13
EHESS La France et l'Imérétie sous Napoléon Ier. Quelques documents inédits sur la Transcaucasie au début du XIXe siècle Author(s): Marianne Seydoux Source: Cahiers du Monde russe et soviétique, Vol. 8, No. 4 (Oct. - Dec., 1967), pp. 616-627 Published by: EHESS Stable URL: http://www.jstor.org/stable/20169471 . Accessed: 16/06/2014 23:19 Your use of the JSTOR archive indicates your acceptance of the Terms & Conditions of Use, available at . http://www.jstor.org/page/info/about/policies/terms.jsp . JSTOR is a not-for-profit service that helps scholars, researchers, and students discover, use, and build upon a wide range of content in a trusted digital archive. We use information technology and tools to increase productivity and facilitate new forms of scholarship. For more information about JSTOR, please contact [email protected]. . EHESS is collaborating with JSTOR to digitize, preserve and extend access to Cahiers du Monde russe et soviétique. http://www.jstor.org This content downloaded from 194.29.185.251 on Mon, 16 Jun 2014 23:19:09 PM All use subject to JSTOR Terms and Conditions

La France et l'Imérétie sous Napoléon Ier. Quelques documents inédits sur la Transcaucasie au début du XIXe siècle

Embed Size (px)

Citation preview

EHESS

La France et l'Imérétie sous Napoléon Ier. Quelques documents inédits sur la Transcaucasie audébut du XIXe siècleAuthor(s): Marianne SeydouxSource: Cahiers du Monde russe et soviétique, Vol. 8, No. 4 (Oct. - Dec., 1967), pp. 616-627Published by: EHESSStable URL: http://www.jstor.org/stable/20169471 .

Accessed: 16/06/2014 23:19

Your use of the JSTOR archive indicates your acceptance of the Terms & Conditions of Use, available at .http://www.jstor.org/page/info/about/policies/terms.jsp

.JSTOR is a not-for-profit service that helps scholars, researchers, and students discover, use, and build upon a wide range ofcontent in a trusted digital archive. We use information technology and tools to increase productivity and facilitate new formsof scholarship. For more information about JSTOR, please contact [email protected].

.

EHESS is collaborating with JSTOR to digitize, preserve and extend access to Cahiers du Monde russe etsoviétique.

http://www.jstor.org

This content downloaded from 194.29.185.251 on Mon, 16 Jun 2014 23:19:09 PMAll use subject to JSTOR Terms and Conditions

DOCUMENTS

LA FRANCE ET L'?M?R?TIE

SOUS NAPOL?ON Ier

QUELQUES DOCUMENTS IN?DITS

SUR LA TRANSCAUCASIE AU D?BUT DU XIX* SI?CLE*

Au d?but du xvie si?cle, alors que la Transcaucasie chr?tienne1

?tait divis?e en petites principaut?s ind?pendantes, en guerre les unes

contre les autres, trois grands empires se consolidaient ? ses fronti?res : ?

L'Empire ottoman qui, sous le r?gne de S?lim Ier, commence

son expansion vers l'Orient et ?tend son pouvoir ? la Transcaucasie

occidentale ; ?

L'Empire safa vide qui unifie l'Iran, et dont les arm?es p?n?trent en Transcaucasie orientale ;

? Enfin, l'Empire russe d'Ivan le Terrible qui commence ? prendre

pied dans le Caucase du Nord. Pendant trois si?cles, ces empires vont se disputer la Transcaucasie.

Il s'agit d'abord de la rivalit? entre l'Iran et la Turquie qui, aid?s

parfois par les diff?rents princes r?gnants en lutte les uns contre les

autres, prennent pied sur le territoire. Les Persans, en G?orgie orientale, et les Turcs, en G?orgie occidentale, imposent un protectorat plus ou

* Les documents que nous pr?sentons ici, figurent dans les Archives du minist?re des Affaires ?trang?res dans la s?rie : M?moires et Documents, Russie, X, r?. 292-296. Ils apportent quelques ?l?ments nouveaux ? l'histoire, assez mal connue encore, de l'expansion russe en Transcaucasie chr?tienne au d?but du xixe si?cle.

1. Il convient de rappeler ici que l'actuelle G?orgie ?tait divis?e ? l'?poque en une s?rie de principaut?s chr?tiennes ind?pendantes, gouvern?es pour la

plupart par des repr?sentants de la m?me dynastie : celle des Bagratides. La

G?orgie proprement dite (orientale) comprenait les royaumes de Karthlie et de Kakh?tie, r?unis en 1744 sous le r?gne d'Irakli II, et se trouvait sous la suzerainet? plus ou moins effective de l'Iran. La G?orgie occidentale ?tait divis?e en plusieurs ?tats : Im?r?tie, Mingr?lie, Gourie, Abkhazie, etc., sous la domi nation plus ou moins nominale de l'Empire ottoman.

This content downloaded from 194.29.185.251 on Mon, 16 Jun 2014 23:19:09 PMAll use subject to JSTOR Terms and Conditions

LA FRANCE ET L'IM?R?TIE 617

moins oppressif; celui des Turcs ?tait plus lointain, puisqu'ils ?taient

essentiellement int?ress?s par le tribut et les esclaves ; celui des

Persans plus direct : les Safa vides consid?raient les princes de Karthlie

Kakh?tie autant comme des alli?s que comme des vassaux et essayaient

d'int?grer leurs ?tats ? l'Empire, tout en pr?servant l'ind?pendance des dynasties1. Bien que chr?tiens, les Bagratides se sentaient culturel

lement beaucoup plus proches de l'Iran que de la Turquie, voire m?me

de la Russie. On sait que l'organisation administrative et la struc

ture sociale de leurs ?tats ?taient calqu?es sur celle des Sassanides

d'autrefois.

