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La fin du Creusot ou l’art d’accommoder les restes, Octave Debary Résumé : En une génération, plusieurs formes muséographiques ont accompagnées la fin d’un système paternaliste et la perte du travail. L’impossible exposition des objets industriels a mené à une nouvelle forme muséographique : celle de l’Ecomusée. On expose ici des homme et non des objets, dans un musée vivant… Ce musée aura permis de raconter son histoire, de se constituer une mémoire puis, un musée traditionnel est venu remplacé l’écomusée… Le temps que le musée a mis pour exposer son histoire est le même que le passé a mis pour se constituer en mémoire… mais n’est-ce pas le propre de ce type de musée que de venir trop tard ? La théâtralisation de son oubli est-elle la seule reconversion possible pour l’industrie ? Les visites de musée sont svt décevantes, nous donnant l’impression de nous montrer que des restes. Les musées exposent des objets qui sont excuse à la théâtralisation. Depuis 1780 puis depuis l’arrivé des Schneider au Creusot en 1836, on peut se demander quelle histoire écrire : celle d’un fief du capitalisme écrasé par la féodalité ou celle d’une paternalisme réussi ? Après 1970, le déclin industriel et la mort de Charles Schneider (4 ème génération au Creusot), la question se renverse et le partenalisme est démantelé. La fin du travail annoncée mène les pratique industrielles à se transformer en pratiques « culturelles et patrimoniales ». On ne produit plus, on raconte. Il y a trop de restes (matériels et humains) pour que l’on brûle tout sans que cela pose de problème. On envisage alors de mettre tous les restes dans une grande boîte, de faire un musée. Pourtant, les gens constituent une trop grande part des restes pour que l’on puisse envisager un musée comme les autres. La solution est alors de faire un musée vivant avec des gens qui racontent leur histoire, pour l’oublier. En racontant leur histoire, à l’échelle de la ville donc de l’entreprise, les gens vont la mettre en scène, le rejouer, la reformuler, la dépasser… dans un grand spectacle de l’oubli ! L’histoire du Creusot est l’histoire d’un oubli ! 1.A Schneider : une famille, une entreprise, une ville ? En 1836, les frères Schneider arrivent au Creusot, village de 800 habitants regroupant mines, forges et fonderies. Le sol est riche en minerai de fer et en houille mais plusieurs entreprises ont fait faillite successivement. L’entreprise des Schneider, par son expansion rapide, va devenir l’une des plus importantes de France au XIXe. Pendant 4 génération, le destin ce cette famille sera lié à celui de la ville. En 1836, ils créent une société en commandite par actions et en deviennent gérants et responsables. Les intérêts de la famille sont alors liés à ceux de l’entreprise et cette confusion naît la tentation historiographique de réduire l’histoire du Creusot à celle des Schneider. L’entreprise est une « usine intégrée » qui fonctionne de l’extraction à la transformation des métaux (rails, tôles, ponts, locomotives, machines, armes…). La particularité des Etablissements Schneider repose sur l’organisation de son système de production : ils ont tout construits des écoles aux hôpitaux en passant par logements, loisirs, églises…. Les populations rurales sont alors éduquées par eux et logées dans un habitat pensé autour de

La fin du Creusot ou l’art d’accommoder les restes,La fin du Creusot ou l’art d’accommoder les restes, Octave Debary Résumé : En une génération, plusieurs formes muséographiques

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La fin du Creusot ou l’art d’accommoder les restes, Octave Debary

Résumé :En une génération, plusieurs formes muséographiques ont accompagnées la fin d’un systèmepaternaliste et la perte du travail. L’impossible exposition des objets industriels a mené à unenouvelle forme muséographique : celle de l’Ecomusée. On expose ici des homme et non desobjets, dans un musée vivant… Ce musée aura permis de raconter son histoire, de seconstituer une mémoire puis, un musée traditionnel est venu remplacé l’écomusée… Le tempsque le musée a mis pour exposer son histoire est le même que le passé a mis pour seconstituer en mémoire… mais n’est-ce pas le propre de ce type de musée que de venir troptard ? La théâtralisation de son oubli est-elle la seule reconversion possible pourl’industrie ?

Les visites de musée sont svt décevantes, nous donnant l’impression de nous montrer que desrestes. Les musées exposent des objets qui sont excuse à la théâtralisation.Depuis 1780 puis depuis l’arrivé des Schneider au Creusot en 1836, on peut se demanderquelle histoire écrire : celle d’un fief du capitalisme écrasé par la féodalité ou celle d’unepaternalisme réussi ? Après 1970, le déclin industriel et la mort de Charles Schneider (4ème

génération au Creusot), la question se renverse et le partenalisme est démantelé. La fin dutravail annoncée mène les pratique industrielles à se transformer en pratiques « culturelles etpatrimoniales ». On ne produit plus, on raconte. Il y a trop de restes (matériels et humains)pour que l’on brûle tout sans que cela pose de problème. On envisage alors de mettre tousles restes dans une grande boîte, de faire un musée. Pourtant, les gens constituent unetrop grande part des restes pour que l’on puisse envisager un musée comme les autres.La solution est alors de faire un musée vivant avec des gens qui racontent leur histoire,pour l’oublier. En racontant leur histoire, à l’échelle de la ville donc de l’entreprise, lesgens vont la mettre en scène, le rejouer, la reformuler, la dépasser… dans un grandspectacle de l’oubli ! L’histoire du Creusot est l’histoire d’un oubli !

1.A Schneider : une famille, une entreprise, une ville ?

En 1836, les frères Schneider arrivent au Creusot, village de 800 habitants regroupant mines,forges et fonderies. Le sol est riche en minerai de fer et en houille mais plusieurs entreprisesont fait faillite successivement. L’entreprise des Schneider, par son expansion rapide, vadevenir l’une des plus importantes de France au XIXe. Pendant 4 génération, le destin cecette famille sera lié à celui de la ville. En 1836, ils créent une société en commandite paractions et en deviennent gérants et responsables. Les intérêts de la famille sont alors liés àceux de l’entreprise et cette confusion naît la tentation historiographique de réduirel’histoire du Creusot à celle des Schneider.L’entreprise est une « usine intégrée » qui fonctionne de l’extraction à la transformation desmétaux (rails, tôles, ponts, locomotives, machines, armes…). La particularité desEtablissements Schneider repose sur l’organisation de son système de production : ils ont toutconstruits des écoles aux hôpitaux en passant par logements, loisirs, églises…. Lespopulations rurales sont alors éduquées par eux et logées dans un habitat pensé autour de

l’usine. Le Creusot apparaît alors comme une sorte de terre féodale où les lotsentoureraient le réserve du maître. C’est ce que les historiens désigne par le paternalismeindustriel : le bonheur du peuple ne peut être dissocié de la réussite de l’entreprise. LeCreusot est alors désigné comme une ville-usine dont le centre est l’usine. Les édifices publicscréés par les patrons assurent les axes de liaisons entre les quartiers… La ville est ainsidépendante de l’usine et la scolarisation par ex. assure qu’une réserve de travailleurs soitformée. L’omnipotence des Schneider est marquée par des monuments : statue dans chaqueforge, château habités par la famille. Leur présence est aussi religieuse : chaque Schneiderdonne son prénom à une église. Les postes importants, politique y compris, sont occupés parles membres de la famille et les proches. Scheider est à la fois une famille, une ville et uneentreprise. En 1856, une pétition demande même que le Creusot devienne Schneiderville.Avec son expansion, l’entreprise va s’étendre hors du Creusot… En 1930, sur 125000employés, seul 10 000 le sont au Creusot. En 1960, le groupe regroupe 40 sociétés, 2 milliardsde chiffre d’affaire, 65 000 personnes.

La mort de Charles SchneiderEn 1960, Charles Schneider meurt sans descendance masculine directe. Déclin annoncé oucoup du destin, le capital de l’entreprise est divisé à la mort de l’homme. Le démantelementdu paternalisme va suivre. Une réorientation de la politique indstrielle du site du Creusotcommence et le Groupe Schneider devient une S.A..

1.B

Dons

Un marteau-pilonLe marteau-pilon à vapeur a été breveté au Creusot. D’abord il impressionne par sa tailleimmense et on accourt pour le voir (1841), il est ensuite dépassé et mis de côté (années 1960).En 1969, il est sorti de l’usine est érigé dans la ville, consolidant sa dimensionmonumentale et historique. Ainsi, la ville érige une preuve de son histoire glorieuse.L’industrie se débarasse ainsi de “restes trop encombrants“ en en faisant dont à lamunicipalité. Ce transfert, par une déprivatisation, en préfigure d’autres. Alors quel’usine se désengage de la production, la ville va progressivement se transformer enmusée.

DémantèlementL’année 1970 est un tournant : l’absence des Schneider à la tête du groupe mène à la vente detous les actifs non-industriels : écoles, logements, églises, hôpital… Les pouvoirs publics lesrecupèrent. Le changement est radical car l’usine possédait les 3/4 de la ville. Lesprofesseurs… doivent repasser des examens pour pouvoir entrer dans l’éducation nationale…En 1970, le groupe n’est pas en phase de déclin et le désengagement dans le non-industrielsignifie simplement la fin d’une logique qui superpose l’accumulation d’un capital en un seulendroit.

Un châteauLe château de la Verrerie, jusqu’alors résidence des Schneider, devient aussi une propriétémunicipale. L’histoire se dévoile car il était un lieu caché, un lieu de pouvoir, un espacefermé. Les grilles étaient surveillées, le lieu intriguait… L’importance du château provoqueun embarras chez le nv propriétaire : il est impossible d’investir cet espace… on ne

trouvait pas de projet adéquat car on n’avait jamais pensé que château et usine puissent êtredissociés. L’oubli semble impossible ! Comment concilier un symbole patronal avec unenvlle dimension publique ? La municipalité décide alors de conserver le château en enfaisant un musée.

2.A

Un projet de musée

En 1970, alors que les Schneider refusent d’aider à reconstruire un théâtre dans la ville, onprend conscience qu’il faut faire évoluer la ville par rapport à l’industrie. On se rend comptequ’il se passe des choses nouvelles dans la ville, et un centre d’action culturellle sont créés.Lyonnet, premier président de ce centre, deçu par son conformisme, tente de réaliser dans leprojet du Musée au Château de la Verrerie ce qu’il ne trouve pas au centre. Il fait appel àune personne extérieure, Marcel Evrard qui présente des expositions sur l’art africain.

