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10 La gabare A 729 Tarentule en Indochine. (DR) La gabare A 729 Tarentule à Papeete en 1965. (DR) La Tarentule au large de Toulon en Juillet 1967 peu de temps avant son retour dans le Pacifique. (Collection Marius Bar – Toulon)

La gabare A 729 Tarentule - Avions-Bateaux.com€¦ · engage des Mig 29 dans les opérations… Des combats entre Kurdes et combattants du Front Al-Nosra font 41 morts dans la province

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La gabare A 729 Tarentule en Indochine. (DR)

La gabare A 729 Tarentule à Papeete en 1965. (DR)

La Tarentule au large de Toulon en Juillet 1967 peu de temps avant son retour dans le Pacifi que. (Collection Marius Bar – Toulon)

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août 1941 et entrée en service le 15 décembre 1942. Elle fut dans un premier temps louée par la Marine nationale à Oran le 14 décembre 1944 puis défi nitivement achetée par la France le 21 mars 1949, année où elle sera affectée à l’Indochine. Cette unité de 560 t (850 tpc) pour une longueur de 49,73 m va discrètement participer à de nombreuses opérations et sera même touchée par un tir de bazooka le 31

octobre 1950. En 1956 elle est affectée à la station de Diego Suarez et en 1957, elle va escorter l’Adour jusqu’en Méditerranée où elle va séjourner quelques temps d’abord à Toulon puis à Mers el-Kébir. Elle va être ensuite affectée à Papeete en 1964 pour les besoins du C.E.P. de Mururoa. Elle retournera en France en 1966-1967 pour des travaux de remise en état avant de retrouver le Pacifi que

pour la fi n de sa carrière. Désarmée en 1971 avec le numéro de coque Q 491, elle sera fi nalement coulée au large de Papeete le 13 avril 1972 et rayée des listes le lendemain.

La liste des gabares de la classe « Aloe » (« Aloe-class Yard Net Tender (YN) puis Net Laying Ships (AN)) comprend les YN-1 puis AN-6 USS Aloe, YN-2 puis AN-7 USS Ash, YN-3 puis AN-8 USS Boxwood, YN-4 puis AN-9 et YAG-60 USS Butternut, YN-5 puis AN-10 USS Catalpa, YN-6 puis AN-11 USS Chesnut, YN-7 puis AN-12 USS Cinchona, YN-8 puis AN-13 USS Buckeye, YN-9 puis AN-14 USS Buckthorn, YN-10 puis AN-15 USS Ebony, YN-11 puis AN-16 USS Eucalyptus, YN-12 puis AN-17 USS Chinquapin, YN-13 puis AN-18 USS Gum Tree, YN-14 puis AN-19 USS Holly, YN-15 puis AN-20 USS Emder, YN-16 puis AN-21 USS Larch, YN-17 puis AN-22 USS Locust, YN-18 puis AN-23 USS Mohagamy, YN-19 puis AN-24 USS Mango, YN-20 puis AN-25 USS Hackberry, YN-21 puis AN-26 USS Mimosa, YN-22 puis AN-27 USS Mulberry, YN-23 puis AN-28 USS Palm, YN-24 puis AN-29 USS Hazel, YN-25 puis AN-30 USS Redwood, YN-26 puis AN-31 USS Rosewood, YN-27 puis AN-32 USS Sandalwood, YN-28 puis AN-33 USS Nutmeg, YN-29 puis AN-34 USS Teaberry, YN-30 puis AN-35 USS Teak, YN-31 puis AN-36 USS Pepperwood et YN-32 puis AN-37 USS Yew.

