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Transfusion Clinique et Biologique 18 (2011) 536–541 Article original La formation en médecine transfusionnelle reste insuffisante dans les centres d’Afrique subsaharienne francophone : résultats d’une étude préliminaire The training in transfusion medicine remains deficient in the centres of Francophone sub-Saharan Africa: Results of a preliminary study C. Tayou Tagny a,,b , G. Kapamba c , A. Diarra d , C. Ngandu e , V. Deneys f,g , D. Sondag-Thull g,h a Faculté de médecine et des sciences biomédicales, université de Yaoundé I, BP 4806, Yaoundé, Cameroun b CHU de Yaoundé, BP 4806, Yaoundé, Cameroun c Centre provincial de transfusion sanguine du Katanga, Lubumbashi, Congo d Centre national de transfusion sanguine, BP E344, Bamako, Mali e Centre provincial de transfusion sanguine de Kananga, Kananga, Congo f Faculté de médecine, université catholique de Louvain, 1, place de l’Université, 1348 Louvain-la-Neuve, Belgique g Service du sang, Croix-Rouge de Belgique, 96, rue de Stalle, 1180 Bruxelles, Belgique h Faculté de médecine, université de Liège, Liège, Belgique Disponible sur Internet le 14 juin 2011 Résumé But de l’étude. – Évaluer les besoins de formation du personnel dans les centres d’Afrique subsaharienne francophone. Méthodologie. – Cette étude préliminaire a analysé le nombre, le niveau de formation de tout le personnel de quatre centres de transfusions, leurs domaines de formation, leurs durées de formation et les établissements formateurs. Résultats. – Les besoins restent élevés dans tous les domaines et sont cruciaux en administration des services de transfusion, en maintenance des équipements et transfusion clinique. © 2011 Elsevier Masson SAS. Tous droits réservés. Mots clés : Médecine transfusionnelle ; Formation ; Afrique subsaharienne Abstract Purpose of the study. – To evaluate the needs in staff training in transfusion centres of Sub-Saharan Africa. Material and methods. – This preliminary study analyzed the training level of each personnel of four blood banks of Sub-Saharan Africa, their training fields, duration and training structures. Results. – The needs remain high in all the fields and are critical regarding the administration of blood transfusion services, equipment maintenance and clinical use of blood. © 2011 Elsevier Masson SAS. All rights reserved. Keywords: Transfusion medicine; Training; Sub-Saharan Africa 1. Introduction La sécurité transfusionnelle représente assurément le princi- pal défi auquel est confrontée la transfusion sanguine en Afrique Auteur correspondant. Adresse e-mail : [email protected] (C. Tayou Tagny). subsaharienne. La mise en œuvre d’un système global de qualité à tous les niveaux de la chaîne transfusionnelle est essentielle parce qu’elle garantit l’efficacité du processus dans la réduction du risque pour le receveur. Ce système de qualité est composé de cinq éléments principaux : la gestion de l’organisation, l’élaboration des normes, la documentation, la formation du per- sonnel à l’embauche et continuée, et l’évaluation du système [1]. Commune à tous les cinq éléments, la formation du personnel à 1246-7820/$ – see front matter © 2011 Elsevier Masson SAS. Tous droits réservés. doi:10.1016/j.tracli.2011.02.026

La formation en médecine transfusionnelle reste insuffisante dans les centres d’Afrique subsaharienne francophone : résultats d’une étude préliminaire

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La formation en médecine transfusionnelle reste insuffisante dans les centresd’Afrique subsaharienne francophone : résultats d’une étude préliminaire

The training in transfusion medicine remains deficient in the centres of Francophone sub-SaharanAfrica: Results of a preliminary study

C. Tayou Tagny a,∗,b, G. Kapamba c, A. Diarra d, C. Ngandu e, V. Deneys f,g, D. Sondag-Thull g,h

a Faculté de médecine et des sciences biomédicales, université de Yaoundé I, BP 4806, Yaoundé, Camerounb CHU de Yaoundé, BP 4806, Yaoundé, Cameroun

c Centre provincial de transfusion sanguine du Katanga, Lubumbashi, Congod Centre national de transfusion sanguine, BP E344, Bamako, Mali

e Centre provincial de transfusion sanguine de Kananga, Kananga, Congof Faculté de médecine, université catholique de Louvain, 1, place de l’Université, 1348 Louvain-la-Neuve, Belgique

g Service du sang, Croix-Rouge de Belgique, 96, rue de Stalle, 1180 Bruxelles, Belgiqueh Faculté de médecine, université de Liège, Liège, Belgique

