

• lʼInstitut de parasitologie et de pathologie tropicale de la faculté de médecine deStrasbourg,

• lʼInstitut national de la recherche agronomique,

• lʼunité de santé animale du groupe Schering-Plough,

• lʼUniversité de Strasbourg,

• le Ministère de lʼalimentation, de lʼagriculture et de la pêche,

• le projet européen de coordination Medreonet,

• lʼOrganisation mondiale de la santé animale,

• le Syndicat de lʼindustrie du médicament vétérinaire et réactif,

• lʼUniversité du Wyoming,

• le laboratoire des maladies animales transmissibles par des arthropodes vecteurs dudépartement de lʼagence américaine de recherche scientifique pour lʼagriculture.

CIRAD-SAVOIRSDIRECTION RÉGIONALE LANGUEDOC-ROUSSILLON

TA 178/05 Avenue Agropolis34398 Montpellier Cedex 5 - France

Tél. : 33 (0)4 67 61 57 88 / Fax : 33 (0)4 67 61 59 73E-mail : [email protected]

Crédit photographique de couverture : Hélène Guis, 2008

® CIRAD, 2009ISBN : 978-2-87614-662-4EAN : 9782876146624ISSN : 1620-0705Dépôt légal : 4e trimestre 2009Tirage : 35 000 exemplaires