La municipalité demande à Marcel Evrard, qui a travaillé au Musée de l’Homme de Paris des’occuper de ce musée. Il est à la recherche d’un lieu pour exposer son travail autour de l’artet la mairie lui propose un centre d’accueil en échange de sa participation au musée. Cettelogique va mener à une approche conciliant histoire industrielle et approche artistique. En1971, la municipalité passe une convention avec Evrard pour la création d’un Musée del’Homme et de l’Industrie. Il fait une rencontre décisive avec Hugues de Varine

Les prémices d’une démarche politique

Le musée futur a besoin de la caution des élus, érudits, associations et enseignants locaux.Varine pense que le musée doit d’abord être associé à la population. La mobilisationrecherchée est pourtant un échec. Incrédulité, indifférence, cynisme voire mépris dominent etle musée est perçu comme une dépense inutile. Le musée semble dans une impasse : ilarrive même encore à Lilian Schnieder d’occuper une partie du château alors qu’il a étévendu à la municipalité : elle téléphone à la concierge et lui dit “préparez mes appartements,j’arrive demain !“. Evrard et Combier (futur président du musée, opposé aux Schneider)prévoient non seulement de récupérer les lieux mais également d’exposer des objets, lesmeubles des Schneider… Evrard pensait créer une fondation Schneider et demander à lafamille de tout léguer. Pourtant, ces legs sont impossibles : on ne se dépossède pas de sonhistoire aussi facilement… c’était une coupure effrayante entre la famille et les lieux.Personne n’arrive à demander clairement à Mme Schneider de quitter les lieux.Le départ définitif des Schneider du château coïncide avec l’entrée de Marcel Evrard. En1972 ont lieu les premiers travaux pour transformer la demeure en musée.

Faire un musée ?

Les difficultés de transformation du château se fondent sur le refus de faire entrer ce quivit tjs dans une temporalité muséale ! L’usine fonctionne encore et c’est là que l’histoires’écrit, pense-t-on alors. On refuse de transférer l’histoire des humains vers des objets. Ilest ici question de la mort d’un temps délégué aux objets… Les humains sont dépossédésde l’histoire en les objets doivent la raconter ! Pourtant, au Creusot, ni l’usine et les

Schneider ne sont morts ! On se demande alors ce que l’on va bien pouvoir exposer à laVerrerie.

2.B

Un instrument de développement communautaire

En l’absence d’objet à exposer, le musée va déplacer son objet. En 1970, le Creusot opèreun regroupement intercommunal et le projet du musée est élargi. Deux bases sont lancées :marquer la fin du paternalisme et créer un outil pour faire naître la communautéurbaine.

Versune évolution culturelle

Le musée va s’affirmer comme un instrument politique dont Hugues de Varine, dans unemouvance mondiale de redéfinition du rôle et des principes des musées, sera l’un desprincipaux penseurs. On veut d’un musée révolutionnaire, décolonisé culturellement. Varinecroit en une révolution culturelle, à une lutte des classes culturelle. L’utilisation deressources humaines et du patrimoine doit servir au développement communautairecontre l’impérialisme culturel. Il veut également coupé les liens entre dirigeant et dirigé.Libérer l’homme dans les musées revient alors à libérer les objets. Au Creusot, son premierprincipe est de faire correspondre l’espace du musée à celui de la Communaté Urbaine :le bâtiment est remplacé par un territoire, celui de la communauté. La communauté toutentière constitue un musée vivant dont le public est en permanence à l’intérieur : lemusée n’a pas de visiteur mais des habitants ! Tous les objets se trouvant dans lacommunauté font également partie du musée. Il faut des acteurs à cette révolution et lapopulation va être mobilisée par ses membres les plus actifs (ses leaders).Marcel Evrard, de son côté, s’occupe de la part artistique. Il veut mettre en place desdispositifs pour que les gens réfléchissent au travers de l’art, que l’invisible devienne visible.Le musée devient alors un musée des questions où l’objet est le monde du travail qui estquestionné dans son rapport à l’art. La libération de l’objet, là encore, devient la libérationde l’homme (du paternalisme NDM).Le projet du musée, selon ces principes, devient plus ambitieux et grandit.

3.A

Une histoire impossible, un musée impossible : l’Ecomusée

La volonté de promouvoir un travail en association avec la population implique des structuresdifférentes des musées habituels. Les conditions d’une révolution par le musée engagentune révolution du musée. Un cadre administratif composé de 3 comités est créé :1. Un comité des usagers (représentants de la population)2. Comité scientifique (recherche…)3. Comité de gestion (financement, administration)

Les ambitions révolutionnaires du projet et les exigences de reconnaissance (pour avoirdes subventions) locales et nationales en font un musée radicalement nouveau. Mais est-ce encore un musée ? L’idée est qu’un musée de territoire ne doit pas avoir de

collection… les autorités muséales répondent qu’un musée sans collection n’est pas unmusée. Au Creusot, les syndicalistes refuse de faire un musée d’une histoire encorevivante et, au plan national, le concept n’est pas accepté. Le projet doit alors trouver unautre modèle muséal. On imagine alors un projet qui puisse servir de caution et onl’appelle écomusée. Sa tutelle est confiée au Ministère naissant (dans un flou institutionnel)de l’Environnement. Le musée du Creusot prend le nom “d’Ecomusée de la CommunautéUrbaine du Creusot-Montceau-Les-Mines“. Mais que veut dire cette nouvelledénomination ?

Le recours à l’ethnologie

Avant même qu’il n’est des objets à exposer, le musée du Creusot est déjà un muséed’ethnologie. C’est Henri Rivière qui introduit l’ethnologie au Creusot où il voit une façond’appliquer un savoir muséographique réservé jusque là au monde rural, à l’histoireindustrielle. On s’inspire en ffet de la muséographie du monde rural de l’époque : lesmusées en plein air, les écomusées.

Le trajet des écomusées

Ces musées en plein air correspondent à la volonté de créer à Paris un musée centralisé desarts et traditions populaires. Ce projet hante la muséologie du XXème dont Rivière. Cemusée, pour Rivière participe à la volonté de dépasser les différences de classes. La valeur dela société traditionnelle semble grandir car, plus le passé disparaît, plus sa valeur grandit.L’ethnologie semble condamnée à découvrir son objet au moment où il disparaît.Les premières expériences de musées ouverts en Europe datent de 1870 (Stockholm et lemusée Nordique, bois de Boulogne…). On cherche à proposer aux villes des espaces de loisirtouit en animant des secteurs ruraux en déclin.La politique de sauvegarde des objets de l’ethnologie peut être comparée à la sauvegarde de lanature. L’écologie mène à l’écologie de l’homme. Varine trouve le terme d’ecomusée pourlier concept de nature et de musée en plein air…

La participation de la population comme acte de conservation

Les musée en plein air, dans des parcs naturels, existent à l’époque (1970). Hugues deVarine, uniquement pour tenter de faire reconnaître son projet, fait des notes bidon quitentent de faire du Musée de l’homme et de l’industrie un écomusée, de part saproximité avec la parc du Morvan !Rivière tente de définir l’écomusée : entre écologie naturelle et humaine, l’écomusée secompose d’un “musée de l’espace“ ouvert et d’un “musée du temps“ couvert. La questioncentrale de la participation de la population est également posée : on pense ne paspouvoir travailler sans sa caution.En 1975, Rivière définit encore différemment l’écomusée : un musée pas comme lesautres tripartite (conservatoire, laboratoire, école) construit par des experts et unepopulation. Rivière refusera pourtant, qqs années plus tard, la mise en place de statuts quiauraient permis aux usagers de définir et réaliser les projets du musée. L’idée un peuutopique de Rivière est d’avoir non pas des figurants mais des vrais exécutantscontinuant é vivre normalement ! Rivière, de façon contradictoire rappelle la nécessitéd’éviter de muséifier les populations.

3.B

L’écologie industrielle : recyclage

Le musée du Creusot devient un écomusée. Ses statuts le définissent comme “essentiellementécologique“. La communauté urbaine fait office de parc et son histoire de nature. Cetteterminologie permet de nier qu’il s’agit en fait de du passage de l’histoire industrielledans le domaine muséal. Personne ne veut voir dans ce musée l’annonce d’une fin du travail.La résidence des Schneider s’ouvre au public mais ces espaces restent marqués par laforce d’un interdit et peu osent y mettre les pieds… l’ombre des Schneider y traîneencore.Les premières expositions de passage, avant l’exposition permanente au château, permet auxcreusotins, sous des prétextes écologique (expositions sur les arbres…) d’entrer au château.Les gens viennent alors plus pour découvrir le château que les expositions.

Un musée vivant

Les objets matériels sont presque totalement absent de ces expositions prétextes. Ledébut de leur collection s’appuie sur la mobilisation de personnes susceptibles de les apporteret d’en parler. Contrairement aux musées en général, où les objets qui y entrent perdentleur valeur d’usage, leur utilité (et où il faut par conséquent remettre en scène leurhistoire), la population du Creusot participe à sa propre muséographie (l’histoireexposée n’est donc pas morte). On ne veut pas faire de la population des figurantsfolkloriques mais véritablement les faire coopérer. On ne veut ni de conservateur ni de publicmais d’habitants-acteurs qui sont plus de 100 000.Entre 1973 et 1975, des expositions se développenet et on met en place un musée “éclaté“ surles 16 communes de la Communauté Urbaine.Varine s’intéresse avant tout aux gens et est svt en conflit avec Rivière qui ne s’intéressequ’aux objets, comme un ethnologue.L’écomusée est propriétaire d’une combe de mineurs et de ses 20 logements pour leschercheurs de terrain (plus 29 habités par la population). Les logements sont vraiment habitéset l’écomusée fonctionne comme une gérance. La finalité de l’écomusée est trouble… on sedemande où va Evrard. … En 1974, l’exposition permanente de l’écomusée racontel’histoire de la Communauté Urbaine et prend définitivement la place des Schneider auchâteau de la Verrerie.