Disponible sur Internet le 14 juin 2011

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ut de l’étude. – Évaluer les besoins de formation du personnel dans les centres d’Afrique subsaharienne francophone.éthodologie. – Cette étude préliminaire a analysé le nombre, le niveau de formation de tout le personnel de quatre centres de transfusions, leurs

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2011 Elsevier Masson SAS. Tous droits réservés.

ots clés : Médecine transfusionnelle ; Formation ; Afrique subsaharienne

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urpose of the study. – To evaluate the needs in staff training in transfusion centres of Sub-Saharan Africa.aterial and methods. – This preliminary study analyzed the training level of each personnel of four blood banks of Sub-Saharan Africa, their

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2011 Elsevier Masson SAS. All rights reserved.

eywords: Transfusion medicine; Training; Sub-Saharan Africa

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. Introduction

La sécurité transfusionnelle représente assurément le princi-al défi auquel est confrontée la transfusion sanguine en Afrique

∗ Auteur correspondant.Adresse e-mail : [email protected] (C. Tayou Tagny).

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246-7820/$ – see front matter © 2011 Elsevier Masson SAS. Tous droits réservés.oi:10.1016/j.tracli.2011.02.026

ubsaharienne. La mise en œuvre d’un système global de qualitétous les niveaux de la chaîne transfusionnelle est essentielle

arce qu’elle garantit l’efficacité du processus dans la réductionu risque pour le receveur. Ce système de qualité est composée cinq éléments principaux : la gestion de l’organisation,

’élaboration des normes, la documentation, la formation du per-onnel à l’embauche et continuée, et l’évaluation du système [1].ommune à tous les cinq éléments, la formation du personnel à
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C. Tayou Tagny et al. / Transfusion C

’embauche et continuée constitue l’élément prioritaire qui vise àpporter aux centres de transfusions une main d’œuvre qualifiéet suffisante à tous les niveaux d’intervention [2,3].

Aujourd’hui, la formation du personnel en transfusion seécline sous plusieurs formes, théorique ou pratique, initialeu continue, empirique ou académique, présentielle ou à dis-ance. Dans les pays développés, elle est actuellement bienrganisée au sein des établissements universitaires, des insti-uts spécialisés ou des réseaux hospitaliers. Depuis l’épidémieu syndrome de l’immunodéficience acquise (sida) et la maîtrisee la transmissibilité du virus de l’immunodéficience humaineVIH) par le sang, l’offre de formation aux pays en dévelop-ement est multiple et souple, allant des ateliers organisés parivers organismes internationaux et associations (Organisationondiale de la santé [OMS], Fédération internationale de laroix-Rouge et Croissant-Rouge, Safe Blood for Africa Foun-ation, la Société africaine de transfusion sanguine, etc.) auxormations diplômantes de plus ou moins longue durée dans lesniversités et instituts assimilés (Institut national de transfusionanguine de France, universités belges [université catholique deouvain, université Libre de Bruxelles, université de Liège],niversité Pierre-et-Marie-Curie de Paris, université Claude-ernard Lyon 1, université de Lille 2, etc.) en passant par des

tages en milieu hospitalier ou dans les centres de transfusion4–8]. Pour le monde francophone, diverses formations diplô-antes sont offertes : des mastères en médecine transfusionnelle,

es diplômes d’études spécialisées et des diplômes spécifiquesux acteurs de la transfusion (capacité, diplôme universitaireu interuniversitaire, diplôme complémentaire, etc.). La forma-ion y est globale ou très ciblée à l’instar du cours de sécuritéransfusionnelle orientée vers la recherche en transfusion et orga-isé par l’Institut Pasteur de Paris [9], ou encore sur la pratiqueransfusionnelle [8]. Les coûts de formation sont variables maises bourses sont parfois offertes et ouvertes aux ressortissantses pays africains. Des formations effectuées en Afrique sub-aharienne sont de plus en plus disponibles, à l’instar du récentiplôme universitaire de transfusion sanguine de l’universitéheick-Anta-Diop de Dakar ou de l’Institut africain de médecine

ransfusionnelle en Afrique du sud [10,11]. Une formation à laecherche en sécurité transfusionnelle infectieuse est disponiblen Afrique du sud et organisé par le Blood System Researchnstitute de San Francisco [12].