Il faut enfin ajouter ? ce tableau rapide les montagnards du

Caucase du Nord, les Daghestanais surtout et, plus particuli?rement, les Lezghes du Samur2 : populations musulmanes et pillardes qui inter

venaient tant?t ind?pendamment, tant?t aux c?t?s soit des Turcs, soit des Iraniens pour piller la Transcaucasie.

Les raids continuels des montagnards, les interventions des Turcs

et des Persans expliquent pourquoi, tout au long de ces trois si?cles, les Bagratides prirent l'habitude de se tourner vers les Russes en leur

demandant aide et protection ?

appels qui ne rencontr?rent d'ailleurs

pas d'?chos effectifs. Il faut attendre la guerre russo-turque de 1768

pour que la Russie envoie des conseillers et m?me des troupes en

G?orgie ?

petites unit?s qui n'interviennent pas directement et se

bornent ? nuire aux rapports unissant jusqu'alors, ? distance, les

Russes aux princes de G?orgie.

L'?quilibre instable qui caract?risait les relations internationales au Caucase a ?t? brusquement rompu ? la fin du xvine si?cle, au

moment o? l'Iran qui, depuis la mort de Nadir Shah, ?tait dans un

?tat de compl?te anarchie, a ?t? de nouveau unifi? par Aga Mohammed

Khan, fondateur de la nouvelle dynastie des Qajars. Voulant faire

de la G?orgie une province de la Perse, Aga Mohammed Khan ravagea la Transcaucasie et, en 1795, mit Tiflis ? sac. Ne pouvant compter sur les Turcs, trop faibles ? l'?poque, harcel?e par les raids des Lezghes, la G?orgie orientale se tourne d?finitivement vers la Russie.

En 1799, le roi Georgi XII (fils d'Irakli II) demande ? Paul Ier de placer son royaume de Karthlie-Kakh?tie sous l'autorit? du tsar, en pr?servant simplement la lign?e r?gnante des Bagratides. La

demande fut d'abord agr??e, mais, en d?cembre 1800, le tsar d?cida

l'annexion pure et simple de la G?orgie3. En 1802, Alexandre Ier mit

i. C'est ainsi, par exemple, qu'Irakli II, dans sa jeunesse, joua un r?le

important dans les campagnes de Nadir Shah aux Indes.

2. Le terme de ? Lezghe ?

(en russe : Lez gin) servait alors ? d?signer l'ensemble

des montagnards musulmans. A l'heure actuelle, il n'est plus employ? que pour les habitants du bassin de Samur dans le Daghestan m?ridional.

3. A cette ?poque, la G?orgie orientale ?tait en pleine anarchie ; Georgi XII

?tant mort au mois de d?cembre 1800, son h?ritier David, ses fr?res Yulon,

8

This content downloaded from 194.29.185.251 on Mon, 16 Jun 2014 23:19:09 PMAll use subject to JSTOR Terms and Conditions

6i8 MARIANNE SEYDOUX

fin ? la monarchie en Karthlie-Kakh?tie et la rempla?a par une

administration russe d?pendant directement du Gouvernement central.

La lign?e des Bagratides fut d?finitivement ?cart?e du pouvoir. Certains d'entre eux, refusant la souverainet? russe, s'exil?rent en

Iran, en Turquie, voire dans la montagne d'o? ils s'effor?aient de

soulever les populations et lan?aient des appels aux Turcs et aux

Iraniens1.

Ce processus d'int?gration fut poursuivi en 1811 par l'annexion

de l'?glise g?orgienne ind?pendante ? l'?glise russe2.

Apr?s l'annexion de la Karthlie-Kakh?tie, la Russie, bien qu'occup?e

par les affaires d'Europe occidentale, continua son avance en G?orgie

Pharnaos et Alexandre se disputaient la succession. La situation ?tait rendue

encore plus complexe par les intrigues de la reine Darejan, veuve redoutable

dTrakli II, qui soutenait son fils Yulon. Les r?centes incursions des Iraniens, les raids incessants des Lezghes avaient d?truit toute l'?conomie du pays, et

rien ne pouvait s'opposer ? l'annexion par les Russes.

i. Cf. le rapport transmis le 30 septembre 1820 par M. Libessart, consul

de France ? Riga, au minist?re des Affaires ?trang?res, qui cite un m?moire

remis en 1811 ? Alexandre Ier par un gouverneur g?n?ral de la G?orgie, vraisem

blablement le g?n?ral Tormasov (Archives du minist?re des Affaires ?trang?res,

op. cit., ff. 297-310) : ? Parmi les fr?res du Tzar Georges, ses plus grands ennemis ?taient Yulon,

Pharnaos et Alexandre. Les deux premiers, apr?s avoir ?t? faits prisonniers dans des affaires qu'ils eurent avec les troupes russes, furent conduits en Russie ; et le dernier, qui depuis quelques temps se trouvait aupr?s des Lezghis, se retira en Perse, o? bient?t il attira deux autres membres de sa famille, Teymouras et Lewan. C'est Alexandre qui, en 1809, suscita les incursions que les Lezghis et les Turcs du Pashali d'Akalzick ont tent?es. C'est encore lui qui, l'ann?e

suivante, parvint ? d?cider la cour de Perse et le Pasha d'Akalzick ? r?unir

leurs forces et ? tomber sur la Kartelinie, tandis que Lewan s'?tait port? dans

l'Oss?tie qu'il avait soulev?e ; il s'?tait form? un grand parti dans la Kartelinie

qui n'attendait que l'instant o? les Persans et les Turcs p?n?treraient pour arborer l'?tendard de la r?volte qui existait d?j? en Im?r?tie... ?