Une exposition permanente évolutive

L’expo. Permanente s’appelle “l’espace de la communauté à travers les âges“. Certains objetsy sont mis en dépôt par les habitants. Elle se fait sur le modèle de ce qui se fait au Musée desArts et Traditiosn Populaire à Paris. A la place d’une histoire récente et inconnu, on exposesavamment la généalogie des sols et celle de l’humanité depuis ses origines. L’objet estalors comme un fragment de texte que l’on lit. Elle se veut “une exposition évolutive“ :l’atemporalité de l’exposition est la condition de sa permanence. On ne trouve aucunemention aux conditions de travail de ouvriers et des luttes des XIXe et Xxe. L’expositionmontre l’absence, l’oubli : rien n’est dit de l’industrie, il ne fait que d’exposer une

résidence patronale vide… le but de cet objet (le château) est de montrer une absence :celle des Schneider.

4. A

L’apogée d’un écomusée

L’Ecomusée veut être un objet pédagogique et l’ethnologie va l’aider à se reconnecter avecson objet : la population de la communauté urbaine. Le château de la Verrerie est présentécomme un lieu de patrimoine alors que l’usine fonctionne encore : fin des années 70,l’Ecomusée est dans une position contradictoire. L’Ecomusée état alors tout sauf un site…Il expose des usines en activité, trace d’un passé encore vivant. Bcp de chercheurss’intéressent alors au Creusot, comme si l’objet perdu ou en train de l’être acquérait de lavaleur. On parle alors de “contre-esthétisme“. Le Creusot possède une beauté uniquementparce qu’il n’est plus ! Les musée exposent des morts et l’esthétique industrielle sedécouvre au moment ou l’industrie meurt. La séduction de l’Ecomusée repose surl’attrait des rencontres qu’il permet.. c’est un musée vivant… on peut encore yrencontrer ce qui va disparaître (en ce sens, c’est un zoo NDM). Le musée invite lapopulation à s’investir, à s’auto-éduquer. Avec plus de 40 000 adhérents et 200associations, l’Eomusée devient un vrai parlement… avec des ambitionsrévolutionnaires. En plus de vouloir associer la population à son fonctionnement, l’Ecomusée oriente son discours contre le paternalisme. Pourtant, l’exposition permanenteévite tout conflit en ne traitant pas du sujet et les dirigeants de l’usine s’en étonne. Pour garderleur confiance, Evrard s’engage à créer un autre musée sur l’Usine dans des vieuxateliers : le Musée des réalisations industrielles de la Communauté Urbaine. L’Usine, parpeur de ne pas être bien représentée, interdit toute modification des lieux mis àdisposition… après un château encore “habité“, voilà un autre musée impossible.

La promotion de la culture ouvrière

La seule promotion que l’Ecomusée assure à l’Usine repose sur la dénonciation de sonhistoire. Evrard veut associer la création artistique et l’esthétique industrielle… ce qu’ilfait dans des expositions comme “la représentation du travail“. Au Creusot, l’art etl’histoire se pensent à partir d’objets qui rompent avec la muséologie classique par leurnature ou leur mise en exposition. La rupture se produit par la présence d’objetsétrangers ou détournés. Ainsi, à la fin des années 1970, l’Ecomusée devient une référence(muséologie, universitaires… du monde entier). Le Creusot devient un lieu de passage et deréunions, un sanctuaire de travail sur le monde ouvrier et les signes de reconnaissnce semultiplient. C’est lors de sa visite au Creusot que le ministre Philippe Lecat annonce lacération d’une branche etnologique au sein de la direction du patrimoine ! L’Ecomuséerévolutionne la hiérarchie des objets dignes d’être conservés… son travail (expositions,colloques, recherches…) apparaît alors comme révolutionnaire.

Investissements culturels

L’Ecomusée publie également un bulletin, Milieux, premier à s’intéresser entièrement àl’histoire industrielle. En 1981, un centre de formation voit le jour au Creusot. L’ambitionest de restituer leur culture aux ouvriers. Le gouvernement veut, au même momentdéhiérarchiser le patrimoine, passer d’un patrimoine élitiste (traditionnellement lesmonuments historiques) à un patrimoine plus populaire.

4.B

Les débuts d’une révolte des objets

Dès la création de l’Ecomusée, une polémique est pourtant engagée : on dénonce unintellectualisme où chacun pourrait être fier de sa propre misère, ses objets étant nonseulement utiles mais aussi artistique (alors une nouvelle forme de paternalisme NDM).Varine se défend en disant qu’il ne veut pas faire des hommes des objets mais aucontraire, transformer des hommes devenus objets par l’évolution industrielle en sujets.Cette polémique révèle une tension intérieure : en se définissant comme un “anti-musée“, sa logique le projette dans un “tout-musée“ (dans un musée sans conservateuret sans visiteur tous les habitants deviennent conservateurs). L’Ecomusée nerévolutionne pas les principes classiques de muséologie mais les rend simplementdémocratiques ! D’ailleurs, la proclamation d’une participation de la population cacheen réalité celle de “leaders“, de “représentants“ et le fonctionnement démocratiquen’existe en réalité pas !La distance entre l’Ecomusée et son objet (le monde du travail) existe bel et bien :l’Ecomusée n’a ni historien ni sociologue mais un ethnologue et le tentation d’étudier lesouvriers comme des objets encore vivants est forte.Les matériaux d’enquête sont vivants et Evrard affirme que les ouvriers peuvent mieuxque d’autres contrôler le savoir produit par les universitaires, réaliser les expositions, lesfaire visiter… Evrard présente, lors des colloques, de “véritables travailleurs“, commede véritables objets ! Enfin des objets qui parlent grâce à une nvlle muséologie !

Trouver les acteurs

L’équipe de l’Ecomusée doit mobiliser la population comme “acteurs“ : on choisissait unthème puis on recherchait des gens correspondant à ce que l’on voulait montrer.Les membresde l’équipe deviennent alors les objets de leur propre travail ! Evrard les présentaient (lesmembres de la populations qui travaillent au musée) comme dans un zoo. Les acteurs del’Ecomusée, aux colloques, dans les bureaux… deviennent les objets de leur propre miseen scène ! Cette analyse devait montrer comment le paternalisme avait empêcher lacréation d’une classe intermédiaire entre l’instance patronale et les employés (enengageant des authentiques travailleurs pour travailler dans un musée, on montre querien d’autre n’existe au Creusot NDM). La plupart des persones mobilisées par l’Ecomuséeont les mêmes origines : catholiques de tradition syndicale CFDT (plutôt que de la CGT quicomptent surtout des protestants qui refusent de participer à l’Ecomusée). Il a des prémissesde formation d’un syndicat pour les employés de l’Ecomusée mais, après être passé dans lebureau d’Evrard, les gens retirent leur candidature !

4. A

Déplacement successifs et temps des crises

Une statue rangéeA la fin des années 1970, le démantèlement du paternalisme permet l’apparition d’une classepoliticienne jusqu’alors absente à cause du contrôle patronal. Un socialiste, Camille Dufourest élu maire. Il a la lourde tâche d’assurer la transition d’une ville où l’entreprise principalese désengage. La mairie était quasi vide… tout était à construire. On ne peut se permettreune rupture totale et brutale entre municipalité et Usine : on cherche une transition, undésengagement progressif. On veut faire du château un espace publique, un parc… En 1979,on détruit les murs de 6m qui protégeaient l’enceinte du château. Le Creusot se transformeet range progressivement ses signes patronaux pour faire place à l’espace publique. Unestatue d’Eugène Schneider, sur la place du château, représentant l’homme qui désignedu doigt l’enfant d’une femme, le futur ouvrier est déplacée. Ce déplacement devait sefaire, même sans prendre en compte l’aspect symbolique : la statue prenait une place énormeen plein centre d’une place en pleine restructuration… mais c’est le tollé dans la ville : on dit“on veut faire disparaître les Schneider.Le réaménagement de cette place créé enfin un centre au Creusot qui n’avait d’autrecentre que l’usine, le travail : pas de place publique, pas de centre marchand…

L’Ecomusée dérange

L’expansion des activités de l’Ecomusée participe à ce réaménagement. Les tensionsannoncent la rupture définitive entre Ecomusée et usine qui prendra place dans les années 80.L’usine refuse l’accès aux ateliers et aux archives aux membres de l’Ecomusée. Début desannées 1980, la revue Milieux, lieu de dénonciation du paternalisme, empêche tout travail encommun. Des articles dénonçant la façon dont le Creusot a été dirigé par les Schneiderpar l’intermédiaire d’instances non-productives (écoles, sport, musique, religion…) etdisant que les hommes sont produits pour et par l’usine, déclenchent de vivespolémiques. La direction de l’usine demande à Evrard la démission de l’auteur… celui-cirefuse bien entendu. L’Usine réclament alors les objets qu’elles a confié à l’Ecomusée et exigele retrait de l’exposition permanente. Les objets repris sont les plus intéressants mais, sanspanique, on réorganise les vitrines. Certains démissionnent, contestant la dimension militantedu musée.

Le déplacement des conflits. L’histoire d’un sacrifice

La reconnaissance et le succès international (muséologique et universitaire) de l’Ecomusée seconstruisent en même temps que les conflits locaux. L’Ecomusée se construit comme un lieude référence, révolutionnaire et contestataire face au capitalisme représenté par lepaternalisme des Schneider. En racontant l’histoire, on la rejoue et les conflits de l’histoirese déplacent dans l’Ecomusée lui-même. Le château devient la scène d’une théâtralissationde la destitution des Schneider. En construisant tous son discours contre le paternalisme,Evrard recrée pourtant une structure très paternaliste : on se sent en famille et tout lemonde l’admire. En pleine crise, plusieurs collaborateurs préfèrent alors partir plutôtque de critiquer l’autorité d’Evrard. Pourtant, on critique le fait qu’il n’est rien fait devraiment innovant et on remet en cause la participation de la population. On critiqueégalement son paternalisme, sa faculté à délégué et à ne rien faire et le fait qu’il n’y ait

pas de syndicat au musée. Une crise, presque un conflit de génération a alors lieu.Officiellement, Evrard quitte ses fonctions pour mauvaise gestion (on dit vouloir avoir unecomptabilité plus stable) mais en réalité, les « enfants » qu’il a fait grandir n’ont plus besoinde lui ! Autre aspect paternaliste d’Evrard, il avait engagé une partie de ses fondspersonnels dans le musée. Evrard parle même du musée comme de « son enfant ». Il apeur de voir l’idée d’Ecomusée disparaître avec son remplacement.

