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L’ÉVÉNEMENT U n rêve de petite fille, avoue- t-elle. Sylvie Pullès passe sa vie derrière un accordéon et fait danser toutes les généra- tions sur le musette. Vedette du piano à bretelles, elle fait aussi la fierté de son pays, le Cantal. Et elle le lui rend bien. L’accordéoniste native de Paulhenc n’a-t-elle pas fait vibrer les plus grandes salles parisiennes au son de “La bourrée de Pierrefort” ? Sa destinée, elle la doit en gran- de partie à son encadrement fami- lial. Dans cette famille d’éleveurs, on taquine le piano à bretelles depuis longtemps. À commencer par le grand-père, que Sylvie n’a jamais connu, mais dont elle a réparé l’accordéon. Et puis surtout son papa, René, qui a appris à jouer en gardant les vaches. Un de ses trois frères, David, qui a repris l’ex- ploitation familiale, joue aussi. Quant à elle, déjà à dix ans, ses petits doigts courraient avec virtuo- sité sur le clavier. Tandis que René Pullès jouait “d’oreille”, il encoura- ge sa fille à prendre des cours de solfège. Une histoire de famille “J’ai accompagné pour la pre- mière fois mon père qui animait un bal, j’avais 12 ans”, sourit aujour- d’hui Sylvie Pullès. “À 16 ans, je reprenais l’orchestre de mon papa qui connaissait quelques problèmes de santé. En même temps, je pas- sais un bac littéraire au lycée de la Haute-Auvergne de Saint-Flour. Puis je suis allée en fac d’espagnol à Toulouse”, explique celle qui se des- tinait plutôt à l’enseignement des langues ou la traduction. Mais parallèlement, la jeune Sylvie sui- vait le conservatoire et à 20 ans, elle APRÈS 25 ANS de carrière, Sylvie Pullès se lance un défi : l’Olympia ! “Le précédent accordéoniste a avoir eu son nom en lettres rouges, c’était André Verchuren en 1956”, rappelle-t-elle non sans une légitime fierté. D’autant qu’elle a le mérite d’avoir réalisée l’exploit en se débrouillant par elle-même. “J’ai monté ce spectacle toute seule, sans producteur ni imprésario”, souligne-t-elle. L’organisation Coquatrix lui fait confiance. À juste raison. Le 8 mai 2010 (date choisie hors période de vêlage pour permettre aux agriculteurs de s’y rendre !), les 2 000 places qu’offre la salle mythique sont remplies. Le public s’est déplacé en masse des quatre coins de la France et des cars ont spécialement été affrétés. L’artiste profite encore des retombées médiatiques assu- rées par la presse du Massif central. Elle s’avoue un peu déçue par les grands médias parisiens qui l’ont un peu boudée. De même, elle ne cache pas son regret de n’avoir bénéfi- cié que de peu de soutien du côté de la Ligue auvergnate. Qu’importe. Le titre de son spectacle “Paris gagné”, n’était pas usurpé... “Je n’ai qu’une envie désormais, c’est d’y retourner”, lance dans un géné- reux sourire l’accordéoniste. Prête à y consacrer deux ans de préparation s’il le faut. devient sociétaire de la Sacem (1) . Une réorientation en faculté de musicologie, toujours à Toulouse, sera déterminante : “Je savais que j’allais me consacrer 100 % à la musique.” Fin des études, c’est elle qui donne des cours particuliers dans le secteur de Pierrefort et de Neuvéglise. Quant aux soirées et les bals, ils ont pris le pas. Et le succès est immédiat. Son amour commu- nicatif du territoire n’y est sans doute pas étranger. Son riche baga- ge musical lui permet de composer sur des bases solides au niveau har- monique. Sa bonne humeur fait le reste. Depuis sa première cassette “L’Aubrac au Pont du Gournie”, elle ne cesse d’enregistrer des albums ; CD et DVD se succèdent à bon train. Hervé, un autre de ses frères féru d’informatique, se charge de la promotion de son artiste de sœur en réalisant et mettant à jour un site Internet (2) . À la conquête de Paris Les plus grandes salles lui ouvrent les portes. C’est le Zénith