2. Cette politique de russification est r?sum?e comme suit dans la premi?re r?flexion, jointe au rapport du gouverneur de G?orgie cit? supra, n. 1 :

? ... Le but du Gouvernement doit ? mon avis ?tre celui de se rendre paisible possesseur de l'intervalle qui existe entre les provinces d'Europe et celles d'Asie

mineure [les monts du Caucase]. Comme dans ce moment, des circonstances

majeures peuvent emp?cher l'augmentation de nos forces dans ces contr?es

lointaines, ce qui cependant serait indispensable pour frapper un coup d?cisif, il faudrait modifier insensiblement l'ancien syst?me qui doit tendre ? extirper ce Cancer qui, depuis tant d'ann?es, ronge les forces de l'Empire.

Pour y parvenir, il faut se servir de tous les moyens qui n'inspirent point la m?fiance, d?tourner l'id?e du p?ril que les habitants du Caucase courent de

perdre leur libert?, favoriser un commerce d'?change qui nous est aussi avan

tageux qu'il leur est n?cessaire, profiter de cette apparente tranquillit? pour se

procurer les notions les plus exactes du pays, se former des partisans dans les familles les plus marquantes, non seulement entretenir, mais fomenter la dis corde et les haines entre les diff?rentes peuplades, employer tous les moyens de s?duction et de persuasion pour propager dans ces contr?es le christianisme qui est si favorable ? la civilisation, et pr?parer enfin avec adresse tout ce qui pour rait nous faciliter un prompt et heureux succ?s, lorsque les circonstances poli tiques permettront d'employer dans ces contr?es les forces n?cessaires pour

s'emparer de cette barri?re qui, en s?parant la G?orgie de la Russie, en rend la

possession toujours douteuse... ?

This content downloaded from 194.29.185.251 on Mon, 16 Jun 2014 23:19:09 PMAll use subject to JSTOR Terms and Conditions

LA FRANCE ET l'IM?RETIE 619

occidentale. Cette avance ?tait rendue facile par la d?sorganisation de

l'Empire ottoman et la rivalit? entre les diverses principaut?s bagra tides. En 1803, le prince Grigol Dadian de Mingr?lie, en lutte avec

Salomon II d'Im?r?tie, sollicita le protectorat russe. Son exemple fut

suivi par la Gourie en 1804 et l'Abkhazie en 1809. Ces principaut?s conserv?rent pendant quelques ann?es leur gouvernement sous la

suzerainet? des Russes. La lign?e des Dadian de Mingr?lie ne fut

abolie d?finitivement qu'en 1857. La derni?re principaut? ind?pendante, la plus importante de la

G?orgie occidentale, ?tait l'Im?r?tie, gouvern?e alors par le prince Salomon II, petit-fils d'Irakli II de Karthlie-Kakh?tie. L'Im?r?tie,

qui n'avait pas sollicit? le protectorat russe, ?tait le refuge de tous

les partisans de la politique anti-russe, le lieu de toutes les intrigues.

Cependant, en 1804, devant la menace du g?n?ral Tsitsianov1, gouver neur de la G?orgie, d'envahir son territoire, Salomon dut accepter le

m?me protectorat que Grigol Dadian de Mingr?lie. Mais, ? partir de

1806, date ? laquelle les Russes et les Turcs sont ? nouveau en guerre et malgr? ce protectorat nominal, Salomon prend r?solument parti contre la Russie. C'est vers cette ?poque qu'il entre en relations

secr?tes avec les gouverneurs turcs des vilayets orientaux et s'int? resse ? l'avance de Napol?on au Moyen-Orient.

En effet, la renomm?e de Napol?on p?n?tre dans cette r?gion d?s

le d?but du si?cle2. Son intervention est facilit?e par le d?sir de l'Iran

de reconqu?rir la G?orgie. Apr?s avoir recherch?, sans succ?s ? cause

de ses exigences, une alliance avec la Grande-Bretagne, le Gouverne

ment de T?h?ran se tourne vers la France3. D?s 1806, une mission

fran?aise dirig?e par Am?d?e Jaubert arrive ? Constantinople, suivie

par celle du g?n?ral Sebastiani, et enfin par celle de Gardane ; leur

but ?tait d'arriver ? une triple alliance : France, Perse et Turquie contre la Russie.

Ces missions aboutirent le 4 mai 1807 ? la signature du trait? de

i. Le prince Paul Tsitsianov ?tait un g?orgien, descendant de la famille

princi?re des Tsitsishvili de Karthlie, et cousin lointain de la reine Mariam, veuve de Georgi XII. Il avait ?t? commandant de Bakou pendant la campagne de Valerian Zubov en 1796, et avait une excellente r?putation dans l'arm?e russe.