Le règlement politique d’une affaire

En 1984, la crise est à son comble, l’affaire fait scandale dans la presse (on parle de muséealibi…) et il n’y a qu’une alternative : la disparition de l’Ecomusée ou le départ d’Evrard. Ladirection des Musées de France exige que l’Ecomusée se développe comme un muséeclassique. La résonance nationale et les collections de l’Ecomusée empêche sa fermetureet on fait comprendre à Evrard qu’il faut partir. Il part discrètement en 1986.

5. B

La confusion des crises

On confond alors crise de l’Ecomusée et celle du Creusot. L’Ecomusée est devenu unmodèle de contre-pouvoir culurel à mesure que le pouvoir politique cherchait des formes decompensation au déclin de l’industrie. En 1984, l’histoire de l’Usine et celle de l’Ecomuséese rencontrent : l’Ecomusée est en crise au moment même où Creusot-Loire va déposerson bilan. Pour la plupart des gens, cette concordance relève du hasard (en réalité, l’histoireexposée n’est pas morte donc on est exposé à ses aléas NDM).Le drame industriel duCreusot permet d’oublier les problèmes de l’Ecomusée. On n’ose pas lier l’histoire de cesdeux entreprises car les enjeux sont incomparables et on oubli ainsi l’Ecomusée.Hugues de Varine regrette le manque de réactions de l’Ecomusée au moment oùl’industrie disparaît. Il lui reproche de ne pas avoir su s’adapter aux questions qui seposaient alors, le chômage et la reconversion. La crise interne du musée s’est déclanchéeindépendamment de la crise de la ville.L’entreprise emploie près de 30 000 salariés et son dépôt de bilan est une affaire d’état.Laurent Fabius prend position lui-même, indigné du règlement judiciaire que vient deprononcé le Tribunal de commerce de Creusot-Loire. Près de 10 000 personnes sont touchéesdirectement par cette liquidation. Des entreprises se partageront les reste de Creusot-loire et legroupe Schneider défait d’un secteur industriel en déclin.Pour éviter une fermeture annoncée, la ville du Creusot se mobilise, les manifestations semultiplient. La mise en faillite apparaît comme scandaleuse car le groupe Scheider S.Ane sacrifie rien en dehors de sa filiale Creusot-Loire et quitte le Creusot alors qu’il nesouffrait que d’une insuffisance en fonds propres (dus notamment à sa filialeaméricaine). L’avenir du Creusot est pourtant laissé é des repreneurs et à la charge del’Etat.On ne peut lier l’histoire de l’Ecomusée et celle de l’Usine : leurs crises sont concomitantesmais ne se confondent pas. Il ne faut pas oublier que, dès le début, le musée s’est construitsur les cendres d’un système industriel. Pourtant, l’objet principal du musée, lepaternalisme, s’éloigne de plus en plus et, avec sa mort, c’est la mort du musée.Mais sonenjeu n’était-il pas justement d’accompagner la fin de l’industrie en théâtralisant ladestitution du paternalisme sur la scène muséale ? Après 1985, une page est tournée et

on peut passer à un autre musée, un musée normal (l’objet est mort donc on peutl’exposer normalement NDM).

6. A

Le partage de l’histoire

En 1985, Le Creusot gère les reste de l’entreprise qui l’avait construit. L’industrie estrestructurée… et Evrard quitte le Creusot. Le site de la Verrerie se réorganise et les archivesdeviennent un nouvel objet pour le musée.

BourdonUn groupe d’ingénieur, à cette époque, récupère des archives pour fonder, à côté del’Ecomusée, leur propre œuvre de mémoire. Georges Charnet prend en main le projet avecle soutien d’industriels qui lui cèdent des locaux sur le site de la Verrerie.Ce groupe est en opposition avec l’équipe de l’Ecomusée. Leur histoire met surtout en avantla dimension technique et le nom de Bourdon, inventeur du marteau pilon est choisi pourcette Académie. Leur objectif est de sauvegarder les archives de la grande industrie et lesindustriels font de Bourdon ce qu’ils n’ont pas pu faire à l’Ecomusée : une vitrine deleur histoire. Dans une salle annexe du château de la Verrerie, une exposition permanente (Lemétal, la machine et les hommes) est montée. Tout est basé uniquement sur l’histoiretechnique. Les objets techniques ne revendiquent rien et on ne parle plus de social. Laséparation entre l’Ecomusée et l’Académie reproduit la séparation entre le monde connu(technique) et le monde de l’esprit (sciences sociales). Les humains sont séparés des non-humains, les sujets des objets. Le travail de conjonction entre les deux structures est assuréepar un tiers.

Tourisme industriel

L’association pense qu’un “tourisme du handicap“ est possible, qu’une ville noire se visiteaussi… que l’on se presse pour voir des ruines parce que ce sont des ruines. Une vingtainede personnes sont engagées comme guides, essentiellement des préretraités de Creusot-Loire.On ne veut pourtant pas faire de “spectacle vivant“ ! On espère accueillir 100 000 visiteur en1987 et on se réjouit de pouvoir reconvertir qqs personnes qui vivent mal leur retraite forcéequi resteront ainsi dans “leur monde“. Les membres du Tourisme industriel ont presque tous lamême origine : un niveau “moyen“ qui garantie une certaine neutralité.

Tourisme

Des classes viennent voir ce site industriel “presque encore vivant“. On fonctionne surl’évocation car on a plus de machines à montrer… Deux visites et deux histoires secotoient : celle de l’Académie et celle de l’Ecomusée. Il faut alors prendre position entrel’histoire des ingénieurs et celle des ouvriers… chacun refait son histoire.

Le musée Schneider

Dans ces musées, il manque un acteur : la famille Scheider à partir de l’absence de laquelles’est construit ces musées.

Un musée d’usine

Les musées d’entreprises permettent le transfert et la redéfinition de la présentation del’usine vers l’extérieur : des vitrines “propres“ de produits taisent leurs conditions defabrication. Ainsi, les conflits peuvent être déplacée hors des lieux de production. De nbxmusée de ce type existent mais, au Creusot, la mort de Charles Schneider scellel’impossibilité de réaliser un tel musée d’entreprise. En 1982, l’Ecomusée récupère deslieux et des objets que l’Usine lui avait d’abord retirés en prenant comme prétexte uneexposition réalisée par la direction de l’entreprise : une sorte de musée d’usine existeradonc pendant 2 ans avant la fin de l’Usine. Depuis, l’Académie Bourdon a repris letravail, dans un musée d’usine sans usine !

6.B

Dominique Scneider et Dominique Schneidre, une histoire de littérature

Si l’écriture de la famille Schneider ne peut plus s’écrire au Creusot, elle s’écrira ailleurs. Unefille de Charles Schneider, écrivain (qui signe Schneidre), écrit des histoires qui mettent enscène ses problèmes d’identité : est-elle d’eux ou seul. leur descendance ? Elle met enaccusation le passé dans Atteinte à la mémoire des morts, où le nom “Stahl“ (acier) remplace“Schneider“ et “Carrière“ “le Creusot“. La ville se confond avec l’usine. Maxime, personnagede fiction qui devient responsable de l’empire à la mort de son père se réfugie dans un garageen forme de U (comme le château) qui devient une métaphore d’un repli. Un personnage sedemande comment quitter un lieu qu’elle n’a plus, comment oublier l’histoire duCreusot… comme pour le musée, il lui reste les objets. Elle pose la question de savoir quelmusée faire, quelle mémoire construire… elle pense qu’il faut un musée qui exposentl’ensemble des rapports entre sa famille et les ouvriers, et pas seul. ceux de la lutte desclasses. L’existance d’un musée semble être un problème pour elle : la mémoire n’estplus à construire car l’histoire est déjà faite, exposée par les objets du musée. Beaucoupde Creusotins ont réfuté cette façon d’exposer l’histoire… Dominique Schneider dit que toutce qu’elle signe sous le nom de Schneidre n’est qu’une fiction. Les lecteurs du Creusot onteu de la peine à accepter cette histoire fictive car ils s’en sentent exclus. Le but del’écrivain est pourtant de négoier dans l’cériture l’oubli d’une histoire, en en faisant unenouvelle à partir des restes.

Ethnologie et littérature

La fiction, ou l’ethnologie, produit-elle une vision fausse (évidemment NDM : drôle dequesiton) ? Un récit ethnologique participe à l’idée de construction de soi par la fiction. Lalégitimité d’un récit réside pourtant aussi dans sa possibilité d’être partagé, compris et discuté.

L’anthropologue comme auteur

Si l’on dépasse les frontière de la science, ou que l’on ne correspond plus à ses critères, on estclassé dans le littérature et plus la science. Adh, les ethnologues postmodernes s’en jouent,reconnaissant une place littéraire à l’écriture ethnographique. Les limites de l’auto-justification de la discipline sont posées car adh, tout ethnologue sait qu’il sera peut-être lu unjour par l’un de ses sujets d’étude. Les exigences sont alors élevées.

L’épreuve écriteDans l’écriture l’identité scientifique de l’auteur et la domestication de son objet se pose. Latentation littéraire est toujours grande et certains dérogent aux règles anthropologiquesclassiques.

7. A

La fin de l’histoire commence : les débuts d’un musée

Le musée impossible des annés 70 s’engage dans une transformation après le départ deMarcel Evrard. Les Creusotins attendaient un musée d’objet jusqu’alors inexistant : ils veulentvoir les meuble Schneider… On n’avait d’abord pas de collection et le public était deçu. Dès1986, l’Ecomusée se transforme. La séparation entre la Verrerie et les habitants se fait :l’entrée devient payante… Il s’agit bien d’un passage : la population du musée devientun public. On devient alors un musée traditionnel, avec des collections… En 1988, lamoitié de l’équipe est licenciée. Notteghem devient président. On compte doubler les entréesen trois ans. On veut créer un musée type Monument Historique. La collectionpermanente change : l’histoire se raconte différemment. On traite différemment lesobjets “d’art“ (qui s’exposent par eux-mêmes) et les objets “ethnologiques“ (dontl’essence est réduite par une explication avec des étiquettes, des panneaux qui lesexpliquent). Alors que les objets d’art ont un auteur, l’ethnologie occulte le créateur deses objets renvoyant à une production d’inspiration collective. L’Ecomusée suit alorscette tendance et décide d’avoir une politique d’acquisition et de conservation. Oncollectionne également des cristaux (issus du sol), dans le but d’attirer plus de monde. Lareconnaissance des Ecomusée l’oblige (pour avoir des subventions) à remplir les mêmesconditions que les musées : devenir rentable et exposer des collections. Le comité desusagers est dissout. Après 20 ans, l’Ecomusée devient donc un musée et c’est la fin de laconfusion entre espace patrimonial et espace de la communauté. Le Creusot a désormaisun musée avec des murs : on peut détruire le reste !