La rédaction

L’équipe de foot de la Tarentule en 1969 à Mururoa. (DR)

La gabare Tarentule à Mururoa en 1969 ou 1970. (DR)

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- Le lundi 14, une nouvelle embarcation de 137 migrants syriens arrive à Lampedusa. L’USS Kearsarge et l’USS Carter Hall ravitaillent auprès du T-AO-195 USNS Leroy Grumman… En Syrie, les « rebelles » prennent les villages de Resefa et Sinaa dans le district de Deir ez-Zor…- le mardi 15 octobre, pour la première fois, l’aviation syrienne engage des Mig 29 dans les opérations… Des combats entre Kurdes et combattants du Front Al-Nosra font 41 morts dans la province d’Hassakeh. La frégate D 614 Cassard fait escale à la Valette (jusqu’au 18) avant d’aller remplacer la Chevalier Paul dans le bassin oriental de la Méditerranée… Pour atténuer l’effet « Forteresse Europe » du dispositif FRONTEX, l’Italie lance l’opération « Mare Nostrum » en renforçant ses moyens navals entre la Libye et la Sicile à titre « humanitaire »… - le mercredi 16 octobre, le porte-avions R 91 Charles de Gaule quitte Toulon pour qualifi er et préparer opérationnellement (EAé) les jeunes pilotes de l’aéronautique navale. Le destroyer italien D 553 Andrea Doria rejoint à nouveau le Liban au titre de l’UNEFIL… L’USS Stout et l’USS Gravely effectuent un exercice avec le destroyer britannique D 35 HMS Dragon… En Syrie, des combats près de Nawa (secteur de Deraa) font 21 morts mais, comme tous les jours depuis des mois, le véritable bilan de cette journée dépasse les 150 morts. L’Armée reprend Boueda au sud de Damas... - le jeudi 17 octobre, à la demande des autorités de Malte, l’USS San Antonio qui croise toujours au large de la Libye, porte assistance à 128 migrants embarqués sur deux canots. Ils seront transférés un peu plus tard sur le petit patrouilleur maltais P 52 (type « Protector »)… Le Charles de Gaulle effectue un PASSEX avec le pétrolier-ravitailleur A 607 Meuse… En Syrie, des combattants du Front al-Nosra et d’ Ahrar al-Sham tentent de prendre le contrôle de la prison d’Alep… En visite à Moscou, Qadril Jamil, le vice-premier ministre syrien annonce que la conférence « Genève-2 » se déroulera les 23 et 24 novembre… - Le vendredi 18 octobre, alors que les 60 membres de l’OIAC ont déjà contrôlé 12 des 20 sites de stockage et de production d’armes chimiques déclarés, des combats se déroulent à Deir Ezzor. Au cours de ceux-ci, le général

Jamaa est tué et les rebelles exécutent 10 soldats faits prisonniers… L’Arabie Saoudite indique qu’elle va refuser son siège (par rotation) au conseil de sécurité de l’ONU. Elle est soutenue par la Ligue Arabe qui veut contrer le début de dialogue entre l’Iran et les Etats-Unis (en fait l’Arabie Saoudite aimerait surtout obtenir un « siège permanent » au conseil de sécurité)...- Le samedi 19 octobre, Nabil al-Arabi, le secrétaire général de la ligue arabe, confi rme que la conférence « Genève-2 » se tiendra bien les 23 et 24 novembre, ce qui paraît douteux vu la situation… - Le dimanche 20 octobre, 254 migrants syriens et égyptiens sont secourus 150 milles au large de la Sicile… L’USS Nimitz et le croiseur USS Monterey franchissent le canal de Suez pour entrer en Méditerranée et, symboliquement, les appareils du porte-avions commencent à effectuer des sorties au large de la Syrie alors que la frégate Chevalier Paul vient se joindre au groupe américain… Le LST russe N°142 Novocharkassk franchit les détroits turcs pour rejoindre le bassin oriental de la Méditerranée… L’aviso F 795 Commandant Ducuing fait escale en baie de Navarin à proximité de Pylos dans le Péloponnèse…- Le lundi 21 octobre, le gouvernement de Doha (Qatar), qui soutient la « rébellion » depuis plus de 2 ans, propose à Damas de rétablir les relations diplomatiques entre les deux pays (pour contrer l’Arabie Saoudite et les autres émirats du Golfe)… Le Charles de Gaulle victime d’une fuite de vapeur radioactive est de retour à Toulon (il devrait reprendre la mer en novembre)…- Le mardi 22 octobre, alors que l’Arabie Saoudite refuse « offi ciellement » d’occuper son poste au conseil de sécurité de l’ONU et que le prince Bandar ben Sultan fait savoir qu’il ne veut