de Paris en 2003 et 2004, aux côtés des plus grands noms de l’accordéon (Michel Pruvot, Yvette Horner, Pascal Sevran). La première accordéoniste à monter sur les planches du Casino de Paris, c’est encore elle, en 2007 (la même année, Sylvie Pullès participe au Carrefour mondial de l’accor- déon au Québec). Et le fameux Balajo de la rue de Lappe ! En 2009, la Cantalienne s’y produit à deux reprises. Enfin, point d’orgue de cette reconnaissance parisienne, le 8 mai 2010. Pour fêter ses 25 ans de carrière, Sylvie Pullès a partagé un cadeau avec ses admirateurs : un Olympia, pour elle toute seule, “une fête de famille”, plaisante-t-elle (voir par ailleurs). Le groupe auvergnat Wazoo, dont le tube “La manivelle” a envahi les ondes radiophoniques l’été 1999, était en première partie. Pierre Bonte assurait l’animation de la soirée. Pas moins de 16 musiciens l’accompagnaient au cours d’un spectacle varié qui alliait folklore, musette, mais aussi classique avec des œuvres de Chopin ou Schubert. Au sortir de cette expérience extraordinaire, la petite Sylvie de Paulhenc aurait-elle “attrapé la grosse tête” ? Sûrement pas ! Elle continue d’écumer les salles poly- valentes et les bals en plein air, car c’est aussi et surtout ça, sa vie. “Tous les ans, je parcours quelques 80 000 kilomètres, sans compter les déplacements ponctuels à l’étran- ger qui se font en avion”, explique- t-elle sans une once de plainte dans la voix. Le plus drôle, c’est qu’elle n’est pas seule à faire autant de route : des fans la suivent partout ou presque. “Ils deviennent des amis”, sourit-elle en citant la famille Marcillac d’Ytrac qui accuse 500 sor- ties au compteur depuis 2002 ! Sans doute ont-ils entendu autant de fois la “Bourrée de Pierrefort”. “C’est le morceau fétiche et j’ai toujours autant de plaisir à le jouer”, confie Sylvie Pullès. Une vie en décalage Naturellement, de nouvelles com- positions voient le jour. “Essentiel- lement au gré des rencontres ou des événements qu’on a envie de met- tre en chanson” révèle l’auteur-com- positeur. Aujourd’hui, Sylvie Pullès vit en Aveyron. “Mais tout près du Cantal, dans le secteur d’Espalion”, s’empresse-t-elle de corriger. Elle a rejoint son compagnon aveyronnais, Jean-Louis Fontana, musicien d’or- chestre qui est aussi à ses côtés sur scène (guitare, basse, chant). Fidèle à son département, l’artiste a besoin de s’y ressourcer, au point d’avoir fait l’acquisition d’une résidence secondaire dans le Cantal. Cepen- dant, le temps libre est plutôt rare. “On travaille avec un certain déca- lage, essentiellement la nuit, surtout pendant que les gens sont en vacan- ces”, admet-elle, en reconnaissant que “dans ces conditions, les repas de famille se font rares”... “Mais c’est ma passion. Je n’en ai qu’une et j’ai la chance que ce soit mon métier.” RENAUD SAINT-ANDRÉ (1) Société des auteurs, compositeurs et éditeurs de musique. (2) www.sylviepulles.com La légitime fierté de voir son nom en lettres rouges sur l’Olympia Projets Sylvie Pullès se produit ce mercredi 27 juillet à Ledergues (12), puis assurera plusieurs dates dans le Tarn, le Tarn et Garonne, la Lozère, avant de revenir dans le Cantal, le 13 août à Tournemire, le 20 à Molèdes... L’accordéoniste prépare un CD et DVD : “Dansez le folklore vol.3” à sortir d’ici la fin de l’année et un voyage aux Baléares avec son fan-club, l’an prochain. Carrière L’Olympia en 2010. Que de chemin parcouru depuis la petite fille qui accompagne son papa (en 1975) jusqu’à la vedette de l’accordéon d’aujourd’hui. Sylvie Pullès Portrait de l’accordéoniste native de Paulhenc et dont la carrière enviable a fait d’elle la “Reine d’Auvergne”, comme l’a surnommée un certain André Verchuren. La formidable ascension de la Cantalienne devenue Reine d’Auvergne L’UNION DU CANTAL - 27 JUILLET 2011 3