Réaménagements

Conserver, détruire, recycler : l’ensemble des réaménagement va être dicté par ceprincipe. Après le dépôt de bilan, il faut réaménager le territoire et la tâche est de taille. LaPlaine des Riaux, entièrement à réaménagée, coupe la ville en deux et constitue le centre dudéveloppement historique. Dès 1985, ces bâtiments (de la Plaine des Riaux), plus enfonction, sont identifiés à des ruines ! On veut détruire ce symbole de délabrement… lesrepreneurs n’en veulent pas et ne veulent pas être identifiés à l’ancienne entrepriseSchneider. En 6 mois, on a tout démoli. L’industrie peut alors repartir. Deux bâtiments,comme la halle des grues et locomotives, sont classés monuments historiques et ne sontpas détruits. On en fait alors une bibliothèque et un centre universitaire. L’Ecomuséeaurait certainement voulu faire de la Plaine un immense site de patrimoine mais cela

aurait coûté bien trop cher… ou plutôt, on refuse de réinvestir un passé qui déplaît (quin’est pas encore mort NDM). Dans la plaine, destruction, conservation et recyclage secôtoient donc comme différentes réponses à la question de l’utilisation des restes.

7. B

L’écomusée comme horizon d’attente

Que se joue-t-il dans cette tension entre conservation et destruction des restes de l’histoire ?Le sujet de l’étude ici n’est pas tant le passé que l’attente de la gestion de l’absence desSchneider. On se demande comment passer l’étape… comment passer le temps comme dansEn attendant Godot. L’écomusée, dans sa tentationd’une muséification vivante, confond leprésent avec le récit du passé. On remet en scène un temps perdu qui reste, quidemeure… Il faut bien passer le temps après la fin du travail. La prison devient le tempslibre. On peut alors célébrer le temps de non-travail (le dimanche le plus svt) par des visitesde musées. Lorsque le temps libre devient tout les jours, les habitants peuvent alors travaillerpour le musée, faire les guides… La directrice actuelle note que cette attente perpétuellereste adh encore présente chez les habitants du Creusot. La première pièce que l’on jou, en1967, à L.A.R.C. était En attendant Godot !

8. A

Le retour aux Schneider, exposition

On pense qu’un jour tout sera à sa place, que les ouvriers auront retrouvé leur dignité,et que l’on ferra une exposition sur les Schneider. Il faudra attendre que l’industriedécline pour revenir à ceux qui l’on créée : en 1990, l’Ecomusée prépare une expositionsur “la dynastie Schneider“. En 1995, l’exposition est présentée. On était jamais revenusur la disparitiondes Schneider et ils ne sont donc tjs pas mort… Les personnes ayant desobjets, l’Ecomusée, l’Académie Bourdon et Dominique Schneider (en exigeant qu’un muséecélèbre, Orsay soit lié à l’entreprise), se mobilisent. Evrard, en son temps, ne voulait pasaborder ce sujet, le trouvant encore trop présent, trop violent. Dominique Scheider participeétonnement à l’exposition : elle affirme ainsi une identité distincte de celle de sa famille,marque son propre parcours. Elle signe pourtant sa participation à l’exposition sous lenom de “Schneider“ et non de Schneidre, expliquant avoir œuvré en tant que membrede la famille et non écrivain. Elle entend contester le procès du paternalisme industriel.Son retour au Creusot marque le retour des Schneider le temps de l’exposition. On nereproche pas aux paternalistes leurs écoles, logements, hôpitaux, formations, maisons deretraite, services d’aides… mais le fait de s’en servir pour lutter contre la lutte desclasses.Les objets exposés (peintures, dessins, photographies, sculptures…) proviennentessentiellement de la famille Schneider. Le catalogue propose ne interprétation de l’histoire :il propose l’histoire de la famille, de son épopée industrielle et la vie du Creusot. Lecatalogue apparaît comme un album de famille constitué après une génération d’attente.L’histoire proposée fait passer le nom de Schneider avec celui du Creusot… l’histoire estavant tout familiale et d’entreprise (le groupe Schneider, pourtant alors absent du Creusot,participe à l’exposition). Cette exposition montre un tournant et préfigure la façon dontl’histoire va être exposée au Creusot… bcp s’en indigne, trouve cela scandaleux, y voientl’exposition de Dominique Schneider ! Après un passage à Orsay, les objets retrouvent

leur place, les Schneider sont de nouveau au Creusot ! Les objets présentés servaient àl’origine à présenter les Schneider et l’entreprise le plus souvent dans les expositionsuniverselles… miroirs et lieux de légitimation de la puissance industrielle…L’exposition accueille plus de 25 000 spectateurs dont plus de la moitié viennent pour lapremière fois visiter l’Ecomusée. Pour cet ultime hommage, le Creusot reçoit presque autantde visiteurs que sa population. Beaucoup trouvent que les Schneider méritent clea, qu’ils ontfondé la ville et que la ville les a fait… D’autre déplorent un manque de critique… Hugues deVarine avec la fin d’une histoire, celle de la lutte des classes…. La lutte des classes estterminée (entre 1970 et 1995, les syndicats et les communistes ont quasiment disparus),le paternalisme aussi, on peut exposer l’histoire dépassée. Le système capitalisteanonyme ayant échoué au Creusot, il est normal que l’on revienne avec nostalgie sur lepaternalisme.C’est la fin d’une attente : le retour des Schneider au château… ils sontexposés comme des objets de musée, à distance…

8. B

Présentation de l’ethnologue et représentation de l’ethnologie

Comment l’ethnologue négocie-t-il sa présence auprès de ses “informateurs“. Pour légitimersa présence, il doit partager un temps commun.

Ethnologie et historiographie

La présence de l’auteur est sollicité par l’Ecomusée pour “en faire son histoire“. Il est ainsiinvité à devenir historien du musée… Les intérêts qu’on les enquêtés à produite leurpropre vision de l’histoire font aussi partie de l’objet à étudier !

Entendre un silence

L’histoire de Marcel Evrard reste souvent cachée. Les interlocuteurs n’en parlent pas. Il estimpossible de le rencontrer… les archives de l’Ecomusée n’en disent rien entre les années1983 et 1986, périodes des conflits qui mènent à son départ. Certaines personnes pense mêmeque l’objet du travail de l’enquêteur est de savoir si Evrard est mort ou non.

9. A

L’économie des restesPart maudite et communion sacrificielleDans La part maudite, Georges Bataille écrit sur la notion de restes. Le musée est-il le lieud’une économie des restes de l’histoire ? Pour Bataille, la fondement de l’économie est ladépense, dépense productive (usage minimum pour vivre), improductive (guerres, cultes, arts,activités sexuelles sans but de se reproduire, jeux…). (UTILISER POUR HIRSCHHORN :Il dit ne pas connaître vraiment Bataille… mais dans cette notion de restes… trèsproches ! NDM). Pour Bataille, la vie est un excès qui épuise ce qu’elle a créée… a laquestion “que faut-il faire des restes ?“ il répond “sacrifier, pas de restes !“. Le potlatchpeut servir de modèle pour décrire la dépense improductive : on offre ses richesse sansrien recevoir en retour, si ce n’est honneur et pouvoir. Bataille pense que la perte, la

dépense improductive, à une échelle globale, peut être un lien social. Il pense qu’unesociété a besoin de sacré pour survivre et que la dépossession, comme un sacrifice, peutservir de sacré, donc de lien de cohésion.(Au Creusot, participer à l’oubli, à la perte d’un passé, peut être un lien social… NDM)

Excès de mémoireAux risques d’amnésie, on peut opposer ceux d’excès de mémoire (non dilapidation desrestes (à l’opposé du sacrifice prôné par Bataille)). L’incapacité d’oublier apparaît alors(ce que l’on retrouve dans une multiudes de textes littéraires).

Y aurait-il une méthode pour oublier ?Umbert Eco demandait s’il ne faudrait pas créer une chaire universitaire de l’art d’oublier. Laquestion de l’oubli, face au savoir universitaire, est insolvable… un art de faire disparaître lesavoir est-il possbile ?Pour oublier, peut-être faut-il accumuler les lieux de mémoires, les musées. Dans larépetition de l’histoire, le musée apparaît comme un théâtre de la mémoire, une mise enscène de l’oubli. C’est une dépossession (sorte de potlatch NDM) de ce qu’on ne peut pasgarder : sa propre histoire, ses objets, son passé.

Fêter l’oubliSi l’on envisage le musée comme un lieu de sacrifice, d’abandon, le dépense, dans uneperspective bataillienne, reste partielle car les objets sont conserver et non pas sacrifiés,détruits (c’est plutôt le contraire NDM). A l’opposé de l’idée de destruction, lesconservateurs sont justement là pour conserver les objets, empêcher leur destruction. Sousfigure de conserver l’histoire, les musées détruisent pourtant, sacrifient ce qu’ilsexposent ! Les restes y sont inutilisés, voués à des visites silencieuses, à l’opposé dusacrifice violent et festif que prône Bataille.

9. B

Restes communautaires et autres bricoles

La communauté sélective. Réflexe comunautaire et anthroppologie réflexiveDans le tri des déchêts, la pratique du tri sélectif repose la question participative. Chacun a sapart de responsabilité pour ne pas mettre n’importe quoi dans “autres déchêts“.Le tri au Creusot est très poussé… une 30aine de sacs de couleurs différentes… Une gestioncollective de ramassage, tri et recyclage des déchêts ménagers est organisé… mais les sacs“autres déchêts“… comme pour l’auteur lors de son séjour au Creusot, peuvent servir bcp !Les autres habitants vérifient, lorsque l’on dépose ses sacs, que l’on respecte les bonnescouleurs aux bons jours ! Le tri est communautaire… c’est une forme de partage. Onentre alors des une conscience d’appartenance à une collectivité… (Bataille pensejustement que le sacrifice commun des restes permet de créer un lien social). Onapprend autant d’une société en s’intéressant à ses déchêts qu’à ses musées.