Malgré ces possibilités et ces disponibilités, la formation enransfusion du personnel en transfusion d’Afrique francophoneemble insuffisante au quotidien et peu adaptée aux réalités desentres de transfusion d’Afrique francophone. Cette étude pré-iminaire donne une image du niveau de formation actuel duersonnel et permettra d’identifier les besoins réels.

. Méthodologie

Une étude descriptive a été effectuée sur la formatione l’ensemble du personnel de quatre centres de transfusion

’Afrique subsaharienne francophone : le Centre national deransfusion sanguine de Bamako au Mali (Afrique de l’Ouest), leentre provincial de transfusion sanguine du Katanga, Lubum-ashi, République Démocratique du Congo (Afrique australe),

ilt(

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e Centre provincial de transfusion sanguine de Kananga, Répu-lique Démocratique du Congo (Afrique australe) et la Banquee sang du centre hospitalier de Yaoundé, Cameroun (Afriqueentrale). Un questionnaire a été envoyé aux centres participantsour répondre aux points suivants :

production annuelle en termes de nombre de poches ;activités transfusionnelles effectuées dans le centre : la pro-motion du don, la collecte, la préparation des produitssanguins labiles, le dépistage des infections transmis-sibles par la transfusion, l’immunohématologie, le dosaged’hémoglobine, le stockage, la distribution, le contrôle dequalité, l’évaluation externe de la qualité, la formation dupersonnel, la recherche en transfusion ;nombre et qualification du personnel travaillant dans lecentre ;formation spécifique en transfusion sanguine effectuée parchaque personnel : type de formation, durée, diplômes,domaines de formations ;organismes formateurs.

. Résultats

Trois des quatre centres étudiés sont de création récenteaprès 1990). En 2009, les quatre centres ont collecté au total3 191 poches de sang. Les activités transfusionnelles de basecollecte de sang, qualification biologique, stockage, distribu-ion) sont effectuées par tous les centres. Un seul centre nerépare pas les dérivés sanguins (centre provincial de Kananga)t deux d’entre eux ne font pas de recherche en transfusion. Touses centres accueillent des stagiaires (Tableau 1).

Un total de 100 membres du personnel ont été dénombrésour les quatre centres, soit 1,5 personnes pour 1000 pochesollectées par an. Le nombre a été de neuf dans le centree Kananga (13 personnes pour 1000 poches), 14 dans celuie Yaoundé (quatre personnes pour 1000 poches), 18 pourubumbashi (0,6 personne pour 1000) et 59 pour Bamako (deuxersonnes pour 1000). Il faut préciser que le personnel duentre de transfusion de Yaoundé exerce une activité partagéeuisqu’il travaille en même temps dans l’ensemble du service’hématologie clinique et dans le laboratoire d’hématologie. Lesadres (médecins et pharmaciens) représentent 16 % de l’effectiflobal avec une majorité de médecins généralistes (9 %). Leersonnel annexe non médical représente 44 % de l’ensembleTableau 2).

La formation en transfusion la plus fréquente est soit un ate-ier ou un cours de quelques semaines pour 13 % du personnel,n diplôme universitaire pour 3 % un mastère ou un diplôme’études spécialisées pour 7 %. Mais au total, 74 % du personnel’ont aucune formation spécifique en transfusion (Tableau 3).

La formation a été effectuée par des divers organismes dont2,8 % par des universités et instituts assimilés. La formation

nteruniversitaire par la communauté universitaire belge poure développement a représenté 20 % de l’ensemble des forma-ions et 43,75 % (7/16) des formations principales diplômantesTableau 4).
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Tableau 1Les centres et leurs activités.