La frégate Aconit, photographiée le 19 décembre depuis l’USS Gravely, effectue un exercice avec un hélicoptère SH-60R Sea Hawk du destroyer américain. (Photo Darien G. Kennedy – US Navy)

Le LST n°077 Peresvet refranchit les détroits turcs pour retourner en Méditerranée le 25 septembre. (DR)

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plus coopérer avec les Américains pour protester contre la politique de Washington au Moyen-Orient, la réunion des onze ministres des affaires étrangères des « amis de la Syrie » (USA, Turquie, Grande-Bretagne, France, Italie, Allemagne, Egypte, Emirats Arabes Unis, Qatar, Jordanie, Arabie Saoudite) se tient à Londres « offi ciellement » pour préparer la conférence « Genève-2 »... La frégate Chevalier Paul qui va être relevée par le Cassard dans le bassin oriental de la Méditerranée, effectue un exercice avec le porte-avions USS Nimitz avant de quitter le groupe américain. Les LST russes n°127 Minsk et n°156 Yamal franchissent les détroits turcs pour rejoindre la Syrie où l’armée lance une offensive en direction de la Ghouta oriental... - Le mercredi 23 octobre, la réunion de Londres débouche sur une nouvelle menace à peine voilée d’intervention alors que les experts de l’OIAC ont déjà examiné 18 des 23 sites de stockage des armes chimiques en Syrie… La frégate USS Samuel B. Roberts qui a quitté la Méditerranée arrive à Mayport. La frégate Cassard est opérationnelle dans le bassin oriental de la Méditerranée…- Le jeudi 24 octobre, le LST Azov rejoint l’escadre russe présente dans le bassin oriental de la Méditerranée… Les autorités syriennes remettent en liberté 61 femmes activistes… L’offensive lancée le 22 par l’armée syrienne pour prendre le contrôle de la Ghouta orientale, débouche sur la prise de Hteit al-Turkman… Après avoir franchi le détroit de Gibraltar et quitté la Méditerranée, l’USS Kearsarge fait escale à Rota (Ceuta)… L’USS Mount Whitney se porte au-devant de l’USS Nimitz…- Le vendredi 25 octobre, des combats entre Kurdes et membres du Jabhat al-Nosra se déroulent à Yaaroubiyen sur la frontière avec l’Irak… Une voiture, en train d’être piégée pour mener un attentat, explose à Souq Wadi Barada au nord-ouest de Damas tuant les « rebelles » en train de la préparer, ainsi que de nombreux civils… La corvette F 556 Chimera, le patrouilleur P 490 Comandante Cigala Fulgosin,

le porte-hélicoptères d’assaut L 9893 San Marco et trois unités des garde-côtes portent assistance à six embarcations transportant plus de 700 migrants venus de Libye. En fait le San Marco est surtout utilisé comme centre d’identifi cation et de rétention provisoire... L’USS Barry et l’USS Ramage font escale à Souda Bay (jusqu’au 28)...- Le samedi 26 octobre, les miliciens kurdes du YPJ chassent les hommes du Jabhat al-Nosra et de l’IIK d’Alyaaroubié… Des combats à Mahin pour le contrôle d’un dépôt d’armes, font plus de 130 morts… Lakhar Brahimi, l’émissaire spécial de l’ONU pour la Syrie, déclare qu’il juge la présence de l’Iran à la conférence Genève-2 indispensable… L’USS Nimitz effectue un PASSEX avec le destroyer italien D 561 Francesco Mimbelli pendant que le Cassard et le destroyer USS Stout effectuent un RAM auprès de l’USNS Leroy Grumman…- Le dimanche 27 octobre, 19 des groupes de l’opposition syrienne annoncent qu’ils refusent de participer à Genève-2…- Le lundi 28 octobre, les destroyers USS Gravely et USS Ramage portent assistance à des embarcations chargées de plus de 120 migrants entre la Grèce et l’Egypte (il faut noter que des milliers de réfugiés syriens ont été littéralement repoussés à la mer par les autorités militaires égyptiennes)… L’USS Mount Whitney se ravitaille auprès de