Les restes mis à partNos déchêts ménagers sont expulsé, on ne veut pas les côtoyer.Le reste est à part et non unepart. Il en va de même avec nos morts, les restes humains qui nous empêcheraient

d’exister s’ils restaient avec nous. Le danger d’encombrement fait que l’on enfouit nosrestes pour nous en protéger.

La dimension commuautaire du tri. La part recycléeDans l’utilisation des restes, on se fonde une identité communautaire. Si les ordures sontramassées, les déchêts sont collectés, pour ne pas dire collectionnés. En 1993, laCommunauté Urbaine s’engage à construire une usine de traitement des déchêtsménagers… il s’agit de gagner une forme de communauté au prix d’une perte de profitsindividuels ou privé (exactement l’idée de Bataille de sacrifice des reste au profit de liencommnautaire !). Les habitants doivent alors faire l’effort de trier leurs déchêts puis, àl’usine, on trie encore.

Recycler, redonner une vie, une valeur à partir de rienComment comprendre ce besoin de créer qqch à partir de rien ? C’est un acte derésurrection qui veut défier la mort. L’art fonctionne de la même manière en recylcantdes objets ayant perdu leur premier usage (Taureau de Picasso avec une selle de vélo…). Lechoix de l’artiste de ramasser tel ou tel objet lui redonne vie.

NDM : PARTIE SUR LES RESTES MENAGERS… UN PEU TIRE PAR LESCHEVEUX… AUCUNE SPECIFICITE AU CREUSOT… AUCUN RAPPORT AVECL’USINE…SI CE N’EST METAPHORIQUE… ET LE BESOIN D’UN NV TRAVAIL.

BricoleAux usines du Creusot, on a toujours réemployé les restes, utilisés les petits rien pour“bricoler“. Le bricolage prend sa valeur dans la créativité individuelle servant àrépondre à des conditions bien particulières. Il assure une formation, une virtuosité acquisesur le tas, en dehors des heures de travail. On ramene les restes de l’usine pour bricolerchez soi, c’est un tradition au Creusot. Certains ouvriers, appellés les castors, s’associentmême pour construire eux-même leurs maisons.

Au musée communautaire, on bricole aussiA l’Ecomusée, on dit aussi bricoler, monter des expositions à partir de iren. On peututiliser le slogan de l’usine de tri des déchêts pour le musée : “Ici on de détruit pas, onvalorise, on recycle“. L’ambition est la même : construire une identité communautaire àpartir de restes. L’Ecomusée, en appellant les gens à venir y déposer des objets, a joué cerôle d’espace sursitaire pour les objets qui ne sont plus utilisés. Parfois, un ouvrier apportemême au musée un objet de sa fabrication, une bricole. Témoin d’un géni, la bricole esttoujours acceptée.

9.C

Muséologie, réparation et abandon

Le musée comme lieu de réparation de l’histoire

Des restes recyclés, réparés, il y en a plein les musées. Le travail de reconnaissanceartistique ou scientifique participe d’une réparation. Un lien se fait entre la culpabilitéd’abandonner l’objet et leur rachat dans le musée. Le muséem, par la conservation,légitime l’abandon des objet !

Exposer, bannir, sacrifierLa tradition philosophique fonde l’acte de connaissance sur la méoire… le passé doit être dit.Le musée est un endroit où l’’on dépose nos objets, nos restes d’histoire. On le visitecomme un temple d’une histoire passée, d’un temps à oublier.

Le musée comme abandon

Le musée est un lieu de sacrifice : exposé qqch signifie le perdre. Pour Hainard, l’objetdu musée, sous figure d’être célébré, est un objet banni, au ban. Au Musée del’Assistance Publique à Paris, on avait une salle pour exposer les enfants trouvés dont onvoulait se débarasser, jusqu’au milieu du XIXe ! Le musée du Creusot est un casexemplaire de lieux de dépôt de l’histoire : le départ des Schneider est un abandon… enrenvoyant leurs objets au château, la population abandonne à son tour (séduisant maisc’est pourtant leur retour au Creusot qui semble être célébré NDM). D’ailleurs, on ditqu’il y a aussi des bâtards Schneider au Creusot, non reconnus, abandonné… entrepatenalisme et abandon d’enfants.

10. A

Le Creusot, son musée

Un musée comme les autres, Le Musée de l’Homme et de l’Industrie

Au musée du Creusot, la toile “la Grève“ de Jules Adler fonctionne comme un condenséde la classe ouvrière pour pouvoir dire qu’elle n’a pas été oubliée. François Bonhomé,peintre officiel des Schneider est lui exposé plusieurs fois. Plans, affiches publicitaires,maquettes, albums photos… sont tous juxtaposés. C’est un musée comme un autre et iln’est plus besoin de penser au sens de sas présentation. En 1983, l’exposition “Forges etAteliers du Creusot“ permet d’exposer l’usine dans une des salles du château. Un maquetteanimé traduit des techniques adh dépassées. On exposer alors l’usine, mais touours pas lesSchneider… on garde une large collection de cristaux par contre ! Ce n’est qu’en 1995 queles Schneider reviennent au château après une longue absence, grâce à l’exposition quileur est consacrée… puis surtout d’une exposition permanente à la suite de celle-ci ! Enmême temps, le musée redevient un lieu visible : alors que tout était dans le noirauparavant, on réouvre les fenêtres et l’on voit le cadre lorsque l’on visite. Si les objetsreviennent, c’est pour reprendre leur place (donc différe.nt de l’idée simplementd’abandonner NDM)… on ne va quand même pas parler des Schneider dans la fosse desmineurs !!! Alors qu’avant tout était trop plein, on a le sentiment que le musée est videadh (peut-être par ce que les objets sont dans leur cadre d’origine… donc invisbles dansleur fonction d’objets de musée NDM…). Paradoxe d’une exposition qui débarassel’histoire que de la remettre de son cadre !

Le temps dépassé, l’histoire exposée

La fin de la période des conflits de l’Eccomusée est synonyme de fin de l’attente : le Creusottente de redevenir une ville comme les autres. Le démantelement a eu comme conséquencel’émergence d’une classe intermédiaire autonome… la direction de l’Ecomusée est reprise parcertains de ces anciens employés… Le nom “Ecomusée de la Communauté Urbaine“estremplacé par “Musée de l’homme et de l’industrie“… certains objets du musée sont stockés“en attente“. La place de la collection est paradoxale : alors que l’Ecomusée n’en avaitd’abord pas (ou disait ne pas en vouloir), on dira que rien n’est perdu car les collectionsrestent lors de la transition. Le destin de “l’anti-musée“ est de devenir un musée une foissa révolution accomplie. L’histoire qui a porté la ville est aujourd’hi dépassée et elle peutêtre exposée entre les murs du musée. Les Schneider sont devenu un objet de musée donton peut se débarasser ! Le musée raconte l’histoire et, une fois qu’elle est constituée enmémoire, il permet son oubli. L’Ecomusée est un musée vivant, exposant une histoireencore vivante… ne disparaissant, en devenant un musée mort, il permet la fin d’unehisoire et le passage à une autre.L’Ecomusée, sans limites, sans murs était déroutant. Le musée, lui, rassure : commed’une tombe, on en a besoin car il renferme une hisoire à la quelle on vient de temps entemps rendre hommage. Les Creusotins, après avoir été eux même les objets descollections, peuvent rendre visite aux objets qui les remplacent.Le passé a un lieu. Lemusée a peu de visiteurs mais c’est peu être une réussite pour un Ecomusée (qui n’avaitpas de visiteurs mais des habitants) : si les gens n’y vont pas, c’est qu’ils n’en ont pasbesoin, c’est que leur histoire est oubliée.Plus qu’ailleurs, on ressent le besoin de se libérer de toute tutelle et on veut que laCommunauté puisse prendre en charge seule son musée. Dans les années 1990, les écomuséedispraissent ou deviennent des musées : c’est le tri ou la mort. Se convertir en muséetraditionnel peut être vu comme une sorte de transition, de période charnière. Un nouveaudirecteur incarne, malgré la banalité de ses démarches de conservation, une nouveauté : iln’est plus de l’usine, il extrait le pouvoir municipal de l’Usine. Il aura fallu unegénération pour faire le tri des objets qu‘on voulait exposer… ce qu’on voulait oublieraussi : comme le dit Marc-Alain Maure, en visitant les musées de certains pays, onpourrait pensé que tout le monde vivait dans des château par le passé“ -> au Creusot, ona choisi d’exposer les Schneider dans leur cadre et l’histoire ouvrière et ses réalitéssociales est peu abordée.

10. B

Le Creusot, sa ville

L’office du tourisme est adh dans le château. On y oriente le touriste, on les distribuent versplusieurs sites. La Mairie a pris en charge les visites de la Verrerie. Les membre du TourismeIndustriel, par lassitude et ancienneté, se retirent et on assure la tradition avec des emploisjeunes… Ces jeunes ont un discours intéressant grâce à leur formation… mais ils n’ontpas vécu l’histoire qu’il raconte… L’Ecomusée est bien mort. L’Ecomusée et l’AcadémieBourdon se rapprochent également et veulent trouver une base de travail commune.

Naissance d’une ville

Lorsqu’on est maire du Creusot, on doit réflechir à une stratégie de recherche d’une identité.Depuis les années 1970, on vit dans la tension de continuer à vivre d’après le rythme del’usine ou d’en sortir totalement. L’Ecomusée dans sa forme initiale était l’incarnation dece désir de continuation et d’attente. Le centre historique du Creusot essaie de rejoindre unmodèle d’organisation urbaine classique… le projet nommé “cœur ville“ vise à développerdes espaces de rencontres, de formations, une place urbaine piétonne, des commerces…Salle polyvalente, école, centre administratif, gare, centre commercial, Mac Donald’s…sont inclus dans le plan. Ces équipements d’urbanité classique étaient jusqu’alorsinexistants au Creusot ! L’une des volontés du projet est de cacher les usines encorevisibles. On veut que le cœur de la ville lui donne son rythme… et non plus l’usine. LeCreusot n’a son musée classique que lorsqu’il parvient à devenir une ville classique…Avant, ce n’était pas une ville mais une aglomération de maisons dispersées…. L’oubli de laspécificité du Creusot est un véritable pari, discuté, critiqué, négocié par les habitants.Le Creusot ne pourra jamais devenir une ville comme les autres car l’usine a laissée desmarques au point du vue spatial… les acteurs locaux doivent faire le tri de ce qu’ils veulentgarder et de ce que l’on peut effacer (entre murs de l’usine, stautes, marteau-pilon…). Laville est coupé par un pont mais à la place d’une rivière, c’est l’usine qui coule dessous !Adh, ce pont n’a plus de pertinence.