Pays Cameroun Congo Congo MaliVille Yaoundé Lumumbashi Kananga BamakoType de centre Banque hospitalière Centre provincial Centre régional Centre nationalAnnée de création 1979 2002 2005 1990Nombre de poches de sang collectées par an 3500 29 898 669 29 124Activités effectuées

Type d’administration Service Direction Direction DirectionPromotion du don Partielle Oui Oui OuiCollecte fixe Oui Oui Oui OuiCollecte mobile Oui Oui Oui OuiPréparation des produits sanguins labiles Oui Oui Non OuiQualification biologique (dépistage desinfections transmissibles par latransfusion/groupage sanguin)

Oui Oui Oui Oui

Stockage et conservation Oui Oui Oui OuiValidation Oui Oui Oui OuiDistribution Oui Oui Oui OuiContrôle de qualité interne Oui Oui Oui OuiÉvaluation externe de la qualité Oui Non Non OuiFormation (accueil des stagiaires) Oui Oui Oui OuiRecherche en transfusion Oui Non Non Oui

Tableau 2Qualification principale du personnel.

Centre Cameroun Congo (Lubumbashi) Congo (Kananga) Mali Total

Hématologue 1 0 0 1 2Médecin biologiste 1 0 0 2 3Pharmacien biologiste 0 0 0 2 2Médecin généraliste 1 5 2 1 9Infirmier 0 0 4 2 6Technicien de laboratoire 8 5 2 11 26Aide-soignante/Aide de laboratoire 2 0 0 5 7Personnel administratif 0 1 0 0 1Autres personnel annexe 1 7 1 35 44Total 14 18 9 59 100Nombre de personnel par poches collectées 4/1000 0,6/1000 13/1000 2/1000 1,5/1000

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En ce qui concerne le type de formation en fonction de laualification du personnel, 53,84 % (14/26) de personnel formépécifiquement en transfusion sanguine sont des cadres (méde-

ins, pharmaciens, biologistes). Ce pourcentage décroît jusqu’à1 % si l’on considère les infirmier(e)s et technicien(ne)s, à 0 %our les aides-soignantes, et à 5 % pour le personnel non médi-

cmr

ableau 3rincipale formation en transfusion.

entre Cameroun Congo

astère en transfusion 1 1iplôme d’études spécialisées en transfusion 1 0iplôme universitaire en transfusion 1 0apacité en transfusion 0 0tage de 0 à 6 mois 0 0tage de plus de 6 mois 0 0telier ou cours de transfusion 2 8ucune formation spécifique 9 9

otal 14 18

al. Par ailleurs, la formation a été diplômante pour 12 cadresur 14 et pour quatre personnes non cadres sur 12 (Tableau 5).

La proportion de personnes formées en promotion du don et

ollecte de sang a été de 17 % contre 14 %, 8 % et 4 % respective-ent pour la qualification biologique, la transfusion clinique et la

echerche en transfusion. Une personne a été formée en adminis-

(Lubumbashi) Congo (Kananga) Mali Total

1 1 40 2 30 2 30 0 00 4 40 0 02 0 126 50 74

9 59 100

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Tableau 4Nombre de formations effectuées en transfusion et organismes formateurs.

Communautéuniversi-taire pourle dévelop-pement

Centers forDiseaseControl

UniversityofCambridge

InstitutPasteur,Paris

Universitéd’Aix-en-Provence

Organisationmondialede la santé

Adhet,France

Diamed Safe BloodFounda-tion forAfrica

Autresa Total

Mastère entransfusion

4 0 0 0 0 0 0 0 0 0 4

Diplôme d’étudesspécialisées entransfusion

3 0 0 0 0 0 0 0 0 0 3

Diplômeuniversitaire entransfusion

0 0 1 0 1 0 0 0 0 1 3

Capacité entransfusion

0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0

Stage de 0 à6 mois

0 0 0 0 0 1 4 2 4 0 11

Stage de plus de6 mois

0 0 0 0 0 0 0 0 0 1 1

Atelier ou coursde transfusion

0 4 0 4 0 1 0 0 0 4 13

Total 7 4 1 4 1 2 4 2 4 6 35

Adhet : Association pour le développement de l’hématologie et la transfusion.a Les formations (initiales ou continues) effectuées par le centre de transfusion lui-même n’ont pas été comptabilisées.

Tableau 5Qualification du personnel et principale formation en transfusion.