Le LST n°055 Admiral Nevelskoy le 25 septembre. (DR)

Le pétrolier-ravitailleur Ivan Bubnov à La Valette le 25 septembre. (DR)

La frégate Neustrashmiy va retourner en Baltique et arrivera à Baltiisk le 18 octobre après une escale à La Valette le 28 septembre. (DR)

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La Marine nationaleen août 1914

Frédéric Stahl

Si en 1871, malgré la défaite, la France dispose toujours de la deuxième fl otte au monde, les années suivantes, la marine n’étant plus jugée prioritaire par la République, elle va lentement décliner étant essentiellement utilisée pour protéger les intérêts coloniaux. Elle va peu à peu se transformer en une véritable « fl otte d’échantillons » équipée d’unités disparates de qualité variable et, sous l’infl uence de la jeune Ecole de l’amiral Aube, se doter de petits torpilleurs numérotés dits de « défense mobile » incapables d’effectuer des opérations en haute mer. Entre 1896 et 1909, avec les ministres de la marine Armand Louis Charles Gustave Besnard, Edouard Locroy, Jean-Marie de Lanessan, Charles Pelletan qui va bientôt recevoir le surnom de « naufrageur de la marine », Gaston Thomson et Alfred Picard, cette politique va déboucher sur un grand nombre de désarmements et l’envoi de nombreux navires à la casse. Pelletan souvent abusivement diffamé et très infl uencé par la « Jeune Ecole », va commettre l’erreur de remettre en question la loi de programmation adoptée en 1900 qui prévoyait de donner à la Marine nationale un format de 28 cuirassés d’escadre, 24 croiseurs cuirassés, 52 contre-torpilleurs, 263 torpilleurs de haute mer et de défense mobile en 1908, pour sortir des incohérences des programmes antérieurs. En ce sens, ne tenant pas compte des enseignements de l’affaire de Fachoda, il va freiner la construction des cuirassés et des croiseurs cuirassés pour donner la priorité aux contre-torpilleurs, torpilleurs et sous-marins (1). Il faudra donc attendre l’année 1910 avec l’Amiral Boué de Lapeyrère, devenu ministre de la Marine en juillet 1909, pour qu’un premier programme de quatre cuirassés type « Dreadnought » soit lancé avec les Courbet, France, Jean Bart et Paris qui entreront en service juste au moment de la déclaration de guerre.

Centenaire de la « Grande Guerre » – 2

1 - C’est néanmoins sous son ministère que les Démocratie, Justice, Liberté, Vérité (dérivés des République et Patrie) qui formeront la première série homogène de cuirassés de notre marine, seront mis sur cale. Il est vrai qu’il faudra attendre 1906 pour que la construction d’un autre cuirassé, le Danton, soit lancée.

Si Charles Camille Pelletan fut un homme politique remarquable par ses prises de position courageuses contre l’extension coloniale, contre le Boulangisme et pour l’amnistie des Communards, il fut également, de juin 1902 à janvier 1905, un ministre de la marine qui devint vite un bouc émissaire surnommé« le naufrageur de la marine ». Il faut dire que parmi les cadres de la marine de l’époque, sa volonté déclarée de démocratiser la vie des équipages, de réduire les horaires de travail dans les arsenaux, ne lui a pas fait que des amis. C’est Pelletan qui va ainsi créer le corps des administrateurs des affaires maritimes en octobre 1902. En fait, c’est la succession des ministres de la marine entre 1896 et 1909 et la priorité donnée à l’armée de terre en vue d’une « revanche » qui seront néfastes à notre marine à la jointure des XIXe et XXe siècles. (DR)