Nomm? gouverneur de G?orgie en septembre 1802, il fut tu? en 1806 au cours

d'une campagne contre la Perse par le khan de Bakou. 2. D. M. Lang, dans son ouvrage : The Last Years of the Georgian Monarchy,

1658-1832 (New York, Columbia University Press, 1957, P- 229> n- 6), signale que Napol?on avait fait un essai en avril 1799 pour gagner le roi Georgi XII ? sa cause. Un envoy? fran?ais avait ?t? d?l?gu? ? Tiflis, mais il avait ?t? inter

cept? et ex?cut? par le pacha d'Akhaltsikhe. Lang cite la lettre de David Bato nishvili ? l'?v?que Joseph Argutinskij du 15 avril 1799, in A. A. Tsagareli, Gramoty (Documents), II, 2e partie, p. 204.

3. En d?cembre 1804, le Shah adressa une premi?re lettre ? Napol?on. Cf. E. Driault, La politique orientale de Napol?on. Sebastiani et Gardane (1806

1808), Paris, Alean, 1904, p. 172.

This content downloaded from 194.29.185.251 on Mon, 16 Jun 2014 23:19:09 PMAll use subject to JSTOR Terms and Conditions

620 MARIANNE SEYDOUX

Finkenstein entre la France et la Perse, par lequel Napol?on reconnais

sait au Shah la possession de la G?orgie orientale et lui promettait de contraindre les Russes ? ?vacuer les provinces persanes. Il s'enga

geait ?galement ? fournir une aide militaire et des officiers pour r?or

ganiser l'arm?e iranienne.

C'est aussi vers cette ?poque, semble-t-il, que Salomon aurait

adress? plusieurs messages ? Napol?on lui demandant son aide contre

les Russes1. En 1809, Salomon entre ouvertement en conflit avec les

Russes. Les Im?r?tiens s'attaquent ? un convoi russe se rendant ?

Poti. En r?ponse, les troupes russes, command?es par le g?n?ral Alexandre Tormasov2, encerclent l'Im?r?tie et, en janvier 1810,

apr?s un dernier ultimatum, envahissent le pays. Les partisans de

Salomon furent battus, et Salomon lui-m?me, fait prisonnier et escort?

? Tiflis. Quelques semaines plus tard, dans des circonstances assez

romanesques3, il r?ussit ? s'?chapper de Tiflis et ? se r?fugier chez les

Turcs ? Akhaltsikhe. En Im?r?tie, une r?volte populaire encourag?e par cette ?vasion fut ?cras?e et le pays, ?puis? par la guerre, la famine

et une ?pid?mie de peste, fut plac? sous un gouvernement russe en 1811.

Salomon, r?fugi? ? Akhaltsikhe, va rechercher l'aide de la Turquie, de la Perse et de la France. Au mois de d?cembre 1810, il se rend ?

Erivan pour demander l'aide de la cour de Perse, mais n'y re?oit que

quelques subsides et le conseil de s'adresser au sultan pour une aide

militaire4.

Avant m?me son d?part d'Erivan, Salomon avait en vain demand? au gouverneur d'Akhaltsikhe la permission de se rendre lui-m?me ?

Constantinople5 et, sur son refus, y envoya une mission dirig?e par le

sardar Kaikhosro Tseretelli, et charg?e de lettres pour la cour ottomane et pour Napol?on.

Dans son rapport du 5 mars 1811, Latour-Maubourg, charg? d'Affaires aupr?s de la Sublime Porte, ?crit : ? Les G?orgiens qui sont

arriv?s depuis peu ? Constantinople, avaient pour mission de demander ? la Sublime Porte des secours contre les Russes. On leur a promis un

corps de vingt ? vingt-cinq mille hommes. ?6

Cette promesse n'a ?videmment pas ?t? tenue. Quelques semaines

i. Ces documents n'ont pas ?t? retrouv?s, mais il en est question dans la lettre de Salomon (cf. infra, p. 623).

2. Tormasov avait ?t? nomm? gouverneur de la G?orgie en 1809. Il fut aid? dans sa campagne contre l'Im?r?tie par les Dadian de Mingr?lie et les

Guriely de Gourie, ennemis jur?s de Salomon.

3. Les diff?rentes versions de cette ?vasion sont relat?es dans M. Brosset, Histoire de la G?orgie depuis l'Antiquit? jusqu'au XIXe si?cle, Saint-P?tersbourg,

1857, 2e partie, p. 294. 4. Cf. infra, p. 627, note sur le prince Salomon dat?e du 28 ao?t 1811.

5. Cf. infra, p. 625, lettre d'Outrey du 25 juillet 1811. 6. Archives du minist?re des Affaires ?trang?res, Correspondance politique,

Turquie, CCXXI, ? Bulletin du 5 mars 1811 ?, p. 153.