Médecins/pharma-ciens/biologistes

Techniciens/infirmiers

Aide-soignante/Aide delaboratoire

Personneladministratif

Autrespersonnelannexe

Total

Mastère en transfusion 4 0 0 0 0 4Diplôme d’études spécialisées en transfusion 3 0 0 0 0 3Diplôme universitaire en transfusion 3 0 0 0 0 3Capacité en transfusion 0 0 0 0 0 0Stage de 0 à 6 mois 0 2 0 0 1 3Stage de plus de 6 mois 0 0 0 0 0 0Atelier ou cours de transfusion 4 8 0 0 1 13Aucune formation spécifique 2 22 7 1 42 74

T 7 1 44 100

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Tableau 6Nombre de personnel formé dans différents secteurs d’activités.

Activités Nombre

Administration et gestion des banques desang

1

Gestion du don (promotion du don/collecte) 17Laboratoire (préparation des produits

sanguins labiles/dépistage des infectionstransmises partransfusion/immunohématologie)

14

Transfusion clinique (hémovigilance) 8Qualité 6Recherche en transfusion 4

otal 16 32

ration et gestion et une autre en maintenance des équipementsTableau 6).

. Discussion

Les quatre centres participants à cette première étude ont étéhoisis parmi des dizaines d’autres de manière à représenter para diversité de leur organisation et du volume de leurs activités’ensemble des centres de transfusion d’Afrique sub-sahariennerancophone. Dans ce groupe, on a en effet un centre de transfu-ion national, un centre régional de faible production, un centreégional de grande production et une banque de sang hospita-ière. Les centres sont également géographiquement distincts.

our une homogénéité de l’analyse du personnel médical, tousratiquent les activités de bases de la transfusion sanguine queont la collecte de sang, la qualification biologique, le stockaget la distribution.

Juriste 1Maintenance des équipements 1

Total 52

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40 C. Tayou Tagny et al. / Transfusion C

Les besoins quantitatifs en personnel sont bien réels. Poures 63 000 poches produites par an, l’étude n’a rapporté que00 personnes, soit 1,5 personnes pour 1000 poches de sangollectées par an. Ce chiffre doit de plus être interprété dansn contexte de ressources limitées en équipement où plusieursâches (groupage sanguin, dépistage des infections transmis-ibles par la transfusion, etc.) sont effectuées manuellement.’accueil des stagiaires y est régulier comme dans beaucoup deervices de santé pour, certes, apporter aux étudiants et aux per-onnels d’appui en stage, les bases indispensables en matièree transfusion, mais aussi pour disposer d’une main-d’œuvreomplémentaire et utile.

Dans ce faible effectif, seuls 26 % du personnel enregistré ontecu une formation spécifique en transfusion. De plus cette for-ation a été plus souvent une imprégnation au cours d’ateliers

t stages de courte durée. Même s’il est prouvé que la formationontinue peut être courte et rester efficace [13], la formation ini-iale nécessite l’acquisition de bases solides indispensables à laompréhension du processus et des enjeux de la sécurité. Elleevrait idéalement contenir au moins l’initiation à la transfu-ion sanguine, la médecine du don, la sécurité des dons et desroduits sanguins labiles, l’immunohématologie érythrocytaire,’immunologie leucoplaquettaire, la qualité et l’hémovigilance.

Dans l’ensemble du personnel technique, la formation desechniciens et infirmiers a été la moins représentée puisque pluses deux tiers d’entre eux n’étaient pas formés. Ces acteursssentiels de la sécurité transfusionnelle ont besoin d’une for-ation spécifique en complément de leur formation de base

t des objectifs opérationnels qu’on attend d’eux. La forma-ion insuffisante du personnel semble être la principale raisonu faible niveau de connaissances en matière de transfusion ete procédures de sécurité [2]. L’élaboration des lignes direc-rices procédurales, destinées au personnel infirmier et au resteu personnel qui travaillent dans le domaine de la transfusionanguine, doit se conformer à des normes existantes et apprisesces techniciens [14].