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1912-1914

En 1912, alors que M. Theophile Delcassé a remplacé Boué de Lapeyrère au ministère de la Marine, un important programme de constructions est lancé pour permettre à la Marine nationale d’aligner une fl otte moderne composée de 28 cuirassés, 10 croiseurs d’éclairage, 52 contre-torpilleurs, 94 sous-marins et 10 navires de station en 1920. Du côté des cuirassés, en plus des 6 « Danton » qui viennent d’entrer en service et des 4 « Courbet » en construction, il prévoit la mise sur cale des Bretagne, Lorraine et Provence de la classe « Bretagne », les Béarn, Flandre, Gascogne, Languedoc et Normandie de la classe « Normandie », des Duquesne, Lille, Lyon, Tourville de la classe « Lyon », et de six autres unités dont les caractéristiques restent à défi nir. En 1914, le programme est amendé, les six derniers cuirassés devenant des « grands croiseurs d’éclairage d’escadre » se

voulant une réponse aux croiseurs de bataille britanniques et allemands. Il faut noter que c’est à partir des « Bretagne » que le calibre de 340 mm est adopté pour les grandes unités.

En 1914, le programme 1912 étant à peine lancé, la situation de la Marine nationale n’est pas très brillante car si les Courbet, France, Jean Bart et Paris pourront arriver juste à temps, les Bretagne, Lorraine et Provence ne seront opérationnels qu’en 1916. Cela veut dire que les plus puissantes unités disponibles ne portent encore que du 305 mm, calibre néanmoins suffi sant pour répondre aux unités austro-hongroises de la classe « Tegetthoff » et que tous les autres cuirassés en service sont de type « pré-dreadnought » même si les « Danton » (Danton, Condorcet, Diderot, Mirabeau, Vergniaud et Voltaire) peuvent également recevoir l’appellation de « semi-dreadnought ».

Du côté des croiseurs, c’est encore pire, les derniers croiseurs cuirassés mis sur cale en 1905 et 1906, les Edgar Quinet et Waldeck-Rousseau de 13 847 t sont seulement armés de 14 pièces de 194 mm/50 cal dont seulement 7 peuvent être engagées sur un bord. Le programme des 10 croiseurs légers d’éclairage a été lancé beaucoup trop tardivement car fi nalement une seule unité le Lamotte Picquet sera mise sur cale en 1915 mais elle ne sera jamais terminée. C’est donc avec des croiseurs cuirassés et croiseurs protégés dont la conception remonte au XIXe siècle et, pour cette raison, surtout destinés à la guerre de course dans l’éventualité d’un affrontement avec l’empire britannique mais aucunement pour les combats d’escadre, que la Marine nationale va entrer en guerre.

Même dans les domaines où elle était en pointe avant 1905, celui des torpilleurs et des submersibles, la situation est loin

Le Dévastation est le seul navire cuirassé des années 1870 encore à fl ot en 1914. Il va être utilisé comme ponton-camp de prisonniers à Lorient. (DR)

Le cuirassé Hoche de 1881 est tout à fait représentatif des errements des années 1880-1890 en matière navale. Surnommé le « Grand Hôtel » et malgré sa grande refonte de 1898 et la robustesse de sa construction, le Hoche restera un fer à repasser fl ottant, instable, plus dangereux pour son équipage que pour l’ennemi. La seule victoire navale de ce cuirassé sera de couler accidentellement le paquebot Maréchal Canrobert en 1892. Placé en réserve en 1908, rayé des listes en mai 1911, le Hoche sera coulé comme cible remorquée le 25 novembre 1913 par les tirs du cuirassé Jauréguiberry et du croiseur Pothuau. (DR)

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LE NAUFRAGE DU PÉTROLIER NIÈVRERené AlloinIconographie : sauf mention contraire, les photos sont extraites du superbe blog http://lochprimelin.canalblog.com avec l’aimable autorisation de son concepteur, Hervé Thomas, petit-fi ls de Jean-Marie Thomas, mécanicien du Capitaine de Vaisseau de Kerros et les recherches iconographiques de son ami Michel Bescou.