This content downloaded from 194.29.185.251 on Mon, 16 Jun 2014 23:19:09 PMAll use subject to JSTOR Terms and Conditions

LA FRANCE ET L'IMERETIE 62I

plus tard, le 16 avril 1811, Latour-Maubourg transmettait ? Cham

pagny, duc de Cadore, ministre des Affaires ?trang?res, la traduction

fran?aise d'une lettre personnelle de Salomon ? Napol?on dont nous

donnons le texte plus loin (p. 623)x. La lettre ?tait accompagn?e d'une note d'Outrey, vice-consul de France, donnant un bref aper?u histo

rique sur la G?orgie et sur Salomon. Comme il ressort de la note

d'Outrey, Salomon ne re?ut jamais de r?ponse ? sa lettre. Il ne se

d?couragea pas pour autant. Nous savons en effet qu'en 1811 il devait

envoyer ? plusieurs reprises des ?missaires aupr?s de M. Dupr?, consul de France ? Tr?bizonde, pour ? le prier de solliciter une r?ponse aux

lettres que le prince Salomon a ?crites en diverses circonstances ? Sa Majest? l'Empereur et Roi ?2 ; il ?tait m?me pr?t ? aller lui-m?me ? se jeter aux pieds de Sa Majest? l'Empereur et Roi et l'assurer de son entier d?vouement et la prier de le consid?rer comme un de ses

sujets ?3 si les Turcs voulaient bien le laisser partir. Cette d?marche d?sesp?r?e n'eut aucune suite, Napol?on ?tant

trop engag? dans la pr?paration de la guerre avec la Russie. Du c?t? russe, nous savons, par le rapport pr?par? pour Alexan

dre Ier par un gouverneur g?n?ral de la G?orgie (vraisemblablement Tormasov)4, que ? les insurrections ?taient toujours pr?tes ? ?clater dans l'Im?r?tie et dans la G?orgie o? les deux d?serteurs royaux, Salomon et Alexandre, conservaient des liaisons ?.

Nous apprenons aussi par une lettre du commandant des forces russes en G?orgie, Paulucci, au ministre des Affaires ?trang?res,

Rumjancev, qu'une r?volte fut ?cras?e au d?but de 1812 en Im?r?tie ? ? r?volte foment?e par les princes g?orgiens r?fugi?s en Perse et

aid?s par le Gouvernement persan ?5. Le trait? de Bucarest de 1812, qui mit fin ? la guerre russo-turque,

ne parlait pas explicitement de la G?orgie occidentale et laissait planer un malentendu. En effet, d'apr?s la clause VI du trait?, la Russie devait rendre ? l'Empire ottoman ? tous les territoires envahis par la force des armes en Asie ?. Pour les Turcs, cela incluait notamment

l'Im?r?tie, alors que les Russes pr?tendaient que les principaut?s chr?tiennes de la G?orgie occidentale s'?taient soumises volontairement ? la Russie et, de plus, leur avaient ?t? c?d?es par les Iraniens.

i. La version anglaise de cette lettre figure dans D. M. Lang, op. cit., pp. 263 265.

2. Cf. infra, p. 625, lettre d'Outrey du 25 juillet 1811.

3. Ibid.

4. Cf. supra, p. 618, n. 1.

5. Lettre du g?n?ral F. O. Paulucci, commandant les forces russes en G?orgie, au ministre des Affaires ?trang?res N. P. Rumjancev, du 26 mars/7 avril 1812, dans Vnesnjaja politika Rossii XIX-ogo i nacala XX-ogo veka (Politique ext?rieure de la Russie au XIXe et au d?but du XXe si?cle), Dokumenty Rossijskogo

Ministerstva Inostrannyh del, Moscou, Gos. izdat. pol. lit., 1962, s?rie 1, VI,

p. 329.

This content downloaded from 194.29.185.251 on Mon, 16 Jun 2014 23:19:09 PMAll use subject to JSTOR Terms and Conditions

622 MARIANNE SEYDOUX

A partir de cette ?poque, Salomon dispara?t pratiquement de la

sc?ne des ?v?nements politiques et nous ne savons presque rien de

lui. Seuls quelques rares documents turcs permettent de suivre sa

trace. Parmi ceux-ci il faut citer en premier lieu le rapport de Suley man Pacha, vali de Tr?bizonde, dat? du 31 d?cembre 1813 et adress? au Grand Conseil imp?rial1. L'auteur de ce document signale qu'il avait pr?sent? aux autorit?s russes une demande exigeant l'?vacuation

de leurs troupes de l'Im?r?tie, ? conform?ment aux clauses du trait?

de Bucarest ?. Il y fait ?tat de sa rencontre avec Salomon, ? khan

d'Acyq-Bas ?, dans la forteresse turque de Fas, et de la requ?te

pr?sent?e par Salomon au Gouvernement ottoman en vue d'une

intervention arm?e, au cas o? les Russes refuseraient d'?vacuer son

territoire et l'emp?cheraient d'acc?der au ? khanat d'Acyq-Bas ?.

Selon Suleyman Pacha, Salomon, qui venait de recevoir un firman

imp?rial, se d?clarait un sujet loyal et fid?le de la Sublime Porte.

Finalement le vali de Tr?bizonde demandait ? la Sublime Porte s'il

devait intervenir militairement pour imposer le prince Salomon aux

Russes.

Il semble que ces espoirs devaient ?tre d??us une fois encore.

Salomon, dernier descendant des Bagratides d'Im?r?tie, qui r?gna

vingt et un ans, resta jusqu'? sa mort, survenue le 19 f?vrier 1815, ? Tr?bizonde.

Paris, juillet 1967. Marianne Seydoux.