Et Schneider ? Des usines comme les autres

Les nouvelles industries se sont redéployées dans des sites auparavant réunis. L’activitéindustrielle a su être repensée hors de la logique de Creusot-Loire. La tentation estpourtant grande de saccrocher au passé, aux preuves d’une activité industriellepuissante. Le Creusot c’est Schneider et chacun (industriels, touristes, musées…) esttenté de retrouver cette histoire dans les restes. Les usines fonctionnent mais sontclassées “secret défense“, impossile de les visiter…Il parvient tout de même à obtenir unentretien… Pour la direction, qui voit régulièrement des gens qui veulent visiter l’usine,cela s’apparente à une mauvais reflexe d’associer “l’Usine“ à Creusot-Loire actuel… ilsne veulent pas être un musée (ce qui montre que le principe de l’Ecomusée pourraitfonctionner encore NDM !). Pourtant, en gardant presque le même nom (on passe deCreusot-Loire à Creusot-Loire Industrie) on montre la tentation de s’inscrire dans unelignée prestigieuse et d’empêcher une rupture trop radicale… Les lieux qu’occupent ladirection sont également les mêmes ! L’usine appraît comme l’âme et le cœur du Creusotest CLI reste perçue comme détenteur de l’héritahe Schneiderien. La politique dugroupe actuel est pourtant celle de l’oubli : “laissez- nous travailler normalement ! “.L’usine ne sera plus un musée vivant et c’est pq les demandes de visites sont refusées.

Dominique Schneider, son dernier roman

Elle parle d’oubli, de muséification, d’héritage… Elle fait parler les châteaux… Il est questionde réparation… réparation de relations…Comme bilan d’un travail d’oubli, d’un “contre don“, elle explique : “l’exposition et leroman ont servi à déposer les objets pour qu’il y ait une histoire familiale dans ce musée. Jetrouve que par rappot à cette catastrophe familiale (dépôt de bilan de Creusot-Loire), c’estbien que qqch se soit fait !“.

Schneider, un nom

Depuis le milieu des années 1980, le groupe Schneider s’est redéployé hors du Creusot…Cela tient de la nécessité de se défaire de son histoire (d’une famille et d’une ville). SchneiderS.A. signifie société anonyme est c’est bien de cela qu’il est question : la famille a quitté legroupe lors de son départ du Creusot. Le groupe s’est redressé dans les années 1990… maissans les Schneider. On dit d’ailleurs adh “Schneidre“ (comme à l’époque) pour désignerles membres de la famille mais “Schneidère“ pour désigner le groupe… comme pourmarquer que les deux sont séparés. Il reste des appelations, des histoires dont on ne sedéfait pas : le Creusot, Schneider, l’Ecomusée.

11. A

Le musée ou la théâtralisation de l’oubli

La fonction du musée est souvent de conserver des objets dont nous n’avons plus besoinmais que nous ne voulons quand même pas jeter. Alors qu’ils sont censé raconter unehistoire, ils participent en réalité souvnet à son oubli (la tradition orale ne serait-elle pasalors, à l’opposé des objets, finalement une meilleure façon de se souvenir). Commealternative à la destruction ou au recyclage, le musée apparaît comme un instrument deconservation. A défaut de détruire les objets, on les déplace, on les range dans des boîtes.L’éclosion des musée et les églises transformées en musée lors de la Révolutionparticipent à ce principe (le sacré est sacrifié mais on ne peut le détruire) : une façon deneutraliser le passé et le sacré est alors de l’universalisé, de l’exposer sous un angleesthétique par exemple ! Une autre forme de muséification de l’oubli consiste àconserver des erreurs, pour montrer ce qu’il ne faut plus reproduire (muséed’Auschwitz par exemple). Pourtant, ces objets placés dans des vitrines sont isolés desrelations qu’ils entretenaient avec les hommes et qui leur donnaient un sens. Par lesilence qui les entourent ces objets, dont l’histoire est prétenduement racontée dans lesmusées, est niée (NDM : les bâtiments d’Auschwitz, vides, aident-ils vraiment à prendreconscience de l’horreur ou banalisent-ils au contraire l’histoire, aident-ils à l’oubli del’horreur et surtout de la proximité des événements ?).L’artiste Gerz fait ainsi des bâtiments non pas à la mémoire mais à l’oubli… au fait qu’il nereste rien, aucune trace des juifs morts… Il fait des mémoriaux de la perte et de l’oubli. Sesmonuments ne rappellent pas un fait passé mais leurs effacement.

La dimension compensatoire du travail culturel

Le musée, pris dans la contradiction de ne pouvoir écrire l’histoire qu’à partir d’objets,déplace les luttes humaines au niveau d’un savoir, d’une mémoire… (Quelle est le sens d’unmusée d’histoire ??? NDM… les objets ne devraient-ils pas seulement servir àconstruire, grâce à l’archéologique des discours… éventuellement accompagné cediscours NDM). Dans le cas des musées de l’industrie, les conflits non résolus au sein del’usine se déplacent au musée. La lutte du savoir se substitue alors à la lutte du travail.Le musée compense la dépossession (ici du travail…)… les biens devenus culturels sontdes objets dépossédés de leurs fonctions économiques. Le musée, grâce à l’exposition,peut créer un espace entre l’objet (l’usine ici) et sa mise en scène, sa théâtralisation.

Le musée comme jeu de masques

Le musée théâtralise sa mission pour que son masque soit invisible, pour que sa représentationde l’histoire soit prise au sérieux. On théâtralise la possession, on accorde au sacré une partprimordiale… Ce qui compte est plus le jeu que le sacrifice (contrairement à Bataille). Lemusée fonctionne alors comme cérémonie de la disparition, jeu sacrificiel. C’est ladisparition du travail que la cérémonie et le sacrifice du paternalisme permet d’oublier.

11. B

En attendant Le Tour

Adh, on ne voit presque plus rien du marteu-pilon dont l’exposition annonçait le passaged’une urbanité industrielle à une urbanité muséale… la végétation l’a presque complétementrecouvert. La municipalité a délégué aux arbre le travail de l’oubli. On réflechi, sans trop ledire, à la constitution d’un espace touristique pour que, enfin, cesse la confusion entreespace muséal et espace urbain. Le Creusot va avoir son centre urbain classique, desPME comme ailleurs… son musée.Est-ce la plus grande usine d’Europe ou la lutte des classes qui est née il y a 2 siècles auCreusot ?La ville attend le passage du tour de France pour se célébrer, célébrer son travail d’oubli… Lapart maudite (cf Bataille) peut être sacrifiée dans ce grand rendez-vous où l’on boit, l’onfête… Tout n’est ici qu’un passage. C’est aussi une célébration du temps… histoire du Tour,temps qui passe, temps contre qui on se bat… Au Creusot, l’étape sera un contre-la-montre… symbole d’une course contre le temps. Comme Platon le soulignait déjà,l’écriture est non seulement impuissante contre l’oubli, elle en est la cause. Le passaged’un Tour miné par les affaires de dopage, d’une étape ratée à cause de la pluie est un semi-échec au Creusot.

Epilogue

François Mairesse, dans son analyse de l’histoire des musées, pose la question suivante :Peut-on encore concevoir un musée après Auschwitz ? La vraie question posée est “Peut-on concevoir d’oublier après Auschwitz (la réponse est sans doute, pour Auschwitzmême, non et c’est pour cela que son musée est presque un Ecomusée NDM). Levi,retourné à Auschwitz en 1965, critique le musée d’Auschwitz, ces objets pitoyables etl’ensemble du camp qui ressemble à un musée… Par contre, à Birkenau où il n’y a niconservation ni restauration, il a eu l’impression d’un vrai lieu de mémoire. La non-conservation et l’abandon peut donc être plus parlant et plus près de la réalitéhistorique que la conservation des musées. Le musée d’Auzschwitz rate son objet :l’inhumain n’est pas exposable… (il n’est pas mort non plus NDM). Pourtant, pour lesmême raisons-on n’ose pas oublier- Primo Levy appelle au devoir de mémoire. Letémoignage devient un devoir… mais le musée a-t-il un sens NDM.Le but des nazis était de ne pas laisser de trace du génocide… est-il alors possible adh deconstruire un témoignage ? Les restes peuvent témoigner… En 1986, Pa Kin veut faire

un musée de la Révolution culturelle pour ne pas qu’une telle chose puisse sereproduire… Faire un musée, refaire l’histoire, la rejouer pour ne pas la répéter…paradoxe d’une théâtralité muséale… c’est de cela qu’il a été question au Creusot !(paradoxe : le musée permet de rejouer une histoire pour ne pas le répéter… mais il faitégalement mourir les objets qu’il expose !!! NDM).Le travail d’oubli a impliqué sa remise en scène… une répétition… l’histoire d’un recyclageplus que d’une destruction… La mémoire est le seul reste, le seul déchêts qui reste encorelorsque les ruines ont été détruites…

Le musée comme lieu de l’histoire dépassée et abandonnéeNos musée sont-ils des lieux de Rédemption ? Oui, pour l’industrie et le colonialisme parexemple. On y recycle, on y répare les restes d’une histoire… mais s’ils restent dessimples lieux de dépôts, les musées mourront d’excès de mémoire. N’entre au musée quece dont nous avons besoin de nous débarasser. Le temps que met un musée pour exposerune histoire est le même que celui qu’il faut pour s’en défaire. En racontant l’histoire duCreusot et en en tuant la père fondateur on a permis que, 25 ans plus tard, on puisse àson tour exposer les Schneider, chose qui était impossible avant qu’on les “tue“ via lemusée ! C’est un musée vivant qui a permis la destitution du paternalisme… La seuleréponse que nos sociétés fournissent à la reconversion industrielle, c’est la reconversionculturelle de son histoire par la théâtralisation de son oubli !