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L’ÉVÉNEMENT

Un rêve de petite fille, avoue-t-elle. Sylvie Pullès passe savie derrière un accordéon etfait danser toutes les généra-

tions sur le musette. Vedette du pianoà bretelles, elle fait aussi la fierté deson pays, le Cantal. Et elle le lui rendbien. L’accordéoniste native dePaulhenc n’a-t-elle pas fait vibrer lesplus grandes salles parisiennes auson de “La bourrée de Pierrefort” ?

Sa destinée, elle la doit en gran-de partie à son encadrement fami-lial. Dans cette famille d’éleveurs,on taquine le piano à bretellesdepuis longtemps. À commencerpar le grand-père, que Sylvie n’ajamais connu, mais dont elle aréparé l’accordéon. Et puis surtoutson papa, René, qui a appris à joueren gardant les vaches. Un de sestrois frères, David, qui a repris l’ex-ploitation familiale, joue aussi.Quant à elle, déjà à dix ans, sespetits doigts courraient avec virtuo-sité sur le clavier. Tandis que RenéPullès jouait “d’oreille”, il encoura-ge sa fille à prendre des cours desolfège.

Une histoire de famille“J’ai accompagné pour la pre-

mière fois mon père qui animait unbal, j’avais 12 ans”, sourit aujour-d’hui Sylvie Pullès. “À 16 ans, jereprenais l’orchestre de mon papaqui connaissait quelques problèmesde santé. En même temps, je pas-sais un bac littéraire au lycée de laHaute-Auvergne de Saint-Flour.Puis je suis allée en fac d’espagnol àToulouse”, explique celle qui se des-tinait plutôt à l’enseignement deslangues ou la traduction. Maisparallèlement, la jeune Sylvie sui-vait le conservatoire et à 20 ans, elle

APRÈS 25 ANS de carrière,Sylvie Pullès se lance un défi :l’Olympia ! “Le précédent accordéoniste aavoir eu son nom en lettresrouges, c’était André Verchurenen 1956”, rappelle-t-elle nonsans une légitime fierté.D’autant qu’elle a le mérited’avoir réalisée l’exploit en sedébrouillant par elle-même.“J’ai monté ce spectacle touteseule, sans producteur niimprésario”, souligne-t-elle.L’organisation Coquatrix lui fait

confiance. À juste raison. Le 8 mai 2010 (date choisiehors période de vêlage pourpermettre aux agriculteurs des’y rendre !), les 2 000 places qu’offre la salle mythique sontremplies. Le public s’estdéplacé en masse des quatrecoins de la France et des carsont spécialement été affrétés. L’artiste profite encore desretombées médiatiques assu-rées par la presse du Massifcentral. Elle s’avoue un peudéçue par les grands médiasparisiens qui l’ont un peuboudée. De même, elle ne cachepas son regret de n’avoir bénéfi-cié que de peu de soutien ducôté de la Ligue auvergnate.Qu’importe. Le titre de sonspectacle “Paris gagné”, n’étaitpas usurpé... “Je n’ai qu’uneenvie désormais, c’est d’yretourner”, lance dans un géné-reux sourire l’accordéoniste.Prête à y consacrer deux ans depréparation s’il le faut.

devient sociétaire de la Sacem(1).Une réorientation en faculté demusicologie, toujours à Toulouse,sera déterminante : “Je savais quej’allais me consacrer 100 % à lamusique.”

Fin des études, c’est elle quidonne des cours particuliers dansle secteur de Pierrefort et deNeuvéglise. Quant aux soirées et lesbals, ils ont pris le pas. Et le succèsest immédiat. Son amour commu-nicatif du territoire n’y est sansdoute pas étranger. Son riche baga-ge musical lui permet de composersur des bases solides au niveau har-

monique. Sa bonne humeur fait lereste. Depuis sa première cassette“L’Aubrac au Pont du Gournie”, ellene cesse d’enregistrer des albums ;CD et DVD se succèdent à bontrain. Hervé, un autre de ses frèresféru d’informatique, se charge de lapromotion de son artiste de sœuren réalisant et mettant à jour unsite Internet(2).