DOCUMENTS

I

Lettre de Latour-Maubourg, charg? d'Affaires aupr?s de la Sublime Porte,

? Champagny, duc de Cadore, Ministre des Affaires ?trang?res.

A Constantinople, le 16 Avril 1811.

Monseigneur, Les Ambassadeurs que le Prince Salomon de G?orgie a envoy?s

? Constantinople, comme j'ai eu d?j? l'honneur de le mander ? Votre

i. Ce rapport dat? du 8 muharrem 1229/31 d?cembre 1813, figure sous le n? E 2890, dans les Archives du mus?e du palais de Topkapi.

This content downloaded from 194.29.185.251 on Mon, 16 Jun 2014 23:19:09 PMAll use subject to JSTOR Terms and Conditions

LA FRANCE ET L'IM?R?TIE 623

Excellence, m'ont fait remettre une lettre que leur Ma?tre adresse ? Sa Majest?. Je joins ici cette lettre avec la traduction que j'en ai fait faire. Je prie votre Excellence de me faire Savoir ce que j'aurai ?

r?pondre au Prince Salomon.

J'ai l'honneur de renouveler ? Votre Excellence les assurances de mon profond respect.

Sign? : Latour-Maubourg.

II

Lettre de M. Outrey au ministre des Affaires ?trang?res.

Constantinople, le Ier Octobre 1811.

Monseigneur,

J'ai l'honneur d'envoyer ci-joint ? Son Excellence la lettre du Prince Salomon ?crite en g?orgien avec l'original de la traduction

qu'en a faite Mr Rufftn ; et copie d'une lettre en chiffre du 25 du mois de Juillet dernier.

Les deux ?missaires du Prince Salomon qui ?taient dans cette

capitale sont partis pour aller rejoindre leur ma?tre. Je n'ai pas cru

devoir communiquer avec eux pendant leur s?jour ici parce que,

n'y ?tant pas autoris? par son Excellence, je craignis que cette d?marche ne re??t pas son approbation...

J'ai l'honneur d'?tre avec le plus profond respect, Monseigneur, de votre Excellence

Le tr?s humble et tr?s ob?issant serviteur.

Sign? : Outrey.

III

Traduction de la version turque d'une d?p?che adress?e en idiome g?orgien ? Sa Majest? l'Empereur

par le Prince Salomon qui se signe Roi.

6 Janvier 1811.

Suscription :

A Sa Majest? Imp?riale le tr?s Sublime, tr?s grand, tr?s puissant Monarque, l'Empereur de la Grande Rome, le C?sar des Fran?ais, Napol?on le Grand, dominateur de tout l'Occident, Empereur tr?s mis?ricordieux.

This content downloaded from 194.29.185.251 on Mon, 16 Jun 2014 23:19:09 PMAll use subject to JSTOR Terms and Conditions

624 MARIANNE SEYDOUX

Tr?s Auguste, tr?s Mis?ricordieux Empereur, apr?s Dieu, Roi des

Rois.

Depuis que le v u unanime de la R?publique vous appela ? la noble Couronne Imp?riale de France, nous nous empress?mes de vous

soumettre quelques humbles requ?tes. Nous y repr?sentions ? Votre Majest?, comme au Chef Supr?me

de la Chr?tient? que l'Empereur de Moscou nous avoit, injustement et contre la loi, destitu? de notre royaut? ; que cet Empereur n'y a aucune esp?ce de droit, que quant ? nous, n'ayant eu ni la force ? nous opposer, les armes ? la main ? l'envahissement de nos ?tats, ni les moyens de nous les faire l?galement restituer par l'usurpateur, cette double impuissance suffisoit pour excuser notre inaction ; et

qu'il n'appertenoit qu'? Votre Majest? Imp?riale de conno?tre de

l'acte de spoliation impitoyable commis envers nous par le susdit

Empereur de Moscou ; puisque, avec le secours de Dieu, Votre Majest? Imp?riale a r?uni naturellement, et d'apr?s les lois humaines le

pouvoir, la force et l'autorit? de tous les souverains de la terre dans ses seules mains, le Divin Cr?ateur vous ayant uniquement mis au

monde pour y ?tablir l'ordre par la puissance et la justice dont il vous a dou? lui m?me ; vous ?tes donc l'ordonnateur supr?me de tous ces Souverains. Serait-il possible que notre recours ? votre autorit?

l?gitime ne f?t pas admis et accueilli car tous, tant que nous sommes, de potentats sous le soleil nous ne reconnaissons que Votre Majest? Imp?riale pour l'arbitre universel qui redresse tous les torts, r?gle les satisfactions ? exiger et prot?ge le faible contre le fort.

C'est sous ces rapports, mon tr?s Auguste, tr?s Puissant Empereur et incomparable ordonnateur que je me prosterne humblement devant

Votre Majest? Imp?riale. Puisse-t-elle de jour en jour, d'heure en

heure, cro?tre en dignit?s et en bonheur ; qu'elle ajoute ? ses glorieux titres celui d'Empereur de l'Asie ! Mais qu'elle daigne m'affranchir, avec un million d'?mes chr?tiennes, du joug de l'impitoyable Empereur de Moscou, soit par sa haute m?diation, soit par la force de son bras tout puissant et qu'elle me place sous l'ombre tut?laire de sa protection.