NDM : On ne peut faire l’histoire que de ce qui est mort… c’est pourquoi on introduit desdélais pour la consultation des archives… Ou alors, on construit un discours différent, plusproche de l’Ecomusée, comme à Auschwitz par exemple… on visite les lieux… peu dediscours si ce n’est l’horreur…

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Objets prétextes objets manipulés (musée d’ethno NE)

L’usine au muséeUne reproduction miniaturisée des ateliers du Creusot est acquise par l’Ecomusée en1983. Elle a été conçue et réalisée à la fin du 19ème.Lévy-Strauss pose la question du statut du créateur-inventeur du modèle-réduit ? Réinvente-t-il, réduit-il, crée-t-il qqch de nouveau, quels sont les sens nvx ajoutés… Comment le regarddu spectateur est-il altéré ?

L’usine miniature et son environnementCette reproduction se trouve adh (1984) dans une vitrine du Château de la Verrerie. Destextes évoqueront l’histoire de la piève, des illustrations évoqueront l’Usine du Creusot àla fin du XIXème et un portrait de l’artisan-créateur sera en bonne place ! Un catalogueoffre une documentation substantielle ! Cette création se trouve ainsi légitimée par son

entrée au musée, témoin d’un ensemble technique ancien, pièce ancienne… la pièceprend un statut de témoin d’un temps révolu, ce qui lui greffe un sens supplémentaire(auparavant, on va le voir, elle a été une sorte de publicité pour l’Usine puis on l’aregardé comme un chef-d’œuvre technique en soi… adh, on prend du recul : senssupplémentaire).On remarque des variations considérables dans sa présentation au public. En 1904-1905, elleétait présentée au public des foires et des tracts expliquaient le fonctionnement desmachines. Le chef-d’œuvre de Joseph Beuchot est alors en qqsorte “le Musée duCreusot“ des fêtes forraines, au milieu des baraques exposant des curiosités de toute sorte(naturelles et techniques (vulgarisation de l’électricité…). Peu de dimension historique estalors mis en place (normal, c’est contemporain ou presque NDM !) car le public rechercheavant tout du spectacle. Cette usine miniaturisée comme les textes qui l’accompagnent ontégalement un objectif pédagogique de vulgrisation scientifique.Quelques années plus tard, la miniature est rachetée et l’attraction est rebaptisée “LesAciéries de Lilliput“ (l’aspect “foire“ est renforcé et l’objet qqpeu retiré de son contexted’origine NDM). On accentue l’aspect fanatastique et l’exploit technique de la réalisationparticulièrement habile (travail animé…). Une légende prend place autour du créateurqui aurait brisé ses œuvres les moins bonnes au marteau, qui enverrait ses fils dans une écoletechnique pour prendre la relève… en fait, il n’a sûrement même jamais travaillé au Creusot !L’usine devient imaginaire, fantastique… La façade de la baraque de foire, traitée sur unmode burlesque, renforce le caractère enfantin de cet univers.En modifiant radicalement sa présentation, l’écomusée l’a adh extraite de cette intemporalitéet de cet aspect fantastique qui l’éloignait de son objet originel.

Le statut de l’inventeurReproduire une telle machine est, pour un homme de métier, une façon de se l’approprier…on ne siat pas si Joseph Beuchot à travaillé à partir de plans… mais en tout cas, on ne peut passe contenter de miniaturisé les plans des machnies réelles : il faut savoir répondre à desproblèmes spécifiques posés par la miniaturisation. En bricoleur, il faut alors savoir faire avecles moyens du bord, avec des matériaux parfois peu adaptés… L’artisan voulair montrer cettedébauche de savoir-faire. Sa réalisation fait penser aux chefs-d’œuvres des compagnons… Ilrevendique un statut supérieur à celui d’un simple exécutant… La prtie cachée disposée sousle plancher de la miniature constitue le moteur et le concepteur s’est attaché à reproduirefidélement les séquences de mouvement.Lévy-Strauss se demande si la miniature, comme le chef-d’œuvre de compagnon, n’offrentpas le type même de l’œuvre d’art ! Il dit que, si on a en général tendance à fragmenter latotalité pour la rendre plus accessible, la minitature permet, elle de considérer l’ensemble d’uncoup, le faisant apparaître moins redoutable.Des problèmes d’échelles son ici posés : les hommes paraissent trop grand à côté desmachines (dont la reproduction a été limitée à une sorte de chaque…), les têtes ont desdimensions inégales…

Catalogue de l’exposition : Les Schneider, Le Creusot, Une famille, une entreprise, uneville (1836-1960), 1995, Musée d’Orsay et Ecomusée du Creusot-Montceau.

-Famille et entreprise qui passe avant la ville dans le titre et la construction de l’ouvrage-Dédicace à la mémoire des Schneider !-Arbre généalogique tout au début !-Panorama en 1ère page : usine, place Schneider, église = résume toute la ville !

-Avant-propos : Dominique Schneider compare sa famille à Napoléon pour la défendre :elle a des choses à se reprocher mais elle est entière et légendaire !-On commence par un chapitre sur la famille et ses membres, ensuite, l’épopée industrielletourne autour de la famille puis “vivre au Creusot “ commence par “Les Schneider enpolitique“ : c’est bel et bien le retour des Schneider au château !-A propos du paternalisme, on souligne surtout les points positifs, parlant “d’authentiquephilantropisme !!!!“ : Caisse d’épargne, retraite, protection sociale, instruction, soins,logements… En réalité, religion et famille sont utilisés pour asseoir une légitimité patronale !-Une large partie s’intéresse à la représentation des patrons (portraits…) et une autre sur latechnique apportée par les Schneider.-La chronologie s’arrête en 1960, avant le déclin de l’entreprise.

Notes cours :

L’écomusée est une façon d’aider à la mort d’une période, il vient clore une époque…

1836 : Les Schneider deviennent propriétaires du lieu et construisent l’une des plus grandeusine d’Europe (popnts, canon, vapeur…). Leur développement repose pourtant sur l’extra-industriel : hôpitaux, écoles, églises…

1850 : une pétition est lancée pour que le Creusot devienne “Schneider-Ville“. Des quartiersse développent autour de la ville avec chacun une vie autonome : il n’y a pas de centre-ville :le Creusot n’est pas une ville mais une extension urbaine de l’usine. Les édificespubliques servent de liens entre les quartiers.

1960 : mort du dernier descendant Schneider

1970 (1973 musée ?) : Départ du groupe, démantellement du paternalisme : les secteursnon-industriels deviennent publiques ! Embarras à propos du château : devient publique,embarra des indigènes… on veut en faire un musée mais les filles Schneider y vivent encoreet personne n’ose les mettre à la porte. Il faudra qqun d’extérieur, Marcel Evrard (aidé deHugues de Varine) pour mettre en place ce musée non-traidtionnel. Il y a un gros vide auCreusot : que va devenir une extension urbaine de l’usine sans usine ! Le muséeexposera les gens avec leurs objets encore en fonction (forcement, l’objet n’est pas mort…il faut juste aider à sa transition). L’idée est que pour révolutionner par le musée, il fautrévolutionner le musée… pour libérer les hommes par le musée, il faut libérer les objets dansle musée (idéal de gauche…). Le musée ne sera pas un lieu précis mais un territoire, lesobjets ne seront pas une collection mais les habitants… idéologie participative : comitédes usagers qui font fonctionner le musée de l’intérieur… on expose leur vie… onprésente les habitants comme des “ouvriers authentiques“, ils sont mobilisés pourraconter leur histoire !

VOLONTE D’ANTI-MUSEE MAIS EN FAIT : ESPACE LE PLUS ABOUTI DUMUSEE (UN “SUPER-MUSEE“) : TOUS LES HABITANTS SONTCONSERVATEURS, UTILISATEURS ET TOUS LES OBJETS DEVIENNENTCOLLECTION. DE PLUS, LA CONTESTATION DU PATERNALISME VA ENREALITE MENERAU PATERNALISME DE EVRARD.

On n’obtient pas de subvention du directeur des musées de France car on ne veut pas donnerde subvnetions à un musée sans collection. On décide alors de jouer sur la mode des éco-

musée pour obtenir des subventions du ministère de l’écologie naissant. C’est uncomble : il n’y a rien d’écologique au Creusot mais l’usine devient la nature !

1979 : Les descendants veulent une vitrine de leur entreprise, sont mécontents de la façondont ils sont présentés ! Ils mettent en place une institution parallèle.

1984 : Fin de l’usine et arrêt d’Hevrad en même temps : fin de l’écomusée car son objets’arrête, meurt… il n’y a plus d’histoire en activité à exposer… on peut alors changerl’écomusée en un musée classique… On cherche le calme dans la ville : on veut une villenormale (changements dans l’urbanisme :centre piéton, bureaux, commerces) et un muséeclassique. Le Creusot doit devenir une ville et l’éco-musée un musée !

1995 : 25 ans après leur départ, on expose enfin les Schneider au château… famille (la fille)et objets retrouvent ainsi leur cadre d’origine ! Il a fallu le temps que les objets meurentpour qu’ils puissent entrer dans un musée classique (paradoxalement, on leur redonneici vie en les ramenant au château… devant des visiteurs nostalgiques de la grandeépoque des Schneider !).

Le Creusot : bâtiment anciens, usages nouveaux, 1979 (écomusée)

On veut utiliser le patrimoine industriel du 19ème (la halle des gues et locos construite en1848, première usine d’Europe continentale employant l’énergie de la vapeur) comme lieuprivilégié pour évoquer l’histoire de la métallurgie (un lieu pas encore mort sera ainsiutilisé) : techniques passées et présentes (donc encore vivantes), développement d’une firme,présentation des machines…La réhabilitation de l’atelier permet d’expliciter le développement industriel de la région…On veut restaurer le bâtiment pour permettre l’installation d’expositions, alors que lesterrain alentours sont tjs utilisés par l’usine !!!! (on fait mourir petit à petit, bâtimentpar bâtiment !). L’entreprise et l’Etat subventionne ce réaménagement.