Lorsqu’elle existe, la formation est plus souvent ciblée quelobale, ne permettant pas ainsi au personnel d’être opérationneltous les niveaux de la chaîne transfusionnelle. La formation

u personnel a été majoritairement orientée vers la promotiont la collecte de sang, et vers le dépistage des infections trans-issibles par la transfusion. Même si ces deux domaines sont

rioritaires, les formations en administration des services deransfusion et en maintenance des équipements n’ont presqueas été effectuées. La formation en recherche en transfusion até l’agréable surprise puisque trois centres sur quatre ont béné-cié du cours de sécurité transfusionnelle infectieuse, axée sur

a recherche et organisée par l’Institut Pasteur de Paris [9].Une palette de formation couvrant l’ensemble des besoins

es acteurs francophones de la sécurité transfusionnelle estourtant disponible. L’Institut national de transfusion sanguinee France par exemple propose : des cours théoriques, desnseignements dirigés, des travaux pratiques et une évaluation

es acquis. Un accès au centre de documentation-informationInternet est également disponible au sein de 45 modules

ans le cadre de diplômes tels que le diplôme universi-aire de transfusion sanguine, le diplôme d’études spécialisées

ncsd

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omplémentaire ou capacité en technologie transfusionnelle.’offre de formation à distance (e-learning) offre également desossibilités d’apprentissage sans modifier l’activité quotidiennees apprenants [4]. Un mastère complémentaire en médecineransfusionnelle dans le cadre d’une formation interuniversitairest proposé en Belgique. Il est ouvert aux ressortissants des paysn voie de développement et couvre l’ensemble des maillonsssentiels de la chaîne transfusionnelle ; un module spécial yst d’ailleurs réservé à la transfusion en pays en voie de déve-oppement [15]. Enfin des ateliers organisés par l’OMS visent àssurer une formation/recyclage des médecins, biologistes et desechniciens de laboratoire sur les récents progrès de la médecineransfusionnelle dans le domaine de la transfusion sanguine à’heure des grandes mutations techniques et technologiques. Ilsisent à assurer une mise à niveau des médecins et des biologistesur la démarche diagnostique devant une anémie, et permettreux pays en voie de développement de bénéficier sur place, enfrique, des avancées scientifiques des pays industrialisés.Il faut relever que des formations existent en Afrique :

écemment, l’université Cheikh-Anta-Diop a ouvert un diplômenteruniversitaire qui permettra aux Africains de se former sansevoir se déplacer en Europe. Pour les étudiants anglophones,’institut africain de médecine transfusionnelle en Afrique,nimé par la fondation Safe blood for Africa, offre une forma-ion axée sur l’approvisionnement et la sécurité transfusionnellecompris le management des services de transfusions [10]. En

ffet, une des limites importantes de la formation reste le coûtréquemment inaccessible aux administrations des centres mal-ré une subvention internationale qui atteint jusqu’à 70 % de leurudget [16]. Entre le coût du déplacement, de l’hébergement etes frais de formations, le budget semble fréquemment limité.ela explique que les formations effectuées par le personnele cette étude ont été souvent supportées par les organismest gouvernement étrangers, notamment la coopération belgeia la Commission universitaire pour le développement, Egide,’Association pour le développement de l’hématologie et de laransfusion, Safe Blood for Africa Foundation, pour ne citer queeux là.

Le personnel travaillant dans les centres de transfusion’Afrique francophone est quantitativement insuffisant et la for-ation spécifique en transfusion sanguine n’est pas toujours

ssurée. En attendant une étude plus large, la formation doittre amplifiée, avec un accent particulier sur la formation desechniciens et des aides aux laboratoires. L’administration desentres de transfusion, la maintenance des équipements et le sys-ème de qualité doivent impérativement être traités. Il existe deombreuses offres de formation disponibles mais souvent trèsoûteuses pour les centres de transfusions africains. Néanmoins,ertaines sont financées pour les ressortissants du sud. Enfin, laormation par les universités africaines elles-mêmes doit êtrencouragée, tout comme la formation continue et le recyclageu personnel par les centres de transfusions eux-mêmes [17]. Leébat sur le lieu de la formation, en Afrique versus en Europe,

e peut pas être évité : si les étudiants se retrouvent dans leurontexte pour les formations données en Afrique, ils passentans doute à côté de l’utilisation de technologies plus récentesisponibles en cas de formation à l’étranger. Même si l’intérêt
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[Sub-Saharan Africa: a role for user fees. Health Policies Planning

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’enseigner la technologie est sans doute actuellement limité, ilaut impérativement que les étudiants acquièrent une méthodee réflexion qui leur servira à mettre en place une transfusionlus sûre adaptée à la situation locale.

éclaration d’intérêts

Les auteurs déclarent ne pas avoir de conflits d’intérêts enelation avec cet article.

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