Agr?ez l'hommage de nos pri?res continuelles et du profond respect avec lequel je suis, tr?s cl?ment, tr?s g?n?reux Empereur, de Votre Majest? Imp?riale, le pauvre serviteur, le Roi d'Imerette et de ses contr?es.

?crit le 6 Janvier 1811.

La L?gende du Sceau est : Le Roi d'Imirette Salomon. Traduit sur

la version turque par moi soussign? Conseiller d'ambassade, Ex Charg? d'Affaires de sa Majest? L'Empereur des Fran?ais, Roi d'Italie, etc., etc.,

pr?s la Porte Ottomane, ? Pera-l?s-Constantinople, le 28 Juin 1811.

Sign? : Ruffin.

This content downloaded from 194.29.185.251 on Mon, 16 Jun 2014 23:19:09 PMAll use subject to JSTOR Terms and Conditions

LA FRANCE ET L'IM?R?TIE 625

IV

Lettre de M. Outrey, Vice-consul de France ? Bagdad, en poste ? Constantinople,

adress?e au ministre des Affaires ?trang?res.

Pera-l?s-Constantinople, le 25 Juillet 1811.

Monseigneur,

J'ai l'honneur de transmettre ? Votre Excellence les d?tails suivants qui sont relatifs ? la G?orgie et au Prince Salomon, qui

m'ont ?t? donn?s ? Tr?bisonde par un Seigneur G?orgien attach? audit Prince Salomon.

Les Princes de G?orgie pr?tendent descendre en ligne directe du Roi David qu'ils appellent saint David1.

L'Agent du Prince Salomon qui m'a fait remettre une lettre pour

l'Empereur portoit aussi le nom de Salomon-Khan, il ?toit Prince d'Imirette et il avoit deux fr?res dont l'un, Herecle-Khan2, ?toit Prince de Caket et l'autre Vagting-Khan, Prince de Carduel qui a

Teflis pour Capitale. En 1734 lorsque Nadir-Kouli-Kan voulant recouvrer les provinces G?orgiennes qui, pendant les troubles de la

Perse, ?toient pass?es sous la domination des Turcs, parut en G?orgie avec une arm?e et vint ? Teflis qui lui ouvrit ses portes, le Prince

Vagting-Khan se r?fugia en Russie. Mais Nadir donna mille marques d'indulgence et de bont? au

Prince G?orgien et ayant r?uni la principaut? du Prince fugitif ? celle de Herecle-Khan, il nomma celui-ci Prince de G?orgie. Cependant Salomon Khan, Prince de Imirette3, ?toit rest? sous la domination des Turcs. Il ?toit oblig? de fournir annuellement un tribut d'esclaves des deux sexes ; mais ennuy? des vexations auxquelles le tribut donnoit lieu, et d'ailleurs, ne pouvant plus satisfaire aux demandes arbitraires des Turcs qui alloient toujours croissant, il refusa, en 1769, de payer le tribut ordinaire. La Porte Ottomane indign?e fit marcher des troupes consid?rables et command?es par Sept Pachas ; Salomon, ? la t?te des ses braves G?orgiens, tint bon et repoussant la force par la force, il sut se soustraire au joug de ses injustes oppresseurs. Depuis cette ?poque jusqu'en 1810, la Principaut? d'Imirette avoit conserv? son ind?pendance.

i. Il s'agit de la lign?e des Bagratides. Le premier prince connu fut Sum

bat Ier, qui r?gna en Arm?nie entre 288 et 301 av. J.-C. En G?orgie les Bagratides

apparaissent ? la fin du vine si?cle. 2. Il s'agit dTrakli II, prince de Kakh?tie et de Vakhtang VI, prince de

Karthlie. Ces deux royaumes furent r?unis en un seul par Irakli II en 1744.

3. Il s'agit ici de Salomon Ier, oncle de Salomon II, qui r?gna en Im?r?tie

de 1752 ? 1765, et de 1768 ? 1784.

This content downloaded from 194.29.185.251 on Mon, 16 Jun 2014 23:19:09 PMAll use subject to JSTOR Terms and Conditions

626 MARIANNE SEYDOUX

Jusqu'alors le Prince Salomon actuel avoit toujours refus? de se rendre aux vives sollicitations qu'on lui faisoit souvent de se mettre sous la protection de l'Empire de Russie, craignant de subir le sort du Prince Herecle-Khan, qui, par le Trait? du 24 Juillet 1783, ?tait soumis ? la Russie ; [et] sous les conditions expresses que lui et ses descendants seroient toujours Princes Souverains de G?orgie, fut ensuite arrach? de Teflis et envoy? dans l'int?rieur de la Russie.

Mais en 1810, les troupes Russes ?tant entr?es ? l'improviste dans

l'Imirette, s'en empar?rent et le Prince Salomon fut fait prisonnier. Ayant ensuite eu le bonheur de s'?chapper des mains des Russes,

ce Prince se r?fugia ? Akizka ou Acalzike1, ville Turque, sur les fron ti?res de la G?orgie dont elle faisoit autrefois partie.

Au commencement du mois de d?cembre dernier les Russes parurent devant Akizka avec des forces assez consid?rables, mais ils se retir?rent

presqu'aussit?t sans rien entreprendre. Ce fut ? cette ?poque que le Prince Salomon se rendit ? la ville

d'Erivan pour implorer la protection du Roi de Perse. Il ne put obtenir la faveur d'?tre admis ? la Cour du Chah, mais on lui accorda un petite pension et on l'engagea ? retourner ? Akizka pour qu'il f?t aussi ? port?e de solliciter les secours de la Porte Ottomane.