Après la Première guerre mondiale, la Marine Nationale fait construire quatre pétroliers ravitailleurs dans l’arsenal de Lorient sous les noms d’Aube, Durance, Nièvre et Rance. Leurs carrières suivent des fortunes différentes. L’Aube sera renommée Drôme le 10 mai 1940. Désarmée à Cherbourg, elle est transformée en citerne en 1947 puis vendue à l’armement Boyer. Elle sera condamnée et démolie le 6 janvier 1956. La Durance et la Rance seront sabordées le 27 novembre 1942 à Toulon. La Nièvre va connaître un tout autre destin que nous allons vous relater.

Le pétrolier-ravitailleur Nièvre

Mis sur cale le 5 septembre 1920 à l’arsenal de Lorient, le pétrolier Nièvre est lancé le 10 mars 1921. Il faudra une année supplémentaire pour sa mise en service, le 26 mars 1922. Il est vrai que le réducteur de vitesse de la société Bréguet va provoquer du retard à cause de sa mise au point très délicate. Avec 74 mètres de long, 11,60 m de large et un tirant d’eau de 4,80 m, le bâtiment déplace 1 500 tonnes de port en lourd, 1 480 tonnes de jauge brute et un poids total en charge de 2 830 tonnes. Il est propulsé par une turbine à engrenages Bréguet développant 1 100 cv, alimentée par deux chaudières Du Temple lui assurant une vitesse de 10,5 nœuds et disposant d’une seule hélice. Une particularité est prescrite aux quatre pétroliers par le Ministre de la Marine, le 15 mars 1922. Il s’agit d’équiper ces unités d’une voilure pour permettre, en cas d’avarie, de ne pas rester immobilisés. Elle se compose d’une

misaine goélette de 135 m², d’une brigantine de 113 m², d’un foc de 70 m², d’une trinquette de 47 m² et d’une pouillouse de 47 m², soit un total de 412 m². Son équipage comprend 3 offi ciers et 52 hommes et le navire est armé de deux canons de 75 mm plus deux mitrailleuses de 8 mm. Sa capacité de transport lui permet d’emmener 1 500 tonnes de mazout afi n d’assurer le ravitaillement des bâtiments à la mer.La Nièvre quitte Lorient pour Brest le 2 avril 1922. Dès le 14 décembre de la même année, elle est prise en remorque par l’Infatigable à la suite d’une rupture de l’arbre de turbine. Elle va d’ailleurs connaître de nombreuses avaries au cours de sa carrière. Le capitaine de corvette Gaston Eugène Esnouf qui en prendra le commandement au cours de sa première campagne débutant le 15 janvier 1925, apporte les commentaires suivants : « Le bâtiment gouverne très bien vent debout et aux allures voisines. Il embarque beaucoup

aux allures plus prononcées, surtout s’il est plus léger. La surface de voilure trop réduite ne permet pas d’exercer une infl uence sensible dans la manière de gouverner. » D’autres remarques avaient déjà été faites par le lieutenant de vaisseau Prunes dès le 25 mars 1922, alors que le navire n’avait pas encore été commissionné. Il prescrivait, par souci d’économie (coût estimé de nos jours à 250 000 €) de ne pas équiper les pétroliers d’une voilure qui ne leur serait pratiquement d’aucune utilité. Enfi n pour conclure sur les différentes appréciations apportées par les offi ciers ayant commandé cette unité, citons celle du lieutenant de vaisseau Borde : « La Nièvre est un excellent bâtiment de mer. La stabilité de route en pleine charge est mauvaise, l’homme de barre doit être secondé. Les compas sont bons mais les déviations changeant avec l’assiette du bâtiment, il est important de vérifi er régulièrement la variation. Le bâtiment manœuvre mal et

Troisième pétrolier d’une série de quatre à être lancé, la Nièvre est mise en service le 26 mars 1922. DR