À la conquête de ParisLes plus grandes salles lui ouvrent

les portes. C’est le Zénith de Parisen 2003 et 2004, aux côtés des plusgrands noms de l’accordéon (MichelPruvot, Yvette Horner, PascalSevran). La première accordéonisteà monter sur les planches du Casinode Paris, c’est encore elle, en 2007 (lamême année, Sylvie Pullès participeau Carrefour mondial de l’accor-déon au Québec). Et le fameuxBalajo de la rue de Lappe ! En 2009,la Cantalienne s’y produit à deuxreprises. Enfin, point d’orgue decette reconnaissance parisienne, le8 mai 2010.

Pour fêter ses 25 ans de carrière,Sylvie Pullès a partagé un cadeauavec ses admirateurs : un Olympia,pour elle toute seule, “une fête defamille”, plaisante-t-elle (voir parailleurs). Le groupe auvergnatWazoo, dont le tube “La manivelle”a envahi les ondes radiophoniquesl’été 1999, était en première partie.Pierre Bonte assurait l’animation dela soirée. Pas moins de 16 musiciensl’accompagnaient au cours d’unspectacle varié qui alliait folklore,musette, mais aussi classique avecdes œuvres de Chopin ou Schubert.

Au sortir de cette expérienceextraordinaire, la petite Sylvie dePaulhenc aurait-elle “attrapé lagrosse tête” ? Sûrement pas ! Ellecontinue d’écumer les salles poly-valentes et les bals en plein air, carc’est aussi et surtout ça, sa vie. “Tous

les ans, je parcours quelques80 000 kilomètres, sans compter lesdéplacements ponctuels à l’étran-ger qui se font en avion”, explique-t-elle sans une once de plainte dansla voix. Le plus drôle, c’est qu’ellen’est pas seule à faire autant deroute : des fans la suivent partoutou presque. “Ils deviennent desamis”, sourit-elle en citant la familleMarcillac d’Ytrac qui accuse 500 sor-ties au compteur depuis 2002 ! Sansdoute ont-ils entendu autant de foisla “Bourrée de Pierrefort”. “C’est lemorceau fétiche et j’ai toujoursautant de plaisir à le jouer”, confieSylvie Pullès.

Une vie en décalageNaturellement, de nouvelles com-

positions voient le jour. “Essentiel-lement au gré des rencontres ou desévénements qu’on a envie de met-tre en chanson” révèle l’auteur-com-positeur. Aujourd’hui, Sylvie Pullèsvit en Aveyron. “Mais tout près duCantal, dans le secteur d’Espalion”,s’empresse-t-elle de corriger. Elle arejoint son compagnon aveyronnais,Jean-Louis Fontana, musicien d’or-chestre qui est aussi à ses côtés surscène (guitare, basse, chant). Fidèleà son département, l’artiste a besoinde s’y ressourcer, au point d’avoirfait l’acquisition d’une résidencesecondaire dans le Cantal. Cepen-dant, le temps libre est plutôt rare.“On travaille avec un certain déca-lage, essentiellement la nuit, surtoutpendant que les gens sont en vacan-ces”, admet-elle, en reconnaissantque “dans ces conditions, les repasde famille se font rares”...

“Mais c’est ma passion. Je n’en aiqu’une et j’ai la chance que ce soitmon métier.”

RREENNAAUUDD SSAAIINNTT--AANNDDRRÉÉ

(1) Société des auteurs, compositeurs etéditeurs de musique.

(2) www.sylviepulles.com

La légitime fierté de voir son nom en lettres rouges sur l’Olympia

ProjetsSylvie Pullès se produit

ce mercredi27 juillet à

Ledergues (12),puis assurera

plusieurs datesdans le Tarn, le

Tarn et Garonne,la Lozère, avantde revenir dans

le Cantal,le 13 août

à Tournemire, le 20

à Molèdes...L’accordéonisteprépare un CD

et DVD : “Dansezle folklore vol.3”

à sortir d’ici la fin de l’année

et un voyageaux Baléares

avecson fan-club,

l’an prochain.

C a r r i è r e

L’Olympia en 2010.

Que de chemin parcouru depuis la petite fille qui accompagne son papa (en 1975) jusqu’à la vedette de l’accordéon d’aujourd’hui.

Sylvie Pullès ➜ Portrait de l’accordéoniste native de Paulhenc et dont la carrière enviable a faitd’elle la “Reine d’Auvergne”, comme l’a surnommée un certain André Verchuren.

La formidable ascension de la Cantaliennedevenue Reine d’Auvergne

L’UNION DU CANTAL - 27 JUILLET 2011 3