Avant son d?part de la Ville d'Erivan, le Prince G?orgien ayant vainement demand? au Gouverneur la permission de venir me voir, a pour lors trouv? le moyen de me faire passer, par un Arm?nien du

pays, une lettre pour Sa M. l'Empereur et Roi. Votre Excellence trouvera ci-joint cette lettre avec la traduction

que M. Ruf?n en a faite, d'apr?s la version turque d'un pr?tre G?orgien. Le Seigneur G?orgien nomm? Rostom Nijarasi, qui m'a donn? les d?tails ci-dessus, ?toit venu ? Tr?bisonde de la part de son ma?tre le Prince Salomon, pour engager Kosnadar-oghlou2 ? se joindre au

Pacha d'Akizka et ? marcher ensemble contre les Russes. Il avoit ordre en m?me temps de voir M. Dupr?, Consul de France ? Tr?bisonde, et de le prier de solliciter une r?ponse aux lettres que le Prince Salomon a ?crites en diverses circonstances ? Sa Majest? l'Empereur et Roi.

Lorsque cet envoy? qui avoit connoissance de la lettre que son ma?tre m'avoit fait remettre pour l'Empereur, apprit que j'?tois ?

Tr?bisonde, il d?sira un entretien avec moi et vint me voir, il n'eut d'abord rien de plus empress? que de me demander s'il ?toit vrai

que la France e?t d?clar? la guerre ? la Russie, je l'assurai que c'?toit une fausse nouvelle, que les Anglois avoient derni?rement r?pandue dans l'Orient. Il me supplia ensuite, au nom du Prince Salomon, son

Ma?tre, de t?cher d'obtenir un r?ponse ? la lettre que j'?tois charg? de remettre ? l'Empereur, et il ajouta que, si les circonstances ne

permettoient pas au Grand Empereur des Fran?ois de faire rendre

par force la Principaut? d'Imirette ? son Prince l?gitime, celui-ci

esp?rait que Sa Majest? voudroit bien engager l'Empereur de Russie

1. Akhaltsikhe. 2. Il s'agit vraisemblablement de Haznedar Oglu, gouverneur de Tr?bizonde.

This content downloaded from 194.29.185.251 on Mon, 16 Jun 2014 23:19:09 PMAll use subject to JSTOR Terms and Conditions

LA FRANCE ET L'IM?R?TIE 627

? lui rendre volontairement le patrimoine de ses Anc?tres ; que dans tous les cas le Prince Salomon se recommandait ? la puissante protec tion du Grand Napol?on aupr?s duquel il se seroit d?j? rendu lui

m?me en personne, s'il n'avoit craint d'?tre arr?t? par les Turcs ; et

qu'enfin s'il perdoit tout espoir de rentrer dans sa Principaut?, le Prince avoit intention de surmonter tous les obstacles pour aller se

jeter aux pieds de sa Majest? l'Empereur et Roi et l'assurer de son

entier d?vouement et la prier de le consid?rer comme un de ses sujets. Le Seigneur G?orgien finit par me dire que sur ma simple demande,

lui ou un des deux officiers du Prince, qui sont actuellement ? Cons

tantinople aupr?s du Grand Seigneur et qui se nomment Kaida Roze reteli et David Aguiorchvelli, ?toient pr?ts de se rendre en France

pour avoir l'honneur de r?p?ter en pr?sence du Ministre de Sa Majest? tout ce qu'il venoit de me dire.

J'aurai l'honneur d'adresser ? Votre Excellence par le premier courier la lettre originale ?crite en g?orgien ainsi que sa traduction.

J'ai l'honneur d'?tre avec un profond respect, Monseigneur,

Sign? : Outrey.

V

Note sur le Prince Salomon

et sur une lettre qu'il adressa ? Sa Majest?.

28 ao?t 1811.

Le Prince Salomon ancien gouverneur de l'Imirette et de tous les

pays voisin du Phase, a ?t? d?pouill? de ses ?tats par les Russes, d?j? ma?tres de la G?orgie depuis 1783. Le Prince est actuellement r?duit ? la forteresse et au territoire d'Akalzike que les Russes n'ont pas encore attaqu?.

Au mois de d?cembre 1810 il s'est rendu ? Erivan pour obtenir de la Cour de Perse quelques faveurs : elle lui a accord? une faible

pension et l'a invit? ? retourner ? Akalzike, pour ?tre ? port?e de solliciter aussi des faveurs de la Porte Ottomane.

Il n'a pu en recevoir aucun parce que les Turcs poussent la guerre avec peu de vigueur sur cette partie de de leurs fronti?res.

Ce Prince, qui a d?j? adress? plusieurs lettres de Sa Majest?, lui ?crit de nouveau pour mettre sous sa protection et pour obtenir que l'Imirette soit d?livr?e des Russes, soit par sa haute m?diation soit par les armes. Il ?value la population de ses ?tats ? un million d'habitants.

This content downloaded from 194.29.185.251 on Mon, 16 Jun 2014 23:19:09 PMAll use subject to JSTOR Terms and Conditions