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Construit par le chantier Hall Russell & Co Ltd à Aberdeen (Ecosse), le Clupea est l’ex-LST 3030 lancé le 12 juin 1945. La guerre étant fi nie en Europe à cette date, cette unité ne pourra servir pour des opérations, aussi est-il complété comme navire marchand et vendu en 1947 à l’armement norvégien S. Bartz-Johannessen. C’est en 1920 environ que les Norvégiens avaient eu l’idée de mettre en service une telle usine fl ottante de congélation. Quelques projets eurent lieu dans ce sens, mais n’aboutirent pas, faute de technologie adaptée. Ce n’est qu’au lendemain de la Seconde guerre mondiale que le Gouvernement norvégien et Bartz-Johannessen décidèrent de l’achat d’un bateau d’occasion, l’ex-LST 3030. En effet, vers le milieu du XXe siècle, on s’apercevait que de grandes quantités de harengs se reproduisaient en venant pondre des œufs sur les côtes norvégiennes, chaque hiver. Il fallait en profi ter, et traiter le poisson cette fois à échelle industrielle, et sans avoir à transporter le stock de poisson à terre pour l’envoyer dans des usines. L’ancien LST est rebaptisé Clupea, du nom latin d’une famille

de poissons comme le hareng. Son système propulsif donnait au bateau une vitesse de 16 nœuds. La conversion de ses intérieurs en usine productrice d’huile a été réalisée par le chantier AS Stord, près de Bergen, qui livre le navire complété le 20 janvier 1950. Il est alors doté d’une fabrique d’huile et de farine de hareng et de trois cuves. Des mâts permettent de charger le poisson au moyen de bennes depuis quatre chalutiers pouvant venir simultanément le long du bord. Une grande presse à double vis permet d’extraire l’huile. Au niveau des emménagements

pour les employés, on trouve aussi, dans la partie arrière, un grand vestiaire, une salle de bains, une buanderie, une cuisine et une salle à manger. L’équipage est composé de 70 hommes en tout.Le Clupea a pour port d’attache la station de Bremerton, sur la côte orientale de Smørhamnsøy, non loin du point de départ du ferry à Smørhamn en direction de Kjelkenes, en bout de ligne. Lorsque le Clupea sera revendu (à l’armateur Guelfi en 1960, voir plus loin), ce site norvégien conservera longtemps le surnom de Clupeahamn… Dans un premier temps, la pêche est abondante et le Clupea, qui travaille essentiellement en mer du Nord, transforme de grandes quantités de harengs. Hélas, le consommateur ne suit pas. Le bateau doit être dirigé vers le sud. Le succès vient petit à petit. En hiver, il travaille le poisson dans les eaux norvégiennes, et en été, on l’envoie vers le Danemark, la Finlande, et même la Mauritanie.Serait-ce justement en Mauritanie qu’un armateur français à la pêche, un certain André

Sur le quai de La Rochelle, mi-février 1961, l’armateur à la pêche André Guelfi (à gauche) accueille des personnalités (dont le ministre de la marine M. Morin et le maire de La Rochelle M. Salardaine) pour une visite de son nouveau bateau congélateur Clupea. (DR)

Le fanion de la compagnie norvégienne Bartz-Johannessen, dotée d’un C comme Clupea. (Photo SffArkiv)

Les LST civils : la vie éphémère du ClupeaJean Yves Brouard (remerciements à Yves-Guy Bertrand et à Xavier)

Le Clupea, un ancien bateau de débarquement type LST, de la taille d’un caboteur, a navigué sous pavillon français. Or, même les plus férus shiplovers ignorent son existence, et malgré nos recherches, aucun collectionneur n’en a de portraits. Voici pourtant son histoire, fort brève, et totalement inconnue.

Rappel : deux autres anciennes péniches de débarquement type LST ont également arboré le pavillon marchand français : l’Ingénieur Général Pouyanne (lire N&H 78) et l’Iraty (N&H 79). Il serait surprenant qu’il en existe un quatrième, mais si un de nos lecteurs le connaît…

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Carte de Chine, Jodocus Hondius, Amsterdam, 1607 dans « Atlas, sive, cosmographicae meditaiones de fabrica mundi et fabricati fi gura » de Gerardo Mercatore. (Source : CENTRO STUDI MARTINO MARTINI - 2008 – « Rifl essi d’Oriente. L’imagine della Cina nella cartographia europea » - Il Portalano, Trente, Italia)

L’histoire maritime chinoise

des dynasties

Ming et Qing

(XVème – XIXème siècle)

Gildas Borel

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